04.01.2013 Views

Vazha-Pshavela 150

Vazha-Pshavela 150

Vazha-Pshavela 150

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

la nature : le bruissement des feuilles, le roulement de l’eau _ que j’écoute si<br />

souvent en retenant le souffle, l’ondoiement de l’herbe et les ébats en compagnie<br />

de la faune sylvestre… Or toi, homme, les yeux injectés de sang, tu me traques<br />

sans merci, moi et mille de mes semblables: les faibles et les délaissés !<br />

Armé, tu t’approches de nous en cachette, tu nous terrasses perfidement d’une<br />

balle et tu nous arraches à ce monde fugitif…<br />

22<br />

II<br />

Comment ne pas avoir peur ?… Cela fait à peine une semaine que je contemple<br />

ce monde, et pourtant combien d’alarmes en si peu de temps ! Avant-hier<br />

il a plu. Près d’un hêtre, pleine de vie et rayonnante de beauté, maman broutait<br />

avec appétit… Moi, je goûtais à la joie d’être à ses côtés. Confiant en maman,<br />

je ne pensais ni aux ennemis, ni à la mort. Les gouttes irisées de la pluie se<br />

détachaient du feuillage touffu. Je me délectais de leur fraîcheur et je leur<br />

offrais mon museau.<br />

- N’est-ce pas que cela te fait du bien, mon enfant ? me demandait maman.<br />

J’aquiesçais de la tête et je sautais en l’air ou je mordillais ses mamelles.<br />

Devant nous un pic faisait le tour d’un arbre sec et le frappait si fort de son<br />

bec que je m’étonnai. Je me dis que maman, qui pourtant était si grande, ne pouvait<br />

néanmoins emplir la forêt d’un fracas comparable à celui produit par ce petit<br />

oiseau de rien du tout ! S’agrippant de ses pattes à l’écorce, le pic faisait donc<br />

le tour du tronc et l’entamait de son bec ici ou là… J’observais avec joie les<br />

polissonneries du pic.<br />

Entendant soudain un cui-cui, je me retournai et je vis un geai qui tournoyait<br />

au-dessus de nous. Maman me dit: « Cache-toi derrière moi, sinon ce geai va te<br />

crever les yeux !… ». Je me cachai. Maman para de sa tête aux attaques de ce<br />

vaurien. Le geai voulait s’approcher de moi. Echouant dans ses manœuvres réitérées,<br />

il finit par nous laisser en paix, sauta sur les branches d’un hêtre incliné

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!