SI LES MURS POUVAIENT PARLER - Blancpain

SI LES MURS POUVAIENT PARLER - Blancpain SI LES MURS POUVAIENT PARLER - Blancpain

30.01.2013 Views

APOTHEOSIS TEMPORIS Une collection classique redéfinie SIDEWAYS Le système révolutionnaire des Correcteurs sous Cornes PHILIPPE ROCHAT Un après-midi dans le meilleur restaurant de Suisse SI LES MURS POUVAIENT PARLER La réouverture des ateliers de Haute Horlogerie Blancpain PRINTEMPS | 2006

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Une collection classique redéfinie<br />

<strong>SI</strong>DEWAYS<br />

Le système révolutionnaire<br />

des Correcteurs sous Cornes<br />

PHILIPPE ROCHAT<br />

Un après-midi dans le meilleur<br />

restaurant de Suisse<br />

<strong>SI</strong> <strong>LES</strong> <strong>MURS</strong><br />

<strong>POUVAIENT</strong> <strong>PARLER</strong><br />

La réouverture des ateliers de<br />

Haute Horlogerie <strong>Blancpain</strong><br />

PRINTEMPS | 2006


ÉDITORIAL


CHER AMATEUR D’HORLOGERIE<br />

Nous avons le grand plaisir de vous présenter le premier numéro des Lettres du Brassus !<br />

Conçu par la Maison <strong>Blancpain</strong>, ce magazine vous invite à découvrir l’esprit qui nous anime<br />

et vous offre une connaissance approfondie de nos collec-<br />

tions et de nos innovations dans le domaine de la Haute<br />

Horlogerie. Par ce lien, nous souhaitons également vous<br />

présenter les hommes qui font <strong>Blancpain</strong>, vous faire part<br />

de l’actualité de la Manufacture et, enfin, partager avec<br />

vous quelques instants de notre art de vivre.<br />

Dans cette première édition des Lettres du Brassus, nous<br />

avons, de toute évidence, accordé une large place à un événement primordial qui a eu lieu<br />

l’an dernier : la réouverture de la Manufacture du Brassus, après plus d’une année de travaux<br />

de rénovation. A cette occasion, l’article « Si les murs pouvaient parler » vous convie à une<br />

brève visite de nos ateliers, entièrement refaits à neuf. Cependant, nous n’avons pas uniquement<br />

remodelé cette demeure historique, affectueusement appelée « la ferme » chez <strong>Blancpain</strong>,<br />

nous venons également d’achever le transfert de toute notre équipe d’horlogers au Brassus,<br />

où la totalité de notre production voit désormais le jour !<br />

En espérant que cette édition inaugurale vous plaira, nous vous souhaitons une agréable<br />

lecture et vous invitons à nous remplir la carte jointe pour recevoir les prochains numéros<br />

de Lettres du Brassus.<br />

Marc A. Hayek<br />

CEO de <strong>Blancpain</strong><br />

| 01


A LA UNE<br />

<strong>SI</strong> <strong>LES</strong> <strong>MURS</strong><br />

<strong>POUVAIENT</strong> <strong>PARLER</strong><br />

4<br />

UN APRÈS-MIDI AU<br />

RESTAURANT DE PHILIPPE ROCHAT<br />

24<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S TEMPORIS<br />

UNE COLLECTION CLAS<strong>SI</strong>QUE<br />

REDÉFINIE<br />

14<br />

LA LETTRE DE BLANCPAIN SUR LE VIN<br />

LUCIEN LE MOINE<br />

54


SOMMAIRE<br />

<strong>SI</strong> <strong>LES</strong> <strong>MURS</strong> <strong>POUVAIENT</strong> <strong>PARLER</strong> page 04<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S TEMPORIS page 14<br />

RESTAURANT PHILIPPE ROCHAT page 24<br />

<strong>SI</strong>DEWAYS page 34<br />

LE PRODIGE page 40<br />

HISTOIRES COURTES page 48<br />

LA LETTRE DE BLANCPAIN<br />

SUR LE VIN page 54<br />

LA NOUVELLE CAMPAGNE<br />

DE PUBLICITÉ page 62<br />

NOUVEL<strong>LES</strong> DU MONDE BLANCPAIN page 64<br />

En couverture<br />

Détail du<br />

Chronographe<br />

Monopoussoir Villeret<br />

02 | 03


DANS L’AIR DU TEMPS


La Manufacture du<br />

Brassus familièrement<br />

appelée « la Ferme »<br />

chez <strong>Blancpain</strong><br />

PAR JEFFREY S. KINGSTON<br />

« AH, <strong>SI</strong> <strong>LES</strong> <strong>MURS</strong> <strong>POUVAIENT</strong> <strong>PARLER</strong> » EST UNE EXPRES<strong>SI</strong>ON <strong>SI</strong><br />

FAMILIÈRE QU’ELLE EST PRESQUE DEVENUE UN PONCIF. <strong>LES</strong> SECRETS,<br />

L’OMNISCIENCE, LA SAGESSE SUPÉRIEURE QUI ÉMANENT DE LEUR<br />

<strong>SI</strong>LENCIEUSE ET PATIENTE OBSERVATION DE L’HUMANITÉ ET DES<br />

ÉVÉNEMENTS NOUS CONDUISENT TOUS À FORMULER, UN JOUR<br />

OU L’AUTRE, CE VŒU.<br />

04 | 05


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

Il arrive cependant que les murs parlent. A<br />

voix haute. Il existe des circonstances où ils<br />

ne révèlent pas seulement un aperçu des<br />

épisodes qui se déroulent en leur sein, mais<br />

livrent des chapitres entiers, voire le film de<br />

leur histoire. Comment est-ce possible ?<br />

C’est le cas lorsque les murs expriment les<br />

valeurs, l’éthique, les objectifs et les aspirations<br />

des hommes qui les ont construits ou<br />

les habitent. Pensez au célèbre photographe<br />

Peter Menzel, dont les portraits réalisés en<br />

1994 pour l’Année internationale de la<br />

famille organisée par les Nations Unies, mettaient<br />

en scène la demeure d’une famille et<br />

en disaient long sur les êtres humains et les<br />

modes d’habitat du monde entier. Cette<br />

exposition de murs, qui a voyagé des rives de<br />

la Seine à l’Assemblée Nationale à New York,<br />

a permis de comprendre chacune de ces vies<br />

bien mieux qu’une minutieuse description<br />

n’aurait pu le faire.<br />

Il en va de même pour la célébration du<br />

270ème anniversaire de <strong>Blancpain</strong>. Une année<br />

commémorative riche en événements qui a<br />

culminé les 6 et 7 octobre derniers par la réouverture<br />

de la Manufacture rénovée du Brassus.<br />

Toutefois, cette inauguration représente bien<br />

plus qu’une opportunité d’évoquer un bâtiment<br />

qui vient de faire une cure de jouvence.<br />

Les ateliers installés dans cette ancienne ferme<br />

sont le symbole même de <strong>Blancpain</strong>. Sa réouverture<br />

est une réaffirmation de valeurs essentielles.<br />

Nul besoin est de citer à comparaître<br />

le chef d’atelier ou les horlogers qui travaillent<br />

entre ses murs pour connaître en détail ce qu’il<br />

s’y passe. Le style de la ferme, les traditionnels<br />

établis d’horlogers en bois de cerisier, l’agencement,<br />

une minutieuse restauration sont autant<br />

d’éléments qui témoignent des objectifs de<br />

<strong>Blancpain</strong>, de sa philosophie et de ses principes<br />

fondateurs. Les murs, en effet, parlent.<br />

Certains esprits cyniques adopteront sans<br />

doute un ton railleur: « Mais ce n’est rien d’autre<br />

qu’une usine », un terme qui prend ici une<br />

connotation dépréciative. « En quoi ce bâtiment<br />

diffère-t-il des glorieuses réalisations<br />

L’entrée de la<br />

Manufacture


06 | 07<br />

L’escalier qui conduit<br />

aux ateliers


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

<strong>Blancpain</strong> a saisi cette occasion pour accorder<br />

un soin particulier à chaque détail<br />

comme le montre cette rampe d’escalier<br />

<strong>LES</strong> ATELIERS DE LA « FERME » SONT DEVENUS<br />

LE SYMBOLE DE LA MARQUE BLANCPAIN.


Les détails<br />

raffinés sont légion,<br />

à l’exemple des<br />

boutons des layettes<br />

aménagés sur les<br />

établis, spécialement<br />

fabriqués pour<br />

<strong>Blancpain</strong><br />

architecturales des marques horlogères genevoises,<br />

aux arches grandioses et audacieuses<br />

corniches en porte-à-faux ? » Sans oublier la<br />

dernière question, assénée comme un coup<br />

de grâce: « Ne s’agit-il pas là d’une structure<br />

qui sert uniquement à abriter une usine de<br />

montres ? ».<br />

La réponse est un non catégorique. Ces<br />

bâtiments ne se ressemblent pas et leurs différences<br />

attestent d’une philosophie différente<br />

de l’horlogerie. La ferme <strong>Blancpain</strong> du Brassus<br />

n’a pas été conçue comme une usine et sa<br />

disposition démontre qu’elle n’a jamais été<br />

destinée à être utilisée comme telle.<br />

L’acquisition de la ferme du Brassus en<br />

1982 se voulait le symbole des origines de<br />

<strong>Blancpain</strong>, au cœur d’une tradition horlogère<br />

08 | 09<br />

dont la Vallée de Joux est la fière dépositaire<br />

depuis plus de deux siècles. Historiquement,<br />

les montres n’étaient pas fabriquées dans des<br />

usines. Il n’existait ni éclairage halogène, ni<br />

installations antiseptiques, ni lignes d’assemblage.<br />

Les montres étaient réalisées à la main<br />

par des artisans qui œuvraient dans des greniers,<br />

des fermes, de petites bâtisses familiales.<br />

Chaque montre représentait la création hautement<br />

personnelle de l’homme qui l’avait<br />

amoureusement mise au monde. Les finitions<br />

et les décorations étaient des signatures artistiques.<br />

Du début à la fin, chaque montre était<br />

l’œuvre d’un seul horloger. La ferme du<br />

Brassus a transposé ces méthodes ancestrales<br />

– et la philosophie qu’elles recèlent – dans<br />

notre ère moderne. Les principes essentiels


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

La rénovation complète a<br />

uniquement conservé les<br />

murs extérieurs de la ferme<br />

Une vie qui<br />

commence à battre:<br />

L’Equation du Temps<br />

Marchante de la<br />

collection Le Brassus<br />

<strong>LES</strong> ÉTABLIS DE BLANCPAIN ONT ÉTÉ CONÇUS SUR MESURE ET<br />

RÉALISÉS À LA MAIN. <strong>SI</strong> UN HORLOGER DOIT TRAVAILLER SUR<br />

UNE SEULE ET MÊME MONTRE PENDANT UNE ANNÉE<br />

ENTIÈRE, COMME C’EST LE CAS POUR LA 1735, IL EST VITAL QUE<br />

SON POSTE DE TRAVAIL SOIT PARFAIT EN TOUS POINTS.<br />

Dans l’atelier 1735, l’un des deux<br />

horlogers <strong>Blancpain</strong> qui travaillent<br />

sur ce prestigieux calibre


10 | 11<br />

sont restés intacts. Le bâtiment est toujours<br />

aussi peu adapté aux lignes de fabrication et à<br />

leurs programmes de production. Il n’en<br />

compte donc aucune. En revanche, chaque<br />

horloger et horlogère travaille à son établi,<br />

comme le veut la tradition, pour donner<br />

patiemment naissance à un garde-temps, ainsi<br />

que le faisaient leurs prédécesseurs il y a deux<br />

siècles, en assemblant chaque montre du<br />

début à la fin.<br />

Lors des cérémonies qui ont marqué la<br />

réouverture de la Manufacture du<br />

Brassus, le Président de <strong>Blancpain</strong>, Marc A.<br />

Hayek, a expliqué que <strong>Blancpain</strong> disposait de<br />

nombreuses solutions pour répondre à la<br />

nécessité d’accroître ses capacités de production.<br />

La voie de la facilité aurait été de<br />

choisir un lieu pour édifier une usine<br />

moderne et efficace. Plan-les-Ouates, située<br />

dans la banlieue genevoise, est devenue un<br />

véritable parc où fleurissent les édifices de<br />

marques célèbres, comme autant de tulipes<br />

surgissent d’un lit d’asphalte.<br />

Cette option, cependant, se heurtait à la<br />

philosophie des méthodes traditionnelles,<br />

chères à <strong>Blancpain</strong>. Et les montagnes du Jura,<br />

où se niche la Vallée de Joux, sont depuis toujours<br />

inextricablement liées à l’histoire et à<br />

l’âme de <strong>Blancpain</strong>. Comme il était hors de<br />

question de quitter le Brassus, il convenait donc<br />

de restaurer minutieusement la ferme, qui est<br />

devenue le symbole de la marque. En conservant<br />

intacts les murs extérieurs et en adaptant<br />

avec intelligence les espaces intérieurs,<br />

<strong>Blancpain</strong> a opté pour une solution de nature<br />

à préserver le bâtiment et à accroître de près<br />

de 50% l’espace disponible pour les ateliers.<br />

Comme c’est le cas pour toute rénovation,<br />

la première phase – la destruction – précède la<br />

construction. Une force de caractère hors du<br />

commun était nécessaire pour contempler le<br />

résultat final de cette destruction. Les membres<br />

de la direction tout comme les horlogers soupiraient<br />

en contemplant la cavité poussiéreuse qui,<br />

naguère encore, accueillait l’atelier le plus prestigieux<br />

de <strong>Blancpain</strong>, s’efforçant de songer avec<br />

confiance aux récompenses promises par l’avenir.


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

L’atelier consacré aux tourbillons<br />

DEPUIS LE MOIS DE DÉCEMBRE 2005,<br />

CENT POUR CENT DE LA PRODUCTION A<br />

ÉTÉ RASSEMBLÉE AU BRASSUS.<br />

Et elles ont fini par arriver: le jour où la<br />

presse, des collectionneurs sélectionnés et de<br />

nombreux concessionnaires <strong>Blancpain</strong> ont<br />

découvert la Manufacture à l’occasion de sa<br />

réouverture. En parfaite harmonie avec son<br />

cadre pastoral – le téléski du Brassus ne se<br />

trouve qu’à une trentaine de mètres de la<br />

ferme, des vaches suisses munies de leur traditionnelle<br />

cloche paissent dans un champ à<br />

deux minutes à peine – la ferme a conservé ses<br />

murs extérieurs en pierres et tapissé son intérieur<br />

de bois de cerisier. Les plafonds et les<br />

planchers en bois accentuent encore cette<br />

atmosphère bucolique.<br />

Cependant, les ornements constituent un<br />

épiphénomène de cette rénovation. Par effet<br />

de contraste, les éléments essentiels deviennent<br />

les établis individuels des horlogers, déve-<br />

loppés de sorte à renforcer la profession de foi<br />

primordiale de <strong>Blancpain</strong>, selon laquelle les<br />

montres sont assemblées du début à la fin par<br />

un seul horloger. Si leur fonctionnalité parfaitement<br />

modernisée offre un éclairage perfectionné,<br />

un circuit d’air comprimé (utilisé pour<br />

juguler la poussière) et la possibilité de multiples<br />

réglages de hauteur, les établis sont profondément<br />

ancrés dans un glorieux passé. On<br />

y retrouve ainsi les traditionnelles layettes et la<br />

construction solide en bois de cerisier. Les<br />

catalogues abondent d’établis d’horlogers<br />

modulables qui satisfont aux exigences d’autres<br />

établissements. Mais les établis de<br />

<strong>Blancpain</strong> ont été conçus sur mesure et réalisés<br />

à la main. Si un horloger doit travailler<br />

sur une seule et même montre pendant une<br />

période qui peut s’étendre à une année<br />

entière, comme c’est le cas pour la 1735, il est<br />

vital que son poste de travail soit parfait en<br />

tous points.<br />

De la même manière que la ferme est le<br />

berceau des garde-temps les plus compliqués<br />

de <strong>Blancpain</strong>, la distribution du bâtiment<br />

s’est logiquement imposée en fonction<br />

des complications. Au sommet des constellations<br />

horlogères de <strong>Blancpain</strong>, la 1735, la<br />

montre-bracelet automatique la plus compliquée<br />

au monde, mérite son propre atelier,<br />

situé au dernier étage de la Manufacture.<br />

Dans l’atelier 1735, il n’y a que deux établis<br />

et deux horlogers consacrés au long processus<br />

de la genèse d’une 1735.<br />

L’atelier de décoration jouxte celui de la<br />

1735. Les décorations et finitions traditionnelles<br />

des composants des garde-temps<br />

<strong>Blancpain</strong> sont le fruit d’un minutieux travail<br />

manuel, réalisé par les maîtres artisans<br />

de l’atelier décoration. C’est dans cette<br />

pièce que la montre semble vraiment<br />

remonter le temps 200 ans en arrière.<br />

Les artisans de <strong>Blancpain</strong> rendent hommage<br />

à la tradition, usant d’instruments


La phase de lune en claire-voie confère<br />

une touche particulière à l’atelier 1735<br />

développés par leurs antiques prédécesseurs<br />

et apposant sur les pièces une vaste gamme<br />

de finitions et de décorations.<br />

L’étage inférieur abrite trois ateliers. Le plus<br />

vaste est celui des grandes complications.<br />

C’est là que les horlogers de <strong>Blancpain</strong> assemblent<br />

et ajustent les montres à répétition<br />

minutes, les chronographes à rattrapante, et à<br />

Equation du Temps Marchante. De l’autre<br />

côté du couloir une porte s’ouvre sur le<br />

royaume du tourbillon, d’où prennent naissance<br />

toutes les variantes de tourbillon proposées<br />

par <strong>Blancpain</strong>.<br />

Le rez-de-chaussée est occupé par les ateliers<br />

de contrôle de qualité et de formation<br />

et le hall d’entrée. Si la pièce consacrée à la<br />

formation n’est pas la plus grande de la<br />

Manufacture, elle représente cependant la clé<br />

de tous les autres éléments. Chez <strong>Blancpain</strong>, le<br />

savoir-faire dans le domaine des complications<br />

se transmet d’une génération d’horlogers à<br />

12 | 13<br />

une autre, sur la base d’une étroite relation<br />

personnelle. En travaillant à côté d’un maître,<br />

les horlogers débutant acquièrent les aptitudes<br />

requises pour ajouter de nouvelles complications<br />

à leur répertoire. Et quelle disposition<br />

pourrait mieux convenir à cet usage que celle<br />

d’établis disposés face à face ?<br />

Comme son nom l’indique, l’atelier de<br />

contrôle de qualité procède aux ultimes vérifications<br />

et derniers réglages des garde-temps<br />

compliqués de <strong>Blancpain</strong>.<br />

A l’occasion de la réouverture, le hall d’entrée<br />

a rempli une double fonction. Les vitrines<br />

n’étaient pas uniquement destinées à tenter les<br />

invités en arborant quelques trésors de la collection,<br />

mais <strong>Blancpain</strong> a saisi cette opportunité<br />

pour présenter une exposition spéciale,<br />

intitulée « Une Tradition de l’Innovation ». Elle<br />

met en scène les premières mondiales, les<br />

records et innovations marquantes réalisés<br />

par <strong>Blancpain</strong> au fil du temps. En point d’orgue<br />

de cette inauguration, <strong>Blancpain</strong> a présenté un<br />

nouveau record mondial: le quantième perpétuel<br />

pour femme le plus plat au monde.<br />

L’exposition itinérante « Une Tradition de<br />

l’Innovation » a déjà quitté Le Brassus pour<br />

accomplir un véritable tour du monde.<br />

L’ensemble de la ferme et de son aménagement<br />

réaffirme l’adhésion de <strong>Blancpain</strong> à des<br />

valeurs essentielles. En effet, comment offrir<br />

meilleure source d’inspiration à ses talentueux<br />

horlogers – et, accessoirement, attirer les plus<br />

brillants à la Vallée de Joux – qu’en leur proposant<br />

la chaleur du bois de cerisier, la sérénité<br />

d’ateliers paisibles et l’atmosphère familiale<br />

d’une ère de l’horlogerie qui pouvait sembler<br />

révolue ?<br />

Enfin, le projet de rénovation apporte un<br />

avantage supplémentaire. La restauration de<br />

la ferme agrandie permet désormais à<br />

<strong>Blancpain</strong> de regrouper tous les horlogers qui<br />

réalisent les montres moins compliquées dans<br />

le bâtiment adjacent. Lors des cérémonies<br />

d’inauguration, Marc. A. Hayek a annoncé<br />

qu’en 2006 la production <strong>Blancpain</strong> serait<br />

entièrement transférée au Brassus. ■


DANS L’AIR DU TEMPS


14 | 15<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S TEMPORIS:<br />

UNE COLLECTION<br />

CLAS<strong>SI</strong>QUE REDÉFINIE<br />

EN CETTE ÉPOQUE OÙ LA DÉ<strong>SI</strong>NVOLTURE VESTIMENTAIRE A CONQUIS LE<br />

