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n a n t e s / a n g e r s / s t n a z a i r e / l a r o c h e s u r y o n / l e m a n s / c h o l e t / l a v a l / r e n n e s<br />

reportage // berlin est, la galerie ouverte > p. 12<br />

alors<br />

# 28<br />

février-mars 2011<br />

camarade ?<br />

crédit dessin / mitochondrie, à partir d'une photo de lindsay gre<strong>en</strong>e


edito // 03<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

<strong>en</strong> fil rouge<br />

après six ans d’exist<strong>en</strong>ce et vingt-huit journaux parus, nous voulons <strong>en</strong>core affirmer notre<br />

indép<strong>en</strong>dance éditoriale, étroitem<strong>en</strong>t liée à notre financem<strong>en</strong>t. ni <strong>Europa</strong>Corp, nous l'avons<br />

déjà rappelé, ni EuroParl, le site d’information officiel du parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong>, n’auront leur<br />

place dans le choix des sujets du <strong>Journal</strong> <strong>Europa</strong>. nous devons notre équilibre financier à<br />

nos abonnés, aux annonceurs et aux pouvoirs publics. cette diversité est ess<strong>en</strong>tielle pour<br />

ne dép<strong>en</strong>dre totalem<strong>en</strong>t d’aucun de ces rev<strong>en</strong>us.<br />

les abonnem<strong>en</strong>ts d’abord. pour un magazine gratuit cela peut paraître louche. mais<br />

c’est une vraie marque de confiance de la part de nos lecteurs qui, <strong>en</strong> plus de développer<br />

notre autofinancem<strong>en</strong>t, nous confort<strong>en</strong>t dans l’idée de poursuivre un travail bénévole<br />

extrêmem<strong>en</strong>t chronophage.<br />

la publicité, <strong>en</strong>suite. ce qui peut aussi paraître paradoxal dans un journal déf<strong>en</strong>dant des<br />

valeurs d’indép<strong>en</strong>dance – et qui affiche une faucille et un marteau <strong>en</strong> couverture. pourtant<br />

ces financem<strong>en</strong>ts privés sont un rev<strong>en</strong>u complém<strong>en</strong>taire et ess<strong>en</strong>tiel. <strong>en</strong> favorisant<br />

le secteur associatif et les <strong>en</strong>treprises locales, nous apportons un souti<strong>en</strong> réciproque au<br />

domaine de la culture (sous toutes ses formes, suivez mon regard sur la page d’à côté !),<br />

des échanges internationaux et de l’ouverture des frontières.<br />

les subv<strong>en</strong>tions, <strong>en</strong>fin. elles apparaiss<strong>en</strong>t indisp<strong>en</strong>sables à la fois pour sout<strong>en</strong>ir un projet<br />

qui déf<strong>en</strong>d des valeurs de citoy<strong>en</strong>neté et de démocratie, mais égalem<strong>en</strong>t pour financer<br />

les emplois qui coordonn<strong>en</strong>t le travail d’autant de bénévoles (et pour lequel les deux<br />

salariés <strong>en</strong> question ont depuis longtemps r<strong>en</strong>oncé à leur prime d’anci<strong>en</strong>neté). nous<br />

sommes persuadés que les institutions prés<strong>en</strong>tes au bas de cette page partag<strong>en</strong>t nos<br />

valeurs de liberté d’expression.<br />

cela peut paraître une évid<strong>en</strong>ce, mais cette valeur fondam<strong>en</strong>tale de la démocratie, qui<br />

figure dans la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, est régulièrem<strong>en</strong>t<br />

bafouée. il est honteux que l’union europé<strong>en</strong>ne ait été si discrète face au gouvernem<strong>en</strong>t<br />

hongrois qui a mis <strong>en</strong> place <strong>en</strong> janvier 2011, au mom<strong>en</strong>t où il pr<strong>en</strong>ait la présid<strong>en</strong>ce du<br />

conseil de l’union europé<strong>en</strong>ne, une loi muselant ses journalistes.<br />

dans ce numéro, vous lirez <strong>en</strong> fil rouge plusieurs mises <strong>en</strong> perspective des dérives anti-démocratiques<br />

qui font rage à travers l’europe d’hier et d’aujourd’hui. notre dossier<br />

consacré à l’héritage du communisme (p.18) rappelle que le régime soviétique a laissé<br />

des traces <strong>en</strong>core prés<strong>en</strong>tes dans les anci<strong>en</strong>s pays satellites. et que les valeurs nobles<br />

de cette idéologie trouv<strong>en</strong>t un écho dans l’art et dans la vie moderne… un Face à face<br />

(p.10) avec l’anci<strong>en</strong> présid<strong>en</strong>t du belarus pointe l’inefficacité des institutions europé<strong>en</strong>nes<br />

contre le régime dictatorial de ce pays. nous rappelons qu’une Guerre oubliée (p.28) fait<br />

toujours rage <strong>en</strong>tre la slovaquie et la hongrie. finalem<strong>en</strong>t, le reste du magazine (articles<br />

de fiction ou <strong>en</strong> vo, chroniques culturelles, reportage photo…) prés<strong>en</strong>te une autre façon<br />

de construire l’europe, celle que nous aimons.<br />

emmanuel lemoine<br />

they are ours ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

couverture / dessin de mitochondrie (mitochondrie-mitochondrie.Blogspot.com) à partir d'une photo de lindsay gre<strong>en</strong>e<br />

raul all<strong>en</strong> cool graphiste espagnol • lucie auBin militante cyclotouriste <strong>en</strong> quête d'un monde plus vert • Julie<br />

Boénec <strong>Journal</strong>iste angevine correspondante <strong>en</strong> slovaquie et partisante de la coopération kosico-marseillaise •<br />

laurette Bouysse étudiante <strong>en</strong> lic<strong>en</strong>ce d'information-communication • andré derivnais <strong>Journal</strong>iste indép<strong>en</strong>dant<br />

ukraini<strong>en</strong> • James roBert donovan <strong>Journal</strong>iste américain et vidéaste présid<strong>en</strong>tiable YEs wE Can • thiBault dumas<br />

<strong>Journal</strong>iste franco-américain et modérateur immodéré de débats • Jean-félix fayolle photographe nantais et<br />

globetrotter • claire gandanger anci<strong>en</strong> pilier de la rédaction franco-allemande, étudiante <strong>en</strong> <strong>Journal</strong>isme<br />

au cueJ et assistante de français à freiburg • estelle gaucher rédactrice d'<strong>en</strong>quête artistique et schizophrène<br />

associative • cécile germain étudiante <strong>en</strong> filière germanique à l'université lumière lyon 2 • raphael giamBelluco<br />

étudiant poitevin <strong>en</strong> histoire et sci<strong>en</strong>ces politiques <strong>en</strong> erasmus à flor<strong>en</strong>ce • léa granados étudiante <strong>en</strong> master<br />

d'anglais à l'université de nantes, dévouée au militantisme interculturel • marc guschal étudiant <strong>en</strong> histoire<br />

à l'université de sarre et <strong>Journal</strong>iste indép<strong>en</strong>dant au saarbrüCkEr ZEiTunG • ulrich huyguevelde ancêtre du<br />

<strong>Journal</strong>isme europé<strong>en</strong> <strong>en</strong> vadrouile perman<strong>en</strong>te <strong>en</strong>tre bruXelles, paris et pornic • valya ivanova <strong>Journal</strong>iste<br />

bulgare, dévouée auX médias europé<strong>en</strong>s CaFébabEL et EuradionanTEs • linda KraJcso rédactrice hongroise anci<strong>en</strong>ne<br />

étudiante erasmus à paris, stagiaire à euradionantes • Johann le guelte étudiant <strong>en</strong> master de lettres,<br />

langues et civilisations étrangères à l'université de nantes dont le coeur est resté auX etats-unis • ronan<br />

macduBhghaill <strong>Journal</strong>iste, écrivain et photographe diplomé <strong>en</strong> philo, socio et études culturelles • val<strong>en</strong>tine<br />

mercier anci<strong>en</strong>ne adhér<strong>en</strong>te du PandorE Libéré d'aiX et étudiante <strong>en</strong> lic<strong>en</strong>ce d'histoire à nantes • magali planès<br />

aka mitochondrie, diplômée <strong>en</strong> bts stylisme de mode, graphiste indép<strong>en</strong>dante •<br />

un grand merci / à florian tébé pour sa tchatche lors de la visite sur le commerce équitable, auX associations les anneauX de la<br />

mémoire, les éveillés, ingalañ et napce, au bardak, à charlotte tosani, à la nappe de concepción, à Xavier bru et stanislaw chouchkievitch<br />

pour leur disponibilité, à kate morton pour son regard <strong>en</strong>voûtant, à david dufresnes pour sa contribution involontaire, à<br />

andrei sdobnikov pour sa passion philatélique, à vélocampus de nous supporter, auX abonnés pour leur souti<strong>en</strong> et leur confiance,<br />

auX institutions qui croi<strong>en</strong>t <strong>en</strong> nous, auX annonceurs qui nous font confiance, à allo pizza pour leur ponctualité, à wefunk et i<br />

have a dream pour l'inspiration, et un grand non merci auX r<strong>en</strong>nais de terra libra<br />

« mais, sans eXaminer<br />

si vers les<br />

antres sourds<br />

l'ours a peur<br />

du passant, ou<br />

le passant de<br />

l'ours »<br />

Boileau<br />

directeur de la puBlication > pierre-alexandre charrier<br />

rédacteur <strong>en</strong> chef > emmanuel lemoine<br />

secrétaires de rédaction > lucie aubin, thibault dumas,<br />

James donovan<br />

puBlicité / maquette > guillaume siaudeau<br />

évènem<strong>en</strong>t / aBonnem<strong>en</strong>ts > léa cotart blanco<br />

rédac weB > bárbara fachal santos<br />

weBmaster > antonin Jourdan<br />

europa est édité avec le souti<strong>en</strong> de :<br />

EuroPa est un magazine<br />

d’information europé<strong>en</strong>ne. basé<br />

sur un modèle de <strong>Journal</strong>isme<br />

citoy<strong>en</strong> participatif, vous pouvez<br />

y contribuer <strong>en</strong> <strong>en</strong>voyant vos<br />

candidatures à<br />

redaction@<strong>Journal</strong>europa.info<br />

quizz coco<br />

à gagner : un abonnem<strong>en</strong>t d'un an<br />

au <strong>Journal</strong> europa et un anci<strong>en</strong><br />

numéro au choiX.<br />

dans ce numéro :<br />

1- combi<strong>en</strong> comptez-vous d'étoiles ?<br />

2- combi<strong>en</strong> comptez-vous de faucilles ?<br />

3- combi<strong>en</strong> comptez-vous de marteaux ?<br />

<strong>en</strong>voyez vos réponses avant le 15 mars 2011,<br />

accompagnées de vos nom, prénom, adresse,<br />

et e-mail à :<br />

contact@journaleuropa.info<br />

(gagnant sur tirage au sort)<br />

numéro 29 > avril-mai 2011<br />

dossier > des Barreaux sur les Berceaux<br />

europa est édité par l’association europa production nantes<br />

siège social > chemin de la c<strong>en</strong>sive, bp 41214, 44312 nantes cedex 3<br />

Bureau > pierre-alexandre charrier (présid<strong>en</strong>t), david thomas (trésorier)<br />

yosi goasdoué (secrétaire), charlotte loisy (administratrice)<br />

tel > 09 51 82 31 34<br />

mail > contact@journaleuropa.info<br />

pour contacter un service > redaction/publicite/abonnem<strong>en</strong>t@journaleuropa.info<br />

diffusion > nantes/angers/st nazaire/la roche /yon /le mans/cholet/laval/r<strong>en</strong>nes<br />

> lieux culturels, c<strong>en</strong>tres d’information, médiathèques, universités, ...<br />

tiré à 8 000 exemplaires<br />

imprimé <strong>en</strong> france, par chiffoleau, 19 rue du grand verger, 44100 nantes<br />

issn > 1778-171X // dépôt légal > février 2011<br />

La rédaction se garde le droit de ne pas restituer les docum<strong>en</strong>ts qui lui sont <strong>en</strong>voyés, de<br />

quelque nature qu’ils soi<strong>en</strong>t (dessins, photos, textes etc.) Toute reproduction de textes,<br />

dessins ou photos, nécessite l’accord des auteurs.<br />

europa est imprimé avec des <strong>en</strong>cres végétales<br />

sur un papier labellisé pefc (label europé<strong>en</strong> de protection des forêts)<br />

Jeu concours


04 // sommaire //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

18<br />

06 // apostilles<br />

media, gardez le sang bleu ? et situationnisme satirique // culinaire, Junk food vs slow<br />

food // voyage, tabouret surfing // livre, brou ah! ah !<br />

07 // faits courts<br />

rase campagne, sous les plumes islamophobes // pipolitique, taxe magique //<br />

apiBeurzdé, la révolution orange // fêtes du printemps.<br />

08 // voix de la v.o.<br />

palabras <strong>en</strong>cad<strong>en</strong>adas 2.0.<br />

cadavre exquis 2.0.<br />

09 // <strong>en</strong> bas d’chez toi<br />

exposition, où y'a de la gênes // théâtre, le caucase cocasse // exposition, la<br />

peinture qui fait tache // cyclotourisme, europ'tite reine // interculturel, around<br />

ze world.<br />

10 // face à face<br />

« l'europe doit réagir plus vite », stanislaù chouchkevitch est l'anci<strong>en</strong> presid<strong>en</strong>t du<br />

belarus. il est aujourd'hui opposé au régime d'alexandre loukach<strong>en</strong>ko.<br />

12<br />

dossier<br />

alors camarade ?<br />

face au déclin du modèle capitaliste dominant <strong>en</strong><br />

europe, l'alternative qu'a longtemps proposé le parti<br />

communiste est <strong>en</strong> voie d'extinction. mais ses valeurs<br />

de collectivisme, de démocratie directe ou de gratuité<br />

se retrouv<strong>en</strong>t aujourd'hui <strong>en</strong> dehors du champ<br />

politique.<br />

16<br />

12 // reportage<br />

berlin est, la galerie ouverte<br />

Jean-félix fayolle<br />

16 // planche c<strong>en</strong>trale<br />

raul all<strong>en</strong><br />

espagne<br />

28 // guerre oubliée<br />

lubim Ťa, moi non plus<br />

les rapports conflictuels subsist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre la slovaquie et<br />

sa voisine hongroise.<br />

30 // fiction<br />

démocratie absolue, diplomatie dissolue<br />

projection dans le futur <strong>en</strong>tre la transpar<strong>en</strong>ce de l'information<br />

et la participation citoy<strong>en</strong>ne aux affaires étrangères.


