Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

4 transkriptionen 1703–1716 N. 1
present des plusieurs livres curieux que j’avois long temps scharchés inutillement. Il a
le mellieur bibliotheque pour l’histoire de toute sorte que j’avois veu encore, et il m’a
laissè cuilir ce que j’ay voulu. Il m’a ecrit depuis qu’on travaille al histoire della famille
de Gondi, d’ou êt sorti la Duchesse de Didiquiere et qu’on va gravér pour le Roy les
5 peintures de Rubens dans le palais Luxembourg à Paris et autres choses qui valent encore
moins être recitès. Pour l’histoire de leur academie des Sciences Vous l’avez imprimé
chaque anné, et pour la relatione des leurs theologiens, et leur raisonements presque toujours
ou contre les J a n s e n i s t e s , ou contre les C a l v i n i s t e s , cela fait pitiè!
Les plus mechants livres ecrits en Engleterre tout le long del annè ne sont pas encore
10 si miserables. J’ay ici deux ou trois livres Englois assez curieux que je voudrois Vous
envoyér si je savois le moyen viz ce livre de Monsr. Ray T h e w i s d o m o f G o d
m a n i f e s t e d i n t h e w o r k s of c r e a t i o n , & Mr; N y e ’ s D i s c o u r s e
of N a t u r a l & r e i v a l ’ d R e l i g e o n in general. J’avois laissè Cosmotheria de
Monsr. Grew, un recuil des discours ou sermons del Archevêque de York d’aujourdhui,
15 avec quelques autres livres dans les mains de Monsr. Du Pin à Paris qui ne me furent
rendus; (Il êtoit malheureusement en exile à Chatelrault, quand je sortis de prison.) Mais
j’aimerais mieux Vous les portér avec quelques autres que j’ay prêtè ici dans la ville si je
ne fusse point renfermè ici par les ravages della guerre qui ne permetent pas de s’eloignér
de cet petit point de terre où je suis, qui se regarde à cette heure come le seul centre
20 de repos. Les chemins ne sont nullement surs, ny libres pour retournér à Vous, ou en
Engleterre, par Italy, par Alemagne, par France ny par mer; et ayant deja eprouvè leurs
rudes mains (non obstant qui n’ajouteront disgraces aux sufrance qu’ils m’imposerent
come aux plusieurs autres) j’aimerays mieux être prisonier de guerre par les Turques que
par ceux qui ont tant vantè leur civilitè fransoise.
25 Vous me ferez un extrème plaisir de me faire entendre Vos nouvelles au plutôt, et me
faire part des bons desseins al egard del avancement des sciences, et l’interêt della repub:
des letres dont Vous êt toujours rempli. Plusieures choses me seront toutes nouvelles
n’ayant pas eu que 3 letres d’Ecosse et point encore d’Engleterre. J’êtois toujours jusqu’à
cett heur si incertain du temps de ma demeure ici que je ne les pouvois pas ecrire aucune
30 chose de certain, ny même leur ordonér une seure adresse pour ecrire à moy. On a mis
en prison quelques marchands de cette ville qu’ils vouleurent enrossér du monde pour
le Duc de Savoye al instance de Resident de Franse. Monsr. Hugetan le riche libraire
de Lyon qui avoit tant gaigné par les traittès & à Londres, êt à cette heure ici, - on
dit qu’il ne sera pas recu plus en Hollande &, et on voudroit bien qu’il fût ailleurs
1. 9. 2005