ABC Document de référence - Oxfam-Québec

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Document de référence de l’opération L’ABC DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE D’UN COMMERCE AGRÉABLE ET ÉQUITABLE

<strong>Document</strong> <strong>de</strong> <strong>référence</strong> <strong>de</strong> l’opération<br />

L’<strong>ABC</strong> DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE<br />

D’UN COMMERCE AGRÉABLE ET<br />

ÉQUITABLE


<strong>Document</strong> <strong>de</strong> <strong>référence</strong> <strong>de</strong> l’opération<br />

L’<strong>ABC</strong> DE LA CONSOMMATION RESPONSABLE<br />

D’UN COMMERCE AGRÉABLE ET<br />

ÉQUITABLE


CRÉDITS ET REMERCIEMENTS<br />

CRÉDITS<br />

Responsable <strong>de</strong> la publication<br />

Jean Robitaille, ERE Éducation<br />

Recherche et rédaction<br />

Jean Robitaille et Clau<strong>de</strong> Désy<br />

Assistance à la recherche et à la rédaction<br />

Hélène Giguère<br />

Collaboration<br />

Marcel Lafleur et Isabelle Morin<br />

Illustrations (page couverture et trames)<br />

Francine Noël<br />

Illustrations éditoriales<br />

Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />

Graphisme<br />

Maxine Jutras et Anne Guindon<br />

Révision linguistique<br />

Monique Proulx<br />

VALIDATION<br />

Luc Richard, <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong><br />

Micheline Jourdain, <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong><br />

Michel Lafleur, IRECUS<br />

Jean-Roch Roy, CLUB 2/3<br />

Isabelle Saint-Germain, Équiterre<br />

Monique Fitz-Back, CSQ<br />

Nicole Baillargeon, CSQ<br />

Martine Châtelain, enseignante<br />

Suzanne Lavoie, enseignante<br />

Florido Levasseur, enseignant<br />

Carol McDuff, enseignant<br />

© ERE Éducation<br />

1385 RUE SAINT-MARTIAL<br />

<strong>Québec</strong> (<strong>Québec</strong>) G1L 3S4<br />

Téléphone : (418) 525-7000<br />

Télécopie : (418) 525-7010<br />

ereduc@mediom.qc.ca<br />

ISBN 2-922538-03-6<br />

Dépôt légal – Bibliothèque<br />

nationale du <strong>Québec</strong>, 2001<br />

PARTENAIRES<br />

<strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong> et la Centrale <strong>de</strong>s syndicats<br />

du <strong>Québec</strong> (CSQ) remercient chaleureusement<br />

Équiterre et le CLUB 2/3 pour<br />

leur collaboration à la réalisation <strong>de</strong> ce<br />

document.<br />

REMERCIEMENTS<br />

Nous tenons à remercier tous les<br />

groupes œuvrant dans le domaine <strong>de</strong><br />

l’environnement, <strong>de</strong> la coopération<br />

internationale et <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s<br />

consommateurs qui ont répondu à notre<br />

appel. Les renseignements et les propositions<br />

d’activités qu’ils nous ont fait parvenir,<br />

ainsi que leur appui à la diffusion<br />

<strong>de</strong> ce document contribuent largement<br />

au succès <strong>de</strong> l’opération D’un commerce<br />

agréable… et équitable.<br />

Ce document leur est dédié.<br />

Nous tenons à remercier également<br />

l’Agence canadienne <strong>de</strong> développement<br />

international (ACDI) et RECYC-QUÉBEC<br />

pour leurs contributions à la réalisation<br />

<strong>de</strong> ce document.<br />

REPRODUCTION ET VENTE<br />

Les établissements d’enseignement et les<br />

organismes sans but lucratif sont autorisés<br />

à procé<strong>de</strong>r pour leurs besoins à une<br />

reproduction totale ou partielle du<br />

présent document.<br />

Des copies supplémentaires sont disponibles<br />

en communiquant avec <strong>Oxfam</strong>-<br />

<strong>Québec</strong> au 1-877-937-1614.<br />

Dans le présent document, le masculin est utilisé sans aucune<br />

discrimination et dans le seul but d’alléger le texte.


« D’UN COMMERCE AGRÉABLE… ET ÉQUITABLE » EN VUE D’UNE CITOYENNETÉ RESPONSABLE !<br />

Quel sens faut-il donner au mot mondialisation ? S’agit-il <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la planète un vaste marché<br />

qui tend à réduire la valeur <strong>de</strong>s êtres humains à leur pouvoir <strong>de</strong> consommation et dans lequel<br />

seuls les échanges commerciaux sont valorisés ? Ou, au contraire, saurons-nous y reconnaître tous<br />

les efforts <strong>de</strong> rapprochement solidaire, autant entre les membres d’une même communauté qu’entre<br />

les peuples du Nord et du Sud ? Saurons-nous <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s citoyennes et citoyens d’un mon<strong>de</strong><br />

plus fraternel et plus juste ici et ailleurs sur la planète ?<br />

En s’unissant pour réaliser la campagne D’un commerce agréable… et équitable, <strong>Oxfam</strong>-<br />

<strong>Québec</strong>, la Centrale <strong>de</strong>s syndicats du <strong>Québec</strong>, Équiterre et le CLUB 2/3 veulent marquer une<br />

fois <strong>de</strong> plus leur engagement pour une vaste mobilisation sociale en faveur d’une consommation<br />

responsable. Cette opération s’inscrit autant en continuité avec <strong>de</strong>s actions portant sur la conservation<br />

<strong>de</strong>s ressources, l’élimination <strong>de</strong> la pauvreté ou la promotion d’une société sans violence<br />

qu’en préambule à d’autres campagnes qui traiteront d’alimentation, <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> démocratie.<br />

Le mouvement <strong>de</strong>s Établissements verts Brundtland, qui œuvre déjà pour un mon<strong>de</strong> pacifique,<br />

écologique, solidaire et démocratique et qui regroupe plus <strong>de</strong> 600 écoles, sera au cœur <strong>de</strong> cette<br />

campagne en intégrant <strong>de</strong> nouveaux outils pédagogiques pour le primaire et le secondaire. Le<br />

mon<strong>de</strong> syndical, les organismes coopératifs, environnementaux, <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s consommateurs<br />

et <strong>de</strong> développement international pourront également s’y engager en comptant sur <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong><br />

sensibilisation adaptés à leurs membres.<br />

En avril 2001, le Sommet <strong>de</strong>s peuples <strong>de</strong>s Amériques a rejeté la Zone <strong>de</strong> libre-échange <strong>de</strong>s<br />

Amériques (ZLÉA) et revendiqué une société à visage humain. À l’heure où le <strong>Québec</strong> vit une<br />

nouvelle réforme <strong>de</strong> l’éducation et que se développe le commerce équitable comme alternative<br />

au commerce basé sur le profit, il est important que toutes et tous, jeunes et adultes, comprenions<br />

les mécanismes <strong>de</strong> la production, du commerce et <strong>de</strong> la consommation. Mieux informés, nous<br />

pourrons ensuite agir en citoyennes et citoyens avertis.<br />

C’est avec fierté que nous vous proposons le premier <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> la campagne D’un commerce<br />

agréable… et équitable qui nous amènera à construire collectivement une CITOYENNETÉ<br />

RESPONSABLE !<br />

Nicole Saint-Martin<br />

Prési<strong>de</strong>nte <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong><br />

Lucie Poirier<br />

Prési<strong>de</strong>nte Équiterre<br />

Monique Richard<br />

Prési<strong>de</strong>nte CSQ<br />

Luc Panneton<br />

Prési<strong>de</strong>nt Club 2/3


PRÉFACE<br />

L’opération D’un commerce agréable… et équitable est une vaste opération éducative <strong>de</strong>stinée aux<br />

élèves <strong>de</strong>s écoles primaires et secondaires du <strong>Québec</strong>. Initiée par <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong> et la Centrale <strong>de</strong>s<br />

syndicats du <strong>Québec</strong> (CSQ), en partenariat avec Équiterre et le CLUB 2/3, elle vise à donner aux<br />

jeunes et aux adultes <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> prendre en main les rênes <strong>de</strong> leur propre <strong>de</strong>stinée et <strong>de</strong> construire<br />

ensemble un mon<strong>de</strong> écologique, pacifique, solidaire et démocratique.<br />

S’inscrivant au cœur <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> mobilisation sociale Construire une citoyenneté responsable,<br />

l’opération a pour objectif <strong>de</strong> sensibiliser les jeunes et les adultes qui les accompagnent à<br />

l’importance <strong>de</strong> la consommation responsable et du commerce équitable. Elle vise à leur faire comprendre<br />

les conséquences et les enjeux <strong>de</strong> la consommation et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> développement actuels<br />

dans un contexte <strong>de</strong> mondialisation néolibérale. Elle cherche à démontrer qu’au premier maillon <strong>de</strong><br />

toute chaîne <strong>de</strong> production, il y a un être humain cherchant, comme chacun <strong>de</strong> nous, à répondre à<br />

ses besoins et à ceux <strong>de</strong> sa famille. Elle vise à faire prendre conscience que nous pouvons, comme<br />

consommateur situé à l’autre bout <strong>de</strong> cette chaîne, contribuer à une plus juste redistribution <strong>de</strong>s<br />

ressources. En somme, à réaliser que consommer, c’est voter !<br />

Le présent document, L’<strong>ABC</strong> <strong>de</strong> la consommation responsable, est l’outil <strong>de</strong> <strong>référence</strong> <strong>de</strong> l’opération<br />

D’un commerce agréable et… équitable. Il s’adresse au personnel <strong>de</strong> l’éducation ainsi qu’aux animateurs<br />

d’organismes qui œuvrent dans le domaine <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong> la coopération internationale<br />

et <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s consommateurs. En fait, ce document s’adresse à toute personne qui<br />

croit qu’elle peut changer le mon<strong>de</strong> en changeant ses habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation.<br />

Des gui<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s activités pédagogiques <strong>de</strong>stinés aux élèves <strong>de</strong>s écoles primaires et secondaires<br />

complètent le matériel disponible dans le cadre <strong>de</strong> cette opération. Ces activités, qui visent le<br />

développement du sens critique, <strong>de</strong> la responsabilité et <strong>de</strong> l’engagement, s’intègrent à la mission <strong>de</strong><br />

l’école québécoise qui consiste à préparer l’élève, citoyen <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, à participer pleinement à<br />

l’émergence d’une société plus juste, plus démocratique et plus égalitaire 1 . Les fiches autonomes<br />

<strong>de</strong> L’<strong>ABC</strong> <strong>de</strong> la consommation responsable pourront, plus spécifiquement, être utilisées dans le<br />

cadre <strong>de</strong>s activités pédagogiques <strong>de</strong>stinées aux élèves du secondaire.<br />

1 Programme <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’école québécoise, ministère <strong>de</strong> l'Éducation du <strong>Québec</strong>, juin 2000.


INTRODUCTION<br />

La notion <strong>de</strong> viabilité<br />

embrasse les questions<br />

non seulement<br />

d’environnement, mais<br />

aussi <strong>de</strong> pauvreté,<br />

<strong>de</strong> population, <strong>de</strong> santé,<br />

<strong>de</strong> sécurité alimentaire, <strong>de</strong><br />

démocratie, <strong>de</strong> droits <strong>de</strong><br />

l’être humain et <strong>de</strong> paix.<br />

La viabilité est,<br />

en <strong>de</strong>rnière analyse,<br />

un impératif éthique<br />

et moral qui implique<br />

le respect <strong>de</strong> la<br />

diversité culturelle<br />

et du savoir traditionnel.<br />

Éduquer pour un avenir viable, Unesco, 1997<br />

Rêver<br />

le<br />

mon<strong>de</strong><br />

« Il s’agit <strong>de</strong> se représenter<br />

un modèle <strong>de</strong> ce que<br />

serait une société<br />

meilleure, plus fraternelle,<br />

et, pour chacun d’entre<br />

nous, <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce<br />

qu’on doit faire aujourd’hui,<br />

ici et maintenant,<br />

pour contribuer à réaliser<br />

cette vision. »<br />

Jacques Languirand<br />

Préface <strong>de</strong> De la pensée à l’action,<br />

<strong>de</strong> Brian K. Murphy,<br />

Éditions Écosociété, 2001<br />

« La chétive pécore s’enfla si<br />

bien qu’elle creva. Le mon<strong>de</strong><br />

est plein <strong>de</strong> gens qui ne sont<br />

pas plus sages… »<br />

LA GRENOUILLE ET LE BŒUF<br />

Jean <strong>de</strong> la Fontaine


Si tout le mon<strong>de</strong> sur la Terre <strong>de</strong>vait adopter le<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie qui prévaut actuellement dans les<br />

pays industrialisés du Nord, il faudrait au moins<br />

trois planètes supplémentaires. Deux d'entre<br />

elles répondraient aux besoins insatiables<br />

qu’ont les populations d’obtenir <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong><br />

consommation <strong>de</strong> toutes sortes, tandis que<br />

l'autre recueillerait, jour après jour, les déchets<br />

engendrés par nos mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production et <strong>de</strong><br />

consommation.<br />

En effet, plus <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s ressources terrestres<br />

sont consommées par les 20 % <strong>de</strong> l’humanité<br />

qui vivent dans le mon<strong>de</strong> industrialisé. Si un<br />

effort doit être fait pour assurer un avenir viable<br />

à l’ensemble <strong>de</strong> la population du mon<strong>de</strong>, il doit<br />

venir d’abord <strong>de</strong>s pays du Nord. On ne peut pas<br />

penser <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux habitants <strong>de</strong>s pays en<br />

développement <strong>de</strong> se serrer la ceinture ; ils se la<br />

serrent déjà assez. Mais que peut-on faire ?<br />

La série <strong>de</strong> fiches Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

amène à comprendre ce qui a bien pu<br />

nous conduire à une telle situation. Ces fiches<br />

proposent une relecture <strong>de</strong> l’épopée humaine<br />

selon l’angle <strong>de</strong>s échanges, du commerce et <strong>de</strong><br />

l’économie. Comment s’est mis en place le système<br />

économique actuel ? Pourquoi génère-t-il<br />

autant d’inégalités ? Qui fixe les règles du jeu et<br />

qui en profite ? Pourquoi tant <strong>de</strong> gens s’élèvent<br />

contre la mondialisation néolibérale ? Quelles<br />

en sont les conséquences ? Pourtant, la mondialisation<br />

pourrait être quelque chose <strong>de</strong> positif si<br />

elle visait la satisfaction <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s peuples<br />

et la protection concertée <strong>de</strong>s ressources<br />

<strong>de</strong> la planète.<br />

FICHES<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

1 Chasse, cueillette et troc<br />

2 Avec l’agriculture apparaît le marché<br />

3 L’apparition <strong>de</strong> la monnaie<br />

4 L’agriculture : une révolution sociale<br />

et économique<br />

5 Banquiers et marchands<br />

6 Les premières gran<strong>de</strong>s guerres<br />

commerciales<br />

7 Colonisation : en route vers le tiers-mon<strong>de</strong><br />

8 Naissance du capitalisme<br />

9 La révolution industrielle : <strong>de</strong> l’exo<strong>de</strong> rural<br />

à la ville<br />

10 Le travail à la chaîne<br />

11 Naissance <strong>de</strong>s multinationales<br />

12 Les profits <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre<br />

mondiale<br />

13 Faire rouler la machine économique<br />

14 État-provi<strong>de</strong>nce et États en faillite<br />

15 Crise économique ou crise <strong>de</strong> pouvoir ?<br />

16 Les transnationales<br />

17 Des impacts environnementaux<br />

18 Des impacts sociaux<br />

19 Le credo <strong>de</strong> la mondialisation


Les fiches Comprendre pour agir visent à mieux<br />

faire comprendre les mécanismes <strong>de</strong> la consommation.<br />

Elles proposent <strong>de</strong> mieux connaître<br />

la cible <strong>de</strong> toute entreprise : le consommateur.<br />

Qui est-il ? Existe-t-il un consommateur modèle<br />

? Un citoyen éclairé modèle ? Quelles cor<strong>de</strong>s<br />

sensibles touche-t-on pour nous pousser<br />

ainsi à la consommation ? Avons-nous <strong>de</strong>s droits<br />

et <strong>de</strong>s responsabilités en tant que consommateurs<br />

? Ces fiches visent aussi, par une analyse<br />

<strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> production, à bien i<strong>de</strong>ntifier les<br />

maillons sur lesquels il est possible d’agir. Elles<br />

amènent à comprendre qu’aux <strong>de</strong>ux bouts <strong>de</strong> la<br />

chaîne <strong>de</strong> production il y a un être humain<br />

cherchant à répondre à ses besoins et à ceux <strong>de</strong><br />

sa famille. L’échange est-il équitable ?<br />

Ayant pris connaissance <strong>de</strong> ces faits, il convient<br />

alors <strong>de</strong> passer à l’action et d’adopter une consommation<br />

responsable en réduisant d’abord<br />

notre consommation, en recyclant, en redonnant<br />

une nouvelle vie aux divers biens, en privilégiant<br />

les échanges les plus directs possibles<br />

avec les producteurs. Les fiches Agir <strong>de</strong> façon<br />

responsable explorent divers moyens d’action.<br />

Déjà plusieurs personnes luttent en faveur<br />

d’une économie qui répond aux besoins réels<br />

du plus grand nombre, qui respecte les droits<br />

humains et la capacité <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong>s divers<br />

milieux. Tous partagent la conviction que nous<br />

disposons, individuellement et collectivement,<br />

d’un formidable pouvoir : celui <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

choix <strong>de</strong> consommation responsables.<br />

Enfin, il est possible <strong>de</strong> recourir à une solution<br />

considérée comme « une <strong>de</strong>s tentatives les plus<br />

significatives pour répondre au défi du capitalisme<br />

sauvage » 2 : le commerce équitable. Les<br />

fiches Consommons équitable lèvent le voile<br />

sur les diverses étapes du cheminement <strong>de</strong>s<br />

biens <strong>de</strong> consommation, illustrant à la fois les<br />

impacts environnementaux, sociaux et économiques<br />

que ces « routes » peuvent entraîner. En<br />

mettant l’emphase sur les liens étroits que tisse<br />

le commerce équitable entre les producteurs et<br />

les consommateurs, elles invitent à réfléchir<br />

globalement et à agir localement afin <strong>de</strong><br />

redonner un côté plus humain et plus social aux<br />

échanges économiques. En somme, elles visent<br />

à démontrer aux jeunes et aux moins jeunes<br />

qu’il est possible <strong>de</strong> consommer intelligemment<br />

tout en étant D’UN COMMERCE AGRÉABLE.<br />

FICHES<br />

Comprendre pour agir<br />

20 Les fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> la consommation<br />

21 Les stratégies qui nous font consommer<br />

22 Le prix <strong>de</strong> la bottine souriante<br />

23 Agir sur les chaînes <strong>de</strong> production<br />

24 Les défis communs<br />

25 La charte du consommateur responsable<br />

Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />

26 La simplicité volontaire<br />

27 Le troc et les services d’échanges locaux<br />

28 Réduire, récupérer, recycler<br />

29 L’agriculture soutenue par la communauté<br />

30 L’efficacité énergétique<br />

31 Le cocktail transport<br />

32 Le tourisme équitable<br />

33 Les coopératives<br />

34 Les Fonds éthiques<br />

35 Le micro-crédit et le crédit communautaire<br />

36 L’économie sociale<br />

Consommons équitable<br />

37 Né d’un besoin d’équité<br />

38 Une toile se tisse<br />

39 Des mains se ten<strong>de</strong>nt<br />

40 Un commerce direct qui profite à tous<br />

41 Le Nord équitable<br />

42 Le Sud équitable<br />

43 Sur la route du café conventionnel<br />

44 Sur la route du café équitable<br />

45 Le commerce équitable autour <strong>de</strong> la table<br />

46 Le café : la bataille <strong>de</strong> David contre Goliath<br />

47 Le cas chaos<br />

48 Pour vous, Bananes et Messieurs<br />

En guise <strong>de</strong> conclusion<br />

49 Des ressources pour changer le mon<strong>de</strong><br />

50 Vos idées pour changer le mon<strong>de</strong>


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 1<br />

Raconter l’histoire <strong>de</strong>s échanges,<br />

du commerce et <strong>de</strong> la consommation,<br />

c’est passer en<br />

revue l’aventure humaine.<br />

Depuis la nuit <strong>de</strong>s temps, la survie<br />

<strong>de</strong> l’humain dépend <strong>de</strong> sa<br />

capacité à répondre à ses besoins<br />

fondamentaux : se nourrir,<br />

se vêtir, s’abriter, assurer sa<br />

sécurité. L’être humain, l’animal<br />

le plus fragile <strong>de</strong> la création à sa<br />

naissance, dépend entièrement<br />

<strong>de</strong>s autres durant les premières<br />

années <strong>de</strong> sa vie. De fait, la<br />

survie <strong>de</strong> cet animal grégaire<br />

repose sur l’appui <strong>de</strong>s siens.<br />

Sans eux, il ne peut vivre et<br />

s’épanouir. Dans les sociétés <strong>de</strong><br />

chasseurs-cueilleurs, la notion<br />

<strong>de</strong> propriété est communale.<br />

Il y a partage <strong>de</strong>s tâches dans<br />

l’accès, l’utilisation et la transformation<br />

<strong>de</strong>s ressources. Il en<br />

découle une très forte cohésion<br />

sociale. Les hommes consacrent<br />

leur temps notamment à la chasse<br />

et à la pêche ; les femmes<br />

sont occupées à la cueillette et<br />

aux soins <strong>de</strong>s enfants.<br />

CHASSE, CUEILLETTE ET TROC<br />

Au cours <strong>de</strong> leurs migrations<br />

progressives, ces clans rencontrent<br />

d’autres groupes avec<br />

lesquels ils échangent les produits<br />

<strong>de</strong> leur cueillette ainsi que<br />

<strong>de</strong>s biens (vêtements, outils,<br />

objets divers, même les chants) :<br />

c’est la naissance du troc.<br />

SATISFAIRE SES BESOINS<br />

FONDAMENTAUX ? 4<br />

L'être humain ne vit jamais seul, c'est un<br />

être <strong>de</strong> collectivité. On vient dans les<br />

mains <strong>de</strong>s autres et on s'en va dans les<br />

mains <strong>de</strong>s autres. Quand on fait son<br />

apparition sur ce mon<strong>de</strong> ici-bas à sa naissance,<br />

il faut d'autres mains pour t'accueillir<br />

et quand vous <strong>de</strong>vez rejoindre<br />

votre <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>meure, c'est d'autres<br />

mains qui s'en vont t'accompagner.<br />

Moussa Konaté<br />

Association Benkadi, Mali<br />

QU’EST-CE QU’UN BIEN ? 1<br />

Le bien est une « chose matérielle susceptible<br />

d’appropriation ou effectivement possédée<br />

». Valeur <strong>de</strong> bienfait au XII e siècle, le<br />

mot prend une connotation économique<br />

au XIX e siècle et s’oppose alors à service.<br />

QU’EST-CE QU’UN BESOIN ? 2<br />

Le mot besoin exprime l’idée <strong>de</strong> nécessité,<br />

d’exigence. Il peut désigner un moment<br />

critique, une situation pressante ou <strong>de</strong><br />

détresse.<br />

Le pluriel recouvre tout ce qui est nécessaire<br />

à l’être humain pour vivre et travailler.<br />

(Voir aussi désir, Fiche 13)<br />

QU’EST-CE QUE LE TROC ? 3<br />

Ce mot du XVI e siècle désigne, en France,<br />

en Espagne et dans la péninsule italienne,<br />

une pratique commerciale ancestrale dont<br />

l’action signifie littéralement : donner en<br />

échange, au cours d’une transaction <strong>de</strong><br />

services ou <strong>de</strong> marchandises, sans avoir<br />

recours à une monnaie et sans idée <strong>de</strong><br />

valeur marchan<strong>de</strong>. D’origine commune<br />

avec toper, « d’après la manière <strong>de</strong> conclure<br />

un échange en se frappant dans la<br />

main », d’où « tope là », le troc est un<br />

mécanisme d’échange immémorial.


AVEC L’AGRICULTURE APPARAÎT LE MARCHÉ<br />

Il y a environ 10 000 ans, environ<br />

quatre millions d’êtres humains<br />

occupaient la plupart <strong>de</strong>s régions<br />

du globe. Devenant peu à peu<br />

sé<strong>de</strong>ntaires, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong><br />

chasseurs-cueilleurs apprennent<br />

à cultiver les plantes sauvages en<br />

observant minutieusement la<br />

nature. L'agriculture est née !<br />

La production leur permet bientôt<br />

<strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>s surplus alimentaires<br />

durables. Des villages<br />

à vocation agricole se mettent à<br />

fleurir, <strong>de</strong>puis le Croissant fertile<br />

jusqu’à la vallée <strong>de</strong> l’Indus,<br />

<strong>de</strong>puis les rives du Nil jusqu’aux<br />

côtes méditerranéennes. On<br />

assiste alors à la spécialisation du<br />

travail (filage, tissage, poterie,<br />

vannerie, forge…) et à la naissance<br />

<strong>de</strong>s premières villes organisées<br />

en métiers et en classes.<br />

LE MARCHÉ 1<br />

Au cœur <strong>de</strong> ces agglomérations<br />

apparaît le marché, lieu où se<br />

concrétisent les échanges entre<br />

paysans, artisans et marchands.<br />

Le troc <strong>de</strong>meurera longtemps le<br />

principal moyen d’échange,<br />

avant que les cités et les États<br />

mettent en place <strong>de</strong>s systèmes<br />

<strong>de</strong> monnaie. Ainsi, dans l’Égypte<br />

<strong>de</strong>s pharaons, c’est le stockage<br />

<strong>de</strong> nourriture qui permet<br />

d’établir un système monétaire.<br />

Chaque paysan échange sa<br />

récolte contre une pièce <strong>de</strong><br />

poterie nommée ostraca. On<br />

indique sur celle-ci la quantité<br />

fournie et la date <strong>de</strong> dépôt.<br />

Le paysan peut utiliser cette<br />

monnaie d’échange sûre pour<br />

acquérir d’autres marchandises.<br />

Ce système fonctionnera jusqu’à<br />

ce que les Romains y mettent fin,<br />

mille ans plus tard.<br />

QU’EST-CE QU’UN SYSTÈME<br />

MONÉTAIRE ? 4<br />

Contrairement au troc, un système<br />

monétaire utilise un instrument,<br />

comme l’argent, pour<br />

régler un échange. Plus les gens<br />

utilisent une monnaie, cet<br />

ensemble <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> métal<br />

dont la valeur est reconnue au<br />

sein d’un groupe, plus elle est<br />

soli<strong>de</strong> (Fiche 3). Aujourd’hui, la<br />

monnaie est <strong>de</strong>venue un bien qui<br />

s’achète comme un autre produit.<br />

fiche 2<br />

QU’EST-CE QUE LA PRODUCTION ? 2<br />

C’est « donner naissance à » quelque<br />

chose : une manifestation, une œuvre<br />

intellectuelle ou artistique, ou <strong>de</strong>s fruits<br />

<strong>de</strong> la terre. Le terme s’applique également<br />

aux activités industrielles. Il se spécialise<br />

au XVIII e siècle et <strong>de</strong>vient économique.<br />

On l’oppose alors à consommation.<br />

DU MARCHÉ PUBLIC AU MARCHÉ<br />

INTERNATIONAL 3<br />

Le marché est d’abord un lieu <strong>de</strong> rencontres<br />

entre producteurs et acheteurs.<br />

Cette notion éclate au XVIII e siècle sous<br />

la poussée du capitalisme en Europe,<br />

quand les marchés <strong>de</strong>viennent nationaux.<br />

Le mot désigne alors un mécanisme<br />

<strong>de</strong> coordination entre l’offre et la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, par lequel l’État gère le<br />

fonctionnement <strong>de</strong> la libre concurrence<br />

sans cesse menacée par le monopole.<br />

Tant que les États n’ont pas cédé aux<br />

assauts <strong>de</strong> la mondialisation, le marché<br />

national reste public.<br />

Le marché mondial est dominé par les<br />

gran<strong>de</strong>s firmes qui écartent l’État du contrôle<br />

social et politique, national et international.<br />

Il ne reconnaît l’existence que<br />

d’une seule autre catégorie : le consommateur.<br />

Sa dynamique transforme en<br />

marchandises l’argent, la culture, l’information,<br />

l’éducation, la santé, l’eau et l’air.<br />

Il intègre tous les pays dans un modèle<br />

unique <strong>de</strong> développement et d’échanges.<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 3<br />

Dès le VII e siècle av. J.-C.,<br />

l’Empire romain assimile le système<br />

développé dans les grands<br />

centres commerciaux <strong>de</strong> la<br />

Méditerranée orientale : celui <strong>de</strong><br />

la monnaie.<br />

En disposant d’une pièce dont la<br />

valeur est reconnue par tous les<br />

membres <strong>de</strong>s groupes où elle<br />

circule, la monnaie facilite les<br />

échanges <strong>de</strong> biens entre<br />

particuliers. Dorénavant dans les<br />

marchés, le marchand <strong>de</strong> poulets<br />

n’est plus tenu d’échanger sa<br />

production contre un poisson<br />

du marchand voisin. Il obtient<br />

une valeur qu’il peut échanger<br />

quand bon lui semble. Pour<br />

acheter du poisson, il peut<br />

attendre que les prix baissent.<br />

Il peut aussi se procurer autre<br />

chose.<br />

Dès lors, le travail représente<br />

un moyen <strong>de</strong> gagner l’argent<br />

nécessaire pour obtenir les<br />

biens convoités. Le commerce<br />

apparaît rapi<strong>de</strong>ment comme<br />

une manière efficace <strong>de</strong> générer<br />

L’APPARITION DE LA MONNAIE<br />

<strong>de</strong> la richesse. En se plaçant<br />

entre le producteur et le consommateur,<br />

le marchand obtient<br />

une somme qui lui permet<br />

d’éponger son investissement<br />

tout en répondant à ses besoins<br />

fondamentaux. Il peut prêter<br />

cette somme avec intérêt, la<br />

réinvestir afin <strong>de</strong> se procurer <strong>de</strong><br />

nouvelles marchandises à revendre<br />

ou l’utiliser pour s’offrir une<br />

belle tunique.<br />

Comme la rareté relative d’un<br />

produit établit son prix, <strong>de</strong>s<br />

générations <strong>de</strong> marchands se<br />

mettent à explorer le mon<strong>de</strong>,<br />

cherchant la perle rare. Ils sillonnent<br />

les routes avec <strong>de</strong>s<br />

pièces dont la valeur est maintenant<br />

reconnue au sein <strong>de</strong> territoires<br />

<strong>de</strong> plus en plus vastes.<br />

Ce sont les premiers voyageurs<br />

<strong>de</strong> commerce qui achètent et<br />

ven<strong>de</strong>nt à profit <strong>de</strong>s livres rares,<br />

<strong>de</strong>s épices, <strong>de</strong>s curiosités 1 . Ils<br />

sont les premiers, outre les<br />

élites politiques et religieuses,<br />

à goûter au pouvoir que leur<br />

confère leur richesse.<br />

Invention originaire d’Asie<br />

mineure, les premières pièces<br />

<strong>de</strong> monnaie sont marquées <strong>de</strong><br />

stries ou d’un poinçon.<br />

QU’EST-CE QUE LE COMMERCE ? 4<br />

Apparu au sens général <strong>de</strong> « vente <strong>de</strong> marchandises<br />

», le mot désigne le mon<strong>de</strong> commercial,<br />

l’espace où se fait un échange<br />

économique.<br />

Le sens abstrait <strong>de</strong> relation réciproque n’est<br />

conservé que dans les locutions « avoir<br />

commerce avec » et « être d’un commerce<br />

agréable ».<br />

QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ?<br />

La monnaie est habituellement une pièce<br />

ron<strong>de</strong> faite d’un métal rare, en or, en<br />

argent, en bronze, dont le fabricant garantit<br />

le poids. On retrouve sur ces pièces la<br />

signature <strong>de</strong> celui qui frappe la monnaie.<br />

Le sou d’or <strong>de</strong> Constantinople, le Nomisma,<br />

était une monnaie <strong>de</strong> <strong>référence</strong> stable,<br />

très recherchée au Moyen Âge.<br />

3<br />

2


L’AGRICULTURE : UNE RÉVOLUTION<br />

SOCIALE ET ÉCONOMIQUE<br />

L'avènement <strong>de</strong> l'agriculture<br />

amène <strong>de</strong>s changements qui ont<br />

<strong>de</strong>s conséquences énormes sur<br />

le plan social. La structure <strong>de</strong>s<br />

sociétés en est fondamentalement<br />

modifiée. La population<br />

augmente et <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en<br />

plus sé<strong>de</strong>ntaire, le travail se spécialise<br />

et les échanges se multiplient.<br />

Avec l'agriculture, les<br />

ressources sont la propriété <strong>de</strong><br />

ceux qui possè<strong>de</strong>nt les terres. La<br />

société se hiérarchise et les<br />

classes sociales apparaissent. Les<br />

paysans <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s métayers*<br />

et une large part <strong>de</strong> leur production<br />

gonfle les greniers <strong>de</strong>s élites<br />

religieuses et politiques. Peu à<br />

peu, les surplus alimentaires<br />

nourrissent et enrichissent ces<br />

élites, <strong>de</strong> même que les artisans<br />

et les marchands qui les servent.<br />

Enfin, l'armée qui soutient le<br />

pouvoir centralisateur s'insère<br />

dans la pyrami<strong>de</strong> sociale <strong>de</strong>s premières<br />

civilisations. Déjà, <strong>de</strong>s<br />

rapports inéquitables s’installent<br />

entre les producteurs qui forment<br />

la base <strong>de</strong> la pyrami<strong>de</strong><br />

sociale et tous ceux qui occupent<br />

les strates supérieures.<br />

LA PYRAMIDE SOCIALE DES<br />

PREMIÈRES CIVILISATIONS 1<br />

ÉLITE<br />

MILITAIRE<br />

MARCHANDS<br />

ET<br />

ARTISANS<br />

PAYSANS<br />

ESCLAVES<br />

ÉLITE RELIGIEUSE<br />

ET<br />

POLITIQUE<br />

Parallèlement, la production alimentaire<br />

augmente, ce qui<br />

dégage un plus grand nombre <strong>de</strong><br />

personnes du travail <strong>de</strong> la terre<br />

et permet une prodigieuse évolution<br />

culturelle et scientifique.<br />

Des technologies d'importance<br />

se développent, comme la<br />

poterie, la roue et le travail <strong>de</strong>s<br />

métaux. Il y a 6 000 ans, les<br />

Mésopotamiens inventent l’écriture<br />

afin <strong>de</strong> mieux gérer les<br />

comptes <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong> l’État et<br />

cette innovation bouleverse le<br />

mon<strong>de</strong>. La hiérarchisation <strong>de</strong> la<br />

société et la consécration du<br />

pouvoir central mènent à <strong>de</strong>s<br />

abus et à <strong>de</strong>s déchirements, tant<br />

au sein <strong>de</strong>s sociétés qu'entre<br />

elles. Déjà, l'histoire est truffée<br />

<strong>de</strong> luttes <strong>de</strong> pouvoir, d'affrontements<br />

<strong>de</strong> classes et <strong>de</strong> guerres<br />

qui sont lourds <strong>de</strong> conséquences.<br />

Ainsi, l'Empire romain ayant<br />

<strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> bouches à<br />

nourrir, n’hésite pas à envahir<br />

l'Afrique du Nord et l'Égypte,<br />

poussant ces régions à produire<br />

<strong>de</strong>s grains au profit <strong>de</strong> Rome.<br />

*Métayer : personne qui prend à bail un<br />

domaine rural et le cultive en échange<br />

d’une partie <strong>de</strong> sa production.<br />

fiche 4<br />

PROPRIÉTÉ PRIVÉE – PROPRIÉTÉ<br />

PUBLIQUE 2<br />

La propriété est le droit d’user, <strong>de</strong> jouir et<br />

<strong>de</strong> disposer d’un bien.<br />

La propriété privée signale une interdiction<br />

d’accé<strong>de</strong>r à un lieu et à ce qu’il contient.<br />

La propriété publique appartient à tous,<br />

régie selon les lois <strong>de</strong> la société qui en<br />

use, en jouit et en dispose.<br />

Au <strong>Québec</strong>, malgré les privilèges<br />

accordés aux sociétés forestières, « théoriquement,<br />

la forêt est publique », nous<br />

rappelle le film L’erreur boréale <strong>de</strong><br />

Richard Desjardins 3 .<br />

LA LUTTE DES CLASSES 4<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 5<br />

