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544 ERIC LABAYLE x Engagés volontaires au 15ème Dragons o Engagés volontaires au 10ème Hussards Total des engagés volontaires dans la cavalerie 1901 1904 1908 1909 1910 .... o l lUI ( Graphique de l'évolution des engagements volontaires dans la cavalerie. Mairie de Bordeaux 1898-1910. LE QUINZIEME REGIMENT DE DRAGONS A LIBOURNE 545 jugés républicains. Mais la réserve politique était de mise. Les officiers attendaient la retraite pour professer une quelconque idéologie, à l'exemple du colone! de Vitré lequel, une fois Hbéré de san service, s'improvisa conférencier royaliste. En fait, tous étaient bien trop préoccupés par leur promotion et leur carrière pour s'engager ouvertement. Le cléricalisme, souvent associé à des tendances conservatrices, était particulièrement répandu chez les cadres du 15ème Dragons qui, cette fois-ci, n'hésitaient pas à s'afficher lors des messes ou prières publiques. Certains en furent lésés, tel le capitaine Lewden, dont le cléricalisme militant coùta l'avancement en 1901. La franc-maçonnerie libournaise dénonça à plusieurs reprises le conservatisme et la pratique religieuse des cadres du 15ème Dragons mais, une fois de plus, les rapports entre militaires et civils n'en furent pas troublés et restèrent très courtois quoique distants. Il semble que les officiers des dragons de Libourne aient tous accepté avec plus ou moins de résignation les dures exigeances d'une monotone vie de garnison. Seulle suicide inexpliqué du capitaine Vidal, en 1886, pourrait trahir un certain malaise chez quelques gradés. Mais, une fois de plus, le souci du devoir et de la promotion dominant leur quotidien, l'espoir des chevauchées guerrières lui donnant un sens, ils firent abstraction des contraintes morales et politiques et soignèrent l'image qu'ils entendaient donner d'eux à leurs hommes, une image de « dieux qui passent , 6. C) Les cavaliers du Quinzième 1) Origines géographiques et sociales de la troupe Malgré un cruel manque de documentation, il semble qu'une évolution amorcée durant les quatre premières années de la présence à Libourne du 15ème Dragons se soit confirmée durant les quarante ans de sa garnison dans la ville, déterminant ainsi la personnalité du régiment. En effet, dès 1877 l es dragons étaient presque tous issus des départements de l' ouest de la France, avec une très nette prédominance de l'Aquitaine. Arrivée à Libourne avec, dans ses rangs, des hommes venus des quatre coins du pays, l'unité était dane, trois ans plus tard, déjà profondément enracinée dans sa région d'adoption. L'étroitesse des liens qui unissaient alors le 15ème Dragons à sa ville et san département est particulièrement sensible dans le domaine des engagements volontaires. Suivant, à peu de choses près, la courbe nationaie, ces derniers firent du 15ème Dragons le régiment de cavalerie « préféré , des engagés girondins, au détriment du régiment de hussards stationné à Bordeaux, à tel point que 1e commandement militaire du 18ème Corps 6 P. DROZ.

