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Colis lourds : - NPI

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iSSN 1769-8588 - 19,50e - Photo couverture : Doc. Logistique Express International<br />

<strong>NPI</strong><br />

Na v i g a t i oN Po r t s & iN d u s t r i e s<br />

Dossier<br />

<strong>Colis</strong> <strong>lourds</strong> :<br />

une logistique «sur-mesure»<br />

Intermodalité p. 8<br />

Grenelle - suite<br />

Chargeurs p. 21<br />

La grande distribution<br />

embarque pour le fluvial<br />

Pratique p. 26<br />

Ports maritimes européens :<br />

la crise après la croissance<br />

N° 01 • Janvier 2009


La CFNR, votre solution logistique<br />

Agences et filiales :<br />

Des cartes maîtresses pour les vracs secs et liquides,<br />

les conteneurs, les colis <strong>lourds</strong>.<br />

Et bien d’autres atouts dans une seule main<br />

■ transport fluvial<br />

■ transport combiné<br />

(mer/fleuve/route/fer)<br />

■ manutention<br />

■ entreposage<br />

■ gestion de stocks<br />

■ chaîne logistique<br />

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(mer/fleuve/route/fer)<br />

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de filiales<br />

et correspondants,<br />

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à votre service<br />

Siège :<br />

63 quai Jacoutot - B.P. 100 - 67015 STRASBOURG Cedex<br />

Tél. 03.88.45.53.90 - Fax 03.88.45.53.95<br />

Site internet : www.cfnr.fr<br />

Direction du développement commercial :<br />

63 quai Jacoutot - B.P. 100 - 67015 STRASBOURG Cedex<br />

Tél. 03.88.45.53.67 - Fax 03.88.45.53.69<br />

STRASBOURG - OTTMARSHEIM - THIONVILLE/UCKANGE - NANCY/FROUARD - DUNKERQUE - BASEL - KEHL<br />

LUDWIGSHAFEN - DILLINGEN - DUISBURG - DORDRECHT - ANTWERPEN - BRUXELLES - LIEGE


Editorial<br />

Nathalie STEY<br />

Rédactrice en chef<br />

EDITIONS DE LA NAVIGATION DU RHIN<br />

Sàrl au capital de 37 500 e<br />

Siège<br />

5, rue du Port du Rhin<br />

F - 67000 Strasbourg<br />

Tél : 03.88.36.28.44<br />

Télécopie : 03.88.37.04.82<br />

e-mail: npi@n-pi.fr<br />

www.n-pi.fr<br />

C.C.P. Strasbourg 499.50 D<br />

R.C. 588502237 B Strasbourg<br />

TVA FR 23 588 502 237<br />

Directeur gérant :<br />

Robert Arnaud, robert.arnaud@n-pi.fr<br />

Directeur de la publication :<br />

Jean-Jacques Weber<br />

jean-jacques.weber@n-pi.fr<br />

Rédactrice en chef :<br />

Nathalie Stey, nathalie.stey@n-pi.fr<br />

Chefs de rubrique :<br />

Christophe Panzer, christophe.panzer@n-pi.fr<br />

Etienne Berrier (Paris), etienne.berrier@n-pi.fr<br />

Correspondants :<br />

Alain Simoneau (Nord); Robert Querret<br />

(Rouen/Le Havre); Christine Caradot-Bail<br />

(Lyon); Florence Bord (Bordeaux);<br />

Solène Penhoat (Marseille)<br />

Michaela Findeis (Belgique)<br />

Maquette :<br />

Muriel Boff, muriel.boff@n-pi.fr<br />

PUbLIcITE<br />

Arnaud Klein, attaché commercial<br />

arnaud.klein@n-pi.fr<br />

pub@n-pi.fr<br />

Tous droits de reproduction, même<br />

partielle, par quelque procédé que ce soit,<br />

strictement réservés pour tous pays.<br />

AbONNEmENTS */**<br />

abonnements@n-pi.fr<br />

Série de 11 numéros par an<br />

France .................185,00 EUR<br />

Etranger**. ..............210,00 EUR<br />

Tous les chèques sont à libeller à<br />

l’ordre des «Editions de la Navigation<br />

du Rhin»<br />

* Peuvent être imputés au compte<br />

«de la contribution de 1% des entreprises à<br />

l’effort de formation professionnelle»<br />

** S’ajoute, s’’il y a lieu, la TVA à 2,1%<br />

Commission Paritaire des Publications<br />

et Agences de presse n°0909 T 86492<br />

Dépôt légal 1 er<br />

trimestre 2009<br />

ImPRESSION<br />

POINTILLES<br />

27, route de la Wantzenau<br />

67800 Hoenheim<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries<br />

La réforme patine<br />

En<br />

ces temps de gel, les véhicules routiers ne sont pas les seuls à patiner. La réforme portuaire<br />

adoptée le 4 juillet 2008 est, elle aussi, loin d’avoir trouvé son rythme de croisière. Les nouveaux<br />

«Grands ports maritimes» ayant été institués par décrets du 9 octobre dernier (6 novembre pour<br />

le port de Rouen), les projets stratégiques des ports - ceux devant fixer le<br />

périmètre des terminaux et la liste des outillages à transférer, conditionnant<br />

de fait la suite de la réforme - auraient dû être adoptés à la mi-janvier<br />

(début février pour le port de Rouen). Las, rien - ou si peu - n’a filtré<br />

jusqu’à présent de leur élaboration. Au grand dam des communautés<br />

portuaires concernées, Marseille et Le Havre en tête.<br />

Quelle serait la réaction<br />

du gouvernement face<br />

à une nouvelle agitation<br />

portuaire ?<br />

En cause notamment, le retard pris dans la mise en place des conseils de<br />

surveillance des Ports. La nomination des personnalités choisies en raison de leurs compétences<br />

a été difficile, du fait du parti pris de l’Etat d’éviter au maximum les conflits d’intérêt. «On se retrouve<br />

avec des personnes qui n’ont aucun lien avec le secteur maritime. Or, il est gênant de confier<br />

la gestion d’un GMP à des personnalités n’ayant aucune connaissance maritime», affirme l’ancien<br />

président de l’Union des ports de France, Michel Quimbert.<br />

Les conseils de surveillance n’ayant été nommé qu’à partir de la mi-décembre, il faut attendre<br />

leurs premières réunions pour connaître les noms de leurs présidents ainsi que ceux des membres<br />

des directoires. A l’heure où ces lignes sont écrites, tous les conseils de surveillance n’ont<br />

pas encore été installés. Or, ils doivent bien sûr se prononcer sur les plans stratégiques. Les<br />

conseils de développement des GPM doivent eux aussi être consultés à ce sujet, conseils de<br />

développement qui n’ont pour l’heure pas été nommés.<br />

interpellé par les industries portuaires, Dominique Bussereau a organisé, il y a peu, une réunion<br />

d’information sur l’état d’avancement de la réforme portuaire. Le calendrier sera tenu, a assuré le<br />

secrétaire d’Etat aux Transports, évoquant une finalisation des projets stratégiques au mois d’avril.<br />

Soit 6 mois après la constitution des GPM, ce qui correspond au délai limite prévu par la loi pour<br />

la fixation, par arrêté inter-ministériel, du périmètre des terminaux en cas de défaillance des GPM<br />

dans l’adoption de leur plan stratégique...<br />

Ces lenteurs ne sont pas de bon augure. La crise économique, si elle complique forcément<br />

les négociations à venir concernant la réforme, rend pourtant celle-ci d’autant plus urgente et<br />

nécessaire. N. S.


L’agenda du marinier,<br />

l’outil de référence<br />

des transporteurs<br />

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Sommaire<br />

Logistique fluviale<br />

Strasbourg : une politique portuaire renouvelée . . . . . . . . . . . 7<br />

Bruxelles - Des palettes sur le canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7<br />

Intermodalité<br />

Brèves - Le Grenelle, suite - Creusement du déficit de Fret SncF attendu<br />

pour 2009 - La Deutsche Bahn restructure le fret ferroviaire - Hupac craint<br />

la crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8<br />

Mer & Ports<br />

Dunkerque investit dans les infrastructures . . . . . . . . . . . . . . 9<br />

Rouen, la réforme portuaire et le transport fluvial . . . . . . . . . . 10<br />

Bordeaux - La communauté portuaire unie face à la tempête . . . . . . . 11<br />

Amsterdam - Hutchison prend pied chez ceres . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

Sète - 200 Mio E pour redynamiser le port . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />

Europe<br />

Brèves - Commission de la Moselle - Vers un espace maritime européen<br />

sans barrières - 10 ans pour renforcer le transport maritime -<br />

Straubing-Vilshofen : les acteurs privés se mobilisent . . . . . . . . . . . . 12<br />

Chargeurs<br />

La grande distribution embarque pour le fluvial . . . . . . . . . . . . 21<br />

Au fil de l’eau<br />

VNF : trafic en baisse, investissements en hausse . . . . . . . . . . 23<br />

Il y a 80 ans - Programme d’amélioration des voies navigables . . . . . . 23<br />

Naissance de l’association «Saône-Rhin Europe» . . . . . . . . . . . 24<br />

Bray-Nogent : vers le grand gabarit . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />

Titres de navigation : un 1 er bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />

Pratique<br />

Baromètre - Ports maritimes européens : la crise après la croissance . . . 26<br />

Les gens - Chantal Jouanno - Patrick Daher - Pierre Guenant -<br />

Jean-Luc Vialla - Xavier Beulin - Didier Dieudonné - François Bordry -<br />

Philippe Grulois - Yvan Stephan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

carte des voies navigables d’Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />

Vient de paraître - Nouvelle carte des voies navigables d’Europe -<br />

«Les transports en France : Quelles mobilités pour quelle société ?» . . . . 30<br />

Marché rhénan - Le froid dope les trafics pétroliers . . . . . . . . . . . 30<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries<br />