Depuis le déclin <strong>de</strong>s premières<br />

civilisations jusqu’au Moyen<br />

Âge, l’humanité vit une longue<br />

transition, affinant progressivement<br />

ses techniques, voyant<br />

éclore ça et là <strong>de</strong> nouveaux<br />

royaumes et <strong>de</strong> nouveaux<br />

empires. Le Moyen Âge fait<br />

naître en Europe un nouvel<br />

acteur économique qui jouera<br />

un grand rôle : le banquier.<br />

Les premiers banquiers sont<br />

<strong>de</strong>s gardiens d’or et d’objets<br />

précieux. Les marchands et les<br />

riches <strong>de</strong> l’époque déposent<br />

chez eux leurs avoirs en<br />

échange d’un reçu, signe avantcoureur<br />

<strong>de</strong> l’apparition du<br />

papier-monnaie. Ils les retirent<br />

ensuite selon leurs besoins,<br />

moyennant un droit <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>.<br />

Lorsqu’un marchand souhaite se<br />

déplacer vers une autre ville<br />

pour régler une transaction, le<br />

banquier lui remet une lettre à<br />

l’intention <strong>de</strong> son correspondant<br />

qui met à sa disposition la<br />

somme équivalente. Il s’agit en<br />

somme <strong>de</strong> l’ancêtre du chèque.<br />

Grâce à ce document payable<br />

uniquement au porteur, notre<br />

marchand s’évite bien <strong>de</strong>s tracas<br />

BANQUIERS ET MARCHANDS<br />

avec les voleurs <strong>de</strong> grands<br />

chemins. Accumulant en dépôt<br />

les droits <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> et les lingots,<br />

le banquier se retrouve avec <strong>de</strong>s<br />

excé<strong>de</strong>nts qu’il peut prêter, contre<br />

intérêt, à <strong>de</strong>s commerçants<br />

solvables. Ainsi, les banquiers<br />

accumulent <strong>de</strong>s fortunes avec<br />

l’argent <strong>de</strong>s autres.<br />

Au XIII e siècle, banquiers, riches<br />

marchands et seigneurs unissent<br />

leurs forces pour financer <strong>de</strong>s<br />

expéditions lucratives dans les<br />

lointaines contrées. À cette<br />

époque, le voyage <strong>de</strong> Marco<br />

Polo en Chine révèle aux<br />

monarques d'Europe qu'aucun<br />

d'entre eux ne dispose <strong>de</strong> la<br />

puissance, <strong>de</strong> la richesse et <strong>de</strong> la<br />

technologie <strong>de</strong>s grands souverains<br />

arabes et chinois. La<br />

route <strong>de</strong> la soie <strong>de</strong>vient hautement<br />

stratégique, traversant<br />

l’Empire musulman et reliant les<br />

royaumes d’Europe à l’empire<br />

du Milieu. Tout au long du<br />

Moyen Âge se <strong>de</strong>ssinent ainsi<br />

<strong>de</strong>s routes commerciales, ce qui<br />

illustre la tendance intrinsèque<br />

<strong>de</strong> l’économie à s’étendre pour<br />

s’approprier <strong>de</strong> nouveaux<br />

marchés.<br />

LES ROUTES DE LA SOIE 4<br />

Déjà au temps <strong>de</strong> Rome, les produits d’Orient, dont la soie, s’accumulaient en<br />

Syrie et en Jordanie avant <strong>de</strong> gagner la ville impériale.<br />

BANQUIERS D’HIER ET D’AUJOUR-<br />

D’HUI<br />

Les premières banques mo<strong>de</strong>rnes sont<br />

créées en Italie, au Moyen Âge. Le nom <strong>de</strong><br />

« banque » vient du mot italien banco qui<br />

veut dire banc. En effet, les prêteurs d’argent<br />

s’assoyaient sur les bancs <strong>de</strong> la place<br />

du marché 2 . Aujourd’hui, les banquiers ont<br />

évolué jusqu’à <strong>de</strong>venir, dès 1990, les<br />

planificateurs centraux du système économique<br />

mondial, selon la revue The Economist<br />

3 .<br />

LE BANQUIER<br />

DU MOYEN ÂGE 1<br />

La soie, en Chine, pouvait servir <strong>de</strong> monnaie<br />

<strong>de</strong> <strong>référence</strong>. Certains fonctionnaires<br />

impériaux étaient payés en rouleaux <strong>de</strong><br />

soie 5 .


LES PREMIÈRES GRANDES GUERRES COMMERCIALES fiche 6<br />

Au début du XIV e siècle, l’Arabie,<br />

la Chine et l’Europe possè<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s flottes et <strong>de</strong>s techniques<br />

suffisamment élaborées pour<br />

soutenir une expansion outremer.<br />

Les Arabes contrôlent la<br />

mer Rouge, le golfe Persique et<br />

la Méditerranée. Ils possè<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s comptoirs commerciaux en<br />

In<strong>de</strong>, en Asie du Sud-Est, en<br />

Chine et sur la côte orientale <strong>de</strong><br />

l'Afrique. Depuis plus d'un siècle,<br />

les Chinois explorent l'océan<br />

Indien à bord <strong>de</strong> vastes jonques<br />

à voiles carrées. Ils cesseront leur<br />

expansion commerciale avant le<br />

milieu du siècle, disposant d’immenses<br />

ressources naturelles et<br />

étant déjà bien affairés à contrôler<br />

un aussi vaste territoire.<br />

L'Europe se lance alors à l'assaut<br />

<strong>de</strong>s mers. Les Arabes bloquant la<br />

Méditerranée, l'ouverture vers le<br />

mon<strong>de</strong> n'est désormais possible<br />

que par l’Atlantique. Les Européens<br />

mettent alors au point les<br />

caravelles, ces vaisseaux <strong>de</strong> petite<br />

taille, très maniables et à faible<br />

tirant d'eau. Ils disposent aussi<br />

d'un avantage marqué sur leurs<br />

concurrents arabes, car ils possè-<br />

<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s canons <strong>de</strong> bronze,<br />

l’arme la plus efficace <strong>de</strong><br />

l'époque. La guerre commerciale<br />

est ouverte et les résultats ne tar<strong>de</strong>nt<br />

pas à sonner…<br />

ou à tonner !<br />

Vers 1400, les Européens prennent<br />

la mer à bord <strong>de</strong> leurs caravelles.<br />

Dès 1415, ils établissent<br />

<strong>de</strong>s postes fortifiés en Afrique du<br />

Nord. Ils contournent ensuite le<br />

cap Bonne-Espérance, semant<br />

<strong>de</strong>s comptoirs commerciaux le<br />

long <strong>de</strong>s rives <strong>de</strong> l'océan Indien<br />

où ils s’approprient les<br />

ressources. Pour établir cette<br />

route commerciale, les Européens<br />

doivent évincer les marchands<br />

arabes qui occupent déjà<br />

ces rives. Peu à peu, l'Europe<br />

conquiert une partie <strong>de</strong>s côtes<br />

du mon<strong>de</strong>. Pendant ce temps,<br />

Christophe Colomb, navigateur<br />

génois au service <strong>de</strong> la couronne<br />

d'Espagne, quitte la côte atlantique<br />

en direction <strong>de</strong> l'Ouest. Sa<br />

découverte <strong>de</strong> l’Amérique changera<br />

radicalement le cours <strong>de</strong><br />

l’Histoire.<br />

Je voudrais bien voir la clause du testament<br />

d’Adam qui m’exclut du partage du<br />

mon<strong>de</strong>.<br />

LES COMPTOIRS COMMERCIAUX<br />

À l’origine du mot « comptoir », on trouve<br />

<strong>de</strong>s lieux où l’on transige <strong>de</strong>s marchandises.<br />

Ces lieux évoluent pour <strong>de</strong>venir <strong>de</strong><br />

véritables bases coloniales. Zanzibar en<br />

Tanzanie, Pondichéry en In<strong>de</strong>, Cayenne<br />

en Guyane, Tadoussac au Canada, voilà<br />

autant d’exemples <strong>de</strong> comptoirs. Ils ont<br />

tous en commun d’exploiter les biens du<br />

pays pour <strong>de</strong>s besoins extérieurs.<br />

CARAVELLE 1<br />

François 1er ROI DE FRANCE, DE 1515 À 1547.<br />

LA PREMIÈRE MONDIALISATION<br />

Au cours du XVI e siècle, un véritable système<br />

commercial s’élabore à l'échelle<br />

mondiale. Déjà basée sur l’or, l’économie<br />

européenne finance la colonisation<br />

du Nouveau Continent à même les<br />

réserves trouvées en Amérique (Fiche 7).<br />

Partagés en quatre puissances, les pays<br />

côtiers se divisent ce nouveau marché.<br />

L’Espagne, le Portugal, l’Angleterre et la<br />

France contrôlent le mon<strong>de</strong>, un peu<br />

comme les multinationales mo<strong>de</strong>rnes<br />

Philip Morris, Nestlé et Sara Lee se partagent<br />

aujourd’hui 45 % du marché <strong>de</strong> la<br />

torréfaction du café 2 .<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 7<br />

L'année 1492 marque les débuts<br />

<strong>de</strong> l'expansion coloniale <strong>de</strong><br />

l’Europe. Jusqu'au milieu du<br />

XVIII e siècle, le Portugal et<br />

l’Espagne, avi<strong>de</strong>s d’or et <strong>de</strong><br />

richesse, se lancent à la conquête<br />

<strong>de</strong> l'Amérique centrale,<br />

<strong>de</strong> l'Amérique du Sud et <strong>de</strong>s îles<br />

avoisinantes. Pendant ce temps,<br />

l’Angleterre et la France établissent<br />

un commerce triangulaire<br />

entre l’Europe, l’Afrique et leurs<br />

colonies d’Amérique. Entre 1750<br />

et 1850, les Britanniques évincent<br />

les Français d’Amérique du<br />

Nord et du continent indien. À<br />

partir <strong>de</strong> 1850, l’Europe étend sa<br />

mainmise sur le continent africain<br />

et ensuite sur la majeure<br />

partie <strong>de</strong> l'Orient. Parallèlement,<br />

la Russie pousse la colonisation<br />

jusqu'aux frontières connues<br />

avant l'éclatement <strong>de</strong> l'URSS.<br />

Cette expansion rapi<strong>de</strong> modifie<br />

partout la démographie,<br />

l'économie, la technologie, la<br />

culture et l'environnement.<br />

COLONISATION : EN ROUTE VERS<br />

LE TIERS-MONDE<br />

Le système colonial permet aux<br />

peuples conquérants <strong>de</strong> s'approprier<br />

<strong>de</strong>s ressources qui font<br />

défaut à l'Europe. Il ne s’agit<br />

plus d’échanges économiques,<br />

mais d’une exploitation systématique<br />

et parfois sanglante <strong>de</strong>s<br />

sociétés conquises. Les populations<br />

y per<strong>de</strong>nt souvent leurs<br />

terres, leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie, leurs<br />

pratiques spirituelles et leur<br />

indépendance, parfois même<br />

leur santé et trop souvent leur<br />

vie. Lorsque la main-d’œuvre<br />

vient à manquer, les colonies se<br />

tournent vers l'Afrique. Ainsi, un<br />

grand nombre d'Africaines et<br />

d'Africains <strong>de</strong> la côte ouest sont<br />

embarqués pour un voyage sans<br />

retour. Jusqu'à l'abolition <strong>de</strong><br />

l'esclavage au XIX e siècle, près<br />

<strong>de</strong> 10 millions d’Africains franchissent<br />

l'Atlantique. De ce<br />

nombre, près du cinquième<br />

meurt pendant la traversée.<br />

L'esclavage constitue l'une <strong>de</strong>s<br />

principales forces économiques<br />

<strong>de</strong> l'Europe et <strong>de</strong> ses colonies<br />

jusqu'à la fin du XIX e siècle.<br />

L’AFRIQUE SOUS LE JOUG<br />

La colonisation <strong>de</strong> l'Afrique suit le même<br />

processus qu'ailleurs dans le mon<strong>de</strong>.<br />

Dans un premier temps, les nouveaux<br />

colons évincent les populations locales<br />

et s'approprient les meilleures terres<br />

agricoles. Ils exploitent massivement les<br />

sols conquis en y faisant pousser <strong>de</strong>s cultures<br />

<strong>de</strong>stinées à l'exportation. Par le fait<br />

même, ils limitent les cultures vivrières<br />

et confinent les populations locales à <strong>de</strong>s<br />

territoires éloignés et <strong>de</strong> moindre qualité.<br />

Dès lors, la culture d'exportation se<br />

fait sur d'immenses surfaces et repose<br />

exclusivement sur <strong>de</strong>s capitaux européens.<br />

Les populations locales constituent<br />

une main-d'œuvre à bon marché,<br />

sinon gratuite. C'est ainsi qu’une minorité<br />

d'Européens prend peu à peu possession<br />

<strong>de</strong> la majeure partie du territoire<br />

africain, asservissant le peuple d'origine.<br />

ÉTENDRE SON EMPRISE SUR LE<br />

MONDE<br />

La colonisation poursuit <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>sseins :<br />

• L’importation <strong>de</strong> biens exotiques<br />

utiles à la métropole.<br />

• L’exportation et l’imposition <strong>de</strong> sa<br />

propre image, spirituelle et<br />

économique.<br />

L’essence <strong>de</strong> cette mentalité se perpétue<br />

aujourd’hui par le biais <strong>de</strong> firmes<br />

transnationales qui établissent <strong>de</strong>s systèmes<br />

d’exploitation uniformes sans<br />

tenir compte <strong>de</strong>s cultures locales.<br />

L’égalité est, je crois, impossible dans un État où la possession est solitaire et<br />

absolue ; car chacun s’y autorise <strong>de</strong> divers titres et droits pour attirer à soi autant<br />

qu’il peut. La richesse nationale, quelque gran<strong>de</strong> qu’elle soit, finit par tomber en<br />

la possession d’un petit nombre d’individus qui ne laissent aux autres qu’indigence<br />

et misère.<br />

Thomas More. L’utopie, 1516


NAISSANCE DU CAPITALISME fiche 8<br />

L'essor <strong>de</strong> l'Europe aux XVII e et<br />

XVIII e siècles impose une redéfinition<br />

<strong>de</strong>s liens entre les différentes<br />

régions du mon<strong>de</strong>. De<br />

nouvelles routes commerciales<br />

se <strong>de</strong>ssinent avec la découverte<br />

<strong>de</strong> l'Amérique, <strong>de</strong>s îles du<br />

Pacifique et <strong>de</strong> l'Australie, avec<br />

la colonisation <strong>de</strong> l'Afrique et<br />

l'établissement <strong>de</strong> colonies<br />

blanches dans ces régions. Pour<br />

la première fois, les cinq continents<br />

participent à la création<br />

d'une économie mondiale.<br />

L'Amérique du Nord, l'Australie,<br />

la Nouvelle-Zélan<strong>de</strong>, l'Afrique<br />

du Sud et l'Europe détiennent<br />

une large part du pouvoir. Toutes<br />

les autres régions, à l'exception<br />

du Japon qui a résisté aux conquêtes,<br />

<strong>de</strong>viennent subordonnées<br />

à ce nouvel ordre mondial.<br />

On assiste alors à la naissance du<br />

tiers-mon<strong>de</strong>, cet ensemble <strong>de</strong><br />

régions exclues du réseau <strong>de</strong><br />

l’économie mondiale.<br />

Les populations du Nord accumulent<br />

<strong>de</strong>s richesses dans<br />

plusieurs pays. Leur mainmise<br />

sur les ressources planétaires<br />

permet à l’Occi<strong>de</strong>nt d’asseoir les<br />

bases économiques qui préparent<br />

l’avènement <strong>de</strong> la révolution<br />

industrielle. Les marchands<br />

ayant fait fortune <strong>de</strong>viennent<br />

<strong>de</strong>s industriels. Ils créent les<br />

premières gran<strong>de</strong>s manufactures<br />

et engagent <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong><br />

salariés libérés du travail <strong>de</strong> la<br />

terre <strong>de</strong>puis l’augmentation <strong>de</strong><br />

la productivité agricole. La multiplication<br />

<strong>de</strong>s échanges permet<br />

peu à peu la formation d’un<br />

marché intérieur, le développement<br />

accéléré <strong>de</strong> la propriété<br />

individuelle et le déclin <strong>de</strong>s protections<br />

économiques et sociales<br />

qu’assuraient jusqu’alors les<br />

États et les cités. Le capitalisme<br />

est né ! En faisant éclater, avec<br />

le concours <strong>de</strong> l’État, les barrières<br />

féodales et urbaines, le<br />

capitalisme a généralisé l’économie<br />

<strong>de</strong> marché. Les marchés<br />

publics tels que le marché Jean-<br />

Talon à Montréal constituent un<br />

héritage <strong>de</strong> ce système avant la<br />

révolution industrielle 1 .<br />

CARTE DU MONDE COLONIAL 4<br />

Exemple <strong>de</strong> l’Empire français en 1903<br />

QU’EST-CE QUE LE CAPITALISME ? 2<br />

À l’origine (1753), le capitalisme est l’état<br />

<strong>de</strong> la personne qui possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s richesses.<br />

La définition mo<strong>de</strong>rne du terme est<br />

liée à la révolution industrielle (Fiche 9).<br />

Politiquement, il désigne un régime<br />

socio-économique où le capital n’appartient<br />

pas à ceux dont le travail produit les<br />

richesses, mais plutôt à un nombre<br />

restreint <strong>de</strong> personnes qui détiennent le<br />

pouvoir. Économiquement, il désigne<br />

l’accumulation <strong>de</strong>s capitaux affectés à la<br />

production.<br />

PREMIÈRES GRANDES MANUFACTURES :<br />

MANCHESTER HABILLE LE MONDE 3<br />

Capitale mondiale du textile au XIX e siècle,<br />

Manchester est une ville anglaise<br />

d’un quart <strong>de</strong> million d’habitants approvisionnée<br />

en coton par le sud <strong>de</strong>s États-<br />

Unis, l’In<strong>de</strong>, l’Égypte et l’Ouganda. Les<br />

conditions <strong>de</strong> travail injustes, insalubres<br />

et même dangereuses <strong>de</strong> ses usines contribueront<br />

à engendrer une solution <strong>de</strong><br />

rechange au capitalisme : le communisme.<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 9<br />

Au début du XIX e siècle,<br />

l’Angleterre est le pays le plus<br />

puissant du mon<strong>de</strong>. C’est là que<br />

se trame une révolution qui aura<br />

autant d'impact sur l'humanité<br />

que l'apparition <strong>de</strong> l'agriculture.<br />

À cette époque, le mon<strong>de</strong> est<br />

réuni au sein d'un système<br />

économique hérité <strong>de</strong> l'expansion<br />

européenne. De nombreuses<br />

routes commerciales<br />

relient les quatre coins du<br />

globe, ce qui permet aux populations<br />

nordiques d'amasser<br />

suffisamment <strong>de</strong> ressources et<br />

<strong>de</strong> capitaux pour mettre en<br />

branle la révolution industrielle.<br />

La planète est mise au travail<br />

pour combler les besoins croissants<br />

<strong>de</strong> la population.<br />

Bienvenue dans « les temps<br />

mo<strong>de</strong>rnes » !<br />

La révolution industrielle coïnci<strong>de</strong><br />

avec une augmentation<br />

sans précé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la population<br />

mondiale. Un plus grand nombre<br />

<strong>de</strong> bouches à nourrir impose<br />

<strong>de</strong>s changements énormes<br />

qui marquent la fin <strong>de</strong> plusieurs<br />

millénaires d’autosuffisance en<br />

agriculture. L'Europe coloniale<br />

domine le mon<strong>de</strong> et se tourne<br />

vers ses colonies pour satisfaire<br />

ses besoins alimentaires. Dans<br />

un premier temps, les colonies<br />

fournissent <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> luxe<br />

comme le thé, le café, le cacao<br />

et le sucre. À la fin du siècle,<br />

elles approvisionnent l'Europe<br />

en ressources alimentaires <strong>de</strong><br />

base comme les grains, la<br />

vian<strong>de</strong> et les produits laitiers.<br />

LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE :<br />

DE L’EXODE RURAL À LA VILLE<br />

La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> croissante entraîne<br />

une augmentation substantielle<br />

<strong>de</strong>s surfaces cultivées sur<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s continents, la<br />

plupart du temps au détriment<br />

<strong>de</strong>s cultures vivrières.<br />

Jusqu'au XIX e siècle, les campagnes<br />

abritent presque 97 %<br />

<strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> la population<br />

mondiale. Des milliers <strong>de</strong><br />

paysans et d’immigrants investissent<br />

bientôt les nouvelles<br />

cités industrielles, lieu <strong>de</strong> prédilection<br />

<strong>de</strong> la révolution industrielle.<br />

Ce qui les pousse à s’y<br />

installer ? L’absence <strong>de</strong> travail, la<br />

misère, l’augmentation du prix<br />

<strong>de</strong>s terres, mais aussi l’espoir<br />

d’une vie meilleure avec un<br />

salaire fixe indépendant <strong>de</strong>s<br />

aléas <strong>de</strong> la nature et permettant<br />

<strong>de</strong> se procurer plus que le<br />

nécessaire. Au fur et à mesure<br />

que s'ouvrent les usines, que se<br />

mécanise l’agriculture et que<br />

s'accroît la population, les villes<br />

augmentent en nombre, en<br />

gran<strong>de</strong>ur et en influence<br />

économique. Entre 1900 et 1980,<br />

le nombre <strong>de</strong> citadins passe <strong>de</strong><br />

10 % à plus <strong>de</strong> 50 %. Depuis,<br />

l’exo<strong>de</strong> vers les villes paraît sans<br />

fin. Plus <strong>de</strong> trois milliards <strong>de</strong><br />

personnes y habitent désormais.<br />

LES TEMPS MODERNES<br />

(1936)<br />

DE L’INNOVATION À L’EXODE RURAL<br />

En matière d’agriculture, quelques innovations<br />

technologiques permettent <strong>de</strong> produire<br />

toujours plus, et ce, à <strong>de</strong>s distances<br />

toujours plus gran<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leurs lieux <strong>de</strong> consommation.<br />

D’une part, le transport par<br />

bateaux à vapeur et par chemins <strong>de</strong> fer ainsi<br />

que la réfrigération et la congélation <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées périssables ren<strong>de</strong>nt possible l'ouverture<br />

<strong>de</strong> nouvelles routes commerciales.<br />

Simultanément, la mécanisation fait qu’on<br />

accomplit une quantité <strong>de</strong> travail plus<br />

gran<strong>de</strong> en moins <strong>de</strong> temps. Elle favorise<br />

aussi l’émergence d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> culture<br />

beaucoup plus rentable à court terme :la<br />

monoculture. Ce nouveau procédé, qui<br />

épuise rapi<strong>de</strong>ment les sols, rend les agriculteurs<br />

dépendants <strong>de</strong>s fertilisants d’origine<br />

chimique que les entreprises leur ven<strong>de</strong>nt.<br />

De plus, ces facteurs combinés font en sorte<br />

que les fermes <strong>de</strong>viennent plus gran<strong>de</strong>s et<br />

moins nombreuses. Paradoxalement, les<br />

agriculteurs embauchent moins <strong>de</strong> travailleuses<br />

et travailleurs agricoles. Le coup<br />

d’envoi <strong>de</strong> l’exo<strong>de</strong> rural est donné !


LE TRAVAIL À LA CHAÎNE<br />

L’industrialisation favorise la spécialisation<br />

du travail. Dans la ville<br />

industrielle, rares sont dorénavant<br />

les personnes en<br />

mesure <strong>de</strong> construire leur maison<br />

et <strong>de</strong> cultiver leurs champs<br />

tout en éduquant leurs enfants.<br />

De plus en plus dépendants les<br />

uns <strong>de</strong>s autres, les gens se procurent<br />

<strong>de</strong>s biens dans les commerces<br />

qui foisonnent.<br />

Vers 1840 aux États-Unis et une<br />

trentaine d’années plus tard en<br />

Europe, on introduit dans les usines<br />

le travail à la chaîne pour<br />

augmenter la production et<br />

réduire les coûts, incitant plus <strong>de</strong><br />

gens à se procurer une plus<br />

gran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> biens. La<br />

fièvre <strong>de</strong> la consommation<br />

débute.<br />

Les emplois requièrent peu <strong>de</strong><br />

qualification, car le travail est<br />

maintenant conditionné par <strong>de</strong>s<br />

machines dont la rentabilité est<br />

optimisée grâce à la surveillance<br />

<strong>de</strong>s contremaîtres.<br />

La restructuration du travail,<br />

qu’amène la mise en place <strong>de</strong>s<br />

chaînes <strong>de</strong> montage, favorise<br />

une augmentation très rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la production industrielle.<br />

Aujourd'hui, celle-ci est 50 fois<br />

supérieure à ce qu'elle était il y a<br />

à peine un siècle. Près <strong>de</strong> 80 %<br />

<strong>de</strong> cette hausse survient après la<br />

Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale.<br />

La multiplication <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong><br />

consommation nécessite l'utilisation<br />

massive <strong>de</strong> combustibles<br />

fossiles et une quantité<br />

phénoménale <strong>de</strong> ressources<br />

naturelles, en particulier <strong>de</strong>s<br />

métaux. Cette utilisation est telle<br />

que l'époque industrielle peut<br />

être qualifiée, à ses débuts,<br />

d'« ère du métal » et, plus récemment,<br />

d'« ère du plastique ».<br />

fiche 10<br />

LES CHAÎNES DE PRODUCTION<br />

Une chaîne <strong>de</strong> production sous-tend<br />

l’idée <strong>de</strong> segmentation et <strong>de</strong> répétition.<br />

Elle divise le travail entre plusieurs<br />

acteurs. Chacun effectue une tâche spécifique<br />

pour créer un tout, comme dans<br />

la production automobile, ou pour relier<br />

une matière première à ses consommateurs,<br />

comme dans la production du café.<br />

L’ÉNERGIE : MOTEUR DE LA RÉVOLU-<br />

TION INDUSTRIELLE<br />

Du feu <strong>de</strong> bois au gaz naturel, l’évolution<br />

a également engendré l’électricité. Pour<br />

la produire, le moyen le plus populaire<br />

reste l’utilisation <strong>de</strong> combustibles fossiles<br />

(pétrole, gaz, charbon).<br />

Au XX e siècle, on assiste à un clivage<br />

énergétique entre les pays du Sud et du<br />

Nord. Le pétrole actionne l’Europe et<br />

l’Amérique tandis que les combustibles<br />

<strong>de</strong> surface (bois et bouse) alimentent le<br />

reste <strong>de</strong> la planète. Pour rattraper l’Occi<strong>de</strong>nt,<br />

les pays du tiers-mon<strong>de</strong> misent sur<br />

le développement industriel. Les nouvelles<br />

industries, qui calquent le modèle<br />

<strong>de</strong> développement du Nord, sont hautement<br />

énergivores et mal adaptées aux<br />

réalités <strong>de</strong> ces pays. Une bonne part <strong>de</strong>s<br />

recettes d’exportation du tiers-mon<strong>de</strong><br />

sert à payer la facture énergétique <strong>de</strong> ce<br />

modèle <strong>de</strong> développement.<br />

DU TRAVAILLEUR ENCHAÎNÉ… AU TRAVAIL À LA CHAÎNE 1<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 11<br />

Avec l’industrialisation et l’ouverture<br />

<strong>de</strong>s marchés extérieurs,<br />

les premières entreprises multinationales<br />

surgissent. Elles<br />

puisent les ressources nécessaires<br />

à la production dans les<br />

pays où les prix sont les plus<br />

abordables. Elles les transforment<br />

dans le pays d’appartenance<br />

<strong>de</strong> l’entreprise, puis ven<strong>de</strong>nt<br />

les biens <strong>de</strong> consommation<br />

là où se trouvent les clients<br />

prêts à débourser pour se procurer<br />

ces biens. En 1883, le<br />

marché pétrolier, porté par l’essor<br />

<strong>de</strong> l’industrie automobile,<br />

voit naître la première multinationale,<br />

la Standard Oil Trust <strong>de</strong><br />

John D. Rockefeller. C’est le<br />

coup d’envoi <strong>de</strong> la multinationalisation<br />

<strong>de</strong>s entreprises.<br />

Soutenues par la découverte du<br />

pétrole et <strong>de</strong> l’électricité qui<br />

font tourner les machines à<br />

plein régime, <strong>de</strong>s centaines<br />

d’entreprises débor<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leur<br />

frontière et font <strong>de</strong> la planète<br />

entière un marché à conquérir.<br />

Quelques grands noms<br />

amassent <strong>de</strong>s fortunes colossales,<br />

comme Carnegie (acier),<br />

Morgan (finance), Du Pont <strong>de</strong><br />

NAISSANCE DES<br />

MULTINATIONALES<br />

Nemours (industrie chimique) et<br />

Ford (automobile). Au cours <strong>de</strong><br />

sa vie, Rockefeller a accumulé<br />

un magot <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 190<br />

milliards <strong>de</strong> dollars en dollars<br />

constants <strong>de</strong> 1999, soit encore<br />

davantage que les 80 milliards<br />

<strong>de</strong> Bill Gates !<br />

Afin <strong>de</strong> limiter cette formidable<br />

concentration <strong>de</strong> la richesse et<br />

d’assumer ses responsabilités<br />

envers la population, l’État<br />

entreprend dès lors un long<br />

bras <strong>de</strong> fer avec les milieux<br />

industriels et financiers.<br />

Il s’agit <strong>de</strong>s premières lois antitrust.<br />

Parallèlement, le mouvement<br />

ouvrier s’organise et les<br />

luttes syndicales permettent aux<br />

ouvriers d’obtenir <strong>de</strong> meilleures<br />

conditions <strong>de</strong> travail. Les gouvernements<br />

adoptent diverses<br />

mesures sociales et économiques<br />

pour assurer une plus juste<br />

distribution <strong>de</strong>s richesses produites<br />

à même les ressources<br />

et le travail <strong>de</strong> la nation. Le siècle<br />

<strong>de</strong>rnier aura été le théâtre<br />

d’une gigantesque lutte <strong>de</strong><br />

pouvoir entre l’État, les gran<strong>de</strong>s<br />

industries et les travailleurs.<br />

UNE RICHESSE CONCENTRÉE DANS LES<br />

MAINS DE QUELQUES-UNS<br />

Depuis la secon<strong>de</strong> moitié du XX e siècle, la<br />

production industrielle est concentrée dans<br />

les mains <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s multinationales. Ainsi,<br />

les 200 plus gran<strong>de</strong>s entreprises, avec chacune<br />

un chiffre d'affaires supérieur à trois<br />

milliards <strong>de</strong> dollars américains, possè<strong>de</strong>nt<br />

le tiers <strong>de</strong>s capitaux mondiaux. À elle seule,<br />

la compagnie General Motors a un chiffre<br />

d'affaires supérieur à celui <strong>de</strong> l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s pays du tiers-mon<strong>de</strong>, exception faite du<br />

Mexique, <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> et du Brésil. Le pouvoir<br />

