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Imitatio imperii et imperium christianum dans la stratégie politique ...

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ÖT KONTINENS, az Új‐ és Jelenkori Egy<strong>et</strong>emes Történ<strong>et</strong>i Tanszék közleményei, N o 2010, ELTE, BUDAPEST, 2011.<br />

Vác<strong>la</strong>v Drška<br />

<strong>Imitatio</strong> <strong>imperii</strong> <strong>et</strong> <strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> <strong>politique</strong> des<br />

élites ecclésiastiques gauloises à <strong>la</strong> charnière des V e <strong>et</strong> VI e siècles<br />

C<strong>et</strong>te étude 1 a pour but d’attirer l’attention sur l’une des possibles motivations<br />

qui fit naître chez certains représentants du clergé gallo‐romain l’idée de faire du<br />

chef barbare des guerriers franques un roi chrétien. Ce p<strong>la</strong>n devait cependant<br />

également comprendre une certaine conception <strong>politique</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> associée.<br />

Une majorité écrasante des études consacrées à ce thème indiquent deux<br />

impulsions ayant conduit au baptême du premier souverain des Francs: <strong>la</strong> guerre<br />

contre les A<strong>la</strong>mans <strong>et</strong> son épouse Clotilde. La reine, qui venait de <strong>la</strong> cour burgonde<br />

était une catholique <strong>et</strong> nièce de Gondebaud, arien régnant sur les Burgondes, mais<br />

elle jouissait de <strong>la</strong> confiance des principaux représentants de l’épiscopat de Gaule,<br />

disposant ainsi d’un <strong>la</strong>rge éventail de moyens pour exercer une pression<br />

systématique <strong>et</strong> ciblée sur son époux. Ce qui nous amène naturellement à nous<br />

demander si le mariage de Clovis ne s’inscrivit pas, <strong>dans</strong> un premier temps du<br />

moins, <strong>dans</strong> une logique plus <strong>la</strong>rge de christianisation <strong>et</strong> de <strong>politique</strong> culturelle<br />

susceptibles de changer radicalement <strong>la</strong> situation en Gaule. Si nous acceptons<br />

c<strong>et</strong>te idée <strong>et</strong> essayons de l’analyser plus en détail, deux thèmes principaux<br />

viennent s’y ajouter dès le début: l’organisation du pouvoir <strong>dans</strong> le royaume<br />

burgonde <strong>et</strong> <strong>la</strong> situation religieuse qui y régnait.<br />

La question qui se pose, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> réponse précise se heurte à des sources très<br />

incomplètes, est celles des règles régissant <strong>la</strong> succession chez les Burgondes. Justin<br />

Favrod <strong>et</strong> plus tard Reinhold Kaiser 2 présumèrent que l’existence d’une monarchie<br />

1 Ce thème fasse l’obj<strong>et</strong> de discussions quasi perpétuelles sur deux points en particulier.<br />

Premièrement, <strong>la</strong> discussion sur <strong>la</strong> datation se poursuit: le baptême de Clovis varie selon les différents<br />

auteurs sur une longue période s’étendant de 496 à 508 <strong>et</strong>, au vu des sources utilisables, c<strong>et</strong>te question<br />

ne sera probablement jamais résolue de manière satisfaisante. Un consensus infiniment plus <strong>la</strong>rge<br />

existe à propos du deuxième suj<strong>et</strong>, à savoir l’importance de c<strong>et</strong> acte pour <strong>la</strong> formation de l’État<br />

francique <strong>et</strong> <strong>la</strong> création du mythe national de <strong>la</strong> monarchie capétienne au Moyen Âge. À ce suj<strong>et</strong>, voir:<br />

Georges TESSIER: Le Baptême de Clovis. 25 décembre ... Gallimard, 1964. Rolf WEISS: Chlodwigs Taufe:<br />

Reims 508. Versuch einer neuen Chronologie für Regierungszeit de ersten christlichen Frankenkönigs<br />

unter Berücksichtigung der politischen und kirchlich‐ dogmatischen Probleme seiner Zeit, Bern‐Frankfurt<br />

am Main, 1971. Pierre CHAUNU: Baptême de Clovis, baptême de <strong>la</strong> France, Fayard, 1996. Michel<br />

ROUCHE: Clovis. Suivi de vingt <strong>et</strong> un documents traduits <strong>et</strong> commentés, Paris, 1996. Bertrand<br />

FAUVARQUE: Le baptême de Clovis, ouverture du millénaire des saints, IN: M. ROUCHE (sous <strong>la</strong> dir.):<br />

Clovis. Histoire <strong>et</strong> mémoire I. Le baptême de Clovis, l’événement, Presses de l’Université de Paris‐<br />

Sorbonne, 1997. 272‐286. Danuta SHANZER ‐ Ian WOOD: Avitus of Vienne: L<strong>et</strong>ters and Selected Prose.<br />

Trans<strong>la</strong>ted with an Introduction and Notes. Liverpool (Liverpool University Press), 2002. Voir également<br />

les analyses fondamentales suivantes (mais <strong>dans</strong> un contexte différent ou plus <strong>la</strong>rge: Ferdinand LOT:<br />

Naissance de <strong>la</strong> France, Fayard, 1970. 21‐26. Justin FAVROD: Histoire <strong>politique</strong> du royaume Burgonde<br />

(443‐534). Lausaunne, 1997. 323‐360. Reinhold KAISER: Die Burgunder. Stuttgart, 2004. 60‐64. Eugen<br />

EWIG: Die Merowinger und das Frankenreich. Stuttgart ‐ Berlin ‐ Köln, 1992. 23. Reinhold KAISER: Das<br />

römische Erbe und das Merowingerreich, München, 2004. 89 <strong>et</strong> s.<br />

2 Pour une analyse détaillée de ce problème, voir Justin FAVROD: 173‐182 reprise en essence par<br />

Reinhold KAISER: Die Burgunder, Stuttgart, 2004. 115‐116. La position prioritaire du roi aîné peut être<br />

11


Vác<strong>la</strong>v Drška: <strong>Imitatio</strong> <strong>imperii</strong> <strong>et</strong> <strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> <strong>politique</strong> des élites ecclésiastiques gauloises à<br />

<strong>la</strong> charnière des V e <strong>et</strong> VI e siècles<br />

binaire naquit plus ou moins naturellement, mais que tout fils du roi avait une<br />

prétention légale à régner après <strong>la</strong> génération précédente. Ce n’est que<br />

Gondebaud qui, instruit du conflit avec Godégisile, modifia l’ordre de succession<br />

en faveur de <strong>la</strong> primogéniture individualisée <strong>et</strong> désigna en tant qu’héritier unique<br />

son fils Sigismond. 3 Étant donné que ce mode d’organisation du royaume suppose<br />

des conditions tribales spécifiques, ce<strong>la</strong> nous amène à envisager <strong>la</strong> poly<strong>et</strong>hnicité<br />

des Burgondes. 4<br />

Celle‐ci n’est pas dissipée par les sources écrites conservées, bien au contraire.<br />

Les érudits de l’Antiquité tels que Pline l’Ancien ou K<strong>la</strong>udios Ptolémée les situaient<br />

en général sur le même territoire que les Vandales, soit entre l’Oder <strong>et</strong> <strong>la</strong> Vistule.<br />

Jordanès indique toutefois que vers <strong>la</strong> fin de sa vie, l’empereur Valentinien I<br />

entreprit une campagne contre eux, <strong>et</strong> il précise c<strong>la</strong>irement que les Burgutiones<br />

résidaient sur le Rhin, aux côtés des Saxons. 5 La situation <strong>dans</strong> G<strong>et</strong>ica est<br />

complètement différente: le même auteur décrivit comment les membres de <strong>la</strong><br />

tribu, c<strong>et</strong>te fois‐ci nommés Burgundzones, furent anéantis par Fastida, roi des<br />

Gépides « jusqu’à l’écrasement total », vers <strong>la</strong> moitié du III e siècle d’après le<br />

contexte. 6 C<strong>et</strong>te période serait ainsi bien antérieure à l’affrontement contre<br />

Valentinien sur le Rhin, leur <strong>la</strong>issant assez de temps pour se dép<strong>la</strong>cer. Mais<br />

comment, suite à <strong>la</strong> décimation mentionnée plus haut, pouvaient‐ils être aussi<br />

nombreux qu’il ne l’est déc<strong>la</strong>ré? Au temps d’Honorius, c’est‐à‐dire au tournant du<br />

IV e <strong>et</strong> V e siècle, les Burgondiones accompagnés des Francs dévastent <strong>la</strong> Gaule, 7<br />

tandis que plus tard, appelés de nouveau Burgundzones, ils résident au sud des<br />

remarquée en particulier chez Grégoire de Tours (GREGORIUS TURONENSIS: Libri historiarum X,<br />

Monumenta Germaniae Historica : Scriptores rerum Merovingicarum I.1, Gregorii Turonensis Opera,<br />

éd. Bruno KRUSCH <strong>et</strong> Wilhelm LEVISON, Hannovre, 1951. II.32. 78‐80), mais pas ouvertement. L’évêque<br />

de Tours observe rigoureusement l’ordre frère aîné – cad<strong>et</strong>. Le mécontentement de Godégisile peut<br />

