Colis lourds : - NPI
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iSSN 1769-8588 - 19,50e - Photo couverture : Doc. Logistique Express International<br />
<strong>NPI</strong><br />
Na v i g a t i oN Po r t s & iN d u s t r i e s<br />
Dossier<br />
<strong>Colis</strong> <strong>lourds</strong> :<br />
une logistique «sur-mesure»<br />
Intermodalité p. 8<br />
Grenelle - suite<br />
Chargeurs p. 21<br />
La grande distribution<br />
embarque pour le fluvial<br />
Pratique p. 26<br />
Ports maritimes européens :<br />
la crise après la croissance<br />
N° 01 • Janvier 2009
La CFNR, votre solution logistique<br />
Agences et filiales :<br />
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Tél. 03.88.45.53.90 - Fax 03.88.45.53.95<br />
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LUDWIGSHAFEN - DILLINGEN - DUISBURG - DORDRECHT - ANTWERPEN - BRUXELLES - LIEGE
Editorial<br />
Nathalie STEY<br />
Rédactrice en chef<br />
EDITIONS DE LA NAVIGATION DU RHIN<br />
Sàrl au capital de 37 500 e<br />
Siège<br />
5, rue du Port du Rhin<br />
F - 67000 Strasbourg<br />
Tél : 03.88.36.28.44<br />
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Alain Simoneau (Nord); Robert Querret<br />
(Rouen/Le Havre); Christine Caradot-Bail<br />
(Lyon); Florence Bord (Bordeaux);<br />
Solène Penhoat (Marseille)<br />
Michaela Findeis (Belgique)<br />
Maquette :<br />
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Arnaud Klein, attaché commercial<br />
arnaud.klein@n-pi.fr<br />
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** S’ajoute, s’’il y a lieu, la TVA à 2,1%<br />
Commission Paritaire des Publications<br />
et Agences de presse n°0909 T 86492<br />
Dépôt légal 1 er<br />
trimestre 2009<br />
ImPRESSION<br />
POINTILLES<br />
27, route de la Wantzenau<br />
67800 Hoenheim<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries<br />
La réforme patine<br />
En<br />
ces temps de gel, les véhicules routiers ne sont pas les seuls à patiner. La réforme portuaire<br />
adoptée le 4 juillet 2008 est, elle aussi, loin d’avoir trouvé son rythme de croisière. Les nouveaux<br />
«Grands ports maritimes» ayant été institués par décrets du 9 octobre dernier (6 novembre pour<br />
le port de Rouen), les projets stratégiques des ports - ceux devant fixer le<br />
périmètre des terminaux et la liste des outillages à transférer, conditionnant<br />
de fait la suite de la réforme - auraient dû être adoptés à la mi-janvier<br />
(début février pour le port de Rouen). Las, rien - ou si peu - n’a filtré<br />
jusqu’à présent de leur élaboration. Au grand dam des communautés<br />
portuaires concernées, Marseille et Le Havre en tête.<br />
Quelle serait la réaction<br />
du gouvernement face<br />
à une nouvelle agitation<br />
portuaire ?<br />
En cause notamment, le retard pris dans la mise en place des conseils de<br />
surveillance des Ports. La nomination des personnalités choisies en raison de leurs compétences<br />
a été difficile, du fait du parti pris de l’Etat d’éviter au maximum les conflits d’intérêt. «On se retrouve<br />
avec des personnes qui n’ont aucun lien avec le secteur maritime. Or, il est gênant de confier<br />
la gestion d’un GMP à des personnalités n’ayant aucune connaissance maritime», affirme l’ancien<br />
président de l’Union des ports de France, Michel Quimbert.<br />
Les conseils de surveillance n’ayant été nommé qu’à partir de la mi-décembre, il faut attendre<br />
leurs premières réunions pour connaître les noms de leurs présidents ainsi que ceux des membres<br />
des directoires. A l’heure où ces lignes sont écrites, tous les conseils de surveillance n’ont<br />
pas encore été installés. Or, ils doivent bien sûr se prononcer sur les plans stratégiques. Les<br />
conseils de développement des GPM doivent eux aussi être consultés à ce sujet, conseils de<br />
développement qui n’ont pour l’heure pas été nommés.<br />
interpellé par les industries portuaires, Dominique Bussereau a organisé, il y a peu, une réunion<br />
d’information sur l’état d’avancement de la réforme portuaire. Le calendrier sera tenu, a assuré le<br />
secrétaire d’Etat aux Transports, évoquant une finalisation des projets stratégiques au mois d’avril.<br />
Soit 6 mois après la constitution des GPM, ce qui correspond au délai limite prévu par la loi pour<br />
la fixation, par arrêté inter-ministériel, du périmètre des terminaux en cas de défaillance des GPM<br />
dans l’adoption de leur plan stratégique...<br />
Ces lenteurs ne sont pas de bon augure. La crise économique, si elle complique forcément<br />
les négociations à venir concernant la réforme, rend pourtant celle-ci d’autant plus urgente et<br />
nécessaire. N. S.
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Sommaire<br />
Logistique fluviale<br />
Strasbourg : une politique portuaire renouvelée . . . . . . . . . . . 7<br />
Bruxelles - Des palettes sur le canal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7<br />
Intermodalité<br />
Brèves - Le Grenelle, suite - Creusement du déficit de Fret SncF attendu<br />
pour 2009 - La Deutsche Bahn restructure le fret ferroviaire - Hupac craint<br />
la crise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8<br />
Mer & Ports<br />
Dunkerque investit dans les infrastructures . . . . . . . . . . . . . . 9<br />
Rouen, la réforme portuaire et le transport fluvial . . . . . . . . . . 10<br />
Bordeaux - La communauté portuaire unie face à la tempête . . . . . . . 11<br />
Amsterdam - Hutchison prend pied chez ceres . . . . . . . . . . . . . . 11<br />
Sète - 200 Mio E pour redynamiser le port . . . . . . . . . . . . . . . . 11<br />
Europe<br />
Brèves - Commission de la Moselle - Vers un espace maritime européen<br />
sans barrières - 10 ans pour renforcer le transport maritime -<br />
Straubing-Vilshofen : les acteurs privés se mobilisent . . . . . . . . . . . . 12<br />
Chargeurs<br />
La grande distribution embarque pour le fluvial . . . . . . . . . . . . 21<br />
Au fil de l’eau<br />
VNF : trafic en baisse, investissements en hausse . . . . . . . . . . 23<br />
Il y a 80 ans - Programme d’amélioration des voies navigables . . . . . . 23<br />
Naissance de l’association «Saône-Rhin Europe» . . . . . . . . . . . 24<br />
Bray-Nogent : vers le grand gabarit . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24<br />
Titres de navigation : un 1 er bilan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />
Pratique<br />
Baromètre - Ports maritimes européens : la crise après la croissance . . . 26<br />
Les gens - Chantal Jouanno - Patrick Daher - Pierre Guenant -<br />
Jean-Luc Vialla - Xavier Beulin - Didier Dieudonné - François Bordry -<br />
Philippe Grulois - Yvan Stephan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />
carte des voies navigables d’Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30<br />
Vient de paraître - Nouvelle carte des voies navigables d’Europe -<br />
«Les transports en France : Quelles mobilités pour quelle société ?» . . . . 30<br />
Marché rhénan - Le froid dope les trafics pétroliers . . . . . . . . . . . 30<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries<br />
n° 01<br />
Dossier p. 13-20<br />
<strong>Colis</strong> <strong>lourds</strong> :<br />
une logistique<br />
«sur-mesure»<br />
La logistique des colis <strong>lourds</strong> est<br />
particulièrement contraignante, tant du point<br />
de vue réglementaire que technique. Le<br />
transport par voie fluviale de telles charges,<br />
qui semble être la panacée, est concurrencé<br />
par l’omniprésence et la facilité prêt-à-penser<br />
du transport routier. A l’écoute des demandes<br />
des chargeurs, les bateliers ont une très forte<br />
expérience à faire valoir en matière de transport<br />
sans encombre. Tour d’horizon en compagnie<br />
du responsable «colis <strong>lourds</strong>» de la CFT, de<br />
chargeurs, d’exploitants de lignes régulières en<br />
France comme en Allemagne, d’un responsable<br />
portuaire et de quelques autres.<br />
Le mois prochain :<br />
Ports atlantiques<br />
Janvier 2009
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Strasbourg :<br />
une politique portuaire renouvelée<br />
L’année 2008 aura été difficile pour le port de Strasbourg, dont<br />
le trafic fluvial affiche une baisse de 5%. Le développement de la<br />
fonction multimodale du port n’en paraît que plus pertinente, alors que<br />
la pression urbaine met une nouvelle fois en question la vocation de<br />
certaines de ses emprises.<br />
L’<br />
évolution des trafics du PAS sera<br />
détaillée dans un tour d’horizon fluvial<br />
à paraître dans notre prochain numéro.<br />
A eux seuls cependant, les chiffres du trafic<br />
conteneur révèlent un nouvel état de fait: son<br />
dynamisme, la place strasbourgeoise le doit<br />
désormais au fer. Ce mode est à l’origine de la<br />
croissance de l’activité conteneurisée, de près<br />
de 10%, alors que les lignes fluviales s’affichent<br />
en baisse (-6,3%).<br />
La tendance devrait se poursuivre en 2009,<br />
alors que la phase ii du Grenelle de l’environnement<br />
prévoit le transfert de la propriété<br />
des voies ferrées portuaires au Port. La soulte<br />
négociée avec RFF devrait permettre de réaliser<br />
des investissement de sécurité et de<br />
rénovation de l’infrastructure. Mais surtout, le<br />
transfert permettra au Port de recomposer son<br />
réseau ferroviaire pour l’adapter aux besoins<br />
de ses clients, en dégageant au passage certaines<br />
emprises foncières.<br />
Le développement à venir des trafics, l’établissement<br />
public compte plus sur les nouveaux<br />
opérateurs ferroviaires pour le réaliser. De fait,<br />
une des premières actions du Port consistera<br />
dans le lancement d’un appel d’offre concernant<br />
la régulation du réseau, aujourd’hui aux<br />
mains de la SncF qui se trouve donc en position<br />
de juge et partie. Des réflexions ont également<br />
été engagées avec la direction régionale<br />
de l’Equipement quant à la mise en place<br />
d’un opérateur de proximité. Dans ce domaine<br />
cependant, seule une phase de test permettra<br />
réellement d’évaluer le marché.<br />
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Plusieurs opérations de restructuration entamées<br />
en 2008 devraient par ailleurs permettre<br />
au PAS de dégager des capacités foncières<br />
nouvelles à proximité de l’agglomération. Aux<br />
démolitions des anciennes Forges de Strasbourg<br />
(10 ha) et de l’ancienne centrale thermique<br />
(5 ha) vient s’ajouter l’acquisition d’un<br />
terrain de 8,5 ha au port Sud. D’autres possibilités<br />
se font jour à Marckolsheim. Mais la plus<br />
grande opération domaniale concerne bien<br />
sûr la zone de Lauterbourg, dont une première<br />
tranche de 23 ha devrait être livrée aux pelleteuses<br />
au mois de juin prochain. «Toutes ces<br />
opérations vont nous permettre d’offrir de nouvelles<br />
opportunités aux entreprises», insistait<br />
dernièrement la présidente du PAS, Catherine<br />
Trautmann, lors de la traditionnelle cérémonie<br />
des vœux.<br />
De nouvelles opportunités qui devraient être<br />
proposées dans un cadre renouvelé. il est<br />
ainsi certain désormais que l’exploitation du<br />
futur terminal à conteneurs de Lauterbourg<br />
sera confiée à un opérateur privé. «Pour des<br />
activités ayant acquis une maturité, le port n’a<br />
pas vocation à en être l’opérateur», confirme le<br />
directeur général du Port, Jean-Louis Jérôme.<br />
Un principe qui pourrait également s’appliquer<br />
à de nouvelles activités touristiques. Par<br />
ailleurs, l’établissement public réfléchit pour<br />
ses nouvelles amodiations à la mise en place,<br />
sur le même modèle que ce qui se pratique<br />
déjà au Port autonome de Paris, de redevances<br />
inversement proportionnelles à l’utilisation du<br />
transport fluvial.<br />
Reste l’épineux problème de ce que la présidente<br />
appelle «un conflit d’usages entre la<br />
volonté urbaine d’une liaison Est-Ouest et la<br />
nécessité pour le port d’une liaison nord-Sud».<br />
C. Trautmann souhaite une révision du schéma<br />
directeur des implantations sur Strasbourg,<br />
quand J.-L. Jérôme parle d’une «incompréhension<br />
entre les deux fonctions urbaine et portuaire».<br />
En attendant, la zone centrale du port<br />
peine à trouver une identité. N. S. n<br />
Bruxelles<br />
Des palettes<br />
sur le canal<br />
Logistique fluviale<br />
Un terrain de 15 000 m2 , situé quai<br />
de Heembeek à Bruxelles, a été attribué<br />
après appel d’offres par le Port de la Région<br />
capitale à la société Lemaire, spécialisée dans<br />
la construction et la location de matériel<br />
de chantier. Celle-ci compte y développer<br />
un trafic fluvial palettisé de matériaux<br />
de construction, destinés au marché local.<br />
Une partie du site sera vouée au stockage<br />
de terres de chantier à évacuer. L’entreprise<br />
devrait également y édifier un magasin<br />
de matériaux de construction ouvert<br />
au public.<br />
Le transport de palettes avait déjà fait l’objet<br />
de tests dans la région bruxelloise<br />
à l’automne dernier. Par cette décision,<br />
le Port de Bruxelles s’engage désormais<br />
dans le concret. Lemaire compte en effet<br />
développer des rotations régulières de<br />
pousseurs et de barges entre la capitale<br />
belge, Charleroi, Liège et Anvers pour y<br />
évacuer les terres de chantier et acheminer<br />
les matériaux de construction entre les<br />
différents sites. Le trafic est estimé au départ<br />
à 185 000 t sur base annuelle et devrait<br />
atteindre 300 000 t une fois le rythme<br />
de croisière atteint. La concession a été<br />
accordée pour une durée de 40 ans.<br />
Lemaire devrait investir 2,5 Mio €<br />
dans un premier temps puis 3,5 Mio €<br />
supplémentaires. Grâce à cette possibilité<br />
de développement et d’investissement,<br />
l’entreprise créera 75 emplois nouveaux.<br />
La société dispose déjà de deux implantations<br />
bord à eau, à Vilvorde et Leeuw-Saint-Pierre.<br />
Le nouveau site bénéficie d’un emplacement<br />
stratégique sur la même voie, à mi-chemin<br />
des deux autres.<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 7<br />
Doc. Port de Bruxelles
Intermodalité<br />
Le Grenelle - suite<br />
Le conseil des ministres a examiné, lors<br />
de sa séance du 7 janvier dernier, le projet<br />
de loi sur l’environnement dit «Grenelle<br />
ii» ou «Engagement national pour l’environnement».<br />
Certaines de ses dispositions<br />
concernent le secteur des transports.<br />
En premier lieu, le Grenelle ii instaure le<br />
principe de la modulation des péages en<br />
fonction du niveau d’émission pour les<br />
poids <strong>lourds</strong> de plus de 12 t à compter de<br />
2010 (2012 pour les poids <strong>lourds</strong> de plus<br />
de 3,5 t). Au niveau maritime, les obligations<br />
en matière de réception des déchets<br />
des navires sont renforcées dans les ports<br />
décentralisés. Les collectivités locales<br />
concernées peuvent être soumises à des<br />
pénalités financières en cas de défaillance,<br />
voire à une substitution de l’Etat. Plus<br />
généralement, les dispositions régissant les<br />
études d’impact, les enquêtes publiques<br />
et autres procédures de concertation sont<br />
modifiées dans le sens d’une meilleure protection<br />
de l’environnement.<br />
Enfin et sans surprise, le Grenelle ii élargit<br />
le transfert des infrastructures ferroviaires<br />
portuaires aux ports autonomes intérieurs<br />
(Paris et Strasbourg) et donne compétence<br />
aux deux établissements portuaires pour<br />
constater les infractions au règlement de<br />
police concernant ces voies ferrées. Afin<br />
de permettre aux ports fluviaux de prendre<br />
leurs dispositions, le texte prolonge<br />
jusqu’au 31 décembre 2010 la date butoir<br />
au terme de laquelle SncF continue à exercer<br />
l’entretien et la gestion des voies ferrées<br />
concernées.<br />
Creusement<br />
du déficit de Fret SNCF<br />
attendu pour 2009<br />
En 2008, le déficit d’exploitation de Fret SncF<br />
s’était déjà élevé à 350 Mio €. Les Echos du<br />
26 janvier affirment que celui-ci devrait atteindre<br />
434 Mio € en 2009. Conséquence du<br />
retournement violent de la conjoncture en<br />
France, la demande en transport et en logistique<br />
est en très forte baisse. Fret SncF s’attend<br />
à une chute de l’ordre de 4,1% (en t.km) de son<br />
trafic pour cette année. La pression concurrentielle<br />
des nouveaux entrants sur le marché du<br />
transport ferroviaire de fret explique en partie<br />
ce phénomène. La part de marché de ces derniers<br />
devrait atteindre cette année les 10%. 910<br />
emplois de conducteurs devraient par ailleurs<br />
être supprimés.<br />
La Deutsche Bahn<br />
restructure le fret<br />
ferroviaire<br />
Norbert Bensel, responsable de la division<br />
transport et logistique de la DB/Deutsche<br />
Bahn, a annoncé que Railion serait dorénavant<br />
dénommé Schenker Rail. Cinq unités<br />
composeront l’organigramme de la nouvelle<br />
entité, dont trois couvriront des secteurs<br />
géographiques déterminés (Europe de<br />
l’Ouest, Europe centrale et Europe de l’Est)<br />
et deux seront vouées à des secteurs d’activité,<br />
automobile et intermodal. Le groupe<br />
allemand est par ailleurs fortement critiqué<br />
en France par Guillaume Pépy, président<br />
de la SncF, qui l’a accusé d’avoir piraté<br />
l’intranet de l’entreprise nationale pour y<br />
débaucher des conducteurs et s’est plaint<br />
de la «stratégie agressive» d’EurocargoRail/<br />
EcR, une filiale de la DB, à la conquête du<br />
marché européen.<br />
Hupac craint la crise<br />
L’opérateur suisse de transport combiné Hupac<br />
a clôturé l’exercice 2008 sur une croissance de<br />
trafic de 1,8%, avec 702 308 envois routiers sur<br />
le rail. Tandis que la progression était encore<br />
à deux chiffres au premier trimestre, elle s’est<br />
tassée ensuite en raison de la baisse conjoncturelle.<br />
L’activité «autoroute roulante», soumise<br />
à de fortes restrictions sur l’axe du Gothard,<br />
enregistre une chute de 20,3%. Les autres secteurs<br />
sont en légère croissance: +2,5% pour<br />
le transport combiné non accompagné, +2,3%<br />
pour le trafic transalpin passant par la Suisse,<br />
+6,3% pour le trafic traversant l’Autriche et<br />
tout de même +14,1% pour le transport combiné<br />
non transalpin.<br />
Malgré le recul de la demande, les investissements<br />