<strong>de</strong> ces entreprises et le contrôle qu'elles<br />

exercent sur l'économie mondiale sont<br />

énormes.<br />

LES GAINS DU MOUVEMENT OUVRIER<br />

DEPUIS LE PREMIER MAI 1888<br />

EN GÉNÉRAL :<br />

une plus juste redistribution <strong>de</strong> la richesse.<br />

EN PARTICULIER :<br />

• le droit d’association ;<br />

• la journée <strong>de</strong> huit heures ;<br />

• le salaire minimum ;<br />

• l’égalité <strong>de</strong>s classes ;<br />

• les droits parentaux ;<br />

• le droit <strong>de</strong> grève ;<br />

• l’intégration <strong>de</strong>s femmes sur le marché<br />

du travail.<br />

PATRON DE MULTINATIONALE 1


LES PROFITS DE LA SECONDE<br />

GUERRE MONDIALE<br />

La Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale,<br />

remportée par les forces alliées<br />

avec l’appui considérable <strong>de</strong>s<br />

États-Unis, favorise le déplacement<br />

du pouvoir économique<br />

vers l’Amérique du Nord.<br />

L’après-guerre permet aux États-<br />

Unis <strong>de</strong> concrétiser une mainmise<br />

naissante sur l’ensemble du<br />

mon<strong>de</strong>. Afin <strong>de</strong> soutenir son<br />

expansion économique, le gouvernement<br />

états-unien fon<strong>de</strong> sa<br />

politique sur trois impératifs considérés<br />

comme vitaux pour l’intérêt<br />

national :<br />

1) le libre accès aux matières<br />

premières du mon<strong>de</strong> entier ;<br />

2) le libre accès aux marchés extérieurs<br />

afin d’écouler la production<br />

croissante du pays et ;<br />

3) la libre circulation <strong>de</strong>s capitaux,<br />

condition essentielle<br />

pour investir directement<br />

partout dans le mon<strong>de</strong>. Il ne<br />

reste plus maintenant qu’à<br />

faire entériner cette politique<br />

par les pays alliés.<br />

Ceux-ci, après l’effort <strong>de</strong> guerre<br />

états-unien, ont une <strong>de</strong>tte qu’on<br />

ne manquera pas <strong>de</strong> leur rappeler.<br />

Ruinés par la guerre, ils ont<br />

un impérieux besoin <strong>de</strong> capitaux<br />

pour amorcer leur reconstruction.<br />

En juillet 1944, le prési<strong>de</strong>nt<br />

Roosevelt recueille, autour <strong>de</strong> ce<br />

qu’on appelle aujourd’hui les<br />

accords <strong>de</strong> Bretton Woods, les<br />

signatures <strong>de</strong>s délégués <strong>de</strong>s<br />

44 pays alliés. C’est la naissance<br />

du nouvel ordre économique<br />

mondial, les premiers jours <strong>de</strong> la<br />

globalisation <strong>de</strong> l’économie<br />

comme nous la connaissons<br />

aujourd’hui.<br />

Ce sont surtout les entreprises<br />

multinationales qui profitent <strong>de</strong>s<br />

accords <strong>de</strong> Bretton Woods.<br />

Stimulée par l’augmentation <strong>de</strong><br />

la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> consommation,<br />

la puissante machine<br />

industrielle s'emballe en<br />

Occi<strong>de</strong>nt. C’est un boum<br />

économique : l’emploi explose,<br />

le pouvoir d’achat <strong>de</strong>s consommateurs<br />

s’accroît, l’Occi<strong>de</strong>nt<br />

baigne dans l’abondance. Aux<br />

secteurs primaire et secondaire,<br />

consacrés à l'exploitation <strong>de</strong>s<br />

ressources naturelles et à leur<br />

transformation, s'ajoute le<br />

secteur tertiaire qui comprend<br />

les services, notamment le vaste<br />

champ <strong>de</strong> la consultation, <strong>de</strong><br />

l'éducation, <strong>de</strong> la santé publique,<br />

<strong>de</strong>s loisirs et du tourisme. En<br />

1900, 25 % <strong>de</strong> la population<br />

américaine occupe ce secteur<br />

économique. Cette proportion<br />

double en 50 ans et continue <strong>de</strong><br />

croître année après année. Pour<br />

écouler les stocks, les grands<br />

magasins et les centres commerciaux<br />

apparaissent, constituant<br />

un nouveau type <strong>de</strong> services,<br />

inconnu ou presque jusqu'alors.<br />

fiche 12<br />

BRETTON WOODS, 1944<br />

Les accords <strong>de</strong> Bretton Woods consacrent<br />

le dollar américain comme <strong>de</strong>viseclé<br />

du système monétaire international.<br />

Désormais, on accor<strong>de</strong> au dollar une<br />

valeur fixe, en fonction <strong>de</strong> la quantité<br />

d’or disponible. Avoir en poche <strong>de</strong>s dollars<br />

américains correspond à possé<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> l’or en barre. On crée trois institutions<br />

transnationales pour soutenir l’expansion<br />

économique : le Fonds monétaire<br />

international (FMI), chargé <strong>de</strong> préserver<br />

la stabilité du nouveau système monétaire,<br />

la Banque mondiale (BM), dont le<br />

mandat est <strong>de</strong> financer le développement<br />

et <strong>de</strong> promouvoir les investissements<br />

étrangers dans les pays en<br />

développement, et le General Agreement<br />

on Tariffs and Tra<strong>de</strong> (GATT), qui fixe les<br />

prix et contrôle les échanges internationaux.<br />

En 1995, le GATT <strong>de</strong>vient l’Organisation<br />

mondiale du Commerce (OMC).<br />

Ces trois institutions sont parmi les principales<br />

cibles <strong>de</strong> l’actuel mouvement<br />

antimondialisation.<br />

LE « CENTRE D’ACHATS »<br />

Les États-Unis possè<strong>de</strong>nt aujourd’hui<br />

plus <strong>de</strong> centres commerciaux que d'écoles<br />

secondaires et leur nombre augmente<br />

<strong>de</strong> 2000 par année : « Toute<br />

l'Amérique semble se remo<strong>de</strong>ler à l'image<br />

du mail commercial. » 1 , le nouveau<br />

temple.<br />

2<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 13<br />

Pour répondre à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

croissante, les entreprises, <strong>de</strong><br />

plus en plus multinationales,<br />

produisent <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation<br />

en quantités toujours<br />

plus gran<strong>de</strong>s. Un réseau<br />

<strong>de</strong> transport tentaculaire se<br />

développe et facilite la circulation<br />

<strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s personnes.<br />

Des réseaux <strong>de</strong> communication<br />

s'implantent partout dans le<br />

mon<strong>de</strong> et favorisent les<br />

échanges internationaux.<br />

En 1970, on franchit le cap<br />

<strong>de</strong>s 7 000 entreprises multinationales.<br />

Celles-ci possè<strong>de</strong>nt<br />

près <strong>de</strong> 50 000 filiales qui<br />

relaient aux grands patrons et<br />

aux actionnaires les bénéfices<br />

<strong>de</strong>s investissements faits à<br />

l’échelle <strong>de</strong> la planète.<br />

Pour stimuler la consommation,<br />

on crée <strong>de</strong> nouveaux produits<br />

dont la principale fonction consiste<br />

à maintenir les étalages<br />

bien garnis. Les entreprises ont<br />

tendance à mettre sur le marché<br />

<strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong><br />

courte durée, obsolescents*,<br />

s’assurant ainsi un roulement<br />

constant <strong>de</strong>s stocks. Afin <strong>de</strong><br />

LES PIÈGES DU CRÉDIT 3<br />

FAIRE ROULER LA MACHINE ÉCONOMIQUE<br />

faire mousser les ventes, les produits<br />

durent peu, nécessitent<br />

<strong>de</strong>s réparations et <strong>de</strong>s ajustements<br />

fréquents, lorsqu'il ne<br />

faut pas les remplacer tout simplement.<br />

Le <strong>de</strong>sign <strong>de</strong>s objets<br />

incite les consommatrices et<br />

consommateurs à renouveler<br />

souvent.<br />

L'industrie <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> en est<br />

l'exemple le plus frappant. La<br />

production ne vise plus tant à<br />

répondre aux besoins <strong>de</strong>s consommateurs<br />

qu’à faire rouler la<br />

machine économique.<br />

Ainsi, différentes mesures<br />

poussent à désirer et à consommer,<br />

notamment le crédit. Dès<br />

1925, 75 % <strong>de</strong>s voitures achetées<br />

aux États-Unis le sont à crédit,<br />

avec promesse <strong>de</strong> bonheur<br />

garanti ou d'argent remis !<br />

Enfin, la publicité et le marketing<br />

influencent les consommatrices<br />

et consommateurs. C’est<br />

pourquoi entre 1950 et 1990 on<br />

multiplie par sept les dépenses<br />

totales consacrées<br />

à la publicité.<br />

*Obsolescence : le fait <strong>de</strong> ce qui <strong>de</strong>vient<br />

périmé.<br />

L’AUTO DE LA PAIX<br />

Lorsque l’automobile <strong>de</strong>viendra aussi<br />

répandue en Europe et en Asie qu’en<br />

Amérique, les nations feront preuve <strong>de</strong><br />

compréhension mutuelle. Les gouvernants<br />

ne pourront pas faire la guerre. Ils<br />

ne pourront pas, car les gens les en<br />

empêcheront… C’est la plus gran<strong>de</strong><br />

chose que puisse accomplir l’automobile<br />

: l’élimination <strong>de</strong> la guerre. L’automobile<br />

est le produit <strong>de</strong> la paix 1 .<br />

HENRY FORD, 1924<br />

COUP D’ŒIL SUR LA MODE<br />

La mo<strong>de</strong>, en 2001, est au rétro. Qu’il<br />

s’agisse <strong>de</strong> voitures, <strong>de</strong> vêtements ou <strong>de</strong><br />

musique, le commerce exploite jusqu’à la<br />

lie le siècle qui vient <strong>de</strong> se terminer. Les<br />

diktats <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong> produisent aussi <strong>de</strong>s<br />

ve<strong>de</strong>ttes qui vivent le temps d’une saison,<br />

<strong>de</strong>s artifices qui déterminent les décisions<br />

et l’envahissement du paysage par la publicité.<br />

LE DÉSIR 2<br />

Le mot désir est issu du latin <strong>de</strong>si<strong>de</strong>rare qui<br />

signifie « cesser <strong>de</strong> contempler l’astre »,<br />

d’où « regretter l’absence <strong>de</strong> » et désigne<br />

l’aspiration, le souhait. Les notions <strong>de</strong><br />

besoin (Fiche 1) et <strong>de</strong> désir sont entrelacées<br />

au cœur <strong>de</strong> la consommation.


ÉTAT-PROVIDENCE ET ÉTATS EN FAILLITE<br />

Pendant les trente années <strong>de</strong><br />

prodigieuse croissance<br />

économique qui suivent la<br />

Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, les<br />

gouvernements occi<strong>de</strong>ntaux<br />

instaurent <strong>de</strong>s mesures pour<br />

redistribuer une partie <strong>de</strong>s<br />

richesses au sein <strong>de</strong> leur pays :<br />

c’est la naissance <strong>de</strong> l’État-provi<strong>de</strong>nce.<br />

Les fruits <strong>de</strong> la croissance<br />

vont en partie aux entreprises,<br />

qui les réinvestissent massivement,<br />

et à la population, qui jouit<br />

ainsi <strong>de</strong> mesures sociales chèrement<br />

acquises par les travailleuses<br />

et travailleurs. Le pouvoir<br />

d’achat augmente et les taux<br />

d’intérêt sont au plus bas. Les<br />

entreprises sont stimulées, la<br />

croissance bat son plein. Les<br />

consommateurs dépensent et<br />

empruntent, souvent à outrance,<br />

pour satisfaire leurs besoins et<br />

leurs désirs.<br />

Pendant ce temps, dans l’hémisphère<br />

sud, les colonies prennent<br />

leur indépendance et chassent<br />

les peuples colonisateurs.<br />

Leurs habitants se retrouvent<br />

toutefois le plus souvent démunis<br />

face aux infrastructures en<br />

place et mal positionnés sur<br />

l'échiquier économique mondial.<br />

La situation se dégra<strong>de</strong>. Les pratiques<br />

coloniales laissent un<br />

modèle désastreux pour l’environnement.<br />

Les cultures vivrières<br />

continuent d’être abandonnées<br />

au profit <strong>de</strong>s cultures d’exportation,<br />

moyen <strong>de</strong> recueillir <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>vises étrangères. Le potentiel<br />

<strong>de</strong> développement <strong>de</strong> ces pays<br />

est sérieusement handicapé.<br />

Dès lors, l’écart ne fera que<br />

s’accroître.<br />

En prenant leur indépendance,<br />

les nouvelles nations ont découvert<br />

qu’elles étaient soumises à<br />

l’économie mondiale. Libérées<br />

du joug <strong>de</strong> l'Europe et <strong>de</strong>s États-<br />

Unis, elles ne le sont pas <strong>de</strong> l’emprise<br />

<strong>de</strong>s multinationales et d’un<br />

système implanté par les peuples<br />

colonisateurs. Pris à la gorge, le<br />

tiers-mon<strong>de</strong> n’a d’autre choix<br />

que <strong>de</strong> surexploiter ses<br />

ressources naturelles et <strong>de</strong> produire,<br />

à <strong>de</strong>s prix dérisoires, <strong>de</strong>s<br />

biens <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>stinés<br />

aux pays riches. Ce phénomène<br />

touche particulièrement<br />

l’Afrique.<br />

UN DÉSÉQUILIBRE OUTRAGEUX DANS LE PARTAGE DES RICHESSES<br />

Le décalage économique entre pays riches et pays pauvres était <strong>de</strong> 2 pour<br />

1 en 1700. Il est <strong>de</strong> 50 pour 1 aujourd’hui et il augmente chaque jour. Ainsi,<br />

les 70 % <strong>de</strong> la population mondiale qui vivent hors <strong>de</strong>s pays industrialisés ne<br />

bénéficient que <strong>de</strong> 15 % <strong>de</strong>s revenus.<br />

fiche 14<br />

LES AVANTAGES COMPARATIFS<br />

Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la mondialisation, il<br />

apparaît plus avantageux <strong>de</strong> cultiver les<br />

bananes et le café en Amérique centrale,<br />

par exemple, que d’y faire croître <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées qu’on trouve facilement ailleurs,<br />

notamment dans les pays du Nord. Au<br />

nom <strong>de</strong> cette vision, dite <strong>de</strong>s avantages<br />

comparatifs, la culture d’exportation est<br />

toujours encouragée par les conseillers<br />

du FMI et <strong>de</strong> la BM (Fiche 13), dans les<br />

pays en voie <strong>de</strong> développement, au détriment<br />

<strong>de</strong>s cultures vivrières (<strong>de</strong>stinées à<br />

l’alimentation).<br />

DES MESURES DE PROTECTION<br />

CHÈREMENT ACQUISES<br />

Gains et acquis signifient mieux-être et<br />

progrès… Pourtant, les augmentations<br />

<strong>de</strong> salaire sont presque entièrement<br />

absorbées par l'augmentation du coût<br />

<strong>de</strong> la vie et c'est la vaste armée <strong>de</strong>s intermédiaires<br />

qui y gagne.<br />

De 1940 à 1975, la loi change au <strong>Québec</strong><br />

et au Canada. Au <strong>Québec</strong>, les femmes<br />

acquièrent le droit <strong>de</strong> vote, on instaure<br />

le salaire minimum et la Loi sur l’instruction<br />

obligatoire (1942). On crée le ministère<br />

du Bien-Être social (1946) et la<br />

Charte <strong>de</strong>s Droits et Libertés (1975). En<br />

1964, on met fin à l’incapacité juridique<br />

<strong>de</strong> la femme mariée. Au Canada, on<br />

vote la Loi canadienne sur l’assurancechômage<br />

et on crée l’assurance-hospitalisation<br />

(1957) 1 .<br />

LE NORD GÉNÈRE SON PROPRE SUD<br />

Dans les pays industrialisés, 40 % <strong>de</strong>s<br />

gens les plus pauvres ne gagnent que<br />

16 % <strong>de</strong>s revenus nationaux. Ces populations<br />

ne reçoivent donc pas leur part <strong>de</strong><br />

la société d'abondance.<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 15<br />

Les années soixante-dix ramènent<br />

à l’ordre ceux qui se sont<br />

emballés et en<strong>de</strong>ttés pendant<br />

les belles années <strong>de</strong> la croissance.<br />

Le conflit contre le<br />

Vietnam et l’ennemi communiste<br />

épuise les réserves d’or<br />

<strong>de</strong>s États-Unis. Par un coup <strong>de</strong><br />

force, le gouvernement Nixon<br />

décrète que l’or ne garantit plus<br />

la valeur du dollar, celui-ci ayant<br />

désormais une valeur autonome.<br />

Peu après, la <strong>de</strong>vise américaine<br />

<strong>de</strong>vient recherchée par<br />

les acheteurs. Les monnaies <strong>de</strong><br />

tous les pays commencent à fluctuer<br />

les unes par rapport aux<br />

autres. La voie est ouverte au<br />

vaste mouvement <strong>de</strong> spéculation<br />

qui caractérise aujourd’hui le<br />

marché financier.<br />

Or,« les banques sont <strong>de</strong> moins<br />

en moins soumises aux réglementations<br />

restrictives <strong>de</strong>s États<br />

et elles possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s dollars<br />

US à outrance. Elles prêtent<br />

donc ces capitaux bon marché<br />

aux pays industrialisés et aux<br />

pays en développement, jusqu’à<br />

ce que l’économie mondiale soit<br />

freinée brusquement par les<br />

crises du pétrole <strong>de</strong>s années<br />

1970-80. Les taux d’intérêt<br />

grimpent alors en flèche<br />

CRISE ÉCONOMIQUE OU CRISE DE POUVOIR ?<br />

et les pays emprunteurs se retrouvent<br />

lour<strong>de</strong>ment en<strong>de</strong>ttés,<br />

dépendants du pouvoir financier.<br />

Dès lors, l’avenir <strong>de</strong>s pays<br />

cesse <strong>de</strong> se déci<strong>de</strong>r dans les parlements<br />

; ce sont les bourses <strong>de</strong><br />

New York, <strong>de</strong> Londres et <strong>de</strong><br />

Tokyo qui dictent désormais<br />

leurs politiques aux États.<br />

Désirant récupérer leurs<br />

« billes », les banques obligent<br />

les pays en<strong>de</strong>ttés à restructurer<br />

leurs économies nationales pour<br />

les adapter aux rouages <strong>de</strong><br />

l’économie <strong>de</strong> marché. Celle-ci<br />

est <strong>de</strong> plus en plus mondiale,<br />

entièrement contrôlée par <strong>de</strong>s<br />

investisseurs occi<strong>de</strong>ntaux, avec<br />

en tête le Fonds monétaire international<br />

et la Banque mondiale.<br />

Les entreprises multinationales<br />

peuvent désormais exploiter les<br />

richesses convoitées sans être<br />

gênées par <strong>de</strong>s mesures<br />

nationales <strong>de</strong> protection sociale<br />

et environnementale.<br />

Les pays en<strong>de</strong>ttés procè<strong>de</strong>nt<br />

alors à <strong>de</strong>s coupures draconiennes<br />

dans la fonction publique<br />

et dans les programmes <strong>de</strong><br />

santé et d’éducation, ainsi qu’à<br />

<strong>de</strong>s changements majeurs dans<br />

l’organisation du travail.<br />

RIEN DE BON POUR REJOINDRE LE<br />

PELOTON<br />

Les gouvernements du Sud voient le modèle<br />

<strong>de</strong> développement du Nord comme le<br />

moyen ultime d'améliorer les conditions <strong>de</strong><br />

vie <strong>de</strong> leurs populations. Les taux d'intérêt<br />

relativement faibles <strong>de</strong>s années 60 les incitent<br />

à emprunter massivement sur les<br />

marchés monétaires du Nord afin <strong>de</strong><br />

résoudre leurs problèmes <strong>de</strong> développement.<br />

Vingt ans plus tard, ils sont presque<br />

tous au bord <strong>de</strong> la faillite, ayant subi, coup<br />

sur coup, une augmentation vertigineuse<br />

<strong>de</strong>s taux d'intérêt, une hausse <strong>de</strong>s coûts du<br />

pétrole (la forme d’énergie qui <strong>de</strong>vait<br />

soutenir leur industrialisation) et une chute<br />

<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> leurs exportations, <strong>de</strong> 33 % en<br />

moyenne, chute artificielle et dictée par les<br />

pays du Nord. La <strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s pays du tiersmon<strong>de</strong><br />

est <strong>de</strong>venue telle qu’aujourd'hui,<br />

plus d'argent transite du Sud vers le Nord<br />

que l'inverse.<br />

SPÉCULATION* :<br />

Opération dont on espère tirer un bénéfice<br />

du seul fait que les cours et les prix<br />

varient. On trouve un bon exemple <strong>de</strong><br />

ce phénomène avec le café, qui peut<br />

être transigé jusqu’à vingt fois, au cœur<br />

<strong>de</strong> la bourse <strong>de</strong> New York, sans que personne<br />

n’y touche.<br />

C’est aussi le nom d’un ancien jeu <strong>de</strong><br />

cartes (1904) où les atouts sont vendus<br />

aux enchères.<br />

* Dérivé <strong>de</strong> Speculatio qui signifie espionnage<br />

; évolue vers contemplation, recherche<br />

abstraite, théorie, pensée, puis construction<br />

arbitraire <strong>de</strong> l’esprit 1 .


LES TRANSNATIONALES<br />

Durant les années 1980 et 1990, le<br />

système économique est<br />

complètement chamboulé par le<br />

pouvoir financier. Les marchés<br />

financiers n’ont d’autre but que<br />

le profit pour lui-même, sans<br />

égard aux conséquences sociales<br />

et environnementales. Ses principales<br />

vaches à lait, les multinationales,<br />

<strong>de</strong> mieux en mieux<br />

capitalisées, se métamorphosent<br />

en compagnies transnationales,<br />

c’est-à-dire en compagnies pour<br />

qui les frontières n’existent plus<br />

et qui transcen<strong>de</strong>nt complètement<br />

le pouvoir <strong>de</strong>s États.<br />

Pour la première fois <strong>de</strong> l’histoire,<br />

le pouvoir financier éclipse<br />

le pouvoir politique.<br />

Ces transnationales ne sont pas<br />

spécialisées dans un domaine<br />

d’activités, elles contrôlent <strong>de</strong><br />

plus en plus l’ensemble <strong>de</strong> la<br />

production. Wal-Mart, troisième<br />

firme mondiale par le chiffre<br />

d’affaires, déplace ses unités <strong>de</strong><br />

production n’importe où dans le<br />

mon<strong>de</strong>, là où la main-d’œuvre<br />

est la moins chère et où les contraintes<br />

écologiques et sociales<br />

entravent le moins son droit<br />

« fondamental » <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

profits.<br />

Avec la chute du mur <strong>de</strong> Berlin<br />

en 1989 et l’effondrement <strong>de</strong><br />

l’empire communiste, <strong>de</strong> nouveaux<br />

marchés s’ouvrent pour<br />

les entreprises transnationales.<br />

La menace socialiste écartée,<br />

plus rien ne vient dorénavant<br />

empêcher les visées expansionnistes<br />

<strong>de</strong>s nouveaux maîtres du<br />

mon<strong>de</strong>. Un mot d’ordre est<br />

donné à tous les « Gol<strong>de</strong>n Boys »<br />

<strong>de</strong> la planète : transformons le<br />

mon<strong>de</strong> en un seul et unique<br />

marché et réduisons au maximum<br />

le rôle <strong>de</strong>s pouvoirs publics<br />

dans les affaires <strong>de</strong> l’État. Le Big<br />

Business supplante le Big<br />

Government.<br />

Totalement apatri<strong>de</strong>s, contrôlant<br />

les médias, étroitement liés au<br />

pouvoir politique et implantés<br />

aux quatre coins du globe, les<br />

grands financiers du mon<strong>de</strong><br />

semblent bien en voie d’incarner<br />

le Big Brother décrit en 1949 par<br />

Georges Orwell dans son roman<br />

d’anticipation intitulé 1984.<br />

fiche 16<br />

Je définirais la mondialisation comme la<br />

liberté pour mon groupe d’investir où il<br />

veut, le temps qu’il veut, pour produire ce<br />

qu’il veut, en s’approvisionnant et en<br />

vendant où il veut, et en ayant le moins<br />

<strong>de</strong> contraintes possibles en matière <strong>de</strong><br />

droit du travail et <strong>de</strong> conventions sociales.<br />

PERCY BARNEVIK,<br />

prési<strong>de</strong>nt du groupe industriel ABB comptant près<br />

<strong>de</strong> 200 compagnies<br />

dans plus <strong>de</strong> 100 pays.<br />

LES « GOLDEN BOYS »<br />

Le mon<strong>de</strong> est aux mains <strong>de</strong>s « Gol<strong>de</strong>n<br />

Boys », ces supermanagers engagés par<br />

une compagnie pour en tirer le plus <strong>de</strong><br />

profit possible. On peut les virer n’importe<br />

quand, et ils sont bien souvent<br />

payés en actions <strong>de</strong> la compagnie (stock<br />

options), ce qui les pousse à gérer à très<br />

court terme.<br />

LES MAQUILADORAS (SWEAT SHOPS) :<br />

Nom donné à <strong>de</strong>s usines <strong>de</strong> textile<br />

exonérées <strong>de</strong> toute contribution sociale,<br />

qui échappent à certaines normes <strong>de</strong> travail<br />

et dont l’installation (eau, route,<br />

énergie) est assurée par les gouvernements.<br />

Au Mexique, elles emploient<br />

surtout <strong>de</strong>s femmes et très souvent <strong>de</strong>s<br />

enfants, 9 heures par jour, 5 jours par<br />

semaine, 0,55 $ l’heure.<br />

LA PIEUVRE DES TRANSNATIONALES 1<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 17<br />

Au cours du XX e siècle, l’humanité<br />

s’est dotée <strong>de</strong> technologies<br />

et <strong>de</strong> systèmes <strong>de</strong> production<br />

capables d’exploiter, <strong>de</strong> transformer,<br />

<strong>de</strong> consommer et <strong>de</strong><br />

gaspiller les ressources <strong>de</strong> la<br />

planète au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leur capacité<br />

<strong>de</strong> renouvellement naturel.<br />

Pour répondre aux besoins<br />

d’une minorité <strong>de</strong> la population<br />

terrestre qui veut <strong>de</strong> plus en<br />

plus <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> consommation<br />

<strong>de</strong> toutes sortes, la<br />

machine économique s’est<br />

livrée à une exploitation sans<br />

retenue <strong>de</strong>s biens communs <strong>de</strong><br />

l’humanité que sont l’eau, l’air,<br />

les sols, le vivant et le patrimoine<br />

génétique.<br />

DES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX MAJEURS<br />

Considérés comme inépuisables,<br />

ces biens ont été livrés<br />

sans réglementation et sans<br />

surveillance et leur prix ne<br />

tient pas compte du fait que<br />

leur exploitation nuit à l’environnement<br />

et aux populations.<br />

Aujourd’hui, les problèmes<br />

d’environnement et <strong>de</strong> développement<br />

prennent <strong>de</strong>s proportions<br />

insoupçonnées. Ils privent<br />

<strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> personnes du<br />

minimum vital et compromettent<br />

la capacité <strong>de</strong>s futures<br />

générations à répondre à<br />

leurs besoins fondamentaux.<br />

TROIS MYTHES,<br />

TROIS SOLUTIONS<br />

1. La croyance en la croissance<br />

infinie…<br />

L’effondrement <strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong><br />

morue, la dégradation <strong>de</strong>s sols et<br />

les changements climatiques sont<br />

<strong>de</strong>s exemples démontrant qu’il<br />

faut réviser l’objectif même <strong>de</strong> la<br />

croissance.<br />

2. La croyance au pouvoir<br />

autorégulateur du marché…<br />

La progression du marché ne<br />

règle pas naturellement les problèmes<br />

environnementaux et<br />

sociaux. Pour les solutionner, il<br />

faut une intervention démocratique<br />

<strong>de</strong> la société civile et <strong>de</strong>s<br />

instances politiques.<br />

3. Les coûts environnementaux<br />

et sociaux n’ont pas à être<br />

comptabilisés…<br />

Ne pas en tenir compte correspond<br />

à en reporter la charge sur<br />

les générations à venir. Il importe<br />

donc d’intégrer les coûts environnementaux<br />

et sociaux dans le<br />

prix <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation.<br />

PAUVRETÉ ET ENVIRONNEMENT<br />

Dans le Sud, c’est la pauvreté qui menace<br />

le plus sérieusement l'environnement.<br />

Pour survivre, les populations sont contraintes<br />

<strong>de</strong> surexploiter leurs forêts, <strong>de</strong><br />

mener leurs troupeaux sur les voies du<br />

surpâturage, <strong>de</strong> fuir les zones rurales<br />

pour s'entasser dans les villes surpeuplées.<br />

Il y aurait plus <strong>de</strong> 130 millions <strong>de</strong><br />

réfugiés écologiques dans le mon<strong>de</strong>.<br />

LES MAUX DE LA TERRE 1<br />

1. Changements climatiques et couche<br />

d’ozone<br />

Malgré les changements attendus, gouvernements<br />

et entreprises hésitent à<br />

prendre les mesures qui s’imposent <strong>de</strong><br />

crainte <strong>de</strong> nuire à l’économie.<br />

2. Pollutions tous azimuts<br />

Plus <strong>de</strong> 100 000 produits chimiques,<br />

gaz, métaux lourds, agents toxiques ou<br />

radioactifs, aboutissent dans l’eau, les<br />

végétaux et les animaux ainsi que dans<br />

nos assiettes.<br />

3. Des océans mala<strong>de</strong>s<br />

Près <strong>de</strong> 20 milliards <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> déchets<br />

y sont jetés annuellement. Les stocks <strong>de</strong><br />

poissons s’effondrent.<br />

4. La raréfaction <strong>de</strong> l’eau douce<br />

Plus <strong>de</strong> 20 % <strong>de</strong> la population mondiale<br />

manque d’eau. D’ici dix ans, cette proportion<br />

atteindra les 25 %.<br />

5. La dégradation <strong>de</strong>s sols<br />

Environ 70 % <strong>de</strong>s surfaces cultivables <strong>de</strong><br />

la planète sont dégradées. La désertification<br />

menace <strong>de</strong>s millions d’êtres humains.<br />

6. La déforestation<br />

De 10 à 20 millions d’hectares <strong>de</strong> forêts<br />

sont détruits annuellement.<br />

7. La perte <strong>de</strong> biodiversité<br />

Près <strong>de</strong> 27 000 espèces disparaissent<br />

annuellement.<br />

8. Le patrimoine génétique privatisé<br />

Les compagnies transnationales s’accaparent<br />

le patrimoine vivant.


DES IMPACTS SOCIAUX CONSIDÉRABLES fiche 18<br />

Le mouvement <strong>de</strong> mondialisation<br />

actuel, dans lequel l’être<br />

humain n’est plus qu’un consommateur,<br />

accentue les<br />

déséquilibres entre le Nord et le<br />

Sud et entre les riches et les pauvres.<br />

En fait, le mon<strong>de</strong> actuel<br />

ressemble à une mégalopole du<br />

tiers-mon<strong>de</strong> : la richesse est au<br />

centre et les bidonvilles en<br />

périphérie, s’étendant à perte<br />

<strong>de</strong> vue.<br />

Depuis les années 80, malgré<br />

l’ai<strong>de</strong> internationale au développement,<br />

les mesures<br />

économiques mises <strong>de</strong> l’avant<br />

n’ont fait qu’augmenter les<br />

écarts entre pays riches et pays<br />

pauvres. Parmi ces <strong>de</strong>rniers,<br />

quelques-uns sont en marche<br />

vers l’industrialisation, mais cela<br />

se fait souvent en dilapidant les<br />

richesses naturelles et en<br />

bafouant les droits <strong>de</strong>s<br />

citoyennes et citoyens.<br />

Le même type d’écart se creuse<br />

entre les particuliers, la mondialisation<br />

profitant à une minorité<br />

d’entre eux, comme en témoi-<br />

gnent les profits records <strong>de</strong>s<br />

banques, les hausses vertigineuses<br />

<strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong>s dirigeants<br />

d’entreprises et les mises<br />

à pied massives. Victimes <strong>de</strong> leur<br />

en<strong>de</strong>ttement, les gouvernements<br />

invoquent la mondialisation et la<br />

concurrence pour réduire les impôts<br />

<strong>de</strong>s sociétés commerciales<br />

et couper dans l’éducation, la<br />

santé, les services sociaux et la<br />

protection <strong>de</strong> l’environnement.<br />

Pour solutionner les problèmes,<br />

il faut renforcer les principes<br />

fondateurs <strong>de</strong> notre société :<br />

la citoyenneté et la solidarité<br />

(Fiches 23-25). Pourtant, les<br />

citoyens se retrouvent aujourd’hui<br />

privés <strong>de</strong> leur pouvoir d’action<br />

et confinés dans un individualisme<br />

croissant. On laisse<br />

tomber <strong>de</strong>s mécanismes qui<br />

avaient été instaurés à la suite <strong>de</strong><br />

longues luttes et qui servaient,<br />

d’une part, à assurer un réel<br />

droit <strong>de</strong> parole au citoyen et,<br />

d’autre part, à favoriser le<br />

partage équitable <strong>de</strong>s richesses.<br />

COMBIEN TU VAUX ?<br />

(…) le marché tend à réduire la valeur <strong>de</strong>s êtres et <strong>de</strong>s choses à leur valeur<br />

monétaire, propage l’idée que l’enrichissement est la mesure ultime <strong>de</strong> la<br />

réussite <strong>de</strong>s hommes comme <strong>de</strong>s sociétés, impose une domination du<br />

matériel sur le spirituel, a besoin pour fonctionner <strong>de</strong> faire naître sans<br />

cesse <strong>de</strong> nouveaux besoins plus fondamentaux, conduit à privilégier le<br />

court terme au détriment du long terme. De cela, nous voyons les fruits :<br />

la dislocation morale <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> sociétés, la généralisation <strong>de</strong> la corruption,<br />

le refuge dans la drogue, l’indifférence à l’égard <strong>de</strong>s autres ou à<br />

l’égard du milieu, le désarroi <strong>de</strong> la jeunesse.<br />

Fondation pour le progrès <strong>de</strong> l’Homme1 LE PRIX DU PROGRÈS<br />

« De plus en plus <strong>de</strong> gens réalisent que le<br />

prix à payer pour ce que nous nommons<br />

le « progrès » est trop élevé. Nous avons<br />

blessé la Terre et tentons <strong>de</strong> la soigner par<br />

<strong>de</strong>s doses croissantes d’un remè<strong>de</strong> plus<br />

agressif encore. L’esprit <strong>de</strong> l’homme n’est<br />

pas sorti in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong> ce processus. (…)<br />

La Terre n’est pas la seule victime <strong>de</strong> cette<br />

quête acharnée du progrès. Nous<br />

sommes atteints au cœur fragile <strong>de</strong> notre<br />

être, là où résonnent <strong>de</strong>s valeurs moins<br />

triviales que la richesse matérielle. »<br />

DERNIÈRE NOUVELLE :<br />

L’ÉCART CONTINUE DE SE CREUSER<br />

• 100 pays ont un revenu annuel<br />

per capita inférieur à ce qu’il était il y a<br />

10, 15, 20 et même 30 ans. De ce nombre,<br />

43 sont en faillite technique.<br />

• 2,8 MM <strong>de</strong> personnes vivent avec 2 $<br />

par jour ; 1,3 MM avec moins <strong>de</strong> 1 $ par<br />

jour.<br />

• 2,6 MM <strong>de</strong> personnes sont privées<br />

d’infrastructures sanitaires décentes,<br />

1,1 MM sont sans logements décents<br />

et 1,4 MM n’ont pas accès à une eau<br />

réellement potable.<br />

• 850 M d’adultes sont analphabètes<br />

tandis qu’on compte 250 M d’enfants<br />

travailleurs, dont 120 M à temps plein.<br />

• Plus <strong>de</strong> 130 M <strong>de</strong> personnes sont <strong>de</strong>s<br />

migrants écologiques. D’entre elles,<br />

25 M <strong>de</strong> personnes sont reconnues<br />

comme réfugiés officiels.<br />

• 90 % <strong>de</strong>s 36 M <strong>de</strong> sidéens vivent dans<br />

le tiers-mon<strong>de</strong>. On dénombre 14 400<br />

nouveaux cas par jour.<br />

MM = milliard ; M = million<br />

Jonathan Porritt 2<br />

Rapport mondial sur le<br />

développement humain,1999 3<br />

Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire


Comprendre le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

fiche 19<br />

Les 200 personnes les plus<br />

riches <strong>de</strong> la planète possè<strong>de</strong>nt<br />

l’équivalent du revenu <strong>de</strong> 41 %<br />

<strong>de</strong> la population la plus pauvre<br />

<strong>de</strong> la Terre, soit 2,5 milliards <strong>de</strong><br />

personnes dont 1,3 milliard<br />

vivent avec moins d’un dollar<br />

par jour. Tout indique, malgré<br />

les discours rassurants <strong>de</strong>s promoteurs<br />

<strong>de</strong> la mondialisation<br />

<strong>de</strong>s marchés, que ce fossé n’a<br />

pas fini <strong>de</strong> se creuser.<br />

LE CREDO DE LA MONDIALISATION ACTUELLE<br />

Poursuivre selon cette logique,<br />

c’est accepter « la scandaleuse<br />

conclusion que les 20 % <strong>de</strong> l’humanité<br />

qui vivent dans le mon<strong>de</strong><br />

industrialisé et qui consomment<br />

80 % <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> la<br />

biosphère <strong>de</strong>vraient en avoir<br />

encore plus 1 ».<br />

Il est donc du ressort <strong>de</strong> chacun<br />

<strong>de</strong> rendre illégitime cette<br />

logique néolibérale, <strong>de</strong> réévaluer<br />

sa propre consommation et<br />

d’utiliser son pouvoir <strong>de</strong><br />

consommateur comme une<br />

arme. Parce que, plus que<br />

jamais, consommer, c’est voter !<br />

LE CREDO DE LA MONDIALISATION EN 7 DOGMES<br />

Le néolibéralisme est le discours qui justifie le mouvement <strong>de</strong> mondialisation<br />

actuel. Il repose sur sept dogmes :<br />

1. Les mécanismes du marché assurent mieux que tout régime politique le<br />

partage <strong>de</strong>s revenus, <strong>de</strong>s richesses et <strong>de</strong>s ressources.<br />