n° 01<br />

Dossier p. 13-20<br />

<strong>Colis</strong> <strong>lourds</strong> :<br />

une logistique<br />

«sur-mesure»<br />

La logistique des colis <strong>lourds</strong> est<br />

particulièrement contraignante, tant du point<br />

de vue réglementaire que technique. Le<br />

transport par voie fluviale de telles charges,<br />

qui semble être la panacée, est concurrencé<br />

par l’omniprésence et la facilité prêt-à-penser<br />

du transport routier. A l’écoute des demandes<br />

des chargeurs, les bateliers ont une très forte<br />

expérience à faire valoir en matière de transport<br />

sans encombre. Tour d’horizon en compagnie<br />

du responsable «colis <strong>lourds</strong>» de la CFT, de<br />

chargeurs, d’exploitants de lignes régulières en<br />

France comme en Allemagne, d’un responsable<br />

portuaire et de quelques autres.<br />

Le mois prochain :<br />

Ports atlantiques<br />

Janvier 2009


Pour vos appels d’offres et vos annonces légales<br />

<strong>NPI</strong> est le support<br />

qui s’impose<br />

N’hésitez pas à nous contacter au 03.88.36.28.44 - E-mail: npi@n-pi.fr


Strasbourg :<br />

une politique portuaire renouvelée<br />

L’année 2008 aura été difficile pour le port de Strasbourg, dont<br />

le trafic fluvial affiche une baisse de 5%. Le développement de la<br />

fonction multimodale du port n’en paraît que plus pertinente, alors que<br />

la pression urbaine met une nouvelle fois en question la vocation de<br />

certaines de ses emprises.<br />

L’<br />

évolution des trafics du PAS sera<br />

détaillée dans un tour d’horizon fluvial<br />

à paraître dans notre prochain numéro.<br />

A eux seuls cependant, les chiffres du trafic<br />

conteneur révèlent un nouvel état de fait: son<br />

dynamisme, la place strasbourgeoise le doit<br />

désormais au fer. Ce mode est à l’origine de la<br />

croissance de l’activité conteneurisée, de près<br />

de 10%, alors que les lignes fluviales s’affichent<br />

en baisse (-6,3%).<br />

La tendance devrait se poursuivre en 2009,<br />

alors que la phase ii du Grenelle de l’environnement<br />

prévoit le transfert de la propriété<br />

des voies ferrées portuaires au Port. La soulte<br />

négociée avec RFF devrait permettre de réaliser<br />

des investissement de sécurité et de<br />

rénovation de l’infrastructure. Mais surtout, le<br />

transfert permettra au Port de recomposer son<br />

réseau ferroviaire pour l’adapter aux besoins<br />

de ses clients, en dégageant au passage certaines<br />

emprises foncières.<br />

Le développement à venir des trafics, l’établissement<br />

public compte plus sur les nouveaux<br />

opérateurs ferroviaires pour le réaliser. De fait,<br />

une des premières actions du Port consistera<br />

dans le lancement d’un appel d’offre concernant<br />

la régulation du réseau, aujourd’hui aux<br />

mains de la SncF qui se trouve donc en position<br />

de juge et partie. Des réflexions ont également<br />

été engagées avec la direction régionale<br />

de l’Equipement quant à la mise en place<br />

d’un opérateur de proximité. Dans ce domaine<br />

cependant, seule une phase de test permettra<br />

réellement d’évaluer le marché.<br />

UN oPéRATEUR PRIVé<br />

PoUR LAUTERBoURg<br />

Plusieurs opérations de restructuration entamées<br />

en 2008 devraient par ailleurs permettre<br />

au PAS de dégager des capacités foncières<br />

nouvelles à proximité de l’agglomération. Aux<br />

démolitions des anciennes Forges de Strasbourg<br />

(10 ha) et de l’ancienne centrale thermique<br />

(5 ha) vient s’ajouter l’acquisition d’un<br />

terrain de 8,5 ha au port Sud. D’autres possibilités<br />

se font jour à Marckolsheim. Mais la plus<br />

grande opération domaniale concerne bien<br />

sûr la zone de Lauterbourg, dont une première<br />

tranche de 23 ha devrait être livrée aux pelleteuses<br />

au mois de juin prochain. «Toutes ces<br />

opérations vont nous permettre d’offrir de nouvelles<br />

opportunités aux entreprises», insistait<br />

dernièrement la présidente du PAS, Catherine<br />

Trautmann, lors de la traditionnelle cérémonie<br />

des vœux.<br />

De nouvelles opportunités qui devraient être<br />

proposées dans un cadre renouvelé. il est<br />

ainsi certain désormais que l’exploitation du<br />

futur terminal à conteneurs de Lauterbourg<br />

sera confiée à un opérateur privé. «Pour des<br />

activités ayant acquis une maturité, le port n’a<br />

pas vocation à en être l’opérateur», confirme le<br />

directeur général du Port, Jean-Louis Jérôme.<br />

Un principe qui pourrait également s’appliquer<br />

à de nouvelles activités touristiques. Par<br />

ailleurs, l’établissement public réfléchit pour<br />

ses nouvelles amodiations à la mise en place,<br />

sur le même modèle que ce qui se pratique<br />

déjà au Port autonome de Paris, de redevances<br />

inversement proportionnelles à l’utilisation du<br />

transport fluvial.<br />

Reste l’épineux problème de ce que la présidente<br />

appelle «un conflit d’usages entre la<br />

volonté urbaine d’une liaison Est-Ouest et la<br />

nécessité pour le port d’une liaison nord-Sud».<br />

C. Trautmann souhaite une révision du schéma<br />

directeur des implantations sur Strasbourg,<br />

quand J.-L. Jérôme parle d’une «incompréhension<br />

entre les deux fonctions urbaine et portuaire».<br />

En attendant, la zone centrale du port<br />

peine à trouver une identité. N. S. n<br />

Bruxelles<br />

Des palettes<br />

sur le canal<br />

Logistique fluviale<br />

Un terrain de 15 000 m2 , situé quai<br />

de Heembeek à Bruxelles, a été attribué<br />

après appel d’offres par le Port de la Région<br />

capitale à la société Lemaire, spécialisée dans<br />

la construction et la location de matériel<br />

de chantier. Celle-ci compte y développer<br />

un trafic fluvial palettisé de matériaux<br />

de construction, destinés au marché local.<br />

Une partie du site sera vouée au stockage<br />

de terres de chantier à évacuer. L’entreprise<br />

devrait également y édifier un magasin<br />

de matériaux de construction ouvert<br />

au public.<br />

Le transport de palettes avait déjà fait l’objet<br />

de tests dans la région bruxelloise<br />

à l’automne dernier. Par cette décision,<br />

le Port de Bruxelles s’engage désormais<br />

dans le concret. Lemaire compte en effet<br />

développer des rotations régulières de<br />

pousseurs et de barges entre la capitale<br />

belge, Charleroi, Liège et Anvers pour y<br />

évacuer les terres de chantier et acheminer<br />

les matériaux de construction entre les<br />

différents sites. Le trafic est estimé au départ<br />

à 185 000 t sur base annuelle et devrait<br />

atteindre 300 000 t une fois le rythme<br />

de croisière atteint. La concession a été<br />

accordée pour une durée de 40 ans.<br />

Lemaire devrait investir 2,5 Mio €<br />

dans un premier temps puis 3,5 Mio €<br />

supplémentaires. Grâce à cette possibilité<br />

de développement et d’investissement,<br />

l’entreprise créera 75 emplois nouveaux.<br />

La société dispose déjà de deux implantations<br />

bord à eau, à Vilvorde et Leeuw-Saint-Pierre.<br />

Le nouveau site bénéficie d’un emplacement<br />

stratégique sur la même voie, à mi-chemin<br />

des deux autres.<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 7<br />

Doc. Port de Bruxelles


Intermodalité<br />

Le Grenelle - suite<br />

Le conseil des ministres a examiné, lors<br />

de sa séance du 7 janvier dernier, le projet<br />

de loi sur l’environnement dit «Grenelle<br />

ii» ou «Engagement national pour l’environnement».<br />

Certaines de ses dispositions<br />

concernent le secteur des transports.<br />

En premier lieu, le Grenelle ii instaure le<br />

principe de la modulation des péages en<br />

fonction du niveau d’émission pour les<br />

poids <strong>lourds</strong> de plus de 12 t à compter de<br />

2010 (2012 pour les poids <strong>lourds</strong> de plus<br />

de 3,5 t). Au niveau maritime, les obligations<br />

en matière de réception des déchets<br />

des navires sont renforcées dans les ports<br />

décentralisés. Les collectivités locales<br />

concernées peuvent être soumises à des<br />

pénalités financières en cas de défaillance,<br />

voire à une substitution de l’Etat. Plus<br />

généralement, les dispositions régissant les<br />

études d’impact, les enquêtes publiques<br />

et autres procédures de concertation sont<br />

modifiées dans le sens d’une meilleure protection<br />

de l’environnement.<br />

Enfin et sans surprise, le Grenelle ii élargit<br />

le transfert des infrastructures ferroviaires<br />

portuaires aux ports autonomes intérieurs<br />

(Paris et Strasbourg) et donne compétence<br />

aux deux établissements portuaires pour<br />

constater les infractions au règlement de<br />

police concernant ces voies ferrées. Afin<br />

de permettre aux ports fluviaux de prendre<br />

leurs dispositions, le texte prolonge<br />

jusqu’au 31 décembre 2010 la date butoir<br />

au terme de laquelle SncF continue à exercer<br />

l’entretien et la gestion des voies ferrées<br />

concernées.<br />

Creusement<br />

du déficit de Fret SNCF<br />

attendu pour 2009<br />

En 2008, le déficit d’exploitation de Fret SncF<br />

s’était déjà élevé à 350 Mio €. Les Echos du<br />

26 janvier affirment que celui-ci devrait atteindre<br />

434 Mio € en 2009. Conséquence du<br />

retournement violent de la conjoncture en<br />

France, la demande en transport et en logistique<br />

est en très forte baisse. Fret SncF s’attend<br />

à une chute de l’ordre de 4,1% (en t.km) de son<br />

trafic pour cette année. La pression concurrentielle<br />

des nouveaux entrants sur le marché du<br />

transport ferroviaire de fret explique en partie<br />

ce phénomène. La part de marché de ces derniers<br />

devrait atteindre cette année les 10%. 910<br />

emplois de conducteurs devraient par ailleurs<br />

être supprimés.<br />

La Deutsche Bahn<br />

restructure le fret<br />

ferroviaire<br />

Norbert Bensel, responsable de la division<br />

transport et logistique de la DB/Deutsche<br />

Bahn, a annoncé que Railion serait dorénavant<br />

dénommé Schenker Rail. Cinq unités<br />

composeront l’organigramme de la nouvelle<br />

entité, dont trois couvriront des secteurs<br />

géographiques déterminés (Europe de<br />

l’Ouest, Europe centrale et Europe de l’Est)<br />

et deux seront vouées à des secteurs d’activité,<br />

automobile et intermodal. Le groupe<br />

allemand est par ailleurs fortement critiqué<br />

en France par Guillaume Pépy, président<br />

de la SncF, qui l’a accusé d’avoir piraté<br />

l’intranet de l’entreprise nationale pour y<br />

débaucher des conducteurs et s’est plaint<br />

de la «stratégie agressive» d’EurocargoRail/<br />

EcR, une filiale de la DB, à la conquête du<br />

marché européen.<br />

Hupac craint la crise<br />

L’opérateur suisse de transport combiné Hupac<br />

a clôturé l’exercice 2008 sur une croissance de<br />

trafic de 1,8%, avec 702 308 envois routiers sur<br />

le rail. Tandis que la progression était encore<br />

à deux chiffres au premier trimestre, elle s’est<br />

tassée ensuite en raison de la baisse conjoncturelle.<br />

L’activité «autoroute roulante», soumise<br />

à de fortes restrictions sur l’axe du Gothard,<br />

enregistre une chute de 20,3%. Les autres secteurs<br />

sont en légère croissance: +2,5% pour<br />

le transport combiné non accompagné, +2,3%<br />

pour le trafic transalpin passant par la Suisse,<br />

+6,3% pour le trafic traversant l’Autriche et<br />

tout de même +14,1% pour le transport combiné<br />

non transalpin.<br />

Malgré le recul de la demande, les investissements<br />

se poursuivent au rythme prévu,<br />

avec par exemple la construction du terminal<br />

Hupac à Anvers et l’extension de l’installation<br />

de transbordement de Busto Arsizio-Gallarate,<br />

près de Milan. Côté services, le trafic entre<br />

Duisbourg et l’Europe du Sud-Est a été marqué<br />

mi-décembre par l’introduction d’un nouveau<br />

concept opérationnel avec des liaisons directes<br />

quotidiennes vers Vienne, Enns, Krems et<br />

Budapest. Au début de l’année, une nouvelle<br />

liaison entre Taulov et Vérone via le Brenner est<br />

entrée en service avec quatre paires de trains<br />

par semaine en collaboration avec l’opérateur<br />

italien cemat. D’autres liaisons vers l’Europe<br />

du Sud-Est et du Sud-Ouest sont prévues<br />

dans les mois à venir, alors que sur l’axe Nord-<br />

Sud de nouvelles solutions de transport via le<br />

Lötschberg pour le segment des semi-remorques<br />

sont en préparation.<br />

Pour 2009, Hupac prévoit un prolongement de<br />

la crise économique et donc un nouveau recul<br />

du transport de marchandises. Dans ces circonstances,<br />

le maintien de la position du transport<br />

combiné sur le marché dépendra essentiellement<br />

des conditions cadres prévues par<br />

la politique des transports. «Prix et prestation<br />

doivent correspondre aux exigences du marché,<br />

pour que le transport combiné puisse s’imposer<br />

face à la route», met en garde l’opérateur TC.<br />

Face à la baisse du volume des marchandises<br />

et aux surcapacités du transport routier, des<br />

hausses de prix par les sociétés de chemins<br />

de fer – dues par exemple à l’augmentation<br />

prévue par DB Energie du prix de l’électricité<br />

jusqu’à 23% – seraient fatales pour le transport<br />

ferroviaire de marchandises. «A présent, nous<br />

attendons des gérants des réseaux européens et<br />

de la politique des transports un message fort en<br />

faveur de la poursuite du transfert du transport<br />

de marchandises de la route vers le rail».<br />

8 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009


Dunkerque investit dans les infrastructures<br />

En dépit d’une baisse du trafic en fin d’année, le port de Dunkerque affiche<br />

un septième record consécutif à 57,7 Mio t en 2008, en hausse de 1%<br />

par rapport à l’année précédente.<br />

Le<br />

port de Dunkerque a, pour l’année<br />

2009, un programme d’investissement<br />

de 36,85 Mio €, dont 70% concernent<br />

les infrastructures: seconde phase de la rénovation<br />

du terminal à conteneurs nFTI qui fera<br />

passer sa capacité de 500 000 à 900 000 EVP,<br />

prolongement du terminal multi-vracs et extension<br />

des terre-pleins du terminal SGD, ces<br />

deux derniers sites bénéficiant de dessertes<br />

ferroviaire et fluviale. L’amélioration des infrastructures<br />

ferroviaires est également au programme<br />

pour 2009, avec l’achèvement de la<br />

première phase du barreau de Saint-Georges<br />

et les études d’avant-projet du programme de<br />

fluidification des trafics intérieurs du port. Mais<br />

le grand projet de Dunkerque reste le terminal<br />

méthanier, pour lequel les travaux devraient<br />

être engagés début 2010.<br />

Certains investissements pourraient être reportés<br />

par manque de budget, si la crise se prolonge.<br />

Mais la directrice générale du port, Martine<br />

Bonny, souligne que «les investissements<br />

de sécurité et de remise en état ne peuvent être<br />

reportés. ce noyau dur de 25 à 27 Mio € comporte<br />

une accélération de la remise en état des<br />

infrastructures dans le cadre du plan de relance.<br />

Seuls 7 à 8 Mio € d’investissements peuvent<br />

être reportés sur l’année prochaine».<br />

UN PLAN STRATégIqUE<br />

EN gESTATIoN<br />

Les grandes orientations pour l’avenir du port<br />

de Dunkerque seront présentes dans le projet<br />

stratégique. «nous y travaillons collectivement<br />

au sein du port, avec les partenaires sociaux, les<br />

manutentionnaires et les élus», indique Martine<br />

Bonny. «ce projet comprendra un état des lieux<br />

des forces et des faiblesses de la place ainsi que<br />

des enjeux d’un certain nombres de secteurs,<br />

la compétitivité tarifaire, la fiabilité du service,<br />

les dessertes terrestres et le développement<br />

de nouvelles filières comme les remorques non<br />

accompagnées par exemple. Le projet stratégique<br />

est une occasion extraordinaire pour faire<br />

comprendre aux élus locaux l’intérêt d’un port<br />

pour les collectivités. Quant aux manutention-<br />

naires intéressés, nous n’en sommes qu’au premier<br />

tour de piste».<br />

«Pour une fois nous avons un vrai plan stratégique<br />

d’investissement», complète Franck<br />

Gonsse, secrétaire général de la cSOPMI, le<br />

syndicat docker local. «Il ne faut pas avoir d’affolement<br />

par rapport à la baisse des trafics: nous<br />

n’en sommes pas au coup d’essai concernant<br />

les opérateurs uniques et la loi nous donne le<br />

temps pour mettre la réforme en place».<br />

CooPéRATIoNS RégIoNALES ?<br />

La réforme portuaire permet au Port de Dunkerque<br />

de tisser des partenariats, mais sans<br />

pouvoir pour autant prendre des participations<br />

dans une société d’exploitation. Or Boulogne et<br />

Calais ont des outillages publics. Quelle coopération<br />

est donc envisageable? Une simple<br />

coordination des investissements? «Je rêve<br />

d’une grande entité regroupant les ports maritimes<br />

et intérieurs de la région nord/Pas-decalais,<br />

qui a la première façade maritime de<br />

France. Indépendamment des équipements, les<br />

services commerciaux ou juridiques pourraient<br />

être mis en commun», déclare François Soulet<br />

Mer & Ports<br />

de Brugière, vice-président du conseil d’administration<br />

du Port.<br />

Dans le domaine fluvial, l’année 2008 a été<br />

marquée au port de Dunkerque par la mise en<br />

place de deux nouveaux services à destination<br />

de Lille et Anvers, exploités par RSc et Marfret<br />

(nPI septembre 08, p. 207) En 2009, Marfret<br />

devrait desservir également le Valenciennois.<br />

2008 a également vu l’achèvement du relèvement<br />

des ponts du canal Dunkerque-Escaut,<br />

pour permettre le passage de barges chargées<br />

de conteneurs sur deux hauteurs. Une hauteur<br />

jugée suffisante par l’autorité portuaire, au<br />

regard des volumes actuels du terminal à conteneurs,<br />

d’autant que le relèvement des ponts à<br />

7,25 m pour le passage de trois hauteurs de<br />

conteneurs nécessiterait l’investissement d’un<br />

milliard d’euros, somme que F. Soulet de Brugière<br />

«dépenserait plus volontiers pour avoir des<br />

rails plus performants que des ponts plus hauts:<br />

la desserte par fer est plus stratégique, car nos<br />

clients sont à Strasbourg, à Paris ou en Angleterre,<br />

destinations pour lesquelles le fluvial n’est<br />

pas pertinent. La part modale du fer va s’accroître,<br />

car la desserte ferroviaire est une condition<br />

indispensable à la hausse des trafics du port»,<br />

affirme-t-il. Pourtant, avec 52% de part modale<br />

pour le fer, 9% pour le fluvial et seulement 38%<br />

pour la route, Dunkerque fait déjà figure de bon<br />

élève de la classe portuaire française.<br />

Le terminal aux aciers a été doté d’un portique adapté aux unités fluviales et aux caboteurs.<br />

E. B. n<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 9<br />

Photo Mg Productions/Doc. grand port maritime de Dunkerque


Mer & Ports<br />

Rouen, la réforme portuaire<br />

et le transport fluvial<br />

Grâce à une bonne campagne d’exportation de céréales, le port de Rouen a<br />

vu son trafic augmenter de 2% en 2008 par rapport à l’année précédente,<br />

atteignant 22,7 Mio t.<br />

Le<br />

trafic hors céréales du port de Rouen<br />

a diminué de 4,1% entre 2007 et<br />

2008: ce sont surtout les produits pétroliers<br />

raffinés, en chute de 13%, qui sont responsables<br />

de cette baisse. Le trafic total du port de<br />

Rouen s’inscrit néanmoins à la hausse, grâce<br />

en particulier aux céréales, en augmentation<br />

de 23% à 6,35 Mio t. «certes, l’environnement<br />

économique mondial devrait logiquement<br />

impacter bien des trafics portuaires français,<br />

mais le port de Rouen est relativement moins<br />

exposé, du fait de son positionnement sur l’axe<br />

nord-Sud et de son orientation vers des trafics<br />

de produits de première nécessité, moins<br />

touchés», analyse Philippe Deiss, le nouveau<br />

directeur général du Port de Rouen. Le plan<br />

stratégique devrait être présenté lors du premier<br />

conseil de surveillance du Port, qui se<br />

tiendra tout début février. «Il s’articulera autour<br />

de trois fondamentaux», a précisé Ph. Deiss.<br />

«Le développement général de l’activité économique,<br />

la performance de la structure et<br />

l’aménagement et le développement de nos<br />

espaces, car nous sommes propriétaire foncier<br />

non pour constituer une rente, mais pour développer<br />

l’activité économique».<br />

Parmi les projets du Port de Rouen pour<br />

l’année 2009, l’approfondissement du chenal<br />

d’accès par arasement des points hauts<br />

figure bien sûr au premier plan (nPI février 07,<br />

p. 60). Le développement des terminaux est<br />

également au programme, avec l’allongement<br />

du quai du terminal à conteneurs de Grand-<br />

Couronne, la réhabilitation du quai à vracs de<br />

Grand-Quevilly/Petit-Couronne, la restauration<br />

du quai n° 1 de Honfleur, etc.<br />

La poursuite de l’application de la réforme portuaire<br />

est également appelée à marquer l’année<br />

2009. «Une centaine d’emplois du Grand<br />

port maritime de Rouen seront soit détachés<br />

auprès des exploitants, soit reconvertis au sein<br />

d’une filiale d’entretien de l’outillage dont les<br />

prestations seront proposées aux exploitants»,<br />

indique Ph. Deiss. «Parallèlement, nous nous<br />

appuierons sur nos ateliers de réparation navale<br />

afin de mettre en place un véritable pôle de<br />

réparation navale, sans doute le plus important,<br />

sinon le seul, entre Paris et la mer». La réforme<br />

portuaire est aussi l’occasion de renforcer les<br />

avoir reconnu que le canal Seine Nord Europe<br />

«a été longtemps perçu comme une menace»<br />

par la communauté portuaire rouennaise, souligne<br />

qu’il constitue en réalité «un défi, mais<br />

aussi une chance pour le port de Rouen, qui<br />

inscrit comme composante essentielle de son<br />

développement celui du trafic fluvial». Rouen a<br />

en effet l’ambition de drainer, grâce à la liaison<br />

Seine-Escaut, de nouveaux trafics: les céréales<br />

à l’exportation en provenance de Picardie par<br />

exemple. L’objectif est également de proposer<br />

Les relations entre le Port et la Ville seront une des priorités du plan stratégique en cours d’élaboration au grand port<br />

maritime de Rouen.<br />

coopérations existantes entre les ports de<br />

Paris, Rouen et Le Havre. «Le Havre et Rouen,<br />

souvent opposés, ne sont en concurrence que<br />

sur 5% de leurs trafics», précise le directeur<br />

du Port de Rouen, qui considère «Port 2000»<br />

comme un élément important du développement<br />

du trafic fluvial de conteneurs au port de<br />

Rouen. «Il y a urgence à ce que les bateaux<br />

fluviaux arrivent jusqu’à «Port 2000»: c’est un<br />

dossier prioritaire pour le premier semestre».<br />

INVESTIR DANS LES PLATES-foRMES<br />

DE SEINE-NoRD<br />

Car Rouen accorde une place plus grande<br />

au transport fluvial et ambitionne, pour mieux<br />

desservir Paris, d’étendre son territoire jusqu’à<br />

l’écluse de Poses-Amfreville. Ph. Deiss, après<br />

des espaces logistiques afin de fixer la marchandise<br />

et la valeur ajoutée dans la région.<br />

«nous serons acteurs de ce défi national et<br />

régional, en amont comme en aval de Rouen»,<br />

souligne le directeur du port haut-normand.<br />

«nous avons prévu d’investir, en partenariat<br />

avec les aménageurs et les logisticiens, dans<br />

les plates-formes prévues par VnF le long du<br />

futur canal».<br />

De 3,8 Mio t en 2007, le trafic fluvial du port<br />

de Rouen est passé à 4,2 Mio t en 2008, ce<br />

qui représente une augmentation de 10,5%,<br />

en grande partie due à l’accroissement de<br />

36% des pré-acheminements de céréales.<br />

La part modale de la voie d’eau s’établit en<br />

2008 à 10%, contre 11% pour le fer et 65%<br />

pour la route, les autres trafics empruntant le<br />

pipe-line. E. B. n<br />

10 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Photo E. Berrier/Doc. <strong>NPI</strong>