se poursuivent au rythme prévu,<br />
avec par exemple la construction du terminal<br />
Hupac à Anvers et l’extension de l’installation<br />
de transbordement de Busto Arsizio-Gallarate,<br />
près de Milan. Côté services, le trafic entre<br />
Duisbourg et l’Europe du Sud-Est a été marqué<br />
mi-décembre par l’introduction d’un nouveau<br />
concept opérationnel avec des liaisons directes<br />
quotidiennes vers Vienne, Enns, Krems et<br />
Budapest. Au début de l’année, une nouvelle<br />
liaison entre Taulov et Vérone via le Brenner est<br />
entrée en service avec quatre paires de trains<br />
par semaine en collaboration avec l’opérateur<br />
italien cemat. D’autres liaisons vers l’Europe<br />
du Sud-Est et du Sud-Ouest sont prévues<br />
dans les mois à venir, alors que sur l’axe Nord-<br />
Sud de nouvelles solutions de transport via le<br />
Lötschberg pour le segment des semi-remorques<br />
sont en préparation.<br />
Pour 2009, Hupac prévoit un prolongement de<br />
la crise économique et donc un nouveau recul<br />
du transport de marchandises. Dans ces circonstances,<br />
le maintien de la position du transport<br />
combiné sur le marché dépendra essentiellement<br />
des conditions cadres prévues par<br />
la politique des transports. «Prix et prestation<br />
doivent correspondre aux exigences du marché,<br />
pour que le transport combiné puisse s’imposer<br />
face à la route», met en garde l’opérateur TC.<br />
Face à la baisse du volume des marchandises<br />
et aux surcapacités du transport routier, des<br />
hausses de prix par les sociétés de chemins<br />
de fer – dues par exemple à l’augmentation<br />
prévue par DB Energie du prix de l’électricité<br />
jusqu’à 23% – seraient fatales pour le transport<br />
ferroviaire de marchandises. «A présent, nous<br />
attendons des gérants des réseaux européens et<br />
de la politique des transports un message fort en<br />
faveur de la poursuite du transfert du transport<br />
de marchandises de la route vers le rail».<br />
8 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009
Dunkerque investit dans les infrastructures<br />
En dépit d’une baisse du trafic en fin d’année, le port de Dunkerque affiche<br />
un septième record consécutif à 57,7 Mio t en 2008, en hausse de 1%<br />
par rapport à l’année précédente.<br />
Le<br />
port de Dunkerque a, pour l’année<br />
2009, un programme d’investissement<br />
de 36,85 Mio €, dont 70% concernent<br />
les infrastructures: seconde phase de la rénovation<br />
du terminal à conteneurs nFTI qui fera<br />
passer sa capacité de 500 000 à 900 000 EVP,<br />
prolongement du terminal multi-vracs et extension<br />
des terre-pleins du terminal SGD, ces<br />
deux derniers sites bénéficiant de dessertes<br />
ferroviaire et fluviale. L’amélioration des infrastructures<br />
ferroviaires est également au programme<br />
pour 2009, avec l’achèvement de la<br />
première phase du barreau de Saint-Georges<br />
et les études d’avant-projet du programme de<br />
fluidification des trafics intérieurs du port. Mais<br />
le grand projet de Dunkerque reste le terminal<br />
méthanier, pour lequel les travaux devraient<br />
être engagés début 2010.<br />
Certains investissements pourraient être reportés<br />
par manque de budget, si la crise se prolonge.<br />
Mais la directrice générale du port, Martine<br />
Bonny, souligne que «les investissements<br />
de sécurité et de remise en état ne peuvent être<br />
reportés. ce noyau dur de 25 à 27 Mio € comporte<br />
une accélération de la remise en état des<br />
infrastructures dans le cadre du plan de relance.<br />
Seuls 7 à 8 Mio € d’investissements peuvent<br />
être reportés sur l’année prochaine».<br />
UN PLAN STRATégIqUE<br />
EN gESTATIoN<br />
Les grandes orientations pour l’avenir du port<br />
de Dunkerque seront présentes dans le projet<br />
stratégique. «nous y travaillons collectivement<br />
au sein du port, avec les partenaires sociaux, les<br />
manutentionnaires et les élus», indique Martine<br />
Bonny. «ce projet comprendra un état des lieux<br />
des forces et des faiblesses de la place ainsi que<br />
des enjeux d’un certain nombres de secteurs,<br />
la compétitivité tarifaire, la fiabilité du service,<br />
les dessertes terrestres et le développement<br />
de nouvelles filières comme les remorques non<br />
accompagnées par exemple. Le projet stratégique<br />
est une occasion extraordinaire pour faire<br />
comprendre aux élus locaux l’intérêt d’un port<br />
pour les collectivités. Quant aux manutention-<br />
naires intéressés, nous n’en sommes qu’au premier<br />
tour de piste».<br />
«Pour une fois nous avons un vrai plan stratégique<br />
d’investissement», complète Franck<br />
Gonsse, secrétaire général de la cSOPMI, le<br />
syndicat docker local. «Il ne faut pas avoir d’affolement<br />
par rapport à la baisse des trafics: nous<br />
n’en sommes pas au coup d’essai concernant<br />
les opérateurs uniques et la loi nous donne le<br />
temps pour mettre la réforme en place».<br />
CooPéRATIoNS RégIoNALES ?<br />
La réforme portuaire permet au Port de Dunkerque<br />
de tisser des partenariats, mais sans<br />
pouvoir pour autant prendre des participations<br />
dans une société d’exploitation. Or Boulogne et<br />
Calais ont des outillages publics. Quelle coopération<br />
est donc envisageable? Une simple<br />
coordination des investissements? «Je rêve<br />
d’une grande entité regroupant les ports maritimes<br />
et intérieurs de la région nord/Pas-decalais,<br />
qui a la première façade maritime de<br />
France. Indépendamment des équipements, les<br />
services commerciaux ou juridiques pourraient<br />
être mis en commun», déclare François Soulet<br />
Mer & Ports<br />
de Brugière, vice-président du conseil d’administration<br />
du Port.<br />
Dans le domaine fluvial, l’année 2008 a été<br />
marquée au port de Dunkerque par la mise en<br />
place de deux nouveaux services à destination<br />
de Lille et Anvers, exploités par RSc et Marfret<br />
(nPI septembre 08, p. 207) En 2009, Marfret<br />
devrait desservir également le Valenciennois.<br />
2008 a également vu l’achèvement du relèvement<br />
des ponts du canal Dunkerque-Escaut,<br />
pour permettre le passage de barges chargées<br />
de conteneurs sur deux hauteurs. Une hauteur<br />
jugée suffisante par l’autorité portuaire, au<br />
regard des volumes actuels du terminal à conteneurs,<br />
d’autant que le relèvement des ponts à<br />
7,25 m pour le passage de trois hauteurs de<br />
conteneurs nécessiterait l’investissement d’un<br />
milliard d’euros, somme que F. Soulet de Brugière<br />
«dépenserait plus volontiers pour avoir des<br />
rails plus performants que des ponts plus hauts:<br />
la desserte par fer est plus stratégique, car nos<br />
clients sont à Strasbourg, à Paris ou en Angleterre,<br />
destinations pour lesquelles le fluvial n’est<br />
pas pertinent. La part modale du fer va s’accroître,<br />
car la desserte ferroviaire est une condition<br />
indispensable à la hausse des trafics du port»,<br />
affirme-t-il. Pourtant, avec 52% de part modale<br />
pour le fer, 9% pour le fluvial et seulement 38%<br />
pour la route, Dunkerque fait déjà figure de bon<br />
élève de la classe portuaire française.<br />
Le terminal aux aciers a été doté d’un portique adapté aux unités fluviales et aux caboteurs.<br />
E. B. n<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 9<br />
Photo Mg Productions/Doc. grand port maritime de Dunkerque
Mer & Ports<br />
Rouen, la réforme portuaire<br />
et le transport fluvial<br />
Grâce à une bonne campagne d’exportation de céréales, le port de Rouen a<br />
vu son trafic augmenter de 2% en 2008 par rapport à l’année précédente,<br />
atteignant 22,7 Mio t.<br />
Le<br />
trafic hors céréales du port de Rouen<br />
a diminué de 4,1% entre 2007 et<br />
2008: ce sont surtout les produits pétroliers<br />
raffinés, en chute de 13%, qui sont responsables<br />
de cette baisse. Le trafic total du port de<br />
Rouen s’inscrit néanmoins à la hausse, grâce<br />
en particulier aux céréales, en augmentation<br />
de 23% à 6,35 Mio t. «certes, l’environnement<br />
économique mondial devrait logiquement<br />
impacter bien des trafics portuaires français,<br />
mais le port de Rouen est relativement moins<br />
exposé, du fait de son positionnement sur l’axe<br />
nord-Sud et de son orientation vers des trafics<br />
de produits de première nécessité, moins<br />
touchés», analyse Philippe Deiss, le nouveau<br />
directeur général du Port de Rouen. Le plan<br />
stratégique devrait être présenté lors du premier<br />
conseil de surveillance du Port, qui se<br />
tiendra tout début février. «Il s’articulera autour<br />
de trois fondamentaux», a précisé Ph. Deiss.<br />
«Le développement général de l’activité économique,<br />
la performance de la structure et<br />
l’aménagement et le développement de nos<br />
espaces, car nous sommes propriétaire foncier<br />
non pour constituer une rente, mais pour développer<br />
l’activité économique».<br />
Parmi les projets du Port de Rouen pour<br />
l’année 2009, l’approfondissement du chenal<br />
d’accès par arasement des points hauts<br />
figure bien sûr au premier plan (nPI février 07,<br />
p. 60). Le développement des terminaux est<br />
également au programme, avec l’allongement<br />
du quai du terminal à conteneurs de Grand-<br />
Couronne, la réhabilitation du quai à vracs de<br />
Grand-Quevilly/Petit-Couronne, la restauration<br />
du quai n° 1 de Honfleur, etc.<br />
La poursuite de l’application de la réforme portuaire<br />
est également appelée à marquer l’année<br />
2009. «Une centaine d’emplois du Grand<br />
port maritime de Rouen seront soit détachés<br />
auprès des exploitants, soit reconvertis au sein<br />
d’une filiale d’entretien de l’outillage dont les<br />
prestations seront proposées aux exploitants»,<br />
indique Ph. Deiss. «Parallèlement, nous nous<br />
appuierons sur nos ateliers de réparation navale<br />
afin de mettre en place un véritable pôle de<br />
réparation navale, sans doute le plus important,<br />
sinon le seul, entre Paris et la mer». La réforme<br />
portuaire est aussi l’occasion de renforcer les<br />
avoir reconnu que le canal Seine Nord Europe<br />
«a été longtemps perçu comme une menace»<br />
par la communauté portuaire rouennaise, souligne<br />
qu’il constitue en réalité «un défi, mais<br />
aussi une chance pour le port de Rouen, qui<br />
inscrit comme composante essentielle de son<br />
développement celui du trafic fluvial». Rouen a<br />
en effet l’ambition de drainer, grâce à la liaison<br />
Seine-Escaut, de nouveaux trafics: les céréales<br />
à l’exportation en provenance de Picardie par<br />
exemple. L’objectif est également de proposer<br />
Les relations entre le Port et la Ville seront une des priorités du plan stratégique en cours d’élaboration au grand port<br />
maritime de Rouen.<br />
coopérations existantes entre les ports de<br />
Paris, Rouen et Le Havre. «Le Havre et Rouen,<br />
souvent opposés, ne sont en concurrence que<br />
sur 5% de leurs trafics», précise le directeur<br />
du Port de Rouen, qui considère «Port 2000»<br />
comme un élément important du développement<br />
du trafic fluvial de conteneurs au port de<br />
Rouen. «Il y a urgence à ce que les bateaux<br />
fluviaux arrivent jusqu’à «Port 2000»: c’est un<br />
dossier prioritaire pour le premier semestre».<br />
INVESTIR DANS LES PLATES-foRMES<br />
DE SEINE-NoRD<br />
Car Rouen accorde une place plus grande<br />
au transport fluvial et ambitionne, pour mieux<br />
desservir Paris, d’étendre son territoire jusqu’à<br />
l’écluse de Poses-Amfreville. Ph. Deiss, après<br />
des espaces logistiques afin de fixer la marchandise<br />
et la valeur ajoutée dans la région.<br />
«nous serons acteurs de ce défi national et<br />
régional, en amont comme en aval de Rouen»,<br />
souligne le directeur du port haut-normand.<br />
«nous avons prévu d’investir, en partenariat<br />
avec les aménageurs et les logisticiens, dans<br />
les plates-formes prévues par VnF le long du<br />
futur canal».<br />
De 3,8 Mio t en 2007, le trafic fluvial du port<br />
de Rouen est passé à 4,2 Mio t en 2008, ce<br />
qui représente une augmentation de 10,5%,<br />
en grande partie due à l’accroissement de<br />
36% des pré-acheminements de céréales.<br />
La part modale de la voie d’eau s’établit en<br />
2008 à 10%, contre 11% pour le fer et 65%<br />
pour la route, les autres trafics empruntant le<br />
pipe-line. E. B. n<br />
10 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Photo E. Berrier/Doc. <strong>NPI</strong>
Bordeaux<br />
La communauté<br />
portuaire unie<br />
face à la tempête<br />
Dans la journée du 23 janvier, la tempête<br />
«Klaus» a touché le Sud-Ouest. Une dizaine<br />
de navires dont trois tankers pétroliers<br />
se pressait dans le port ou le chenal de<br />
navigation, alors que le vent commençait à<br />
souffler violemment. Des rafales de 55 nœuds<br />
(110 km/h) étaient enregistrées à 9h; elles<br />
atteignaient 90 nœuds (165 km/h) une heure<br />
plus tard au Cap Ferret. Pourtant, grâce<br />
à l'action des pilotes, des lamaneurs, des<br />
équipages des remorqueurs et des officiers<br />
de port, aucun navire à quai ou au mouillage<br />
ne s'est trouvé en situation périlleuse.<br />
Le nouveau radar implanté au Verdon<br />
continuait à tourner pour suppléer<br />
le radar principal de La Palmyre arrêté<br />
automatiquement lorsque le vent atteint<br />
120 km/h. Ce radar a permis de suivre<br />
en permanence la situation sur le plan<br />
d'eau et d'aider à repositionner les navires<br />
qui dérapaient sur leur ancre. Aucun<br />
désagrément majeur n’a été déploré au<br />
niveau des installations portuaires terrestres,<br />
où les engins de levage mis en sécurité<br />
ont bravé les éléments sans encombre,<br />
les hangars ne subissant que des dégâts<br />
relativement minimes, hormis le H26,<br />
aux bassins à flot.<br />
Dans le chenal de navigation, certaines<br />
bouées ont dérivé. Pour prévenir tous<br />
les risques avant rétablissement<br />
de la situation, la Capitainerie du port,<br />
en accord avec le pilotage, a été contrainte<br />
de suspendre pendant quelques jours la<br />
navigation de nuit dans ce secteur et de<br />
recommander la mise à bord effective des<br />
pilotes à la place de l'assistance par radar.<br />
La filière forestière aquitaine, qui génère<br />
plus de 35 000 emplois dans la région, est<br />
certainement le secteur économique à avoir<br />
été le plus touché. Comme cela fut le cas<br />
au milieu des années 80 après le gel de<br />
nombre de pins maritimes, puis à l'orée des<br />
années 2000 lors de la «tempête du siècle»,<br />
la communauté portuaire bordelaise reste<br />
à l’écoute de la filière pour l’assister<br />
dans ses projets.<br />
Amsterdam<br />
Hutchison prend<br />
pied chez Ceres<br />
Nouvel épisode dans le feuilleton ceres qui<br />
alimente depuis de nombreuses années<br />
l’actualité portuaire amstellodamoise. Un<br />
épisode qui concerne cette fois l’ensemble<br />
des actifs ceres présents dans le port de la<br />
capitale néerlandaise.<br />
Au terme d’âpres négociations, le groupe<br />
Hutchison, qui contrôle on le sait, le<br />
manutentionnaire rotterdamois EcT, a en<br />
effet pris une participation majoritaire dans<br />
cTE/ceres containerterminal Europe. cTE<br />
coiffe à la fois les installations de ceres<br />
Paragon et celles de ceres Amsterdam<br />
Marine Terminal (trafics Ro-Ro et bulk).<br />
Aux termes de l’accord conclu à la fin<br />
de l’année dernière, l’armement nYK/<br />
nippon Yusen Kaisha, qui contrôlait jusqu’à<br />
présent ceres (nPI février 07, p. 63), a, en<br />
échange de cette transaction, obtenu une<br />
participation minoritaire dans EcT. Aucun<br />
détail n’a toutefois filtré jusqu’à présent<br />
quant aux modalités chiffrées de l’accord.<br />
Un des objectifs visés par Hutchison<br />
au travers de cette opération serait de<br />
pouvoir disposer de nouvelles capacités de<br />
transbordement dans le Delta. Chez EcT,<br />
on est à saturation ou presque, tandis qu’un<br />
certain potentiel subsiste chez ceres.<br />
En 2008, le terminal ultra moderne construit<br />
en son temps a traité 25 000 EVP de moins<br />
que l’objectif de 450 000 unités initialement<br />
fixé. Toutefois, on est encore loin<br />
des 1,2 Mio EVP de capacité dont disposent<br />
les installations existantes!<br />
Mer & Ports<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 11<br />
Doc. Ceres<br />
Sète<br />
200 Mio € pour<br />
redynamiser<br />
le port<br />
La Région Languedoc-Roussillon s’est<br />
engagée à investir 200 Mio € sur<br />
une période de 10 ans pour enrayer<br />
le déclin du port de Sète, dorénavant géré<br />
par l’établissement public régional Port Sud<br />
de France. 11,3 Mio € ont déjà été investis<br />
en 2008, dont 4,5 Mio pour restaurer<br />
le bassin du Midi, 5 Mio pour la 1re phase<br />
de la restructuration du pôle passagers<br />
et 1,8 Mio pour la viabilisation du pôle<br />
agro-industriel.<br />
Dans le cadre de la restructuration de<br />
ce dernier, prévue pour s’achever en<br />
2009, 9 Mio e vont être investis pour<br />
prolonger de 150 m le quai J, à l’Est<br />
du port. Le futur appontement offrira<br />
un double poste d’accueil, maritime en face<br />
Ouest et fluvial en face Est, et permettra<br />
une cadence accélérée de chargement et<br />
de déchargement des marchandises ensuite<br />
transportées par bandes transporteuses.<br />
Sète traite essentiellement des vracs<br />
solides et liquides: céréales, oléagineux,<br />
tourteaux, huiles végétales et diester. Les<br />
équipements de manutention concernant<br />
ces flux étaient jusqu’alors disséminés sur<br />
l’ensemble du domaine portuaire. La Région<br />
a décidé d’améliorer la gestion de ces trafics<br />
en mutualisant les moyens de traitement.<br />
Ainsi optimisée, l’activité devrait générer un<br />
trafic maritime supplémentaire de 320 000 t.<br />
Le trafic fluvial devrait également en profiter,<br />
avec en prévision une augmentation<br />
de 190 000 t des volumes acheminés<br />
par le canal du Rhône à Sète.<br />
Par ailleurs, un nouveau silo à céréales va être<br />
construit pour 21 Mio € par la SAS centre<br />
Grains, en remplacement de celui du môle<br />
Masselin qui sera détruit pour faire place au<br />
pôle passagers. La Région prévoit d’investir<br />
15 Mio € sur ce dernier, à partir de juin<br />
2010.
