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esercito e città dall'unità agli anni trenta. tomo i - Sistema ...

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554 ERIC LABA YLE<br />

et le prestige des dragons leur conféraient donc une piace privilégiée dans<br />

le cceur des Libournais, faite de respect et d'admiration, alors que le 57ème<br />

était considéré avec plus de familiarité. Ainsi, pendant plus de trente ans,<br />

les Libournais se réjouirent avec les dragons lorsque l'un d'eux était promu,<br />

décoré ou distingué. Ils partageaient les heures de détente, comme lors de<br />

la représentation à Libourne de l'ceuvre du théàtre à la caserme, en février<br />

1911. Ils s'associaient à la peine des officiers lors des obsèques de l'un des<br />

leurs, ils soutenaient le régiment à l' occasion des polémiques autour de la<br />

condamnation de dragons par le conseil de guerre de Bordeaux. A plusieurs<br />

reprises, le 15ème Dragons servit aux journalistes de support à une apologie<br />

de l' armée. Pour l' occasion, ceux-ci assimilaient le régiment à l' Armée Française<br />

toute entière. Chaque compte rendu de réception ou départ à la retraite<br />

d' officiers était prétexte à envolées patriotiques ou prises de positions en<br />

faveur de « cette armée si perfidement attaquée ". Le colo nel faisait partie<br />

des grandes figures locales; à ce titre, c'est avec un amicai respect que les<br />

journalistes parlaient de lui et soulignaient complaisamment que le commandant<br />

du 15ème Dragons était un homme « que l'on est sùr de trouver lorsqu'il<br />

y a une bonne ceuvre à faire '' · Alors que le colonel Olivier était appelé « notre<br />

sympathique colonel ,, ce sont les colonels de Vittré et des Isnards qui suscitèrent<br />

le plus l'admiration respectueuse de l'opinion publique par leurs<br />

fortes personnalités. Lors de la mise à la retraite anticipée de ce dernier, la<br />

presse libournaise s'indigna et n'hésita pas à en attribuer la responsabilité<br />

« aux loges "· Celles-ci eurent aussi maille à partir avec l'opinion publique<br />

libournaise après les accusations du Réveil Maçonnique à l'encontre du<br />

15ème Dragons. Cette admiration presque sans bornes que vouaient les<br />

Libournais à leurs dragons dépassait le cadre de la garnison et était propice<br />

à exagérations et légendes. En 1907, par exemple, la presse locale relata, non<br />

sans fierté, les exploits du capitaine Caud, ancien du 15ème Dragons passé<br />

aux spahis. Si l'on en croit les journalistes, avec soixante cavaliers, il aurait<br />

mis en déroute deux mille indigènesl<br />

2) Résistances et oppositions<br />

Si l'ensemble de l'opinion publique libournaise, et plus particulièrement<br />

les milieux conservateurs, s'accordait à témoigner un profond respect au<br />

15ème Dragons et à son colonel, force est de constater que certains Libournais<br />

n' éprouvaient pas le mème sentiment. Le 28 novembre 1891, le colonel<br />

de Vittré, outré, écrivit au maire de Libourne une lettre accusatrice « au<br />

sujet de l'attitude qu'observent, vis à vis des officiers, les agents de police<br />

de la ville de Libourne "· Il était indigné par leur « sans-façon qui touche à<br />

LE QUINZIEME REGIMENT DE DRAGONS A LIBOURNE 555<br />

l'insolence " · '' ]e répète que, personnellement, le salut des agents de police<br />

me laisse indifférent, mais il y a, vis à vis du grade que j' occupe, un manque<br />

de convenances que je n'ai vu se manifester dans aucune ville et qu'il est<br />

de mon devoir de ne pas tolérer sans protester " concluait le colonel. Il est<br />

surprenant de constater que le colo nel n' était pas le seui élément du 15ème<br />

Dragons dont certains Libournais contestaient l'image et la fonction. La fanfare<br />

était aussi l'objet de provocations. Le 12 mai 1889, durant la retraite<br />

aux flambeaux, cavaliers d' escorte et musiciens furent, en effet, frappés à<br />

coups de pierres. De tels incidents, que l'on pourrait presque qualifier d'inévitables,<br />

ne devaient pas faire oublier que la population libournaise a, quarante<br />

ans durant, éprouvé le mème sentiment amicai pour le 15ème Dragons,<br />

fait d'un subtil mélange d'admiration, d'intérèt, de curiosité, de fraternité<br />

et de fierté, celle d'avoir dans ses murs un régiment prestigieux composé<br />

d'enfants du pays, celle qu'éprouvèrent les Libournais lors de l'embarquement<br />

pour le front, en aoùt 1914; l'Ennemi allait voir la valeur de nos<br />

dragons!<br />

B) Partira-Partira pas?<br />

La principale preuve de l'attachement des Libournais pour « leur 15ème<br />

Dragons » est la peur constante de le voir partir. Mème si celle-ci était motivée<br />

par un souci de nature économique, comme l'a montré l'intermède biterrois<br />

de 1907, elle n'en provenait pas moins de la profondeur des liens que<br />

la ville a vai t tissés avec so n régiment. Alors que celui-ci était à Béziers, L 'Indépendant<br />

Libournais s'éleva contre sa prétendue mutation. Le principal argument<br />

développé par le journal était celui de l'éloignement des fils en cas<br />

d'affectation lointaine. Ce faisant, il soulignait le caractère éminemment régional<br />

du recrutement de la troupe. Toute les familles du libournais dont le fils<br />

faisait son service militaire au 15ème Dragons seraient bientòt cruellement<br />

déchirées par le départ du régiment. En fait, les milieux républicains semblaient<br />

seuls ètre partisans de la mutation du 15ème Dragons considéré par<br />

beaucoup, et principalement par la loge « Le Réveil Maçonnique ,, comme<br />

un repaire d' officiers conservateurs et cléricaux. Dès 1897, le périodique parisien<br />

« Le journal " a vai t annoncé le remplacement du 6ème Hussards de Bordeaux<br />

par le 24ème Dragons de Dinan et du 15ème Dragons par le 13ème<br />

Hussards de Dinan. Cette nouvelle jeta le trouble à Libourne mais ne fut<br />

qu'une fausse alerte. Décision inéluctable contre laquelle on ne pouvait rien<br />

et qui devait arriver un jour ou l'autre, les Libournais accueillirent l'annonce<br />

de la mutation du l)ème Dragons, en 1907, comme t elle. En juin, il avait<br />

été question d'une permutation avec le 17ème Dragons de Carcassonne, le<br />

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