Press Report Europe WSF 2009 - OpenFSM!

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04.06.2013 Views

En rouge et vert Press Report Europe WSF 2009 Au rythme des tambours et des musiques entraînantes, le cortège s'ébranle. Nombre de participants se sont réfugiés sous les devantures des immeubles. Des taxis, engouffrés dans une ruelle curieusement ouverte au trafic, tentent de se frayer un passage sous les sifflets amusés des manifestants. Des policiers suivent le défilé à cheval. Le cortège accueille une floraison de drapeaux, un véritable concentré d'abréviations: chaque association, parti, ONG, syndicat faisant valoir sa présence. Un drapeau d'Unia rappelle qu'une délégation suisse, forte de cinquante personnes (politiciens, ONG, syndicalistes, journalistes), est dans les rangs. Elle côtoie les portraits du Che, des drapeaux palestiniens, une bannière géante du Parti des travailleurs de Lula, l'arc-en-ciel LGTB. Et bien sûr une mappemonde de Greenpeace. Sur un T-shirt, un slogan fustige le prix à payer à cause de la crise capitaliste. Le rouge et le vert dominent dans ce festival de couleurs. Crise conjoncturelle ou faillite? Car les crises financière et écologique seront les thèmes clés du forum. En partageant leurs expériences de lutte et leurs aspirations dans la fourmilière d'ateliers, débats ou activités culturelles, les participants tenteront de dégager des convergences globales pour offrir une alternative au système capitaliste. Tandis que le forum de Davos cherche à le sauver de ses excès, les participants du FSM, qui se réunissent en opposition au rendez-vous helvétique, partagent le diagnostic de la faillite du modèle. Articuler les luttes Le Conseil international du FSM a choisi l'Amazonie comme région hôte «afin de reconnaître son rôle stratégique pour le futur de l'humanité. Elle est une des dernières zones de la planète encore relativement préservée et sa biodiversité est d'une valeur inestimable», selon les organisateurs, qui insistent sur l'ampleur et la pluralité des mouvements sociaux de la région. Organisations indigènes, d'Afro-descendants, de femmes, de paysans, urbaines: tous ont en commun la capacité, propre au Brésil, de se mettre en réseau et d'articuler les luttes. Pourtant, l'arrivée de Lula au pouvoir a pesé, dans la mesure où beaucoup de leaders ont rejoint son administration. L'un des combats communs est le droit à la terre, à des logements dignes, à la préservation du territoire. Message indigène Hier matin, quelque 1500Indiens ont formé à l'adresse des dirigeants réunis à Davos une bannière humaine, photographiée depuis les airs, figurant les mots «Salve a Amazonia». Jeudi soir, les présidents de gauche Lula, Correa, Lugo, Chavez et Morales devraient marquer le forum de leur présence. A l'heure où nous mettions sous presse, le défilé se poursuivait dans l'allégresse et sous la bénédiction du soleil. Note : 1 Si l'on compte comme mondiale l'édition polycentrique tenue au Mali, Pakistan et Venezuela en 2006. «La venue de Lula est un signe fort» (Le courrier) SERGIO FERRARI, BELÉM DO PARÁ Il aura fallu que s'ébroue la manif estation d'ouverture (lire ci-dessus) du Forum social mondial (FSM) pour que Belém prenne réellement conscience de la dimension de cette rencontre internationale. A la veille de l'événement, les mouvements sociaux brésiliens, eux, ne cachaient pas leurs fortes attentes. «C'est un moment historique pour nous», s'exclame Carmen Helena Foro, dirigeante nationale du Syndicat des travailleurs ruraux du Brésil et vice-présidente de la Centrale unique des travailleurs (CUT). Cette organisation, traditionnellement proche du Parti des travailleurs de Lula, est la principale confédération du pays, avec 3299 syndicats affiliés et 28millions de membres. Carmen Helena Foro, âgée de 42ans, originaire des environs de Belém, est venue dans sa ville pour participer à cette édition du FSM. 192