2. Le droit <strong>de</strong> propriété est inviolable et fondamental. Nul ne peut s’y<br />

opposer et l’État doit en assurer la protection.<br />

3. Les intérêts privés constituent le meilleur moyen d’assurer la protection<br />

du bien commun et l’intérêt général.<br />

4. L’entreprise doit s’assurer d’être concurrentielle, quitte à licencier massivement<br />

ou à réduire les salaires. Il faut produire toujours plus et à<br />

meilleur coût, pour s’accaparer sa part <strong>de</strong> marché.<br />

5. Le travail doit être flexible. Le travailleur doit comprendre que son<br />

salaire, ses acquis sociaux et ses revendications sont insoutenables à<br />

l’heure <strong>de</strong> la mondialisation.<br />

6. La culture, l’éducation, l’information, la santé, l’air, l’eau, le vivant sont<br />

<strong>de</strong>s marchandises achetables et vendables que les entreprises gèrent et<br />

font croître mieux que quiconque.<br />

7. L’augmentation <strong>de</strong> la croissance est la solution au chômage, au sousdéveloppement,<br />

à la pauvreté dans ce mon<strong>de</strong> où les ressources sont<br />

considérées comme infinies et inépuisables.<br />

Adapté <strong>de</strong> Jacques Gélinas, 2000, La globalisation 2<br />

LA LOGIQUE DU LARGAGE<br />

La mondialisation actuelle obéit à une<br />

logique <strong>de</strong> largage. Elle largue les personnes<br />

qui ne sont pas assez compétentes et<br />

rentables. Pour le système actuel, les individus<br />

équivalent à <strong>de</strong>s ressources<br />

humaines. Et une ressource n’existe que<br />

si elle est rentable. À l’heure actuelle, les<br />

gens <strong>de</strong> 50 ans, qui sont difficilement<br />

recyclables, sont menacés <strong>de</strong> perdre leur<br />

emploi <strong>de</strong> façon définitive.<br />

L’ÉDUCATION COMPLICE<br />

[Selon la logique néolibérale], l'éducation<br />

sert à former les ressources humaines<br />

hautement qualifiées dont les<br />

entreprises du pays ont besoin pour être<br />

concurrentielles sur les marchés mondiaux.<br />

Or, ce n'est là le rôle ni <strong>de</strong> l'école,<br />

ni <strong>de</strong> l'université. L'école doit former <strong>de</strong>s<br />

citoyens capables <strong>de</strong> construire ensemble<br />

la société.<br />

PENSER AUTREMENT LA<br />

MONDIALISATION<br />

La première chose à faire est <strong>de</strong> rendre<br />

illégitime le discours dominant. Si vous<br />

êtes d'accord avec la compétitivité, la<br />

libéralisation, la déréglementation, la privatisation,<br />

vous ne changerez rien. Il faut<br />

que dans votre tête vous enleviez toute<br />

légitimité historique, éthique, politique et<br />

sociale à ces principes. Et c’est pour cela<br />

que la première chose à faire, c’est penser,<br />

penser autrement, penser une autre<br />

mondialisation.<br />

Riccardo Petrella<br />

Citations tirées d’une entrevue réalisée pour<br />

la série télévisée Terre comprise, 19993


LES FONDEMENTS DE LA CONSOMMATION fiche 20<br />

« Tout individu est à la recherche<br />

du bonheur, en quête d'une<br />

meilleure vie 1 .»<br />

Le bonheur rési<strong>de</strong>rait dans la<br />

capacité à combler ses besoins<br />

socio-affectifs par les relations<br />

avec autrui. Cette capacité assurerait<br />

un meilleur équilibre émotif<br />

et, dans le cas qui nous<br />

occupe, rendrait les personnes<br />

moins sujettes à la surconsommation.<br />

Si consommer est fondamentalement<br />

échanger, c’est la<br />

disparition <strong>de</strong> l’échange qui pose<br />

problème dans la surconsommation.<br />

Il n’y a plus qu’une accumulation<br />

<strong>de</strong> biens dépourvue <strong>de</strong><br />

sens. Surconsommer ne se<br />

définit pas par la quantité, mais<br />

bien par le déséquilibre entre le<br />

choix rationnel (j’ai besoin <strong>de</strong>…)<br />

(Fiche 1) et le choix émotif (je<br />

désire…) (Fiche 13). Les raisons<br />

évoquées : pour me faire plaisir,<br />

pour compenser un échec, une<br />

frustration, pour combler un<br />

vi<strong>de</strong>, pour me valoriser, me donner<br />

confiance, me récompenser,<br />

etc. 2 .<br />

Les entreprises orchestrent bien<br />

souvent leur publicité et leurs<br />

stratégies <strong>de</strong> vente sur ces<br />

déséquilibres. Ceux-ci sont euxmêmes<br />

accentués par les<br />

créanciers qui facilitent l'usage<br />

du crédit. Même nos gouvernements<br />

incitent à la consommation,<br />

réagissant vivement à toute<br />

baisse du taux <strong>de</strong> croissance.<br />

Or, toute augmentation <strong>de</strong> ce<br />

taux signifie une augmentation<br />

<strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s ressources<br />

naturelles.<br />

Ces idées, dites néolibérables,<br />

sont transmises dans les universités,<br />

les écoles d’administration<br />

publique et les organisations<br />

internationales. L’idéologie se<br />

glisse souvent directement dans<br />

les bulletins <strong>de</strong> nouvelles, les<br />

éditoriaux, les émissions <strong>de</strong><br />

divertissement, la publicité 3 .<br />

L’American way of life est présenté<br />

à l’échelle <strong>de</strong> la planète<br />

comme le modèle à suivre,<br />

l’expression même <strong>de</strong> la réussite<br />

sociale et du bonheur. Or, ce<br />

modèle est tout simplement<br />

insoutenable tant au point <strong>de</strong><br />

vue social et économique<br />

qu’environnemental.<br />

S'attaquer au problème <strong>de</strong> la surconsommation,<br />

c'est chercher à i<strong>de</strong>ntifier et<br />

à comprendre ce qui nous rend si insatisfaits<br />

<strong>de</strong> la vie pour compenser autant<br />

dans les achats.<br />

Une consommatrice 4<br />

Nous mangeons davantage <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>,<br />

buvons davantage <strong>de</strong> café, avalons plus<br />

<strong>de</strong> pilules, conduisons toujours plus loin<br />

et <strong>de</strong>venons toujours plus gros. Jamais<br />

l’on a autant consommé.<br />

Association américaine <strong>de</strong> défense <strong>de</strong><br />

l’environnement<br />

COMPORTEMENTS À RISQUE : 2<br />

Amener très tôt et fréquemment les enfants<br />

dans les magasins ; renforcer toujours<br />

les réussites par une récompense matérielle<br />

; tenter <strong>de</strong> combler les besoins socioaffectifs<br />

<strong>de</strong>s enfants par <strong>de</strong>s substituts.<br />

LES FONDEMENTS DE LA CONSOMMATION 5<br />

L'IDENTITÉ<br />

Dans une société qui nous donne comme point <strong>de</strong> repère <strong>de</strong> notre i<strong>de</strong>ntité le<br />

pouvoir d'acheter, les choses ne sont plus surtout achetées pour leur utilité, mais<br />

souvent pour leur valeur émotive et symbolique. En nous définissant aux yeux <strong>de</strong>s<br />

autres, les achats sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> communication.<br />

L'INVISIBILITÉ<br />

Le développement du crédit à la consommation a amené l'invisibilité <strong>de</strong> l'argent.<br />

Jadis, le consommateur disposait d'une « enveloppe fermée », fixée par le montant<br />

du salaire qui balisait son pouvoir d'achat. Maintenant, le consommateur dispose<br />

encore <strong>de</strong> son salaire, mais il a aussi accès à plusieurs enveloppes ouvertes :<br />

ses cartes et sa marge <strong>de</strong> crédit. Pour une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la population, le statut<br />

social est maintenant conféré par l'accès au crédit.<br />

LA VALORISATION<br />

En contribuant à faire rouler l'économie, le geste <strong>de</strong> consommer est perçu comme<br />

positif. La surconsommation est rarement mesurée dans ses conséquences. La<br />

logique <strong>de</strong> la consommation, c'est <strong>de</strong> rendre périmé le plus rapi<strong>de</strong>ment possible ce<br />

qui a été acheté. Le consommateur est donc voué à une continuelle insatisfaction.<br />

Comprendre pour agir


Comprendre pour agir<br />

fiche 21<br />

L’offensive commerciale, forte<br />

<strong>de</strong> tout ce qu’il faut savoir à<br />

propos du comportement <strong>de</strong><br />

l’homo consumerus, est vaste,<br />

oscillant entre créer <strong>de</strong>s besoins<br />

et planifier <strong>de</strong>s désirs. Mo<strong>de</strong>,<br />

crédit, publicité, obsolescence<br />

planifiée, clubs d’achats,<br />

pénurie orchestrée, indispensables<br />

experts, marketing viral,<br />

« labellisation », clientèles<br />

cibles, personnalisations,<br />

mécénat intéressé… Connaître<br />

ces stratégies <strong>de</strong>meure un bon<br />

moyen <strong>de</strong> s’en prémunir.<br />

LA CRÉATION DE FAUX BESOINS<br />

Une compagnie vient <strong>de</strong> mettre<br />

sur le marché une poupée très<br />

« in » qui bronze graduellement<br />

durant tout l’été et reprend son<br />

teint pâle durant les journées pluvieuses.<br />

Les fillettes l’adorent… 3<br />

La moyenne du<br />

consommateur québécois :<br />

3 h 50 <strong>de</strong> télé par jour. 2<br />

LES STRATÉGIES QUI NOUS FONT<br />

CONSOMMER<br />

LA CLIENTÈLE CIBLE : L’ENFANT-<br />

ROI<br />

Les enfants sont la principale<br />

cible <strong>de</strong>s produits dérivés <strong>de</strong> personnages<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins animés, <strong>de</strong><br />

certains sports, stars ou griffes <strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong> dans l’habillement, <strong>de</strong> la<br />

carterie (Pokémon), <strong>de</strong> l'édition,<br />

<strong>de</strong>s jouets et jeux vidéo et <strong>de</strong><br />

l'agroalimentaire. Les 5-9 ans<br />

représentent le cœur du marché<br />

et les cours <strong>de</strong> récréation, avec<br />

l'effet <strong>de</strong> convoitise qu'elles suscitent,<br />

entretiennent le phénomène<br />

<strong>de</strong>s marques, <strong>de</strong>s logos.<br />

Quant aux préados (9-12 ans), ils<br />

se tournent vers les produits<br />

dérivés du sport, <strong>de</strong> la musique<br />

ou <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>. La marque est un<br />

signe <strong>de</strong> ralliement à une tribu,<br />

elle permet d'afficher un style<br />

dans lequel les jeunes se reconnaissent<br />

1 .<br />

LA PÉNURIE ORGANISÉE 1<br />

Cette stratégie se retrouve sur certains<br />

marchés <strong>de</strong> produits très<br />

« tendance » et elle vise à créer<br />

le réflexe <strong>de</strong>s collectionneurs.<br />

Ainsi, au plus fort <strong>de</strong> son succès<br />

sur le marché français, le phénomène<br />

Pokémon a connu ses<br />

temps <strong>de</strong> pénurie, la compagnie<br />

créant artificiellement la rareté <strong>de</strong><br />

certaines cartes. Le message est<br />

clair : si vous ne vous précipitez<br />

pas pour l'acheter, vous n'en profiterez<br />

pas !<br />

LES VEDETTES<br />

On les voit partout : dans la presse, à la<br />

télé, sur les affiches. Quel que soit le<br />

secteur d'activité, les marques tentent <strong>de</strong><br />

séduire les ve<strong>de</strong>ttes. Et Nike tire <strong>de</strong>s<br />

profits bien supérieurs aux millions que<br />

touche Michael Jordan…<br />

LES EXPERTS<br />

Experts du produit ou <strong>de</strong> la vente<br />

du produit ?<br />

Recommandé par votre mé<strong>de</strong>cin…<br />

Testé en laboratoire…<br />

Le choix <strong>de</strong>s professionnels…<br />

Conduite par Jacques Villeneuve…<br />

Autant <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> créer un sentiment<br />

<strong>de</strong> confiance par procuration.<br />

LES LOGOS ET LEURS RAMIFICATIONS<br />

Suis-je un panneau publicitaire ? Qui fait<br />

quoi sur mon chandail ? Les marques<br />

s’infiltrent partout. En affichant l’ourson<br />

<strong>de</strong> Kraft ou en achetant du chocolat<br />

Aero, je finance indirectement les cigarettes<br />

et le café <strong>de</strong> Philip Morris, son<br />

« cowboy » Marlboro ou les cigarettes<br />

Players 4 . Pendant ce temps, Walt Disney<br />

fait dans le « sweat shop » et la toponymie<br />

elle-même assassine l’esprit. (Colisée<br />

Pepsi, Scène Molson, etc.)<br />

LA PERSONNALISATION DES<br />

PRODUITS 1<br />

Une compagnie japonaise propose aux<br />

adolescentes et aux jeunes femmes <strong>de</strong>s<br />

rouges à lèvres et <strong>de</strong>s ombres à paupières<br />

personnalisés. Avec l'ai<strong>de</strong> d'une<br />

conseillère <strong>de</strong> vente, elles créent leurs<br />

propres produits, réalisés en moins <strong>de</strong><br />

24 heures par les chimistes <strong>de</strong> l’entreprise.<br />

Tout ce qu’il faut pour se rendre<br />

unique aux yeux <strong>de</strong>s autres.


ÉTUDE DE CAS :<br />

LE PRIX DE LA BOTTINE SOURIANTE<br />

Dans le mon<strong>de</strong> entier, y compris<br />

parfois chez nous, <strong>de</strong>s travailleurs<br />

qui fabriquent les habits<br />

et les chaussures que nous portons<br />

voient leurs droits les plus<br />

élémentaires bafoués : exploitation<br />

d'enfants, travail forcé,<br />

conditions <strong>de</strong> travail déplorables,<br />

interdiction ou répression <strong>de</strong><br />

l'organisation syndicale.<br />

En contrôlant la qualité, la production<br />

et le prix, les chaînes <strong>de</strong><br />

distribution et les marques <strong>de</strong><br />

vêtements ont une large part <strong>de</strong><br />

responsabilité dans les conditions<br />

<strong>de</strong> travail <strong>de</strong> ceux qui produisent<br />

leurs articles partout<br />

dans le mon<strong>de</strong>. Mais elles sont<br />

aussi très attentives à leur image<br />

auprès <strong>de</strong>s consommateurs.<br />

Informés, ceux-ci ont le pouvoir<br />

d'inciter les marques <strong>de</strong> vêtements<br />

et les chaînes <strong>de</strong> distribution<br />

à se soucier du respect <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong>s travailleuses et travailleurs<br />

dans leur filière <strong>de</strong> production<br />

et <strong>de</strong> les amener à souscrire<br />

à un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite établi non<br />

plus par elles-mêmes, mais par<br />

un organisme indépendant.<br />

Dans plusieurs pays européens,<br />

<strong>de</strong>s organisations syndicales, <strong>de</strong>s<br />

associations <strong>de</strong> consommateurs,<br />

<strong>de</strong> femmes, <strong>de</strong> jeunes, <strong>de</strong> commerce<br />

équitable, <strong>de</strong> coopération<br />

et <strong>de</strong> développement international<br />

participent à la campagne<br />

« Vêtement propre » 1 (cf. Fiches<br />

Consommons équitable). Et ça<br />

marche ! Partout en Europe, on a<br />

entrepris <strong>de</strong>s négociations avec<br />

certaines entreprises.<br />

fiche 22<br />

À QUI PROFITENT MES GODASSES ? 2<br />

Vous désirez acheter une paire <strong>de</strong> chaussures<br />

<strong>de</strong> sport Nike vendue 100 $. Sachez<br />

au préalable que 1,72 $ suffit à payer la<br />

main-d’œuvre. Il faudra donc que la travailleuse<br />

ou le travailleur d’un pays du<br />

Sud (la main-d’œuvre y est moins chère<br />

et elle est souvent constituée d’enfants)<br />

en réalise une soixantaine avant d’avoir la<br />

somme nécessaire pour s’en procurer<br />

une seule paire.<br />

À titre <strong>de</strong> comparaison, pour la même<br />

paire <strong>de</strong> chaussures, les frais <strong>de</strong> publicité<br />

s'élèvent à 4,58 $ et la part du détaillant à<br />

39,88 $. Or, selon un sondage, les consommateurs<br />

sont prêts à payer en moyenne<br />

14 $ <strong>de</strong> plus, soit au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> huit fois le<br />

salaire versé ! Si cette somme était<br />

intégralement reversée aux enfants concernés,<br />

non seulement ces <strong>de</strong>rniers<br />

seraient scolarisés à plein temps, mais en<br />

plus il n'y aurait aucune nécessité pour<br />

eux <strong>de</strong> travailler dans <strong>de</strong> telles conditions.<br />

Si un salaire <strong>de</strong> 1,72 $ est un appoint<br />

indispensable à la vie <strong>de</strong> la famille, on<br />

imagine aisément qu'avec 14 $, il y aurait<br />

une nette amélioration <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong><br />

vie. Mais ne revient-il pas aussi aux intermédiaires<br />

<strong>de</strong> partager la responsabilité<br />

du consommateur ?<br />

2<br />

Comprendre pour agir


Comprendre pour agir<br />

fiche 23<br />

Une chaîne <strong>de</strong> production, c’est<br />

le chemin plus ou moins long<br />

que parcourt un bien <strong>de</strong><br />

consommation <strong>de</strong>puis le producteur<br />

<strong>de</strong> matières premières<br />

jusqu’au consommateur. Les<br />

intermédiaires, moyennant leur<br />

part du gâteau, transforment ce<br />

bien, le transportent, le distribuent<br />

et le ven<strong>de</strong>nt. Au centre,<br />

on retrouve la compagnie<br />

qui investit et engrange les divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s.<br />

Cette longue chaîne<br />

éloigne le producteur du consommateur,<br />

au point où ce<br />

<strong>de</strong>rnier ne sait rien du pays, <strong>de</strong>s<br />

conditions <strong>de</strong> travail, du salaire<br />

et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong><br />

Si vous achetez vos bananes à 1,10 $ le kilo et que<br />

le commerçant, le transporteur, la compagnie ont<br />

pris leur quote-part, que reste-t-il au paysan ?<br />

2<br />

AGIR SUR LES CHAÎNES DE PRODUCTION<br />

L’HISTOIRE SE RÉPÈTE<br />

Vingt peaux <strong>de</strong> castor contre un miroir ! Deux cents<br />

fusils contre un territoire ! Les termes <strong>de</strong> l’échange<br />

ont-ils changé ? Les chaînes d’exploitation se perpétuent<br />

en se fondant sur l’ignorance, l’oppression<br />

ou la dépendance <strong>de</strong>s plus démunis et en répondant<br />

aux lois édictées par ceux qui en tirent profit.<br />

celles et ceux qui ont mis<br />

l’épaule à la roue ou trempé<br />

leurs mains dans la terre. La<br />

chaîne d’échanges est-elle profitable<br />

à tous ? Soutient-on, par<br />

nos achats, un régime bafouant<br />

les droits humains ? Contribuet-on<br />

au saccage <strong>de</strong> la planète ?<br />

Comprendre les chaînes <strong>de</strong> production,<br />

s’informer pour en connaître<br />

les rouages et poser <strong>de</strong>s<br />

gestes <strong>de</strong> consommation conséquents,<br />

voilà les meilleurs<br />

moyens <strong>de</strong> prévenir toute forme<br />

d’exploitation.<br />

CERCLES VICIEUX<br />

Les chaînes <strong>de</strong> production carburent au<br />

milieu <strong>de</strong> la concurrence selon l’appétit<br />

<strong>de</strong>s consommateurs. De bonnes ventes<br />

augmentent les profits qui s’ajoutent au<br />

capital. Pour augmenter sa part du<br />

marché, l’entreprise surproduit. La<br />

surabondance <strong>de</strong>s produits entraîne une<br />

chute <strong>de</strong>s prix et, par ricochet, une<br />

diminution <strong>de</strong>s profits. Pour rester concurrentielle,<br />

l’entreprise met du personnel<br />

à pied, procè<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s acquisitions ou<br />

à <strong>de</strong>s fusions. Ayant éliminé <strong>de</strong>s adversaires,<br />

elle augmente son contrôle du<br />

marché et le prix <strong>de</strong> ses produits. Le consommateur<br />

riposte en diminuant sa<br />

consommation, ce qui entraîne une nouvelle<br />

surabondance <strong>de</strong>s produits et une<br />

chute <strong>de</strong>s prix… Ainsi tourne la roue <strong>de</strong>s<br />

fortunes et <strong>de</strong>s infortunes.<br />

1<br />

2


LES DÉFIS COMMUNS<br />

Renverser les tendances<br />

actuelles <strong>de</strong> développement<br />

représente un extraordinaire<br />

défi. Pour le relever, il s’agit <strong>de</strong><br />

s’appuyer sur les formidables<br />

capacités <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s<br />

femmes <strong>de</strong> COMPRENDRE, <strong>de</strong><br />

porter un regard CRITIQUE sur le<br />

mon<strong>de</strong> qui les entoure, <strong>de</strong> faire<br />

<strong>de</strong>s CHOIX conséquents et<br />

COMPRENDRE<br />

Pour être en mesure<br />

d’agir, il importe <strong>de</strong> comprendre<br />

le mon<strong>de</strong> au<br />

sein duquel nous vivons.<br />

Cela implique <strong>de</strong> mieux<br />

connaître le fil <strong>de</strong> l’histoire<br />

qui nous a menés à<br />

la situation actuelle, <strong>de</strong><br />

comprendre les mécanismes<br />

qui incitent à<br />

l’accumulation <strong>de</strong>s richesses<br />

et à la surconsommation.<br />

Cela suppose<br />

aussi <strong>de</strong> prendre<br />

conscience que le mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> développement économique<br />

actuel ne vise<br />

pas à sauvegar<strong>de</strong>r les ressources<br />

naturelles ni à<br />

développer la vie, mais<br />

bien à s’en accaparer.<br />

Mais cela implique aussi<br />

<strong>de</strong> comprendre ce qui,<br />

personnellement, nous<br />

pousse à consommer et,<br />

souvent, à confondre nos<br />

besoins et nos désirs.<br />

d’AGIR ensemble pour construire<br />

un mon<strong>de</strong> fondé sur <strong>de</strong>s<br />

valeurs d’équité, <strong>de</strong> solidarité et<br />

<strong>de</strong> partage. L’époque actuelle<br />

engendre <strong>de</strong>s changements comparables<br />

à ceux <strong>de</strong>s révolutions<br />

agricole et industrielle. Chacun<br />

doit être convaincu qu’il peut<br />

contribuer à donner forme à ce<br />

changement.<br />

CRITIQUER<br />

Les changements escomptés<br />

nécessitent <strong>de</strong><br />

réfléchir ensemble sur les<br />

valeurs, les pratiques et<br />

les limites du système<br />

économique actuel. Déco<strong>de</strong>r<br />

les messages enjoliveurs<br />

<strong>de</strong> la publicité, <strong>de</strong>s<br />

entreprises et <strong>de</strong>s gouvernements,<br />

tenir tête<br />

aux arguments simplistes<br />

qui nous promettent le<br />

bonheur par la consommation,<br />

démontrer l’illogisme<br />

d’un système qui<br />

favorise la concentration<br />

<strong>de</strong> la richesse, remettre<br />

en cause le néolibéralisme<br />

présenté comme la<br />

panacée à tous les problèmes,<br />

voilà autant <strong>de</strong><br />

points <strong>de</strong> vue critiques<br />

qui, en se propageant,<br />

menacent les détenteurs<br />

du pouvoir. Cette réflexion<br />

est déjà amorcée au<br />

sein <strong>de</strong> nombreux<br />

groupes (ONG, syndicats,<br />

groupes communautaires,<br />

etc.) même si elle<br />

trouve peu d’échos dans<br />

les médias.<br />

CHOISIR<br />

Il n’est pas futile <strong>de</strong> résister<br />

au modèle économique<br />

actuel en refusant<br />

<strong>de</strong> s’y adapter. C’est un<br />

acte indispensable qui<br />

contribue à freiner la<br />

progression du dieu dollar<br />

et à limiter les dégâts<br />

causés à la biosphère,<br />

aux peuples et aux<br />

exclus du système. Au<strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la critique et du<br />

refus, ce qui importe est<br />

<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix<br />

responsables et d’être<br />

conséquents. Cela peut<br />

se traduire par l’adoption<br />

d’une consommation<br />

responsable, par la<br />

promotion <strong>de</strong> l’achat<br />

chez soi, par la réduction<br />

à la source, le recyclage<br />

et la réutilisation <strong>de</strong>s<br />

biens, le soutien au commerce<br />

équitable…<br />

L’imaginaire commun doit être l’aimant<br />

capable <strong>de</strong> polariser cette somme<br />

d’énergie dont chacune <strong>de</strong>s parties est<br />

minuscule, mais qui, lorsqu’elles sont<br />

rassemblées, constituent une force à<br />

l’échelle <strong>de</strong>s défis.<br />

PIERRE CALAME<br />

Fondation pour le progrès <strong>de</strong> l’Homme 1<br />

fiche 24<br />

AGIR<br />

Tout geste <strong>de</strong> résistance<br />

est inutile s’il ne contribue<br />

pas à construire un<br />

mon<strong>de</strong> meilleur. Déjà,<br />

une multitu<strong>de</strong> d’actions,<br />

gran<strong>de</strong>s ou petites, démontrent<br />

qu’il est possible<br />

<strong>de</strong> penser autrement,<br />

<strong>de</strong> dépasser les intérêts<br />

immédiats, <strong>de</strong> surmonter<br />

les contraintes et <strong>de</strong><br />

créer les synergies qui<br />

permettent le changement.<br />

Chacun possè<strong>de</strong>,<br />

là où il se trouve, <strong>de</strong>s<br />

aptitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s talents et<br />

<strong>de</strong>s moyens pour passer<br />

à l’action. Les premiers<br />

pas : apprendre à vivre<br />

selon ses besoins, s’engager<br />

dans son milieu, se<br />

donner ensemble les<br />

moyens d’être libre, <strong>de</strong><br />

choisir, <strong>de</strong> partager, <strong>de</strong><br />

prendre le temps, <strong>de</strong><br />

penser, d’aimer, d’agir<br />

pour construire un<br />

mon<strong>de</strong> juste, agréable et<br />

équitable.<br />

Comprendre pour agir


Comprendre pour agir<br />

fiche 25<br />

BESOINS<br />

SÉCURITÉ<br />

INFORMATION<br />

ÉDUCATION<br />

CHOIX<br />

PARTICIPATION<br />

COMPENSATION<br />

ENVIRONNEMENT<br />

ET SOCIÉTÉ<br />

LA CHARTE DU CONSOMMATEUR<br />

RESPONSABLE 1<br />

LES DROITS LES RESPONSABILITÉS<br />

Les biens et services essentiels pour se nourrir,<br />

se vêtir, s’abriter…<br />

Se protéger face aux biens et services nuisibles<br />

ou dangereux pour vous, votre communauté<br />

et votre environnement.<br />

Avoir accès à l’information pour établir un<br />

choix <strong>de</strong> consommation responsable.<br />

Pouvoir acquérir le savoir et les habiletés<br />

pour <strong>de</strong>venir un consommateur responsable.<br />

Une diversité <strong>de</strong> biens et <strong>de</strong> services <strong>de</strong> qualité<br />

n’ayant ni causé d’atteintes à l’environnement<br />

ni brimé les droits <strong>de</strong>s travailleurs.<br />

Une voix dans le processus d’élaboration <strong>de</strong>s<br />

politiques gouvernementales et internationales<br />

concernant l’économie et le commerce.<br />

Un juste arrangement pour compenser le<br />

défaut d’un bien ou la déficience d’un service.<br />

Un environnement sain et <strong>de</strong>s sociétés<br />

viables, maintenant et pour l’avenir.<br />

• Faire la différence entre besoins et désirs.<br />

• Revendiquer pour tous la satisfaction <strong>de</strong>s<br />

besoins fondamentaux.<br />

• Connaître l’origine et la composition <strong>de</strong>s<br />

biens et services utilisés.<br />

• Exercer les pressions nécessaires auprès<br />

<strong>de</strong>s fournisseurs et <strong>de</strong>s entreprises afin<br />

que leurs produits soient sains et sans<br />

danger.<br />

• Réclamer un étiquetage fournissant toute<br />

l’information nécessaire à la réalisation <strong>de</strong><br />

choix <strong>de</strong> consommation responsable.<br />

• Deman<strong>de</strong>r que les médias et les institutions<br />

d’enseignement abor<strong>de</strong>nt les questions<br />

<strong>de</strong> consommation responsable.<br />

• Comparer les prix, la qualité et les<br />

chaînes <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s biens et services<br />

avant d’acheter.<br />

• Exiger <strong>de</strong>s produits répondant aux principes<br />

<strong>de</strong> la consommation responsable.<br />

• Faire connaître ses besoins et volontés<br />

aux fabricants, aux gouvernements et aux<br />

institutions internationales.<br />

• Insister pour obtenir un arrangement<br />

équitable, raisonnable et… agréable.<br />

Contribuer à construire <strong>de</strong>s sociétés et un<br />

environnement sains, viables, durables,<br />

agréables :<br />

• en conservant les ressources, en choisissant<br />

<strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services qui ne<br />

sont pas dommageables pour l’environnement<br />

et les sociétés ;<br />

• en comprenant les conséquences, sur<br />

l’environnement et les sociétés, <strong>de</strong> ses<br />

habitu<strong>de</strong>s d’achat et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s<br />

déchets ;<br />

• en suscitant la réflexion autour du paradoxe<br />

qui existe entre la croissance<br />

<strong>de</strong> la consommation, la concentration <strong>de</strong><br />

la richesse et la diminution <strong>de</strong>s ressources<br />

naturelles.