S À LA PAGE<br />

# 18 / octoBre 2008<br />

le journalisme est mort<br />

# 20 / février 2009<br />

petites et grandes histoires<br />

de la suisse<br />

N A N T E S / A N G E R S / S T N A Z A I R E / L A R O C H E S U R Y O N / L E M A N S / C H O L E T / L A V A L / R E N N E S<br />

METTONS-NOUS À LA PAGE<br />

NUMÉRIQUE CRÉDIT<br />

REPORTAGE // FEMMES EN RÉSISTANCE DE LA COLLINE DES MINEURS > p. 12<br />

# 24 / février 2010<br />

mettons-nous à la page<br />

numérique<br />

# 24<br />

FÉVRIER-MARS 2010<br />

METTONS NOUS À LA PAGE<br />

PHOTO / ALEXANDRE DURET-LUTZ / "LA CAVERNE AUX LIVRES"<br />

# 19 / décemBre 2008<br />

les grandes ong, <strong>en</strong>tre idéal<br />

et réalité<br />

# 21 / avril 2009<br />

les logiciels libres<br />

N A N T E S / A N G E R S / S T N A Z A I R E / L A R O C H E S U R Y O N / L E M A N S / C H O L E T / L A V A L / R E N N E S<br />

# 25<br />

AVRIL-MAI 2010<br />

s<strong>en</strong>iors<br />

NOT DEAD<br />

REPORTAGE // LE BRISEUR DE GLACE : DANS LE QUOTIDIEN DES PILOTES FINLANDAIS > p. 12<br />

# 25 / avril 2010<br />

s<strong>en</strong>iors not dead<br />

l'aBonnem<strong>en</strong>t annuel pour 5 numéros est de :<br />

- 15 euros (ou plus...) pour les particuliers<br />

- 45 euros (ou plus...) pour les structures<br />

Abonnem<strong>en</strong>ts - question/réponses<br />

Pourquoi ProPoser de<br />

s’Abonner à un journAl gratuit ?<br />

réponse 1 : Parce qu’il est gratuit à lire, mais pas à produire.<br />

réponse 2 : Parce que certains lecteurs habit<strong>en</strong>t Paris, Marseille,<br />

ou St Jean de Boiseau, et qu’ils n’ont pas la chance d’avoir gratuitem<strong>en</strong>t<br />

accès à la version papier. Et, <strong>en</strong>tre nous soit dit, la version<br />

papier est quand même beaucoup plus classe !<br />

réponse 3 : Parce que c’est une forme de souti<strong>en</strong>, et qu’<strong>en</strong> plus,<br />

<strong>en</strong> le recevant chez vous, vous éprouverez ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d’être<br />

privilégié. Puis, quelle superbe idée cadeau, beaucoup mieux que<br />

le toaster de croque-monsieur ou le couvre lit <strong>en</strong> mohair....<br />

N A N T E S / A N G E R S / S T N A Z A I R E / L A R O C H E S U R Y O N / L E M A N S / C H O L E T / L A V A L / R E N N E S<br />

N A N T E S / A N G E R S / S T N A Z A I R E / L A R O C H E S U R Y O N / L E M A N S / C H O L E T / L A V A L / R E N N E S<br />

20 ANS APRÈS<br />

LA CHUTE<br />

LES ESPOIRS AU PIED<br />

DU MUR CRÉDIT<br />

REPORTAGE // MELILLA, DERNIER REMPART AVANT L’EUROPE > p. 12<br />

# 22<br />

OCTOBRE-NOVEMBRE 2009<br />

# 22 / octoBre 2009<br />

20 ans après la chute,<br />

les espoirs au pied du mur<br />

# 26<br />

OCTOBRE-NOVEMBRE 2010<br />

TRANSHUMANCE PENDULAIRE<br />

REPORTAGE // KESAJ TCHAVÉ : LE MIRACLE DES ENFANTS DE LA FÉE > p. 12<br />

# 26 / octoBre 2010<br />

transhumance p<strong>en</strong>dulaire<br />

nom / prénom : ...........................................................................................................................<br />

adresse : ..........................................................................................................................................<br />

code postal : ........................ ville : ..................................................................................<br />

mail : ................................................................................. téléphone : ...............................<br />

CRÉDIT ILLUSTRATION / ANDY POTTS<br />

PHOTO / JOHN DUNLEVY<br />

N A N T E S / A N G E R S / S T N A Z A I R E / L A R O C H E S U R Y O N / L E M A N S / C H O L E T / L A V A L / R E N N E S<br />

N A N T E S / A N G E R S / S T N A Z A I R E / L A R O C H E S U R Y O N / L E M A N S / C H O L E T / L A V A L / R E N N E S<br />

DÉCROISSANCE<br />

Jusqu’où allons-nous croître?<br />

REPORTAGE // WROCLAW, « JE NE PARLE PAS POLONAIS » > p. 12<br />

REPORTAGE // AFRIQUE DU SUD : MANQUE DE COOPÉRATION POUR LA COOPÉRATIVE > p. 12<br />

# 27<br />

DÉCEMBRE-JANVIER 2011<br />

LA RECETTE DU<br />

BUSINESS WIN WIN<br />

I<br />

# 23<br />

DÉCEMBRE-JANVIER 2010<br />

# 23 / décemBre 2010<br />

décroissance : jusqu'où<br />

allons nous croître ?<br />

# 27 / décemBre 2010<br />

la recette du business win-win<br />

il est égalem<strong>en</strong>t possiBle de commander des anci<strong>en</strong>s numéros pour 3 euros l'unité<br />

Je joins un chèque à l’ordre<br />

d’<strong>Europa</strong> Production nantes :<br />

<strong>Journal</strong> europa<br />

chemin de la c<strong>en</strong>sive<br />

44312 nantes cedex 3<br />

mél : abonnem<strong>en</strong>t@journaleuropa.info<br />

tél : 09 51 82 31 34<br />

CRÉDIT PHOTO / ~ PIL ~<br />

CRÉDIT PHOTO / STÉPHANIE KILGAST


suisse<br />

pays-bas<br />

international<br />

europe<br />

06 // apostilles ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

chroniques interculturelles<br />

junk food vs slow food<br />

gardez le sang bleu ?<br />

au carrefour des mondes de l’art visuel se situe sang bleu, un projet<br />

international piloté par des fous de culture underground. basé <strong>en</strong><br />

suisse depuis 2004, sang bleu t<strong>en</strong>te de fédérer des publics improbables<br />

autour de l’art contemporain afin de « découvrir de nouveaux chemins<br />

et de nouveaux lieux pour provoquer le débat créatif ». la colle qui ti<strong>en</strong>t<br />

le projet ? c’est la revue annuelle dédiée à l’art du tatouage. à travers<br />

les récits photographiques ou littéraires, elle perce l’épiderme de ce<br />

body art antique <strong>en</strong> relevant les élém<strong>en</strong>ts d’une culture moderne<br />

et exc<strong>en</strong>trique dans un esprit tout à fait rock’n’roll. avis aux tatoués,<br />

sang bleu propose un « site web hyperactif » mêlant les sons, images<br />

et essais d’un univers peint aux couleurs de l'<strong>en</strong>cre ; sans pour autant<br />

inclure l’aiguille...<br />

sangbleu.com<br />

à l’heure où le monde est régi par la mondialisation, où le<br />

pays de la gastronomie est le deuxième plus gros consommateur<br />

de Mcdonald’s, des activistes se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place. aux<br />

pays-bas, Youth Food Movem<strong>en</strong>t organise des événem<strong>en</strong>ts<br />

pour réappr<strong>en</strong>dre aux g<strong>en</strong>s à aimer la bonne nourriture. le 11<br />

novembre dernier, Journée du développem<strong>en</strong>t durable aux<br />

pays-bas, Youth Food Movem<strong>en</strong>t a organisé des animations<br />

sur ce thème et préparé un dîner pour les personnes actives<br />

et influ<strong>en</strong>tes aux pays-bas. le principe de cette r<strong>en</strong>contre :<br />

« célébrer la diversité biologique et culturelle de l'alim<strong>en</strong>tation<br />

et rev<strong>en</strong>diquer le droit universel à une nourriture bonne, propre<br />

et juste. »<br />

youthfoodmovem<strong>en</strong>t.nl<br />

crédit photo / guesus<br />

brou ah ! ah !<br />

« ske j'veux dire » <strong>en</strong> faisant un article sur l'ouvrage de Jeancharles<br />

massera c'est que voilà un livre qui nous montre qu'on<br />

dit pas que des grandes beautés syntaxiques et de merveilleuses<br />

vérités. we are l'europe (projet wHaLE) dépeint notre<br />

logorrhée continue, celle de nos médias, de nos conversations<br />

intimes et professionnelles. pour ce faire, l'auteur a répertorié<br />

et réécrit un corpus quasi exhaustif de discussions de comptoirs<br />

et de diffusions médiatiques. cette somme de discours<br />

dévoile nos croyances, doutes et informations qui construis<strong>en</strong>t<br />

notre id<strong>en</strong>tité personnelle et collective europé<strong>en</strong>ne. son<br />

écriture pastiche notre oralité et dévoile son aberration. de « la<br />

nana qui trouve qu'il y a des super trucs dans la mondialisation »<br />

à nous-mêmes, aucun n'est épargné.<br />

we are l'Europe, éditions Verticales, 2007.<br />

crédit photo / aivar ruukel<br />

tabouret surfing<br />

savez-vous que depuis 2005 le tabouret est dev<strong>en</strong>u un<br />

symbole de partage et de r<strong>en</strong>contres internationales ?<br />

le projet avec le Tabouret à travers les contin<strong>en</strong>ts explique<br />

cette nouvelle signification. cette initiative s'articule<br />

autour de plusieurs thématiques : utiliser un tabouret<br />

pour jouer des scénettes de théâtre dans le monde <strong>en</strong>tier,<br />

permettre aux participants de développer leur projet<br />

artistique au cours du voyage et édifier le monum<strong>en</strong>t<br />

Tabouret. toutes les formes de création sont conviées :<br />

dessin, musique, photographie ou <strong>en</strong>core création vidéo.<br />

actuellem<strong>en</strong>t à cochabamba (bolivie), les participants<br />

ont pour objectif le cap horn (chili).<br />

avecletabouret.tumblr.com<br />

crédit photo / chantal d. palazon<br />

situationnisme<br />

satirique<br />

ces derniers temps, on ne peut pas dire que la<br />

presse satirique francophone se porte à merveille.<br />

après l'arrêt de publication de siné Hebdo <strong>en</strong> avril<br />

2010, suivi du Plan b l'été dernier, de La Mèche <strong>en</strong><br />

décembre et dernièrem<strong>en</strong>t de bakchich, et à l'instar<br />

de l'hebdo belge Pan, récemm<strong>en</strong>t racheté par son<br />

concurr<strong>en</strong>t Père ubu. c'est dans ce contexte difficile<br />

qu'apparait Zélium, tel un ovni dans le ciel brumeux<br />

de la presse satirique francophone, un nouveau<br />

m<strong>en</strong>suel.<br />

la principale contrainte est de ne pas se créer<br />

de contraintes, l'intellig<strong>en</strong>ce de rester intelligible<br />

et la pertin<strong>en</strong>ce d'être toujours impertin<strong>en</strong>t, tels<br />

sont grosso modo, les fondem<strong>en</strong>ts du manifeste<br />

de Zélium. car avant d'être un journal, c'est<br />

déjà un collectif de rêveurs, d'iconoclastes et<br />

d'<strong>en</strong>luminés qui veul<strong>en</strong>t « dans un journal <strong>en</strong> noir<br />

et blanc, redonner ses couleurs à la presse satirique »,<br />

ri<strong>en</strong> que ça. la ligne éditoriale se base sur des<br />

dessins de presse d'un g<strong>en</strong>re nouveau, pour<br />

réagir intelligemm<strong>en</strong>t à une actualité qui devi<strong>en</strong>t<br />

m<strong>en</strong>suelle, et des articles à contres<strong>en</strong>s de la p<strong>en</strong>sée<br />

unique, avec pour seul <strong>en</strong>nemi l'autoc<strong>en</strong>sure.<br />

<strong>en</strong> att<strong>en</strong>dant le premier Zélium, qui sortira peu<br />

après ce magazine, rêvons déjà à ce qu'évoque<br />

cette vieille machine d'anticipation.<br />

leblogdezelium.info // disponible contre 3<br />

euros <strong>en</strong> kiosque <strong>en</strong> france et <strong>en</strong> Belgique<br />

francophone à 70 000 exemplaires à partir du 11<br />

février.<br />

« à contres<strong>en</strong>s<br />

de la p<strong>en</strong>sée<br />

unique, avec<br />

pour seul <strong>en</strong>nemi<br />

l'autoc<strong>en</strong>sure. »


faits courts // 07<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

pipolitique /////////<br />

taxe magique<br />

« Hibou, chouette, crapaud et<br />

sorcières. démons, lutins et diables.<br />

Esprits des rivières brumeuses. »<br />

prononcer ces mots <strong>en</strong> roumanie<br />

pourrait vous coûter cher. vous<br />

pourriez être accusé de sorcellerie<br />

et être obligé de payer une taxe.<br />

depuis le 1 er janvier les sorcières,<br />

astrologues et les personnes exerçant<br />

d'autres métiers ésotériques<br />

sont dev<strong>en</strong>us des travailleurs<br />

comme les autres. elles doiv<strong>en</strong>t<br />

s'<strong>en</strong>registrer auprès des autorités<br />

et payer une taxe pour exercer<br />

leur activité. certaines sorcières<br />

considèr<strong>en</strong>t cela comme une<br />

reconnaissance de leur activité,<br />

d'autres ont déjà jeté le mauvais<br />

œil au gouvernem<strong>en</strong>t.<br />

*** faits courts ***<br />

fêtes du printemps ////////////////////////////////<br />

Budapest, du 18 mars au 3 avril : festival de printemps avec musique,<br />

danse, théâtre et expos, classiques et contemporaines. // roumanie, moldavie<br />

et Bulgarie, le 1 er mars : pour Martisor ou Mart<strong>en</strong>itza, les g<strong>en</strong>s s'offr<strong>en</strong>t<br />

des bracelets tressés rouges et blancs porte-bonheur. // irlande, le 17<br />

mars : fête de la s t patrick <strong>en</strong> l'honneur de celui qui a utilisé un trèfle pour<br />

expliquer la trinité. // arménie, le 7 avril : Jour de la mère, du printemps et<br />

de la beauté. // allemagne, du 25 mars au 25 avril : Frühlingsfest, grande<br />

fête foraine à hambourg. // suède, le 30 avril : nuit de walpurgis, de grands<br />

feux sont allumés avec les branchages de l'hiver. // espagne, le 30 avril : à<br />

murcie, fête du printemps avec <strong>en</strong>terrem<strong>en</strong>t de la sardine, fanfares et défilé<br />

du bando de la Huerta.<br />

apiBeurzdé... //////<br />

la révolution orange, c'est fini !<br />

ce 25 février 2010 viktor ianoukovytch,<br />

candidat pro-russe<br />

à t<strong>en</strong>dance autoritaro-passéiste,<br />

devi<strong>en</strong>t officiellem<strong>en</strong>t présid<strong>en</strong>t<br />

de l'ukraine. le sbire de moscou<br />

met un terme définitif à six années<br />

de bisbilles au sein du camp<br />

orange, miné par les accusations<br />

de corruption, déchiré <strong>en</strong>tre les<br />

partisans de ioulia tymoch<strong>en</strong>ko<br />

et ceux de son ex-allié viktor<br />

iouchtch<strong>en</strong>ko. kiev, ville de<br />

l'europhilie et de la démocratie<br />

perdues : le pays emboîte le pas<br />

dictatorial du belarus. dans son<br />

dernier rapport datant de janvier<br />

2011 l'ong américaine Freedom<br />

House a rayé l'ukraine de la liste<br />

des pays libres.<br />

rase campagne //////////////////////////////////////<br />

sous les plumes islamophobes<br />

à l'occasion du ramadan de 2010, la campagne isla délice, qui affichait<br />

fièrem<strong>en</strong>t son slogan, a été très critiquée. cette marque de la société Zaphir<br />

commercialise depuis 20 ans des alim<strong>en</strong>ts certifiés halal par l'organisme de<br />

contrôle avs. plusieurs associations de déf<strong>en</strong>se animale ont <strong>en</strong>voyé une lettre<br />

ouverte à l'elysée pour protester contre ses pratiques d'abbatage rituel sans<br />

étourdissem<strong>en</strong>t. apparemm<strong>en</strong>t, cette campagne n'a pas non plus laissé indiffér<strong>en</strong>ts<br />

des internautes xénophobes très inspirés pour détourner le message...


