Luigi Riccoboni, Il liberale per forza / L'italiano ... - irpmf - CNRS
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ACTE PREMIER<br />
Le théatre représente une salle de la maison de Lelio, avec plusieurs portes<br />
SCENE PREMIERE<br />
LELIO, VIOLETTE<br />
<strong>Luigi</strong> <strong>Riccoboni</strong> – 79<br />
Lelio paroît ayant des clefs à la main, il ferme la porte qui donne sur l’escalier et il dit à<br />
Violette qu’il es<strong>per</strong>e dans le jour venir à bout de son dessein qui a toujours été d’être bien<br />
renfermé dans sa maison, et qu’il n’a plus que quelques ordres nouveaux à lui donner,<br />
afi n que dans la suite elle puisse se conformer en tout à ce qu’il attend d’elle. <strong>Il</strong> lui défend<br />
d’ouvrir la porte de sa maison aux couturieres, aux coeffeuses, aux blanchisseuses et à<br />
d’autres semblables ouvrieres, parce que ces sortes de femmes s’introduisent dans les<br />
maisons pour y faire un autre métier que celui qu’elles paroissent exercer. <strong>Il</strong> ajoûte qu’il<br />
donne pareillement l’exclusion au maître à danser, parce qu’il ne sçauroit souffrir qu’un<br />
etranger, sous prétexte de mettre sa femme en état de bien danser un menuet, vienne dans<br />
sa maison lui mettre la main à la tête, aux bras, aux épaules et à l’estomac. Violette voudroit<br />
s’opposer au dessein de son maître, mais il lui enjoint d’obéir, et il lui donne la clef de la<br />
chambre où Flaminia est enfermée pour la faire sortir. Violette ouvre.<br />
SCENE II<br />
FLAMINIA, LELIO, VIOLETTE<br />
Lelio va d’un air joyeux au devant de sa femme. <strong>Il</strong> lui dit les nouvelles mesures qu’il a<br />
prises dans le jour de faire bien fermer les portes et les fenêtres de sa maison, et de faire<br />
renouveller les serrures. Flaminia surprise lui demande d’un air triste pourquoi il prend tant<br />
de précautions. A quoi il répond que c’est de peur des voleurs et pour être chez eux plus<br />
en sureté. Flaminia n’est pas bien <strong>per</strong>suadée de la sincerité de cette réponse, et dit à son<br />
mari que c’est peut-être un motif tout different qui le fait agir. Cependant elle lui demande<br />
s’il veut toujours continuer à la tenir renfermée dans une chambre, et à la priver du plaisir<br />
de voir le monde et de frequenter les compagnies. Lelio lui répond que si elle connoissoit<br />
bien le monde, elle n’auroit pas envie de le pratiquer; que veritablement il souhaite qu’elle<br />
reste dans sa maison et que pour lui en rendre le sejour plus agreable, il a fait provision de<br />
tout ce qui peut la réjouir, et de plusieurs sortes de jeux qu’il lui fait voir. <strong>Il</strong> lui fait ensuite<br />
un présent de quelques livres, dans la lecture desquels il lui dit qu’elle pourra apprendre<br />
ce que c’est que ce monde qu’elle voudroit fréquenter. <strong>Il</strong> lui en lit les titres, qui sont l’un<br />
Des avantages de la solitude, l’autre De la necessité de fermer l’oreille aux discours de galanterie, l’autre<br />
Qu’un mari est la seule comagnie digne d’une femme vertueuse. Dans le temps qu’il lit ces titres et<br />
plusieurs autres du même stile, on frape à la porte qu’il a si-bien fermée d’abord et qui<br />
donne sur l’escalier. <strong>Il</strong> y va et, sans l’ouvrir, il demande ce qu’on veut; on répond qu’on veut<br />
parler au sieur Lelio. Lelio dit qu’il n’y est pas. On le presse d’ouvrir, parce qu’on a quelque<br />
chose à lui dire. Enfi n Lelio pour entendre ce qu’on lui veut et voir qui est celui qui heurte,<br />
fait rentrer sa femme et sa servante dans une chambre voisine et ouvre.<br />
© IRPMF, 2008 – Les savoirs des acteurs italiens, collection dirigée par Andrea Fabiano