LA SIMPLICITÉ VOLONTAIRE fiche 26<br />

La simplicité volontaire est un<br />

courant social qui regroupe <strong>de</strong>s<br />

gens ayant choisi <strong>de</strong> simplifier<br />

leur existence afin <strong>de</strong> privilégier<br />

une plus gran<strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> vie.<br />

Ce choix s’appuie sur <strong>de</strong>s motivations<br />

fort diverses, en réponse<br />

à <strong>de</strong>s problèmes comme<br />

l’en<strong>de</strong>ttement, le stress et la<br />

course folle, la surconsommation,<br />

la crise écologique, l’isolement<br />

et le manque <strong>de</strong> solidarité<br />

sociale. La simplicité volontaire<br />

fait partie d’un courant <strong>de</strong> pensée<br />

qui a émergé aux États-Unis<br />

en 1983. Serge Mongeau,<br />

mé<strong>de</strong>cin et écologiste québécois,<br />

en a fait l’objet d’un livre,<br />

La simplicité volontaire, publié<br />

en 1985 et réédité en 1998.<br />

La simplicité volontaire propose<br />

une nouvelle attitu<strong>de</strong> face au<br />

matérialisme occi<strong>de</strong>ntal. Loin<br />

d’inciter au vœu <strong>de</strong> pauvreté, ce<br />

mouvement suggère <strong>de</strong> vivre<br />

plus sobrement afin <strong>de</strong> mieux<br />

profiter <strong>de</strong> notre vie et <strong>de</strong> briser<br />

notre dépendance face au profit<br />

et à la surconsommation. Ces<br />

dépendances entraînent <strong>de</strong><br />

nombreux effets secondaires,<br />

comme la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> notre<br />

environnement et <strong>de</strong> notre<br />

santé personnelle, familiale et<br />

sociale. Puisqu’on utilise actuellement<br />

plus <strong>de</strong> ressources que<br />

ce que la Terre peut produire,<br />

une baisse <strong>de</strong> notre consommation<br />

et une attitu<strong>de</strong> réfléchie<br />

face à celle-ci nous permettraient<br />

<strong>de</strong> penser à un développement<br />

« durable ».<br />

Le principe consiste à travailler<br />

en fonction <strong>de</strong> nos besoins et<br />

non pour accumuler <strong>de</strong>s surplus.<br />

En travaillant moins et en<br />

restreignant ses dépenses, il<br />

<strong>de</strong>vient possible <strong>de</strong> profiter<br />

davantage du temps dont on<br />

dispose. Concrètement, on peut<br />

utiliser ce gain <strong>de</strong> temps personnel<br />

pour réaliser <strong>de</strong>s choses qui<br />

font économiser davantage :<br />

bricoler, cuisiner, jardiner. Et en<br />

développant plus les liens sociaux,<br />

on peut organiser <strong>de</strong>s<br />

épiceries collectives, le partage<br />

d’une voiture, un gardiennage<br />

rotatif entre voisins, l’utilisation<br />

<strong>de</strong> livres en bibliothèque, au lieu<br />

<strong>de</strong> les acheter, etc. Bien sûr, travailler<br />

moins implique que l’on<br />

puisse obtenir du temps partagé<br />

<strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s employeurs alors<br />

que ceux-ci ont plutôt tendance<br />

à surcharger leurs employés<br />

pour éviter d’embaucher. Là<br />

encore, il s’agit d’un choix à la<br />

fois individuel et social.<br />

Sources et ressources :<br />

Réseau québécois pour la simplicité<br />

volontaire<br />

a/s <strong>de</strong>s Éditions Écosociété<br />

C.P. 32052, succ. Les Atriums<br />

Montréal (<strong>Québec</strong>) H2L 4Y5<br />

rqsv@moncourrier.com<br />

www.amysystems.com/simplicitevolontaire<br />

UN GESTE VOLONTAIRE<br />

L’aspect « volontaire » est très important<br />

et implique que chaque personne est<br />

libre <strong>de</strong> faire ses propres choix. Il n’existe<br />

donc pas <strong>de</strong> « mo<strong>de</strong> d’emploi » pour une<br />

simplicité volontaire, mais bien <strong>de</strong> l’information<br />

parallèle, pour stimuler la réflexion,<br />

ainsi que les initiatives personnelles<br />

et collectives.<br />

Ce n’est pas la richesse qui fait obstacle à<br />

la libération, mais l’attachement à la<br />

richesse ; ce n’est pas non plus le plaisir<br />

que procurent les choses agréables qui<br />

est condamnable, mais le désir ar<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

les obtenir.<br />

Serge Mongeau, 1998<br />

DES EFFETS BÉNÉFIQUES SUR<br />

L’ÉCONOMIE<br />

• Tendance vers une activité économique<br />

modérée et <strong>de</strong> subsistance à<br />

long terme.<br />

• Augmentation <strong>de</strong> l’épargne <strong>de</strong>s ménages<br />

offrant <strong>de</strong> nouveaux capitaux<br />

pour l’investissement.<br />

• Création d’emplois pour assurer la<br />

subsistance à long terme.<br />

• Réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte <strong>de</strong>s ménages et<br />

<strong>de</strong>s nations.<br />

• Utilisation <strong>de</strong>s ressources pour<br />

répondre à <strong>de</strong>s besoins réels.<br />

Agir <strong>de</strong> façon responsable


Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />

fiche 27<br />

Le troc <strong>de</strong>meure l’un <strong>de</strong>s<br />

meilleurs moyens <strong>de</strong> se soustraire<br />

à l’emprise <strong>de</strong> la surconsommation.<br />

Conclu d’un commun<br />

accord entre <strong>de</strong>ux personnes,<br />

il garantit l’équité <strong>de</strong><br />

l’échange. Réalisé hors <strong>de</strong>s circuits<br />

financiers traditionnels, il<br />

favorise l’interdépendance entre<br />

les êtres humains plutôt que la<br />

dépendance <strong>de</strong>s plus pauvres<br />

envers les plus riches.<br />

C’est ce principe qui est à la<br />

base <strong>de</strong>s SEL (Services<br />

d’Échange Locaux) connus dans<br />

le mon<strong>de</strong> anglo-saxon sous le<br />

nom <strong>de</strong> LETS (Local Exchange<br />

Trading Systems). Dans les<br />

années 1980, en pleine crise<br />

économique, Michael Linton, un<br />

Écossais vivant dans l’Île <strong>de</strong> Vancouver,<br />

réunit un groupe <strong>de</strong> personnes<br />

exclues du milieu du travail<br />

ou prises au piège <strong>de</strong><br />

l’en<strong>de</strong>ttement. Il leur propose<br />

<strong>de</strong> participer à un système<br />

d’échange <strong>de</strong> biens, <strong>de</strong> savoirs<br />

et <strong>de</strong> services au sein duquel<br />

aucun argent ne circule. Le premier<br />

SEL est né !<br />

Au point <strong>de</strong> départ, tous les<br />

comptes <strong>de</strong>s participants sont à<br />

zéro. Pour que le dynamisme<br />

<strong>de</strong>s échanges s’installe, quelqu’un<br />

doit le déséquilibrer,<br />

c’est-à-dire acquérir un bien ou<br />

LE TROC ET LES SERVICES D’ÉCHANGE LOCAUX<br />

(SEL)<br />

requérir les services d’un membre<br />

du groupe. Par la suite, il<br />

doit au groupe (ou à un <strong>de</strong> ses<br />

membres) un bien ou un service<br />

jugé équivalent (exemple : un<br />

massage contre un examen <strong>de</strong>ntaire).<br />

De la même façon, le<br />

fournisseur bénéficie d’un<br />

crédit qui lui permet d’acquérir<br />

<strong>de</strong>s biens ou <strong>de</strong>s services<br />

générés par <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong><br />

son groupe. De cette façon, pas<br />

<strong>de</strong> profit, ni d’en<strong>de</strong>ttement<br />

financier, ni d’intérêt à payer.<br />

Fort du succès <strong>de</strong> cette initiative,<br />

le modèle fait <strong>de</strong>s petits, que ce<br />

soit dans le Nord ou dans le<br />

Sud. De mieux en mieux organisés,<br />

les SEL locaux se regroupent<br />

au niveau régional puis<br />

national, permettant aux membres<br />

<strong>de</strong> bénéficier d’une diversité<br />

accrue d’échanges.<br />

Aujourd’hui, en naviguant sur la<br />

toile, il est même possible <strong>de</strong><br />

participer à <strong>de</strong>s réseaux virtuels<br />

d’échanges… réels.<br />

Les différents SEL jouissent<br />

d’une indépendance relative les<br />

uns par rapport aux autres, mais<br />

partagent tous le même objectif<br />

<strong>de</strong> s’affranchir du « dollar » et<br />

<strong>de</strong> remettre au cœur <strong>de</strong><br />

l’échange le lien relationnel.<br />

Sources et ressources :<br />

Troc en SEL<br />

www.francinet.free.fr/accueil.htm<br />

www.solidaire.org<br />

www.freenet.edmonton.ab.ca/lets<br />

http ://asso.francenet.fr/sel/sel.htm<br />

http ://jmrob.freefr/troc/troc.html<br />

Le troc est la forme la plus ancienne<br />

d’échanges <strong>de</strong> biens ou <strong>de</strong> services. Dans<br />

les premiers marchés, le blé s’échangeait<br />

contre du poulet ou du poisson. À l’époque<br />

<strong>de</strong>s pharaons apparut une première forme<br />

<strong>de</strong> monnaie d’échange. Les paysans recevaient<br />

l’ostraca, une pièce <strong>de</strong> poterie sur<br />

laquelle était indiquées la quantité et la<br />

nature <strong>de</strong> leur contribution au grenier <strong>de</strong><br />

l’État. Du blé, <strong>de</strong> l’orge ou du sarrasin<br />

étaient symbolisés par un « reçu » <strong>de</strong> terre.<br />

L’Europe connaît un système similaire au<br />

XIII e siècle. Dans les <strong>de</strong>ux cas, ces systèmes<br />

connaissent le succès jusqu’à l’invasion <strong>de</strong>s<br />

Romains en Égypte et à la mise en place du<br />

pouvoir royal en Europe.<br />

Les SEL : un mon<strong>de</strong> d’avantages qui…<br />

• stimule les échanges et la solidarité<br />

dans un groupe ;<br />

• favorise la mise en valeur <strong>de</strong>s ressources<br />

et <strong>de</strong>s compétences disponibles ;<br />

• évite l’exo<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ressources ;<br />

• maintient l’activité économique <strong>de</strong>s<br />

personnes exclues du mon<strong>de</strong> traditionnel<br />

du travail ;<br />

• permet la subsistance quotidienne avec<br />

peu ou pas <strong>de</strong> liquidités ;<br />

• favorise la communication et développe<br />

la confiance entre les membres d’un<br />

groupe.<br />

BRÈVES DES SEL<br />

• En Gran<strong>de</strong>-Bretagne, plus <strong>de</strong> 20 000<br />

personnes sont regroupées au sein <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> 300 SEL. On en dénombre près<br />

<strong>de</strong> 350 en France et plus <strong>de</strong> 1 500 à<br />

l’échelle <strong>de</strong> l’Europe.<br />

• Les SEL d’Australie reçoivent <strong>de</strong>s subventions<br />

<strong>de</strong> l’État. On y retrouve le plus<br />

grand SEL au mon<strong>de</strong> : plus <strong>de</strong> 2 000<br />

membres.


LES TROIS « R » :<br />

RÉDUIRE, RÉUTILISER, RECYCLER fiche 28<br />

Réduire, Réutiliser, Recycler sont<br />

les fameux 3 « R » qui fon<strong>de</strong>nt le<br />

principe <strong>de</strong> la consommation<br />

responsable. Le premier « R »<br />

<strong>de</strong>meure le plus important <strong>de</strong><br />

tous. Tout produit non consommé<br />

évite l’exploitation <strong>de</strong>s<br />

matières premières, comme le<br />

bois, l’eau, les métaux. Il ne se<br />

consumera jamais dans un incinérateur<br />

et n’ira jamais encombrer<br />

les sites d’enfouissement.<br />

Pour réduire la quantité <strong>de</strong><br />

déchets domestiques, nous<br />

pouvons d’abord axer notre<br />

consommation sur le nécessaire,<br />

valoriser les produits à usages<br />

multiples ou à durée <strong>de</strong> vie prolongée<br />

et diminuer les quantités<br />

d’emballage, par exemple en<br />

privilégiant les produits en vrac<br />

ou le « format familial ».<br />

Le second « R » consiste à<br />

redonner vie aux produits déjà<br />

consommés. Bricoler avec <strong>de</strong>s<br />

matériaux récupérés, réutiliser<br />

<strong>de</strong>s pots <strong>de</strong> verre ou <strong>de</strong> plastique<br />

pour conserver les aliments,<br />

réparer les meubles ou<br />

les électroménagers, tout cela<br />

prolonge leur durée <strong>de</strong> vie.<br />

Lorsque les pressions sociales,<br />

la publicité et la mo<strong>de</strong> nous<br />

poussent à nous débarrasser <strong>de</strong><br />

nos biens, les ressourceries sont<br />

là pour nous ai<strong>de</strong>r à redonner<br />

une nouvelle vie à nos vieux<br />

produits.<br />

En misant d’abord sur la réduction,<br />

puis sur la réutilisation, la<br />

quantité <strong>de</strong> déchets diminue<br />

d’office. C’est ici qu’intervient le<br />

troisième « R ». On ne parle plus<br />

alors <strong>de</strong> déchets, mais <strong>de</strong> ressources,<br />

car les produits <strong>de</strong> nos<br />

bacs <strong>de</strong> recyclage peuvent avoir<br />

<strong>de</strong>ux, trois, voire dix vies.<br />

Reste enfin la poubelle.<br />

Lorsqu’on en soustrait les<br />

matières végétales qui peuvent<br />

être utilisées pour faire du compost,<br />

il ne reste plus grandchose.<br />

De nombreuses municipalités<br />

récupèrent les résidus<br />

dangereux (piles, peinture,<br />

huiles, solvants, batteries d’automobile,<br />

médicaments, pestici<strong>de</strong>s,<br />

etc.). En fouillant plus à<br />

fond, on trouve <strong>de</strong>s produits<br />

jetables qui pourraient facilement<br />

être remplacés par <strong>de</strong>s<br />

produits durables (rasoirs, stylos,<br />

etc.). En toute <strong>de</strong>rnière<br />

instance, on peut éliminer en<br />

toute sécurité ce qui ne se recycle<br />

pas. Mettons nos poubelles<br />

au régime !<br />

Sources et ressources :<br />

Établissements verts Brundtland*<br />

www.eav.csq.qc.net<br />

RECYC-QUÉBEC<br />

http ://www.recyc-quebec.gouv.qc.ca/<br />

Réseau <strong>de</strong> Ressourceries du <strong>Québec</strong><br />

www.reseauressourceries.org<br />

* Mouvement éducatif qui œuvre<br />

au développement d’un mon<strong>de</strong><br />

écologique, pacifique, solidaire<br />

et démocratique.<br />

UN SITE COMPOSÉ D’IDÉES<br />

100 % RÉUTILISABLES<br />

La Centrale <strong>de</strong>s syndicats du <strong>Québec</strong><br />

propose un outil éducatif fort intéressant<br />

sur le site www.csq.net/lebac/, en partenariat<br />

avec RECYC-QUÉBEC et ENvironnement-JEUnesse.<br />

Baptisé le BAC, cet<br />

outil propose aux enseignants et aux<br />

élèves une foule d’activités visant la gestion<br />

<strong>de</strong>s matières résiduelles en milieu<br />

scolaire. D’abord consacré au papier, le<br />

site abor<strong>de</strong>ra sous peu tous les types <strong>de</strong><br />

matériaux qui se retrouvent trop souvent<br />

dans nos poubelles.<br />

DES 3 « R » AUX 6 « R»<br />

Les Établissements verts Brundtland<br />

(EVB)* ont ajouté 3 nouveaux « R » aux<br />

3 « R » traditionnels.<br />

• Repenser nos systèmes <strong>de</strong> valeurs<br />

(par la résolution pacifique <strong>de</strong>s conflits,<br />

la promotion <strong>de</strong> la paix, du<br />

partage et <strong>de</strong> l’équité, etc.).<br />

• Restructurer nos systèmes économiques<br />

(par la création <strong>de</strong> coopératives,<br />

le troc, le micro-crédit, la promotion<br />

<strong>de</strong>s fonds éthiques, etc.).<br />

• Redistribuer les ressources (la collecte<br />

et la redistribution <strong>de</strong> vêtements<br />

et d’autres biens, la collecte <strong>de</strong> fonds<br />

pour les plus démunis, etc.).<br />

UNE NOUVELLE VIE POUR NOS VIEUX<br />

PRODUITS !<br />

Il existe au <strong>Québec</strong> un réseau <strong>de</strong> ressourceries<br />

qui regroupent <strong>de</strong>s entreprises<br />

et <strong>de</strong>s organismes spécialisés dans la<br />

récupération <strong>de</strong> matières résiduelles.<br />

On y recueille meubles, vêtements,<br />

appareils électriques qui sont restaurés<br />

et vendus à bon prix, lorsqu’ils ne sont<br />

pas tout simplement redistribués gratuitement<br />

à <strong>de</strong>s personnes dans le besoin.<br />

Bel exemple <strong>de</strong> solidarité et <strong>de</strong> récupération<br />

!<br />

Agir <strong>de</strong> façon responsable


Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />

fiche 29<br />

L’agriculture soutenue par la collectivité<br />

est un moyen d’encourager<br />

l’agriculture biologique<br />

locale et <strong>de</strong> rendre les consommateurs<br />

partenaires <strong>de</strong>s<br />

petites fermes. Ce nouveau<br />

partenariat réhumanise le<br />

processus <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong>s<br />

produits agricoles en assurant<br />

aux consommateurs <strong>de</strong>s produits<br />

<strong>de</strong> qualité et aux producteurs<br />

une clientèle fidèle. Pour <strong>de</strong>venir<br />

partenaire d’une ferme, chacun<br />

achète, au début <strong>de</strong> la saison<br />

estivale, une part <strong>de</strong>s récoltes<br />

qui lui sera livrée chaque semaine<br />

au point <strong>de</strong> chute d’un quartier.<br />

Les partenaires sont aussi<br />

invités à participer à l’organisation<br />

<strong>de</strong> ce réseau et aux activités<br />

<strong>de</strong> la ferme.<br />

Ce type d’agriculture comporte<br />

une multitu<strong>de</strong> d’avantages, tant<br />

écologiques, économiques que<br />

sociaux. En rapprochant les cultivateurs<br />

<strong>de</strong>s consommateurs,<br />

L’AGRICULTURE SOUTENUE<br />

PAR LA COLLECTIVITÉ<br />

ceux-ci <strong>de</strong>viennent plus sensibles<br />

à la qualité, à la fraîcheur et<br />

aussi à tout le processus <strong>de</strong><br />

production. Ce lien entre consommateurs<br />

et producteurs<br />

outrepasse les gran<strong>de</strong>s chaînes<br />

et constitue une solution <strong>de</strong><br />

rechange face à la monoculture<br />

(reconnue comme néfaste à long<br />

terme pour l’environnement),<br />

face à la production <strong>de</strong> masse et<br />

à l’utilisation abusive <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s<br />

et d’organismes génétiquement<br />

modifiés (OGM). D’un<br />

point <strong>de</strong> vue économique, cette<br />

association crée <strong>de</strong>s emplois et<br />

offre une meilleure sécurité<br />

financière aux cultivateurs membres<br />

qui peuvent ainsi mieux<br />

planifier leur saison. Elle permet<br />

aux consommateurs d’effectuer<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s économies. Le fait<br />

d’acheter <strong>de</strong>s produits biologiques<br />

directement <strong>de</strong> la ferme<br />

génère <strong>de</strong>s économies <strong>de</strong><br />

10 % à 50 % !<br />

DES CRITÈRES « ASC »<br />

Toutes les fermes du réseau diffèrent tant dans leur organisation que dans<br />

leurs produits. Il existe toutefois <strong>de</strong>s critères ASC auxquels elles doivent<br />

adhérer :<br />

• Agriculture biologique : les fermes n’utilisent ni pestici<strong>de</strong>s ni engrais <strong>de</strong><br />

synthèse ; elles respectent l’environnement et la biodiversité et sont<br />

certifiées par un organisme <strong>de</strong> contrôle indépendant.<br />

• Engagement financier : les partenaires s’engagent financièrement auprès<br />

<strong>de</strong> leur ferme pour toute la saison.<br />

• Production locale : les produits proviennent principalement <strong>de</strong> la ferme<br />

et <strong>de</strong> la localité ; quelques produits peuvent être issus d’autres fermes<br />

<strong>de</strong> la région.<br />

• Dimension sociale : les producteurs et les partenaires organisent <strong>de</strong>s<br />

rencontres, <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> récolte, <strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> travail à la ferme, etc.<br />

Sources et ressources :<br />

Équiterre : http ://www.equiterre.qc.ca/in<strong>de</strong>x.html<br />

OCIA QUÉBEC (Association pour l’amélioration <strong>de</strong>s cultures biologiques) :<br />

http ://www.ocia.qc.ca<br />

Centre d’agriculture biologique du <strong>Québec</strong> : http ://www.cab.qc.ca<br />

International Fe<strong>de</strong>ration of Organic Agriculture Movements :<br />

http ://www.ifoam.org/<br />

PETIT RÉSEAU DEVIENDRA GRAND<br />

Au <strong>Québec</strong>, l’idée fait son chemin. On<br />

compte déjà près <strong>de</strong> 60 <strong>de</strong> ces regroupements<br />

; plus <strong>de</strong> 8 000 personnes choisissent<br />

maintenant <strong>de</strong> rediriger leur pouvoir<br />

d’achat vers les producteurs. Grâce à ce<br />

partenariat, certains cultivateurs ont pu<br />

se doter d’une serre, d’un entrepôt réfrigéré<br />

et d’autres équipements leur permettant<br />

d’augmenter leur production et<br />

<strong>de</strong> prolonger leur saison. Quelques produits<br />

d’hiver commenceraient même à<br />

faire leur place…<br />

COMMENT DEVENIR UN PARTENAIRE<br />

«ASC»<br />

Au <strong>Québec</strong>, Équiterre est l’organisme qui<br />

coordonne ce réseau en soutenant à la<br />

fois les cultivateurs dans la planification<br />

et l’information et en faisant connaître<br />

aux partenaires et aux aspirants partenaires<br />

une liste <strong>de</strong>s fermes, remise à jour<br />

chaque année. Contactez-les dès maintenant<br />

afin <strong>de</strong> réserver votre part <strong>de</strong><br />

récolte pour l’été prochain !<br />

SAUVER À PERPÉTUITÉ NOS TERRES<br />

AGRICOLES<br />

Équiterre soutient un projet <strong>de</strong> fiducie<br />

foncière avec la ferme Ca<strong>de</strong>t-Roussel en<br />

Montérégie. La terre, divisée en parcelles,<br />

est vendue à la fiducie qui<br />

recueille <strong>de</strong>s dons auprès <strong>de</strong>s particuliers<br />

pour financer ces achats. Par ces<br />

dons, les terres sont ainsi mises à l’abri<br />

<strong>de</strong> la spéculation et on s’assure qu’elles<br />

seront utilisées à <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> culture<br />

biologique. À leur retraite, les agriculteurs<br />

pourront vendre ou louer le «<br />

fonds » <strong>de</strong> ferme à <strong>de</strong>s jeunes qui n’auraient<br />

pas les moyens d’acheter une<br />

ferme traditionnelle. Bel exemple <strong>de</strong> lien<br />

ville-campagne !


L’EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE fiche 30<br />

Depuis que l’être humain a conquis<br />

le feu, sa consommation<br />

d’énergie n’a cessé d’augmenter.<br />

Limitée à l’origine à la seule<br />

satisfaction <strong>de</strong> ses besoins<br />

fondamentaux, la consommation<br />

d’énergie par personne a<br />

progressé au cours <strong>de</strong>s âges au<br />

rythme <strong>de</strong>s découvertes technologiques.<br />

Elle s’est mise à<br />

croître <strong>de</strong> façon vertigineuse<br />

avec la révolution industrielle, la<br />

puissante machine industrielle<br />

brûlant <strong>de</strong>s quantités énormes<br />

d’énergie sous forme <strong>de</strong> charbon,<br />

<strong>de</strong> pétrole et <strong>de</strong> gaz. En<br />

plus d’être non renouvelables<br />

et présents en quantité limitée,<br />

ces combustibles fossiles sont<br />

responsables <strong>de</strong> nombreux<br />

problèmes environnementaux,<br />

notamment les changements<br />

climatiques. Or, ces énergies,<br />

auxquelles s’ajoutent l’énergie<br />

nucléaire et l’énergie<br />

hydraulique, ne sont pas<br />

consommées équitablement<br />

dans l’ensemble <strong>de</strong> la planète.<br />

À eux seuls, les pays industrialisés<br />

(soit le quart <strong>de</strong> la population<br />

mondiale) consomment<br />

plus <strong>de</strong> 75 % <strong>de</strong> toute la production<br />

d’énergie. Et c’est au<br />

Canada que la consommation<br />

d’énergie par habitant est la plus<br />

élevée. Consommer <strong>de</strong> façon<br />

responsable exige donc <strong>de</strong><br />

repenser, individuellement<br />

et collectivement, notre<br />

consommation énergétique.<br />

Sources et ressources :<br />

Agence <strong>de</strong> l’efficacité énergétique :<br />

www.aee.gouv.qc.ca<br />

Équiterre : www.equiterre.qc.ca<br />

Vivre en ville : www.vivreenville.org<br />

Service d’ai<strong>de</strong> au consommateur<br />

(trousse « Ma trousse Éco-Max » :<br />

www.service-ai<strong>de</strong>consommateur.qc.ca<br />

Le premier pas à franchir consiste<br />

à prendre conscience <strong>de</strong><br />

nos activités énergivores (préparation<br />

<strong>de</strong>s aliments, chauffage,<br />

éclairage, transport, loisirs) pour<br />

ensuite modifier nos comportements<br />

(prendre le vélo plutôt<br />

que l’auto, mettre un chandail<br />

plutôt que d’augmenter le<br />

chauffage) ou appliquer <strong>de</strong>s<br />

solutions technologiques<br />

(calfeutrer les fenêtres, utiliser<br />

<strong>de</strong>s ampoules efficaces d’un<br />

point <strong>de</strong> vue énergétique).<br />

Le second pas consiste à comprendre<br />

que c’est ce que nous<br />

consommons qui fait rouler les<br />

industries énergivores. Par<br />

exemple, la construction<br />

d’automobiles brûle 10 % <strong>de</strong><br />

toute l’énergie consommée en<br />

Amérique du Nord. De même, il<br />

faut 2 000 kilocalories pour fabriquer<br />

une seule canette <strong>de</strong> boisson<br />

gazeuse qui fournit en<br />

énergie nutritive… une seule<br />

kilocalorie.<br />

La troisième étape consiste à<br />

remettre en question nos choix<br />

collectifs en matière d’énergie<br />

et à presser les gouvernements<br />

et les entreprises à mettre en<br />

place une série <strong>de</strong> mesures<br />

favorisant l’efficacité énergétique,<br />

l’utilisation <strong>de</strong>s ressources<br />

renouvelables (éoliennes,<br />

solaires, hydrauliques) et<br />

une répartition plus juste <strong>de</strong>s<br />

ressources énergétiques.<br />

ILS L’ONT DIT…<br />

Nous nous comportons envers l’énergie<br />

comme si nous coupions une livre <strong>de</strong><br />

beurre avec une scie à chaîne !<br />

Amory Lovins<br />

L’énergie la moins dommageable pour<br />

l’environnement est celle que l’on<br />

épargne, celle qui n’a pas à être produite,<br />

ni transportée, ni utilisée.<br />

Table ron<strong>de</strong> québécoise sur l’environnement<br />

et l’économie, 1989<br />

UN APPUI CHALEUREUX<br />

L'Agence <strong>de</strong> l'efficacité énergétique du<br />

<strong>Québec</strong>, en collaboration avec diverses<br />

organisations environnementales, propose<br />

aux ménages québécois à faible<br />

revenu <strong>de</strong>s visites conseils afin <strong>de</strong> les<br />

ai<strong>de</strong>r à réduire leur facture d'énergie.<br />

Lors <strong>de</strong> ces visites, les conseillers proposent<br />

divers moyens concrets pour<br />

économiser l'énergie (dans le chauffage,<br />

la consommation d'eau chau<strong>de</strong>, etc.) et<br />

effectuent <strong>de</strong> menus travaux (installation<br />

<strong>de</strong> coupe-froid, calfeutrage, ajustement<br />

<strong>de</strong> la température <strong>de</strong> l'eau chau<strong>de</strong>, etc.).<br />

SAVIEZ-VOUS QUE…<br />

• Si on voulait emmagasiner la consommation<br />

énergétique annuelle d’une<br />

famille canadienne <strong>de</strong> quatre personnes,<br />

c’est plus <strong>de</strong> 170 barils <strong>de</strong> pétrole<br />

qu’il faudrait stocker dans la cour<br />

arrière <strong>de</strong> leur maison.<br />

• Chaque année, plus <strong>de</strong> 5,5 milliards<br />

<strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> gaz carbonique sont<br />

déversées dans l’atmosphère. Depuis<br />

la révolution industrielle, la concentration<br />

<strong>de</strong> ce gaz a augmenté <strong>de</strong> plus<br />

<strong>de</strong> 25 %.<br />

• L’énergie solaire que reçoit la Terre<br />

équivaut à 10 000 fois la consommation<br />

énergétique mondiale actuelle.<br />

Agir <strong>de</strong> façon responsable


Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />

fiche 31<br />

Utiliser l’automobile personnelle<br />

ou le cocktail transport ? Ces<br />

quelques informations vous<br />

gui<strong>de</strong>ront peut-être dans votre<br />

choix. Sachons d’abord que la<br />

surutilisation <strong>de</strong> l’automobile est<br />

responsable <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s<br />

émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre.<br />

L’industrie du pétrole, entièrement<br />

contrôlée par les multinationales,<br />

entraîne pour sa part <strong>de</strong><br />

graves dangers pour l’environnement<br />

(déversements, pluies<br />

aci<strong>de</strong>s, etc.), sans compter que<br />

plusieurs conflits régionaux ont<br />

pour origine la quête <strong>de</strong> ces ressources<br />

<strong>de</strong> plus en plus limitées.<br />

Ajoutons que le CAA-<strong>Québec</strong><br />

évalue à 6 000 $ les frais annuels<br />

associés à l’utilisation d’une<br />

automobile. Le cocktail transport<br />

est une façon <strong>de</strong> réaliser tous vos<br />

déplacements à bien moindre<br />

coût, tout en diminuant leurs<br />

impacts sur l’environnement et la<br />

santé. Le cocktail transport, c’est<br />

<strong>de</strong> substituer à l’automobile une<br />

multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> moyens <strong>de</strong> transport<br />

aisément accessibles et<br />

combinables, comme le vélo,<br />

la marche, les transports en<br />

commun (train, autobus, métro),<br />

les taxis, la location ou le partage<br />

d’une voiture, le covoiturage<br />

et les services <strong>de</strong> livraison à<br />

domicile.<br />

Le temps précieux gagné en<br />

transport en commun peut être<br />

consacré à la lecture, à l’écoute<br />

<strong>de</strong> musique, à la conversation<br />

entre amis, etc. Marcher ou<br />

LE COCKTAIL TRANSPORT<br />

prendre le vélo rend les personnes<br />

plus énergiques, moins tendues<br />

et <strong>de</strong> meilleure humeur.<br />

Enfin, lorsque nécessaire, les<br />

coûts d’utilisation <strong>de</strong>s taxis et la<br />

location <strong>de</strong> voitures <strong>de</strong>meurent<br />

nettement inférieurs aux<br />

sommes découlant <strong>de</strong> l’utilisation<br />

<strong>de</strong> la voiture. La solution <strong>de</strong><br />

rechange du cocktail transport<br />

est donc agréable, efficace,<br />

écologique et économique !<br />

Évi<strong>de</strong>mment, pour les rési<strong>de</strong>nts<br />

<strong>de</strong>s banlieues ou <strong>de</strong>s zones<br />

rurales, la voiture constitue une<br />

nécessité. Pour les autres,<br />

rechercher une rési<strong>de</strong>nce à proximité<br />

<strong>de</strong>s services <strong>de</strong> transport<br />

en commun favorise nettement<br />

l’adaptation au cocktail transport.<br />

En changeant nos pratiques quotidiennes,<br />

en entreprenant <strong>de</strong>s<br />

campagnes <strong>de</strong> sensibilisation sur<br />

le cocktail transport, en proposant<br />

<strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong><br />

ville sans voiture et <strong>de</strong>s espaces «<br />

pour fumeurs <strong>de</strong> CO 2 », il <strong>de</strong>vient<br />

possible d’influencer<br />

la gestion <strong>de</strong>s villes. Les espaces<br />

libérés pourraient servir à<br />

d’autres fins, comme la construction<br />

<strong>de</strong> logements sociaux<br />

ou l’ajout d’espaces verts.<br />

Sources et ressources :<br />

Équiterre<br />

www.equiterre.qc.ca/transport<br />

Voitures communautaires CommunAuto<br />

www.communauto.com<br />

Covoiturage urbain<br />

Ministère <strong>de</strong>s Transports<br />

www.mtq.gouv.qc.ca<br />

Covoiturage interurbain<br />

Allô-Stop : www.allostop.com<br />

SI J’AVAIS UN CHAR, ÇA CHANGERAIT<br />

MA VIE…<br />

(Chanson <strong>de</strong> Steve Faulkner)<br />

L’industrie <strong>de</strong> l’automobile investit annuellement<br />

plus <strong>de</strong> 100 millions $ en<br />

publicité pour nous vendre l’idée que<br />

possé<strong>de</strong>r une automobile donne un<br />

accès direct à la liberté, au bonheur et à<br />

l’amour. Or, cette machine est loin <strong>de</strong><br />

fournir la liberté et le bonheur escomptés<br />

si nous tenons compte <strong>de</strong>s contraventions<br />

reçues, du temps perdu, <strong>de</strong>s retards<br />

imprévisibles et <strong>de</strong>s tensions provoquées<br />

par les embouteillages et la recherche <strong>de</strong><br />

stationnement.<br />

UN TRIO AVEC ÇA ?<br />

L’étalement urbain et la surutilisation <strong>de</strong><br />

la voiture créent une trilogie auto/bungalow/banlieue<br />

qui, à elle seule, serait<br />

responsable <strong>de</strong> 50 % à 60 % <strong>de</strong> la consommation<br />

énergétique en Amérique du<br />

Nord. Ce phénomène expliquerait en<br />

partie que notre consommation en<br />

énergie soit trois fois plus gran<strong>de</strong> que<br />

celle <strong>de</strong>s Européens.<br />

QUELQUES CHIFFRES<br />

• À Montréal, 50 % <strong>de</strong>s adultes ne possè<strong>de</strong>nt<br />

pas <strong>de</strong> voiture. Pourtant, 40 %<br />

<strong>de</strong> l’espace urbain est réservé aux<br />

véhicules automobiles.<br />

• Au Canada, 16 000 personnes décè<strong>de</strong>nt<br />

prématurément chaque année<br />

en raison <strong>de</strong> la pollution <strong>de</strong> l’air (1 900<br />

personnes, à Montréal seulement).<br />

• Au <strong>Québec</strong>, 700 personnes décè<strong>de</strong>nt<br />

chaque année sur le réseau routier et<br />

5 000 sont grièvement blessées.<br />

• La congestion routière entraînerait<br />

<strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> 500 millions <strong>de</strong> dollars<br />

par année.<br />

• Un autobus rempli à pleine capacité<br />

remplace à lui seul 50 voitures !


