ABC Document de référence - Oxfam-Québec
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Document de référence de l’opération L’ABC DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE D’UN COMMERCE AGRÉABLE ET ÉQUITABLE
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<strong>Document</strong> <strong>de</strong> <strong>référence</strong> <strong>de</strong> l’opération<br />
L’<strong>ABC</strong> DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE<br />
D’UN COMMERCE AGRÉABLE ET<br />
ÉQUITABLE
<strong>Document</strong> <strong>de</strong> <strong>référence</strong> <strong>de</strong> l’opération<br />
L’<strong>ABC</strong> DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE<br />
D’UN COMMERCE AGRÉABLE ET<br />
ÉQUITABLE
CRÉDITS ET REMERCIEMENTS<br />
CRÉDITS<br />
Responsable <strong>de</strong> la publication<br />
Jean Robitaille, ERE Éducation<br />
Recherche et rédaction<br />
Jean Robitaille et Clau<strong>de</strong> Désy<br />
Assistance à la recherche et à la rédaction<br />
Hélène Giguère<br />
Collaboration<br />
Marcel Lafleur et Isabelle Morin<br />
Illustrations (page couverture et trames)<br />
Francine Noël<br />
Illustrations éditoriales<br />
Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />
Graphisme<br />
Maxine Jutras et Anne Guindon<br />
Révision linguistique<br />
Monique Proulx<br />
VALIDATION<br />
Luc Richard, <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong><br />
Micheline Jourdain, <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong><br />
Michel Lafleur, IRECUS<br />
Jean-Roch Roy, CLUB 2/3<br />
Isabelle Saint-Germain, Équiterre<br />
Monique Fitz-Back, CSQ<br />
Nicole Baillargeon, CSQ<br />
Martine Châtelain, enseignante<br />
Suzanne Lavoie, enseignante<br />
Florido Levasseur, enseignant<br />
Carol McDuff, enseignant<br />
© ERE Éducation<br />
1385 RUE SAINT-MARTIAL<br />
<strong>Québec</strong> (<strong>Québec</strong>) G1L 3S4<br />
Téléphone : (418) 525-7000<br />
Télécopie : (418) 525-7010<br />
ereduc@mediom.qc.ca<br />
ISBN 2-922538-03-6<br />
Dépôt légal – Bibliothèque<br />
nationale du <strong>Québec</strong>, 2001<br />
PARTENAIRES<br />
<strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong> et la Centrale <strong>de</strong>s syndicats<br />
du <strong>Québec</strong> (CSQ) remercient chaleureusement<br />
Équiterre et le CLUB 2/3 pour<br />
leur collaboration à la réalisation <strong>de</strong> ce<br />
document.<br />
REMERCIEMENTS<br />
Nous tenons à remercier tous les<br />
groupes œuvrant dans le domaine <strong>de</strong><br />
l’environnement, <strong>de</strong> la coopération<br />
internationale et <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s<br />
consommateurs qui ont répondu à notre<br />
appel. Les renseignements et les propositions<br />
d’activités qu’ils nous ont fait parvenir,<br />
ainsi que leur appui à la diffusion<br />
<strong>de</strong> ce document contribuent largement<br />
au succès <strong>de</strong> l’opération D’un commerce<br />
agréable… et équitable.<br />
Ce document leur est dédié.<br />
Nous tenons à remercier également<br />
l’Agence canadienne <strong>de</strong> développement<br />
international (ACDI) et RECYC-QUÉBEC<br />
pour leurs contributions à la réalisation<br />
<strong>de</strong> ce document.<br />
REPRODUCTION ET VENTE<br />
Les établissements d’enseignement et les<br />
organismes sans but lucratif sont autorisés<br />
à procé<strong>de</strong>r pour leurs besoins à une<br />
reproduction totale ou partielle du<br />
présent document.<br />
Des copies supplémentaires sont disponibles<br />
en communiquant avec <strong>Oxfam</strong>-<br />
<strong>Québec</strong> au 1-877-937-1614.<br />
Dans le présent document, le masculin est utilisé sans aucune<br />
discrimination et dans le seul but d’alléger le texte.
« D’UN COMMERCE AGRÉABLE… ET ÉQUITABLE » EN VUE D’UNE CITOYENNETÉ RESPONSABLE !<br />
Quel sens faut-il donner au mot mondialisation ? S’agit-il <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la planète un vaste marché<br />
qui tend à réduire la valeur <strong>de</strong>s êtres humains à leur pouvoir <strong>de</strong> consommation et dans lequel<br />
seuls les échanges commerciaux sont valorisés ? Ou, au contraire, saurons-nous y reconnaître tous<br />
les efforts <strong>de</strong> rapprochement solidaire, autant entre les membres d’une même communauté qu’entre<br />
les peuples du Nord et du Sud ? Saurons-nous <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s citoyennes et citoyens d’un mon<strong>de</strong><br />
plus fraternel et plus juste ici et ailleurs sur la planète ?<br />
En s’unissant pour réaliser la campagne D’un commerce agréable… et équitable, <strong>Oxfam</strong>-<br />
<strong>Québec</strong>, la Centrale <strong>de</strong>s syndicats du <strong>Québec</strong>, Équiterre et le CLUB 2/3 veulent marquer une<br />
fois <strong>de</strong> plus leur engagement pour une vaste mobilisation sociale en faveur d’une consommation<br />
responsable. Cette opération s’inscrit autant en continuité avec <strong>de</strong>s actions portant sur la conservation<br />
<strong>de</strong>s ressources, l’élimination <strong>de</strong> la pauvreté ou la promotion d’une société sans violence<br />
qu’en préambule à d’autres campagnes qui traiteront d’alimentation, <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> démocratie.<br />
Le mouvement <strong>de</strong>s Établissements verts Brundtland, qui œuvre déjà pour un mon<strong>de</strong> pacifique,<br />
écologique, solidaire et démocratique et qui regroupe plus <strong>de</strong> 600 écoles, sera au cœur <strong>de</strong> cette<br />
campagne en intégrant <strong>de</strong> nouveaux outils pédagogiques pour le primaire et le secondaire. Le<br />
mon<strong>de</strong> syndical, les organismes coopératifs, environnementaux, <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s consommateurs<br />
et <strong>de</strong> développement international pourront également s’y engager en comptant sur <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong><br />
sensibilisation adaptés à leurs membres.<br />
En avril 2001, le Sommet <strong>de</strong>s peuples <strong>de</strong>s Amériques a rejeté la Zone <strong>de</strong> libre-échange <strong>de</strong>s<br />
Amériques (ZLÉA) et revendiqué une société à visage humain. À l’heure où le <strong>Québec</strong> vit une<br />
nouvelle réforme <strong>de</strong> l’éducation et que se développe le commerce équitable comme alternative<br />
au commerce basé sur le profit, il est important que toutes et tous, jeunes et adultes, comprenions<br />
les mécanismes <strong>de</strong> la production, du commerce et <strong>de</strong> la consommation. Mieux informés, nous<br />
pourrons ensuite agir en citoyennes et citoyens avertis.<br />
C’est avec fierté que nous vous proposons le premier <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> la campagne D’un commerce<br />
agréable… et équitable qui nous amènera à construire collectivement une CITOYENNETÉ<br />
RESPONSABLE !<br />
Nicole Saint-Martin<br />
Prési<strong>de</strong>nte <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong><br />
Lucie Poirier<br />
Prési<strong>de</strong>nte Équiterre<br />
Monique Richard<br />
Prési<strong>de</strong>nte CSQ<br />
Luc Panneton<br />
Prési<strong>de</strong>nt Club 2/3
PRÉFACE<br />
L’opération D’un commerce agréable… et équitable est une vaste opération éducative <strong>de</strong>stinée aux<br />
élèves <strong>de</strong>s écoles primaires et secondaires du <strong>Québec</strong>. Initiée par <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong> et la Centrale <strong>de</strong>s<br />
syndicats du <strong>Québec</strong> (CSQ), en partenariat avec Équiterre et le CLUB 2/3, elle vise à donner aux<br />
jeunes et aux adultes <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> prendre en main les rênes <strong>de</strong> leur propre <strong>de</strong>stinée et <strong>de</strong> construire<br />
ensemble un mon<strong>de</strong> écologique, pacifique, solidaire et démocratique.<br />
S’inscrivant au cœur <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> mobilisation sociale Construire une citoyenneté responsable,<br />
l’opération a pour objectif <strong>de</strong> sensibiliser les jeunes et les adultes qui les accompagnent à<br />
l’importance <strong>de</strong> la consommation responsable et du commerce équitable. Elle vise à leur faire comprendre<br />
les conséquences et les enjeux <strong>de</strong> la consommation et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement actuels<br />
dans un contexte <strong>de</strong> mondialisation néolibérale. Elle cherche à démontrer qu’au premier maillon <strong>de</strong><br />
toute chaîne <strong>de</strong> production, il y a un être humain cherchant, comme chacun <strong>de</strong> nous, à répondre à<br />
ses besoins et à ceux <strong>de</strong> sa famille. Elle vise à faire prendre conscience que nous pouvons, comme<br />
consommateur situé à l’autre bout <strong>de</strong> cette chaîne, contribuer à une plus juste redistribution <strong>de</strong>s<br />
ressources. En somme, à réaliser que consommer, c’est voter !<br />
Le présent document, L’<strong>ABC</strong> <strong>de</strong> la consommation responsable, est l’outil <strong>de</strong> <strong>référence</strong> <strong>de</strong> l’opération<br />
D’un commerce agréable et… équitable. Il s’adresse au personnel <strong>de</strong> l’éducation ainsi qu’aux animateurs<br />
d’organismes qui œuvrent dans le domaine <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong> la coopération internationale<br />
et <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s consommateurs. En fait, ce document s’adresse à toute personne qui<br />
croit qu’elle peut changer le mon<strong>de</strong> en changeant ses habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation.<br />
Des gui<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s activités pédagogiques <strong>de</strong>stinés aux élèves <strong>de</strong>s écoles primaires et secondaires<br />
complètent le matériel disponible dans le cadre <strong>de</strong> cette opération. Ces activités, qui visent le<br />
développement du sens critique, <strong>de</strong> la responsabilité et <strong>de</strong> l’engagement, s’intègrent à la mission <strong>de</strong><br />
l’école québécoise qui consiste à préparer l’élève, citoyen <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, à participer pleinement à<br />
l’émergence d’une société plus juste, plus démocratique et plus égalitaire 1 . Les fiches autonomes<br />
<strong>de</strong> L’<strong>ABC</strong> <strong>de</strong> la consommation responsable pourront, plus spécifiquement, être utilisées dans le<br />
cadre <strong>de</strong>s activités pédagogiques <strong>de</strong>stinées aux élèves du secondaire.<br />
1 Programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’école québécoise, ministère <strong>de</strong> l'Éducation du <strong>Québec</strong>, juin 2000.
INTRODUCTION<br />
La notion <strong>de</strong> viabilité<br />
embrasse les questions<br />
non seulement<br />
d’environnement, mais<br />
aussi <strong>de</strong> pauvreté,<br />
<strong>de</strong> population, <strong>de</strong> santé,<br />
<strong>de</strong> sécurité alimentaire, <strong>de</strong><br />
démocratie, <strong>de</strong> droits <strong>de</strong><br />
l’être humain et <strong>de</strong> paix.<br />
La viabilité est,<br />
en <strong>de</strong>rnière analyse,<br />
un impératif éthique<br />
et moral qui implique<br />
le respect <strong>de</strong> la<br />
diversité culturelle<br />
et du savoir traditionnel.<br />
Éduquer pour un avenir viable, Unesco, 1997<br />
Rêver<br />
le<br />
mon<strong>de</strong><br />
« Il s’agit <strong>de</strong> se représenter<br />
un modèle <strong>de</strong> ce que<br />
serait une société<br />
meilleure, plus fraternelle,<br />
et, pour chacun d’entre<br />
nous, <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce<br />
qu’on doit faire aujourd’hui,<br />
ici et maintenant,<br />
pour contribuer à réaliser<br />
cette vision. »<br />
Jacques Languirand<br />
Préface <strong>de</strong> De la pensée à l’action,<br />
<strong>de</strong> Brian K. Murphy,<br />
Éditions Écosociété, 2001<br />
« La chétive pécore s’enfla si<br />
bien qu’elle creva. Le mon<strong>de</strong><br />
est plein <strong>de</strong> gens qui ne sont<br />
pas plus sages… »<br />
LA GRENOUILLE ET LE BŒUF<br />
Jean <strong>de</strong> la Fontaine
Si tout le mon<strong>de</strong> sur la Terre <strong>de</strong>vait adopter le<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie qui prévaut actuellement dans les<br />
pays industrialisés du Nord, il faudrait au moins<br />
trois planètes supplémentaires. Deux d'entre<br />
elles répondraient aux besoins insatiables<br />
qu’ont les populations d’obtenir <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong><br />
consommation <strong>de</strong> toutes sortes, tandis que<br />
l'autre recueillerait, jour après jour, les déchets<br />
engendrés par nos mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production et <strong>de</strong><br />
consommation.<br />
En effet, plus <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s ressources terrestres<br />
sont consommées par les 20 % <strong>de</strong> l’humanité<br />
qui vivent dans le mon<strong>de</strong> industrialisé. Si un<br />
effort doit être fait pour assurer un avenir viable<br />
à l’ensemble <strong>de</strong> la population du mon<strong>de</strong>, il doit<br />
venir d’abord <strong>de</strong>s pays du Nord. On ne peut pas<br />
penser <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux habitants <strong>de</strong>s pays en<br />
développement <strong>de</strong> se serrer la ceinture ; ils se la<br />
serrent déjà assez. Mais que peut-on faire ?<br />
La série <strong>de</strong> fiches Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
amène à comprendre ce qui a bien pu<br />
nous conduire à une telle situation. Ces fiches<br />
proposent une relecture <strong>de</strong> l’épopée humaine<br />
selon l’angle <strong>de</strong>s échanges, du commerce et <strong>de</strong><br />
l’économie. Comment s’est mis en place le système<br />
économique actuel ? Pourquoi génère-t-il<br />
autant d’inégalités ? Qui fixe les règles du jeu et<br />
qui en profite ? Pourquoi tant <strong>de</strong> gens s’élèvent<br />
contre la mondialisation néolibérale ? Quelles<br />
en sont les conséquences ? Pourtant, la mondialisation<br />
pourrait être quelque chose <strong>de</strong> positif si<br />
elle visait la satisfaction <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s peuples<br />
et la protection concertée <strong>de</strong>s ressources<br />
<strong>de</strong> la planète.<br />
FICHES<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
1 Chasse, cueillette et troc<br />
2 Avec l’agriculture apparaît le marché<br />
3 L’apparition <strong>de</strong> la monnaie<br />
4 L’agriculture : une révolution sociale<br />
et économique<br />
5 Banquiers et marchands<br />
6 Les premières gran<strong>de</strong>s guerres<br />
commerciales<br />
7 Colonisation : en route vers le tiers-mon<strong>de</strong><br />
8 Naissance du capitalisme<br />
9 La révolution industrielle : <strong>de</strong> l’exo<strong>de</strong> rural<br />
à la ville<br />
10 Le travail à la chaîne<br />
11 Naissance <strong>de</strong>s multinationales<br />
12 Les profits <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre<br />
mondiale<br />
13 Faire rouler la machine économique<br />
14 État-provi<strong>de</strong>nce et États en faillite<br />
15 Crise économique ou crise <strong>de</strong> pouvoir ?<br />
16 Les transnationales<br />
17 Des impacts environnementaux<br />
18 Des impacts sociaux<br />
19 Le credo <strong>de</strong> la mondialisation
Les fiches Comprendre pour agir visent à mieux<br />
faire comprendre les mécanismes <strong>de</strong> la consommation.<br />
Elles proposent <strong>de</strong> mieux connaître<br />
la cible <strong>de</strong> toute entreprise : le consommateur.<br />
Qui est-il ? Existe-t-il un consommateur modèle<br />
? Un citoyen éclairé modèle ? Quelles cor<strong>de</strong>s<br />
sensibles touche-t-on pour nous pousser<br />
ainsi à la consommation ? Avons-nous <strong>de</strong>s droits<br />
et <strong>de</strong>s responsabilités en tant que consommateurs<br />
? Ces fiches visent aussi, par une analyse<br />
<strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> production, à bien i<strong>de</strong>ntifier les<br />
maillons sur lesquels il est possible d’agir. Elles<br />
amènent à comprendre qu’aux <strong>de</strong>ux bouts <strong>de</strong> la<br />
chaîne <strong>de</strong> production il y a un être humain<br />
cherchant à répondre à ses besoins et à ceux <strong>de</strong><br />
sa famille. L’échange est-il équitable ?<br />
Ayant pris connaissance <strong>de</strong> ces faits, il convient<br />
alors <strong>de</strong> passer à l’action et d’adopter une consommation<br />
responsable en réduisant d’abord<br />
notre consommation, en recyclant, en redonnant<br />
une nouvelle vie aux divers biens, en privilégiant<br />
les échanges les plus directs possibles<br />
avec les producteurs. Les fiches Agir <strong>de</strong> façon<br />
responsable explorent divers moyens d’action.<br />
Déjà plusieurs personnes luttent en faveur<br />
d’une économie qui répond aux besoins réels<br />
du plus grand nombre, qui respecte les droits<br />
humains et la capacité <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong>s divers<br />
milieux. Tous partagent la conviction que nous<br />
disposons, individuellement et collectivement,<br />
d’un formidable pouvoir : celui <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />
choix <strong>de</strong> consommation responsables.<br />
Enfin, il est possible <strong>de</strong> recourir à une solution<br />
considérée comme « une <strong>de</strong>s tentatives les plus<br />
significatives pour répondre au défi du capitalisme<br />
sauvage » 2 : le commerce équitable. Les<br />
fiches Consommons équitable lèvent le voile<br />
sur les diverses étapes du cheminement <strong>de</strong>s<br />
biens <strong>de</strong> consommation, illustrant à la fois les<br />
impacts environnementaux, sociaux et économiques<br />
que ces « routes » peuvent entraîner. En<br />
mettant l’emphase sur les liens étroits que tisse<br />
le commerce équitable entre les producteurs et<br />
les consommateurs, elles invitent à réfléchir<br />
globalement et à agir localement afin <strong>de</strong><br />
redonner un côté plus humain et plus social aux<br />
échanges économiques. En somme, elles visent<br />
à démontrer aux jeunes et aux moins jeunes<br />
qu’il est possible <strong>de</strong> consommer intelligemment<br />
tout en étant D’UN COMMERCE AGRÉABLE.<br />
FICHES<br />
Comprendre pour agir<br />
20 Les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la consommation<br />
21 Les stratégies qui nous font consommer<br />
22 Le prix <strong>de</strong> la bottine souriante<br />
23 Agir sur les chaînes <strong>de</strong> production<br />
24 Les défis communs<br />
25 La charte du consommateur responsable<br />
Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />
26 La simplicité volontaire<br />
27 Le troc et les services d’échanges locaux<br />
28 Réduire, récupérer, recycler<br />
29 L’agriculture soutenue par la communauté<br />
30 L’efficacité énergétique<br />
31 Le cocktail transport<br />
32 Le tourisme équitable<br />
33 Les coopératives<br />
34 Les Fonds éthiques<br />
35 Le micro-crédit et le crédit communautaire<br />
36 L’économie sociale<br />
Consommons équitable<br />
37 Né d’un besoin d’équité<br />
38 Une toile se tisse<br />
39 Des mains se ten<strong>de</strong>nt<br />
40 Un commerce direct qui profite à tous<br />
41 Le Nord équitable<br />
42 Le Sud équitable<br />
43 Sur la route du café conventionnel<br />
44 Sur la route du café équitable<br />
45 Le commerce équitable autour <strong>de</strong> la table<br />
46 Le café : la bataille <strong>de</strong> David contre Goliath<br />
47 Le cas chaos<br />
48 Pour vous, Bananes et Messieurs<br />
En guise <strong>de</strong> conclusion<br />
49 Des ressources pour changer le mon<strong>de</strong><br />
50 Vos idées pour changer le mon<strong>de</strong>
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 1<br />
Raconter l’histoire <strong>de</strong>s échanges,<br />
du commerce et <strong>de</strong> la consommation,<br />
c’est passer en<br />
revue l’aventure humaine.<br />
Depuis la nuit <strong>de</strong>s temps, la survie<br />
<strong>de</strong> l’humain dépend <strong>de</strong> sa<br />
capacité à répondre à ses besoins<br />
fondamentaux : se nourrir,<br />
se vêtir, s’abriter, assurer sa<br />
sécurité. L’être humain, l’animal<br />
le plus fragile <strong>de</strong> la création à sa<br />
naissance, dépend entièrement<br />
<strong>de</strong>s autres durant les premières<br />
années <strong>de</strong> sa vie. De fait, la<br />
survie <strong>de</strong> cet animal grégaire<br />
repose sur l’appui <strong>de</strong>s siens.<br />
Sans eux, il ne peut vivre et<br />
s’épanouir. Dans les sociétés <strong>de</strong><br />
chasseurs-cueilleurs, la notion<br />
<strong>de</strong> propriété est communale.<br />
Il y a partage <strong>de</strong>s tâches dans<br />
l’accès, l’utilisation et la transformation<br />
<strong>de</strong>s ressources. Il en<br />
découle une très forte cohésion<br />
sociale. Les hommes consacrent<br />
leur temps notamment à la chasse<br />
et à la pêche ; les femmes<br />
sont occupées à la cueillette et<br />
aux soins <strong>de</strong>s enfants.<br />
CHASSE, CUEILLETTE ET TROC<br />
Au cours <strong>de</strong> leurs migrations<br />
progressives, ces clans rencontrent<br />
d’autres groupes avec<br />
lesquels ils échangent les produits<br />
<strong>de</strong> leur cueillette ainsi que<br />
<strong>de</strong>s biens (vêtements, outils,<br />
objets divers, même les chants) :<br />
c’est la naissance du troc.<br />
SATISFAIRE SES BESOINS<br />
FONDAMENTAUX ? 4<br />
L'être humain ne vit jamais seul, c'est un<br />
être <strong>de</strong> collectivité. On vient dans les<br />
mains <strong>de</strong>s autres et on s'en va dans les<br />
mains <strong>de</strong>s autres. Quand on fait son<br />
apparition sur ce mon<strong>de</strong> ici-bas à sa naissance,<br />
il faut d'autres mains pour t'accueillir<br />
et quand vous <strong>de</strong>vez rejoindre<br />
votre <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>meure, c'est d'autres<br />
mains qui s'en vont t'accompagner.<br />
Moussa Konaté<br />
Association Benkadi, Mali<br />
QU’EST-CE QU’UN BIEN ? 1<br />
Le bien est une « chose matérielle susceptible<br />
d’appropriation ou effectivement possédée<br />
». Valeur <strong>de</strong> bienfait au XII e siècle, le<br />
mot prend une connotation économique<br />
au XIX e siècle et s’oppose alors à service.<br />
QU’EST-CE QU’UN BESOIN ? 2<br />
Le mot besoin exprime l’idée <strong>de</strong> nécessité,<br />
d’exigence. Il peut désigner un moment<br />
critique, une situation pressante ou <strong>de</strong><br />
détresse.<br />
Le pluriel recouvre tout ce qui est nécessaire<br />
à l’être humain pour vivre et travailler.<br />
(Voir aussi désir, Fiche 13)<br />
QU’EST-CE QUE LE TROC ? 3<br />
Ce mot du XVI e siècle désigne, en France,<br />
en Espagne et dans la péninsule italienne,<br />
une pratique commerciale ancestrale dont<br />
l’action signifie littéralement : donner en<br />
échange, au cours d’une transaction <strong>de</strong><br />
services ou <strong>de</strong> marchandises, sans avoir<br />
recours à une monnaie et sans idée <strong>de</strong><br />
valeur marchan<strong>de</strong>. D’origine commune<br />
avec toper, « d’après la manière <strong>de</strong> conclure<br />
un échange en se frappant dans la<br />
main », d’où « tope là », le troc est un<br />
mécanisme d’échange immémorial.
AVEC L’AGRICULTURE APPARAÎT LE MARCHÉ<br />
Il y a environ 10 000 ans, environ<br />
quatre millions d’êtres humains<br />
occupaient la plupart <strong>de</strong>s régions<br />
du globe. Devenant peu à peu<br />
sé<strong>de</strong>ntaires, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong><br />
chasseurs-cueilleurs apprennent<br />
à cultiver les plantes sauvages en<br />
observant minutieusement la<br />
nature. L'agriculture est née !<br />
La production leur permet bientôt<br />
<strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s surplus alimentaires<br />
durables. Des villages<br />
à vocation agricole se mettent à<br />
fleurir, <strong>de</strong>puis le Croissant fertile<br />
jusqu’à la vallée <strong>de</strong> l’Indus,<br />
<strong>de</strong>puis les rives du Nil jusqu’aux<br />
côtes méditerranéennes. On<br />
assiste alors à la spécialisation du<br />
travail (filage, tissage, poterie,<br />
vannerie, forge…) et à la naissance<br />
<strong>de</strong>s premières villes organisées<br />
en métiers et en classes.<br />
LE MARCHÉ 1<br />
Au cœur <strong>de</strong> ces agglomérations<br />
apparaît le marché, lieu où se<br />
concrétisent les échanges entre<br />
paysans, artisans et marchands.<br />
Le troc <strong>de</strong>meurera longtemps le<br />
principal moyen d’échange,<br />
avant que les cités et les États<br />
mettent en place <strong>de</strong>s systèmes<br />
<strong>de</strong> monnaie. Ainsi, dans l’Égypte<br />
<strong>de</strong>s pharaons, c’est le stockage<br />
<strong>de</strong> nourriture qui permet<br />
d’établir un système monétaire.<br />
Chaque paysan échange sa<br />
récolte contre une pièce <strong>de</strong><br />
poterie nommée ostraca. On<br />
indique sur celle-ci la quantité<br />
fournie et la date <strong>de</strong> dépôt.<br />
Le paysan peut utiliser cette<br />
monnaie d’échange sûre pour<br />
acquérir d’autres marchandises.<br />
Ce système fonctionnera jusqu’à<br />
ce que les Romains y mettent fin,<br />
mille ans plus tard.<br />
QU’EST-CE QU’UN SYSTÈME<br />
MONÉTAIRE ? 4<br />
Contrairement au troc, un système<br />
monétaire utilise un instrument,<br />
comme l’argent, pour<br />
régler un échange. Plus les gens<br />
utilisent une monnaie, cet<br />
ensemble <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> métal<br />
dont la valeur est reconnue au<br />
sein d’un groupe, plus elle est<br />
soli<strong>de</strong> (Fiche 3). Aujourd’hui, la<br />
monnaie est <strong>de</strong>venue un bien qui<br />
s’achète comme un autre produit.<br />
fiche 2<br />
QU’EST-CE QUE LA PRODUCTION ? 2<br />
C’est « donner naissance à » quelque<br />
chose : une manifestation, une œuvre<br />
intellectuelle ou artistique, ou <strong>de</strong>s fruits<br />
<strong>de</strong> la terre. Le terme s’applique également<br />
aux activités industrielles. Il se spécialise<br />
au XVIII e siècle et <strong>de</strong>vient économique.<br />
On l’oppose alors à consommation.<br />
DU MARCHÉ PUBLIC AU MARCHÉ<br />
INTERNATIONAL 3<br />
Le marché est d’abord un lieu <strong>de</strong> rencontres<br />
entre producteurs et acheteurs.<br />
Cette notion éclate au XVIII e siècle sous<br />
la poussée du capitalisme en Europe,<br />
quand les marchés <strong>de</strong>viennent nationaux.<br />
Le mot désigne alors un mécanisme<br />
<strong>de</strong> coordination entre l’offre et la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, par lequel l’État gère le<br />
fonctionnement <strong>de</strong> la libre concurrence<br />
sans cesse menacée par le monopole.<br />
Tant que les États n’ont pas cédé aux<br />
assauts <strong>de</strong> la mondialisation, le marché<br />
national reste public.<br />
Le marché mondial est dominé par les<br />
gran<strong>de</strong>s firmes qui écartent l’État du contrôle<br />
social et politique, national et international.<br />
Il ne reconnaît l’existence que<br />
d’une seule autre catégorie : le consommateur.<br />
Sa dynamique transforme en<br />
marchandises l’argent, la culture, l’information,<br />
l’éducation, la santé, l’eau et l’air.<br />
Il intègre tous les pays dans un modèle<br />
unique <strong>de</strong> développement et d’échanges.<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 3<br />
Dès le VII e siècle av. J.-C.,<br />
l’Empire romain assimile le système<br />
développé dans les grands<br />
centres commerciaux <strong>de</strong> la<br />
Méditerranée orientale : celui <strong>de</strong><br />
la monnaie.<br />
En disposant d’une pièce dont la<br />
valeur est reconnue par tous les<br />
membres <strong>de</strong>s groupes où elle<br />
circule, la monnaie facilite les<br />
échanges <strong>de</strong> biens entre<br />
particuliers. Dorénavant dans les<br />
marchés, le marchand <strong>de</strong> poulets<br />
n’est plus tenu d’échanger sa<br />
production contre un poisson<br />
du marchand voisin. Il obtient<br />
une valeur qu’il peut échanger<br />
quand bon lui semble. Pour<br />
acheter du poisson, il peut<br />
attendre que les prix baissent.<br />
Il peut aussi se procurer autre<br />
chose.<br />
Dès lors, le travail représente<br />
un moyen <strong>de</strong> gagner l’argent<br />
nécessaire pour obtenir les<br />
biens convoités. Le commerce<br />
apparaît rapi<strong>de</strong>ment comme<br />
une manière efficace <strong>de</strong> générer<br />
L’APPARITION DE LA MONNAIE<br />
<strong>de</strong> la richesse. En se plaçant<br />
entre le producteur et le consommateur,<br />
le marchand obtient<br />
une somme qui lui permet<br />
d’éponger son investissement<br />
tout en répondant à ses besoins<br />
fondamentaux. Il peut prêter<br />
cette somme avec intérêt, la<br />
réinvestir afin <strong>de</strong> se procurer <strong>de</strong><br />
nouvelles marchandises à revendre<br />
ou l’utiliser pour s’offrir une<br />
belle tunique.<br />
Comme la rareté relative d’un<br />
produit établit son prix, <strong>de</strong>s<br />
générations <strong>de</strong> marchands se<br />
mettent à explorer le mon<strong>de</strong>,<br />
cherchant la perle rare. Ils sillonnent<br />
les routes avec <strong>de</strong>s<br />
pièces dont la valeur est maintenant<br />
reconnue au sein <strong>de</strong> territoires<br />
<strong>de</strong> plus en plus vastes.<br />
Ce sont les premiers voyageurs<br />
<strong>de</strong> commerce qui achètent et<br />
ven<strong>de</strong>nt à profit <strong>de</strong>s livres rares,<br />
<strong>de</strong>s épices, <strong>de</strong>s curiosités 1 . Ils<br />
sont les premiers, outre les<br />
élites politiques et religieuses,<br />
à goûter au pouvoir que leur<br />
confère leur richesse.<br />
Invention originaire d’Asie<br />
mineure, les premières pièces<br />
<strong>de</strong> monnaie sont marquées <strong>de</strong><br />
stries ou d’un poinçon.<br />
QU’EST-CE QUE LE COMMERCE ? 4<br />
Apparu au sens général <strong>de</strong> « vente <strong>de</strong> marchandises<br />
», le mot désigne le mon<strong>de</strong> commercial,<br />
l’espace où se fait un échange<br />
économique.<br />
Le sens abstrait <strong>de</strong> relation réciproque n’est<br />
conservé que dans les locutions « avoir<br />
commerce avec » et « être d’un commerce<br />
agréable ».<br />
QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ?<br />
La monnaie est habituellement une pièce<br />
ron<strong>de</strong> faite d’un métal rare, en or, en<br />
argent, en bronze, dont le fabricant garantit<br />
le poids. On retrouve sur ces pièces la<br />
signature <strong>de</strong> celui qui frappe la monnaie.<br />
Le sou d’or <strong>de</strong> Constantinople, le Nomisma,<br />
était une monnaie <strong>de</strong> <strong>référence</strong> stable,<br />
très recherchée au Moyen Âge.<br />
3<br />
2
L’AGRICULTURE : UNE RÉVOLUTION<br />
SOCIALE ET ÉCONOMIQUE<br />
L'avènement <strong>de</strong> l'agriculture<br />
amène <strong>de</strong>s changements qui ont<br />
<strong>de</strong>s conséquences énormes sur<br />
le plan social. La structure <strong>de</strong>s<br />
sociétés en est fondamentalement<br />
modifiée. La population<br />
augmente et <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en<br />
plus sé<strong>de</strong>ntaire, le travail se spécialise<br />
et les échanges se multiplient.<br />
Avec l'agriculture, les<br />
ressources sont la propriété <strong>de</strong><br />
ceux qui possè<strong>de</strong>nt les terres. La<br />
société se hiérarchise et les<br />
classes sociales apparaissent. Les<br />
paysans <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s métayers*<br />
et une large part <strong>de</strong> leur production<br />
gonfle les greniers <strong>de</strong>s élites<br />
religieuses et politiques. Peu à<br />
peu, les surplus alimentaires<br />
nourrissent et enrichissent ces<br />
élites, <strong>de</strong> même que les artisans<br />
et les marchands qui les servent.<br />
Enfin, l'armée qui soutient le<br />
pouvoir centralisateur s'insère<br />
dans la pyrami<strong>de</strong> sociale <strong>de</strong>s premières<br />
civilisations. Déjà, <strong>de</strong>s<br />
rapports inéquitables s’installent<br />
entre les producteurs qui forment<br />
la base <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong><br />
sociale et tous ceux qui occupent<br />
les strates supérieures.<br />
LA PYRAMIDE SOCIALE DES<br />
PREMIÈRES CIVILISATIONS 1<br />
ÉLITE<br />
MILITAIRE<br />
MARCHANDS<br />
ET<br />
ARTISANS<br />
PAYSANS<br />
ESCLAVES<br />
ÉLITE RELIGIEUSE<br />
ET<br />
POLITIQUE<br />
Parallèlement, la production alimentaire<br />
augmente, ce qui<br />
dégage un plus grand nombre <strong>de</strong><br />
personnes du travail <strong>de</strong> la terre<br />
et permet une prodigieuse évolution<br />
culturelle et scientifique.<br />
Des technologies d'importance<br />
se développent, comme la<br />
poterie, la roue et le travail <strong>de</strong>s<br />
métaux. Il y a 6 000 ans, les<br />
Mésopotamiens inventent l’écriture<br />
afin <strong>de</strong> mieux gérer les<br />
comptes <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong> l’État et<br />
cette innovation bouleverse le<br />
mon<strong>de</strong>. La hiérarchisation <strong>de</strong> la<br />
société et la consécration du<br />
pouvoir central mènent à <strong>de</strong>s<br />
abus et à <strong>de</strong>s déchirements, tant<br />
au sein <strong>de</strong>s sociétés qu'entre<br />
elles. Déjà, l'histoire est truffée<br />
<strong>de</strong> luttes <strong>de</strong> pouvoir, d'affrontements<br />
<strong>de</strong> classes et <strong>de</strong> guerres<br />
qui sont lourds <strong>de</strong> conséquences.<br />
Ainsi, l'Empire romain ayant<br />
<strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> bouches à<br />
nourrir, n’hésite pas à envahir<br />
l'Afrique du Nord et l'Égypte,<br />
poussant ces régions à produire<br />
<strong>de</strong>s grains au profit <strong>de</strong> Rome.<br />
*Métayer : personne qui prend à bail un<br />
domaine rural et le cultive en échange<br />
d’une partie <strong>de</strong> sa production.<br />
fiche 4<br />
PROPRIÉTÉ PRIVÉE – PROPRIÉTÉ<br />
PUBLIQUE 2<br />
La propriété est le droit d’user, <strong>de</strong> jouir et<br />
<strong>de</strong> disposer d’un bien.<br />
La propriété privée signale une interdiction<br />
d’accé<strong>de</strong>r à un lieu et à ce qu’il contient.<br />
La propriété publique appartient à tous,<br />
régie selon les lois <strong>de</strong> la société qui en<br />
use, en jouit et en dispose.<br />
Au <strong>Québec</strong>, malgré les privilèges<br />
accordés aux sociétés forestières, « théoriquement,<br />
la forêt est publique », nous<br />
rappelle le film L’erreur boréale <strong>de</strong><br />
Richard Desjardins 3 .<br />
LA LUTTE DES CLASSES 4<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 5<br />
Depuis le déclin <strong>de</strong>s premières<br />
civilisations jusqu’au Moyen<br />
Âge, l’humanité vit une longue<br />
transition, affinant progressivement<br />
ses techniques, voyant<br />
éclore ça et là <strong>de</strong> nouveaux<br />
royaumes et <strong>de</strong> nouveaux<br />
empires. Le Moyen Âge fait<br />
naître en Europe un nouvel<br />
acteur économique qui jouera<br />
un grand rôle : le banquier.<br />
Les premiers banquiers sont<br />
<strong>de</strong>s gardiens d’or et d’objets<br />
précieux. Les marchands et les<br />
riches <strong>de</strong> l’époque déposent<br />
chez eux leurs avoirs en<br />
échange d’un reçu, signe avantcoureur<br />
<strong>de</strong> l’apparition du<br />
papier-monnaie. Ils les retirent<br />
ensuite selon leurs besoins,<br />
moyennant un droit <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />
Lorsqu’un marchand souhaite se<br />
déplacer vers une autre ville<br />
pour régler une transaction, le<br />
banquier lui remet une lettre à<br />
l’intention <strong>de</strong> son correspondant<br />
qui met à sa disposition la<br />
somme équivalente. Il s’agit en<br />
somme <strong>de</strong> l’ancêtre du chèque.<br />
Grâce à ce document payable<br />
uniquement au porteur, notre<br />
marchand s’évite bien <strong>de</strong>s tracas<br />
BANQUIERS ET MARCHANDS<br />
avec les voleurs <strong>de</strong> grands<br />
chemins. Accumulant en dépôt<br />
les droits <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> et les lingots,<br />
le banquier se retrouve avec <strong>de</strong>s<br />
excé<strong>de</strong>nts qu’il peut prêter, contre<br />
intérêt, à <strong>de</strong>s commerçants<br />
solvables. Ainsi, les banquiers<br />
accumulent <strong>de</strong>s fortunes avec<br />
l’argent <strong>de</strong>s autres.<br />
Au XIII e siècle, banquiers, riches<br />
marchands et seigneurs unissent<br />
leurs forces pour financer <strong>de</strong>s<br />
expéditions lucratives dans les<br />
lointaines contrées. À cette<br />
époque, le voyage <strong>de</strong> Marco<br />
Polo en Chine révèle aux<br />
monarques d'Europe qu'aucun<br />
d'entre eux ne dispose <strong>de</strong> la<br />
puissance, <strong>de</strong> la richesse et <strong>de</strong> la<br />
technologie <strong>de</strong>s grands souverains<br />
arabes et chinois. La<br />
route <strong>de</strong> la soie <strong>de</strong>vient hautement<br />
stratégique, traversant<br />
l’Empire musulman et reliant les<br />
royaumes d’Europe à l’empire<br />
du Milieu. Tout au long du<br />
Moyen Âge se <strong>de</strong>ssinent ainsi<br />
<strong>de</strong>s routes commerciales, ce qui<br />
illustre la tendance intrinsèque<br />
<strong>de</strong> l’économie à s’étendre pour<br />
s’approprier <strong>de</strong> nouveaux<br />
marchés.<br />
LES ROUTES DE LA SOIE 4<br />
Déjà au temps <strong>de</strong> Rome, les produits d’Orient, dont la soie, s’accumulaient en<br />
Syrie et en Jordanie avant <strong>de</strong> gagner la ville impériale.<br />
BANQUIERS D’HIER ET D’AUJOUR-<br />
D’HUI<br />
Les premières banques mo<strong>de</strong>rnes sont<br />
créées en Italie, au Moyen Âge. Le nom <strong>de</strong><br />
« banque » vient du mot italien banco qui<br />
veut dire banc. En effet, les prêteurs d’argent<br />
s’assoyaient sur les bancs <strong>de</strong> la place<br />
du marché 2 . Aujourd’hui, les banquiers ont<br />
évolué jusqu’à <strong>de</strong>venir, dès 1990, les<br />
planificateurs centraux du système économique<br />
mondial, selon la revue The Economist<br />
3 .<br />
LE BANQUIER<br />
DU MOYEN ÂGE 1<br />
La soie, en Chine, pouvait servir <strong>de</strong> monnaie<br />
<strong>de</strong> <strong>référence</strong>. Certains fonctionnaires<br />
impériaux étaient payés en rouleaux <strong>de</strong><br />
soie 5 .
