Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

62 transkriptionen 1703–1716 N. 53
53. J. F. VON ALVENSLEBEN AN LEIBNIZ
Hundisburg, 9. Oktober 1706. [52. 54.]
Überlieferung: K LBr. 10 Bl. 82-83
Monsieur,
5 Il est vray, que nous voyons arriver de nos jours des choses si extraordinaires, que je
suis quasi persuadé de mon coté, quod omnia nunc fient, fieri quae posse negabam. Les
demarches de la Suede sont de cette nature, lesquelles quoyqu’elles paroissent aussi peu
convenables avec la politique qu’avec la saison succedent cependant jusqu’au point, que
personne jusqu’icy ose s’y opposer. J’ay cru du commencement qu’elles etoient comme
10 ces grands coups de foudre qui portant le feu à la maison d’un particulier surprennent
bien tout le voisinage, jusqu’à ne pouvoir resoudre comment s’y prendre de premier
d’abord, mais dont l’etourdissement ne va pas à laisser consumer la même maison sans
prendre pour le moins en temps la precaution necessaire que les flammes ne passent
pas outre, mais presentement, Monsieur, j’avoue que je ne say plus qu’en penser. Le
15 bonheur de la Suede est admirablement partout. Ce que nos ancêtres ont vû arriver de
leur temps nous devroit inspirer tout autre sentiment qu’on remarque j’usqu’á l’heure
qu’il est, et ce que la Suede a eprouvée de notre temps devroit par moins étre l’objet de
san souvenir, et cela d’autant plus, que dans les conjonctures presentes il n’y auroit point
comme alors de puissance capable à reparer les fautes de sa precipitation par son appuy.
20 Cependant ny l’un ny l’autre se fait, autant que je sçache. Je me defie donc moy même
de mon raisonnement parce qu’il est plus juste que je le croye faux, que de supposer
que le monde cesse d’etre assés politique, et que moy avec quelque peu de gens que je
connois raisonnent consecutivement. Les Hollandois agissent en effet comme s’ils etoient
chargés de la tutele de toute l’Europe, et le soin qu’ils prennent de son salut, merite qu’on
25 leur porte respect de Tuteur, en donnant toute preference à leurs conseils salutaires. Il
y auroit tort de les accuser, comme Mr Beyle le rapporte quelque part, qu’ils aspirent
à la monarchie universelle par la route de vouloir faire la loy aux autres nations, et en
s’erigeant à etre les arbitier de la paix et de la guerre, à prescrire à chacun ses bornes et ses
demarches etc. Car le monde semble avoir effectivement, besoin de puissance moderatrice
30 des ses menées, qui excite les uns et qui fasse aux autres mettre de l’eau dans leur vin.
Le combat entre les Suedois et les Saxons a fait plus de bruit qu’il n’a été d’importance
en effet. La diete des Etats en Saxe a été differée, le Ministere de Dresden pretend la
1. 9. 2005