LE TOURISME ÉQUITABLE fiche 32<br />

Le tourisme durable ou<br />

équitable n’est-il qu’une nouvelle<br />

forme <strong>de</strong> tourisme à vendre,<br />

avec l’apparition du cyclotourisme,<br />

<strong>de</strong> l’écotourisme, <strong>de</strong><br />

l’agrotourisme, du tourisme<br />

écologique et du tourisme<br />

d’aventure ? Pas tout à fait.<br />

L’Organisation mondiale du<br />

tourisme s’est dotée d’une<br />

charte du tourisme équitable,<br />

après avoir remarqué le nombre<br />

croissant <strong>de</strong> déplacements à<br />

l’étranger et la menace qu’ils<br />

représentent pour le maintien<br />

<strong>de</strong>s écosystèmes et les pratiques<br />

culturelles locales. Bref, le<br />

tourisme durable est une conception<br />

du développement touristique<br />

qui rejoint toutes les<br />

formes <strong>de</strong> tourisme en visant à<br />

sauvegar<strong>de</strong>r l’intégrité <strong>de</strong>s cultures,<br />

à protéger l’environnement<br />

et à répartir équitablement<br />

les retombées économiques<br />

<strong>de</strong> cette industrie.<br />

La croissance rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’industrie<br />

touristique et son expansion<br />

dans toutes les régions du<br />

mon<strong>de</strong> exercent en effet une<br />

pression souvent insoutenable<br />

sur <strong>de</strong>s environnements fragiles<br />

(comme ceux <strong>de</strong>s îles et <strong>de</strong>s<br />

lagons, particulièrement<br />

attrayants) et sur <strong>de</strong>s populations<br />

locales. À terme, ces pressions<br />

tuent dans l’œuf les<br />

attraits pour lesquels se déplacent<br />

justement les touristes.<br />

Pour contrer ce phénomène, la<br />

charte du tourisme durable vise<br />

à instaurer <strong>de</strong>s rapports plus<br />

équitables entre tous les intervenants,<br />

qu’ils agissent à l’échelon<br />

local ou international. Cela<br />

suppose d’abord un partage<br />

équitable <strong>de</strong>s bénéfices <strong>de</strong> cette<br />

industrie très lucrative, <strong>de</strong> façon<br />

à ce que le tourisme favorise<br />

réellement la cohésion<br />

économique et sociale entre les<br />

peuples. Pour les touristes, tous<br />

genres confondus, cela implique<br />

<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong> consommation<br />

responsables en matière<br />

<strong>de</strong> produits touristiques et<br />

d’adopter sur place un comportement<br />

respectueux à l’égard<br />

<strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong>s cultures<br />

locales. Les intervenants<br />

doivent à leur tour contribuer à<br />

l’épanouissement et à l’amélioration<br />

<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s<br />

populations locales en<br />

favorisant l’embauche <strong>de</strong> personnel<br />

local, l’achat local et la<br />

redistribution équitable <strong>de</strong>s<br />

revenus d’opération. Ils doivent,<br />

conjointement avec les populations<br />

et les autorités publiques<br />

locales, participer à la conservation<br />

et à la préservation <strong>de</strong> l’environnement,<br />

à la sécurité, à la<br />

protection sanitaire, à la gestion<br />

<strong>de</strong>s déchets et à l’hygiène alimentaire.<br />

Les médias <strong>de</strong>vraient<br />

également fournir <strong>de</strong>s informations<br />

honnêtes sur les <strong>de</strong>stinations,<br />

notamment sur leur climat<br />

politique, et bannir le tourisme<br />

sexuel.<br />

SAVIEZ-VOUS QUE…<br />

• En 2000, le nombre <strong>de</strong> touristes<br />

s’est accru <strong>de</strong> 50 millions à l’échelle<br />

mondiale.<br />

• En 2000, 698 millions <strong>de</strong> personnes se<br />

sont déplacées à l’étranger à titre <strong>de</strong><br />

touristes.<br />

POUR VOYAGER « ÉQUITABLE »<br />

La SOTDER (Société <strong>de</strong> tourisme durable<br />

et responsable) est un organisme à but<br />

non lucratif fondé à <strong>Québec</strong> en 1998. Elle<br />

fait la promotion du tourisme durable et<br />

équitable au <strong>Québec</strong> et sensibilise les<br />

voyageurs à l’importance du respect <strong>de</strong><br />

l’environnement et <strong>de</strong> l’épanouissement<br />

<strong>de</strong>s cultures locales. Sept principes animent<br />

la SOTDER :<br />

1. La conservation <strong>de</strong> l’environnement<br />

naturel.<br />

2. La prise en considération <strong>de</strong>s valeurs<br />

<strong>de</strong>s peuples visités.<br />

3. L’équité <strong>de</strong>s retombées économiques<br />

et la valorisation du commerce équitable.<br />

4. La promotion du voyage humaniste<br />

pour améliorer la solidarité, la fraternité<br />

et la paix entre les peuples.<br />

5. L’encouragement du tourisme culturel<br />

pour la sauvegar<strong>de</strong> du patrimoine<br />

6. L’aménagement intégré <strong>de</strong>s ressources.<br />

7. L’application <strong>de</strong> règlements pour le<br />

respect <strong>de</strong>s richesses locales.<br />

Sources et ressources :<br />

SOTDER<br />

(Société <strong>de</strong> tourisme durable et responsable)<br />

www.sot<strong>de</strong>r.org<br />

Organisation mondiale du tourisme http<br />

://www.world-tourism.org/<br />

Charte du tourisme durable http<br />

://www.insula.org/tourism/version.htm<br />

Stratégie <strong>de</strong> développement durable en tourisme<br />

au Canada http<br />

://www.ns.ec.gc.ca/french/g7/gg3.html<br />

Green Globe http<br />

://www.ns.ec.gc.ca/french/g7/gg2.html<br />

Comité <strong>de</strong> solidarité tiers-mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Trois-Rivières<br />

www.cstm.qc.ca<br />

Magazine Géo, juillet 2001, no 269, p. 13<br />

Agir <strong>de</strong> façon responsable


Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />

fiche 33<br />

La toute première coopérative du<br />

mon<strong>de</strong> voit le jour en 1844 en<br />

Angleterre. Au moment où la<br />

révolution industrielle bat son<br />

plein au détriment <strong>de</strong>s travailleurs<br />

et au bénéfice <strong>de</strong>s<br />

marchands, <strong>de</strong>s employés forment<br />

une coopérative <strong>de</strong><br />

consommation (la Rochdale<br />

Equitable Pionniers Society) qui<br />

leur permet <strong>de</strong> s’approvisionner<br />

en biens essentiels. Les fondateurs<br />

déterminent divers<br />

principes inspirés <strong>de</strong>s valeurs<br />

d’égalité, d’équité, <strong>de</strong> liberté et<br />

<strong>de</strong> solidarité qui <strong>de</strong>viendront la<br />

<strong>référence</strong> universelle en matière<br />

<strong>de</strong> coopérative.<br />

Ces idées sont reprises à Lévis en<br />

1900 par Alphonse Desjardins. Il y<br />

fon<strong>de</strong> la toute première caisse<br />

populaire, coup d’envoi du mouvement<br />

coopératif québécois.<br />

Principalement enracinées dans<br />

le milieu rural, les caisses populaires<br />

<strong>de</strong>viennent un puissant<br />

instrument <strong>de</strong> développement<br />

qui permet aux francophones <strong>de</strong><br />

s’approprier progressivement les<br />

leviers économiques traditionnellement<br />

réservés aux élites<br />

anglophones. Aujourd’hui, le<br />

<strong>Québec</strong> compte près <strong>de</strong> 2 500<br />

coopératives autres que financières<br />

qui regroupent 1,5 million<br />

<strong>de</strong> membres. Elles procurent un<br />

emploi à près <strong>de</strong> 30 000 personnes<br />

et produisent un chiffre d’affaires<br />

annuel <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 6 milliards<br />

<strong>de</strong> dollars.<br />

LES COOPÉRATIVES<br />

Nous pouvons définir la coopérative<br />

comme étant un regroupement<br />

<strong>de</strong> personnes qui s’unissent<br />

pour satisfaire leurs aspirations<br />

et leurs besoins<br />

économiques, sociaux et culturels<br />

communs au moyen d’une<br />

entreprise dont la propriété est<br />

collective et où le pouvoir est<br />

exercé démocratiquement. Les<br />

membres <strong>de</strong>s coopératives adhèrent<br />

à une éthique fondée sur<br />

l’honnêteté, la transparence, la<br />

responsabilité sociale et l’altruisme.<br />

La formule coopérative offre <strong>de</strong>s<br />

solutions originales pour réaliser<br />

<strong>de</strong>s projets d’économie sociale.<br />

Elle peut servir par exemple à <strong>de</strong>s<br />

citoyens qui se dotent d’habitations<br />

à prix modique ou à un village<br />

qui veut préserver un service<br />

<strong>de</strong> proximité, comme une<br />

épicerie. Pendant que l’accession<br />

aux exigences <strong>de</strong>s marchés mondiaux<br />

<strong>de</strong>vient une préoccupation<br />

croissante dans le secteur privé<br />

et celui <strong>de</strong> l’État, le coopératisme<br />

permet d’unir les forces <strong>de</strong>s<br />

citoyens qui partagent les mêmes<br />

intérêts et préoccupations dans<br />

le but <strong>de</strong> s’offrir <strong>de</strong>s services <strong>de</strong><br />

qualité.<br />

Sources et ressources :<br />

Conseil <strong>de</strong> la coopération du <strong>Québec</strong><br />

http ://www.coopquebec.qc.ca<br />

Fédération <strong>de</strong>s coopératives québécoises<br />

en milieu scolaire<br />

http ://www.coopsco.com/<br />

Alliance coopérative internationale<br />

http ://www.coop.org/ica/fr/<br />

Conseil canadien <strong>de</strong> la coopération<br />

http ://www.cccoop.ca/<br />

LE PARADIS DE LA COOPÉRATION ?<br />

Le Martien qui déboulerait sur la Terre<br />

estimerait certainement que le <strong>Québec</strong><br />

est le paradis <strong>de</strong> la coopération ! Nous<br />

pouvons y naître, nous y loger, y travailler,<br />

y capter la télévision, y épargner<br />

et y emprunter <strong>de</strong> l’argent, y détenir une<br />

carte <strong>de</strong> crédit, y partir en vacances, y<br />

vivre, y mourir, y être mis en terre et<br />

transportés coopérativement jusqu’à<br />

notre <strong>de</strong>rnier voyage. Là-bas nous atten<strong>de</strong>nt,<br />

si l’on en croit la rumeur, les fondateurs<br />

britanniques du coopératisme et…<br />

Alphonse Desjardins.<br />

SAVIEZ-VOUS QUE…<br />

À l’échelle du mon<strong>de</strong>, l’Alliance<br />

coopérative internationale (ACI) regroupait,<br />

au début <strong>de</strong> 1997, le grand total <strong>de</strong><br />

765 258 821 membres <strong>de</strong> coopératives.<br />

Ce chiffre est celui <strong>de</strong> son seul « membership<br />

». Or, toutes les coopératives<br />

n’adhèrent pas à l’ACI.<br />

LA COOPÉRATIVE À L’ÉCOLE<br />

Le mouvement coopératif québécois<br />

propose aux jeunes et aux enseignants<br />

quatre formules éprouvées <strong>de</strong> coopératives<br />

en milieu scolaire : les coopératives<br />

jeunesse <strong>de</strong> services, les coopératives<br />

en milieu scolaire, les caisses<br />

étudiantes et le programme Jeune<br />

Coop. Chacun <strong>de</strong> ces projets permet<br />

aux jeunes qui y adhèrent <strong>de</strong> prendre<br />

conscience <strong>de</strong> l’importance du travail<br />

d’équipe et du processus démocratique<br />

dans la réussite d’une entreprise<br />

coopérative. Surveillez le document<br />

pédagogique sur le coopératisme qui<br />

sera publié bientôt par le Conseil <strong>de</strong> la<br />

coopération du <strong>Québec</strong> et la Centrale<br />

<strong>de</strong>s syndicats du <strong>Québec</strong>.


LES FONDS ÉTHIQUES<br />

Qui ne souhaite pas placer ses<br />

économies pour assurer sa<br />

retraite, faire fructifier son bas<br />

<strong>de</strong> laine ou simplement parer<br />

aux coups durs ? C’est le lot <strong>de</strong><br />

tous et chacun. Mais sait-on à<br />

quoi sert l’argent que l’on place<br />

ou les actions que l’on se procure<br />

? Finance-t-on indirectement<br />

la guerre <strong>de</strong>s diamants<br />

au Sierra Leone ? Contribue-t-on<br />

à l’exploitation <strong>de</strong>s travailleuses<br />

<strong>de</strong>s maquiladoras du Mexique ?<br />

Encourage-t-on <strong>de</strong>s entreprises<br />

dont les impacts sur l’environnement<br />

sont considérables ?<br />

Appuie-t-on l’industrie du jeu,<br />

du tabac, <strong>de</strong> l’alcool, <strong>de</strong> l’armement<br />

ou <strong>de</strong> la pornographie ? Et<br />

si l’investissement éthique<br />

s’avérait la solution pour faire<br />

fructifier son argent tout en<br />

respectant l’environnement et<br />

les droits fondamentaux <strong>de</strong>s habitants<br />

<strong>de</strong> la planète ?<br />

Il y a une trentaine d’années, les<br />

riches communautés religieuses<br />

ont été les premières à utiliser<br />

leur droit <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s résolutions<br />

portant sur le respect <strong>de</strong><br />

la personne aux assemblées <strong>de</strong>s<br />

actionnaires <strong>de</strong>s entreprises où<br />

elles avaient investi. Depuis,<br />

plusieurs fonds mutuels, gestionnaires<br />

<strong>de</strong> portefeuilles et<br />

caisses <strong>de</strong> retraite ont pressé les<br />

entreprises d’adopter <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> conduite respectueux <strong>de</strong>s<br />

normes environnementales et<br />

<strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s travailleurs.<br />

Depuis quelques années, certaines<br />

gran<strong>de</strong>s caisses <strong>de</strong> retraite<br />

publiques ont emboîté le pas et<br />

utilisent leur énorme pouvoir financier<br />

pour responsabiliser les<br />

entreprises.<br />

Encore marginaux il y a à peine<br />

dix ans, les fonds <strong>de</strong> placement<br />

éthiques suscitent <strong>de</strong> plus en<br />

plus d’intérêt auprès <strong>de</strong> la population.<br />

Plus <strong>de</strong> 300 000 personnes<br />

y ont investi au Canada dans<br />

la seule année 1998. Les entreprises<br />

qui adoptent <strong>de</strong>s comportements<br />

éthiques bénéficient<br />

<strong>de</strong> nouvelles sources <strong>de</strong><br />

financement qui leur permettent<br />

<strong>de</strong> récupérer leurs investissements<br />

en matière <strong>de</strong> relations<br />

et <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> travail,<br />

d'équité dans l'emploi, <strong>de</strong> pratiques<br />

environnementales saines<br />

ou d’engagements communautaires.<br />

Ici, tout le mon<strong>de</strong><br />

gagne : entreprises, regroupements<br />

et environnement.<br />

Même sans être actionnaires, il<br />

est possible d’influencer le comportement<br />

<strong>de</strong>s entreprises en<br />

s’informant <strong>de</strong> leurs activités, en<br />

les faisant connaître et en étant<br />

sélectifs lors <strong>de</strong> l’achat <strong>de</strong>s produits<br />

qu’elles mettent sur le<br />

marché.<br />

Sources et ressources :<br />

Groupe d’investissement responsable<br />

www.investissementresponsable.com<br />

Fiducie Desjardins<br />

www.fiducie-<strong>de</strong>sjardins.com<br />

Ethical Funds<br />

www.ethicalfunds.com/in<strong>de</strong>x.html<br />

Social Investment Organization<br />

www.socialinvestment.ca<br />

fiche 34<br />

AVOIR L’ŒIL SUR LE COMPORTEMENT<br />

DES ENTREPRISES<br />

La multinationale Wal-Mart, à l’image <strong>de</strong><br />

plusieurs autres, ouvre <strong>de</strong>s usines <strong>de</strong><br />

fabrication <strong>de</strong> vêtements dans les pays<br />

en voie <strong>de</strong> développement. Ses comportements<br />

lui ont attiré les foudres <strong>de</strong>s<br />

défenseurs <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> la personne. On<br />

a notamment rapporté plusieurs violations<br />

<strong>de</strong> droits dans ses usines installées<br />

au Honduras : heures supplémentaires<br />

forcées, conditions <strong>de</strong> travail difficiles et<br />

non sécuritaires, absence d’avantages<br />

sociaux, salaire <strong>de</strong> base insuffisant, interdiction<br />

<strong>de</strong> former <strong>de</strong>s associations, etc.<br />

Or, l’histoire <strong>de</strong> Wal-Mart rappelle celle<br />

<strong>de</strong> Nike, <strong>de</strong> McDonald’s et d’autres entreprises<br />

que l’on encourage quotidiennement<br />

par nos gestes <strong>de</strong> consommation.<br />

INVESTIR DANS SON MILIEU<br />

L'investissement dans son milieu est un<br />

moyen d’appuyer le développement<br />

économique <strong>de</strong>s collectivités et <strong>de</strong>s<br />

régions. Il vise à améliorer la qualité <strong>de</strong><br />

vie <strong>de</strong>s populations qui y vivent. Certains<br />

fonds permettent le développement<br />

durable aux échelles locale et<br />

régionale en ciblant les entreprises qui<br />

génèrent <strong>de</strong> l'emploi, en stimulant le<br />

développement du logement à prix<br />

modique et en soutenant autant les<br />

banques communautaires, les fonds<br />

d'emprunts communautaires que la<br />

micro-entreprise. C’est le cas, entre<br />

autres, du Fonds <strong>de</strong> solidarité <strong>de</strong> la FTQ.<br />

Agir <strong>de</strong> façon responsable


Agir <strong>de</strong> façon responsable<br />

fiche 35<br />

Tout commence en 1974 lorsque<br />

Muhammad Yunus, professeur<br />

d’économie à l’Université <strong>de</strong><br />

Chittagong au Bangla<strong>de</strong>sh, consent<br />

un prêt <strong>de</strong> quelques dollars<br />

à <strong>de</strong>s paysans très pauvres d’un<br />

village <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> Jorba. Par<br />

ce geste, il permet à 42 familles<br />

<strong>de</strong> s’extirper <strong>de</strong>s mains <strong>de</strong>s prêteurs<br />

usuriers et constate que<br />

quelques dollars <strong>de</strong> plus permettent<br />

à <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> l’extrême<br />

pauvreté et <strong>de</strong> retrouver<br />

la dignité. Deux ans plus tard,<br />

les prêts sont tous remboursés.<br />

Le concept <strong>de</strong> micro-crédit<br />

vient <strong>de</strong> voir le jour.<br />

Aujourd’hui, le succès <strong>de</strong> son<br />

approche tient presque du miracle.<br />

Non seulement dans son<br />

pays où plus <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong> la<br />

population bénéficie <strong>de</strong> ces<br />

prêts, mais aussi dans une soixantaine<br />

d’autres nations, dont les<br />

États-Unis, la France et le Canada.<br />

Le micro-crédit ou le crédit communautaire<br />

s’adresse principalement<br />

aux plus démunis, à celles<br />

et ceux qui n’ont pas accès au<br />

crédit <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s banques. Il est<br />

basé sur la solidarité entre les<br />

membres d’une même collectivité.<br />

Son succès repose sur un<br />

principe ayant fait ses preuves :<br />

le développement économique<br />

d’un village, d’une région ou<br />

LE MICRO-CRÉDIT ET LE CRÉDIT<br />

COMMUNAUTAIRE<br />

même d’un pays repose sur la<br />

capitalisation <strong>de</strong> l’épargne locale,<br />

si petite soit-elle. C’est en mettant<br />

en commun les économies<br />

<strong>de</strong> chacun que les organismes<br />

<strong>de</strong> micro-crédit dégagent les<br />

sommes nécessaires pour consentir<br />

<strong>de</strong> petits prêts aux<br />

emprunteurs, qui peuvent alors<br />

répondre à leurs besoins, en<br />

ouvrant par exemple un petit<br />

commerce, en achetant <strong>de</strong>s<br />

outils, en diversifiant leurs activités<br />

économiques.<br />

Le micro-crédit prend plusieurs<br />

formes, s’inspirant tantôt <strong>de</strong>s tontines<br />

africaines, tantôt <strong>de</strong>s<br />

principes coopératifs mis <strong>de</strong><br />

l’avant par Alphonse Desjardins il<br />

y a plus <strong>de</strong> cent ans. Aujourd’hui,<br />

le développement <strong>de</strong> la microfinance<br />

constitue l’une <strong>de</strong>s voies<br />

privilégiées <strong>de</strong> lutte contre la<br />

pauvreté, tant sur les plans local<br />

et national qu’international. Les<br />

Nations Unies parrainent<br />

d’ailleurs une campagne mondiale<br />

pour rendre le crédit et<br />

d’autres services financiers accessibles<br />

aux 100 millions <strong>de</strong> familles<br />

les plus pauvres du mon<strong>de</strong>.<br />

Sources et ressources :<br />

Bibliothèque virtuelle sur le micro-crédit<br />

www.gdrc.org/icm/french/french.html<br />

Les Cercles d'emprunt <strong>de</strong> <strong>Québec</strong><br />

www.creecq.qc.ca/cercles1.html<br />

Réseau québécois du crédit communautairewww.infoentrepreneurs.org/fre/search/display.cfm<br />

?co<strong>de</strong>=6035&coll=QC_PROVBIS_F<br />

Développement international Desjardins<br />

www.did.qc.ca/fr<br />

Ministère <strong>de</strong> l’Emploi et <strong>de</strong> la Solidarité<br />

sociale, Gouvernement du <strong>Québec</strong><br />

www.mess.gouv.qc.ca<br />

Souviens-toi du visage <strong>de</strong> l'homme le<br />

plus pauvre et le plus faible qu'il t'ait<br />

jamais été donné <strong>de</strong> voir et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>-toi<br />

si ce que tu envisages <strong>de</strong> faire va être<br />

d'une utilité quelconque à cet homme.<br />

Mahatma Gandhi<br />

DESJARDINS SOUS L’ARBRE À PALABRES<br />

Développement International Desjardins<br />

(DID) est une institution financière<br />

fondée il y a une dizaine d’années au<br />

Mali, l’un <strong>de</strong>s pays les plus pauvres du<br />

mon<strong>de</strong>. L’institution a soutenu les<br />

Maliens dans l’instauration d’un réseau<br />

<strong>de</strong> caisses d’épargne spécialisé dans le<br />

micro-crédit. Leur clientèle cible : les<br />

quelque 90 % <strong>de</strong> la population malienne<br />

qui n’a pas accès au crédit traditionnel,<br />

en très gran<strong>de</strong> majorité les femmes. De<br />

l’arbre à palabres <strong>de</strong>s villages les plus<br />

reculés ou <strong>de</strong>s caisses <strong>de</strong> fortune <strong>de</strong>s<br />

quartiers surpeuplés naît une nouvelle<br />

économie indépendante <strong>de</strong>s marchés<br />

financiers étrangers : celle <strong>de</strong>s Maliens.<br />

QUELQUES ENTREPRISES AYANT BÉNÉ-<br />

FICIÉ DU CRÉDIT COMMUNAUTAIRE AU<br />

QUÉBEC :<br />

• La Barberie (production <strong>de</strong> bières)<br />

• La Conserverie du quartier (confitures<br />

et conserves fabriquées artisanalement)<br />

• Café Humani’Terre (cuisine végétarienne,<br />

commerce équitable, activités<br />

socioculturelles)<br />

• Mo<strong>de</strong> É Arto (école <strong>de</strong> formation professionnelle<br />

et agence touristique<br />

pour acteurs et mannequins)<br />

• Le Cauri (arts africains)


L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE<br />

Traditionnellement, lorsqu’on<br />

parle d’économie, on a tendance<br />

à présenter d'un côté<br />

l’État et <strong>de</strong> l’autre la gran<strong>de</strong> entreprise<br />

capitaliste. Ces <strong>de</strong>ux<br />

composantes se distinguent par<br />

leur finalité (intérêt <strong>de</strong> la collectivité<br />

contre les profits <strong>de</strong>s<br />

investisseurs), la nature <strong>de</strong>s<br />

biens produits (biens collectifs<br />

contre biens individuels) et le<br />

financement <strong>de</strong> leurs activités<br />

(impôts et taxes contre résultats<br />

<strong>de</strong>s ventes). Cette façon <strong>de</strong> découper<br />

le mon<strong>de</strong> ignore un<br />

troisième secteur dont l’importance<br />

ne cesse <strong>de</strong> grandir : celui<br />

<strong>de</strong> l’économie sociale ou<br />

économie solidaire.<br />

L’économie sociale regroupe<br />

donc les associations sans but<br />

lucratif qui agissent dans les<br />

secteurs <strong>de</strong> la santé, <strong>de</strong> l’éducation,<br />

<strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s<br />

droits <strong>de</strong> la personne et dans les<br />

loisirs, les entreprises d’économie<br />

alternative, les organismes<br />

philanthropiques, les<br />

mouvements coopératifs et<br />

communautaires, etc. En<br />

somme, l’économie sociale<br />

c’est l’immense secteur d’activités<br />

générées par la population<br />

et qui n’appartient ni à l’État ni<br />

à l’entreprise privée. Ces<br />

organisations visent à améliorer<br />

la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s gens et à<br />

soutenir les regroupements<br />

locaux. Elles ont pour objectif<br />

premier <strong>de</strong> servir la collectivité<br />

plutôt que <strong>de</strong> simplement<br />

engendrer <strong>de</strong>s profits.<br />

L’incapacité <strong>de</strong>s gouvernements<br />

et <strong>de</strong>s entreprises à solutionner<br />

les crises économiques, à enrayer<br />

le chômage, à résoudre les<br />

problèmes sociaux grandissants<br />

a contribué indirectement à<br />

l’essor <strong>de</strong> ce secteur d’activités.<br />

Quand rien ne va plus, mieux<br />

vaut se serrer les cou<strong>de</strong>s et<br />

compter sur ses propres<br />

ressources. C’est ce qu’ont fait<br />

bon nombre <strong>de</strong> gens qui croient<br />

que l’économie ne doit pas<br />

servir la production et la quête<br />

<strong>de</strong> profit, mais plutôt répondre<br />

aux besoins <strong>de</strong>s populations.<br />

Depuis 1996, le gouvernement<br />

du <strong>Québec</strong> reconnaît l’importance<br />

<strong>de</strong> ce secteur déjà bien<br />

implanté dans les pays en<br />

développement et <strong>de</strong> plus en<br />

plus présent en Europe. Le<br />

Chantier <strong>de</strong> l’économie sociale,<br />

appuyé par les centres locaux <strong>de</strong><br />

développement, valorise aujourd’hui<br />

la participation <strong>de</strong>s particuliers<br />

dans la vie sociale et<br />

démocratique <strong>de</strong> leur milieu<br />

ainsi que dans le développement<br />

<strong>de</strong> leur collectivité urbaine<br />

ou rurale. Un nouveau secteur<br />

d’emploi point à l’horizon,<br />

beaucoup plus près <strong>de</strong>s valeurs<br />

humaines. Souhaitons-lui<br />

longue vie !<br />

Sources et ressources :<br />

Chantier <strong>de</strong> l'économie sociale<br />

ecosocie@chantier.qc.ca<br />

Centres locaux <strong>de</strong> développement<br />

www.acldq.qc.ca<br />

Ministère <strong>de</strong>s Régions<br />

www.mreg.gouc.qc.ca<br />

Le carrefour <strong>de</strong> l’économie sociale<br />

www.econosoc.org<br />

Réseau européen EMES<br />

www.emes.net<br />

fiche 36<br />

QUELQUES JALONS DE L’HISTOIRE DE<br />

L’ÉCONOMIE SOCIALE AU QUÉBEC<br />

1900<br />

Alphonse Desjardins fon<strong>de</strong> à Lévis la première<br />

coopérative d’épargne et <strong>de</strong> crédit.<br />

1905<br />

Le YMCA, un organisme d’avant-gar<strong>de</strong>,<br />

voit le jour et offre l’éducation aux<br />

adultes.<br />

1960<br />

Les services <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ai<strong>de</strong>nt dorénavant<br />

les femmes à mieux s’intégrer au marché<br />

du travail.<br />

1960<br />

Les cliniques populaires <strong>de</strong> quartier<br />

voient le jour pour <strong>de</strong>venir, plus tard, les<br />

CLSC.<br />

1996<br />

On crée le Chantier <strong>de</strong> l’économie<br />

sociale.<br />

QUELQUES PRINCIPES<br />

• Gestion autonome, responsabilité individuelle<br />

et collective, participation,<br />

processus décisionnel démocratique.<br />

• Primauté <strong>de</strong>s personnes et du travail<br />

sur le capital dans la répartition <strong>de</strong>s<br />

surplus et <strong>de</strong>s revenus.<br />

DES CRAINTES…<br />

Certains intervenants locaux craignent<br />

que le développement <strong>de</strong> cette économie<br />

sociale ait pour effet <strong>de</strong> diminuer<br />

les responsabilités du secteur public et<br />

<strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s emplois sous-rémunérés.<br />

L’engagement <strong>de</strong>s syndicats et <strong>de</strong><br />

divers groupes et organisations communautaires<br />

dans l’élaboration <strong>de</strong>s paramètres<br />

<strong>de</strong> cette économie sociale semble<br />

donc d’une importance majeure pour<br />

que ce projet aux fondations louables<br />

génère les résultats escomptés.<br />

Agir <strong>de</strong> façon responsable


Consommons équitable<br />

fiche 37<br />

Même si le concept <strong>de</strong> commerce<br />

équitable semble encore<br />

tout jeune, cela fait bien longtemps<br />

que l’idée germe. Depuis<br />

10 000 ans, l’histoire humaine a<br />

été un long fil <strong>de</strong> conquêtes,<br />

d’ambitions et <strong>de</strong> luttes <strong>de</strong> pouvoir.<br />

D’un côté se sont retrouvés<br />

les gagnants, ceux qui se sont<br />

appropriés les terres, les<br />

ressources, les technologies et<br />

la richesse qui en découle. De<br />

l’autre sont <strong>de</strong>meurés les perdants,<br />

tous ceux qui ont été pris,<br />

bien malgré eux, dans l’engrenage<br />

<strong>de</strong>s systèmes économiques<br />

mis en place par les<br />

maîtres du mon<strong>de</strong>. Mais <strong>de</strong> tout<br />

temps se sont levés <strong>de</strong>s David<br />

défiant Goliath, <strong>de</strong>s Robin <strong>de</strong>s<br />

bois, puis <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s<br />

femmes, réunis dans <strong>de</strong>s<br />

mouvements ouvriers, <strong>de</strong>s associations<br />

ou <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> pression,<br />

réclamant davantage <strong>de</strong><br />

justice, <strong>de</strong> dignité, <strong>de</strong> paix et…<br />

d’équité. Leurs luttes en ont<br />

inspiré plusieurs, notamment <strong>de</strong><br />

jeunes Néerlandais qui, en 1957,<br />

à l’aube du flower power, tracent<br />

la voie au commerce<br />

équitable.<br />

À cette époque, <strong>de</strong> plus en plus<br />

<strong>de</strong> gens réagissent à l’immense<br />

fossé qui se creuse entre le<br />

Nord et le Sud <strong>de</strong>puis que les<br />

gran<strong>de</strong>s puissances se sont<br />

partagé le mon<strong>de</strong> à la suite <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>rnière gran<strong>de</strong> guerre. Parmi<br />

eux, <strong>de</strong> jeunes Néerlandais se<br />

ren<strong>de</strong>nt à Haïti où ils constatent<br />

NÉ D’UN BESOIN D’ÉQUITÉ<br />

l’ampleur <strong>de</strong>s inégalités sociales<br />

et économiques qui existent<br />

entre leurs <strong>de</strong>ux pays. Mais ils<br />

ne reviennent pas les mains<br />

vi<strong>de</strong>s. Dans leurs bagages, ils<br />

rapportent <strong>de</strong>s pièces artisanales<br />

acquises à un prix qui<br />

reflète la valeur du travail effectué<br />

sur l’objet. En les écoulant<br />

sur le marché européen, ils font<br />

connaître le travail <strong>de</strong> ces artisans<br />

et sensibilisent les consommateurs<br />

aux bienfaits <strong>de</strong> pratiques<br />

commerciales plus justes.<br />

Par leurs actions, ils ouvrent aux<br />

communautés locales les portes<br />

d’un marché jusqu’alors inaccessible<br />

et jettent les bases (Fiche<br />

38) d’un commerce fondé sur<br />

l’équité et la solidarité. En favorisant<br />

un commerce direct qui<br />

élimine les intermédiaires inutiles,<br />

le commerce équitable<br />

permet à <strong>de</strong>s milliers d’artisans<br />

et <strong>de</strong> petits producteurs d’améliorer<br />

leurs conditions <strong>de</strong> vie<br />

tout en offrant aux consommateurs<br />

du Nord un produit <strong>de</strong><br />

qualité à un prix équitable.<br />

JUSTICE ET ÉQUITÉ 1<br />

Le mot justice est emprunté au latin justitia,<br />

dérivé <strong>de</strong> justus ou « conforme au<br />

droit » (1050). Le mot se rapporte au<br />

principe moral selon lequel il faut<br />

respecter le droit. Dès le XI e siècle, il est<br />

employé dans une acception strictement<br />

juridique.<br />

Équité est un emprunt au latin savant<br />

æquitas, « égalité », « équilibre moral »,<br />

« esprit <strong>de</strong> justice », lui-même dérivé <strong>de</strong><br />

æquus, « égal » ou « impartial » (1262). Le<br />

mot désigne la juste appréciation <strong>de</strong> ce<br />

qui est dû à chacun [et] parfois employé<br />

en opposition à droit positif, à loi.<br />

Il faut l’intervention humaine pour réaliser<br />

l’équité. La justice peut être l’instrument<br />

<strong>de</strong> l’équité.<br />

REDONNER SON SENS AUX ÉCHANGES<br />

COMMERCIAUX<br />

Le commerce équitable ne correspond<br />

pas seulement à un besoin <strong>de</strong> justice et à<br />

un ajustement <strong>de</strong>s règles du commerce,<br />

il consiste à créer <strong>de</strong>s institutions capables<br />

<strong>de</strong> discipliner le marché mondial sur<br />

les plans social et environnemental. Il<br />

offre un moyen privilégié <strong>de</strong> redonner<br />

aux échanges économiques leur caractère<br />

avant tout social 3 .<br />

DESTINS LIÉS<br />

Face à une mondialisation dictée par les pays les plus forts sur le plan économique,<br />

les pays du Sud n’ont d’autre choix que <strong>de</strong> se battre pour l’adoption d’un<br />

commerce plus équitable. Selon Paul R. Krugman 2 , professeur d’économie à<br />

l’Université Stanford aux États-Unis, si l’Occi<strong>de</strong>nt persiste à élever <strong>de</strong>s barrières<br />

à l’importation en croyant protéger le niveau <strong>de</strong> vie du mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal, il<br />

détruit en fait les prémisses d’un développement économique largement réparti<br />

et l’espoir d’un niveau <strong>de</strong> vie décent pour <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> millions d’êtres<br />

humains. Dans un mon<strong>de</strong> interdépendant, l’effondrement du Sud, où vit 80 % <strong>de</strong><br />

la population du globe, ne saurait être sans inci<strong>de</strong>nces sur le Nord.