Europe<br />
Commission<br />
de la Moselle<br />
La session plénière annuelle de la Commission<br />
de la Moselle s’est tenue en décembre<br />
dernier au port de Mertert, au Luxembourg.<br />
La Commission a fixé les périodes de chômage<br />
annuelles – pas plus de 10 jours d’affilée<br />
– jusqu’en 2019. il s’agit de permettre<br />
aux gestionnaires de la voie d’eau de procéder<br />
aux travaux d’entretien et de réparation<br />
des écluses. Toutes celles entre Thionville<br />
et Coblence seront fermées uniformément<br />
pendant ces périodes. Le calendrier des<br />
périodes de chômage est disponible sur le<br />
site internet de la Commission à l’adresse<br />
www.moselkommission.org.<br />
Dans un souci d’harmonisation avec les<br />
dispositions applicables sur le Rhin, la Commission<br />
a amendé le règlement de police<br />
relatif aux documents à bord, modification<br />
qui entrera en application le 1 er septembre<br />
2009. Enfin, un accord a été conclu avec<br />
la CCNR: les deux institutions bénéficieront<br />
mutuellement du statut d’observateur.<br />
Vers un espace<br />
maritime européen<br />
sans barrières<br />
La Commission européenne a adopté le 21<br />
janvier dernier un plan d’actions destinées<br />
à mettre en place un espace maritime sans<br />
barrières en Europe. Souhaitant atténuer<br />
la demande en transports routiers, réduire<br />
les coûts d’acheminement des produits<br />
transportés, conserver un savoir-faire maritime<br />
et favoriser l’emploi au sein des nombreux<br />
métiers du secteur, la CE donne certaines<br />
recommandations aux Etats membres et<br />
propose plusieurs mesures législatives pour<br />
réduire les charges administratives imposées<br />
aux entreprises de transport maritime.<br />
«La commission considère que les conditions<br />
pour mettre en œuvre l’espace de transport<br />
maritime sans barrières au niveau européen<br />
sont aujourd’hui réunies et que les mesures<br />
pourront entrer en vigueur de façon échelonnée<br />
entre 2010 et 2013», a souligné Antonio<br />
Tajani, vice-président de la Commission en<br />
charge des Transports.<br />
La CE incite notamment à une simplification<br />
et à une coordination des différentes mesures<br />
d’inspection visant à contrôler le respect<br />
des règles douanières, fiscales, sanitaires ou<br />
la conformité des produits agricoles végétaux<br />
et animaux. il s’agit aussi de simplifier les procédures<br />
douanières et autres formalités déclaratives.<br />
Une proposition de directive cosignée<br />
par le Parlement et la Commission sur la<br />
rationalisation des formalités déclaratives à<br />
l’entrée et à la sortie des ports européens a<br />
ainsi été transmise au Conseil. La simplification<br />
douanière est attendue pour début 2009<br />
et des lignes directrices visant à accélérer les<br />
contrôles phytosanitaires et vétérinaires seront<br />
publiées la même année. Une des mesures<br />
envisagées consisterait notamment en l’octroi<br />
de certificat d’exemption de pilotage/PEC aux<br />
capitaines expérimentés.<br />
10 ans pour renforcer<br />
le transport maritime<br />
La sauvegarde des capacités maritimes de<br />
l’UE, la lutte contre la piraterie et la réduction<br />
des incidences du transport maritime<br />
sur l’environnement font partie des défis<br />
à relever au niveau communautaire, selon<br />
Antonio Tajani, vice-président de la CE.<br />
On peut s’attendre dans les 10 prochaines<br />
années à une forte croissance du commerce<br />
maritime, tant international qu’intracommunautaire,<br />
ce qui implique une augmentation<br />
considérable des opérations de<br />
transport sur toutes les façades maritimes<br />
de l’Union, accompagnée d’importants<br />
défis concernant le développement durable<br />
de la chaîne de transport.<br />
«Une vision stratégique du développement<br />
du transport maritime, des ports et des secteurs<br />
connexes à court, moyen et long termes<br />
est essentielle pour rationaliser la politique de<br />
transport maritime de l’UE de manière à ce<br />
que le secteur tire le meilleur profit possible<br />
des opportunités qui se présenteront et qu’il<br />
puisse faire face aux défis futurs», a ajouté<br />
A. Tajani.<br />
Straubing-Vilshofen :<br />
les acteurs privés<br />
se mobilisent<br />
Les trois organisations professionnelles allemandes<br />
des transporteurs fluviaux, des ports<br />
intérieurs publics et des transitaires ont écrit<br />
une lettre commune au ministre-président de<br />
Bavière, Horst Seehofer, pour lui demander de<br />
respecter l’accord de coalition du 27 octobre<br />
2008, conclu entre la CSU et le FDP, au sujet<br />
de la résorption du goulet d’étranglement du<br />
Danube entre Straubing et Vilshofen. L’accord<br />
politique conclu entre les deux partis précisait<br />
que «les travaux du Danube doivent être entrepris.<br />
cependant, les partenaires de la coalition<br />
ont des divergences de vue à ce sujet. La cSU<br />
s’est prononcée pour la variante c/c 2,80 et<br />
le FDP pour la variante A. A la demande du<br />
gouvernement fédéral, l’UE expertise les deux<br />
variantes en fonction des critères des RTE-T.<br />
Quant à la réalisation des travaux, elle sera<br />
débattue lorsque le résultat de l’expertise sera<br />
connu».<br />
Le BDB, le BÖB et le DSLV rappellent que<br />
16,5 Mio € ont été mis à disposition par l’UE<br />
pour les études sur les différentes variantes<br />
du projet et que cette subvention ne saurait<br />
être affectée aux travaux proprement dits. La<br />
variante A (sans barrages) ne correspond pas,<br />
selon eux, aux critères de cofinancement par<br />
l’UE au titre des RTE-T. ils pointent également<br />
le fait qu’un certain nombre de travaux serait<br />
identique quelle que soit la variante choisie,<br />
puisque seul l’aménagement d’une portion<br />
de 17 km du fleuve ferait l’objet de contestation<br />
concernée par des choix différents. Pour<br />
les organismes professionnels, la nécessité<br />
de poursuivre les études s’impose tant que<br />
le choix politique n’a pas été définitivement<br />
arrêté. ils se déclarent prêts au dialogue avec<br />
les autorités politiques en soulignant l’importance<br />
économique de la voie navigable tant au<br />
niveau des emplois que du transport efficace<br />
et écologique de marchandises le long d’un<br />
axe saturé par le trafic routier.<br />
12 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009
<strong>Colis</strong> <strong>lourds</strong> :<br />
une logistique «sur-mesure»<br />
. Des marchandises exigeantes<br />
. Le paradoxe de l’éolien<br />
. A l’Est, toujours du nouveau<br />
. <strong>Colis</strong> <strong>lourds</strong> et conteneurs<br />
. Areva : le point de vue<br />
d’un chargeur<br />
. Bonneuil-sur-Marne,<br />
port à colis <strong>lourds</strong><br />
. Indispensable commissionnaire<br />
de transport<br />
Doc. Logistique Express International<br />
Dossier
Dossier<br />
Des marchandises exigeantes<br />
Stéphane Fortrye, responsable commercial de la CFT/Compagnie<br />
fluviale de transport et passionné par le transport de colis exceptionnels,<br />
nous explique les contraintes de ces opérations parfois très techniques.<br />
Le<br />
terme «colis exceptionnel» regroupe<br />
en fait 3 catégories de marchandi-<br />
ses: les colis volumineux mais de poids faible<br />
(réservoirs de stockage, colonnes de distillation,<br />
viroles, structures métalliques, éoliennes,<br />
composants de l’aéronautique ou de l’astronautique,<br />
etc.), les colis compacts mais de<br />
poids important (transformateurs, stators,<br />
réacteurs, générateurs de vapeur, etc.) et<br />
enfin les colis à la fois très <strong>lourds</strong> et très volumineux<br />
(voussoirs, travées de ponts, miroirs<br />
de télescopes sur châssis, etc.).<br />
Qu’ils soient volumineux, <strong>lourds</strong> ou les deux à<br />
la fois, le transport comme la manutention de<br />
colis exceptionnels exige toujours une étude<br />
préalable de réalisation, qui ne peut être effectuée<br />
qu’à partir de plans précis communiqués<br />
par les donneurs d’ordre. L’itinéraire fluvial<br />
ayant été défini et le gabarit optimal du matériel<br />
de transport arrêté, 3 points doivent impérativement<br />
être vérifiés.<br />
Calage d’un transformateur de 220 t dans une barge.<br />
L’ABC DU CoLIS LoURD<br />
L’acceptabilité du colis par l’unité fluviale<br />
d’une part. Bien souvent, ce dernier ne repose<br />
que sur des supports de faible surface portante.<br />
il faut donc s’assurer de la répartition<br />
de la charge ainsi que des risques de poinçonnage<br />
de la cale. Ce point, ainsi que le ripage<br />
«fer-fer», se résout par la disposition en cale de<br />
poutres ou de plaques de répartition doublées<br />
par des feuilles de contre-plaqué.<br />
La stabilité de l’ensemble d’autre part.<br />
Contrairement à un chargement en vrac réparti<br />
uniformément dans la cale, la présence «subite»<br />
d’un colis exceptionnel peut modifier sensiblement<br />
la stabilité du bateau. Dès l’instant où<br />
celui-ci viendra à tanguer, même légèrement<br />
(par l’effet par exemple du vent ou du courant),<br />
pourra apparaître un couple de redressement/chavirement,<br />
en fonction de la position<br />
relative du métacentre par rapport au centre<br />
de gravité. il est donc indispensable de vérifier<br />
avant chargement le traditionnel «rho–a» des<br />
physiciens, qui caractérise le couple de redressement,<br />
et de le conforter s’il y a lieu par tout<br />
Le «Porthos» charge un transformateur de 170 t au port<br />
de Strasbourg.<br />
type de ballastage. il est également impérieux<br />
de charger parfaitement le colis dans l’axe longitudinal<br />
du bateau pour diminuer l’effet d’oscillation.<br />
A noter qu’en améliorant l’acceptabilité,<br />
on pénalise souvent la stabilité! C’est dire<br />
si l’étude doit être menée avec précision.<br />
La visibilité et la manœuvrabilité enfin. Le<br />
colis peut en effet, par sa seule présence dans<br />
la cale, entraver fortement la visibilité de l’avant<br />
depuis la timonerie. Si un long trajet fluvial doit<br />
être effectué dans ces conditions, le positionnement<br />
d’une caméra à l’avant est indispensable.<br />
Ces trois séries de contraintes sont à étudier<br />
cas par cas, mais ce ne sont pas les seules! Le<br />
réseau fluvial peut lui-même imposer un ballastage<br />
complémentaire, tandis que les opérations<br />
de chargement/déchargement peuvent<br />
être contraintes par la configuration d’un quai.<br />
Lorsqu’une opération a lieu en Ro-Ro par<br />
exemple, le transfert progressif du poids du<br />
colis de la cale à la terre modifie l’horizontalité<br />
du bateau, qu’il faut le cas échéant compenser<br />
par un ballastage efficace.<br />
Enfin, il faudra dans certains cas effectuer un<br />
calage ou un arrimage complémentaires, voire<br />
un bâchage dans le cas de colis sensibles à la<br />
pluie ou à la pollution atmosphérique. Tous ces<br />
cas s’étudient attentivement.<br />
DES oPéRATIoNS SPECTACULAIRES<br />
La réalisation d’un chargement de colis exceptionnel<br />
est toujours passionnante et l’expé-<br />
14 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Doc. CFT
ience accumulée lors d’opérations précédentes<br />
fort précieuse! il est en tout cas toujours<br />
spectaculaire de se trouver, soit sur un automoteur<br />
qui s’enfonce «d’un seul coup» d’un ou<br />
deux mètres en recevant sa cargaison, soit sur<br />
une barge roulière recevant un énorme colis<br />
chargé sur une remorque multi-essieux qui y<br />
rentre comme le ferait un énorme piston dans<br />
un cylindre.<br />
En matière d’acheminement de colis exceptionnels,<br />
le transport fluvial a pour lui une<br />
capacité d’acheminement, en volume comme<br />
en poids, très supérieure à celle des autres<br />
modes. il permet un transport en site propre<br />
qui ne crée aucune gêne pour les riverains<br />
et ne requiert que fort peu de démarches<br />
administratives préalables, avec un temps de<br />
parcours maîtrisé et souvent bien plus court<br />
que celui offert par les autres modes. La voie<br />
d’eau offre par ailleurs une grande sécurité de<br />
transport pour les personnes et pour l’environnement.<br />
La cFT s’est spécialisée dans ce type d’opérations<br />
et dispose d’un département «colis<br />
exceptionnels» et d’un bureau d’études qui<br />
prennent en charge les différents paramètres<br />
évoqués ci-dessus. Cela lui a permis d’apporter<br />
une sécurité absolue aux transports effectués<br />
depuis plusieurs années pour des clients<br />
tels qu’Arianespace ou Areva. Dernier investissement<br />
en date, le «Porthos», un automoteur<br />
spécialisé de 38,50 m, a été remis en service<br />
fin 2008, pour le compte d’EDF-SETRAL, avec<br />
pour mission de transporter des colis <strong>lourds</strong> sur<br />
l’ensemble du réseau Freycinet, évitant autant<br />
de transports routiers encombrants. n<br />
Doc. CFT<br />
Le paradoxe de l’éolien<br />
Certains contre-exemples récents ne doivent pas cacher la réalité:<br />
les transports d’éléments d’éolienne, colis exceptionnels par excellence,<br />
ne se font que rarement par la voie d’eau. Le fabricant allemand<br />
Repower a accepté de nous donner ses raisons.<br />
A<br />
vec 332 éoliennes installées en 2007 et<br />
plus de 450 en 2008, Repower est l’un<br />
des plus grands constructeurs d’éoliennes en<br />
Europe, actif en Europe de l’Ouest mais aussi<br />
en Amérique du Nord, en Chine et en Australie.<br />
C’est dire si la logistique, qui représente<br />
en moyenne 10 à 15% du prix d’une éolienne,<br />
est une question importante pour le constructeur.<br />
Pour 90% de son activité, Repower est<br />
lui-même responsable du transport des pièces<br />
les plus importantes et de l’installation des<br />
éoliennes.<br />
Entre l’élément de fondation, les tronçons du<br />
mât, la nacelle, le moyeu, les pales et divers<br />
équipements, chaque expédition d’éolienne<br />
ne comporte pas moins de 11 colis surdimensionnés.<br />
Tous bien sûr proviennent de sites<br />
différents: les pales du Danemark ou de Bremerhaven,<br />
le moyeu de la région de Hambourg<br />
ou de Berlin, le mât de Brême… avec à la clé<br />
une logistique particulièrement complexe.<br />
Repower fait appel à des logisticiens globaux<br />
pour la grande exportation, mais organise ses<br />
transports en Europe en faisant appel à des<br />
transporteurs spécialisés.<br />
En fonction de l’endroit où se trouve l’installation,<br />
le transport est divisé en tronçons<br />
confiés chacun à un opérateur local: transport<br />
terrestre de l’usine au port de mer, transport<br />
maritime, transport terrestre final. Le transport<br />
d’une éolienne jusqu’en région parisienne se<br />
fera en revanche exclusivement par la route.<br />
Celle-ci est en effet à l’heure actuelle le mode<br />
de transport privilégié de Repower. «nous utilisons<br />
la route à chaque fois que cela est économiquement<br />
possible. Son grand avantage<br />
est d’éviter les ruptures de charge, qui concentrent<br />
les risques pour la marchandise», indique<br />
Till Ehlers, responsable «project logistics».<br />
Le transport fluvial n’est ainsi que rarement<br />
utilisé. Cela a été le cas pour l’expédition d’éoliennes<br />
en Roumanie par exemple, où la descente<br />
du Danube se révélait bien moins chère<br />
que de contourner toute l’Europe occidentale<br />
avec un navire maritime. Mais pour Repower,<br />
paradoxalement, les bateaux fluviaux sont à la<br />
fois trop grands et trop petits. Trop grands,<br />
parce qu’affréter un bateau revient bien plus<br />
cher que d’affréter un ensemble routier spécialisé.<br />
Trop petits, parce que la dimension<br />
des colis (50 m de longueur pour les pales)<br />
ne permet pas d’en charger plusieurs dans<br />
une même cale ou de les superposer. «cela<br />
nécessite d’affréter un grand nombre d’unités<br />
en même temps, ce qui complique la logistique<br />
et la rend trop chère», déclare T. Ehlers.<br />
Chargement maritime de tronçons d’éolienne.<br />
Pour autant, la voie d’eau pourrait voir son<br />
utilisation se développer avec l’augmentation<br />
de la taille des éoliennes. «Les composants<br />
sont de plus en plus grands et <strong>lourds</strong>, notamment<br />
ceux destinés aux éoliennes off-shore.<br />