TERRAIN DES AFFAIRES ET QUE NUL NE CONTESTE LE RÈGNE DE LA TENUE<br />

UNIQUE EN TOUTE OCCA<strong>SI</strong>ON, NOUS OUBLIONS CE QUE <strong>SI</strong>GNIFIAIT ÊTRE<br />

BIEN HABILLÉ, DANS LE GLORIEUX DÉBUT DES ANNÉES 60.<br />

PAR JEFFREY S. KINGSTON


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

En cette époque où la désinvolture vestimentaire<br />

a conquis le terrain des affaires<br />

et que nul ne conteste plus guère le règne de<br />

la tenue unique, indépendamment de l’occasion<br />

(il est curieux parfois de constater le<br />

résultat d’une révolte contre les conventions,<br />

qui ne produit ni phrase achevée par un point<br />

d’exclamation, ni même un sursaut d’émotion,<br />

mais une sorte de brouet grisâtre et insipide),<br />

nous oublions volontiers ce que signifiait<br />

être bien habillé, dans le glorieux début<br />

des années 60. La correction en toute occasion<br />

était alors une injonction absolue et la<br />

garde-robe d’un gentleman se définissait en<br />

fonction de règles intangibles. Tenue pour le<br />

quotidien des affaires: chemise blanche, cravate<br />

étroite, complet sombre, chapeau, chaussures<br />

noires lacées. Tenue formelle: smoking à<br />

une rangée de boutons, plastron, chaussures<br />

en cuir verni. Tenue de cocktail: blazer bleu<br />

avec boutons dorés, pantalons gris, mocassins<br />

noirs. Visite à l’université: manteau en velours<br />

côtelé à épaulettes, mocassins bruns. Tenue<br />

sportive: pull ras du cou (porté uniquement<br />

avec un t-shirt blanc en dessous), pantalons de<br />

toile (sans ceinture), baskets.<br />

Une part de cet esprit se retrouve dans l’édition<br />

spéciale du set « Apotheosis Temporis » de<br />

<strong>Blancpain</strong>. Une série de huit montres, chacune<br />

conçue pour répondre aux exigences d’occasions<br />

différentes. Fruit de minutieuses recherches<br />

dans les complications horlogères, qui ont<br />

également permis de remettre en question l’édition<br />

antérieure des Six Pièces Maîtresses, le set<br />

des huit complications de <strong>Blancpain</strong> compose<br />

la plus parfaite des garde-robes horlogères,<br />

car elle rassemble toutes les spécialités traditionnelles<br />

de la haute horlogerie.<br />

Chacune de ces huit montres est habillée<br />

d’un boîtier en platine, avec boucle<br />

déployante également en platine. Toutes<br />

possèdent un cadran noir exclusif réservé<br />

aux montres de cette série limitée.<br />

La meilleure façon de comprendre comment<br />

<strong>Blancpain</strong> a fait évoluer les Six Pièces<br />

Maîtresses pour aboutir à Apotheosis<br />

Temporis est de songer à une « dégustation<br />

comparative ». Loin de moi l’idée de faire<br />

tournoyer solennellement les montres<br />

comme des œnologues, afin d’en humer<br />

toutes les nuances, avant d’aligner pompeusement<br />

une série d’adjectifs censés décrire<br />

précisément les sensations que nous venons<br />

d’expérimenter. Néanmoins, je suggère que<br />

nous exacerbions nos facultés d’observation<br />

afin d’appréhender ce que les 16 années<br />

entre les deux séries ont apporté.<br />

LE SET « APOTHEO<strong>SI</strong>S TEMPORIS » EST UNE SÉRIE DE HUIT<br />

MONTRES, CHACUNE CONÇUE POUR RÉPONDRE AUX<br />

EXIGENCES D’OCCA<strong>SI</strong>ONS DIFFÉRENTES, DANS NOTRE CAS,<br />

AUX EXIGENCES DES COMPLICATIONS <strong>LES</strong> PLUS CLAS<strong>SI</strong>QUES<br />

DE LA HAUTE HORLOGERIE.<br />

A l’évidence, ce sont désormais huit montres<br />

plutôt que six qui composent le set<br />

(aucun point n’est accordé pour cette remarque,<br />

qui s’apparente à déclarer qu’un vin de<br />

dégustation est « rouge »). Si le fait de<br />

prendre conscience de l’existence de deux<br />

garde-temps additionnels ne dénote pas<br />

d’une finesse de perception exceptionnelle,<br />

la signification de ces deux montres supplémentaires<br />

permet de gagner des points.<br />

<strong>Blancpain</strong> a réalisé que deux complications<br />

classiques essentielles manquaient à la série<br />

originale: le double fuseau horaire et l’équation<br />

du temps marchante. Nous reviendrons<br />

sur le raffinement de ces deux pièces dès


APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Ultraplate<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Quantième à<br />

Phases de Lune<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Chronographe<br />

Monopoussoir à<br />

Rattrapante<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Equation Marchante<br />

Pure<br />

16 | 17<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Time Zone<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Quantième<br />

Perpétuel<br />

avec Correcteurs<br />

sous cornes<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Tourbillon<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Répétition<br />

Minutes


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

que nous aurons achevé de tirer d’autres<br />

enseignements de notre test comparatif.<br />

La prochaine différence vous permettra<br />

d’engranger de nombreux points si vous la<br />

détectez, car elle n’est pas immédiatement<br />

apparente sur l’image des montres. A la différence<br />

des Six Pièces Maîtresses, toutes les<br />

montres d’Apotheosis Temporis sont auto-<br />

matiques. Dans la série précédente, le tourbillon,<br />

la répétition minutes et l’ultraplate étaient<br />

à remontage manuel. Pour accroître encore<br />

le confort apporté par le remontage automatique,<br />

<strong>Blancpain</strong> présente le set Apotheosis<br />

Temporis dans un écrin précieux dont les compartiments<br />

sont équipé de huit moteurs rotatifs<br />

pour assurer le remontage continu des<br />

montres lorsqu’elles ne sont pas portées.<br />

Trop difficile ? Voici maintenant un élément<br />

nettement plus facile à découvrir.<br />

La taille. La série des Pièces Maîtresses était<br />

réalisée dans un boîtier de 34 mm de diamètre.<br />

Le set Apotheosis Temporis se présente<br />

dans un boîtier Villeret de 38 mm de diamètre.<br />

Autre différence: la finition du mouvement<br />

(mais ne suis-je pas en train de vous<br />

tendre un traquenard en vous demandant de<br />

L’écrin est équipé de<br />

moteurs rotatifs<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Equation du Temps<br />

Marchante Pure<br />

Avec l’aiguille surmontée<br />

d’un soleil indiquant le<br />

temps solaire et la came<br />

d’équation<br />

Coucher de soleil<br />

sur le lac de Joux


18 | 19


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

Le clocher du village<br />

au Brassus


20 | 21<br />

déceler une différence qui n’est visible que<br />

du fond de la montre, en ne vous présentant,<br />

jusqu’à présent, que des photographies<br />

de cadrans de montre ? Pourtant, en<br />

toute honnêteté, je n’y vois ni supercherie,<br />

ni tour de passe-passe. Si vous<br />

êtes un consciencieux étudiant de<br />

<strong>Blancpain</strong>, vous devriez savoir en<br />

apercevant le cadran que je vous ai<br />

montré, que la série Apotheosis<br />

Temporis est dans le style de la collection<br />

Villeret. Ce qui veut dire que vous<br />

n’avez pas réellement besoin de voir une<br />

photographie du mouvement pour savoir<br />

que sa finition est exécutée dans le style de<br />

la collection. Si les huit montres adoptent la<br />

discrétion empreinte de distinction des finitions<br />

des mouvements de la ligne Villeret,<br />

CHACUNE DE CES HUIT MONTRES EST DOTÉE D’UN<br />

BOÎTIER ET D’UNE BOUCLE DÉPLOYANTE EN PLATINE; TOUTES<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S TEMPORIS<br />

Time Zone<br />

avec l’indication de<br />

deux fuseaux horaires<br />

SONT HABILLÉES D’UN CADRAN NOIR EXCLU<strong>SI</strong>F À CE SET.


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

une légère ornementation a été réservée à la<br />

masse oscillante. Chaque montre est équipée<br />

d’une masse différente, en platine, réalisée<br />

exclusivement pour cette série.<br />

La différence suivante, si vous la découvrez,<br />

vous qualifiera pour recevoir le doctorat<br />

en histoire de <strong>Blancpain</strong> (Dr ès <strong>Blancpain</strong>).<br />

Trois des montres du set Apotheosis Temporis<br />

viennent de faire leur apparition dans la<br />

collection <strong>Blancpain</strong>. La Villeret Quantième<br />

Perpétuel avec Correcteurs sous cornes a été<br />

présentée à Bâle l’an dernier. Hors de la série<br />

Apotheosis Temporis, elle est disponible en or<br />

rose et en or jaune.<br />

Les deux prochains thèmes attribuent immédiatement<br />

à ceux qui les découvrent, le titre de<br />

professeur agrégé <strong>Blancpain</strong>, si vous ne les<br />

citez pas uniquement en tant que nouveautés<br />

<strong>Blancpain</strong> de l’année, mais en mentionnant<br />

aussi le fait qu’elles ont été produites en édition<br />

limitée. La Villeret Equation Marchante<br />

Pure a été présentée en série limitée à 50 pièces<br />

en platine avec cadran opalin. Tout comme<br />

le Chronographe Monopoussoir à Rattrapante,<br />

limité à 99 pièces.<br />

Enfin, retenez que l’association du boîtier<br />

en platine et d’un cadran noir est exclusivement<br />

réservée aux montres qui composent le<br />

set Apotheosis Temporis. ■<br />

APOTHEO<strong>SI</strong>S<br />

TEMPORIS<br />

Quantième Perpétuel<br />

avec Correcteurs<br />

sous cornes<br />

Clair de lune sur les<br />

berges du lac de Joux


22 | 23


ART DE VIVRE


UN APRÈS-MIDI<br />

D’HIVER CHEZ<br />

PHILIPPE ROCHAT<br />

RESTAURANT DE L’HÔTEL DE VILLE<br />

<strong>LES</strong> TROIS ÉTOI<strong>LES</strong> DÉCERNÉES PAR LE GUIDE MICHELIN SONT<br />

24 | 25<br />

CERTAINEMENT LA PLUS GRANDE RÉCOMPENSE DONT UN CUI<strong>SI</strong>NIER<br />

PUISSE RÊVER. RARES SONT <strong>LES</strong> CHEFS À <strong>SI</strong>ÉGER DANS CET OLYMPE,<br />

<strong>SI</strong> BIEN SEULS DEUX RESTAURANTS EN SUISSE ARBORENT CETTE<br />

PRESTIGIEUSE DISTINCTION. L’UN DEUX EST LE LÉGENDAIRE RESTAURANT<br />

DE PHILIPPE ROCHAT, L’HÔTEL DE VILLE, À CRIS<strong>SI</strong>ER.<br />

PAR JEFFREY S. KINGSTON


ART DE VIVRE<br />

Le restaurant de l’Hôtel de Ville est<br />

situé au coeur du village Crissier, sur<br />

une colline proche de Lausanne<br />

Un lien naturel unit Philippe Rochat et<br />

<strong>Blancpain</strong>, car il a vu le jour à la Vallée<br />

de Joux, siège de la Manufacture <strong>Blancpain</strong>.<br />

Toutefois, plutôt que d’inciter son fils à se<br />

tourner vers une carrière dans l’horlogerie,<br />

pour laquelle la Vallée est réputée, la mère de<br />

Philippe lui a transmis très tôt l’amour de la<br />

bonne cuisine. A tel point qu’il réalisait déjà ses<br />

propres créations à l’âge de 9 ans. Quelques<br />

années à peine après de premiers pas précoces<br />

dans le monde de la gastronomie, il rêvait<br />

déjà de devenir un grand chef et a donc logiquement<br />

répondu à l’appel de sa vocation.<br />

Philippe Rochat possède<br />

l’une des meilleures caves<br />

au monde<br />

Pendant 17 ans, il a fait ses armes aux<br />

côtés de Frédy Girardet, au restaurant de<br />

l’Hôtel de Ville, dont la renommée ne cessait<br />

de s’étendre dans le monde. Et tout naturellement,<br />

le jour où Frédy Girardet a souhaité<br />

se retirer, neuf ans plus tôt, il lui a transmis<br />

le flambeau. Tout en observant scrupuleusement<br />

une philosophie fondée sur la quête<br />

exigeante des meilleurs ingrédients, propres<br />

à chaque saison et un profond respect de la<br />

pureté des saveurs et de la légèreté des préparations,<br />

Philippe Rochat a apposé sa<br />

signature en inventant constamment de<br />

nouveaux apprêts. Tout changement de saison<br />

représente une occasion renouvelée<br />

pour les gourmets venus de tous les continents,<br />

de faire honneur à une nouvelle carte<br />

qui célèbre les meilleurs produits du marché.<br />

Balayant d’un revers de main la vogue<br />

actuelle qui conduit certains chefs à ouvrir de<br />

nouveaux restaurants à des milliers de kilomètres<br />

de leur lieu d’origine, Philippe Rochat se<br />

déclare heureux de pouvoir exercer son art à<br />

Crissier. C’est là qu’il se sent le plus proche de<br />

la source des meilleurs ingrédients du monde<br />

et qu’il peut se consacrer à sa recherche inces-


DÉTENTEUR DE CINQ MONTRES BLANCPAIN, ACQUISES<br />

AU FIL DES ANS, PHILIPPE ROCHAT PORTE TOUS<br />

<strong>LES</strong> JOURS SON TOURBILLON EN OR BLANC, QU’IL<br />

NE QUITTE PAS MÊME POUR OFFICIER EN CUI<strong>SI</strong>NE<br />

DANS SA TENUE BLANCHE DE CHEF.<br />

26 | 27<br />

sante d’innovation et de raffinement. Voilà<br />

près de vingt ans que ce cuisinier hors pair<br />

apprécie la Manufacture du Brassus. Il possède<br />

cinq montres <strong>Blancpain</strong>, acquises au fil<br />

des années. Au quotidien, il porte un tourbillon<br />

en or blanc, qu’il ne quitte pas même<br />

pour officier en cuisine dans sa tenue blanche<br />

de chef. D’ailleurs, les liens entre<br />

Philippe Rochat et <strong>Blancpain</strong> sont fondés sur<br />

une estime réciproque, car il est le chef<br />

choisi par la Manufacture pour célébrer<br />

dignement de grandes occasions.<br />

★ ★ ★ ★ ★


ART DE VIVRE<br />

UN DÉJEUNER CALME ET RELAXANT, SERVI AVEC<br />

UN STYLE EMPREINT DE GRÂCE, EST SANS CONTESTE<br />

L’UN DES GRANDS LUXES DE LA VIE.<br />

Un déjeuner calme et relaxant, servi avec un<br />

style empreint de grâce, est sans conteste<br />

l’un des grands luxes de la vie. Hélas, cette<br />

grâce d’une noble civilité n’a pas seulement disparu<br />

de notre vie professionnelle pour être<br />

remplacée par d’insipides sandwichs cartonneux<br />

que nous avalons entre deux dossiers au<br />

bureau, mais elle tend aussi à disparaître de<br />

nos instants de loisirs. Qui a encore aujourd’hui<br />

le temps de s’asseoir pour déjeuner ? Un seul<br />

mot d’ordre: faire au plus vite. Nos activités<br />

ne sauraient attendre.<br />

Mais que se produit-il lorsque d’inespérées<br />

conditions sont enfin réunies ? Un jour froid et<br />

brumeux en Suisse romande, un rendez-vous<br />

prévu de longue date pour cet après-midi est<br />

annulé, l’impression d’avoir déjà visité tous les<br />

sites d’intérêt culturel et touristique de la région<br />

et... pour ne rien vous cacher, l’un de mes restaurants<br />

favoris se trouve à deux pas d’ici !<br />

Passons donc à table. Mais pas n’importe<br />

où, chez Rochat à Crissier.<br />

Ainsi libéré de toute obligation, j’ai redécouvert<br />

le plaisir infiniment gratifiant du rituel civilisé<br />

d’un somptueux repas.<br />

Chez Rochat, chaque repas, et en particulier<br />

un déjeuner improvisé, est une fête. Ainsi,<br />

si repas il doit y avoir pour illuminer un triste<br />

après-midi de décembre, il ne se résumera<br />

pas à trois plats et basta, mais prendra la forme<br />

d’un grand menu complet. Cette résolution<br />

était profondément ancrée dans mon esprit<br />

lorsque M. Villeneuve, le maître d’hôtel m’a<br />

conduit à ma table. Il n’est d’insigne restau-<br />

Le nombre de chefs par dîner est étonnant. Philippe Rochat commande une brigade de plus de vingt cuisiniers<br />