LES PREMIÈRES GRANDES GUERRES COMMERCIALES fiche 6<br />
Au début du XIV e siècle, l’Arabie,<br />
la Chine et l’Europe possè<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong>s flottes et <strong>de</strong>s techniques<br />
suffisamment élaborées pour<br />
soutenir une expansion outremer.<br />
Les Arabes contrôlent la<br />
mer Rouge, le golfe Persique et<br />
la Méditerranée. Ils possè<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong>s comptoirs commerciaux en<br />
In<strong>de</strong>, en Asie du Sud-Est, en<br />
Chine et sur la côte orientale <strong>de</strong><br />
l'Afrique. Depuis plus d'un siècle,<br />
les Chinois explorent l'océan<br />
Indien à bord <strong>de</strong> vastes jonques<br />
à voiles carrées. Ils cesseront leur<br />
expansion commerciale avant le<br />
milieu du siècle, disposant d’immenses<br />
ressources naturelles et<br />
étant déjà bien affairés à contrôler<br />
un aussi vaste territoire.<br />
L'Europe se lance alors à l'assaut<br />
<strong>de</strong>s mers. Les Arabes bloquant la<br />
Méditerranée, l'ouverture vers le<br />
mon<strong>de</strong> n'est désormais possible<br />
que par l’Atlantique. Les Européens<br />
mettent alors au point les<br />
caravelles, ces vaisseaux <strong>de</strong> petite<br />
taille, très maniables et à faible<br />
tirant d'eau. Ils disposent aussi<br />
d'un avantage marqué sur leurs<br />
concurrents arabes, car ils possè-<br />
<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s canons <strong>de</strong> bronze,<br />
l’arme la plus efficace <strong>de</strong><br />
l'époque. La guerre commerciale<br />
est ouverte et les résultats ne tar<strong>de</strong>nt<br />
pas à sonner…<br />
ou à tonner !<br />
Vers 1400, les Européens prennent<br />
la mer à bord <strong>de</strong> leurs caravelles.<br />
Dès 1415, ils établissent<br />
<strong>de</strong>s postes fortifiés en Afrique du<br />
Nord. Ils contournent ensuite le<br />
cap Bonne-Espérance, semant<br />
<strong>de</strong>s comptoirs commerciaux le<br />
long <strong>de</strong>s rives <strong>de</strong> l'océan Indien<br />
où ils s’approprient les<br />
ressources. Pour établir cette<br />
route commerciale, les Européens<br />
doivent évincer les marchands<br />
arabes qui occupent déjà<br />
ces rives. Peu à peu, l'Europe<br />
conquiert une partie <strong>de</strong>s côtes<br />
du mon<strong>de</strong>. Pendant ce temps,<br />
Christophe Colomb, navigateur<br />
génois au service <strong>de</strong> la couronne<br />
d'Espagne, quitte la côte atlantique<br />
en direction <strong>de</strong> l'Ouest. Sa<br />
découverte <strong>de</strong> l’Amérique changera<br />
radicalement le cours <strong>de</strong><br />
l’Histoire.<br />
Je voudrais bien voir la clause du testament<br />
d’Adam qui m’exclut du partage du<br />
mon<strong>de</strong>.<br />
LES COMPTOIRS COMMERCIAUX<br />
À l’origine du mot « comptoir », on trouve<br />
<strong>de</strong>s lieux où l’on transige <strong>de</strong>s marchandises.<br />
Ces lieux évoluent pour <strong>de</strong>venir <strong>de</strong><br />
véritables bases coloniales. Zanzibar en<br />
Tanzanie, Pondichéry en In<strong>de</strong>, Cayenne<br />
en Guyane, Tadoussac au Canada, voilà<br />
autant d’exemples <strong>de</strong> comptoirs. Ils ont<br />
tous en commun d’exploiter les biens du<br />
pays pour <strong>de</strong>s besoins extérieurs.<br />
CARAVELLE 1<br />
François 1er ROI DE FRANCE, DE 1515 À 1547.<br />
LA PREMIÈRE MONDIALISATION<br />
Au cours du XVI e siècle, un véritable système<br />
commercial s’élabore à l'échelle<br />
mondiale. Déjà basée sur l’or, l’économie<br />
européenne finance la colonisation<br />
du Nouveau Continent à même les<br />
réserves trouvées en Amérique (Fiche 7).<br />
Partagés en quatre puissances, les pays<br />
côtiers se divisent ce nouveau marché.<br />
L’Espagne, le Portugal, l’Angleterre et la<br />
France contrôlent le mon<strong>de</strong>, un peu<br />
comme les multinationales mo<strong>de</strong>rnes<br />
Philip Morris, Nestlé et Sara Lee se partagent<br />
aujourd’hui 45 % du marché <strong>de</strong> la<br />
torréfaction du café 2 .<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 7<br />
L'année 1492 marque les débuts<br />
<strong>de</strong> l'expansion coloniale <strong>de</strong><br />
l’Europe. Jusqu'au milieu du<br />
XVIII e siècle, le Portugal et<br />
l’Espagne, avi<strong>de</strong>s d’or et <strong>de</strong><br />
richesse, se lancent à la conquête<br />
<strong>de</strong> l'Amérique centrale,<br />
<strong>de</strong> l'Amérique du Sud et <strong>de</strong>s îles<br />
avoisinantes. Pendant ce temps,<br />
l’Angleterre et la France établissent<br />
un commerce triangulaire<br />
entre l’Europe, l’Afrique et leurs<br />
colonies d’Amérique. Entre 1750<br />
et 1850, les Britanniques évincent<br />
les Français d’Amérique du<br />
Nord et du continent indien. À<br />
partir <strong>de</strong> 1850, l’Europe étend sa<br />
mainmise sur le continent africain<br />
et ensuite sur la majeure<br />
partie <strong>de</strong> l'Orient. Parallèlement,<br />
la Russie pousse la colonisation<br />
jusqu'aux frontières connues<br />
avant l'éclatement <strong>de</strong> l'URSS.<br />
Cette expansion rapi<strong>de</strong> modifie<br />
partout la démographie,<br />
l'économie, la technologie, la<br />
culture et l'environnement.<br />
COLONISATION : EN ROUTE VERS<br />
LE TIERS-MONDE<br />
Le système colonial permet aux<br />
peuples conquérants <strong>de</strong> s'approprier<br />
<strong>de</strong>s ressources qui font<br />
défaut à l'Europe. Il ne s’agit<br />
plus d’échanges économiques,<br />
mais d’une exploitation systématique<br />
et parfois sanglante <strong>de</strong>s<br />
sociétés conquises. Les populations<br />
y per<strong>de</strong>nt souvent leurs<br />
terres, leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, leurs<br />
pratiques spirituelles et leur<br />
indépendance, parfois même<br />
leur santé et trop souvent leur<br />
vie. Lorsque la main-d’œuvre<br />
vient à manquer, les colonies se<br />
tournent vers l'Afrique. Ainsi, un<br />
grand nombre d'Africaines et<br />
d'Africains <strong>de</strong> la côte ouest sont<br />
embarqués pour un voyage sans<br />
retour. Jusqu'à l'abolition <strong>de</strong><br />
l'esclavage au XIX e siècle, près<br />
<strong>de</strong> 10 millions d’Africains franchissent<br />
l'Atlantique. De ce<br />
nombre, près du cinquième<br />
meurt pendant la traversée.<br />
L'esclavage constitue l'une <strong>de</strong>s<br />
principales forces économiques<br />
<strong>de</strong> l'Europe et <strong>de</strong> ses colonies<br />
jusqu'à la fin du XIX e siècle.<br />
L’AFRIQUE SOUS LE JOUG<br />
La colonisation <strong>de</strong> l'Afrique suit le même<br />
processus qu'ailleurs dans le mon<strong>de</strong>.<br />
Dans un premier temps, les nouveaux<br />
colons évincent les populations locales<br />
et s'approprient les meilleures terres<br />
agricoles. Ils exploitent massivement les<br />
sols conquis en y faisant pousser <strong>de</strong>s cultures<br />
<strong>de</strong>stinées à l'exportation. Par le fait<br />
même, ils limitent les cultures vivrières<br />
et confinent les populations locales à <strong>de</strong>s<br />
territoires éloignés et <strong>de</strong> moindre qualité.<br />
Dès lors, la culture d'exportation se<br />
fait sur d'immenses surfaces et repose<br />
exclusivement sur <strong>de</strong>s capitaux européens.<br />
Les populations locales constituent<br />
une main-d'œuvre à bon marché,<br />
sinon gratuite. C'est ainsi qu’une minorité<br />
d'Européens prend peu à peu possession<br />
<strong>de</strong> la majeure partie du territoire<br />
africain, asservissant le peuple d'origine.<br />
ÉTENDRE SON EMPRISE SUR LE<br />
MONDE<br />
La colonisation poursuit <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>sseins :<br />
• L’importation <strong>de</strong> biens exotiques<br />
utiles à la métropole.<br />
• L’exportation et l’imposition <strong>de</strong> sa<br />
propre image, spirituelle et<br />
économique.<br />
L’essence <strong>de</strong> cette mentalité se perpétue<br />
aujourd’hui par le biais <strong>de</strong> firmes<br />
transnationales qui établissent <strong>de</strong>s systèmes<br />
d’exploitation uniformes sans<br />
tenir compte <strong>de</strong>s cultures locales.<br />
L’égalité est, je crois, impossible dans un État où la possession est solitaire et<br />
absolue ; car chacun s’y autorise <strong>de</strong> divers titres et droits pour attirer à soi autant<br />
qu’il peut. La richesse nationale, quelque gran<strong>de</strong> qu’elle soit, finit par tomber en<br />
la possession d’un petit nombre d’individus qui ne laissent aux autres qu’indigence<br />
et misère.<br />
Thomas More. L’utopie, 1516
NAISSANCE DU CAPITALISME fiche 8<br />
L'essor <strong>de</strong> l'Europe aux XVII e et<br />
XVIII e siècles impose une redéfinition<br />
<strong>de</strong>s liens entre les différentes<br />
régions du mon<strong>de</strong>. De<br />
nouvelles routes commerciales<br />
se <strong>de</strong>ssinent avec la découverte<br />
<strong>de</strong> l'Amérique, <strong>de</strong>s îles du<br />
Pacifique et <strong>de</strong> l'Australie, avec<br />
la colonisation <strong>de</strong> l'Afrique et<br />
l'établissement <strong>de</strong> colonies<br />
blanches dans ces régions. Pour<br />
la première fois, les cinq continents<br />
participent à la création<br />
d'une économie mondiale.<br />
L'Amérique du Nord, l'Australie,<br />
la Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>, l'Afrique<br />
du Sud et l'Europe détiennent<br />
une large part du pouvoir. Toutes<br />
les autres régions, à l'exception<br />
du Japon qui a résisté aux conquêtes,<br />
<strong>de</strong>viennent subordonnées<br />
à ce nouvel ordre mondial.<br />
On assiste alors à la naissance du<br />
tiers-mon<strong>de</strong>, cet ensemble <strong>de</strong><br />
régions exclues du réseau <strong>de</strong><br />
l’économie mondiale.<br />
Les populations du Nord accumulent<br />
<strong>de</strong>s richesses dans<br />
plusieurs pays. Leur mainmise<br />
sur les ressources planétaires<br />
permet à l’Occi<strong>de</strong>nt d’asseoir les<br />
bases économiques qui préparent<br />
l’avènement <strong>de</strong> la révolution<br />
industrielle. Les marchands<br />
ayant fait fortune <strong>de</strong>viennent<br />
<strong>de</strong>s industriels. Ils créent les<br />
premières gran<strong>de</strong>s manufactures<br />
et engagent <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong><br />
salariés libérés du travail <strong>de</strong> la<br />
terre <strong>de</strong>puis l’augmentation <strong>de</strong><br />
la productivité agricole. La multiplication<br />
<strong>de</strong>s échanges permet<br />
peu à peu la formation d’un<br />
marché intérieur, le développement<br />
accéléré <strong>de</strong> la propriété<br />
individuelle et le déclin <strong>de</strong>s protections<br />
économiques et sociales<br />
qu’assuraient jusqu’alors les<br />
États et les cités. Le capitalisme<br />
est né ! En faisant éclater, avec<br />
le concours <strong>de</strong> l’État, les barrières<br />
féodales et urbaines, le<br />
capitalisme a généralisé l’économie<br />
<strong>de</strong> marché. Les marchés<br />
publics tels que le marché Jean-<br />
Talon à Montréal constituent un<br />
héritage <strong>de</strong> ce système avant la<br />
révolution industrielle 1 .<br />
CARTE DU MONDE COLONIAL 4<br />
Exemple <strong>de</strong> l’Empire français en 1903<br />
QU’EST-CE QUE LE CAPITALISME ? 2<br />
À l’origine (1753), le capitalisme est l’état<br />
<strong>de</strong> la personne qui possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s richesses.<br />
La définition mo<strong>de</strong>rne du terme est<br />
liée à la révolution industrielle (Fiche 9).<br />
Politiquement, il désigne un régime<br />
socio-économique où le capital n’appartient<br />
pas à ceux dont le travail produit les<br />
richesses, mais plutôt à un nombre<br />
restreint <strong>de</strong> personnes qui détiennent le<br />
pouvoir. Économiquement, il désigne<br />
l’accumulation <strong>de</strong>s capitaux affectés à la<br />
production.<br />
PREMIÈRES GRANDES MANUFACTURES :<br />
MANCHESTER HABILLE LE MONDE 3<br />
Capitale mondiale du textile au XIX e siècle,<br />
Manchester est une ville anglaise<br />
d’un quart <strong>de</strong> million d’habitants approvisionnée<br />
en coton par le sud <strong>de</strong>s États-<br />
Unis, l’In<strong>de</strong>, l’Égypte et l’Ouganda. Les<br />
conditions <strong>de</strong> travail injustes, insalubres<br />
et même dangereuses <strong>de</strong> ses usines contribueront<br />
à engendrer une solution <strong>de</strong><br />
rechange au capitalisme : le communisme.<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 9<br />
Au début du XIX e siècle,<br />
l’Angleterre est le pays le plus<br />
puissant du mon<strong>de</strong>. C’est là que<br />
se trame une révolution qui aura<br />
autant d'impact sur l'humanité<br />
que l'apparition <strong>de</strong> l'agriculture.<br />
À cette époque, le mon<strong>de</strong> est<br />
réuni au sein d'un système<br />
économique hérité <strong>de</strong> l'expansion<br />
européenne. De nombreuses<br />
routes commerciales<br />
relient les quatre coins du<br />
globe, ce qui permet aux populations<br />
nordiques d'amasser<br />
suffisamment <strong>de</strong> ressources et<br />
<strong>de</strong> capitaux pour mettre en<br />
branle la révolution industrielle.<br />
La planète est mise au travail<br />
pour combler les besoins croissants<br />
<strong>de</strong> la population.<br />
Bienvenue dans « les temps<br />
mo<strong>de</strong>rnes » !<br />
La révolution industrielle coïnci<strong>de</strong><br />
avec une augmentation<br />
sans précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la population<br />
mondiale. Un plus grand nombre<br />
<strong>de</strong> bouches à nourrir impose<br />
<strong>de</strong>s changements énormes<br />
qui marquent la fin <strong>de</strong> plusieurs<br />
millénaires d’autosuffisance en<br />
agriculture. L'Europe coloniale<br />
domine le mon<strong>de</strong> et se tourne<br />
vers ses colonies pour satisfaire<br />
ses besoins alimentaires. Dans<br />
un premier temps, les colonies<br />
fournissent <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> luxe<br />
comme le thé, le café, le cacao<br />
et le sucre. À la fin du siècle,<br />
elles approvisionnent l'Europe<br />
en ressources alimentaires <strong>de</strong><br />
base comme les grains, la<br />
vian<strong>de</strong> et les produits laitiers.<br />
LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE :<br />
DE L’EXODE RURAL À LA VILLE<br />
La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante entraîne<br />
une augmentation substantielle<br />
<strong>de</strong>s surfaces cultivées sur<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s continents, la<br />
plupart du temps au détriment<br />
<strong>de</strong>s cultures vivrières.<br />
Jusqu'au XIX e siècle, les campagnes<br />
abritent presque 97 %<br />
<strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> la population<br />
mondiale. Des milliers <strong>de</strong><br />
paysans et d’immigrants investissent<br />
bientôt les nouvelles<br />
cités industrielles, lieu <strong>de</strong> prédilection<br />
<strong>de</strong> la révolution industrielle.<br />
Ce qui les pousse à s’y<br />
installer ? L’absence <strong>de</strong> travail, la<br />
misère, l’augmentation du prix<br />
<strong>de</strong>s terres, mais aussi l’espoir<br />
d’une vie meilleure avec un<br />
salaire fixe indépendant <strong>de</strong>s<br />
aléas <strong>de</strong> la nature et permettant<br />
<strong>de</strong> se procurer plus que le<br />
nécessaire. Au fur et à mesure<br />
que s'ouvrent les usines, que se<br />
mécanise l’agriculture et que<br />
s'accroît la population, les villes<br />
augmentent en nombre, en<br />
gran<strong>de</strong>ur et en influence<br />
économique. Entre 1900 et 1980,<br />
le nombre <strong>de</strong> citadins passe <strong>de</strong><br />
10 % à plus <strong>de</strong> 50 %. Depuis,<br />
l’exo<strong>de</strong> vers les villes paraît sans<br />
fin. Plus <strong>de</strong> trois milliards <strong>de</strong><br />
personnes y habitent désormais.<br />
LES TEMPS MODERNES<br />
(1936)<br />
DE L’INNOVATION À L’EXODE RURAL<br />
En matière d’agriculture, quelques innovations<br />
technologiques permettent <strong>de</strong> produire<br />
toujours plus, et ce, à <strong>de</strong>s distances<br />
toujours plus gran<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leurs lieux <strong>de</strong> consommation.<br />
D’une part, le transport par<br />
bateaux à vapeur et par chemins <strong>de</strong> fer ainsi<br />
que la réfrigération et la congélation <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>nrées périssables ren<strong>de</strong>nt possible l'ouverture<br />
<strong>de</strong> nouvelles routes commerciales.<br />
Simultanément, la mécanisation fait qu’on<br />
accomplit une quantité <strong>de</strong> travail plus<br />
gran<strong>de</strong> en moins <strong>de</strong> temps. Elle favorise<br />
aussi l’émergence d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> culture<br />
beaucoup plus rentable à court terme :la<br />
monoculture. Ce nouveau procédé, qui<br />
épuise rapi<strong>de</strong>ment les sols, rend les agriculteurs<br />
dépendants <strong>de</strong>s fertilisants d’origine<br />
chimique que les entreprises leur ven<strong>de</strong>nt.<br />
De plus, ces facteurs combinés font en sorte<br />
que les fermes <strong>de</strong>viennent plus gran<strong>de</strong>s et<br />
moins nombreuses. Paradoxalement, les<br />
agriculteurs embauchent moins <strong>de</strong> travailleuses<br />
et travailleurs agricoles. Le coup<br />
d’envoi <strong>de</strong> l’exo<strong>de</strong> rural est donné !
LE TRAVAIL À LA CHAÎNE<br />
L’industrialisation favorise la spécialisation<br />
du travail. Dans la ville<br />
industrielle, rares sont dorénavant<br />
les personnes en<br />
mesure <strong>de</strong> construire leur maison<br />
et <strong>de</strong> cultiver leurs champs<br />
tout en éduquant leurs enfants.<br />
De plus en plus dépendants les<br />
uns <strong>de</strong>s autres, les gens se procurent<br />
<strong>de</strong>s biens dans les commerces<br />
qui foisonnent.<br />
Vers 1840 aux États-Unis et une<br />
trentaine d’années plus tard en<br />
Europe, on introduit dans les usines<br />
le travail à la chaîne pour<br />
augmenter la production et<br />
réduire les coûts, incitant plus <strong>de</strong><br />
gens à se procurer une plus<br />
gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> biens. La<br />
fièvre <strong>de</strong> la consommation<br />
débute.<br />
Les emplois requièrent peu <strong>de</strong><br />
qualification, car le travail est<br />
maintenant conditionné par <strong>de</strong>s<br />
machines dont la rentabilité est<br />
optimisée grâce à la surveillance<br />
<strong>de</strong>s contremaîtres.<br />
La restructuration du travail,<br />
qu’amène la mise en place <strong>de</strong>s<br />
chaînes <strong>de</strong> montage, favorise<br />
une augmentation très rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
la production industrielle.<br />
Aujourd'hui, celle-ci est 50 fois<br />
supérieure à ce qu'elle était il y a<br />
à peine un siècle. Près <strong>de</strong> 80 %<br />
<strong>de</strong> cette hausse survient après la<br />
Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale.<br />
La multiplication <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong><br />
consommation nécessite l'utilisation<br />
massive <strong>de</strong> combustibles<br />
fossiles et une quantité<br />
phénoménale <strong>de</strong> ressources<br />
naturelles, en particulier <strong>de</strong>s<br />
métaux. Cette utilisation est telle<br />
que l'époque industrielle peut<br />
être qualifiée, à ses débuts,<br />
d'« ère du métal » et, plus récemment,<br />
d'« ère du plastique ».<br />
fiche 10<br />
LES CHAÎNES DE PRODUCTION<br />
Une chaîne <strong>de</strong> production sous-tend<br />
l’idée <strong>de</strong> segmentation et <strong>de</strong> répétition.<br />
Elle divise le travail entre plusieurs<br />
acteurs. Chacun effectue une tâche spécifique<br />
pour créer un tout, comme dans<br />
la production automobile, ou pour relier<br />
une matière première à ses consommateurs,<br />
comme dans la production du café.<br />
L’ÉNERGIE : MOTEUR DE LA RÉVOLU-<br />
TION INDUSTRIELLE<br />
Du feu <strong>de</strong> bois au gaz naturel, l’évolution<br />
a également engendré l’électricité. Pour<br />
la produire, le moyen le plus populaire<br />
reste l’utilisation <strong>de</strong> combustibles fossiles<br />
(pétrole, gaz, charbon).<br />
Au XX e siècle, on assiste à un clivage<br />
énergétique entre les pays du Sud et du<br />
Nord. Le pétrole actionne l’Europe et<br />
l’Amérique tandis que les combustibles<br />
<strong>de</strong> surface (bois et bouse) alimentent le<br />
reste <strong>de</strong> la planète. Pour rattraper l’Occi<strong>de</strong>nt,<br />
les pays du tiers-mon<strong>de</strong> misent sur<br />
le développement industriel. Les nouvelles<br />
industries, qui calquent le modèle<br />
<strong>de</strong> développement du Nord, sont hautement<br />
énergivores et mal adaptées aux<br />
réalités <strong>de</strong> ces pays. Une bonne part <strong>de</strong>s<br />
recettes d’exportation du tiers-mon<strong>de</strong><br />
sert à payer la facture énergétique <strong>de</strong> ce<br />
modèle <strong>de</strong> développement.<br />
DU TRAVAILLEUR ENCHAÎNÉ… AU TRAVAIL À LA CHAÎNE 1<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 11<br />
Avec l’industrialisation et l’ouverture<br />
<strong>de</strong>s marchés extérieurs,<br />
les premières entreprises multinationales<br />
surgissent. Elles<br />
puisent les ressources nécessaires<br />
à la production dans les<br />
pays où les prix sont les plus<br />
abordables. Elles les transforment<br />
dans le pays d’appartenance<br />
<strong>de</strong> l’entreprise, puis ven<strong>de</strong>nt<br />
les biens <strong>de</strong> consommation<br />
là où se trouvent les clients<br />
prêts à débourser pour se procurer<br />
ces biens. En 1883, le<br />
marché pétrolier, porté par l’essor<br />
<strong>de</strong> l’industrie automobile,<br />
voit naître la première multinationale,<br />
la Standard Oil Trust <strong>de</strong><br />
John D. Rockefeller. C’est le<br />
coup d’envoi <strong>de</strong> la multinationalisation<br />
<strong>de</strong>s entreprises.<br />
Soutenues par la découverte du<br />
pétrole et <strong>de</strong> l’électricité qui<br />
font tourner les machines à<br />
plein régime, <strong>de</strong>s centaines<br />
d’entreprises débor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur<br />
frontière et font <strong>de</strong> la planète<br />
entière un marché à conquérir.<br />
Quelques grands noms<br />
amassent <strong>de</strong>s fortunes colossales,<br />
comme Carnegie (acier),<br />
Morgan (finance), Du Pont <strong>de</strong><br />
NAISSANCE DES<br />
MULTINATIONALES<br />
Nemours (industrie chimique) et<br />
Ford (automobile). Au cours <strong>de</strong><br />
sa vie, Rockefeller a accumulé<br />
un magot <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 190<br />
milliards <strong>de</strong> dollars en dollars<br />
constants <strong>de</strong> 1999, soit encore<br />
davantage que les 80 milliards<br />
<strong>de</strong> Bill Gates !<br />
Afin <strong>de</strong> limiter cette formidable<br />
concentration <strong>de</strong> la richesse et<br />
d’assumer ses responsabilités<br />
envers la population, l’État<br />
entreprend dès lors un long<br />
bras <strong>de</strong> fer avec les milieux<br />
industriels et financiers.<br />
Il s’agit <strong>de</strong>s premières lois antitrust.<br />
Parallèlement, le mouvement<br />
ouvrier s’organise et les<br />
luttes syndicales permettent aux<br />
ouvriers d’obtenir <strong>de</strong> meilleures<br />
conditions <strong>de</strong> travail. Les gouvernements<br />
adoptent diverses<br />
mesures sociales et économiques<br />
pour assurer une plus juste<br />
distribution <strong>de</strong>s richesses produites<br />
à même les ressources<br />
et le travail <strong>de</strong> la nation. Le siècle<br />
<strong>de</strong>rnier aura été le théâtre<br />
d’une gigantesque lutte <strong>de</strong><br />
pouvoir entre l’État, les gran<strong>de</strong>s<br />
industries et les travailleurs.<br />
UNE RICHESSE CONCENTRÉE DANS LES<br />
MAINS DE QUELQUES-UNS<br />
Depuis la secon<strong>de</strong> moitié du XX e siècle, la<br />
production industrielle est concentrée dans<br />
les mains <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s multinationales. Ainsi,<br />
les 200 plus gran<strong>de</strong>s entreprises, avec chacune<br />
un chiffre d'affaires supérieur à trois<br />
milliards <strong>de</strong> dollars américains, possè<strong>de</strong>nt<br />
le tiers <strong>de</strong>s capitaux mondiaux. À elle seule,<br />
la compagnie General Motors a un chiffre<br />
d'affaires supérieur à celui <strong>de</strong> l'ensemble<br />
<strong>de</strong>s pays du tiers-mon<strong>de</strong>, exception faite du<br />
Mexique, <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> et du Brésil. Le pouvoir<br />
<strong>de</strong> ces entreprises et le contrôle qu'elles<br />
exercent sur l'économie mondiale sont<br />
énormes.<br />
LES GAINS DU MOUVEMENT OUVRIER<br />
DEPUIS LE PREMIER MAI 1888<br />
EN GÉNÉRAL :<br />
une plus juste redistribution <strong>de</strong> la richesse.<br />
EN PARTICULIER :<br />
• le droit d’association ;<br />
• la journée <strong>de</strong> huit heures ;<br />
• le salaire minimum ;<br />
• l’égalité <strong>de</strong>s classes ;<br />
• les droits parentaux ;<br />
• le droit <strong>de</strong> grève ;<br />
• l’intégration <strong>de</strong>s femmes sur le marché<br />
du travail.<br />
PATRON DE MULTINATIONALE 1
LES PROFITS DE LA SECONDE<br />
GUERRE MONDIALE<br />
La Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale,<br />
remportée par les forces alliées<br />
avec l’appui considérable <strong>de</strong>s<br />
États-Unis, favorise le déplacement<br />
du pouvoir économique<br />
vers l’Amérique du Nord.<br />
L’après-guerre permet aux États-<br />
Unis <strong>de</strong> concrétiser une mainmise<br />
naissante sur l’ensemble du<br />
mon<strong>de</strong>. Afin <strong>de</strong> soutenir son<br />
expansion économique, le gouvernement<br />
états-unien fon<strong>de</strong> sa<br />
politique sur trois impératifs considérés<br />
comme vitaux pour l’intérêt<br />
national :<br />
1) le libre accès aux matières<br />
premières du mon<strong>de</strong> entier ;<br />
2) le libre accès aux marchés extérieurs<br />
afin d’écouler la production<br />
croissante du pays et ;<br />
3) la libre circulation <strong>de</strong>s capitaux,<br />
condition essentielle<br />
pour investir directement<br />
partout dans le mon<strong>de</strong>. Il ne<br />
reste plus maintenant qu’à<br />
faire entériner cette politique<br />
par les pays alliés.<br />
Ceux-ci, après l’effort <strong>de</strong> guerre<br />
états-unien, ont une <strong>de</strong>tte qu’on<br />
ne manquera pas <strong>de</strong> leur rappeler.<br />
Ruinés par la guerre, ils ont<br />
un impérieux besoin <strong>de</strong> capitaux<br />
pour amorcer leur reconstruction.<br />
En juillet 1944, le prési<strong>de</strong>nt<br />
Roosevelt recueille, autour <strong>de</strong> ce<br />
qu’on appelle aujourd’hui les<br />
accords <strong>de</strong> Bretton Woods, les<br />
signatures <strong>de</strong>s délégués <strong>de</strong>s<br />
44 pays alliés. C’est la naissance<br />
du nouvel ordre économique<br />
mondial, les premiers jours <strong>de</strong> la<br />
globalisation <strong>de</strong> l’économie<br />
comme nous la connaissons<br />
aujourd’hui.<br />
Ce sont surtout les entreprises<br />
multinationales qui profitent <strong>de</strong>s<br />
accords <strong>de</strong> Bretton Woods.<br />
Stimulée par l’augmentation <strong>de</strong><br />
la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> consommation,<br />
la puissante machine<br />
industrielle s'emballe en<br />
Occi<strong>de</strong>nt. C’est un boum<br />
économique : l’emploi explose,<br />
le pouvoir d’achat <strong>de</strong>s consommateurs<br />
s’accroît, l’Occi<strong>de</strong>nt<br />
baigne dans l’abondance. Aux<br />
secteurs primaire et secondaire,<br />
consacrés à l'exploitation <strong>de</strong>s<br />
ressources naturelles et à leur<br />
transformation, s'ajoute le<br />
secteur tertiaire qui comprend<br />
les services, notamment le vaste<br />
champ <strong>de</strong> la consultation, <strong>de</strong><br />
l'éducation, <strong>de</strong> la santé publique,<br />
<strong>de</strong>s loisirs et du tourisme. En<br />
1900, 25 % <strong>de</strong> la population<br />
américaine occupe ce secteur<br />
économique. Cette proportion<br />
double en 50 ans et continue <strong>de</strong><br />
croître année après année. Pour<br />
écouler les stocks, les grands<br />
magasins et les centres commerciaux<br />
apparaissent, constituant<br />
un nouveau type <strong>de</strong> services,<br />
inconnu ou presque jusqu'alors.<br />
fiche 12<br />
BRETTON WOODS, 1944<br />
Les accords <strong>de</strong> Bretton Woods consacrent<br />
le dollar américain comme <strong>de</strong>viseclé<br />
du système monétaire international.<br />
Désormais, on accor<strong>de</strong> au dollar une<br />
valeur fixe, en fonction <strong>de</strong> la quantité<br />
d’or disponible. Avoir en poche <strong>de</strong>s dollars<br />
américains correspond à possé<strong>de</strong>r<br />
<strong>de</strong> l’or en barre. On crée trois institutions<br />
transnationales pour soutenir l’expansion<br />
économique : le Fonds monétaire<br />
international (FMI), chargé <strong>de</strong> préserver<br />
la stabilité du nouveau système monétaire,<br />
la Banque mondiale (BM), dont le<br />
mandat est <strong>de</strong> financer le développement<br />
et <strong>de</strong> promouvoir les investissements<br />
étrangers dans les pays en<br />
développement, et le General Agreement<br />
on Tariffs and Tra<strong>de</strong> (GATT), qui fixe les<br />
prix et contrôle les échanges internationaux.<br />
En 1995, le GATT <strong>de</strong>vient l’Organisation<br />
mondiale du Commerce (OMC).<br />
Ces trois institutions sont parmi les principales<br />
cibles <strong>de</strong> l’actuel mouvement<br />
antimondialisation.<br />
LE « CENTRE D’ACHATS »<br />
Les États-Unis possè<strong>de</strong>nt aujourd’hui<br />
plus <strong>de</strong> centres commerciaux que d'écoles<br />
secondaires et leur nombre augmente<br />
<strong>de</strong> 2000 par année : « Toute<br />
l'Amérique semble se remo<strong>de</strong>ler à l'image<br />
du mail commercial. » 1 , le nouveau<br />
temple.<br />
2<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 13<br />
Pour répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
croissante, les entreprises, <strong>de</strong><br />
plus en plus multinationales,<br />
produisent <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation<br />
en quantités toujours<br />
plus gran<strong>de</strong>s. Un réseau<br />
<strong>de</strong> transport tentaculaire se<br />
développe et facilite la circulation<br />
<strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s personnes.<br />
Des réseaux <strong>de</strong> communication<br />
s'implantent partout dans le<br />
mon<strong>de</strong> et favorisent les<br />
échanges internationaux.<br />
En 1970, on franchit le cap<br />
<strong>de</strong>s 7 000 entreprises multinationales.<br />
Celles-ci possè<strong>de</strong>nt<br />
près <strong>de</strong> 50 000 filiales qui<br />
relaient aux grands patrons et<br />
aux actionnaires les bénéfices<br />
<strong>de</strong>s investissements faits à<br />
l’échelle <strong>de</strong> la planète.<br />
Pour stimuler la consommation,<br />
on crée <strong>de</strong> nouveaux produits<br />
dont la principale fonction consiste<br />
à maintenir les étalages<br />
bien garnis. Les entreprises ont<br />
tendance à mettre sur le marché<br />
<strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong><br />
courte durée, obsolescents*,<br />
s’assurant ainsi un roulement<br />
constant <strong>de</strong>s stocks. Afin <strong>de</strong><br />
LES PIÈGES DU CRÉDIT 3<br />
FAIRE ROULER LA MACHINE ÉCONOMIQUE<br />
faire mousser les ventes, les produits<br />
durent peu, nécessitent<br />
<strong>de</strong>s réparations et <strong>de</strong>s ajustements<br />
fréquents, lorsqu'il ne<br />
faut pas les remplacer tout simplement.<br />
Le <strong>de</strong>sign <strong>de</strong>s objets<br />
incite les consommatrices et<br />
consommateurs à renouveler<br />
souvent.<br />
L'industrie <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> en est<br />
l'exemple le plus frappant. La<br />
production ne vise plus tant à<br />
répondre aux besoins <strong>de</strong>s consommateurs<br />
qu’à faire rouler la<br />
machine économique.<br />
Ainsi, différentes mesures<br />
poussent à désirer et à consommer,<br />
notamment le crédit. Dès<br />
1925, 75 % <strong>de</strong>s voitures achetées<br />
aux États-Unis le sont à crédit,<br />
avec promesse <strong>de</strong> bonheur<br />
garanti ou d'argent remis !<br />
Enfin, la publicité et le marketing<br />
influencent les consommatrices<br />
et consommateurs. C’est<br />
pourquoi entre 1950 et 1990 on<br />
multiplie par sept les dépenses<br />
totales consacrées<br />
à la publicité.<br />
*Obsolescence : le fait <strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>vient<br />
périmé.<br />
L’AUTO DE LA PAIX<br />
Lorsque l’automobile <strong>de</strong>viendra aussi<br />
répandue en Europe et en Asie qu’en<br />
Amérique, les nations feront preuve <strong>de</strong><br />
compréhension mutuelle. Les gouvernants<br />
ne pourront pas faire la guerre. Ils<br />
ne pourront pas, car les gens les en<br />
empêcheront… C’est la plus gran<strong>de</strong><br />
chose que puisse accomplir l’automobile<br />
: l’élimination <strong>de</strong> la guerre. L’automobile<br />
est le produit <strong>de</strong> la paix 1 .<br />
HENRY FORD, 1924<br />
COUP D’ŒIL SUR LA MODE<br />
La mo<strong>de</strong>, en 2001, est au rétro. Qu’il<br />
s’agisse <strong>de</strong> voitures, <strong>de</strong> vêtements ou <strong>de</strong><br />
musique, le commerce exploite jusqu’à la<br />
lie le siècle qui vient <strong>de</strong> se terminer. Les<br />
diktats <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> produisent aussi <strong>de</strong>s<br />
ve<strong>de</strong>ttes qui vivent le temps d’une saison,<br />
<strong>de</strong>s artifices qui déterminent les décisions<br />
et l’envahissement du paysage par la publicité.<br />
LE DÉSIR 2<br />
Le mot désir est issu du latin <strong>de</strong>si<strong>de</strong>rare qui<br />
signifie « cesser <strong>de</strong> contempler l’astre »,<br />
d’où « regretter l’absence <strong>de</strong> » et désigne<br />
l’aspiration, le souhait. Les notions <strong>de</strong><br />
besoin (Fiche 1) et <strong>de</strong> désir sont entrelacées<br />
au cœur <strong>de</strong> la consommation.
