AAS 74 - Vaticano
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416 Acta Apostolicae Sedis - Commentarium Officiale vrai t être traité par d'autres peuples comme un être subordonné ou un instrument, au mépris de l'égalité qui est inscrite dans la conscience humaine et reconnue par les normes du droit international. De même que, dans les rapports inter-personnels, il n'est pas permis à une partie de disposer à son gré de l'autre comme si elle était un objet, de même, dans la vie internationale, on devrait dénoncer tout ce qui porte at teinte à la libre expression de la volonté des nations. Le fait des répar titions en sphères d'hégémonie, qui ont pu avoir leur origine dans des situations particulières et contingentes, ne devrait pas justifier leur persistance, à plus forte raison si elles tendent à limiter la souveraineté d'autrui. Tout peuple doit pouvoir disposer de lui-même en ce qui con cerne la libre détermination de son propre destin. L'Eglise ne peut pas ne pas donner son appui à une telle conviction. La paix intérieure des nations, elle aussi, peut être menacée de diverses façons: ou par une forme autoritaire, déjà existante, qu'un peuple cherche à surmonter pour parvenir à une forme plus libre et conforme à son génie, ou encore par la menace de formes totalitaires qui répugnent à la culture humaniste et religieuse de tel ou tel peuple, mais que l'on voudrait imposer en les appuyant sur des idéologies qui, sous prétexte d'une nouvelle organisation sociale, ne respectent pas la libre expression de l'homme. Devant ces diverses situations, pénibles et parfois dramatiques, toujours importantes et décisives pour la vie des nations, l'Eglise, comme une mère préoccupée du bien des personnes et des peuples, ne peut jamais rester indifférente. L'action qu'elle exerce revêt un caractère humain et moral, étranger aux calculs politiques. C'est dans ce contexte que s'explique par ailleurs la part active que j'ai prise par mon œuvre de médiation dans la controverse sur la zone australe, afin que les populations si estimables et généreuses des deux pays d'ancienne et authentique tradition chrétienne — le Chili et l'Argentine — puissent définitivement avancer sur le chemin de la prospérité et du progrès, dans le respect de l'inestimable trésor de la véritable paix. 8. Toujours dans cette perspective de sauvegarde et de promotion des valeurs humaines, par-dessus toute évaluation de caractère poli tique, on doit considérer la sollicitude que le Saint-Siège nourrit en faveur de ceux qui sont «exilés)) hors dès frontières de leur patrie pour des motifs politiques. C'est un problème qui me tient très à
Acta Ioannis Pauli Pp. II 417 cœur et sur lequel je désire attirer l'attention de vos Gouvernements, comme des divers organismes internationaux. Par une telle mesure, fondamentalement violente, on cherche à se libérer de citoyens qui déplaisent, voire qui dérangent, en les déra cinant de leur pays natal et en les condamnant à une vie précaire, dif ficile, où ils seront souvent victimes d'avilissements et d'inconforts par suite des difficultés inhérentes à la recherche d'un emploi et à l'acclima tement dans un milieu nouveau, même de la part de leurs familles respectives. Il ne peut échapper à personne que l'exil est une grave violation des normes de la vie en société, en opposition évidente avec la Dé claration universelle des droits de l'homme et avec le droit interna tional lui-même; et les conséquences d'une telle punition s'avèrent dramatiques au plan individuel, social et moral. L'homme ne doit pas être privé du droit fondamental de vivre et de respirer dans la patrie qui lui a donné le jour, là où il conserve les souvenirs les plus chers de sa famille, les tombes de ses ancêtres, la culture qui lui con fère son identité spirituelle et qui la nourrit, les traditions qui lui donnent vitalité et bonheur, l'ensemble des rapports humains qui le soutiennent et le défendent. Dans l'encyclique Laborem exercens, en parlant du phénomène de l'émigration dû au manque de travail, j'ai soutenu que l'homme, s'il a le droit de quitter son pays d'origine, a aussi le droit d'y retourner. 3 J'ai souligné l'appauvrissement qui en résulte pour la patrie aban donnée, comme le devoir de la nation qui accueille de faire en sorte que le travailleur ne soit pas « désavantagé )) de par sa position d'étranger, et qu'on n'exploite pas sa «situation de contrainte». 4 Mais pour les exilés, il ne s'agit pas d'une situation d'urgence, d'une chose provisoire, mais bien d'une véritable exclusion forcée, qui les frappe dans leurs affections les plus profondes et peut assez souvent correspondre à ce qu'on apelle la «mort civile». Je souhaite que, grâce à l'action conjuguée des Autorités et des Or ganismes responsables, on puisse déterminer un plan adéquat d'action — en se référant au droit international — pour que l'on mette fin en tout pays à la tragédie de l'exil qui contraste avec les conquêtes fon damentales de l'esprit humain. 3 4 Cf. n. 23. Ibid. 27 - A. A. S.
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