12.10.2013 Views

KULTÚRÁK TÉRHÓDÍTÁSA - Hollandiai Magyar Szövetség

KULTÚRÁK TÉRHÓDÍTÁSA - Hollandiai Magyar Szövetség

KULTÚRÁK TÉRHÓDÍTÁSA - Hollandiai Magyar Szövetség

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

HOLLANDIAI MIKES KELEMEN KÖR 45. TANULMÁNYI NAPOK - 2004. SZEPTEMBER 9-12. <strong>KULTÚRÁK</strong> <strong>TÉRHÓDÍTÁSA</strong><br />

Chinois? Est-ce un réfugié politique d'origine hongroise depuis longtemps intégré dans son pays d'accueil<br />

occidental lequel est devenu sa seconde patrie? Est-ce le citoyen de nationalité hongroise d'un pays voisin<br />

de la Hongrie - Ukraine, Roumanie, Serbie ou Slovaquie - qui y fait partie d'une minorité nationale? Ou,<br />

enfin, est-ce un citoyen appartenant à la population majoritaire d'un de ces pays?<br />

Une Europe du Centre-Est occupée<br />

Fernand Braudel remarque, dans la préface dense et lumineuse qu'il avait écrite pour la traduction<br />

française de l'étude de l'historien hongrois Jen Sz cs sur « Les trois Europes », qu'au contact de l'Occident<br />

et de l'Europe de l'Est, l'Europe du Centre-Est (Pologne, Hongrie, Bohême ...) « penche toujours vers l'un ou<br />

l'autre de ses voisins, trahit l'un, adopte l'autre, mais change aussi sans trop le vouloir. A ce va-et-vient, qui<br />

malmène ou renverse ses « structures », cette Europe médiane souffre la plupart du temps, n'arrive pas à<br />

être elle-même, à s'accomplir. Est-ce en raison seulement de sa position territoriale, d'une mitoyenneté à<br />

laquelle elle ne saurait échapper? Les voisins ont trop d'avantages: l'Ouest s'ouvre sur l'immensité de<br />

l'Atlantique, à lui l'Amérique. L'Est s'élargit au détriment de l'épaisseur massive de l'Asie ». Après avoir noté<br />

que « la Russie se transforme en une « économie-monde » longtemps autonome », Fernand Braudel<br />

conclut en disant que : « L'Europe médiane n'aura jamais cette chance inouïe de se gonfler d'espace,<br />

d'exploser hors d'elle-même. Ses voisins la cernent, l'emprisonnent » 2 .<br />

Avec un art consommé, en quelques traits, Fernand Braudel réussit à mettre les choses en perspective. Il<br />

n'insiste cependant pas suffisamment sur le fait majeur que ce dont l'Europe du Centre-Est a le plus souffert,<br />

et dont elle subit encore les conséquences aujourd'hui, c'est l'occupation ottomane - 500 ans en Serbie, 150<br />

ans en Hongrie.<br />

Si aux XVIe et XVIIe siècles un tiers du royaume de Hongrie (c'est-à-dire la majeure partie de la Hongrie<br />

dans ses frontières actuelles) n'avait pas été occupé, s'il n'avait pas perdu une partie importante de ses<br />

habitants, s'il n'avait pas dû contribuer pendant plusieurs siècles à la charge des guerres livrées sur son<br />

territoire, et au-delà, contre la « superpuissance » ottomane, il aurait pu suivre de beaucoup plus près le<br />

rythme du développement économique et social occidental, comme il le fit pendant les cinq siècles<br />

précédents (1000-1526).<br />

Mais ce n'est pas tout. L'emprise ottomane sur les Balkans avait coupé les voies d'expansion du<br />

commerce international - au sens occidental du terme - entre le XVe et le début du XXe siècles vers le Sud-<br />

Est de l'Europe, vers la Mer Noire et vers la Méditerranée. En l'absence de l'occupation turque, l'Europe du<br />

Centre-Est aurait pu s'épanouir à sa manière, connaître un développement sui generis, sur la base de ses<br />

ressources intérieures et ses autres atouts, même sans grandes découvertes ou expansion territoriale outremer.<br />

L'histoire se répète au lendemain de la Seconde Guerre mondiale: l'Europe du Centre-Est, et la Hongrie<br />

avec elle, ont été de nouveau séparées de l'Occident et abandonnées à l'influence soviétique pour plus de<br />

40 ans (1945-1989). Si, après 1945, elles avaient pu participer à l'effort occidental de reconstruction et de<br />

libéralisation des échanges, on y trouverait sans doute aujourd'hui des pays à peu près tout aussi prospères<br />

et avancés que l'Autriche, l'Italie ou la France.<br />

La Hongrie lointaine ...<br />

Après la Seconde Guerre mondiale, au fur et à mesure que les années passaient - la « guerre froide »<br />

ayant été suivie par la « coexistence pacifique » - on pouvait s'imaginer de bonne foi que la Hongrie - tout<br />

comme le reste de l'Europe centrale et orientale - faisait partie d'un « autre monde » voire d'une « autre<br />

planète » plut t que de l’« autre Europe » - pour reprendre le titre du livre de Jacques Rupnik 3 .<br />

Les Occidentaux se sont progressivement habitués à l'existence du « rideau de fer » ... tout comme<br />

l'humanité s'est habituée à celle de la « grande muraille de Chine », appelée à traverser les siècles ... Pour<br />

deux générations, la division de l'Europe constituait un point fixe voire une donnée de base de la situation. Et<br />

beaucoup de contemporains pensaient sincèrement que la frontière orientale de l'Europe et du « monde<br />

occidental » coïncidait avec le « rideau de fer ». D'autres savaient ou ressentaient confusément que l'Europe<br />

se prolongeait de l'autre côté, mais se résignaient devant le « fait accompli » qui simplifiait les choses,<br />

facilitait la politique de cette partie de l'Europe qui est restée libre et la gestion de ses affaires et lui<br />

permettait de mieux se concentrer sur sa propre prospérité.<br />

2 Jen Sz cs, Les trois Europes, Préface de Fernand Braudel, Domaines Danubiens, L'Harmattan, Paris, 1985, p. 6.<br />

3 Jacques Rupnik, L'autre Europe, Crise et fin du communisme, Editions Odile Jacob, Paris, 1990.<br />

___________________________________________________________________________________<br />

© Copyright Mikes International 2001-2005 - 40 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!