L'Africa romana - UnissResearch - Università degli Studi di Sassari

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254 Ahmed M'charek magne 22 en 1941 et ce en vue de proposer une hypothèse d'identification d'une cité de la Thusca dont les ruines appelées Hr Chaar se trouvent à 17 km au sud-est de Zama. 3. Henchir Chaar, antique c[(ivitas) MaJrag(uitana) Sara Henchir Chaar 23 est un site archéologique de petites dimensions (environ 5 ha), apparemment le centre urbain d'une cité modeste, établie sur un méandre de l'oued Siliana. Les ruines sont aujourd'hui fortement arasées mais J. Poinssot qui les a visitées à la fin du XIXe s. y a repéré les vestiges d'un pont antique reliant les deux berges du cours d'eau. En 1941 Ch. Saumagne ya reconnu des rues, des citernes, des thermes ainsi qu'une digue de protection pour la partie de l'agglomération installée sur un éperon dominant la rive droite de l'oued. Mais l'aspect fort modeste du si te archéologique offre un curieux contraste avec le contenu des inscriptions latines qui nous renseignent sur la vie municipale de la localité antique. On apprend, en effet, dans une dédicace24, que la petite cité jouissait sous Septime Sévère de l'autonomie municipale avec un conseil de décurions et un trésor municipal. Plus significatives encore sont les manifestations de l'évergétisme. Dans une autre inscription 25 le généreux citoyen que la cité avait revetu de la dignité de flamine perpétuel ne s'est pas contenté des libéralités d'usage. Il a, en outre, offert des présents aux membres de l'ordo decurionum et donné à l'ensemble des citoyens un festin suivi d'une distribution d'huile et d'une fete dont des luttes de pugilistes, des courses de chars et des représentations dramatiques composaient le programme. Bnfin une dédicace 26 à Caracalla datée de 198 ap. J .-C. par le pro- 22 Cf. «Rev. Tun.», 1940, p. 265, 17 (= I.L.T., 614). 23 A.A.T. au 1/100.000, f. xxx, 71. 24 «Rev. Tun.», 1941, p. 265, 16. 25 CIL VIII, 11998. 26 «Rev. Tun.», 1941, pp. 241 e 265, 17 = I.L.T., 614 = A.E. 1942-43,111. Imp(eratori) Caes(ari) M. Aurelio Anto/nino Aug(usto), principi iuven/tutis, Imp(eratoris) Caes(aris) / L. Septimi Severi, pii, Per/tinacis, Aug(usti), Arabici, Adia/benici, Parthici maxi/mi, pontificis max(imi), trib(unicia) / protestate) VII, Imp(eratoris) VII co(n)s(u­ /is) II, [p(atris)] p(atriae) fi/(io) / divi Antonini, Germa(nici), / Sar(matici) nep(oti), divi Antonini Pii / pronep(oti), divi Hadriani / (et) divi Traiani abnep(oti), di/vi Nervae adnep(oti), d/I /? / /1 /? ino Eggi [M]arul/i, proco(n)s(ulis), c(larissimi) v(iri), d(isponente?) / Cossonio Scipione /1// 1/ / Orfito fllio, c(larissimo) v(iro), legato (eius) / cf--·--] rag. Sara d 1//1//. Inscriptions découvertes entre Zama Regia et [Ma]rag(ui) Sara 255 consulat de L. Cosson;us Egg;us Maru/lus donne dans la dernière ligne, malheureusement mutilée, le nom de la cité antique. A la fin du texte Saumagne a lu: C--·--RAG. SARA Selon cet auteur la lettre C est suivie dans l'inscription des éléments suivants: - Une lacune 27 correspondant dans le texte à l'emplacement de quatre lettres effacées séparées au milieu par un point. La syllabe RAG, suivie d'un point. - Le substantif Sara. Dans son commentaire Saumagne rappelle que J. Mesnage avait relevé parmi les noms des éveques présents au concHe de Carthage en 411 celui d'un episcopus Serrensis et qu'il avait fait à cette occasion un rapprochement entre Serra et Henchir Chaar 28 • Mais un tel critère, unique et fondé de surcroit sur un nom moderne, parait d'autant plus insuffisant qu'il n'existe aucun ethnique composé comportant l'élément SAR/SARA dans les listes conciliaires africaines. C'est pourquoi on admet, généFalement, que dans ces listes la mention ep. Vaz;enus ou Vazitanus se rapporterait à Vaz; Sara 29 (Henchir Bez) alors que la mention ep. Uzalensis pourrait tout aussi bien concerner Uzali Sa,-Jo (Henchir Djal) que Uzali(s) (El-Alia). Selon A. Mandouze, l'éveché de Serra devrait etre recherché, probablement en Proconsulaire. Par contre nous savons que compte tenu de sa situation géographique, Henchir Chaar trouverait logiquement sa pIace en Byzacène 31 au voisinage de Vazi Sarra et non loin d' Uzappa. Par ailleurs, reprenant l'examen d'un ex-voto épigraphe A. Beschaouch a cru reconnaitre un dieu nommé SAR A VG (ustus), en pro- 27 Ch. Saumaglle a estimé la lacune à deux groupes de deux lettres separés par un point en envisageant la restitution Cfiv(itas) Na]ragsara. 28 Chaàr transcrit à tort «charn> par Mesnage est un mot arabe qui signifie «chevelure». Le rapprochement avec Serra (ou Sarra) parait peu vraisemblable. 29 A. MANDOUZE, Prosopographie chrétienne du Bas-Empire. L'Afrique, 1982 (voir Maniluis, presbyler Vaziensis). L'hypothèse présentée par J. PEYRAS, in «An t. Afr.», 9, 1975, p. 222, selon laquelle Vazi serait le nom du centre urbain de la citè alors que Sarra qui a disparu de la toponymie moderne serait un qualificatif regional, parait peu convaincante. En tous cas, il me semble exclu de voir survivre le surnom libyque Sarra dans le nom arabe de Djebel Serj dont le sens est en rapport avec l'aspect du profil topographique de cette montagne. 30 IDEM, Mustulus episcopus Uzalensis. 31 Henchir Chaar se trouve à l'ouest de Vazi Sarra, vraisemblablement siège de Byzacène cf. S. LANCEL, Actes de la conférence de Carthage en 411, t. l, p. 137 et t. IV, p. 1516.