ÉTAT-PROVIDENCE ET ÉTATS EN FAILLITE<br />
Pendant les trente années <strong>de</strong><br />
prodigieuse croissance<br />
économique qui suivent la<br />
Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, les<br />
gouvernements occi<strong>de</strong>ntaux<br />
instaurent <strong>de</strong>s mesures pour<br />
redistribuer une partie <strong>de</strong>s<br />
richesses au sein <strong>de</strong> leur pays :<br />
c’est la naissance <strong>de</strong> l’État-provi<strong>de</strong>nce.<br />
Les fruits <strong>de</strong> la croissance<br />
vont en partie aux entreprises,<br />
qui les réinvestissent massivement,<br />
et à la population, qui jouit<br />
ainsi <strong>de</strong> mesures sociales chèrement<br />
acquises par les travailleuses<br />
et travailleurs. Le pouvoir<br />
d’achat augmente et les taux<br />
d’intérêt sont au plus bas. Les<br />
entreprises sont stimulées, la<br />
croissance bat son plein. Les<br />
consommateurs dépensent et<br />
empruntent, souvent à outrance,<br />
pour satisfaire leurs besoins et<br />
leurs désirs.<br />
Pendant ce temps, dans l’hémisphère<br />
sud, les colonies prennent<br />
leur indépendance et chassent<br />
les peuples colonisateurs.<br />
Leurs habitants se retrouvent<br />
toutefois le plus souvent démunis<br />
face aux infrastructures en<br />
place et mal positionnés sur<br />
l'échiquier économique mondial.<br />
La situation se dégra<strong>de</strong>. Les pratiques<br />
coloniales laissent un<br />
modèle désastreux pour l’environnement.<br />
Les cultures vivrières<br />
continuent d’être abandonnées<br />
au profit <strong>de</strong>s cultures d’exportation,<br />
moyen <strong>de</strong> recueillir <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>vises étrangères. Le potentiel<br />
<strong>de</strong> développement <strong>de</strong> ces pays<br />
est sérieusement handicapé.<br />
Dès lors, l’écart ne fera que<br />
s’accroître.<br />
En prenant leur indépendance,<br />
les nouvelles nations ont découvert<br />
qu’elles étaient soumises à<br />
l’économie mondiale. Libérées<br />
du joug <strong>de</strong> l'Europe et <strong>de</strong>s États-<br />
Unis, elles ne le sont pas <strong>de</strong> l’emprise<br />
<strong>de</strong>s multinationales et d’un<br />
système implanté par les peuples<br />
colonisateurs. Pris à la gorge, le<br />
tiers-mon<strong>de</strong> n’a d’autre choix<br />
que <strong>de</strong> surexploiter ses<br />
ressources naturelles et <strong>de</strong> produire,<br />
à <strong>de</strong>s prix dérisoires, <strong>de</strong>s<br />
biens <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>stinés<br />
aux pays riches. Ce phénomène<br />
touche particulièrement<br />
l’Afrique.<br />
UN DÉSÉQUILIBRE OUTRAGEUX DANS LE PARTAGE DES RICHESSES<br />
Le décalage économique entre pays riches et pays pauvres était <strong>de</strong> 2 pour<br />
1 en 1700. Il est <strong>de</strong> 50 pour 1 aujourd’hui et il augmente chaque jour. Ainsi,<br />
les 70 % <strong>de</strong> la population mondiale qui vivent hors <strong>de</strong>s pays industrialisés ne<br />
bénéficient que <strong>de</strong> 15 % <strong>de</strong>s revenus.<br />
fiche 14<br />
LES AVANTAGES COMPARATIFS<br />
Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la mondialisation, il<br />
apparaît plus avantageux <strong>de</strong> cultiver les<br />
bananes et le café en Amérique centrale,<br />
par exemple, que d’y faire croître <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>nrées qu’on trouve facilement ailleurs,<br />
notamment dans les pays du Nord. Au<br />
nom <strong>de</strong> cette vision, dite <strong>de</strong>s avantages<br />
comparatifs, la culture d’exportation est<br />
toujours encouragée par les conseillers<br />
du FMI et <strong>de</strong> la BM (Fiche 13), dans les<br />
pays en voie <strong>de</strong> développement, au détriment<br />
<strong>de</strong>s cultures vivrières (<strong>de</strong>stinées à<br />
l’alimentation).<br />
DES MESURES DE PROTECTION<br />
CHÈREMENT ACQUISES<br />
Gains et acquis signifient mieux-être et<br />
progrès… Pourtant, les augmentations<br />
<strong>de</strong> salaire sont presque entièrement<br />
absorbées par l'augmentation du coût<br />
<strong>de</strong> la vie et c'est la vaste armée <strong>de</strong>s intermédiaires<br />
qui y gagne.<br />
De 1940 à 1975, la loi change au <strong>Québec</strong><br />
et au Canada. Au <strong>Québec</strong>, les femmes<br />
acquièrent le droit <strong>de</strong> vote, on instaure<br />
le salaire minimum et la Loi sur l’instruction<br />
obligatoire (1942). On crée le ministère<br />
du Bien-Être social (1946) et la<br />
Charte <strong>de</strong>s Droits et Libertés (1975). En<br />
1964, on met fin à l’incapacité juridique<br />
<strong>de</strong> la femme mariée. Au Canada, on<br />
vote la Loi canadienne sur l’assurancechômage<br />
et on crée l’assurance-hospitalisation<br />
(1957) 1 .<br />
LE NORD GÉNÈRE SON PROPRE SUD<br />
Dans les pays industrialisés, 40 % <strong>de</strong>s<br />
gens les plus pauvres ne gagnent que<br />
16 % <strong>de</strong>s revenus nationaux. Ces populations<br />
ne reçoivent donc pas leur part <strong>de</strong><br />
la société d'abondance.<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 15<br />
Les années soixante-dix ramènent<br />
à l’ordre ceux qui se sont<br />
emballés et en<strong>de</strong>ttés pendant<br />
les belles années <strong>de</strong> la croissance.<br />
Le conflit contre le<br />
Vietnam et l’ennemi communiste<br />
épuise les réserves d’or<br />
<strong>de</strong>s États-Unis. Par un coup <strong>de</strong><br />
force, le gouvernement Nixon<br />
décrète que l’or ne garantit plus<br />
la valeur du dollar, celui-ci ayant<br />
désormais une valeur autonome.<br />
Peu après, la <strong>de</strong>vise américaine<br />
<strong>de</strong>vient recherchée par<br />
les acheteurs. Les monnaies <strong>de</strong><br />
tous les pays commencent à fluctuer<br />
les unes par rapport aux<br />
autres. La voie est ouverte au<br />
vaste mouvement <strong>de</strong> spéculation<br />
qui caractérise aujourd’hui le<br />
marché financier.<br />
Or,« les banques sont <strong>de</strong> moins<br />
en moins soumises aux réglementations<br />
restrictives <strong>de</strong>s États<br />
et elles possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s dollars<br />
US à outrance. Elles prêtent<br />
donc ces capitaux bon marché<br />
aux pays industrialisés et aux<br />
pays en développement, jusqu’à<br />
ce que l’économie mondiale soit<br />
freinée brusquement par les<br />
crises du pétrole <strong>de</strong>s années<br />
1970-80. Les taux d’intérêt<br />
grimpent alors en flèche<br />
CRISE ÉCONOMIQUE OU CRISE DE POUVOIR ?<br />
et les pays emprunteurs se retrouvent<br />
lour<strong>de</strong>ment en<strong>de</strong>ttés,<br />
dépendants du pouvoir financier.<br />
Dès lors, l’avenir <strong>de</strong>s pays<br />
cesse <strong>de</strong> se déci<strong>de</strong>r dans les parlements<br />
; ce sont les bourses <strong>de</strong><br />
New York, <strong>de</strong> Londres et <strong>de</strong><br />
Tokyo qui dictent désormais<br />
leurs politiques aux États.<br />
Désirant récupérer leurs<br />
« billes », les banques obligent<br />
les pays en<strong>de</strong>ttés à restructurer<br />
leurs économies nationales pour<br />
les adapter aux rouages <strong>de</strong><br />
l’économie <strong>de</strong> marché. Celle-ci<br />
est <strong>de</strong> plus en plus mondiale,<br />
entièrement contrôlée par <strong>de</strong>s<br />
investisseurs occi<strong>de</strong>ntaux, avec<br />
en tête le Fonds monétaire international<br />
et la Banque mondiale.<br />
Les entreprises multinationales<br />
peuvent désormais exploiter les<br />
richesses convoitées sans être<br />
gênées par <strong>de</strong>s mesures<br />
nationales <strong>de</strong> protection sociale<br />
et environnementale.<br />
Les pays en<strong>de</strong>ttés procè<strong>de</strong>nt<br />
alors à <strong>de</strong>s coupures draconiennes<br />
dans la fonction publique<br />
et dans les programmes <strong>de</strong><br />
santé et d’éducation, ainsi qu’à<br />
<strong>de</strong>s changements majeurs dans<br />
l’organisation du travail.<br />
RIEN DE BON POUR REJOINDRE LE<br />
PELOTON<br />
Les gouvernements du Sud voient le modèle<br />
<strong>de</strong> développement du Nord comme le<br />
moyen ultime d'améliorer les conditions <strong>de</strong><br />
vie <strong>de</strong> leurs populations. Les taux d'intérêt<br />
relativement faibles <strong>de</strong>s années 60 les incitent<br />
à emprunter massivement sur les<br />
marchés monétaires du Nord afin <strong>de</strong><br />
résoudre leurs problèmes <strong>de</strong> développement.<br />
Vingt ans plus tard, ils sont presque<br />
tous au bord <strong>de</strong> la faillite, ayant subi, coup<br />
sur coup, une augmentation vertigineuse<br />
<strong>de</strong>s taux d'intérêt, une hausse <strong>de</strong>s coûts du<br />
pétrole (la forme d’énergie qui <strong>de</strong>vait<br />
soutenir leur industrialisation) et une chute<br />
<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> leurs exportations, <strong>de</strong> 33 % en<br />
moyenne, chute artificielle et dictée par les<br />
pays du Nord. La <strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s pays du tiersmon<strong>de</strong><br />
est <strong>de</strong>venue telle qu’aujourd'hui,<br />
plus d'argent transite du Sud vers le Nord<br />
que l'inverse.<br />
SPÉCULATION* :<br />
Opération dont on espère tirer un bénéfice<br />
du seul fait que les cours et les prix<br />
varient. On trouve un bon exemple <strong>de</strong><br />
ce phénomène avec le café, qui peut<br />
être transigé jusqu’à vingt fois, au cœur<br />
<strong>de</strong> la bourse <strong>de</strong> New York, sans que personne<br />
n’y touche.<br />
C’est aussi le nom d’un ancien jeu <strong>de</strong><br />
cartes (1904) où les atouts sont vendus<br />
aux enchères.<br />
* Dérivé <strong>de</strong> Speculatio qui signifie espionnage<br />
; évolue vers contemplation, recherche<br />
abstraite, théorie, pensée, puis construction<br />
arbitraire <strong>de</strong> l’esprit 1 .
LES TRANSNATIONALES<br />
Durant les années 1980 et 1990, le<br />
système économique est<br />
complètement chamboulé par le<br />
pouvoir financier. Les marchés<br />
financiers n’ont d’autre but que<br />
le profit pour lui-même, sans<br />
égard aux conséquences sociales<br />
et environnementales. Ses principales<br />
vaches à lait, les multinationales,<br />
<strong>de</strong> mieux en mieux<br />
capitalisées, se métamorphosent<br />
en compagnies transnationales,<br />
c’est-à-dire en compagnies pour<br />
qui les frontières n’existent plus<br />
et qui transcen<strong>de</strong>nt complètement<br />
le pouvoir <strong>de</strong>s États.<br />
Pour la première fois <strong>de</strong> l’histoire,<br />
le pouvoir financier éclipse<br />
le pouvoir politique.<br />
Ces transnationales ne sont pas<br />
spécialisées dans un domaine<br />
d’activités, elles contrôlent <strong>de</strong><br />
plus en plus l’ensemble <strong>de</strong> la<br />
production. Wal-Mart, troisième<br />
firme mondiale par le chiffre<br />
d’affaires, déplace ses unités <strong>de</strong><br />
production n’importe où dans le<br />
mon<strong>de</strong>, là où la main-d’œuvre<br />
est la moins chère et où les contraintes<br />
écologiques et sociales<br />
entravent le moins son droit<br />
« fondamental » <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />
profits.<br />
Avec la chute du mur <strong>de</strong> Berlin<br />
en 1989 et l’effondrement <strong>de</strong><br />
l’empire communiste, <strong>de</strong> nouveaux<br />
marchés s’ouvrent pour<br />
les entreprises transnationales.<br />
La menace socialiste écartée,<br />
plus rien ne vient dorénavant<br />
empêcher les visées expansionnistes<br />
<strong>de</strong>s nouveaux maîtres du<br />
mon<strong>de</strong>. Un mot d’ordre est<br />
donné à tous les « Gol<strong>de</strong>n Boys »<br />
<strong>de</strong> la planète : transformons le<br />
mon<strong>de</strong> en un seul et unique<br />
marché et réduisons au maximum<br />
le rôle <strong>de</strong>s pouvoirs publics<br />
dans les affaires <strong>de</strong> l’État. Le Big<br />
Business supplante le Big<br />
Government.<br />
Totalement apatri<strong>de</strong>s, contrôlant<br />
les médias, étroitement liés au<br />
pouvoir politique et implantés<br />
aux quatre coins du globe, les<br />
grands financiers du mon<strong>de</strong><br />
semblent bien en voie d’incarner<br />
le Big Brother décrit en 1949 par<br />
Georges Orwell dans son roman<br />
d’anticipation intitulé 1984.<br />
fiche 16<br />
Je définirais la mondialisation comme la<br />
liberté pour mon groupe d’investir où il<br />
veut, le temps qu’il veut, pour produire ce<br />
qu’il veut, en s’approvisionnant et en<br />
vendant où il veut, et en ayant le moins<br />
<strong>de</strong> contraintes possibles en matière <strong>de</strong><br />
droit du travail et <strong>de</strong> conventions sociales.<br />
PERCY BARNEVIK,<br />
prési<strong>de</strong>nt du groupe industriel ABB comptant près<br />
<strong>de</strong> 200 compagnies<br />
dans plus <strong>de</strong> 100 pays.<br />
LES « GOLDEN BOYS »<br />
Le mon<strong>de</strong> est aux mains <strong>de</strong>s « Gol<strong>de</strong>n<br />
Boys », ces supermanagers engagés par<br />
une compagnie pour en tirer le plus <strong>de</strong><br />
profit possible. On peut les virer n’importe<br />
quand, et ils sont bien souvent<br />
payés en actions <strong>de</strong> la compagnie (stock<br />
options), ce qui les pousse à gérer à très<br />
court terme.<br />
LES MAQUILADORAS (SWEAT SHOPS) :<br />
Nom donné à <strong>de</strong>s usines <strong>de</strong> textile<br />
exonérées <strong>de</strong> toute contribution sociale,<br />
qui échappent à certaines normes <strong>de</strong> travail<br />
et dont l’installation (eau, route,<br />
énergie) est assurée par les gouvernements.<br />
Au Mexique, elles emploient<br />
surtout <strong>de</strong>s femmes et très souvent <strong>de</strong>s<br />
enfants, 9 heures par jour, 5 jours par<br />
semaine, 0,55 $ l’heure.<br />
LA PIEUVRE DES TRANSNATIONALES 1<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 17<br />
Au cours du XX e siècle, l’humanité<br />
s’est dotée <strong>de</strong> technologies<br />
et <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> production<br />
capables d’exploiter, <strong>de</strong> transformer,<br />
<strong>de</strong> consommer et <strong>de</strong><br />
gaspiller les ressources <strong>de</strong> la<br />
planète au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leur capacité<br />
<strong>de</strong> renouvellement naturel.<br />
Pour répondre aux besoins<br />
d’une minorité <strong>de</strong> la population<br />
terrestre qui veut <strong>de</strong> plus en<br />
plus <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> consommation<br />
<strong>de</strong> toutes sortes, la<br />
machine économique s’est<br />
livrée à une exploitation sans<br />
retenue <strong>de</strong>s biens communs <strong>de</strong><br />
l’humanité que sont l’eau, l’air,<br />
les sols, le vivant et le patrimoine<br />
génétique.<br />
DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX MAJEURS<br />
Considérés comme inépuisables,<br />
ces biens ont été livrés<br />
sans réglementation et sans<br />
surveillance et leur prix ne<br />
tient pas compte du fait que<br />
leur exploitation nuit à l’environnement<br />
et aux populations.<br />
Aujourd’hui, les problèmes<br />
d’environnement et <strong>de</strong> développement<br />
prennent <strong>de</strong>s proportions<br />
insoupçonnées. Ils privent<br />
<strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> personnes du<br />
minimum vital et compromettent<br />
la capacité <strong>de</strong>s futures<br />
générations à répondre à<br />
leurs besoins fondamentaux.<br />
TROIS MYTHES,<br />
TROIS SOLUTIONS<br />
1. La croyance en la croissance<br />
infinie…<br />
L’effondrement <strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong><br />
morue, la dégradation <strong>de</strong>s sols et<br />
les changements climatiques sont<br />
<strong>de</strong>s exemples démontrant qu’il<br />
faut réviser l’objectif même <strong>de</strong> la<br />
croissance.<br />
2. La croyance au pouvoir<br />
autorégulateur du marché…<br />
La progression du marché ne<br />
règle pas naturellement les problèmes<br />
environnementaux et<br />
sociaux. Pour les solutionner, il<br />
faut une intervention démocratique<br />
<strong>de</strong> la société civile et <strong>de</strong>s<br />
instances politiques.<br />
3. Les coûts environnementaux<br />
et sociaux n’ont pas à être<br />
comptabilisés…<br />
Ne pas en tenir compte correspond<br />
à en reporter la charge sur<br />
les générations à venir. Il importe<br />
donc d’intégrer les coûts environnementaux<br />
et sociaux dans le<br />
prix <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation.<br />
PAUVRETÉ ET ENVIRONNEMENT<br />
Dans le Sud, c’est la pauvreté qui menace<br />
le plus sérieusement l'environnement.<br />
Pour survivre, les populations sont contraintes<br />
<strong>de</strong> surexploiter leurs forêts, <strong>de</strong><br />
mener leurs troupeaux sur les voies du<br />
surpâturage, <strong>de</strong> fuir les zones rurales<br />
pour s'entasser dans les villes surpeuplées.<br />
Il y aurait plus <strong>de</strong> 130 millions <strong>de</strong><br />
réfugiés écologiques dans le mon<strong>de</strong>.<br />
LES MAUX DE LA TERRE 1<br />
1. Changements climatiques et couche<br />
d’ozone<br />
Malgré les changements attendus, gouvernements<br />
et entreprises hésitent à<br />
prendre les mesures qui s’imposent <strong>de</strong><br />
crainte <strong>de</strong> nuire à l’économie.<br />
2. Pollutions tous azimuts<br />
Plus <strong>de</strong> 100 000 produits chimiques,<br />
gaz, métaux lourds, agents toxiques ou<br />
radioactifs, aboutissent dans l’eau, les<br />
végétaux et les animaux ainsi que dans<br />
nos assiettes.<br />
3. Des océans mala<strong>de</strong>s<br />
Près <strong>de</strong> 20 milliards <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> déchets<br />
y sont jetés annuellement. Les stocks <strong>de</strong><br />
poissons s’effondrent.<br />
4. La raréfaction <strong>de</strong> l’eau douce<br />
Plus <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong> la population mondiale<br />
manque d’eau. D’ici dix ans, cette proportion<br />
atteindra les 25 %.<br />
5. La dégradation <strong>de</strong>s sols<br />
Environ 70 % <strong>de</strong>s surfaces cultivables <strong>de</strong><br />
la planète sont dégradées. La désertification<br />
menace <strong>de</strong>s millions d’êtres humains.<br />
6. La déforestation<br />
De 10 à 20 millions d’hectares <strong>de</strong> forêts<br />
sont détruits annuellement.<br />
7. La perte <strong>de</strong> biodiversité<br />
Près <strong>de</strong> 27 000 espèces disparaissent<br />
annuellement.<br />
8. Le patrimoine génétique privatisé<br />
Les compagnies transnationales s’accaparent<br />
le patrimoine vivant.
