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Le goût sucré : aspects physiologiques, sensoriels et ...

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Beaucoup de patients pensent aimer le sucre mais à l’interrogatoire<br />

ce qui ressort c’est leur appétence pour les aliments gras <strong>et</strong><br />

<strong>sucré</strong>s comme, par exemple, les gâteaux, pâtisseries <strong>et</strong> autres<br />

produits riches en énergie <strong>et</strong> source de satisfaction immédiate.<br />

Il est très rare de devenir obèse en ne mangeant que des fruits.<br />

Et parce que chez les patients en surcharge pondérale, aider à<br />

adhérer au régime en limitant la frustration passe aussi par le<br />

maintien de la saveur <strong>sucré</strong>e sans apports énergétiques, on peut<br />

alors penser aux édulcorants intenses.<br />

Goût <strong>sucré</strong> <strong>et</strong> diabète<br />

<strong>Le</strong>s diabétiques doivent conserver des apports glucidiques<br />

contrôlés <strong>et</strong> variés à chaque repas, en privilégiant les sucres d’absorption<br />

lente. Toutefois, on évitera la consommation abusive de<br />

fructose (au-delà de 50 g/j) qui peut majorer le risque de stéatohépatite<br />

<strong>et</strong> la montée des triglycérides. Il convient d’éviter des<br />

pics hyperglycémiques trop importants en post-prandial.<br />

Cependant, conserver le <strong>goût</strong> <strong>sucré</strong> est un élément important<br />

pour c<strong>et</strong>te catégorie de patients. À ce titre, les édulcorants intenses<br />

sont également intéressants dans la mesure où ils n’affectent<br />

pas directement le métabolisme glucidique ni son<br />

contrôle hormonal.<br />

Compulsion au « <strong>sucré</strong> »<br />

<strong>Le</strong>s échecs des régimes hypocaloriques forcément restrictifs sont<br />

très souvent liés à l’apparition de troubles du comportement alimentaire<br />

de types : compulsions, grignotages... conséquences des<br />

frustrations. En cherchant des moyens d’adapter notre alimentation<br />

à la réduction des besoins énergétiques, on en arrive à prôner<br />

de manger moins calorique donc réduit en aliments <strong>sucré</strong>s <strong>et</strong> gras.<br />

Cela est d’autant plus vrai que l’on a affaire à un suj<strong>et</strong> déjà en<br />

surpoids, voir obèse ou à un suj<strong>et</strong> à prédominance féminine qui<br />

souhaite formater son image corporelle à ce qui prévaut aujourd’hui<br />

dans la société, à savoir une image maîtrisée.<br />

Dans les heures suivant la mise au régime, le cerveau stimule la<br />

fabrication d’hormones puissamment orexigènes qui amènent<br />

certains patients à se diriger vers des aliments « réconfortants »<br />

normalement proscrits <strong>et</strong> le plus souvent <strong>sucré</strong>s ou gras <strong>et</strong> <strong>sucré</strong>s.<br />

<strong>Le</strong> meilleur moyen d’éviter ce type de compulsions est donc de<br />

lutter contre la restriction tout en restant bien sur dans la modération.<br />

Il n’y a pas de risque de dépendance au sucre donc il n’y a pas<br />

de conduites addictives relatives à la consommation même abusive<br />

de produits <strong>sucré</strong>s (ce qui ne rend pas une telle consommation<br />

recommandable).<br />

Car dépendance sous-tend des risques de tolérance <strong>et</strong> des<br />

risques liés au sevrage ce qui n’est pas le cas. Certains pensent<br />

qu’une évolution épigénétique sur le mode Lamarckien pourrait<br />

avoir lieu en raison de la présence accrue du <strong>goût</strong> <strong>sucré</strong> dans<br />

notre alimentation.<br />

Conclusion<br />

<strong>Le</strong> discours médical doit être simplifié afin de renforcer l’adhérence<br />

du patient à la consommation en toute quiétude d’aliments<br />

diversifiés, dont les aliments <strong>sucré</strong>s.<br />

La notion de pourcentage de glucides dans les apports énergétiques<br />

totaux journaliers paraît être un message difficilement<br />

écoutable, il faut porter nos efforts sur le plaisir à manger <strong>et</strong> donc<br />

à maintenir un <strong>goût</strong> <strong>sucré</strong> en privilégiant la qualité <strong>et</strong> en disposant<br />

de portions adaptées au profil du patient.<br />

Chez certains patients obèses ou diabétiques ayant une appétence<br />

soutenue au « <strong>sucré</strong> », il y a possibilité de recourir aux<br />

édulcorants intenses (aspartame, extraits de stévia...) <strong>et</strong> aux produits<br />

qui en contiennent. À ce titre, les boissons light, dont la<br />

charge calorique est nulle, présentent un réel intérêt en perm<strong>et</strong>tant<br />

au patient de mieux adhérer au proj<strong>et</strong> thérapeutique <strong>et</strong> en<br />

limitant ses apports énergétiques.<br />

Si les boissons ou aliments à base d’édulcorants intenses ne font<br />

pas maigrir, rien n’indique qu’il faille craindre une perversion des<br />

<strong>goût</strong>s ou des comportements. Des travaux d’imagerie médicale<br />

récents indiquent que le cerveau est tout à fait en mesure de différencier<br />

le <strong>goût</strong> d’un sucre <strong>et</strong> celui d’un édulcorant intense apportant<br />

peu ou pas de calories.<br />

<strong>Le</strong> patient doit être un allié. En l’autorisant, de façon modérée<br />

<strong>et</strong> encadrée, à boire ou manger « <strong>sucré</strong> », on garde une place<br />

pour le plaisir des sens <strong>et</strong> l’on manifeste de l’empathie pour lui.<br />

RÉFÉRENCES<br />

Partenaire industrieln<br />

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Dossiers scientifiques de l’IFN. <strong>Le</strong>s Glucides Tome 2, 2000 :19-24.<br />

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de l’IFN. <strong>Le</strong>s Glucides Tome 2.2000 : 25-43.<br />

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Editions Tec & Doc Lavoisier Paris, 2004 :129-184.<br />

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10 - OMS. Neuroscience of psychoactive substance use and dependance 2004.<br />

11 - Faurion A. Sucres <strong>et</strong> saveur <strong>sucré</strong>e. Collection sucre <strong>et</strong> santé 2006, 6, 1-24.<br />

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tooth reconsidered taste responsiveness in human obesity. Physiol Behav<br />

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© ENTRETIENS DEBICHAT 2010- 569

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