Aujourd’hui, un tronçon de mât, placé sur un<br />
châssis spécialisé, mesure déjà 45 m au total,<br />
pour 4,3 m de diamètre. Demain, ces colis ne<br />
pourront plus traverser les ronds-points ou passer<br />
sous les ponts. nous serons obligés de faire<br />
appel à la voie d’eau», conclut-il. N. S. n<br />
Dossier<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 15<br />
Photo Ralf grömminger/Doc. Repower
Dossier<br />
A l’Est, toujours du nouveau<br />
Le transport fluvial de colis <strong>lourds</strong> se porte plutôt bien en Allemagne.<br />
Très présente dans la construction mécanique, l’industrie allemande,<br />
championne mondiale de l’exportation, bénéficie d’un réseau de voies<br />
navigables remarquables.<br />
P<br />
récisons qu’à l’heure actuelle il n’y a<br />
pas vraiment de réglementation contraignante<br />
en Allemagne privilégiant la voie d’eau<br />
pour le transport de colis exceptionnels. il y<br />
a quelques années pourtant, les autorités<br />
avaient mis en place une phase de tests destinée<br />
à coordonner l’action des autorités administratives<br />
des réseaux routier et fluvial dans<br />
la délivrance des autorisations de transport,<br />
pour privilégier dans la mesure du possible la<br />
navigation intérieure. Cependant, transitaires<br />
et commissionnaires de transport ont toujours<br />
tenté de contourner ce genre de contraintes<br />
en privilégiant le transport routier.<br />
De nos jours cependant, la navigation fluviale<br />
est de plus en plus sollicitée du fait de l’augmentation<br />
de la taille et du poids des pièces<br />
transportées. Par ailleurs, les nombreux travaux<br />
routiers, notamment l’aménagement<br />
de carrefours giratoires, et la diminution des<br />
tonnages autorisés sur les ponts nouvellement<br />
construits font que le transport fluvial devient<br />
un maillon essentiel du transport de colis<br />
<strong>lourds</strong>. Ceux-ci comprennent essentiellement<br />
des transformateurs, des générateurs, des<br />
réacteurs, des moteurs, des citernes volumineuses,<br />
des cuves et des machines diverses.<br />
LES PERSoNNELS SUR LA SELLETTE<br />
Les professionnels du secteur réclament une<br />
meilleure formation des personnels. Pour ces<br />
transports organisés en coopération avec des<br />
logisticiens et des ingénieurs et devant respecter<br />
un cahier des charges très sévère, pour<br />
des pièces coûtant des millions d’euros et<br />
pesant jusqu’à 500 t, une formation associant<br />
une période initiale orientée sur la pratique à<br />
des stages concrets de formation continue est<br />
envisagée. il s’agit d’initier les bateliers à toutes<br />
les techniques d’arrimage, au calcul des<br />
charges et du centre de gravité en fonction de<br />
la statique du bateau.<br />
Le BDB/Bundesverband der Deutschen<br />
Binnenschiffahrt revendique quant à lui une<br />
véritable politique de transfert modal à grande<br />
échelle des colis <strong>lourds</strong> vers la navigation<br />
intérieure.<br />
DES LIgNES RégULIèRES<br />
En juin 2008, Imperial Reederei & Spedition<br />
GmbH inaugurait une ligne dédiée sur l’axe<br />
Hambourg-bassin du Rhin, la Rhein-Hamburg<br />
Linie. En l’espace d’un mois, de nombreuses<br />
demandes de transport de colis <strong>lourds</strong> vers<br />
Hambourg ont été traitées par l’armement<br />
de Duisbourg. C’est ainsi que les premiers<br />
convois chargeant en moyenne 400 t ont desservi<br />
le port hanséatique. L’armement dispose<br />
pour ce faire d’une flotte affrétée et en propre<br />
de 40 unités fluviales de 660 à 2 060 t de capacité<br />
d’emport, opérant depuis Mannheim à un<br />
rythme hebdomadaire et, selon la demande,<br />
de tous les ports du Rhin et de la Ruhr. Grâce<br />
à des partenariats avec d’autres entreprises<br />
de transport, Imperial Reederei maîtrise l’ensemble<br />
de la chaîne logistique nécessaire au<br />
transport des colis <strong>lourds</strong>, incluant le pré- et le<br />
post-acheminement, le stockage, l’emballage<br />
et le transport outre-mer. Imperial Reederei<br />
pratique par ailleurs une tarification attractive<br />
afin de stimuler le transfert modal des colis<br />
<strong>lourds</strong> vers la voie d’eau.<br />
A l’automne 2008, c’était au tour de l’Elbe<br />
d’accueillir une nouvelle ligne fluviale régulière<br />
destinée au transport de colis <strong>lourds</strong>. Celle-ci<br />
permet de desservir non seulement l’Allemagne<br />
orientale, mais aussi la République tchèque,<br />
la Pologne et, à travers le bassin du Rhin,<br />
les ports maritimes du Benelux. Opérée par<br />
la DBR/Deutsche Binnenreederei, cette ligne<br />
– dénommée ESL/Elbe Schwergut Linie - dessert<br />
Dresde, Aken, Schönebeck, Magdebourg<br />
et Hambourg, à un rythme hebdomadaire pour<br />
le moment. Destinée aux chargeurs et industriels<br />
d’Allemagne orientale, elle transporte<br />
essentiellement des turbines, des générateurs<br />
et des éléments d’éolienne. Dietmar Rehmann,<br />
en charge des transports spéciaux à la DBR,<br />
nous a confié que «dès 2007, la part du transport<br />
de colis <strong>lourds</strong> dans le chiffre d’affaires de<br />
la DBR a augmenté de 50%. En 2008, l’aug-<br />
La Rhein-Hamburg Linie, de Imperial Reederei & Spedition GmbH, dessert l’ensemble des ports du Rhin supérieur.<br />
16 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Doc. Imperial Reederei & Spedition GmbH
Un convoi poussé de la DBR/Deutsche Binnenreederei<br />
transporte un élément de l’Airbus A 380 à Hambourg où<br />
il sera transbordé pour Bordeaux.<br />
mentation a été de 25%. Pour notre ligne régulière<br />
(ELS), nous utilisons deux convois poussés<br />
qui desservent les ports de l’Elbe, Hambourg,<br />
mais aussi Rotterdam et Anvers, ainsi que les<br />
terminaux intérieurs de Braunschweig, Minden<br />
ou Francfort-sur-l’Oder, par exemple. Malgré<br />
la crise économique, la demande pour ce type<br />
de transport est en constante augmentation.<br />
La ligne régulière est d’ores et déjà totalement<br />
justifiée – elle est dans la continuité des trafics<br />
spot que nous assurions auparavant – de par<br />
les besoins de l’industrie».<br />
La Behala/Berliner Hafen und Lager GmbH,<br />
l’autorité portuaire berlinoise, développe<br />
quant à elle un projet de logistique urbaine<br />
de colis <strong>lourds</strong> fondée sur la navigation fluviale,<br />
subventionné par le ministère fédéral<br />
de l’Economie. il s’agit de lutter contre l’encombrement<br />
du réseau routier de la capitale<br />
allemande par les convois exceptionnels. Par<br />
ailleurs, s’agissant de pièces de plus en plus<br />
lourdes, les ponts de Berlin ne sont souvent<br />
plus en mesure de supporter le passage de<br />
telles charges. Ainsi, le Berliner Westhafen se<br />
transformera-t-il en hub à colis <strong>lourds</strong>. Ceuxci<br />
seront transportés, depuis tous les sites de<br />
production régionaux, sur une navette Ro-Ro<br />
jusqu’au port Ouest de la métropole allemande<br />
pour y être ensuite chargés à bord d’unités<br />
fluviales traditionnelles, grâce à un pont-portique<br />
d’une force de levage de 800 t, qui les<br />
convoieront ensuite jusqu’aux ports maritimes<br />
ou aux autres terminaux intérieurs allemands.<br />
Ce projet nécessite la construction de rampes<br />
Ro-Ro près des sites de production, l’élargissement<br />
de la rampe du Westhafen et l’augmentation<br />
de la force de levage du portique,<br />
ainsi que la construction d’une navette Ro-Ro<br />
spécialisée. Certains éléments de ce projet<br />
ont déjà été réalisés en 2008 (construction<br />
de rampes Ro-Ro sur les sites de production)<br />
et l’année 2009 devrait voir se poursuivre sa<br />
concrétisation. Ch. P. n<br />
Doc. DBR<br />
H&S Container Line<br />
Quand colis <strong>lourds</strong> et conteneurs<br />
s’associent<br />
Filiale d’IFB/Inter Ferry Boats, Haeger & Schmidt opère des lignes<br />
conteneurisées régulières sur le Rhin, dont la «Blue Arrow Line» entre<br />
Strasbourg et Birsfelden (Suisse). Des colis <strong>lourds</strong> peuvent y être chargés<br />
en même temps que des conteneurs.<br />
La<br />
«Blue Arrow Line» est une ligne<br />
régulière à deux rotations hebdomadaires.<br />
4 convois poussés de 5 500 t assurent<br />
le transport de 60 000 EVP sur base annuelle,<br />
à raison de 365 à 380 EVP par convoi. Mais<br />
au-delà des boîtes, Haeger & Schmidt met<br />
également sa capacité de chargement à la<br />
disposition des chargeurs souhaitant faire<br />
convoyer des colis <strong>lourds</strong> ou encombrants.<br />
Pour l’industrie régionale – Alsace, Bade-<br />
Wurtemberg et Suisse du Nord -, cette offre<br />
logistique représente un avantage de par<br />
son prix, mais elle est encore insuffisamment<br />
connue des transitaires et commissionnaires<br />
de transport.<br />
Toni Nicolay, directeur de H&S container Line<br />
Ottmarsheim, précise qu’«il s’agit d’un mode<br />
de transport qui n’est pas encore entré dans<br />
les mœurs. Un colis encombrant qui constitue<br />
une charge unique doit déjà être amené au<br />
port, par la route le plus souvent: comme il faut<br />
demander des autorisations, le transitaire ne va<br />
pas songer au fluvial et à son prix attractif, il<br />
se contentera de la route. nous déplorons la<br />
facilité avec laquelle sont délivrées les autorisations<br />
administratives pour le transport routier,<br />
sans tenir aucunement compte des alternatives<br />
possibles, fluviale ou ferroviaire».<br />
DU TRANSPoRT SUR MESURE<br />
H&S est en mesure de transporter tout colis<br />
encombrant de 60 à 90 t sur les barges de<br />
ses convois poussés jusqu’aux ports maritimes<br />
d’Anvers ou de Rotterdam. La plupart<br />
des portiques à conteneurs dispose d’une<br />
force de levage de 60 t, voire de 90 t pour<br />
les plus performants, et permet ainsi le transbordement<br />
de ces colis. H&S a ainsi dernièrement<br />
chargé un engin de chantier caterpillar<br />
à Anvers à bord d’une barge à destination de<br />
Bâle. L’engin a pris la place de 16 EVP. il n’y<br />
a pas de contrainte de ballastage supplémentaire<br />
sur le Rhin, mais sur sa partie canalisée à<br />
partir de Strasbourg, il faut tenir compte de la<br />
hauteur des ponts. T. Nicolay ajoute: «Tout le<br />
monde ne peut pas transporter des colis lourd.<br />
On ne peut pas les traiter comme des céréales.<br />
Il s’agit de maîtriser une chaîne logistique<br />
multimodale dont tous les maillons ne sont pas<br />
performants».<br />
Jean Faber, directeur général de H&S Ottmarsheim,<br />
précise quant à lui: «nous sommes<br />
des anciens bateliers, nous avons nous-même<br />
navigué, nous connaissons le métier et sommes<br />
à même de choisir le meilleur bateau.<br />
L’équipage doit être suffisamment formé pour<br />
calculer le centre de gravité du colis et y adapter<br />
le reste du chargement».<br />
Selon ce dernier, le réseau Freycinet est parfaitement<br />
exploitable pour le transport des<br />
colis <strong>lourds</strong>. Le problème réside dans la rupture<br />
de charge entre la route et la voie navigable.<br />
Ainsi, au Creusot, au bord du canal du<br />
Centre, les infrastructures de transbordement<br />
n’existent plus. Par contre, on peut aisément<br />
transporter un colis lourd de Lyon à Berlin,<br />
Vienne ou Bratislava sans rupture de charge<br />
grâce au réseau Freycinet. H&S container<br />
Line fait appel pour cela aux bateliers de la<br />
coopérative navisco 2000, qui sont des mariniers<br />
confirmés connaissant parfaitement leur<br />
métier. En 2008, 4 colis encombrants ont pu<br />
être ainsi transportés à la très grande satisfaction<br />
des clients. Mais cette alternative est malheureusement<br />
peu connue des chargeurs.<br />
www.hs-containerline.com<br />
Dossier<br />
Ch. P. n<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 17
Dossier<br />
La chaudronnerie nucléaire emballée<br />
par le transport fluvial<br />
L’usine Areva de Chalon-sur-Saône/Saint-Marcel fabrique des cuves<br />
de réacteur, des couvercles de cuve, des générateurs de vapeur, des<br />
pressuriseurs et autres composants de centrales nucléaires. 95% de sa<br />
production sont expédiés par voie d’eau.<br />
S<br />
ituée en bord de Saône, l’usine Areva de<br />
Saint-Marcel s’est dotée dès sa construction<br />
d’un portique d’une force de levage de<br />
1 050 t, qu’elle met à la disposition d’autres<br />
chargeurs expédiant des colis <strong>lourds</strong>. Ce portique<br />
a été aménagé en 1976 en bordure de<br />
darse dans la zone portuaire Sud de Chalon<br />
par Framatome (Areva) et la CCi de Saône-et-<br />
Loire, qui ont constitué un groupement d’intérêt<br />
économique à cet effet, Porlourd.<br />
Les éléments de cœur de réacteur nucléaire<br />
que fabrique l’usine de Saint-Marcel sont<br />
exportés dans le monde entier. Occupant plus<br />
de 1 100 salariés, l’entreprise fait face à un<br />
marché en pleine expansion du fait du renchérissement<br />
des énergies fossiles et de la nouvelle<br />
vague du nucléaire, une énergie produisant<br />
peu de CO 2 . Contrainte à produire des éléments<br />
ne présentant aucun défaut, la société<br />
expédie une dizaine de colis <strong>lourds</strong> par an en<br />
moyenne, le délai de fabrication d’une cuve de<br />
réacteur ou d’un couvercle étant assez long (3<br />
à 5 ans). Les cuves, les générateurs de vapeur<br />
et les pressuriseurs ne sont pas seulement des<br />
composants <strong>lourds</strong>. Ce sont aussi des équipements<br />
complexes qui nécessitent des opérations<br />
mécaniques de haute précision (au centième<br />
de millimètre) sur des pièces forgées de<br />
plusieurs dizaines ou centaines de tonnes.<br />
DE CHALoN à MARSEILLE,<br />
à BoRD D’UNITéS SPéCIALISéES<br />
«nos colis sont chargés à bord d’unités fluviales<br />
à destination de Marseille où une rupture de<br />
charge intervient: ils sont alors embarqués sur<br />
des navires, dotés de moyens de levage propres,<br />
qui les amènent en Finlande, en chine, ou<br />
aux Etats-Unis. Quand les dimensions des colis<br />
le permettent, nous utilisons, également, parfois<br />
des unités fluvio-maritimes. Le recours à ce type<br />
d’unité est cependant limité du fait de la hauteur<br />
des ponts», nous confie Pierre Pellegry, en<br />
charge des transports chez Areva.<br />
il faut compter 3 jours de transport entre<br />
Chalon et Marseille. Aucune avarie n’a été<br />
constatée en 32 ans d’activité. «Le transport<br />
fluvial est fiable, propre et sûr. Par ailleurs, ce<br />
mode s’inscrit pleinement dans la préoccupation<br />
environnementale d’Areva, qui privilégie le<br />
développement durable. Les faibles rejets de<br />
cO 2 de la navigation intérieure me font regretter<br />
de ne pouvoir exporter nos productions vers<br />
les ports de la mer du nord. Pour nous, la nonréalisation<br />
de la liaison Rhin-Rhône à grand<br />
gabarit est extrêmement pénalisante. certes, il y<br />
aurait moyen d’utiliser le réseau Freycinet pour<br />
des colis de faible tonnage, mais cette solution<br />
aurait un coût prohibitif par rapport au transport<br />
routier et ne saurait par conséquent être envisagée»,<br />
ajoute P. Pellegry.<br />
LA CFT EN PREMIèRE LIgNE<br />
C’est la cFT/compagnie fluviale de transport<br />
qui assure les transports d’Areva. Le transport<br />
est réalisé avec des barges découvertes au<br />
gabarit européen (80 x 11,40 m). Ces barges<br />
sont équipées de ballasts en double-fond, ce<br />
qui permet d’augmenter leur enfoncement<br />
naturel en réduisant le tirant d’air en cours de<br />
navigation.<br />
Dans la mesure où le port de Fos ne dispose<br />
pas de moyens de levage de grosse capacité,<br />
le transbordement des colis depuis la barge<br />
sur le navire est réalisé habituellement par les<br />
moyens propres dont disposent les navires<br />
dits gréés ou bigués. En effet, les nouvelles<br />
générations de navires offrent des capacités<br />
de levage de charges pouvant atteindre 500 t,<br />
voire 800 à 1 000 t pour les plus performants.<br />
Le transbordement est effectué le plus souvent<br />
en jumelant 2 grues rotatives du navire sur les<br />
zones de levage possibles du colis, protégées<br />
pour l’occasion. Le plan de chargement de la<br />
barge tient compte des prescriptions de portée<br />