DES IMPACTS SOCIAUX CONSIDÉRABLES fiche 18<br />
Le mouvement <strong>de</strong> mondialisation<br />
actuel, dans lequel l’être<br />
humain n’est plus qu’un consommateur,<br />
accentue les<br />
déséquilibres entre le Nord et le<br />
Sud et entre les riches et les pauvres.<br />
En fait, le mon<strong>de</strong> actuel<br />
ressemble à une mégalopole du<br />
tiers-mon<strong>de</strong> : la richesse est au<br />
centre et les bidonvilles en<br />
périphérie, s’étendant à perte<br />
<strong>de</strong> vue.<br />
Depuis les années 80, malgré<br />
l’ai<strong>de</strong> internationale au développement,<br />
les mesures<br />
économiques mises <strong>de</strong> l’avant<br />
n’ont fait qu’augmenter les<br />
écarts entre pays riches et pays<br />
pauvres. Parmi ces <strong>de</strong>rniers,<br />
quelques-uns sont en marche<br />
vers l’industrialisation, mais cela<br />
se fait souvent en dilapidant les<br />
richesses naturelles et en<br />
bafouant les droits <strong>de</strong>s<br />
citoyennes et citoyens.<br />
Le même type d’écart se creuse<br />
entre les particuliers, la mondialisation<br />
profitant à une minorité<br />
d’entre eux, comme en témoi-<br />
gnent les profits records <strong>de</strong>s<br />
banques, les hausses vertigineuses<br />
<strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong>s dirigeants<br />
d’entreprises et les mises<br />
à pied massives. Victimes <strong>de</strong> leur<br />
en<strong>de</strong>ttement, les gouvernements<br />
invoquent la mondialisation et la<br />
concurrence pour réduire les impôts<br />
<strong>de</strong>s sociétés commerciales<br />
et couper dans l’éducation, la<br />
santé, les services sociaux et la<br />
protection <strong>de</strong> l’environnement.<br />
Pour solutionner les problèmes,<br />
il faut renforcer les principes<br />
fondateurs <strong>de</strong> notre société :<br />
la citoyenneté et la solidarité<br />
(Fiches 23-25). Pourtant, les<br />
citoyens se retrouvent aujourd’hui<br />
privés <strong>de</strong> leur pouvoir d’action<br />
et confinés dans un individualisme<br />
croissant. On laisse<br />
tomber <strong>de</strong>s mécanismes qui<br />
avaient été instaurés à la suite <strong>de</strong><br />
longues luttes et qui servaient,<br />
d’une part, à assurer un réel<br />
droit <strong>de</strong> parole au citoyen et,<br />
d’autre part, à favoriser le<br />
partage équitable <strong>de</strong>s richesses.<br />
COMBIEN TU VAUX ?<br />
(…) le marché tend à réduire la valeur <strong>de</strong>s êtres et <strong>de</strong>s choses à leur valeur<br />
monétaire, propage l’idée que l’enrichissement est la mesure ultime <strong>de</strong> la<br />
réussite <strong>de</strong>s hommes comme <strong>de</strong>s sociétés, impose une domination du<br />
matériel sur le spirituel, a besoin pour fonctionner <strong>de</strong> faire naître sans<br />
cesse <strong>de</strong> nouveaux besoins plus fondamentaux, conduit à privilégier le<br />
court terme au détriment du long terme. De cela, nous voyons les fruits :<br />
la dislocation morale <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> sociétés, la généralisation <strong>de</strong> la corruption,<br />
le refuge dans la drogue, l’indifférence à l’égard <strong>de</strong>s autres ou à<br />
l’égard du milieu, le désarroi <strong>de</strong> la jeunesse.<br />
Fondation pour le progrès <strong>de</strong> l’Homme1 LE PRIX DU PROGRÈS<br />
« De plus en plus <strong>de</strong> gens réalisent que le<br />
prix à payer pour ce que nous nommons<br />
le « progrès » est trop élevé. Nous avons<br />
blessé la Terre et tentons <strong>de</strong> la soigner par<br />
<strong>de</strong>s doses croissantes d’un remè<strong>de</strong> plus<br />
agressif encore. L’esprit <strong>de</strong> l’homme n’est<br />
pas sorti in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong> ce processus. (…)<br />
La Terre n’est pas la seule victime <strong>de</strong> cette<br />
quête acharnée du progrès. Nous<br />
sommes atteints au cœur fragile <strong>de</strong> notre<br />
être, là où résonnent <strong>de</strong>s valeurs moins<br />
triviales que la richesse matérielle. »<br />
DERNIÈRE NOUVELLE :<br />
L’ÉCART CONTINUE DE SE CREUSER<br />
• 100 pays ont un revenu annuel<br />
per capita inférieur à ce qu’il était il y a<br />
10, 15, 20 et même 30 ans. De ce nombre,<br />
43 sont en faillite technique.<br />
• 2,8 MM <strong>de</strong> personnes vivent avec 2 $<br />
par jour ; 1,3 MM avec moins <strong>de</strong> 1 $ par<br />
jour.<br />
• 2,6 MM <strong>de</strong> personnes sont privées<br />
d’infrastructures sanitaires décentes,<br />
1,1 MM sont sans logements décents<br />
et 1,4 MM n’ont pas accès à une eau<br />
réellement potable.<br />
• 850 M d’adultes sont analphabètes<br />
tandis qu’on compte 250 M d’enfants<br />
travailleurs, dont 120 M à temps plein.<br />
• Plus <strong>de</strong> 130 M <strong>de</strong> personnes sont <strong>de</strong>s<br />
migrants écologiques. D’entre elles,<br />
25 M <strong>de</strong> personnes sont reconnues<br />
comme réfugiés officiels.<br />
• 90 % <strong>de</strong>s 36 M <strong>de</strong> sidéens vivent dans<br />
le tiers-mon<strong>de</strong>. On dénombre 14 400<br />
nouveaux cas par jour.<br />
MM = milliard ; M = million<br />
Jonathan Porritt 2<br />
Rapport mondial sur le<br />
développement humain,1999 3<br />
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire
Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
fiche 19<br />
Les 200 personnes les plus<br />
riches <strong>de</strong> la planète possè<strong>de</strong>nt<br />
l’équivalent du revenu <strong>de</strong> 41 %<br />
<strong>de</strong> la population la plus pauvre<br />
<strong>de</strong> la Terre, soit 2,5 milliards <strong>de</strong><br />
personnes dont 1,3 milliard<br />
vivent avec moins d’un dollar<br />
par jour. Tout indique, malgré<br />
les discours rassurants <strong>de</strong>s promoteurs<br />
<strong>de</strong> la mondialisation<br />
<strong>de</strong>s marchés, que ce fossé n’a<br />
pas fini <strong>de</strong> se creuser.<br />
LE CREDO DE LA MONDIALISATION ACTUELLE<br />
Poursuivre selon cette logique,<br />
c’est accepter « la scandaleuse<br />
conclusion que les 20 % <strong>de</strong> l’humanité<br />
qui vivent dans le mon<strong>de</strong><br />
industrialisé et qui consomment<br />
80 % <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> la<br />
biosphère <strong>de</strong>vraient en avoir<br />
encore plus 1 ».<br />
Il est donc du ressort <strong>de</strong> chacun<br />
<strong>de</strong> rendre illégitime cette<br />
logique néolibérale, <strong>de</strong> réévaluer<br />
sa propre consommation et<br />
d’utiliser son pouvoir <strong>de</strong><br />
consommateur comme une<br />
arme. Parce que, plus que<br />
jamais, consommer, c’est voter !<br />
LE CREDO DE LA MONDIALISATION EN 7 DOGMES<br />
Le néolibéralisme est le discours qui justifie le mouvement <strong>de</strong> mondialisation<br />
actuel. Il repose sur sept dogmes :<br />
1. Les mécanismes du marché assurent mieux que tout régime politique le<br />
partage <strong>de</strong>s revenus, <strong>de</strong>s richesses et <strong>de</strong>s ressources.<br />
2. Le droit <strong>de</strong> propriété est inviolable et fondamental. Nul ne peut s’y<br />
opposer et l’État doit en assurer la protection.<br />
3. Les intérêts privés constituent le meilleur moyen d’assurer la protection<br />
du bien commun et l’intérêt général.<br />
4. L’entreprise doit s’assurer d’être concurrentielle, quitte à licencier massivement<br />
ou à réduire les salaires. Il faut produire toujours plus et à<br />
meilleur coût, pour s’accaparer sa part <strong>de</strong> marché.<br />
5. Le travail doit être flexible. Le travailleur doit comprendre que son<br />
salaire, ses acquis sociaux et ses revendications sont insoutenables à<br />
l’heure <strong>de</strong> la mondialisation.<br />
6. La culture, l’éducation, l’information, la santé, l’air, l’eau, le vivant sont<br />
<strong>de</strong>s marchandises achetables et vendables que les entreprises gèrent et<br />
font croître mieux que quiconque.<br />
7. L’augmentation <strong>de</strong> la croissance est la solution au chômage, au sousdéveloppement,<br />
à la pauvreté dans ce mon<strong>de</strong> où les ressources sont<br />
considérées comme infinies et inépuisables.<br />
Adapté <strong>de</strong> Jacques Gélinas, 2000, La globalisation 2<br />
LA LOGIQUE DU LARGAGE<br />
La mondialisation actuelle obéit à une<br />
logique <strong>de</strong> largage. Elle largue les personnes<br />
qui ne sont pas assez compétentes et<br />
rentables. Pour le système actuel, les individus<br />
équivalent à <strong>de</strong>s ressources<br />
humaines. Et une ressource n’existe que<br />
si elle est rentable. À l’heure actuelle, les<br />
gens <strong>de</strong> 50 ans, qui sont difficilement<br />
recyclables, sont menacés <strong>de</strong> perdre leur<br />
emploi <strong>de</strong> façon définitive.<br />
L’ÉDUCATION COMPLICE<br />
[Selon la logique néolibérale], l'éducation<br />
sert à former les ressources humaines<br />
hautement qualifiées dont les<br />
entreprises du pays ont besoin pour être<br />
concurrentielles sur les marchés mondiaux.<br />
Or, ce n'est là le rôle ni <strong>de</strong> l'école,<br />
ni <strong>de</strong> l'université. L'école doit former <strong>de</strong>s<br />
citoyens capables <strong>de</strong> construire ensemble<br />
la société.<br />
PENSER AUTREMENT LA<br />
MONDIALISATION<br />
La première chose à faire est <strong>de</strong> rendre<br />
illégitime le discours dominant. Si vous<br />
êtes d'accord avec la compétitivité, la<br />
libéralisation, la déréglementation, la privatisation,<br />
vous ne changerez rien. Il faut<br />
que dans votre tête vous enleviez toute<br />
légitimité historique, éthique, politique et<br />
sociale à ces principes. Et c’est pour cela<br />
que la première chose à faire, c’est penser,<br />
penser autrement, penser une autre<br />
mondialisation.<br />
Riccardo Petrella<br />
Citations tirées d’une entrevue réalisée pour<br />
la série télévisée Terre comprise, 19993
LES FONDEMENTS DE LA CONSOMMATION fiche 20<br />
« Tout individu est à la recherche<br />
du bonheur, en quête d'une<br />
meilleure vie 1 .»<br />
Le bonheur rési<strong>de</strong>rait dans la<br />
capacité à combler ses besoins<br />
socio-affectifs par les relations<br />
avec autrui. Cette capacité assurerait<br />
un meilleur équilibre émotif<br />
et, dans le cas qui nous<br />
occupe, rendrait les personnes<br />
moins sujettes à la surconsommation.<br />
Si consommer est fondamentalement<br />
échanger, c’est la<br />
disparition <strong>de</strong> l’échange qui pose<br />
problème dans la surconsommation.<br />
Il n’y a plus qu’une accumulation<br />
<strong>de</strong> biens dépourvue <strong>de</strong><br />
sens. Surconsommer ne se<br />
définit pas par la quantité, mais<br />
bien par le déséquilibre entre le<br />
choix rationnel (j’ai besoin <strong>de</strong>…)<br />
(Fiche 1) et le choix émotif (je<br />
désire…) (Fiche 13). Les raisons<br />
évoquées : pour me faire plaisir,<br />
pour compenser un échec, une<br />
frustration, pour combler un<br />
vi<strong>de</strong>, pour me valoriser, me donner<br />
confiance, me récompenser,<br />
etc. 2 .<br />
Les entreprises orchestrent bien<br />
souvent leur publicité et leurs<br />
stratégies <strong>de</strong> vente sur ces<br />
déséquilibres. Ceux-ci sont euxmêmes<br />
accentués par les<br />
créanciers qui facilitent l'usage<br />
du crédit. Même nos gouvernements<br />
incitent à la consommation,<br />
réagissant vivement à toute<br />
baisse du taux <strong>de</strong> croissance.<br />
Or, toute augmentation <strong>de</strong> ce<br />
taux signifie une augmentation<br />
<strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s ressources<br />
naturelles.<br />
Ces idées, dites néolibérables,<br />
sont transmises dans les universités,<br />
les écoles d’administration<br />
publique et les organisations<br />
internationales. L’idéologie se<br />
glisse souvent directement dans<br />
les bulletins <strong>de</strong> nouvelles, les<br />
éditoriaux, les émissions <strong>de</strong><br />
divertissement, la publicité 3 .<br />
L’American way of life est présenté<br />
à l’échelle <strong>de</strong> la planète<br />
comme le modèle à suivre,<br />
l’expression même <strong>de</strong> la réussite<br />
sociale et du bonheur. Or, ce<br />
modèle est tout simplement<br />
insoutenable tant au point <strong>de</strong><br />
vue social et économique<br />
qu’environnemental.<br />
S'attaquer au problème <strong>de</strong> la surconsommation,<br />
c'est chercher à i<strong>de</strong>ntifier et<br />
à comprendre ce qui nous rend si insatisfaits<br />
<strong>de</strong> la vie pour compenser autant<br />
dans les achats.<br />
Une consommatrice 4<br />
Nous mangeons davantage <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>,<br />
buvons davantage <strong>de</strong> café, avalons plus<br />
<strong>de</strong> pilules, conduisons toujours plus loin<br />
et <strong>de</strong>venons toujours plus gros. Jamais<br />
l’on a autant consommé.<br />
Association américaine <strong>de</strong> défense <strong>de</strong><br />
l’environnement<br />
COMPORTEMENTS À RISQUE : 2<br />
Amener très tôt et fréquemment les enfants<br />
dans les magasins ; renforcer toujours<br />
les réussites par une récompense matérielle<br />
; tenter <strong>de</strong> combler les besoins socioaffectifs<br />
<strong>de</strong>s enfants par <strong>de</strong>s substituts.<br />
LES FONDEMENTS DE LA CONSOMMATION 5<br />
L'IDENTITÉ<br />
Dans une société qui nous donne comme point <strong>de</strong> repère <strong>de</strong> notre i<strong>de</strong>ntité le<br />
pouvoir d'acheter, les choses ne sont plus surtout achetées pour leur utilité, mais<br />
souvent pour leur valeur émotive et symbolique. En nous définissant aux yeux <strong>de</strong>s<br />
autres, les achats sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> communication.<br />
L'INVISIBILITÉ<br />
Le développement du crédit à la consommation a amené l'invisibilité <strong>de</strong> l'argent.<br />
Jadis, le consommateur disposait d'une « enveloppe fermée », fixée par le montant<br />
du salaire qui balisait son pouvoir d'achat. Maintenant, le consommateur dispose<br />
encore <strong>de</strong> son salaire, mais il a aussi accès à plusieurs enveloppes ouvertes :<br />
ses cartes et sa marge <strong>de</strong> crédit. Pour une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la population, le statut<br />
social est maintenant conféré par l'accès au crédit.<br />
LA VALORISATION<br />
En contribuant à faire rouler l'économie, le geste <strong>de</strong> consommer est perçu comme<br />
positif. La surconsommation est rarement mesurée dans ses conséquences. La<br />
logique <strong>de</strong> la consommation, c'est <strong>de</strong> rendre périmé le plus rapi<strong>de</strong>ment possible ce<br />
qui a été acheté. Le consommateur est donc voué à une continuelle insatisfaction.<br />
Comprendre pour agir
Comprendre pour agir<br />
fiche 21<br />
L’offensive commerciale, forte<br />
<strong>de</strong> tout ce qu’il faut savoir à<br />
propos du comportement <strong>de</strong><br />
l’homo consumerus, est vaste,<br />
oscillant entre créer <strong>de</strong>s besoins<br />
et planifier <strong>de</strong>s désirs. Mo<strong>de</strong>,<br />
crédit, publicité, obsolescence<br />
planifiée, clubs d’achats,<br />
pénurie orchestrée, indispensables<br />
experts, marketing viral,<br />
« labellisation », clientèles<br />
cibles, personnalisations,<br />
mécénat intéressé… Connaître<br />
ces stratégies <strong>de</strong>meure un bon<br />
moyen <strong>de</strong> s’en prémunir.<br />
LA CRÉATION DE FAUX BESOINS<br />
Une compagnie vient <strong>de</strong> mettre<br />
sur le marché une poupée très<br />
« in » qui bronze graduellement<br />
durant tout l’été et reprend son<br />
teint pâle durant les journées pluvieuses.<br />
Les fillettes l’adorent… 3<br />
La moyenne du<br />
consommateur québécois :<br />
3 h 50 <strong>de</strong> télé par jour. 2<br />
LES STRATÉGIES QUI NOUS FONT<br />
CONSOMMER<br />
LA CLIENTÈLE CIBLE : L’ENFANT-<br />
ROI<br />
Les enfants sont la principale<br />
cible <strong>de</strong>s produits dérivés <strong>de</strong> personnages<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins animés, <strong>de</strong><br />
certains sports, stars ou griffes <strong>de</strong><br />
mo<strong>de</strong> dans l’habillement, <strong>de</strong> la<br />
carterie (Pokémon), <strong>de</strong> l'édition,<br />
<strong>de</strong>s jouets et jeux vidéo et <strong>de</strong><br />
l'agroalimentaire. Les 5-9 ans<br />
représentent le cœur du marché<br />
et les cours <strong>de</strong> récréation, avec<br />
l'effet <strong>de</strong> convoitise qu'elles suscitent,<br />
entretiennent le phénomène<br />
<strong>de</strong>s marques, <strong>de</strong>s logos.<br />
Quant aux préados (9-12 ans), ils<br />
se tournent vers les produits<br />
dérivés du sport, <strong>de</strong> la musique<br />
ou <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>. La marque est un<br />
signe <strong>de</strong> ralliement à une tribu,<br />
elle permet d'afficher un style<br />
dans lequel les jeunes se reconnaissent<br />
1 .<br />
LA PÉNURIE ORGANISÉE 1<br />
Cette stratégie se retrouve sur certains<br />
marchés <strong>de</strong> produits très<br />
« tendance » et elle vise à créer<br />
le réflexe <strong>de</strong>s collectionneurs.<br />
Ainsi, au plus fort <strong>de</strong> son succès<br />
sur le marché français, le phénomène<br />
Pokémon a connu ses<br />
temps <strong>de</strong> pénurie, la compagnie<br />
créant artificiellement la rareté <strong>de</strong><br />
certaines cartes. Le message est<br />
clair : si vous ne vous précipitez<br />
pas pour l'acheter, vous n'en profiterez<br />
pas !<br />
LES VEDETTES<br />
On les voit partout : dans la presse, à la<br />
télé, sur les affiches. Quel que soit le<br />
secteur d'activité, les marques tentent <strong>de</strong><br />
séduire les ve<strong>de</strong>ttes. Et Nike tire <strong>de</strong>s<br />
profits bien supérieurs aux millions que<br />
touche Michael Jordan…<br />
LES EXPERTS<br />
Experts du produit ou <strong>de</strong> la vente<br />
du produit ?<br />
Recommandé par votre mé<strong>de</strong>cin…<br />
Testé en laboratoire…<br />
Le choix <strong>de</strong>s professionnels…<br />
Conduite par Jacques Villeneuve…<br />
Autant <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> créer un sentiment<br />
<strong>de</strong> confiance par procuration.<br />
LES LOGOS ET LEURS RAMIFICATIONS<br />
Suis-je un panneau publicitaire ? Qui fait<br />
quoi sur mon chandail ? Les marques<br />
s’infiltrent partout. En affichant l’ourson<br />
<strong>de</strong> Kraft ou en achetant du chocolat<br />
Aero, je finance indirectement les cigarettes<br />
et le café <strong>de</strong> Philip Morris, son<br />
« cowboy » Marlboro ou les cigarettes<br />
Players 4 . Pendant ce temps, Walt Disney<br />
fait dans le « sweat shop » et la toponymie<br />
elle-même assassine l’esprit. (Colisée<br />
Pepsi, Scène Molson, etc.)<br />
LA PERSONNALISATION DES<br />
PRODUITS 1<br />
Une compagnie japonaise propose aux<br />
adolescentes et aux jeunes femmes <strong>de</strong>s<br />
rouges à lèvres et <strong>de</strong>s ombres à paupières<br />
personnalisés. Avec l'ai<strong>de</strong> d'une<br />
conseillère <strong>de</strong> vente, elles créent leurs<br />
propres produits, réalisés en moins <strong>de</strong><br />
24 heures par les chimistes <strong>de</strong> l’entreprise.<br />
Tout ce qu’il faut pour se rendre<br />
unique aux yeux <strong>de</strong>s autres.
ÉTUDE DE CAS :<br />
LE PRIX DE LA BOTTINE SOURIANTE<br />
Dans le mon<strong>de</strong> entier, y compris<br />
parfois chez nous, <strong>de</strong>s travailleurs<br />
qui fabriquent les habits<br />
et les chaussures que nous portons<br />
voient leurs droits les plus<br />
élémentaires bafoués : exploitation<br />
d'enfants, travail forcé,<br />
conditions <strong>de</strong> travail déplorables,<br />
interdiction ou répression <strong>de</strong><br />
l'organisation syndicale.<br />
En contrôlant la qualité, la production<br />
et le prix, les chaînes <strong>de</strong><br />
distribution et les marques <strong>de</strong><br />
vêtements ont une large part <strong>de</strong><br />
responsabilité dans les conditions<br />
<strong>de</strong> travail <strong>de</strong> ceux qui produisent<br />
leurs articles partout<br />
dans le mon<strong>de</strong>. Mais elles sont<br />
aussi très attentives à leur image<br />
auprès <strong>de</strong>s consommateurs.<br />
Informés, ceux-ci ont le pouvoir<br />
d'inciter les marques <strong>de</strong> vêtements<br />
et les chaînes <strong>de</strong> distribution<br />
à se soucier du respect <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong>s travailleuses et travailleurs<br />
dans leur filière <strong>de</strong> production<br />
et <strong>de</strong> les amener à souscrire<br />
à un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite établi non<br />
plus par elles-mêmes, mais par<br />
un organisme indépendant.<br />
Dans plusieurs pays européens,<br />
<strong>de</strong>s organisations syndicales, <strong>de</strong>s<br />
associations <strong>de</strong> consommateurs,<br />
<strong>de</strong> femmes, <strong>de</strong> jeunes, <strong>de</strong> commerce<br />
équitable, <strong>de</strong> coopération<br />
et <strong>de</strong> développement international<br />
participent à la campagne<br />
« Vêtement propre » 1 (cf. Fiches<br />
Consommons équitable). Et ça<br />
marche ! Partout en Europe, on a<br />
entrepris <strong>de</strong>s négociations avec<br />
certaines entreprises.<br />
fiche 22<br />
À QUI PROFITENT MES GODASSES ? 2<br />
Vous désirez acheter une paire <strong>de</strong> chaussures<br />
<strong>de</strong> sport Nike vendue 100 $. Sachez<br />
au préalable que 1,72 $ suffit à payer la<br />
main-d’œuvre. Il faudra donc que la travailleuse<br />
ou le travailleur d’un pays du<br />
Sud (la main-d’œuvre y est moins chère<br />
et elle est souvent constituée d’enfants)<br />
en réalise une soixantaine avant d’avoir la<br />
somme nécessaire pour s’en procurer<br />
une seule paire.<br />
À titre <strong>de</strong> comparaison, pour la même<br />
paire <strong>de</strong> chaussures, les frais <strong>de</strong> publicité<br />
s'élèvent à 4,58 $ et la part du détaillant à<br />
39,88 $. Or, selon un sondage, les consommateurs<br />
sont prêts à payer en moyenne<br />
14 $ <strong>de</strong> plus, soit au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> huit fois le<br />
salaire versé ! Si cette somme était<br />
intégralement reversée aux enfants concernés,<br />
non seulement ces <strong>de</strong>rniers<br />
seraient scolarisés à plein temps, mais en<br />
plus il n'y aurait aucune nécessité pour<br />
eux <strong>de</strong> travailler dans <strong>de</strong> telles conditions.<br />
Si un salaire <strong>de</strong> 1,72 $ est un appoint<br />
indispensable à la vie <strong>de</strong> la famille, on<br />
imagine aisément qu'avec 14 $, il y aurait<br />
une nette amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />
vie. Mais ne revient-il pas aussi aux intermédiaires<br />
<strong>de</strong> partager la responsabilité<br />
du consommateur ?<br />
2<br />
Comprendre pour agir
Comprendre pour agir<br />
fiche 23<br />
Une chaîne <strong>de</strong> production, c’est<br />
le chemin plus ou moins long<br />
que parcourt un bien <strong>de</strong><br />
consommation <strong>de</strong>puis le producteur<br />
<strong>de</strong> matières premières<br />
jusqu’au consommateur. Les<br />
intermédiaires, moyennant leur<br />
part du gâteau, transforment ce<br />
bien, le transportent, le distribuent<br />
et le ven<strong>de</strong>nt. Au centre,<br />
on retrouve la compagnie<br />
qui investit et engrange les divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s.<br />
Cette longue chaîne<br />
éloigne le producteur du consommateur,<br />
au point où ce<br />
<strong>de</strong>rnier ne sait rien du pays, <strong>de</strong>s<br />
conditions <strong>de</strong> travail, du salaire<br />
et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong><br />
Si vous achetez vos bananes à 1,10 $ le kilo et que<br />
le commerçant, le transporteur, la compagnie ont<br />
pris leur quote-part, que reste-t-il au paysan ?<br />
2<br />
AGIR SUR LES CHAÎNES DE PRODUCTION<br />
L’HISTOIRE SE RÉPÈTE<br />
Vingt peaux <strong>de</strong> castor contre un miroir ! Deux cents<br />
fusils contre un territoire ! Les termes <strong>de</strong> l’échange<br />
ont-ils changé ? Les chaînes d’exploitation se perpétuent<br />
en se fondant sur l’ignorance, l’oppression<br />
ou la dépendance <strong>de</strong>s plus démunis et en répondant<br />
aux lois édictées par ceux qui en tirent profit.<br />
celles et ceux qui ont mis<br />
l’épaule à la roue ou trempé<br />
leurs mains dans la terre. La<br />
chaîne d’échanges est-elle profitable<br />
à tous ? Soutient-on, par<br />
nos achats, un régime bafouant<br />
les droits humains ? Contribuet-on<br />
au saccage <strong>de</strong> la planète ?<br />
Comprendre les chaînes <strong>de</strong> production,<br />
s’informer pour en connaître<br />
les rouages et poser <strong>de</strong>s<br />
gestes <strong>de</strong> consommation conséquents,<br />
voilà les meilleurs<br />
moyens <strong>de</strong> prévenir toute forme<br />
d’exploitation.<br />
CERCLES VICIEUX<br />
Les chaînes <strong>de</strong> production carburent au<br />
milieu <strong>de</strong> la concurrence selon l’appétit<br />
<strong>de</strong>s consommateurs. De bonnes ventes<br />
augmentent les profits qui s’ajoutent au<br />
capital. Pour augmenter sa part du<br />
marché, l’entreprise surproduit. La<br />
surabondance <strong>de</strong>s produits entraîne une<br />
chute <strong>de</strong>s prix et, par ricochet, une<br />
diminution <strong>de</strong>s profits. Pour rester concurrentielle,<br />
l’entreprise met du personnel<br />
à pied, procè<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s acquisitions ou<br />
à <strong>de</strong>s fusions. Ayant éliminé <strong>de</strong>s adversaires,<br />
elle augmente son contrôle du<br />
marché et le prix <strong>de</strong> ses produits. Le consommateur<br />
riposte en diminuant sa<br />
consommation, ce qui entraîne une nouvelle<br />
surabondance <strong>de</strong>s produits et une<br />
chute <strong>de</strong>s prix… Ainsi tourne la roue <strong>de</strong>s<br />
fortunes et <strong>de</strong>s infortunes.<br />
1<br />
2
LES DÉFIS COMMUNS<br />
Renverser les tendances<br />
actuelles <strong>de</strong> développement<br />
représente un extraordinaire<br />
défi. Pour le relever, il s’agit <strong>de</strong><br />
s’appuyer sur les formidables<br />
capacités <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s<br />
femmes <strong>de</strong> COMPRENDRE, <strong>de</strong><br />
porter un regard CRITIQUE sur le<br />
mon<strong>de</strong> qui les entoure, <strong>de</strong> faire<br />
<strong>de</strong>s CHOIX conséquents et<br />
COMPRENDRE<br />
Pour être en mesure<br />
d’agir, il importe <strong>de</strong> comprendre<br />
le mon<strong>de</strong> au<br />
sein duquel nous vivons.<br />
Cela implique <strong>de</strong> mieux<br />
connaître le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />
qui nous a menés à<br />
la situation actuelle, <strong>de</strong><br />
comprendre les mécanismes<br />
qui incitent à<br />
l’accumulation <strong>de</strong>s richesses<br />
et à la surconsommation.<br />
Cela suppose<br />
aussi <strong>de</strong> prendre<br />
conscience que le mo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> développement économique<br />
actuel ne vise<br />
pas à sauvegar<strong>de</strong>r les ressources<br />
naturelles ni à<br />
développer la vie, mais<br />
bien à s’en accaparer.<br />
Mais cela implique aussi<br />
<strong>de</strong> comprendre ce qui,<br />
personnellement, nous<br />
pousse à consommer et,<br />
souvent, à confondre nos<br />
besoins et nos désirs.<br />
d’AGIR ensemble pour construire<br />
un mon<strong>de</strong> fondé sur <strong>de</strong>s<br />
valeurs d’équité, <strong>de</strong> solidarité et<br />
<strong>de</strong> partage. L’époque actuelle<br />
engendre <strong>de</strong>s changements comparables<br />
à ceux <strong>de</strong>s révolutions<br />
agricole et industrielle. Chacun<br />
doit être convaincu qu’il peut<br />
contribuer à donner forme à ce<br />
changement.<br />
CRITIQUER<br />
Les changements escomptés<br />
nécessitent <strong>de</strong><br />
réfléchir ensemble sur les<br />
valeurs, les pratiques et<br />
les limites du système<br />
économique actuel. Déco<strong>de</strong>r<br />
les messages enjoliveurs<br />
<strong>de</strong> la publicité, <strong>de</strong>s<br />
entreprises et <strong>de</strong>s gouvernements,<br />
tenir tête<br />
aux arguments simplistes<br />
qui nous promettent le<br />
bonheur par la consommation,<br />
démontrer l’illogisme<br />
d’un système qui<br />
favorise la concentration<br />
<strong>de</strong> la richesse, remettre<br />
en cause le néolibéralisme<br />
présenté comme la<br />
panacée à tous les problèmes,<br />
voilà autant <strong>de</strong><br />
points <strong>de</strong> vue critiques<br />
qui, en se propageant,<br />
menacent les détenteurs<br />
du pouvoir. Cette réflexion<br />
est déjà amorcée au<br />
sein <strong>de</strong> nombreux<br />
groupes (ONG, syndicats,<br />
groupes communautaires,<br />
etc.) même si elle<br />
trouve peu d’échos dans<br />
les médias.<br />
CHOISIR<br />
Il n’est pas futile <strong>de</strong> résister<br />
au modèle économique<br />
actuel en refusant<br />
<strong>de</strong> s’y adapter. C’est un<br />
acte indispensable qui<br />
contribue à freiner la<br />
progression du dieu dollar<br />
et à limiter les dégâts<br />
causés à la biosphère,<br />
aux peuples et aux<br />
exclus du système. Au<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> la critique et du<br />
refus, ce qui importe est<br />
<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix<br />
responsables et d’être<br />
conséquents. Cela peut<br />
se traduire par l’adoption<br />
d’une consommation<br />
responsable, par la<br />
promotion <strong>de</strong> l’achat<br />
chez soi, par la réduction<br />
à la source, le recyclage<br />
et la réutilisation <strong>de</strong>s<br />
biens, le soutien au commerce<br />
équitable…<br />
L’imaginaire commun doit être l’aimant<br />
capable <strong>de</strong> polariser cette somme<br />
d’énergie dont chacune <strong>de</strong>s parties est<br />
minuscule, mais qui, lorsqu’elles sont<br />
rassemblées, constituent une force à<br />
l’échelle <strong>de</strong>s défis.<br />
PIERRE CALAME<br />
Fondation pour le progrès <strong>de</strong> l’Homme 1<br />
fiche 24<br />
AGIR<br />
Tout geste <strong>de</strong> résistance<br />
est inutile s’il ne contribue<br />
pas à construire un<br />
mon<strong>de</strong> meilleur. Déjà,<br />
une multitu<strong>de</strong> d’actions,<br />
gran<strong>de</strong>s ou petites, démontrent<br />
qu’il est possible<br />
<strong>de</strong> penser autrement,<br />
<strong>de</strong> dépasser les intérêts<br />
immédiats, <strong>de</strong> surmonter<br />
les contraintes et <strong>de</strong><br />
créer les synergies qui<br />
permettent le changement.<br />
Chacun possè<strong>de</strong>,<br />
là où il se trouve, <strong>de</strong>s<br />
aptitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s talents et<br />
<strong>de</strong>s moyens pour passer<br />
à l’action. Les premiers<br />
pas : apprendre à vivre<br />
selon ses besoins, s’engager<br />
dans son milieu, se<br />
donner ensemble les<br />
moyens d’être libre, <strong>de</strong><br />
choisir, <strong>de</strong> partager, <strong>de</strong><br />
prendre le temps, <strong>de</strong><br />
penser, d’aimer, d’agir<br />
pour construire un<br />
mon<strong>de</strong> juste, agréable et<br />
équitable.<br />
Comprendre pour agir
Comprendre pour agir<br />
fiche 25<br />
BESOINS<br />
SÉCURITÉ<br />
INFORMATION<br />
ÉDUCATION<br />
CHOIX<br />
PARTICIPATION<br />
COMPENSATION<br />
ENVIRONNEMENT<br />
ET SOCIÉTÉ<br />
LA CHARTE DU CONSOMMATEUR<br />
RESPONSABLE 1<br />
LES DROITS LES RESPONSABILITÉS<br />
Les biens et services essentiels pour se nourrir,<br />
se vêtir, s’abriter…<br />
Se protéger face aux biens et services nuisibles<br />
ou dangereux pour vous, votre communauté<br />
et votre environnement.<br />
Avoir accès à l’information pour établir un<br />
choix <strong>de</strong> consommation responsable.<br />
Pouvoir acquérir le savoir et les habiletés<br />
pour <strong>de</strong>venir un consommateur responsable.<br />
Une diversité <strong>de</strong> biens et <strong>de</strong> services <strong>de</strong> qualité<br />
n’ayant ni causé d’atteintes à l’environnement<br />
ni brimé les droits <strong>de</strong>s travailleurs.<br />
Une voix dans le processus d’élaboration <strong>de</strong>s<br />
politiques gouvernementales et internationales<br />
concernant l’économie et le commerce.<br />
Un juste arrangement pour compenser le<br />
défaut d’un bien ou la déficience d’un service.<br />
Un environnement sain et <strong>de</strong>s sociétés<br />
viables, maintenant et pour l’avenir.<br />
• Faire la différence entre besoins et désirs.<br />
• Revendiquer pour tous la satisfaction <strong>de</strong>s<br />
besoins fondamentaux.<br />
• Connaître l’origine et la composition <strong>de</strong>s<br />
biens et services utilisés.<br />
• Exercer les pressions nécessaires auprès<br />
<strong>de</strong>s fournisseurs et <strong>de</strong>s entreprises afin<br />
que leurs produits soient sains et sans<br />
danger.<br />
• Réclamer un étiquetage fournissant toute<br />
l’information nécessaire à la réalisation <strong>de</strong><br />
choix <strong>de</strong> consommation responsable.<br />
• Deman<strong>de</strong>r que les médias et les institutions<br />
d’enseignement abor<strong>de</strong>nt les questions<br />
<strong>de</strong> consommation responsable.<br />
• Comparer les prix, la qualité et les<br />
chaînes <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s biens et services<br />
avant d’acheter.<br />
• Exiger <strong>de</strong>s produits répondant aux principes<br />
<strong>de</strong> la consommation responsable.<br />
• Faire connaître ses besoins et volontés<br />
aux fabricants, aux gouvernements et aux<br />
institutions internationales.<br />
• Insister pour obtenir un arrangement<br />
équitable, raisonnable et… agréable.<br />
Contribuer à construire <strong>de</strong>s sociétés et un<br />
environnement sains, viables, durables,<br />
agréables :<br />
• en conservant les ressources, en choisissant<br />
<strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services qui ne<br />
sont pas dommageables pour l’environnement<br />
et les sociétés ;<br />
• en comprenant les conséquences, sur<br />
l’environnement et les sociétés, <strong>de</strong> ses<br />
habitu<strong>de</strong>s d’achat et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />
déchets ;<br />
• en suscitant la réflexion autour du paradoxe<br />
qui existe entre la croissance<br />
<strong>de</strong> la consommation, la concentration <strong>de</strong><br />
la richesse et la diminution <strong>de</strong>s ressources<br />
naturelles.