254 Ahmed M'charek<br />

magne 22 en 1941 et ce en vue de proposer une hypothèse d'identification<br />

d'une cité de la Thusca dont les ruines appelées Hr Chaar se trouvent<br />

à 17 km au sud-est de Zama.<br />

3. Henchir Chaar, antique c[(ivitas) MaJrag(uitana) Sara<br />

Henchir Chaar 23 est un site archéologique de petites <strong>di</strong>mensions (environ<br />

5 ha), apparemment le centre urbain d'une cité modeste, établie<br />

sur un méandre de l'oued Siliana. Les ruines sont aujourd'hui fortement<br />

arasées mais J. Poinssot qui les a visitées à la fin du XIXe s. y a repéré<br />

les vestiges d'un pont antique reliant les deux berges du cours d'eau. En<br />

1941 Ch. Saumagne ya reconnu des rues, des citernes, des thermes ainsi<br />

qu'une <strong>di</strong>gue de protection pour la partie de l'agglomération installée sur<br />

un éperon dominant la rive droite de l'oued.<br />

Mais l'aspect fort modeste du si te archéologique offre un curieux<br />

contraste avec le contenu des inscriptions latines qui nous renseignent<br />

sur la vie municipale de la localité antique. On apprend, en effet, dans<br />

une dé<strong>di</strong>cace24, que la petite cité jouissait sous Septime Sévère de l'autonomie<br />

municipale avec un conseil de décurions et un trésor municipal.<br />

Plus significatives encore sont les manifestations de l'évergétisme. Dans<br />

une autre inscription 25 le généreux citoyen que la cité avait revetu de la<br />

<strong>di</strong>gnité de flamine perpétuel ne s'est pas contenté des libéralités d'usage.<br />

Il a, en outre, offert des présents aux membres de l'ordo decurionum<br />

et donné à l'ensemble des citoyens un festin suivi d'une <strong>di</strong>stribution d'huile<br />

et d'une fete dont des luttes de pugilistes, des courses de chars et des représentations<br />

dramatiques composaient le programme.<br />

Bnfin une dé<strong>di</strong>cace 26 à Caracalla datée de 198 ap. J .-C. par le pro-<br />

22 Cf. «Rev. Tun.», 1940, p. 265, 17 (= I.L.T., 614).<br />

23 A.A.T. au 1/100.000, f. xxx, 71.<br />

24 «Rev. Tun.», 1941, p. 265, 16.<br />

25 CIL VIII, 11998.<br />

26 «Rev. Tun.», 1941, pp. 241 e 265, 17 = I.L.T., 614 = A.E. 1942-43,111.<br />

Imp(eratori) Caes(ari) M. Aurelio Anto/nino Aug(usto), principi iuven/tutis, Imp(eratoris)<br />