Bordeaux<br />

La communauté<br />

portuaire unie<br />

face à la tempête<br />

Dans la journée du 23 janvier, la tempête<br />

«Klaus» a touché le Sud-Ouest. Une dizaine<br />

de navires dont trois tankers pétroliers<br />

se pressait dans le port ou le chenal de<br />

navigation, alors que le vent commençait à<br />

souffler violemment. Des rafales de 55 nœuds<br />

(110 km/h) étaient enregistrées à 9h; elles<br />

atteignaient 90 nœuds (165 km/h) une heure<br />

plus tard au Cap Ferret. Pourtant, grâce<br />

à l'action des pilotes, des lamaneurs, des<br />

équipages des remorqueurs et des officiers<br />

de port, aucun navire à quai ou au mouillage<br />

ne s'est trouvé en situation périlleuse.<br />

Le nouveau radar implanté au Verdon<br />

continuait à tourner pour suppléer<br />

le radar principal de La Palmyre arrêté<br />

automatiquement lorsque le vent atteint<br />

120 km/h. Ce radar a permis de suivre<br />

en permanence la situation sur le plan<br />

d'eau et d'aider à repositionner les navires<br />

qui dérapaient sur leur ancre. Aucun<br />

désagrément majeur n’a été déploré au<br />

niveau des installations portuaires terrestres,<br />

où les engins de levage mis en sécurité<br />

ont bravé les éléments sans encombre,<br />

les hangars ne subissant que des dégâts<br />

relativement minimes, hormis le H26,<br />

aux bassins à flot.<br />

Dans le chenal de navigation, certaines<br />

bouées ont dérivé. Pour prévenir tous<br />

les risques avant rétablissement<br />

de la situation, la Capitainerie du port,<br />

en accord avec le pilotage, a été contrainte<br />

de suspendre pendant quelques jours la<br />

navigation de nuit dans ce secteur et de<br />

recommander la mise à bord effective des<br />

pilotes à la place de l'assistance par radar.<br />

La filière forestière aquitaine, qui génère<br />

plus de 35 000 emplois dans la région, est<br />

certainement le secteur économique à avoir<br />

été le plus touché. Comme cela fut le cas<br />

au milieu des années 80 après le gel de<br />

nombre de pins maritimes, puis à l'orée des<br />

années 2000 lors de la «tempête du siècle»,<br />

la communauté portuaire bordelaise reste<br />

à l’écoute de la filière pour l’assister<br />

dans ses projets.<br />

Amsterdam<br />

Hutchison prend<br />

pied chez Ceres<br />

Nouvel épisode dans le feuilleton ceres qui<br />

alimente depuis de nombreuses années<br />

l’actualité portuaire amstellodamoise. Un<br />

épisode qui concerne cette fois l’ensemble<br />

des actifs ceres présents dans le port de la<br />

capitale néerlandaise.<br />

Au terme d’âpres négociations, le groupe<br />

Hutchison, qui contrôle on le sait, le<br />

manutentionnaire rotterdamois EcT, a en<br />

effet pris une participation majoritaire dans<br />

cTE/ceres containerterminal Europe. cTE<br />

coiffe à la fois les installations de ceres<br />

Paragon et celles de ceres Amsterdam<br />

Marine Terminal (trafics Ro-Ro et bulk).<br />

Aux termes de l’accord conclu à la fin<br />

de l’année dernière, l’armement nYK/<br />

nippon Yusen Kaisha, qui contrôlait jusqu’à<br />

présent ceres (nPI février 07, p. 63), a, en<br />

échange de cette transaction, obtenu une<br />

participation minoritaire dans EcT. Aucun<br />

détail n’a toutefois filtré jusqu’à présent<br />

quant aux modalités chiffrées de l’accord.<br />

Un des objectifs visés par Hutchison<br />

au travers de cette opération serait de<br />

pouvoir disposer de nouvelles capacités de<br />

transbordement dans le Delta. Chez EcT,<br />

on est à saturation ou presque, tandis qu’un<br />

certain potentiel subsiste chez ceres.<br />

En 2008, le terminal ultra moderne construit<br />

en son temps a traité 25 000 EVP de moins<br />

que l’objectif de 450 000 unités initialement<br />

fixé. Toutefois, on est encore loin<br />

des 1,2 Mio EVP de capacité dont disposent<br />

les installations existantes!<br />

Mer & Ports<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 11<br />

Doc. Ceres<br />

Sète<br />

200 Mio € pour<br />

redynamiser<br />

le port<br />

La Région Languedoc-Roussillon s’est<br />

engagée à investir 200 Mio € sur<br />

une période de 10 ans pour enrayer<br />

le déclin du port de Sète, dorénavant géré<br />

par l’établissement public régional Port Sud<br />

de France. 11,3 Mio € ont déjà été investis<br />

en 2008, dont 4,5 Mio pour restaurer<br />

le bassin du Midi, 5 Mio pour la 1re phase<br />

de la restructuration du pôle passagers<br />

et 1,8 Mio pour la viabilisation du pôle<br />

agro-industriel.<br />

Dans le cadre de la restructuration de<br />

ce dernier, prévue pour s’achever en<br />

2009, 9 Mio e vont être investis pour<br />

prolonger de 150 m le quai J, à l’Est<br />

du port. Le futur appontement offrira<br />

un double poste d’accueil, maritime en face<br />

Ouest et fluvial en face Est, et permettra<br />

une cadence accélérée de chargement et<br />

de déchargement des marchandises ensuite<br />

transportées par bandes transporteuses.<br />

Sète traite essentiellement des vracs<br />

solides et liquides: céréales, oléagineux,<br />

tourteaux, huiles végétales et diester. Les<br />

équipements de manutention concernant<br />

ces flux étaient jusqu’alors disséminés sur<br />

l’ensemble du domaine portuaire. La Région<br />

a décidé d’améliorer la gestion de ces trafics<br />

en mutualisant les moyens de traitement.<br />

Ainsi optimisée, l’activité devrait générer un<br />

trafic maritime supplémentaire de 320 000 t.<br />

Le trafic fluvial devrait également en profiter,<br />

avec en prévision une augmentation<br />

de 190 000 t des volumes acheminés<br />

par le canal du Rhône à Sète.<br />

Par ailleurs, un nouveau silo à céréales va être<br />

construit pour 21 Mio € par la SAS centre<br />

Grains, en remplacement de celui du môle<br />

Masselin qui sera détruit pour faire place au<br />

pôle passagers. La Région prévoit d’investir<br />

15 Mio € sur ce dernier, à partir de juin<br />

2010.


Europe<br />

Commission<br />

de la Moselle<br />

La session plénière annuelle de la Commission<br />

de la Moselle s’est tenue en décembre<br />

dernier au port de Mertert, au Luxembourg.<br />

La Commission a fixé les périodes de chômage<br />

annuelles – pas plus de 10 jours d’affilée<br />

– jusqu’en 2019. il s’agit de permettre<br />

aux gestionnaires de la voie d’eau de procéder<br />

aux travaux d’entretien et de réparation<br />

des écluses. Toutes celles entre Thionville<br />

et Coblence seront fermées uniformément<br />

pendant ces périodes. Le calendrier des<br />

périodes de chômage est disponible sur le<br />

site internet de la Commission à l’adresse<br />

www.moselkommission.org.<br />

Dans un souci d’harmonisation avec les<br />

dispositions applicables sur le Rhin, la Commission<br />

a amendé le règlement de police<br />

relatif aux documents à bord, modification<br />

qui entrera en application le 1 er septembre<br />

2009. Enfin, un accord a été conclu avec<br />

la CCNR: les deux institutions bénéficieront<br />

mutuellement du statut d’observateur.<br />

Vers un espace<br />

maritime européen<br />

sans barrières<br />

La Commission européenne a adopté le 21<br />

janvier dernier un plan d’actions destinées<br />

à mettre en place un espace maritime sans<br />

barrières en Europe. Souhaitant atténuer<br />

la demande en transports routiers, réduire<br />

les coûts d’acheminement des produits<br />

transportés, conserver un savoir-faire maritime<br />

et favoriser l’emploi au sein des nombreux<br />

métiers du secteur, la CE donne certaines<br />

recommandations aux Etats membres et<br />

propose plusieurs mesures législatives pour<br />

réduire les charges administratives imposées<br />

aux entreprises de transport maritime.<br />

«La commission considère que les conditions<br />

pour mettre en œuvre l’espace de transport<br />

maritime sans barrières au niveau européen<br />

sont aujourd’hui réunies et que les mesures<br />

pourront entrer en vigueur de façon échelonnée<br />

entre 2010 et 2013», a souligné Antonio<br />

Tajani, vice-président de la Commission en<br />

charge des Transports.<br />

La CE incite notamment à une simplification<br />

et à une coordination des différentes mesures<br />

d’inspection visant à contrôler le respect<br />

des règles douanières, fiscales, sanitaires ou<br />

la conformité des produits agricoles végétaux<br />

et animaux. il s’agit aussi de simplifier les procédures<br />

douanières et autres formalités déclaratives.<br />

Une proposition de directive cosignée<br />

par le Parlement et la Commission sur la<br />

rationalisation des formalités déclaratives à<br />

l’entrée et à la sortie des ports européens a<br />

ainsi été transmise au Conseil. La simplification<br />

douanière est attendue pour début 2009<br />

et des lignes directrices visant à accélérer les<br />

contrôles phytosanitaires et vétérinaires seront<br />

publiées la même année. Une des mesures<br />

envisagées consisterait notamment en l’octroi<br />

de certificat d’exemption de pilotage/PEC aux<br />

capitaines expérimentés.<br />

10 ans pour renforcer<br />

le transport maritime<br />

La sauvegarde des capacités maritimes de<br />

l’UE, la lutte contre la piraterie et la réduction<br />

des incidences du transport maritime<br />

sur l’environnement font partie des défis<br />

à relever au niveau communautaire, selon<br />

Antonio Tajani, vice-président de la CE.<br />

On peut s’attendre dans les 10 prochaines<br />

années à une forte croissance du commerce<br />

maritime, tant international qu’intracommunautaire,<br />

ce qui implique une augmentation<br />

considérable des opérations de<br />

transport sur toutes les façades maritimes<br />

de l’Union, accompagnée d’importants<br />

défis concernant le développement durable<br />

de la chaîne de transport.<br />

«Une vision stratégique du développement<br />

du transport maritime, des ports et des secteurs<br />

connexes à court, moyen et long termes<br />

est essentielle pour rationaliser la politique de<br />

transport maritime de l’UE de manière à ce<br />

que le secteur tire le meilleur profit possible<br />

des opportunités qui se présenteront et qu’il<br />

puisse faire face aux défis futurs», a ajouté<br />

A. Tajani.<br />

Straubing-Vilshofen :<br />

les acteurs privés<br />

se mobilisent<br />

Les trois organisations professionnelles allemandes<br />

des transporteurs fluviaux, des ports<br />

intérieurs publics et des transitaires ont écrit<br />

une lettre commune au ministre-président de<br />

Bavière, Horst Seehofer, pour lui demander de<br />

respecter l’accord de coalition du 27 octobre<br />

2008, conclu entre la CSU et le FDP, au sujet<br />

de la résorption du goulet d’étranglement du<br />

Danube entre Straubing et Vilshofen. L’accord<br />

politique conclu entre les deux partis précisait<br />

que «les travaux du Danube doivent être entrepris.<br />

cependant, les partenaires de la coalition<br />

ont des divergences de vue à ce sujet. La cSU<br />

s’est prononcée pour la variante c/c 2,80 et<br />

le FDP pour la variante A. A la demande du<br />

gouvernement fédéral, l’UE expertise les deux<br />

variantes en fonction des critères des RTE-T.<br />

Quant à la réalisation des travaux, elle sera<br />

débattue lorsque le résultat de l’expertise sera<br />

connu».<br />

Le BDB, le BÖB et le DSLV rappellent que<br />

16,5 Mio € ont été mis à disposition par l’UE<br />

pour les études sur les différentes variantes<br />

du projet et que cette subvention ne saurait<br />

être affectée aux travaux proprement dits. La<br />

variante A (sans barrages) ne correspond pas,<br />

selon eux, aux critères de cofinancement par<br />

l’UE au titre des RTE-T. ils pointent également<br />

le fait qu’un certain nombre de travaux serait<br />

identique quelle que soit la variante choisie,<br />

puisque seul l’aménagement d’une portion<br />

de 17 km du fleuve ferait l’objet de contestation<br />

concernée par des choix différents. Pour<br />

les organismes professionnels, la nécessité<br />

de poursuivre les études s’impose tant que<br />

le choix politique n’a pas été définitivement<br />

arrêté. ils se déclarent prêts au dialogue avec<br />

les autorités politiques en soulignant l’importance<br />

économique de la voie navigable tant au<br />

niveau des emplois que du transport efficace<br />

et écologique de marchandises le long d’un<br />

axe saturé par le trafic routier.<br />

12 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009


<strong>Colis</strong> <strong>lourds</strong> :<br />

une logistique «sur-mesure»<br />

. Des marchandises exigeantes<br />

. Le paradoxe de l’éolien<br />

. A l’Est, toujours du nouveau<br />

. <strong>Colis</strong> <strong>lourds</strong> et conteneurs<br />

. Areva : le point de vue<br />

d’un chargeur<br />

. Bonneuil-sur-Marne,<br />

port à colis <strong>lourds</strong><br />

. Indispensable commissionnaire<br />

de transport<br />

Doc. Logistique Express International<br />

Dossier


Dossier<br />

Des marchandises exigeantes<br />

Stéphane Fortrye, responsable commercial de la CFT/Compagnie<br />

fluviale de transport et passionné par le transport de colis exceptionnels,<br />