LA SIMPLICITÉ VOLONTAIRE fiche 26<br />
La simplicité volontaire est un<br />
courant social qui regroupe <strong>de</strong>s<br />
gens ayant choisi <strong>de</strong> simplifier<br />
leur existence afin <strong>de</strong> privilégier<br />
une plus gran<strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> vie.<br />
Ce choix s’appuie sur <strong>de</strong>s motivations<br />
fort diverses, en réponse<br />
à <strong>de</strong>s problèmes comme<br />
l’en<strong>de</strong>ttement, le stress et la<br />
course folle, la surconsommation,<br />
la crise écologique, l’isolement<br />
et le manque <strong>de</strong> solidarité<br />
sociale. La simplicité volontaire<br />
fait partie d’un courant <strong>de</strong> pensée<br />
qui a émergé aux États-Unis<br />
en 1983. Serge Mongeau,<br />
mé<strong>de</strong>cin et écologiste québécois,<br />
en a fait l’objet d’un livre,<br />
La simplicité volontaire, publié<br />
en 1985 et réédité en 1998.<br />
La simplicité volontaire propose<br />
une nouvelle attitu<strong>de</strong> face au<br />
matérialisme occi<strong>de</strong>ntal. Loin<br />
d’inciter au vœu <strong>de</strong> pauvreté, ce<br />
mouvement suggère <strong>de</strong> vivre<br />
plus sobrement afin <strong>de</strong> mieux<br />
profiter <strong>de</strong> notre vie et <strong>de</strong> briser<br />
notre dépendance face au profit<br />
et à la surconsommation. Ces<br />
dépendances entraînent <strong>de</strong><br />
nombreux effets secondaires,<br />
comme la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> notre<br />
environnement et <strong>de</strong> notre<br />
santé personnelle, familiale et<br />
sociale. Puisqu’on utilise actuellement<br />
plus <strong>de</strong> ressources que<br />
ce que la Terre peut produire,<br />
une baisse <strong>de</strong> notre consommation<br />
et une attitu<strong>de</strong> réfléchie<br />
face à celle-ci nous permettraient<br />
<strong>de</strong> penser à un développement<br />
« durable ».<br />
Le principe consiste à travailler<br />
en fonction <strong>de</strong> nos besoins et<br />
non pour accumuler <strong>de</strong>s surplus.<br />
En travaillant moins et en<br />
restreignant ses dépenses, il<br />
<strong>de</strong>vient possible <strong>de</strong> profiter<br />
davantage du temps dont on<br />
dispose. Concrètement, on peut<br />
utiliser ce gain <strong>de</strong> temps personnel<br />
pour réaliser <strong>de</strong>s choses qui<br />
font économiser davantage :<br />
bricoler, cuisiner, jardiner. Et en<br />
développant plus les liens sociaux,<br />
on peut organiser <strong>de</strong>s<br />
épiceries collectives, le partage<br />
d’une voiture, un gardiennage<br />
rotatif entre voisins, l’utilisation<br />
<strong>de</strong> livres en bibliothèque, au lieu<br />
<strong>de</strong> les acheter, etc. Bien sûr, travailler<br />
moins implique que l’on<br />
puisse obtenir du temps partagé<br />
<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s employeurs alors<br />
que ceux-ci ont plutôt tendance<br />
à surcharger leurs employés<br />
pour éviter d’embaucher. Là<br />
encore, il s’agit d’un choix à la<br />
fois individuel et social.<br />
Sources et ressources :<br />
Réseau québécois pour la simplicité<br />
volontaire<br />
a/s <strong>de</strong>s Éditions Écosociété<br />
C.P. 32052, succ. Les Atriums<br />
Montréal (<strong>Québec</strong>) H2L 4Y5<br />
rqsv@moncourrier.com<br />
www.amysystems.com/simplicitevolontaire<br />
UN GESTE VOLONTAIRE<br />
L’aspect « volontaire » est très important<br />
et implique que chaque personne est<br />
libre <strong>de</strong> faire ses propres choix. Il n’existe<br />
donc pas <strong>de</strong> « mo<strong>de</strong> d’emploi » pour une<br />
simplicité volontaire, mais bien <strong>de</strong> l’information<br />
parallèle, pour stimuler la réflexion,<br />
ainsi que les initiatives personnelles<br />
et collectives.<br />
Ce n’est pas la richesse qui fait obstacle à<br />
la libération, mais l’attachement à la<br />
richesse ; ce n’est pas non plus le plaisir<br />
que procurent les choses agréables qui<br />
est condamnable, mais le désir ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
les obtenir.<br />
Serge Mongeau, 1998<br />
DES EFFETS BÉNÉFIQUES SUR<br />
L’ÉCONOMIE<br />
• Tendance vers une activité économique<br />
modérée et <strong>de</strong> subsistance à<br />
long terme.<br />
• Augmentation <strong>de</strong> l’épargne <strong>de</strong>s ménages<br />
offrant <strong>de</strong> nouveaux capitaux<br />
pour l’investissement.<br />
• Création d’emplois pour assurer la<br />
subsistance à long terme.<br />
• Réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s ménages et<br />
<strong>de</strong>s nations.<br />
• Utilisation <strong>de</strong>s ressources pour<br />
répondre à <strong>de</strong>s besoins réels.<br />
Agir <strong>de</strong> façon responsable
Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />
fiche 27<br />
Le troc <strong>de</strong>meure l’un <strong>de</strong>s<br />
meilleurs moyens <strong>de</strong> se soustraire<br />
à l’emprise <strong>de</strong> la surconsommation.<br />
Conclu d’un commun<br />
accord entre <strong>de</strong>ux personnes,<br />
il garantit l’équité <strong>de</strong><br />
l’échange. Réalisé hors <strong>de</strong>s circuits<br />
financiers traditionnels, il<br />
favorise l’interdépendance entre<br />
les êtres humains plutôt que la<br />
dépendance <strong>de</strong>s plus pauvres<br />
envers les plus riches.<br />
C’est ce principe qui est à la<br />
base <strong>de</strong>s SEL (Services<br />
d’Échange Locaux) connus dans<br />
le mon<strong>de</strong> anglo-saxon sous le<br />
nom <strong>de</strong> LETS (Local Exchange<br />
Trading Systems). Dans les<br />
années 1980, en pleine crise<br />
économique, Michael Linton, un<br />
Écossais vivant dans l’Île <strong>de</strong> Vancouver,<br />
réunit un groupe <strong>de</strong> personnes<br />
exclues du milieu du travail<br />
ou prises au piège <strong>de</strong><br />
l’en<strong>de</strong>ttement. Il leur propose<br />
<strong>de</strong> participer à un système<br />
d’échange <strong>de</strong> biens, <strong>de</strong> savoirs<br />
et <strong>de</strong> services au sein duquel<br />
aucun argent ne circule. Le premier<br />
SEL est né !<br />
Au point <strong>de</strong> départ, tous les<br />
comptes <strong>de</strong>s participants sont à<br />
zéro. Pour que le dynamisme<br />
<strong>de</strong>s échanges s’installe, quelqu’un<br />
doit le déséquilibrer,<br />
c’est-à-dire acquérir un bien ou<br />
LE TROC ET LES SERVICES D’ÉCHANGE LOCAUX<br />
(SEL)<br />
requérir les services d’un membre<br />
du groupe. Par la suite, il<br />
doit au groupe (ou à un <strong>de</strong> ses<br />
membres) un bien ou un service<br />
jugé équivalent (exemple : un<br />
massage contre un examen <strong>de</strong>ntaire).<br />
De la même façon, le<br />
fournisseur bénéficie d’un<br />
crédit qui lui permet d’acquérir<br />
<strong>de</strong>s biens ou <strong>de</strong>s services<br />
générés par <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong><br />
son groupe. De cette façon, pas<br />
<strong>de</strong> profit, ni d’en<strong>de</strong>ttement<br />
financier, ni d’intérêt à payer.<br />
Fort du succès <strong>de</strong> cette initiative,<br />
le modèle fait <strong>de</strong>s petits, que ce<br />
soit dans le Nord ou dans le<br />
Sud. De mieux en mieux organisés,<br />
les SEL locaux se regroupent<br />
au niveau régional puis<br />
national, permettant aux membres<br />
<strong>de</strong> bénéficier d’une diversité<br />
accrue d’échanges.<br />
Aujourd’hui, en naviguant sur la<br />
toile, il est même possible <strong>de</strong><br />
participer à <strong>de</strong>s réseaux virtuels<br />
d’échanges… réels.<br />
Les différents SEL jouissent<br />
d’une indépendance relative les<br />
uns par rapport aux autres, mais<br />
partagent tous le même objectif<br />
<strong>de</strong> s’affranchir du « dollar » et<br />
<strong>de</strong> remettre au cœur <strong>de</strong><br />
l’échange le lien relationnel.<br />
Sources et ressources :<br />
Troc en SEL<br />
www.francinet.free.fr/accueil.htm<br />
www.solidaire.org<br />
www.freenet.edmonton.ab.ca/lets<br />
http ://asso.francenet.fr/sel/sel.htm<br />
http ://jmrob.freefr/troc/troc.html<br />
Le troc est la forme la plus ancienne<br />
d’échanges <strong>de</strong> biens ou <strong>de</strong> services. Dans<br />
les premiers marchés, le blé s’échangeait<br />
contre du poulet ou du poisson. À l’époque<br />
<strong>de</strong>s pharaons apparut une première forme<br />
<strong>de</strong> monnaie d’échange. Les paysans recevaient<br />
l’ostraca, une pièce <strong>de</strong> poterie sur<br />
laquelle était indiquées la quantité et la<br />
nature <strong>de</strong> leur contribution au grenier <strong>de</strong><br />
l’État. Du blé, <strong>de</strong> l’orge ou du sarrasin<br />
étaient symbolisés par un « reçu » <strong>de</strong> terre.<br />
L’Europe connaît un système similaire au<br />
XIII e siècle. Dans les <strong>de</strong>ux cas, ces systèmes<br />
connaissent le succès jusqu’à l’invasion <strong>de</strong>s<br />
Romains en Égypte et à la mise en place du<br />
pouvoir royal en Europe.<br />
Les SEL : un mon<strong>de</strong> d’avantages qui…<br />
• stimule les échanges et la solidarité<br />
dans un groupe ;<br />
• favorise la mise en valeur <strong>de</strong>s ressources<br />
et <strong>de</strong>s compétences disponibles ;<br />
• évite l’exo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ressources ;<br />
• maintient l’activité économique <strong>de</strong>s<br />
personnes exclues du mon<strong>de</strong> traditionnel<br />
du travail ;<br />
• permet la subsistance quotidienne avec<br />
peu ou pas <strong>de</strong> liquidités ;<br />
• favorise la communication et développe<br />
la confiance entre les membres d’un<br />
groupe.<br />
BRÈVES DES SEL<br />
• En Gran<strong>de</strong>-Bretagne, plus <strong>de</strong> 20 000<br />
personnes sont regroupées au sein <strong>de</strong><br />
plus <strong>de</strong> 300 SEL. On en dénombre près<br />
<strong>de</strong> 350 en France et plus <strong>de</strong> 1 500 à<br />
l’échelle <strong>de</strong> l’Europe.<br />
• Les SEL d’Australie reçoivent <strong>de</strong>s subventions<br />
<strong>de</strong> l’État. On y retrouve le plus<br />
grand SEL au mon<strong>de</strong> : plus <strong>de</strong> 2 000<br />
membres.
LES TROIS « R » :<br />
RÉDUIRE, RÉUTILISER, RECYCLER fiche 28<br />
Réduire, Réutiliser, Recycler sont<br />
les fameux 3 « R » qui fon<strong>de</strong>nt le<br />
principe <strong>de</strong> la consommation<br />
responsable. Le premier « R »<br />
<strong>de</strong>meure le plus important <strong>de</strong><br />
tous. Tout produit non consommé<br />
évite l’exploitation <strong>de</strong>s<br />
matières premières, comme le<br />
bois, l’eau, les métaux. Il ne se<br />
consumera jamais dans un incinérateur<br />
et n’ira jamais encombrer<br />
les sites d’enfouissement.<br />
Pour réduire la quantité <strong>de</strong><br />
déchets domestiques, nous<br />
pouvons d’abord axer notre<br />
consommation sur le nécessaire,<br />
valoriser les produits à usages<br />
multiples ou à durée <strong>de</strong> vie prolongée<br />
et diminuer les quantités<br />
d’emballage, par exemple en<br />
privilégiant les produits en vrac<br />
ou le « format familial ».<br />
Le second « R » consiste à<br />
redonner vie aux produits déjà<br />
consommés. Bricoler avec <strong>de</strong>s<br />
matériaux récupérés, réutiliser<br />
<strong>de</strong>s pots <strong>de</strong> verre ou <strong>de</strong> plastique<br />
pour conserver les aliments,<br />
réparer les meubles ou<br />
les électroménagers, tout cela<br />
prolonge leur durée <strong>de</strong> vie.<br />
Lorsque les pressions sociales,<br />
la publicité et la mo<strong>de</strong> nous<br />
poussent à nous débarrasser <strong>de</strong><br />
nos biens, les ressourceries sont<br />
là pour nous ai<strong>de</strong>r à redonner<br />
une nouvelle vie à nos vieux<br />
produits.<br />
En misant d’abord sur la réduction,<br />
puis sur la réutilisation, la<br />
quantité <strong>de</strong> déchets diminue<br />
d’office. C’est ici qu’intervient le<br />
troisième « R ». On ne parle plus<br />
alors <strong>de</strong> déchets, mais <strong>de</strong> ressources,<br />
car les produits <strong>de</strong> nos<br />
bacs <strong>de</strong> recyclage peuvent avoir<br />
<strong>de</strong>ux, trois, voire dix vies.<br />
Reste enfin la poubelle.<br />
Lorsqu’on en soustrait les<br />
matières végétales qui peuvent<br />
être utilisées pour faire du compost,<br />
il ne reste plus grandchose.<br />
De nombreuses municipalités<br />
récupèrent les résidus<br />
dangereux (piles, peinture,<br />
huiles, solvants, batteries d’automobile,<br />
médicaments, pestici<strong>de</strong>s,<br />
etc.). En fouillant plus à<br />
fond, on trouve <strong>de</strong>s produits<br />
jetables qui pourraient facilement<br />
être remplacés par <strong>de</strong>s<br />
produits durables (rasoirs, stylos,<br />
etc.). En toute <strong>de</strong>rnière<br />
instance, on peut éliminer en<br />
toute sécurité ce qui ne se recycle<br />
pas. Mettons nos poubelles<br />
au régime !<br />
Sources et ressources :<br />
Établissements verts Brundtland*<br />
www.eav.csq.qc.net<br />
RECYC-QUÉBEC<br />
http ://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/<br />
Réseau <strong>de</strong> Ressourceries du <strong>Québec</strong><br />
www.reseauressourceries.org<br />
* Mouvement éducatif qui œuvre<br />
au développement d’un mon<strong>de</strong><br />
écologique, pacifique, solidaire<br />
et démocratique.<br />
UN SITE COMPOSÉ D’IDÉES<br />
100 % RÉUTILISABLES<br />
La Centrale <strong>de</strong>s syndicats du <strong>Québec</strong><br />
propose un outil éducatif fort intéressant<br />
sur le site www.csq.net/lebac/, en partenariat<br />
avec RECYC-QUÉBEC et ENvironnement-JEUnesse.<br />
Baptisé le BAC, cet<br />
outil propose aux enseignants et aux<br />
élèves une foule d’activités visant la gestion<br />
<strong>de</strong>s matières résiduelles en milieu<br />
scolaire. D’abord consacré au papier, le<br />
site abor<strong>de</strong>ra sous peu tous les types <strong>de</strong><br />
matériaux qui se retrouvent trop souvent<br />
dans nos poubelles.<br />
DES 3 « R » AUX 6 « R»<br />
Les Établissements verts Brundtland<br />
(EVB)* ont ajouté 3 nouveaux « R » aux<br />
3 « R » traditionnels.<br />
• Repenser nos systèmes <strong>de</strong> valeurs<br />
(par la résolution pacifique <strong>de</strong>s conflits,<br />
la promotion <strong>de</strong> la paix, du<br />
partage et <strong>de</strong> l’équité, etc.).<br />
• Restructurer nos systèmes économiques<br />
(par la création <strong>de</strong> coopératives,<br />
le troc, le micro-crédit, la promotion<br />
<strong>de</strong>s fonds éthiques, etc.).<br />
• Redistribuer les ressources (la collecte<br />
et la redistribution <strong>de</strong> vêtements<br />
et d’autres biens, la collecte <strong>de</strong> fonds<br />
pour les plus démunis, etc.).<br />
UNE NOUVELLE VIE POUR NOS VIEUX<br />
PRODUITS !<br />
Il existe au <strong>Québec</strong> un réseau <strong>de</strong> ressourceries<br />
qui regroupent <strong>de</strong>s entreprises<br />
et <strong>de</strong>s organismes spécialisés dans la<br />
récupération <strong>de</strong> matières résiduelles.<br />
On y recueille meubles, vêtements,<br />
appareils électriques qui sont restaurés<br />
et vendus à bon prix, lorsqu’ils ne sont<br />
pas tout simplement redistribués gratuitement<br />
à <strong>de</strong>s personnes dans le besoin.<br />
Bel exemple <strong>de</strong> solidarité et <strong>de</strong> récupération<br />
!<br />
Agir <strong>de</strong> façon responsable
Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />
fiche 29<br />
L’agriculture soutenue par la collectivité<br />
est un moyen d’encourager<br />
l’agriculture biologique<br />
locale et <strong>de</strong> rendre les consommateurs<br />
partenaires <strong>de</strong>s<br />
petites fermes. Ce nouveau<br />
partenariat réhumanise le<br />
processus <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong>s<br />
produits agricoles en assurant<br />
aux consommateurs <strong>de</strong>s produits<br />
<strong>de</strong> qualité et aux producteurs<br />
une clientèle fidèle. Pour <strong>de</strong>venir<br />
partenaire d’une ferme, chacun<br />
achète, au début <strong>de</strong> la saison<br />
estivale, une part <strong>de</strong>s récoltes<br />
qui lui sera livrée chaque semaine<br />
au point <strong>de</strong> chute d’un quartier.<br />
Les partenaires sont aussi<br />
invités à participer à l’organisation<br />
<strong>de</strong> ce réseau et aux activités<br />
<strong>de</strong> la ferme.<br />
Ce type d’agriculture comporte<br />
une multitu<strong>de</strong> d’avantages, tant<br />
écologiques, économiques que<br />
sociaux. En rapprochant les cultivateurs<br />
<strong>de</strong>s consommateurs,<br />
L’AGRICULTURE SOUTENUE<br />
PAR LA COLLECTIVITÉ<br />
ceux-ci <strong>de</strong>viennent plus sensibles<br />
à la qualité, à la fraîcheur et<br />
aussi à tout le processus <strong>de</strong><br />
production. Ce lien entre consommateurs<br />
et producteurs<br />
outrepasse les gran<strong>de</strong>s chaînes<br />
et constitue une solution <strong>de</strong><br />
rechange face à la monoculture<br />
(reconnue comme néfaste à long<br />
terme pour l’environnement),<br />
face à la production <strong>de</strong> masse et<br />
à l’utilisation abusive <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s<br />
et d’organismes génétiquement<br />
modifiés (OGM). D’un<br />
point <strong>de</strong> vue économique, cette<br />
association crée <strong>de</strong>s emplois et<br />
offre une meilleure sécurité<br />
financière aux cultivateurs membres<br />
qui peuvent ainsi mieux<br />
planifier leur saison. Elle permet<br />
aux consommateurs d’effectuer<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s économies. Le fait<br />
d’acheter <strong>de</strong>s produits biologiques<br />
directement <strong>de</strong> la ferme<br />
génère <strong>de</strong>s économies <strong>de</strong><br />
10 % à 50 % !<br />
DES CRITÈRES « ASC »<br />
Toutes les fermes du réseau diffèrent tant dans leur organisation que dans<br />
leurs produits. Il existe toutefois <strong>de</strong>s critères ASC auxquels elles doivent<br />
adhérer :<br />
• Agriculture biologique : les fermes n’utilisent ni pestici<strong>de</strong>s ni engrais <strong>de</strong><br />
synthèse ; elles respectent l’environnement et la biodiversité et sont<br />
certifiées par un organisme <strong>de</strong> contrôle indépendant.<br />
• Engagement financier : les partenaires s’engagent financièrement auprès<br />
<strong>de</strong> leur ferme pour toute la saison.<br />
• Production locale : les produits proviennent principalement <strong>de</strong> la ferme<br />
et <strong>de</strong> la localité ; quelques produits peuvent être issus d’autres fermes<br />
<strong>de</strong> la région.<br />
• Dimension sociale : les producteurs et les partenaires organisent <strong>de</strong>s<br />
rencontres, <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> récolte, <strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> travail à la ferme, etc.<br />
Sources et ressources :<br />
Équiterre : http ://www.equiterre.qc.ca/in<strong>de</strong>x.html<br />
OCIA QUÉBEC (Association pour l’amélioration <strong>de</strong>s cultures biologiques) :<br />
http ://www.ocia.qc.ca<br />
Centre d’agriculture biologique du <strong>Québec</strong> : http ://www.cab.qc.ca<br />
International Fe<strong>de</strong>ration of Organic Agriculture Movements :<br />
http ://www.ifoam.org/<br />
PETIT RÉSEAU DEVIENDRA GRAND<br />
Au <strong>Québec</strong>, l’idée fait son chemin. On<br />
compte déjà près <strong>de</strong> 60 <strong>de</strong> ces regroupements<br />
; plus <strong>de</strong> 8 000 personnes choisissent<br />
maintenant <strong>de</strong> rediriger leur pouvoir<br />
d’achat vers les producteurs. Grâce à ce<br />
partenariat, certains cultivateurs ont pu<br />
se doter d’une serre, d’un entrepôt réfrigéré<br />
et d’autres équipements leur permettant<br />
d’augmenter leur production et<br />
<strong>de</strong> prolonger leur saison. Quelques produits<br />
d’hiver commenceraient même à<br />
faire leur place…<br />
COMMENT DEVENIR UN PARTENAIRE<br />
«ASC»<br />
Au <strong>Québec</strong>, Équiterre est l’organisme qui<br />
coordonne ce réseau en soutenant à la<br />
fois les cultivateurs dans la planification<br />
et l’information et en faisant connaître<br />
aux partenaires et aux aspirants partenaires<br />
une liste <strong>de</strong>s fermes, remise à jour<br />
chaque année. Contactez-les dès maintenant<br />
afin <strong>de</strong> réserver votre part <strong>de</strong><br />
récolte pour l’été prochain !<br />
SAUVER À PERPÉTUITÉ NOS TERRES<br />
AGRICOLES<br />
Équiterre soutient un projet <strong>de</strong> fiducie<br />
foncière avec la ferme Ca<strong>de</strong>t-Roussel en<br />
Montérégie. La terre, divisée en parcelles,<br />
est vendue à la fiducie qui<br />
recueille <strong>de</strong>s dons auprès <strong>de</strong>s particuliers<br />
pour financer ces achats. Par ces<br />
dons, les terres sont ainsi mises à l’abri<br />
<strong>de</strong> la spéculation et on s’assure qu’elles<br />
seront utilisées à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> culture<br />
biologique. À leur retraite, les agriculteurs<br />
pourront vendre ou louer le «<br />
fonds » <strong>de</strong> ferme à <strong>de</strong>s jeunes qui n’auraient<br />
pas les moyens d’acheter une<br />
ferme traditionnelle. Bel exemple <strong>de</strong> lien<br />
ville-campagne !
L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE fiche 30<br />
Depuis que l’être humain a conquis<br />
le feu, sa consommation<br />
d’énergie n’a cessé d’augmenter.<br />
Limitée à l’origine à la seule<br />
satisfaction <strong>de</strong> ses besoins<br />
fondamentaux, la consommation<br />
d’énergie par personne a<br />
progressé au cours <strong>de</strong>s âges au<br />
rythme <strong>de</strong>s découvertes technologiques.<br />
Elle s’est mise à<br />
croître <strong>de</strong> façon vertigineuse<br />
avec la révolution industrielle, la<br />
puissante machine industrielle<br />
brûlant <strong>de</strong>s quantités énormes<br />
d’énergie sous forme <strong>de</strong> charbon,<br />
<strong>de</strong> pétrole et <strong>de</strong> gaz. En<br />
plus d’être non renouvelables<br />
et présents en quantité limitée,<br />
ces combustibles fossiles sont<br />
responsables <strong>de</strong> nombreux<br />
problèmes environnementaux,<br />
notamment les changements<br />
climatiques. Or, ces énergies,<br />
auxquelles s’ajoutent l’énergie<br />
nucléaire et l’énergie<br />
hydraulique, ne sont pas<br />
consommées équitablement<br />
dans l’ensemble <strong>de</strong> la planète.<br />
À eux seuls, les pays industrialisés<br />
(soit le quart <strong>de</strong> la population<br />
mondiale) consomment<br />
plus <strong>de</strong> 75 % <strong>de</strong> toute la production<br />
d’énergie. Et c’est au<br />
Canada que la consommation<br />
d’énergie par habitant est la plus<br />
élevée. Consommer <strong>de</strong> façon<br />
responsable exige donc <strong>de</strong><br />
repenser, individuellement<br />
et collectivement, notre<br />
consommation énergétique.<br />
Sources et ressources :<br />
Agence <strong>de</strong> l’efficacité énergétique :<br />
www.aee.gouv.qc.ca<br />
Équiterre : www.equiterre.qc.ca<br />
Vivre en ville : www.vivreenville.org<br />
Service d’ai<strong>de</strong> au consommateur<br />
(trousse « Ma trousse Éco-Max » :<br />
www.service-ai<strong>de</strong>consommateur.qc.ca<br />
Le premier pas à franchir consiste<br />
à prendre conscience <strong>de</strong><br />
nos activités énergivores (préparation<br />
<strong>de</strong>s aliments, chauffage,<br />
éclairage, transport, loisirs) pour<br />
ensuite modifier nos comportements<br />
(prendre le vélo plutôt<br />
que l’auto, mettre un chandail<br />
plutôt que d’augmenter le<br />
chauffage) ou appliquer <strong>de</strong>s<br />
solutions technologiques<br />
(calfeutrer les fenêtres, utiliser<br />
<strong>de</strong>s ampoules efficaces d’un<br />
point <strong>de</strong> vue énergétique).<br />
Le second pas consiste à comprendre<br />
que c’est ce que nous<br />
consommons qui fait rouler les<br />
industries énergivores. Par<br />
exemple, la construction<br />
d’automobiles brûle 10 % <strong>de</strong><br />
toute l’énergie consommée en<br />
Amérique du Nord. De même, il<br />
faut 2 000 kilocalories pour fabriquer<br />
une seule canette <strong>de</strong> boisson<br />
gazeuse qui fournit en<br />
énergie nutritive… une seule<br />
kilocalorie.<br />
La troisième étape consiste à<br />
remettre en question nos choix<br />
collectifs en matière d’énergie<br />
et à presser les gouvernements<br />
et les entreprises à mettre en<br />
place une série <strong>de</strong> mesures<br />
favorisant l’efficacité énergétique,<br />
l’utilisation <strong>de</strong>s ressources<br />
renouvelables (éoliennes,<br />
solaires, hydrauliques) et<br />
une répartition plus juste <strong>de</strong>s<br />
ressources énergétiques.<br />
ILS L’ONT DIT…<br />
Nous nous comportons envers l’énergie<br />
comme si nous coupions une livre <strong>de</strong><br />
beurre avec une scie à chaîne !<br />
Amory Lovins<br />
L’énergie la moins dommageable pour<br />
l’environnement est celle que l’on<br />
épargne, celle qui n’a pas à être produite,<br />
ni transportée, ni utilisée.<br />
Table ron<strong>de</strong> québécoise sur l’environnement<br />
et l’économie, 1989<br />
UN APPUI CHALEUREUX<br />
L'Agence <strong>de</strong> l'efficacité énergétique du<br />
<strong>Québec</strong>, en collaboration avec diverses<br />
organisations environnementales, propose<br />
aux ménages québécois à faible<br />
revenu <strong>de</strong>s visites conseils afin <strong>de</strong> les<br />
ai<strong>de</strong>r à réduire leur facture d'énergie.<br />
Lors <strong>de</strong> ces visites, les conseillers proposent<br />
divers moyens concrets pour<br />
économiser l'énergie (dans le chauffage,<br />
la consommation d'eau chau<strong>de</strong>, etc.) et<br />
effectuent <strong>de</strong> menus travaux (installation<br />
<strong>de</strong> coupe-froid, calfeutrage, ajustement<br />
<strong>de</strong> la température <strong>de</strong> l'eau chau<strong>de</strong>, etc.).<br />
SAVIEZ-VOUS QUE…<br />
• Si on voulait emmagasiner la consommation<br />
énergétique annuelle d’une<br />
famille canadienne <strong>de</strong> quatre personnes,<br />
c’est plus <strong>de</strong> 170 barils <strong>de</strong> pétrole<br />
qu’il faudrait stocker dans la cour<br />
arrière <strong>de</strong> leur maison.<br />
• Chaque année, plus <strong>de</strong> 5,5 milliards<br />
<strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> gaz carbonique sont<br />
déversées dans l’atmosphère. Depuis<br />
la révolution industrielle, la concentration<br />
<strong>de</strong> ce gaz a augmenté <strong>de</strong> plus<br />
<strong>de</strong> 25 %.<br />
• L’énergie solaire que reçoit la Terre<br />
équivaut à 10 000 fois la consommation<br />
énergétique mondiale actuelle.<br />
Agir <strong>de</strong> façon responsable
Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />
fiche 31<br />
Utiliser l’automobile personnelle<br />
ou le cocktail transport ? Ces<br />
quelques informations vous<br />
gui<strong>de</strong>ront peut-être dans votre<br />
choix. Sachons d’abord que la<br />
surutilisation <strong>de</strong> l’automobile est<br />
responsable <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s<br />
émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre.<br />
L’industrie du pétrole, entièrement<br />
contrôlée par les multinationales,<br />
entraîne pour sa part <strong>de</strong><br />
graves dangers pour l’environnement<br />
(déversements, pluies<br />
aci<strong>de</strong>s, etc.), sans compter que<br />
plusieurs conflits régionaux ont<br />
pour origine la quête <strong>de</strong> ces ressources<br />
<strong>de</strong> plus en plus limitées.<br />
Ajoutons que le CAA-<strong>Québec</strong><br />
évalue à 6 000 $ les frais annuels<br />
associés à l’utilisation d’une<br />
automobile. Le cocktail transport<br />
est une façon <strong>de</strong> réaliser tous vos<br />
déplacements à bien moindre<br />
coût, tout en diminuant leurs<br />
impacts sur l’environnement et la<br />
santé. Le cocktail transport, c’est<br />
<strong>de</strong> substituer à l’automobile une<br />
multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> transport<br />
aisément accessibles et<br />
combinables, comme le vélo,<br />
la marche, les transports en<br />
commun (train, autobus, métro),<br />
les taxis, la location ou le partage<br />
d’une voiture, le covoiturage<br />
et les services <strong>de</strong> livraison à<br />
domicile.<br />
Le temps précieux gagné en<br />
transport en commun peut être<br />
consacré à la lecture, à l’écoute<br />
<strong>de</strong> musique, à la conversation<br />
entre amis, etc. Marcher ou<br />
LE COCKTAIL TRANSPORT<br />
prendre le vélo rend les personnes<br />
plus énergiques, moins tendues<br />
et <strong>de</strong> meilleure humeur.<br />
Enfin, lorsque nécessaire, les<br />
coûts d’utilisation <strong>de</strong>s taxis et la<br />
location <strong>de</strong> voitures <strong>de</strong>meurent<br />
nettement inférieurs aux<br />
sommes découlant <strong>de</strong> l’utilisation<br />
<strong>de</strong> la voiture. La solution <strong>de</strong><br />
rechange du cocktail transport<br />
est donc agréable, efficace,<br />
écologique et économique !<br />
Évi<strong>de</strong>mment, pour les rési<strong>de</strong>nts<br />
<strong>de</strong>s banlieues ou <strong>de</strong>s zones<br />
rurales, la voiture constitue une<br />
nécessité. Pour les autres,<br />
rechercher une rési<strong>de</strong>nce à proximité<br />
<strong>de</strong>s services <strong>de</strong> transport<br />
en commun favorise nettement<br />
l’adaptation au cocktail transport.<br />
En changeant nos pratiques quotidiennes,<br />
en entreprenant <strong>de</strong>s<br />
campagnes <strong>de</strong> sensibilisation sur<br />
le cocktail transport, en proposant<br />
<strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong><br />
ville sans voiture et <strong>de</strong>s espaces «<br />
pour fumeurs <strong>de</strong> CO 2 », il <strong>de</strong>vient<br />
possible d’influencer<br />
la gestion <strong>de</strong>s villes. Les espaces<br />
libérés pourraient servir à<br />
d’autres fins, comme la construction<br />
<strong>de</strong> logements sociaux<br />
ou l’ajout d’espaces verts.<br />
Sources et ressources :<br />
Équiterre<br />
www.equiterre.qc.ca/transport<br />
Voitures communautaires CommunAuto<br />
www.communauto.com<br />
Covoiturage urbain<br />
Ministère <strong>de</strong>s Transports<br />
www.mtq.gouv.qc.ca<br />
Covoiturage interurbain<br />
Allô-Stop : www.allostop.com<br />
SI J’AVAIS UN CHAR, ÇA CHANGERAIT<br />
MA VIE…<br />
(Chanson <strong>de</strong> Steve Faulkner)<br />
L’industrie <strong>de</strong> l’automobile investit annuellement<br />
plus <strong>de</strong> 100 millions $ en<br />
publicité pour nous vendre l’idée que<br />
possé<strong>de</strong>r une automobile donne un<br />
accès direct à la liberté, au bonheur et à<br />
l’amour. Or, cette machine est loin <strong>de</strong><br />
fournir la liberté et le bonheur escomptés<br />
si nous tenons compte <strong>de</strong>s contraventions<br />
reçues, du temps perdu, <strong>de</strong>s retards<br />
imprévisibles et <strong>de</strong>s tensions provoquées<br />
par les embouteillages et la recherche <strong>de</strong><br />
stationnement.<br />
UN TRIO AVEC ÇA ?<br />
L’étalement urbain et la surutilisation <strong>de</strong><br />
la voiture créent une trilogie auto/bungalow/banlieue<br />
qui, à elle seule, serait<br />
responsable <strong>de</strong> 50 % à 60 % <strong>de</strong> la consommation<br />
énergétique en Amérique du<br />
Nord. Ce phénomène expliquerait en<br />
partie que notre consommation en<br />
énergie soit trois fois plus gran<strong>de</strong> que<br />
celle <strong>de</strong>s Européens.<br />
QUELQUES CHIFFRES<br />
• À Montréal, 50 % <strong>de</strong>s adultes ne possè<strong>de</strong>nt<br />
pas <strong>de</strong> voiture. Pourtant, 40 %<br />
<strong>de</strong> l’espace urbain est réservé aux<br />
véhicules automobiles.<br />
• Au Canada, 16 000 personnes décè<strong>de</strong>nt<br />
prématurément chaque année<br />
en raison <strong>de</strong> la pollution <strong>de</strong> l’air (1 900<br />
personnes, à Montréal seulement).<br />
• Au <strong>Québec</strong>, 700 personnes décè<strong>de</strong>nt<br />
chaque année sur le réseau routier et<br />
5 000 sont grièvement blessées.<br />
• La congestion routière entraînerait<br />
<strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> 500 millions <strong>de</strong> dollars<br />
par année.<br />
• Un autobus rempli à pleine capacité<br />
remplace à lui seul 50 voitures !
