Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

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66 transkriptionen 1703–1716 N. 56 moyen de redresser les affaires de son maitre. Je luy souhaite qu’il sorte au plutôt du mauvais embarquement où son infortune l’a engagé, car lorsque le navire prend eau de tout coté, il est juste qu’on songe à un autre où se mettre en si grand cas de besoin. On dit que le Roy de Suede a receu d’un air riant la nouvelle de la victoire de son ennemi. 5 J’aimerois mieux appeller cela risum sardonicum que de le croire insensible à une perte de telle consequence. L’expedition du Roy Auguste en Pomeranie ne le dedommageroit point de la ruine de la Saxe. Il y a trop de difference entre ces deux pays pour etre mis en parallele de profit. Le dit Roy pourroit croire cependant, que plus la guerre embarasseroit des pays, plus des autres seroient ils necessités à chercher les moyens de la faire finir. Je 10 m’imagine toujours qu’à moins que le Parlement prochaine d’Angleterre ne soit pour la paix generale de l’Europe et que consequentement on croye la pouvoir faire cet hyver, la dite Couronne et les Hollandois seront obligés d’avoir au defaut des lenitifs et quand ils desesperent de l’effet de ceux cy, recours aux remedes plus forts et proportionnés au mal. Car leur prevoyance ordinaire ne me laisse pas croire qu’ils veuillent hazarder de 15 rentrer en campagne, à l’hazard de voir la Suede brouiller la scene, ou avec moins de trouppes (quand il en faudroit laisser pour queller les Suedois) pendant que la France fait ses derniers efforts pour en amasser plus que jamais. Quoy qu’il en soit c’est aux autres à songer Bella gerant alii tu felix Prussia nube. Le conseil d’abdication du trône dont vous parlés, Monsieur, ne peut pas etre receu en bonne part, aussi peu que quand 20 on conseilleroit à un homme de se couper la gorge, et je crois le Roy Auguste autant et plus capable de recourir à ce dermier remede desesperé, qu’au premier, qui, le salut de l’ame à part, ne peut pas moins donner de repugnance à un Prince qui aime son honneur que l’autre. Je suis trespassionnement ... Je crains fort que de la maniere qu’on se prend pour faire reussir le mariage d’Espagne, on n’aille gâter tout et qu’au bout du conte, on 25 n’aye le regret d’avoir depensé son argent pour rien. à Houndisbourg le 16 Nov. 1706 56. J. F. VON ALVENSLEBEN AN LEIBNIZ Magdeburg, 26. November 1706. [55. 57.] Überlieferung: K LBr. 10 Bl. 88-89 30 à Magdebourg le 26 Nov. 1706. 1. 9. 2005

N. 56 transkriptionen 1703–1716 67 Monsieur Je vous suis tres obligé de l’honneur de la votre du 23 et comme je brulois, pour ainsi dire, d’une impatiente curiosité de sçavoir plus de nouvelles de la paix de Saxe, qui fait l’admiration de tout le monde, vous veneés fort à propos y satisfaire par votre bonté. Si jamais il y eut au monde ce que les Italiens appellent sopra fin, c’est sans doute le 5 traité dont il s’agit, et c’est au plus juste titre, que vous le qualifiés de Friede Gottes car je crois que le Diable luy même n’y voit goutte. Le temps nous decouvrira cependant qui sera le trompé ou le trompeur: A Trompeur trompeur et demy, n’aura place. De quel coté qu’on tourne la medaille le Roy Auguste fera dorernavant une figure extraordinaire dans le monde soit qu’il demeure sur le theatre, soit qu’il ne reste Roy qu’in partibus 10 infidelium, Car de l’une et de l’autre maniere personne ne se pourra plus fier en luy apres ce maitre coup de perfidie ou à l’egard du Czaar, et des Polonois de son parti, ou à l’egard du Roy de Suede. Je ne sçay que juger de ce que Madame la Grand Marechalle la Comtesse de Pflug, qui est icy, fait son paquet pour retourner en Saxe, Si c’etoit la femme du Grand Marechal du premier lit, je croirois qu’il voudroit luy jouer piece, mais 15 comme il aime assez celle cy, il faut croire, qu’il traite plutot en dupe le Grand thresorier de Pologne que sa propre epouse. Si le Roy Auguste etoit sûr de pouvoir surprendre le General Louenhaupt et tous le autres corps Suedois en suite, comme la Suede luy impute d’avoir surpris le General Mardefeld contre les loix de la bonne foy, il pourroit tirer utilité de la signature d’une paix qu’il n’auroit pas eu intention de tenir, mais à 20 quoy bon, si cela ne se peut point, d’irriter un ennemi maitre de la Saxe, à moins que le Roy Auguste ne la haisse tant luy meme que de luy souhaiter tout mal imaginable; Car d’ordinaire personne n’est parjure pour rien. Comme la Princesse Royale avoit apporté une joye generale en cette ville cy, et en toute la province, et que dans un seul jour ses manieres prevenantes et civiles luy ont gagné les coeurs de tous ceux qui ont eu le bonheur 25 de l’approcher, ainsi son depart haté a été regretté de tout le monde. Si Elle continue, comme on ne doute pas, à donner de ces marques de bonté, SAR. se fera adorer de tout le monde, et l’on la regardera comme un don extraordinair et sans prix que le Ciel a voulu envoyer à l’Etat du Roy, qui en peut tirer pour luy le plus heureux augure. L’infinité des harangues publiques et des complimens particulieres dont elle a été et va etre accablée, 30 m’a fait juger pour mon particulier que ce n’etoit pas luy faire tort, que de luy epargner la peine d’en entendre encore de ma façon, quoyque j’aye eu l’honneur de la voir, de manger avec Elle, et qu’Elle m’ait fait la grace de me parler à table, outre mille bontés qu’elle a temoignée à ma femme et à mes parens. Je fais cependant mon conte que quand 1. 9. 2005