pour le navire. «nous disposons d’un bureau<br />
d’étude intégré pour ces opérations et du personnel<br />
in situ ayant pour objectif de réaliser les<br />
opérations conformément aux plans. Le personnel<br />
de navigation est bien évidemment formé<br />
aux techniques de manutention spécifiques, il<br />
dispose également d’une formation ADnR –<br />
qui exige des compétences et connaissances<br />
supérieures -, afin de répondre aux exigences<br />
de déplacement de telles charges», confie<br />
Patrick Jourdan, le spécialiste «colis <strong>lourds</strong>» de<br />
la cFT.<br />
www.areva.com<br />
www.cft.fr<br />
Deux générateurs de vapeur Areva, chargés sur barge, traversent Tournus sur la Saône.<br />
Ch. P. n<br />
18 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Photo Charlène Moreau/Doc. AREVA
Bonneuil-sur-Marne,<br />
port à colis <strong>lourds</strong><br />
Les colis <strong>lourds</strong>, trafic spot par excellence, font l’objet de<br />
chargements réguliers à Bonneuil-sur-Marne, où Air Liquide<br />
charge sur barge des colonnes de distillation destinées à<br />
l’exportation.<br />
L’<br />
expédition d’un colis lourd d’une longueur<br />
de 57 m, prévue pour le 18 mars<br />
prochain, est en préparation au port de Bonneuil-sur-Marne.<br />
Le premier tronçon de la<br />
colonne de distillation, tube de métal d’un diamètre<br />
de 6 m, d’une longueur de 25 m et d’un<br />
poids de 106 t, est arrivé par transport routier<br />
dans la nuit du 5 au 6 janvier dernier sur un<br />
quai du fond de la darse centrale du port, en<br />
provenance de l’usine Air Liquide de Vitry-sur-<br />
Seine. L’arrivée de la seconde colonne, longue<br />
de 30 m et pesant 110 t, est prévue pour la<br />
nuit du 16 au 17 février.<br />
Jusqu’à fin février, c’est sur le quai du port<br />
de Bonneuil-sur-Marne que les équipes d’Air<br />
Liquide effectueront l’alignement, le soudage<br />
et les contrôles des deux tronçons de la colonne<br />
de distillation, qui doit ensuite rejoindre Le<br />
Havre par voie fluviale, avant d’être expédiée<br />
en Corée-du-Sud à bord d’un navire maritime.<br />
il s’agit, pour Air Liquide, de transports qui<br />
n’ont rien d’exceptionnel, puisque de telles<br />
opérations à l’exportation vers divers parties<br />
du monde ont lieu à Bonneuil-sur-Marne environ<br />
quatre à six fois par an.<br />
«Il s’agit de transports volumineux plutôt que<br />
de colis lourd à proprement parler», souligne<br />
Jean-Pierre Chaffaud, ingénieur en génie civil<br />
au Port autonome de Paris, responsable des<br />
chargements de colis <strong>lourds</strong> au port de Bonneuil-sur-Marne.<br />
«Le poids de cette colonne,<br />
une fois montée, est dérisoire par rapport à la<br />
capacité de la barge prévue pour ce transport:<br />
1 200 t. Mais le volume du chargement est tel<br />
qu’un convoi routier vers le port maritime d’expédition<br />
serait beaucoup trop compliqué et,<br />
pour tout dire, inenvisageable».<br />
UN MARCHé<br />
qUI A DE L’AVENIR<br />
Hormis Air Liquide, pour qui<br />
trois autres opérations sont déjà<br />
programmées d’ici à l’automne<br />
2009, le port de Bonneuil-sur-<br />
Marne n’a qu’un nombre limité<br />
de clients dans le secteur des<br />
colis <strong>lourds</strong>. «EDF y a recours<br />
ponctuellement pour de grosses pièces<br />
comme des générateurs de centrales nucléaires<br />
ou des transformateurs dépassant le gabarit<br />
routier», précise J.-P. Chaffaud. «Il y a trois<br />
ans, des silos de 20 m de longueur et 5 m<br />
de diamètre y ont également été débarqués<br />
pour le compte du SIAAP, qui les utilise pour<br />
stocker les boues de la station d’épuration de<br />
Valenton».<br />
Dans ces transports de colis <strong>lourds</strong> ou volumineux,<br />
le rôle du Port autonome consiste à<br />
mettre à disposition le quai et à autoriser, au<br />
titre d’une convention, le stationnement des<br />
colis pour le temps nécessaire aux opérations.<br />
La manutention, qui constitue une des parties<br />
les plus délicates de ce transport, relève de<br />
la compétence du chargeur et de ses prestataires<br />
privés. Le port ne disposant pas de<br />
portique dédié aux colis <strong>lourds</strong>, l’installation<br />
provisoire d’une grue est nécessaire. Dans<br />
le cas présent, le recours à deux grues d’une<br />
capacité de 250 à 300 t sera nécessaire. «Le<br />
quai de Bonneuil-sur-Marne, construit dans les<br />
années 1930, a été calculé pour des charges<br />
classiques de 6 à 8 t par m 2 », explique Jean-<br />
Pierre Chaffaud. «Les ancrages et le rideau de<br />
palplanche ont été dimensionnés pour cela.<br />
Lorsque l’activité colis <strong>lourds</strong> s’est développée,<br />
nous avons fait faire des études particulières<br />
pour vérifier la tenue du quai. D’autres<br />
quais du port de Bonneuil-sur-Marne sont plus<br />
résistants, mais présentent l’inconvénient d’être<br />
moins accessibles par transport routier, ou<br />
d’être amodiés à des opérateurs privés».<br />
Deux grues sont rendues nécessaires non par la masse<br />
mais par la longueur de cette colonne de distilation, embarquée<br />
sur barge à Bonneuil-sur-Marne.<br />
A travers l’ile-de-France, d’autres quais du Port<br />
autonome de Paris ont la capacité d’accueillir<br />
des colis <strong>lourds</strong>: c’est le cas à Montereau, à<br />
Corbeil, à Evry où un terre-plein a été spécialement<br />
aménagé à proximité d’une rampe<br />
Ro-Ro, à Charenton où l’accès routier est plus<br />
difficile, à Gennevilliers et à Limay. A Bruyère-sur-Oise,<br />
le quai est en cours de réfection<br />
et sera livré au cours de l’année 2009. Dans<br />
Paris, les quais de la Seine n’offrent actuellement<br />
aucun poste à colis lourd.<br />
Cette situation pourrait être amenée à évoluer,<br />
car EDF serait intéressé par des transports de<br />
transformateurs au cœur même de la capitale.<br />
«Les colis <strong>lourds</strong> transitant sur les quais du PAP<br />
sont des produits industriels, des éléments de<br />
construction ou d’infrastructures (comme des<br />
éléments de pont) ou encore des composants<br />
d’usines. Des transports d’éoliennes sont également<br />
en projet», explique Christophe Du<br />
Chatelier, responsable de ces dossiers au<br />
département de l’action commerciale et de<br />
la logistique du PAP. «Au-delà du transport<br />
fluvial, le fluvio-maritime, qui est possible sur<br />
la Seine aval, est très intéressant pour l’exportation<br />
de colis <strong>lourds</strong> car un certain risque est<br />
toujours présent lors des ruptures de charge, la<br />
manutention de ces colis <strong>lourds</strong> étant particulièrement<br />
délicate. EDF s’intéresse par exemple<br />
au fluvio-maritime pour des trajets entre les<br />
régions parisienne et lyonnaise». E. B. n<br />
Dossier<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 19
Dossier<br />
Le client partenaire<br />
De par son expérience pluridisciplinaire, le commissionnaire de transport<br />
est bien souvent une pièce maîtresse de la logistique des colis <strong>lourds</strong>. <strong>NPI</strong><br />
a rencontré Guy Taquard et Jean-François Chantreau, en charge notamment<br />
de la logistique lourde d’Alstom.<br />
G<br />
uy Taquard, ancien responsable des<br />
transports à l’exportation d’Alstom,<br />
organise aujourd’hui les envois du groupe au<br />
travers de sa propre entreprise de commission<br />
de transport, Logistique Express International.<br />
Dernière grosse opération en date, l’organisation<br />
à l’automne 2008 de l’expédition de<br />
3 200 t de matériels destinés à la centrale<br />
nucléaire d’Oskarshamn, en Suède. «Un navire<br />
Ro-Ro avait été affrété pendant un mois et<br />
demi pour cette opération. 3 rotations étaient<br />
planifiées entre Anvers et la Suède; il s’agissait<br />
à chaque fois d’organiser, en flux tendus, le préacheminement<br />
terrestre des composants». Le<br />
premier colis, un stator de 462 t, a été acheminé<br />
par rail depuis Belfort jusqu’au terminal à<br />
colis <strong>lourds</strong> du port de Strasbourg, où il a eu<br />
l’honneur d’inaugurer le nouvel équipement<br />
du portique du PAS.<br />
Le même type d’opération devrait se répéter<br />
cette année en direction du Mexique. De<br />
façon générale, le marché de l’énergie représente<br />
un formidable potentiel pour le colis<br />
lourd fluvial. «Entre la grande exportation et, au<br />
niveau national, les opérations de maintenance<br />
et le développement d’une nouvelle génération<br />
de centrales, il y a quinze ans de travail, si ce<br />
n’est plus», indique G. Taquard.<br />
Pour charger ses colis au port de Strasbourg et<br />
trouver des bateaux pour les transporter, LEI<br />
fait appel à Mondia (groupe Wincanton). L’activité<br />
«colis <strong>lourds</strong>» de cet opérateur a porté en<br />
2008 sur un volume de plus de 33 000 t, soit<br />
un colis de 140 t par jour. il s’agit pour l’essentiel<br />
de pièces produites par Alstom ou par<br />
l’usine GE de Belfort. De fait, la disponibilité<br />
du transport fluvial et les équipements du port<br />
de Strasbourg sont indispensables à l’industrie<br />
belfortaine. «ce schéma peut se trouver<br />
en concurrence avec les ports du Sud, mais<br />
à l’heure actuelle la densité des compagnies<br />
maritimes touchant les ports du nord et la fiabilité<br />
de ces derniers font aisément la différence.<br />
Sur le Grand Est, nous disposons aussi du port<br />
de Frouard, mais des problèmes d’itinéraire<br />
nous obligent à passer par Strasbourg pour<br />
les colis très <strong>lourds</strong>», confirme Jean-François<br />
Chantreau, responsable projets industriels<br />
chez Mondia.<br />
UN TRANSPoRT qUI N’A PAS DRoIT<br />
AU RISqUE<br />
La première contrainte du secteur est en effet<br />
liée aux autorisations de transport nécessaires<br />
aux convois exceptionnels routiers. «certains<br />
Au port de Strasbourg, chargement d’éléments à destination de la centrale nucléaire d’oskarshamn (Suède).<br />
transports ont beau être récurrents, l’ouverture<br />
d’un itinéraire à un transport exceptionnel n’est<br />
jamais acquise. L’obtention d’une autorisation<br />
prend du temps, alors que les délais accordés<br />
par les donneurs d’ordre sont de plus en plus<br />
courts», se plaint G. Taquard. La réglementation<br />
est aujourd’hui totalement différente d’un<br />
pays à l’autre en Europe. La Belgique et les<br />
Pays-Bas imposent là où c’est possible l’utilisation<br />
de la voie d’eau. En Allemagne, les<br />
convois routiers ocirculent obligatoirement<br />
de nuit sur autoroute, ce qui est interdit en<br />
France.<br />
Les opérations de manutention et d’arrimage<br />
constituent un autre volet important. Alors<br />
que les contrats de transport sont en général<br />
départ usine – FOB port d’embarquement<br />
maritime, quand ils ne couvrent pas l’ensemble<br />
du transport jusqu’à destination, «le premier<br />
risque du métier est que tout ne soit pas prévu.<br />
cela peut vite coûter des millions et mettre à<br />
mal une réputation», indique J.-F. Chantreau.<br />
Certains colis nécessitent que la cale du<br />
bateau soit équipée de tôles de répartition de<br />
charge et de poutrelles de renforcement. il est<br />
aussi important de bien étudier les plans des<br />
colis, qui sont tous différents, pour calculer le<br />
centre de gravité et opter pour les techniques<br />
d’élingage adaptées.<br />
«Le transport exceptionnel est un métier où<br />
le partenariat avec le client est important»,<br />
résume-t-il. En France, il a également un rôle<br />
prépondérant en matière d’assurance. «Le<br />
chargeur qui voudrait organiser son transport<br />
en direct devra multiplier les contacts et donc<br />
les risques», ajoute G. Taquard.<br />
Aujourd’hui pourtant, les opérateurs se retrouvent<br />
souvent face à des acheteurs plutôt que<br />
des techniciens. L’élément prix devient alors<br />
prépondérant – au détriment de la sécurité?<br />
«La différence de prix ne doit pas s’expliquer<br />
par des économies au niveau des procédures<br />
de chargement. Bien sûr, il y a toujours un<br />
danger, et les notes de calcul que nous établissons<br />
pour chacune des opérations d’un transport<br />
sont là pour en assurer la maîtrise – mais<br />
pour cela l’expérience est importante», note<br />
J.-F. Chantreau. Par ailleurs le secteur des<br />
colis <strong>lourds</strong> n’est pas exempt d’éthique: «nous<br />
nous sommes fixés une règle qui est, pour chaque<br />
tronçon d’un voyage, de faire intervenir les<br />
transporteurs locaux en priorité», assure ainsi<br />
G. Taquard. N. S. n<br />
20 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Doc LEI
La grande distribution embarque<br />
pour le fluvial<br />
Avec des schémas logistiques variant en fonction de la situation de<br />
leurs entrepôts, les enseignes françaises de grande distribution ont<br />
aujourd’hui recours au transport fluvial pour une partie de leurs<br />
conteneurs maritimes à l’importation. Quelques exemples avec<br />
Auchan, Carrefour et Casino.<br />
A<br />
l’heure actuelle, seuls les trajets entre<br />
les ports maritimes et les entrepôts sont<br />
concernés par la voie d’eau, les flux entre les<br />
entrepôts et les magasins étant, sauf exception<br />
rarissime, confiés au transport routier.<br />
Certains distributeurs font de la voie d’eau un<br />
axe de communication, comme Monoprix, qui<br />
utilise ce mode depuis 2003 entre Le Havre et<br />
Gennevilliers (nPI août 07, p. 272) et met en<br />
avant ce choix écologique dans sa communication<br />
à destination du grand public. D’autres<br />
enseignes, utilisatrices de la voie d’eau depuis<br />
de nombreuses années pour des raisons<br />
économiques, semblent seulement réaliser<br />
aujourd’hui le parti qu’elles peuvent tirer d’un<br />
affichage auprès de leurs clients de l’utilisation<br />
de ce mode de transport, à l’heure où<br />
le développement durable tient le haut de<br />
l’affiche.<br />
LA VoIE D’EAU EST éCoNoMIqUE<br />
C’est le cas par exemple d’Auchan, groupe<br />
pour lequel le transport fluvial a concerné<br />
5 193 EVP en 2007, soit 53% de l’activité<br />
import en France et jusqu’à 64% sur l’axe<br />
rhodanien. «Auchan utilise le transport fluvial<br />
depuis 1995, d’abord pour des raisons économiques,<br />
mais aussi de flexibilité, car les conteneurs<br />
sont stockés dans les ports intérieurs, plus<br />
près de l’entrepôt», explique Léandre Boulez,<br />
directeur général d’Auchan import-export.<br />
Les trois plates-formes françaises d’Auchan,<br />
situées à Lesquin, Villabé et Mésyeux, sont<br />
chacune proche d’un terminal intérieur, soit<br />
respectivement Lille, Paris et Lyon. L’importation<br />
se fait par le port maritime le plus proche:<br />
Le Havre pour Paris (1 419 EVP), Fos pour<br />
Lyon (2 049 EVP) et Dunkerque ou Anvers<br />
pour Lille (1 725 EVP).<br />
La même stratégie, consistant à utiliser le port<br />
maritime le plus proche de l’entrepôt, s’appli-<br />
que dans les autres pays européens. Pour les<br />
post-acheminements, qui concernent à 98%<br />
des conteneurs de 40’, le distributeur utilise<br />
au maximum la barge ou le rail, le recours<br />
au camion se limitant aux derniers kilomètres.<br />
«En Espagne, c’est le rail qui est utilisé<br />
au départ des ports maritimes. En Italie, nous<br />
n’avons pas obtenu de bonnes conditions pour<br />
le rail et utilisons donc la route entre Gênes et<br />
Chargeurs<br />
Milan. En France, les trois axes fluviaux principaux<br />
sont desservis suffisamment régulièrement.<br />
Et nous avons obtenu des douanes des<br />
facilités sur le trajet entre le port maritime et<br />
le port intérieur, même si la fluidité est affectée<br />
sur la Seine par l’absence d’écluse à «Port<br />
2000». Du point de vue du chargeur, le fluvial<br />
et le rail ne sont presque jamais concurrents,<br />
mais complémentaires. A destination de Lyon<br />
et de Paris, par exemple, il y a beaucoup plus<br />
de capacité sur le fleuve. En Italie, au contraire,<br />
la géographie ne permettra jamais le développement<br />
du transport fluvial. A Paris, nous<br />
continuerons d’utiliser le port de Gennevilliers:<br />
Bonneuil-sur-Marne ne se développera pas<br />
significativement, car entre les deux il y a Paris<br />
et le pont neuf», souligne L. Boulez.<br />