LE TOURISME ÉQUITABLE fiche 32<br />
Le tourisme durable ou<br />
équitable n’est-il qu’une nouvelle<br />
forme <strong>de</strong> tourisme à vendre,<br />
avec l’apparition du cyclotourisme,<br />
<strong>de</strong> l’écotourisme, <strong>de</strong><br />
l’agrotourisme, du tourisme<br />
écologique et du tourisme<br />
d’aventure ? Pas tout à fait.<br />
L’Organisation mondiale du<br />
tourisme s’est dotée d’une<br />
charte du tourisme équitable,<br />
après avoir remarqué le nombre<br />
croissant <strong>de</strong> déplacements à<br />
l’étranger et la menace qu’ils<br />
représentent pour le maintien<br />
<strong>de</strong>s écosystèmes et les pratiques<br />
culturelles locales. Bref, le<br />
tourisme durable est une conception<br />
du développement touristique<br />
qui rejoint toutes les<br />
formes <strong>de</strong> tourisme en visant à<br />
sauvegar<strong>de</strong>r l’intégrité <strong>de</strong>s cultures,<br />
à protéger l’environnement<br />
et à répartir équitablement<br />
les retombées économiques<br />
<strong>de</strong> cette industrie.<br />
La croissance rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’industrie<br />
touristique et son expansion<br />
dans toutes les régions du<br />
mon<strong>de</strong> exercent en effet une<br />
pression souvent insoutenable<br />
sur <strong>de</strong>s environnements fragiles<br />
(comme ceux <strong>de</strong>s îles et <strong>de</strong>s<br />
lagons, particulièrement<br />
attrayants) et sur <strong>de</strong>s populations<br />
locales. À terme, ces pressions<br />
tuent dans l’œuf les<br />
attraits pour lesquels se déplacent<br />
justement les touristes.<br />
Pour contrer ce phénomène, la<br />
charte du tourisme durable vise<br />
à instaurer <strong>de</strong>s rapports plus<br />
équitables entre tous les intervenants,<br />
qu’ils agissent à l’échelon<br />
local ou international. Cela<br />
suppose d’abord un partage<br />
équitable <strong>de</strong>s bénéfices <strong>de</strong> cette<br />
industrie très lucrative, <strong>de</strong> façon<br />
à ce que le tourisme favorise<br />
réellement la cohésion<br />
économique et sociale entre les<br />
peuples. Pour les touristes, tous<br />
genres confondus, cela implique<br />
<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong> consommation<br />
responsables en matière<br />
<strong>de</strong> produits touristiques et<br />
d’adopter sur place un comportement<br />
respectueux à l’égard<br />
<strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong>s cultures<br />
locales. Les intervenants<br />
doivent à leur tour contribuer à<br />
l’épanouissement et à l’amélioration<br />
<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s<br />
populations locales en<br />
favorisant l’embauche <strong>de</strong> personnel<br />
local, l’achat local et la<br />
redistribution équitable <strong>de</strong>s<br />
revenus d’opération. Ils doivent,<br />
conjointement avec les populations<br />
et les autorités publiques<br />
locales, participer à la conservation<br />
et à la préservation <strong>de</strong> l’environnement,<br />
à la sécurité, à la<br />
protection sanitaire, à la gestion<br />
<strong>de</strong>s déchets et à l’hygiène alimentaire.<br />
Les médias <strong>de</strong>vraient<br />
également fournir <strong>de</strong>s informations<br />
honnêtes sur les <strong>de</strong>stinations,<br />
notamment sur leur climat<br />
politique, et bannir le tourisme<br />
sexuel.<br />
SAVIEZ-VOUS QUE…<br />
• En 2000, le nombre <strong>de</strong> touristes<br />
s’est accru <strong>de</strong> 50 millions à l’échelle<br />
mondiale.<br />
• En 2000, 698 millions <strong>de</strong> personnes se<br />
sont déplacées à l’étranger à titre <strong>de</strong><br />
touristes.<br />
POUR VOYAGER « ÉQUITABLE »<br />
La SOTDER (Société <strong>de</strong> tourisme durable<br />
et responsable) est un organisme à but<br />
non lucratif fondé à <strong>Québec</strong> en 1998. Elle<br />
fait la promotion du tourisme durable et<br />
équitable au <strong>Québec</strong> et sensibilise les<br />
voyageurs à l’importance du respect <strong>de</strong><br />
l’environnement et <strong>de</strong> l’épanouissement<br />
<strong>de</strong>s cultures locales. Sept principes animent<br />
la SOTDER :<br />
1. La conservation <strong>de</strong> l’environnement<br />
naturel.<br />
2. La prise en considération <strong>de</strong>s valeurs<br />
<strong>de</strong>s peuples visités.<br />
3. L’équité <strong>de</strong>s retombées économiques<br />
et la valorisation du commerce équitable.<br />
4. La promotion du voyage humaniste<br />
pour améliorer la solidarité, la fraternité<br />
et la paix entre les peuples.<br />
5. L’encouragement du tourisme culturel<br />
pour la sauvegar<strong>de</strong> du patrimoine<br />
6. L’aménagement intégré <strong>de</strong>s ressources.<br />
7. L’application <strong>de</strong> règlements pour le<br />
respect <strong>de</strong>s richesses locales.<br />
Sources et ressources :<br />
SOTDER<br />
(Société <strong>de</strong> tourisme durable et responsable)<br />
www.sot<strong>de</strong>r.org<br />
Organisation mondiale du tourisme http<br />
://www.world-tourism.org/<br />
Charte du tourisme durable http<br />
://www.insula.org/tourism/version.htm<br />
Stratégie <strong>de</strong> développement durable en tourisme<br />
au Canada http<br />
://www.ns.ec.gc.ca/french/g7/gg3.html<br />
Green Globe http<br />
://www.ns.ec.gc.ca/french/g7/gg2.html<br />
Comité <strong>de</strong> solidarité tiers-mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Trois-Rivières<br />
www.cstm.qc.ca<br />
Magazine Géo, juillet 2001, no 269, p. 13<br />
Agir <strong>de</strong> façon responsable
Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />
fiche 33<br />
La toute première coopérative du<br />
mon<strong>de</strong> voit le jour en 1844 en<br />
Angleterre. Au moment où la<br />
révolution industrielle bat son<br />
plein au détriment <strong>de</strong>s travailleurs<br />
et au bénéfice <strong>de</strong>s<br />
marchands, <strong>de</strong>s employés forment<br />
une coopérative <strong>de</strong><br />
consommation (la Rochdale<br />
Equitable Pionniers Society) qui<br />
leur permet <strong>de</strong> s’approvisionner<br />
en biens essentiels. Les fondateurs<br />
déterminent divers<br />
principes inspirés <strong>de</strong>s valeurs<br />
d’égalité, d’équité, <strong>de</strong> liberté et<br />
<strong>de</strong> solidarité qui <strong>de</strong>viendront la<br />
<strong>référence</strong> universelle en matière<br />
<strong>de</strong> coopérative.<br />
Ces idées sont reprises à Lévis en<br />
1900 par Alphonse Desjardins. Il y<br />
fon<strong>de</strong> la toute première caisse<br />
populaire, coup d’envoi du mouvement<br />
coopératif québécois.<br />
Principalement enracinées dans<br />
le milieu rural, les caisses populaires<br />
<strong>de</strong>viennent un puissant<br />
instrument <strong>de</strong> développement<br />
qui permet aux francophones <strong>de</strong><br />
s’approprier progressivement les<br />
leviers économiques traditionnellement<br />
réservés aux élites<br />
anglophones. Aujourd’hui, le<br />
<strong>Québec</strong> compte près <strong>de</strong> 2 500<br />
coopératives autres que financières<br />
qui regroupent 1,5 million<br />
<strong>de</strong> membres. Elles procurent un<br />
emploi à près <strong>de</strong> 30 000 personnes<br />
et produisent un chiffre d’affaires<br />
annuel <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 6 milliards<br />
<strong>de</strong> dollars.<br />
LES COOPÉRATIVES<br />
Nous pouvons définir la coopérative<br />
comme étant un regroupement<br />
<strong>de</strong> personnes qui s’unissent<br />
pour satisfaire leurs aspirations<br />
et leurs besoins<br />
économiques, sociaux et culturels<br />
communs au moyen d’une<br />
entreprise dont la propriété est<br />
collective et où le pouvoir est<br />
exercé démocratiquement. Les<br />
membres <strong>de</strong>s coopératives adhèrent<br />
à une éthique fondée sur<br />
l’honnêteté, la transparence, la<br />
responsabilité sociale et l’altruisme.<br />
La formule coopérative offre <strong>de</strong>s<br />
solutions originales pour réaliser<br />
<strong>de</strong>s projets d’économie sociale.<br />
Elle peut servir par exemple à <strong>de</strong>s<br />
citoyens qui se dotent d’habitations<br />
à prix modique ou à un village<br />
qui veut préserver un service<br />
<strong>de</strong> proximité, comme une<br />
épicerie. Pendant que l’accession<br />
aux exigences <strong>de</strong>s marchés mondiaux<br />
<strong>de</strong>vient une préoccupation<br />
croissante dans le secteur privé<br />
et celui <strong>de</strong> l’État, le coopératisme<br />
permet d’unir les forces <strong>de</strong>s<br />
citoyens qui partagent les mêmes<br />
intérêts et préoccupations dans<br />
le but <strong>de</strong> s’offrir <strong>de</strong>s services <strong>de</strong><br />
qualité.<br />
Sources et ressources :<br />
Conseil <strong>de</strong> la coopération du <strong>Québec</strong><br />
http ://www.coopquebec.qc.ca<br />
Fédération <strong>de</strong>s coopératives québécoises<br />
en milieu scolaire<br />
http ://www.coopsco.com/<br />
Alliance coopérative internationale<br />
http ://www.coop.org/ica/fr/<br />
Conseil canadien <strong>de</strong> la coopération<br />
http ://www.cccoop.ca/<br />
LE PARADIS DE LA COOPÉRATION ?<br />
Le Martien qui déboulerait sur la Terre<br />
estimerait certainement que le <strong>Québec</strong><br />
est le paradis <strong>de</strong> la coopération ! Nous<br />
pouvons y naître, nous y loger, y travailler,<br />
y capter la télévision, y épargner<br />
et y emprunter <strong>de</strong> l’argent, y détenir une<br />
carte <strong>de</strong> crédit, y partir en vacances, y<br />
vivre, y mourir, y être mis en terre et<br />
transportés coopérativement jusqu’à<br />
notre <strong>de</strong>rnier voyage. Là-bas nous atten<strong>de</strong>nt,<br />
si l’on en croit la rumeur, les fondateurs<br />
britanniques du coopératisme et…<br />
Alphonse Desjardins.<br />
SAVIEZ-VOUS QUE…<br />
À l’échelle du mon<strong>de</strong>, l’Alliance<br />
coopérative internationale (ACI) regroupait,<br />
au début <strong>de</strong> 1997, le grand total <strong>de</strong><br />
765 258 821 membres <strong>de</strong> coopératives.<br />
Ce chiffre est celui <strong>de</strong> son seul « membership<br />
». Or, toutes les coopératives<br />
n’adhèrent pas à l’ACI.<br />
LA COOPÉRATIVE À L’ÉCOLE<br />
Le mouvement coopératif québécois<br />
propose aux jeunes et aux enseignants<br />
quatre formules éprouvées <strong>de</strong> coopératives<br />
en milieu scolaire : les coopératives<br />
jeunesse <strong>de</strong> services, les coopératives<br />
en milieu scolaire, les caisses<br />
étudiantes et le programme Jeune<br />
Coop. Chacun <strong>de</strong> ces projets permet<br />
aux jeunes qui y adhèrent <strong>de</strong> prendre<br />
conscience <strong>de</strong> l’importance du travail<br />
d’équipe et du processus démocratique<br />
dans la réussite d’une entreprise<br />
coopérative. Surveillez le document<br />
pédagogique sur le coopératisme qui<br />
sera publié bientôt par le Conseil <strong>de</strong> la<br />
coopération du <strong>Québec</strong> et la Centrale<br />
<strong>de</strong>s syndicats du <strong>Québec</strong>.
LES FONDS ÉTHIQUES<br />
Qui ne souhaite pas placer ses<br />
économies pour assurer sa<br />
retraite, faire fructifier son bas<br />
<strong>de</strong> laine ou simplement parer<br />
aux coups durs ? C’est le lot <strong>de</strong><br />
tous et chacun. Mais sait-on à<br />
quoi sert l’argent que l’on place<br />
ou les actions que l’on se procure<br />
? Finance-t-on indirectement<br />
la guerre <strong>de</strong>s diamants<br />
au Sierra Leone ? Contribue-t-on<br />
à l’exploitation <strong>de</strong>s travailleuses<br />
<strong>de</strong>s maquiladoras du Mexique ?<br />
Encourage-t-on <strong>de</strong>s entreprises<br />
dont les impacts sur l’environnement<br />
sont considérables ?<br />
Appuie-t-on l’industrie du jeu,<br />
du tabac, <strong>de</strong> l’alcool, <strong>de</strong> l’armement<br />
ou <strong>de</strong> la pornographie ? Et<br />
si l’investissement éthique<br />
s’avérait la solution pour faire<br />
fructifier son argent tout en<br />
respectant l’environnement et<br />
les droits fondamentaux <strong>de</strong>s habitants<br />
<strong>de</strong> la planète ?<br />
Il y a une trentaine d’années, les<br />
riches communautés religieuses<br />
ont été les premières à utiliser<br />
leur droit <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s résolutions<br />
portant sur le respect <strong>de</strong><br />
la personne aux assemblées <strong>de</strong>s<br />
actionnaires <strong>de</strong>s entreprises où<br />
elles avaient investi. Depuis,<br />
plusieurs fonds mutuels, gestionnaires<br />
<strong>de</strong> portefeuilles et<br />
caisses <strong>de</strong> retraite ont pressé les<br />
entreprises d’adopter <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> conduite respectueux <strong>de</strong>s<br />
normes environnementales et<br />
<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s travailleurs.<br />
Depuis quelques années, certaines<br />
gran<strong>de</strong>s caisses <strong>de</strong> retraite<br />
publiques ont emboîté le pas et<br />
utilisent leur énorme pouvoir financier<br />
pour responsabiliser les<br />
entreprises.<br />
Encore marginaux il y a à peine<br />
dix ans, les fonds <strong>de</strong> placement<br />
éthiques suscitent <strong>de</strong> plus en<br />
plus d’intérêt auprès <strong>de</strong> la population.<br />
Plus <strong>de</strong> 300 000 personnes<br />
y ont investi au Canada dans<br />
la seule année 1998. Les entreprises<br />
qui adoptent <strong>de</strong>s comportements<br />
éthiques bénéficient<br />
<strong>de</strong> nouvelles sources <strong>de</strong><br />
financement qui leur permettent<br />
<strong>de</strong> récupérer leurs investissements<br />
en matière <strong>de</strong> relations<br />
et <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> travail,<br />
d'équité dans l'emploi, <strong>de</strong> pratiques<br />
environnementales saines<br />
ou d’engagements communautaires.<br />
Ici, tout le mon<strong>de</strong><br />
gagne : entreprises, regroupements<br />
et environnement.<br />
Même sans être actionnaires, il<br />
est possible d’influencer le comportement<br />
<strong>de</strong>s entreprises en<br />
s’informant <strong>de</strong> leurs activités, en<br />
les faisant connaître et en étant<br />
sélectifs lors <strong>de</strong> l’achat <strong>de</strong>s produits<br />
qu’elles mettent sur le<br />
marché.<br />
Sources et ressources :<br />
Groupe d’investissement responsable<br />
www.investissementresponsable.com<br />
Fiducie Desjardins<br />
www.fiducie-<strong>de</strong>sjardins.com<br />
Ethical Funds<br />
www.ethicalfunds.com/in<strong>de</strong>x.html<br />
Social Investment Organization<br />
www.socialinvestment.ca<br />
fiche 34<br />
AVOIR L’ŒIL SUR LE COMPORTEMENT<br />
DES ENTREPRISES<br />
La multinationale Wal-Mart, à l’image <strong>de</strong><br />
plusieurs autres, ouvre <strong>de</strong>s usines <strong>de</strong><br />
fabrication <strong>de</strong> vêtements dans les pays<br />
en voie <strong>de</strong> développement. Ses comportements<br />
lui ont attiré les foudres <strong>de</strong>s<br />
défenseurs <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> la personne. On<br />
a notamment rapporté plusieurs violations<br />
<strong>de</strong> droits dans ses usines installées<br />
au Honduras : heures supplémentaires<br />
forcées, conditions <strong>de</strong> travail difficiles et<br />
non sécuritaires, absence d’avantages<br />
sociaux, salaire <strong>de</strong> base insuffisant, interdiction<br />
<strong>de</strong> former <strong>de</strong>s associations, etc.<br />
Or, l’histoire <strong>de</strong> Wal-Mart rappelle celle<br />
<strong>de</strong> Nike, <strong>de</strong> McDonald’s et d’autres entreprises<br />
que l’on encourage quotidiennement<br />
par nos gestes <strong>de</strong> consommation.<br />
INVESTIR DANS SON MILIEU<br />
L'investissement dans son milieu est un<br />
moyen d’appuyer le développement<br />
économique <strong>de</strong>s collectivités et <strong>de</strong>s<br />
régions. Il vise à améliorer la qualité <strong>de</strong><br />
vie <strong>de</strong>s populations qui y vivent. Certains<br />
fonds permettent le développement<br />
durable aux échelles locale et<br />
régionale en ciblant les entreprises qui<br />
génèrent <strong>de</strong> l'emploi, en stimulant le<br />
développement du logement à prix<br />
modique et en soutenant autant les<br />
banques communautaires, les fonds<br />
d'emprunts communautaires que la<br />
micro-entreprise. C’est le cas, entre<br />
autres, du Fonds <strong>de</strong> solidarité <strong>de</strong> la FTQ.<br />
Agir <strong>de</strong> façon responsable
Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />
fiche 35<br />
Tout commence en 1974 lorsque<br />
Muhammad Yunus, professeur<br />
d’économie à l’Université <strong>de</strong><br />
Chittagong au Bangla<strong>de</strong>sh, consent<br />
un prêt <strong>de</strong> quelques dollars<br />
à <strong>de</strong>s paysans très pauvres d’un<br />
village <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> Jorba. Par<br />
ce geste, il permet à 42 familles<br />
<strong>de</strong> s’extirper <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong>s prêteurs<br />
usuriers et constate que<br />
quelques dollars <strong>de</strong> plus permettent<br />
à <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> l’extrême<br />
pauvreté et <strong>de</strong> retrouver<br />
la dignité. Deux ans plus tard,<br />
les prêts sont tous remboursés.<br />
Le concept <strong>de</strong> micro-crédit<br />
vient <strong>de</strong> voir le jour.<br />
Aujourd’hui, le succès <strong>de</strong> son<br />
approche tient presque du miracle.<br />
Non seulement dans son<br />
pays où plus <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong> la<br />
population bénéficie <strong>de</strong> ces<br />
prêts, mais aussi dans une soixantaine<br />
d’autres nations, dont les<br />
États-Unis, la France et le Canada.<br />
Le micro-crédit ou le crédit communautaire<br />
s’adresse principalement<br />
aux plus démunis, à celles<br />
et ceux qui n’ont pas accès au<br />
crédit <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s banques. Il est<br />
basé sur la solidarité entre les<br />
membres d’une même collectivité.<br />
Son succès repose sur un<br />
principe ayant fait ses preuves :<br />
le développement économique<br />
d’un village, d’une région ou<br />
LE MICRO-CRÉDIT ET LE CRÉDIT<br />
COMMUNAUTAIRE<br />
même d’un pays repose sur la<br />
capitalisation <strong>de</strong> l’épargne locale,<br />
si petite soit-elle. C’est en mettant<br />
en commun les économies<br />
<strong>de</strong> chacun que les organismes<br />
<strong>de</strong> micro-crédit dégagent les<br />
sommes nécessaires pour consentir<br />
<strong>de</strong> petits prêts aux<br />
emprunteurs, qui peuvent alors<br />
répondre à leurs besoins, en<br />
ouvrant par exemple un petit<br />
commerce, en achetant <strong>de</strong>s<br />
outils, en diversifiant leurs activités<br />
économiques.<br />
Le micro-crédit prend plusieurs<br />
formes, s’inspirant tantôt <strong>de</strong>s tontines<br />
africaines, tantôt <strong>de</strong>s<br />
principes coopératifs mis <strong>de</strong><br />
l’avant par Alphonse Desjardins il<br />
y a plus <strong>de</strong> cent ans. Aujourd’hui,<br />
le développement <strong>de</strong> la microfinance<br />
constitue l’une <strong>de</strong>s voies<br />
privilégiées <strong>de</strong> lutte contre la<br />
pauvreté, tant sur les plans local<br />
et national qu’international. Les<br />
Nations Unies parrainent<br />
d’ailleurs une campagne mondiale<br />
pour rendre le crédit et<br />
d’autres services financiers accessibles<br />
aux 100 millions <strong>de</strong> familles<br />
les plus pauvres du mon<strong>de</strong>.<br />
Sources et ressources :<br />
Bibliothèque virtuelle sur le micro-crédit<br />
www.gdrc.org/icm/french/french.html<br />
Les Cercles d'emprunt <strong>de</strong> <strong>Québec</strong><br />
www.creecq.qc.ca/cercles1.html<br />
Réseau québécois du crédit communautairewww.infoentrepreneurs.org/fre/search/display.cfm<br />
?co<strong>de</strong>=6035&coll=QC_PROVBIS_F<br />
Développement international Desjardins<br />
www.did.qc.ca/fr<br />
Ministère <strong>de</strong> l’Emploi et <strong>de</strong> la Solidarité<br />
sociale, Gouvernement du <strong>Québec</strong><br />
www.mess.gouv.qc.ca<br />
Souviens-toi du visage <strong>de</strong> l'homme le<br />
plus pauvre et le plus faible qu'il t'ait<br />
jamais été donné <strong>de</strong> voir et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>-toi<br />
si ce que tu envisages <strong>de</strong> faire va être<br />
d'une utilité quelconque à cet homme.<br />
Mahatma Gandhi<br />
DESJARDINS SOUS L’ARBRE À PALABRES<br />
Développement International Desjardins<br />
(DID) est une institution financière<br />
fondée il y a une dizaine d’années au<br />
Mali, l’un <strong>de</strong>s pays les plus pauvres du<br />
mon<strong>de</strong>. L’institution a soutenu les<br />
Maliens dans l’instauration d’un réseau<br />
<strong>de</strong> caisses d’épargne spécialisé dans le<br />
micro-crédit. Leur clientèle cible : les<br />
quelque 90 % <strong>de</strong> la population malienne<br />
qui n’a pas accès au crédit traditionnel,<br />
en très gran<strong>de</strong> majorité les femmes. De<br />
l’arbre à palabres <strong>de</strong>s villages les plus<br />
reculés ou <strong>de</strong>s caisses <strong>de</strong> fortune <strong>de</strong>s<br />
quartiers surpeuplés naît une nouvelle<br />
économie indépendante <strong>de</strong>s marchés<br />
financiers étrangers : celle <strong>de</strong>s Maliens.<br />
QUELQUES ENTREPRISES AYANT BÉNÉ-<br />
FICIÉ DU CRÉDIT COMMUNAUTAIRE AU<br />
QUÉBEC :<br />
• La Barberie (production <strong>de</strong> bières)<br />
• La Conserverie du quartier (confitures<br />
et conserves fabriquées artisanalement)<br />
• Café Humani’Terre (cuisine végétarienne,<br />
commerce équitable, activités<br />
socioculturelles)<br />
• Mo<strong>de</strong> É Arto (école <strong>de</strong> formation professionnelle<br />
et agence touristique<br />
pour acteurs et mannequins)<br />
• Le Cauri (arts africains)
L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE<br />
Traditionnellement, lorsqu’on<br />
parle d’économie, on a tendance<br />
à présenter d'un côté<br />
l’État et <strong>de</strong> l’autre la gran<strong>de</strong> entreprise<br />
capitaliste. Ces <strong>de</strong>ux<br />
composantes se distinguent par<br />
leur finalité (intérêt <strong>de</strong> la collectivité<br />
contre les profits <strong>de</strong>s<br />
investisseurs), la nature <strong>de</strong>s<br />
biens produits (biens collectifs<br />
contre biens individuels) et le<br />
financement <strong>de</strong> leurs activités<br />
(impôts et taxes contre résultats<br />
<strong>de</strong>s ventes). Cette façon <strong>de</strong> découper<br />
le mon<strong>de</strong> ignore un<br />
troisième secteur dont l’importance<br />
ne cesse <strong>de</strong> grandir : celui<br />
<strong>de</strong> l’économie sociale ou<br />
économie solidaire.<br />
L’économie sociale regroupe<br />
donc les associations sans but<br />
lucratif qui agissent dans les<br />
secteurs <strong>de</strong> la santé, <strong>de</strong> l’éducation,<br />
<strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s<br />
droits <strong>de</strong> la personne et dans les<br />
loisirs, les entreprises d’économie<br />
alternative, les organismes<br />
philanthropiques, les<br />
mouvements coopératifs et<br />
communautaires, etc. En<br />
somme, l’économie sociale<br />
c’est l’immense secteur d’activités<br />
générées par la population<br />
et qui n’appartient ni à l’État ni<br />
à l’entreprise privée. Ces<br />
organisations visent à améliorer<br />
la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s gens et à<br />
soutenir les regroupements<br />
locaux. Elles ont pour objectif<br />
premier <strong>de</strong> servir la collectivité<br />
plutôt que <strong>de</strong> simplement<br />
engendrer <strong>de</strong>s profits.<br />
L’incapacité <strong>de</strong>s gouvernements<br />
et <strong>de</strong>s entreprises à solutionner<br />
les crises économiques, à enrayer<br />
le chômage, à résoudre les<br />
problèmes sociaux grandissants<br />
a contribué indirectement à<br />
l’essor <strong>de</strong> ce secteur d’activités.<br />
Quand rien ne va plus, mieux<br />
vaut se serrer les cou<strong>de</strong>s et<br />
compter sur ses propres<br />
ressources. C’est ce qu’ont fait<br />
bon nombre <strong>de</strong> gens qui croient<br />
que l’économie ne doit pas<br />
servir la production et la quête<br />
<strong>de</strong> profit, mais plutôt répondre<br />
aux besoins <strong>de</strong>s populations.<br />
Depuis 1996, le gouvernement<br />
du <strong>Québec</strong> reconnaît l’importance<br />
<strong>de</strong> ce secteur déjà bien<br />
implanté dans les pays en<br />
développement et <strong>de</strong> plus en<br />
plus présent en Europe. Le<br />
Chantier <strong>de</strong> l’économie sociale,<br />
appuyé par les centres locaux <strong>de</strong><br />
développement, valorise aujourd’hui<br />
la participation <strong>de</strong>s particuliers<br />
dans la vie sociale et<br />
démocratique <strong>de</strong> leur milieu<br />
ainsi que dans le développement<br />
<strong>de</strong> leur collectivité urbaine<br />
ou rurale. Un nouveau secteur<br />
d’emploi point à l’horizon,<br />
beaucoup plus près <strong>de</strong>s valeurs<br />
humaines. Souhaitons-lui<br />
longue vie !<br />
Sources et ressources :<br />
Chantier <strong>de</strong> l'économie sociale<br />
ecosocie@chantier.qc.ca<br />
Centres locaux <strong>de</strong> développement<br />
www.acldq.qc.ca<br />
Ministère <strong>de</strong>s Régions<br />
www.mreg.gouc.qc.ca<br />
Le carrefour <strong>de</strong> l’économie sociale<br />
www.econosoc.org<br />
Réseau européen EMES<br />
www.emes.net<br />
fiche 36<br />
QUELQUES JALONS DE L’HISTOIRE DE<br />
L’ÉCONOMIE SOCIALE AU QUÉBEC<br />
1900<br />
Alphonse Desjardins fon<strong>de</strong> à Lévis la première<br />
coopérative d’épargne et <strong>de</strong> crédit.<br />
1905<br />
Le YMCA, un organisme d’avant-gar<strong>de</strong>,<br />
voit le jour et offre l’éducation aux<br />
adultes.<br />
1960<br />
Les services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ai<strong>de</strong>nt dorénavant<br />
les femmes à mieux s’intégrer au marché<br />
du travail.<br />
1960<br />
Les cliniques populaires <strong>de</strong> quartier<br />
voient le jour pour <strong>de</strong>venir, plus tard, les<br />
CLSC.<br />
1996<br />
On crée le Chantier <strong>de</strong> l’économie<br />
sociale.<br />
QUELQUES PRINCIPES<br />
• Gestion autonome, responsabilité individuelle<br />
et collective, participation,<br />
processus décisionnel démocratique.<br />
• Primauté <strong>de</strong>s personnes et du travail<br />
sur le capital dans la répartition <strong>de</strong>s<br />
surplus et <strong>de</strong>s revenus.<br />
DES CRAINTES…<br />
Certains intervenants locaux craignent<br />
que le développement <strong>de</strong> cette économie<br />
sociale ait pour effet <strong>de</strong> diminuer<br />
les responsabilités du secteur public et<br />
<strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s emplois sous-rémunérés.<br />
L’engagement <strong>de</strong>s syndicats et <strong>de</strong><br />
divers groupes et organisations communautaires<br />
dans l’élaboration <strong>de</strong>s paramètres<br />
<strong>de</strong> cette économie sociale semble<br />
donc d’une importance majeure pour<br />
que ce projet aux fondations louables<br />
génère les résultats escomptés.<br />
Agir <strong>de</strong> façon responsable
Consommons équitable<br />
fiche 37<br />
Même si le concept <strong>de</strong> commerce<br />
équitable semble encore<br />
tout jeune, cela fait bien longtemps<br />
que l’idée germe. Depuis<br />
10 000 ans, l’histoire humaine a<br />
été un long fil <strong>de</strong> conquêtes,<br />
d’ambitions et <strong>de</strong> luttes <strong>de</strong> pouvoir.<br />
D’un côté se sont retrouvés<br />
les gagnants, ceux qui se sont<br />
appropriés les terres, les<br />
ressources, les technologies et<br />
la richesse qui en découle. De<br />
l’autre sont <strong>de</strong>meurés les perdants,<br />
tous ceux qui ont été pris,<br />
bien malgré eux, dans l’engrenage<br />
<strong>de</strong>s systèmes économiques<br />
mis en place par les<br />
maîtres du mon<strong>de</strong>. Mais <strong>de</strong> tout<br />
temps se sont levés <strong>de</strong>s David<br />
défiant Goliath, <strong>de</strong>s Robin <strong>de</strong>s<br />
bois, puis <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s<br />
femmes, réunis dans <strong>de</strong>s<br />
mouvements ouvriers, <strong>de</strong>s associations<br />
ou <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> pression,<br />
réclamant davantage <strong>de</strong><br />
justice, <strong>de</strong> dignité, <strong>de</strong> paix et…<br />
d’équité. Leurs luttes en ont<br />
inspiré plusieurs, notamment <strong>de</strong><br />
jeunes Néerlandais qui, en 1957,<br />
à l’aube du flower power, tracent<br />
la voie au commerce<br />
équitable.<br />
À cette époque, <strong>de</strong> plus en plus<br />
<strong>de</strong> gens réagissent à l’immense<br />
fossé qui se creuse entre le<br />
Nord et le Sud <strong>de</strong>puis que les<br />
gran<strong>de</strong>s puissances se sont<br />
partagé le mon<strong>de</strong> à la suite <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>rnière gran<strong>de</strong> guerre. Parmi<br />
eux, <strong>de</strong> jeunes Néerlandais se<br />
ren<strong>de</strong>nt à Haïti où ils constatent<br />
NÉ D’UN BESOIN D’ÉQUITÉ<br />
l’ampleur <strong>de</strong>s inégalités sociales<br />
et économiques qui existent<br />
entre leurs <strong>de</strong>ux pays. Mais ils<br />
ne reviennent pas les mains<br />
vi<strong>de</strong>s. Dans leurs bagages, ils<br />
rapportent <strong>de</strong>s pièces artisanales<br />
acquises à un prix qui<br />
reflète la valeur du travail effectué<br />
sur l’objet. En les écoulant<br />
sur le marché européen, ils font<br />
connaître le travail <strong>de</strong> ces artisans<br />
et sensibilisent les consommateurs<br />
aux bienfaits <strong>de</strong> pratiques<br />
commerciales plus justes.<br />
Par leurs actions, ils ouvrent aux<br />
communautés locales les portes<br />
d’un marché jusqu’alors inaccessible<br />
et jettent les bases (Fiche<br />
38) d’un commerce fondé sur<br />
l’équité et la solidarité. En favorisant<br />
un commerce direct qui<br />
élimine les intermédiaires inutiles,<br />
le commerce équitable<br />
permet à <strong>de</strong>s milliers d’artisans<br />
et <strong>de</strong> petits producteurs d’améliorer<br />
leurs conditions <strong>de</strong> vie<br />
tout en offrant aux consommateurs<br />
du Nord un produit <strong>de</strong><br />
qualité à un prix équitable.<br />
JUSTICE ET ÉQUITÉ 1<br />
Le mot justice est emprunté au latin justitia,<br />
dérivé <strong>de</strong> justus ou « conforme au<br />
droit » (1050). Le mot se rapporte au<br />
principe moral selon lequel il faut<br />
respecter le droit. Dès le XI e siècle, il est<br />
employé dans une acception strictement<br />
juridique.<br />
Équité est un emprunt au latin savant<br />
æquitas, « égalité », « équilibre moral »,<br />
« esprit <strong>de</strong> justice », lui-même dérivé <strong>de</strong><br />
æquus, « égal » ou « impartial » (1262). Le<br />
mot désigne la juste appréciation <strong>de</strong> ce<br />
qui est dû à chacun [et] parfois employé<br />
en opposition à droit positif, à loi.<br />
Il faut l’intervention humaine pour réaliser<br />
l’équité. La justice peut être l’instrument<br />
<strong>de</strong> l’équité.<br />
REDONNER SON SENS AUX ÉCHANGES<br />
COMMERCIAUX<br />
Le commerce équitable ne correspond<br />
pas seulement à un besoin <strong>de</strong> justice et à<br />
un ajustement <strong>de</strong>s règles du commerce,<br />
il consiste à créer <strong>de</strong>s institutions capables<br />
<strong>de</strong> discipliner le marché mondial sur<br />
les plans social et environnemental. Il<br />
offre un moyen privilégié <strong>de</strong> redonner<br />
aux échanges économiques leur caractère<br />
avant tout social 3 .<br />
DESTINS LIÉS<br />
Face à une mondialisation dictée par les pays les plus forts sur le plan économique,<br />
les pays du Sud n’ont d’autre choix que <strong>de</strong> se battre pour l’adoption d’un<br />
commerce plus équitable. Selon Paul R. Krugman 2 , professeur d’économie à<br />
l’Université Stanford aux États-Unis, si l’Occi<strong>de</strong>nt persiste à élever <strong>de</strong>s barrières<br />
à l’importation en croyant protéger le niveau <strong>de</strong> vie du mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal, il<br />
détruit en fait les prémisses d’un développement économique largement réparti<br />
et l’espoir d’un niveau <strong>de</strong> vie décent pour <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> millions d’êtres<br />
humains. Dans un mon<strong>de</strong> interdépendant, l’effondrement du Sud, où vit 80 % <strong>de</strong><br />
la population du globe, ne saurait être sans inci<strong>de</strong>nces sur le Nord.