également perm<strong>et</strong>tre de deviner l’organisation hiérarchique. En revanche, Ian N. WOOD: Kings,<br />

Kingdoms and Consents, Early Medieval Kingship, edd. P<strong>et</strong>er Hayes SAWYER and Ian N. WOOD, Leeds,<br />

1977. 6‐29 défend <strong>la</strong> position que le deuxième roi n’était qu’un « aspirant » sans territoire ou siège<br />

propre.<br />

3 FAVROD: 154‐155. KAISER (Die Burgunder): 116.<br />

4 Reinhard WENSKUS: Stammesbildung und Verfassung. Das Werden der frühmitte<strong>la</strong>lterlichen<br />

gentes, Köln ‐ Graz 1961. 321‐322. Pour l’origine de <strong>la</strong> dynastie <strong>et</strong> l’<strong>et</strong>hnogenèse, voir Hans Hubert<br />

ANTON: Gibichungen, Reallexikon der Germanischen Altertumsurkunde, XII. 1998. 68 <strong>et</strong> s. Pour <strong>la</strong><br />

poly<strong>et</strong>hnicité des Burgondes, voir Ian N. WOOD: Ethnicity and the Ethnogenesis of the Burgundians, IN:<br />

Herwig WOLFRAM und Walter POHL (éd.): Typen der Ethnogenese unter besonderer Berücksichtigung<br />

der Bayern, Bd. 1. Wien, 1990. (= Denkschriften der Österreichische Akademie der Wissenschaften),<br />

passimm <strong>et</strong> Patrick AMORY: The Meaning and Purpose of Ethnic Terminology in the Burgundian Laws,<br />

Eary Medieval Europe 2. 1993. 1‐28.<br />

5 JORDANES: De summa temporum vel origine actibusque gentis Romanorum (Romana), in:<br />

Theodor MOMMSEN (ed.): Jordanis Romana <strong>et</strong> G<strong>et</strong>ica, Monumenta Germaniae Historica: Aucoters<br />

Aantiquissimi 5.1. Berlin, 1882. 39: „Gratianum filium suum Valentinianis ... imperatorem constituit ... <strong>et</strong><br />

contra Saxones Burgutionesque, qui plus LXXX milia armatorum primum Reni limbo castra m<strong>et</strong>assent,<br />

movit procinctum...”<br />

6 JORDANES: De origine actibusque G<strong>et</strong>arum, (G<strong>et</strong>ica), IN: MOMMSEN (ed.): 83: „...Gepidarum rex<br />

Fastida qui<strong>et</strong>atem gentem excitans patrios fines per arma di<strong>la</strong>tavit. Nam Burgundzones pene usque ad<br />

internicionem delevit...”<br />

7 Ibidem, 100.<br />

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ÖT KONTINENS, az Új‐ és Jelenkori Egy<strong>et</strong>emes Történ<strong>et</strong>i Tanszék közleményei, N o 2010, ELTE, BUDAPEST, 2011.<br />

Suèves, sur le Danube, sans aucun contact avec les Francs, 8 alors qu’en 451, ils<br />

sont censés combattre sur les champs Cata<strong>la</strong>uniques contre Atti<strong>la</strong>. 9 La double<br />

terminologie ainsi que <strong>la</strong> double histoire portent à croire qu’il pouvait en réalité<br />

s’agir de deux peuples distincts, dont l’union <strong>dans</strong> un ensemble proche du Rhin<br />

n’est pas exclue.<br />

Orose apporte cependant une information importante. Il affirme explicitement<br />

que les Burgondes étaient des catholiques 10 <strong>et</strong> n’est d’ailleurs pas le seul à en<br />

donner une description aussi f<strong>la</strong>tteuse. Selon Socrate de Constantinople, c<strong>et</strong>te<br />

tribu, barbare à l’origine, s’instal<strong>la</strong> sur le Rhin où elle commença à y mener une vie<br />

rangée. À l’approche des Huns, elle accepta <strong>la</strong> foi chrétienne sur le conseil des<br />

Romains <strong>et</strong> en remerciement de leur aide. 11 Ces deux informations peuvent<br />

concorder avec une description antérieure des Burgondes donnée par Ammien<br />

Marcellin, évoquant leur mode de vie incontestablement païen <strong>et</strong> l’exercice du<br />

culte 12 . En revanche, elles s’opposent à une tradition plus récente qui fit des<br />

Burgondes des adeptes de l’hérésie arienne. Nous pouvons en trouver l’origine, au<br />

moins pour ce qui est de l’intensité, chez Grégoire de Tours <strong>et</strong> son fameux<br />

c<strong>la</strong>ssement du roi Gonidoc <strong>dans</strong> <strong>la</strong> famille des souverains oppresseurs de <strong>la</strong> foi<br />

catholique. 13 L’opinion qui domina non seulement les l<strong>et</strong>tres médiévales, mais<br />

également <strong>dans</strong> <strong>la</strong> recherche moderne. 14<br />

Laissons‐<strong>la</strong> de côté pour le moment <strong>et</strong> examinons de plus près l’institution du<br />

double royaume burgonde. Commençons par Clotilde. Sa sœur Chrona professait<br />

également <strong>la</strong> foi catholique <strong>et</strong>, d’après Grégoire de Tours, l’assassinat du père des<br />

deux princesses, Chilpéric II, fut fomenté par son frère Gondebaud, qui ordonna de<br />

noyer leur mère <strong>et</strong> les condamna toutes deux à l’exil. 15 Chrona échappa à<br />

l’expulsion en embrassant <strong>la</strong> vie monastique. Quant à Clotilde, un tel destin lui fut<br />

épargné, nous le savons, grâce au mariage avec Clovis. La manière dont le roi<br />

burgonde traitait prétendument ses proches nous mène incontestablement à<br />

8<br />

Ibidem, 130.<br />

9<br />

Ibidem, 108: „Hi enim adfuerunt auxiliares: Franci, Sarmatae, Armoriciani, Liticiani, Burgundiones,<br />

Saxones...”.<br />

10<br />

PAULUS OROSIUS: Historiarum libri septem, IN: J.‐P. MIGNE, Patrologia Latina 31. Paris, 1846. VII.<br />

c. 32. coll. 1144.<br />

11<br />

SOCRATES SCHOLASTICUS: Historia ecclesiastica, IN: J.‐P. MIGNE, Patrologia Graeca 67. Paris,<br />

1864. VII. c. 30. coll. 806.<br />

12<br />

AMMIANUS MARCELLINUS: Rerum gestarum libri qui supersunt, LLA 638. XXVIII. c.5.14/87.<br />

(d’après Bibliotheca Teubneriana Latina, Ver. 3.0.B, Saur Ver<strong>la</strong>g, München – Leipzig, Brepols Publishers,<br />

2004).<br />

13<br />

GREGORIUS TURONENSIS: Libri historiarum, II.28, p. 73; ibidem II.4., p. 45.<br />

14<br />

L’argumentation contre une christianisation rapide est résumée par FAVROD: 50. il<br />

faut néanmoins adm<strong>et</strong>tre que le christianisme pénétra très tôt c<strong>et</strong>te tribu, ce qui peut<br />

donner raison à Alfred HAUCK: Kirchengeschichte Deutsch<strong>la</strong>nds, Bd. I. Leipzig, 3 1912. 93‐95.<br />

Il sera en revanche nécessaire d’abandonner résolument l’idée d’origine sur leur arianisme<br />

telle que formulée par Hans von SCHUBERT: Die Anfänge des Chistentums bei den<br />

Burgunden, Heidelberg, 1911. (Sitzungsberich<strong>et</strong>e der Heidelberger Akademie der<br />

Wissenschaften, phil.‐hist. K<strong>la</strong>sse 3), 24‐26. Pour <strong>la</strong> récapitu<strong>la</strong>tion moderne de c<strong>et</strong>te<br />

problématique, voir Ian N. WOOD (1990): 58‐61.<br />

15<br />

GREGORIUS TURONENSIS: Libri historiarum, II.28. p.73.<br />

13


Vác<strong>la</strong>v Drška: <strong>Imitatio</strong> <strong>imperii</strong> <strong>et</strong> <strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> <strong>politique</strong> des élites ecclésiastiques gauloises à<br />

<strong>la</strong> charnière des V e <strong>et</strong> VI e siècles<br />

conclure qu’il opta pour une <strong>stratégie</strong> d’extermination. Pourquoi?<br />

Lorsque saint Lupicin chercha à obtenir de l’aide pour les nécessiteux, il<br />

s’adressa au roi Chilpéric, alors installé à Genève, qui le reçut avec bienveil<strong>la</strong>nce <strong>et</strong><br />

accéda à sa requête. 16 En agissant ainsi, le roi respectait le modèle habituel du<br />

souverain chrétien tel que présenté par <strong>la</strong> doctrine de l’Église officielle. Selon<br />

toute vraisemb<strong>la</strong>nce, il ne s’agit pas là de l’image d’un roi arien. Reste à savoir<br />

lequel des deux Chilpéric manifesta une telle charité chrétienne. Les éditeurs<br />

présumèrent déjà qu’il ne pouvait s’agir que du frère de Gondebaud <strong>et</strong> non de son<br />

oncle, <strong>et</strong> <strong>la</strong> même opinion se r<strong>et</strong>rouve également ailleurs. 17 Justin Favrod <strong>et</strong> plus<br />

tard Reinhold Kaiser sont eux convaincus que Chilpéric II mourut bien avant de<br />

pouvoir devenir roi <strong>et</strong> qu’il devait donc s’agir de Chilpéric I er . 18 Tout le problème<br />

réside <strong>dans</strong> l’interprétation d’une seule l<strong>et</strong>tre de l’évêque Avit de Vienne adressée<br />