espagnol<br />

08 // la voix de la v.o. /////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

résumé<br />

le projet d'écriture collective To be<br />

continued a pour objectif de créer un<br />

roman illustré <strong>en</strong> combinant des plumes<br />

amateures et consacrées. l'idée de son<br />

directeur, Xavier bru, est de proposer la<br />

première pièce de ce puzzle participatif<br />

à l'écrivain péruvi<strong>en</strong> santiago roncagliolo.<br />

les internautes pourront <strong>en</strong>suite<br />

le compléter avec leurs propositions<br />

pour développer le fil de cette histoire,<br />

qui comm<strong>en</strong>ce avec l'apparition d'un<br />

cadavre à madrid.<br />

une équipe de lecteurs sélectionnera les<br />

meilleurs textes, <strong>en</strong> s'appuyant sur leurs<br />

propres opinions et sur celles exprimées<br />

par les internautes sur les forums. la<br />

décision finale sera prise par un comité<br />

éditorial, composé de professionnels<br />

du secteur. Xavier bru considère que<br />

l'exist<strong>en</strong>ce de ce comité éditorial est<br />

nécessaire pour « garantir » la qualité du<br />

roman.<br />

l'initiative est ouverte à tous les tal<strong>en</strong>ts.<br />

les mélomanes, graphistes et vidéastes<br />

pourront égalem<strong>en</strong>t apporter leurs participations,<br />

toujours via internet, sur des<br />

plateformes participatives. cette « expéri<strong>en</strong>ce<br />

créative » durera trois mois, sera<br />

composée de 15 chapitres et publiée<br />

sous des formats traditionnels, électroniques<br />

et <strong>en</strong> applications téléchargeables.<br />

une partie des recettes du livre financera<br />

des projets solidaires, dont le montant<br />

est <strong>en</strong>core inconnu. il faudra <strong>en</strong> déduire<br />

les droits d'auteur partagés <strong>en</strong>tre tous<br />

les internautes sélectionnés, et les coûts<br />

dérivés de la mise <strong>en</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t de<br />

l'initiative. un impact bi<strong>en</strong> concret pour<br />

ce projet semi-virtuel.<br />

par léa cotart-blanco<br />

Palabras <strong>en</strong>Cad<strong>en</strong>adas 2.0<br />

par bárbara fachal santos<br />

Cadavre exquis 2.0<br />

retrouvez la version intégrale de cette<br />

traduction sur le site d'europa<br />

www.<strong>Journal</strong>europa.info<br />

el escritor irlandés oscar wilde consideraba<br />

que « no exist<strong>en</strong> más que dos reglas para escribir :<br />

t<strong>en</strong>er algo que decir y decirlo ». ésta podría ser la<br />

máxima del proyecto de escritura colectiva To<br />

be continued, cuyo objetivo es crear una novela<br />

ilustrada combinando las plumas de aficionados<br />

y de escritores consagrados.<br />

la idea de conjugar experi<strong>en</strong>cia y nuevos tal<strong>en</strong>tos,<br />

no es nueva para el director de la iniciativa,<br />

Xavier bru. hace un par de años creó el festival<br />

de trailers falsos Teaserland, basándose <strong>en</strong> la<br />

cre<strong>en</strong>cia de que existe « g<strong>en</strong>te con tal<strong>en</strong>to para<br />

el mundo del cine, pero que nunca podría llegar<br />

a hacer su película ». recibieron más de 1.300<br />

trailers. de ahí saltó la chispa necesaria para que<br />

To be continued viera la luz. la primera pieza<br />

de este puzle participativo la pone el escritor<br />

peruano santiago roncagliolo. los participantes<br />

podrán ir completándolo con sus propuestas<br />

para desarrollar la trama de esta historia, que<br />

comi<strong>en</strong>za con la aparición de un cadáver <strong>en</strong><br />

madrid. cada internauta puede pres<strong>en</strong>tar una<br />

propuesta por capítulo, para lo que dispone de<br />

un plazo de cinco días. un equipo de lectores<br />

seleccionará los mejores textos, basándose <strong>en</strong><br />

sus propias opiniones y <strong>en</strong> las vertidas por los<br />

internautas <strong>en</strong> el foro del que dispondrá cada<br />

propuesta. la decisión final la tomará un comité<br />

editorial, formado por g<strong>en</strong>te experim<strong>en</strong>tada del<br />

sector. Xavier bru considera necesaria la exist<strong>en</strong>cia<br />

de este comité editorial para « garantizar »<br />

la calidad de la novela, aunque destaca que<br />

mediante el primer proceso de selección se<br />

creará una « comunidad de escritores ».<br />

la mecánica será la misma para la selección de<br />

todos los capítulos, excepto para los números<br />

cinco y diez, que quedarán de nuevo <strong>en</strong> manos<br />

crédit photo / alexander mohr, youthmedia.fr, cc-lic<strong>en</strong>se<br />

expertas. la última imag<strong>en</strong> del libro será también<br />

realizada por un ilustrador reconocido.<br />

la iniciativa está abierta a todo tipo de tal<strong>en</strong>tos.<br />

los melómanos podrán sugerir una banda sonora<br />

para acompañar cada capítulo mediante<br />

spotify. los artistas gráficos podrán dejar volar<br />

su imaginación para dar color a la trama de la<br />

historia. los videocreadores pued<strong>en</strong> dejar sus<br />

aportaciones visuales o proponer localizaciones<br />

a través del canal Youtube de la iniciativa.<br />

los frutos de esta « experi<strong>en</strong>cia creativa », que se<br />

ext<strong>en</strong>derá tres meses y constará de 15 capítulos,<br />

se recogerán <strong>en</strong> tres formatos. tradicional,<br />

electrónico y <strong>en</strong> forma de aplicación descargable.<br />

a esta última se incorporarán las mejores<br />

aportaciones de los internautas y los « cont<strong>en</strong>idos<br />

adicionales creados ad hoc para el libro », explica<br />

Xavier bru. los participantes cuyas obras sean<br />

seleccionadas <strong>en</strong> las dos categorías a concurso,<br />

escritura e ilustración, percibirán un 1% de los<br />

ingresos por la v<strong>en</strong>ta del libro a partir de 10.000<br />

ejemplares <strong>en</strong> concepto de derechos de autor.<br />

además de 100 euros y un e-reader.<br />

una parte de los ingresos de las v<strong>en</strong>tas del libro<br />

se destinarán a proyectos solidarios. la cantidad<br />

destinada a este fin todavía se desconoce, pues<br />

habrá que descontar de los ingresos totales el<br />

50% destinado al pago de derechos de autor y<br />

los costes derivados de la puesta <strong>en</strong> marcha de<br />

la iniciativa. la organización del concurso hará<br />

una preselección de las proyectos solidarios,<br />

para asegurarse del bu<strong>en</strong> funcionami<strong>en</strong>to de<br />

las mismas, aunque la decisión final corresponderá<br />

a los internautas. <strong>en</strong> función de la iniciativa<br />

escogida y de los recursos necesarios para<br />

llevarla a cabo, podrían ser varios los proyectos<br />

financiados.


<strong>en</strong> bas d’chez toi // 09<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

où y'a de<br />

la gênes...<br />

relier nantes à gênes par la mer et la culture.<br />

c'est l'objectif que se donne l'association<br />

étudiante nomade culture, à travers une<br />

exposition d'une cinquantaine de tableaux<br />

autour du thème La nave e il Mare ("le bateau et<br />

la mer", dans la langue de christoffa corombo).<br />

pour l'occasion l'association culturelle itali<strong>en</strong>ne<br />

satura a fait une sélection des artistes reconnus<br />

et des nouveaux tal<strong>en</strong>ts, parmi ses membres.<br />

cette structure est active depuis seize ans <strong>en</strong><br />

italie pour dynamiser l'art contemporain, à<br />

travers de nombreux projets comme l'animation<br />

d'une galerie à gênes, la publication d'une<br />

revue littéraire, l'organisation d'une bi<strong>en</strong>nale<br />

ou d'un festival de littérature.<br />

pour accompagner ces œuvres, des poésies<br />

franco-itali<strong>en</strong>nes seront produites par les jeunes<br />

nantais, lors de laboratoires d'écriture dans<br />

les collèges et lycées du départem<strong>en</strong>t, ainsi<br />

qu'à l'université de nantes. l'exposition s'inscrit<br />

dans le cycle Tutti uniti ?! organisé par le c<strong>en</strong>tre<br />

culturel franco-itali<strong>en</strong>, pour célébrer le 150 e<br />

anniversaire de l'unité itali<strong>en</strong>ne.<br />

ce nouveau jumelage artistique <strong>en</strong>tre nantes<br />

et gênes se concrétisera par l'accueil prochain<br />

d'œuvres ligéri<strong>en</strong>nes à satura. et vogue la<br />

galerie !<br />

du 16 février au 6 mars / cosmopolis /<br />

nantes<br />

« la galerie<br />

génoise satura<br />

eXpose, autour<br />

du thème de la<br />

mer, ses artistes<br />

reconnus et<br />

ses nouveauX<br />

tal<strong>en</strong>ts. »<br />

la peinture qui fait tache<br />

« Tout donner à voir au risque de montrer qu’il n’y a ri<strong>en</strong> à voir »,<br />

nous propos<strong>en</strong>t les artistes ida tursic et wilfried mille. ces peintres<br />

serbe et français font de leur art un espace de réflexion sur<br />

le rôle de la peinture et sur notre iconographie contemporaine.<br />

les images de notre univers médiatique, notamm<strong>en</strong>t pornographique,<br />

sont réutilisées afin de dévoiler leur valeur artificielle.<br />

les querelles de g<strong>en</strong>res dans la peinture occid<strong>en</strong>tale, comme la<br />

suprématie de la scène historique sur le portrait, sont balayées<br />

par leur série smears. ces œuvres abstraites sont des reproductions<br />

de leurs esquisses réalisées à l'aérographe. les brouillons<br />

devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t des toiles de taille monum<strong>en</strong>tale.<br />

du 21 janvier au 19 mars / galerie 40mcube / r<strong>en</strong>nes /<br />

40mcube.org<br />

crédit photo / andrew childs cc lic<strong>en</strong>ce<br />

le caucase cocasse<br />

r<strong>en</strong>dez-vous europé<strong>en</strong>s dans la région<br />

around ze world<br />

de l'humour noir v<strong>en</strong>ant des rives ori<strong>en</strong>tales de la mer noire. écrite<br />

par le trucul<strong>en</strong>t lasha bugadze, écrivain prolifique et populaire<br />

<strong>en</strong> géorgie, la pièce Le Monde de Tsitsino conte l'histoire d'une<br />

caucasi<strong>en</strong>ne de 19 ans qui veut tout à la fois mettre fin à la guerre<br />

de tchétchénie et à tous les conflits armés de la planète.<br />

Yes she can. plutôt Jeanne d'arc géorgi<strong>en</strong>ne que miss abrutie<br />

(ce sont les voix des saints qui l'habit<strong>en</strong>t) la jeune tsitsino va<br />

emprunter le chemin du miraculeux et de l'absurde.<br />

et nous avec elle. suite au désarmem<strong>en</strong>t d'un terroriste dans une<br />

banque, elle devi<strong>en</strong>t la messie de tbilissi. tsitsino est adulée, le<br />

présid<strong>en</strong>t géorgi<strong>en</strong> est à ses pieds. voilà donc qu'elle est <strong>en</strong>voyée<br />

<strong>en</strong> tchétchénie...<br />

du 24 au 26 mars / théâtre de chaoué / le mans<br />

crédit photo / vélocampus<br />

chaque année, nantes accueille des c<strong>en</strong>taines d'étudiants v<strong>en</strong>us<br />

des quatre coins de l'europe. une richesse culturelle qui mérite<br />

d'être partagée avec les étudiants locaux, mais aussi avec les<br />

plus jeunes. c'est l'objectif que se donne depuis 2006 autour du<br />

monde, l'association des étudiants internationaux de nantes, <strong>en</strong><br />

li<strong>en</strong> avec le conseil général de loire-atlantique, via le dispositif<br />

Cercle Europe. un projet qui permet à des étudiants europé<strong>en</strong>s<br />

de prés<strong>en</strong>ter leur pays et leur culture à des collégi<strong>en</strong>s du<br />

départem<strong>en</strong>t. chaque année, une douzaine d'étudiants et plus<br />

de mille adolesc<strong>en</strong>ts profit<strong>en</strong>t de ces r<strong>en</strong>contres interculturelles.<br />

pour partager cette culture europé<strong>en</strong>ne ou lire des témoignages,<br />

r<strong>en</strong>dez-vous sur leur site.<br />

autourdumonde.asso.fr<br />

europ'tite reine<br />

crédit photo / galerie almine rech, paris-bruxelles<br />

crédit photo / compagnie l'art scénique<br />

traverser l'europe ? trois grands fleuves le font déjà, et tout le<br />

monde est maint<strong>en</strong>ant invité à les suivre à vélo. l'EuroVelo6, longue<br />

voie verte initiée par la fédération europé<strong>en</strong>ne des cyclistes<br />

pour relier l'atlantique à la mer noire est <strong>en</strong>core <strong>en</strong> chantier, mais<br />

déjà largem<strong>en</strong>t praticable et balisée. france, suisse, allemagne,<br />

autriche, slovaquie, hongrie, serbie, croatie, bulgarie, roumanie,<br />

le projet promet de belles découvertes. le site dédié, très complet,<br />

propose des cartes détaillées, des infos générales et pratiques<br />

pour le passage des frontières, ou l'intermodalité, de nombreux<br />

li<strong>en</strong>s et un espace d'échanges autour du cyclotourisme, petites<br />

annonces pour cyclistes seul(e)s et matériel d'occasion à l'appui.<br />

avec ça plus d'excuse, alors à bi<strong>en</strong>tôt su'l'vélo, v<strong>en</strong>t dans l'dos !<br />

eurovelo6.org<br />

europe franco-serbe<br />

europe géorgie


elarus<br />

10 // face à face //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec stanislaù chouchKevitch<br />

stanislaù chouchkevitch est docteur <strong>en</strong> mathématiques et <strong>en</strong> physique, anci<strong>en</strong><br />

professeur et recteur de l'université d'état. prédécesseur de l'actuel présid<strong>en</strong>t alexandre<br />

loukach<strong>en</strong>ko, il fut le premier présid<strong>en</strong>t de la république du belarus de 1991 à 1994.<br />

depuis 1998, il dirige le parti d'opposition de l'assemblée sociale-démocrate bélarusse. <strong>en</strong><br />

2004, il a été empêché de participer aux élections législatives et, par mesure vexatoire, il<br />

perçoit à 76 ans une p<strong>en</strong>sion m<strong>en</strong>suelle de 1,8 dollar.<br />

e u r o p a : comm<strong>en</strong>t expliquez-vous la longévité au pouvoir d’alexandre<br />

loukach<strong>en</strong>ko ?<br />

St a n i S l a ù Ch o u C h k e v i t C h : qu’est-ce qu’une dictature ? c’est un régime<br />

qui ti<strong>en</strong>t par une c<strong>en</strong>tralisation extrême et la cruauté du pouvoir. loukach<strong>en</strong>ko<br />

a été élu démocratiquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1994 et se mainti<strong>en</strong>t depuis<br />

<strong>en</strong> organisant des élections truquées. les dernières élections véritablem<strong>en</strong>t<br />

démocratiques au belarus ont eu lieu <strong>en</strong> 1996. après ça, tout s’est<br />

accéléré et loukach<strong>en</strong>ko a réussi à conc<strong>en</strong>trer l’ess<strong>en</strong>tiel des pouvoirs<br />

et la russie l’a aidé. quand cette année-là, le parlem<strong>en</strong>t a essayé de lancer<br />

une procédure d’impeachm<strong>en</strong>t 1 à l’<strong>en</strong>contre de loukach<strong>en</strong>ko, trois<br />

intermédiaires russes sont v<strong>en</strong>us effectuer une médiation mais, dans la<br />

réalité, ils n’ont fait qu’aider à installer une dictature.<br />

qu’est-ce qui peut expliquer le comportem<strong>en</strong>t de la population<br />

bélarusse qui ne semble pas réellem<strong>en</strong>t s’insurger contre le pourrissem<strong>en</strong>t<br />

de la situation ?<br />

S. C. : Je connais la france, j’ai <strong>en</strong>seigné <strong>en</strong> france, mais vous devez compr<strong>en</strong>dre<br />

qu’on est différ<strong>en</strong>t des français, et que l’histoire explique que nous<br />

soyons moins vindicatifs. la position géographique du belarus, dans une<br />

zone qui a payé un plus lourd tribut aux conflits qui ont déchiré l’europe,<br />

explique grandem<strong>en</strong>t la situation. il ne faut pas oublier notamm<strong>en</strong>t que,<br />

proportionnellem<strong>en</strong>t à son nombre d’habitants, le belarus est le pays qui a<br />

compté le plus grand nombre de victimes durant la seconde guerre mon-<br />

<strong>en</strong> Janvier dernier, l'ue<br />

annonçait la mise <strong>en</strong> place de<br />

sanctions contre le régime<br />

autoritaire du Belarus <strong>en</strong><br />

réaction aux « arrestations<br />

massives et aux persécutions des<br />

représ<strong>en</strong>tants de la société civile<br />

depuis la présid<strong>en</strong>tielle ». v<strong>en</strong>u à<br />

Bruxelles pour cette occasion,<br />

le premier présid<strong>en</strong>t du pays<br />

après la fin de l'urss, stanislaù<br />

chouchKievitch, nous livre sa<br />

vision de la politique de l'ue,<br />

trop molle, face à la dernière<br />

dictature d'europe.<br />

propos recueillis par ulrich huygevelde<br />

‘‘l'euroPe doit réagir<br />

Plus vite’’<br />

diale. p<strong>en</strong>dant la guerre m<strong>en</strong>ée par les soviétiques <strong>en</strong> afghanistan, le même<br />

scénario s’est répété, le belarus y a perdu beaucoup de soldats parmi tous<br />

les autres peuples de l’urss. de cette histoire souv<strong>en</strong>t tragique, les bélarusses<br />

ont appris une chose : à survivre. on l’a appris mieux que personne !<br />

cette histoire a largem<strong>en</strong>t marqué le peuple qui a donc toujours été<br />

contraint, malgré les événem<strong>en</strong>ts extérieurs, à trouver les façons de<br />

survivre, quel que soit le contexte. ceci est si fort que je p<strong>en</strong>se que si le<br />

belarus avait été soumis, comme l’ukraine dans les années 1930, à une<br />

pénurie organisée (pour punir les ukraini<strong>en</strong>s réfractaires à la collectivisation,<br />

staline avait sciemm<strong>en</strong>t organisé une famine <strong>en</strong> ukraine reconnue<br />

aujourd’hui sous l’appellation Holodomor, ndlr), les bélarusses aurai<strong>en</strong>t<br />

probablem<strong>en</strong>t trouvé les moy<strong>en</strong>s d’y faire face, <strong>en</strong> cachant des choses à<br />

droite et à gauche et par divers procédés. tout a toujours été une question<br />

de survie et aujourd’hui c’est la même chose. cette histoire traumatisante<br />

« comprime » pour ainsi dire toute velléité pour les bélarusses de s’affirmer<br />

et pèse sur la construction de leur id<strong>en</strong>tité nationale.<br />

peut-on affirmer que la révolution orange, qui a dans une certaine<br />

mesure tourné au vinaigre, aurait contribué à décourager les Bélarusses<br />

de répéter le scénario chez eux et expliquerait la relative faiblesse de<br />

la mobilisation après les élections ?<br />

S. C. : on ne peut pas dire que la mobilisation bélarusse ait été faible. dans<br />

le contexte du belarus où des m<strong>en</strong>aces pès<strong>en</strong>t sur ceux qui manifest<strong>en</strong>t


face à face // 11<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

« le dictateur ne<br />

compr<strong>en</strong>d que le<br />

langage de la force,<br />

et je crois que<br />

l’europe devrait<br />

trouver les moy<strong>en</strong>s<br />

de le lui t<strong>en</strong>ir. »<br />

– la milice a d’ailleurs montré qu’elle ne faisait pas de distinction dans<br />

la répression, s’attaquant aux personnes agées et même aux <strong>en</strong>fants<br />

qui étai<strong>en</strong>t là –, avoir réussi à mobiliser 30 000 personnes était un vrai<br />

succès. il y a aussi un autre élém<strong>en</strong>t important, la russie, qui joue un rôle<br />