nous explique les contraintes de ces opérations parfois très techniques.<br />

Le<br />

terme «colis exceptionnel» regroupe<br />

en fait 3 catégories de marchandi-<br />

ses: les colis volumineux mais de poids faible<br />

(réservoirs de stockage, colonnes de distillation,<br />

viroles, structures métalliques, éoliennes,<br />

composants de l’aéronautique ou de l’astronautique,<br />

etc.), les colis compacts mais de<br />

poids important (transformateurs, stators,<br />

réacteurs, générateurs de vapeur, etc.) et<br />

enfin les colis à la fois très <strong>lourds</strong> et très volumineux<br />

(voussoirs, travées de ponts, miroirs<br />

de télescopes sur châssis, etc.).<br />

Qu’ils soient volumineux, <strong>lourds</strong> ou les deux à<br />

la fois, le transport comme la manutention de<br />

colis exceptionnels exige toujours une étude<br />

préalable de réalisation, qui ne peut être effectuée<br />

qu’à partir de plans précis communiqués<br />

par les donneurs d’ordre. L’itinéraire fluvial<br />

ayant été défini et le gabarit optimal du matériel<br />

de transport arrêté, 3 points doivent impérativement<br />

être vérifiés.<br />

Calage d’un transformateur de 220 t dans une barge.<br />

L’ABC DU CoLIS LoURD<br />

L’acceptabilité du colis par l’unité fluviale<br />

d’une part. Bien souvent, ce dernier ne repose<br />

que sur des supports de faible surface portante.<br />

il faut donc s’assurer de la répartition<br />

de la charge ainsi que des risques de poinçonnage<br />

de la cale. Ce point, ainsi que le ripage<br />

«fer-fer», se résout par la disposition en cale de<br />

poutres ou de plaques de répartition doublées<br />

par des feuilles de contre-plaqué.<br />

La stabilité de l’ensemble d’autre part.<br />

Contrairement à un chargement en vrac réparti<br />

uniformément dans la cale, la présence «subite»<br />

d’un colis exceptionnel peut modifier sensiblement<br />

la stabilité du bateau. Dès l’instant où<br />

celui-ci viendra à tanguer, même légèrement<br />

(par l’effet par exemple du vent ou du courant),<br />

pourra apparaître un couple de redressement/chavirement,<br />

en fonction de la position<br />

relative du métacentre par rapport au centre<br />

de gravité. il est donc indispensable de vérifier<br />

avant chargement le traditionnel «rho–a» des<br />

physiciens, qui caractérise le couple de redressement,<br />

et de le conforter s’il y a lieu par tout<br />

Le «Porthos» charge un transformateur de 170 t au port<br />

de Strasbourg.<br />

type de ballastage. il est également impérieux<br />

de charger parfaitement le colis dans l’axe longitudinal<br />

du bateau pour diminuer l’effet d’oscillation.<br />

A noter qu’en améliorant l’acceptabilité,<br />

on pénalise souvent la stabilité! C’est dire<br />

si l’étude doit être menée avec précision.<br />

La visibilité et la manœuvrabilité enfin. Le<br />

colis peut en effet, par sa seule présence dans<br />

la cale, entraver fortement la visibilité de l’avant<br />

depuis la timonerie. Si un long trajet fluvial doit<br />

être effectué dans ces conditions, le positionnement<br />

d’une caméra à l’avant est indispensable.<br />

Ces trois séries de contraintes sont à étudier<br />

cas par cas, mais ce ne sont pas les seules! Le<br />

réseau fluvial peut lui-même imposer un ballastage<br />

complémentaire, tandis que les opérations<br />

de chargement/déchargement peuvent<br />

être contraintes par la configuration d’un quai.<br />

Lorsqu’une opération a lieu en Ro-Ro par<br />

exemple, le transfert progressif du poids du<br />

colis de la cale à la terre modifie l’horizontalité<br />

du bateau, qu’il faut le cas échéant compenser<br />

par un ballastage efficace.<br />

Enfin, il faudra dans certains cas effectuer un<br />

calage ou un arrimage complémentaires, voire<br />

un bâchage dans le cas de colis sensibles à la<br />

pluie ou à la pollution atmosphérique. Tous ces<br />

cas s’étudient attentivement.<br />

DES oPéRATIoNS SPECTACULAIRES<br />

La réalisation d’un chargement de colis exceptionnel<br />

est toujours passionnante et l’expé-<br />

14 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Doc. CFT


ience accumulée lors d’opérations précédentes<br />

fort précieuse! il est en tout cas toujours<br />

spectaculaire de se trouver, soit sur un automoteur<br />

qui s’enfonce «d’un seul coup» d’un ou<br />

deux mètres en recevant sa cargaison, soit sur<br />

une barge roulière recevant un énorme colis<br />

chargé sur une remorque multi-essieux qui y<br />

rentre comme le ferait un énorme piston dans<br />

un cylindre.<br />

En matière d’acheminement de colis exceptionnels,<br />

le transport fluvial a pour lui une<br />

capacité d’acheminement, en volume comme<br />

en poids, très supérieure à celle des autres<br />

modes. il permet un transport en site propre<br />

qui ne crée aucune gêne pour les riverains<br />

et ne requiert que fort peu de démarches<br />

administratives préalables, avec un temps de<br />

parcours maîtrisé et souvent bien plus court<br />

que celui offert par les autres modes. La voie<br />

d’eau offre par ailleurs une grande sécurité de<br />

transport pour les personnes et pour l’environnement.<br />

La cFT s’est spécialisée dans ce type d’opérations<br />

et dispose d’un département «colis<br />

exceptionnels» et d’un bureau d’études qui<br />

prennent en charge les différents paramètres<br />

évoqués ci-dessus. Cela lui a permis d’apporter<br />

une sécurité absolue aux transports effectués<br />

depuis plusieurs années pour des clients<br />

tels qu’Arianespace ou Areva. Dernier investissement<br />

en date, le «Porthos», un automoteur<br />

spécialisé de 38,50 m, a été remis en service<br />

fin 2008, pour le compte d’EDF-SETRAL, avec<br />

pour mission de transporter des colis <strong>lourds</strong> sur<br />

l’ensemble du réseau Freycinet, évitant autant<br />

de transports routiers encombrants. n<br />

Doc. CFT<br />

Le paradoxe de l’éolien<br />

Certains contre-exemples récents ne doivent pas cacher la réalité:<br />

les transports d’éléments d’éolienne, colis exceptionnels par excellence,<br />

ne se font que rarement par la voie d’eau. Le fabricant allemand<br />

Repower a accepté de nous donner ses raisons.<br />

A<br />

vec 332 éoliennes installées en 2007 et<br />

plus de 450 en 2008, Repower est l’un<br />

des plus grands constructeurs d’éoliennes en<br />

Europe, actif en Europe de l’Ouest mais aussi<br />

en Amérique du Nord, en Chine et en Australie.<br />

C’est dire si la logistique, qui représente<br />

en moyenne 10 à 15% du prix d’une éolienne,<br />

est une question importante pour le constructeur.<br />

Pour 90% de son activité, Repower est<br />

lui-même responsable du transport des pièces<br />

les plus importantes et de l’installation des<br />

éoliennes.<br />

Entre l’élément de fondation, les tronçons du<br />

mât, la nacelle, le moyeu, les pales et divers<br />

équipements, chaque expédition d’éolienne<br />

ne comporte pas moins de 11 colis surdimensionnés.<br />

Tous bien sûr proviennent de sites<br />

différents: les pales du Danemark ou de Bremerhaven,<br />

le moyeu de la région de Hambourg<br />

ou de Berlin, le mât de Brême… avec à la clé<br />

une logistique particulièrement complexe.<br />

Repower fait appel à des logisticiens globaux<br />

pour la grande exportation, mais organise ses<br />

transports en Europe en faisant appel à des<br />

transporteurs spécialisés.<br />

En fonction de l’endroit où se trouve l’installation,<br />

le transport est divisé en tronçons<br />

confiés chacun à un opérateur local: transport<br />

terrestre de l’usine au port de mer, transport<br />

maritime, transport terrestre final. Le transport<br />

d’une éolienne jusqu’en région parisienne se<br />

fera en revanche exclusivement par la route.<br />

Celle-ci est en effet à l’heure actuelle le mode<br />

de transport privilégié de Repower. «nous utilisons<br />

la route à chaque fois que cela est économiquement<br />

possible. Son grand avantage<br />

est d’éviter les ruptures de charge, qui concentrent<br />

les risques pour la marchandise», indique<br />

Till Ehlers, responsable «project logistics».<br />

Le transport fluvial n’est ainsi que rarement<br />

utilisé. Cela a été le cas pour l’expédition d’éoliennes<br />

en Roumanie par exemple, où la descente<br />

du Danube se révélait bien moins chère<br />

que de contourner toute l’Europe occidentale<br />

avec un navire maritime. Mais pour Repower,<br />

paradoxalement, les bateaux fluviaux sont à la<br />

fois trop grands et trop petits. Trop grands,<br />

parce qu’affréter un bateau revient bien plus<br />

cher que d’affréter un ensemble routier spécialisé.<br />

Trop petits, parce que la dimension<br />

des colis (50 m de longueur pour les pales)<br />

ne permet pas d’en charger plusieurs dans<br />

une même cale ou de les superposer. «cela<br />

nécessite d’affréter un grand nombre d’unités<br />

en même temps, ce qui complique la logistique<br />

et la rend trop chère», déclare T. Ehlers.<br />

Chargement maritime de tronçons d’éolienne.<br />

Pour autant, la voie d’eau pourrait voir son<br />

utilisation se développer avec l’augmentation<br />

de la taille des éoliennes. «Les composants<br />

sont de plus en plus grands et <strong>lourds</strong>, notamment<br />

ceux destinés aux éoliennes off-shore.<br />

Aujourd’hui, un tronçon de mât, placé sur un<br />

châssis spécialisé, mesure déjà 45 m au total,<br />

pour 4,3 m de diamètre. Demain, ces colis ne<br />

pourront plus traverser les ronds-points ou passer<br />

sous les ponts. nous serons obligés de faire<br />

appel à la voie d’eau», conclut-il. N. S. n<br />

Dossier<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 15<br />

Photo Ralf grömminger/Doc. Repower


Dossier<br />

A l’Est, toujours du nouveau<br />

Le transport fluvial de colis <strong>lourds</strong> se porte plutôt bien en Allemagne.<br />

Très présente dans la construction mécanique, l’industrie allemande,<br />

championne mondiale de l’exportation, bénéficie d’un réseau de voies<br />

navigables remarquables.<br />

P<br />

récisons qu’à l’heure actuelle il n’y a<br />

pas vraiment de réglementation contraignante<br />

en Allemagne privilégiant la voie d’eau<br />

pour le transport de colis exceptionnels. il y<br />

a quelques années pourtant, les autorités<br />

avaient mis en place une phase de tests destinée<br />

à coordonner l’action des autorités administratives<br />

des réseaux routier et fluvial dans<br />

la délivrance des autorisations de transport,<br />

pour privilégier dans la mesure du possible la<br />

navigation intérieure. Cependant, transitaires<br />

et commissionnaires de transport ont toujours<br />

tenté de contourner ce genre de contraintes<br />

en privilégiant le transport routier.<br />

De nos jours cependant, la navigation fluviale<br />

est de plus en plus sollicitée du fait de l’augmentation<br />

de la taille et du poids des pièces<br />

transportées. Par ailleurs, les nombreux travaux<br />

routiers, notamment l’aménagement<br />

de carrefours giratoires, et la diminution des<br />

tonnages autorisés sur les ponts nouvellement<br />

construits font que le transport fluvial devient<br />

un maillon essentiel du transport de colis<br />

<strong>lourds</strong>. Ceux-ci comprennent essentiellement<br />

des transformateurs, des générateurs, des<br />

réacteurs, des moteurs, des citernes volumineuses,<br />

des cuves et des machines diverses.<br />

LES PERSoNNELS SUR LA SELLETTE<br />

Les professionnels du secteur réclament une<br />

meilleure formation des personnels. Pour ces<br />

transports organisés en coopération avec des<br />

logisticiens et des ingénieurs et devant respecter<br />

un cahier des charges très sévère, pour<br />

des pièces coûtant des millions d’euros et<br />

pesant jusqu’à 500 t, une formation associant<br />

une période initiale orientée sur la pratique à<br />

des stages concrets de formation continue est<br />

envisagée. il s’agit d’initier les bateliers à toutes<br />

les techniques d’arrimage, au calcul des<br />

charges et du centre de gravité en fonction de<br />

la statique du bateau.<br />

Le BDB/Bundesverband der Deutschen<br />

Binnenschiffahrt revendique quant à lui une<br />

véritable politique de transfert modal à grande<br />

échelle des colis <strong>lourds</strong> vers la navigation<br />

intérieure.<br />

DES LIgNES RégULIèRES<br />

En juin 2008, Imperial Reederei & Spedition<br />

GmbH inaugurait une ligne dédiée sur l’axe<br />

Hambourg-bassin du Rhin, la Rhein-Hamburg<br />

Linie. En l’espace d’un mois, de nombreuses<br />

demandes de transport de colis <strong>lourds</strong> vers<br />

Hambourg ont été traitées par l’armement<br />

de Duisbourg. C’est ainsi que les premiers<br />

convois chargeant en moyenne 400 t ont desservi<br />

le port hanséatique. L’armement dispose<br />

pour ce faire d’une flotte affrétée et en propre<br />

de 40 unités fluviales de 660 à 2 060 t de capacité<br />

d’emport, opérant depuis Mannheim à un<br />

rythme hebdomadaire et, selon la demande,<br />

de tous les ports du Rhin et de la Ruhr. Grâce<br />

à des partenariats avec d’autres entreprises<br />

de transport, Imperial Reederei maîtrise l’ensemble<br />

de la chaîne logistique nécessaire au<br />

transport des colis <strong>lourds</strong>, incluant le pré- et le<br />

post-acheminement, le stockage, l’emballage<br />

et le transport outre-mer. Imperial Reederei<br />

pratique par ailleurs une tarification attractive<br />

afin de stimuler le transfert modal des colis<br />

<strong>lourds</strong> vers la voie d’eau.<br />

A l’automne 2008, c’était au tour de l’Elbe<br />

d’accueillir une nouvelle ligne fluviale régulière<br />

destinée au transport de colis <strong>lourds</strong>. Celle-ci<br />

permet de desservir non seulement l’Allemagne<br />

orientale, mais aussi la République tchèque,<br />

la Pologne et, à travers le bassin du Rhin,<br />

les ports maritimes du Benelux. Opérée par<br />

la DBR/Deutsche Binnenreederei, cette ligne<br />

– dénommée ESL/Elbe Schwergut Linie - dessert<br />

Dresde, Aken, Schönebeck, Magdebourg<br />

et Hambourg, à un rythme hebdomadaire pour<br />

le moment. Destinée aux chargeurs et industriels<br />

d’Allemagne orientale, elle transporte<br />

essentiellement des turbines, des générateurs<br />

et des éléments d’éolienne. Dietmar Rehmann,<br />

en charge des transports spéciaux à la DBR,<br />

nous a confié que «dès 2007, la part du transport<br />

de colis <strong>lourds</strong> dans le chiffre d’affaires de<br />

la DBR a augmenté de 50%. En 2008, l’aug-<br />

La Rhein-Hamburg Linie, de Imperial Reederei & Spedition GmbH, dessert l’ensemble des ports du Rhin supérieur.<br />

16 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Doc. Imperial Reederei & Spedition GmbH


Un convoi poussé de la DBR/Deutsche Binnenreederei<br />

transporte un élément de l’Airbus A 380 à Hambourg où<br />

il sera transbordé pour Bordeaux.<br />

mentation a été de 25%. Pour notre ligne régulière<br />

(ELS), nous utilisons deux convois poussés<br />

qui desservent les ports de l’Elbe, Hambourg,<br />

mais aussi Rotterdam et Anvers, ainsi que les<br />

terminaux intérieurs de Braunschweig, Minden<br />

ou Francfort-sur-l’Oder, par exemple. Malgré<br />

la crise économique, la demande pour ce type<br />

de transport est en constante augmentation.<br />

La ligne régulière est d’ores et déjà totalement<br />

justifiée – elle est dans la continuité des trafics<br />

spot que nous assurions auparavant – de par<br />

les besoins de l’industrie».<br />

La Behala/Berliner Hafen und Lager GmbH,<br />

l’autorité portuaire berlinoise, développe<br />

quant à elle un projet de logistique urbaine<br />

de colis <strong>lourds</strong> fondée sur la navigation fluviale,<br />

subventionné par le ministère fédéral<br />

de l’Economie. il s’agit de lutter contre l’encombrement<br />

du réseau routier de la capitale<br />

allemande par les convois exceptionnels. Par<br />

ailleurs, s’agissant de pièces de plus en plus<br />

lourdes, les ponts de Berlin ne sont souvent<br />

plus en mesure de supporter le passage de<br />

telles charges. Ainsi, le Berliner Westhafen se<br />

transformera-t-il en hub à colis <strong>lourds</strong>. Ceuxci<br />

seront transportés, depuis tous les sites de<br />

production régionaux, sur une navette Ro-Ro<br />

jusqu’au port Ouest de la métropole allemande<br />

pour y être ensuite chargés à bord d’unités<br />

fluviales traditionnelles, grâce à un pont-portique<br />

d’une force de levage de 800 t, qui les<br />

convoieront ensuite jusqu’aux ports maritimes<br />

ou aux autres terminaux intérieurs allemands.<br />

Ce projet nécessite la construction de rampes<br />

Ro-Ro près des sites de production, l’élargissement<br />

de la rampe du Westhafen et l’augmentation<br />

de la force de levage du portique,<br />

ainsi que la construction d’une navette Ro-Ro<br />

spécialisée. Certains éléments de ce projet<br />

ont déjà été réalisés en 2008 (construction<br />

de rampes Ro-Ro sur les sites de production)<br />

et l’année 2009 devrait voir se poursuivre sa<br />

concrétisation. Ch. P. n<br />

Doc. DBR<br />

H&S Container Line<br />

Quand colis <strong>lourds</strong> et conteneurs<br />

s’associent<br />

Filiale d’IFB/Inter Ferry Boats, Haeger & Schmidt opère des lignes<br />

conteneurisées régulières sur le Rhin, dont la «Blue Arrow Line» entre<br />

Strasbourg et Birsfelden (Suisse). Des colis <strong>lourds</strong> peuvent y être chargés<br />