rant sans grand maître d’hôtel. M. Villeneuve<br />

œuvre dans ce restaurant depuis des décennies.<br />

Il a débuté sous le règne de Frédy<br />

Girardet et a assisté à l’intronisation de<br />

Philippe Rochat. En le regardant, je ne peux<br />

m’empêcher de penser à un grand chef d’orchestre.<br />

Son regard embrasse la pièce entière<br />

et il donne ses instructions aux serveurs et<br />

sommeliers par des clins d’œil, hochements<br />

de tête et gestes quasi imperceptibles, accompagnés<br />

de quelques rares mots. Sous son<br />

experte direction, la salle respire un service<br />

parfait. De sorte qu’après un aimable échange<br />

de propos avec M. Villeneuve, je n’ai pas eu<br />

à réfléchir longuement avant de passer commande:<br />

le GRAND MENU, je vous prie !<br />

Lorsque M. Villeneuve s’est éloigné, je me<br />

suis pris à considérer le reste de la salle. En ce


vendredi, les hommes d’affaires représentaient<br />

manifestement une grande part des convives.<br />

Mais les affaires en Suisse romande ne ressemblent<br />

pas à celles d’autres pays. A l’évidence,<br />

nul ici n’était tenu de retourner au bureau cet<br />

après-midi pour prendre part à une énième<br />

réunion de marketing, car chacun avait pris<br />

congé pour le reste de la journée. Et j’ai été<br />

agréablement surpris de constater, en saisissant<br />

quelques bribes de la conversation qui se<br />

déroulait à la table voisine, qu’elle ne tournait<br />

pas autour de la décortication des résultats<br />

engrangés par les succursales à l’étranger,<br />

mais traitait, avec toute la concentration<br />

requise, du Condrieu qui se marierait le mieux<br />

avec les mets aux truffes que les convives<br />

venaient de commander.<br />

Le repas a débuté avec une flûte d’un champagne<br />

particulièrement fin et pétillant (une<br />

sélection de Philippe Rochat) et une assiette<br />

allongée qui présentait presque la forme d’un<br />

plateau, sur laquelle étaient disposés les<br />

amuse-bouches. Par ordre linéaire, une coque<br />

d’oursin qui recelait un velouté d’oursins de<br />

Gros Spaghetti aux Truffes Blanches d’Alba<br />

mer d’Irlande était suivie d’une coquille Saint-<br />

Jacques garnie d’une vinaigrette de pétoncles<br />

noirs et enfin par des coquilles de couteaux<br />

croisés, également appelés ciseaux. L’oursin<br />

est un fruit de mer que les cuisiniers amateurs<br />

craignent à juste titre. Philippe Rochat a réussi<br />

à les apprêter en un velouté onctueux, d’une<br />

délicatesse toute en légèreté, servi à peine<br />

chaud, en guise d’exquise première bouchée<br />

sur la voie royale d’un menu raffiné. Les<br />

pétoncles servis sur la coquille, étaient émincés<br />

en fines tranches translucides et relevés d’une<br />

vinaigrette aux herbes. Pourrais-je avoir<br />

trois…non dix de ceux-ci ? Les couteaux ont<br />

été retirés de la coquille pour s’enrober d’un<br />

bouillon sombre, relevés d’une vinaigrette balsamique<br />

avant d’être redéposés sur la coquille<br />

et décorés de crème fraîche finement dressée.<br />

Le prochain mets illustre le fossé qui sépare<br />

Philippe Rochat d’excellents cuisiniers traditionnels.<br />

Là, il était question d’une Gelée de<br />

Caviar d’Osciètre Acidulée aux Pommes Vertes<br />

qui se présente sous la forme d’un monticule<br />

de caviar d’osciètre d’une fabuleuse généro-<br />

28 | 29<br />

sité, dressé au sommet d’une gelée blanche<br />

parsemée de minuscules pointes de pomme<br />

verte. L’association entre caviar et agrume ne<br />

constitue pas un prodige en soi car elle entre<br />

dans la pratique de chefs ordinaires. En revanche,<br />

la pomme verte représente un raffinement<br />

d’une autre envergure. Moins acide que<br />

les agrumes, elle donne un fond à peine perceptible<br />

qui permet à la saveur du caviar de<br />

s’épanouir pleinement. La texture de la gelée<br />

était juste assez ferme pour supporter les fines<br />

billes de caviar. Tous les sens étaient conquis,<br />

l’apprêt brillant.<br />

Le vin blanc sélectionné était un Puligny<br />

Montrachet 2000 de Sauzet. Incontestablement,<br />

Sauzet est une icône à Puligny. Le<br />

Sauzet Villages emmène un Puligny bien audelà<br />

des qualités de son appellation. C’est un<br />

élégant Puligny, d’une riche complexité, doté<br />

d’une touche épicée qui forme un élégant<br />

contraste avec les mets qu’il accompagne.<br />

Le plat suivant m’était familier, un mets que<br />

j’avais goûté une année auparavant. En vérité,<br />

si je pouvais m’imaginer ne déjeuner ici que d’un


ART DE VIVRE<br />

Aiguillette de Saint-Pierre<br />

seul plat, ce serait le suivant: Gros Spaghetti aux<br />

Truffes Blanches d’Alba. Les spaghetti sont<br />

roulés en forme de demi-sphère (imaginez la<br />

taille d’une petite mandarine coupée en deux)<br />

placée au centre de l’assiette. Ceux-ci sont<br />

entourés par la plus légère mousse aux truffes<br />

qui soit, sertie de généreuses tranches de truffes<br />

blanches. Le serveur m’a conseillé de couper<br />

la boule en deux sur-le-champ, libérant ainsi<br />

un jaune d’œuf poché et de légères herbes<br />

aromatiques dissimulés sous les spaghetti.<br />

Aussitôt, chacun des sens est mis à contribution.<br />

Le parfum des truffes blanches s’échappe<br />

de la sphère et se marie à celui de la mousse<br />

aux truffes, des tranches de truffes et de ses<br />

deux meilleurs faire-valoir: les pâtes et le jaune<br />

d’œuf. Je ne peux imaginer un mets plus<br />

hédoniste. Ni un apprêt plus parfait.<br />

Si les deux premiers plats étaient étudiés en<br />

noir et blanc, la palette des couleurs a brusquement<br />

changé à l’arrivée du premier plat de<br />

J’AI SOUVENT SONGÉ QUE PHILIPPE ROCHAT ÉTAIT<br />

UN CHEF « YIN YANG ». DANS CHAQUE PLAT, IL<br />

S’EFFORCE D’ÉMETTRE UNE NOTE QUI SERA IMMÉ-<br />

DIATEMENT COMPENSÉE, EN CONTREPOINT, PAR<br />

UNE NOTE OPPOSÉE.


Caviar d’Osciètre<br />

poisson, l’Aiguillette de Saint-Pierre de Port en<br />

Bessin Grillée à la Fleur de sel Fumée et Piment<br />

d’Espelette, Gnocchi Parisienne aux Olives de<br />

Nyons. Une assiette rectangulaire présentait le<br />

Saint-Pierre grillé, généreusement assaisonné<br />

de gros sel de mer parfumé aux herbes,<br />

entouré d’une sauce d’un orange lumineux<br />

ponctuée de morceaux de piment et d’olives.<br />

Sur le bord de l’assiette étaient disposés les<br />

gnocchi aux olives. Toutes les fragrances de la<br />

Provence réunies en ce jour d’hiver en Suisse. Le<br />

Saint-Pierre est un délicieux poisson blanc à la<br />

texture légèrement élastique qui requiert une<br />

grande sauce pour en relever le goût. Philippe<br />

Rochat l’a servi avec une sauce orangée audacieusement<br />

épicée aux piments, relevée par les<br />

olives de Nyons. Quant aux gnocchi, ils<br />

n’étaient pas uniquement destinés à former un<br />

contrepoint textural au Saint-Pierre, mais également<br />

à rafraîchir le palais pour le vin blanc.<br />

Nouveau changement de décor pour le plat<br />

suivant. De l’orange brillant du Saint-Pierre, le<br />

convive est transporté au vert chartreux des<br />

Grosses Langoustines de Bretagne Frites<br />

Chlorophylle et Tomates Confites au Jus de<br />

Flageolets. La description de la carte peine à<br />

exprimer pleinement les divers éléments de<br />

cette création signée Philippe Rochat. Deux<br />

langoustines géantes sont enveloppées dans<br />

une fine coquille de phyllopode, parsemée de<br />

microscopiques touches de persil. Elles sont<br />

entourées d’une mousse vert clair assortie<br />

de flageolets et de morceaux de tomates<br />

confites. Mais cet apprêt recèle d’autres<br />

secrets. Quelques herbes aromatiques, essentiellement<br />

du basilic, sont disposées entre la<br />

coquille de phyllopode et les langoustines. J’ai<br />

souvent songé que Philippe Rochat était un<br />

chef « yin yang ». Dans chaque plat, il s’efforce<br />

d’émettre une note qui sera immédiatement<br />

compensée, en contrepoint, par une note<br />

opposée. Dans ce cas, la douceur naturelle des<br />

30 |31<br />

langoustines joue avec la saveur très subtile du<br />

basilic, modulée à son tour par les accents terrestres<br />

des flageolets et des tomates confites<br />

aux saveurs presque épicées. Un autre candidat<br />

parfait pour un repas composé d’un plat<br />

unique. Laissez-moi donc revenir en ces lieux<br />

et ne manger que ce mets !<br />

Membres de la SPA et végétariens s’abstenir<br />

! Le plat qui va suivre risquerait de froisser<br />

leurs susceptibilités. En cette période de fin<br />

d’année, le plat de viande allait nécessairement<br />

glorifier les vertus du gibier, révélées<br />

sous la forme d’un chamois du Tyrol. Le filet ne<br />

dépassait pas trois centimètres de diamètre et<br />

l’os de la côte était plus fin que mon auriculaire.<br />

Où trouve-t-on encore de la viande de<br />

cette qualité ? Et de quelle taille pouvait être<br />

cette petite créature avant de rencontrer le<br />

boucher ? Le filet et le mignon étaient servis<br />

saignants, parfaitement enrobés de chutney et<br />

accompagnés d’une sombre sauce veneur


ART DE VIVRE<br />

LE DESSERT REPRÉSENTE, CHEZ ROCHAT, PAS<br />

MOINS DE QUATRE PLATS SANS COMPTER <strong>LES</strong><br />

PETITS FOURS ET <strong>LES</strong> CHOCOLATS.<br />

classique. La viande fondait tout bonnement<br />

en bouche tandis que sa saveur épicée était<br />

relevée par la subtilité du chutney. Si la viande<br />

était en elle-même parfaite en tous points, un<br />

trésor attendait d’être découvert dans la partie<br />

supérieure droite de l’assiette. Un petit cylindre<br />

dans lequel de fines tranches de céleri<br />

pomme alternaient avec une farce composée<br />

de petits morceaux d’ananas et de navets. Cet<br />

apprêt remarquable aurait parfaitement pu<br />

représenter un mets en soi ! Il célèbre avec<br />

perfection la richesse de la viande de chamois<br />

et sa sauce veneur.<br />

Pour le vin rouge, j’ai jeté mon dévolu sur<br />

une merveilleuse demi-bouteille de Trapet<br />

Gevrey Chambertin Vieilles Vignes de 1999.<br />

Une fois encore, ce bourgogne vaut bien<br />

davantage que son appellation village. Il possède<br />

tout ce qu’on peut attendre d’un<br />

Chambertin: un arôme de cassis, des tons de<br />

terre, de la vanille et une pointe de chocolat.<br />

Un vin qui a assez de force et de corps pour<br />

accompagner un mets de gibier.<br />

Si la chasse possède sa saison, le fromage<br />

ne lui cède en rien. Octobre passé, la saison du<br />

Mont d’Or parvient alors bientôt à son apogée.<br />

En effet, le Mont d’Or, originaire du Jura<br />

tout proche, est confectionné uniquement<br />

d’octobre à avril. Dans sa meilleure forme, ce<br />

fromage coulant, onctueux et crémeux représente,<br />

avec le Reblochon, le parfait accompagnement<br />

pour achever le vin rouge après le<br />

Miroir Cassis Le chariot des desserts<br />

plat de viande. J’ai donc naturellement choisi<br />

les deux et j’ai été gratifiée d’une généreuse<br />

portion de Mont d’Or. Mais souvenez-vous<br />

que le village de Crissier où officie Philippe<br />

Rochat se situe à une distance relativement<br />

courte de la Gruyère. Si de nombreux fromages<br />

vendus en supermarchés et issus de fabrication<br />

industrielle galvaudent, hélas, le noble<br />

nom du Gruyère, il subsiste, à la bonne heure,<br />

de petits producteurs artisanaux qui travaillent<br />

à l’écart du marché de masse. Ils produisent<br />

un fromage qui n’a aucun point commun avec<br />

cette substance jaune et caoutchouteuse<br />

préemballée, proposée dans les grandes surfaces.<br />

Leur Gruyère, lui, possède un authentique<br />

caractère. Philippe Rochat en offre une<br />

gamme complète, du doux et du mi-salé au<br />

vieux Gruyère. Le mi-salé possède une saveur<br />

de noix absolument exquise. Mais le véritable<br />

vainqueur est le vieux Gruyère, qui développe<br />

des nuances de caramel.<br />

Outre la variété de fromages absolument<br />

parfaits, il est un autre motif de ne jamais refuser<br />

le chariot de fromages – le pain ! Comme


tout grand chef qui se respecte, Philippe<br />

Rochat cuit ses propres pains et ils sont<br />

fameux. Mais le panier à pain qui matérialise<br />

cette observation, tandis que le chariot de fromages<br />

s’éloigne, tient du prodige. Il abonde<br />

en baguettes croustillantes, couronnes élégantes,<br />

pains campagnards, sans oublier le<br />

meilleur de tous, le pain aux figues.<br />

J’avais enfin accompli mon dessein gastronomique<br />

pour parvenir au dessert, qui représente,<br />

chez Philippe Rochat, pas moins de<br />

quatre plats SANS compter les petits fours et<br />

les chocolats. Le premier dessert était un<br />

Miroir de Cassis aux Baies de Sureau, Crème<br />

Glacée aux Poires William’s du Valais.<br />

Représentez-vous une mousse de cassis couronnée<br />

d’un glaçage scintillant et accompagnée<br />

d’une extraordinaire glace à la poire<br />

William. Encore une manifestation de yin et<br />

yang dont je vous parlais auparavant. L’eau de<br />

vie de poire William, onctueuse, possédait<br />

juste assez de mordant pour composer un stupéfiant<br />

contraste avec le miroir de cassis.<br />

La parade des desserts s’est poursuivie par<br />

un plat de sorbets intenses et parfaits, puis par<br />

un plat de crème glacée, présentés à chaque<br />

fois sous forme de trilogie. Les sorbets arboraient<br />

les saveurs du grapefruit, de la mangue<br />

et des framboises alors que les crèmes glacées<br />

se dégustaient au praliné, vanille et yogourt au<br />

citron vert. La crème glacée à la vanille mérite<br />

à elle seule le voyage jusqu’à Crissier: presque<br />

noire, avec des morceaux de gousses de<br />

vanille, elle ferait honte à toutes celles que je<br />

n’ai jamais goûtées.<br />

Enfin vient le moment tant attendu du dernier<br />

défi, l’acte ultime de la chorégraphie: le<br />

chariot à dessert. Il est toujours divertissant<br />

de contempler les expressions des visages<br />

dans la salle lorsque les convives parvenus à<br />

cet instant sont confrontés au gigantesque<br />

choix de tartes et de fruits pochés – prenezen<br />

autant que vous voulez. Sourires de culpabilité,<br />

yeux écarquillés par l’incrédulité, frottements<br />

de mains. Chacun présente au moins<br />

l’une de ces manifestations. La Tarte Vaudoise<br />

représente ma constante personnelle. Il s’agit<br />

d’une tarte dont l’appareil est constitué d’une<br />

crème à la cannelle fortement réduite. Après<br />

une extraordinaire tarte au chocolat douxamer,<br />

j’ai déclaré forfait. Pas complètement<br />

toutefois, car d’irrésistibles petits chocolats<br />

sont réapparus avec le café.<br />

Une lumière de fin d’après-midi embrasait<br />

déjà le ciel et, par miracle, le brouillard s’est<br />

brièvement déchiré pour laisser percer quelques<br />

instants les lueurs du couchant. Parfaitement<br />

conscient que cet exercice ne suffirait<br />

certainement pas à compenser la prise de<br />

calories, je me suis néanmoins rendu à Glion,<br />

au-dessus de Montreux, où j’ai couru dans<br />

l’obscurité grandissante jusqu’à être entièrement<br />

enveloppé par la nuit. A tous égards, un<br />

jour parfait. ■<br />

PHILIPPE ROCHAT<br />

RESTAURANT DE L’HOTEL DE VILLE<br />

1023 Crissier<br />

Téléphone: +41 (0)21 634 05 05<br />

Fax: +41 (0)21 634 24 64<br />

www.philippe-rochat.ch<br />

32 | 33


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

Quantième Perpétuel Villeret<br />

<strong>SI</strong>


DEWAYS<br />

Dans ce récit d’une épopée qui s’étend sur<br />

plusieurs jours, des esprits caustiques<br />

auraient avantageusement remplacé le mot<br />

vacances par celui de beuverie. Au cœur d’une<br />

des grandes régions viticoles du sud de la<br />

Californie, le personnage principal du film, un<br />

benêt œnophile débite à jet continu des avis<br />

définitifs sur les vins, saluant par des envolées<br />

lyriques la fragilité, le caractère capricieux, la<br />

délicatesse ou les vertus du pinot noir et<br />

dépréciant le merlot par des jugements sans<br />

appel ponctués de l’affirmation péremptoire:<br />

« si quelqu’un commande du merlot... je m’en<br />

34 | 35<br />

« <strong>SI</strong>DEWAYS » EST L’UN DES GRANDS SUCCÈS CINÉMATO-<br />

GRAPHIQUES DE L’AN DERNIER. SALUÉ DE TOUTES PARTS,<br />

IL A ÉTÉ NOMINÉ POUR L’OSCAR DU MEILLEUR FILM DE<br />

L’ANNÉE, ET POUR L’OSCAR DU MEILLEUR SECOND RÔLE,<br />

TENU PAR THOMAS HAYDEN CHURCH, QU’IL A REMPORTÉ.<br />

LA NOTORIÉTÉ DE <strong>SI</strong>DEWAYS A ÉTÉ TELLE QUE L’INFLUENCE<br />

DU FILM S’EST ÉTENDUE BIEN AU-DELA DU DOMAINE DU<br />

DIVERTISSEMENT.<br />

6057-3642-53B<br />

Le principal intérêt<br />

est l’absence des<br />

correcteurs sur le<br />

côté et la pureté des<br />

lignes qui en résulte<br />

PAR JEFFREY S. KINGSTON<br />

vais ! ». Résultat: les ventes de pinot noir ont<br />

augmenté de 34% alors que celles de merlot<br />

ont enregistré une chute brutale.<br />

Bien que le film ait rencontré un vif succès<br />

commercial et qu’il soit même parvenu à<br />

déstabiliser le marché du vin, personne ne<br />

peut en expliquer le titre. Que veut dire au<br />

juste « Sideways » ? Est-ce un terme d’argot utilisé<br />

pour désigner un ivrogne ? Les protagonistes<br />

du film, tous deux des ratés, se distinguent<br />

en effet par une consommation de vin particulièrement<br />

élevée. Ou serait-ce une allusion à la<br />

manière dont les bouteilles sont conservées ?