à Gondebaud, <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle l’évêque présentait ses condoléances au roi suite au<br />

décès de sa fille. C<strong>et</strong>te situation fut pour Avit l’occasion d’évoquer <strong>la</strong> mort<br />

antérieure des deux frères du roi, dont ce dernier pleura également <strong>la</strong> disparition.<br />

L’évêque ajouta cependant ce qui suit: « Minuebat regni filicitas numerum<br />

regalium personarum <strong>et</strong> hoc servabatur mundo, quod sufficiebat imperio.<br />

Repositum est illic, quicquid prosperum fuit catholicae veritati ». 19 Le raisonnement<br />

des deux chercheurs s’appuie sur <strong>la</strong> réflexion suivante : les frères (germani) de<br />

Gondebaud n’étant pas désignés comme reges, mais seulement comme persones<br />

regales, il ne s’agit donc pas de souverains mais de deux princes décédés bien<br />

avant d’avoir pu accéder au trône. Favrod va encore plus loin en concluant de<br />

l’emploi de l’adverbe quondam que les deux frères durent mourir<br />

« vraisemb<strong>la</strong>blement à une époque où Gondebaud ne régnait pas encore ». 20 Une<br />

telle explication est bien entendu acceptable mais elle est fondée sur une<br />

spécu<strong>la</strong>tion sémantique qui ne peut nullement être vérifiée. En outre,<br />

l’interprétation de toutes les autres sources s’y voit subordonnée. Ainsi, lorsque<br />

Grégoire de Tours écrit que Gondioc avait quatre fils <strong>et</strong> que Gondebaud avait tué<br />

Chilpéric, 21 Favrod ne considère crédible que <strong>la</strong> première partie de ce témoignage,<br />

tandis qu’il attribue <strong>la</strong> seconde à <strong>la</strong> rancune de l’évêque. Il procède de <strong>la</strong> même<br />

manière avec les citations pertinentes de Sidoine Apollinaire. C<strong>et</strong> évêque de<br />

16 GEREGORIUS TURONENSIS: De Romano atque Lupicino abbatibus, IN: Bruno KRUSCH (ed.): Liber<br />

vitae patrum, Monumenta Germaniae Historica: Scriptores rerum Merovingicarum I.2, Gregorii<br />

Turonensis Miracu<strong>la</strong> <strong>et</strong> opera minora, Hannover, 1885. c. 5/666‐667.<br />

17 Marcel BECK: Bemerkungen zur Geschichte des ersten Burgunderreiches, RSH 13. 1963. 433‐457.<br />

La<strong>et</strong>itia BOHM: Geschichte Burgunds: Politik, Staatsbildungen, Kultur, Stuttgart, 1979. 59‐61. Jean‐<br />

Pierre LEGUAY: Les Burgondes <strong>et</strong> <strong>la</strong> Sapaudia, Chambéry, 1988. 19. Herwig WOLFRAM: Les Burgondes:<br />

Faiblesse <strong>et</strong> pérennité (407/413‐534, IN: H. GAILLARD DE SEMAINVILLE (ed.): Les Burgondes, Apport de<br />

l’archéologie. Dijon, 1995. 23‐30.<br />

18 KAISER (Die Burgunder): 121 <strong>et</strong> 115. FAVROD: 153.<br />

19 ALCIMUS ECDICIUS AVITUS: Episto<strong>la</strong>e, IN: Monumenta Germaniae Historica: Auctores<br />

Antiquissimi VI.2 Alcimi Aviti opera. Ed. Rudolf PEIPER, Berlin, 1883. No.5/32.<br />

20 FAVROD: 151.<br />

21 „Fuit igitur <strong>et</strong> Gundevechus rex Burgundionum ex genere Athanarici regis persecutoris, cui supra<br />

meminimus. Huic fuerunt quattuor filii: Gundobadus, Godigisilus, Chilpericus <strong>et</strong> Godomarus. Igitur<br />

Gundobadus Chilpericum fratrem suum interfecit...” voir <strong>la</strong> note n° 17.<br />

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Clermont <strong>la</strong>issa à sa mort une correspondance re<strong>la</strong>tivement abondante, parmi<br />

<strong>la</strong>quelle deux l<strong>et</strong>tres sont d’une importance clé pour notre suj<strong>et</strong>. Dans <strong>la</strong><br />

première, 22 destinée à son proche parent Ecdicius, il m<strong>et</strong> en garde contre une<br />

amitié dangereuse – d’après le contexte – avec les rois burgondes. Il ne faut<br />

cependant pas interpréter l’expression periculosa regum familiaritas comme une<br />

preuve du co‐règne mais seulement comme un avertissement général que de<br />

telles re<strong>la</strong>tions pouvaient être dangereuses. Dans <strong>la</strong> seconde l<strong>et</strong>tre 23 , Sidoine<br />

désigne le roi burgonde comme un tétrarque. Favrod est cependant convaincu que<br />

ce terme n’est pas utilisé <strong>dans</strong> son sens d’origine, mais uniquement pour désigner<br />

un chef subordonné à Rome.<br />

Adm<strong>et</strong>tons <strong>la</strong> justesse de ce raisonnement, qui ne réfute pas pour autant<br />

l’opinion précédente. Il est alors tout à fait justifié de considérer <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre d’Avit à<br />

Gondebaud <strong>et</strong> le passage qui revêt pour nous une importance capitale comme des<br />

condoléances contenant non pas des paroles de conso<strong>la</strong>tion mais un reproche<br />

déguisé sur <strong>la</strong> manière intéressée <strong>et</strong> complètement non chrétienne dont le roi<br />

traitait ses proches. Il n’est alors aucunement nécessaire de chercher à distinguer<br />

le vrai du faux <strong>dans</strong> l’affirmation de Grégoire ou de chercher des explications<br />

compliquées pour interpréter les tournures de <strong>la</strong> correspondance de l’évêque de<br />

Clermont. En outre, d’autres arguments existent, même s’ils ne sont évidemment<br />

pas irréfutables. Il est vrai que le Passio sancti Sigismundi ne re<strong>la</strong>te que le co‐règne<br />

de Gondebaud <strong>et</strong> de Godégisile, mais son auteur indique tout de même :<br />

« Galliarum populos terrasque inter se diviserunt, ita ut Gundobaldus duas<br />

portiones suis dicionibus vindicar<strong>et</strong>, tertia Godigiselus ess<strong>et</strong> contentus ». 24 Bien que<br />

le moine d’Agaune n’ait rédigé son œuvre qu’au début du VIII e siècle, il a très bien<br />

pu saisir <strong>la</strong> tradition de longue durée qui reflétait effectivement <strong>la</strong> réalité. Mais<br />

comment Gondebaud acquit ces deux tiers <strong>et</strong> combien de rois régnèrent sur les<br />

Burgondes avant lui?<br />

On suppose que <strong>la</strong> coutume mérovingienne de partager le royaume des Francs<br />

à parts égales entre les fils du roi défunt relevait de <strong>la</strong> loi salique. Si c’est<br />

réellement le cas, nous devrions faire le raisonnement inverse <strong>et</strong> partir de<br />

l’hypothèse que le partage inégal entre Gondebaud <strong>et</strong> Godégisile se dérou<strong>la</strong><br />

également selon les normes juridiques burgondes. Or, aucune d’entre elles ne<br />

vient explicitement à l’appui d’une division de ce type. 25 Il ne reste ainsi aucune<br />

autre explication logique que celle de Grégoire de Tours: Gondebaud élimina son<br />

frère <strong>et</strong> sa famille, puis s’empara de son royaume. Ce<strong>la</strong> expliquerait également le<br />

22<br />

SIDONIUS APOLLINARIS: Episto<strong>la</strong>e, IN: J.‐P. MIGNE, Patrologia Latina 58. Paris, 1862. Ep. III.3. coll.<br />

497‐498.<br />

23<br />

Ibidem, VII.7. coll. 556.<br />

24<br />

Passio Sancti Sigismundi regis <strong>et</strong> martyris <strong>et</strong> sociorum eius, quod est Kl. mai, IN: Monumenta<br />

Germaniae Historica: Scriptores rerum Merovingicarum II, Fredegarii <strong>et</strong> aliorum chronica. Vitae<br />

sanctorum, éd. Bruno KRUSCH, Hannover, 1888, c. 2/333‐334.<br />

25<br />

Nous ne trouvons c<strong>et</strong>te disposition <strong>dans</strong> aucun code burgonde établi. Voir Liber Constitutionum<br />

sive Lex Gundobada, in: Leges Burgundionum, MGH LL nat. Germ. 2.1, éd. Ludwig Rudolf von SALIS,<br />

Hannover, 1892. <strong>et</strong> Lex Romana sive forma <strong>et</strong> expositio legum Romanum, in: Leges Burgundionum,<br />