en même temps que des conteneurs.<br />

La<br />

«Blue Arrow Line» est une ligne<br />

régulière à deux rotations hebdomadaires.<br />

4 convois poussés de 5 500 t assurent<br />

le transport de 60 000 EVP sur base annuelle,<br />

à raison de 365 à 380 EVP par convoi. Mais<br />

au-delà des boîtes, Haeger & Schmidt met<br />

également sa capacité de chargement à la<br />

disposition des chargeurs souhaitant faire<br />

convoyer des colis <strong>lourds</strong> ou encombrants.<br />

Pour l’industrie régionale – Alsace, Bade-<br />

Wurtemberg et Suisse du Nord -, cette offre<br />

logistique représente un avantage de par<br />

son prix, mais elle est encore insuffisamment<br />

connue des transitaires et commissionnaires<br />

de transport.<br />

Toni Nicolay, directeur de H&S container Line<br />

Ottmarsheim, précise qu’«il s’agit d’un mode<br />

de transport qui n’est pas encore entré dans<br />

les mœurs. Un colis encombrant qui constitue<br />

une charge unique doit déjà être amené au<br />

port, par la route le plus souvent: comme il faut<br />

demander des autorisations, le transitaire ne va<br />

pas songer au fluvial et à son prix attractif, il<br />

se contentera de la route. nous déplorons la<br />

facilité avec laquelle sont délivrées les autorisations<br />

administratives pour le transport routier,<br />

sans tenir aucunement compte des alternatives<br />

possibles, fluviale ou ferroviaire».<br />

DU TRANSPoRT SUR MESURE<br />

H&S est en mesure de transporter tout colis<br />

encombrant de 60 à 90 t sur les barges de<br />

ses convois poussés jusqu’aux ports maritimes<br />

d’Anvers ou de Rotterdam. La plupart<br />

des portiques à conteneurs dispose d’une<br />

force de levage de 60 t, voire de 90 t pour<br />

les plus performants, et permet ainsi le transbordement<br />

de ces colis. H&S a ainsi dernièrement<br />

chargé un engin de chantier caterpillar<br />

à Anvers à bord d’une barge à destination de<br />

Bâle. L’engin a pris la place de 16 EVP. il n’y<br />

a pas de contrainte de ballastage supplémentaire<br />

sur le Rhin, mais sur sa partie canalisée à<br />

partir de Strasbourg, il faut tenir compte de la<br />

hauteur des ponts. T. Nicolay ajoute: «Tout le<br />

monde ne peut pas transporter des colis lourd.<br />

On ne peut pas les traiter comme des céréales.<br />

Il s’agit de maîtriser une chaîne logistique<br />

multimodale dont tous les maillons ne sont pas<br />

performants».<br />

Jean Faber, directeur général de H&S Ottmarsheim,<br />

précise quant à lui: «nous sommes<br />

des anciens bateliers, nous avons nous-même<br />

navigué, nous connaissons le métier et sommes<br />

à même de choisir le meilleur bateau.<br />

L’équipage doit être suffisamment formé pour<br />

calculer le centre de gravité du colis et y adapter<br />

le reste du chargement».<br />

Selon ce dernier, le réseau Freycinet est parfaitement<br />

exploitable pour le transport des<br />

colis <strong>lourds</strong>. Le problème réside dans la rupture<br />

de charge entre la route et la voie navigable.<br />

Ainsi, au Creusot, au bord du canal du<br />

Centre, les infrastructures de transbordement<br />

n’existent plus. Par contre, on peut aisément<br />

transporter un colis lourd de Lyon à Berlin,<br />

Vienne ou Bratislava sans rupture de charge<br />

grâce au réseau Freycinet. H&S container<br />

Line fait appel pour cela aux bateliers de la<br />

coopérative navisco 2000, qui sont des mariniers<br />

confirmés connaissant parfaitement leur<br />

métier. En 2008, 4 colis encombrants ont pu<br />

être ainsi transportés à la très grande satisfaction<br />

des clients. Mais cette alternative est malheureusement<br />

peu connue des chargeurs.<br />

www.hs-containerline.com<br />

Dossier<br />

Ch. P. n<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 17


Dossier<br />

La chaudronnerie nucléaire emballée<br />

par le transport fluvial<br />

L’usine Areva de Chalon-sur-Saône/Saint-Marcel fabrique des cuves<br />

de réacteur, des couvercles de cuve, des générateurs de vapeur, des<br />

pressuriseurs et autres composants de centrales nucléaires. 95% de sa<br />

production sont expédiés par voie d’eau.<br />

S<br />

ituée en bord de Saône, l’usine Areva de<br />

Saint-Marcel s’est dotée dès sa construction<br />

d’un portique d’une force de levage de<br />

1 050 t, qu’elle met à la disposition d’autres<br />

chargeurs expédiant des colis <strong>lourds</strong>. Ce portique<br />

a été aménagé en 1976 en bordure de<br />

darse dans la zone portuaire Sud de Chalon<br />

par Framatome (Areva) et la CCi de Saône-et-<br />

Loire, qui ont constitué un groupement d’intérêt<br />

économique à cet effet, Porlourd.<br />

Les éléments de cœur de réacteur nucléaire<br />

que fabrique l’usine de Saint-Marcel sont<br />

exportés dans le monde entier. Occupant plus<br />

de 1 100 salariés, l’entreprise fait face à un<br />

marché en pleine expansion du fait du renchérissement<br />

des énergies fossiles et de la nouvelle<br />

vague du nucléaire, une énergie produisant<br />

peu de CO 2 . Contrainte à produire des éléments<br />

ne présentant aucun défaut, la société<br />

expédie une dizaine de colis <strong>lourds</strong> par an en<br />

moyenne, le délai de fabrication d’une cuve de<br />

réacteur ou d’un couvercle étant assez long (3<br />

à 5 ans). Les cuves, les générateurs de vapeur<br />

et les pressuriseurs ne sont pas seulement des<br />

composants <strong>lourds</strong>. Ce sont aussi des équipements<br />

complexes qui nécessitent des opérations<br />

mécaniques de haute précision (au centième<br />

de millimètre) sur des pièces forgées de<br />

plusieurs dizaines ou centaines de tonnes.<br />

DE CHALoN à MARSEILLE,<br />

à BoRD D’UNITéS SPéCIALISéES<br />

«nos colis sont chargés à bord d’unités fluviales<br />

à destination de Marseille où une rupture de<br />

charge intervient: ils sont alors embarqués sur<br />

des navires, dotés de moyens de levage propres,<br />

qui les amènent en Finlande, en chine, ou<br />

aux Etats-Unis. Quand les dimensions des colis<br />

le permettent, nous utilisons, également, parfois<br />

des unités fluvio-maritimes. Le recours à ce type<br />

d’unité est cependant limité du fait de la hauteur<br />

des ponts», nous confie Pierre Pellegry, en<br />

charge des transports chez Areva.<br />

il faut compter 3 jours de transport entre<br />

Chalon et Marseille. Aucune avarie n’a été<br />

constatée en 32 ans d’activité. «Le transport<br />

fluvial est fiable, propre et sûr. Par ailleurs, ce<br />

mode s’inscrit pleinement dans la préoccupation<br />

environnementale d’Areva, qui privilégie le<br />

développement durable. Les faibles rejets de<br />

cO 2 de la navigation intérieure me font regretter<br />

de ne pouvoir exporter nos productions vers<br />

les ports de la mer du nord. Pour nous, la nonréalisation<br />

de la liaison Rhin-Rhône à grand<br />

gabarit est extrêmement pénalisante. certes, il y<br />

aurait moyen d’utiliser le réseau Freycinet pour<br />

des colis de faible tonnage, mais cette solution<br />

aurait un coût prohibitif par rapport au transport<br />

routier et ne saurait par conséquent être envisagée»,<br />

ajoute P. Pellegry.<br />

LA CFT EN PREMIèRE LIgNE<br />

C’est la cFT/compagnie fluviale de transport<br />

qui assure les transports d’Areva. Le transport<br />

est réalisé avec des barges découvertes au<br />

gabarit européen (80 x 11,40 m). Ces barges<br />

sont équipées de ballasts en double-fond, ce<br />

qui permet d’augmenter leur enfoncement<br />

naturel en réduisant le tirant d’air en cours de<br />

navigation.<br />

Dans la mesure où le port de Fos ne dispose<br />

pas de moyens de levage de grosse capacité,<br />

le transbordement des colis depuis la barge<br />

sur le navire est réalisé habituellement par les<br />

moyens propres dont disposent les navires<br />

dits gréés ou bigués. En effet, les nouvelles<br />

générations de navires offrent des capacités<br />

de levage de charges pouvant atteindre 500 t,<br />

voire 800 à 1 000 t pour les plus performants.<br />

Le transbordement est effectué le plus souvent<br />

en jumelant 2 grues rotatives du navire sur les<br />

zones de levage possibles du colis, protégées<br />

pour l’occasion. Le plan de chargement de la<br />

barge tient compte des prescriptions de portée<br />

pour le navire. «nous disposons d’un bureau<br />

d’étude intégré pour ces opérations et du personnel<br />

in situ ayant pour objectif de réaliser les<br />

opérations conformément aux plans. Le personnel<br />

de navigation est bien évidemment formé<br />

aux techniques de manutention spécifiques, il<br />

dispose également d’une formation ADnR –<br />

qui exige des compétences et connaissances<br />

supérieures -, afin de répondre aux exigences<br />

de déplacement de telles charges», confie<br />

Patrick Jourdan, le spécialiste «colis <strong>lourds</strong>» de<br />

la cFT.<br />

www.areva.com<br />

www.cft.fr<br />

Deux générateurs de vapeur Areva, chargés sur barge, traversent Tournus sur la Saône.<br />

Ch. P. n<br />

18 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Photo Charlène Moreau/Doc. AREVA


Bonneuil-sur-Marne,<br />

port à colis <strong>lourds</strong><br />

Les colis <strong>lourds</strong>, trafic spot par excellence, font l’objet de<br />

chargements réguliers à Bonneuil-sur-Marne, où Air Liquide<br />

charge sur barge des colonnes de distillation destinées à<br />

l’exportation.<br />

L’<br />

expédition d’un colis lourd d’une longueur<br />

de 57 m, prévue pour le 18 mars<br />

prochain, est en préparation au port de Bonneuil-sur-Marne.<br />

Le premier tronçon de la<br />

colonne de distillation, tube de métal d’un diamètre<br />

de 6 m, d’une longueur de 25 m et d’un<br />

poids de 106 t, est arrivé par transport routier<br />

dans la nuit du 5 au 6 janvier dernier sur un<br />

quai du fond de la darse centrale du port, en<br />

provenance de l’usine Air Liquide de Vitry-sur-<br />

Seine. L’arrivée de la seconde colonne, longue<br />

de 30 m et pesant 110 t, est prévue pour la<br />

nuit du 16 au 17 février.<br />

Jusqu’à fin février, c’est sur le quai du port<br />

de Bonneuil-sur-Marne que les équipes d’Air<br />

Liquide effectueront l’alignement, le soudage<br />

et les contrôles des deux tronçons de la colonne<br />

de distillation, qui doit ensuite rejoindre Le<br />

Havre par voie fluviale, avant d’être expédiée<br />

en Corée-du-Sud à bord d’un navire maritime.<br />

il s’agit, pour Air Liquide, de transports qui<br />

n’ont rien d’exceptionnel, puisque de telles<br />

opérations à l’exportation vers divers parties<br />

du monde ont lieu à Bonneuil-sur-Marne environ<br />

quatre à six fois par an.<br />

«Il s’agit de transports volumineux plutôt que<br />

de colis lourd à proprement parler», souligne<br />

Jean-Pierre Chaffaud, ingénieur en génie civil<br />

au Port autonome de Paris, responsable des<br />

chargements de colis <strong>lourds</strong> au port de Bonneuil-sur-Marne.<br />

«Le poids de cette colonne,<br />

une fois montée, est dérisoire par rapport à la<br />

capacité de la barge prévue pour ce transport:<br />

1 200 t. Mais le volume du chargement est tel<br />

qu’un convoi routier vers le port maritime d’expédition<br />

serait beaucoup trop compliqué et,<br />

pour tout dire, inenvisageable».<br />

UN MARCHé<br />

qUI A DE L’AVENIR<br />

Hormis Air Liquide, pour qui<br />

trois autres opérations sont déjà<br />

programmées d’ici à l’automne<br />

2009, le port de Bonneuil-sur-<br />

Marne n’a qu’un nombre limité<br />

de clients dans le secteur des<br />

colis <strong>lourds</strong>. «EDF y a recours<br />

ponctuellement pour de grosses pièces<br />

comme des générateurs de centrales nucléaires<br />

ou des transformateurs dépassant le gabarit<br />

routier», précise J.-P. Chaffaud. «Il y a trois<br />

ans, des silos de 20 m de longueur et 5 m<br />

de diamètre y ont également été débarqués<br />

pour le compte du SIAAP, qui les utilise pour<br />

stocker les boues de la station d’épuration de<br />

Valenton».<br />

Dans ces transports de colis <strong>lourds</strong> ou volumineux,<br />

le rôle du Port autonome consiste à<br />

mettre à disposition le quai et à autoriser, au<br />

titre d’une convention, le stationnement des<br />

colis pour le temps nécessaire aux opérations.<br />

La manutention, qui constitue une des parties<br />

les plus délicates de ce transport, relève de<br />

la compétence du chargeur et de ses prestataires<br />

privés. Le port ne disposant pas de<br />

portique dédié aux colis <strong>lourds</strong>, l’installation<br />

provisoire d’une grue est nécessaire. Dans<br />

le cas présent, le recours à deux grues d’une<br />

capacité de 250 à 300 t sera nécessaire. «Le<br />

quai de Bonneuil-sur-Marne, construit dans les<br />

années 1930, a été calculé pour des charges<br />

classiques de 6 à 8 t par m 2 », explique Jean-<br />

Pierre Chaffaud. «Les ancrages et le rideau de<br />

palplanche ont été dimensionnés pour cela.<br />

Lorsque l’activité colis <strong>lourds</strong> s’est développée,<br />

nous avons fait faire des études particulières<br />

pour vérifier la tenue du quai. D’autres<br />

quais du port de Bonneuil-sur-Marne sont plus<br />

résistants, mais présentent l’inconvénient d’être<br />

moins accessibles par transport routier, ou<br />

d’être amodiés à des opérateurs privés».<br />

Deux grues sont rendues nécessaires non par la masse<br />

mais par la longueur de cette colonne de distilation, embarquée<br />

sur barge à Bonneuil-sur-Marne.<br />

A travers l’ile-de-France, d’autres quais du Port<br />

autonome de Paris ont la capacité d’accueillir<br />

des colis <strong>lourds</strong>: c’est le cas à Montereau, à<br />

Corbeil, à Evry où un terre-plein a été spécialement<br />

aménagé à proximité d’une rampe<br />

Ro-Ro, à Charenton où l’accès routier est plus<br />

difficile, à Gennevilliers et à Limay. A Bruyère-sur-Oise,<br />

le quai est en cours de réfection<br />

et sera livré au cours de l’année 2009. Dans<br />

Paris, les quais de la Seine n’offrent actuellement<br />

aucun poste à colis lourd.<br />

Cette situation pourrait être amenée à évoluer,<br />

car EDF serait intéressé par des transports de<br />

transformateurs au cœur même de la capitale.<br />

«Les colis <strong>lourds</strong> transitant sur les quais du PAP<br />

sont des produits industriels, des éléments de<br />

construction ou d’infrastructures (comme des<br />

éléments de pont) ou encore des composants<br />

d’usines. Des transports d’éoliennes sont également<br />

en projet», explique Christophe Du<br />

Chatelier, responsable de ces dossiers au<br />

département de l’action commerciale et de<br />

la logistique du PAP. «Au-delà du transport<br />

fluvial, le fluvio-maritime, qui est possible sur<br />

la Seine aval, est très intéressant pour l’exportation<br />

de colis <strong>lourds</strong> car un certain risque est<br />

toujours présent lors des ruptures de charge, la<br />

manutention de ces colis <strong>lourds</strong> étant particulièrement<br />

délicate. EDF s’intéresse par exemple<br />

au fluvio-maritime pour des trajets entre les<br />

régions parisienne et lyonnaise». E. B. n<br />

Dossier<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 19


Dossier<br />

Le client partenaire<br />

De par son expérience pluridisciplinaire, le commissionnaire de transport<br />

est bien souvent une pièce maîtresse de la logistique des colis <strong>lourds</strong>. <strong>NPI</strong><br />

a rencontré Guy Taquard et Jean-François Chantreau, en charge notamment<br />

de la logistique lourde d’Alstom.<br />

G<br />

uy Taquard, ancien responsable des<br />

transports à l’exportation d’Alstom,<br />

organise aujourd’hui les envois du groupe au<br />

travers de sa propre entreprise de commission<br />

de transport, Logistique Express International.<br />

Dernière grosse opération en date, l’organisation<br />

à l’automne 2008 de l’expédition de<br />

3 200 t de matériels destinés à la centrale<br />

nucléaire d’Oskarshamn, en Suède. «Un navire<br />

Ro-Ro avait été affrété pendant un mois et<br />

demi pour cette opération. 3 rotations étaient<br />

planifiées entre Anvers et la Suède; il s’agissait<br />

à chaque fois d’organiser, en flux tendus, le préacheminement<br />

terrestre des composants». Le<br />

premier colis, un stator de 462 t, a été acheminé<br />

par rail depuis Belfort jusqu’au terminal à<br />

colis <strong>lourds</strong> du port de Strasbourg, où il a eu<br />

l’honneur d’inaugurer le nouvel équipement<br />

du portique du PAS.<br />

Le même type d’opération devrait se répéter<br />

cette année en direction du Mexique. De<br />

façon générale, le marché de l’énergie représente<br />

un formidable potentiel pour le colis<br />

lourd fluvial. «Entre la grande exportation et, au<br />

niveau national, les opérations de maintenance<br />

et le développement d’une nouvelle génération<br />

de centrales, il y a quinze ans de travail, si ce<br />

n’est plus», indique G. Taquard.<br />

Pour charger ses colis au port de Strasbourg et<br />

trouver des bateaux pour les transporter, LEI<br />

fait appel à Mondia (groupe Wincanton). L’activité<br />

«colis <strong>lourds</strong>» de cet opérateur a porté en<br />

2008 sur un volume de plus de 33 000 t, soit<br />

un colis de 140 t par jour. il s’agit pour l’essentiel<br />

de pièces produites par Alstom ou par<br />

l’usine GE de Belfort. De fait, la disponibilité<br />

du transport fluvial et les équipements du port<br />

de Strasbourg sont indispensables à l’industrie<br />

belfortaine. «ce schéma peut se trouver<br />

en concurrence avec les ports du Sud, mais<br />

à l’heure actuelle la densité des compagnies<br />

maritimes touchant les ports du nord et la fiabilité<br />

de ces derniers font aisément la différence.<br />

Sur le Grand Est, nous disposons aussi du port<br />

de Frouard, mais des problèmes d’itinéraire<br />

nous obligent à passer par Strasbourg pour<br />

les colis très <strong>lourds</strong>», confirme Jean-François<br />

Chantreau, responsable projets industriels<br />

chez Mondia.<br />

UN TRANSPoRT qUI N’A PAS DRoIT<br />

AU RISqUE<br />

La première contrainte du secteur est en effet<br />

liée aux autorisations de transport nécessaires<br />

aux convois exceptionnels routiers. «certains<br />

Au port de Strasbourg, chargement d’éléments à destination de la centrale nucléaire d’oskarshamn (Suède).<br />

transports ont beau être récurrents, l’ouverture<br />

d’un itinéraire à un transport exceptionnel n’est<br />

jamais acquise. L’obtention d’une autorisation<br />

prend du temps, alors que les délais accordés<br />

par les donneurs d’ordre sont de plus en plus<br />

courts», se plaint G. Taquard. La réglementation<br />

est aujourd’hui totalement différente d’un<br />

pays à l’autre en Europe. La Belgique et les<br />

Pays-Bas imposent là où c’est possible l’utilisation<br />

de la voie d’eau. En Allemagne, les<br />

convois routiers ocirculent obligatoirement<br />

de nuit sur autoroute, ce qui est interdit en<br />

France.<br />

Les opérations de manutention et d’arrimage<br />

constituent un autre volet important. Alors<br />

que les contrats de transport sont en général<br />

départ usine – FOB port d’embarquement<br />

maritime, quand ils ne couvrent pas l’ensemble<br />

du transport jusqu’à destination, «le premier<br />

risque du métier est que tout ne soit pas prévu.<br />

cela peut vite coûter des millions et mettre à<br />

mal une réputation», indique J.-F. Chantreau.<br />

Certains colis nécessitent que la cale du<br />

bateau soit équipée de tôles de répartition de<br />

charge et de poutrelles de renforcement. il est<br />

aussi important de bien étudier les plans des<br />

colis, qui sont tous différents, pour calculer le<br />

centre de gravité et opter pour les techniques<br />

d’élingage adaptées.<br />

«Le transport exceptionnel est un métier où<br />

le partenariat avec le client est important»,<br />

résume-t-il. En France, il a également un rôle<br />

prépondérant en matière d’assurance. «Le<br />

chargeur qui voudrait organiser son transport<br />

en direct devra multiplier les contacts et donc<br />

les risques», ajoute G. Taquard.<br />

Aujourd’hui pourtant, les opérateurs se retrouvent<br />

souvent face à des acheteurs plutôt que<br />

des techniciens. L’élément prix devient alors<br />

prépondérant – au détriment de la sécurité?<br />

«La différence de prix ne doit pas s’expliquer<br />

par des économies au niveau des procédures<br />

de chargement. Bien sûr, il y a toujours un<br />

danger, et les notes de calcul que nous établissons<br />

pour chacune des opérations d’un transport<br />

sont là pour en assurer la maîtrise – mais<br />

pour cela l’expérience est importante», note<br />

J.-F. Chantreau. Par ailleurs le secteur des<br />

colis <strong>lourds</strong> n’est pas exempt d’éthique: «nous<br />

nous sommes fixés une règle qui est, pour chaque<br />

tronçon d’un voyage, de faire intervenir les<br />

transporteurs locaux en priorité», assure ainsi<br />

G. Taquard. N. S. n<br />

20 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Doc LEI


La grande distribution embarque<br />

pour le fluvial<br />

Avec des schémas logistiques variant en fonction de la situation de<br />

leurs entrepôts, les enseignes françaises de grande distribution ont<br />

aujourd’hui recours au transport fluvial pour une partie de leurs<br />

conteneurs maritimes à l’importation. Quelques exemples avec<br />

Auchan, Carrefour et Casino.<br />

A<br />

l’heure actuelle, seuls les trajets entre<br />

les ports maritimes et les entrepôts sont<br />

concernés par la voie d’eau, les flux entre les<br />

entrepôts et les magasins étant, sauf exception<br />

rarissime, confiés au transport routier.<br />

Certains distributeurs font de la voie d’eau un<br />

axe de communication, comme Monoprix, qui<br />

utilise ce mode depuis 2003 entre Le Havre et<br />

Gennevilliers (nPI août 07, p. 272) et met en<br />

avant ce choix écologique dans sa communication<br />

à destination du grand public. D’autres<br />

enseignes, utilisatrices de la voie d’eau depuis<br />

de nombreuses années pour des raisons<br />

économiques, semblent seulement réaliser<br />

aujourd’hui le parti qu’elles peuvent tirer d’un<br />

affichage auprès de leurs clients de l’utilisation<br />

de ce mode de transport, à l’heure où<br />

le développement durable tient le haut de<br />

l’affiche.<br />

LA VoIE D’EAU EST éCoNoMIqUE<br />

C’est le cas par exemple d’Auchan, groupe<br />

pour lequel le transport fluvial a concerné<br />

5 193 EVP en 2007, soit 53% de l’activité<br />

import en France et jusqu’à 64% sur l’axe<br />

rhodanien. «Auchan utilise le transport fluvial<br />

depuis 1995, d’abord pour des raisons économiques,<br />

mais aussi de flexibilité, car les conteneurs<br />

sont stockés dans les ports intérieurs, plus<br />

près de l’entrepôt», explique Léandre Boulez,<br />

directeur général d’Auchan import-export.<br />

Les trois plates-formes françaises d’Auchan,<br />

situées à Lesquin, Villabé et Mésyeux, sont<br />

chacune proche d’un terminal intérieur, soit<br />

respectivement Lille, Paris et Lyon. L’importation<br />

se fait par le port maritime le plus proche:<br />

Le Havre pour Paris (1 419 EVP), Fos pour<br />

Lyon (2 049 EVP) et Dunkerque ou Anvers<br />

pour Lille (1 725 EVP).<br />

La même stratégie, consistant à utiliser le port<br />

maritime le plus proche de l’entrepôt, s’appli-<br />

que dans les autres pays européens. Pour les<br />

post-acheminements, qui concernent à 98%<br />

des conteneurs de 40’, le distributeur utilise<br />

au maximum la barge ou le rail, le recours<br />

au camion se limitant aux derniers kilomètres.<br />

«En Espagne, c’est le rail qui est utilisé<br />

au départ des ports maritimes. En Italie, nous<br />

n’avons pas obtenu de bonnes conditions pour<br />

le rail et utilisons donc la route entre Gênes et<br />

Chargeurs<br />

Milan. En France, les trois axes fluviaux principaux<br />

sont desservis suffisamment régulièrement.<br />

Et nous avons obtenu des douanes des<br />

facilités sur le trajet entre le port maritime et<br />

le port intérieur, même si la fluidité est affectée<br />

sur la Seine par l’absence d’écluse à «Port<br />

2000». Du point de vue du chargeur, le fluvial<br />

et le rail ne sont presque jamais concurrents,<br />

mais complémentaires. A destination de Lyon<br />

et de Paris, par exemple, il y a beaucoup plus<br />

de capacité sur le fleuve. En Italie, au contraire,<br />

la géographie ne permettra jamais le développement<br />

du transport fluvial. A Paris, nous<br />

continuerons d’utiliser le port de Gennevilliers:<br />

Bonneuil-sur-Marne ne se développera pas<br />

significativement, car entre les deux il y a Paris<br />

et le pont neuf», souligne L. Boulez.<br />

D’autres contraintes techniques freinent le<br />

recours d’Auchan au fluvial, l’empêchant<br />

d’atteindre son objectif de 2/3 des conteneurs<br />

non confiés à la route. Sont ainsi cités<br />

par L. Boulez: le sous-investissement dans<br />

les infrastructures, posant des problèmes<br />

de connexion dans les ports maritimes; les<br />

chômages des écluses en août et septembre,<br />

Le groupe Auchan est, depuis 1995, un client régulier<br />

du service Logiseine.<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 21<br />

