Pirouline Pause Cartable - Centre d'expertise et de ressources pour ...

Janvier 2007
Etude de cas 2: un milieu d'accueil extrascolaire relevant de la Communauté française,
sur le territoire de la région wallone, Pirouline Pause Cartable, scindé en deux services,
l'un situé à Seneffe, l'autre à La Louvière
1. Description de l’initiative
L’Association sans but lucratif (ASBL) Pirouline-Pause Cartable est, à l’origine, un « service
d’accueillantes à domicile encadrées » : c’est-à-dire un service d’accueil destiné aux enfants de
moins de trois ans, pris en charge aux domiciles des accueillantes. Ce service est agréé et
subventionné par l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance) et demande des contributions
parentales fixées en fonction d’un barème progressif suivant les revenus des parents.
Les accueillantes suivent une formation initiale et continue et bénéficient du soutien et de
l’encadrement d’une assistante sociale. Les 45 accueillantes assurent une capacité d’accueil de plus
de 100 enfants dans la Région du Centre (entités de La Louvière, le Roeulx, Manage, Morlanwelz,
Seneffe et Binche).
L’association est une émanation de la composante féminine du MOC (Mouvement Ouvrier
Chrétien) qui regroupe une organisation syndicale (la CSC, Confédération des Syndicats Chrétiens),
une mutuelle, des mouvements et services d’éducation permanente d’adultes (Equipes populaires,
Vie féminine) et de jeunes (JOC – Jeunesse Ouvrière Chrétienne). Les services d’accueil d’enfants et
les consultations pour enfants de Vie féminine sont regroupés au sein d’une organisation plus
large : les SMI (Services maternels et infantiles). Vie féminine inscrit son action dans le cadre de
l’égalité entre les femmes et les hommes.
Le service d’accueil extrascolaire, est l’émanation du service d’accueillantes et a d’abord
travaillé dans la même logique d’accueil à domicile : les parents déposaient leurs enfants chez les
accueillantes au matin et venaient les rechercher au soir. Ce sont les accueillantes qui assuraient les
déplacements des enfants vers et depuis les écoles. Cette méthode de travail a été abandonnée,
en raison notamment des coûts et des temps de déplacement générés par la multiplicité des écoles
fréquentées par les enfants 1 .
Dans les faits, il existe deux services d’accueil extrascolaire très différents, celui de Seneffe et celui
de La Louvière.
2.1. Pause cartable à Seneffe
Pause cartable travaille sur la commune de Seneffe, qui s’étend entre les villes de Nivelles et de La
Louvière, et qui comprend 5 entités : Seneffe proprement dit, Feluy, Arquennes, Petit-Roeulx,
Familleureux. Toutes les écoles du territoire participent au partenariat local pour l’accueil
extrascolaire organisé dans 8 lieux différents (2 à Seneffe, 2 à Feluy, Arquennes, Petit-Roeulx,
Familleureux et au lieu dit « La Marlette »). Trois zones sont considérées comme moins favorisées :
1 En Belgique, aucune des trois Communautés ne pratique le système de « la carte scolaire » : le choix
de l’école est une liberté fondamentale des parents, garantie par la Constitution (article 24, §1 er ). En
Communauté française, l’enseignement fondamental (maternel et primaire) est fourni par des écoles
organisées par la Communauté (9% des effectifs environ), des écoles officielles, essentiellement
communales, subventionnées par la Communauté, et des écoles libres, en majorité catholiques,
également subventionnées par la Communauté. Les effectifs des écoles communales et des écoles
libres sont plus ou moins équivalents, avec un léger avantage pour l’enseignement communal, en
croissance.