546 ERIC LABAYLE d' Armée dont faisait partie le régiment dut, à maintes reprises, refuser des volontaires pour les dragons de Libourne, les effectifs étant au complet! En Gironde, la provenance des engagés au 15ème Dragons, principalement issus du nord-est du département, témoigne de la zone d'influence libournaise. L'aspect régional du recrutement de la troupe fit vite du régiment libournais une vaste vitrine des activités socio-professionnelles girondines. C'est ainsi qu'une très forte proportion de métiers de la vigne et du vin (entre autres) donne à l'unité une personnalité unique. Le 15ème Dragons n'était pas un régiment anonyme mais bien un pur produit de sa région. C'est à ce titre qu'il devint le refuge privilégié des fils de notables bordelais, attirés aussi, sans doute, par le prestige de l'arme dragons et envisageant, pour la plupart, une carrière militaire. 2) La vie quotidienne des dragons, de Libourne Soumis à un dur entrainement visant à faire d'eux des cavaliers et des combattants accomplis, les hommes du 15ème Dragons passaient leurs journées entre les exercices d'équitation et de maniement des armes, le pansage des chevaux et l'entretien du casernement. Une abondante iconographie montre, principalement sous forme de cartes postales, les principales activités des hommes du quartier Lamarque, souvent suivies par les yeux curieux des badauds ou des gamins du quartier. Peu d'évènements marquants vinrent égayer ou troubler la vie des dragons de Libourne si ce ne sont quelques désertions (à l' occasion desquelles l' opinion publique libournaise prenait généralement le parti de l' Armée contre le déserteur), accidents, vols, suicides (pratique particulièrement développée au sein de l' Armée à la fin du siècle dernier) ou querelles dues à l'alcoolisme. Phénomène courant chez les militaires de l'époque, ce dernier ne pouvait qu'etre aggravé par la clientèle assidue que formaient les dragons pour les bars libournais. Décrire les opinions politiques de la troupe est une entreprise délicate, en raison de la faible importance individuelle des conscrits et des sousofficiers au sein de la cité et vu leur nombre. Cependant, certains incidents dénoncés par les milieux républicains libournais tendent à accréditer la thèse d'un fort courant conservateur au sein des dragons du Quinzième. Mais ici aussi, comme chez les officiers, la réserve politique semble avoir été de mise. Il - LE QUINZIEME DRAGONS DANS SA VILLE A) Manceuvres et exercices Le premier aspect de la présence au quotidien du 15ème Dragons à Libourne est sans conteste l'entrainement journalier mené sur le terrain de LE QUINZIEME REGIMENT DE DRAGONS A LIBOURNE 547 manceuvres séparé des casernes par une voie ferrée, ou partout ailleurs dans le Libournais. Ces exercices qui mettaient en scène des pelotons, voire des escadrons entiers suscitaient toujours une vive curiosité teintée d'admiration chez les civils que le départ du régiment pour des manoeuvres lointaines ou des exercices menés dans la région attiraient en grand nombre. Cependant, le terrain d'exercices, plus qu'un lieu de spectacle, fut régulièrement l'enjeu de querelles de voisinage entre les dragons et les riverains qui se plaignaient de l'insécurité du lieu. Ce différend, assOeié à un réel problème d'exiguité, motiva la vive sympathie de la municipalité libournaise pour tout projet visant au rachat ou au déplacement du terrain de manoeuvres. Les infrastructures d'entrainement n'étaient cependant pas qu'une pomme de discorde entre militaires et Libournais. Nombreuses furent en effet les manifestations publiques qui bénéficièrent du manège du quartier de cavalerie ou du champ d'exercices, pretés tous deux par le colonel du 15ème Dragons, avec des conditions très précises. Le champ de tir était utilisé, pour sa part, par la société de préparation militaire de Libourne, mais, lui aussi posait de graves problèmes à ses riverains, la sécurité du lieu laissant à désirer. Bien qu'il fùt situé en pleine campagne, les fermes des environs recevaient parfois des projectils qui pouvaient s'avérer fort dangereux. De nombreuses réunions furent organisées en présence des autorités militaires et des conseils municipaux des communes concernées, mais aucun accord n'intervint. En 1914, ni le problème du terrain de manceuvre ni celui du champ de tir n'avaient été réglés de manière satisfaisante. B) Au servi ce de l 'ordre l) La sécurité des Libournais Dès le lendemain de la guerre de 1870 fut instaurée à Libourne la coutume d'un poste de garde composé d'une dizaine d'hommes de la garnison en faction à l'hotel de ville et qui assurait quotidiennement le maintien de l'ordre nocturne de la ville. Cette pratique, fort appréciée des Libournais soucieux de leur sécurité, fut définitivement abandonnée quelques jours après l'arrivée du 15ème Dragons. Malgré les demandes pressantes de la municipalii:é auprès des autorités militaires, des années durant, il ne fut jamais rétabli, ce qui provoqua l'amertume des citadins. Jusqu'à la Première Guerre Mondiale, la seule mission de service d'ordre assurée régulièrement par les dragons à Libourne fut le poste de police que le régiment fournissait deux fois par an, à l' occasion des fetes publiques des Rameaux et de la Saint Martin. Outre sa fonction de maintien de l'ordre, ce poste avait l'avantage d'assurer une présence visuelle et rassurante du 15ème Dragons dans ce que la

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d' Armée dont faisait partie le régiment dut, à maintes reprises, refuser des<br />

volontaires pour les dragons de Libourne, les effectifs étant au complet! En<br />

Gironde, la provenance des engagés au 15ème Dragons, principalement issus<br />

du nord-est du département, témoigne de la zone d'influence libournaise.<br />

L'aspect régional du recrutement de la troupe fit vite du régiment libournais<br />

une vaste vitrine des activités socio-professionnelles girondines. C'est ainsi<br />

qu'une très forte proportion de métiers de la vigne et du vin (entre autres)<br />

donne à l'unité une personnalité unique. Le 15ème Dragons n'était pas un<br />

régiment anonyme mais bien un pur produit de sa région. C'est à ce titre<br />

qu'il devint le refuge privilégié des fils de notables bordelais, attirés aussi,<br />

sans doute, par le prestige de l'arme dragons et envisageant, pour la plupart,<br />

une carrière militaire.<br />

2) La vie quotidienne des dragons, de Libourne<br />

Soumis à un dur entrainement visant à faire d'eux des cavaliers et des<br />

combattants accomplis, les hommes du 15ème Dragons passaient leurs journées<br />