MGH LL nat. Germ. 2.1, éd. Ludwig Rudolf von SALIS, Hannover, 1892.<br />

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Vác<strong>la</strong>v Drška: <strong>Imitatio</strong> <strong>imperii</strong> <strong>et</strong> <strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> <strong>politique</strong> des élites ecclésiastiques gauloises à<br />

<strong>la</strong> charnière des V e <strong>et</strong> VI e siècles<br />

mécontentement de Godégisile, qui aboutit finalement à <strong>la</strong> trahison.<br />

Rien ne s’oppose alors à ce que l’on suppose <strong>la</strong> naissance d’une tétrarchie<br />

après <strong>la</strong> mort de Gondioc, eu égard à sa descendance. Chilpéric I er , qui survécut à<br />

son frère, prit le pouvoir selon les principes en vigueur <strong>et</strong> il est effectivement<br />

possible que Godomar soit mort pendant c<strong>et</strong>te période. Trois héritiers accédèrent<br />

par <strong>la</strong> suite au trône burgonde: Gondebaud, Chilpéric II <strong>et</strong> Godégisile. Nous<br />

ignorons combien de temps c<strong>et</strong>te situation dura, mais il s’agissait certainement<br />

d’une organisation sans précédent <strong>dans</strong> l’histoire burgonde qui suscita des<br />

tensions. Prêtons attention à leur origine potentielle. Dans les sources, Chilpéric II<br />

porte plusieurs titres romains: magister militum, vir iluster Galliae a patricius. Chez<br />

Gondebaud, en revanche, seul le patriciat est incontestable. 26 Les re<strong>la</strong>tions avec <strong>la</strong><br />

cour de Constantinople jouaient toutefois un rôle important <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>politique</strong><br />

royale. On peut le déduire du fait que <strong>la</strong> dynastie burgonde avait pour tradition<br />

d’accepter les offices impériaux. 27 En examinant <strong>la</strong> correspondance d’Avit de<br />

Vienne conservée jusqu’à aujourd’hui, un constat s’impose: aucune l<strong>et</strong>tre de<br />

Gondebaud ne fut adressée à Constantinople alors que son fils Sigismond en<br />

envoya au moins trois, 28 affirmant sa loyauté <strong>dans</strong> chacune d’elles. On peut alors<br />

se demander si <strong>la</strong> tension entre les deux frères royaux n’était pas due au fait que<br />

Chilpéric ait été favorisé par <strong>la</strong> cour byzantine, malgré son statut de cad<strong>et</strong>. Ce qui<br />

pourrait également expliquer pourquoi Godégisile ne fit l’usage d’aucun titre<br />

romain par <strong>la</strong> suite, lorsqu’il fut roi à Genève. 29<br />

En outre, toutes les découvertes mentionnées recoupent parfaitement<br />

l’hypothèse que l’on rencontre souvent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> littérature <strong>et</strong> que R. Kaiser résume<br />

avec concision <strong>dans</strong> une phrase: « Für die Könige ist der Arianismus mit Sicherheit<br />

nur für Gundobad, Godegisel und Sigismund (vor seinem Übertritt) eindeutig<br />

bezeugt ». 30 Nous arrivons là au cœur du problème. Le déroulement possible de<br />

l’<strong>et</strong>hnogenèse des Burgondes historiques présents en Sapaudie peut expliquer<br />

pourquoi une partie de <strong>la</strong> tribu embrassa <strong>la</strong> foi catholique tandis que l’autre<br />

conserva l’orientation arienne. L’institution du double royaume reflétait ainsi non<br />

seulement <strong>la</strong> situation tribale mais aussi religieuse. Les changements qui<br />

commencèrent à s’imposer à partir des années 70 purent ainsi donner à<br />

l’épiscopat gallo‐romain l’impression d’une menace fatale. La mort de Gondioc<br />

constitua probablement un événement bien plus important que <strong>la</strong> chute de<br />

l’Empire à Rome. Après le court règne de Chilpéric I er , il était c<strong>la</strong>ir que le proj<strong>et</strong> de<br />

26 WEISS: 43. FAVROD: 143 affirme pourtant que Gondebaud hérita également du titre militaire, se<br />

fondant sur le chronographe grec Ma<strong>la</strong><strong>la</strong>, JOANNIS MALALAE: Chronographia, J.‐P. MIGNE Patrologia<br />

Graeca 97, Paris, 1865. coll. 557‐558. Il aurait transmis le titre militaire à Chilpéric I er (magister militum<br />

per Gallias) <strong>et</strong> gardé le titre de magister militum praesentalis. Toutefois, le passage en question<br />

concerne sans doute Gonidoc. Cf. KAISER (Die Burgunder): 49.<br />

27 Pour une analyse détaillée, voir FAVROD: 141‐148, résumée par KAISER (Die Burgunder):119‐121.<br />

Les deux chercheurs se fondent cependant sur <strong>la</strong> supposition que le roi apparaissant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Vie de<br />

Lupicin ou éventuellement <strong>dans</strong> d’autres sources hagiographique est Chilpéric I er .<br />

28 ALCIMUS ECDICIUS AVITUS: Episto<strong>la</strong>e, No.78/93. No.98/100‐101. No. 99/101.<br />

29 FAVROD: 146.<br />

30 KAISER: 152‐153.<br />

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ÖT KONTINENS, az Új‐ és Jelenkori Egy<strong>et</strong>emes Történ<strong>et</strong>i Tanszék közleményei, N o 2010, ELTE, BUDAPEST, 2011.<br />

tétrarchie n’aboutirait, pas, mais le tournant décisif n’eut lieu que lorsque<br />

Gondebaud décida d’éliminer son frère. Le binôme Gondebaud ‐ Godégisile<br />

sonnait bien le r<strong>et</strong>our de l’organisation traditionnelle du royaume, mais un<br />

élément important avait changé: pour <strong>la</strong> première fois, deux ariens régnaient sur<br />

le royaume burgonde <strong>et</strong> pour <strong>la</strong> première fois, le clergé gallo‐romain se r<strong>et</strong>rouvait<br />

<strong>dans</strong> une situation où il ne bénéficiait ni de l’appui ni de l’assistance nécessaires<br />

auprès des représentants du pouvoir séculier.<br />

Viennent s’y ajouter d’autres facteurs, évoqués par Bertrand Fauvarque <strong>dans</strong><br />

son étude, qui ranimèrent des spécu<strong>la</strong>tions eschatologiques, présentes de façon<br />

<strong>la</strong>tente depuis longtemps <strong>dans</strong> l’ancienne partie occidentale de l’empire. 31 Les<br />

ariens étaient considérés comme le signe de l’approche du jugement dernier <strong>et</strong> les<br />

rois wisigoths Euric <strong>et</strong> A<strong>la</strong>ric II en particulier représentaient l’incarnation même du<br />

mal, comme en témoignent les réactions de Sidoine Apollinaire. À <strong>la</strong> persécution<br />

des évêques sur le territoire wisigoth s’ajouta le conflit avec les monophysites en<br />

Orient, qui paralysa partiellement l’empire <strong>et</strong> réduisit quelque peu sa crédibilité en<br />

Occident. 32 Les Vandales en Afrique, les Goths en Italie <strong>et</strong> <strong>la</strong> diffusion de l’hérésie<br />

arienne en Hispanie suscitaient des inquiétudes <strong>dans</strong> le monde chrétien, <strong>et</strong> plus<br />

particulièrement chez les élites ecclésiastiques de <strong>la</strong> Gaule, 33 car elles se sentaient<br />

de plus en plus isolées <strong>et</strong> encerclées par les hérétiques.<br />

Il n’est pas nécessaire d’accumuler d’autres faits, mais notons encore une<br />

observation faite par B. Fauvarque <strong>dans</strong> son étude. Selon lui, le baptême de Clovis<br />

devait représenter « <strong>la</strong> résurrection (regeneratio) de l’empire en Occident ». 34<br />

L’auteur fonde son opinion sur les fameuses félicitations qu’Avit de Vienne adressa<br />

à Clovis, qui contiennent en eff<strong>et</strong> un passage indiquant qu’un nouveau centre du<br />

vrai christianisme se dressait désormais en Occident, aux côtés de <strong>la</strong> Grèce. 35 Ce<strong>la</strong><br />

nous amène à nous demander si le baptême du roi des Francs représentait<br />

vraiment l’objectif principal ou unique de l’activité d’alors du clergé catholique<br />

gaulois. Nous disposons du fragment d’une autre l<strong>et</strong>tre d’Avit: il s’agit c<strong>et</strong>te fois‐ci<br />

probablement de l’annonce solennelle au pape de <strong>la</strong> conversion de Sigismond au<br />

catholicisme. La partie conservée indique que c<strong>et</strong> événement m<strong>et</strong>tra fin à toute<br />

doctrine obscure orientale qui s’était emparée du cœur des barbares, que l’unité<br />

désirée sera atteinte <strong>et</strong> qu’il servira également d’exemple pour son propre peuple<br />

<strong>et</strong> pour les gentes extraneae. Avec l’aide de Dieu <strong>et</strong> l’intervention du pape,<br />

d’autres territoires suivront son exemple. Sigismond est désigné comme le seul roi<br />

31 Bertrand FAUVARQUE: Le baptême de Clovis, ouverture du millénaire des saints, IN: Michel<br />

ROUCHE (Sous <strong>la</strong> direction de): Clovis, histoire <strong>et</strong> mémoires I. Le baptême de Clovis, l’événement. , Paris‐<br />