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

Ingénieusement déplacés, les correcteurs<br />

du quantième sont disposés sous les cornes<br />

Nul ne peut le dire. Le film est reconnu pour ce<br />

qu’il est et, à l’évidence, aussi pour ce qu’il dit<br />

sur le vin, son titre mystérieux et le charme de<br />

sa narration.<br />

La première fois que j’ai posé les yeux sur le<br />

nouveau Villeret Quantième Perpétuel, peu de<br />

temps après avoir vu le film, son titre m’est<br />

immédiatement venu à l’esprit. Et pour un<br />

motif qui n’a rien à voir avec les mérites comparés<br />

du pinot noir et du merlot. Non, le catalyseur<br />

qui a fait surgir le mot « sideways » sur le<br />

devant de la scène était la pureté absolue du<br />

profil de la montre. Habituellement, chacun<br />

s’attend à ce qu’une montre à quantième,<br />

même perpétuel, possède des correcteurs disposés<br />

sur son flanc. Cependant, sur le nouveau<br />

Quantième Perpétuel, <strong>Blancpain</strong> est parvenue<br />

à une extraordinaire élégance et des<br />

lignes parfaitement épurées lorsqu’il est<br />

contemplé « sideways », c’est-à-dire latéralement,<br />

en retirant les correcteurs du côté visible<br />

du boîtier. La signification du titre « Sideways »<br />

restera peut-être à jamais obscure pour ce film<br />

qui a ravi le public, mais ce terme s’applique<br />

parfaitement au Villeret Quantième Perpétuel !<br />

Il est rare que l’aspect novateur d’un gardetemps<br />

réside davantage dans ses éléments<br />

cachés que dans ceux qui sont visibles. Une<br />

observation d’autant plus pertinente en cette<br />

époque de montres audacieuses, extravagantes<br />

parfois, souvent de dimensions généreuses.<br />

Pourtant, <strong>Blancpain</strong> a conçu la ligne<br />

Villeret de sorte à incarner les valeurs les plus<br />

traditionnelles, le raffinement et l’élégance de<br />

la haute horlogerie. Chacune des caractéristiques<br />

des montres de la collection est un hommage<br />

à la retenue et à une discrète distinction.<br />

Les boîtiers sont ronds et classiques, la<br />

finition du mouvement est réalisée ton sur<br />

ton, une technique qui requiert l’emploi<br />

d’une seule nuance de métal blanc, en l’absence<br />

de vis bleuies, de gravures jaunes ou<br />

autres contrastes de couleurs. La masse oscillante<br />

en or est même rhodiée afin de ne pas<br />

attirer démesurément le regard. L’extension<br />

de ces principes aux correcteurs, habituellement<br />

disposés sur le côté du boîtier, n’est-elle<br />

pas à cet égard un souhait légitime ? Et comment<br />

les adapter à la ligne de <strong>Blancpain</strong> la<br />

plus empreinte de discrétion, si ce n’est en<br />

ôtant les éléments généralement visibles sur<br />

une montre à quantième, les correcteurs ?<br />

Telle est la loi d’un raffinement obtenu par la<br />

suppression d’une complication.<br />

Vous souhaitez la pureté des lignes ? Retirez<br />

simplement les correcteurs ! Un axiome très<br />

séduisant en théorie. Mais, c’est alors que<br />

la dure réalité s’abat sur vous comme une<br />

douche glacée. Les correcteurs sont un élément<br />

essentiel des montres compliquées à quantième.<br />

Il est impossible de les enlever et de laisser<br />

le propriétaire de la montre livré à ses propres<br />

ressources. Il doit exister un moyen de<br />

régler le jour, le quantième, le mois, l’année<br />

bissextile et la phase de lune sur la montre.<br />

Depuis l’ère des montres de poche à quantième,<br />

les horlogers ont disposé les correcteurs<br />

sur le côté de la montre. A chaque pression<br />

imprimée par un instrument de réglage (généralement,<br />

un petit stylet de métal livré avec la<br />

montre, mais les collectionneurs particulièrement<br />

avisés utilisent de préférence un curedent<br />

en bois pour prévenir toute rayure sur le<br />

métal en cas de glissement involontaire de la<br />

main), les correcteurs reliés à la planche de


quantième du mouvement avancent d’une<br />

position l’affichage de chaque élément du<br />

calendrier: le jour, le quantième, le mois.<br />

Attention cependant, cette opération ne s’effectue<br />

qu’après avoir pris le temps de lire<br />

attentivement le mode d’emploi, afin de s’assurer<br />

du moment où le réglage des indications<br />

ne comporte aucun risque<br />

pour le mouvement. Les correcteurs<br />

constituent le<br />

moyen indispensable pour<br />

régler une montre récemment<br />

acquise ou qui n’a pas été portée pendant<br />

un certain temps, au jour, au quantième, au<br />

mois, à la position de l’année bissextile et à la<br />

phase de lune actuels. De ce fait, le souhait de<br />

<strong>Blancpain</strong> de souligner encore l’élégance de la<br />

ligne Villeret en retirant les correcteurs du<br />

flanc de boîtier ne pouvait voir le jour que par<br />

la découverte d’un emplacement alternatif.<br />

Mais, si ce n’est sur le côté, où donc disposer<br />

les correcteurs ? Les possibilités étant par<br />

nature limitées, seuls le cadran et le fond de la<br />

montre peuvent entrer en considération. A<br />

l’évidence, le seul emplacement dissimulé au<br />

regard serait le fond de la montre. Mais comment<br />

des correcteurs placés à cet endroit<br />

auraient-ils pu agir sur la planche de quantième,<br />

située juste sous le cadran ?<br />

La réponse de <strong>Blancpain</strong> à cette contrainte<br />

technique, qui a depuis fait l’objet d’un brevet,<br />

est aussi ingénieuse qu’inédite. Complètement<br />

invisibles lorsque la montre est portée,<br />

les correcteurs ont été disposés sous les<br />

cornes. A l’origine de cette innovation, l’un<br />

des horlogers consacrés à la fabrication de la<br />

1735 au Brassus. La 1735 de <strong>Blancpain</strong> est la<br />

montre-bracelet la plus compliquée au monde:<br />

répétition minutes, quantième perpétuel,<br />

chronographe à rattrapante et tourbillon.<br />

L’un des deux horlogers qui construisent la<br />

1735 a eu une inspiration de génie en imaginant<br />

les correcteurs logés sous les cornes:<br />

une disposition qui ne requérrait aucun<br />

IL EST RARE QUE L’ASPECT NOVATEUR D’UN<br />

GARDE-TEMPS RÉ<strong>SI</strong>DE DANS SES ELEMENTS CACHÉS<br />

PLUTÔT QUE DANS CEUX QUI SONT VI<strong>SI</strong>B<strong>LES</strong>.<br />

changement dans le mouvement, mais affinerait<br />

encore la ligne de la montre.<br />

Cependant, cette solution ne se résume pas<br />

à un appréciable perfectionnement esthétique.<br />

Les correcteurs traditionnels agissent<br />

directement sur les composants du mouvement<br />

pour procéder au changement d’une<br />

indication (jour, date, etc.). Les correcteurs<br />

cachés de <strong>Blancpain</strong> interviennent également<br />

sur les composants du mouvement, mais le<br />

font par l’entremise d’un bras de levier.<br />

Détail d’un correcteur et<br />

de son ressort intégré<br />

36 | 37<br />

Regardez attentivement la photographie du<br />

boîtier prototype illustrant le correcteur. Le<br />

bouton du correcteur, qui est caché sous les<br />

cornes, est relié à un axe doté d’un petit bras<br />

destiné à enclencher le mouvement. Ce petit<br />

bras fournit la force requise. Si un outil était<br />

nécessaire pour réaliser l’ajustement des précédents<br />

correcteurs, le réglage peut être désormais<br />

réalisé par une simple pression d’un<br />

ongle. Mais une petite dose de magie et de<br />

raffinement ne suffisent pas à expliquer la


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

LA RÉPONSE DE BLANCPAIN À CETTE CONTRAINTE TECHNIQUE, QUI<br />

mise au point de cette innovation mondiale.<br />

Car si <strong>Blancpain</strong> souhaitait que la montre<br />

puisse être réglée sans recourir à un instrument,<br />

la Manufacture ne voulait pas rendre<br />

trop aisée la manipulation des correcteurs. Il<br />

aurait été pour le moins perturbant que les<br />

correcteurs soient involontairement actionnés<br />

si la montre est simplement portée ou lorsque<br />

son propriétaire l’attache ou la détache. De<br />

considérables efforts ont donc été consentis<br />

pour développer un système à ressort qui<br />

garantit qu’une correction ne puisse intervenir<br />

que lorsqu’elle est véritablement désirée.<br />

A DEPUIS FAIT L’OBJET D’UN BREVET, EST AUS<strong>SI</strong> INGÉNIEUSE<br />

QU’INÉDITE. COMPLÈTEMENT INVI<strong>SI</strong>B<strong>LES</strong> LORSQUE LA MONTRE EST<br />

PORTÉE, <strong>LES</strong> CORRECTEURS ONT ÉTÉ DISPOSES SOUS <strong>LES</strong> CORNES.<br />

1 2<br />

3 4<br />

Néanmoins, en honneur à la tradition,<br />

<strong>Blancpain</strong> a résolu de continuer à fournir le<br />

petit instrument de réglage, dans le cas où<br />

l’agrément de réaliser cette opération à main<br />

nue représenterait une coupable entorse à<br />

l’inconfort d’une ancienne habitude.<br />

Maintenant que <strong>Blancpain</strong> a conféré aux<br />

correcteurs une discrétion et une aisance de<br />

manipulation inédites, il importe de dire quelques<br />

mots sur la manière de les utiliser. La lecture<br />

du mode d’emploi constitue toujours<br />

un préalable indispensable à tout port ou<br />

réglage. Et cette remarque s’applique d’au-<br />

A<br />

Il y a quatre correcteurs pour le calendrier. 1: correcteur de la date, 2: correcteur de l'année et du mois,<br />

3: correcteur du jour de la semaine, 4: correcteur des phases de lune.<br />

tant plus aux montres à quantième, que le<br />

manuel d’utilisation recèle des mises en<br />

garde très spécifiques contre toute tentative<br />

de réglage du calendrier à l’aide des correcteurs<br />

lorsque la montre indique certaines<br />

heures de la journée. Pourquoi en est-il ainsi ?<br />

Et pour quel motif l’utilisation des correcteurs<br />

est-elle proscrite à certaines heures ?<br />

La raison réside dans le mode de construction<br />

des mécanismes à quantième. Les changements<br />

de jour, quantième, mois et phase<br />

de lune se produisent sur une période de<br />

plusieurs heures, généralement autour de<br />

2 1<br />

appuyer<br />

appuyer<br />

4 3


minuit. Mais restez très prudents ! En fonction<br />

de la conception du mécanisme de calendrier,<br />

certaines indications, à l’instar de la phase de<br />

lune, peuvent changer vers midi; lisez le<br />

manuel de votre montre ! Comme tout changement<br />

d’indication retire de l’énergie au<br />

mouvement, toutes les modifications ne se<br />

produisent pas simultanément, mais interviennent<br />

l’une après l’autre. De la même<br />

manière, une fois encore pour réduire la force<br />

soustraite au mouvement, chaque changement<br />

se déroule sur un certain laps de temps,<br />

parfois sur une période de plusieurs minutes.<br />

Voilà pourquoi la période de vigilance, indiquée<br />

dans le mode d’emploi, au cours de<br />

laquelle aucune manipulation des correcteurs<br />

ne doit être réalisée, s’étend sur plusieurs<br />

heures. Pendant la période où les changements<br />

sont en cours, les rouages, cames et leviers du<br />

mouvement sont enclenchés pour déplacer<br />

l’indication au jour suivant. Si un correcteur<br />

est actionné pendant cette période, c’est-àdire<br />

lors de l’enclenchement d’un rouage,<br />

d’une came ou d’un levier, ces pièces risquent<br />

d’être endommagées par la force de pression<br />

exercée par le correcteur. Pour des motifs analogues,<br />

l’ajustement de l’heure, en déplaçant<br />

les aiguilles en sens contraire pendant le cycle<br />

de changement, peut endommager les pièces<br />

sur de nombreux mouvements (ce n’est pas le<br />

cas pour le mécanisme de la Villeret<br />

Quantième Perpétuel avec Correcteurs sous<br />

Cornes car sa planche de quantième supporte<br />

les changements d’heure en sens contraire.<br />

Néanmoins, d’autres quantièmes perpétuels<br />

<strong>Blancpain</strong> n’autorisent pas de réglage dans le<br />

sens inverse des aiguilles autour du passage<br />

de date vers minuit. Une fois encore, la règle<br />

universelle « lire le manuel » s’applique !).<br />

Dans la seconde partie de cet article, nous<br />

explorerons en détail la planche de quantième<br />

perpétuel, et découvrirons en particulier comment<br />

le mouvement prend en compte les différentes<br />

longueurs des mois établies par le<br />

calendrier grégorien. Dans nos vies modernes<br />

marquées par le rythme des ordinateurs, nous<br />

tendons volontiers à considérer le nombre<br />

variable des jours dans un mois comme une<br />

évidence. Il suffit aux concepteurs de logiciels<br />

d’introduire un code de quelques lignes pour<br />

qu’il ne soit plus nécessaire d’en parler. Ce<br />

n’est pas le cas sur une montre mécanique.<br />

Il faut en effet du génie pour donner à un<br />

système de rouages la capacité de décompter<br />

les mois de moins de 31 jours. Dans notre<br />

prochain numéro, nous mettrons sous le<br />

microscope le mécanisme utilisé dans la<br />

Villeret Quantième Perpétuel, et examinerons<br />

en profondeur son fonctionnement. ■<br />

Cette partie du boîtier<br />

montre la disposition<br />

du correcteur. Le doigt<br />

agit sur le mouvement<br />

38 | 39


GROS PLAN


LE PRODIGE<br />

★<br />

CHAQUE MONTRE BLANCPAIN EST UNE CREATION<br />

PERSONNELLE. RENCONTRE AVEC L’UN DES PLUS TALENTUEUX<br />

JEUNES HORLOGERS DE BLANCPAIN.<br />

PAR JEFFREY S. KINGSTON<br />

40 | 41


GROS PLAN<br />

Nous vivons une<br />

époque où le politiquement<br />

correct n’épargne aucun domaine.<br />

Si considérable est le pouvoir des grands<br />

prêtres du politiquement correct (mais<br />

pour l’amour du ciel, ne les appelez jamais<br />

ainsi !) qui contrôlent l’observation de leurs<br />

oukases et en édictent de nouveaux, que<br />

certaines violations sont condamnées et<br />

châtiées avec plus de virulence que pour<br />

un simple meurtre (car, nous le savons, certaines<br />

circonstances peuvent excuser un<br />

meurtre perpétré au nom du politiquement<br />

correct). Dans la liste des offenses malum<br />

per se, les stéréotypes occupent sans<br />

conteste une position privilégiée. En un<br />

temps où tout groupe est une « communauté<br />

» et où il importe d’être à chaque instant<br />

« sensible aux différences culturelles »,<br />

l’énoncé d’un stéréotype s’apparente à un<br />

crime, qui suffit à ruiner une carrière poli-<br />

Le monde d’un<br />

horloger relève<br />

du microcosme<br />

tique, justifier l’expulsion<br />

d’une université, briser<br />

l’ascension professionnelle d’un cadre<br />

ou détruire irrémédiablement la confiance<br />

de ses propres enfants. Nous en<br />

sommes tous parfaitement conscients. Il<br />

est STRICTEMENT interdit de prononcer un<br />

stéréotype à voix haute. D’ailleurs, il est<br />

préférable de ne même pas le penser. Quelle<br />

est donc notre intention ici ? Nous allons<br />

tenter de trouver une faille et écrire sur les<br />

stéréotypes.<br />

A l’évidence, des règles fondamentales<br />

sont nécessaires. Si vous êtes un haut<br />

dignitaire du politiquement correct (ou<br />

engagé dans une étroite relation personnelle<br />

avec l’un d’entre eux), un simple clic<br />

de souris vous emmènera loin de ce lieu de<br />

dépravation et vous conduira peut-être<br />

vers un site où vous pourrez consulter les<br />

prévisions météorologiques des 15 pro-<br />

chains jours en Patagonie. Cependant, si<br />

nous pouvons tous nous accorder sur le<br />

fait que nous sommes entre amis et que<br />

nous ne nourrissons aucune animosité<br />

envers nos semblables, hommes et femmes,<br />

y compris les communautés, sensibilités<br />

ou insensibilités (ce qui embrasse toutes<br />

les races, croyances, religions, âges, groupes<br />

ethniques, convictions, tendances, hauteurs,<br />

circonférences, couleurs de cheveux, goûts<br />

musicaux et propension à manger des produits<br />

d’origine animale), nous pouvons<br />

partager quelques instants agréables de<br />

manière confidentielle (ce qui veut dire que<br />

je n’ai jamais écrit cet article, que vous ne<br />

l’avez jamais lu et qu’il pleut à verses en<br />

Patagonie).<br />

Ces règles fondamentales une fois établies<br />

et la souris laissée dans son trou, colportons<br />

quelques ragots sous la forme de<br />

stéréotypes non dépourvus de cruauté.