<strong>en</strong> couvrant la situation.<br />

le parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> a montré l’intérêt qu’il porte au Belarus <strong>en</strong><br />

organisant récemm<strong>en</strong>t un débat sur cette question. l’europe peut-elle<br />

réellem<strong>en</strong>t peser sur ce qui se passe au Belarus ?<br />

S. C. : vous savez, cela fait un bon mom<strong>en</strong>t que je connais personnellem<strong>en</strong>t<br />

Jerzy buzek (présid<strong>en</strong>t du parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong>, ndlr), et <strong>en</strong> v<strong>en</strong>ant<br />

ici je me demandais comm<strong>en</strong>t j’allais pouvoir lui expliquer tout ce qui est<br />

arrivé au belarus depuis les élections. mais ce que j’ai particulièrem<strong>en</strong>t<br />

apprécié c’est que mes interlocuteurs ont une connaissance très fine de<br />

ce qui se passe réellem<strong>en</strong>t dans mon pays et, de ce fait nous pouvons<br />

passer directem<strong>en</strong>t à la discussion. ce qui n’est pas le cas dans les autres<br />

pays, où nous sommes obligés d’expliquer <strong>en</strong> détail ce qui s’est produit,<br />

avant de passer à la discussion sur d’év<strong>en</strong>tuelles mesures à pr<strong>en</strong>dre.<br />

quel regard portez-vous sur la politique de l’union europé<strong>en</strong>ne face<br />

au Belarus, qui oscille depuis des années <strong>en</strong>tre une attitude tantôt<br />

dure tantôt conciliante ?<br />

S. C. : J’espère que le parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> se refusera dans l’av<strong>en</strong>ir à<br />

établir un dialogue avec le régime de loukach<strong>en</strong>ko. il est clair que le<br />

présid<strong>en</strong>t actuel du parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong> ne veut pas aller vers un quelconque<br />

rapprochem<strong>en</strong>t avec les autorités du belarus. cep<strong>en</strong>dant, le vrai<br />

problème est que personne ne sait exactem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>t faire évoluer<br />

positivem<strong>en</strong>t et durablem<strong>en</strong>t la situation. les réactions de plusieurs<br />

députés europé<strong>en</strong>s, notamm<strong>en</strong>t polonais, me touch<strong>en</strong>t. on s<strong>en</strong>t qu’ils<br />

compatiss<strong>en</strong>t beaucoup avec nous, mais la réaction des députés d’autres<br />

pays me fait un peu peur. J’ai vu les premières versions des résolutions<br />

concernant le belarus... vont-elles avoir un vrai poids ou rester lettre<br />

morte ? ça reste à voir.<br />

pour votre part, que préconisez-vous comme attitude de la part de<br />

l’ue ?<br />

S. C. : nous avons parlé aujourd’hui avec m. füle, commissaire europé<strong>en</strong><br />

chargé de l’élargissem<strong>en</strong>t et du voisinage de l’ue, et il nous a expliqué que<br />

la mise <strong>en</strong> place de sanctions précises face aux responsables du régime<br />

bélarusse répond à des procédures compliquées et sont, de ce fait, longues<br />

à mettre <strong>en</strong> place. Je veux bi<strong>en</strong> le compr<strong>en</strong>dre, mais il faut que l’europe<br />

réagisse vigoureusem<strong>en</strong>t. le dictateur ne compr<strong>en</strong>d que le langage de<br />

la force, et je crois que l’europe devrait trouver les moy<strong>en</strong>s de le lui t<strong>en</strong>ir.<br />

si l’on considère que 50 % des exportations du belarus sont destinées<br />

au marché europé<strong>en</strong> et sachant aussi que la quasi-totalité des exportations<br />

sont le fait d’<strong>en</strong>treprises d’état, il y a donc un moy<strong>en</strong> d’exercer une<br />

pression très forte <strong>en</strong> m<strong>en</strong>açant de couper ses exportations vers l’europe.<br />

il serait bon égalem<strong>en</strong>t que l’europe interdise à loukach<strong>en</strong>ko l’accès à<br />

son territoire et l’empêche de v<strong>en</strong>ir passer ses vacances <strong>en</strong> suisse ou <strong>en</strong><br />

autriche par exemple. dans cette situation j’espère que l’europe va pr<strong>en</strong>dre<br />

l’exemple des états-unis. eux ont appliqué des sanctions fermes contre<br />

loukach<strong>en</strong>ko ! <strong>en</strong> plus, sanctions ne rim<strong>en</strong>t pas toujours avec restrictions.<br />

s’il faut empêcher loukach<strong>en</strong>ko de voyager <strong>en</strong> europe, il faut au contraire<br />

assouplir la délivrance des visas pour les citoy<strong>en</strong>s bélarusses.<br />

vous êtes l'un des trois hommes qui avez précipité la disparition de<br />

l’urss, <strong>en</strong> signant avec Boris eltsine et léonid Kravtchouk, le docum<strong>en</strong>t<br />

déclarant que l’union soviétique « avait cessé d’exister ». vous<br />

avez longtemps dit que vous <strong>en</strong> étiez très fier. au vu de la dérive<br />

autoritaire et parfois mafieuse de certains états qui ont succédé à<br />

l’urss, le p<strong>en</strong>sez-vous toujours ?<br />

S. C. : J’<strong>en</strong> suis toujours fier même si je n’ai fait qu’organiser la réunion qui<br />

a abouti à cela. cet acte signé <strong>en</strong> décembre 1991 a apporté beaucoup.<br />

mais ce dont je suis <strong>en</strong>core plus fier c’est d’avoir insisté, lorsque j’étais<br />

chef de l’état, pour faire du belarus un pays sans armes nucléaires, <strong>en</strong><br />

rapatriant <strong>en</strong> russie toutes les ogives héritées de la période soviétique.<br />

on voit aujourd’hui combi<strong>en</strong> il est important que loukach<strong>en</strong>ko ne dispose<br />

pas de telles armes.<br />

1. procédure de mise <strong>en</strong> accusation pour destituer un haut fonctionnaire d'un<br />

gouvernem<strong>en</strong>t.


afrique du sud<br />

texte et photos: Jean-félix fayolle<br />

des vaches sur un mur dans le quartier de pr<strong>en</strong>zlauer berg.


eportage // 13<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

une fresque peinte sur la façade arrière du TaCHELEs, anci<strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre commercial bombardé,<br />

occupé et réhabilité <strong>en</strong> maison de la culture alternative.<br />

berlin est<br />

la galerie ouverte<br />

Juillet 2007. le palais de la république, construit par les soviétiques sur les ruines du château<br />

de berlin ravagé par la guerre, est <strong>en</strong> cours de démolition pour la future reconstruction, à<br />

échelle réduite, de l’anci<strong>en</strong> château.<br />

allemagne


14 // reportage ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

à l’intérieur d’une usine <strong>en</strong> friche, sur le point d’être démolie, de l’art graphique sur deuX vieilles citernes.<br />

vestiges du sPrEEPark, un parc d’attractions situé dans le district berlinois de treptowköpernick.<br />

au détour d’une rue de kreuzberg<br />

un immeuble <strong>en</strong>tier qui a souffert de la guerre (<strong>en</strong> partie bombardé), à l’abandon<br />

p<strong>en</strong>dant le mur et occupé depuis sa chute par des Jeunes alternatifs. ce g<strong>en</strong>re de lieu est<br />

un <strong>en</strong>droit où la culture participative est <strong>en</strong> ébullition.


eportage // 15<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

pour découvrir Berlin, l’idéal est de s’y<br />

r<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> été et de voyager à vélo. ce moy<strong>en</strong> de<br />

transport écologique et économique permet de<br />

sortir des s<strong>en</strong>tiers Battus et de découvrir une<br />

autre ville que celle des cartes postales. pour<br />

ma part, J’ai décidé de partir à la découverte<br />

de Berlin est sur les traces d’un passé… pas si<br />

lointain.<br />

mon voyage comm<strong>en</strong>ce au bord de la spree, la rivière berlinoise où il fait bon se prom<strong>en</strong>er. Je découvre plusieurs<br />

vieux bâtim<strong>en</strong>ts industriels recouverts de graffiti. certains sont occupés par des artistes, pour y vivre et<br />

prés<strong>en</strong>ter leur travail ou organiser des évènem<strong>en</strong>ts, d’autres sont sur le point d’être démolis pour laisser place<br />

à un mégaprojet immobilier. sur des terrains vagues ou des parcs, on découvre des quartiers d’habitations<br />

faites de camions ou de roulottes. les habitants sont parfois organisés <strong>en</strong> collectifs, comme celui du schwarzer<br />

kanal. sur des plages, on pose du son électro, on sort les bières et on danse, de jour comme de nuit. il y a aussi<br />

le fameux Tacheles, dans le c<strong>en</strong>tre de berlin, qui figure parmi les lieux les plus célèbres de la culture alternative<br />

berlinoise.<br />

<strong>en</strong> continuant ma balade au bord de la spree, j’aperçois une grande roue rose. <strong>en</strong> m’approchant, je découvre un<br />

parc d’attraction abandonné, son gérant ayant été emprisonné pour une affaire de contrebande de manèges<br />

et de trafic de cocaïne suite à la faillite du parc <strong>en</strong> 2001. on se retrouve dans une ambiance à la fois glauque et<br />

surréaliste, <strong>en</strong> se prom<strong>en</strong>ant dans un décor de sci<strong>en</strong>ce-fiction où le temps semble s’être arrêté.<br />

un peu plus au nord de la spree, mais bi<strong>en</strong> à l’est de la ville, on peut se baigner dans des lacs avant d’arriver dans<br />

les quartiers sinistrés de hellersdorf et marzahn, à plus d’une dizaine de kilomètres de l’anci<strong>en</strong> c<strong>en</strong>tre de berlin-est<br />

: alexanderplatz. de nombreux immeubles sont vides, et rares sont ceux qui souhait<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir s’installer,<br />

malgré des tarifs de location dérisoires, dans une zone où le chômage affiche un taux record.<br />

voici un petit aperçu d’une balade atypique dans berlin. Je vous invite à v<strong>en</strong>ir vous y perdre et vous ne serez pas<br />

déçus du voyage, dans une grande capitale europé<strong>en</strong>ne, à la fois moderne, chargée d’histoire et si spéciale.<br />

un bateau-restaurant abandonné le long du landwehrkanal, kreuzberg.


aul all<strong>en</strong> / espagne<br />

europa #28 février / mars 2011


18 // dossier ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

AvAnt lA chute du bloc soviétique, le communisme<br />

formAit une opposition frontAle et concrète Au<br />

modèle économique libérAl proposé à l'ouest.<br />

ce modèle s'est progressivem<strong>en</strong>t imposé comme<br />

dominAnt, mAis il montre Aujourd'hui ses fAilles.<br />

Alors que les plAies du communisme sont <strong>en</strong>core<br />

ouvertes <strong>en</strong> europe de l'est, et que les restes du<br />

pArti dispArAiss<strong>en</strong>t Avec ses Anci<strong>en</strong>s cAmArAdes,<br />

cette idéologie propose-t-elle toujours une<br />

AlternAtive viAble ?<br />

par val<strong>en</strong>tine mercier


★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ dossier // 19<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

alors<br />

camarade ?<br />

le XX e siècle voit l'avènem<strong>en</strong>t de différ<strong>en</strong>ts régimes communistes, donnant<br />

suite aux grandes transformations économiques et sociales du<br />

XiX e siècle. si l'image d'« un » communisme totalitaire et uniforme prédomine,<br />

n'oublions pas que plusieurs courants communistes ont existé,<br />

et que le terme regroupe <strong>en</strong> fait des réalités variées. il serait réducteur<br />

de limiter le communisme à une idéologie unique et figée. si tous les<br />

courants dériv<strong>en</strong>t de la théorie élaborée par marx, ils témoign<strong>en</strong>t aussi<br />

d'interprétations différ<strong>en</strong>tes de celle-ci, et d'une adaptation à un pays, à<br />

un contexte historique, à des dirigeants, aux caractéristiques propres.<br />

l'œuvre de marx constitue avant tout une analyse économique de la<br />

société. il s'agit de dégager les différ<strong>en</strong>tes forces productives <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

et d'étudier les rapports qui exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre elles. divers modes de<br />

production <strong>en</strong> découl<strong>en</strong>t, dont les contradictions internes <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t<br />

naturellem<strong>en</strong>t et logiquem<strong>en</strong>t un processus révolutionnaire (par exemple,<br />

le passage du mode de production féodal au mode de production<br />

capitaliste).<br />

c'est à partir de cette analyse que sont élaborés différ<strong>en</strong>ts systèmes politiques<br />

qui permett<strong>en</strong>t l'accomplissem<strong>en</strong>t de la dernière étape de ce<br />

schéma : l'instauration d'un parti unique représ<strong>en</strong>tant les intérêts du<br />

prolétariat contre l'état bourgeois.<br />

le léninisme, le trotskisme, le stalinisme et le maoïsme, que nous aborderons<br />

ici, <strong>en</strong> form<strong>en</strong>t l'échantillon le plus connu. autour de leurs fondem<strong>en</strong>ts<br />

communs s'articul<strong>en</strong>t des p<strong>en</strong>sées politiques particulières à<br />

chacun d'<strong>en</strong>tre eux.<br />

un idéal de révolution<br />

tout d'abord, tous doiv<strong>en</strong>t arriver au pouvoir par une révolution dont<br />

seule la nature change : pour lénine, elle doit être opportuniste, décl<strong>en</strong>chée<br />

de manière artificielle à partir d'un événem<strong>en</strong>t propice ; selon<br />

trotsky, elle doit se réaliser dans tous les pays europé<strong>en</strong>s simultané-<br />

m<strong>en</strong>t ; pour mao, elle doit se faire pas à pas, suivant le rythme et l'expéri<strong>en</strong>ce<br />

concrète de chacun. le stalinisme se cont<strong>en</strong>te de maint<strong>en</strong>ir l'état<br />

obt<strong>en</strong>u par la révolution.<br />

de plus, le lieu de la révolution n'est pas le même suivant les conditions<br />

qui la précèd<strong>en</strong>t : <strong>en</strong> russie, c'est dans les villes que se trouve le pot<strong>en</strong>tiel<br />

révolutionnaire ; <strong>en</strong> chine, au contraire, la structure rurale de la<br />

société amène la révolution vers les campagnes.<br />

les acteurs de la révolution diffèr<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t : pour lénine, le peuple<br />

est ignorant et c'est de la bourgeoisie que lui vi<strong>en</strong>t sa consci<strong>en</strong>ce de<br />

classe ; dans l'idéologie maoïste, la prise de consci<strong>en</strong>ce s'effectue par le<br />

peuple lui-même, par son action, par sa propre réalisation et sa propre<br />

expéri<strong>en</strong>ce concrète.<br />

triumvirat ou troïKa<br />

<strong>en</strong> ce qui concerne l'exercice du pouvoir, le stalinisme se caractérise par<br />

un fort appareil d'état, auquel est subordonné le parti ; <strong>en</strong> cela le trotskisme<br />

s'y oppose. le stalinisme ne considère que les contradictions<br />

externes au parti : ce sont ses <strong>en</strong>nemis et il faut les éliminer. le trotskisme<br />

et le maoïsme, <strong>en</strong> revanche, considèr<strong>en</strong>t aussi les contradictions<br />

internes au parti, qu'il faut résoudre par une autocritique. le stalinisme<br />

peut donc être considéré comme l'application rigide d'un modèle tandis<br />

que le maoïsme t<strong>en</strong>te de se construire sur l'expéri<strong>en</strong>ce du concret.<br />

cep<strong>en</strong>dant, tous les courants qui sont arrivés au pouvoir ont abouti à<br />

un culte de la personnalité du dirigeant de leur parti, culte légitimé par<br />

la dét<strong>en</strong>tion prét<strong>en</strong>due de la « vérité ».<br />

de nombreux autres concepts différ<strong>en</strong>ci<strong>en</strong>t ces quelques courants du<br />

communisme, dont la liste dressée ici est loin d'être exhaustive. il s'agissait<br />

surtout de donner un aperçu de la diversité qui le compose, avant<br />

d'aborder ce qu'il <strong>en</strong> reste aujourd'hui.