Doc. grand port maritime du Havre


Chargeurs<br />

L’utilisation du Rhône par les enseignes de la grande distribution fait désormais l’objet d’une charte.<br />

mois très chargés pour les importations de la<br />

grande distribution; ou encore les tarifs trop<br />

élevés de la manutention.<br />

PoRTS INTéRIEURS = fIABILITé<br />

Premier groupe de grande distribution en<br />

France, carrefour y reçoit chaque année<br />

16 000 conteneurs maritimes, dont 80% arrivent<br />

par Le Havre et 20% par Fos. Parmi ces<br />

16 000 EVP, 40 % (6 400 EVP) ont utilisé le<br />

transport fluvial en 2008. Le textile, avec 3 200<br />

EVP, constitue le principal de ces trafics fluviaux.<br />

«nous avons commencé à utiliser le<br />

fluvial en 2002», explique Jean-Claude Coutant,<br />

responsable des flux non-alimentaires<br />

du groupe carrefour. «nous sommes passé à<br />

25% de part modale dès 2003, avec la montée<br />

en charge de notre entrepôt textile de Seine-et-<br />

Marne, alimenté depuis les ports de Bonneuilsur-Marne<br />

et Gennevilliers. carrefour a décidé<br />

d’utiliser le transport fluvial pour satisfaire aux<br />

objectifs de développement durable, mais aussi<br />

parce qu’il est source de fiabilité et de gains<br />

financiers. Depuis Gennevilliers ou Bonneuilsur-Marne,<br />

nous organisons plus facilement<br />

nos flux à destination de nos entrepôts que<br />

depuis Le Havre».<br />

En 2007, la part modale de la route était de<br />

65% pour l’ensemble des entrepôts carrefour<br />

(60% en 2008) et de seulement 22% pour<br />

ceux utilisant le fluvial: Bondoufle, Vert-Saint-<br />

Denis et Cuisery. Outre le fluvial, carrefour<br />

veut également se lancer dans le fer pour ses<br />

conteneurs, avec un projet de navette ferroviaire<br />

entre Dourges et Bordeaux.<br />

Malgré les avantages reconnus au transport<br />

fluvial, le distributeur a développé une<br />

stratégie consistant à consolider les flux au<br />

départ de la Chine, afin d’éviter les ruptures<br />

de charge en Europe. Par exemple en utilisant<br />

des conteneurs de 20’, directement acheminés<br />

vers les magasins sans passer par les<br />

entrepôts: cette option a concerné 230 EVP en<br />

2008. «L’objectif de réduction du cO 2 passant<br />

par une réduction du nombre de km parcourus<br />

amène également le groupe à rapprocher<br />

les entrepôts régionaux des magasins, ce qui<br />

peut les éloigner des axes fluviaux», regrette<br />

J.-C. Coutant. «nous allons néanmoins continuer<br />

à faire du fluvial, en prenant davantage en<br />

compte ce mode de transport pour choisir les<br />

lieux d’établissement de nos entrepôts».<br />

UN MoDE DE TRANSPoRT<br />

STRATégIqUE<br />

Easydis, la filiale logistique du groupe casino<br />

spécialisée dans l’organisation des transports<br />

et l’exploitation des entrepôts, a commencé à<br />

utiliser le transport fluvial pour l’acheminement<br />

des conteneurs maritimes en 2006. C’est en<br />

2008 que la volonté d’utiliser la voie d’eau<br />

s’est réellement concrétisée, mais les grèves<br />

touchant le port de Fos n’ont pas permis de<br />

dépasser les 200 EVP. Les flux concernent des<br />

articles de bazar: les conteneurs chargés sur<br />

barge à Fos, sont déchargés à Lyon et acheminés<br />

par camion vers les entrepôts de Vienne<br />

et Saint-Etienne. Pour ces deux sites, le fluvial<br />

représentait 11% des flux import depuis Fos<br />

en 2008. «nous avons établi un plan de marche<br />

pour atteindre 50% de part modale pour le<br />

fluvial à destination de ces deux entrepôts d’ici<br />

la fin 2010», précise David Collas, directeur<br />

des transports du groupe casino. Historiquement,<br />

les entrepôts d’importation d’Easydis ont<br />

été implantés dans le Midi et le centre de la<br />

France. Leur localisation n’a pas été prévue<br />

en fonction du transport fluvial, mais le groupe<br />

casino estime qu’à terme 40% de ses flux<br />

d’importation sont fluvialisables.<br />

«Le transport fluvial a pour nous un intérêt purement<br />

stratégique», souligne D. Collas. «notre<br />

société est très volontaire en ce qui concerne<br />

le développement durable et le fluvial contribue<br />

à construire une image très positive en la<br />

matière. D’un point de vue économique, les<br />

ruptures de charges sont meurtrières en terme<br />

de coût et rallongent les délais de livraison. nos<br />

premières études et les informations que nous<br />

recevons de la part de sociétés engagées dans<br />

le transport fluvial font apparaître un surcoût de<br />

20 à 30%. nous pensons malgré tout que le<br />

prix du pétrole et les taxes sur les infrastructures<br />

routières vont, à moyen terme, le rendre économiquement<br />

intéressant. nous privilégions<br />

d’ailleurs tous les modes alternatifs à la route<br />

et nous étudions actuellement avec la SncF<br />

les moyens de mettre sur les rails des flux qui<br />

utilisaient anciennement ce mode de transport<br />

et qui empruntent aujourd’hui la route».<br />

L’objectif, pour le groupe casino, est d’utiliser<br />

le transport fluvial pour les flux en provenance<br />

de la moitié Nord de la France et du Benelux,<br />

avec une approche routière jusqu’à Pagny,<br />

puis sur le fleuve jusqu’à Fos et Sète, avec<br />

des arrêts à Lyon et Valence pour alimenter<br />

les entrepôts rhônalpins. «cela nécessite des<br />

caisses mobiles pallet-wide, dans lesquelles les<br />

bargistes ou d’autres prestataires pourraient<br />

investir, après engagement de notre part sur<br />

un certain volume. Mais le groupe casino, à lui<br />

seul, n’a pas les volumes nécessaires pour ce<br />

type de transport. c’est pourquoi nous comptons<br />

sur l’implication des ports, de VnF et des<br />

Pouvoirs publics».<br />

Réunir tous les acteurs de la grande distribution<br />

sur le Rhône afin de massifier leurs transports<br />

et d’atteindre un volume conséquent de<br />

marchandises à transporter par barge: c’est<br />

l’objectif de la charte signée par Auchan, casino,<br />

carrefour, conforama, Ikea et Leroy-Merlin<br />

à l’été 2008 (nPI août 08, p. 172). Le comité<br />

de pilotage mis en place effectue actuellement<br />

des études de faisabilité pour trouver les bons<br />

partenaires.<br />

E. B. n<br />

22 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Photo Annemarie van oers


VNF : trafic en baisse,<br />

investissements en hausse<br />

Nouvelle gouvernance, budget d’investissement record de 190 Mio €<br />

et nouvelles étapes à franchir pour le projet Seine Nord Europe: telles<br />

sont les perspectives de Voies navigables de France/VNF pour l’année 2009.<br />

Le<br />

directeur général de VnF,<br />

Thierry Duclaux, a présenté les vœux<br />

de l’établissement le 20 janvier dernier en présence<br />

du président par intérim Michel Margnes,<br />

président de la compagnie nationale<br />

du Rhône/cnR, qui a déclaré qu’il allait «quitter<br />

d’un jour à l’autre la présidence de VnF».<br />

Le nom de son successeur devrait donc être<br />

connu sous peu, le nouveau conseil d’administration<br />

de VnF étant nommé prochainement,<br />

conformément aux nouveaux statuts de l’établissement<br />

qui prévoient des compétences<br />

élargies, notamment en matière de gestion de<br />

l’eau, de coopération internationale et de définition<br />

des horaires de navigation (nPI décembre<br />

08, p. 355).<br />

Thierry Duclaux, directeur général de VNF.<br />

Avant de dresser les perspectives de VnF pour<br />

2009, T. Duclaux a dressé un bilan de l’année<br />

écoulée, revenant tout d’abord sur les trafics<br />

fluviaux et la façon dont ils ont été impactés<br />

par la crise économique: après un début d’année<br />

«très prometteur», ces derniers ont en effet<br />

marqué un «net infléchissement, avec toutefois<br />

un mois de décembre à nouveau positif». Au<br />

total, le trafic fluvial s’établit à 7,42 Mld t.km<br />

pour l’année, soit un repli de 1,6% par rapport<br />

à 2007. La baisse concerne surtout les<br />

secteurs les plus liés à la crise: métallurgie et<br />

Doc. ALLO PHOTO<br />

automobile. Elle touche aussi, plus légèrement,<br />

les conteneurs et le secteur des granulats et<br />

matériaux de construction. Ce dernier, de par<br />

son poids dans les trafics fluviaux, a cependant<br />

un grand impact sur les trafics totaux.<br />

Les transports de charbon et de céréales, au<br />

contraire, enregistrent de fortes évolutions.<br />

LE CoNTRAT D’oBjECTIfS<br />

ET DE MoyENS ACCoMPLI à 98%<br />

«L’année 2008 aura également été, pour VnF,<br />

l’année de la reconnaissance et de la décision<br />

politique», a poursuivi T. Duclaux, citant à l’appui<br />

de ses propos la déclaration d’utilité publique<br />

de Seine Nord Europe, publiée le 12 septembre,<br />

et le Grenelle de l’environnement, qui<br />

«offre à VnF une ligne directrice sans précédent»<br />

et met l’accent sur «la nécessité d’accroître<br />

la part modale du fluvial, de moderniser le<br />

réseau à grand gabarit, d’étudier et de réaliser<br />

les projets de liaisons inter-bassins». Pour VnF,<br />

2008 a aussi été la dernière des quatre années<br />

de mise en œuvre du contrat d’objectif et de<br />

moyens, dont «98% des objectifs d’investissements<br />

ont été atteints»: reconstruction de six<br />

barrages sur l’Oise, rehaussement des ponts<br />

de la Moselle et du canal Dunkerque-Escaut,<br />

modernisation de la Seine aval et reconstruction<br />

de 17 barrages «parmi les plus critiques».<br />

Pour 2009, le contrat annuel de performance<br />

prévoit des investissements record, d’un montant<br />

de 190 Mio €, permettant la reconstruction<br />

de plusieurs grands barrages sur l’Oise<br />

(Boran et Venette), sur la Seine (Chatou et<br />

Le Coudray) et sur la Saône (Auxonne). En ce<br />

qui concerne le projet de liaison Seine-Escaut,<br />

2009 verra le lancement de l’appel à candidature<br />

pour le partenariat public-privé, la mise en<br />

place d’une commission inter-gouvernementale<br />

entre la France, la Wallonie et la Flandre<br />

et la signature d’un protocole d’intention entre<br />

l’État français et les quatre Régions concernées,<br />

pour définir les engagements financiers<br />

de chacun. E. B. n<br />

�Il<br />

y a 80 ans...<br />

Programme<br />

d’amélioration<br />

des voies<br />

navigables<br />

«En<br />

Au fil de l’eau<br />

1929, l’Office national<br />

de la navigation va poursuivre<br />

l’établissement de la traction électrique<br />

sur les voies navigables françaises.<br />

La concession du halage électrique sur<br />

l’Escaut a été demandée par la chambre<br />

de commerce de Valenciennes. En même<br />

temps, l’administration des Travaux publics se<br />

prépare à mettre en adjudication le halage sur<br />

la Scarpe, autour de Douai. La ligne navigable<br />

Dunkerque-Janville (...) fera l’objet d’une<br />

attention toute spéciale. Les travaux tendent<br />

à améliorer progressivement le mouillage<br />

et à le faire passer de 1,80 m à 2,20 m. (...)<br />

En ce qui concerne la région de la Seine (...),<br />

on poursuivra l’exécution des travaux qui<br />

ont pour objet de mettre Paris à l’abri des<br />

inondations et d’améliorer la navigation entre<br />

Port-à-l’Anglais et Bougival.<br />

En ce qui concerne la grande transversale<br />

Est-Ouest, (...) on exécutera les améliorations<br />

reconnues nécessaires telles que la suppression<br />

progressive des passages rétrécis, qui limitent<br />

la capacité de la voie d’eau. A ce sujet, l’Onn<br />

étudie la réalisation rapide de l’électrification<br />

sur toute l’étendue du canal de la Marne<br />

au Rhin ainsi que sur le canal des Houillères<br />

de la Sarre, afin d’établir la liaison entre<br />

les halages électriques déjà existants. (...)<br />

En ce qui concerne la grande parallèle Est, (...)<br />

le Port autonome de Strasbourg, (...) est en<br />

train d’établir la traction électrique sur<br />

le canal du Rhône au Rhin entre Strasbourg<br />

et Mulhouse (...). On étudie également<br />

le prolongement de la traction électrique de<br />

Mulhouse à Saint-Symphorien, sur la Saône.<br />

Sur la Saône canalisée, l’administration poursuit<br />

l’étude de la création de grandes écluses entre<br />

Verdun-sur-Doubs et Saint-Jean-de-Losne (...).<br />

cette même année 1929 marquera également<br />

un grand pas en avant dans l’achèvement<br />

du canal du nord, dans la canalisation<br />

de la Moselle entre Metz et Thionville, dans<br />

la reconstruction du canal de l’Oise à l’Aisne et<br />

enfin dans l’extension du port de Strasbourg».<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 23


Au fil de l’eau<br />

Naissance<br />

de l'association<br />

«Saône-Rhin<br />

Europe»<br />

Le 5 décembre 2008 à Besançon,<br />

en présence d’une centaine de personnes<br />

et d'une marraine emblématique,<br />

Françoise Branget, députée du Doubs,<br />

l'association «Saône-Voie d'eau 2010»<br />

est devenue «Saône-Rhin Europe».<br />

Cette nouvelle dénomination permet<br />

de mettre en exergue l'objectif prioritaire<br />

de l'association: afficher la dimension<br />

intrinsèquement européenne du projet<br />

et aboutir à sa prise en compte dans<br />

les RTE-T, pour une réalisation à l’horizon<br />

2025/2030. L'étude socio-économique<br />

portant sur un «nouveau projet de liaison<br />

fluviale entre la Saône et le Rhin supérieur»,<br />

qui s'achève sous le pilotage du Conseil<br />

général du Haut-Rhin, sera rendue publique<br />

prochainement.<br />

L'association bénéficie du renfort explicite<br />

de la députée du Doubs, Françoise Branget.<br />

Celle-ci a présenté son travail parlementaire<br />

en faveur d'un rééquilibrage des modes<br />

de transport, par une meilleure prise<br />

en compte du transport fluvial dans les<br />

orientations et décisions gouvernementale.<br />

Elle prône un véritable «Plan Marshall»<br />

en faveur du fluvial, basé sur la rénovation<br />

et la modernisation des infrastructures,<br />

la valorisation des ports et la poursuite<br />

du maillage inter-bassins. A cette fin,<br />

F. Branget a initié un «Comité de valorisation<br />

de la voie d'eau Saône-Rhin» auquel<br />

adhère déjà une quinzaine de parlementaires<br />

de Franche-Comté, de Bourgogne<br />

et d'Alsace. La députée a l'ambition de faire<br />

évoluer l’esprit des élus en faveur<br />

du transport fluvial.<br />

Photo Annemarie Van oers<br />

La mise au gabarit de 3 000 t de la petite Seine devrait faciliter le développement du trafic de conteneurs du port<br />

de Nogent.<br />

Bray-Nogent :<br />

vers le grand gabarit ?<br />

Suite au rapport présenté par Pierre Verdeaux à Dominique Bussereau,<br />

VNF se voit confier la réalisation d’études techniques et économiques<br />

sur le passage à grand gabarit de la petite Seine entre Bray-sur-Seine<br />

et Nogent-sur-Seine.<br />

La<br />

cause de l’élargissement de la Haute-Seine<br />

entre Bray-sur-Seine et<br />

Nogent-sur-Seine peinait à convaincre les<br />

décideurs politiques. Elle a été remise sur<br />

le devant de la scène comme une compensation<br />

pour la Ville de Provins qui perdra, à<br />

l’occasion de la révision de la carte militaire,<br />

son régiment de hussards. Dominique Bussereau<br />

avait commandé, en octobre 2007,<br />

un rapport sur le sujet à Pierre Verdeaux,<br />

ingénieur en chef des Ponts et Chaussées.<br />

«D’après les contacts que j’ai eus, les convois<br />

de 5 000 t en amont de Paris ne paraissent<br />

pas pertinents. D’un point de vue écologique,<br />

l’aménagement de la petite Seine entraînerait<br />

des rescindements de boucle trop importants»,<br />

déclare ce dernier. La solution retenue est<br />

donc d’agrandir les écluses entre Bray-sur-<br />

Seine et Nogent-sur-Seine au gabarit de<br />

110 x11,80 m, pour permettre le passage de<br />

bateaux de type rhénan chargés à 3 000 t<br />

avec un enfoncement de 2,80 m .<br />

Cet aménagement nécessite un budget total<br />

de 180 Mio €, alors que le rescindement des<br />

boucles nécessiterait 70 Mio € supplémentaires.<br />

D’après les études réalisées par VnF<br />

et le Port de Nogent-sur-Seine, le passage au<br />

grand gabarit permettra de doubler le trafic<br />

fluvial de vracs et de faire passer le trafic de<br />

conteneurs de 8 000 à 20 000 EVP. Le gain<br />

économique, par rapport au brouettage routier<br />

actuellement réalisé vers l’aval, est estimé<br />

à 10 Mio € par an. Le financement pourrait<br />

donc, selon une analyse identique à celle<br />

réalisée pour Seine Nord Europe, être réalisé<br />

pour moitié grâce à un sur-péage qui ne<br />

représenterait que 10% de l’avantage économique<br />

retiré de la réalisation de cet équipement<br />

par ses futurs utilisateurs.<br />

Les études socio-économiques, techniques,<br />

hydrauliques et environnementales, confiées<br />

à VnF, seront achevées fin 2010 et un débat<br />

public sera organisé en 2011, le démarrage<br />

des travaux pouvant intervenir dès 2015. D’ici<br />

là, Dominique Bussereau a demandé à VnF<br />

d’améliorer le fonctionnement de l’infrastructure<br />

actuelle en amont de Paris et d’en assurer<br />

l’ouverture à la navigation 14 heures par<br />

jour.<br />

L’élargissement du gabarit de la petite Seine<br />

est une demande récurrente des chargeurs<br />

de la région de Nogent-sur-Seine où de<br />

grands investissements industriels ont été<br />

réalisés récemment. Par le passé, le passage<br />

au gabarit de 1 000 t avait permis de doubler<br />

le trafic sur cet axe.<br />

E. B. n<br />

24 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Photo Rogine


Titres de navigation : un 1 er bilan<br />

La réforme des commissions de surveillance a été mise en place il y a un<br />

an (<strong>NPI</strong> mai 08, p. 109). L’occasion de faire le point sur la question avec<br />

