Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

260 transkriptionen 1703–1716 N. 209
m’avés envoyé, Monsieur, les extraits des lettres changera bien de langage maintenant.
Je luy repondray pourtant icy, tout comme si je ne savois pas encor la mort de la Reine,
et il dependra de vous Monsieur, de luy en envoyer l’extrait ou non. Il sera tousjours bon
d’avoir quelque commerce qui est ami particulier de M. le Comte d’Oxford.
5 J’ay vû, Monsieur, les extraits de ce que Votre ami vous a ecrit de Bath du juin et
du juillet passe. Il me semble qu’il me prend pour un homme partial et prevenue. Mais je
souhaiterois qu’on put abolir les parti des Toris et des Whigs, les en donnant les emplois
aux gens de merite des deux cotés. J’avoue que je suis prevenu extremement contre la
mauvaise paix d’Utrecht, et je n’ay rien appris jusqu’icy qui m’en puisse faire revenir.
10 Je ne say si tout le monde convient que la Bourse de Londres et le Credit de la Nation
estoient en si grand danger quand on envoya M. Prior en France, quand on en fit venir M.
Menager, quand on se contenta des conditions dont la France meme fut etonnée. Et par
apres lorsque les trouppes Angloises se separerent des Allies aux Paybas et derangerent
toute la machine on estoit en estat d’entrer dans le Coeur de la France, et de la forcer à
15 abandonner l’Espagne. La depense etoit deja faite, il falloit seulement l’employer comme
l’on pouvoit. J’avoue qu’il y avoit aussi des gens en Hollande qui donnoient dans la
mauvaise paix mais ils n’auroient osé se produire sans l’appuy de la Cour, d’Angleterre.
Ainsi la source du mal en vient et la Cour Imperiale en est persuadée. Enfin rien a paru
plus manifeste que l’intelligence un peu trop grande de la Cour d’Angleterre avec celle
20 de France au prejudice du bien public, les plaisantes renontiations des Princes François,
l’abandon des Catalans, le pretendu Roy de Sicile crée sans la moindre apparence de
raison pour insulter à l’Empereur et dernierement la connivence sur le port de Mardik
la foiblesse sur les Conditions des traités de commerce, en sont des preuves evidentes: Il
semble qu’on a neglige de tout ce qui est hors de l’Angleterre pour venir à son but en
25 dedans. Cependant je ne suis point homme a faire l’Apologie des Whigs le titre du livre
intitulé fautes des deux cotés est raisonable. Si l’âge et d’autres circomstances detournent
le Roy de France d’entreprendre l’etablissement du pretendant en Angleterre c’est un
bonheur pour nous. S’il estoit un prince de 24 ans, il ne balanceroit pas. Et que savons
nous qu’il pourra faire apres la paix de Bade avant l’accommodement entre l’Empereur et
30 Messieurs les Etats qelque brave que soit la nation Anglois et quelque nombreuse que soit
son milice, on connoist assez ce que peut un peuple en desordre contre un ennemi puissant
et bien preparé. Dieu veuille qu’on ne Vienne point à l’epreuve. La petite tentative sur
l’Ecosse que le pretendant fit il y a quelques annees est peu de chose, aupres de ce que
la France peut faire a present
1. 9. 2005