1. Les personnages politiques forts et volontaires,<br />

qui ont le courage et la volonté de<br />

changer le cours d’une nation ou de l’histoire<br />

sont nécessairement des HOMMES.<br />

Oups ! N’en touchez pas un mot à Margaret<br />

Thatcher. Son caractère était d’une telle fermeté<br />

qu’il lui avait valu le surnom de Dame<br />

de Fer, généreusement octroyé par la presse<br />

française. Elle était suffisamment vaillante<br />

pour affronter sans sourciller un tête-à-tête<br />

avec les responsables syndicaux des mineurs,<br />

aussi costauds qu’hargneux et leur faire<br />

détourner le regard en premier. Son courage<br />

était tel qu’elle a pu imprimer continuellement<br />

de vigoureux élans à l’économie de<br />

son pays, afin de transformer un outil économique<br />

désuet et moribond en plus fort<br />

moteur industriel de l’Europe de l’époque.<br />

2. Les hommes musclés peuvent susciter une<br />

certaine attraction, mais leurs pectoraux,<br />

abdominaux ou deltoïdes ne dissimulent<br />

aucun autre talent, moins encore un cerveau.<br />

Autre position difficile à défendre. Arnold<br />

Schwarzenegger a sans nul doute fait étalage<br />

de sa force au début de sa carrière, mais<br />

depuis lors c’est son intelligence qui en a fait<br />

d’abord un acteur à succès, mais surtout un<br />

homme d’affaires extraordinairement habile.<br />

Aujourd’hui, dans sa quatrième carrière<br />

(Monsieur muscle, acteur, homme d’affaires,<br />

politicien), il a démontré suffisamment<br />

d’adresse pour déjouer les manœuvres<br />

d’une série de législateurs hostiles et devenir<br />

le gouverneur de Californie le plus populaire<br />

depuis des décennies.<br />

42 | 43<br />

3. Tous les grands chefs sont rondelets et<br />

grassouillets.<br />

Une fois de plus, une grossière erreur.<br />

Philippe Rochat vous semble-t-il rondelet ou<br />

grassouillet ?<br />

Philippe Rochat est l’un des deux chefs en<br />

Suisse à qui le guide Michelin a décerné trois<br />

étoiles. Il est aussi unanimement reconnu pour<br />

faire partie du groupe incroyablement restreint<br />

des 10 meilleurs chefs du monde. (Ne<br />

me demandez pas de désigner le meilleur chef<br />

du monde – pourriez-vous nommer le meilleur<br />

vin ou la meilleure cuisine ? A l’évidence<br />

non. Mais je n’hésite pas à dire qu’il mérite<br />

sans conteste sa place sur ma liste personnelle<br />

des trois meilleurs chefs au monde).<br />

Ah, j’allais oublier, n’essayez pas de le mettre<br />

au défi lorsqu’il gravit des collines en patins


GROS PLAN


Comptage manuel<br />

d'un spiral<br />

de balancier du<br />

tourbillon.<br />

<strong>Blancpain</strong> utilise<br />

toujours cette<br />

méthode<br />

traditionnelle<br />

à roulettes ou à bicyclette. Lance Armstrong<br />

y parviendrait dans ses bons jours. Mais<br />

vous, jamais.<br />

A ce propos, encore un détail. Ne commettez<br />

pas l’erreur de relever l’autre partie<br />

de ce stéréotype, celle qui souligne le fait<br />

que les grands chefs sont des hommes, si<br />

vous vous trouvez en face d’Alice Waters. Ce<br />

stéréotype ne résistera pas non plus à son<br />

contact. Cette femme est non seulement un<br />

des chefs les plus réputés au monde, mais<br />

elle a aussi transformé la cuisine des grands<br />

restaurants des Etats-Unis. Mieux encore, elle<br />

a provoqué une révolution dans la production<br />

et le marché des produits alimentaires.<br />

Souvenez-vous qu’à l’origine, le spam désigne<br />

un produit alimentaire confectionné avec des<br />

parties carnées de provenance aussi douteuse<br />

qu’incertaine. Grâce à Alice Waters, les marchés<br />

abondent désormais d’ingrédients artisanaux,<br />

biologiques et d’une irréprochable<br />

fraîcheur.<br />

Vous en avez assez lu ? Pour l’heure, nos<br />

stéréotypes ont du plomb dans l’aile. C’est<br />

peut-être la raison pour laquelle de telles<br />

pensées ne doivent jamais être formulées et<br />

encore moins prononcées. C’est aussi – pour y<br />

mettre un terme – parce qu’elles sont bien souvent<br />

erronées. Mais au point où nous en sommes,<br />

ne nous arrêtons pas en si bon chemin !<br />

4. Les horlogers qui travaillent sur les montres<br />

les plus compliquées sont tous des hommes<br />

d’un certain âge, aux cheveux grisonnants.<br />

Hum, il semble bien que nous ayons<br />

commis un nouvel impair. Et pour illustrer<br />

cela, faisons entrer en scène un jeune<br />

prodige de 22 ans. Voilà moins de deux qu’il<br />

est entré à la Manufacture <strong>Blancpain</strong>, son<br />

premier et unique employeur depuis qu’il a<br />

terminé ses études à l’Ecole Technique de la<br />

Vallée de Joux (la plus renommée des écoles<br />

d’horlogerie suisses). Il a gravi les échelons<br />

de la profession à une vitesse fulgurante et<br />

travaille déjà sur des montres <strong>Blancpain</strong><br />

compliquées, au Brassus. Je l’ai vu pour la<br />

première fois lors d’une visite que j’effectuais<br />

pour obtenir des renseignements sur<br />

les plans de rénovation complète de la<br />

manufacture (qui s’est achevée à la fin de<br />

l’été 2005). J’étais habitué à y croiser, si ce<br />

n’est des horlogers aux cheveux gris, tout du<br />

moins des hommes dans la force de l’âge,<br />

penchés sur leur établi. En jetant un coup<br />

ET SUR CES TROIS DIPLÔMÉS DE L’ÉCOLE D’HORLOGERIE,<br />

DEUX SE SONT TOURNÉS VERS BLANCPAIN POUR<br />

DÉBUTER LEUR CARRIÈRE.<br />

d’œil à l’un des ateliers, j’ai aperçu ce jeune<br />

homme, qui semblait à peine âgé de vingt<br />

ans, profondément absorbé par le tourbillon<br />

posé devant lui. J’admets volontiers ici avoir<br />

péché par discrimination d’âge, car je suis<br />

entré dans la pièce en chancelant, bouche<br />

bée, avec la même incrédulité que si j’avais<br />

vu Paris Hilton se glisser sur le siège d’un<br />

capitaine de 747. Rassemblant mon français<br />

le plus diplomatique, j’ai chuchoté quelques<br />

mots aux horlogers assis à leur établi pour<br />

leur faire part de mon étonnement de voir ce<br />

jeune homme aux prises avec un tourbillon !<br />

« Naturellement », m’ont-ils répondu à l’unisson,<br />

44 | 45


GROS PLAN<br />

« c’est l’un de nos plus talentueux jeunes horlogers<br />

». Je l’ai revu deux jours plus tard, lors<br />

du rituel pique-nique estival de <strong>Blancpain</strong> sur<br />

les rives du Léman et n’ai pu résister à l’envie<br />

d’engager la conversation. Après avoir aimablement<br />

échangé quelques propos badins<br />

d’usage, j’ai mentionné le fait que je l’avais<br />

vu, l’autre jour au Brassus, en train de travailler<br />

sur un tourbillon. Cette phrase a produit<br />

le même effet que si j’avais actionné un commutateur.<br />

Immédiatement, son regard s’est<br />

illuminé et son attitude est devenue parfaitement<br />

professionnelle. En effet, il s’agissait du<br />

premier tourbillon sur lequel il travaillait et<br />

pour indiquer que le plaisir était à la hauteur<br />

de ses attentes, il éleva son pouce et son<br />

index joints devant sa bouche, en geste<br />

caractéristique. Sur-le-champ, j’ai réalisé que<br />

je devais raconter comment ce jeune homme<br />

de 22 ans avait déjà accompli de telles<br />

prouesses dans sa profession.<br />

Comme il se doit, son histoire débute par<br />

des années d’école. Né à Crissier, il a vécu<br />

ces quatorze dernières années à la Vallée de<br />

Joux, près du Sentier. Incité par ses parents à<br />

poursuivre une carrière médicale, il a rapide-<br />

ment réalisé que la médecine n’était pas sa<br />

vocation. Passionné par les mystères de la<br />

mécanique et particulièrement heureux de<br />

résoudre des problèmes dans ce domaine, il<br />

s’est présenté à l’examen d’entrée pour suivre<br />

des études à l’Ecole technique. Si les jeunes<br />

Suisses ont la chance d’être encore largement<br />

préservés des concours d’entrée,<br />

conseils en orientation, stages, manœuvres<br />

et autres coups de piston qui représentent,<br />

sous d’autres cieux, autant de passages obligés<br />

avant que ne s’ouvrent enfin les portes<br />

d’une grande école ou d’une université<br />

cotée, il n’en reste pas moins qu’il est loin<br />

d’être facile d’obtenir son ticket d’entrée à la<br />

plus prestigieuse des écoles d’horlogerie. Les<br />

exigences sont élevées et seul un petit pourcentage<br />

de candidats sera finalement<br />

accepté.<br />

Les études s’étendent sur quatre ans et<br />

s’achèvent avec l’obtention d’un CFC<br />

(Certificat Fédéral de Capacité) en horlogerie.<br />

S’il n’est pas simple d’être admis à l’Ecole<br />

Technique, il faut aussi démontrer de solides<br />

qualités pour parvenir au terme d’une formation,<br />

qui n’est pas exactement ce qu’on<br />

peut appeler une partie de plaisir. Sur les 14<br />

élèves de sa classe, seuls huit ont passé avec<br />

succès les divers niveaux de sélection. Sur<br />

ces huit, cinq ont décidé de ne pas entreprendre<br />

tout de suite une carrière dans l’horlogerie<br />

et ont préféré travailler comme technicien,<br />

se faire engager par des agences de<br />

design horloger ou se consacrer à la restauration<br />

de montres et pendules anciennes. Ainsi,<br />

seuls trois diplômés sont finalement entrés<br />

dans le monde classique de l’horlogerie.<br />

Et sur ces trois diplômés (qui ont tous été<br />

sollicités par les plus grands représentants de<br />

l’industrie horlogère), deux se sont tournés<br />

vers <strong>Blancpain</strong> pour débuter leur carrière.<br />

Pourquoi <strong>Blancpain</strong> ? Parce que <strong>Blancpain</strong><br />

possède une approche holistique de l’horlogerie.<br />

Depuis leur tout premier jour à la<br />

Manufacture, les horlogers apprennent à<br />

assembler une montre de A à Z. Une méthode<br />

qui contraste avec la pratique de nombreuses<br />

autres marques horlogères qui préfèrent compartimenter<br />

ces opérations. Ailleurs, de jeunes<br />

horlogers passent de longues périodes à procéder<br />

uniquement au réglage ou à l’emboîtage<br />

des montres.


Nul n’est besoin de préciser que le A à Z ne<br />

commence pas avec un tourbillon. Il débute<br />

par l’assemblage du mouvement 1150, le<br />

superbe cheval de trait de <strong>Blancpain</strong>, avec<br />

ses 100 heures de réserve de marche.<br />

Rapidement, le jeune et talentueux horloger<br />

s’est révélé assez qualifié pour travailler sur<br />

les montres <strong>Blancpain</strong> à complications,<br />

dotées du calibre 1150, telles que le quantième<br />

complet à phases de lune GMT.<br />

En passant, il a aussi acquis de l’expérience<br />

avec le mouvement 6,15, utilisé dans<br />

la Ladybird de <strong>Blancpain</strong>. Ensuite, ce fut le<br />

tour du quantième perpétuel.<br />

Alors qu’il me racontait cette progression<br />

vers des montres toujours plus compliquées,<br />

je l’ai interrompu. Comment a-t-il fait pour<br />

passer sous silence le fait qu’il soit devenu<br />

expérimenté dans autant de complications et<br />

de mouvements différents alors que ses<br />

condisciples de l’Ecole technique sont peutêtre<br />

toujours en train de travailler sur leur<br />

premier mouvement, voire seulement quelques<br />

éléments de ce mouvement ? Il m’a<br />

donné une réponse aussi claire que limpide:<br />

tout est une question de motivation. Pour<br />

lui, l’horlogerie n’est pas un métier, c’est une<br />

passion.<br />

D’ailleurs, il possède une méthode très<br />

ingénieuse pour être affecté à de nouvelles<br />

tâches. Lorsqu’il voit un autre horloger travailler<br />

sur une complication qui manque<br />

encore à son<br />

palmarès, il<br />

consacre du temps<br />

à observer les nouvelles<br />

techniques et à<br />

interroger ses collègues<br />

plus expérimentés. Et chez <strong>Blancpain</strong>, jamais<br />

personne n’a refusé de lui répondre.<br />

Gravissant ainsi à vitesse forcée un échelon<br />

après l’autre, il est parvenu jusqu’aux tourbillons.<br />

Il est évident que les tourbillons lui plaisent<br />

énormément. Il aime particulièrement la<br />

finesse de la cage et les composants presque<br />

microscopiques qui la constituent.<br />

Bien entendu, il est fier d’avoir si rapidement<br />

maîtrisé le niveau extrême de concentration<br />

et de précision que requiert ce mécanisme<br />

d’une infinie délicatesse.<br />

Voilà qui fait surgir une nouvelle question.<br />

Lorsqu’il se penche sur une construction aussi<br />

complexe et difficile, lui arrive-t-il de ressentir<br />

de l’énervement, de la frustration et d’être<br />

contraint de laisser son travail de côté pour un<br />

temps ? Ma question a clairement pénétré dans<br />

un territoire familier à tout horloger qui travaille<br />

sur des complications ardues. « Oui, a-t-il<br />

avoué, il y a des moments où j’ai l’impression<br />

que ma tête devient deux fois plus grosse ».<br />

Mais plutôt que de laisser une tâche de côté<br />

afin de la reprendre plus tard (vraisemblablement<br />

quand le gonflement aura cessé), il préfère<br />

persévérer jusqu’à résoudre le problème.<br />

Et quel objectif vise-t-il désormais ? Quel<br />

défi l’attend après le tourbillon ? Il a déjà en<br />

46 | 47<br />

vue une nouvelle terre:<br />

le chronographe à rattrapante<br />

! En effet, à<br />

côté de lui – sur l’établi<br />

du voisin, si vous<br />

préférez – un horloger se concentrait sur<br />

le Chronographe Flyback à Rattrapante<br />

Quantième Perpétuel de la collection Le<br />

Brassus. Comme il a déjà entamé sa batterie<br />

de questions et d’observations, il ne doute<br />

guère que le chronographe à rattrapante<br />

sera la prochaine étape de son ascension fulgurante<br />

des échelons de la profession.<br />

Et qu’en est-il de la vie à la Vallée de Joux ? Et<br />

comment exprimer cette question avec toute<br />

la délicatesse requise ? Aussi romantique que<br />

puisse résonner aux oreilles des collectionneurs<br />

la notion de « berceau de l’horlogerie », cette<br />

vallée au cœur du Jura, où s’étend un scintillant<br />

lac de montagne n’a jamais prétendu rivaliser<br />

avec la vie nocturne trépidante de<br />

Londres, Paris ou New York. Y a-t-il même dans<br />

cette vallée un lieu où s’amuser la nuit ? Oui.<br />

Une discothèque. Il ne s’y est rendu qu’une<br />

IMMÉDIATEMENT, SON REGARD S’EST ILLUMINÉ ET SON ATTITUDE EST DEVENUE<br />

PARFAITEMENT PROFES<strong>SI</strong>ONNELLE. EN EFFET, IL S’AGISSAIT DU PREMIER<br />

TOURBILLON SUR LEQUEL IL TRAVAILLAIT ET POUR INDIQUER QUE LE PLAI<strong>SI</strong>R<br />

ÉTAIT À LA HAUTEUR DE SES ATTENTES, IL ÉLEVA SON POUCE ET SON INDEX<br />

JOINTS DEVANT SA BOUCHE, EN UN GESTE CARACTÉRISTIQUE.<br />

Inspection détaillée d’un<br />

Tourbillon Grande Date<br />

seule fois et uniquement après avoir cédé à<br />

l’insistance de sa sœur, qu’il ne voulait pas<br />

décevoir. Car il est plutôt adepte des plaisirs<br />

desquels la Vallée regorge, la nature, le sport<br />

(saviez-vous que le petit téléski installé à une<br />

trentaine de mètres de la Manufacture du<br />

Brassus vide les ateliers, le vendredi après-midi,<br />

lorsque la neige est fraîche et poudreuse)<br />

ainsi que les soirées paisibles, passées à partager<br />

une fondue entre amis. ■


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

HISTOIRES COURTES 2005<br />

PETIT TOUR D’HORIZON DES NOUVEAUTÉS PRÉSENTES<br />

DANS <strong>LES</strong> VITRINES DE NOS CONCES<strong>SI</strong>ONNAIRES<br />