20 // dossier ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

a av sme de<br />

AvAnt 1991, la politique ukraini<strong>en</strong>ne<br />

le pArti<br />

communiste de<br />

l'ukrAine (pcu)<br />

étAit formellem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dAnt. il constituAit<br />

Alors lA plus grAnde orgAnisAtion de l'urss.<br />

Aujourd'hui, le pcu doit fAire fAce à une<br />

perte de son électorAt et Aux scAndAles de son<br />

dirigeAnt permAn<strong>en</strong>t, petro symon<strong>en</strong>ko.<br />

par andré derivnais<br />

le parti communiste est le plus vieux parti politique d'ukraine. parti<br />

unique jusqu'<strong>en</strong> 1989, il a été interdit le 30 août 1991, accusé d'avoir<br />

fom<strong>en</strong>té un coup d’état. le premier congrès du pcu, au cours duquel<br />

l'organisation a été restaurée, a eu lieu le 19 juin 1993 à donetsk. petro<br />

symon<strong>en</strong>ko préside aux destinées du parti depuis ce jour. il <strong>en</strong> est le<br />

leader perman<strong>en</strong>t.<br />

le système politique ukraini<strong>en</strong> est aujourd’hui atomisé : une multitude<br />

de partis politiques, dont la plupart n’ont pas ou plus d’influ<strong>en</strong>ce notable.<br />

les partis de gauche, tels que le parti communiste d'ukraine, le<br />

parti socialiste d'ukraine (psu) ou <strong>en</strong>core le parti des socialistes progressistes<br />

d'ukraine (pspu) sont idéologiquem<strong>en</strong>t hétérogènes. leurs<br />

ori<strong>en</strong>tations sont contradictoires sur le plan des politiques intérieure<br />

et étrangère. ils subiss<strong>en</strong>t à ce jour une crise profonde, leur domination<br />

a décru dans le pays, ainsi qu'à la Verkhovna rada (le parlem<strong>en</strong>t ukraini<strong>en</strong>).<br />

majoritaires hier, ils sont minoritaires aujourd'hui. si le pcu et le<br />

pspu déf<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t les préceptes du marxisme-léninisme,<br />

le psu s'ori<strong>en</strong>te de plus <strong>en</strong> plus vers les valeurs sociales-démocrates et<br />

souti<strong>en</strong>t l'idée d'un état-provid<strong>en</strong>ce. l'électorat actuel du pcu, ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t<br />

composé des personnes âgées, périclite d'année <strong>en</strong> année.<br />

mais sous l'influ<strong>en</strong>ce du parti, les symboles de la période communiste<br />

rest<strong>en</strong>t debout. l'ère soviétique a laissé une multitude de monum<strong>en</strong>ts<br />

dédiés à lénine sur tout le territoire, particulièrem<strong>en</strong>t dans les régions<br />

ori<strong>en</strong>tales et australes d'ukraine. pour la plupart des ukraini<strong>en</strong>s ces monum<strong>en</strong>ts<br />

sont sans importance. tous compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que cela apparti<strong>en</strong>t<br />

maint<strong>en</strong>ant au passé. mais quand un monum<strong>en</strong>t à la gloire de staline a<br />

été érigé <strong>en</strong> 2010 à zaporizh'a, cela a provoqué l'indignation de nombreux<br />

citoy<strong>en</strong>s. selon eux, « le petit père des peuples » fut à l'origine,<br />

dans les années 30, d'une famine qui frappa des millions d’ukraini<strong>en</strong>s.<br />

perte de crédiBilité et d'électeurs<br />

le pcu s’est fortem<strong>en</strong>t compromis dans la politique politici<strong>en</strong>ne. les alliances<br />

peu naturelles avec les oligarques libéraux, ainsi que les querelles<br />

perman<strong>en</strong>tes de chefs, ont réduit l'électorat du parti comme peau<br />

de chagrin.<br />

les agissem<strong>en</strong>ts du leader communiste ukraini<strong>en</strong>, petro symon<strong>en</strong>ko,<br />

ont dégradé <strong>en</strong>core un peu plus l'image du parti. particulièrem<strong>en</strong>t<br />

après les scandales concernant sa vie privée (ce dernier aurait eu une<br />

liaison avec la journaliste oksana vashch<strong>en</strong>ko).<br />

les communistes disparaiss<strong>en</strong>t petit à petit de la scène politique ukraini<strong>en</strong>ne.<br />

les élections présid<strong>en</strong>tielles de 2010 ont montré que l’électorat<br />

du pcu était au même niveau que celui de la coalition nationaliste de<br />

viktor iouchtch<strong>en</strong>ko (3,55% contre 5,45%). les représ<strong>en</strong>tants du pcu<br />

eux-mêmes dis<strong>en</strong>t que c’était peut-être le dernier tour de piste électoral<br />

pour les « camarades ». <strong>en</strong> ukraine, l'idéologie communiste meurt<br />

avec ses vieux partisans.<br />

in kiev foster home / crédit photo / yakov pekarskiy cc


★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ dossier // 21<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

<strong>en</strong> mémoire d'un<br />

yran bi<strong>en</strong>-a mé<br />

bi<strong>en</strong> Après lA dissolution de lA yougoslAvie<br />

<strong>en</strong> 1991, certAins hAbitAnts des Anci<strong>en</strong>s pAys<br />

de lA fédérAtion sociAliste ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t lA<br />

« yougonostAlgie » d'une époque où toutes les<br />

ethnies et les peuples étAi<strong>en</strong>t unifiés pAr un<br />

leader emblémAtique. mAis cette unité AvAit un<br />

prix...<br />

par ronan mc dubhghaill et traduit par Johann le guelte<br />

l'ampleur du bouleversem<strong>en</strong>t que causa la chute du communisme dans<br />

les vies de millions de personnes à travers l'europe n'a d'égal que la stupeur<br />

dans laquelle il a laissé le vieux contin<strong>en</strong>t. personne n'imaginait le<br />

communisme comme transitoire et qu'il serait aisé de se débarrasser de<br />

ses fers pacifiquem<strong>en</strong>t. la république démocratique allemande (rda )<br />

s'est confortablem<strong>en</strong>t glissée dans le moule de l'allemagne unifiée. la<br />

tchécoslovaquie a accepté sans problème de se diviser et de dev<strong>en</strong>ir<br />

(pour la première fois) deux républiques indép<strong>en</strong>dantes : la république<br />

tchèque et la république de slovaquie.<br />

néanmoins, les victimes principales de cette désintégration du bloc<br />

communiste europé<strong>en</strong> sont peut-être à chercher du côté de l'anci<strong>en</strong>ne<br />

yougoslavie. dans cette région, la naissance des états successeurs<br />

s'est avérée difficile, comme le montre malheureusem<strong>en</strong>t l'héritage de<br />

conflits ethniques et de bains de sang.<br />

un passé (pas) si heureux<br />

il est fascinant de pr<strong>en</strong>dre consci<strong>en</strong>ce que même après des conflits<br />

sanglants, la yougoslavie, et <strong>en</strong> particulier son fondateur tito, évoqu<strong>en</strong>t<br />

nostalgie et t<strong>en</strong>dresse pour beaucoup. ce phénomène, mieux connu<br />

sous le nom de « yougonostalgie », est un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que l'on peut trouver<br />

dans les anci<strong>en</strong>s pays de la fédération 1 .<br />

face à l'université de sarajevo, vous trouverez une statue du leader<br />

<strong>en</strong>tourée de couronnes de fleurs. non loin de là, face à la rivière, vous<br />

pouvez boire un verre au Tito's bar. facilem<strong>en</strong>t reconnaissable aux anci<strong>en</strong>nes<br />

pièces d'artillerie se dressant <strong>en</strong> face de l'établissem<strong>en</strong>t, vous<br />

verrez à l'intérieur ce qui équivaut à un musée privé de la lutte militaire<br />

face à la dictature fasciste qui a vu la naissance de la yougoslavie. et<br />

tout ceci est dans une ville qui, p<strong>en</strong>dant de longues années de siège, a<br />

subi l'une des plus grandes débauches d'agressivité de la part de l'armée<br />

populaire yougoslave.<br />

il n'y a aucune explication simple pour la t<strong>en</strong>dresse ress<strong>en</strong>tie <strong>en</strong>vers un<br />

homme dont le régime a laissé un tel chaos derrière lui.<br />

tirer un trait... d'union<br />

tito est resté toute sa vie, et reste après sa mort, une énigme. il prét<strong>en</strong>dait<br />

se s<strong>en</strong>tir chez lui partout <strong>en</strong> yougoslavie, et chaque groupe ethnique<br />

le considérait comme « son » dirigeant. c'était à travers son principe<br />

de « ni majorité, ni minorité » que tito a permis à chaque groupe<br />

ethnique de s'affirmer au sein de la fédération.<br />

le plus intriguant dans cette situation repose dans la variété des inter-<br />

prétations avec lesquelles un homme ou une idée peuv<strong>en</strong>t être gardés<br />

<strong>en</strong> mémoire. témoignage de la complexité du rôle qu'il a incarné tout<br />

au long de sa vie, cet homme est vu comme le symbole des mémoires<br />

triomphalistes serbes à belgrade, d'une époque plus paisible à sarajevo<br />

et d'une plus grande tolérance au kosovo. « un temps durant lequel nous<br />

vivions tous comme frères. » 2 la tragédie ne survint qu'après sa mort. il<br />

n'y avait plus personne d'assez tal<strong>en</strong>tueux pour repr<strong>en</strong>dre ce rôle.<br />

1. Yugonostalgia, lindstrom, 2004.<br />

2. citation prov<strong>en</strong>ant d'une interview groupée d'ethnies serbes et albanaises dans<br />

la ville de peja/pec, kosovo, ravagée par la guerre. m<strong>en</strong>ée <strong>en</strong> 2010 par l'auteur.<br />

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retrouvez la version originale sur le site d'europa<br />

le mAréchAl non-Aligné<br />

★ ★ ★<br />

Josip briz tito (1892-1980) était un homme<br />

politique et un militaire yougoslave.<br />

tito est élu secrétaire général du parti<br />

communiste yougoslave (pcy) <strong>en</strong> 1937.<br />

p<strong>en</strong>dant la seconde guerre mondiale, il<br />

organise la résistance contre l'allemagne<br />

nazie, sans l'aide de l'urss ni des<br />

alliés occid<strong>en</strong>taux. cela lui permet d'instaurer<br />

un régime politique autonome<br />

au-delà des deux puissances. <strong>en</strong> 1945,<br />

la république populaire fédérative de<br />

yougoslavie est proclamée, tito exercera le pouvoir jusqu'à sa<br />

mort, au sein d'un régime communiste de parti unique. malgré<br />

son affinité idéologique avec l'urss, il rompt les relations avec<br />

staline <strong>en</strong> 1948. il impulse le mouvem<strong>en</strong>t des « pays non-alignés<br />

» et établit des relations commerciales avec les pays occid<strong>en</strong>taux.<br />

ses successeurs n'ont pas su freiner la décomposition du pays, qui<br />

finira <strong>en</strong> guerre civile.<br />

ex-yougoslavie


22 // dossier ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

ravailleurs du<br />

de mémo re<br />

débAuchés d'un pAys sociAliste pour être<br />

embAuchés dAns un Autre, les trAvAilleurs<br />

immigrés ont pArfois été exploités pAr deux<br />

gouvernem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> même temps. que sAit-on<br />

Aujourd'hui des migrAnts de l’Anci<strong>en</strong>ne rdA ? des<br />

stAtistiques, des études et quelques souv<strong>en</strong>irs<br />

Aid<strong>en</strong>t à rAfrAîchir les mémoires.<br />

par marc guschal<br />

ils étai<strong>en</strong>t embauchés par la république démocratique allemande<br />

(rda) à partir des années 60, restai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre deux et cinq années <strong>en</strong><br />

allemagne, et travaillai<strong>en</strong>t surtout dans l’industrie légère et celle des<br />

bi<strong>en</strong>s de consommation. malgré quelques similitudes, il ne faut surtout<br />

pas les confondre avec les Gastarbeiter (« travailleurs immigrés », cf. article<br />

p.26 du <strong>Journal</strong> <strong>Europa</strong> #27) de la république fédérale d'allemagne<br />

(rfa). la rda voulait éviter cette expression à tout prix, car elle était<br />

toujours associée à l’idéologie du voisin de l’ouest.<br />

les Vertragsarbeiter (« travailleurs de contrat ») v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t des autres pays<br />

socialistes comme la hongrie, l’angola, le mozambique, le viêtnam ou<br />

cuba. ils logeai<strong>en</strong>t dans des foyers sans aucun contact avec la population<br />

allemande. un cours int<strong>en</strong>sif d’allemand au début de leur séjour<br />

devait suffire pour faciliter la communication dans l’<strong>en</strong>treprise. cep<strong>en</strong>dant,<br />

cela causait quelques soucis, comme l'explique une anci<strong>en</strong>ne<br />

travailleuse vietnami<strong>en</strong>ne : « nous avons appris l’allemand p<strong>en</strong>dant six<br />

semaines. Ce n’était pas très difficile au début, mais après quelques temps<br />

nous avons eu pas mal de soucis. Le problème principal était la langue. »<br />

« les contrats<br />

étai<strong>en</strong>t négociés<br />

<strong>en</strong>tre la rda et les<br />

états. une partie<br />

de leur salaire<br />

repartait dans leur<br />

pays d’origine. »<br />

douBle peine<br />

d’autres faits compliquai<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t leur vie. il était par exemple interdit<br />

d’am<strong>en</strong>er des proches du pays d’origine. une travailleuse <strong>en</strong>ceinte<br />

devait avorter ou partir. et les contrats n’étai<strong>en</strong>t pas négociés <strong>en</strong>tre<br />

devoir...<br />

la rda et les travailleurs, mais directem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les états. du coup, ces<br />

Vertragsarbeiter devai<strong>en</strong>t céder une partie de leur salaire au gouvernem<strong>en</strong>t<br />

de leur pays d’origine. <strong>en</strong>core <strong>en</strong> 2004, quelques-uns squattai<strong>en</strong>t<br />

l’ambassade allemande de maputo, pour rev<strong>en</strong>diquer une somme de<br />

plusieurs millions de meticais (monnaie du mozambique) que la rda<br />

avait transférée jusqu’<strong>en</strong> 1989 à l’état du mozambique.<br />

les <strong>en</strong>vois de marchandises vers le pays d’origine, notamm<strong>en</strong>t de vélos<br />

et de motos, étai<strong>en</strong>t aussi très populaires. ainsi un anci<strong>en</strong> travailleur<br />

vietnami<strong>en</strong> se souvi<strong>en</strong>t : « Moi aussi, j’ai <strong>en</strong>voyé des vélos à ma famille.<br />

à cette époque, c’était très difficile d’<strong>en</strong> avoir au Viêtnam. nous avons toujours<br />

acheté des vélos d’une seule couleur : rouge. C’est la couleur du bonheur<br />

chez nous. du coup, il était plus facile de les rev<strong>en</strong>dre. » c’est aussi<br />

pour cette raison qu’on trouve toujours beaucoup de ces véhicules<br />

dans les rues de la havane ou de hanoï !<br />

douBle impact<br />

pourtant, il ne s’agissait pas des seules influ<strong>en</strong>ces de la rda sur ses pays<br />

part<strong>en</strong>aires. « Cet état socialiste allemand a exercé une grande influ<strong>en</strong>ce<br />

sur Cuba p<strong>en</strong>dant trois déc<strong>en</strong>nies, raconte manuel torres gemeil, professeur<br />