Sorbonne, 1997. 271‐286.<br />

32 ALCIMUS ECDICIUS AVITUS: Episto<strong>la</strong>e, No.2/15‐16. Ou ibidem, No.3/22.<br />

33 „...non intelligimus Antichristum appropinquare...”, car „innumerabiles <strong>et</strong> ferocissimae nationes<br />

universas Gallias occuparunt,” remarque saint Jérôme, HIERONYMUS STRIDONENSIS: Episto<strong>la</strong>e, Ep. 123.<br />

PL 22. Paris, 1845. coll. 1057. Le passage fut fréquemment repris par des hommes de l<strong>et</strong>tres médiévaux<br />

pendant plusieurs siècles.<br />

34 FAUVARQUE: 283‐284.<br />

35 ALCIMUS ECDICIUS AVITUS: Episto<strong>la</strong>e, No. 36/75: „Gaudeat equidem Graecia principem legisse<br />

nostrum: sed non iam quae tanti muneris donum so<strong>la</strong> mereatur.”<br />

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Vác<strong>la</strong>v Drška: <strong>Imitatio</strong> <strong>imperii</strong> <strong>et</strong> <strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> <strong>politique</strong> des élites ecclésiastiques gauloises à<br />

<strong>la</strong> charnière des V e <strong>et</strong> VI e siècles<br />

ayant osé franchir le pas <strong>et</strong> l’évêque demande au Saint‐Père des reliques pour<br />

l’église de Genève « quae caput regni sui est ». 36<br />

En comparant ce fragment aux félicitations officielles adressées à Clovis,<br />

conservées plus ou moins sous sa forme intégrale, nous pouvons constater qu’il<br />

est rédigé <strong>dans</strong> un ton moins élogieux, mais il donne en revanche l’impression<br />

qu’Avit ne considéra l’œuvre de christianisation ouverte qu’à ce moment‐là:<br />

« inp<strong>et</strong>rate a deo aliis regionibus tribui, quicquid nobis p<strong>et</strong>imus custodiri ». Ce<strong>la</strong><br />

signifierait que le baptême de Clovis ne se dérou<strong>la</strong> qu’en second, ce qui joue un<br />

rôle important <strong>dans</strong> le contexte que nous étudions. Tandis qu’une partie des<br />

spécialistes situe les deux actes vers <strong>la</strong> fin du V e siècle, avec une tendance à<br />

considérer le baptême franc comme le premier, une autre partie, en particulier ces<br />

derniers temps, impose de plus en plus l’opinion que ces événements ne se<br />

produisirent pas avant <strong>la</strong> première décennie du siècle suivant, voire vers <strong>la</strong> fin de<br />

celui‐ci. Il devient ainsi possible d’envisager <strong>la</strong> simultanéité des deux baptêmes ou<br />

même l’antériorité de <strong>la</strong> conversion de Sigismond sur celle du roi Clovis.<br />

Essayons d’examiner s’il est possible que le proj<strong>et</strong> d’origine ait prévu <strong>la</strong><br />

conversion simultanée au catholicisme des deux rois, Gondebaud <strong>et</strong> Clovis, <strong>et</strong><br />

quelle importance un tel p<strong>la</strong>n pouvait avoir <strong>dans</strong> le dessein de l’épiscopat gallo‐<br />

romain. Il est bien connu qu’Avit exerça une forte pression sur Gondebaud <strong>et</strong><br />

déploya de grands efforts de persuasion. Le résultat fut résumé par l’évêque de<br />

Tours bien informé. Gondebaud, prêt à recevoir le baptême, exigea que ce dernier<br />

se déroule en secr<strong>et</strong>, mais ce type de conversion au catholicisme n’avait pas<br />

grande valeur pour le métropolite de Vienne. 37<br />

La même pression fut exercée sur Clovis, mais les moyens employés furent<br />

considérablement différents. Si nous nous en rem<strong>et</strong>tons à Grégoire <strong>dans</strong> le cas du roi<br />

des Francs, contre lequel il n’avait pas de raison d’avoir de parti pris, tout reposait sur<br />

<strong>la</strong> reine, dont <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> correspondait à première vue à ses facultés intellectuelles.<br />

Elle entreprit <strong>la</strong> première tentative à <strong>la</strong> naissance de leur premier fils. À l’occasion du<br />

baptême, <strong>la</strong> reine fit somptueusement décorer l’église, « quo facilis vel hoc misterio<br />

provocar<strong>et</strong>ur ad credendum, qui flecti praedicationem non poterat ». Or, le décès<br />

rapide de l’enfant ne fit que provoquer <strong>la</strong> colère du roi <strong>et</strong> l’endurcit davantage. Même<br />

le baptême réussi de Clodomir, son fils puîné, ne put changer <strong>la</strong> situation. 38 Comme<br />

l’indique notre source, « nullo modo ad haec credenda poterat commoveri », jusqu’à <strong>la</strong><br />

guerre contre les A<strong>la</strong>mans, qui bouleversa <strong>la</strong> mentalité de Clovis. 39 Il peut bien s’agir<br />

d’une construction inventée ingénieusement par Grégoire 40 <strong>et</strong> éloignée de <strong>la</strong> réalité,<br />

mais nous devons cependant nous demander pourquoi il créa intentionnellement un<br />

tel gouffre culturel <strong>et</strong> mental entre les deux rois. Nous reviendrons à l’explication<br />

36<br />

Ibidem, No. 8/40‐41.<br />

37<br />

GREGORIUS: Libri historiarum, II.34/81‐82.<br />

38<br />

Ibidem, II.29/74‐75.<br />

39<br />

Ibidem, II.30/75‐76.<br />

40<br />

Cf. Georg SCHEIBELREITER: Clovis, le païen, Clotilda, <strong>la</strong> pieuse. À propos de <strong>la</strong> mentalité barbare,<br />

IN: M. Rouche (sous <strong>la</strong> dir.): Clovis. Histoire <strong>et</strong> mémoire I. Le baptême de Clovis, l’événement, Presses de<br />

l’Université de Paris‐Sorbonne 1997. 349‐367. <strong>et</strong> surtout 359‐363.<br />

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ÖT KONTINENS, az Új‐ és Jelenkori Egy<strong>et</strong>emes Történ<strong>et</strong>i Tanszék közleményei, N o 2010, ELTE, BUDAPEST, 2011.<br />

potentielle, mais finissons d’abord l’histoire de Grégoire. La reine tira avantage de <strong>la</strong><br />

situation <strong>et</strong> fit appeler l’évêque Rémi de Reims pour convaincre le roi. Le souverain,<br />

déjà intimement décidé, hésita uniquement par crainte de susciter un conflit entre lui<br />

<strong>et</strong> son peuple, or celui‐ci déc<strong>la</strong>ra étonnamment: « ‘Mortalis deus abigimus, pie rex, <strong>et</strong><br />

Deum quem Remigius praedicat inmortalem sequi parati sumus’. » 41 Ainsi, rien<br />

n’empêchait le baptême.<br />

Ce qui est évident, c’est ce que tous constatent en général: Rémi, en accord<br />

avec <strong>la</strong> reine, prépara à l’avance le terrain pour Clovis auprès d’un certain nombre<br />

de Francs. Revenons toutefois à <strong>la</strong> guerre contre les A<strong>la</strong>mans. Il s’agit en réalité du<br />

dernier grand événement vécu par Clovis en tant que souverain païen <strong>et</strong> sa<br />

datation dépend donc de celle du baptême du Mérovingien. Mais le plus<br />

important pour nous est de savoir si elle eut lieu avant ou après <strong>la</strong> guerre franco‐<br />

burgonde, c<strong>et</strong>te dernière, qui s’est déroulée en 500, étant de notre perspective un<br />

événement d’une importance clé.<br />

Comme le constata Justin Favrod, nous disposons en principe de trois<br />

sources importantes concernant le conflit franco‐burgonde: il s’agit, outre<br />

Grégoire de Tours, de <strong>la</strong> chronique de Marius d’Avenches <strong>et</strong> de<br />

l’hagiographie du moine d’Agaune sur le martyre de saint Sigismond.<br />

L’évêque d’Avenches ne naquit qu’en 530, ce qui lui donne à peu près le<br />

même recul que Grégoire sur c<strong>et</strong> événement. C’est pourquoi il vaut <strong>la</strong> peine<br />

de citer l’intégralité de ses propos.<br />

« A. 500 Patricio <strong>et</strong> Hydatio.<br />

1. His consulibus pugna facta est Divione inter Francos <strong>et</strong> Burgundiones<br />

Godegeselo hoc dolorose contra fratrem suum Gundobagaudum machinante. in eo<br />

proelio Godegeselus cum suis adversus fratrem suum cum Francis dimicavit <strong>et</strong><br />

fugatum fratrem suum Gundobagaudum regnum ipsius paulisper obtinuit <strong>et</strong><br />

Gundobagaudus Avinione <strong>la</strong>tebram dedit.<br />

2. Eo anno Gundobagaudus resumptis viribus Viennam cum exercitu<br />

circumdedit, captaque civitate fratrem suum interfecit pluresque seniores ac<br />