PAR JEFFREY S. KINGSTON<br />

FLYBACK GRANDE DATE<br />

AQUA LUNG GRANDE DATE<br />

Il existe des évolutions que nous regrettons et<br />

d’autres que nous approuvons. Voici mon palmarès<br />

personnel des tendances que je déplore:<br />

1. Des SUV (Sport Utility Vehicle) toujours<br />

plus grands.<br />

2. Les gesticulations toujours plus longues<br />

et extravagantes des joueurs de football<br />

à chaque but marqué.<br />

3. L’entrée du wasabi dans la grande cuisine<br />

française.<br />

4. L’augmentation du nombre de fonctions<br />

presque impossibles à trouver dans les<br />

programmes Microsoft.<br />

5. L’excès de mégapixels, en particulier<br />

ceux qui apparaissent quelques jours à<br />

peine après que vous veniez de craquer<br />

pour un nouvel appareil photo.<br />

6. L’immense cohorte de radars fixes<br />

qui occupent chaque millimètre des<br />

routes européennes.<br />

7. La longueur des skis qui ne cesse de<br />

diminuer, au point de donner aux<br />

gamins des airs de minuscules moghols.<br />

Ils pourraient s’appeler « rétrécissez-moi ! ».<br />

8. Les nouvelles chaînes télévisées d’information<br />

où le jeu consiste à crier plus fort<br />

que son voisin.<br />

9. Les personnes qui hurlent dans leur téléphone<br />

mobile au restaurant, en particulier<br />

dans ceux de Londres.<br />

10. Le nombre toujours plus réduit de vols<br />

avec accès direct à l’avion dans les aéroports<br />

européens. Vous débutez votre vol<br />

de première classe par un voyage en<br />

bus, dans un entassement humain digne<br />

du métro de Tokyo, tandis que la boucle<br />

d’un sac à dos creuse des sillons sur les<br />

visages de pauvres victimes pressées par<br />

le dos d’autres passagers avides d’un<br />

peu d’air.<br />

Maintenant que nous nous sommes épanchés,<br />

il nous reste au moins une évolution<br />

favorable à applaudir des deux mains:<br />

1. Les montres à grande date.<br />

Par l’une de ces cruelles ironies dont le sort<br />

est coutumier, au fur et à mesure que nous<br />

avançons dans la vie et que nous disposons<br />

des moyens nécessaires à l’acquisition de<br />

garde-temps raffinés, notre acuité visuelle<br />

de proximité nous abandonne et rend la lecture<br />

des cadrans de montres de plus en plus<br />

difficile.<br />

Notre sauveur est la grande date. Une particularité<br />

qui n’est pas uniquement prisée des<br />

personnes à la vision défaillante, mais également<br />

appréciées par les esthètes sensibles à<br />

l’harmonie du cadran.<br />

<strong>Blancpain</strong> présente deux nouveaux modèles<br />

à grande date: le Chronographe Flyback<br />

Grande Date et l’Aqua Lung Grande Date,<br />

en acier.<br />

Flyback Grande Date. Depuis longtemps,<br />

l’une des icônes de la collection <strong>Blancpain</strong>.<br />

Dans sa nouvelle taille de 40 mm, la Flyback<br />

Grande Date dispose de tous les atouts qui<br />

ont forgé le succès de la Flyback, la convertissant<br />

en must pour tout amateur de chronographe:<br />

roue à colonnes, qui offre un<br />

contrôle souple et une manipulation douce<br />

de toutes les fonctions – départ, arrêt et<br />

Cure de jouvence pour un grand classique,<br />

la Flyback Grande Date


PAR L’UNE DES CES CRUEL<strong>LES</strong> IRONIES DU SORT,<br />

AU FUR ET À MESURE QUE NOUS AVANÇONS DANS<br />

L’ÂGE ET DISPOSONS DES MOYENS NÉCESSAIRES À<br />

L’ACQUI<strong>SI</strong>TION DE GARDE-TEMPS RAFFINÉS, NOTRE<br />

ACUITÉ VISUELLE DE PROXIMITÉ NOUS ABANDONNE<br />

ET REND LA LECTURE DES CADRANS DE MONTRES<br />

TOUJOURS PLUS DIFFICILE.<br />

remise à zéro du chronographe; embrayage<br />

vertical du chronographe, pour un enclenchement<br />

d’une parfaite netteté, sans àcoup,<br />

ni hésitation; aiguille flyback qui, sur<br />

une simple pression de remise à zéro, interrompt<br />

automatiquement la course du chronographe,<br />

ramène l’aiguille à zéro et la redémarre.<br />

La Grande Date offre désormais une lisibilité<br />

encore plus grande. Par souci de préserver<br />

l’harmonie du cadran, les disques de la date<br />

se présentent en noir pour s’accorder subtilement<br />

avec les autres éléments.<br />

Aqua Lung Grande Date. Avec ses consœurs<br />

nautiques, la Fifty Fathoms, la Fifty Fathoms<br />

Anniversaire et la Fifty Fathoms Concept, elle<br />

partage l’unique privilège dans le monde de<br />

la plongée, de disposer d’une réserve de<br />

marche d’une durée hors du commun<br />

grâce à son mouvement<br />

dérivé du calibre 1150.<br />

L’Aqua Lung Grande Date<br />

est dotée du calibre 6950<br />

(basé sur le 1150) dont les<br />

285 pièces assurent une<br />

réserve de marche de 70<br />

heures. La contemplation du<br />

L’Aqua Lung Grande Date vue du côté cadran.<br />

Notez le poli miroir sur les chanfreins de la platine<br />

mouvement à travers le fond du boîtier<br />

transparent permet de constater la présence<br />

de toutes les finitions caractéristiques de la<br />

collection Léman: vis bleuies selon la<br />

méthode traditionnelle (traitement de chaleur),<br />

masse oscillante en or rhodié, gravures<br />

bleues, pièces décorées et polies à la main.<br />

Le boîtier en acier brossé est étanche à 100<br />

mètres.<br />

Pour commémorer le 270ème anniversaire<br />

de <strong>Blancpain</strong> célébré en 2005, l’Aqua Lung<br />

Grande Date est produite en série limitée à<br />

2005 exemplaires, chacun numéroté de 1 à<br />

2005.<br />

Aqua Lung Grande Date<br />

48 | 49


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

LE TOURBILLON TRANSPARENCE<br />

Une question rarement formulée, et qui<br />

n’obtient presque jamais de réponse, flotte<br />

toujours de manière vague et insidieuse<br />

dans la conscience de tout collectionneur<br />

qui se respecte: « Bien sûr, je peux voir la<br />

finition à travers le fond transparent de la<br />

montre. Les ponts avec leurs délicats motifs<br />

Côtes de Genève, les platines aux fins perlages,<br />

le scintillant chanfrein poli des platines<br />

et des ponts. Mais qu’en est-il de la finition<br />

des pièces sur la partie du mouvement dissimulée<br />

par le cadran ? » Cette interrogation<br />

revient parfois de manière lancinante,<br />

accompagnée de la torture du doute: « Et<br />

que faire si la déception m’attend alors ? Que<br />

faire si l’horloger qui a réalisé ma montre a<br />

apporté un soin particulier à la partie visible,<br />

exposée aux regards à travers le fond saphir,<br />

mais a appliqué des normes nettement<br />

moins exigeantes à d’autres endroits moins<br />

visibles ? »<br />

A l’évidence, les horlogers, qui connaissent<br />

une montre sous tous ses angles, savent que<br />

la finition des pièces invisibles d’une<br />

<strong>Blancpain</strong> présente la même qualité que celle<br />

des pièces visibles. On peut lire sur Internet de<br />

passionnants articles écrits par des collectionneurs<br />

particulièrement talentueux, qui ont<br />

eux-mêmes démonté leur <strong>Blancpain</strong> et examiné<br />

la finition de chacune des pièces, même<br />

de celles qui restent les plus cachées au regard,<br />

à l’instar des composants du remontoir. (Pour<br />

des collectionneurs moins expérimentés, le<br />

remontoir d’une montre mécanique, profondément<br />

enfoui dans le mouvement, est reliè à<br />

la couronne. Ces pièces permettent à la couronne<br />

de remonter la montre dans une position<br />

et de régler l’heure lorsque la couronne<br />

est retirée dans une position différente). Un<br />

AVEC L’ÉDITION SPÉCIALE TOURBILLON TRANSPARENCE,<br />

BLANCPAIN LÈVE LE VOILE ET <strong>LES</strong> MYSTÈRES DES FINITIONS<br />

SUR DE NOMBREUSES PIÈCES QUI SONT HABITUELLEMENT<br />

DIS<strong>SI</strong>MULÉES AU REGARD.<br />

collectionneur particulièrement expérimenté<br />

a conclu son article en relevant que la finition<br />

de <strong>Blancpain</strong> était parfaite de part en part, y<br />

compris pour le remontoir. (Il parvenait hélas<br />

à une conclusion différente pour une autre<br />

marque où les parties visibles arboraient des<br />

ornementations élaborées, alors que les parties<br />

cachées, en particulier le remontoir au<br />

pendant, étaient décevantes.) Cette conclusion<br />

s’est également imposée dans les mains<br />

d’un grand nombre de collectionneurs<br />

experts qui parviennent à sentir avec un<br />

doigté accompli la finition d’une <strong>Blancpain</strong><br />

lorsqu’ils remontent la montre, retirent la<br />

couronne, actionnent un poussoir de chrono-


Un garde-temps pour connaisseurs:<br />

Le Tourbillon Transparence<br />

50 | 51<br />

graphe, changent l’heure d’une fonction<br />

GMT ou procèdent à tout autre réglage<br />

sur la montre.<br />

Avec l’édition spéciale Tourbillon<br />

Transparence, <strong>Blancpain</strong> lève le voile et le<br />

mystère des finitions sur de nombreuses<br />

pièces qui sont habituellement dissimulées<br />

au regard. Désormais, outre les horlogers<br />

et LE collectionneur sur 10 millions<br />

qui possède l’audace nécessaire pour<br />

démonter sa montre, chacun peut apprécier<br />

les raffinements du côté du mouvement,<br />

habituellement caché par le cadran<br />

d’une Tourbillon Grande Date de <strong>Blancpain</strong>.<br />

<strong>Blancpain</strong> a uni l’art et la science pour parvenir<br />

à la transparence du cadran. Le cadran<br />

est composé d’une plaque de saphir dont<br />

l’épaisseur ne dépasse pas 0,40 mm. De<br />

minuscules trous constituent les points de<br />

fixation pour chasser les index bâtons<br />

diamantés et facettés.<br />

A l’évidence, la totalité de cet effort<br />

était destinée à mettre en valeur les<br />

éléments habituellement dissimulés par<br />

le cadran. L’heureux détenteur d’un<br />

Tourbillon Transparence peut désormais<br />

admirer des deux côtés de la montre le travail<br />

raffiné du mouvement. Si toutes les opérations<br />

de polissage sont naturellement réalisées<br />

à la main, la décoration et la finition<br />

d’un mouvement représentent une opération<br />

tellement personnelle que l’expert peut<br />

reconnaître à de petits détails quel horloger<br />

particulier du Brassus en est l’auteur !<br />

Composé de 307 pièces et offrant une<br />

réserve de marche de 7 jours, le mouvement<br />

du Tourbillon Grande Date est logé dans un<br />

boîtier en platine de 38 mm. Et comme il<br />

sied à une réalisation de haute horlogerie, le<br />

Tourbillon Transparence est doté d’un bracelet<br />

à boucle déployante.<br />

<strong>Blancpain</strong> a célébré l’an dernier son 270ème anniversaire (1735 – 2005). Le Tourbillon<br />

Transparence s’est inscrit au programme des<br />

festivités et, pour rendre hommage à cette<br />

date mémorable, cette création horlogère<br />

a été proposée dans une édition limitée à<br />

27 pièces.


DANS L’AIR DU TEMPS<br />

L’ÉDITION LIMITÉE<br />

RÉVEIL ANNIVERSAIRE<br />

Que vous rêviez d’en posséder un ou<br />

que vous les abhorriez, seul le plus retiré<br />

des ermites tibétains n’a pas encore remarqué<br />

l’évolution des SUV. Conçus à l’origine<br />

comme moyens de transport purement utilitaires<br />

destinés à accomplir des travaux de<br />

force avec, dans le meilleur des cas, la<br />

sinistre détermination d’un apparatchik<br />

aux heures de gloires de l’Union soviétique,<br />

ils se sont progressivement transformés<br />

en véhicules doués de l’éclat, du tonus<br />

et du panache des automobiles de sport les<br />

plus exotiques. Apportons immédiatement<br />

l’indispensable précision sur ce point: en<br />

établissant ce parallèle, je ne suggère à<br />

aucun instant que le Réveil de <strong>Blancpain</strong><br />

puisse être considéré autrement que<br />

comme l’un des garde-temps les plus<br />

somptueux au monde. Chaque détail a été<br />

pensé et amoureusement réalisé pour remplir<br />

à la perfection toutes les exigences<br />

posées à la « montre de voyage absolue ».<br />

BLANCPAIN PREND LE RÉVEIL ET LUI AJOUTE DÉLIBÉRÉMENT<br />

UNE DOSE DE CHILI, UNE POINTE DE POIVRE DE CAYENNE ET UN<br />

SOUPÇON DE JALAPEÑO.<br />

Détail du marteau<br />

de la sonnerie


Aussi la première partie de mon attaque<br />

contre les SUV peut-elle être considérée<br />

comme hors de propos. Ce n’est pas le cas<br />

de sa seconde partie, car j’ai réellement l’intention<br />

de tracer une analogie, dès qu’il est<br />

question d’épices et de tonus, puisque cette<br />

évolution s’applique parfaitement au nouvel<br />

avatar du Réveil.<br />

Pour cette édition limitée Anniversaire du<br />

Réveil GMT, <strong>Blancpain</strong> a pris le Réveil et l’a<br />

assaisonné d’une bonne dose de chili, d’une<br />

pointe de poivre de Cayenne et d’un soupçon<br />

de jalapeño. Elle se présente dans un<br />

boîtier en or rose 5N, avec un cadran spécial<br />

aux index et chiffres en applique, un bracelet<br />

en caoutchouc très souple qui galbe<br />

parfaitement le poignet et une boucle<br />

déployante en or. C’est un Réveil avec un<br />

pep particulier.<br />

A l’évidence, toutes les caractéristiques de<br />

l’édition Réveil non limitée se retrouvent dans<br />

cette édition Anniversaire, tels que l’affi-<br />

chage d’un second fuseau horaire (heure de<br />

référence et heure du voyage), une indication<br />

de la date indexée au temps du voyage qui se<br />

déplace en avant ou en arrière lorsque<br />

l’heure locale passe le cap de minuit), une<br />

fonction réveil avec un timbre de grand diamètre<br />

à la profonde sonorité musicale, le<br />

remontage automatique de la sonnerie et du<br />

barillet du mouvement et l’affichage de la<br />

réserve de sonnerie. La finition du mouvement<br />

se caractérise par les vis bleuies, une<br />

solide masse oscillante en or 18ct rhodié, des<br />

pièces anglées et polies à la main sans oublier<br />

le balancier à échappement libre.<br />

Pour célébrer les 270 ans de la<br />

Manufacture <strong>Blancpain</strong>, l’édition limitée<br />

Réveil est disponible en 270 exemplaires,<br />

chacun gravé de 1/270 à 270/270 sur le<br />

fond du boîtier. ■<br />

52 | 53<br />

Le mouvement du<br />

Réveil. Deux détails à<br />

remarquer: le balancier<br />

à échappement libre<br />

et le timbre identique à<br />

celui d’une répétition<br />

minutes


ART DE VIVRE<br />

LA LETTRE<br />

DE BLANCPAIN<br />

SUR LE VIN<br />

LUCIEN<br />

LE MOINE<br />

PAR JEFFREY S. KINGSTON<br />

Dans ce premier numéro des Lettres du Brassus, l’œnologue<br />

distingué, Dr. George Derbalian, présente l’édition inaugurale<br />

de la Lettre sur le vin de <strong>Blancpain</strong>. Fondateur de la<br />

société californienne Atherton Wine Imports, M. Derbalian<br />

n’est pas seulement devenu le premier importateur de vins<br />

prestigieux aux Etats-Unis, mais il bénéficie également d’une<br />

renommée bien méritée, celle d’un des meilleurs connaisseurs<br />

en vin et expert en dégustation au monde.<br />

Année après année, George Derbalian parcourt les circuits viticoles<br />

d’Europe et des Etats-Unis pour rencontrer les producteurs,<br />

les propriétaires des meilleurs domaines, les maîtres de chai et<br />

autres personnalités incontournables de<br />

l’univers du vin. Chaque année, il teste<br />

plusieurs milliers de vins, des crus les<br />

plus anciens aux derniers millésimes.<br />

Pour ce premier rendez-vous, George<br />

Derbalian partage avec nous l’une de<br />

ses dernières découvertes, les bourgognes<br />

Lucien Le Moine.


