Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716
Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716
Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716
- TAGS
- leibniz
- bobson.ludost.net
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
N. 140 transkriptionen 1703–<strong>1716</strong> 165<br />
Elle les aimeroit comme ses Enfans. Je suis surpris d’un mot de votre Ami, ou il dit que<br />
le Prince Electoral ne doit point venir contre la volonté declarée de la Reine. Je ne savois<br />
point que la Reine eût declaré que ce passage etoit contre sa volonté pourquoy a t-elle<br />
donc fait ce Prince Duc de Cambridge et luy assigné son rang devant les autres Pairs, si<br />
non pour le mettre en etat de venir? Je suis tout a fait de l’opinion de votre ami qu’a 5<br />
Hannover on a besoin des Toris moderés aussi bien que des Whigs, et je suis asseuré que<br />
c’est aussi le sentiment de Monsg r l’Electeur et de Mad. l’Elecrice. Votre ami conseil<br />
qu’on attende les demarches eclatantes qu’on va faire pour eloigner beaucoup plus le<br />
pretendant, entre autres par l’affermissement des garanties. Mais je ne puis dissimuler<br />
là dessus, que si ces demarches ne consistent qu’en Actes et Traités elles ne sont point 10<br />
suffisantes. Et puisque le Traité fait avec l’Empereur le Roy de Portugal et ses Etats<br />
Generaux qui excluoit positivement les Bourbons de l’Espange n’a de rien servi, et que<br />
la Reine a repondu à l’adresse des Pairs qu’elle seroit faché qu’on la crût portée à laisser<br />
l’Espangne aux Bourbons dans le temps que son Ministere avoit deja pris les mesures<br />
pour les y etablir: depuis ce temps là dis je, je ne vois pas comment on se puisse reposer 15<br />
sur les Traités les Actes et les paroles s’ils ne sont accompagnés de quelque seurete reele.<br />
Ainsi je serois persuadé que la Cour d’Hannover ne doit point perdre l’affection et le soin<br />
de la seureté de la nation et qu’elle doit hazarder le passage tres legitime du Prince si la<br />
Reine ne pouvoit mieux a la seureté de la succession protestante. Je trouve deux moyens<br />
necessaires pour cela, l’un que la Reine avec le parlement etablisse une liste civile pour 20<br />
la premiere personne dans la succession apres sa M te ; l’autre moyen je le tiens in petto,<br />
et je ne le diray que bonnes enseignes. Mais ce seroit un des plus efficaces pour guerir les<br />
craintes bien fondées de la Nation, et en mème temps les plus propres à oter à la Reine<br />
toute sarte de jalousie comme si l’on vouloit eriger Autel contre Autel en Angleterre. Il<br />
n’est pas juste que la Cour veuille qu’on se fie en tout à Elle, apres les etranges choses 25<br />
qu’elle a faites; comme il n’est pas raisonnable non plus qu’on choque l’autorité de la<br />
Reine sans necessité. Il faut contender en meme temps la Reine d’un coté et le gros de la<br />
Nation avec la Cour d’Hannover de l’autre. Autrement Hannover auroit tart de se laisser<br />
amuser et de perdre ses amis par son inaction, en retenant le Prince. Et je say que c’est<br />
meme le sentiment de la Cour Imperiale, quoyque le Ministere ait encor la pluralité dans 30<br />
le parlement. Il est seur qu’il n’a pas celle de la Nation, et il faut qu’on fasse venir une<br />
armee de France pour la maistriser. S’il faut venir a cela ils trouverant a qui parler, j’en<br />
saia des nouvelles.<br />
La substance de ce qui precede, Monsieur, pourroit etre communiqué à votre ami<br />
1. 9. 2005