Predikuak saindu batzuen biziaz (PDF, 3,69 MB) - Euskaltzaindia
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Piarres Lafitte<br />
Perkain à Ottarre, suivie d’une description poétique du jeu de rebot. En<br />
français, il a composé une plaquette sur le même sujet. La technique y est très<br />
clairement analysée et les pages éloquentes n’y manquent pas. Que l’on nous<br />
permette une citation :<br />
« Parfois l’étendue de la Place et la foule qui bruit ou clame comme la mer, rendent<br />
nécessaires deux crieurs, qui se renvoient au loin le même mot. Il y a des moments cependant,<br />
où cette foule devient muette et haletante d’attention et d’admiration.<br />
C’est quand un quinze se trouve longuement disputé, c’est pendant les nombreux va-etvient<br />
d’une balle qui vole d’une extrémité de la place à l’autre, tantôt en superbes paraboles,<br />
tantôt sifflant en ligne droite et basse, comme un boulet, alors surtout qu’après un coup fourré<br />
qui l’a fait bondir par terre et qu’elle semble ne pouvoir plus être relevée, on la revoit dans les<br />
airs roulant avec une force renouvelée. Quand un pareil quinze enfin est terminé, c’est dans<br />
toute la foule des hourras, des applaudissements, un délire d’enthousiasme dont il est difficile de<br />
se faire une idée.<br />
Mais voici que du haut du clocher paroissial sonne l’Angélus de midi. Le jeu est<br />
immédiatement interrompu : joueurs, juges, spectateurs ne font qu’un cœur et qu’une âme pour<br />
prier la Mère de Dieu, et manifester publiquement leur foi. Nous avons vu des dissidents, émus<br />
d’un pareil spectacle, se lever, tête découverte et rester ainsi respectueux et immobiles jusqu’à la<br />
fin de la prière...<br />
Le cardinal Lavigerie qui a tant illustré notre pays, aimait naguère à honorer, à encourager<br />
par sa présence sur le jeu de paume de Cambo notre grand jeu national et cet intermède de la<br />
prière d’un peuple vaillant et fort, au milieu d’un si beau spectacle, l’émouvait toujours<br />
profondément 10 .<br />
II y aurait beaucoup à dire sur le rôle qu’a joué M. Adéma dans la<br />
restauration du jeu de pelote. Mais il est peut-être temps de parler du poète.<br />
Zalduby avait une technique du vers dont il a exposé les principes dans<br />
Eskualduna 11 . Sa prosodie est fondée sur cette idée que le vers est fait pour être<br />
chanté ; le texte est la base intellectuelle de la musique ; il doit s’inspirer de la<br />
mélodie, il peut même l’inspirer, mais une fois constituée, celle-ci doit être<br />
respectée scrupuleusement. Point de ces élisions forcées imitées du latin, qui<br />
brisent le rythme et gênent le chanteur. Point de bouleversements syntaxiques<br />
dans le genre des auteurs du XVII e siècle :<br />
« Bisita zatzu hotzak<br />
Otoi gure bihotzak...»<br />
Par contre, recherche de la rime rare et plénitude de la pensée avec le<br />
minimum d’inversion... Certes de telles règles mènent à une puissante<br />
simplicité, mais qui coûte infiniment d’efforts. L’art de faire difficilement des<br />
vers faciles paraît dans les manuscrits de M. Adéma : il ne cessait de refaire<br />
ses poèmes, au point que certains se présentent sous trois ou même quatre<br />
rédactions différentes.<br />
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