54 | 55<br />

La colline de Corton, Corton,<br />

Côte de Beaune


ART DE VIVRE<br />

Winston Churchill, jamais avare d’un<br />

bon mot, déclara un jour qu’il<br />

s’agissait d’un « mystère enveloppé d’une<br />

énigme ». Il ne parlait pas de vin, mais aurait<br />

pu tout aussi bien décrire l’univers du bourgogne.<br />

Nul ne parvient à maîtriser parfaitement<br />

la fâcheuse complexité vinicole de la<br />

Bourgogne. Prenez par exemple le célèbre<br />

vignoble du Clos de Vougeot. Il existe près de<br />

cent propriétaires de parcelles distinctes au<br />

sein de cet unique vignoble, qui produisent<br />

des vins sous des noms différents et, plus<br />

important encore, aucun n’est exactement<br />

semblable à un autre. Ajoutez à la diversité<br />

de la production (chaque producteur reflétant<br />

le style, les méthodes, le talent du vigneron<br />

et le caractère de ses vignes), les variations<br />

d’une récolte à une autre et vous aurez<br />

une première approche de l’infinie subtilité<br />

des qualités et expressions, dont l’éventail<br />

s’étend du profond, éthéré et terrien au,<br />

hélas parfois, pauvre et médiocre. Et il ne<br />

s’agit là que de la complexité reflétée par un<br />

NUL NE PARVIENT À MAÎTRISER<br />

PARFAITEMENT LA FÂCHEUSE COMPLEXITÉ<br />

VINICOLE DE LA BOURGOGNE.<br />

seul des centaines de domaines qui composent<br />

la Côte de Nuits et la Côte de Beaune.<br />

La découverte d’un grand bourgogne est le<br />

résultat d’une quête assidue pour percer à jour<br />

les secrets d’une région et dénicher les producteurs<br />

voués à la qualité. Au cours des<br />

trente dernières années, cette quête a pris la<br />

forme d’une recherche de vins de domaines,<br />

en d’autres termes de vins dont les origines<br />

sont réunies en un seul lieu. Ce sont des vins<br />

pour lesquels les propriétaires cultivent la<br />

vigne, surveillent la récolte, conduisent et<br />

contrôlent la vinification avant de procéder<br />

eux-mêmes à la mise en bouteilles. L’apparition<br />

des vins de domaines a constitué une véritable<br />

révolution dans le royaume des vins de<br />

Bourgogne. Auparavant, la région était entièrement<br />

dominée par de vastes établissements<br />

de commercialisation, les négociants, qui<br />

achetaient les vins déjà mis en tonneaux et<br />

laissaient à d’autres le soin de cultiver la vigne<br />

et de vinifier le raisin. Par leur envergure, les<br />

négociants rendaient de précieux services aux<br />

Mounir Saouma alias « Lucien Le Moine »<br />

petits producteurs viticoles. Ils leur ôtaient la<br />

préoccupation de rechercher des débouchés,<br />

une tâche ardue pour de nombreux vignerons<br />

artisanaux. En achetant la majeure partie de la<br />

production d’une région entière, les négociants<br />

étaient devenus la principale source<br />

d’approvisionnement en bourgogne des<br />

consommateurs.<br />

Malheureusement, la structure de commercialisation<br />

représentée par les négociants ne se<br />

traduisait que rarement par des vins de qualité.<br />

Comme l’identité des vignerons demeurait<br />

inconnue et qu’ils n’avaient pas à supporter<br />

les risques inhérents à leur activité économique<br />

(pas plus qu’à en récolter les lauriers) en<br />

raison de contrats généralement établis à long<br />

terme, ceux-ci n’étaient guère incités à donner<br />

le meilleur d’eux-mêmes. Un autre facteur qui<br />

explique cette médiocrité est la prédilection<br />

affichée des négociants à limiter les risques au<br />

maximum. Nombre d’entre eux témoignaient<br />

d’un faible intérêt pour des vins excellents. Ils<br />

préféraient des vins « sûrs » qui se vendraient


aisément. En fin de compte, les négociants<br />

atténuaient toute expression personnelle qui<br />

aurait pu ressortir d’un vin d’un producteur<br />

particulier en mélangeant tous les vins de producteurs<br />

d’un même vignoble, au cours de la<br />

mise en bouteilles finale.<br />

Cette situation a commencé à changer il y a<br />

quelques décennies, lorsque des viticulteurs<br />

ambitieux, novateurs et talentueux ont commencé,<br />

l’un après l’autre, à s’extraire du cocon<br />

des négociants pour favoriser l’expression de<br />

leurs vins artisanaux de domaines. Ils refusaient<br />

que leur travail soit dilué dans un<br />

assemblage. Ils voulaient que leurs vins soient<br />

les ambassadeurs de leur éthique vinicole et<br />

représentent ce qu’un bourgogne avait de<br />

mieux à offrir. Mieux encore, de nombreux<br />

propriétaires de domaines étaient disposés à<br />

prendre des risques au nom d’une exigence<br />

inflexible de qualité. C’est ainsi que le monde<br />

plutôt fade des vins commercialisés par les<br />

négociants s’est mué en un superbe univers<br />

aux expressions artistiques les plus diverses.<br />

Par nature, le bourgogne est une invitation à<br />

la créativité car le pinot noir, utilisé exclusivement<br />

pour les rouges, et le chardonnay, utilisé<br />

exclusivement pour les blancs, se prêtent tous<br />

deux à une vaste gamme de vinifications. A<br />

cet égard, les options sont multiples: Le vin<br />

doit-il reposer plus ou moins longuement<br />

avant le début de la fermentation ? La température<br />

de la vinification doit-elle être réduite<br />

ou augmentée ? Quelle quantité de rafle doitelle<br />

être autorisée ? Le raisin doit-il être trié<br />

grappe par grappe ? Combien de fûts en<br />

chêne doivent-ils être neufs ? A quels intervalles<br />

faut-il brasser le vin dans le tonneau ? Il n’y<br />

a pas de formule toute faite, pas de recette<br />

unique à suivre. Cette liberté permet à de<br />

talentueux vignerons de retirer diverses<br />

expressions et d’accentuer des qualités différentes<br />

d’un raisin provenant du même vignoble.<br />

Certains préfèrent accorder la prépondérance<br />

aux caractéristiques du sol de chaque<br />

vignoble. D’autres en revanche, privilégient<br />

leur propre style de vinification, en ne confé-<br />

56 | 57<br />

rant qu’un rôle secondaire aux caractéristiques<br />

du sol. L’amateur bénéficie de cette large<br />

diversité car il peut désormais choisir les<br />

domaines en fonction de leur style. A de rares<br />

exceptions près, au cours de la dernière<br />

décennie, tous les bourgognes de qualité ont<br />

tous été des vins de domaines, si bien que le<br />

nombre des négociants en vins a diminué et<br />

que les connaisseurs en vins se montrent de<br />

plus en plus critiques à leur égard.<br />

Pourtant, les vins de Lucien Le Moine font<br />

exception à cette règle dont la validité est<br />

généralement reconnue. Pour une double<br />

raison. D’une part, ce sont des vins de haute<br />

lignée, qui affirment un puissant style personnel,<br />

des vins dont certains critiques n’ont<br />

pas hésité à affirmer qu’ils « méritent une<br />

recherche particulière sur le marché ». En<br />

effet, contrairement à la conviction habituelle<br />

selon laquelle des vins avec une<br />

grande personnalité et un fort caractère ne<br />

peuvent être que des vins de domaines, ce<br />

sont, d’un point de vue technique, des vins


ART DE VIVRE<br />

de négociants, car la culture de la vigne et la<br />

vinification sont l’œuvre de viticulteurs individuels<br />

qui vendent leurs vins en tonneaux à<br />

Lucien Le Moine. Cependant, comme nous<br />

le verrons bientôt, il ne s’agit nullement de<br />

vins assemblés dans des usines et mis en<br />

bouteilles par cuves entières, mais des spécialités<br />

artisanales sélectionnées et disponibles<br />

uniquement en petites quantités. Lucien<br />

Le Moine mérite pleinement son nom de<br />

micro-négociant. Et d’autre part, pour un<br />

motif qui s’inscrit également en faux contre<br />

un axiome de la sagesse conventionnelle, les<br />

deux hommes de génie à l’origine de cette<br />

aventure ne sont pas des Français de naissance,<br />

mais un Libanais et une Israélienne.<br />

Précisons d’emblée qu’il n’existe personne<br />

du nom de « Lucien Le Moine ». Cette entreprise<br />

à vu le jour à l’initiative de Mounir<br />

Saouma (Libanais de naissance) et de son<br />

associée Rotem Brakin (Israélienne de naissance).<br />

Mounir s’est familiarisé avec la viticulture<br />

en Israël où il occupait les fonctions<br />

LUCIEN LE MOINE MÉRITE PLEINEMENT<br />

SON NOM DE MICRO-NÉGOCIANT.<br />

SA PHILOSOPHIE DU VIN S’EXPRIME<br />

DANS DES CRUS INTENSES, DONT<br />

LA PARFAITE DISTINCTION RECÈLE<br />

UNE FASCINATION INFINIE. ELLE<br />

PEUT SE RÉSUMER PAR UNE DOCTRINE<br />

DE NON INTERVENTION.<br />

de vigneron-œnologue au service d’un<br />

monastère chrétien. En 1995, Mounir s’est<br />

établi en Bourgogne. Comme les moines installés<br />

en Israël appartenaient aux mêmes<br />

ordres que ceux qui résident à l’Abbaye de<br />

Cîteaux, située à 16 kilomètres de Vougeot,<br />

dans la Côte de Nuits, à son arrivée, Mounir<br />

a demandé aux moines de Cîteaux de lui<br />

ouvrir quelques portes de la région. Grâce à<br />

leur aide, Mounir est devenu rapidement<br />

familier d’un large éventail de petits domaines,<br />

tant dans la Côte de Nuits que dans<br />

celle de Beaune.<br />

Les religieux ont également inspiré le nom<br />

de « Lucien Le Moine ». Si la seconde partie<br />

du nom est aisée à comprendre, le choix du<br />

prénom recèle une subtilité. En arabe,<br />

Mounir signifie « lumière » et l’évidence lui a<br />

donc commandé d’adopter le prénom de<br />

Lucien pour en conserver la clarté originale.<br />

Dans son activité de conseiller en œnologie,<br />

Mounir a prêché sa philosophie du vin<br />

qui s’exprime dans des crus intenses, dont la<br />

Superbe alignement pour<br />

une soirée de dégustation<br />

parfaite distinction recèle une fascination<br />

infinie. Elle peut se résumer par une doctrine<br />

de non intervention. Trop souvent, les vignerons<br />

soumettent leurs vins à de nombreuses<br />

manipulations dans l’espoir de réduire les risques.<br />

Hélas, les vins soumis à des manipulations<br />

excessives gagnent en sûreté ce qu’ils<br />

perdent en caractère. Fidèle à sa politique de<br />

non-intervention, Mounir refuse le collage,<br />

le débourbage et le filtrage. Le collage est un<br />

procédé de clarification destiné à stabiliser le<br />

vin. Une substance, généralement composée<br />

de blancs d’œufs, est introduite dans le tonneau<br />

afin de retenir les particules solides en<br />

suspension dans le vin et les entraîner vers le<br />

fond. Les éléments solides sont ensuite filtrés<br />

pour produire un vin clair qui ne présentera<br />

pas de dépôt. Comme de nombreux<br />

consommateurs considèrent la lie à tort<br />

comme un défaut, le vin qui en résulte ne<br />

risque pas de soulever l’ire des œnologues<br />

amateurs. Mais il ne présentera probablement<br />

pas de caractère profond ou de per-


sonnalité intense. Le résultat est sûr, mais<br />

sans saveur. Les particules retirées lors du filtrage<br />

possèdent des saveurs remarquables et<br />

ce sont elles qui confèrent au vin sa profondeur<br />

et sa générosité.<br />

Après avoir prêché pendant quatre ans sa<br />

foi en la non-intervention auprès d’un large<br />

éventail de domaines de haute qualité,<br />

Mounir a décidé de fonder sa propre entreprise.<br />

Lors de ses activités de conseiller, il avait<br />

rencontré des propriétaires de domaines qui<br />

vouaient un culte à la qualité et s’efforçaient<br />

de confectionner de remarquables vins artisanaux.<br />

Il a persuadé ces domaines de lui vendre<br />

de petites parts de leur production. Parfois, la<br />

discussion portait sur un seul tonneau, soit 25<br />

caisses, d’un vin particulier. Après l’achat du<br />

vin en tonneaux, Mounir reste fidèle aux vertus<br />

de la non-intervention. Outre son refus du<br />

collage, du débourbage et du filtrage, il élève<br />

les rouges et les blancs sur la totalité de leurs<br />

lies. En effet, Mounir exige de ses producteurs<br />

qu’ils lui livrent le vin avec toutes leurs lies, qui<br />

varient en fonction du millésime. Les lies sont<br />

une source de CO2 qui aide le vin à prendre de<br />

l’âge et, pour certains millésimes comme le<br />

2000, peut lui conférer une consistance légèrement<br />

onctueuse. Pour les blancs, un léger<br />

brassage du vin (appelé « bâtonnage ») est<br />

effectué trois ou quatre fois par mois.<br />

Mounir n’utilise que des tonneaux Seguin<br />

Moreau de la meilleure qualité confectionnés<br />

avec du chêne de haute futaie de la forêt de<br />

Jupilles. Mais son amour du détail ne s’arrête<br />

pas là. Il insiste sur la finesse du grain et sur un<br />

léger brûlage, dont le degré varie en fonction<br />

du vin qui sera amené à maturation dans le<br />

tonneau. Dans une attitude très rare de nos<br />

jours, où il est commun de réutiliser les tonneaux<br />

pour deux ou trois vendanges, tous ses<br />

fûts sont neufs.<br />

A l’instant de la mise en bouteilles, Mounir<br />

n’utilise que la méthode traditionnelle, celle de<br />

la gravité. Par contraste, un important négociant<br />

de Beaune m’a présenté un jour avec<br />

fierté son nouveau système de pompes, de<br />

58 | 59<br />

compteurs et de tuyaux qui lui a permis d’automatiser<br />

entièrement les opérations d’embouteillage.<br />

Les grands vins sont des matières<br />

vivantes qui poursuivent leur évolution à l’intérieur<br />

de la bouteille. Comment peut-on propulser<br />

une vie aussi fragile à travers les pales<br />

d’une pompe ?<br />

Dans le respect d’une autre tradition qui a<br />

fait ses preuves, Mounir a choisi des bouteilles<br />

spécialement lourdes dont le culot possède un<br />

bombage très accentué. Cette forme présente<br />

l’amusant et précieux avantage de pouvoir<br />

servir le vin en arrimant fermement les doigts<br />

sur le fond de la bouteille, mais il existe une<br />

autre raison, plus essentielle, pour remettre à<br />

l’honneur cette forme de bouteille ancienne<br />

qui tendait à disparaître. Le sillon créé à l’intérieur<br />

de la bouteille se transforme en un piège<br />

pour la lie. Comme les amateurs avisés de<br />

bourgogne le savent, l’accumulation de<br />

dépôts dans un vin qui prend de l’âge est le<br />

signe d’un vin vivant qui poursuit heureusement<br />

son évolution. L’affirmation contraire est<br />

Mounir Saouma et<br />

Rotem Brakin


ART DE VIVRE<br />

© THIERRY GAUDILLÈRE-ECRIVIN<br />

également vraie, les vins dépourvus de dépôts<br />

le sont généralement car les éléments qui les<br />

produisent sont éliminés par filtrage.<br />

Malheureusement, ce sont ces mêmes éléments<br />

qui permettent au vin de grandir et de<br />

gagner en profondeur avec le temps. Une<br />

absence de dépôt dénote un vin stérile. Les<br />

bouteilles choisies par Mounir répondent donc<br />

à un double usage, la fermeté de la prise et la<br />

capacité de capter le dépôt.<br />

Mounir et Rotem se sont récemment rendus<br />

à San Francisco pour une dégustation de leurs<br />

vins, proposée au restaurant Jardinière. Des<br />

sommeliers de nombreux établissements sont<br />

venus tester une série de rouges et de blancs<br />

du millésime 2003. Les dégustateurs expérimentés<br />

se concentrent résolument sur le<br />

« sommet de l’échelle », les vins les plus élevés<br />

dans la hiérarchie. La pratique des organisateurs<br />

tient compte de cette particularité, de<br />

sorte que toute dégustation se présente dans<br />

un ordre qui va du plus bas au plus haut. En<br />

effet, si les vins les plus prestigieux sont goû-<br />

tés trop tôt, ils risquent de faire ombrage à des<br />

vins d’une moindre distinction. Dans le cas du<br />

bourgogne, cette disposition implique que la<br />

dégustation s’ouvrira sur les appellations<br />

génériques avant de se poursuivre avec les<br />

appellations régionales des « villages » et les<br />

premiers crus avant de s’achever par les grands<br />

crus, véritables vedettes de la présentation.<br />

Après des centaines de dégustations, il est<br />

facile de se laisser porter au cours des premiers<br />

actes, dans l’attente des personnalités de premier<br />

plan. Cette dégustation ne s’est pas écartée<br />

de la règle et les grands crus présentés<br />

étaient réellement des vins d’exception.<br />

Cependant, les vins de moindre importance<br />

n’ont pas correspondu au schéma habituel.<br />

Loin de se cantonner au rôle de tremplins destinés<br />

à faire patienter le public de connaisseurs<br />

avant l’arrivée des stars de la soirée, ces vins<br />

aux appellations moins prestigieuses méritaient<br />

l’attention que nous leur portions. Dans<br />

leur propre droit, ils étaient, chacun à sa<br />

manière, de remarquables vins de caractère.<br />

L<br />

’appellation la plus générale était un bourgogne<br />

blanc de 2003. Généralement une<br />

appellation de cette nature est un vin qui<br />

s’oublie rapidement et trouverait peut-être sa<br />

place dans un panier à pique-nique. Mais pas<br />

celui-ci. Il possédait un caractère de chardonnay<br />

parfaitement épanoui avec un nez aux notes<br />

mêlées de melon et de beurre, suivi par un riche<br />

corps livrant des nuances de beurre et de noix.<br />

Même si ce vin ne pourra jamais être considéré<br />

comme un grand cru, il rivaliserait aisément avec<br />

de nombreux vins d’appellations plus nobles.<br />

Si le bourgogne blanc avait déjà donné une<br />

certaine idée de la qualité des vins proposés par<br />

Mounir, le Pernand Vergelesse a ajouté un énergique<br />

point d’exclamation à cette première<br />

constatation. Pernand est une appellation souvent<br />

dépréciée, contiguë au célèbre vignoble<br />

Grand Cru de Corton Charlemagne. Malgré<br />

cette proximité, le Pernand n’est pas considéré<br />

comme un vin de qualité exceptionnelle. Le<br />

Pernand de Mounir, qui provient du vignoble de<br />

Sous Frétile était en tous points remarquable.


