Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

N. 158 transkriptionen 1703–1716 193
158. LEIBNIZ AN CAROLINE
Wien, 7. Juli 1714.
Überlieferung: L Konzept:
A Madame la princesse Electorale.
Vienne ce 7 de juillet 1714 5
Madame
La mort de Mad. l’Electrice m’a donné une grande emotion. il me semble que je la
voy expirer entre les bras de V. A. S. Sa mort a esté telle qu’elle a souhaitee. Ce n’est
pas Elle, c’est Hannover, c’est Angleterre, c’est le monde, c’est moy qui y ait perdu. La
lettre que V. A. S. m’a fait la grace de m’ecrire le jour avant la mort de Mad. l’Electrice 10
m’a eté une grande consolation. Cependant si vous ne voulés pas Madame me recevoir
comme un mauvais meuble que vous avés herité d’elle, vous me bannirés d’Hannover. il
faudroit que V. A. S. se fit donner ses recueils. Gargan en a beaucoup, et puis M lle de
Pelniz. outre ce qui se trouvera dans son Cabinet. il faudroit suppleer Madame d’Orleans
de nous conserver ses lettres. tous ces reliques ne sont rien aux prix de la personne. Mais 15
ne pensons pas trop à sa mort pensons plutost à sa vie heureuse et glorieuse. V. A. S.
doit etre comme sa metampsycose.
Je n’ay point manqué de faire aupres de Monsg r le prince Eugene le compliment
dont Monsg r le prince Electoral m’avoit chargé. le prince de Savoye s’en est tenu fort
obligé, et m’a commis bien expressement de le demarquer son affection pour les interests 20
de S. A. S. il paroist qu’il juge liés avec ceux de Sa M té imperiale. il a eté bien aise
d’apprendre plus distinctement, qu’il n’a pas tenu à Monsg r le Prince Electoral, que
le voyage ne s’est point fait. S. A. et d’autres Ministres icy ont cru, que si Monsg r y
savoit pû passer d’abord, aussi tost que le Writ avoit eté expedié, sans donner le loisir
au Ministere Anglois de se reconnoistre, et de se gendarmer comme ils sont fait; leur 25
oppositions auroient eté inutiles. Mais on reconnoit bien maitenant que de la maniere
que l’affaire s’est passee, sans ce prompt passage n’a point eté faisable.
Celuy qui aura l’honneur de presenter cette lettre à V. A. S. Est un Gentilhomme
Ecossois d’une famille considerable, c’est celle dont est le Duc de Roxbourg. il est venu
icy pour une proposition importante de la parte de quelques particuliers Anglois. Comme 30
il s’estoit adressé d’abord à moy, j’ay fait ensuite que l’affaire a eté traitée secretement
avec l’Empereur même, sans que les instances y soyent entrées. Sa Majesté Imperiale en
1. 9. 2005