UNE TOILE SE TISSE : LES ORGANISATIONS<br />

DE COMMERCE ÉQUITABLE (OCÉ) fiche 38<br />

Une première organisation <strong>de</strong><br />

commerce équitable, SOS, voit<br />

le jour aux Pays-Bas en 1967. En<br />

1973, l’organisation (rebaptisée<br />

Fairtra<strong>de</strong> Organisatie) démarre<br />

autour du café un premier projet<br />

<strong>de</strong> commercialisation équitable<br />

avec une coopérative du<br />

Guatemala qui contribue à<br />

l’élaboration <strong>de</strong>s principes du<br />

commerce équitable. Sous l’influence<br />

<strong>de</strong> Fairtra<strong>de</strong> Organisatie,<br />

d’autres mouvements sont mis<br />

sur pied (les Magasins du<br />

Mon<strong>de</strong>-<strong>Oxfam</strong> en Belgique et<br />

les Artisans du Mon<strong>de</strong> en<br />

France, en 1976). Aujourd’hui, la<br />

Fédération internationale pour<br />

le commerce équitable (IFAT),<br />

créée en 1989, regroupe une<br />

centaine d'organisations <strong>de</strong><br />

commerce équitable (OCÉ) 1 .<br />

Dans le mon<strong>de</strong> entier, on évalue à<br />

environ 500 000 le nombre d’associations<br />

civiles nées d’un besoin<br />

d’équité. Ces petites entreprises<br />

locales illustrent le réveil <strong>de</strong>s solidarités<br />

que le commerce équitable<br />

alimente. Ce <strong>de</strong>mi-million <strong>de</strong> regroupements<br />

s’oppose à un système<br />

mondial dont la finalité<br />

serait, à la limite, un mon<strong>de</strong> dirigé<br />

par un unique prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> compagnie.<br />

Les OCÉ jouent le rôle d’intermédiaire<br />

modèle entre les<br />

regroupements <strong>de</strong> producteurs<br />

et les importateurs qui se familiarisent<br />

avec ce nouveau type<br />

<strong>de</strong> commerce. Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

ONG, elles appuient les communautés<br />

paysannes en leur ouvrant<br />

les nouveaux marchés qui<br />

se développent partout sur la<br />

planète. Leur objectif commun<br />

est <strong>de</strong> mettre un frein à l’exploitation<br />

humaine, sociale et<br />

environnementale <strong>de</strong>s pays du<br />

Sud, en plus <strong>de</strong> soutenir directement<br />

le développement durable<br />

<strong>de</strong> familles qui s’organisent<br />

pour améliorer leur situation 2 .<br />

Coopérative<br />

guatémaltèque 1973 3<br />

LES PRINCIPES DU COMMERCE<br />

ÉQUITABLE4 • Commerce direct : Les organisations<br />

<strong>de</strong> commerce équitable (OCÉ) achètent<br />

directement <strong>de</strong>s coopératives <strong>de</strong><br />

petits producteurs gérées démocratiquement<br />

et inscrites au Registre<br />

international <strong>de</strong>s OCÉ.<br />

• Gestion démocratique : Les groupes<br />

<strong>de</strong> producteurs déterminent démocratiquement<br />

l’utilisation <strong>de</strong>s bénéfices<br />

obtenus et tous les travailleurs<br />

participent à la gestion <strong>de</strong> leur organisation.<br />

• Un prix juste : Les OCÉ paient un prix<br />

qui tient compte <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong> production<br />

et <strong>de</strong>s besoins <strong>de</strong>s producteurs,<br />

ce qui leur permet d’investir dans le<br />

développement durable <strong>de</strong> leur communauté<br />

tout en tenant compte <strong>de</strong>s<br />

conditions <strong>de</strong>s marchés du Nord.<br />

• Crédit : À la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s coopératives,<br />

les OCÉ paient à l’avance une<br />

partie <strong>de</strong>s achats aux producteurs,<br />

leur évitant <strong>de</strong> tomber dans les griffes<br />

<strong>de</strong>s usuriers. Elles accor<strong>de</strong>nt, lorsque<br />

c’est nécessaire, <strong>de</strong>s prêts à <strong>de</strong>s taux<br />

avantageux.<br />

• Engagement à long terme : Les coopératives<br />

peuvent compter sur les OCÉ<br />

pour acheter leurs produits <strong>de</strong> façon<br />

régulière, ce qui permet aux producteurs<br />

<strong>de</strong> mieux planifier leurs récoltes.<br />

• Éducation : Les OCÉ doivent être gérées<br />

<strong>de</strong> manière transparente. Elles<br />

s’engagent à éduquer et à sensibiliser<br />

les consommateurs aux enjeux du<br />

commerce international.<br />

• Protection <strong>de</strong> l’environnement et développement<br />

social : on encourage les<br />

producteurs à pratiquer une agriculture<br />

durable et biologique et à<br />

réinvestir les profits dans le développement<br />

<strong>de</strong> projets communautaires,<br />

comme la construction d’une école,<br />

l’achat d’équipement médical, le développement<br />

<strong>de</strong> routes et <strong>de</strong> transport,<br />

etc.<br />

Consommons équitable


Consommons équitable<br />

fiche 39<br />

En 1988, un premier organisme<br />

<strong>de</strong> certification international voit<br />

le jour : Max Havelaar aux Pays-<br />

Bas. Son initiative a l’avantage<br />

d’ajouter la crédibilité recherchée<br />

par le consommateur à<br />

l’égard <strong>de</strong> ces nouveaux produits<br />

qualifiés d’équitables.<br />

D’autres organismes semblables<br />

voient bientôt le jour, comme<br />

TransFair en Allemagne (1993),<br />

Fairtra<strong>de</strong> en Gran<strong>de</strong>-Bretagne<br />

(1994), Rättvisemärk en Suè<strong>de</strong><br />

(1997) ainsi que TransFair Canada<br />

(1997). Ces organismes <strong>de</strong> certification<br />

(OC) accor<strong>de</strong>nt, dans<br />

leurs pays respectifs, <strong>de</strong>s sceaux<br />

<strong>de</strong> certification aux produits qui<br />

répon<strong>de</strong>nt aux normes du commerce<br />

équitable. Depuis 1997, ils<br />

se regroupent sous la bannière<br />

FLO-International (Fairtra<strong>de</strong><br />

Labelling Organizations).<br />

DES MAINS SE TENDENT : LES ORGANISMES DE<br />

CERTIFICATION (OC)<br />

ORGANISMES DE CERTIFICATION ET PAYS ASSOCIÉS<br />

MAX HAVELAAR : Pays-Bas, Belgique, Suisse, France,<br />

Danemark, Norvège<br />

FAIRTRADE : Gran<strong>de</strong>-Bretagne, Irlan<strong>de</strong><br />

TRANSFAIR : Autriche, Canada, Allemagne, Italie,<br />

États-Unis, Japon, Luxembourg<br />

RÄTTVISETMÄRK : Suè<strong>de</strong><br />

REILUN KAUPAN EDISTÄMISYHDISTYS RY : Finlan<strong>de</strong><br />

L'organisation FairTra<strong>de</strong><br />

Labelling Organizations<br />

International (FLO) supervise les<br />

activités <strong>de</strong> 17 organismes satellites,<br />

répartis dans divers pays.<br />

Ces organismes certifient que<br />

les produits qui portent leur<br />

sceau respectent les principes<br />

du commerce équitable (Fiche<br />

38). Ils ont également la responsabilité<br />

<strong>de</strong> faire connaître le<br />

commerce équitable dans leur<br />

pays et déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s produits<br />

qui feront l'objet d'échanges<br />

équitables et du moment où ils<br />

seront mis à la disposition <strong>de</strong>s<br />

consommateurs et <strong>de</strong>s entreprises.<br />

L'objectif <strong>de</strong> la FLO est<br />

d'ouvrir le marché aux producteurs<br />

<strong>de</strong>s pays du Sud exploités<br />

selon les règles actuelles du<br />

commerce mondial et <strong>de</strong> leur<br />

permettre <strong>de</strong> réaliser un profit<br />

décent sur les produits qu'ils<br />

offrent.<br />

ENVOLÉ COMME DES PETITS PAINS<br />

CHAUDS<br />

Depuis qu’une certification témoigne du<br />

respect <strong>de</strong> critères propres au commerce<br />

équitable, la vente <strong>de</strong> café équitable<br />

a décuplé en Europe.<br />

CONDITIONS D’ADMISSION :<br />

LE MODÈLE COOPÉRATIF<br />

Pour adhérer au réseau, les coopératives<br />

<strong>de</strong> producteurs doivent :<br />

• avoir une production familiale<br />

indépendante d’une main-d’œuvre<br />

extérieure ;<br />

• respecter les principes <strong>de</strong> transparence<br />

et <strong>de</strong> gestion démocratique ;<br />

• être ouvertes à <strong>de</strong> nouveaux membres,<br />

sans discrimination ;<br />

• n’avoir aucune dépendance à l’égard<br />

d’un parti politique ou d’un groupe<br />

financier ;<br />

• avoir une production durable, c’est-àdire<br />

diversifiée et sans produits <strong>de</strong><br />

synthèse ;<br />

• contribuer au développement social<br />

<strong>de</strong> ses membres (santé, éducation,<br />

habitat, eau, hygiène, etc.) et améliorer<br />

la qualité <strong>de</strong> son produit.<br />

Est-il possible <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s relations commerciales plus<br />

justes entre les pays du Nord et du Sud ? Depuis quelques<br />

années, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong>s économistes défen<strong>de</strong>nt<br />

une autre façon d’envisager le commerce international 1 .<br />

MAX HAVELAAR<br />

C’est le nom du héros d’un roman écrit au XIX e siècle par un<br />

fonctionnaire néerlandais révolté par le système colonial <strong>de</strong><br />

son pays dans les plantations <strong>de</strong> café aux Philippines.


UN COMMERCE PLUS DIRECT QUI PROFITE<br />

À TOUS fiche 40<br />

Les petits producteurs sont les<br />

principales victimes <strong>de</strong> la chute<br />

<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s matières premières.<br />

Ces baisses se traduisent<br />

rarement par une diminution du<br />

prix <strong>de</strong> vente aux consommateurs.<br />

Elles avantagent plutôt<br />

le vaste réseau <strong>de</strong>s intermédiaires,<br />

laissant aux producteurs<br />

souvent moins que ce qu’il faut<br />

pour couvrir leurs frais <strong>de</strong> production.<br />

Dans certains cas,<br />

comme dans celui du coton<br />

dont le cours a chuté <strong>de</strong> 25 %<br />

<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 1990<br />

ou celui du cacao qui ne cesse<br />

<strong>de</strong> décliner 1 , le consommateur<br />

se tourne même vers <strong>de</strong>s produits<br />

<strong>de</strong> substitution, ce qui<br />

entraîne une chute encore plus<br />

prononcée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

Le commerce équitable apparaît<br />

ici comme un baume sur tous<br />

ces maux. Le principe du commerce<br />

équitable est relativement<br />

simple : créer le lien le<br />

plus direct possible entre les<br />

petits producteurs et les consommateurs<br />

du Nord. Compte<br />

tenu <strong>de</strong> la mainmise qu’exercent<br />

les gran<strong>de</strong>s entreprises sur les<br />

ressources du mon<strong>de</strong>, le<br />

développement du commerce<br />

équitable repose beaucoup sur<br />

la participation volontaire <strong>de</strong>s<br />

consommateurs. Ils sont en<br />

quelque sorte le carburant<br />

indispensable à la machine.<br />

Les consommateurs, en manifestant<br />

leurs p<strong>référence</strong>s en<br />

matière d’achat, créent une<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour les produits<br />

équitables. Les producteurs et<br />

les commerçants intéressés par<br />

cette démarche répon<strong>de</strong>nt à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> en offrant <strong>de</strong>s produits<br />

qui satisfont aux conditions<br />

requises par la certification<br />

équitable. Entre le producteur et<br />

le consommateur, les organisations<br />

<strong>de</strong> commerce équitable<br />

(OCÉ) assurent le déroulement<br />

équitable du processus.<br />

En achetant « équitable », le<br />

consommateur bénéficie <strong>de</strong><br />

produits qui obéissent aux<br />

impératifs sociaux et environnementaux<br />

<strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> commerce.<br />

Par son geste <strong>de</strong> consommation,<br />

il permet au petit<br />

producteur <strong>de</strong> préserver et<br />

d’améliorer substantiellement<br />

son environnement, sa santé, les<br />

conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> sa famille<br />

et <strong>de</strong> tout son milieu.<br />

LES ACTEURS DE LA CHAÎNE DU COM-<br />

MERCE ÉQUITABLE<br />

Le producteur transporte son produit…<br />

⇓<br />

à la coopérative qui vend…<br />

⇓<br />

à L’OCÉ qui le distribue…<br />

⇓<br />

aux magasins qui le ven<strong>de</strong>nt…<br />

⇓<br />

aux consommateurs…<br />

De cette chaîne sont éliminés les<br />

intermédiaires inutiles comme :<br />

• le grand propriétaire terrien ;<br />

• le grossiste ;<br />

• le courtier ;<br />

• le spéculateur ou broker (Fiche 43).<br />

DES COMPÉTENCES À COMMUNIQUER<br />

Des membres <strong>de</strong> l’OCÉ, acheteurs <strong>de</strong> produits<br />

équitables, voyagent dans le mon<strong>de</strong><br />

entier pour conseiller, former et soutenir<br />

les producteurs. Ils sont fréquemment<br />

accompagnés par <strong>de</strong>s experts, <strong>de</strong> p<strong>référence</strong><br />

<strong>de</strong> la région même, mais aussi <strong>de</strong><br />

l’extérieur. Par exemple, un spécialiste du<br />

jouet hollandais, sensibilisé par l’OCÉ<br />

Fairtra<strong>de</strong> Organisatie, informe les artisans<br />

du tiers-mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s tendances nouvelles<br />

au Nord et <strong>de</strong>s standards qui s’appliquent<br />

aux jouets vendus sur ce<br />

marché. Les OCÉ donnent aussi <strong>de</strong>s conseils<br />

d’ordre commercial et ai<strong>de</strong>nt à<br />

améliorer les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production.<br />

SAVIEZ-VOUS QUE…<br />

En ce début <strong>de</strong> millénaire, plus <strong>de</strong><br />

cinq millions <strong>de</strong> petits producteurs et<br />

d’artisans bénéficient du commerce<br />

équitable ? À titre d’exemple, on recense<br />

25 millions <strong>de</strong> producteurs <strong>de</strong> café dans le<br />

mon<strong>de</strong> à l’heure actuelle (Fiche 43).<br />

Consommons équitable


Consommons équitable<br />

fiche 41<br />

Les conditions d’établissement<br />

du commerce équitable au Sud<br />

sont difficiles, parfois épiques.<br />

L’intimidation par les intermédiaires,<br />

les communications<br />

déficientes, les créances qui<br />

s’accumulent et même le milieu<br />

naturel nuisent souvent aux<br />

rapports naissants entre le petit<br />

producteur et la coopérative.<br />

Autant d’embûches à surmonter.<br />

Et pourtant, il y arrive ce Sud…<br />

LE SUD ÉQUITABLE<br />

LA CERTIFICATION<br />

BIOLOGIQUE 2<br />

La certification équitable est<br />

payée par le torréfacteur ou<br />

l’importateur, mais la certification<br />

biologique, elle, est aux frais du<br />

producteur. Et elle coûte cher. Si<br />

bien qu’une coopérative comme<br />

Manos Campesinas (Guatemala),<br />

par exemple, produit du café non<br />

certifié biologique mais cultivé<br />

<strong>de</strong> façon tout à fait naturelle.<br />

UNE COOPÉRATIVE EN EXEMPLE 1<br />

Dans la province d’Oaxaca au Mexique, l’Union <strong>de</strong> Comunida<strong>de</strong>s Indigenas<br />

<strong>de</strong> la Region <strong>de</strong>l Istmo (UCIRI) est un exemple remarquable issu du<br />

commerce équitable. Fondée en 1983, elle est une pionnière dans le<br />

domaine. Cette coopérative rallie plus <strong>de</strong> 2 000 familles autochtones d’une<br />

cinquantaine <strong>de</strong> villages. Chaque famille <strong>de</strong> producteurs possè<strong>de</strong> son propre<br />

représentant au sein <strong>de</strong> la coopérative. Les membres <strong>de</strong> l’UCIRI bénéficient<br />

d’une école d’agriculture biologique où l’on enseigne <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> culture qui préservent les écosystèmes. C’est la seule école secondaire<br />

<strong>de</strong> toute la région. De plus, l’UCIRI a mis sur pied un centre <strong>de</strong> santé<br />

pour veiller à la formation et au soutien <strong>de</strong>s intervenants dans chaque village.<br />

Ceux-ci font surtout <strong>de</strong> la prévention en matière d’alimentation et<br />

d’hygiène. Ils valorisent également l’utilisation <strong>de</strong> plantes médicinales<br />

locales. Non sans se heurter à <strong>de</strong>s embûches <strong>de</strong> taille, l’UCIRI a réussi à<br />

contourner le monopole <strong>de</strong>s coyotes (élites locales agissant comme intermédiaires)<br />

en mettant sur pied son propre système <strong>de</strong> transport collectif.<br />

AUTRES COOPÉRATIVES DU MONDE<br />

ÉQUITABLE :<br />

• Coo Cafe, au Costa Rica3 • Ecooconic Empresa Cooperativa <strong>de</strong><br />

Café Organico, au Nicaragua<br />

• KCU, La Kagera Cooperative Union<br />

Ltd, en Tanzanie, plus <strong>de</strong> 30 000 membres<br />

• L’Asobagri et Manos Campesinas,<br />

<strong>de</strong>ux coopératives du Guatemala2 .<br />

L’UCIRI est parvenue à inspirer la formation<br />

<strong>de</strong> plusieurs autres organisations du<br />

genre au Chiapas, au Costa Rica, au Pérou,<br />

en Colombie et ailleurs dans le mon<strong>de</strong>.<br />

Toutes ces coopératives se fortifient<br />

parce que <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> consommateurs<br />

choisissent d’acheter leurs produits<br />

et <strong>de</strong> soutenir ainsi les efforts <strong>de</strong><br />

milliers <strong>de</strong> familles paysannes 1 .<br />

TÉMOIGNAGE<br />

Nous avons ensuite tenté <strong>de</strong> comprendre<br />

ce qu'ils [les producteurs <strong>de</strong> café<br />

guatémaltèques] connaissaient <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>s Nord-<br />

Américains et du pouvoir <strong>de</strong>s consommateurs<br />

sur les gran<strong>de</strong>s entreprises qui<br />

transforment et distribuent les produits.<br />

Ils ont réagi avec stupéfaction en constatant<br />

à quel point on négligeait leur rôle<br />

primordial comme travailleurs du secteur<br />

primaire d'une industrie qui génère <strong>de</strong>s<br />

milliards <strong>de</strong> dollars et en réalisant <strong>de</strong><br />

quelle manière on les excluait du processus<br />

commercial complexe qui existe<br />

grâce à leur force <strong>de</strong> travail.<br />

Fannie Deslauriers<br />

Groupe <strong>de</strong> travail au Guatemala<br />

Comité agricole <strong>de</strong> Yulmacap, Asobagri<br />

Guatemala 2


LE NORD ÉQUITABLE<br />

Actuellement, le commerce<br />

équitable est en pleine expansion.<br />

En Europe seulement, on<br />

dénombre plus <strong>de</strong> 2 500<br />

Magasins du Mon<strong>de</strong> qui<br />

emploient 50 000 bénévoles.<br />

Dans les pays du Sud, on estime<br />

que ce commerce concerne<br />

550 groupements <strong>de</strong> producteurs<br />

répartis dans 44 pays, soit<br />

800 000 travailleurs qui font vivre<br />

cinq millions <strong>de</strong> personnes. Bien<br />

que ce marché reste très minoritaire,<br />

il ouvre cependant <strong>de</strong>s<br />

brèches dans les pratiques commerciales<br />

traditionnelles entre<br />

pays du Nord et pays du Sud<br />

et démontre que d'autres pratiques<br />

peuvent exister pour<br />

plus <strong>de</strong> justice.<br />

Aux Pays-Bas, berceau du commerce<br />

alternatif, les produits<br />

équitables sont aujourd’hui<br />

accessibles dans 90 % <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s surfaces et sont connus<br />

par 80 % <strong>de</strong> la population. La<br />

part du marché du commerce<br />

équitable y représente 2,5 %<br />

pour le café et 7 % pour les<br />

bananes. En Suisse, on dénombre<br />

plus <strong>de</strong> 7 000 points <strong>de</strong><br />

vente, 212 Magasins du Mon<strong>de</strong><br />

et <strong>de</strong>s produits équitables vendus<br />

par 85 % <strong>de</strong>s épiceries : 13 %<br />

<strong>de</strong>s bananes et 7 % du café sont<br />

vendus sur le marché équitable.<br />

En France, une étu<strong>de</strong> récente<br />

(1999) démontre que 96 % <strong>de</strong>s<br />

Français sont prêts à se comporter<br />

en consommateurs<br />

responsables et à privilégier <strong>de</strong>s<br />

produits équitables <strong>de</strong> bonne<br />

qualité même s’ils sont légèrement<br />

plus chers. En fait, toute<br />

l’Europe se met au commerce<br />

équitable.<br />

Au Canada, avant 1999, la principale<br />

organisation <strong>de</strong> commerce<br />

équitable (OCÉ) est Bridgehead.<br />

Cette OCÉ offre divers produits,<br />

dont le café. Depuis 2000,<br />

<strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong> s’engage activement<br />

dans la commercialisation<br />

du café équitable ainsi que dans<br />

l’information et la sensibilisation<br />

du public québécois aux réalités<br />

<strong>de</strong>s petits producteurs du Sud.<br />

On trouve au <strong>Québec</strong> 27 entreprises<br />

d’importation ou <strong>de</strong><br />

torréfaction reconnues par<br />

l’organisation <strong>de</strong> certification<br />

canadienne TransFair et plus <strong>de</strong><br />

400 détaillants distributeurs.<br />

fiche 42<br />

LES MAGASINS DU MONDE1 <strong>Oxfam</strong> International chapeaute les<br />

Magasins du Mon<strong>de</strong> en Europe. Engagés<br />

dans les écoles, sur la rue, dans les grands<br />

espaces publics, ses artisans talonnent les<br />

compagnies et les gouvernements pour<br />

qu’ils changent leurs habitu<strong>de</strong>s commerciales.<br />

En 1997, ils lançaient la campagne «<br />

Vêtements propres » afin <strong>de</strong> défendre les<br />

droits <strong>de</strong>s travailleurs <strong>de</strong> l’industrie textile.<br />

En milieu scolaire, quarante Jeunes<br />

Magasins du Mon<strong>de</strong> (J’M du Mon<strong>de</strong>) sont<br />

tenus par <strong>de</strong>s adolescents, encadrés par <strong>de</strong>s<br />

enseignants qui se consacrent à l’éducation<br />

touchant les rapports Nord/Sud. Ces magasins<br />

sont à la fois <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vente dans<br />

les écoles et <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> l’information<br />

sur le commerce équitable. En<br />

1988, les J’M du Mon<strong>de</strong> ont mis sur pied<br />

une campagne dénonçant les conditions<br />

<strong>de</strong>s travailleurs qui fabriquent <strong>de</strong>s<br />

espadrilles. Autour du slogan « Défaut <strong>de</strong><br />

fabrication : retour à l’expéditeur », ils ont<br />

étalé 1 000 paires <strong>de</strong> chaussures et ont ainsi<br />

contribué à établir <strong>de</strong>s normes régulatrices<br />

dans l’industrie.<br />

L'ÉTIQUETTE « COMMERCE<br />

ÉQUITABLE 2 »<br />

Au Canada, l'étiquette suivante garantit<br />

qu’un produit est commercialisé selon<br />

les règles du commerce équitable :<br />

Cette étiquette est délivrée au Canada<br />

par l'organisme <strong>de</strong> certification TransFair<br />

Canada basé à Ottawa, <strong>de</strong>puis 1996. Le<br />

premier sceau a été apposé en 1997.<br />

Consommons équitable


Consommons équitable<br />

fiche 43<br />

La route du café est un long fil<br />

qui relie le producteur et le consommateur.<br />

Les intermédiaires<br />

sont présents à chaque étape <strong>de</strong><br />

la production, <strong>de</strong> la transformation<br />

et <strong>de</strong> la distribution.<br />

De l’arbuste à la tasse, le café est<br />

souvent revendu plus <strong>de</strong> dix<br />

fois.<br />

De ces intermédiaires, les élites<br />

locales, appelées « coyotes » au<br />

Mexique (et, par extension, dans<br />

toute l’Amérique latine), exercent<br />

leur mainmise sur les petits<br />

producteurs. Elles achètent la<br />

récolte dans l’arbre au prix le<br />

plus bas possible. Une série <strong>de</strong><br />

coyotes font transiger le café<br />

jusqu’aux « brokers » <strong>de</strong> l’exportation,<br />

puis sur les marchés<br />

SUR LA ROUTE DU CAFÉ CONVENTIONNEL<br />

boursiers <strong>de</strong> New York et <strong>de</strong><br />

Londres. De là, importateurs,<br />

torréfacteurs et distributeurs<br />

l’acheminent chez les commerçants.<br />

Aux <strong>de</strong>ux bouts <strong>de</strong> la<br />

chaîne, les trois supracoyotes<br />

fixent les prix (Nestlé, Philip<br />

Morris et Sara Lee). Même les<br />

engrais visant à stimuler la production<br />

sont vendus aux producteurs<br />

par <strong>de</strong>s filiales <strong>de</strong> ces<br />

magnats du café. Entre les 10 $ à<br />

30 $ le kilo que paie le consommateur<br />

pour le café qu’il achète<br />

en épicerie et le maigre 0,62 $ à<br />

1,52 $ que reçoit le producteur,<br />

bien <strong>de</strong>s coyotes se seront graissé<br />

la patte !<br />

DU PRODUCTEUR…<br />

Les fruits du café mûrissent <strong>de</strong> novembre<br />

à février. Ils sont prélevés un à un. La<br />

récolte est amenée au moulin en fin <strong>de</strong><br />

journée pour qu’on en retire les grains<br />

verts qui fermenteront au cours <strong>de</strong> la<br />

nuit. Le len<strong>de</strong>main, ils sont lavés puis<br />

étendus au soleil pour sécher. Au bout<br />

<strong>de</strong> 4 à 5 jours, on les transporte à la<br />

coopérative, on les trie et on les met en<br />

sacs. La récolte <strong>de</strong> 40 kilos <strong>de</strong> café engendre<br />

une recette d’environ 3,00 $ pour le<br />

cueilleur guatémaltèque. Il y a 25 millions<br />

<strong>de</strong> producteurs <strong>de</strong> café répartis<br />

dans plus <strong>de</strong> 70 pays.<br />

Le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda retirent<br />

80 % <strong>de</strong> leur revenu d’exportation<br />

<strong>de</strong> la vente du café. Au total, les producteurs<br />

fournissent à peu près l’équivalent<br />

d’un <strong>de</strong>mi-kilo <strong>de</strong> café par personne, par<br />

année, pour chaque habitant <strong>de</strong> la<br />

planète !<br />

… AU CONSOMMATEUR<br />

Les Nord-Américains consomment 40 %<br />

<strong>de</strong> la production mondiale <strong>de</strong> café. En<br />

1988, 1 200 bistrots se spécialisaient dans<br />

le café en 1997, ils étaient plus <strong>de</strong> 10 000,<br />

sans compter tous les bureaux, les salles<br />

d’attente, les bureaux, les restaurants où<br />

l’on en sert.<br />

Le café représente, en 2001, 18 % <strong>de</strong> la<br />

consommation générale <strong>de</strong> boissons au<br />

Canada, où l’on consomme 15 milliards<br />

<strong>de</strong> tasses <strong>de</strong> café par année. Chaque<br />

Canadien dépense environ 500 dollars<br />

en café dans une année. Au <strong>Québec</strong>,<br />

52,7 % <strong>de</strong> la population sont <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes<br />

du café.<br />

LA PROLIFÉRATION DU CAFÉ<br />

Bien que 70 % <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> café ait lieu à la maison, les consommateurs aiment déguster leur café au lait, expresso,<br />

allongé ou cappuccino dans les établissements spécialisés qui prolifèrent un peu partout au pays. Ces petits cafés sont pour la<br />

plupart <strong>de</strong>s franchises (appartenant à <strong>de</strong>s chaînes), les cafés indépendants étant une minorité. La chaîne Second Cup, dont le<br />

siège social est à Toronto, détient plus <strong>de</strong> 350 filiales dans tout le Canada et A.L. Van Houtte possè<strong>de</strong> un réseau <strong>de</strong> 110 cafésbistrots<br />

au <strong>Québec</strong> et en Ontario.<br />

1


SUR LA ROUTE DU CAFÉ ÉQUITABLE<br />

La route du commerce équitable<br />

relie le plus directement possible<br />

le consommateur et les<br />

familles paysannes qui en font la<br />

culture. Ainsi, le commerce<br />

équitable élimine <strong>de</strong> la chaîne<br />

tous les coyotes qui exploitent<br />

les paysans entre les lieux <strong>de</strong><br />

production et les importateurs.<br />

Organisées localement selon un<br />

modèle <strong>de</strong> gestion démocratique,<br />

les coopératives<br />

paysannes prennent en main la<br />

production du café, <strong>de</strong> la récolte<br />

à l’exportation, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

organisations <strong>de</strong> commerce<br />

équitable (OCÉ) et redistribuent<br />

entre elles les profits.<br />

Le café est acheté aux coopératives<br />

inscrites au registre <strong>de</strong> l’organisation<br />

FairTra<strong>de</strong> Labelling<br />

Organizations (FLO) avec <strong>de</strong>s<br />

photo : Éric Saint-Pierre 4<br />

ententes sur les volumes, la<br />

qualité, les prix et le calendrier<br />

d’expédition. Le prix est garanti<br />

avec une prime pour la certification<br />

biologique si le produit se<br />

qualifie. Le crédit peut atteindre<br />

60 % <strong>de</strong> la valeur du contrat avec<br />

un taux d’intérêt égal ou<br />

inférieur aux taux courants.<br />

Avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> plusieurs centaines<br />

d’OCÉ, la notion <strong>de</strong> commerce<br />

équitable a fait son<br />

chemin dans plus <strong>de</strong> 340<br />

coopératives <strong>de</strong> 18 pays du Sud<br />

et dans les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation<br />

du Nord.<br />

Actuellement, 35 000 supermarchés<br />

européens offrent 130<br />

marques <strong>de</strong> café équitable. Au<br />

<strong>Québec</strong>, le café équitable<br />

<strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus accessible<br />

dans les épiceries et dans les<br />

supermarchés.<br />

DU CAFÉ ÉQUITABLE AU QUÉBEC<br />

TransFair Canada est l’organisme chargé <strong>de</strong> contrôler l’origine<br />

du café et <strong>de</strong> le certifier équitable.<br />

Au <strong>Québec</strong>, <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong> et <strong>de</strong> nombreuses brûleries<br />

et cafés-restos distribuent* le café équitable dans plus <strong>de</strong><br />

400 points <strong>de</strong> vente disséminés sur le territoire. Plusieurs<br />

institutions et entreprises ont le goût équitable comme<br />

l’Assemblée nationale, le Cirque du Soleil. Même les<br />

gran<strong>de</strong>s surfaces s’y mettent.<br />

* Consultez la liste <strong>de</strong>s torréfacteurs et distributeurs <strong>de</strong> café équitable<br />

au <strong>Québec</strong>, disponible sur le site Internet d’Équiterre<br />

http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/in<strong>de</strong>x.html<br />

fiche 44<br />

UNE MONTÉE EN FLÈCHE<br />

Depuis l’apparition du café équitable sur<br />

les rayons canadiens, le volume <strong>de</strong>s<br />

ventes est passé <strong>de</strong> 10 000 à 100 000 kilos<br />

par an en 1999 1 . L’objectif est <strong>de</strong> 200 000<br />

pour 2001–2002 2 .<br />

En Suisse, le café équitable est distribué<br />

dans les gran<strong>de</strong>s chaînes (Migros, Coop)<br />

qui offrent <strong>de</strong>s rayons entiers <strong>de</strong> produits<br />

équitables (café, bananes, jus<br />

d’orange, sucre, etc.).<br />

DES AVANTAGES POUR LES PETITS PRO-<br />

DUCTEURS<br />

Le commerce équitable permet aux producteurs<br />

d’être plus indépendants <strong>de</strong>s<br />

intermédiaires et <strong>de</strong>s marchés fluctuants.<br />

Ils obtiennent un prix plancher<br />

<strong>de</strong> 2,78 $ le kilo <strong>de</strong> café et sont assurés<br />

<strong>de</strong> toucher 0,11 $ le kilo <strong>de</strong> plus que le<br />

prix établi par le marché mondial. Les<br />

paysans utilisent ces bénéfices pour<br />

améliorer les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production,<br />

développer le transport en commun<br />

entre les villages, construire <strong>de</strong>s écoles,<br />

<strong>de</strong>s centres communautaires et <strong>de</strong>s<br />

hôpitaux.<br />

3<br />

Consommons équitable


Consommons équitable<br />

fiche 45<br />

LE COMMERCE ÉQUITABLE AUTOUR<br />

DE LA TABLE<br />

Nommer les produits équitables disponibles sur le marché<br />

reviendrait à faire une liste d’épicerie sans doute assez longue pour<br />

combler tous les besoins d’une famille normale. La plus ancienne<br />

organisation <strong>de</strong> commerce équitable, FairTra<strong>de</strong> Organisatie, aux<br />

Pays-Bas, propose par exemple quelque 2 500 produits 1 .<br />

Les produits les plus courants sont :<br />

• le café<br />

• le chocolat<br />

• le miel<br />

• les bananes<br />

• le thé<br />

• le cacao<br />

• le sucre<br />

• les oranges<br />

• le jus d ‘orange<br />

• les fruits<br />

• le riz<br />

• les noix<br />

LETTRE D’UNE VOYAGEUSE<br />

AUTOUR DU MONDE<br />

ÉQUITABLE<br />

Dans mon sac <strong>de</strong> cuir <strong>de</strong> l’In<strong>de</strong>,<br />

j’ai ramené un chandail sérigraphié<br />

au Zimbabwé, une chemise<br />

du Guatemala, <strong>de</strong>s conserves<br />

et <strong>de</strong> l’huile d’olive <strong>de</strong><br />

Palestine, du chocolat EQUITA du<br />

Ghana, <strong>de</strong>s mangues séchées du<br />

Burkina Faso, du jus d’ananas du<br />

Laos, du sucre <strong>de</strong> canne complet<br />

<strong>de</strong> Cuba, <strong>de</strong>s épices du Sri Lanka,<br />

du riz <strong>de</strong> Thaïlan<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s noix <strong>de</strong><br />

Bolivie et un magnifique jouet en<br />

bois peint d’Haïti.<br />

• les vêtements<br />

• les jouets<br />

• les instruments <strong>de</strong> musique<br />

• le bois d’œuvre<br />

• le vin<br />

• l’alcool<br />

• les apéritifs<br />

• les bonbons<br />

• les décorations<br />

• les bijoux<br />

• l’artisanat<br />

et bien d’autres encore…<br />

LES VÊTEMENTS<br />

Les « sweat shops » où travaillent<br />

<strong>de</strong>s enfants en bas âge et <strong>de</strong>s milliers<br />

<strong>de</strong> femmes sous-payées sont<br />

dénoncées au cours <strong>de</strong> campagnes<br />

d’information comme<br />

Ma<strong>de</strong> in Dignity, Clean Clothes<br />

(Fiche 22) De l’éthique sur l’étiquette.<br />

Ces campagnes réussissent<br />

à modifier peu à peu le co<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> conduite <strong>de</strong>s sociétés transnationales<br />

du textile. Celles-ci sont<br />

très sensibles aux comportements<br />

d’un nombre croissant <strong>de</strong><br />

consommateurs pour qui l’environnement<br />

et la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s<br />

familles productrices sont <strong>de</strong>s<br />

facteurs <strong>de</strong> décision lors d’un<br />

achat.<br />

LE CAFÉ<br />

Le café est le produit phare du commerce<br />

équitable. Second produit le plus<br />

consommé au mon<strong>de</strong>, après le pétrole,<br />

on le retrouve partout : à la maison, au<br />

bureau, au restaurant, au garage, à la cantine,<br />

dans l’avion…<br />

LE CHOCOLAT : DU MAYA « XOCALT » 2<br />

Originaire d’Amérique, le cacaoyer a été<br />

introduit en Afrique au XIX e siècle. La<br />

Côte d’Ivoire est <strong>de</strong>venue le premier<br />

producteur mondial <strong>de</strong> cacao. On<br />

exporte au Nord 80 % <strong>de</strong> la production<br />

mondiale servant à fabriquer le chocolat.<br />

Les cours du cacao sont fixés à Londres,<br />

à New York et à Paris. Au Canada, quatre<br />

sociétés dominent le marché dont Laura<br />

Secord, une filiale <strong>de</strong> Labatt.<br />

LES BANANES<br />

Un bananier ne produit qu’un seul régime<br />

portant 100 à 200 bananes qui pèse<br />

<strong>de</strong> 30 à 40 kilos. En étudiant le graphique<br />

<strong>de</strong> la Fiche 23 (Agir sur les chaînes <strong>de</strong> production),<br />

on découvre que pour chaque<br />

kilo vendu approximativement 1,15 $, à<br />

peine 0,02 $ vont au producteur-cueilleur<br />

contre 0,66 $ pour la compagnie.


