PROGRAMME - Opéra Théâtre de Saint-Etienne
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L’étoile <strong>de</strong> Massenet est alors à son zénith. Acclamé sur <strong>de</strong> nombreuses<br />
scènes, promu Comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la Légion d’honneur en 1895, le<br />
compositeur est reconnu mais jalousé, car certains <strong>de</strong> ses ouvrages,<br />
comme Manon, ont fini par s’imposer au répertoire <strong>de</strong>s théâtres du mon<strong>de</strong><br />
entier. Cependant, son œuvre, adulée du public, ne fait pas l’unanimité<br />
<strong>de</strong>s critiques ou <strong>de</strong>s musiciens. Beaucoup lui reprochent - à tort - son<br />
incapacité à se renouveler, son éclectisme prétendument dicté par la<br />
mo<strong>de</strong>, ou son incessante et prodigieuse fécondité, tout en reconnaissant,<br />
parfois à contrecœur, la facture exemplaire <strong>de</strong> ses ouvrages ou un style<br />
mélodique éminemment personnel.<br />
à peine parvenu au faîte <strong>de</strong> sa gloire, Massenet va se trouver confronté<br />
à <strong>de</strong>s critiques d’autant plus vives que surgit une jeune génération <strong>de</strong><br />
compositeurs qui, engagés dans <strong>de</strong> nouveaux combats esthétiques<br />
opposés ou apparentés, vont contester sa suprématie tout en subissant<br />
son influence.<br />
Au début <strong>de</strong>s années 1890, Massenet entre dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> doutes.<br />
Contrairement à ses habitu<strong>de</strong>s, Il éprouve <strong>de</strong>s difficultés à achever la<br />
composition <strong>de</strong> certains ouvrages lyriques comme Cendrillon et Grisélidis.<br />
Il retrouve sans conteste le goût du théâtre lorsque, fin 1899, il s'attelle à la<br />
composition du Jongleur <strong>de</strong> Notre-Dame dans son château d’Égreville qu’il<br />
vient d’acquérir en Seine-et-Marne. La création remarquée <strong>de</strong> cet ouvrage<br />
à Monte-Carlo, le 18 février 1902, inaugure en outre une collaboration<br />
régulière et heureuse avec la cité monégasque. Suivront Chérubin (1905),<br />
Thérèse (1907) et Roma (1912), <strong>de</strong>ux ans après Don Quichotte (1910).<br />
Dans les <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> son existence, Massenet, déjà atteint par le<br />
cancer qui <strong>de</strong>vait l’emporter, trouve en effet encore l’énergie <strong>de</strong> composer<br />
coup sur coup trois opéras créés après sa mort : Amadis, Panurge et<br />
Cléopâtre. Massenet s’éteint, seul à Paris, le 13 août 1912 après une vie<br />
entièrement passée au service du théâtre : un mois auparavant il supervisait<br />
encore les répétitions <strong>de</strong> Roma à l’<strong>Opéra</strong> <strong>de</strong> Vichy. Selon ses <strong>de</strong>rnières<br />
volontés, il est inhumé à Égreville dans la plus stricte intimité ayant refusé<br />
par avance les obsèques nationales que sa notoriété exigeait. Sur sa tombe,<br />
dénuée <strong>de</strong> tout artifice, il aurait souhaité faire graver l’inscription suivante :<br />
« Dans cette solitu<strong>de</strong>, je me repose du théâtre ».<br />
Jean-christoPhe Branger<br />
TexTe exTraiT <strong>de</strong> La BeLLe époque <strong>de</strong> Massenet, sous la direcTion <strong>de</strong> MaThias auclair eT chrisTophe GhrisTi,<br />
caTaloGue d'exposiTion, BnF - opéra naTional <strong>de</strong> paris - 2011<br />
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