D’autres contraintes techniques freinent le<br />
recours d’Auchan au fluvial, l’empêchant<br />
d’atteindre son objectif de 2/3 des conteneurs<br />
non confiés à la route. Sont ainsi cités<br />
par L. Boulez: le sous-investissement dans<br />
les infrastructures, posant des problèmes<br />
de connexion dans les ports maritimes; les<br />
chômages des écluses en août et septembre,<br />
Le groupe Auchan est, depuis 1995, un client régulier<br />
du service Logiseine.<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 21<br />
Doc. grand port maritime du Havre
Chargeurs<br />
L’utilisation du Rhône par les enseignes de la grande distribution fait désormais l’objet d’une charte.<br />
mois très chargés pour les importations de la<br />
grande distribution; ou encore les tarifs trop<br />
élevés de la manutention.<br />
PoRTS INTéRIEURS = fIABILITé<br />
Premier groupe de grande distribution en<br />
France, carrefour y reçoit chaque année<br />
16 000 conteneurs maritimes, dont 80% arrivent<br />
par Le Havre et 20% par Fos. Parmi ces<br />
16 000 EVP, 40 % (6 400 EVP) ont utilisé le<br />
transport fluvial en 2008. Le textile, avec 3 200<br />
EVP, constitue le principal de ces trafics fluviaux.<br />
«nous avons commencé à utiliser le<br />
fluvial en 2002», explique Jean-Claude Coutant,<br />
responsable des flux non-alimentaires<br />
du groupe carrefour. «nous sommes passé à<br />
25% de part modale dès 2003, avec la montée<br />
en charge de notre entrepôt textile de Seine-et-<br />
Marne, alimenté depuis les ports de Bonneuilsur-Marne<br />
et Gennevilliers. carrefour a décidé<br />
d’utiliser le transport fluvial pour satisfaire aux<br />
objectifs de développement durable, mais aussi<br />
parce qu’il est source de fiabilité et de gains<br />
financiers. Depuis Gennevilliers ou Bonneuilsur-Marne,<br />
nous organisons plus facilement<br />
nos flux à destination de nos entrepôts que<br />
depuis Le Havre».<br />
En 2007, la part modale de la route était de<br />
65% pour l’ensemble des entrepôts carrefour<br />
(60% en 2008) et de seulement 22% pour<br />
ceux utilisant le fluvial: Bondoufle, Vert-Saint-<br />
Denis et Cuisery. Outre le fluvial, carrefour<br />
veut également se lancer dans le fer pour ses<br />
conteneurs, avec un projet de navette ferroviaire<br />
entre Dourges et Bordeaux.<br />
Malgré les avantages reconnus au transport<br />
fluvial, le distributeur a développé une<br />
stratégie consistant à consolider les flux au<br />
départ de la Chine, afin d’éviter les ruptures<br />
de charge en Europe. Par exemple en utilisant<br />
des conteneurs de 20’, directement acheminés<br />
vers les magasins sans passer par les<br />
entrepôts: cette option a concerné 230 EVP en<br />
2008. «L’objectif de réduction du cO 2 passant<br />
par une réduction du nombre de km parcourus<br />
amène également le groupe à rapprocher<br />
les entrepôts régionaux des magasins, ce qui<br />
peut les éloigner des axes fluviaux», regrette<br />
J.-C. Coutant. «nous allons néanmoins continuer<br />
à faire du fluvial, en prenant davantage en<br />
compte ce mode de transport pour choisir les<br />
lieux d’établissement de nos entrepôts».<br />
UN MoDE DE TRANSPoRT<br />
STRATégIqUE<br />
Easydis, la filiale logistique du groupe casino<br />
spécialisée dans l’organisation des transports<br />
et l’exploitation des entrepôts, a commencé à<br />
utiliser le transport fluvial pour l’acheminement<br />
des conteneurs maritimes en 2006. C’est en<br />
2008 que la volonté d’utiliser la voie d’eau<br />
s’est réellement concrétisée, mais les grèves<br />
touchant le port de Fos n’ont pas permis de<br />
dépasser les 200 EVP. Les flux concernent des<br />
articles de bazar: les conteneurs chargés sur<br />
barge à Fos, sont déchargés à Lyon et acheminés<br />
par camion vers les entrepôts de Vienne<br />
et Saint-Etienne. Pour ces deux sites, le fluvial<br />
représentait 11% des flux import depuis Fos<br />
en 2008. «nous avons établi un plan de marche<br />
pour atteindre 50% de part modale pour le<br />
fluvial à destination de ces deux entrepôts d’ici<br />
la fin 2010», précise David Collas, directeur<br />
des transports du groupe casino. Historiquement,<br />
les entrepôts d’importation d’Easydis ont<br />
été implantés dans le Midi et le centre de la<br />
France. Leur localisation n’a pas été prévue<br />
en fonction du transport fluvial, mais le groupe<br />
casino estime qu’à terme 40% de ses flux<br />
d’importation sont fluvialisables.<br />
«Le transport fluvial a pour nous un intérêt purement<br />
stratégique», souligne D. Collas. «notre<br />
société est très volontaire en ce qui concerne<br />
le développement durable et le fluvial contribue<br />
à construire une image très positive en la<br />
matière. D’un point de vue économique, les<br />
ruptures de charges sont meurtrières en terme<br />
de coût et rallongent les délais de livraison. nos<br />
premières études et les informations que nous<br />
recevons de la part de sociétés engagées dans<br />
le transport fluvial font apparaître un surcoût de<br />
20 à 30%. nous pensons malgré tout que le<br />
prix du pétrole et les taxes sur les infrastructures<br />
routières vont, à moyen terme, le rendre économiquement<br />
intéressant. nous privilégions<br />
d’ailleurs tous les modes alternatifs à la route<br />
et nous étudions actuellement avec la SncF<br />
les moyens de mettre sur les rails des flux qui<br />
utilisaient anciennement ce mode de transport<br />
et qui empruntent aujourd’hui la route».<br />
L’objectif, pour le groupe casino, est d’utiliser<br />
le transport fluvial pour les flux en provenance<br />
de la moitié Nord de la France et du Benelux,<br />
avec une approche routière jusqu’à Pagny,<br />
puis sur le fleuve jusqu’à Fos et Sète, avec<br />
des arrêts à Lyon et Valence pour alimenter<br />
les entrepôts rhônalpins. «cela nécessite des<br />
caisses mobiles pallet-wide, dans lesquelles les<br />
bargistes ou d’autres prestataires pourraient<br />
investir, après engagement de notre part sur<br />
un certain volume. Mais le groupe casino, à lui<br />
seul, n’a pas les volumes nécessaires pour ce<br />
type de transport. c’est pourquoi nous comptons<br />
sur l’implication des ports, de VnF et des<br />
Pouvoirs publics».<br />
Réunir tous les acteurs de la grande distribution<br />
sur le Rhône afin de massifier leurs transports<br />
et d’atteindre un volume conséquent de<br />
marchandises à transporter par barge: c’est<br />
l’objectif de la charte signée par Auchan, casino,<br />
carrefour, conforama, Ikea et Leroy-Merlin<br />
à l’été 2008 (nPI août 08, p. 172). Le comité<br />
de pilotage mis en place effectue actuellement<br />
des études de faisabilité pour trouver les bons<br />
partenaires.<br />
E. B. n<br />
22 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Photo Annemarie van oers
VNF : trafic en baisse,<br />
investissements en hausse<br />
Nouvelle gouvernance, budget d’investissement record de 190 Mio €<br />
et nouvelles étapes à franchir pour le projet Seine Nord Europe: telles<br />
sont les perspectives de Voies navigables de France/VNF pour l’année 2009.<br />
Le<br />
directeur général de VnF,<br />
Thierry Duclaux, a présenté les vœux<br />
de l’établissement le 20 janvier dernier en présence<br />
du président par intérim Michel Margnes,<br />
président de la compagnie nationale<br />
du Rhône/cnR, qui a déclaré qu’il allait «quitter<br />
d’un jour à l’autre la présidence de VnF».<br />
Le nom de son successeur devrait donc être<br />
connu sous peu, le nouveau conseil d’administration<br />
de VnF étant nommé prochainement,<br />
conformément aux nouveaux statuts de l’établissement<br />
qui prévoient des compétences<br />
élargies, notamment en matière de gestion de<br />
l’eau, de coopération internationale et de définition<br />
des horaires de navigation (nPI décembre<br />
08, p. 355).<br />
Thierry Duclaux, directeur général de VNF.<br />
Avant de dresser les perspectives de VnF pour<br />
2009, T. Duclaux a dressé un bilan de l’année<br />
écoulée, revenant tout d’abord sur les trafics<br />
fluviaux et la façon dont ils ont été impactés<br />
par la crise économique: après un début d’année<br />
«très prometteur», ces derniers ont en effet<br />
marqué un «net infléchissement, avec toutefois<br />
un mois de décembre à nouveau positif». Au<br />
total, le trafic fluvial s’établit à 7,42 Mld t.km<br />
pour l’année, soit un repli de 1,6% par rapport<br />
à 2007. La baisse concerne surtout les<br />
secteurs les plus liés à la crise: métallurgie et<br />
Doc. ALLO PHOTO<br />
automobile. Elle touche aussi, plus légèrement,<br />
les conteneurs et le secteur des granulats et<br />
matériaux de construction. Ce dernier, de par<br />
son poids dans les trafics fluviaux, a cependant<br />
un grand impact sur les trafics totaux.<br />
Les transports de charbon et de céréales, au<br />
contraire, enregistrent de fortes évolutions.<br />
LE CoNTRAT D’oBjECTIfS<br />
ET DE MoyENS ACCoMPLI à 98%<br />
«L’année 2008 aura également été, pour VnF,<br />
l’année de la reconnaissance et de la décision<br />
politique», a poursuivi T. Duclaux, citant à l’appui<br />
de ses propos la déclaration d’utilité publique<br />
de Seine Nord Europe, publiée le 12 septembre,<br />
et le Grenelle de l’environnement, qui<br />
«offre à VnF une ligne directrice sans précédent»<br />
et met l’accent sur «la nécessité d’accroître<br />
la part modale du fluvial, de moderniser le<br />
réseau à grand gabarit, d’étudier et de réaliser<br />
les projets de liaisons inter-bassins». Pour VnF,<br />
2008 a aussi été la dernière des quatre années<br />
de mise en œuvre du contrat d’objectif et de<br />
moyens, dont «98% des objectifs d’investissements<br />
ont été atteints»: reconstruction de six<br />
barrages sur l’Oise, rehaussement des ponts<br />
de la Moselle et du canal Dunkerque-Escaut,<br />
modernisation de la Seine aval et reconstruction<br />
de 17 barrages «parmi les plus critiques».<br />
Pour 2009, le contrat annuel de performance<br />
prévoit des investissements record, d’un montant<br />
de 190 Mio €, permettant la reconstruction<br />
de plusieurs grands barrages sur l’Oise<br />
(Boran et Venette), sur la Seine (Chatou et<br />
Le Coudray) et sur la Saône (Auxonne). En ce<br />
qui concerne le projet de liaison Seine-Escaut,<br />
2009 verra le lancement de l’appel à candidature<br />
pour le partenariat public-privé, la mise en<br />
place d’une commission inter-gouvernementale<br />
entre la France, la Wallonie et la Flandre<br />
et la signature d’un protocole d’intention entre<br />
l’État français et les quatre Régions concernées,<br />
pour définir les engagements financiers<br />
de chacun. E. B. n<br />
�Il<br />
y a 80 ans...<br />
Programme<br />
d’amélioration<br />
des voies<br />
navigables<br />
«En<br />
Au fil de l’eau<br />
1929, l’Office national<br />
de la navigation va poursuivre<br />
l’établissement de la traction électrique<br />
sur les voies navigables françaises.<br />
La concession du halage électrique sur<br />
l’Escaut a été demandée par la chambre<br />
de commerce de Valenciennes. En même<br />
temps, l’administration des Travaux publics se<br />
prépare à mettre en adjudication le halage sur<br />
la Scarpe, autour de Douai. La ligne navigable<br />
Dunkerque-Janville (...) fera l’objet d’une<br />
attention toute spéciale. Les travaux tendent<br />
à améliorer progressivement le mouillage<br />
et à le faire passer de 1,80 m à 2,20 m. (...)<br />
En ce qui concerne la région de la Seine (...),<br />
on poursuivra l’exécution des travaux qui<br />
ont pour objet de mettre Paris à l’abri des<br />
inondations et d’améliorer la navigation entre<br />
Port-à-l’Anglais et Bougival.<br />
En ce qui concerne la grande transversale<br />
Est-Ouest, (...) on exécutera les améliorations<br />
reconnues nécessaires telles que la suppression<br />
progressive des passages rétrécis, qui limitent<br />
la capacité de la voie d’eau. A ce sujet, l’Onn<br />
étudie la réalisation rapide de l’électrification<br />
sur toute l’étendue du canal de la Marne<br />
au Rhin ainsi que sur le canal des Houillères<br />
de la Sarre, afin d’établir la liaison entre<br />
les halages électriques déjà existants. (...)<br />
En ce qui concerne la grande parallèle Est, (...)<br />
le Port autonome de Strasbourg, (...) est en<br />
train d’établir la traction électrique sur<br />
le canal du Rhône au Rhin entre Strasbourg<br />
et Mulhouse (...). On étudie également<br />
le prolongement de la traction électrique de<br />
Mulhouse à Saint-Symphorien, sur la Saône.<br />
Sur la Saône canalisée, l’administration poursuit<br />
l’étude de la création de grandes écluses entre<br />
Verdun-sur-Doubs et Saint-Jean-de-Losne (...).<br />
cette même année 1929 marquera également<br />
un grand pas en avant dans l’achèvement<br />
du canal du nord, dans la canalisation<br />
de la Moselle entre Metz et Thionville, dans<br />
la reconstruction du canal de l’Oise à l’Aisne et<br />
enfin dans l’extension du port de Strasbourg».<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 23
Au fil de l’eau<br />
Naissance<br />
de l'association<br />
«Saône-Rhin<br />
Europe»<br />
Le 5 décembre 2008 à Besançon,<br />
en présence d’une centaine de personnes<br />
et d'une marraine emblématique,<br />
Françoise Branget, députée du Doubs,<br />
l'association «Saône-Voie d'eau 2010»<br />
est devenue «Saône-Rhin Europe».<br />
Cette nouvelle dénomination permet<br />
de mettre en exergue l'objectif prioritaire<br />
de l'association: afficher la dimension<br />
intrinsèquement européenne du projet<br />
et aboutir à sa prise en compte dans<br />
les RTE-T, pour une réalisation à l’horizon<br />
2025/2030. L'étude socio-économique<br />
portant sur un «nouveau projet de liaison<br />
fluviale entre la Saône et le Rhin supérieur»,<br />
qui s'achève sous le pilotage du Conseil<br />
général du Haut-Rhin, sera rendue publique<br />
prochainement.<br />
L'association bénéficie du renfort explicite<br />
de la députée du Doubs, Françoise Branget.<br />
Celle-ci a présenté son travail parlementaire<br />
en faveur d'un rééquilibrage des modes<br />
de transport, par une meilleure prise<br />
en compte du transport fluvial dans les<br />
orientations et décisions gouvernementale.<br />
Elle prône un véritable «Plan Marshall»<br />
en faveur du fluvial, basé sur la rénovation<br />
et la modernisation des infrastructures,<br />
la valorisation des ports et la poursuite<br />
du maillage inter-bassins. A cette fin,<br />
F. Branget a initié un «Comité de valorisation<br />
de la voie d'eau Saône-Rhin» auquel<br />
adhère déjà une quinzaine de parlementaires<br />
de Franche-Comté, de Bourgogne<br />
et d'Alsace. La députée a l'ambition de faire<br />
évoluer l’esprit des élus en faveur<br />
du transport fluvial.<br />
Photo Annemarie Van oers<br />
La mise au gabarit de 3 000 t de la petite Seine devrait faciliter le développement du trafic de conteneurs du port<br />
de Nogent.<br />
Bray-Nogent :<br />
vers le grand gabarit ?<br />
Suite au rapport présenté par Pierre Verdeaux à Dominique Bussereau,<br />
VNF se voit confier la réalisation d’études techniques et économiques<br />
sur le passage à grand gabarit de la petite Seine entre Bray-sur-Seine<br />
et Nogent-sur-Seine.<br />
La<br />
cause de l’élargissement de la Haute-Seine<br />
entre Bray-sur-Seine et<br />
Nogent-sur-Seine peinait à convaincre les<br />
décideurs politiques. Elle a été remise sur<br />
le devant de la scène comme une compensation<br />
pour la Ville de Provins qui perdra, à<br />
l’occasion de la révision de la carte militaire,<br />
son régiment de hussards. Dominique Bussereau<br />
avait commandé, en octobre 2007,<br />
un rapport sur le sujet à Pierre Verdeaux,<br />
ingénieur en chef des Ponts et Chaussées.<br />
«D’après les contacts que j’ai eus, les convois<br />
de 5 000 t en amont de Paris ne paraissent<br />
pas pertinents. D’un point de vue écologique,<br />
l’aménagement de la petite Seine entraînerait<br />
des rescindements de boucle trop importants»,<br />
déclare ce dernier. La solution retenue est<br />
donc d’agrandir les écluses entre Bray-sur-<br />
Seine et Nogent-sur-Seine au gabarit de<br />
110 x11,80 m, pour permettre le passage de<br />
bateaux de type rhénan chargés à 3 000 t<br />
avec un enfoncement de 2,80 m .<br />
Cet aménagement nécessite un budget total<br />
de 180 Mio €, alors que le rescindement des<br />