à l’université de la havane. Plus de 10 000 Cubains ont travaillé <strong>en</strong><br />

rda, et ils ont non seulem<strong>en</strong>t appris les choses techniques, mais ont aussi<br />

eu plein de souv<strong>en</strong>irs culturels. » les traces de la rda dans ces pays ne<br />

sont donc pas surpr<strong>en</strong>antes.<br />

mais quel héritage ces travailleurs ont-ils laissé <strong>en</strong> rda ? à chaque fois<br />

qu’un contrat finissait, le travailleur était r<strong>en</strong>voyé tout de suite dans<br />

son pays d’origine. moins d'un quart des 94 000 Vertragsarbeiter qui<br />

travaillai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core <strong>en</strong> rda <strong>en</strong> 1989 est resté. la plus grande communauté<br />

fut celle des vietnami<strong>en</strong>s. ceux qui restai<strong>en</strong>t fur<strong>en</strong>t d’abord illégaux.<br />

personne ne s’occupait d’eux. avec l’augm<strong>en</strong>tation du chômage,<br />

la xénophobie augm<strong>en</strong>ta soudainem<strong>en</strong>t dans l’ouest de l’allemagne.<br />

ainsi, amadeu antonio, un travailleur angolais, fut la première victime<br />

de la viol<strong>en</strong>ce de l’extrême droite après la réunification. il ne devait plus<br />

jamais r<strong>en</strong>trer dans son pays d’origine. il mourut le 6 décembre 1990,<br />

deux semaines après s'être fait attaquer par des adolesc<strong>en</strong>ts.<br />

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★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ dossier // 23<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

récits<br />

étrange<br />

née 3 Ans AvAnt lA chute du<br />

rideAu de fer, je suis une<br />

<strong>en</strong>fAnt de lA période démocrAtique<br />

<strong>en</strong> bulgArie. p<strong>en</strong>dAnt 20 Ans, j'Ai<br />

grAndi Au fil des chAngem<strong>en</strong>ts<br />

dAns mon pAys. 20 Ans de trAnsition,<br />

20 Ans à lA recherche du temps perdu,<br />

20 Ans de post-communisme.<br />

par valya ivanova<br />

il y a <strong>en</strong>core un an je ne savais pas grand chose sur le régime au pouvoir<br />

avant 1989. gueorgui dimitrov et todor Jivkov, les principaux « héros »<br />

<strong>en</strong> bulgarie, sont des personnes sur lesquelles j'avais <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du des avis<br />

contradictoires.<br />

beaucoup de vieux bulgares me disai<strong>en</strong>t qu'auparavant les g<strong>en</strong>s jouissai<strong>en</strong>t<br />

de plus de sécurité matérielle et sociale. par opposition à la période<br />

actuelle, où la classe moy<strong>en</strong>ne est réduite à une partie infime de<br />

la population. hélas, ce confort était la contrepartie d'un régime autoritaire<br />

et despotique. la c<strong>en</strong>sure régnait partout.<br />

<strong>en</strong> Erasmus à bruxelles <strong>en</strong> 2009, j'ai pu voir le docum<strong>en</strong>taire staline, le<br />

tyran rouge (de mathieu schwartz, 2007). un film qui m’a fait compr<strong>en</strong>dre<br />

la terreur du régime communiste qui régnait p<strong>en</strong>dant un demi-siècle<br />

dans toute l’europe de l’est et dans mon pays.<br />

J'ai naturellem<strong>en</strong>t comm<strong>en</strong>cé à fouiller dans le passé et à m’intéresser à<br />

ce pan de mon histoire. il me fallait mieux appréh<strong>en</strong>der ce qui a éloigné<br />

les par<strong>en</strong>ts, victimes de ce communisme, de leurs <strong>en</strong>fants – produits<br />

de l’époque capitaliste. quel paradoxe. il m'a fallu partir à l'ouest pour<br />

mieux compr<strong>en</strong>dre ce qui se passait à l'est.<br />

parallèlem<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> bulgarie, la société comm<strong>en</strong>çait à parler d'une façon<br />

plus ouverte de l'époque communiste. vingt ans après la chute du mur,<br />

les jeunes ont l'opportunité de découvrir leur histoire. de nombreux<br />

textes et théories sont apparus ces dernières années et ce tout particulièrem<strong>en</strong>t<br />

grâce à des auteurs issus des premières vagues d’émigration<br />

bulgares.<br />

le communisme vu par les expatriés<br />

tzvetan todorov est un essayiste et histori<strong>en</strong> français d'origine bulgare<br />

qui développe la théorie dite de la « double p<strong>en</strong>sée ». cette thèse démontre<br />

comm<strong>en</strong>t les régimes totalitaires déform<strong>en</strong>t la psychologie des<br />

peuples concernés et cré<strong>en</strong>t une hypocrisie instinctive, assimilée par<br />

les individus comme un instinct de survie. alors je me suis expliqué le<br />

« phénomène » de n'exprimer que ce que le régime att<strong>en</strong>d de toi, et<br />

surtout ne jamais dire ce que tu p<strong>en</strong>ses.<br />

des romans tels que Mausolée de rouja lazarova (éd. flammarion,<br />

2009) et L'Homme surveillé de vesselin branev (éd. albin michel, 2009,<br />

prix Helikon 2007) m'ont révélé les impressions personnelles des auteurs<br />

sur la dictature communiste, mais aussi la réalité quotidi<strong>en</strong>ne de cette<br />

période. la volonté de l'auteur de Mausolée était de dépeindre des per-<br />

é rangers<br />

transit on<br />

sonnages qui sont « ceux qui résist<strong>en</strong>t, ceux <strong>en</strong> qui la flamme de l'espoir<br />

continue de briller. ils s'insurg<strong>en</strong>t un jour et se soumett<strong>en</strong>t le l<strong>en</strong>demain. Et<br />

ils repr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ainsi le cours de leur vie tout <strong>en</strong> faisant partie intégrante du<br />

régime ». l'écrivain rouja lazarova fait partie de la génération de bulgares<br />

qui imigr<strong>en</strong>t après 1989.<br />

vesselin branev est quant à lui un scénariste, cinéaste et écrivain bulgare<br />

qui vit au canada depuis 1997. son livre, L'Homme surveillé est directem<strong>en</strong>t<br />

inspiré du travail des ag<strong>en</strong>ts secrets de la sureté d'état. « des<br />

souv<strong>en</strong>irs évoqués par des docum<strong>en</strong>ts », c'est ainsi que l'auteur défini<br />

son livre. ce roman docum<strong>en</strong>taire retrace non seulem<strong>en</strong>t la chronique<br />

d'un communisme immortel, mais aussi les av<strong>en</strong>tures et le vécu d'un<br />

homme s<strong>en</strong>sible, et pourvu de tal<strong>en</strong>t. son personnage principal n'est<br />

prés<strong>en</strong>té ni comme un saint, ni comme un dissid<strong>en</strong>t, mais comme un<br />

martyr qui sombre dans l'épic<strong>en</strong>tre de la vie culturelle de la nation. cela<br />

lui vaudra une surveillance constante de la part des services secrets, et<br />

le projetta dans un monde de doutes, de trahisons et de m<strong>en</strong>songes<br />

collectifs. à travers la lecture, j'ai alors découvert des vies handicapées,<br />

des g<strong>en</strong>s non-réalisés, des destins brisés.<br />

une fois <strong>en</strong>core, je me suis r<strong>en</strong>due compte que je vois plus clairem<strong>en</strong>t ce<br />

qui se passe dans mon pays à travers le regard étranger et de l’étranger…<br />

crédit photo / kate morton


24 // dossier ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

fa tes<br />

pas<br />

l'ère communiste <strong>en</strong> europe A mArqué une rupture<br />

dAns l'histoire de l'Art. lA mAinmise du pArti<br />

sur lA production Artistique A <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré de<br />

nombreuses critiques Après lA chute du mur. l'Art<br />

de propAgAnde : à érAdiquer ou à conserver ? les<br />

réponses diverg<strong>en</strong>t suivAnt les régions d'europe.<br />

par estelle gaucher et cécile germain<br />

ci-dessous : sculptures <strong>en</strong> bronze abandonnées derrière le musée de<br />

l'armée à dresde.<br />

<strong>en</strong> face : à tirana, capitale de l'albanie, de nombreuX bâtim<strong>en</strong>ts offr<strong>en</strong>t une<br />

réponse artistique à l'architecture soviétique. dans les années 2000, le<br />

maire socialiste, edi rama, peintre et sculpteur, <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d la rénovation<br />

de l'espace urbain dans le but de sortir la ville de l'étouffem<strong>en</strong>t de la<br />

dictature stalini<strong>en</strong>ne.<br />

crédit photo / cécile germain<br />

l'ar<br />

la guerre<br />

l'art officiel de la période communiste est le résultat d'une vraie recherche<br />

artistique. la volonté de faire table rase de l'héritage culturel russe<br />

<strong>en</strong> est la base. dans les vingt premières années du régime communiste,<br />

les artistes russes s'appliqu<strong>en</strong>t à élaborer un style, ils veul<strong>en</strong>t reconstruire<br />

de a à z une culture prolétari<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> phase avec le parti.<br />

Juste après la révolution de 1917, l'art du prolétariat se base sur l'esthétique<br />

futuriste : un art de forme, de chair, de matière, <strong>en</strong> opposition<br />

avec l'art d'esprit, gazeux, de la bourgeoisie. il doit se rapprocher de<br />

l'utilité et vivre au quotidi<strong>en</strong>, dans la rue, <strong>en</strong> opposition avec les œuvres<br />

mortes des musées bourgeois.<br />

<strong>en</strong> 1932, staline impose le regroupem<strong>en</strong>t de tous les courants artistiques<br />

existants <strong>en</strong> urss, pour un contrôle plus facile des artistes. le<br />

réalisme socialiste, désignant jadis l'<strong>en</strong>semble des courants artistiques<br />

prolétari<strong>en</strong>s, devi<strong>en</strong>t l'art officiel. d'un point de vue esthétique, l'art<br />

d'état doit être d'un réalisme photographique. mais il ne doit pas pour<br />

autant être purem<strong>en</strong>t descriptif. la destinée sociale et historique des<br />

hommes, le « s<strong>en</strong>s de l'histoire » doit apparaître. sa fonction auprès du<br />

peuple est éducative et mobilisatrice. la formule de staline l'illustre :<br />

« l'écrivain est l'ingénieur des âmes ».<br />

le dictateur aura bi<strong>en</strong> compris l'importance de la création artistique<br />

dans la manipulation des foules. durant son règne, les artistes, et notamm<strong>en</strong>t<br />

les architectes, se verront remettre des « prix staline » pour<br />

leurs créations. le travail artistique découle donc directem<strong>en</strong>t de la volonté<br />

du parti.<br />

staline dans le métro<br />

<strong>en</strong> russie subsist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core les traces de l'architecture de la période<br />

stalini<strong>en</strong>ne. par exemple, des quartiers moscovites comme les abords<br />

du parc gorki, ou <strong>en</strong>core dorogomilovo, sont construits d'immeubles<br />

cossus, sur-décorés, dont le style peut aller du néoclassicisme à l'art<br />

déco. ce sont des habitats de haute qualité, destinés à héberger la hiérarchie<br />

stalini<strong>en</strong>ne, loin des problématiques de l'habitat de masse. le<br />

métro de moscou, lui aussi, est un chapelet de stations conçues comme<br />

autant de mémoriaux à la victoire nationaliste (sculptures, fresques, colonnes...).<br />

le style s'exporte dans d'autres pays d'europe de l'est, imposant ainsi<br />

un stalinisme triomphant aux différ<strong>en</strong>tes nations de l'urss. le palais


★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ dossier // 25<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

crédit photo / david dufresne<br />

de la culture à varsovie ou l'av<strong>en</strong>ue de l'indép<strong>en</strong>dance à minsk <strong>en</strong> sont<br />

deux illustrations efficaces : par leurs dim<strong>en</strong>sions extravagantes, ces<br />

ouvrages sont la marque de la puissance soviétique. à la fin du règne<br />

de staline, khrouchtchev instaurera un style d'architecture plus sobre,<br />

répondant mieux aux besoins de construction de masse. pour cette<br />

forme d'art comme pour les autres, la chute du rideau de fer marque<br />

une rupture et une nécessité de r<strong>en</strong>ouveau.<br />

raison d'état : une croisade contre l'est<br />

la chute du mur de berlin <strong>en</strong> 1989 a <strong>en</strong>traîné un bouleversem<strong>en</strong>t dans<br />

tous les pays du bloc de l'est. mais aucun n'a vécu cela de façon aussi<br />

radicale que l'ex-rda. ayant été rattachée à sa « soeur » la rfa, l'allemagne<br />

de l'est a dû, dans un très court laps de temps, se régler sur son<br />

pas. cela a <strong>en</strong>traîné une restructuration presque complète de la société<br />

à travers de nouvelles lois, une nouvelle administration, de nouveaux<br />

programmes scolaires, etc.<br />

dans les milieux artistiques, la confrontation avec l'ouest ne s'est pas<br />

faite <strong>en</strong> douceur. les artistes de l'ex-rda se sont retrouvés au coeur de<br />

la tourm<strong>en</strong>te, pointés du doigts par ceux de la rfa. l'art de la période<br />

communiste fut qualifié de servile, trahissant le seul et vrai « art », car<br />

il collaborait avec un gouvernem<strong>en</strong>t despotique. le plus intrigant, est<br />

qu'à la tête de ces attaques, on retrouvait des artistes nés <strong>en</strong> rda qui<br />

s'étai<strong>en</strong>t exilés à l'ouest pour pratiquer leur art <strong>en</strong> liberté et connaître<br />

la gloire.<br />

dès la chute du mur, les intellectuels occid<strong>en</strong>taux exhortèr<strong>en</strong>t à se débarrasser<br />

de la production artistique d'avant 1989. certains se souvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t<br />

de la tête de lénine passant devant la f<strong>en</strong>être de l'hôpital dans<br />

le film Good bye, L<strong>en</strong>in ! (de wolfgang becker, 2002) et c'est un exemple<br />

réaliste de ce qu'il advint dans la plupart des nouveaux länders 1 .<br />

dans les musées, les peintures de cette époque fur<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> dépôt,<br />

remplacées par des oeuvres de baselitz, p<strong>en</strong>ck ou imm<strong>en</strong>dorff, jugées<br />

meilleures car issues du « monde libre ».<br />

la rda avait consacré une part énorme de son budget à la production<br />

artistique et l'on peut imaginer la quantité d'oeuvres produites retirées<br />

des galeries ou des rues. néanmoins, une des particularités qui marque<br />

<strong>en</strong>core aujourd'hui lorsqu'on se trouve dans un pays de l'est, c'est<br />

le nombre de statues prés<strong>en</strong>tes dans les villes. certains appelèr<strong>en</strong>t au<br />

démontage immédiat de ces sculptures urbaines, avec plus ou moins<br />

de succès.<br />

à dresde, par exemple, même s'il <strong>en</strong> reste <strong>en</strong>core beaucoup dans les<br />

rues, il n'y a qu'à visiter les dépôts de la ville pour compr<strong>en</strong>dre que ce ne<br />

sont que les restes d'une production bi<strong>en</strong> plus importante (cf. photo).<br />

la ville peut s'appuyer sur son histoire anci<strong>en</strong>ne pour garder de son<br />

attrait culturel : capitale des ducs de saxe ou « flor<strong>en</strong>ce de l'elbe », les<br />

prestigieux édifices de la vieille ville reconstruits à l'id<strong>en</strong>tique après la<br />

destruction de 1945 attir<strong>en</strong>t toujours les touristes, qui remarqueront ça<br />

et là des sculptures de la période communiste, surtout s'ils s'éloign<strong>en</strong>t<br />

des lieux touristiques.<br />

c'est ça ou ri<strong>en</strong> !<br />

pour les villes de l'est qui n'ont pas cette spl<strong>en</strong>deur, presque toutes les<br />

œuvres d'art acquises au fil de leur histoire fur<strong>en</strong>t produites à partir<br />

de 1945. pr<strong>en</strong>ons le cas de rostock, ville de la baltique qui connut son<br />

heure de gloire à l'époque où les chantiers navals procurai<strong>en</strong>t du travail<br />

pour tous. <strong>en</strong> rda, la ville était le port principal du pays et les allemands<br />

de l'est v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t passer leurs vacances dans la station balnéaire toute<br />

proche de warnemünde. au milieu des années 90, la ville connut un<br />

taux de chômage record (presque 20%) et sa région, le mecklemburgvorpommern<br />

est aujourd'hui <strong>en</strong>core la plus pauvre d'allemagne. dans<br />

ce contexte, on compr<strong>en</strong>d pourquoi la ville a conservé la grande majorité<br />

de ses sculptures, et qu'elle fasse appel à des artistes locaux qui ont<br />

fait leurs preuves sous le régime communiste plutôt que d'embaucher<br />

des artistes occid<strong>en</strong>taux.<br />

à chemnitz aussi, après avoir demandé aux habitants s'ils désirai<strong>en</strong>t<br />

voir disparaître la gigantesque tête de l'<strong>en</strong>fant du pays, karl marx, les citoy<strong>en</strong>s<br />

se sont mobilisés <strong>en</strong> faveur de sa conservation et cette sculpture<br />

gigantesque est aujourd'hui l'une des seules curiosités de la ville.<br />

malgré ces exemples, l'art de la période communiste reste persona nongrata<br />

au sein de l'élite artistique et intellectuelle du pays, desservi par<br />

une image caricaturale qui le réduit au réalisme socialiste <strong>en</strong> tant qu'art<br />

officiel. lors de la reconstruction du reichstag, le parlem<strong>en</strong>t allemand,<br />

dans la deuxième moitié des années 90, sur les 17 artistes allemands<br />

choisis, deux seulem<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t de l'ex-rda.<br />

« la rda avait<br />

consacré une part<br />

énorme de son<br />

budget à l'art.<br />

certains appelèr<strong>en</strong>t<br />

au démontage<br />

immédiat de<br />

ces sculptures<br />

urbaines. »<br />

à l'est, le r<strong>en</strong>ouveau<br />

cep<strong>en</strong>dant, l'est semble depuis quelques années se p<strong>en</strong>cher à nouveau<br />

sur la production artistique de l'ère communiste. les découvertes des<br />

histori<strong>en</strong>s de l'art et des groupes de recherche ont permis de rev<strong>en</strong>ir sur<br />

l'évolution d'un art considéré trop vite comme figé, répétitif et conformiste.<br />

l'exposition Les promesses du passé, qui s'est t<strong>en</strong>ue au c<strong>en</strong>tre pompidou<br />

<strong>en</strong> 2010, a fait ressortir qu'il n'y a pas d'opposition <strong>en</strong>tre europe de l'est<br />

et europe de l'ouest <strong>en</strong> ce qui concerne la production artistique, et que<br />

les influ<strong>en</strong>ces ont continué de circuler. dans les écoles d'art, on garde<br />

un pied dans le passé comme à leipzig avec le peintre neo rauch, ou à<br />

dresde avec le sculpteur gerd Jaeger, l'élève de watler arnold, un des<br />

piliers du réalisme socialiste.<br />

là où le communisme a le plus laissé son empreinte, c'est dans l'att<strong>en</strong>tion<br />

accordée à la culture, toujours prés<strong>en</strong>te malgré les difficultés financières<br />

propres aux pays de l'anci<strong>en</strong> bloc soviétique. une particularité<br />

qui attire aujourd'hui nombre d'artistes occid<strong>en</strong>taux ravis de trouver du<br />

travail dans un opéra ou d'avoir leur propre atelier sans dép<strong>en</strong>ser des<br />

fortunes dans des villes aussi séduisantes que dresde.<br />

1. les nouveaux länders sont formés par les régions de l'ex-rda, opposés aux<br />

anci<strong>en</strong>s länders de la rfa.


