esercito e città dall'unità agli anni trenta. tomo i - Sistema ...
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538 ERIC LABAYLE<br />
rie vint de Bordeaux prendre ses quartiers dans les prestigieuses casernes<br />
bi-centenaires qui, depuis leur érection en l 773, avaient abrité toutes les subdivisions<br />
de l'Armée Française. Cette nouvelle unité, la soixante troisième<br />
à occuper le quartier de cavalerie, baptisé plus tard Quartier Lamarque, était<br />
le quinzième régiment de dragons. Il est certain que les relations que ce dernier<br />
établit avec sa ville de garnison pendant les quarante sept années que<br />
dura sa vie libournaise ne sont pas représentatives de celles entretenues par<br />
l'ensemble des régiments français avec leurs concìtoyens civils. Ce sont ces<br />
particularismes, issus du caractère régional du recrutement de la troupe, de<br />
l'insertion sociale des officiers, du poids économique du régiment dans une<br />
région vouée à la culture de la vigne, de la mentalité des civils et des rapports<br />
qu'ils entretinrent avec « leur " régiment qu'il convient d'étudier, non<br />
pour brosser un tableau d'ensemble des relations entre l'Armée et la société<br />
en France entre 1870 et 1914, mais, au travers de l'exemple des dragons de<br />
Libourne, pour évoquer ce que pouvait ètre la réalité quotidienne de la vie<br />
de garnison d'un régiment de cavalerie dans les premières années de la troisième<br />
République, avant que Libourne, comme de nombreuses autres villes<br />
de province, n'entre dans le vingtième siècle.<br />
L'insertion du 15ème Dragons à Libourne fut d'abord, condition primordiale,<br />
obtenue par la personnalité du régiment, son histoire, sa composition,<br />
les prises de position de ses officiers, entre autres. Deuxième aspect<br />
de la vie libournaise des dragons du Quinzième, leurs activités quotidiennes,<br />
leur poids économique, bref, leur intégration « matérielle " à la vie de<br />
la cité, contribuèrent très vite a l'établissement de liens affectifs (ou d'intérèt)<br />
nouveaux entre civils et militaires. La troisième et dernière facette de<br />
l'assimilation du 15ème Dragons à sa ville, faite d'émotions, de sentiments<br />
et de respect mutuel, fut à l'origine d'un regard nouveau des Libournais pour<br />
leur garnison, d'un nouvel état d'esprit auquel le premier conflit mondial<br />
mit un terme.<br />
I -<br />
PORTRAIT D'UN REGIMENT<br />
A) La présence de l 'Histoire<br />
1) Historique du 15ème Dragons<br />
L'unité Hbournaise est l'héritière de Noailles-Cavalerie, régiment créé<br />
le 20 décembre 1688 par Anne-Jules, due de Noailles et gouverneur du Languedoc,<br />
qui fit ses premières armes lors de la guerre de la ligue d'Augsbourg,<br />
dans les Flandres. Il participa ensuite à la grande majorité des campagnes<br />
de Louis XIV et Louis XV, de la bataille de Spire (1705) à celle de Fontenoy<br />
LE QUINZIEME REGIMENT DE DRAGONS A LIBOURNE 539<br />
(1745), avant d'ètre, en 1776, transformé en régiment de dragons. La Révolution<br />
Française surprit le jeune régiment Noailles-Dragons en garnison dans<br />
la région toulousaine et le débaptisa pour ne plus le désigner que par un<br />
numéro. Le quinzième régiment de dragons naquit donc officiellement le<br />
ler janvier 1791. Dès lors se succédèrent campagnes et batailles au cours desquelles<br />
l'unité se distingua. Des Pyrénées Orientales au pont d'Arcole, ses<br />
hommes se firent remarquer pour leur ardeur et leur dévouement, avant que<br />
la campagne d'Egypte ne se solde par l'anéantissement quasi-total du régiment.<br />
Après quelques années de repos et de vie de garnison, l'Empire sollicita<br />
à son tour les services du 15ème Dragons. Après avoir part à la campagne<br />
d' Austerlitz, ce dernier participa à celles de Pologne et de P russe. En<br />
1808, il fut engagé en Espagne où, malgré son sacrifice, il ne put éviter la<br />
tourmente d'une défaite chèrement payée. De retour en France, le régiment<br />
participa à la campagne qui asséna le coup de grace an Premier empire. Dissous<br />
sous la Restauration, il fut reformé lors des Cent-Jours et, jusqu'à Waterloo,<br />
combattit sous les ordres du général Grouchy. Le retour de la monarchie<br />
vit, une fois de plus, la dissolution du 15ème Dragons. Il fallut attendre<br />
1871 pour qu'un régiment de dragons porte à nouveau le chiffre 15 à ses<br />
pattes de col. Cette nouvelle unité était formée à partir des restes du troisième<br />
régiment de lanciers, rescapés de la guerre de 1870 et de la fameuse<br />
charge de Rezonville. Après trois ans de garnison passés à Béziers, face à<br />
une population hostile, le nouveau régiment arriva à Libourne en juin 1874,<br />
après avoir séjourné quelques mois à Bordeaux.<br />
2) Les dragons et leur histoire<br />
Comme dans beaucoup d'autres régiments français, les hommes du jeune<br />
15ème Dragons entretenaient des rapports privilégiés avec leur histoire. Dès<br />
1884, en applications des recommandations du général de Cissey 2 , ministre<br />
de la Guerre, était écrit un magistral historique du régiment, véritable<br />
oeuvre d'historien, tant par sa sobriété que son objectivité. Les ouvrages qui<br />
suivirent ne furent pas dominés par la mème rigueur et, au travers du récit<br />
historique, transparaìt clairement le message que leurs auteurs voulaient transmettre,<br />
véritable profession de foi de la mentalité des cadres du régiment<br />
et de celle inculquée aux hommes de troupe. C'est ainsi que des hommes<br />
comme Louis XIV et Napoleon Premier sont magnifiés avec d'autant plus<br />
de conviction que leur lutte menée, à un siècle d'écart, contre