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<strong>Press</strong> <strong>Report</strong> <strong>Europe</strong> <strong>WSF</strong> <strong>2009</strong><br />
Le mouvement altermondialiste, qui semblait à bout de souffle, s'est offert une cure de vitamines en revenant au Brésil, son<br />
berceau, où s'était tenu le premier Forum social mondial (FSM), en 2001. Plus de 100.000 militants se sont retrouvés à<br />
Référence précédenteBelémRéférence suivante, situé à l'embouchure du fleuve Amazone, pour cette neuvième édition de l'«<br />
anti-Davos », qui s'est terminée dimanche. Première démonstration de vigueur, ils ont défilé en chantant pendant près de<br />
quatre heures lors de la marche d'ouverture, le 27 janvier. Malgré la pluie torrentielle, qui inonde quotidiennement en cette<br />
saison la capitale du Pará, surnommée au début du siècle dernier le « Paris tropical » grâce à la richesse issue alors du<br />
boom du caoutchouc. Un zeste de ce charme perce encore dans cette ville portuaire de 1,5 million d'habitants, dont une<br />
large part vit sous le seuil de pauvreté.<br />
L'Amazonie, symbole de lutte<br />
Pourquoi choisir une destination si éloignée ? « Parce que l'Amazonie est le lieu symbolique de la diversité humaine et<br />
culturelle que le forum défend et des menaces qui pèsent sur la planète, avec les conséquences désastreuses de la<br />
déforestation sur le climat », explique Oded Grajew, l'un des fondateurs du FSM. « Ici, se jouent plus que nulle part ailleurs<br />
les enjeux de la crise écologique, sociale, culturelle et alimentaire », renchérit le sociologue Candido Grzybowski, dirigeant<br />
d'Ibase, un célèbre « think tank » brésilien. Plus d'un millier d'Indiens, le corps peinturé et la tête couronnée d'une coiffe en<br />
plumes, sont venus au forum, formant une immense barrière humaine sous le mot d'ordre « sauvez l'Amazonie ». Pendant<br />
toute la durée du forum, ils ont multiplié appels, danses, rituels et plaidoyers, tandis que des centaines d'ONG<br />
environnementalistes publiaient des rapports alarmistes sur le commerce de bois illégal (80 % du commerce de bois<br />
amazonien), l'avancée continue des cultures de soja dans la région ou la pollution des rivières par les activités minières. «<br />
Quand les riches peuvent mettre en route l'air conditionné et faire leurs courses au supermarché, nous qui dépendons du<br />
poisson des rivières et des animaux de la forêt serons les premiers à souffrir du changement climatique », déclare Francisco<br />
Avelino Batista, un Indien Apurina. Depuis les années 1970, la plus grande forêt de la planète a perdu 20 % de sa surface et<br />
la déforestation continue au rythme de plus de 10.000 kilomètres carrés par an. Or, du sort de l'Amazonie dépend l'avenir du<br />
climat, mais aussi celui de l'eau (elle recèle 20 % des ressources d'eau douce de la planète) et de la biodiversité.<br />
« Un système suicidaire »<br />
Un Forum social mondial, c'est d'abord un Woodstock de la contestation planétaire : 2.400 ateliers menés par 5.900<br />
organisations sont organisés dans les salles de cours des deux immenses universités situées le long de la rivière Pará.<br />
Concerts, manifestations, camp des jeunes, village solidaire... Il faut errer sous la chaleur à la recherche de l'atelier en salle<br />
BE12, finalement déplacé en AZ40, au milieu d'une foule jeune, bigarrée et majoritairement brésilienne pour prendre la<br />
mesure de cet événement chaotique. Très très loin de Davos, une nouvelle génération a repris le flambeau, à l'image de la<br />
présidente d'Attac France, Aurélie Trouvé (vingt-neuf ans). Né d'une contestation radicale du « consensus de Washington »,<br />
des institutions financières internationales et des bienfaits du libre-échange avec les grandes manifestations de Seattle en<br />
1999 contre l'Organisation mondiale du commerce, le mouvement altermondialiste s'est élargi. La crise financière actuelle ne<br />
vient que conforter ses premières analyses. Mais, à Belém, on parle de crise « globale », « systémique » ou « de civilisation<br />
». « La crise écologique, qui montre à quel point l'humanité est confrontée à un destin commun, est la grande éducatrice des<br />
mouvements présents ici : à quoi cela servira-t-il que la Chine devienne la puissance du XXIème siècle si le XXIIème est<br />
invivable ? », constate le sociologue français Patrick Viveret. « La crise financière montre ce que l'écologie avait déjà<br />
montré : que le système capitaliste est un système suicidaire. Nous devons profiter de sa remise en cause pour que<br />
davantage de gens prennent conscience du besoin de changer profondément le système », renchérit Chico Whitaker, figure<br />
historique du FSM.<br />
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