le Centre de Seneffe (avec une cité de logements sociaux), Familleureux et Arquennes.
Globalement, la commune de Seneffe est plutôt riche en raison notamment de la présence d’un
zoning industriel (Petrofina).
L’accueil extrascolaire est donc accessible géographiquement à tous les enfants de la commune ;
l’accueil est également accessible socialement : la commune a fixé des maximums de contributions
parentales (1 euro par jour par enfant ; 2 euros par famille).
Concrètement, l’accueil extrascolaire se déroule dans les différents locaux scolaires les jours de
semaine. Le mercredi après-midi et pendant les congés scolaires, des activités sont organisées à
l’extérieur, à l’initiative de Pause cartable (excursions à la mer,…) et/ou en partenariat, notamment
avec le Service Jeunesse de la Commune (ateliers sportifs et culturels). Six cents (600) enfants sont
concernés, avec une centaine de présences le mercredi après-midi (congé scolaire hebdomadaire) :
11 personnes sous contrat d’emploi encadrent les enfants (sans compter les animateurs extérieurs
pour les activités en partenariat et les renforts ponctuels d’une Agence locale pour l’emploi).
La commune de Seneffe ne participe pas au dispositif décrétal de la Communauté française (décret
ATL) mais en a adopté l’esprit : concertation locale, engagement d’une coordinatrice communale
qui travaille avec la responsable locale de l’association (Mme D. Fortini). Les quatre principes du
décret sont respectés : proximité, pluralité, qualité, équité. En 1999, la commune de Seneffe a été
désignée comme projet pilote en matière d’accueil extrascolaire par le gouvernement wallon.
Une enquête menée auprès des parents indique une très grande satisfaction des parents (plus de
90% d’appréciations positives). La responsable locale de l’association montre un grand souci de la
qualité des activités : par exemple, par la tenue d’un « book » des activités. Toujours selon
l’enquête, trois quarts des enfants parlent des activités à la maison.
2.2. Pause cartable à La Louvière
Le service d’accueil extrascolaire implanté à La Louvière travaille ici sur le territoire de plusieurs
communes : La Louvière, Manage, Binche, Chapelle-lez-Herlaimont. Trois de ces communes
peuvent être considérées comme défavorisées, dont très certainement La Louvière. Il s’agit
d’anciennes communes minières et industrielles, avec certaines implantations rurales.
Dans ces implantations-ci, Pause cartable prend en charge l’accueil extrascolaire d’écoles libres
uniquement, avec des difficultés de partenariat avec les différents pouvoirs communaux, malgré le
décret « accueil temps libres » (ATL) de la Communauté française qui prévoit des concertations
locales. A Binche, Pause cartable est même entré en concurrence avec une association d’initiative
communale. A la différence de Seneffe, on trouve ici des oppositions : associatif/pouvoir public
local, chrétien/socialiste, école libre/école communale.
Les activités de Pause cartable concernent une dizaine d’écoles, soit 826 enfants inscrits (janvier
2006), pour une moyenne de 160 enfants présents le matin et le mercredi après-midi et plus de
200 enfants pour l’accueil après les classes. Vingt animatrices et un animateur encadrent les
activités (soit un taux d’encadrement un peu plus favorable qu’à Seneffe), accompagnés par deux
coordinatrices (1 ETP, ½ ETP).
Le projet bénéficie de subsides du FESC au sein de la sécurité sociale. Les points forts des subsides
du FESC : la qualification du personnel, le taux d’encadrement des enfants. Les points faibles : les
normes qui, selon les responsables du projet, ont conduit à abandonner une implantation
prioritaire sur le plan social, à Bois-du-Luc un ancien charbonnage où Vie féminine avait ouvert une
Ecole de devoirs. Les normes du FESC menacent également un site rural, à Gottignies, où une
animatrice accueille 5 enfants en moyenne : jusqu’à présent, la taille du projet permet de
compenser le manque à gagner de cette implantation.
La sélectivité est forte : a priori, l’accueil est réservé prioritairement aux enfants dont les parents
travaillent. La qualité et la proximité sont les points forts du projet ; la pluralité et l’équité sont
moins marquées, pour les raisons évoquées précédemment (la réglementation du FESC et les
difficultés de relations entre l’association et les communes dans le dispositif ATL).

3. Commentaires
Le fait d’organiser l’accueil extrascolaire dans les locaux scolaires est un gage de proximité et
d’accessibilité géographique des activités, malgré les difficultés concrètes et matérielles qui se
posent : accès aux locaux, au matériel, problèmes de chauffage, d’espace, etc.
La collaboration de tous les acteurs concernés, pouvoirs locaux et associations, est un gage de
pluralité. Les éléments qui expliquent le caractère avancé du projet de Seneffe sont à chercher
dans les moyens mis à disposition du secteur associatif : là le partenariat est possible et renforcé
par les emplois que le secteur associatif peut ajouter aux moyens de la commune. La présence de
la responsable du projet associatif dans le bâtiment de la commune facilite les relations, allège les
procédures administratives, multiplie les occasions de contacts et de collaborations avec les autres
services (Service de la Jeunesse).
L’équité (accessibilité sociale et financière) dépend aujourd’hui d’une politique volontariste des
pouvoirs locaux, elle-même déterminée par leurs ressources propres : il manque un fonds ou un
mécanisme de redistribution, soit entre les contributions parentales, soit entre les revenus des
ménages avec enfants. Les nouvelles dispositions relatives à l’octroi des subsides du FESC
constituent une occasion d’aborder ces questions.
La qualité des projets est évidente. Voici les éléments qui paraissent la renforcer :
1. la coordination des animateurs, fonction qui comprend l’organisation des réunions
d’équipe et de la formation continue du personnel, voire la conception et/ou la production
d’outils d’animation ;
2. la formation continue elle-même, notamment dans les domaines créatifs et culturels ;
3. la définition d’un projet d’accueil, qui donne un contenu aux activités, au-delà de la
fonction de garde des enfants dont les parents travaillent.
Contacts :
Pirouline-Pause-Cartable
rue du Marché, 6
7100 La Louvière
+32(0)64 23 80 40
Responsable du service: Pascale Dubois
Alain Dubois