boucles nécessiterait 70 Mio € supplémentaires.<br />
D’après les études réalisées par VnF<br />
et le Port de Nogent-sur-Seine, le passage au<br />
grand gabarit permettra de doubler le trafic<br />
fluvial de vracs et de faire passer le trafic de<br />
conteneurs de 8 000 à 20 000 EVP. Le gain<br />
économique, par rapport au brouettage routier<br />
actuellement réalisé vers l’aval, est estimé<br />
à 10 Mio € par an. Le financement pourrait<br />
donc, selon une analyse identique à celle<br />
réalisée pour Seine Nord Europe, être réalisé<br />
pour moitié grâce à un sur-péage qui ne<br />
représenterait que 10% de l’avantage économique<br />
retiré de la réalisation de cet équipement<br />
par ses futurs utilisateurs.<br />
Les études socio-économiques, techniques,<br />
hydrauliques et environnementales, confiées<br />
à VnF, seront achevées fin 2010 et un débat<br />
public sera organisé en 2011, le démarrage<br />
des travaux pouvant intervenir dès 2015. D’ici<br />
là, Dominique Bussereau a demandé à VnF<br />
d’améliorer le fonctionnement de l’infrastructure<br />
actuelle en amont de Paris et d’en assurer<br />
l’ouverture à la navigation 14 heures par<br />
jour.<br />
L’élargissement du gabarit de la petite Seine<br />
est une demande récurrente des chargeurs<br />
de la région de Nogent-sur-Seine où de<br />
grands investissements industriels ont été<br />
réalisés récemment. Par le passé, le passage<br />
au gabarit de 1 000 t avait permis de doubler<br />
le trafic sur cet axe.<br />
E. B. n<br />
24 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Photo Rogine
Titres de navigation : un 1 er bilan<br />
La réforme des commissions de surveillance a été mise en place il y a un<br />
an (<strong>NPI</strong> mai 08, p. 109). L’occasion de faire le point sur la question avec<br />
Matthieu Chabanel, sous-directeur des ports et du transport fluvial<br />
au MEEDDAT.<br />
<strong>NPI</strong>/Navigation, Ports et Industries - Un<br />
an après, quels enseignements tirezvous<br />
de la mise en place des nouvelles<br />
procédures en matière de titres de<br />
navigation ?<br />
Matthieu Chabanel - il est difficile de tirer<br />
tous les enseignements d’une telle réforme<br />
après une seule année d’application. Les<br />
nouvelles procédures mises en place en janvier<br />
2008 prévoient l’ensemble des contrôles<br />
nécessaires à la délivrance des titres de navigation<br />
et la création de services instructeurs<br />
placés auprès de six préfets de département<br />
aux compétences territoriales élargies. Ces<br />
services s’appuient sur l’intervention de commissions<br />
de visite qui viennent contrôler les<br />
bateaux. Le constat général est assez positif,<br />
même si les résultats peuvent être contrastés<br />
d’une région à l’autre. Le taux de contre-visite,<br />
assez important en début de période, a eu tendance<br />
à diminuer au cours de l’année 2008.<br />
Le cadre est plus strict, certes, mais l’action de<br />
l’État est également mieux encadrée avec des<br />
délais imposés à ses services. L’ancien dispositif<br />
ne prévoyait aucun délai, aucune procédure<br />
précise. Aujourd’hui, l’État s’engage pour<br />
un traitement équitable: l’usager bénéficie de<br />
plus de garanties.<br />
<strong>NPI</strong> - L’administration a-t-elle prévu<br />
des moyens supplémentaires pour<br />
mener à bien cette réforme ?<br />
M. Chabanel - La sécurité des transports<br />
fait partie des priorités de l’Etat: les moyens<br />
dont dispose notre administration ont donc<br />
connu une évolution favorable. Surtout, le<br />
regroupement de ces moyens au sein de six<br />
services seulement rendra notre action plus<br />
efficace. Dans le cadre de procédures plus<br />
rigoureuses, nous voulons obtenir plus de fluidité,<br />
avec le même niveau de sécurité. Cette<br />
action traduit notre volonté de moderniser et<br />
développer le transport fluvial, sans transiger<br />
en rien sur les obligations de sécurité.<br />
<strong>NPI</strong> - quel rôle est réservé par la réforme<br />
aux experts fluviaux ?<br />
M. Chabanel - Les textes actuels prévoient<br />
la présence de l’expert lors de l’intervention de<br />
la commission de visite sur le bateau. Au vu du<br />
bilan de cette première année, cette obligation<br />
sera rapidement supprimée par voie réglementaire.<br />
Si, en revanche, un gros problème<br />
apparaît lors de la première visite, la présence<br />
de l’expert sera requise lors de la contre-visite.<br />
Par ailleurs, les experts fluviaux ne bénéficient<br />
plus aujourd’hui de l’agrément de l’administration:<br />
le service instructeur et la commission de<br />
visite contrôlent leur travail, il n’est donc pas<br />
nécessaire de le faire en amont. Néanmoins,<br />
nous travaillons avec la profession à la définition<br />
de bonnes pratiques pour ce métier.<br />
L’idée est de mettre en place une norme,<br />
interne à la profession, qui précise les références<br />
que doivent respecter les experts.<br />
<strong>NPI</strong> - quel bilan tirer de l’autorisation<br />
de la conduite seul à bord ? Combien<br />
de bateaux sont aujourd’hui<br />
concernés ?<br />
M. Chabanel - L’expérimentation de la<br />
conduite seul à bord a eu lieu tout au long de<br />
l’année 2007 pour les bateaux de moins de<br />
40 m et a été prolongée de six mois jusqu’en<br />
juillet 2008. Depuis cette date, la conduite seul<br />
à bord a été réglementée pour les bateaux<br />
jusqu’à 55 m, avec également un périmètre<br />
territorial plus large. Aujourd’hui, seules sont<br />
exclues les voies navigables internationales<br />
(Rhin et Moselle) et les zones où la navigation<br />
est particulièrement difficile, à savoir le Rhône<br />
et les zones maritimes des grands fleuves.<br />
Avec seulement vingt bateaux depuis juillet, la<br />
conduite seul à bord concerne une population<br />
peu importante car elle trouve ses limites dans<br />
les durées de navigation. De nouvelles demandes<br />
pourraient être exprimées, par exemple à<br />
l’occasion de renouvellements de titres. Nous<br />
sommes maintenant assurés que cela ne<br />
présente pas de risque: dans ces conditions,<br />
autant offrir aux bateliers un ensemble de possibilités<br />
dans le cadre du développement du<br />
transport fluvial. il leur revient de les mettre en<br />
pratique ou non.<br />
<strong>NPI</strong> - La directive européenne qui<br />
imposait la réforme des commissions<br />
de surveillance nécessite une nouvelle<br />
transposition: à quelle évolution de<br />
la réglementation faut-il s’attendre à<br />
l’avenir ?<br />
M. Chabanel - La réforme des commissions<br />
de surveillance s’inscrivait en effet dans<br />
le cadre de la transposition d’une directive<br />
européenne, qui prévoit aussi des règles techniques<br />
sur les bateaux: cette nouvelle transposition<br />
aura lieu en ce début d’année 2009.<br />
Ces nouvelles règles assureront une meilleure<br />
cohérence entre les règles européennes<br />
et rhénanes. Ainsi, la décision de principe<br />
a été prise de l’acceptation sur le Rhin des<br />
bateaux munis d’un certificat communautaire<br />
et un groupe de travail international prépare<br />
l’évolution en parallèle des réglementations<br />
rhénanes et communautaires. il faut maintenant<br />
régler les questions techniques pour que<br />
cela se mette en place. Par ailleurs, le projet<br />
«Naïades» va vers un renforcement des normes<br />
européennes en matière de règles de<br />
conduite et d’équipage des bateaux. Nous<br />
avons la volonté de moderniser et développer<br />
le transport fluvial, la priorité est donc donnée<br />
à l’ensemble de ces dossiers, qui sont actuellement<br />
sur le dessus de la pile.<br />
Propos recueillis par Etienne Berrier n<br />
Pratique<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 25<br />
Photo E. Berrier/Doc. <strong>NPI</strong>
Pratique<br />
»<br />
La crise économique a donné un coup d’arrêt au développement des trafics portuaires<br />
européens, pourtant important au cours des trois premiers trimestres de l’année 2008. Certains<br />
ports affichent néanmoins des résultats en hausse. Du Nord au Sud, les résultats chiffrés des<br />
trafics disponibles pour les principaux ports européens.<br />
HAMBoURg (*)<br />
Le trafic du port de Hambourg, toutes marchandises<br />
confondues, s’inscrit à la hausse<br />
grâce aux exportations de céréales de la fin<br />
de l’année: il atteindra probablement 142 à<br />
143 Mio t pour 2008, contre 140 Mio t en<br />
2007. Après des années de hausse ininterrompue,<br />
le trafic de conteneurs se stabilise sous la<br />
barre des 10 Mio EVP en 2008. C’est du moins<br />
la tendance annuelle des onze premiers mois,<br />
que le port extrapole à 9,8 Mio EVP pour l’ensemble<br />
de l’année. Alors que les échanges de<br />
conteneurs avec l’Asie sont en légère chute,<br />
les trafics feeder intra-européens perdent<br />
2,1% sur les dix premiers mois.<br />
AMSTERDAM (*)<br />
Les ports d’Amsterdam, Beverwijk, Velsen et<br />
Zaanstad ont vu leurs trafics augmenter de<br />
4% en 2008, pour atteindre 90,9 Mio t. Le seul<br />
port d’Amsterdam, avec 72,4 Mio t, a quant à<br />
lui connu une progression de 7%, identique à<br />
celle déjà enregistrée l’année précédente. Ce<br />
sont les produits pétroliers qui marquent la<br />
croissance la plus importante, passant de 24,9<br />
à 28,7 Mio t. Le trafic de charbon, en revanche,<br />
n’atteint que 16,5 Mio t, soit une baisse<br />
de 4% due à l’importance des stocks. Quant<br />
aux conteneurs, leur nombre augmente de<br />
10%, passant de 386 000 à 425 000 EVP.<br />
RoTTERDAM<br />
Baromètre<br />
Ports maritimes européens :<br />
la crise après la croissance<br />
Avec 420,3 Mio t de trafic, Rotterdam signe<br />
un nouveau record en 2008, augmentant son<br />
activité de 2,7% et confortant sa place incontestée<br />
de premier port européen. Les entrées,<br />
qui constituent 74% des transbordements,<br />
sont en hausse de 3,9%, tandis que les sorties<br />
baissent de 0,5%. Avec 10,8 Mio EVP, le nombre<br />
de conteneurs reste stable à Rotterdam.<br />
Les 288 Mio t de vracs manutentionnés s’inscrivent<br />
en hausse de 3,7%. Cette croissance<br />
est forte dans les vracs secs, dont les importations<br />
ont augmenté de 4,4%, à 85,9 Mio t.<br />
Plus précisément, les entrées de ferrailles et<br />
minerais affichent +9% avec 40,5 Mio t et<br />
celles de produits agroalimentaires +10,4% à<br />
8,4 Mio t. L’évolution est encore plus marquée<br />
dans les vracs liquides, dont les importations<br />
ont augmenté de 4,6% à 159 Mio t, malgré<br />
une baisse de 3% des arrivages de brut<br />
(99,7 Mio t), compensée par la hausse des<br />
entrées de produits pétroliers (+6,2% à<br />
35,9 Mio t) et de produits chimiques (+9,3%<br />
à 23,4 Mio t).<br />
ANVERS<br />
Le port d’Anvers affiche pour 2008 une<br />
hausse de 3,5% de ses trafics, qui atteignent<br />
189,4 Mio t, établissant leur septième record<br />
consécutif. Avec 8,7 Mio EVP, les conteneurs<br />
sont en progression de 6%. Le bulk est en<br />
hausse de 4% à 66,7 Mio t, principalement tiré<br />
par les vracs secs. Les trafics de vracs liquides<br />
affichent en revanche une légère baisse<br />
de 0,7% à 39,3 Mio t. Les produits chimiques,<br />
spécialité anversoise, sont en hausse de 4%.<br />
Les trafics rouliers sont en très léger repli en<br />
2008 (-0,3%) avec 4,4 Mio t: 343 000 véhicules<br />
en entrée et 618 000 à l’exportation.<br />
Les trafics d’acier, après une année 2007<br />
exceptionnelle, sont en baisse de 21,4% à<br />
Le port d’Anvers a vu son activité conteneurs<br />
progresser de 6% en 2008.<br />
10,5 Mio t. Les produits forestiers chutent de<br />
18% à 2,7 Mio t, tandis que les fruits augmentent<br />
de 1% à 1,3 Mio t.<br />
26 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
gAND<br />
Le trafic maritime de 27 Mio t réalisé par le<br />
port de Gand en 2008, en augmentation de<br />
7,7% par rapport à 2007, constitue un record,<br />
de même que le trafic fluvial de 20 Mio t, qui<br />
affiche quant à lui une progression de 13%<br />
par rapport à l’année précédente. En ce qui<br />
concerne le trafic maritime, les produits pétroliers<br />
connaissent une progression de 44,6%,<br />
atteignant 3,2 Mio t. Le trafic de charbon
est lui aussi en forte augmentation : +23,3%<br />
à 4,2 Mio t. Parmi les autres hausses, citons<br />
les matériaux de construction (+25,9% à<br />
1,6 Mio t) et les produits métallurgiques<br />
(+12,7% à 2,8 Mio t). Les produits alimentaires,<br />
en revanche, sont à la baisse (-5% à<br />
3,6 Mio t) de même que les minerais et ferrailles<br />
(-3,3% à 5,9 Mio t). Les conteneurs,<br />
enfin, affichent avec 441 000 EVP une progression<br />
de 6,1%, tandis que le trafic roulier<br />
chute de 12,3% à 1,7 Mio t.<br />
ZEEBRUggE<br />
Avec 42 Mio t, Zeebrugge affiche en 2008 un<br />
total de trafic identique à celui de l’année précédente.<br />
Ce chiffre recèle néanmoins de fortes<br />
disparités: les conteneurs sont en hausse<br />
de 8,7% à 2,2 Mio EVP, tandis que les trafics<br />
rouliers, spécialité du port, sont en nette baisse<br />
de 9,1% à 11,8 Mio t, soit 925 000 camions<br />
ou remorques. Pour la première fois depuis<br />
dix ans, le nombre de voitures neuves est en<br />
diminution de 6,8% avec 2 060 000 véhicules.<br />
Les vracs liquides, en revanche, affichent<br />
une hausse de 6% à 6,2 Mio t, tandis que les<br />
trafics de vracs secs sont en baisse de 2,9%<br />
à 1,9 Mio t.<br />
DUNkERqUE<br />
A la fin du mois de novembre, le port de Dunkerque<br />
affichait encore une hausse de ses trafics<br />
de 3,5%. il a, depuis, été touché de plein<br />
A Dunkerque, les trafics sidérurgiques ont connu un brutal coup d’arrêt en fin d’année.<br />
fouet par la crise, notamment dans le secteur<br />
de la sidérurgie, et doit finalement se contenter<br />
d’une hausse de 1%, à 57,7 Mio t. Les<br />
vracs liquides affichent une croissance de 6%<br />
à 14,8 Mio t, grâce à la bonne tenue des produits<br />
pétroliers et, surtout, à l’augmentation<br />
des importations d’huile. Les minerais subissent<br />
la mauvaise conjoncture et accusent une<br />
baisse de 6% à 13 Mio t, tandis que le charbon<br />
fait mieux que résister, avec une hausse de 2%<br />
à 9,7 Mio t. Les diverses traditionnelles augmentent<br />
de 3% à 16 Mio t et les conteneurs<br />
de 9% à 215 000 EVP. En vedette, la reprise<br />
du trafic de bananes avec les Antilles et les<br />
escales régulières de deux lignes en provenance<br />
d’Asie.<br />
LE HAVRE (*)<br />
Les trafics énergétiques permettent au port<br />
du Havre de repasser pour la première fois<br />
depuis 30 ans au-dessus de la barre des<br />
80 Mio t. Malgré les mouvements sociaux,<br />
le port affiche un trafic total en hausse de<br />
1,4% à 80,5 Mio t. Avec 49,2 Mio t, les vracs<br />
liquides progressent de 6,7%: +5,8% pour<br />
le pétrole brut (34,8 Mio t) et +10,3% pour<br />
les produits raffinés (12,5 Mio t). Les vracs<br />
solides diminuent en revanche de 2,5%<br />
(4,7 Mio t), malgré l’augmentation de 10,8%<br />
des trafics de charbon. Après un bon début<br />
d’année, les conteneurs ont perdu du terrain<br />
du fait des grèves au deuxième trimestre et de<br />
la crise économique en fin de millésime. A l’arrivée,<br />
24,5 Mio t seulement de marchandises<br />
conteneurisées (-7%) soit 2,5 Mio EVP (-4%)<br />
ont été transbordées. A noter qu’un tiers de<br />
ces boîtes a été déchargé à «Port 2000». Le<br />
trafic roulier, en revanche, s’est accru de 12%<br />
en tonnage (1,8 Mio t) et de 23% en nombre<br />
(48 245 unités).<br />
RoUEN<br />
Grâce à une bonne campagne d’exportation<br />
de céréales, le port de Rouen a vu son trafic<br />
augmenter de 2% en 2008 par rapport à l’année<br />
précédente, atteignant 22,7 Mio t. Si les<br />
vracs solides affichent une belle progression<br />
de 20,4% (9,2 Mio t), le trafic hors céréales a<br />
diminué de 4,1% entre 2007 et 2008, passant<br />
de 17 Mio t à 16,3 Mio t. Ce sont surtout les<br />
produits pétroliers raffinés (8,2 Mio t; -13%)<br />
qui sont responsables de cette baisse. Le trafic<br />
total du port de Rouen s’inscrit néanmoins<br />
à la hausse, grâce en particulier aux céréales,<br />
en augmentation de 23% à 6,35 Mio t. Après<br />
une fin d’année 2007 difficile, les exportations<br />
sont reparties au printemps 2008, atteignant<br />
