Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

N. 200 transkriptionen 1703–1716 243
emplois publics, d’assister la societé pour luy fournir des observations, et de la consulter
quand il s’agira des questions de son ressort.
Le quatrieme et dernier moyen consisteroit en certaines impositions, qui se tireroient
sur le public, mais qui seroient tres modiques. Il y en auroit de deux sortes; les unes
porteroient leur utilité avec elles, comme le rehaussement des impôts sur l’entrée des 5
fabriques étrangeres qui se peuvent établir dans le pays, et sur la sortie des marchandises
crues qui devroient étre mises en oevre dans le pays. Les autres seroient mises sur le luxe,
le jeu, la chicane et autres superfluités ou même abus; qui ont besoin d’etre refrenés. Je
comprendrois aussi sur cette article l’immunité et l’exemtion de certains imposts qu’on
accorderoit à la Societé, par exemple pour le papier qu’elle employeroit à l’impression 10
des livres, pour encourager cette espece de commerce, et tirer de l’argent dans le pays par
ce moyen, ou du moins pour empecher une partie de la sortie de l’argent, en echangeant
des livres etrangers contre les notres, au lieu que maintenant on n’imprime presque rien
icy, et laisse sortir du pays des grandes sommes d’argent pour des livres.
Le papier timbré ou marqué meriteroit icy une reflexion particuliere. C’est propre- 15
ment un impost sur la chicane et sur les formalités, le quel etant fort moderé, seroit
insensible au public, et ne laisseroit pas d’étre d’un grand effect pour jetter un fondement
solide sur le quel on pourrroit batir une grande partie de l’edifice de la Societé des
Sciences. Cet impost est en usage presque par tout l’Europe. C’est depuis peu qu’on l’a
introduit aussi dans le pays Brunsvic-Lunebourg. Il a eté introduit deux fois icy, et aboli 20
aussi deux fois. Et il n’y a pas long temps que le feu prince Adam de Lichtenstein travailloit
à le rétablir. Et je ne doute point qu’il ne soit encor receu un jour dans l’Autriche,
dans la Boheme et dans leur dependances; mais peut étre pour un usage moins louable
que celuy qu’on propose maintenant, qui seroit applaudi du public, parceque rien n’est
plus naturel, que de faire servir le papier aux etudes autant qu’il se peut. Et l’Empereur 25
auroit été le premier qui auroit donné ce bel exemple aux autres souverains. J’apprends
que la principale raison qui l’a fait abolir et negliger a eté parce que cela paroissoit une
chose modique pour les grandes besoins de l’Etat, et ne laissoit pas d’embarrasser, parce
qu’on s’y étoit pris d’une maniere qui demandoit beaucoup de soins et d’officiers qui
absorboient une tres grande partie de l’utilité. Mais on a trouvé le moyen de retrancher 30
presque toutes ces de penses, et on se contentera de quelque chose de modique.
Mais le moyen le plus promt et le moins embarassant, parmy ceux de cette espece,
seroit que l’Autorité de Sa Majesté Imperiale et Catholique portât les Etats des pays
hereditaires à destiner pour l’entretien de la societé une somme annuelle, chaque pays
1. 9. 2005