Luigi Riccoboni, Il liberale per forza / L'italiano ... - irpmf - CNRS

Luigi Riccoboni – 47
appris depuis un mois par une lettre d’Ottavio, qu’il devoit arriver incessamment chez lui, il
étoit venu pour le voir, l’embrasser et passer un mois avec lui; mais qu’il vient d’apprendre
qu’il n’est pas encore revenu. Pantalon le remercie, et l’assure qu’il peut s’en retourner, parce
que ce jour même il a reçu une lettre de son fi ls, qui lui mande qu’il ne reviendra chez lui de
plus de trois ans. Lelio dit qu’il étoit aussi resolu à s’en retourner; mais qu’il a rencontré deux
jeunes personnes sur la porte qui l’ont retenu, en disant qu’elles étoient sœurs d’Ottavio, et
qu’en son absence elles vouloient faire les honneurs de la maison, comme il auroit fait luimêmes;
qu’elles l’ont forcé de mettre pied à terre, qu’elles ont fait mettre son cheval et ceux
de ses valets à l’écurie; qu’elles l’on conduit à l’appartement qu’elles lui ont destiné, et qu’elles
l’ont engagé à le venir saluer, persuadées qu’il ne voudroit pas le laisser partir; mais qu’elle
avoient exigé de lui auparavant qu’il passeroit un mois entier avec elles, l’assurant que leur
pere auroit peine à se contenter d’un terme si court, et voudroit le retenir plus longtemps.
Pantalon se desespere en lui-même, et s’emporte de temps en temps, à parte, contre ses fi lles;
mais il n’ose, par civilité, les dédire, quoiqu’il ne puisse gagner sur son humeur d’approuver les
offres qu’elles ont faites.
C’est ici une de ces scenes de la Comedie Italienne, dont on ne peut donner un détail juste, parce qu’elles sont
toujours jouées d’une façon differente.
SCENE XI
VIOLETTE et puis MARIO, LELIO, PANTALON
Violette dit à Pantoln qu’un cavalier qui chasse aux environs, demande à lui parler pour un
chien qui s’est sauvé dans son parc. Il donne ordre qu’on le fasse venir. Mario sort, et dit
à Pantalon qu’en suivant un lievre, un chien qu’il aime fort est entré dans son parc, et lui
demande permission de l’y chercher. Pantalon lui répond qu’il le peut, et se réjouit, à parte, de
ce qu’au moins il ne demande pas à rester chez lui; cependant Lelio et Mario s’apperçoivent,
feignent une grande surprise et courent s’embrasser, en se nommant l’un comte, l’autre
marquis. Mario lui demande par quelle aventure il est dans ce château. Lelio répond qu’il
est chez lui. Pantalon temoigne cependant son dépit, à parte. Mario lui demande comment
cela se fait. Lelio répond que c’est la maison du pere de son meilleur ami, de celui qu’il aime
le mieux après lui; il lui montre Pantalon, et le dépeint comme l’homme du monde le plus
genereux. Il lui raconte qu’étant venu chez lui pour y voir son fi ls, qu’il croyoit revenu; et
ne l’ayant pas trouvé, comme il étoit prêt à s’en retourner, ce même Pantalon l’a retenu par
force, et lui a fait promettre de rester trois mois dans cette maison de campagne. Pendant
tout ce discours Pantalon se desespere à parte. Lelio ajoûte à Mario que cette maison est une
retraite ouverte à tous le voyageurs qui passent par cette route; que la table y est toujours
couverte, et que la cave n’y ferme jamais. Il ajoûte qu’il lui veut faire faire amitié avec ce bon
vieillard, et le présente à Pantalon, auquel il dit que c’est le comte Liquido cavalier qui est
digne de son amitié, et il les fait embrasser. Pantalon consent par force à toutes ces choses,
mais en marquant cependant toujours son dépit. Enfi n pour dernier trait, Lelio invite Mario
à passer un mois avec lui, pour confi rmer la nouvelle amitié qu’il vient de lier avec Pantalon.
Pantalon se desespere, et voudroit s’en dédire; mais Lelio l’en empêche toujours, et le force
enfi n d’y consentir. Il fi nit en disant à son ami qu’il veut lui montrer l’appartement qu’on lui
© IRPMF, 2008 – Les savoirs des acteurs italiens, collection dirigée par Andrea Fabiano