Burgundiones, qui cum ipso senserant, multis exquisitione tormentis morte<br />

damnavit, regnumque, quem perdiderat, cum id quod Godegeselus habuerat,<br />

receptum usque die mortis suae feliciter gubernavit. » 42<br />

Le Passio s. Sigismudi indique ce qui suit:<br />

« In ipsis temporibus Sicambrorum gens ilico convalescens, multasque regiones,<br />

postpositis omnibus, dapibus contemptis <strong>et</strong> artioribus rebus dorsis inpositis, pene<br />

omnibus gentibus finitimis, duodecim regibus cum populis sibi subiugatis, prostratis<br />

atque depopu<strong>la</strong>tis, convalescenti manu suis subdiderunt dicionibus. Quas regiones<br />

sibi subiugatas, Galliarum fines invadendas audacter exp<strong>et</strong>ierunt. Quorum<br />

adiunctus Godigiselus, frater Gundobadi, preliandi cum Germanorum so<strong>la</strong>tio contra<br />

Gundobadum arma arripuit. Quo fugato, regnum Galliarum paucis diebus sibi<br />

subiugasse visus est.<br />

41 GREGORIUS: Libri historiarum, II.31/76‐77.<br />

42 MARIUS episcopus AVENTICENSIS: Chronica, IN: Monumenta Germaniae Historica: Aauctores<br />

Antiquissimi 11. Ed. Theodor MOMMSEN, Berlin, 1896. a. 500/234.<br />

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Vác<strong>la</strong>v Drška: <strong>Imitatio</strong> <strong>imperii</strong> <strong>et</strong> <strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> <strong>politique</strong> des élites ecclésiastiques gauloises à<br />

<strong>la</strong> charnière des V e <strong>et</strong> VI e siècles<br />

Non post multo tempore, resumptis viribus, Gundobadus, deiectisque portis<br />

Viennensium civitatis cum multo exercitu, captoque germano suo Godegiselo cum<br />

uxore <strong>et</strong> prolibus suis, igne concremavit, omne regnum, quod per vim perdiderat,<br />

vindicavit. » 43<br />

Les deux textes s’accordent sur deux éléments importants: le lieu choisi par<br />

Godégisile pour célébrer son triomphe fut Vienne, le siège d’Avit. Or, aucun<br />

d’entre eux n’indique que l’allié du frère de Gondebaud soit Clovis: Marius parle<br />

des Francs, le Passio des Germaniques ou des Sicambres. En outre, d’après <strong>la</strong><br />

description qui en est faite, il s’agit c<strong>la</strong>irement de païens. Nous disposons<br />

également d’un autre texte, le Col<strong>la</strong>tio episcoporum coram regis Gundobado<br />

adversus Arriano, source souvent rej<strong>et</strong>ée car considérée peu crédible, qui peut<br />

cependant refléter une tradition plus ancienne <strong>et</strong> qui en tout état de cause ne<br />

réfute pas sur le fond le contenu des l<strong>et</strong>tres d’Avit, dont l’authenticité ne fait<br />

aucun doute. 44 Elle témoigne pourtant du débat exacerbé entre le roi <strong>et</strong> Avit, <strong>et</strong> ne<br />

mentionne le roi des Francs qu’en termes généraux. 45 Le Col<strong>la</strong>tio convainc<br />

toutefois d’un autre fait : Gondebaud apprit que Godégisile conspirait contre lui<br />

avec un souverain étranger <strong>et</strong> reprocha à Avit <strong>et</strong> ses confrères de ne pas l’en<br />

empêcher. 46<br />

Le seul à re<strong>la</strong>ter <strong>la</strong> guerre entre Gondebaud <strong>et</strong> Clovis est l’évêque de Tours,<br />

dont le témoignage date à peu près de <strong>la</strong> même époque que celui de Marius. Son<br />

explication est cependant assez curieuse. Selon lui, le roi des Francs épousa<br />

d’abord Clotilde, puis reçut le baptême <strong>et</strong> ce n’est qu’ensuite qu’il établit (alors<br />

qu’il était déjà catholique) des re<strong>la</strong>tions avec l’arien Godégisile afin de renverser<br />

Gondebaud. 47 Godégisile avait certes promis de lui devenir tributaire mais peut‐on<br />

croire que le Mérovingien aurait osé une opération aussi risquée contre son allié,<br />

s’il était de plus déjà marié à Clotilde? À en croire Grégoire de Tours, il était<br />

certainement beaucoup plus urgent pour lui de régler <strong>la</strong> situation avec ses<br />

concurrents francs païens. 48<br />

Le proj<strong>et</strong>, qui put être préparé par les hauts représentants de l’Église<br />

catholique gauloise <strong>et</strong> dont Avit de Vienne <strong>et</strong> le métropolite de Reims Rémi<br />

devinrent les protagonistes principaux, pouvait ainsi représenter aussi bien une<br />

réponse au millénarisme eschatologique qu’une nouvelle conception de <strong>la</strong> Gaule<br />

qui représentait alors un nouvel <strong>imperium</strong> chrétien <strong>dans</strong> un contexte où tant <strong>la</strong><br />

43 Passio Sancti Sigismundi, c.2‐3/334.<br />

44 Col<strong>la</strong>tio episcoporum coram regis Gundobado adversus Arriano, in: Monumenta Germaniae<br />

Historica: Auctores Antiquissimi VI.2 Alcimi Aviti opera. Ed. Rudolf PEIPER, Berlin, 1883. 161‐164. Cf.<br />

son contenu avec ALCIMUS ECDICIUS AVITUS: Episto<strong>la</strong>e, No.53. 54/81‐85. Sur le même suj<strong>et</strong>: Danuta<br />

SHANZER ‐ Ian WOOD: 315‐320. Les deux l<strong>et</strong>tres sont datées des années 499‐500.<br />

45 Col<strong>la</strong>tio episcoporum, p. 162: „‘Si vestra fides est vera, quare episcopi vestri non<br />

impediunt regem Francorum, qui mihi bellum indixit <strong>et</strong> se cum inimicis meis sociavit, ut me<br />

destruerent?’”<br />

46 Pour une analyse détaillée, voir Vác<strong>la</strong>v DRŠKA: Col<strong>la</strong>tio episcoporum – Krieg mit Chlodwig oder<br />

den Franken?, Prague Papers on the History of International Re<strong>la</strong>tions 2007. éd. Ales SKŘIVAN, Arnold<br />

SUPPAN, Praha, 2007. 9‐20, <strong>et</strong> surtout 16‐17.<br />

47 GREGORIUS: Libri historiarum, II.31‐32/76‐80.<br />

48 Pour une analyse détaillée, voir DRŠKA: 16.<br />

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dogmatique que <strong>la</strong> puissance de l’empire de Constantinople vacil<strong>la</strong>ient. Ce proj<strong>et</strong><br />

se fondait, autant que possible, sur un baptême simultané du roi des Francs,<br />

Clovis, <strong>et</strong> du roi des Burgondes, Gondebaud. Le chemin perm<strong>et</strong>tant sa réalisation<br />

devait être celui de l’union dynastique entre les deux royaumes, assurée par<br />

Clotilde. Car en dépit de tous les efforts de persuasion déployés par Grégoire de<br />

Tours, c<strong>et</strong>te union était avantageuse <strong>et</strong> souhaitable avant tout pour le souverain<br />

francique puisqu’elle lui garantissait le soutien de son voisin contre ses rivaux<br />

royaux, Sigebert, Chararic <strong>et</strong> Ragnacaire, qui lui faisaient obstacle sur le chemin de<br />

l’unification des gentes franques. 49 Leur réponse, ou <strong>la</strong> réponse de l’un d’entre<br />

eux, fut <strong>la</strong> conspiration avec Godégisile.<br />

Dans ce contexte, le clergé burgonde <strong>et</strong> francique conduit par Avit engagea<br />

probablement un jeu ambigu dont l’objectif était de forcer Gondebaud à prendre enfin<br />

sa décision. C’est probablement pour c<strong>et</strong>te raison que l’évêque persuada Clovis de ne<br />

pas intervenir <strong>dans</strong> le conflit <strong>et</strong> de ne pas envoyer de troupes à Dijon, ce qui eut pour<br />

conséquence <strong>la</strong> défaite de Gondebaud. Le fait que Godégisile célébra sa victoire à<br />

Vienne (<strong>et</strong> non à Lyon) peut nous amener à conclure qu’Avit improvisa <strong>et</strong> misa<br />

pendant un certain temps sur le frère de Gondebaud, ne revenant au p<strong>la</strong>n d’origine<br />

que lorsque c<strong>et</strong>te <strong>stratégie</strong> s’avéra mauvaise. L’évêque de Tours indique <strong>dans</strong> des<br />

propos détaillés que <strong>la</strong> condition principale au rétablissement des re<strong>la</strong>tions entre<br />

Gondebaud <strong>et</strong> Clovis fut le paiement du tribut. Mais examinons plutôt ce qui suivit <strong>la</strong><br />

victoire de Gondebaud. Outre <strong>la</strong> punition des traîtres, l’activité <strong>la</strong> plus importante du<br />

roi burgonde fut de créer de nouvelles lois en faveur des Gallo‐romains:<br />

« Burgundionibus leges mitiores instituit, ne Romanos obpraemerunt ». 50 C<strong>et</strong>te phrase<br />

est suivie par le chapitre sur les efforts de persuasion infructueux d’Avit visant à ce que<br />

le souverain burgonde reçoive le baptême.<br />

Il est ainsi fort possible que le compromis obtenu entre le roi <strong>et</strong> Avit en<br />

plein milieu de <strong>la</strong> crise burgonde reposait sur l’engagement pris par<br />