Matthieu Chabanel, sous-directeur des ports et du transport fluvial<br />

au MEEDDAT.<br />

<strong>NPI</strong>/Navigation, Ports et Industries - Un<br />

an après, quels enseignements tirezvous<br />

de la mise en place des nouvelles<br />

procédures en matière de titres de<br />

navigation ?<br />

Matthieu Chabanel - il est difficile de tirer<br />

tous les enseignements d’une telle réforme<br />

après une seule année d’application. Les<br />

nouvelles procédures mises en place en janvier<br />

2008 prévoient l’ensemble des contrôles<br />

nécessaires à la délivrance des titres de navigation<br />

et la création de services instructeurs<br />

placés auprès de six préfets de département<br />

aux compétences territoriales élargies. Ces<br />

services s’appuient sur l’intervention de commissions<br />

de visite qui viennent contrôler les<br />

bateaux. Le constat général est assez positif,<br />

même si les résultats peuvent être contrastés<br />

d’une région à l’autre. Le taux de contre-visite,<br />

assez important en début de période, a eu tendance<br />

à diminuer au cours de l’année 2008.<br />

Le cadre est plus strict, certes, mais l’action de<br />

l’État est également mieux encadrée avec des<br />

délais imposés à ses services. L’ancien dispositif<br />

ne prévoyait aucun délai, aucune procédure<br />

précise. Aujourd’hui, l’État s’engage pour<br />

un traitement équitable: l’usager bénéficie de<br />

plus de garanties.<br />

<strong>NPI</strong> - L’administration a-t-elle prévu<br />

des moyens supplémentaires pour<br />

mener à bien cette réforme ?<br />

M. Chabanel - La sécurité des transports<br />

fait partie des priorités de l’Etat: les moyens<br />

dont dispose notre administration ont donc<br />

connu une évolution favorable. Surtout, le<br />

regroupement de ces moyens au sein de six<br />

services seulement rendra notre action plus<br />

efficace. Dans le cadre de procédures plus<br />

rigoureuses, nous voulons obtenir plus de fluidité,<br />

avec le même niveau de sécurité. Cette<br />

action traduit notre volonté de moderniser et<br />

développer le transport fluvial, sans transiger<br />

en rien sur les obligations de sécurité.<br />

<strong>NPI</strong> - quel rôle est réservé par la réforme<br />

aux experts fluviaux ?<br />

M. Chabanel - Les textes actuels prévoient<br />

la présence de l’expert lors de l’intervention de<br />

la commission de visite sur le bateau. Au vu du<br />

bilan de cette première année, cette obligation<br />

sera rapidement supprimée par voie réglementaire.<br />

Si, en revanche, un gros problème<br />

apparaît lors de la première visite, la présence<br />

de l’expert sera requise lors de la contre-visite.<br />

Par ailleurs, les experts fluviaux ne bénéficient<br />

plus aujourd’hui de l’agrément de l’administration:<br />

le service instructeur et la commission de<br />

visite contrôlent leur travail, il n’est donc pas<br />

nécessaire de le faire en amont. Néanmoins,<br />

nous travaillons avec la profession à la définition<br />

de bonnes pratiques pour ce métier.<br />

L’idée est de mettre en place une norme,<br />

interne à la profession, qui précise les références<br />

que doivent respecter les experts.<br />

<strong>NPI</strong> - quel bilan tirer de l’autorisation<br />

de la conduite seul à bord ? Combien<br />

de bateaux sont aujourd’hui<br />

concernés ?<br />

M. Chabanel - L’expérimentation de la<br />

conduite seul à bord a eu lieu tout au long de<br />

l’année 2007 pour les bateaux de moins de<br />

40 m et a été prolongée de six mois jusqu’en<br />

juillet 2008. Depuis cette date, la conduite seul<br />

à bord a été réglementée pour les bateaux<br />

jusqu’à 55 m, avec également un périmètre<br />

territorial plus large. Aujourd’hui, seules sont<br />

exclues les voies navigables internationales<br />

(Rhin et Moselle) et les zones où la navigation<br />

est particulièrement difficile, à savoir le Rhône<br />

et les zones maritimes des grands fleuves.<br />

Avec seulement vingt bateaux depuis juillet, la<br />

conduite seul à bord concerne une population<br />

peu importante car elle trouve ses limites dans<br />

les durées de navigation. De nouvelles demandes<br />

pourraient être exprimées, par exemple à<br />

l’occasion de renouvellements de titres. Nous<br />

sommes maintenant assurés que cela ne<br />

présente pas de risque: dans ces conditions,<br />

autant offrir aux bateliers un ensemble de possibilités<br />

dans le cadre du développement du<br />

transport fluvial. il leur revient de les mettre en<br />

pratique ou non.<br />

<strong>NPI</strong> - La directive européenne qui<br />

imposait la réforme des commissions<br />

de surveillance nécessite une nouvelle<br />

transposition: à quelle évolution de<br />

la réglementation faut-il s’attendre à<br />

l’avenir ?<br />

M. Chabanel - La réforme des commissions<br />

de surveillance s’inscrivait en effet dans<br />

le cadre de la transposition d’une directive<br />

européenne, qui prévoit aussi des règles techniques<br />

sur les bateaux: cette nouvelle transposition<br />

aura lieu en ce début d’année 2009.<br />

Ces nouvelles règles assureront une meilleure<br />

cohérence entre les règles européennes<br />

et rhénanes. Ainsi, la décision de principe<br />

a été prise de l’acceptation sur le Rhin des<br />

bateaux munis d’un certificat communautaire<br />

et un groupe de travail international prépare<br />

l’évolution en parallèle des réglementations<br />

rhénanes et communautaires. il faut maintenant<br />

régler les questions techniques pour que<br />

cela se mette en place. Par ailleurs, le projet<br />

«Naïades» va vers un renforcement des normes<br />

européennes en matière de règles de<br />

conduite et d’équipage des bateaux. Nous<br />

avons la volonté de moderniser et développer<br />

le transport fluvial, la priorité est donc donnée<br />

à l’ensemble de ces dossiers, qui sont actuellement<br />

sur le dessus de la pile.<br />

Propos recueillis par Etienne Berrier n<br />

Pratique<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 25<br />

Photo E. Berrier/Doc. <strong>NPI</strong>


Pratique<br />

»<br />

La crise économique a donné un coup d’arrêt au développement des trafics portuaires<br />

européens, pourtant important au cours des trois premiers trimestres de l’année 2008. Certains<br />

ports affichent néanmoins des résultats en hausse. Du Nord au Sud, les résultats chiffrés des<br />

trafics disponibles pour les principaux ports européens.<br />

HAMBoURg (*)<br />

Le trafic du port de Hambourg, toutes marchandises<br />

confondues, s’inscrit à la hausse<br />

grâce aux exportations de céréales de la fin<br />

de l’année: il atteindra probablement 142 à<br />

143 Mio t pour 2008, contre 140 Mio t en<br />

2007. Après des années de hausse ininterrompue,<br />

le trafic de conteneurs se stabilise sous la<br />

barre des 10 Mio EVP en 2008. C’est du moins<br />

la tendance annuelle des onze premiers mois,<br />

que le port extrapole à 9,8 Mio EVP pour l’ensemble<br />

de l’année. Alors que les échanges de<br />

conteneurs avec l’Asie sont en légère chute,<br />

les trafics feeder intra-européens perdent<br />

2,1% sur les dix premiers mois.<br />

AMSTERDAM (*)<br />

Les ports d’Amsterdam, Beverwijk, Velsen et<br />

Zaanstad ont vu leurs trafics augmenter de<br />

4% en 2008, pour atteindre 90,9 Mio t. Le seul<br />

port d’Amsterdam, avec 72,4 Mio t, a quant à<br />

lui connu une progression de 7%, identique à<br />

celle déjà enregistrée l’année précédente. Ce<br />

sont les produits pétroliers qui marquent la<br />

croissance la plus importante, passant de 24,9<br />

à 28,7 Mio t. Le trafic de charbon, en revanche,<br />

n’atteint que 16,5 Mio t, soit une baisse<br />

de 4% due à l’importance des stocks. Quant<br />

aux conteneurs, leur nombre augmente de<br />

10%, passant de 386 000 à 425 000 EVP.<br />

RoTTERDAM<br />

Baromètre<br />

Ports maritimes européens :<br />

la crise après la croissance<br />

Avec 420,3 Mio t de trafic, Rotterdam signe<br />

un nouveau record en 2008, augmentant son<br />

activité de 2,7% et confortant sa place incontestée<br />

de premier port européen. Les entrées,<br />

qui constituent 74% des transbordements,<br />

sont en hausse de 3,9%, tandis que les sorties<br />

baissent de 0,5%. Avec 10,8 Mio EVP, le nombre<br />

de conteneurs reste stable à Rotterdam.<br />

Les 288 Mio t de vracs manutentionnés s’inscrivent<br />

en hausse de 3,7%. Cette croissance<br />

est forte dans les vracs secs, dont les importations<br />

ont augmenté de 4,4%, à 85,9 Mio t.<br />

Plus précisément, les entrées de ferrailles et<br />

minerais affichent +9% avec 40,5 Mio t et<br />

celles de produits agroalimentaires +10,4% à<br />

8,4 Mio t. L’évolution est encore plus marquée<br />

dans les vracs liquides, dont les importations<br />

ont augmenté de 4,6% à 159 Mio t, malgré<br />

une baisse de 3% des arrivages de brut<br />

(99,7 Mio t), compensée par la hausse des<br />

entrées de produits pétroliers (+6,2% à<br />

35,9 Mio t) et de produits chimiques (+9,3%<br />

à 23,4 Mio t).<br />

ANVERS<br />

Le port d’Anvers affiche pour 2008 une<br />

hausse de 3,5% de ses trafics, qui atteignent<br />

189,4 Mio t, établissant leur septième record<br />

consécutif. Avec 8,7 Mio EVP, les conteneurs<br />

sont en progression de 6%. Le bulk est en<br />

hausse de 4% à 66,7 Mio t, principalement tiré<br />

par les vracs secs. Les trafics de vracs liquides<br />

affichent en revanche une légère baisse<br />

de 0,7% à 39,3 Mio t. Les produits chimiques,<br />

spécialité anversoise, sont en hausse de 4%.<br />

Les trafics rouliers sont en très léger repli en<br />

2008 (-0,3%) avec 4,4 Mio t: 343 000 véhicules<br />

en entrée et 618 000 à l’exportation.<br />

Les trafics d’acier, après une année 2007<br />

exceptionnelle, sont en baisse de 21,4% à<br />

Le port d’Anvers a vu son activité conteneurs<br />

progresser de 6% en 2008.<br />

10,5 Mio t. Les produits forestiers chutent de<br />

18% à 2,7 Mio t, tandis que les fruits augmentent<br />

de 1% à 1,3 Mio t.<br />

26 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

gAND<br />

Le trafic maritime de 27 Mio t réalisé par le<br />

port de Gand en 2008, en augmentation de<br />

7,7% par rapport à 2007, constitue un record,<br />

de même que le trafic fluvial de 20 Mio t, qui<br />

affiche quant à lui une progression de 13%<br />

par rapport à l’année précédente. En ce qui<br />

concerne le trafic maritime, les produits pétroliers<br />

connaissent une progression de 44,6%,<br />

atteignant 3,2 Mio t. Le trafic de charbon


est lui aussi en forte augmentation : +23,3%<br />

à 4,2 Mio t. Parmi les autres hausses, citons<br />

les matériaux de construction (+25,9% à<br />

1,6 Mio t) et les produits métallurgiques<br />

(+12,7% à 2,8 Mio t). Les produits alimentaires,<br />

en revanche, sont à la baisse (-5% à<br />

3,6 Mio t) de même que les minerais et ferrailles<br />

(-3,3% à 5,9 Mio t). Les conteneurs,<br />

enfin, affichent avec 441 000 EVP une progression<br />

de 6,1%, tandis que le trafic roulier<br />

chute de 12,3% à 1,7 Mio t.<br />

ZEEBRUggE<br />

Avec 42 Mio t, Zeebrugge affiche en 2008 un<br />

total de trafic identique à celui de l’année précédente.<br />

Ce chiffre recèle néanmoins de fortes<br />

disparités: les conteneurs sont en hausse<br />

de 8,7% à 2,2 Mio EVP, tandis que les trafics<br />

rouliers, spécialité du port, sont en nette baisse<br />

de 9,1% à 11,8 Mio t, soit 925 000 camions<br />

ou remorques. Pour la première fois depuis<br />

dix ans, le nombre de voitures neuves est en<br />

diminution de 6,8% avec 2 060 000 véhicules.<br />

Les vracs liquides, en revanche, affichent<br />

une hausse de 6% à 6,2 Mio t, tandis que les<br />

trafics de vracs secs sont en baisse de 2,9%<br />

à 1,9 Mio t.<br />

DUNkERqUE<br />

A la fin du mois de novembre, le port de Dunkerque<br />

affichait encore une hausse de ses trafics<br />

de 3,5%. il a, depuis, été touché de plein<br />

A Dunkerque, les trafics sidérurgiques ont connu un brutal coup d’arrêt en fin d’année.<br />

fouet par la crise, notamment dans le secteur<br />

de la sidérurgie, et doit finalement se contenter<br />

d’une hausse de 1%, à 57,7 Mio t. Les<br />

vracs liquides affichent une croissance de 6%<br />

à 14,8 Mio t, grâce à la bonne tenue des produits<br />

pétroliers et, surtout, à l’augmentation<br />

des importations d’huile. Les minerais subissent<br />

la mauvaise conjoncture et accusent une<br />

baisse de 6% à 13 Mio t, tandis que le charbon<br />

fait mieux que résister, avec une hausse de 2%<br />

à 9,7 Mio t. Les diverses traditionnelles augmentent<br />

de 3% à 16 Mio t et les conteneurs<br />

de 9% à 215 000 EVP. En vedette, la reprise<br />

du trafic de bananes avec les Antilles et les<br />

escales régulières de deux lignes en provenance<br />

d’Asie.<br />

LE HAVRE (*)<br />

Les trafics énergétiques permettent au port<br />

du Havre de repasser pour la première fois<br />

depuis 30 ans au-dessus de la barre des<br />

80 Mio t. Malgré les mouvements sociaux,<br />

le port affiche un trafic total en hausse de<br />

1,4% à 80,5 Mio t. Avec 49,2 Mio t, les vracs<br />

liquides progressent de 6,7%: +5,8% pour<br />

le pétrole brut (34,8 Mio t) et +10,3% pour<br />

les produits raffinés (12,5 Mio t). Les vracs<br />

solides diminuent en revanche de 2,5%<br />

(4,7 Mio t), malgré l’augmentation de 10,8%<br />

des trafics de charbon. Après un bon début<br />

d’année, les conteneurs ont perdu du terrain<br />

du fait des grèves au deuxième trimestre et de<br />

la crise économique en fin de millésime. A l’arrivée,<br />

24,5 Mio t seulement de marchandises<br />

conteneurisées (-7%) soit 2,5 Mio EVP (-4%)<br />

ont été transbordées. A noter qu’un tiers de<br />

ces boîtes a été déchargé à «Port 2000». Le<br />

trafic roulier, en revanche, s’est accru de 12%<br />

en tonnage (1,8 Mio t) et de 23% en nombre<br />

(48 245 unités).<br />

RoUEN<br />

Grâce à une bonne campagne d’exportation<br />

de céréales, le port de Rouen a vu son trafic<br />

augmenter de 2% en 2008 par rapport à l’année<br />

précédente, atteignant 22,7 Mio t. Si les<br />

vracs solides affichent une belle progression<br />

de 20,4% (9,2 Mio t), le trafic hors céréales a<br />

diminué de 4,1% entre 2007 et 2008, passant<br />

de 17 Mio t à 16,3 Mio t. Ce sont surtout les<br />

produits pétroliers raffinés (8,2 Mio t; -13%)<br />

qui sont responsables de cette baisse. Le trafic<br />

total du port de Rouen s’inscrit néanmoins<br />

à la hausse, grâce en particulier aux céréales,<br />

en augmentation de 23% à 6,35 Mio t. Après<br />

une fin d’année 2007 difficile, les exportations<br />

sont reparties au printemps 2008, atteignant<br />

des records au deuxième semestre. Le port<br />

de Rouen prévoit en revanche un début d’année<br />

2009 plus difficile. En ce qui concerne les<br />

conteneurs, leur trafic est en baisse de 10,4%<br />

à 142 036 EVP pour le maritime et de 5,2% à<br />

66 600 EVP pour le fluvial.<br />

NANTES/SAINT-NAZAIRE (*)<br />

Avec 33,6 Mio t, le port de Nantes/St-Nazaire<br />

affiche une réduction de 1,3% de son activité<br />

au cours de l’année 2008, la diminution<br />

de 3,6% des trafics énergétiques n’étant que<br />

partiellement compensée par une hausse<br />

de 4% des trafics non-énergétiques. Dans<br />

les premiers, les hydrocarbures (15,5 Mio<br />

t) sont en baisse de 4,9% et le gaz naturel<br />

Pratique<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 27<br />

Photo NAI/Doc. grand port maritime de Dunkerque


Pratique<br />

grâce à la remise en service d’une tranche de la centrale de Cordemais,le trafic de charbon a progressé<br />