N. 56 transkriptionen 1703–<strong>1716</strong> 67<br />

Monsieur<br />

Je vous suis tres obligé de l’honneur de la votre du 23 et comme je brulois, pour<br />

ainsi dire, d’une impatiente curiosité de sçavoir plus de nouvelles de la paix de Saxe, qui<br />

fait l’admiration de tout le monde, vous veneés fort à propos y satisfaire par votre bonté.<br />

Si jamais il y eut au monde ce que les Italiens appellent sopra fin, c’est sans doute le 5<br />

traité dont il s’agit, et c’est au plus juste titre, que vous le qualifiés de Friede Gottes<br />

car je crois que le Diable luy même n’y voit goutte. Le temps nous decouvrira cependant<br />

qui sera le trompé ou le trompeur: A Trompeur trompeur et demy, n’aura place. De quel<br />

coté qu’on tourne la medaille le Roy Auguste fera dorernavant une figure extraordinaire<br />

dans le monde soit qu’il demeure sur le theatre, soit qu’il ne reste Roy qu’in partibus 10<br />

infidelium, Car de l’une et de l’autre maniere personne ne se pourra plus fier en luy<br />

apres ce maitre coup de perfidie ou à l’egard du Czaar, et des Polonois de son parti, ou<br />

à l’egard du Roy de Suede. Je ne sçay que juger de ce que Madame la Grand Marechalle<br />

la Comtesse de Pflug, qui est icy, fait son paquet pour retourner en Saxe, Si c’etoit la<br />

femme du Grand Marechal du premier lit, je croirois qu’il voudroit luy jouer piece, mais 15<br />

comme il aime assez celle cy, il faut croire, qu’il traite plutot en dupe le Grand thresorier<br />

de Pologne que sa propre epouse. Si le Roy Auguste etoit sûr de pouvoir surprendre<br />

le General Louenhaupt et tous le autres corps Suedois en suite, comme la Suede luy<br />

impute d’avoir surpris le General Mardefeld contre les loix de la bonne foy, il pourroit<br />

tirer utilité de la signature d’une paix qu’il n’auroit pas eu intention de tenir, mais à 20<br />

quoy bon, si cela ne se peut point, d’irriter un ennemi maitre de la Saxe, à moins que le<br />

Roy Auguste ne la haisse tant luy meme que de luy souhaiter tout mal imaginable; Car<br />

d’ordinaire personne n’est parjure pour rien. Comme la Princesse Royale avoit apporté<br />

une joye generale en cette ville cy, et en toute la province, et que dans un seul jour ses<br />

manieres prevenantes et civiles luy ont gagné les coeurs de tous ceux qui ont eu le bonheur 25<br />

de l’approcher, ainsi son depart haté a été regretté de tout le monde. Si Elle continue,<br />

comme on ne doute pas, à donner de ces marques de bonté, SAR. se fera adorer de tout le<br />

monde, et l’on la regardera comme un don extraordinair et sans prix que le Ciel a voulu<br />

envoyer à l’Etat du Roy, qui en peut tirer pour luy le plus heureux augure. L’infinité des<br />

harangues publiques et des complimens particulieres dont elle a été et va etre accablée, 30<br />

m’a fait juger pour mon particulier que ce n’etoit pas luy faire tort, que de luy epargner<br />

la peine d’en entendre encore de ma façon, quoyque j’aye eu l’honneur de la voir, de<br />

manger avec Elle, et qu’Elle m’ait fait la grace de me parler à table, outre mille bontés<br />

qu’elle a temoignée à ma femme et à mes parens. Je fais cependant mon conte que quand<br />

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