Gondebaud d’assurer à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion chrétienne gallo‐romaine un meilleur<br />

statut juridique en garantissant <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion de l’empire romain, dont <strong>la</strong><br />

réalisation représenta l’édition conséquente de <strong>la</strong> Lex Romana<br />

Burgundionum. 51 La deuxième partie de <strong>la</strong> conciliation fut le débat sur <strong>la</strong><br />

conversion <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle les deux rois s’engagèrent d’une certaine manière,<br />

chacun se trouvant cependant <strong>dans</strong> une position entièrement différente.<br />

Commençons c<strong>et</strong>te fois‐ci par Clovis, dont <strong>la</strong> situation est plus c<strong>la</strong>ire. La<br />

question qui se pose, mais à <strong>la</strong>quelle aucune réponse définitive n’existe, est <strong>la</strong><br />

suivante: Clovis était‐il déjà marié à Clotilde à c<strong>et</strong>te époque? Si non, ce fut une<br />

bonne raison de sceller les fiançailles, <strong>et</strong> si oui, les évêques purent saisir c<strong>et</strong>te<br />

occasion pour exercer une nouvelle pression sur le roi des Francs. Les<br />

spécialistes s’accordent depuis longtemps sur le fait que Grégoire s’appliqua à<br />

ce que le processus de conversion de Clovis imitât dès son début le modèle de<br />

Constantin. Il est ainsi possible que sa présentation ait un caractère topique <strong>et</strong><br />

49 Ibidem.<br />

50 GREGORIUS: Libri historiarum, Ibidem, II.33/81.<br />

51 Cf. KAISER (Die Burgunder): 129.<br />

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Vác<strong>la</strong>v Drška: <strong>Imitatio</strong> <strong>imperii</strong> <strong>et</strong> <strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> <strong>politique</strong> des élites ecclésiastiques gauloises à<br />

<strong>la</strong> charnière des V e <strong>et</strong> VI e siècles<br />

notamment que Clotilde joue le même rôle que l’impératrice Hélène, mère de<br />

Constantin. 52 Il est pourtant nécessaire de souligner deux éléments qui<br />

dépassent le cadre topique. Premièrement, <strong>dans</strong> l’ambiance politico‐culturelle<br />

<strong>et</strong> idéologique de <strong>la</strong> Gaule de <strong>la</strong> fin du V e siècle, <strong>la</strong> transformation de Clovis sur<br />

l’axe Sicamber – Konstantinus novus, dont Grégoire se servit<br />

intentionnellement 53 , représentait <strong>la</strong> personnification de <strong>la</strong> rénovation de<br />

l’empire, d’où <strong>la</strong> comparaison de Rémi avec le pape Silvestre. Deuxièmement,<br />

le procédé choisi permit à l’évêque de Tours de dissimuler en grande partie le<br />

fait que <strong>la</strong> conversion de Clovis se soit déroulée <strong>dans</strong> des milieux très barbares<br />

<strong>et</strong> de souligner au contraire que Clovis‐Constantin incarnait <strong>la</strong> transformation<br />

du peuple entier <strong>et</strong> que sa conversion était étroitement liée à <strong>la</strong> promesse<br />

divine de future expansion de l’empire des Francs. 54<br />

Le travail de Rémi fut <strong>dans</strong> ce sens bien plus facile que celui d’Avit. Dans les milieux<br />

burgondes, l’abandon du paganisme en faveur du christianisme ne pouvait passer que<br />

par l’élimination de l’Église arienne, organisée <strong>et</strong> évoluée, <strong>et</strong> son remp<strong>la</strong>cement par<br />

l’Église catholique, ce qui revenait à m<strong>et</strong>tre une fin effective à <strong>la</strong> tolérance religieuse,<br />

tâche infiniment plus difficile car elle exigeait notamment l’élimination des biens<br />

matériels <strong>et</strong> spirituels ainsi que des institutions ariennes. Comparé à Clovis,<br />

Gondebaud était certainement un roi érudit, ce qui d’un côté pouvait représenter un<br />

avantage en apparence <strong>et</strong> faciliter les choses. Ainsi, l’évêque de Vienne réussit par<br />

exemple à convaincre Gondebaud de se ranger de son côté <strong>dans</strong> le conflit avec le<br />

monophysitisme oriental <strong>et</strong> à le gagner à <strong>la</strong> lutte contre l’hérésie, ce qui valut au roi<br />

burgonde <strong>la</strong> réputation de protecteur du catholicisme. 55 Il s’avéra toutefois que rien ne<br />

le forçait à abandonner l’arianisme, voire à imiter le modèle de Constantin tel qu’Avit<br />

<strong>et</strong> ses confrères l’interprétaient. Les évêques durent y renoncer <strong>et</strong> se contenter de <strong>la</strong><br />

conversion de Sigismond, ce qui constituait un compromis acceptable : pour <strong>la</strong><br />

situation burgonde intérieure, il représentait le rétablissement de l’organisation<br />

traditionnelle, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> le contexte des règles de succession modifiées, il était c<strong>la</strong>ir que<br />

l’Église arienne perdait une perspective à long terme.<br />

Ainsi, <strong>la</strong> question essentielle ne concerne pas l’ordre des baptêmes mais leur parité<br />

principielle, représentée par <strong>la</strong> symbolique constantinienne. Dans les milieux franciques,<br />

c<strong>et</strong>te dernière fut soulignée par Grégoire, tandis que le royaume burgonde, étant donné<br />

52 Françoise MONFRIN: La conversion du roi <strong>et</strong> les siens, IN: M. ROUCHE (sous <strong>la</strong> dir.): Clovis.<br />

Histoire <strong>et</strong> mémoire I. Le baptême de Clovis, l’événement, Presses de l’Université de Paris‐Sorbonne<br />

1997. 289‐320. <strong>et</strong> surtout 297‐298.<br />

53 GREGORIUS: Libri historiarum, Ibidem, II.31/77: „Procedit novos Constantinus ad <strong>la</strong>vacrum ... Cui<br />

ingresso ad baptismum sanctus Dei sic infit ore facundo: ‘Mitis depone col<strong>la</strong>, Sigamber; adora quod<br />

incendisti, incende quod adorasti.’”<br />

54 MONFRIN: 310‐311. 314‐315.<br />

55 Éric VANNEUFVILLE: Monophysitisme <strong>et</strong> nestorianisme chez Avit de Vienne, IN: M. ROUCHE (sous <strong>la</strong> dir.):<br />

Clovis. Histoire <strong>et</strong> mémoire I. Le baptême de Clovis, l’événement, Presses de l’Université de Paris‐Sorbonne 1997.<br />

217‐225. Danuta SHANZER ‐ Ian WOOD: 10‐11. Pour les l<strong>et</strong>tres d’Avit à ce propos, voir ALCIMUS ECDICIUS AVITUS:<br />

Contra Eutychianam haeresim libri II, Monumenta Germaniae Historica : Auctores Antiquissimi VI.2, Berlin, 1883.<br />

15‐29. GREGORIUS: Libri historiarum, II.34/82: « Magne enim facundiae erat tunc temporis beatus Avitus; namque<br />

insurgente heresim apud urbem Constantinopolitanam tam il<strong>la</strong>m quam Eutices quam que Sabellius docuit ...<br />

rogante Gundobado rege, ipse contra eas scripsit. »<br />

22


ÖT KONTINENS, az Új‐ és Jelenkori Egy<strong>et</strong>emes Történ<strong>et</strong>i Tanszék közleményei, N o 2010, ELTE, BUDAPEST, 2011.<br />

son destin, n’eut pas de tel historiographe. Pourtant, on peut reconnaître <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

conversion p<strong>la</strong>nifiée de Gondebaud <strong>et</strong> celle réalisée de Sigismond le modèle de<br />

l’empereur Constantin. Il s’agit toutefois d’une version plus ancienne <strong>et</strong> peut‐être même<br />

plus historique re<strong>la</strong>tée par Eusèbe de Césarée. Comme l’indique Françoise Monfrin,<br />

Eusèbe mit l’accent sur le fait que Constantin pris une décision personnelle, respectant <strong>la</strong><br />

liberté religieuse des autres citoyens. 56 Leur conversion devait ainsi être<br />

l’accomplissement de l’intention de Dieu <strong>dans</strong> une perspective temporelle plus longue,<br />

bien que personne n’en doutait. Gondebaud, lui aussi, se prêtait à une telle conversion<br />

mais pour Avit, dont <strong>la</strong> vision constantinienne se fondait sur Actus Silvestri, plus récent <strong>et</strong><br />

plus hagiographique, un tel procédé était impossible même <strong>dans</strong> ce contexte. Pourtant,<br />

le légalisme de Gondebaud <strong>et</strong> son intention de réprimer l’hérésie monophysite<br />

témoignent tout du moins d’une certaine volonté d’imiter le premier empereur<br />

chrétien. 57 Sigismond, en revanche, satisfaisait <strong>la</strong> conception constantinienne plus<br />

ancienne à tous les égards <strong>et</strong> Avit put s’en contenter. À <strong>la</strong> différence de son père<br />