entre les exercices d'équitation et de maniement des armes, le pansage<br />

des chevaux et l'entretien du casernement. Une abondante iconographie<br />

montre, principalement sous forme de cartes postales, les principales activités<br />

des hommes du quartier Lamarque, souvent suivies par les yeux curieux<br />

des badauds ou des gamins du quartier. Peu d'évènements marquants vinrent<br />

égayer ou troubler la vie des dragons de Libourne si ce ne sont quelques<br />

désertions (à l' occasion desquelles l' opinion publique libournaise prenait<br />

généralement le parti de l' Armée contre le déserteur), accidents, vols,<br />

suicides (pratique particulièrement développée au sein de l' Armée à la fin<br />

du siècle dernier) ou querelles dues à l'alcoolisme. Phénomène courant chez<br />

les militaires de l'époque, ce dernier ne pouvait qu'etre aggravé par la clientèle<br />

assidue que formaient les dragons pour les bars libournais.<br />

Décrire les opinions politiques de la troupe est une entreprise délicate,<br />

en raison de la faible importance individuelle des conscrits et des sousofficiers<br />

au sein de la cité et vu leur nombre. Cependant, certains incidents<br />

dénoncés par les milieux républicains libournais tendent à accréditer la thèse<br />

d'un fort courant conservateur au sein des dragons du Quinzième. Mais ici<br />

aussi, comme chez les officiers, la réserve politique semble avoir été de mise.<br />

Il - LE QUINZIEME DRAGONS DANS SA VILLE<br />

A) Manceuvres et exercices<br />

Le premier aspect de la présence au quotidien du 15ème Dragons à<br />

Libourne est sans conteste l'entrainement journalier mené sur le terrain de<br />

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manceuvres séparé des casernes par une voie ferrée, ou partout ailleurs dans<br />

le Libournais. Ces exercices qui mettaient en scène des pelotons, voire des<br />

escadrons entiers suscitaient toujours une vive curiosité teintée d'admiration<br />

chez les civils que le départ du régiment pour des manoeuvres lointaines<br />

ou des exercices menés dans la région attiraient en grand nombre. Cependant,<br />

le terrain d'exercices, plus qu'un lieu de spectacle, fut régulièrement<br />

l'enjeu de querelles de voisinage entre les dragons et les riverains qui se plaignaient<br />

de l'insécurité du lieu. Ce différend, assOeié à un réel problème d'exiguité,<br />

motiva la vive sympathie de la municipalité libournaise pour tout projet<br />

visant au rachat ou au déplacement du terrain de manoeuvres. Les infrastructures<br />

d'entrainement n'étaient cependant pas qu'une pomme de discorde<br />

entre militaires et Libournais. Nombreuses furent en effet les manifestations<br />

publiques qui bénéficièrent du manège du quartier de cavalerie ou<br />

du champ d'exercices, pretés tous deux par le colonel du 15ème Dragons,<br />

avec des conditions très précises. Le champ de tir était utilisé, pour sa part,<br />

par la société de préparation militaire de Libourne, mais, lui aussi posait de<br />

graves problèmes à ses riverains, la sécurité du lieu laissant à désirer. Bien<br />

qu'il fùt situé en pleine campagne, les fermes des environs recevaient parfois<br />

des projectils qui pouvaient s'avérer fort dangereux. De nombreuses réunions<br />

furent organisées en présence des autorités militaires et des conseils<br />

municipaux des communes concernées, mais aucun accord n'intervint. En<br />

1914, ni le problème du terrain de manceuvre ni celui du champ de tir<br />

n'avaient été réglés de manière satisfaisante.<br />

B) Au servi ce de l 'ordre<br />

l) La sécurité des Libournais<br />

Dès le lendemain de la guerre de 1870 fut instaurée à Libourne la coutume<br />

d'un poste de garde composé d'une dizaine d'hommes de la garnison<br />

en faction à l'hotel de ville et qui assurait quotidiennement le maintien de<br />

l'ordre nocturne de la ville. Cette pratique, fort appréciée des Libournais<br />

soucieux de leur sécurité, fut définitivement abandonnée quelques jours après<br />

l'arrivée du 15ème Dragons. Malgré les demandes pressantes de la municipalii:é<br />

auprès des autorités militaires, des années durant, il ne fut jamais rétabli,<br />

ce qui provoqua l'amertume des citadins. Jusqu'à la Première Guerre<br />

Mondiale, la seule mission de service d'ordre assurée régulièrement par les<br />

dragons à Libourne fut le poste de police que le régiment fournissait deux<br />

fois par an, à l' occasion des fetes publiques des Rameaux et de la Saint Martin.<br />

Outre sa fonction de maintien de l'ordre, ce poste avait l'avantage d'assurer<br />

une présence visuelle et rassurante du 15ème Dragons dans ce que la

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