Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

N. 132 transkriptionen 1703–1716 155
et apres l’interdiction de cellecy à M r le Baron Schütze, dont il est impossible de justifier
la conduite (d’avoir demandé à Mylord Chancelier un Writt ou invitation de venir au
Parlement pour le Duc de Cambridge sans en donner aucun avis à la Cour) a moins que
d’avoir eu de tels ordres; j’en serois aussi faché que de voir le Prince Electoral ici contre la
volonte declarée de la Reine, sachant, à n’en pouvoir douter, les consequences facheuses, 5
à quoy telle entreprise pourroit mener, parce qu’on trouve la Reine plus resolue et plus
ferme, qu’on ne l’a jamais crû capable de l’etre pour soutenir la gageure.
que n’attend on plutot les voyes eclatantes de fait, que vous aves raison de demander,
soit pour eloigner beaucoup plus le Pretendant qu’il ne l’est, soit pour affermir les
garanties en faveur de la succession d’Hannover (car la demande à la Reine de mettre à 10
prix la tete de son frere a ete traitée de folie par les Whighs memes, apres que leur premiere
fureur fut passée) la Reine se trouve positivement engagée à l’une et à l’autre, mais
qu’on ne provoque pas la jalousie extreme de regner de cette Princesse par des attentats
à sa Souveraineté, qui la pourroient obliger à executer les resolutions violentes, que le
dessein de la propre conservation est bien de fois capable d’inspirer Ministres, et tout 15
cecy, dans un temps, ou il y a des moyens plus moderés et convenables d’arriver à son
but, ou quelque deference montrée aux volontés de la Reine pourroit ramener l’esprit de
cette Princesse, ou sa santé plus affermie, qu’elle n’etoit depuis un an, eloigne le danger
de sa mort, et ou par un acte de Parlement on pourroit rendre legitime l’introduction de
trouppes des Princes garants dans le Royaume, en cas de l’apprehension fondée de celles 20
qui ameneront le Pretendant.
P.S. Apres, Monsieur, avoir parlé des affaires d’autruy, parlons de nos propres, et
permettes moy de vous prier de ne pas tarder de vous rendre à Hannover, quand ce ne
seroit que pour le pretexte de la souhaiter le bon voyage au Prince Electoral, mais en
effect pour l’empecher par les raisons alleguées dans ma lettre: comme M r Schütz s’est 25
gouverné ici tres mal depuis le commencement, il merite qu’il serve de victime, mais quand
à son Successeur, croyes moy sur mon honneur, si je vous dit qu’il n’a pas de plus propre
que vous meme, deja la conclusion de la paix de Rastat apres tant d’autres exemples
temoigne, que la qualite de Ministre ne derange pas a celle de grand general, et comme
en ce cas le bien des affaires de l’Electeur et le plaisir de votre compagnie m’obligeroient 30
à songer aux moyens de rester ici, j’ose vous assurer que mettant ensemble les affaires
sur un pied tout different du passé, nous viendrions avec l’aide de Dieu à bout d’etablir
la succession de Hannover dans la possession de ces royaumes aussi bien que de l’affermir
quelque difference qu’il y ait entre l’un et l’autre. Tant que j’ai eu raison de croire que
1. 9. 2005