des records au deuxième semestre. Le port<br />
de Rouen prévoit en revanche un début d’année<br />
2009 plus difficile. En ce qui concerne les<br />
conteneurs, leur trafic est en baisse de 10,4%<br />
à 142 036 EVP pour le maritime et de 5,2% à<br />
66 600 EVP pour le fluvial.<br />
NANTES/SAINT-NAZAIRE (*)<br />
Avec 33,6 Mio t, le port de Nantes/St-Nazaire<br />
affiche une réduction de 1,3% de son activité<br />
au cours de l’année 2008, la diminution<br />
de 3,6% des trafics énergétiques n’étant que<br />
partiellement compensée par une hausse<br />
de 4% des trafics non-énergétiques. Dans<br />
les premiers, les hydrocarbures (15,5 Mio<br />
t) sont en baisse de 4,9% et le gaz naturel<br />
Pratique<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 27<br />
Photo NAI/Doc. grand port maritime de Dunkerque
Pratique<br />
grâce à la remise en service d’une tranche de la centrale de Cordemais,le trafic de charbon a progressé<br />
à Nantes/St-Nazaire.<br />
liquéfié (5,4 Mio t) de 4,3%; seul le charbon<br />
(1,7 Mio t) progresse, la hausse de 12,5% des<br />
trafics étant due à la remise en service d’une<br />
tranche de la centrale électrique de Cordemais.<br />
Dans les autres trafics, les conteneurs<br />
progressent de 2,1% en tonnage (1,7 Mio t,<br />
soit 150 000 EVP) et le roulier diminue de 5%<br />
(0,6 Mio t). Les aliments du bétail sont stables<br />
(2,1 Mio t), tandis que la plus belle hausse<br />
vient des céréales: +15,3 % à 1,3 Mio t.<br />
LA RoCHELLE<br />
Les 7,9 Mio t de trafic du port de La Rochelle<br />
relevés en 2008 traduisent une hausse de<br />
4,3% par rapport à l’année précédente. Ce<br />
bon résultat est dû en grande partie à la<br />
bonne campagne céréalière, les céréales et<br />
oléagineux (+19,6% à 3 Mio t) représentant<br />
à eux seuls près de 40% du trafic, devant les<br />
produits pétroliers (-5,5% à 2,4 Mio t). Les<br />
vracs agricoles sont également bien orientés<br />
(+6,7% à 539 000 t) de même que les produits<br />
papetiers (+13,15% à 575 000 t), tandis<br />
que les trafics de granulats perdent 11,83%<br />
à 785 500 t. Les diverses sont également en<br />
baisse: -17,66% à 92 500 t. Les conteneurs,<br />
qui représentent un tiers de ce tonnage, perdent<br />
26,1% à 2 398 EVP. L’objectif de 10 Mio<br />
t, visé par le port de La Rochelle pour 2015,<br />
passe par l’extension des terre-pleins sur la<br />
mer au profit d’un terminal vraquier.<br />
BoRDEAUx<br />
Le port de Bordeaux a connu la plus forte progression<br />
des ports maritimes français, avec un<br />
trafic total de plus de 9 Mio t, en progression<br />
de 8,4% par rapport à 2007. Ces bons chiffres<br />
sont dus à la hausse des importations de produits<br />
pétroliers raffinés (+13,8% à 4,3 Mio t)<br />
et au redémarrage des exportations de pétrole<br />
brut (+487,9% à 229 052 t). Sont également<br />
à la hausse les sorties de céréales (+19,3%<br />
à 1,2 Mio t), grâce au maïs, et les exportations<br />
d’huile (+159,7% à 149 908 t) avec de<br />
nouveaux stockages de Sea-Tank et la pré-<br />
28 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Doc. grand port maritime de Nantes/St-Nazaire<br />
sence de Diester et Saipol à Bassens. Parmi<br />
les trafics en baisse, citons les entrées de GPL<br />
(-20% à 223 154 t), d’engrais (-27% à 299<br />
727 t) et d’aliments du bétail (-31% à 152 645<br />
t). Quant aux conteneurs, ils accusent également<br />
une baisse, qui atteint 8,1% en tonnage<br />
(607 591 t) et 15,4% en nombre de boîtes<br />
(55 158 EVP).<br />
MARSEILLE<br />
A 96 Mio t, le trafic total du port de Marseille<br />
marque un recul de seulement 0,3% par rapport<br />
à 2007, malgré l’impact des grèves. Cette<br />
stabilité est due à la légère hausse de 1% des<br />
hydrocarbures qui, avec 63,1 Mio t, représentent<br />
66% du trafic total du port. Les trafics de<br />
vracs solides sont également en augmentation<br />
(+8% à 14,1 Mio t), grâce aux bons chiffres<br />
des importations de minerais (+8%) et de<br />
charbon (+18%) et, dans une moindre mesure,<br />
aux exportations de céréales (+2%). Très<br />
touchés par les grèves du printemps et par la<br />
crise économique à l’automne, les trafics de<br />
marchandises diverses marquent une baisse<br />
de 12% et peinent à atteindre 15,2 Mio t. Le<br />
nombre de conteneurs a même diminué de<br />
15% pour l’ensemble du port (847 651 EVP)<br />
et de 21% aux terminaux de Fos, plus concernés<br />
par les échanges avec l’Asie. Les diverses<br />
traditionnelles, sous le coup de la baisse des<br />
activités sidérurgiques, chutent quant à elles<br />
de 18%. E. B. n<br />
________<br />
(*) Chiffres provisoires.<br />
Les outils sont là, mais faute de fiabilité sociale le Port de Marseille peine à développer le conteneur.<br />
Doc. grand port maritime de Marseille
�<br />
Les gens<br />
Chantal<br />
Jouanno,<br />
présidente de<br />
l’Ademe/Agence de<br />
l’environnement et de la<br />
maîtrise de l’énergie, a<br />
été nommée secrétaire d’Etat à l’Ecologie, en<br />
remplacement de Nathalie Kosciusko-Morizet,<br />
partie à la Prospective et à l’Economie<br />
numérique. Conseillère pour l’environnement<br />
et le développement durable de Nicolas<br />
Sarkozy pendant la campagne présidentielle,<br />
elle a été championne de France de karaté.<br />
Diplômée de Sciences politiques et énarque,<br />
elle a été conseillère au ministère de l’intérieur<br />
à partir de 2003. Elle était présidente de<br />
l’Ademe depuis février 2008.<br />
Jean-Luc<br />
Vialla,<br />
conseiller maître à la Cour<br />
des comptes, ancien<br />
directeur général des<br />
Douanes et directeur<br />
délégué de la SAcEM, a été élu président<br />
du conseil de surveillance du Grand port<br />
maritime de Dunkerque, lors de sa séance<br />
inaugurale du 20 janvier. François Soulet<br />
de Brugière, directeur général de la Société<br />
de recherche de synergie/SRS et ancien<br />
président du conseil d’administration du<br />
PAD, a été élu vice-président. Le conseil<br />
de surveillance a par ailleurs émis un avis<br />
favorable à la désignation de Martine Bonny<br />
comme présidente du directoire.<br />
Xavier Beulin<br />
(nPI novembre 08, p. 350)<br />
et Thierry Hautier ont<br />
été élus respectivement<br />
président et vice-président<br />
du conseil de surveillance<br />
du Grand port maritime de<br />
La Rochelle lors de sa séance inaugurale du<br />
16 janvier. Un avis favorable a été émis pour<br />
la désignation de Jean-Pierre Chalus comme<br />
président du directoire.<br />
Patrick<br />
Daher<br />
a été élu président<br />
du conseil de surveillance<br />
du Grand port maritime<br />
de Marseille, lors<br />
de sa séance constitutive du 23 janvier.<br />
PDG de Compagnie Daher, équipementier<br />
et intégrateur de solutions industrielles<br />
et de service dans l’aéronautique, la défense,<br />
le nucléaire et l’automobile, P. Daher<br />
a été nommé par décret ministériel en<br />
date du 5/12/2008. il était membre du<br />
conseil d’administration du PAM depuis<br />
1999. Jacques Truau, président du Club<br />
de la croisière, ancien président du conseil<br />
d’administration du PAM, a été élu viceprésident.<br />
Le conseil de surveillance a émis<br />
un avis favorable à la désignation<br />
de Jean-Claude Terrier, actuel directeur<br />
général du GPMM, au poste de président<br />
du directoire.<br />
Pierre<br />
Guenant,<br />
président de l’Agence<br />
de développement<br />
Ouest Atlantique, a été<br />
élu président du conseil<br />
de surveillance du Grand port maritime de<br />
Nantes/Saint-Nazaire, lors de sa séance<br />
constitutive du 8 janvier. Président-fondateur<br />
du groupe PGA – une holding spécialisée dans<br />
la distribution automobile, les matériels de<br />
travaux publics, les activités viticoles ainsi que<br />
dans le capital risque/développement -,<br />
P. Guenant est diplômé de l’Ecole supérieure<br />
de commerce de Paris. Chevalier de la Légion<br />
d’honneur, commandeur des Arts<br />
et des Lettres, il est également officier<br />
de l’Ordre de la Croix de la République<br />
de Hongrie. il succède à Michel Quimbert,<br />
appelé à la présidence du Conseil supérieur<br />
de la marine marchande.<br />
Didier<br />
Dieudonné,<br />
ingénieur en chef de<br />
la fonction publique<br />
territoriale, a été nommé<br />
directeur adjoint du Port<br />
autonome de Strasbourg, en remplacement<br />
de Martial Gerlinger, promu directeur général<br />
adjoint du pôle aménagement du territoire<br />
du Conseil général du Bas-Rhin. ingénieur<br />
diplômé de l’Ecole nationale des travaux<br />
publics de l’Etat, D. Dieudonné a exercé<br />
à la DDE, au Conseil général du Bas-Rhin, ainsi<br />
qu’au Conseil régional d’Alsace, où il a été<br />
directeur des transports et des déplacements<br />
de 2005 à 2009.<br />
François<br />
Bordry,<br />
ancien président de VnF/<br />
Voies navigables<br />
de France, a été chargé<br />
par Jean-Louis Borloo<br />
et Dominique Bussereau d’une étude sur les<br />
attributions domaniales respectives du Port<br />
autonome de Paris et de VnF en ile-de-<br />
France. il devrait remettre le résultat<br />
de ses travaux au ministre dans le courant<br />
du mois de février. On ignore s’ils seront<br />
rendus publics.<br />
Philippe Grulois,<br />
représentant de la délégation belge au sein<br />
de l’UENF/Union européenne<br />
de la navigation fluviale, a pris la succession<br />
de Rinus de Korte comme président<br />
de l’organisme européen des transporteurs<br />
fluviaux. André Auderset, représentant<br />
la Suisse, a été élu vice-président.<br />
Yvan Stephan<br />
a été nommé chef du port d’Ottmarsheim<br />
en remplacement de Pascal Peterschmitt,<br />
promu directeur d’exploitation des trois sites<br />
portuaires des Ports de Mulhouse-Rhin/PMR.<br />
Pratique<br />
Janvier 2009 • Navigation Ports & Industries 29
Pratique<br />
�<br />
Vient de paraître<br />
Euromapping vient de publier la troisième<br />
édition de son ouvrage de référence, «Voies<br />
navigables d’Europe». Produite par l’auteurcartographe<br />
David Edwards-May, cette<br />
nouvelle version comprend une notice de<br />
64 pages donnant une brève description<br />
du réseau navigable de chaque pays. Les<br />
deux cartes couvrent au recto la totalité du<br />
réseau navigable d’Europe depuis l’irlande<br />
et le Portugal jusqu’à la mer Caspienne<br />
(1/4 700 000) et au verso la partie la plus<br />
dense du réseau de Dublin à Bratislava à une<br />
échelle supérieure (1/1 850 000) et avec<br />
plus de détails.<br />
Rédigée par Antoine Frémont, agrégé<br />
de géographie et directeur de recherche<br />
à l’institut national de recherche sur les<br />
transports et leur sécurité/iNRETS, cette<br />
étude tend à faire le point, un an après le<br />
Grenelle de l’environnement, sur la question<br />
des transports en France.<br />
Partout on privilégie le développement<br />
durable, mais, par manque d’infrastructures<br />
fluviales et ferroviaires, les transports routiers<br />
dominent encore largement le secteur,<br />
notamment dans les portions rurales du<br />
territoire. A partir de 23 cas concrets<br />
largement illustrés de photos et de cartes,<br />
A. Frémont tente de trouver la panacée<br />
en matière de mode de transport face aux<br />
congestions du réseau routier, à la crainte<br />
d’une trop forte dépendance énergétique ou<br />
aux exigences du développement durable. Ne<br />
faut-il pas cesser de construire de nouvelles<br />
Nouvelle carte des voies<br />
navigables d’Europe<br />
L’ouvrage donne à la fois des informations<br />
intéressantes pour le transport fluvial et la<br />
navigation de plaisance. Les principales<br />
voies d’eau à vocation industrielle sont<br />
bien identifiées, ainsi que tout le réseau<br />
de plus faible capacité, véritable toile<br />
d’araignée irriguant le continent, idéal pour<br />
la navigation de plaisance. La notice donne<br />
des informations sur les projets en cours,<br />
nouvelle construction telle que<br />
le canal Seine-Nord Europe ou réhabilitation<br />
d’anciennes voies. Elle fournit également<br />
les coordonnées des organismes de gestion<br />
des voies navigables ainsi que<br />
des associations de navigation.<br />
«Voies navigables d’Europe, carte et notice<br />
descriptive», Euromapping, 16 €.<br />
www.eurommaping.com<br />
Courriel: info@euromapping.fr<br />
Tél: + 33 (0)476 701 685.<br />
«Les transports en France :<br />
Quelles mobilités pour quelle société ?»<br />
infrastructures et tenter de penser un modèle<br />
de société inédit permettant de réguler les<br />
déplacements?<br />
Aujourd’hui les modes de transport les moins<br />
polluants sont plébiscités par les Français<br />
et encouragés par les Pouvoirs publics; les<br />
transports en commun sont se plus en plus<br />
fréquentés. Cependant, aucun autre mode<br />
ne parvient à concurrencer la flexibilité et le<br />
moindre coût du transport routier. Face à<br />
cette problématique quelle doit-être l’action<br />
de l’Etat? Comment, à partir des RTE-T<br />
encouragés par l’UE, aboutir à une véritable<br />
offre de transport alternative privilégiant les<br />
modes les moins polluants et la co-modalité?<br />
«Les transports en France: Quelles mobilités<br />
pour quelle société»,<br />
La Documentation française, 10,80 €.<br />
www.ladocumentationfrancaise.fr<br />
Marché rhénan<br />
LE fRoID DoPE LES TRAfICS<br />
PéTRoLIERS<br />
L’activité a progressivement repris dans le<br />
bassin du Rhin dès le début de l’année nouvelle.<br />
Cependant, l’apparition brutale du froid a eu<br />
pour conséquence le gel d’un certain nombre<br />
d’affluents du fleuve et, partant, l’arrêt de la<br />
navigation sur ceux-ci. Le trafic a ainsi été<br />
interrompu (durant une dizaine de jours à cheval<br />
sur la mi-janvier) sur la Moselle. Il en a été<br />
de même sur le Neckar et le cours supérieur<br />
du Main.<br />
Le redoux intervenu vers le 20 du mois a permis<br />
le retour quasi-normal des rotations, mais le<br />
niveau de l’eau, tout en restant suffisant, n’est<br />
pas optimal. A preuve, les unités les plus grandes<br />
engagées sur l’axe rhénan doivent actuellement<br />
compter avec une amputation de l’ordre de 25%<br />
de leur capacité d’emport.<br />
En ce qui concerne les arrivages dans les ports du<br />
Delta, un certain calme persiste et personne n’ose<br />
en prédire la fin. Dans ce contexte, les cotations<br />
pratiquées vers l’arrière-pays sont en baisse<br />
par rapport à celles relevées avant Noël. Ainsi,<br />
l’acheminement de pondéreux de Rotterdam<br />
vers la Ruhr se négociait à 2,30-2,40 E/t dans<br />
l’avant-dernière semaine de janvier. Les transports<br />
nécessitant le recours à une cale couverte étaient<br />
rémunérés pour leur part à hauteur de 3 E/t.<br />
Les céréales chargées sur Mannheim ont été<br />
payées 7 E/t environ, le «divers» pour Bâle entre<br />
11,50 et 12 E/t quel que soit le type de cargaison.<br />
Les vracs secs pour Thionville ont rapporté<br />
7,50 E/t et 8,50 E/t vers Frouard. Le charbon<br />
pour Grosskrotzenburg (relativement peu<br />
conséquent) a été chargé contre paiement<br />
de 4,50 E/t seulement.<br />
Dans le secteur citerne, le trafic reste des plus<br />
soutenus. L’apparition du froid a eu pour effet de<br />
doper la demande, les raffineries et les stockages<br />
de la zone ARA ayant été particulièrement<br />
sollicités suite, entre autres à l’impossibilité pour<br />
le raffinage français de satisfaire dans l’urgence<br />
certains approvisionnements.<br />
Dans ce contexte, les frets sont repartis<br />
à la hausse. A la veille de l’avant-dernier<br />
week-end de janvier, les trafics d’hydrocarbures<br />
opérés entre les ports du Delta et Bâle<br />
se négociaient à près de 70 CHF/t, ceux dirigés<br />
vers Karlsruhe aux alentours de 32,50 E/t.<br />
30 Navigation Ports & Industries • Janvier 2009<br />
Photo Annemarie van oers
À Strasbourg,<br />
prenez la mer<br />
au cœur<br />
des terres<br />
d’Europe !<br />
2 e port intérieur français, sur le 1 er axe fluvial européen,<br />
vers la 1 re plate-forme maritime au monde<br />
25, rue de la Nuée Bleue • CS 80407 • 67002 Strasbourg Cedex<br />
Tél. 03 88 21 74 74 • Fax 03 88 23 56 57<br />
pas@strasbourg.port.fr • www.strasbourg.port.fr<br />
(ADC) - photo © Europflash (Roger Haeffele) - getty images/ digital vision