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Vazha-Pshavela 150

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IV<br />

Maman bondit et je bondis à sa suite. Nous escaladâmes la pente en sautillant.<br />

Juste avant de partir, des bribes de paroles mé parvinrent :<br />

- Oh, il a sa mère près de lui !<br />

Nous avançâmes dans les herbes folles et les bardanes. Des sources froides<br />

abreuvaient les racines des bardanes. Par endroits, sur la terre glaise, je distinguais<br />

les traces de sabots d’un petit chevreuil comme moi. Il faisait une chaleur<br />

insupportable. Nous en souffrions. Nous nous couchâmes dans les bardanes.<br />

Leurs feuilles larges nous protégaient des rayons brûlants du soleil. Soudain,<br />

partis des sommets des montagnes voisines, des nuages envahirent le ciel, avant<br />

de se rassembler non loin de nous. Le tonnerre retentit et l’éclair traversa le ciel<br />

en zigzag.<br />

Sur les sommets d’en face la pluie s’abattit en colonnes d’eau. Bientôt elle<br />

se déversa autour de nous, en faisant bruire les feuilles de bardanes. Il se fit un<br />

tel vacarme qu’on aurait dit que la forêt, les montagnes et la vallée allaient<br />

s’effondrer. Les êtres animés suspendirent leur souffle : figés, les oiseaux n’osèrent<br />

plus chanter. Le vilain geai qui tout à l’heure m’avait fait si peur, ne me parut<br />

plus aussi effrayant. Les ailes pitoyablement baissées, assis sur une branche<br />

de jeune hêtre, il avait fermé les yeux, et la salive lui coulait du bec. Un rougegorge,<br />

dit oiseau du hêtre, au cou garni de plumes, gentil et inoffensif, avait pris<br />

place à côté du geai. Ses yeux superbement fermés. Un serin arriva et lança de<br />

petits cris. Le geai eut peur et ouvrit les yeux. La frayeur dans le cœur, il se<br />

cogna à droite et à gauche en poussant des cris rauques. Je pouffai de rire. Tout<br />

à l’heure je me l’étais imaginé le plus fort de tous, mais à présent je voyais bien<br />

à quel sacré oiseau j’avais affaire !<br />

Le tonnerre passa. Les oiseaux chantèrent en chœur. Les brins d’herbes et<br />

les feuilles des arbres versèrent des larmes de joie. Maman adorait marcher sur<br />

l’herbe mouillée par la pluie… Elle gagnait le champ, et je l’y accompagnais. Il<br />

en fut de même cette fois-ci. Longeant le champ, nous nous dirigeâmes vers la<br />

montagne. On entendait le son doux du chalumeau. Un troupeau de moutons<br />

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