Caes(aris) / L. Septimi Severi, pii, Per/tinacis, Aug(usti), Arabici, A<strong>di</strong>a/benici, Parthici<br />

maxi/mi, pontificis max(imi), trib(unicia) / protestate) VII, Imp(eratoris) VII co(n)s(u­<br />

/is) II, [p(atris)] p(atriae) fi/(io) / <strong>di</strong>vi Antonini, Germa(nici), / Sar(matici) nep(oti), <strong>di</strong>vi<br />

Antonini Pii / pronep(oti), <strong>di</strong>vi Hadriani / (et) <strong>di</strong>vi Traiani abnep(oti), <strong>di</strong>/vi Nervae adnep(oti),<br />

d/I /? / /1 /? ino Eggi [M]arul/i, proco(n)s(ulis), c(larissimi) v(iri), d(isponente?)<br />

/ Cossonio Scipione /1// 1/ / Orfito fllio, c(larissimo) v(iro), legato (eius) / cf--·--] rag.<br />

Sara d 1//1//.<br />

Inscriptions découvertes entre Zama Regia et [Ma]rag(ui) Sara 255<br />

consulat de L. Cosson;us Egg;us Maru/lus donne dans la dernière ligne,<br />

malheureusement mutilée, le nom de la cité antique. A la fin du texte<br />

Saumagne a lu:<br />

C--·--RAG. SARA<br />

Selon cet auteur la lettre C est suivie dans l'inscription des éléments<br />

suivants:<br />

- Une lacune 27 correspondant dans le texte à l'emplacement de quatre<br />

lettres effacées séparées au milieu par un point.<br />

La syllabe RAG, suivie d'un point.<br />

- Le substantif Sara.<br />

Dans son commentaire Saumagne rappelle que J. Mesnage avait relevé<br />

parmi les noms des éveques présents au concHe de Carthage en 411<br />

celui d'un episcopus Serrensis et qu'il avait fait à cette occasion un rapprochement<br />

entre Serra et Henchir Chaar 28 •<br />

Mais un tel critère, unique et fondé de surcroit sur un nom moderne,<br />

parait d'autant plus insuffisant qu'il n'existe aucun ethnique composé<br />

comportant l'élément SAR/SARA dans les listes conciliaires africaines.<br />

C'est pourquoi on admet, généFalement, que dans ces listes la mention<br />

ep. Vaz;enus ou Vazitanus se rapporterait à Vaz; Sara 29 (Henchir<br />

Bez) alors que la mention ep. Uzalensis pourrait tout aussi bien concerner<br />

Uzali Sa,-Jo (Henchir Djal) que Uzali(s) (El-Alia).<br />

Selon A. Mandouze, l'éveché de Serra devrait etre recherché, probablement<br />

en Proconsulaire. Par contre nous savons que compte tenu<br />

de sa situation géographique, Henchir Chaar trouverait logiquement sa<br />

pIace en Byzacène 31 au voisinage de Vazi Sarra et non loin d' Uzappa.<br />

Par ailleurs, reprenant l'examen d'un ex-voto épigraphe A. Beschaouch<br />

a cru reconnaitre un <strong>di</strong>eu nommé SAR A VG (ustus), en pro-<br />

27 Ch. Saumaglle a estimé la lacune à deux groupes de deux lettres separés par un<br />

point en envisageant la restitution Cfiv(itas) Na]ragsara.<br />

28 Chaàr transcrit à tort «charn> par Mesnage est un mot arabe qui signifie «chevelure».<br />

Le rapprochement avec Serra (ou Sarra) parait peu vraisemblable.<br />

29 A. MANDOUZE, Prosopographie chrétienne du Bas-Empire. L'Afrique, 1982 (voir<br />

Maniluis, presbyler Vaziensis). L'hypothèse présentée par J. PEYRAS, in «An t. Afr.», 9,<br />

1975, p. 222, selon laquelle Vazi serait le nom du centre urbain de la citè alors que Sarra<br />

qui a <strong>di</strong>sparu de la toponymie moderne serait un qualificatif regional, parait peu convaincante.<br />

En tous cas, il me semble exclu de voir survivre le surnom libyque Sarra dans le<br />

nom arabe de Djebel Serj dont le sens est en rapport avec l'aspect du profil topographique<br />

de cette montagne.<br />

30 IDEM, Mustulus episcopus Uzalensis.<br />

31 Henchir Chaar se trouve à l'ouest de Vazi Sarra, vraisemblablement siège de Byzacène<br />

cf. S. LANCEL, Actes de la conférence de Carthage en 411, t. l, p. 137 et t. IV,<br />

p. 1516.

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