Press Report Europe WSF 2009 La venue de Lula, jeudi à Belém, pour participer avec quatre autres présidents de la région –Hugo Chávez (Venezuela), Evo Morales (Bolivie), Fernando Lugo (Paraguay) et Rafael Correa (Equateur)– peut-elle être comprise comme une tentative de reconquérir la sympathie des mouvements sociaux brésiliens? Carmen Helena Foro: Je ne partage pas cette hypothèse. Malgré nos sérieuses critiques envers son gouvernement, Lula n'a jamais cessé de venir à Belém durant ces années. D'autre part, il a maintenu la communication et le dialogue avec les mouvements sociaux. Il n'a pas besoin de profiter d'un forum pour rétablir une relation, qui reste ouverte et active. Je pense néanmoins que la visite de Lula, cette semaine, dans le cadre du FSM est un signe fort adressé à tous les secteurs politiques et économiques du pays et aux acteurs sociaux qui arrivent du monde entier. C'est-à-dire... L'Amazonie est aujourd'hui l'une des régions les plus complexes et les plus contradictoires du Brésil. D'une part, elle subit de graves atteintes environnementales, avec une forte présence d'entreprises nationales et de multinationales, qui en sont responsables. Et, en même temps, y existent des mouvements sociaux actifs qui cherchent des alternatives, s'organisent et se mobilisent Cette réalité définit un contexte où la présence et la parole de Lula peuvent être très importantes. D'autre part, Lula vient à Belém pour apporter son appui à ce grand projet mondial qui préconise la construction d'un autre monde possible. Belém rassemble ces jours les représentants de la société civile latino-américaine et mondiale. Quel est réellement aujourd'hui l'état des relations entre les syndicats brésiliens et leurs collègues du continent? Et, plus généralement, entre les mouvements latino-américains? Bien qu'ils se soient renforcés, ces contacts ne convergent pas encore dans une pratique systématique commune. En cette étape historique que traverse l'Amérique latine, nous devons faire un pas en avant substantiel du point de vue de l'intégration régionale. Des propositions d'intégration économique et commerciale existent, mais elles manquent parfois de clarté en matière sociale. Il est essentiel de ne jamais baisser la pression sur nos gouvernants pour trouver chaque jour des réponses plus claires, rapides et effectives sur les thèmes essentiels que sont l'augmentation de la faim, la précarisation du travail et des travailleurs, la réponse à la crise financière et économique, l'environnement, etc. Le moment est essentiel, et les défis que nous devons affronter le sont tout autant. Les attentes de notre base sont énormes. En ce sens, que signifie et que peut apporter cette session du FSM? Ce sera un moment grandiose de rencontre entre les mouvements sociaux et pour avancer davantage dans le processus de résistance des travailleurs, une opportunité unique de communication entre les peuples, la possibilité de clarifier et d'impulser avec plus d'énergie les réalisations sociales et populaires. De plus, c'est un espace privilégié pour que les femmes continuent à construire ensemble nos propositions, nos réseaux et nos projets. 193

<strong>Press</strong> <strong>Report</strong> <strong>Europe</strong> <strong>WSF</strong> <strong>2009</strong><br />

La venue de Lula, jeudi à Belém, pour participer avec quatre autres présidents de la région –Hugo Chávez (Venezuela),<br />

Evo Morales (Bolivie), Fernando Lugo (Paraguay) et Rafael Correa (Equateur)– peut-elle être comprise comme une<br />

tentative de reconquérir la sympathie des mouvements sociaux brésiliens?<br />

Carmen Helena Foro: Je ne partage pas cette hypothèse. Malgré nos sérieuses critiques envers son gouvernement,<br />

Lula n'a jamais cessé de venir à Belém durant ces années. D'autre part, il a maintenu la communication et le dialogue<br />

avec les mouvements sociaux. Il n'a pas besoin de profiter d'un forum pour rétablir une relation, qui reste ouverte et<br />

active. Je pense néanmoins que la visite de Lula, cette semaine, dans le cadre du FSM est un signe fort adressé à tous<br />

les secteurs politiques et économiques du pays et aux acteurs sociaux qui arrivent du monde entier.<br />

C'est-à-dire...<br />

L'Amazonie est aujourd'hui l'une des régions les plus complexes et les plus contradictoires du Brésil. D'une part, elle<br />

subit de graves atteintes environnementales, avec une forte présence d'entreprises nationales et de multinationales, qui<br />

en sont responsables. Et, en même temps, y existent des mouvements sociaux actifs qui cherchent des alternatives,<br />

s'organisent et se mobilisent Cette réalité définit un contexte où la présence et la parole de Lula peuvent être très<br />

importantes. D'autre part, Lula vient à Belém pour apporter son appui à ce grand projet mondial qui préconise la<br />

construction d'un autre monde possible.<br />

Belém rassemble ces jours les représentants de la société civile latino-américaine et mondiale. Quel est réellement<br />

aujourd'hui l'état des relations entre les syndicats brésiliens et leurs collègues du continent? Et, plus généralement, entre<br />

les mouvements latino-américains?<br />

Bien qu'ils se soient renforcés, ces contacts ne convergent pas encore dans une pratique systématique commune. En<br />

cette étape historique que traverse l'Amérique latine, nous devons faire un pas en avant substantiel du point de vue de<br />

l'intégration régionale. Des propositions d'intégration économique et commerciale existent, mais elles manquent parfois<br />

de clarté en matière sociale. Il est essentiel de ne jamais baisser la pression sur nos gouvernants pour trouver chaque<br />

jour des réponses plus claires, rapides et effectives sur les thèmes essentiels que sont l'augmentation de la faim, la<br />

précarisation du travail et des travailleurs, la réponse à la crise financière et économique, l'environnement, etc. Le<br />

moment est essentiel, et les défis que nous devons affronter le sont tout autant. Les attentes de notre base sont<br />

énormes.<br />

En ce sens, que signifie et que peut apporter cette session du FSM?<br />

Ce sera un moment grandiose de rencontre entre les mouvements sociaux et pour avancer davantage dans le<br />

processus de résistance des travailleurs, une opportunité unique de communication entre les peuples, la possibilité de<br />

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que les femmes continuent à construire ensemble nos propositions, nos réseaux et nos projets.<br />

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