UNE TOILE SE TISSE : LES ORGANISATIONS<br />
DE COMMERCE ÉQUITABLE (OCÉ) fiche 38<br />
Une première organisation <strong>de</strong><br />
commerce équitable, SOS, voit<br />
le jour aux Pays-Bas en 1967. En<br />
1973, l’organisation (rebaptisée<br />
Fairtra<strong>de</strong> Organisatie) démarre<br />
autour du café un premier projet<br />
<strong>de</strong> commercialisation équitable<br />
avec une coopérative du<br />
Guatemala qui contribue à<br />
l’élaboration <strong>de</strong>s principes du<br />
commerce équitable. Sous l’influence<br />
<strong>de</strong> Fairtra<strong>de</strong> Organisatie,<br />
d’autres mouvements sont mis<br />
sur pied (les Magasins du<br />
Mon<strong>de</strong>-<strong>Oxfam</strong> en Belgique et<br />
les Artisans du Mon<strong>de</strong> en<br />
France, en 1976). Aujourd’hui, la<br />
Fédération internationale pour<br />
le commerce équitable (IFAT),<br />
créée en 1989, regroupe une<br />
centaine d'organisations <strong>de</strong><br />
commerce équitable (OCÉ) 1 .<br />
Dans le mon<strong>de</strong> entier, on évalue à<br />
environ 500 000 le nombre d’associations<br />
civiles nées d’un besoin<br />
d’équité. Ces petites entreprises<br />
locales illustrent le réveil <strong>de</strong>s solidarités<br />
que le commerce équitable<br />
alimente. Ce <strong>de</strong>mi-million <strong>de</strong> regroupements<br />
s’oppose à un système<br />
mondial dont la finalité<br />
serait, à la limite, un mon<strong>de</strong> dirigé<br />
par un unique prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> compagnie.<br />
Les OCÉ jouent le rôle d’intermédiaire<br />
modèle entre les<br />
regroupements <strong>de</strong> producteurs<br />
et les importateurs qui se familiarisent<br />
avec ce nouveau type<br />
<strong>de</strong> commerce. Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
ONG, elles appuient les communautés<br />
paysannes en leur ouvrant<br />
les nouveaux marchés qui<br />
se développent partout sur la<br />
planète. Leur objectif commun<br />
est <strong>de</strong> mettre un frein à l’exploitation<br />
humaine, sociale et<br />
environnementale <strong>de</strong>s pays du<br />
Sud, en plus <strong>de</strong> soutenir directement<br />
le développement durable<br />
<strong>de</strong> familles qui s’organisent<br />
pour améliorer leur situation 2 .<br />
Coopérative<br />
guatémaltèque 1973 3<br />
LES PRINCIPES DU COMMERCE<br />
ÉQUITABLE4 • Commerce direct : Les organisations<br />
<strong>de</strong> commerce équitable (OCÉ) achètent<br />
directement <strong>de</strong>s coopératives <strong>de</strong><br />
petits producteurs gérées démocratiquement<br />
et inscrites au Registre<br />
international <strong>de</strong>s OCÉ.<br />
• Gestion démocratique : Les groupes<br />
<strong>de</strong> producteurs déterminent démocratiquement<br />
l’utilisation <strong>de</strong>s bénéfices<br />
obtenus et tous les travailleurs<br />
participent à la gestion <strong>de</strong> leur organisation.<br />
• Un prix juste : Les OCÉ paient un prix<br />
qui tient compte <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production<br />
et <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s producteurs,<br />
ce qui leur permet d’investir dans le<br />
développement durable <strong>de</strong> leur communauté<br />
tout en tenant compte <strong>de</strong>s<br />
conditions <strong>de</strong>s marchés du Nord.<br />
• Crédit : À la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s coopératives,<br />
les OCÉ paient à l’avance une<br />
partie <strong>de</strong>s achats aux producteurs,<br />
leur évitant <strong>de</strong> tomber dans les griffes<br />
<strong>de</strong>s usuriers. Elles accor<strong>de</strong>nt, lorsque<br />
c’est nécessaire, <strong>de</strong>s prêts à <strong>de</strong>s taux<br />
avantageux.<br />
• Engagement à long terme : Les coopératives<br />
peuvent compter sur les OCÉ<br />
pour acheter leurs produits <strong>de</strong> façon<br />
régulière, ce qui permet aux producteurs<br />
<strong>de</strong> mieux planifier leurs récoltes.<br />
• Éducation : Les OCÉ doivent être gérées<br />
<strong>de</strong> manière transparente. Elles<br />
s’engagent à éduquer et à sensibiliser<br />
les consommateurs aux enjeux du<br />
commerce international.<br />
• Protection <strong>de</strong> l’environnement et développement<br />
social : on encourage les<br />
producteurs à pratiquer une agriculture<br />
durable et biologique et à<br />
réinvestir les profits dans le développement<br />
<strong>de</strong> projets communautaires,<br />
comme la construction d’une école,<br />
l’achat d’équipement médical, le développement<br />
<strong>de</strong> routes et <strong>de</strong> transport,<br />
etc.<br />
Consommons équitable
Consommons équitable<br />
fiche 39<br />
En 1988, un premier organisme<br />
<strong>de</strong> certification international voit<br />
le jour : Max Havelaar aux Pays-<br />
Bas. Son initiative a l’avantage<br />
d’ajouter la crédibilité recherchée<br />
par le consommateur à<br />
l’égard <strong>de</strong> ces nouveaux produits<br />
qualifiés d’équitables.<br />
D’autres organismes semblables<br />
voient bientôt le jour, comme<br />
TransFair en Allemagne (1993),<br />
Fairtra<strong>de</strong> en Gran<strong>de</strong>-Bretagne<br />
(1994), Rättvisemärk en Suè<strong>de</strong><br />
(1997) ainsi que TransFair Canada<br />
(1997). Ces organismes <strong>de</strong> certification<br />
(OC) accor<strong>de</strong>nt, dans<br />
leurs pays respectifs, <strong>de</strong>s sceaux<br />
<strong>de</strong> certification aux produits qui<br />
répon<strong>de</strong>nt aux normes du commerce<br />
équitable. Depuis 1997, ils<br />
se regroupent sous la bannière<br />
FLO-International (Fairtra<strong>de</strong><br />
Labelling Organizations).<br />
DES MAINS SE TENDENT : LES ORGANISMES DE<br />
CERTIFICATION (OC)<br />
ORGANISMES DE CERTIFICATION ET PAYS ASSOCIÉS<br />
MAX HAVELAAR : Pays-Bas, Belgique, Suisse, France,<br />
Danemark, Norvège<br />
FAIRTRADE : Gran<strong>de</strong>-Bretagne, Irlan<strong>de</strong><br />
TRANSFAIR : Autriche, Canada, Allemagne, Italie,<br />
États-Unis, Japon, Luxembourg<br />
RÄTTVISETMÄRK : Suè<strong>de</strong><br />
REILUN KAUPAN EDISTÄMISYHDISTYS RY : Finlan<strong>de</strong><br />
L'organisation FairTra<strong>de</strong><br />
Labelling Organizations<br />
International (FLO) supervise les<br />
activités <strong>de</strong> 17 organismes satellites,<br />
répartis dans divers pays.<br />
Ces organismes certifient que<br />
les produits qui portent leur<br />
sceau respectent les principes<br />
du commerce équitable (Fiche<br />
38). Ils ont également la responsabilité<br />
<strong>de</strong> faire connaître le<br />
commerce équitable dans leur<br />
pays et déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s produits<br />
qui feront l'objet d'échanges<br />
équitables et du moment où ils<br />
seront mis à la disposition <strong>de</strong>s<br />
consommateurs et <strong>de</strong>s entreprises.<br />
L'objectif <strong>de</strong> la FLO est<br />
d'ouvrir le marché aux producteurs<br />
<strong>de</strong>s pays du Sud exploités<br />
selon les règles actuelles du<br />
commerce mondial et <strong>de</strong> leur<br />
permettre <strong>de</strong> réaliser un profit<br />
décent sur les produits qu'ils<br />
offrent.<br />
ENVOLÉ COMME DES PETITS PAINS<br />
CHAUDS<br />
Depuis qu’une certification témoigne du<br />
respect <strong>de</strong> critères propres au commerce<br />
équitable, la vente <strong>de</strong> café équitable<br />
a décuplé en Europe.<br />
CONDITIONS D’ADMISSION :<br />
LE MODÈLE COOPÉRATIF<br />
Pour adhérer au réseau, les coopératives<br />
<strong>de</strong> producteurs doivent :<br />
• avoir une production familiale<br />
indépendante d’une main-d’œuvre<br />
extérieure ;<br />
• respecter les principes <strong>de</strong> transparence<br />
et <strong>de</strong> gestion démocratique ;<br />
• être ouvertes à <strong>de</strong> nouveaux membres,<br />
sans discrimination ;<br />
• n’avoir aucune dépendance à l’égard<br />
d’un parti politique ou d’un groupe<br />
financier ;<br />
• avoir une production durable, c’est-àdire<br />
diversifiée et sans produits <strong>de</strong><br />
synthèse ;<br />
• contribuer au développement social<br />
<strong>de</strong> ses membres (santé, éducation,<br />
habitat, eau, hygiène, etc.) et améliorer<br />
la qualité <strong>de</strong> son produit.<br />
Est-il possible <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s relations commerciales plus<br />
justes entre les pays du Nord et du Sud ? Depuis quelques<br />
années, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong>s économistes défen<strong>de</strong>nt<br />
une autre façon d’envisager le commerce international 1 .<br />
MAX HAVELAAR<br />
C’est le nom du héros d’un roman écrit au XIX e siècle par un<br />
fonctionnaire néerlandais révolté par le système colonial <strong>de</strong><br />
son pays dans les plantations <strong>de</strong> café aux Philippines.
UN COMMERCE PLUS DIRECT QUI PROFITE<br />
À TOUS fiche 40<br />
Les petits producteurs sont les<br />
principales victimes <strong>de</strong> la chute<br />
<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s matières premières.<br />
Ces baisses se traduisent<br />
rarement par une diminution du<br />
prix <strong>de</strong> vente aux consommateurs.<br />
Elles avantagent plutôt<br />
le vaste réseau <strong>de</strong>s intermédiaires,<br />
laissant aux producteurs<br />
souvent moins que ce qu’il faut<br />
pour couvrir leurs frais <strong>de</strong> production.<br />
Dans certains cas,<br />
comme dans celui du coton<br />
dont le cours a chuté <strong>de</strong> 25 %<br />
<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 1990<br />
ou celui du cacao qui ne cesse<br />
<strong>de</strong> décliner 1 , le consommateur<br />
se tourne même vers <strong>de</strong>s produits<br />
<strong>de</strong> substitution, ce qui<br />
entraîne une chute encore plus<br />
prononcée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />
Le commerce équitable apparaît<br />
ici comme un baume sur tous<br />
ces maux. Le principe du commerce<br />
équitable est relativement<br />
simple : créer le lien le<br />
plus direct possible entre les<br />
petits producteurs et les consommateurs<br />
du Nord. Compte<br />
tenu <strong>de</strong> la mainmise qu’exercent<br />
les gran<strong>de</strong>s entreprises sur les<br />
ressources du mon<strong>de</strong>, le<br />
développement du commerce<br />
équitable repose beaucoup sur<br />
la participation volontaire <strong>de</strong>s<br />
consommateurs. Ils sont en<br />
quelque sorte le carburant<br />
indispensable à la machine.<br />
Les consommateurs, en manifestant<br />
leurs p<strong>référence</strong>s en<br />
matière d’achat, créent une<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour les produits<br />
équitables. Les producteurs et<br />
les commerçants intéressés par<br />
cette démarche répon<strong>de</strong>nt à la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> en offrant <strong>de</strong>s produits<br />
qui satisfont aux conditions<br />
requises par la certification<br />
équitable. Entre le producteur et<br />
le consommateur, les organisations<br />
<strong>de</strong> commerce équitable<br />
(OCÉ) assurent le déroulement<br />
équitable du processus.<br />
En achetant « équitable », le<br />
consommateur bénéficie <strong>de</strong><br />
produits qui obéissent aux<br />
impératifs sociaux et environnementaux<br />
<strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> commerce.<br />
Par son geste <strong>de</strong> consommation,<br />
il permet au petit<br />
producteur <strong>de</strong> préserver et<br />
d’améliorer substantiellement<br />
son environnement, sa santé, les<br />
conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> sa famille<br />
et <strong>de</strong> tout son milieu.<br />
LES ACTEURS DE LA CHAÎNE DU COM-<br />
MERCE ÉQUITABLE<br />
Le producteur transporte son produit…<br />
⇓<br />
à la coopérative qui vend…<br />
⇓<br />
à L’OCÉ qui le distribue…<br />
⇓<br />
aux magasins qui le ven<strong>de</strong>nt…<br />
⇓<br />
aux consommateurs…<br />
De cette chaîne sont éliminés les<br />
intermédiaires inutiles comme :<br />
• le grand propriétaire terrien ;<br />
• le grossiste ;<br />
• le courtier ;<br />
• le spéculateur ou broker (Fiche 43).<br />
DES COMPÉTENCES À COMMUNIQUER<br />
Des membres <strong>de</strong> l’OCÉ, acheteurs <strong>de</strong> produits<br />
équitables, voyagent dans le mon<strong>de</strong><br />
entier pour conseiller, former et soutenir<br />
les producteurs. Ils sont fréquemment<br />
accompagnés par <strong>de</strong>s experts, <strong>de</strong> p<strong>référence</strong><br />
<strong>de</strong> la région même, mais aussi <strong>de</strong><br />
l’extérieur. Par exemple, un spécialiste du<br />
jouet hollandais, sensibilisé par l’OCÉ<br />
Fairtra<strong>de</strong> Organisatie, informe les artisans<br />
du tiers-mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s tendances nouvelles<br />
au Nord et <strong>de</strong>s standards qui s’appliquent<br />
aux jouets vendus sur ce<br />
marché. Les OCÉ donnent aussi <strong>de</strong>s conseils<br />
d’ordre commercial et ai<strong>de</strong>nt à<br />
améliorer les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production.<br />
SAVIEZ-VOUS QUE…<br />
En ce début <strong>de</strong> millénaire, plus <strong>de</strong><br />
cinq millions <strong>de</strong> petits producteurs et<br />
d’artisans bénéficient du commerce<br />
équitable ? À titre d’exemple, on recense<br />
25 millions <strong>de</strong> producteurs <strong>de</strong> café dans le<br />
mon<strong>de</strong> à l’heure actuelle (Fiche 43).<br />
Consommons équitable
Consommons équitable<br />
fiche 41<br />
Les conditions d’établissement<br />
du commerce équitable au Sud<br />
sont difficiles, parfois épiques.<br />
L’intimidation par les intermédiaires,<br />
les communications<br />
déficientes, les créances qui<br />
s’accumulent et même le milieu<br />
naturel nuisent souvent aux<br />
rapports naissants entre le petit<br />
producteur et la coopérative.<br />
Autant d’embûches à surmonter.<br />
Et pourtant, il y arrive ce Sud…<br />
LE SUD ÉQUITABLE<br />
LA CERTIFICATION<br />
BIOLOGIQUE 2<br />
La certification équitable est<br />
payée par le torréfacteur ou<br />
l’importateur, mais la certification<br />
biologique, elle, est aux frais du<br />
producteur. Et elle coûte cher. Si<br />
bien qu’une coopérative comme<br />
Manos Campesinas (Guatemala),<br />
par exemple, produit du café non<br />
certifié biologique mais cultivé<br />
<strong>de</strong> façon tout à fait naturelle.<br />
UNE COOPÉRATIVE EN EXEMPLE 1<br />
Dans la province d’Oaxaca au Mexique, l’Union <strong>de</strong> Comunida<strong>de</strong>s Indigenas<br />
<strong>de</strong> la Region <strong>de</strong>l Istmo (UCIRI) est un exemple remarquable issu du<br />
commerce équitable. Fondée en 1983, elle est une pionnière dans le<br />
domaine. Cette coopérative rallie plus <strong>de</strong> 2 000 familles autochtones d’une<br />
cinquantaine <strong>de</strong> villages. Chaque famille <strong>de</strong> producteurs possè<strong>de</strong> son propre<br />
représentant au sein <strong>de</strong> la coopérative. Les membres <strong>de</strong> l’UCIRI bénéficient<br />
d’une école d’agriculture biologique où l’on enseigne <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> culture qui préservent les écosystèmes. C’est la seule école secondaire<br />
<strong>de</strong> toute la région. De plus, l’UCIRI a mis sur pied un centre <strong>de</strong> santé<br />
pour veiller à la formation et au soutien <strong>de</strong>s intervenants dans chaque village.<br />
Ceux-ci font surtout <strong>de</strong> la prévention en matière d’alimentation et<br />
d’hygiène. Ils valorisent également l’utilisation <strong>de</strong> plantes médicinales<br />
locales. Non sans se heurter à <strong>de</strong>s embûches <strong>de</strong> taille, l’UCIRI a réussi à<br />
contourner le monopole <strong>de</strong>s coyotes (élites locales agissant comme intermédiaires)<br />
en mettant sur pied son propre système <strong>de</strong> transport collectif.<br />
AUTRES COOPÉRATIVES DU MONDE<br />
ÉQUITABLE :<br />
• Coo Cafe, au Costa Rica3 • Ecooconic Empresa Cooperativa <strong>de</strong><br />
Café Organico, au Nicaragua<br />
• KCU, La Kagera Cooperative Union<br />
Ltd, en Tanzanie, plus <strong>de</strong> 30 000 membres<br />
• L’Asobagri et Manos Campesinas,<br />
<strong>de</strong>ux coopératives du Guatemala2 .<br />
L’UCIRI est parvenue à inspirer la formation<br />
<strong>de</strong> plusieurs autres organisations du<br />
genre au Chiapas, au Costa Rica, au Pérou,<br />
en Colombie et ailleurs dans le mon<strong>de</strong>.<br />
Toutes ces coopératives se fortifient<br />
parce que <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> consommateurs<br />
choisissent d’acheter leurs produits<br />
et <strong>de</strong> soutenir ainsi les efforts <strong>de</strong><br />
milliers <strong>de</strong> familles paysannes 1 .<br />
TÉMOIGNAGE<br />
Nous avons ensuite tenté <strong>de</strong> comprendre<br />
ce qu'ils [les producteurs <strong>de</strong> café<br />
guatémaltèques] connaissaient <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>s Nord-<br />
Américains et du pouvoir <strong>de</strong>s consommateurs<br />
sur les gran<strong>de</strong>s entreprises qui<br />
transforment et distribuent les produits.<br />
Ils ont réagi avec stupéfaction en constatant<br />
à quel point on négligeait leur rôle<br />
primordial comme travailleurs du secteur<br />
primaire d'une industrie qui génère <strong>de</strong>s<br />
milliards <strong>de</strong> dollars et en réalisant <strong>de</strong><br />
quelle manière on les excluait du processus<br />
commercial complexe qui existe<br />
grâce à leur force <strong>de</strong> travail.<br />
Fannie Deslauriers<br />
Groupe <strong>de</strong> travail au Guatemala<br />
Comité agricole <strong>de</strong> Yulmacap, Asobagri<br />
Guatemala 2
LE NORD ÉQUITABLE<br />
Actuellement, le commerce<br />
équitable est en pleine expansion.<br />
En Europe seulement, on<br />
dénombre plus <strong>de</strong> 2 500<br />
Magasins du Mon<strong>de</strong> qui<br />
emploient 50 000 bénévoles.<br />
Dans les pays du Sud, on estime<br />
que ce commerce concerne<br />
550 groupements <strong>de</strong> producteurs<br />
répartis dans 44 pays, soit<br />
800 000 travailleurs qui font vivre<br />
cinq millions <strong>de</strong> personnes. Bien<br />
que ce marché reste très minoritaire,<br />
il ouvre cependant <strong>de</strong>s<br />
brèches dans les pratiques commerciales<br />
traditionnelles entre<br />
pays du Nord et pays du Sud<br />
et démontre que d'autres pratiques<br />
peuvent exister pour<br />
plus <strong>de</strong> justice.<br />
Aux Pays-Bas, berceau du commerce<br />
alternatif, les produits<br />
équitables sont aujourd’hui<br />
accessibles dans 90 % <strong>de</strong>s<br />
gran<strong>de</strong>s surfaces et sont connus<br />
par 80 % <strong>de</strong> la population. La<br />
part du marché du commerce<br />
équitable y représente 2,5 %<br />
pour le café et 7 % pour les<br />
bananes. En Suisse, on dénombre<br />
plus <strong>de</strong> 7 000 points <strong>de</strong><br />
vente, 212 Magasins du Mon<strong>de</strong><br />
et <strong>de</strong>s produits équitables vendus<br />
par 85 % <strong>de</strong>s épiceries : 13 %<br />
<strong>de</strong>s bananes et 7 % du café sont<br />
vendus sur le marché équitable.<br />
En France, une étu<strong>de</strong> récente<br />
(1999) démontre que 96 % <strong>de</strong>s<br />
Français sont prêts à se comporter<br />
en consommateurs<br />
responsables et à privilégier <strong>de</strong>s<br />
produits équitables <strong>de</strong> bonne<br />
qualité même s’ils sont légèrement<br />
plus chers. En fait, toute<br />
l’Europe se met au commerce<br />
équitable.<br />
Au Canada, avant 1999, la principale<br />
organisation <strong>de</strong> commerce<br />
équitable (OCÉ) est Bridgehead.<br />
Cette OCÉ offre divers produits,<br />
dont le café. Depuis 2000,<br />
<strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong> s’engage activement<br />
dans la commercialisation<br />
du café équitable ainsi que dans<br />
l’information et la sensibilisation<br />
du public québécois aux réalités<br />
<strong>de</strong>s petits producteurs du Sud.<br />
On trouve au <strong>Québec</strong> 27 entreprises<br />
d’importation ou <strong>de</strong><br />
torréfaction reconnues par<br />
l’organisation <strong>de</strong> certification<br />
canadienne TransFair et plus <strong>de</strong><br />
400 détaillants distributeurs.<br />
fiche 42<br />
LES MAGASINS DU MONDE1 <strong>Oxfam</strong> International chapeaute les<br />
Magasins du Mon<strong>de</strong> en Europe. Engagés<br />
dans les écoles, sur la rue, dans les grands<br />
espaces publics, ses artisans talonnent les<br />
compagnies et les gouvernements pour<br />
qu’ils changent leurs habitu<strong>de</strong>s commerciales.<br />
En 1997, ils lançaient la campagne «<br />
Vêtements propres » afin <strong>de</strong> défendre les<br />
droits <strong>de</strong>s travailleurs <strong>de</strong> l’industrie textile.<br />
En milieu scolaire, quarante Jeunes<br />
Magasins du Mon<strong>de</strong> (J’M du Mon<strong>de</strong>) sont<br />
tenus par <strong>de</strong>s adolescents, encadrés par <strong>de</strong>s<br />
enseignants qui se consacrent à l’éducation<br />
touchant les rapports Nord/Sud. Ces magasins<br />
sont à la fois <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vente dans<br />
les écoles et <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> l’information<br />
sur le commerce équitable. En<br />
1988, les J’M du Mon<strong>de</strong> ont mis sur pied<br />
une campagne dénonçant les conditions<br />
<strong>de</strong>s travailleurs qui fabriquent <strong>de</strong>s<br />
espadrilles. Autour du slogan « Défaut <strong>de</strong><br />
fabrication : retour à l’expéditeur », ils ont<br />
étalé 1 000 paires <strong>de</strong> chaussures et ont ainsi<br />
contribué à établir <strong>de</strong>s normes régulatrices<br />
dans l’industrie.<br />
L'ÉTIQUETTE « COMMERCE<br />
ÉQUITABLE 2 »<br />
Au Canada, l'étiquette suivante garantit<br />
qu’un produit est commercialisé selon<br />
les règles du commerce équitable :<br />
Cette étiquette est délivrée au Canada<br />
par l'organisme <strong>de</strong> certification TransFair<br />
Canada basé à Ottawa, <strong>de</strong>puis 1996. Le<br />
premier sceau a été apposé en 1997.<br />
Consommons équitable
Consommons équitable<br />
fiche 43<br />
La route du café est un long fil<br />
qui relie le producteur et le consommateur.<br />
Les intermédiaires<br />
sont présents à chaque étape <strong>de</strong><br />
la production, <strong>de</strong> la transformation<br />
et <strong>de</strong> la distribution.<br />
De l’arbuste à la tasse, le café est<br />
souvent revendu plus <strong>de</strong> dix<br />
fois.<br />
De ces intermédiaires, les élites<br />
locales, appelées « coyotes » au<br />
Mexique (et, par extension, dans<br />
toute l’Amérique latine), exercent<br />
leur mainmise sur les petits<br />
producteurs. Elles achètent la<br />
récolte dans l’arbre au prix le<br />
plus bas possible. Une série <strong>de</strong><br />
coyotes font transiger le café<br />
jusqu’aux « brokers » <strong>de</strong> l’exportation,<br />
puis sur les marchés<br />
SUR LA ROUTE DU CAFÉ CONVENTIONNEL<br />
boursiers <strong>de</strong> New York et <strong>de</strong><br />
Londres. De là, importateurs,<br />
torréfacteurs et distributeurs<br />
l’acheminent chez les commerçants.<br />
Aux <strong>de</strong>ux bouts <strong>de</strong> la<br />
chaîne, les trois supracoyotes<br />
fixent les prix (Nestlé, Philip<br />
Morris et Sara Lee). Même les<br />
engrais visant à stimuler la production<br />
sont vendus aux producteurs<br />
par <strong>de</strong>s filiales <strong>de</strong> ces<br />
magnats du café. Entre les 10 $ à<br />
30 $ le kilo que paie le consommateur<br />
pour le café qu’il achète<br />
en épicerie et le maigre 0,62 $ à<br />
1,52 $ que reçoit le producteur,<br />
bien <strong>de</strong>s coyotes se seront graissé<br />
la patte !<br />
DU PRODUCTEUR…<br />
Les fruits du café mûrissent <strong>de</strong> novembre<br />
à février. Ils sont prélevés un à un. La<br />
récolte est amenée au moulin en fin <strong>de</strong><br />
journée pour qu’on en retire les grains<br />
verts qui fermenteront au cours <strong>de</strong> la<br />
nuit. Le len<strong>de</strong>main, ils sont lavés puis<br />
étendus au soleil pour sécher. Au bout<br />
<strong>de</strong> 4 à 5 jours, on les transporte à la<br />
coopérative, on les trie et on les met en<br />
sacs. La récolte <strong>de</strong> 40 kilos <strong>de</strong> café engendre<br />
une recette d’environ 3,00 $ pour le<br />
cueilleur guatémaltèque. Il y a 25 millions<br />
<strong>de</strong> producteurs <strong>de</strong> café répartis<br />
dans plus <strong>de</strong> 70 pays.<br />
Le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda retirent<br />
80 % <strong>de</strong> leur revenu d’exportation<br />
<strong>de</strong> la vente du café. Au total, les producteurs<br />
fournissent à peu près l’équivalent<br />
d’un <strong>de</strong>mi-kilo <strong>de</strong> café par personne, par<br />
année, pour chaque habitant <strong>de</strong> la<br />
planète !<br />
… AU CONSOMMATEUR<br />
Les Nord-Américains consomment 40 %<br />
<strong>de</strong> la production mondiale <strong>de</strong> café. En<br />
1988, 1 200 bistrots se spécialisaient dans<br />
le café en 1997, ils étaient plus <strong>de</strong> 10 000,<br />
sans compter tous les bureaux, les salles<br />
d’attente, les bureaux, les restaurants où<br />
l’on en sert.<br />
Le café représente, en 2001, 18 % <strong>de</strong> la<br />
consommation générale <strong>de</strong> boissons au<br />
Canada, où l’on consomme 15 milliards<br />
<strong>de</strong> tasses <strong>de</strong> café par année. Chaque<br />
Canadien dépense environ 500 dollars<br />
en café dans une année. Au <strong>Québec</strong>,<br />
52,7 % <strong>de</strong> la population sont <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes<br />
du café.<br />
LA PROLIFÉRATION DU CAFÉ<br />
Bien que 70 % <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> café ait lieu à la maison, les consommateurs aiment déguster leur café au lait, expresso,<br />
allongé ou cappuccino dans les établissements spécialisés qui prolifèrent un peu partout au pays. Ces petits cafés sont pour la<br />
plupart <strong>de</strong>s franchises (appartenant à <strong>de</strong>s chaînes), les cafés indépendants étant une minorité. La chaîne Second Cup, dont le<br />
siège social est à Toronto, détient plus <strong>de</strong> 350 filiales dans tout le Canada et A.L. Van Houtte possè<strong>de</strong> un réseau <strong>de</strong> 110 cafésbistrots<br />
au <strong>Québec</strong> et en Ontario.<br />
1
SUR LA ROUTE DU CAFÉ ÉQUITABLE<br />
La route du commerce équitable<br />
relie le plus directement possible<br />
le consommateur et les<br />
familles paysannes qui en font la<br />
culture. Ainsi, le commerce<br />
équitable élimine <strong>de</strong> la chaîne<br />
tous les coyotes qui exploitent<br />
les paysans entre les lieux <strong>de</strong><br />
production et les importateurs.<br />
Organisées localement selon un<br />
modèle <strong>de</strong> gestion démocratique,<br />
les coopératives<br />
paysannes prennent en main la<br />
production du café, <strong>de</strong> la récolte<br />
à l’exportation, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
organisations <strong>de</strong> commerce<br />
équitable (OCÉ) et redistribuent<br />
entre elles les profits.<br />
Le café est acheté aux coopératives<br />
inscrites au registre <strong>de</strong> l’organisation<br />
FairTra<strong>de</strong> Labelling<br />
Organizations (FLO) avec <strong>de</strong>s<br />
photo : Éric Saint-Pierre 4<br />
ententes sur les volumes, la<br />
qualité, les prix et le calendrier<br />
d’expédition. Le prix est garanti<br />
avec une prime pour la certification<br />
biologique si le produit se<br />
qualifie. Le crédit peut atteindre<br />
60 % <strong>de</strong> la valeur du contrat avec<br />
un taux d’intérêt égal ou<br />
inférieur aux taux courants.<br />
Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> plusieurs centaines<br />
d’OCÉ, la notion <strong>de</strong> commerce<br />
équitable a fait son<br />
chemin dans plus <strong>de</strong> 340<br />
coopératives <strong>de</strong> 18 pays du Sud<br />
et dans les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation<br />
du Nord.<br />
Actuellement, 35 000 supermarchés<br />
européens offrent 130<br />
marques <strong>de</strong> café équitable. Au<br />
<strong>Québec</strong>, le café équitable<br />
<strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus accessible<br />
dans les épiceries et dans les<br />
supermarchés.<br />
DU CAFÉ ÉQUITABLE AU QUÉBEC<br />
TransFair Canada est l’organisme chargé <strong>de</strong> contrôler l’origine<br />
du café et <strong>de</strong> le certifier équitable.<br />
Au <strong>Québec</strong>, <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong> et <strong>de</strong> nombreuses brûleries<br />
et cafés-restos distribuent* le café équitable dans plus <strong>de</strong><br />
400 points <strong>de</strong> vente disséminés sur le territoire. Plusieurs<br />
institutions et entreprises ont le goût équitable comme<br />
l’Assemblée nationale, le Cirque du Soleil. Même les<br />
gran<strong>de</strong>s surfaces s’y mettent.<br />
* Consultez la liste <strong>de</strong>s torréfacteurs et distributeurs <strong>de</strong> café équitable<br />
au <strong>Québec</strong>, disponible sur le site Internet d’Équiterre<br />
http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/in<strong>de</strong>x.html<br />
fiche 44<br />
UNE MONTÉE EN FLÈCHE<br />
Depuis l’apparition du café équitable sur<br />
les rayons canadiens, le volume <strong>de</strong>s<br />
ventes est passé <strong>de</strong> 10 000 à 100 000 kilos<br />
par an en 1999 1 . L’objectif est <strong>de</strong> 200 000<br />
pour 2001–2002 2 .<br />
En Suisse, le café équitable est distribué<br />
dans les gran<strong>de</strong>s chaînes (Migros, Coop)<br />
qui offrent <strong>de</strong>s rayons entiers <strong>de</strong> produits<br />
équitables (café, bananes, jus<br />
d’orange, sucre, etc.).<br />
DES AVANTAGES POUR LES PETITS PRO-<br />
DUCTEURS<br />
Le commerce équitable permet aux producteurs<br />
d’être plus indépendants <strong>de</strong>s<br />
intermédiaires et <strong>de</strong>s marchés fluctuants.<br />
Ils obtiennent un prix plancher<br />
<strong>de</strong> 2,78 $ le kilo <strong>de</strong> café et sont assurés<br />
<strong>de</strong> toucher 0,11 $ le kilo <strong>de</strong> plus que le<br />
prix établi par le marché mondial. Les<br />
paysans utilisent ces bénéfices pour<br />
améliorer les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production,<br />
développer le transport en commun<br />
entre les villages, construire <strong>de</strong>s écoles,<br />
<strong>de</strong>s centres communautaires et <strong>de</strong>s<br />
hôpitaux.<br />
3<br />
Consommons équitable
Consommons équitable<br />
fiche 45<br />
LE COMMERCE ÉQUITABLE AUTOUR<br />
DE LA TABLE<br />
Nommer les produits équitables disponibles sur le marché<br />
reviendrait à faire une liste d’épicerie sans doute assez longue pour<br />
combler tous les besoins d’une famille normale. La plus ancienne<br />
organisation <strong>de</strong> commerce équitable, FairTra<strong>de</strong> Organisatie, aux<br />
Pays-Bas, propose par exemple quelque 2 500 produits 1 .<br />
Les produits les plus courants sont :<br />
• le café<br />
• le chocolat<br />
• le miel<br />
• les bananes<br />
• le thé<br />
• le cacao<br />
• le sucre<br />
• les oranges<br />
• le jus d ‘orange<br />
• les fruits<br />
• le riz<br />
• les noix<br />
LETTRE D’UNE VOYAGEUSE<br />
AUTOUR DU MONDE<br />
ÉQUITABLE<br />
Dans mon sac <strong>de</strong> cuir <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>,<br />
j’ai ramené un chandail sérigraphié<br />
au Zimbabwé, une chemise<br />
du Guatemala, <strong>de</strong>s conserves<br />
et <strong>de</strong> l’huile d’olive <strong>de</strong><br />
Palestine, du chocolat EQUITA du<br />
Ghana, <strong>de</strong>s mangues séchées du<br />
Burkina Faso, du jus d’ananas du<br />
Laos, du sucre <strong>de</strong> canne complet<br />
<strong>de</strong> Cuba, <strong>de</strong>s épices du Sri Lanka,<br />
du riz <strong>de</strong> Thaïlan<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s noix <strong>de</strong><br />
Bolivie et un magnifique jouet en<br />
bois peint d’Haïti.<br />
• les vêtements<br />
• les jouets<br />
• les instruments <strong>de</strong> musique<br />
• le bois d’œuvre<br />
• le vin<br />
• l’alcool<br />
• les apéritifs<br />
• les bonbons<br />
• les décorations<br />
• les bijoux<br />
• l’artisanat<br />
et bien d’autres encore…<br />
LES VÊTEMENTS<br />
Les « sweat shops » où travaillent<br />
<strong>de</strong>s enfants en bas âge et <strong>de</strong>s milliers<br />
<strong>de</strong> femmes sous-payées sont<br />
dénoncées au cours <strong>de</strong> campagnes<br />
d’information comme<br />
Ma<strong>de</strong> in Dignity, Clean Clothes<br />
(Fiche 22) De l’éthique sur l’étiquette.<br />
Ces campagnes réussissent<br />
à modifier peu à peu le co<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> conduite <strong>de</strong>s sociétés transnationales<br />
du textile. Celles-ci sont<br />
très sensibles aux comportements<br />
d’un nombre croissant <strong>de</strong><br />
consommateurs pour qui l’environnement<br />
et la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s<br />
familles productrices sont <strong>de</strong>s<br />
facteurs <strong>de</strong> décision lors d’un<br />
achat.<br />
LE CAFÉ<br />
Le café est le produit phare du commerce<br />
équitable. Second produit le plus<br />
consommé au mon<strong>de</strong>, après le pétrole,<br />
on le retrouve partout : à la maison, au<br />
bureau, au restaurant, au garage, à la cantine,<br />
dans l’avion…<br />
LE CHOCOLAT : DU MAYA « XOCALT » 2<br />
Originaire d’Amérique, le cacaoyer a été<br />
introduit en Afrique au XIX e siècle. La<br />
Côte d’Ivoire est <strong>de</strong>venue le premier<br />
producteur mondial <strong>de</strong> cacao. On<br />
exporte au Nord 80 % <strong>de</strong> la production<br />
mondiale servant à fabriquer le chocolat.<br />
Les cours du cacao sont fixés à Londres,<br />
à New York et à Paris. Au Canada, quatre<br />
sociétés dominent le marché dont Laura<br />
Secord, une filiale <strong>de</strong> Labatt.<br />
LES BANANES<br />
Un bananier ne produit qu’un seul régime<br />
portant 100 à 200 bananes qui pèse<br />
<strong>de</strong> 30 à 40 kilos. En étudiant le graphique<br />
<strong>de</strong> la Fiche 23 (Agir sur les chaînes <strong>de</strong> production),<br />
on découvre que pour chaque<br />
kilo vendu approximativement 1,15 $, à<br />
peine 0,02 $ vont au producteur-cueilleur<br />
contre 0,66 $ pour la compagnie.