LE CAFÉ : LA BATAILLE DE DAVID CONTRE<br />

GOLIATH<br />

Le café est le second produit le<br />

plus vendu au mon<strong>de</strong> après le<br />

pétrole. Depuis le début <strong>de</strong>s<br />

années 1980, le marché du café<br />

ne compte plus que quelques<br />

acteurs commerciaux (Fiche 43).<br />

Plusieurs <strong>de</strong> ces compagnies ont<br />

un chiffre d’affaires beaucoup<br />

plus élevé que le produit intérieur<br />

brut (PIB) <strong>de</strong> certains pays<br />

producteurs <strong>de</strong> café. Ce sont à<br />

ces gran<strong>de</strong>s compagnies que<br />

revient la majorité <strong>de</strong>s bénéfices.<br />

Depuis 1990, les prix du café<br />

brut se sont effondrés et sont<br />

<strong>de</strong>meurés particulièrement<br />

instables. La spéculation, accentuée<br />

par les volumes <strong>de</strong> café<br />

stockés par les compagnies, a<br />

aggravé la fluctuation <strong>de</strong>s prix et<br />

influé sur la disponibilité du<br />

café dans les années 90. Sur les<br />

marchés mondiaux, les « gol<strong>de</strong>n<br />

boys » <strong>de</strong>s bourses <strong>de</strong> Londres<br />

et <strong>de</strong> New York veillent à ce que<br />

les multinationales, les grands<br />

importateurs et les entreprises<br />

<strong>de</strong> torréfaction du Nord ne<br />

subissent pas les contrecoups<br />

d'une hausse ou d'une chute<br />

soudaine <strong>de</strong>s prix.<br />

Pendant ce temps, selon les<br />

résultats <strong>de</strong> la recherche menée<br />

par FairTra<strong>de</strong> Labelling<br />

Organizations international, produire<br />

un kilo <strong>de</strong> café coûte <strong>de</strong><br />

1,65 $ à 2,09 $ au petit producteur,<br />

tandis que <strong>de</strong>puis la fin <strong>de</strong>s<br />

années 80, il ne reçoit que 0,62 $<br />

à 1,52 $ pour le café brut. Quand<br />

vous payez 10 $ un paquet <strong>de</strong><br />

café, le producteur du Burundi,<br />

par exemple, en reçoit à peine<br />

0,80 $. C’est moins que le prix<br />

d’une tasse <strong>de</strong> café que vous<br />

payez au restaurant ! Ce prix,<br />

payé au cultivateur, est loin<br />

d'être juste et constitue encore<br />

moins un gagne-pain viable. On<br />

parle d'un prix moindre que le<br />

coût <strong>de</strong> production et donc<br />

d’en<strong>de</strong>ttement.<br />

Au bout <strong>de</strong> la chaîne, une baisse<br />

du prix international du café<br />

produit rarement une baisse<br />

correspondante du prix du<br />

paquet <strong>de</strong> café vendu aux consommateurs<br />

dans les magasins<br />

<strong>de</strong> détail. Les règles <strong>de</strong> la libre<br />

concurrence, qui invitent les<br />

détaillants à vendre moins cher<br />

le café lorsqu'il y a une chute <strong>de</strong><br />

prix, ne semblent pas s'appliquer<br />

au petit nombre <strong>de</strong> multinationales<br />

qui engrangent <strong>de</strong><br />

gros bénéfices.<br />

La lutte <strong>de</strong>s paysans et <strong>de</strong>s<br />

organisations civiles pour un<br />

commerce équitable, c’est le<br />

combat <strong>de</strong> David contre Goliath.<br />

Or, David a aujourd’hui <strong>de</strong> nouvelles<br />

munitions dans sa fron<strong>de</strong>.<br />

Les choix <strong>de</strong>s consommateurs<br />

témoigneront <strong>de</strong> la solidarité<br />

grandissante qui se tisse entre<br />

le Nord et le Sud.<br />

fiche 46<br />

BIENVENUE AU CASINO 2<br />

L'instabilité du prix <strong>de</strong>s marchandises sur<br />

les marchés à terme a transformé le négoce<br />

du café en jeu <strong>de</strong> hasard dans ce qui est<br />

<strong>de</strong>venu un casino international. La possibilité<br />

<strong>de</strong> gagner (ou <strong>de</strong> perdre) beaucoup<br />

d'argent sur ces marchés incite les acheteurs<br />

et les ven<strong>de</strong>urs à spéculer. Par exemple,<br />

les spéculateurs s'enten<strong>de</strong>nt pour vendre<br />

du café qu'ils n'ont pas en main, selon<br />

une échéance fixe, dans l'espoir <strong>de</strong> faire<br />

tomber les prix pour se procurer ensuite le<br />

café et s'acquitter ainsi <strong>de</strong> leurs obligations<br />

en faisant un bénéfice.<br />

LES DANGERS DE LA RECONVERSION<br />

L’effondrement <strong>de</strong>s cours du café, au plus<br />

bas <strong>de</strong>puis 30 ans, vire à la catastrophe<br />

sociale pour les pays producteurs, ce qui<br />

incite <strong>de</strong>s petits producteurs sud-américains<br />

à se reconvertir dans la coca, rapporte le<br />

quotidien Le Soleil dans son édition du 18<br />

août 2001 3 .<br />

UNE LUMIÈRE À L’HORIZON<br />

La vente <strong>de</strong> café équitable oscille entre 300 et 500 millions <strong>de</strong> dollars par année.<br />

Malgré le peu <strong>de</strong> place qu'elle occupe sur le marché, elle influence directement le<br />

marché principal, justement parce qu’elle existe. Le café équitable gagne du terrain au<br />

Canada, obligeant les filières traditionnelles à repenser leur stratégie et à s’adapter aux<br />

nouveaux choix <strong>de</strong>s consommateurs.<br />

1<br />

Consommons équitable


Consommons équitable<br />

fiche 47<br />

IL ÉTAIT UNE FOIS…<br />

Le cacao pousse loin d’ici, mais<br />

comme il se vend bien, l’épicier<br />

du coin a décidé d’en comman<strong>de</strong>r.<br />

Ce commerçant, n’ayant pas<br />

encore entendu parler du commerce<br />

équitable, n’a que trois<br />

choix : Hershey, Mars ou Philip<br />

Morris. S’il se trouve en Europe,<br />

ÉTUDE DE CAS CHAOS<br />

il peut se tourner vers Nestlé,<br />

Cadbury-Schweppes ou Ferrero.<br />

Le commerçant se gar<strong>de</strong> 19,8 %<br />

du profit sur la vente. Les 80,2 %<br />

qui restent le concernent plus<br />

ou moins. Pourtant, s’il s’y<br />

intéressait, voici ce qu’il<br />

découvrirait…<br />

D’OÙ VIENT-IL ?<br />

Même si le cacao est originaire d’Amérique centrale, on<br />

récolte 85 % du cacao dans 7 pays : en Afrique <strong>de</strong> l’Ouest<br />

tropicale (Côte d’Ivoire, Ghana, Nigéria, Cameroun), au<br />

Brésil et en Asie du Sud-Est océanique (Malaisie,<br />

Indonésie).<br />

La fève <strong>de</strong> cacao est tirée <strong>de</strong> la cabosse, le fruit du cacaoyer,<br />

qui croît dans un milieu chaud et humi<strong>de</strong>. Après la<br />

récolte et la fermentation, la fève est séchée.<br />

DES ALTERNATIVES ?<br />

À Ottawa, La Siembra 1 (Le temps <strong>de</strong>s semences, en espagnol)<br />

vend les produits équitables Cocoa Camino. L’organisation<br />

achète directement <strong>de</strong>s producteurs du Panama,<br />

du Costa Rica et <strong>de</strong> la République dominicaine. Les<br />

familles reçoivent un salaire <strong>de</strong> 150 % à 200 % plus élevé<br />

que par la filière traditionnelle. De plus, le cacao est cultivé<br />

biologiquement, ce qui contribue à la santé <strong>de</strong> la<br />

forêt, à celle <strong>de</strong>s agriculteurs et… à la nôtre.<br />

On retrouve du cacao dans la crème glacée,<br />

le lait, les biscuits, les chocolats, etc.<br />

La Côte d’Ivoire est le premier producteur<br />

mondial <strong>de</strong> cacao avec un million<br />

<strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> fèves <strong>de</strong> cacao par année !<br />

QUI CONTRÔLE LES PRIX ?<br />

La fève séchée est prête pour l’exportation, mais ne supporte<br />

plus la chaleur. Il faut la réfrigérer. Cela exige <strong>de</strong>s<br />

capitaux énormes. La production est donc envoyée au<br />

Nord où on la stocke. Ces accumulations permettent le<br />

contrôle <strong>de</strong>s prix. En 1990, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la hausse pour le<br />

cacao aurait dû augmenter le salaire <strong>de</strong>s producteurs.<br />

Mais 1,25 million <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> surplus accumulés <strong>de</strong>puis<br />

1980 ont permis aux multinationales <strong>de</strong> ne pas payer plus<br />

cher la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à la source.<br />

QUE FONT LES PAYSANS DE LEURS REVENUS<br />

ÉQUITABLES ?<br />

Les petits producteurs réinvestissent les revenus supplémentaires<br />

pour améliorer leurs conditions <strong>de</strong> vie. On<br />

achète <strong>de</strong>s médicaments, on construit <strong>de</strong>s écoles, on<br />

acquiert <strong>de</strong> l’équipement. Malgré ces efforts, il faut aussi<br />

composer avec les règles <strong>de</strong> l’OMC qui protègent les<br />

entreprises en imposant une taxe à l’exportation sur les<br />

produits transformés (9 % sur le beurre <strong>de</strong> cacao ; 11 %<br />

sur la liqueur).<br />

CABOSSES 2


POUR VOUS, BANANES ET MESSIEURS<br />

Qui va là ?<br />

En piste, quatre joueurs majeurs :<br />

United Brands (Chiquita) et<br />

Castle & Cook (Dole) <strong>de</strong>s États-<br />

Unis, Del Monte du Mexique,<br />

et Fyffes <strong>de</strong> l’Irlan<strong>de</strong>, totalisant<br />

8 milliards <strong>de</strong> dollars <strong>de</strong> revenus,<br />

50 000 000 <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> bananes<br />

et contrôlant 64 % du marché<br />

mondial <strong>de</strong> la banane.<br />

La stratégie : faire chuter le prix<br />

<strong>de</strong> la banane pour accroître la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui stagne.<br />

Le moyen : possé<strong>de</strong>r la plantation,<br />

contrôler le transport par<br />

cargo, stocker les surplus en<br />

entrepôts, assurer la distribution<br />

commerciale.<br />

Le pouvoir : inciter les gouvernements<br />

à modifier les lois pour<br />

diminuer les droits <strong>de</strong> douane,<br />

justifier la réduction <strong>de</strong>s salaires<br />

et l’augmentation <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong><br />

travail.<br />

CONDITIONS SOCIALES<br />

On signale que 16 000 anciens ouvriers<br />

agricoles <strong>de</strong> 11 pays ont entamé <strong>de</strong>s<br />

poursuites contre les compagnies Dole,<br />

Chiquita ainsi que les sociétés pétrochimiques<br />

Dow, Shell et Occi<strong>de</strong>ntal. Au<br />

cœur du litige : le nématici<strong>de</strong> Nemagon<br />

(DBCP), un pestici<strong>de</strong> utilisé dans les<br />

bananeraies qui entraînerait stérilité,<br />

malformations à la naissance, problèmes<br />

aux reins et au foie (Décembre 2000) 1 .<br />

fiche 48<br />

L'AVENIR DE LA BANANE EST<br />

EN JEU !<br />

L'Europe est le premier débouché<br />

mondial pour la banane. L'importance<br />

du marché européen pour ce<br />

produit et les revenus qu’il génère<br />

expliquent la bataille que se livrent<br />

l'Union Européenne d’un côté, soutenue<br />

par les producteurs d’Afrique,<br />

<strong>de</strong>s Caraïbes et du Pacifique, et <strong>de</strong><br />

l'autre les États-Unis et certains pays<br />

d'Amérique latine, avec l'appui <strong>de</strong>s<br />

multinationales 2 .<br />

Aux Pays-Bas, l’OCÉ AgroFair propose la banane OKÉ. Elle vient du Ghana et <strong>de</strong><br />

l’Équateur. Elle a la particularité d’être cultivée biologiquement et donc sans contact<br />

avec les pestici<strong>de</strong>s industriels. De plus, avec les salaires qui sont <strong>de</strong> 40 % à<br />

80 % plus élevés pour les producteurs, avec le concours <strong>de</strong> cette organisation, les<br />

retombées sont excellentes pour les paysans. Le marché <strong>de</strong> la banane équitable<br />

aux Pays-Bas a bondi <strong>de</strong> 10 % en 1996 grâce à la couverture médiatique d’envergure<br />

qui a accompagné l’arrivée <strong>de</strong> la première cargaison <strong>de</strong> bananes OKÉ au<br />

port <strong>de</strong> Rotterdam. Des fonctionnaires, <strong>de</strong>s membres d’ONG et d’OCÉ<br />

attendaient l’événement sur les quais. Aujourd’hui, la banane équitable est consommée<br />

dans au moins dix pays européens. Le prix ? C’est le même. La différence<br />

? La santé et la dignité d’un salaire décent plutôt que les 0,30 $ accordés<br />

par les multinationales pour 18,4 kilos <strong>de</strong> bananes. Quand on sait qu’un Canadien<br />

mange en moyenne 13 kilos <strong>de</strong> bananes par année, on saisit mieux le gouffre <strong>de</strong>s<br />

iniquités du commerce traditionnel. Enfin, la banane, qui est le fruit le plus consommé<br />

au mon<strong>de</strong>, fait vivre 4 000 000 <strong>de</strong> familles sur la planète 2 .<br />

Au Canada, il y a une organisation basée à Vancouver du nom <strong>de</strong> FairFruit 3 . Elle<br />

cherche à promouvoir le commerce <strong>de</strong>s fruits équitables et à introduire la<br />

banane équitable sur nos comptoirs.<br />

RÉGIME DE BANANE 4<br />

Consommons équitable


En guise <strong>de</strong> conclusion<br />

fiche 49<br />

Il existe au <strong>Québec</strong> <strong>de</strong> nombreuses<br />

organisations qui luttent<br />

en faveur d’une économie<br />

respectueuse <strong>de</strong>s droits humains<br />

et <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong>s<br />

divers milieux. Elles cherchent<br />

toutes à offrir une solution <strong>de</strong><br />

rechange aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation<br />

actuels en informant la<br />

population, en appuyant les plus<br />

démunis et en offrant <strong>de</strong>s produits<br />

et <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> qualité<br />

aux meilleurs coûts économiques,<br />

écologiques et sociaux.<br />

Quatre principaux types d’intervenants<br />

peuvent vous appuyer<br />

dans votre quête d’une consommation<br />

responsable.<br />

DES RESSOURCES POUR CHANGER LE MONDE<br />

LES GROUPES DE COOPÉRATION<br />

INTERNATIONALE<br />

Regroupés au sein <strong>de</strong> l’Association<br />

québécoise <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> coopération<br />

internationale (AQOCI), ces<br />

groupes sont en mesure <strong>de</strong> fournir<br />

<strong>de</strong> l’information pertinente sur la<br />

coopération internationale, les rapports<br />

Nord-Sud, les impacts <strong>de</strong> la<br />

mondialisation et le commerce équitable.<br />

Le thème <strong>de</strong>s Journées québécoises<br />

<strong>de</strong> la solidarité internationale<br />

(JQSI) <strong>de</strong> l’année 2001 porte justement<br />

sur la consommation responsable.<br />

On propose diverses activités<br />

partout en région. Le CLUB 2/3 organise,<br />

le 11 mai 2002, la marche 2/3 sur<br />

le thème <strong>de</strong> la consommation<br />

responsable.<br />

Pour en savoir plus…<br />

AQOCI : www.aqoci.qc.ca/quiquoi.html<br />

LES ORGANISMES GOUVERNE-<br />

MENTAUX DE PROTECTION DES<br />

CONSOMMATEURS<br />

L’Office <strong>de</strong> la protection du consommateur<br />

(OPC) ainsi que La Passerelle<br />

d’information pour le consommateur<br />

canadien sont <strong>de</strong>ux organisations<br />

gouvernementales qui fournissent<br />

une foule d’informations pertinentes<br />

sur la consommation et ses pièges. Le<br />

magazine Protégez-vous <strong>de</strong>meure<br />

l’une <strong>de</strong>s meilleures <strong>référence</strong>s dans<br />

le domaine. Dans toutes les régions<br />

du <strong>Québec</strong>, il y a <strong>de</strong>s bureaux <strong>de</strong><br />

l’OPC en mesure <strong>de</strong> répondre à vos<br />

questions.<br />

Pour en savoir plus…<br />

– La Passerelle d'information pour le consommateur<br />

canadien :<br />

http ://infoconsommation.ca<br />

– Office <strong>de</strong> la protection du consommateur<br />

:<br />

1-888 OPC-ALLO (1-888-672-2556)<br />

LES GROUPES<br />

ENVIRONNEMENTAUX<br />

Regroupés au sein <strong>de</strong> diverses organisations,<br />

les groupes environnementaux<br />

sont en mesure <strong>de</strong> vous informer <strong>de</strong>s<br />

impacts <strong>de</strong> nos mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation<br />

sur l’environnement. Ils proposent aussi<br />

plusieurs moyens d’agir en consommateurs<br />

responsables, que ce soit au point<br />

<strong>de</strong> vue du transport, <strong>de</strong> l’énergie, <strong>de</strong> l’eau,<br />

<strong>de</strong> l’alimentation ou <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s<br />

déchets.<br />

Pour en savoir plus…<br />

– Regroupement québécois <strong>de</strong>s groupes<br />

écologiques : www.rqge.qc.ca<br />

– Union québécoise pour la conservation <strong>de</strong><br />

la nature : http ://ecoroute.uqcn.qc.ca<br />

– Regroupement <strong>de</strong>s conseils régionaux <strong>de</strong><br />

l’environnement du <strong>Québec</strong> :<br />

www.collectivitesviables.com/rncreq/in<strong>de</strong>x.html<br />

– ENvironnement-JEUnesse représente <strong>de</strong>s<br />

partenaires potentiellement précieux dans<br />

le cadre <strong>de</strong> notre opération.<br />

LES ASSOCIATIONS DE PROTEC-<br />

TION DU CONSOMMATEUR<br />

Plusieurs associations, notamment les<br />

Associations coopératives d'économie<br />

familiale (ACEF) et les Services<br />

budgétaires populaires (SBP), offrent<br />

<strong>de</strong>s renseignements et <strong>de</strong>s services en<br />

matière <strong>de</strong> budget, <strong>de</strong> crédit ou d'en<strong>de</strong>ttement.<br />

Particulièrement sensibles<br />

aux questions <strong>de</strong> pauvreté et d'exclusion,<br />

ces associations couvrent une<br />

bonne partie du territoire québécois.<br />

Pour en savoir plus…<br />

Réseau <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s consommateurs :<br />

www.consommateur.qc.ca


VOS IDÉES POUR CHANGER LE MONDE<br />

Le principal moteur <strong>de</strong> changement<br />

est soi-même, la personne<br />

elle-même changeant son mo<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> vie, ses habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation,<br />

la personne ellemême<br />

étant responsable <strong>de</strong> la<br />

construction d'un modèle <strong>de</strong><br />

société plus harmonieux avec<br />

l'environnement.<br />

Jorge Cabrera<br />

Commission centre-américaine sur le<br />

développement durable,<br />

in Terre comprise, Pour vivre en `<br />

harmonie avec la forêt, 1999<br />

Pour changer le mon<strong>de</strong>, je…<br />

fiche 50<br />

En guise <strong>de</strong> conclusion


RÉFÉRENCES<br />

OUVRAGES DE RÉFÉRENCE GÉNÉRAUX<br />

Chossudovsky, Michel (1998) La mondialisation <strong>de</strong> la pauvreté, Écosociété, Montréal ISBN 2-921561-37-9<br />

Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992, 2 vol., ISBN 2-85036-187-9<br />

En commun, site Internet, http ://incommon.web.ca/francais/cafe/in<strong>de</strong>x.html<br />

Équiterre, site Internet, http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/media/quebec.html<br />

Gélinas, Jacques B. (2000). La globalisation du mon<strong>de</strong>. Laisser faire ou faire ?, Écosociété, Montréal, 340 pages,<br />

ISBN 2-921561-44-1<br />

Lafleur, Marcel et Robitaille, Jean (1993). Action Énergie II, Bureau <strong>de</strong> l’efficacité énergétique, ministère <strong>de</strong><br />

l’Énergie et <strong>de</strong>s Ressources du <strong>Québec</strong><br />

Lafleur, Marcel et Robitaille, Jean (1996). Terre comprise, CEQ, Recyc-<strong>Québec</strong>, Trousse pédagogique<br />

en cinq sections, ISBN 2-89061-058-6<br />

<strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong>, site Internet, http ://www.oxfam.qc.ca/<br />

Perna, Tonino (2000) « Une alternative à la mondialisation ? », in Revue SILENCE, n° 263, novembre, Commerce<br />

équitable contre mondialisation<br />

Protégez-vous, Cahier spécial : À l’heure <strong>de</strong> la mondialisation. Le pouvoir <strong>de</strong>s consommateurs. Du café équitable<br />

aux fonds éthiques, Campagne En commun, Une action mondiale contre la pauvreté, CCCI, décembre 2000<br />

Terre comprise, série télévisée <strong>de</strong> 13 émissions (d’une heure chacune), Studio Via Le Mon<strong>de</strong>, 1999, disp. à la<br />

CSQ, cote 961 à 973<br />

Teitelbaum, Sara et Wari<strong>de</strong>l, Laure (1999). Rapport <strong>de</strong> recherche. Commerce équitable. Une poussée pour <strong>de</strong>s<br />

échanges plus justes aux Pays-Bas, en Belgique, en Suisse et en France, Équiterre, ISBN 2-922563-006<br />

TransFair Canada, site Internet, http ://www.transfair.ca/fr<br />

Wari<strong>de</strong>l, Laure (1997). Une cause café. Pour le commerce équitable, Éd. Les Intouchables, Montréal, 72 pages,<br />

ISBN 2-921775-34-4<br />

RÉFÉRENCES ET ICONOGRAPHIE, PAR FICHE<br />

NOTES :<br />

1- Les <strong>référence</strong>s partielles <strong>de</strong> cette section renvoient à la section OUVRAGES DE RÉFÉRENCE GÉNÉRAUX.<br />

Exemple : Perna, 2000 renvoie à : Perna, Tonino (2000) « Une alternative à la mondialisation ? », in Revue<br />

SILENCE, n° 263, novembre, Commerce équitable contre mondialisation<br />

2- Les indications <strong>de</strong>s prix en dollars sur les fiches sont toutes en <strong>de</strong>vises américaines, sauf indication contraire.<br />

Introduction<br />

1<br />

Fables <strong>de</strong> la Fontaine, Jean <strong>de</strong> La Fontaine, avec<br />

320 illustrations <strong>de</strong> Gustave Doré, Ars<br />

Mundi, texte intégral, Slovénie, 1992<br />

2<br />

Perna, 2000, p. 5<br />

Fiche 1<br />

1<br />

Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />

2 I<strong>de</strong>m<br />

3 I<strong>de</strong>m<br />

Fiche 2<br />

1<br />

Photo : Clau<strong>de</strong> Désy<br />

2<br />

Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />

3<br />

Gélinas, 2000<br />

4<br />

Perna, 2000<br />

5<br />

Chossudovsky, 1998<br />

Fiche 3<br />

1<br />

Maalouf, Amin (2000). Le périple <strong>de</strong> Baldassare,<br />

Gallimard<br />

2<br />

Encyclopédie Découvertes Junior Larousse<br />

Gallimard, no 17, p. 260<br />

3<br />

Encyclopédie Découvertes Junior Larousse<br />

Gallimard, no 31, p. 488<br />

4<br />

Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />

Fiche 4<br />

1<br />

Lafleur et Robitaille, 1996<br />

2<br />

Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />

3<br />

L’erreur boréale, réalisateurs : Richard Desjardins et<br />

Robert Mon<strong>de</strong>rie, ACPAV, ONF, 1999, Vision<br />

d’auteur <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> la forêt québécoise<br />

4<br />

Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />

Fiche 5<br />

1<br />

Encyclopédie Découvertes Junior Larousse,<br />

Gallimard, no 43, p. 682<br />

2<br />

Ganerie, Anita (1997). Les nombres Magnard, p. 23<br />

3<br />

The Central Bankers as Gods, The Economist,<br />

14/11/1998 in Gélinas, 2000, p. 94<br />

4<br />

Encyclopédie Découvertes Junior Larousse,<br />

Gallimard, no 43, p. 675<br />

5<br />

Encyclopédie Découvertes Junior Larousse,<br />

Gallimard, no 43, p. 673<br />

Fiche 6<br />

1<br />

Encyclopédie Découvertes Junior Larousse, Gallimard,<br />

no 44, p. 696<br />

2<br />

Agence France Presse (2001). La chute du cours<br />

du café tourne au désastre, Le Soleil, 18 août, F9<br />

Dow Jones International News, Catherine Hunter,<br />

21 mai 2001<br />

Fiche 7<br />

1<br />

Lafleur et Robitaille, 1996<br />

Fiche 8<br />

1<br />

Gélinas, 2000, p. 56-57<br />

2<br />

Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />

3<br />

Lafleur et Robitaille, 1996, section : L’Odyssée planétaire, p. 68<br />

4<br />

Atlas Colonial illustré [s.d.] (c. 1902), Larousse, Paris<br />

Fiche 9<br />

1<br />

Les temps mo<strong>de</strong>rnes, réalisateur : Charlie Chaplin,<br />

État-Unis, 1936, 1 heure 25<br />

http ://perso.club-internet.fr/vatzhol/chaplin.html<br />

http ://perso.libertysurf.fr/lmoinault/page16.html<br />

Synopsis : Ouvrier dans une usine mo<strong>de</strong>rne, Charlot serre <strong>de</strong>s écrous. Une maladresse lui<br />

en fait manquer un : toute la chaîne <strong>de</strong> fabrication est alors déréglée. Empêtré<br />

sur un grand tapis roulant, il est happé par les rouages d'une énorme « machine<br />

à manger » <strong>de</strong>stinée à réduire le temps consacré par les ouvriers à leur repas.<br />

Devenu fou, il court dans toute l'usine pour serrer tout ce qui ressemble à un<br />

écrou. http ://tienhung.free.fr/980108.htm


Fiche 10<br />

1<br />

Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />

Fiche 11<br />

1<br />

Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />

Fiche 12<br />

1<br />

Lafleur et Robitaille, 1996, section : L’Odyssée plané-<br />

taire, p. 81<br />

2 Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />

Fiche 13<br />

1 Lafleur et Robitaille, 1996, section : Défis prioritaires,<br />

no 4, p. 8<br />

2 Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />

3 Côté, A. Ph. (1995). Baptiste, Le Soleil,<br />

ban<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssinée<br />

Fiche 14<br />

1 Lacoursière, J., Provencher, J. et Vaugeois, Denis<br />

(2000) Canada <strong>Québec</strong> 1534-2000. Septentrion,<br />

réédition du texte original <strong>de</strong> 1983<br />

Fiche 15<br />

1 Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />

Fiche 16<br />

1 Développement et Paix (2000). Le mon<strong>de</strong> n’est pas<br />

à vendre, Programme 2000-2001<br />

Fiche 17<br />

1 Adapté <strong>de</strong> Lafleur et Robitaille, 1996, et <strong>de</strong> Gélinas, 2000<br />

Fiche 18<br />

1 Fondation pour le progrès <strong>de</strong> l’Homme (1994).<br />

Bâtir ensemble l’avenir <strong>de</strong> la planète, pour un<br />

mon<strong>de</strong> responsable et solidaire, in Le Mon<strong>de</strong><br />

diplomatique, avril<br />

2 Porritt, Jonathan (1991). Sauvons la Terre, Les amis<br />

<strong>de</strong> la Terre, Casterman, Paris, p. 26<br />

3 Adapté <strong>de</strong> Gélinas, 2000, p. 226<br />

Fiche 19<br />

1 Suzuki, David (1995). Économies débranchées ?<br />

in Écodécision, no 16, printemps 1995<br />

2 Gélinas, 2000<br />

3 Terre comprise, série télévisée<br />

Fiche 20<br />

1 Théorie <strong>de</strong> Maslow, citée par Baribeau, Jacinthe, in<br />

Acef du Sud-Ouest <strong>de</strong> Montréal,<br />

http ://www.consommateur.qc.ca, section :<br />

Surconsommer, Analyse<br />

2 Baribeau, Jacinthe, in Acef du Sud-Ouest <strong>de</strong><br />

Montréal, http ://www.consommateur.qc.ca,<br />

section : Surconsommer, Analyse<br />

3 Gélinas, 2000<br />

4 Acef du Sud-Ouest <strong>de</strong> Montréal,<br />

http ://www.consommateur.qc.ca,<br />

section : Surconsommer, Analyse<br />

5 Duhaime, Gérard (2001). Magasiner : une nouvelle<br />

dépendance, Département <strong>de</strong> consommation<br />

<strong>de</strong> l'Université Laval, in Acef du Sud-Ouest <strong>de</strong><br />

Montréal, http ://www.consommateur.qc.ca,<br />

section : Surconsommer, Analyse<br />

Fiche 21<br />

1 Magazine Alterna, 2001,<br />

http ://www.altema.com/, section : Images et<br />

stratégies<br />

2 Statistique Canada, www.statcan.ca<br />

3 Article Les poupées qui bronzent durant tout l’été,<br />

tiré du site : www.sciencepresse.qc.ca/kiosquecons.html<br />

4 Wari<strong>de</strong>l, 1997<br />

5 Klein, Naomie (2001). No logo : la tyrannie <strong>de</strong>s marques,<br />

Actes Sud<br />

Fiche 22<br />

1 Illustration : Paul Bor<strong>de</strong>leau<br />

2 Collectif « De l'éthique sur l'étiquette », brochure<br />

Jouez le jeu, faites gagner les droits <strong>de</strong><br />

l'homme, janvier 1998,<br />

http ://www.crcconso.com/etic/décompos.htm<br />

Fiche 23<br />

1 Bergeron, Léandre et Lavaill, Robert (1977)<br />

Contre-histoire du <strong>Québec</strong>, Savelli, Paris<br />

2 Série Pourquoi le Sud nourrit-il le Nord ?, colligée<br />

par le Club 2/3, « Attention au régime »<br />

Fiche 24<br />

1 Calame, Pierre (1993). Pour <strong>de</strong>s états généraux <strong>de</strong><br />

la planète, in Écodécision, septembre, p. 83<br />

Fiche 25<br />

1<br />

Traduit et adapté <strong>de</strong> la Charte <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s<br />

consommateurs du Canada<br />

http ://www.hc-sc.gc.ca/hppb/nutrition/pube/pregnancy/<br />

Fiches 26 à 36<br />

Les sources et les ressources sont indiquées<br />

directement sur les fiches.<br />

Fiche 37<br />

1<br />

Dictionnaire historique <strong>de</strong> la langue française<br />

2<br />

Perna, 2000<br />

http ://www.entreprendre.ca/chroniques/commerce_intl/articles/01_co<br />

mm_intl.html<br />

Fiche 38<br />

1<br />

Teitelbaum et Wari<strong>de</strong>l, 1999<br />

2<br />

Équiterre, site Internet, Accueil<br />

3<br />

http ://www.fairtra<strong>de</strong>.org/, section :<br />

(en néerlandais) Historie<br />

4<br />

Groupe <strong>de</strong> Recherche d'Intérêt Public<br />

<strong>de</strong> l'Université du <strong>Québec</strong> à Montréal<br />

www.mdmoxfam.be/producteurs/producteurs.html<br />

Perna, 2000<br />

Teitelbaum et Wari<strong>de</strong>l, 1999<br />

TransFair Canada, site Internet<br />

Wari<strong>de</strong>l, 1997<br />

Fiche 39<br />

Équiterre, site Internet<br />

Teitelbaum et Wari<strong>de</strong>l, 1999<br />

TransFair Canada, site Internet<br />

1<br />

http ://www.entreprendre.ca/chroniques/commerce_intl/articles/01_comm_intl.html<br />

M’Pambia, Didier, chargé <strong>de</strong> développement<br />

international pour le magazine Entreprendre<br />

Fiche 40<br />

www.incommon.web.net/francais/dixpoints/econo.html<br />

TransFair Canada, site Internet<br />

1<br />

http ://www.entreprendre.ca/chroniques/commerce_intl/articles/01_comm_intl.html<br />

Fiche 41<br />

1<br />

http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/rtealternative/coop/coopuciri.html<br />

2<br />

http ://mon<strong>de</strong>.ca/websmm/francais/guatemala/contenue.html<br />

3<br />

http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/rtealternative/routee3.html<br />

Fiche 42<br />

1<br />

www.mdmoxfam.be/campagnes/TVOG<br />

%20Enjeux.html<br />

2<br />

TransFair Canada, site Internet<br />

Fiche 43<br />

Équiterre, site Internet<br />

Protégez-vous, Deglise, F., p. 8-11<br />

Wari<strong>de</strong>l, 1996<br />

1<br />

http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/rteconventionnelle/routec.html<br />

Fiche 44<br />

1<br />

Bob Thomson, gérant <strong>de</strong> TransFair Canada,<br />

in Protégez-vous, Opinions, p. 24<br />

http ://www.protegez-vous.qc.ca/<br />

2<br />

Gilles Léveillé, directeur <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong><br />

commerce équitable à <strong>Oxfam</strong>-<strong>Québec</strong>, in<br />

Protégez-vous, La sinueuse route du café, p. 10<br />

3<br />

http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/rtealternative/routee.html<br />

4<br />

http ://www.equiterre.qc.ca/cafe<br />

Fiche 45<br />

1<br />

http ://www.mdmoxfam.be/<br />

2<br />

Série Pourquoi le Sud nourrit-il le Nord ?, colligée<br />

par le Club 2/3<br />

Fiche 46<br />

1<br />

http ://www.equiterre.qc.ca/cafe/media/quebec.html<br />

2<br />

http ://incommon.web.ca/francais/cafe/in<strong>de</strong>x.html<br />

3<br />

Agence France Presse (2001). La chute du cours du<br />

café tourne au désastre, Le Soleil, 18 août, F9<br />

Fiche 47<br />

Protégez-vous, Deglise, F., p. 12-13<br />

1<br />

http ://www.lasiembra.com<br />

2<br />

Photo : Amélie Binette<br />

Fiche 48<br />

1<br />

Protégez-vous, Deglise, F., p. 14-15<br />

2<br />

I<strong>de</strong>m, p. 15<br />

3 er<br />

http ://www.rio.net/solagral , 1 janvier 1999<br />

4<br />

http ://www.web.net/fairfruit<br />

5<br />

Photo : Amélie Binette


0607-234<br />

Réédition mai 2007 — D11132-3

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