à Nantes/St-Nazaire.<br />

liquéfié (5,4 Mio t) de 4,3%; seul le charbon<br />

(1,7 Mio t) progresse, la hausse de 12,5% des<br />

trafics étant due à la remise en service d’une<br />

tranche de la centrale électrique de Cordemais.<br />

Dans les autres trafics, les conteneurs<br />

progressent de 2,1% en tonnage (1,7 Mio t,<br />

soit 150 000 EVP) et le roulier diminue de 5%<br />

(0,6 Mio t). Les aliments du bétail sont stables<br />

(2,1 Mio t), tandis que la plus belle hausse<br />

vient des céréales: +15,3 % à 1,3 Mio t.<br />

LA RoCHELLE<br />

Les 7,9 Mio t de trafic du port de La Rochelle<br />

relevés en 2008 traduisent une hausse de<br />

4,3% par rapport à l’année précédente. Ce<br />

bon résultat est dû en grande partie à la<br />

bonne campagne céréalière, les céréales et<br />

oléagineux (+19,6% à 3 Mio t) représentant<br />

à eux seuls près de 40% du trafic, devant les<br />

produits pétroliers (-5,5% à 2,4 Mio t). Les<br />

vracs agricoles sont également bien orientés<br />

(+6,7% à 539 000 t) de même que les produits<br />

papetiers (+13,15% à 575 000 t), tandis<br />

que les trafics de granulats perdent 11,83%<br />

à 785 500 t. Les diverses sont également en<br />

baisse: -17,66% à 92 500 t. Les conteneurs,<br />

qui représentent un tiers de ce tonnage, perdent<br />

26,1% à 2 398 EVP. L’objectif de 10 Mio<br />

t, visé par le port de La Rochelle pour 2015,<br />

passe par l’extension des terre-pleins sur la<br />

mer au profit d’un terminal vraquier.<br />

BoRDEAUx<br />

Le port de Bordeaux a connu la plus forte progression<br />

des ports maritimes français, avec un<br />

trafic total de plus de 9 Mio t, en progression<br />

de 8,4% par rapport à 2007. Ces bons chiffres<br />

sont dus à la hausse des importations de produits<br />

pétroliers raffinés (+13,8% à 4,3 Mio t)<br />

et au redémarrage des exportations de pétrole<br />

brut (+487,9% à 229 052 t). Sont également<br />

à la hausse les sorties de céréales (+19,3%<br />

à 1,2 Mio t), grâce au maïs, et les exportations<br />

d’huile (+159,7% à 149 908 t) avec de<br />

nouveaux stockages de Sea-Tank et la pré-<br />

28 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Doc. grand port maritime de Nantes/St-Nazaire<br />

sence de Diester et Saipol à Bassens. Parmi<br />

les trafics en baisse, citons les entrées de GPL<br />

(-20% à 223 154 t), d’engrais (-27% à 299<br />

727 t) et d’aliments du bétail (-31% à 152 645<br />

t). Quant aux conteneurs, ils accusent également<br />

une baisse, qui atteint 8,1% en tonnage<br />

(607 591 t) et 15,4% en nombre de boîtes<br />

(55 158 EVP).<br />

MARSEILLE<br />

A 96 Mio t, le trafic total du port de Marseille<br />

marque un recul de seulement 0,3% par rapport<br />

à 2007, malgré l’impact des grèves. Cette<br />

stabilité est due à la légère hausse de 1% des<br />

hydrocarbures qui, avec 63,1 Mio t, représentent<br />

66% du trafic total du port. Les trafics de<br />

vracs solides sont également en augmentation<br />

(+8% à 14,1 Mio t), grâce aux bons chiffres<br />

des importations de minerais (+8%) et de<br />

charbon (+18%) et, dans une moindre mesure,<br />

aux exportations de céréales (+2%). Très<br />

touchés par les grèves du printemps et par la<br />

crise économique à l’automne, les trafics de<br />

marchandises diverses marquent une baisse<br />

de 12% et peinent à atteindre 15,2 Mio t. Le<br />

nombre de conteneurs a même diminué de<br />

15% pour l’ensemble du port (847 651 EVP)<br />

et de 21% aux terminaux de Fos, plus concernés<br />

par les échanges avec l’Asie. Les diverses<br />

traditionnelles, sous le coup de la baisse des<br />

activités sidérurgiques, chutent quant à elles<br />

de 18%. E. B. n<br />

________<br />

(*) Chiffres provisoires.<br />

Les outils sont là, mais faute de fiabilité sociale le Port de Marseille peine à développer le conteneur.<br />

Doc. grand port maritime de Marseille


�<br />

Les gens<br />

Chantal<br />

Jouanno,<br />

présidente de<br />

l’Ademe/Agence de<br />

l’environnement et de la<br />

maîtrise de l’énergie, a<br />

été nommée secrétaire d’Etat à l’Ecologie, en<br />

remplacement de Nathalie Kosciusko-Morizet,<br />

partie à la Prospective et à l’Economie<br />

numérique. Conseillère pour l’environnement<br />

et le développement durable de Nicolas<br />

Sarkozy pendant la campagne présidentielle,<br />

elle a été championne de France de karaté.<br />

Diplômée de Sciences politiques et énarque,<br />

elle a été conseillère au ministère de l’intérieur<br />

à partir de 2003. Elle était présidente de<br />

l’Ademe depuis février 2008.<br />

Jean-Luc<br />

Vialla,<br />

conseiller maître à la Cour<br />

des comptes, ancien<br />

directeur général des<br />

Douanes et directeur<br />

délégué de la SAcEM, a été élu président<br />

du conseil de surveillance du Grand port<br />

maritime de Dunkerque, lors de sa séance<br />

inaugurale du 20 janvier. François Soulet<br />

de Brugière, directeur général de la Société<br />

de recherche de synergie/SRS et ancien<br />

président du conseil d’administration du<br />

PAD, a été élu vice-président. Le conseil<br />

de surveillance a par ailleurs émis un avis<br />

favorable à la désignation de Martine Bonny<br />

comme présidente du directoire.<br />

Xavier Beulin<br />

(nPI novembre 08, p. 350)<br />

et Thierry Hautier ont<br />

été élus respectivement<br />

président et vice-président<br />

du conseil de surveillance<br />

du Grand port maritime de<br />

La Rochelle lors de sa séance inaugurale du<br />

16 janvier. Un avis favorable a été émis pour<br />

la désignation de Jean-Pierre Chalus comme<br />

président du directoire.<br />

Patrick<br />

Daher<br />

a été élu président<br />

du conseil de surveillance<br />

du Grand port maritime<br />

de Marseille, lors<br />

de sa séance constitutive du 23 janvier.<br />

PDG de Compagnie Daher, équipementier<br />

et intégrateur de solutions industrielles<br />

et de service dans l’aéronautique, la défense,<br />

le nucléaire et l’automobile, P. Daher<br />

a été nommé par décret ministériel en<br />

date du 5/12/2008. il était membre du<br />

conseil d’administration du PAM depuis<br />

1999. Jacques Truau, président du Club<br />

de la croisière, ancien président du conseil<br />

d’administration du PAM, a été élu viceprésident.<br />

Le conseil de surveillance a émis<br />

un avis favorable à la désignation<br />

de Jean-Claude Terrier, actuel directeur<br />

général du GPMM, au poste de président<br />

du directoire.<br />

Pierre<br />

Guenant,<br />

président de l’Agence<br />

de développement<br />

Ouest Atlantique, a été<br />

élu président du conseil<br />

de surveillance du Grand port maritime de<br />

Nantes/Saint-Nazaire, lors de sa séance<br />

constitutive du 8 janvier. Président-fondateur<br />

du groupe PGA – une holding spécialisée dans<br />

la distribution automobile, les matériels de<br />

travaux publics, les activités viticoles ainsi que<br />

dans le capital risque/développement -,<br />

P. Guenant est diplômé de l’Ecole supérieure<br />

de commerce de Paris. Chevalier de la Légion<br />

d’honneur, commandeur des Arts<br />

et des Lettres, il est également officier<br />

de l’Ordre de la Croix de la République<br />

de Hongrie. il succède à Michel Quimbert,<br />

appelé à la présidence du Conseil supérieur<br />

de la marine marchande.<br />

Didier<br />

Dieudonné,<br />

ingénieur en chef de<br />

la fonction publique<br />

territoriale, a été nommé<br />

directeur adjoint du Port<br />

autonome de Strasbourg, en remplacement<br />

de Martial Gerlinger, promu directeur général<br />

adjoint du pôle aménagement du territoire<br />

du Conseil général du Bas-Rhin. ingénieur<br />

diplômé de l’Ecole nationale des travaux<br />

publics de l’Etat, D. Dieudonné a exercé<br />

à la DDE, au Conseil général du Bas-Rhin, ainsi<br />

qu’au Conseil régional d’Alsace, où il a été<br />

directeur des transports et des déplacements<br />

de 2005 à 2009.<br />

François<br />

Bordry,<br />

ancien président de VnF/<br />

Voies navigables<br />

de France, a été chargé<br />

par Jean-Louis Borloo<br />

et Dominique Bussereau d’une étude sur les<br />

attributions domaniales respectives du Port<br />

autonome de Paris et de VnF en ile-de-<br />

France. il devrait remettre le résultat<br />

de ses travaux au ministre dans le courant<br />

du mois de février. On ignore s’ils seront<br />

rendus publics.<br />

Philippe Grulois,<br />

représentant de la délégation belge au sein<br />

de l’UENF/Union européenne<br />

de la navigation fluviale, a pris la succession<br />

de Rinus de Korte comme président<br />

de l’organisme européen des transporteurs<br />

fluviaux. André Auderset, représentant<br />

la Suisse, a été élu vice-président.<br />

Yvan Stephan<br />

a été nommé chef du port d’Ottmarsheim<br />

en remplacement de Pascal Peterschmitt,<br />

promu directeur d’exploitation des trois sites<br />

portuaires des Ports de Mulhouse-Rhin/PMR.<br />

Pratique<br />

Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 29


Pratique<br />

�<br />

Vient de paraître<br />

Euromapping vient de publier la troisième<br />

édition de son ouvrage de référence, «Voies<br />

navigables d’Europe». Produite par l’auteurcartographe<br />

David Edwards-May, cette<br />

nouvelle version comprend une notice de<br />

64 pages donnant une brève description<br />

du réseau navigable de chaque pays. Les<br />

deux cartes couvrent au recto la totalité du<br />

réseau navigable d’Europe depuis l’irlande<br />

et le Portugal jusqu’à la mer Caspienne<br />

(1/4 700 000) et au verso la partie la plus<br />

dense du réseau de Dublin à Bratislava à une<br />

échelle supérieure (1/1 850 000) et avec<br />

plus de détails.<br />

Rédigée par Antoine Frémont, agrégé<br />

de géographie et directeur de recherche<br />

à l’institut national de recherche sur les<br />

transports et leur sécurité/iNRETS, cette<br />

étude tend à faire le point, un an après le<br />

Grenelle de l’environnement, sur la question<br />

des transports en France.<br />

Partout on privilégie le développement<br />

durable, mais, par manque d’infrastructures<br />

fluviales et ferroviaires, les transports routiers<br />

dominent encore largement le secteur,<br />

notamment dans les portions rurales du<br />

territoire. A partir de 23 cas concrets<br />

largement illustrés de photos et de cartes,<br />

A. Frémont tente de trouver la panacée<br />

en matière de mode de transport face aux<br />

congestions du réseau routier, à la crainte<br />

d’une trop forte dépendance énergétique ou<br />

aux exigences du développement durable. Ne<br />

faut-il pas cesser de construire de nouvelles<br />

Nouvelle carte des voies<br />

navigables d’Europe<br />

L’ouvrage donne à la fois des informations<br />

intéressantes pour le transport fluvial et la<br />

navigation de plaisance. Les principales<br />

voies d’eau à vocation industrielle sont<br />

bien identifiées, ainsi que tout le réseau<br />

de plus faible capacité, véritable toile<br />

d’araignée irriguant le continent, idéal pour<br />

la navigation de plaisance. La notice donne<br />

des informations sur les projets en cours,<br />

nouvelle construction telle que<br />

le canal Seine-Nord Europe ou réhabilitation<br />

d’anciennes voies. Elle fournit également<br />

les coordonnées des organismes de gestion<br />

des voies navigables ainsi que<br />

des associations de navigation.<br />

«Voies navigables d’Europe, carte et notice<br />

descriptive», Euromapping, 16 €.<br />

www.eurommaping.com<br />

Courriel: info@euromapping.fr<br />

Tél: + 33 (0)476 701 685.<br />

«Les transports en France :<br />

Quelles mobilités pour quelle société ?»<br />

infrastructures et tenter de penser un modèle<br />

de société inédit permettant de réguler les<br />

déplacements?<br />

Aujourd’hui les modes de transport les moins<br />

polluants sont plébiscités par les Français<br />

et encouragés par les Pouvoirs publics; les<br />

transports en commun sont se plus en plus<br />

fréquentés. Cependant, aucun autre mode<br />

ne parvient à concurrencer la flexibilité et le<br />

moindre coût du transport routier. Face à<br />

cette problématique quelle doit-être l’action<br />

de l’Etat? Comment, à partir des RTE-T<br />

encouragés par l’UE, aboutir à une véritable<br />

offre de transport alternative privilégiant les<br />

modes les moins polluants et la co-modalité?<br />

«Les transports en France: Quelles mobilités<br />

pour quelle société»,<br />

La Documentation française, 10,80 €.<br />

www.ladocumentationfrancaise.fr<br />

Marché rhénan<br />

LE fRoID DoPE LES TRAfICS<br />

PéTRoLIERS<br />

L’activité a progressivement repris dans le<br />

bassin du Rhin dès le début de l’année nouvelle.<br />

Cependant, l’apparition brutale du froid a eu<br />

pour conséquence le gel d’un certain nombre<br />

d’affluents du fleuve et, partant, l’arrêt de la<br />

navigation sur ceux-ci. Le trafic a ainsi été<br />

interrompu (durant une dizaine de jours à cheval<br />

sur la mi-janvier) sur la Moselle. Il en a été<br />

de même sur le Neckar et le cours supérieur<br />

du Main.<br />

Le redoux intervenu vers le 20 du mois a permis<br />

le retour quasi-normal des rotations, mais le<br />

niveau de l’eau, tout en restant suffisant, n’est<br />

pas optimal. A preuve, les unités les plus grandes<br />

engagées sur l’axe rhénan doivent actuellement<br />

compter avec une amputation de l’ordre de 25%<br />

de leur capacité d’emport.<br />

En ce qui concerne les arrivages dans les ports du<br />

Delta, un certain calme persiste et personne n’ose<br />

en prédire la fin. Dans ce contexte, les cotations<br />

pratiquées vers l’arrière-pays sont en baisse<br />

par rapport à celles relevées avant Noël. Ainsi,<br />

l’acheminement de pondéreux de Rotterdam<br />

vers la Ruhr se négociait à 2,30-2,40 E/t dans<br />

l’avant-dernière semaine de janvier. Les transports<br />

nécessitant le recours à une cale couverte étaient<br />

rémunérés pour leur part à hauteur de 3 E/t.<br />

Les céréales chargées sur Mannheim ont été<br />

payées 7 E/t environ, le «divers» pour Bâle entre<br />

11,50 et 12 E/t quel que soit le type de cargaison.<br />

Les vracs secs pour Thionville ont rapporté<br />

7,50 E/t et 8,50 E/t vers Frouard. Le charbon<br />

pour Grosskrotzenburg (relativement peu<br />

conséquent) a été chargé contre paiement<br />

de 4,50 E/t seulement.<br />

Dans le secteur citerne, le trafic reste des plus<br />

soutenus. L’apparition du froid a eu pour effet de<br />

doper la demande, les raffineries et les stockages<br />

de la zone ARA ayant été particulièrement<br />

sollicités suite, entre autres à l’impossibilité pour<br />

le raffinage français de satisfaire dans l’urgence<br />

certains approvisionnements.<br />

Dans ce contexte, les frets sont repartis<br />

à la hausse. A la veille de l’avant-dernier<br />

week-end de janvier, les trafics d’hydrocarbures<br />

opérés entre les ports du Delta et Bâle<br />

se négociaient à près de 70 CHF/t, ceux dirigés<br />

vers Karlsruhe aux alentours de 32,50 E/t.<br />

30 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />

Photo Annemarie van oers


À Strasbourg,<br />

prenez la mer<br />

au cœur<br />

des terres<br />

d’Europe !<br />

2 e port intérieur français, sur le 1 er axe fluvial européen,<br />

vers la 1 re plate-forme maritime au monde<br />

25, rue de la Nuée Bleue • CS 80407 • 67002 Strasbourg Cedex<br />

Tél. 03 88 21 74 74 • Fax 03 88 23 56 57<br />

pas@strasbourg.port.fr • www.strasbourg.port.fr<br />

(ADC) - photo © Europflash (Roger Haeffele) - getty images/ digital vision

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