Ce Pernand d’une richesse et d’une longueur<br />

admirables, déployait le caractère minéral<br />

d’agrumes de son voisin Corton Charlemagne.<br />

Le prochain blanc sur l’échelle était le<br />

Meursault Perrières. En un mot, il s’agissait<br />

de l’exemple parfait d’un grand Meursault.<br />

Son nez somptueux débordait de notes de<br />

noix et d’abricot. Le palais avait un riche<br />

caractère de beurre grillé, suivi de longs tons<br />

de beurre parfaitement équilibrés.<br />

Il formait un intéressant contraste avec l’autre<br />

premier cru blanc de la dégustation, un Puligny<br />

Montrachet Les Folatières. L’un des plus prisés à<br />

Puligny, le vignoble des Folatières est situé sur la<br />

même route (et du même côté) que le<br />

Montrachet lui-même, en face et légèrement au<br />

nord du vignoble des Pucelles. Le Folatières possédait<br />

une nature plus retenue que le Meursault,<br />

avec de riches nuances de pêche, beurre et<br />

minéraux, prolongées par une note épicée.<br />

Le grand cru, un Corton Charlemagne,<br />

occupait le sommet des blancs. Un grand<br />

Corton Charlemagne doit présenter un corps<br />

L’Hospice de Beaune.<br />

La décoration raffinée du toit<br />

en tuiles est la signature<br />

caractéristique du style architectural<br />

de la Côte d’Or<br />

aux notes d’acier et d’agrumes, qui cachent la<br />

force et la richesse du vin. Le Corton<br />

Charlemagne de Mounir a une fois encore fait<br />

mieux que répondre aux exigences de l’appellation.<br />

La profondeur et la concentration de ce<br />

vin étaient proprement extraordinaires,<br />

comme l’étaient son ton d’acier, ses nuances<br />

d’agrumes, son voile minéral.<br />

Mais les rouges n’étaient pas en reste.<br />

Comme son contrepoint générique, le bourgogne<br />

rouge était un vin de caractère, qui affichait<br />

de douces saveurs fruitées de pinot mâtinées<br />

de nuances de chêne. Il s’agissait d’un<br />

assemblage de Fixin, Marsonnay, Hautes<br />

Côtes de Nuits et jeune Nuits Saint-Georges.<br />

Le premier cru Gevrey Chambertin Les<br />

Cazetiers a fait honneur à son nom, avec des<br />

nuances de cerises très douces, mises en<br />

valeur par le caractère terrien du Gevrey. Il surpasserait<br />

sans conteste de nombreux<br />

Chambertin grands crus.<br />

Au sommet de la pyramide des rouges, le<br />

Chambolle Musigny Les Amoureuses de Mounir.<br />

60 | 61<br />

D’un point de vue technique, Les Amoureuses<br />

est « seulement » un vignoble de premier cru.<br />

Mais les véritables connaisseurs en bourgogne<br />

savent que s’il est confié à de grands vignerons<br />

(tels que Christophe Roumier ou Robert<br />

Groffier), il peut parfaitement développer la qualité<br />

exceptionnelle d’un grand cru. Le vin proposé<br />

par Mounir propulsait cette appellation<br />

dans ces sphères raréfiées. Cette Amoureuses<br />

possédait une profondeur remarquable et une<br />

extraordinaire concentration en fruits. Elle possédait<br />

aussi la superbe et onctueuse douceur<br />

de bouche que les passionnés de Chambolle<br />

Musigny apprécient à leur juste valeur.<br />

Enfin, un avertissement s’impose à propos<br />

des vins de Lucien Le Moine. Les quantités<br />

produites de chaque appellation peuvent être<br />

minuscules. Dans certains cas, 25 caisses – un<br />

seul tonneau – sont disponibles pour le monde<br />

entier. De ce fait, il vous sera peut-être difficile<br />

de les trouver, mais les vins de Lucien Le Moine<br />

vous récompenseront de vos efforts par leur<br />

absolue exigence de qualité. ■


NOUVEL<strong>LES</strong><br />

UNE NOUVELLE<br />

TRADITION<br />

LE 270 ème ANNIVERSAIRE DE BLANCPAIN CONSTITUAIT UN EXCELLENT<br />

MOTIF POUR REVENIR SUR <strong>LES</strong> SUCCÈS PASSÉS DE LA MANUFACTURE


EST NÉE<br />

PAR JEFFREY S. KINGSTON<br />

Un subtil sens du présent et un désintérêt<br />

prononcé pour le passé sont les<br />

caractéristiques inhérentes à tout homme<br />

d’affaires, athlète, politicien ou artiste prospère.<br />

On nous apprend à ne jamais nous<br />

attarder trop longtemps sur les réussites ou<br />

les échecs passés, mais à toujours aller de<br />

l’avant. Néanmoins, le 270ème anniversaire<br />

de <strong>Blancpain</strong> constituait un excellent motif<br />

pour déroger à cette règle et revenir sur les<br />

succès passés de la Manufacture. Et la<br />

somme des découvertes et inventions de<br />

<strong>Blancpain</strong> a provoqué la stupéfaction,<br />

même de ses plus anciens collaborateurs. A<br />

vivre dans le présent, l’entreprise entière<br />

avait oublié la longueur de la liste des innovations<br />

et records mondiaux intimement liés<br />

à l’histoire de <strong>Blancpain</strong>.<br />

Réunir les éléments de cette histoire a<br />

favorisé à son tour le jaillissement d’une<br />

idée: il n’y a sans doute pas de meilleure<br />

façon de marquer cet important anniversaire<br />

que de concevoir une exposition célébrant<br />

ces réalisations. C’est ainsi que l’exposition<br />

62 | 63


NOUVEL<strong>LES</strong><br />

« Une Tradition d’Innovation » a vu le jour.<br />

Composée de plus de 19 pièces, elle s’accompagne<br />

d’un ouvrage superbement illustré<br />

et s’articule autour de records tels que le<br />

chronographe automatique le plus plat au<br />

monde, la première montre moderne de<br />

plongée, le premier tourbillon à remontage<br />

automatique, le premier tourbillon automa-<br />

Au cœur du chronographe automatique<br />

le plus plat au monde, la roue à colonne<br />

et le mécanisme d’embrayage vertical<br />

tique avec 8 jours de réserve de marche au<br />

monde et, plus récemment, la première montre<br />

bracelet à équation du temps marchante<br />

au monde, le premier quantième perpétuel<br />

avec correcteurs sous cornes et le quantième<br />

perpétuel le plus plat au monde. Inaugurée<br />

lors de la cérémonie de réouverture de la<br />

Manufacture du Brassus, l’exposition « Une<br />

Tradition d’Innovation » a entamé son tour<br />

du monde cet hiver.<br />

Cependant, le thème de l’exposition tout<br />

comme le livre étaient destinés à porter un<br />

message plus profond encore. Ils sont l’expression<br />

de la philosophie <strong>Blancpain</strong> – une<br />

volonté absolue de repousser les limites de la<br />

haute horlogerie, en relevant continuellement<br />

de nouveaux défis tout en demeurant<br />

fidèle aux plus glorieuses traditions de l’horlogerie.<br />

Placée sous la devise « Une Tradition<br />

d’Innovation », la nouvelle campagne publicitaire<br />

de la Manufacture est le reflet des<br />

valeurs essentielles de <strong>Blancpain</strong>.<br />

Au cours des prochains mois, les nouvelles<br />

annonces mettront en exergue la force d’innovation<br />

et d’inspiration incarnée par les collections<br />

<strong>Blancpain</strong>. A l’évidence, elles accorderont<br />

une place importante aux montres,<br />

mais reproduiront également les composants<br />

essentiels du mouvement qui confèrent ce<br />

caractère particulier que les connaisseurs<br />

attendent d’une montre <strong>Blancpain</strong>. Enfin, les<br />

photographies d’outils et de mains d’horlogers<br />

illustrent le savoir-faire et la passion qui<br />

donnent véritablement vie à une montre.


MORCEAUX CHOI<strong>SI</strong>S DE L’UNIVERS BLANCPAIN<br />

LE PRINCE ALBERT II RECOMPENSE<br />

L’ŒUVRE DE L’ARTISTE<br />

JEAN-MICHEL FOLON<br />

Cette année, la 6ème participation de <strong>Blancpain</strong><br />

au Monaco Yacht Show était placée sous le<br />

signe de la célébration du patrimoine maritime<br />

monégasque. En point d’honneur de ce partenariat<br />

perpétué, le Prince Albert II de Monaco<br />

a personnellement récompensé l’artiste Jean-<br />

Michel Folon d’une exceptionnelle montre<br />

<strong>Blancpain</strong> Léman Aqualung Monaco Yacht<br />

Show 2005.<br />

Artiste aux talents multiples, Jean-Michel<br />

Folon a redonné vie à un navire des années 30<br />

qui se transformait inexorablement en épave.<br />

Ce sublime bateau entièrement restauré dans<br />

la plus pure tradition navale et baptisé Over<br />

the Rainbow, est amarré dans le port de<br />

Le regretté artiste Jean-Michel Folon et Son Altesse<br />

Sérénissime, Le Prince Albert II.<br />

Monaco. Dès lors, quel emblème plus insigne<br />

qu’un garde-temps <strong>Blancpain</strong>, spécialement<br />

gravé du phare de Monaco, pouvait mieux<br />

gratifier le remarquable travail de préservation<br />

du patrimoine effectué par l’artiste Folon ?<br />

Produit en 150 exemplaires numérotés, la<br />

Léman Aqualung Monaco Yacht Show 2005<br />

se distingue par son fond délicatement gravé<br />

du phare de Monaco et par le blason monégasque<br />

qui orne son cadran noir ébène.<br />

Chaque montre de cette série limitée est<br />

accompagnée d’un portfolio sur les phares,<br />

illustré par Jean-Benoît Héron, numéroté et<br />

signé de l’artiste.<br />

Nicolas G. Hayek Senior et Marc A. Hayek<br />

Les 6 et 7 octobre 2005, deux exceptionnelles<br />

journées portes ouvertes ont vu plus de 300<br />

personnes, medias et collectionneurs du<br />

monde entier, célébrer la réouverture des ateliers<br />

de la Manufacture entièrement rénovés et<br />

les 270 ans de la marque.<br />

Depuis les toutes premières montres compliquées<br />

sorties des ateliers du Brassus, « La<br />

64 | 65<br />

BLANCPAIN INAUGURE LA MANUFACTURE DU BRASSUS RÉNOVÉE<br />

ET PRÉSENTE SA NOUVELLE EXPO<strong>SI</strong>TION « UNE TRADITION D’INNOVATION »<br />

ferme », comme on l’appelle affectueusement<br />

chez <strong>Blancpain</strong>, est devenue le symbole de la<br />

Manufacture. Chacune des montres qui quittent<br />

l’atelier de l’horloger, exprime l’âme de<br />

<strong>Blancpain</strong> et le respect que la marque voue<br />

aux méthodes traditionnelles.<br />

Marc A. Hayek, Président de <strong>Blancpain</strong>, en<br />

compagnie de Nicolas G. Hayek, a officiellement


NOUVEL<strong>LES</strong><br />

MORCEAUX CHOI<strong>SI</strong>S DE L’UNIVERS BLANCPAIN<br />

coupé le ruban inaugural de la Manufacture,<br />

en rénovation depuis plus d’un an.<br />

Parallèlement à la réouverture des ateliers du<br />

Brassus, <strong>Blancpain</strong> a présenté sa nouvelle<br />

exposition « Une Tradition d’Innovation ».<br />

Celle-ci s’accompagne d’un livre commémoratif<br />

qui retrace pour la première fois toutes<br />

les innovations réalisées par <strong>Blancpain</strong> dans<br />

l’univers de l’horlogerie.<br />

Après la cérémonie officielle et la visite de<br />

l’exposition et des ateliers rénovés, les hôtes<br />

de <strong>Blancpain</strong> ont été conviés à une soirée<br />

Gastronomie, Vins du Terroir et cigares cubains,<br />

sous la houlette de Philippe Rochat, qui s’est<br />

achevée au petit matin.<br />

Emandoria, pouliche grise, vainqueur du<br />

Prix <strong>Blancpain</strong> remis par Alain Delamuraz à son<br />

propriétaire Monsieur Jerzy Bialobok<br />

LE PRIX OFFICIEL BLANCPAIN DÉCERNÉ LORS DU<br />

CHAMPIONNAT DU MONDE DU CHEVAL ARABE 2005<br />

Autour de passions communes pour la beauté<br />

et la recherche de perfection, <strong>Blancpain</strong> s’est<br />

associée pour la 3ème année consécutive au<br />

Championnat du Monde du Cheval Arabe, qui<br />

a eu lieu du 9 au 11 décembre 2005, à l’occasion<br />

du Salon du Cheval de Paris (France).<br />

Le Prix Officiel <strong>Blancpain</strong> récompense un pur<br />

sang arabe d’exception et met en exergue la<br />

constante quête de perfection et la philosophie<br />

d’excellence qui relient l’univers équestre à celui<br />

de la Manufacture du Brassus.<br />

Directeur de l’élevage polonais Stadnina Koni-<br />

Michalow et heureux propriétaire de la pouliche<br />

grise Emandoria, M. Jerzy Bialobok, s’est vu<br />

remettre par <strong>Blancpain</strong> une montre « Chasse »<br />

à quantième complet, dotée d’une réserve de<br />

marche de 100 heures, en or rouge 18 carats et<br />

cadran bleu avec index appliques or facettés.


BLANCPAIN OUVRE SA<br />

PREMIÈRE BOUTIQUE EN SUISSE<br />

Après Cannes, Paris, New York et Munich,<br />

<strong>Blancpain</strong> implante sa toute première<br />

Boutique sur le sol helvétique. A l’angle de la<br />

rue de Rhône et de la Place de la Fusterie, la<br />

capitale genevoise accueille sur 53m2 la plus<br />

ancienne marque horlogère du monde, qui a<br />

ouvert les portes de sa boutique le 16<br />

décembre dernier.<br />

A l’image de la Manufacture du Brassus,<br />

nichée à l’extrémité du lac de Joux,<br />

<strong>Blancpain</strong> distille dans ses boutiques l’esprit<br />

qui habite les ateliers des maîtres horlogers.<br />

Réalisés par un artisan menuisier de la Vallée<br />

de Joux, les décors intérieurs de la boutique<br />

sont imprégnés de l’héritage combier et du<br />

savoir-faire horloger <strong>Blancpain</strong>, perpétué<br />

depuis 270 ans.<br />

Le bois de cerisier y règne en maître, revêtant<br />

de ses teintes ambrées les parois et<br />

meubles de la manufacture. De moelleux<br />

fauteuils de cuirs reçoivent les visiteurs, qui<br />

peuvent ainsi découvrir dans une atmosphère<br />

« lounge » de subtils garde-temps<br />

réalisés dans la plus pure tradition<br />

horlogère. Au fond de la boutique,<br />

un authentique bar en chêne<br />

et étain massifs, chiné dans une<br />

brasserie parisienne, offre un<br />

espace de convivialité, valeur que<br />

<strong>Blancpain</strong> perpétue de concert<br />

avec un art de vivre et un savoirfaire<br />

immuable.<br />

66 | 67<br />

GENÈVE, PARIS, NEW YORK,<br />

CANNES … NOUVELLE BOUTIQUE<br />

BLANCPAIN À MUNICH<br />

Le 9 décembre 2005 a marqué l’ouverture très<br />

attendue de la première Boutique <strong>Blancpain</strong><br />

en Allemagne, au numéro 14 de la célèbre<br />

artère munichoise, Maximilianstraße.<br />

C’est dans les anciens ateliers mythiques de<br />

l’artiste Rudolph Moshammer que <strong>Blancpain</strong><br />

a choisi d’implanter les décors boisés et raffinés<br />

de son univers combier (Vallée de Joux).<br />

Le rez-de-chaussée de ce nouvel écrin de la<br />

Haute Horlogerie est consacré à l’exposition<br />

et à la vente de subtils garde-temps, tandis<br />

que le premier étage accueille l’atelier de service<br />

après-vente de la marque en Allemagne.


NOUVEL<strong>LES</strong><br />

MORCEAUX CHOI<strong>SI</strong>S DE L’UNIVERS BLANCPAIN<br />

BLANCPAIN REMET UNE MONTRE UNIQUE À SON<br />

AMBASSADEUR VLADIMIR KRAMNIK, LORS D’UNE SOIRÉE<br />

D’ÉCHECS RÉSERVÉE AUX COLLECTIONNEURS<br />

Mercury, la boutique moscovite spécialisée de combat », mais le plus souvent à un art<br />

dans les biens de luxe, a été le théâtre le 24 qu’il convient simplement de « ressentir ». En<br />

novembre dernier d’une journée très particu- traçant un parallèle avec la peinture, il a<br />

lière consacrée à l’horlogerie et aux échecs. déclaré: « Un peintre ne demande jamais à<br />

Les invités d’honneur en étaient le champion son public ce qu’il veut voir. Il peint. »<br />

du monde d’échecs Vladimir Kramnik, le Depuis de nombreuses années, l’art au poignet<br />

de Vladimir Kramnik était une montre<br />

<strong>Blancpain</strong> de la collection Villeret. Pour<br />

honorer le brio avec lequel il défend son titre<br />

mondial depuis si longtemps, <strong>Blancpain</strong> a<br />

créé une montre personnalisée qui lui a été<br />

remise par le Président de <strong>Blancpain</strong>, Marc<br />

A. Hayek. Invité à faire son choix parmi les<br />

collections <strong>Blancpain</strong>, Vladimir Kramnik a<br />

Marc A. Hayek présente la Villeret Time Zone choisi une Time Zone Villeret en or gris.<br />

à Vladimir Kramnik<br />

Depuis longtemps, le célèbre maître s’est senti<br />

attiré par le classicisme<br />

de la ligne Villeret de<br />

<strong>Blancpain</strong>, parfaitement<br />

illustré par la<br />

Time Zone, réf. 6260.<br />

Afin de saluer les<br />

prouesses de Vladimir<br />

Kramnik et de le remercier<br />

de sa longue fidélité<br />

à <strong>Blancpain</strong>, le<br />

modèle présenté par<br />

Marc A. Hayek comporte<br />

une masse oscillante<br />

exceptionnelle<br />

Vladimir Kramnik joue 30 parties d’échecs simultanées<br />

ornée d’un portrait de<br />

Président de <strong>Blancpain</strong>, Marc. A. Vladimir Kramnik dans une attitude médita-<br />

Hayek, ainsi que trente coltive<br />

pendant un jeu d’échecs. Cette<br />

lectionneurs de montres privi-<br />

pièce maîtresse a été créée par un<br />

légiés.<br />

maître graveur de <strong>Blancpain</strong> au<br />

Le maître le plus célébré de toute<br />

Brassus.<br />

l’histoire des échecs, Vladimir<br />

A la suite de la remise de<br />

Kramnik règne en champion<br />

ce garde-temps unique,<br />

incontesté depuis 2000, année<br />

Vladimir Kramnik a affronté<br />

où il a battu Garry Kasparov à<br />

lors d’une partie d’échecs<br />

Londres. Il arrive parfois à Vladimir<br />

simultanée une trentaine de<br />

Kramnik de comparer les échecs à un « jeu<br />

collectionneurs de montres.<br />

Editeur<br />

BLANCPAIN SA<br />

Le Rocher 12<br />

1348 Le Brassus<br />

Suisse<br />

Tél.: +41 21 796 36 36<br />

www.blancpain.com<br />

pr@blancpain.com<br />

Rédaction en chef<br />

Christel Räber<br />

Jeffrey S. Kingston<br />

Conception, Graphisme Design, Réalisation<br />

thema communications ag, Francfort, Allemagne<br />

Direction Artistique<br />

Frank Dillmann<br />

Photolithographie<br />

DigitalRepro96, Francfort, Allemagne<br />

Impression<br />

Caruna Druck, Kleinheubach, Allemagne<br />

Photographie<br />

<strong>Blancpain</strong>, Claude Bossel, Corbis,<br />

Pierre-Michel Delessert (Flaveurs),<br />

Getty Images, Thierry Gaudillère,<br />

Alban Kakulya, Jeffrey S. Kingston,<br />

Kobrand, Wolfgang Oberle, Christel Räber,<br />

Mark Shaw, Johann Sauty,<br />

Vallée de Joux Tourisme<br />

<strong>Blancpain</strong> remercie les photographes des<br />

championnats du cheval arabe et de l’événement<br />

Kramnik.


BLANCPAIN. TRADITION D’INNOVATION. DEPUIS 1735.<br />

Un seul et même poussoir pour toutes<br />

les commandes du chronographe :<br />

départ, arrêt et remise à zéro<br />

L’idée d’un mécanisme de chronographe à commande monopoussoir<br />

remonte à l’époque des montres de poche. Sa simplicité demeure aujourd’hui<br />

exemplaire et a inspiré la création du « Villeret Chronographe Monopoussoir »<br />

(Réf. 6185-1546-55). Un retour aux origines de la Maison <strong>Blancpain</strong>.<br />

BOUTIQUES BLANCPAIN<br />

GENEVA • PARIS • NEW YORK • MUNICH • CANNES

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