26 // dossier ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

le emps passe,<br />

pas les dées<br />

le pArti communiste itAli<strong>en</strong><br />

n’est plus… ou presque. son<br />

héritier rifondazione Comunista<br />

(rc) ne possède plus Aucun élu<br />

<strong>en</strong> 2008. dAns ce chAmp de ruines, c’est Au niveAu<br />

locAl que l’idéAl communiste perdure. à flor<strong>en</strong>ce,<br />

le cpA <strong>en</strong> est l’un des Acteurs de référ<strong>en</strong>ce.<br />

par raphael giambelluco<br />

<strong>en</strong> ce jeudi soir, le C<strong>en</strong>tro Popolare autogestito Fir<strong>en</strong>ze sud (cpa-fisud)<br />

situé dans le quartier de gavinana, a <strong>en</strong>core fait le plein. comme chaque<br />

semaine, la c<strong>en</strong>a sociale – compr<strong>en</strong>ez repas solidaire ouvert à tous – accueille<br />

une soixantaine de personnes. contre quelques euros, chaque<br />

convive partage un m<strong>en</strong>u complet où, du chianti aux idées politiques,<br />

le rouge est la couleur dominante.<br />

le cpa-fisud c’est d’abord une histoire d’occupation. dans un quartier<br />

de la banlieue flor<strong>en</strong>tine où la consommation d’héroïne comm<strong>en</strong>ce à<br />

faire des ravages, un premier c<strong>en</strong>tre social voit le jour à la fin des années<br />

80 dans une ex-école maternelle, à l’initiative d’un groupe d’habitants<br />

qui accept<strong>en</strong>t de restituer les lieux au profit d'un c<strong>en</strong>tre d'accueil pour<br />

handicapés. d'une usine désaffectée toute proche, naîtra véritablem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> 1989 le c<strong>en</strong>tre populaire autogéré.<br />

les activités mises à la disposition de la population, « de la mère de famille<br />

au grand-père partisan », se mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place avec comme ligne directrice<br />

bénévolat et gratuité. c’est aussi le début de l’affirmation d’un esprit<br />

internationaliste qui symbolisera les activités politiques futures, souti<strong>en</strong><br />

aux mouvem<strong>en</strong>ts indép<strong>en</strong>dantistes basques ou palestini<strong>en</strong>s, <strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec<br />

d’autres c<strong>en</strong>tres sociaux <strong>en</strong> italie.<br />

« lieu d’expression culturelle autogéré »<br />

la nuit est tombée et le repas se poursuit. les plats s’<strong>en</strong>chain<strong>en</strong>t comme<br />

les occupations. « Tout de suite, les travaux de remise aux normes ont<br />

comm<strong>en</strong>cé. isolation, insonorisation, normes de sécurité […], le boulot ne<br />

manquait pas » se souvi<strong>en</strong>t alessandro, bénévole de longue date.<br />

pour l’<strong>en</strong>semble des autres activités disponibles le schéma est le même.<br />

une personne propose de mettre ses compét<strong>en</strong>ces au service de la<br />

communauté de manière bénévole, l’assemblée participative hebdomadaire,<br />

seule habilitée à pr<strong>en</strong>dre les décisions relatives à la vie du c<strong>en</strong>tre,<br />

donne son accord et le projet voit le jour avec l’aide de qui veut. salle<br />

de cinéma, salle de concert et de théâtre, laboratoire photographique,<br />

cuisine collective, bibliothèque ou librairie, tous sont des projets pér<strong>en</strong>nes<br />

qui fonctionn<strong>en</strong>t au quotidi<strong>en</strong>. « Le C<strong>en</strong>tre est un bi<strong>en</strong> commun,<br />

il apparti<strong>en</strong>t à tous ceux qui souhait<strong>en</strong>t aider à son fonctionnem<strong>en</strong>t. En<br />

revanche, personne n’y vit et personne n’y dort. Ce n’est pas un squat mais<br />

un lieu d’expression culturelle autogéré. » cette précision d'alessandro<br />

semble lui t<strong>en</strong>ir à cœur.<br />

les valeurs communistes y sont omniprés<strong>en</strong>tes et, pour qui vi<strong>en</strong>drait à<br />

les oublier, les drapeaux rouges flottant sur la grille d’<strong>en</strong>trée et la faucille<br />

et le marteau ornant les murs des locaux sont là pour le rappeler.<br />

et les rapports avec le parti communiste ? mes voisins de table stopp<strong>en</strong>t<br />

crédit photo / raphaël giambelluco<br />

leur conversation et nous fix<strong>en</strong>t avec insistance. simple curiosité ou intérêt<br />

réel, <strong>en</strong> tout cas le sujet semble s<strong>en</strong>sible. mais alessandro l’aborde sans<br />

gêne. « nous n’avons aucun li<strong>en</strong> avec les partis de c<strong>en</strong>tre-gauche. Pour ce<br />

qui est de l’extrême gauche, avec la rifondazione comunista les rapports<br />

rest<strong>en</strong>t à un niveau individuel. un de leurs conseillers municipaux pourra<br />

organiser quelque chose avec le C<strong>en</strong>tre mais toujours <strong>en</strong> son nom et pas au<br />

nom du parti. » dans l’état actuel du paysage politique itali<strong>en</strong> les li<strong>en</strong>s les<br />

plus forts sont ceux <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>us avec le parti communiste des travailleurs<br />

qui privilégie une activité militante au niveau local. <strong>en</strong>semble, ils ont<br />

pris position contre la construction d’un c<strong>en</strong>tre de rét<strong>en</strong>tion pour les<br />

immigrés <strong>en</strong> situation irrégulière ou contre les suppressions d’emplois<br />

du groupe industriel de prêt-à-porter sasCH <strong>en</strong> toscane.<br />

ici l’illégalité permet la liberté. d’ailleurs on ne parle pas de financem<strong>en</strong>t<br />

mais bi<strong>en</strong> d’autofinancem<strong>en</strong>t. le cpa-fisud ne perçoit pas d’aides, ni de la<br />

mairie de flor<strong>en</strong>ce ou de la région toscane, ni d’aucun autre organisme.<br />

l’arg<strong>en</strong>t récolté c’est celui des repas ou des concerts organisés in situ.<br />

la c<strong>en</strong>a touche à sa fin. lele ramène les plats <strong>en</strong> cuisine avant d’<strong>en</strong>tamer<br />

une scopa, jeu de cartes itali<strong>en</strong>, autour d’un dernier verre. le communisme<br />

itali<strong>en</strong> n’est plus… ou presque.<br />

>> + sur journaleuropa.info<br />

retrouvez la version complète de l'article, sa traduction <strong>en</strong> itali<strong>en</strong> et un<br />

reportage photo du C<strong>en</strong>tro Popolare autogestito sur le site d'europa.


★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★ dossier // 27<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

promotion du sport<br />

dans le système communiste, le sport était accessible à tous,<br />

moy<strong>en</strong>nant une somme modique. l’état sout<strong>en</strong>ait l'activité sportive.<br />

<strong>en</strong> même temps, le sport de compétition était un moy<strong>en</strong> de<br />

voyager à l'étranger, ainsi il était très populaire chez les jeunes.<br />

aujourd'hui, dans les pays de l'anci<strong>en</strong> bloc soviétique, l’état souti<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>core l'élitisme sportif. dans certains établissem<strong>en</strong>ts publics<br />

l'accès aux activités sportives est gratuit : natation, gymnastique,<br />

sports de balles, etc.<br />

Zone de libre-échAnge<br />

non-mArchAnd<br />

★ ★ ★<br />

si l'idéologie communiste se base sur l'abolition de la propriété<br />

privée, alors le mouvem<strong>en</strong>t des logiciels libres, et <strong>en</strong> particuliers<br />

les lic<strong>en</strong>ces Creative Commons (cc), pourrai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> s'<strong>en</strong> rev<strong>en</strong>diquer<br />

comme digne héritier. né <strong>en</strong> partie grâce à l'informatici<strong>en</strong><br />

richard stallman, ils se développ<strong>en</strong>t dans l'idée d'un partage<br />

collectif des bi<strong>en</strong>s et des savoirs, pour que chacun apporte des<br />

améliorations profitables à tous.<br />

les lic<strong>en</strong>ces cc permett<strong>en</strong>t d'appliquer un droit d'auteur gratuit<br />

et reconnu pour une œuvre tout <strong>en</strong> cadrant les conditions de<br />

réutilisation et de sa distribution (paternité, usage non-commercial,<br />

sans modification...). le cc est avant tout une philosophie<br />

du libre-partage des connaissances, qui souhaite s'ét<strong>en</strong>dre audelà<br />

de la communauté informatique et permettre un partage<br />

collectif et une meilleure réappropriation des savoirs dans le<br />

domaine sci<strong>en</strong>tifique, de la musique, de la littérature, etc.<br />

le partage de fichiers de pair à pair fonctionne sur la même<br />

base de mise <strong>en</strong> commun de données, et ce pour profiter à<br />

tous. à la différ<strong>en</strong>ce notoire qu'il n'y a plus besoin d'un serveur<br />

c<strong>en</strong>tral, à l'instar d'un parti unique, dans le fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

pour que les membres du réseau communiqu<strong>en</strong>t et s'échang<strong>en</strong>t<br />

des fichiers.<br />

le sociAlisme d'<strong>en</strong> bAs,<br />

pAs le sociAlisme d’étAt !<br />

★ ★ ★<br />

le mouvem<strong>en</strong>t coopératif trouve ses origines dans le socialisme<br />

utopiste du début du XiX e siècle, bi<strong>en</strong> avant le Manifeste du<br />

parti communiste de marx et <strong>en</strong>gels. le caractère politique des<br />

coopératives a toujours fait débat et l'on distingue plutôt leurs<br />

domaines d'interv<strong>en</strong>tion : agriculture, consommation, crédit,<br />

production... pourtant le but poursuivi est toujours le même :<br />

édifier « une forteresse pour bombarder la société capitaliste à<br />

coups de pommes de terre et de pains de livres » comme l'énonçait<br />

le belge anseele, un des fondateurs du projet coopérateur<br />

dans les années 1880. le ver dans le fruit, le loup dans la bergerie<br />

<strong>en</strong> somme. au sein de l'union europé<strong>en</strong>ne, on dénombre<br />

aujourd'hui <strong>en</strong>viron 300 000 sociétés coopératives et près de<br />

140 millions de citoy<strong>en</strong>s qui <strong>en</strong> sont membres.<br />

irréductibles chypriotes<br />

★ ★ ★<br />

nous sommes <strong>en</strong> 2011, toute l'union europé<strong>en</strong>ne est dirigée par<br />

des capitalistes… toute ? non ! car une île peuplée d'irréductibles<br />

communistes résiste <strong>en</strong>core et toujours au capitalisme. la république<br />

de chypre, ses 780 500 habitants, sa superficie proche de celle<br />

de la corse… et son pouvoir communiste. le parti progressiste des<br />

travailleurs (akel) et son poing auréolé d'un marteau, domin<strong>en</strong>t<br />

la scène politique chypriote depuis une déc<strong>en</strong>nie (34,9% aux élections<br />

europé<strong>en</strong>nes de 2009, plus de sept fois le score moy<strong>en</strong> des<br />

partis communistes <strong>en</strong> europe). le présid<strong>en</strong>t dimitris christofias,<br />

est le seul chef d’état communiste au sein de l'ue. lors de leur XXi e<br />

congrès <strong>en</strong> novembre dernier, les communistes chypriotes ont fait<br />

à nouveau acte de foi : « notre mouvem<strong>en</strong>t progressiste continue sa<br />

lutte malgré l'adversité née de la dissolution de l'union soviétique et<br />

de la communauté des états socialistes d'Europe ».<br />

BiBliographie /////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

michel aucouturier<br />

LE réaLisME soCiaLisTE<br />

puf, que sais-Je , 2008<br />

aujourd'hui <strong>en</strong>core<br />

★ ★ ★<br />

aragon<br />

LEs CoMMunisTEs (suiTE ET<br />

Fin, dans oEuVrEs roManEsquEs<br />

CoMPLèTEs, T. iV)<br />

éditions gallimard, 2008<br />

Jean-michel palmier<br />

LéninE, L'arT ET La réVoLuTion<br />

payot, 2006<br />

marc lazar<br />

LE CoMMunisME, unE Passion<br />

FrançaisE<br />

édition tempus-perrin, 2005<br />

pierre daix<br />

dénis dE MéMoirE<br />

éditions gallimard, 2008<br />

Karl marx<br />

LE CaPiTaL<br />

éditions folio, 2008


slovaquie<br />

28 // guerre oubliée///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////<br />

europa # 28 // février-mars 2011<br />

Lubim Ťa,<br />

moi non Plus<br />

* « Je t’aime », <strong>en</strong> SLovaque.<br />

Je me souvi<strong>en</strong>s <strong>en</strong>core de ce qu’on appelait Jadis la<br />

« tchécoslovaquie ». depuis 1993, ce pays est scindé <strong>en</strong> deux<br />

parties distinctes : la répuBlique tchèque et la slovaquie.<br />

au cœur de l’europe, la slovaquie est une terre de passage,<br />

un véritaBle nœud ferroviaire. sa position géographique<br />

<strong>en</strong>traîne une mutation constante de ses frontières et une<br />

forte interculturalité.<br />

par Julie boénec<br />

pour bi<strong>en</strong> compr<strong>en</strong>dre le pourquoi du comm<strong>en</strong>t, un petit rappel historique<br />

s’impose. l’actuel territoire slovaque a constitué au Xi e siècle une<br />

partie du royaume de hongrie et a temporairem<strong>en</strong>t été occupé par la<br />

pologne. à la fin du Xvii e siècle, presbourg, alias bratislava, devi<strong>en</strong>t la<br />

capitale et la ville de couronnem<strong>en</strong>t de l’empire austro-hongrois, unis<br />

par la famille des habsbourg.<br />

le pays a subi un processus de magyarisation (« de magyar », qui signifie<br />

hongrois <strong>en</strong> hongrois) par vagues tout au long de l’histoire, néanmoins<br />

un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t nationaliste slovaque voit le jour dès le Xviii e siècle sous<br />

l’influ<strong>en</strong>ce du panslavisme.<br />

dans la continuité du printemps des peuples de 1848, p<strong>en</strong>dant lequel les<br />

slovaques se rangèr<strong>en</strong>t aux côtés des autrichi<strong>en</strong>s contre les hongrois, le<br />

nationalisme slovaque continue à se r<strong>en</strong>forcer. cep<strong>en</strong>dant, la création<br />

de la double monarchie <strong>en</strong> 1867 confirmera le mainti<strong>en</strong> de la slovaquie<br />

sous contrôle hongrois.<br />

d’où vi<strong>en</strong>t la tchécoslovaquie<br />

lors des traités mettant fin à la première guerre mondiale 1 , la slovaquie,<br />

la tchéquie et la ruthénie 2 , ont été réunies sous l’appellation « tchécoslovaquie<br />

