Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

272 transkriptionen 1703–1716 N. 220
que le plutôt qu’il pourra. Et cela se pourroit faire d’une maniere qui ne commist en rien
la dignité de sa M té imperiale et Catholique. Il feroit le voyage de son chef il parleroit
non par ordre mais comme sur ce qu’il auroit en occasion d’apprendre chez Messieurs
les Ministres. Et il pourroit porter une lettre d’un de leur Excellences à un Ministre
5 d’Hannover par exemple à celuy qui a eté à Francfort, où l’on se contenteroit de dire
que celuy qui porte la lettre a quelques informations qui pourroient etre utiles dans la
presente conjoncture, et qu’il pourroit etre utilement ecouté. Il pourroit donc donner à
Hannover quelques lumieres sur les intentions de l’Empereur, et en rapporter bientôt icy
sur les desseins conformes du Roy, qui ne peuvent manquer d’etre dignes de son zele
10 louable dont il a donné tant de preuves.
Deux choses sur tout meriteroient ce semble qu’on ne perdit point de temps, la
premiere seroit que le Roy de la Gr. Bretagne prit la resolution d’envoyer ordre au
plutot à l’Amiral Wishart dans la Mediterranée de faire ce qui sera possible pour sauver
Barcellonne s’il est encore temps. Et le Roy (qui a déja droit d’exercer toutes fonctions
15 de la Royauté) le peut faire avant que de deliberer avec le Conseil d’Angleterre, parce
que la Maison des Seigneurs avoit déja prié la Reine depuis peu d’avoir soin du salut
de ces braves gens, que l’Angleterre même avoit engagés dans l’etat où ils se trouvent.
Et ce seroit meme una finezza au Roy qui contenteroit fort la Nation Angloise, si dans
une occasione si pressante il prevenoit une nouvelle adresse, en satisfaisant au desir de
20 la nation puisqu’il luy est connu. Je m’imagine même que la Cour Imperiale aura donné
ordre par avance de fair savoir à Wishard ce qui s’est passé à fin qu’il ne puisse point
pretendre cause d’ignorance; et à fin qu’il puisse juger s’il ne feroit bien de se rapprocher
de Barcellonne, ce qui pourroit avoir quelque bon effect.
La seconde affaire qui demande de l’empressement seroit d’empecher le Roy de
25 Portugal de precipiter la conclusion de la paix avec le Duc d’Anjou. Ce qui peut arriver
si l’on ne l’en detourne bien tot, par ce qu’il a déja recherché la mediation de la France,
la quelle ne manquera pas de presser l’ajustement, apres la nouvelle de la mort de la
Reine Anne.
Le Roy de la Grande Bretagne peut faire d’abord ces demarches sans rompre avec
30 la France ny avec l’Espagne et sans rien faire qui ne doive plaire à la Nation. J’en ay
déja rendu raison par rapport aux Catalans. Et quant au Portugal il est honnorable et
avantageux à la Grande Bretagne de prendre aussi part à la negotiation sans en laisser la
direction à la France toute seule. Et peut etre que le Roy de la Grande Bretagne pourroit
engager Messieurs les Etats dans les memes mesures.
1. 9. 2005