Predikuak saindu batzuen biziaz (PDF, 3,69 MB) - Euskaltzaindia
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Piarres Lafitte<br />
armé de sa fine ombrelle, prêt à former autour de lui un cercle d’auditeurs et<br />
à raconter mille anecdotes se rapportant à sa petite patrie. D’autres<br />
l’imaginent aussi en délicate mission chez un jeune homme ou une demoiselle :<br />
car il aimait beaucoup s’occuper de mariages. Enfin, les séminaristes de cette<br />
époque n’ont pas oublié ses antiennes au chœur : en général le bon chanoine,<br />
dont la voix, jadis excellente, s’était étrangement voilée, n’en chantait pas ;<br />
mais de temps à autre, sentant sa gorge un peu moins prise, il tentait de<br />
donner la réplique au chapier sous les espèces d’un petit cri enroué quasi<br />
imperceptible. Il se tournait alors vers son voisin pour lui dire : « Ce n’est pas<br />
trop mal !» et l’office continuait. On sait encore son goût pour le cirque et les<br />
marionnettes, et les chanoines ses confrères ne comprenaient pas tous qu’il<br />
osât compromettre la dignité du chapitre en assistant à des séances aussi<br />
populaires. Mais cela lui était égal.<br />
M. Adéma ne quittait guère la ville que pour aller faire sa saison aux<br />
Aldudes Il avait une très haute idée des vertus curatives des eaux de ce<br />
charmant village. Il écrivit une brochure en leur honneur. Le cher poète y voit<br />
tout en rose, à la manière de Richepin. Voici comment il raconte 4 son arrivée<br />
à l’hôtel Bailia : « Cinq jeunes jolis cochons très propres et à pelage rosé, sortant de la rivière,<br />
marchaient de front lentement devant moi, et semblaient saluer ma venue par le frétillement de<br />
leurs jolies queues recoquillées en tire-bouchon : enfin, ils s’écartèrent pour me laisser passer...»<br />
Mais si M. Adéma tenait en grande estime l’eau de Harpea, il disait surtout<br />
beaucoup de bien des Aldudars, dont il aimait le caractère chrétien,<br />
indépendant, travailleur et enjoué. Ceux-ci le lui rendaient : il suffit de lire les<br />
belles pages 5 que M. le D r Etchepare lui a consacrées pour s’en rendre<br />
compte.<br />
Aussi le bon chanoine revenait-il des Aldudes tout ragaillardi pour<br />
retrouver sa stalle canoniale.<br />
Mais le 10 décembre 1907 le Seigneur le rappela à Lui. Son corps repose<br />
au cimetière de Saint-Pée-sur-Nivelle, dans cette terre basque qu’il aima tant,<br />
et qu’il aime certainement encore du haut du Ciel.<br />
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