». néanmoins, ce mariage forcé (démantelé par l'allemagne<br />

nazie et reconstitué <strong>en</strong> 1945) est purem<strong>en</strong>t artificiel : la tchéquie, anci<strong>en</strong>ne<br />

possession autrichi<strong>en</strong>ne, était développée et industrialisée, et<br />

sa population largem<strong>en</strong>t athée, tandis que la slovaquie, sous influ<strong>en</strong>ce<br />

hongroise, était plus rurale et profondém<strong>en</strong>t catholique.<br />

<strong>en</strong> 1989, la révolution de velours met fin au régime totalitaire communiste<br />

imposé par le coup de prague de février 1948. trois ans plus tard,<br />

le divorce est officiellem<strong>en</strong>t prononcé, au matin du 1 er janvier 1933 3 .<br />

<strong>en</strong>fin libre et indép<strong>en</strong>dante ! la codification du slovaque <strong>en</strong> tant que<br />

langue à part <strong>en</strong>tière devi<strong>en</strong>t possible, elle qui n’était alors considérée<br />

que comme un patois. le revers de la médaille est que la plupart des <strong>en</strong>treprises<br />

sont situées dans la zone tchèque. la slovaquie n’a pu compter<br />

que sur son agriculture. elle t<strong>en</strong>d maint<strong>en</strong>ant à développer son industrie<br />

*<br />

vieille Lada à ushgorod, petite ville à la frontière slovaque,<br />

où co-habit<strong>en</strong>t ukraini<strong>en</strong>s, slovaques et hongrois.<br />

crédit photos / Julie boénec


guerre oubliée // 29<br />

février-mars 2011 // europa # 28<br />

sur la plaque, il est écrit « maestro » <strong>en</strong> cyrillique, à gauche se reflète la vieille église orthodoXe d'ushgorod.<br />

et son imm<strong>en</strong>se pot<strong>en</strong>tiel touristico-culturel.<br />

pourtant, cette séparation reste assez arbitraire, étant donné que ces<br />

deux peuples partag<strong>en</strong>t quasim<strong>en</strong>t la même langue, et est comprise<br />

mutuellem<strong>en</strong>t grâce à la télévision d'état bilingue. michal, habitant de<br />

prešov, à l’est du pays, m’explique que beaucoup d’<strong>en</strong>tre eux ont au<br />

moins un membre de leur famille résidant <strong>en</strong> république tchèque. à la<br />

louche, 200 000 slovaques habit<strong>en</strong>t <strong>en</strong> république tchèque, et <strong>en</strong>viron<br />

45 000 tchèques <strong>en</strong> slovaquie.<br />

triangle amoureux <strong>en</strong>tre voisins<br />

la slovaquie partage sa frontière avec cinq pays. <strong>en</strong> terme de « relation<br />

de voisinage », certains diront que bratislava ti<strong>en</strong>t lieu de banlieue de<br />

vi<strong>en</strong>ne, l’inter-culturalité avec la pologne est assez forte, et quant à<br />

l’ukraine, la slovaquie est favorable à son <strong>en</strong>trée dans l’ue.<br />

marcin, polonais de son état, m’explique le rapport triangulaire existant<br />

<strong>en</strong>tre la slovaquie, la république tchèque et la pologne. pour résumer, les<br />

slovaques se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t proches des polonais, alors que ceux-ci leurs préfèr<strong>en</strong>t<br />

les tchèques, se souciant des slovaques, qui eux s'<strong>en</strong> moqu<strong>en</strong>t. plus<br />

tard dans la conversation, ce même polonais m’explique que la différ<strong>en</strong>ce<br />

<strong>en</strong>tre la tchéquie et la slovaquie est palpable ri<strong>en</strong> qu’<strong>en</strong> franchissant la<br />

frontière routière : les tchèques aurai<strong>en</strong>t une façon « germanique » de<br />

conduire, très respectueuse du code, alors que les slovaques sont plus…<br />

comm<strong>en</strong>t dire… moins préoccupés par ce g<strong>en</strong>re de détails. globalem<strong>en</strong>t,<br />

les relations sont plutôt cordiales, <strong>en</strong> revanche, il <strong>en</strong> est tout autrem<strong>en</strong>t<br />

avec la hongrie.<br />

le proBlème hongrois<br />

malgré un accord bilatéral signé <strong>en</strong> décembre 2003, des rapports houleux<br />

subsist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre la slovaquie et sa voisine hongroise. le passé reste gravé<br />

dans les mémoires et la question de la minorité magyarophone inquiète<br />

les slovaques. à košice, deuxième ville du pays, située à quelques dizaines<br />

de kilomètres de la frontière, il n’est pas étonnant d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre parler<br />

hongrois dans la rue. confid<strong>en</strong>ce pour confid<strong>en</strong>ce, les slovaques n’aim<strong>en</strong>t<br />

pas trop ce g<strong>en</strong>re d’« invasion auditive », car par atavisme, ils redout<strong>en</strong>t<br />

toujours d’être occupés, noyés dans la culture hongroise 4 .<br />

la prés<strong>en</strong>ce du parti extrémiste et nationaliste sns de Ján slota au<br />

gouvernem<strong>en</strong>t slovaque n’a pas arrangé le dialogue. selon le quotidi<strong>en</strong><br />

conservateur critique à l'égard du gouvernem<strong>en</strong>t, magyar nemzet, les<br />

raisons expliquant le conflit hungaro-slovaque reposerai<strong>en</strong>t dans « la<br />

faiblesse et l'indécision du gouvernem<strong>en</strong>t hongrois ». l'élite politique <strong>en</strong><br />

« malgré un accord<br />

bilatéral signé <strong>en</strong><br />

décembre 2003, des<br />

rapports houleux<br />

subsist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre<br />

la slovaquie et sa<br />

voisine hongroise »<br />

hongrie lutte inlassablem<strong>en</strong>t depuis deux déc<strong>en</strong>nies contre les extrémistes,<br />

les marginaux et les antisémites. néanmoins, le conflit actuel<br />

est considéré <strong>en</strong> europe comme une controverse <strong>en</strong>tre nationalistes<br />

slovaques et hongrois 5 .<br />

aujourd’hui, suite au changem<strong>en</strong>t de gouvernem<strong>en</strong>t hongrois, m<strong>en</strong>é<br />

par viktor orbàn, les relations t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t à s’adoucir.<br />

depuis son indép<strong>en</strong>dance, gagnée de manière pacifique, le pays a poursuivi<br />

une politique d'intégration dans plusieurs institutions internationales,<br />

telles que l'otan depuis le 29 mars 2004, ou l'union europé<strong>en</strong>ne depuis<br />

le 1 er mai 2004. <strong>en</strong> 2005, le pays fut élu pour la première fois au conseil<br />

de sécurité de l'onu. depuis le 1 er janvier 2009, la slovaquie frappe ses<br />

propres euros. košice sera <strong>en</strong> 2013 capitale europé<strong>en</strong>ne de la culture,<br />

main dans la main avec marseille.<br />

1. traité de saint-germain-<strong>en</strong>-laye <strong>en</strong> 1919, et celui du trianon <strong>en</strong> 1920 (aussi<br />

connu sous le nom de traité de versailles).<br />

2. existe jusqu'<strong>en</strong> 1939.<br />

3. la slovaquie devi<strong>en</strong>t alors une république parlem<strong>en</strong>taire. son système juridique<br />

a été modifié pour se conformer aux critères de l'osce, rompant avec les<br />

dernières traces de la doctrine marxiste-léniniste. le système de droit civil se base<br />

sur des codes hongrois.<br />

4. il y a <strong>en</strong>viron 514 000 hongrois habitant <strong>en</strong> slovaquie, ce qui constitue <strong>en</strong>viron<br />

10 % de la population, principalem<strong>en</strong>t dans le sud du pays et <strong>en</strong>viron 25 000<br />

slovaques <strong>en</strong> hongrie (soit <strong>en</strong>viron 0,12 % de la population), selon eurostat.<br />

5. d’après un article de szabolcs szerető, paru dans eurotopics <strong>en</strong> novembre<br />

2008.


démocratie absolue<br />

diplomatie dissolue<br />

un incid<strong>en</strong>t diplomatique a eu lieu hier <strong>en</strong>tre l'iran et la<br />

corée du nord. un anci<strong>en</strong> diplomate de pyongyang a<br />

<strong>en</strong> effet t<strong>en</strong>té de nouer secrètem<strong>en</strong>t des relations avec<br />

l'un de ses confrères américains. ils <strong>en</strong>visageai<strong>en</strong>t un<br />

complot pour restaurer l'anci<strong>en</strong> régime diplomatique,<br />

dont beaucoup sont nostalgiques.<br />

depuis la révélation de docum<strong>en</strong>ts confid<strong>en</strong>tiels,<br />

un tournant extraordinaire s'est opéré dans les<br />

affaires mondiales. les relations <strong>en</strong>tre les pays sont<br />

désormais gérées par les citoy<strong>en</strong>s eux-mêmes,<br />

donnant lieu à des déchainem<strong>en</strong>ts<br />

de passions incontrôlés. malgré<br />

les t<strong>en</strong>tatives de c<strong>en</strong>sure et de<br />

modération de certains pays, les<br />

insultes fus<strong>en</strong>t, les bagarres virtuelles<br />

se multipli<strong>en</strong>t et ce n'est<br />

que grâce à la faible majorité<br />

de votes raisonnables que<br />

la paix réelle est maint<strong>en</strong>ue<br />

<strong>en</strong>tre les états.<br />

les dirigeants, impuissants,<br />

se retrouv<strong>en</strong>t cantonnés à<br />

de la politique intérieure<br />

dont ils ne sont même<br />

plus les maîtres. pantins<br />

aux mains de la population,<br />

ils exécut<strong>en</strong>t les décisions<br />

prises via des pétitions,<br />

adoptées automatiquem<strong>en</strong>t<br />

à partir de tr<strong>en</strong>te millions<br />

de clics. les réformes se<br />

succèd<strong>en</strong>t à vive allure, et<br />

il faudra bi<strong>en</strong>tôt refréner<br />

les esprits bouillonnants<br />

et instables qui, à peine<br />

une loi passée, souhait<strong>en</strong>t<br />

déjà l'abroger. pour éviter<br />

trop de débordem<strong>en</strong>ts, certains<br />

pays comme la france ont t<strong>en</strong>té<br />

de mettre <strong>en</strong> place une éducation<br />

diplomatique accessible à tous. s<strong>en</strong>sibiliser<br />

les citoy<strong>en</strong>s aux politesses du<br />

monde semble indisp<strong>en</strong>sable dans ce<br />

contexte ; dans tous les lieux de travail,<br />

quels qu'ils soi<strong>en</strong>t, deux heures<br />

par semaine doiv<strong>en</strong>t dorénavant être<br />

consacrées à la diplomatie et aux <strong>en</strong>jeux politiques du<br />

mom<strong>en</strong>t. des interv<strong>en</strong>ants – neutres dans l'idéal – se<br />

déplac<strong>en</strong>t d'une <strong>en</strong>treprise à l'autre. mais discipliner<br />

tout ce beau monde s'avère une tâche difficile : les<br />

pressions extérieures et les influ<strong>en</strong>ces personnelles<br />

jou<strong>en</strong>t beaucoup plus que ces pauvres professeurs<br />

improvisés. heureusem<strong>en</strong>t, personne n'a à se préoccuper<br />

des langues : des traducteurs automatiques<br />

instantanés ont été mis <strong>en</strong> place. seules quelques<br />

traductions erronées ont <strong>en</strong>trainé des incid<strong>en</strong>ts minimes.<br />

un autre type de problème est cep<strong>en</strong>dant posé<br />

par la chine. elle t<strong>en</strong>d à monopoliser l'espace de<br />

discussion, car aucun moy<strong>en</strong> n'a été trouvé pour<br />

limiter le nombre de ses participants ; des<br />

tranches horaires seront peut être affectées<br />

à ses ressortissants afin d'éviter la saturation<br />

des serveurs. bref, pour <strong>en</strong> rev<strong>en</strong>ir à notre<br />

événem<strong>en</strong>t, l'iran s'est trouvé très affecté<br />

des révélations concernant le complot<br />

déjoué. affecté et avant tout déçu :<br />

les deux comploteurs p<strong>en</strong>sai<strong>en</strong>t-ils<br />

vraim<strong>en</strong>t réussir à passer outre la<br />

transpar<strong>en</strong>ce ? quelle naïveté !<br />

affecté, déçu et off<strong>en</strong>sé, aussi.<br />

certes, les relations <strong>en</strong>tre la<br />

corée du nord et l'iran ne<br />

sont plus les mêmes ; certes, leur<br />

complicité passée est altérée ; certes,<br />

tout semble maint<strong>en</strong>ant les opposer...<br />

mais <strong>en</strong> souv<strong>en</strong>ir de leur <strong>en</strong>traide mutuelle,<br />

seuls contre le reste du monde...<br />

n'<strong>en</strong> reste-t-il ri<strong>en</strong> ? l'iran p<strong>en</strong>sait être<br />

respecté, comme un vieil ami que<br />

la vie a malheureusem<strong>en</strong>t éloigné<br />

de nos idées, dérive regrettable... il<br />

faut dire que le tournant pris par<br />

le pays à la suite des révélations<br />

du premier site de transpar<strong>en</strong>ce<br />

diplomatique était inatt<strong>en</strong>du.<br />

devant l'aveu général de tous<br />

ses voisins arabes d'anéantir sa<br />

puissance nucléaire à l'aide<br />

des états-unis, le gouvernem<strong>en</strong>t<br />

a pris peur et a<br />

capitulé, pour proposer de<br />

lui-même de nouveaux moy<strong>en</strong>s<br />

d'action et de négociation. pris de regrets face<br />

à l'oppression de trop nombreuses années, il a<br />

légué le pouvoir dans sa totalité aux nouveaux<br />

citoy<strong>en</strong>s. ceux-ci s'<strong>en</strong> sont emparés et l'ont<br />

départagé <strong>en</strong>tre tous pour dev<strong>en</strong>ir les pionniers<br />

de la nouvelle politique. l'iran rit bi<strong>en</strong> désormais<br />

de voir ses anci<strong>en</strong>s <strong>en</strong>nemis se débattre devant<br />

tant de démocratie, empêtrés dans celle-ci, et<br />

incapables de gérer leurs intérêts. un groupe de coré<strong>en</strong>s<br />

tirés au sort parmi les volontaires sera prochainem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>voyé <strong>en</strong> iran afin de s'excuser de l'attitude de leurs<br />

concitoy<strong>en</strong>s, de convaincre les irani<strong>en</strong>s de l'isolem<strong>en</strong>t<br />

d'une telle attitude réactionnaire, de rétablir une situation<br />

normale et de ne pas perdre la face. mais on ne<br />

doute pas une seconde de l'indulg<strong>en</strong>ce de ce peuple,<br />

ni de l'issue positive de l'accrochage.<br />

Fiction par<br />

Val<strong>en</strong>tine Mercier<br />

réalité<br />

----------------------------------<br />

dans plusieurs pays d'europe,<br />

un site internet gouvernem<strong>en</strong>tal<br />

permet aux<br />

citoy<strong>en</strong>s de débattre de projets<br />

législatifs, susceptibles<br />

d'être prés<strong>en</strong>tés dans leurs<br />

chambres parlem<strong>en</strong>taires<br />

respectives.<br />

www.vie-publique.fr<br />

depuis le 15 décembre<br />

2010, le projet d'initiative<br />

citoy<strong>en</strong>ne europé<strong>en</strong>ne fixé<br />

dans le traité de lisbonne est<br />

<strong>en</strong>tré <strong>en</strong> vigueur. Cette initiative<br />

permet à un comité de<br />

citoy<strong>en</strong>s, d'au moins 7 états<br />

membres, de faire voter une<br />

loi devant le Parlem<strong>en</strong>t europé<strong>en</strong>,<br />

s'il récolte <strong>en</strong> un an les<br />

signatures d'un million de<br />

citoy<strong>en</strong>s.<br />

le 28 novembre 2010, cinq<br />

grands quotidi<strong>en</strong>s nationaux<br />

(The New York Times,<br />

The Guardian, Le Monde, El<br />

País et Der Spiegel) publiai<strong>en</strong>t<br />

des informations tirées de<br />

Wikileaks, dét<strong>en</strong>teur de<br />

docum<strong>en</strong>ts confid<strong>en</strong>tiels et<br />

diplomatiques concernant<br />

tous les pays du monde.<br />

www.wikileaks.ch

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