KULTÚRÁK TÉRHÓDÍTÁSA - Hollandiai Magyar Szövetség

HOLLANDIAI MIKES KELEMEN KÖR 45. TANULMÁNYI NAPOK - 2004. SZEPTEMBER 9-12. KULTÚRÁK TÉRHÓDÍTÁSA
matériaux, les émotions, les joies et les peines, les espérances, en un mot, la philosophie de vie de ces
populations. Au tournant de l'an 2000, ce dépôt d'art populaire reste une source d'inspiration pour des
créateurs et pour beaucoup d'autres personnes. Faut-il ajouter que, dans cette région d'Europe,
caractérisée par la formation retardée de la bourgeoisie, c'est dans le monde rural que l'on trouve depuis
le Moyen Age les éléments d'une « bourgeoisie paysanne » ayant, certes, beaucoup de bon sens, mais
menant aussi une existence indépendante, témoignant d'esprit d'initiative, d'un sens de l'organisation et
de la prévision, d'une sagesse de vie et d'une capacité à supporter les épreuves qui faisaient hélas !
fréquemment défaut aux autres classes de la société.
6) Depuis les dernières décennies du XIXe siècle, mais encore plus depuis le démembrement de l'ancienne
Hongrie à la fin de la Première Guerre mondiale, les Hongrois sont devenus un peuple dispersé: les uns,
les émigrés, ont quitté leur pays, les autres, les Hongrois qui vivent en minorité, c'est le pays qui les a
quittés. Une bonne partie de ces Hongrois ont gardé leur langue ou, au moins, un attachement à la
Hongrie ou à la culture hongroise, même s'ils font leur vie dans un autre pays, dont ils sont les citoyens et
où ils sont d'ailleurs souvent nés. Environ un tiers des Hongrois, au sens large, vit ainsi, soit - la grande
majorité - dans les pays voisins du bassin des Carpates, soit - un nombre nettement moins élevé - en
Occident, en Europe occidentale et surtout en Amérique du Nord. Parmi ces Hongrois d'« au-delà de la
frontière » et de l'émigration, nombreux sont ceux qui participent activement à la vie intellectuelle,
économique, politique, sociale ou artistique du pays où ils sont établis: ainsi, par exemple, parmi les
membres de la « diaspora occidentale », on compte de nombreux musiciens de talent - chefs d'orchestre,
solistes ou professeurs de musique - des scientifiques réputés - physiciens, économistes, politologues ou
historiens - mais aussi des écrivains et des peintres, des journalistes et des banquiers.
Littérature et traductions
Lorsqu'on se rend en Hongrie, on est frappé par le nombre de livres qu'on y trouve: entre les mains des
gens qui lisent en attendant le bus, dans le train, le tram ou le métro et chez eux, à la maison, où ils ont
constitué de petites « bibliothèques familiales » estimables à l'époque du « socialisme réel » lorsque le prix
des livres, subsidié par l'Etat, était tout à fait abordable, même pour des budgets plus modestes. Les
logements sont souvent petits, mais il y a des pans de murs entiers tapissés de livres. Ainsi, beaucoup de
Hongrois vivent en compagnie - à première vue muette, souvent cependant agissante - des grands
classiques de la littérature hongroise et mondiale.
C'est que les Hongrois ont cherché et cherchent encore à s'évader, du moins en esprit, et s'intéressent à
ce qui se passe ailleurs. Ils ont une fringale pour la lecture. Ils mettent un point d'honneur à traduire dans
leur langue une partie au moins de ce qui paraît chaque année en Occident. Certains livres étrangers, à
peine parus, sont déjà traduits en hongrois.
Ainsi que le note Jean-Luc Moreau: « En manière de boutade, les Hongrois aiment à dire que leur
littérature est la plus riche du monde puisqu'en plus de la littérature hongroise elle comprend, en traduction,
toutes les autres ». C'est « dans la synthèse harmonieuse de ces divers apports que réside l'originalité
véritable de la poésie hongroise » 13 .
Si un Martien voulait se faire une idée de la littérature mondiale, c'est peut-être en apprenant le hongrois
qu'il aurait le plus de chance d'accéder au plus grand nombre d'œuvres présentées dans des versions de
qualité et, en prime, à toute la littérature hongroise ...
Férus de littérature et d'air frais, les grands poètes hongrois ont été, en même temps, de grands
traducteurs. Certains poèmes ont été traduits par plusieurs poètes: il en existe donc différentes versions
comme, par exemple, des ballades de Villon. Les spécialistes vont jusqu'à prétendre que la version
hongroise de tel ou tel autre poème est meilleure que l'original ! ...
Certes, pour traduire, il faut connaître au moins une langue étrangère : en échange, on peut entrer en
contact avec le monde extérieur et voir imprimées des idées qu'on aime, mais qu'en période de censure, on
ne peut pas formuler sous son nom. Traduire, c'est aussi un exercice de style et un mode d'apprentissage
de l'écriture. Les traductions assurent, sans doute, quelques revenus complémentaires à leur auteur, mais
c'est aussi une façon d'élargir les horizons, du traducteur lui-même, de ses lecteurs et du pays dans son
ensemble.
Comme on peut le voir, l'amour de la lecture constitue un côté original de la vie hongroise. Mais c'est un
secteur difficile. Sous le régime communiste, l'édition bénéficiait d'une politique de subsidiation de la culture
par les pouvoirs publics, mais manquait de liberté. Depuis 1989, l'édition jouit de toute la liberté, mais on a
13 Jean-Luc Moreau, op. cit., pp. 192-193.
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