L'Africa romana - UnissResearch - Università degli Studi di Sassari

294 Zei"neb Ben Abdallah - Habib Ben Hassen
I promiserat adieetis, ex tesltamento eius, (sestertiis milibus duobus)
n(ummum). I L(ucius) Caecilius Quietus Rufinialnus, Q(uintus) Caecilius
Vietor / Quintianus Blandius, fl(amines) p(er)p(etui) mun(icipii),
[hJeredes ampliata peleunia posuerunt idemq(ue) [dedileaverunt.
Traduetion
«A Publius Septimius Géta César. La statue que, de son vivant, Lucius
Clodius Rufinus, de la tribu Quirina, avait promis d'ériger pour la
somme de 2000 sesterces, somme augmentée de 2000 par dispositions testamentaires,
ses héritiers, Lucius Caecilius Quietus Rufinianus et Quintus
Caecilius Victor Quintianus Blandius, flamines perpétuels du municipe,
ayant augmenté (à leur tour) la somme, Pont érigée et dédiée».
2. La dédicace de Chidibbia
Le second document, également inédit, a été découvert à Chidibbia
ll (tavola V). Il s'agit d'une grande base découverte parmi les pierres
antiques remployées dans le village andalou de Slouguia.
Le peuplement initial de Slouguia est consécutif à l'installation dans
la moyenne vallée de la Medjerda (Bagrada des anciens I2 ), des Morisques
andalous expulsés d'Espagne 13 • Cet habitat du XVIIe siècle a recouvert
une bonne partie du site antique où s' étendait la ville que les inscriptions
momment Chidibbia l4 , civitas administrée par des undecimprimps
et promue au rang de municipium après 195-196 16 , au plus tot, et sous
11 Atlas arch. Tunisie (1I50000e), fe 29 (Medjez el-Bab), n° 82 et C/L VIII pp. 166,
937, 1447 et 2557. Le site, recouvert par l'actuel Slouguia, se trouve sur la route Tunis-Ie
Kef et sur l'ancienne voie romaine Carthage-Theveste, à 12 km au sud-ouest de Medjez
el-Bab O'antique Membressa).
12 «Majrada» du latin Bagrada, cf. J. GASCOU, Le nom de l'oued Medjerda dans
l'Antiquité romaine, dans «Ant. Afr.», 17, 1981, pp. 15-19.
13 Au cours des XVIe et XVIIe siècles, les Andalous chassés d'Espagne ont été à l'origine
de la constitution, parmi les ruines de cités antiques de la moyenne vallée de la Medjerda,
d'une série d'agglomérations urbaines; sur cette question de géographie historique,
cf. M. DE EPALZA et R. PETIT, Etudes sur les moriscos andalous en Tunisie, Madrid-Tunis,
1973 (en particulier, pp. 21-63 et pp. 78-88).
14 L'occupation de cette région et, par voie de conséquence, son bouleversement, explique
en grande partie la rareté des témoignages archéologiques et épigraphiques relatifs
à l'histoire ancienne de ces cités, dont Chidibbia.
IS C./.L. VIII 14875.
16 Au début du règne de Septime Sévère, en 195-196, Chidibbia était toujours civitas,
cf. C./.L. VIII 1333.
A propos de deux inscriptions d'époque sévérienne 295
Gallien, au plus tard l7 • La base a subi quelques dégats lors de sa découverteet
à la suite de son transport l8 • Quelques éclats de la pierre qui
comportent, de-ci de-là, quelques lettres n'ont pu etre retrouvés. Cependant,
malgré l'état de notre documentation, nous pensons pouvoir présenter
des observations assurées (tavola VI).
Sa datation est sure. L'empereur pour le salut duquella dédicace
est faite est Septime Sévère (1. 3: pro salute /mperatoris Caesaris L.
Septimii Severi Piz). Sa Ille puissance tribunicienne nous pIace en 195,
date corroborée par les titres du Pius, Arabieus et A diabenieus 19 • La
VIle salutation impériale permet meme de préciser qu'il s'agit des derniers
mois de l'année tribunicienne 195 20 • Comme souvent, en Afrique 21
et ailleurs, Septime Sévère est mentionné avec tous ses ascendants de la
dynastie antonine, depuis Nervajusqu'à Marc-Aurèle, en passant par Trajan
(1. 6: fq[rthicusj), Hadrien et Antonin le Pieux. Le premier intéret
du texte est non seulement de confirmer qu'à la date de 195 Chidibbia
est encore civitas (ce que nous savions par l'inscription n° 1333 du C/L
VIII qui est de la meme année: tribunicia potestas tertia, imperator septies,
eonsul iterum), mais surtout de nous apprendre que la divinité tutélaire
de cette cité indigène était Silvanus2 2 • Il n'est pas douteux que le
deus Silvanus dont il s'agit ici est celui-Ià meme auquel fait référence une
inscription métrique de Koudiat es-Souda, dans la région de Sieea Veneria
(C/L VIII 27764 = C/LP Bardo, 521)23, le désignant comme le principal
dieu de la vie champetre (deo patrium dedamus honorem I Sil-
17 Le changement de statut de la ville se pIace entre Septime Sévère et Gallien, cf.
en dernier, C. LEPELLEY, op.cit., II, p. 105.
18 Dimensions de la base: hauteur 1,45 m.; largeur 0,65 m.; champ épigraphique: hauteur
0,86 m.; largeur 0,57 m.; hauteur des lettres: 5 cm. à 3,5 cm.
19 R. CAGNAT, Gours d'épigraphie latine, 4 e ed., Paris, 1914, p. 206 sq.
20 ID., ibid. p. 207.
21 Cf. index du C/L VIII, fasc. II, p. 136 sq.
22 Chidibbia n'a, jusqu'ici, livré que peu d'inscriptions (cf. supra notes 13-14). Mais
malgré la faible moisson épigraphique, nous constatons que cette cité a connu à l'époque
romaine une vie religieuse assez intense; en effet, une bonne partie des documents épigraphiques
est consacrée à des divinités (il s'agit, pour la plupart, de dédicaces faites par la
civitas).
On vénérait à Chidibbia: Jupiter (C/L VIII 1327 = 13875), Mars (C/L VIII 1328),
Hygie (C/L VIII 1326 = 14874: anno 182-183), Liber Pater (C/L VIII 1337), Sol/nvictus
(C/L VIII 1329: anno 276-282).
23 C/LP.Bardo = Z. BENZINA BEN ABDALLAH, Catalogue des inscriptions latines
pai"ennes du Musée du Bardo, ColI. Ecole Française, 92, 1986, p. 204, n° 521.