LE CAFÉ : LA BATAILLE DE DAVID CONTRE<br />
GOLIATH<br />
Le café est le second produit le<br />
plus vendu au mon<strong>de</strong> après le<br />
pétrole. Depuis le début <strong>de</strong>s<br />
années 1980, le marché du café<br />
ne compte plus que quelques<br />
acteurs commerciaux (Fiche 43).<br />
Plusieurs <strong>de</strong> ces compagnies ont<br />
un chiffre d’affaires beaucoup<br />
plus élevé que le produit intérieur<br />
brut (PIB) <strong>de</strong> certains pays<br />
producteurs <strong>de</strong> café. Ce sont à<br />
ces gran<strong>de</strong>s compagnies que<br />
revient la majorité <strong>de</strong>s bénéfices.<br />
Depuis 1990, les prix du café<br />
brut se sont effondrés et sont<br />
<strong>de</strong>meurés particulièrement<br />
instables. La spéculation, accentuée<br />
par les volumes <strong>de</strong> café<br />
stockés par les compagnies, a<br />
aggravé la fluctuation <strong>de</strong>s prix et<br />
influé sur la disponibilité du<br />
café dans les années 90. Sur les<br />
marchés mondiaux, les « gol<strong>de</strong>n<br />
boys » <strong>de</strong>s bourses <strong>de</strong> Londres<br />
et <strong>de</strong> New York veillent à ce que<br />
les multinationales, les grands<br />
importateurs et les entreprises<br />
<strong>de</strong> torréfaction du Nord ne<br />
subissent pas les contrecoups<br />
d'une hausse ou d'une chute<br />
soudaine <strong>de</strong>s prix.<br />
Pendant ce temps, selon les<br />
résultats <strong>de</strong> la recherche menée<br />
par FairTra<strong>de</strong> Labelling<br />
Organizations international, produire<br />
un kilo <strong>de</strong> café coûte <strong>de</strong><br />
1,65 $ à 2,09 $ au petit producteur,<br />
tandis que <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s<br />
années 80, il ne reçoit que 0,62 $<br />
à 1,52 $ pour le café brut. Quand<br />
vous payez 10 $ un paquet <strong>de</strong><br />
café, le producteur du Burundi,<br />
par exemple, en reçoit à peine<br />
0,80 $. C’est moins que le prix<br />
d’une tasse <strong>de</strong> café que vous<br />
payez au restaurant ! Ce prix,<br />
payé au cultivateur, est loin<br />
d'être juste et constitue encore<br />
moins un gagne-pain viable. On<br />
parle d'un prix moindre que le<br />
coût <strong>de</strong> production et donc<br />
d’en<strong>de</strong>ttement.<br />
Au bout <strong>de</strong> la chaîne, une baisse<br />
du prix international du café<br />
produit rarement une baisse<br />
correspondante du prix du<br />
paquet <strong>de</strong> café vendu aux consommateurs<br />
dans les magasins<br />
<strong>de</strong> détail. Les règles <strong>de</strong> la libre<br />
concurrence, qui invitent les<br />
détaillants à vendre moins cher<br />
le café lorsqu'il y a une chute <strong>de</strong><br />
prix, ne semblent pas s'appliquer<br />
au petit nombre <strong>de</strong> multinationales<br />
qui engrangent <strong>de</strong><br />
gros bénéfices.<br />
La lutte <strong>de</strong>s paysans et <strong>de</strong>s<br />
organisations civiles pour un<br />
commerce équitable, c’est le<br />
combat <strong>de</strong> David contre Goliath.<br />
Or, David a aujourd’hui <strong>de</strong> nouvelles<br />
munitions dans sa fron<strong>de</strong>.<br />
Les choix <strong>de</strong>s consommateurs<br />
témoigneront <strong>de</strong> la solidarité<br />
grandissante qui se tisse entre<br />
le Nord et le Sud.<br />
fiche 46<br />
BIENVENUE AU CASINO 2<br />
L'instabilité du prix <strong>de</strong>s marchandises sur<br />
les marchés à terme a transformé le négoce<br />
du café en jeu <strong>de</strong> hasard dans ce qui est<br />
<strong>de</strong>venu un casino international. La possibilité<br />
<strong>de</strong> gagner (ou <strong>de</strong> perdre) beaucoup<br />
d'argent sur ces marchés incite les acheteurs<br />
et les ven<strong>de</strong>urs à spéculer. Par exemple,<br />
les spéculateurs s'enten<strong>de</strong>nt pour vendre<br />
du café qu'ils n'ont pas en main, selon<br />
une échéance fixe, dans l'espoir <strong>de</strong> faire<br />
tomber les prix pour se procurer ensuite le<br />
café et s'acquitter ainsi <strong>de</strong> leurs obligations<br />
en faisant un bénéfice.<br />
LES DANGERS DE LA RECONVERSION<br />
L’effondrement <strong>de</strong>s cours du café, au plus<br />
bas <strong>de</strong>puis 30 ans, vire à la catastrophe<br />
sociale pour les pays producteurs, ce qui<br />
incite <strong>de</strong>s petits producteurs sud-américains<br />
à se reconvertir dans la coca, rapporte le<br />
quotidien Le Soleil dans son édition du 18<br />
août 2001 3 .<br />
UNE LUMIÈRE À L’HORIZON<br />
La vente <strong>de</strong> café équitable oscille entre 300 et 500 millions <strong>de</strong> dollars par année.<br />
Malgré le peu <strong>de</strong> place qu'elle occupe sur le marché, elle influence directement le<br />
marché principal, justement parce qu’elle existe. Le café équitable gagne du terrain au<br />
Canada, obligeant les filières traditionnelles à repenser leur stratégie et à s’adapter aux<br />
nouveaux choix <strong>de</strong>s consommateurs.<br />
1<br />
Consommons équitable
Consommons équitable<br />
fiche 47<br />
IL ÉTAIT UNE FOIS…<br />
Le cacao pousse loin d’ici, mais<br />
comme il se vend bien, l’épicier<br />
du coin a décidé d’en comman<strong>de</strong>r.<br />
Ce commerçant, n’ayant pas<br />
encore entendu parler du commerce<br />
équitable, n’a que trois<br />
choix : Hershey, Mars ou Philip<br />
Morris. S’il se trouve en Europe,<br />
ÉTUDE DE CAS CHAOS<br />
il peut se tourner vers Nestlé,<br />
Cadbury-Schweppes ou Ferrero.<br />
Le commerçant se gar<strong>de</strong> 19,8 %<br />
du profit sur la vente. Les 80,2 %<br />
qui restent le concernent plus<br />
ou moins. Pourtant, s’il s’y<br />
intéressait, voici ce qu’il<br />
découvrirait…<br />
D’OÙ VIENT-IL ?<br />
Même si le cacao est originaire d’Amérique centrale, on<br />
récolte 85 % du cacao dans 7 pays : en Afrique <strong>de</strong> l’Ouest<br />
tropicale (Côte d’Ivoire, Ghana, Nigéria, Cameroun), au<br />
Brésil et en Asie du Sud-Est océanique (Malaisie,<br />
Indonésie).<br />
La fève <strong>de</strong> cacao est tirée <strong>de</strong> la cabosse, le fruit du cacaoyer,<br />
qui croît dans un milieu chaud et humi<strong>de</strong>. Après la<br />
récolte et la fermentation, la fève est séchée.<br />
DES ALTERNATIVES ?<br />
À Ottawa, La Siembra 1 (Le temps <strong>de</strong>s semences, en espagnol)<br />
vend les produits équitables Cocoa Camino. L’organisation<br />
achète directement <strong>de</strong>s producteurs du Panama,<br />
du Costa Rica et <strong>de</strong> la République dominicaine. Les<br />
familles reçoivent un salaire <strong>de</strong> 150 % à 200 % plus élevé<br />
que par la filière traditionnelle. De plus, le cacao est cultivé<br />
biologiquement, ce qui contribue à la santé <strong>de</strong> la<br />
forêt, à celle <strong>de</strong>s agriculteurs et… à la nôtre.<br />
On retrouve du cacao dans la crème glacée,<br />
le lait, les biscuits, les chocolats, etc.<br />
La Côte d’Ivoire est le premier producteur<br />
mondial <strong>de</strong> cacao avec un million<br />
<strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> fèves <strong>de</strong> cacao par année !<br />
QUI CONTRÔLE LES PRIX ?<br />
La fève séchée est prête pour l’exportation, mais ne supporte<br />
plus la chaleur. Il faut la réfrigérer. Cela exige <strong>de</strong>s<br />
capitaux énormes. La production est donc envoyée au<br />
Nord où on la stocke. Ces accumulations permettent le<br />
contrôle <strong>de</strong>s prix. En 1990, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la hausse pour le<br />
cacao aurait dû augmenter le salaire <strong>de</strong>s producteurs.<br />
Mais 1,25 million <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> surplus accumulés <strong>de</strong>puis<br />
1980 ont permis aux multinationales <strong>de</strong> ne pas payer plus<br />
cher la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la source.<br />
QUE FONT LES PAYSANS DE LEURS REVENUS<br />
ÉQUITABLES ?<br />
Les petits producteurs réinvestissent les revenus supplémentaires<br />
pour améliorer leurs conditions <strong>de</strong> vie. On<br />
achète <strong>de</strong>s médicaments, on construit <strong>de</strong>s écoles, on<br />
acquiert <strong>de</strong> l’équipement. Malgré ces efforts, il faut aussi<br />
composer avec les règles <strong>de</strong> l’OMC qui protègent les<br />
entreprises en imposant une taxe à l’exportation sur les<br />
produits transformés (9 % sur le beurre <strong>de</strong> cacao ; 11 %<br />
sur la liqueur).<br />
CABOSSES 2
POUR VOUS, BANANES ET MESSIEURS<br />
Qui va là ?<br />
En piste, quatre joueurs majeurs :<br />
United Brands (Chiquita) et<br />
Castle & Cook (Dole) <strong>de</strong>s États-<br />
Unis, Del Monte du Mexique,<br />
et Fyffes <strong>de</strong> l’Irlan<strong>de</strong>, totalisant<br />
8 milliards <strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> revenus,<br />
50 000 000 <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> bananes<br />
et contrôlant 64 % du marché<br />
mondial <strong>de</strong> la banane.<br />
La stratégie : faire chuter le prix<br />
<strong>de</strong> la banane pour accroître la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui stagne.<br />
Le moyen : possé<strong>de</strong>r la plantation,<br />
contrôler le transport par<br />
cargo, stocker les surplus en<br />
entrepôts, assurer la distribution<br />
commerciale.<br />
Le pouvoir : inciter les gouvernements<br />
à modifier les lois pour<br />
diminuer les droits <strong>de</strong> douane,<br />
justifier la réduction <strong>de</strong>s salaires<br />
et l’augmentation <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong><br />
travail.<br />
CONDITIONS SOCIALES<br />
On signale que 16 000 anciens ouvriers<br />
agricoles <strong>de</strong> 11 pays ont entamé <strong>de</strong>s<br />
poursuites contre les compagnies Dole,<br />
Chiquita ainsi que les sociétés pétrochimiques<br />
Dow, Shell et Occi<strong>de</strong>ntal. Au<br />
cœur du litige : le nématici<strong>de</strong> Nemagon<br />
(DBCP), un pestici<strong>de</strong> utilisé dans les<br />
bananeraies qui entraînerait stérilité,<br />
malformations à la naissance, problèmes<br />
aux reins et au foie (Décembre 2000) 1 .<br />
fiche 48<br />
L'AVENIR DE LA BANANE EST<br />
EN JEU !<br />
L'Europe est le premier débouché<br />
mondial pour la banane. L'importance<br />
du marché européen pour ce<br />
produit et les revenus qu’il génère<br />
expliquent la bataille que se livrent<br />
l'Union Européenne d’un côté, soutenue<br />
par les producteurs d’Afrique,<br />
<strong>de</strong>s Caraïbes et du Pacifique, et <strong>de</strong><br />
l'autre les États-Unis et certains pays<br />
d'Amérique latine, avec l'appui <strong>de</strong>s<br />
multinationales 2 .<br />
Aux Pays-Bas, l’OCÉ AgroFair propose la banane OKÉ. Elle vient du Ghana et <strong>de</strong><br />
l’Équateur. Elle a la particularité d’être cultivée biologiquement et donc sans contact<br />
avec les pestici<strong>de</strong>s industriels. De plus, avec les salaires qui sont <strong>de</strong> 40 % à<br />
80 % plus élevés pour les producteurs, avec le concours <strong>de</strong> cette organisation, les<br />
retombées sont excellentes pour les paysans. Le marché <strong>de</strong> la banane équitable<br />
aux Pays-Bas a bondi <strong>de</strong> 10 % en 1996 grâce à la couverture médiatique d’envergure<br />
qui a accompagné l’arrivée <strong>de</strong> la première cargaison <strong>de</strong> bananes OKÉ au<br />
port <strong>de</strong> Rotterdam. Des fonctionnaires, <strong>de</strong>s membres d’ONG et d’OCÉ<br />
attendaient l’événement sur les quais. Aujourd’hui, la banane équitable est consommée<br />
dans au moins dix pays européens. Le prix ? C’est le même. La différence<br />
? La santé et la dignité d’un salaire décent plutôt que les 0,30 $ accordés<br />
par les multinationales pour 18,4 kilos <strong>de</strong> bananes. Quand on sait qu’un Canadien<br />
mange en moyenne 13 kilos <strong>de</strong> bananes par année, on saisit mieux le gouffre <strong>de</strong>s<br />
iniquités du commerce traditionnel. Enfin, la banane, qui est le fruit le plus consommé<br />
au mon<strong>de</strong>, fait vivre 4 000 000 <strong>de</strong> familles sur la planète 2 .<br />
Au Canada, il y a une organisation basée à Vancouver du nom <strong>de</strong> FairFruit 3 . Elle<br />
cherche à promouvoir le commerce <strong>de</strong>s fruits équitables et à introduire la<br />
banane équitable sur nos comptoirs.<br />
RÉGIME DE BANANE 4<br />
Consommons équitable
En guise <strong>de</strong> conclusion<br />
fiche 49<br />
Il existe au <strong>Québec</strong> <strong>de</strong> nombreuses<br />
organisations qui luttent<br />
en faveur d’une économie<br />
respectueuse <strong>de</strong>s droits humains<br />
et <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong>s<br />
divers milieux. Elles cherchent<br />
toutes à offrir une solution <strong>de</strong><br />
rechange aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation<br />
actuels en informant la<br />
population, en appuyant les plus<br />
démunis et en offrant <strong>de</strong>s produits<br />
et <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> qualité<br />
aux meilleurs coûts économiques,<br />
écologiques et sociaux.<br />
Quatre principaux types d’intervenants<br />
peuvent vous appuyer<br />
dans votre quête d’une consommation<br />
responsable.<br />
DES RESSOURCES POUR CHANGER LE MONDE<br />
LES GROUPES DE COOPÉRATION<br />
INTERNATIONALE<br />
Regroupés au sein <strong>de</strong> l’Association<br />
québécoise <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> coopération<br />
internationale (AQOCI), ces<br />
groupes sont en mesure <strong>de</strong> fournir<br />
<strong>de</strong> l’information pertinente sur la<br />
coopération internationale, les rapports<br />
Nord-Sud, les impacts <strong>de</strong> la<br />
mondialisation et le commerce équitable.<br />
Le thème <strong>de</strong>s Journées québécoises<br />
<strong>de</strong> la solidarité internationale<br />
(JQSI) <strong>de</strong> l’année 2001 porte justement<br />
sur la consommation responsable.<br />
On propose diverses activités<br />
partout en région. Le CLUB 2/3 organise,<br />
le 11 mai 2002, la marche 2/3 sur<br />
le thème <strong>de</strong> la consommation<br />
responsable.<br />
Pour en savoir plus…<br />
AQOCI : www.aqoci.qc.ca/quiquoi.html<br />
LES ORGANISMES GOUVERNE-<br />
MENTAUX DE PROTECTION DES<br />
CONSOMMATEURS<br />
L’Office <strong>de</strong> la protection du consommateur<br />
(OPC) ainsi que La Passerelle<br />
d’information pour le consommateur<br />
canadien sont <strong>de</strong>ux organisations<br />
gouvernementales qui fournissent<br />
une foule d’informations pertinentes<br />
sur la consommation et ses pièges. Le<br />
magazine Protégez-vous <strong>de</strong>meure<br />
l’une <strong>de</strong>s meilleures <strong>référence</strong>s dans<br />
le domaine. Dans toutes les régions<br />
du <strong>Québec</strong>, il y a <strong>de</strong>s bureaux <strong>de</strong><br />
l’OPC en mesure <strong>de</strong> répondre à vos<br />
questions.<br />
Pour en savoir plus…<br />
– La Passerelle d'information pour le consommateur<br />
canadien :<br />
http ://infoconsommation.ca<br />
– Office <strong>de</strong> la protection du consommateur<br />
:<br />
1-888 OPC-ALLO (1-888-672-2556)<br />
LES GROUPES<br />
ENVIRONNEMENTAUX<br />
Regroupés au sein <strong>de</strong> diverses organisations,<br />
les groupes environnementaux<br />
sont en mesure <strong>de</strong> vous informer <strong>de</strong>s<br />
impacts <strong>de</strong> nos mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation<br />
sur l’environnement. Ils proposent aussi<br />
plusieurs moyens d’agir en consommateurs<br />
responsables, que ce soit au point<br />
<strong>de</strong> vue du transport, <strong>de</strong> l’énergie, <strong>de</strong> l’eau,<br />
<strong>de</strong> l’alimentation ou <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s<br />
déchets.<br />
Pour en savoir plus…<br />
– Regroupement québécois <strong>de</strong>s groupes<br />
écologiques : www.rqge.qc.ca<br />
– Union québécoise pour la conservation <strong>de</strong><br />
la nature : http ://ecoroute.uqcn.qc.ca<br />
– Regroupement <strong>de</strong>s conseils régionaux <strong>de</strong><br />
l’environnement du <strong>Québec</strong> :<br />
www.collectivitesviables.com/rncreq/in<strong>de</strong>x.html<br />
– ENvironnement-JEUnesse représente <strong>de</strong>s<br />
partenaires potentiellement précieux dans<br />
le cadre <strong>de</strong> notre opération.<br />
LES ASSOCIATIONS DE PROTEC-<br />
TION DU CONSOMMATEUR<br />
Plusieurs associations, notamment les<br />
Associations coopératives d'économie<br />
familiale (ACEF) et les Services<br />
budgétaires populaires (SBP), offrent<br />
<strong>de</strong>s renseignements et <strong>de</strong>s services en<br />
matière <strong>de</strong> budget, <strong>de</strong> crédit ou d'en<strong>de</strong>ttement.<br />
Particulièrement sensibles<br />
aux questions <strong>de</strong> pauvreté et d'exclusion,<br />
ces associations couvrent une<br />
bonne partie du territoire québécois.<br />
Pour en savoir plus…<br />
Réseau <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s consommateurs :<br />
www.consommateur.qc.ca
VOS IDÉES POUR CHANGER LE MONDE<br />
Le principal moteur <strong>de</strong> changement<br />
est soi-même, la personne<br />
elle-même changeant son mo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> vie, ses habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation,<br />
la personne ellemême<br />
étant responsable <strong>de</strong> la<br />
construction d'un modèle <strong>de</strong><br />
société plus harmonieux avec<br />
l'environnement.<br />
Jorge Cabrera<br />
Commission centre-américaine sur le<br />
développement durable,<br />
in Terre comprise, Pour vivre en `<br />
harmonie avec la forêt, 1999<br />
Pour changer le mon<strong>de</strong>, je…<br />
fiche 50<br />
En guise <strong>de</strong> conclusion
RÉFÉRENCES<br />
OUVRAGES DE RÉFÉRENCE GÉNÉRAUX<br />
Chossudovsky, Michel (1998) La mondialisation <strong>de</strong> la pauvreté, Écosociété, Montréal ISBN 2-921561-37-9<br />
Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992, 2 vol., ISBN 2-85036-187-9<br />
En commun, site Internet, http ://incommon.web.ca/francais/cafe/in<strong>de</strong>x.html<br />
Équiterre, site Internet, http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/media/quebec.html<br />
Gélinas, Jacques B. (2000). La globalisation du mon<strong>de</strong>. Laisser faire ou faire ?, Écosociété, Montréal, 340 pages,<br />
ISBN 2-921561-44-1<br />
Lafleur, Marcel et Robitaille, Jean (1993). Action Énergie II, Bureau <strong>de</strong> l’efficacité énergétique, ministère <strong>de</strong><br />
l’Énergie et <strong>de</strong>s Ressources du <strong>Québec</strong><br />
Lafleur, Marcel et Robitaille, Jean (1996). Terre comprise, CEQ, Recyc-<strong>Québec</strong>, Trousse pédagogique<br />
en cinq sections, ISBN 2-89061-058-6<br />
<strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong>, site Internet, http ://www.oxfam.qc.ca/<br />
Perna, Tonino (2000) « Une alternative à la mondialisation ? », in Revue SILENCE, n° 263, novembre, Commerce<br />
équitable contre mondialisation<br />
Protégez-vous, Cahier spécial : À l’heure <strong>de</strong> la mondialisation. Le pouvoir <strong>de</strong>s consommateurs. Du café équitable<br />
aux fonds éthiques, Campagne En commun, Une action mondiale contre la pauvreté, CCCI, décembre 2000<br />
Terre comprise, série télévisée <strong>de</strong> 13 émissions (d’une heure chacune), Studio Via Le Mon<strong>de</strong>, 1999, disp. à la<br />
CSQ, cote 961 à 973<br />
Teitelbaum, Sara et Wari<strong>de</strong>l, Laure (1999). Rapport <strong>de</strong> recherche. Commerce équitable. Une poussée pour <strong>de</strong>s<br />
échanges plus justes aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse et en France, Équiterre, ISBN 2-922563-006<br />
TransFair Canada, site Internet, http ://www.transfair.ca/fr<br />
Wari<strong>de</strong>l, Laure (1997). Une cause café. Pour le commerce équitable, Éd. Les Intouchables, Montréal, 72 pages,<br />
ISBN 2-921775-34-4<br />
RÉFÉRENCES ET ICONOGRAPHIE, PAR FICHE<br />
NOTES :<br />
1- Les <strong>référence</strong>s partielles <strong>de</strong> cette section renvoient à la section OUVRAGES DE RÉFÉRENCE GÉNÉRAUX.<br />
Exemple : Perna, 2000 renvoie à : Perna, Tonino (2000) « Une alternative à la mondialisation ? », in Revue<br />
SILENCE, n° 263, novembre, Commerce équitable contre mondialisation<br />
2- Les indications <strong>de</strong>s prix en dollars sur les fiches sont toutes en <strong>de</strong>vises américaines, sauf indication contraire.<br />
Introduction<br />
1<br />
Fables <strong>de</strong> la Fontaine, Jean <strong>de</strong> La Fontaine, avec<br />
320 illustrations <strong>de</strong> Gustave Doré, Ars<br />
Mundi, texte intégral, Slovénie, 1992<br />
2<br />
Perna, 2000, p. 5<br />
Fiche 1<br />
1<br />
Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />
2 I<strong>de</strong>m<br />
3 I<strong>de</strong>m<br />
Fiche 2<br />
1<br />
Photo : Clau<strong>de</strong> Désy<br />
2<br />
Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />
3<br />
Gélinas, 2000<br />
4<br />
Perna, 2000<br />
5<br />
Chossudovsky, 1998<br />
Fiche 3<br />
1<br />
Maalouf, Amin (2000). Le périple <strong>de</strong> Baldassare,<br />
Gallimard<br />
2<br />
Encyclopédie Découvertes Junior Larousse<br />
Gallimard, no 17, p. 260<br />
3<br />
Encyclopédie Découvertes Junior Larousse<br />
Gallimard, no 31, p. 488<br />
4<br />
Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />
Fiche 4<br />
1<br />
Lafleur et Robitaille, 1996<br />
2<br />
Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />
3<br />
L’erreur boréale, réalisateurs : Richard Desjardins et<br />
Robert Mon<strong>de</strong>rie, ACPAV, ONF, 1999, Vision<br />
d’auteur <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> la forêt québécoise<br />
4<br />
Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />
Fiche 5<br />
1<br />
Encyclopédie Découvertes Junior Larousse,<br />
Gallimard, no 43, p. 682<br />
2<br />
Ganerie, Anita (1997). Les nombres Magnard, p. 23<br />
3<br />
The Central Bankers as Gods, The Economist,<br />
14/11/1998 in Gélinas, 2000, p. 94<br />
4<br />
Encyclopédie Découvertes Junior Larousse,<br />
Gallimard, no 43, p. 675<br />
5<br />
Encyclopédie Découvertes Junior Larousse,<br />
Gallimard, no 43, p. 673<br />
Fiche 6<br />
1<br />
Encyclopédie Découvertes Junior Larousse, Gallimard,<br />
no 44, p. 696<br />
2<br />
Agence France Presse (2001). La chute du cours<br />
du café tourne au désastre, Le Soleil, 18 août, F9<br />
Dow Jones International News, Catherine Hunter,<br />
21 mai 2001<br />
Fiche 7<br />
1<br />
Lafleur et Robitaille, 1996<br />
Fiche 8<br />
1<br />
Gélinas, 2000, p. 56-57<br />
2<br />
Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />
3<br />
Lafleur et Robitaille, 1996, section : L’Odyssée planétaire, p. 68<br />
4<br />
Atlas Colonial illustré [s.d.] (c. 1902), Larousse, Paris<br />
Fiche 9<br />
1<br />
Les temps mo<strong>de</strong>rnes, réalisateur : Charlie Chaplin,<br />
État-Unis, 1936, 1 heure 25<br />
http ://perso.club-internet.fr/vatzhol/chaplin.html<br />
http ://perso.libertysurf.fr/lmoinault/page16.html<br />
Synopsis : Ouvrier dans une usine mo<strong>de</strong>rne, Charlot serre <strong>de</strong>s écrous. Une maladresse lui<br />
en fait manquer un : toute la chaîne <strong>de</strong> fabrication est alors déréglée. Empêtré<br />
sur un grand tapis roulant, il est happé par les rouages d'une énorme « machine<br />
à manger » <strong>de</strong>stinée à réduire le temps consacré par les ouvriers à leur repas.<br />
Devenu fou, il court dans toute l'usine pour serrer tout ce qui ressemble à un<br />
écrou. http ://tienhung.free.fr/980108.htm
Fiche 10<br />
1<br />
Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />
Fiche 11<br />
1<br />
Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />
Fiche 12<br />
1<br />
Lafleur et Robitaille, 1996, section : L’Odyssée plané-<br />
taire, p. 81<br />
2 Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />
Fiche 13<br />
1 Lafleur et Robitaille, 1996, section : Défis prioritaires,<br />
no 4, p. 8<br />
2 Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />
3 Côté, A. Ph. (1995). Baptiste, Le Soleil,<br />
ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée<br />
Fiche 14<br />
1 Lacoursière, J., Provencher, J. et Vaugeois, Denis<br />
(2000) Canada <strong>Québec</strong> 1534-2000. Septentrion,<br />
réédition du texte original <strong>de</strong> 1983<br />
Fiche 15<br />
1 Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />
Fiche 16<br />
1 Développement et Paix (2000). Le mon<strong>de</strong> n’est pas<br />
à vendre, Programme 2000-2001<br />
Fiche 17<br />
1 Adapté <strong>de</strong> Lafleur et Robitaille, 1996, et <strong>de</strong> Gélinas, 2000<br />
Fiche 18<br />
1 Fondation pour le progrès <strong>de</strong> l’Homme (1994).<br />
Bâtir ensemble l’avenir <strong>de</strong> la planète, pour un<br />
mon<strong>de</strong> responsable et solidaire, in Le Mon<strong>de</strong><br />
diplomatique, avril<br />
2 Porritt, Jonathan (1991). Sauvons la Terre, Les amis<br />
<strong>de</strong> la Terre, Casterman, Paris, p. 26<br />
3 Adapté <strong>de</strong> Gélinas, 2000, p. 226<br />
Fiche 19<br />
1 Suzuki, David (1995). Économies débranchées ?<br />
in Écodécision, no 16, printemps 1995<br />
2 Gélinas, 2000<br />
3 Terre comprise, série télévisée<br />
Fiche 20<br />
1 Théorie <strong>de</strong> Maslow, citée par Baribeau, Jacinthe, in<br />
Acef du Sud-Ouest <strong>de</strong> Montréal,<br />
http ://www.consommateur.qc.ca, section :<br />
Surconsommer, Analyse<br />
2 Baribeau, Jacinthe, in Acef du Sud-Ouest <strong>de</strong><br />
Montréal, http ://www.consommateur.qc.ca,<br />
section : Surconsommer, Analyse<br />
3 Gélinas, 2000<br />
4 Acef du Sud-Ouest <strong>de</strong> Montréal,<br />
http ://www.consommateur.qc.ca,<br />
section : Surconsommer, Analyse<br />
5 Duhaime, Gérard (2001). Magasiner : une nouvelle<br />
dépendance, Département <strong>de</strong> consommation<br />
<strong>de</strong> l'Université Laval, in Acef du Sud-Ouest <strong>de</strong><br />
Montréal, http ://www.consommateur.qc.ca,<br />
section : Surconsommer, Analyse<br />
Fiche 21<br />
1 Magazine Alterna, 2001,<br />
http ://www.altema.com/, section : Images et<br />
stratégies<br />
2 Statistique Canada, www.statcan.ca<br />
3 Article Les poupées qui bronzent durant tout l’été,<br />
tiré du site : www.sciencepresse.qc.ca/kiosquecons.html<br />
4 Wari<strong>de</strong>l, 1997<br />
5 Klein, Naomie (2001). No logo : la tyrannie <strong>de</strong>s marques,<br />
Actes Sud<br />
Fiche 22<br />
1 Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />
2 Collectif « De l'éthique sur l'étiquette », brochure<br />
Jouez le jeu, faites gagner les droits <strong>de</strong><br />
l'homme, janvier 1998,<br />
http ://www.crcconso.com/etic/décompos.htm<br />
Fiche 23<br />
1 Bergeron, Léandre et Lavaill, Robert (1977)<br />
Contre-histoire du <strong>Québec</strong>, Savelli, Paris<br />
2 Série Pourquoi le Sud nourrit-il le Nord ?, colligée<br />
par le Club 2/3, « Attention au régime »<br />
Fiche 24<br />
1 Calame, Pierre (1993). Pour <strong>de</strong>s états généraux <strong>de</strong><br />
la planète, in Écodécision, septembre, p. 83<br />
Fiche 25<br />
1<br />
Traduit et adapté <strong>de</strong> la Charte <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s<br />
consommateurs du Canada<br />
http ://www.hc-sc.gc.ca/hppb/nutrition/pube/pregnancy/<br />
Fiches 26 à 36<br />
Les sources et les ressources sont indiquées<br />
directement sur les fiches.<br />
Fiche 37<br />
1<br />
Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />
2<br />
Perna, 2000<br />
http ://www.entreprendre.ca/chroniques/commerce_intl/articles/01_co<br />
mm_intl.html<br />
Fiche 38<br />
1<br />
Teitelbaum et Wari<strong>de</strong>l, 1999<br />
2<br />
Équiterre, site Internet, Accueil<br />
3<br />
http ://www.fairtra<strong>de</strong>.org/, section :<br />
(en néerlandais) Historie<br />
4<br />
Groupe <strong>de</strong> Recherche d'Intérêt Public<br />
<strong>de</strong> l'Université du <strong>Québec</strong> à Montréal<br />
www.mdmoxfam.be/producteurs/producteurs.html<br />
Perna, 2000<br />
Teitelbaum et Wari<strong>de</strong>l, 1999<br />
TransFair Canada, site Internet<br />
Wari<strong>de</strong>l, 1997<br />
Fiche 39<br />
Équiterre, site Internet<br />
Teitelbaum et Wari<strong>de</strong>l, 1999<br />
TransFair Canada, site Internet<br />
1<br />
http ://www.entreprendre.ca/chroniques/commerce_intl/articles/01_comm_intl.html<br />
M’Pambia, Didier, chargé <strong>de</strong> développement<br />
international pour le magazine Entreprendre<br />
Fiche 40<br />
www.incommon.web.net/francais/dixpoints/econo.html<br />
TransFair Canada, site Internet<br />
1<br />
http ://www.entreprendre.ca/chroniques/commerce_intl/articles/01_comm_intl.html<br />
Fiche 41<br />
1<br />
http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/rtealternative/coop/coopuciri.html<br />
2<br />
http ://mon<strong>de</strong>.ca/websmm/francais/guatemala/contenue.html<br />
3<br />
http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/rtealternative/routee3.html<br />
Fiche 42<br />
1<br />
www.mdmoxfam.be/campagnes/TVOG<br />
%20Enjeux.html<br />
2<br />
TransFair Canada, site Internet<br />
Fiche 43<br />
Équiterre, site Internet<br />
Protégez-vous, Deglise, F., p. 8-11<br />
Wari<strong>de</strong>l, 1996<br />
1<br />
http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/rteconventionnelle/routec.html<br />
Fiche 44<br />
1<br />
Bob Thomson, gérant <strong>de</strong> TransFair Canada,<br />
in Protégez-vous, Opinions, p. 24<br />
http ://www.protegez-vous.qc.ca/<br />
2<br />
Gilles Léveillé, directeur <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong><br />
commerce équitable à <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong>, in<br />
Protégez-vous, La sinueuse route du café, p. 10<br />
3<br />
http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/rtealternative/routee.html<br />
4<br />
http ://www.equiterre.qc.ca/cafe<br />
Fiche 45<br />
1<br />
http ://www.mdmoxfam.be/<br />
2<br />
Série Pourquoi le Sud nourrit-il le Nord ?, colligée<br />
par le Club 2/3<br />
Fiche 46<br />
1<br />
http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/media/quebec.html<br />
2<br />
http ://incommon.web.ca/francais/cafe/in<strong>de</strong>x.html<br />
3<br />
Agence France Presse (2001). La chute du cours du<br />
café tourne au désastre, Le Soleil, 18 août, F9<br />
Fiche 47<br />
Protégez-vous, Deglise, F., p. 12-13<br />
1<br />
http ://www.lasiembra.com<br />
2<br />
Photo : Amélie Binette<br />
Fiche 48<br />
1<br />
Protégez-vous, Deglise, F., p. 14-15<br />
2<br />
I<strong>de</strong>m, p. 15<br />
3 er<br />
http ://www.rio.net/solagral , 1 janvier 1999<br />
4<br />
http ://www.web.net/fairfruit<br />
5<br />
Photo : Amélie Binette
0607-234<br />
Réédition mai 2007 — D11132-3