Leibniz, Akademie-Ausgabe, 1704--1716

1. BURNETT AN LEIBNIZ
Genf, 5. November 1703. [17.]
Überlieferung: K LBr 132 Bl. 132–133
Tres cher honoré Monsr
Je ne saurays pas assez exprimer le desir que j’ay d’entendre de Vos nouvelles et 5
principalement al egard de Vôtre santé aprês une interruptione de commerce de Vos letres
pour plus de 20 mois pass’es. I ly avoit bien une malheureux empechement de mon cotè,
la libertè de ecrire, ou aucune comerce que que ce soit, m’ayant ête interdite pendant
plus de 14 mois que j’êtois tenu prisonier êtroit alla bastille à Paris, sans savoir pour
quoy encore aujourdhoui non plus que le premier moment que cette malheur m’arrivat; 10
c’êtoit alors le temps della paix qui avoit durée encore 6 ou 7 semaines aprés devant
que la guerre fût declaré contre les Anglois. Je ne saurois pas imaginér ny plus quelle
soubson particuliere ils avoient des mes actiones ou intentiones: Car ils ne m’ont accusé
d’aucune chose non obstant qu’ils m’interrogerent de tout; et eussent bien voulu savoir
même mes pensés secretès, aussi bien que ma conduite pour plus de 15 annés passés. Ils 15
ont voulu savoir trop, et moy, je n’ay pas voulu leur contér plus que jene trouva à prpos.
Pour Vous dire tout ce que j’ay soufert dans cette prison seroit une longue histoire (.)
Il suffit à cette heure de Vous dire, que la maniere de procedure envers moy viz ( de
sasir un etranger de son lit dans le temp de paix, de le tenir en prison etroit, de ne
le point accusér de rien, ny même l’examiner pendant un anné, et alla fin aprés (Dieu 20
sait combien) de solicitationes, et prieres et requêtes par mes amis dehors, et par moy
même dedans pour avoir justice, d’avoir les portes ouvertes pour sortir sans dire un mot
pour apologirér pour le tort, ou aucune raison donnée pour avoir ainsi usé envers moy,
ou aucunreprimande pour aucun article de ma conduiteen France.) C’êtoit asseurement
malgré eux ce qu’on pouvoit faire plus al l’honeur d’une personne. (june?) conte êt une 25
exemple bien demonstrative della justice reguliere de cet pais et des ministres, car je
me persuade Le Roy même n’êt aucunement informè des millions des desordres et abus
dans ces prisons. On a voulu bien cachér & faire mistère des raisones de mon impriso-
1. 9. 2005