Gondebaud, Sigismond ne régnait pas encore indépendamment au moment de sa<br />

conversion, ce qui permit de m<strong>et</strong>tre de côté pour un certain temps le problème clé, à<br />

savoir le fait que <strong>la</strong> conversion du roi ne soit pas suivie de celle son peuple. 58<br />

Il reste à signaler <strong>la</strong> dernière manifestation de l’équivalence des deux<br />

baptêmes, à savoir le choix de nouvelles résidences. Il est c<strong>la</strong>ir que c<strong>et</strong> aspect<br />

relevait lui aussi de l’imitation de Constantin le Grand, bien que chez Clovis, il ait<br />

également pu répondre à des objectifs stratégiques d’actualité. 59 Il est<br />

cependant nécessaire de distinguer <strong>la</strong> motivation des rois <strong>et</strong> <strong>la</strong> possible<br />

présentation idéologique d’une telle décision. Dans le cas du roi des Francs, il<br />

s’agit incontestablement d’une décision importante liée selon Grégoire à<br />

l’acceptation du consu<strong>la</strong>t de l’empereur Anastase. 60 Le souverain franque<br />

devenait ainsi égal à ses homologues burgondes à tous les égards 61 <strong>et</strong> le choix de<br />

Paris comme nouvelle résidence pouvait également symboliser un nouveau<br />

départ pour son règne, marqué par le christianisme <strong>et</strong> <strong>la</strong> culture romaine. Dans<br />

le cas de Sigismond, <strong>la</strong> situation est bien moins c<strong>la</strong>ire car Genève était déjà le<br />

siège des rois burgondes. Or, <strong>dans</strong> sa l<strong>et</strong>tre au pape mentionnée plus haut, Avit<br />

<strong>la</strong> qualifie de regni sui caput. Il ne s’agit là encore que d’une éventualité, mais,<br />

comme <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre date en tout état de cause de l’époque où Sigismond ne pouvait<br />

pas être considéré comme un souverain indépendant car son père vivait encore,<br />

nous pouvons adm<strong>et</strong>tre que l’évêque de Vienne faisait référence au futur règne<br />

56<br />

MONFRIN: 303.<br />

57<br />

MONFRIN: 307‐309.<br />

58<br />

Il ressort c<strong>la</strong>irement de <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre de salutations adressée à Clovis ce qu’il manqua à Avit <strong>dans</strong> le<br />

cas du Burgonde Sigismond: « Dudum vobis eligistis, omnibus iudicatis ; vestra fides nostra victoria<br />

est ». ALCIMUS ECDICIUS AVITUS: Episto<strong>la</strong>e, No. 46/75.<br />

59<br />

Par ex. WEISS: 119‐122.<br />

60<br />

GREGORIUS: Libri historiarum, II.38/88‐89.<br />

61<br />

Et pas seulement à ces derniers, voir Eugen EWIG: Die Merowinger und das Imperium, Op<strong>la</strong>den,<br />

1983. 5 <strong>et</strong> s. Arnold ANGENENDT: Le parrainage <strong>dans</strong> le haut Moyen Âge. Du rituel liturgique au<br />

cérémonial <strong>politique</strong>, IN: M. ROUCHE (sous <strong>la</strong> dir.): Clovis. Histoire <strong>et</strong> mémoire I. Le baptême de Clovis,<br />

l’événement, Presses de l’Université de Paris‐Sorbonne 1997. 243‐253. <strong>et</strong> surtout 252.<br />

23


Vác<strong>la</strong>v Drška: <strong>Imitatio</strong> <strong>imperii</strong> <strong>et</strong> <strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>stratégie</strong> <strong>politique</strong> des élites ecclésiastiques gauloises à<br />

<strong>la</strong> charnière des V e <strong>et</strong> VI e siècles<br />

de Sigismond <strong>et</strong> à Genève en tant que résidence principale de tout le royaume<br />

burgonde. Comme le signale J. Favrod, 62 Genève fut vraisemb<strong>la</strong>blement saccagée<br />

vers l’an 500 par les A<strong>la</strong>mans, en raison de <strong>la</strong> trahison de Godégisile. La<br />

reconstruction de <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> de l’église, à <strong>la</strong>quelle Avit consacra une homélie<br />

spéciale 63 <strong>et</strong> à <strong>la</strong>quelle fut également associée l’obtention de nouvelles reliques<br />

venues directement de Rome, <strong>et</strong> ce en étroite liaison avec le baptême du roi,<br />

pouvait elle aussi symboliser un renouveau spirituel <strong>et</strong> <strong>politique</strong>.<br />

Sidoine, Avit <strong>et</strong> Rémi, 64 trois personnages de <strong>la</strong> vie spirituelle <strong>et</strong> <strong>politique</strong> de <strong>la</strong><br />

Gaule au tournant du V e <strong>et</strong> VI e siècle cherchèrent sans doute de nouvelles<br />

possibilités pour assurer <strong>la</strong> survie de <strong>la</strong> culture chrétienne confrontée au<br />

paganisme <strong>et</strong> à l’hérésie barbares. Si les thèses de c<strong>et</strong> article reflètent au moins<br />

partiellement <strong>la</strong> réalité d’alors, Avit <strong>et</strong> Rémi trouvèrent ces possibilités <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

conception du rapprochement culturel <strong>et</strong> religieux progressif des deux rois <strong>et</strong> des<br />

deux empires avec les milieux chrétiens. Ce choix ne devait rien au hasard.<br />

Encerclé par les Goths ariens, Clovis était un païen dont <strong>la</strong> conversion était<br />

réalisable, tandis que Gondebaud représentait parmi les ariens un souverain<br />

érudit, confronté au catholicisme <strong>et</strong> pourtant tolérant.<br />

Le proj<strong>et</strong>, qui put finalement être réalisé sous une forme modifiée, envisageait<br />

également une nouvelle organisation de <strong>la</strong> Gaule. L’<strong>imperium</strong> <strong>christianum</strong> renouvelé<br />

de l’Occident devait désormais être représenté par deux royaumes chrétiens <strong>et</strong> deux<br />

souverains faisant face ensemble au monde environnant du paganisme <strong>et</strong> de<br />

l’hérésie. Les eff<strong>et</strong>s de c<strong>et</strong>te alliance se manifestèrent dès <strong>la</strong> première décennie du<br />

VI e siècle. Protégé par Gondebaud, Clovis put entreprendre d’éliminer les rois rivaux,<br />

unifier les tribus francs <strong>et</strong> vaincre les A<strong>la</strong>mans. La viabilité de c<strong>et</strong>te union se confirma<br />

en particulier lors de l’offensive commune franco‐burgonde contre les Wisigoths. La<br />

victoire de Clovis à Vouillé <strong>et</strong> l’avancée ultérieure à <strong>la</strong>quelle contribuèrent les<br />

troupes de Sigismond 65 marquèrent le début du refoulement des ariens de <strong>la</strong> Gaule.<br />

Mais c<strong>et</strong>te alliance fut plus tard compromise par <strong>la</strong> décision que prirent les héritiers<br />

de Clovis de s’emparer du royaume burgonde. Grégoire de Tours attribue ce<br />

changement à l’appel <strong>la</strong>ncé par leur mère Clotilde. 66 Mais il reste à savoir si l’évêque<br />

ne masque pas par l’autorité de <strong>la</strong> reine le fait que ses fils rompirent les accords <strong>et</strong><br />

que leur action ne fut pas approuvée par tous. 67<br />

62<br />

FAVROD: 317‐319.<br />

63<br />

Alcimus Ecdicius Avitus: Ex homiliarum libro, IN: Monumenta Germaniae Historica: Auctores<br />

Antiquissimi VI.2, Berlin, 1883. No. 19/130‐133.<br />

64<br />

Et peut‐être même sainte Geneviève dont l’influence sur <strong>la</strong> conversion de Clovis est soutenue par Joseph‐<br />

C<strong>la</strong>ude POULIN: Geneviève, Clovis <strong>et</strong> Rémi: entre <strong>politique</strong> <strong>et</strong> religion, IN: M. ROUCHE (sous <strong>la</strong> dir.): Clovis. Histoire<br />

<strong>et</strong> mémoire I. Le baptême de Clovis, l’événement, Presses de l’Université de Paris‐Sorbonne 1997. 331‐341.<br />

L’auteur a raison en substance mais <strong>la</strong> question est de savoir s’il est possible de déduire du lien étroit entre Clovis<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> future sainte « un argument supplémentaire pour écarter une datation trop tardive de son baptême ». (341.)<br />

Le roi put recevoir le baptême plusieurs années après le décès de sainte Geneviève († 502).<br />

65<br />

FAVROD: 398‐399.<br />

66<br />

GREGORIUS: Libri historiarum, III.6/101‐102.<br />

67<br />

C<strong>et</strong>te étude est publiée <strong>dans</strong> le cadre du proj<strong>et</strong> de recherches MSM 0021620827 „Les pays tchèques au centre<br />

de l’Europe <strong>dans</strong> le passé <strong>et</strong> au présent“, dont le porteur est <strong>la</strong> Faculté des L<strong>et</strong>tres, Université Charles Prague.<br />

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