PROGRAMME - Opéra Théâtre de Saint-Etienne
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Massenet à la Pointe De la MoDernité : De Visions... à thaïs.<br />
Le 7 mars 1891, un entrefilet du Figaro donne l’information suivante :<br />
« La Thaïs <strong>de</strong> M. Anatole France va <strong>de</strong>venir un drame lyrique par les soins<br />
<strong>de</strong> M. Louis Gallet. Les <strong>de</strong>ux auteurs sont complètement d’accord au sujet <strong>de</strong><br />
cette adaptation, qui se résumera en une œuvre assez courte et très décorative,<br />
avec un important élément chorégraphique et symphonique. » Si le nom <strong>de</strong><br />
Massenet n’est pas mentionné, c’est pour ne pas détourner l’attention<br />
<strong>de</strong>s lecteurs <strong>de</strong> la création du Mage, prévue le 16 mars suivant. Mais<br />
personne ne doute que l’auteur <strong>de</strong> Marie-Mag<strong>de</strong>leine, d’Ève ou <strong>de</strong> Manon<br />
sera l’heureux récipiendaire d’un livret dont le sujet, qui mêle étroitement<br />
religion, sensualité et péché, ne pourra que l’inspirer : le moine Athanaël,<br />
qui prétend avoir reçu la mission divine <strong>de</strong> remettre dans le droit chemin<br />
Thaïs, courtisane d’Alexandrie, va en définitive découvrir la passion<br />
amoureuse alors que la jeune femme, qu’il avait convertie, est sur le<br />
point <strong>de</strong> succomber. Et, sous cette critique ironique et à peine voilée <strong>de</strong><br />
l’engagement religieux, le personnage <strong>de</strong> Thaïs constitue une nouvelle<br />
incarnation <strong>de</strong> la femme fatale qui obsè<strong>de</strong> l’imaginaire <strong>de</strong>s artistes<br />
fin-<strong>de</strong>-siècle.<br />
Dès octobre 1891, Massenet et son librettiste, Gallet, se mettent<br />
sérieusement au travail et, en mars suivant, le musicien s’attelle à la<br />
composition d’un ouvrage <strong>de</strong>stiné à l’<strong>Opéra</strong> Comique et pensé en fonction<br />
<strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> la soprano américaine Sibyl San<strong>de</strong>rson, dotée d’une voix<br />
agile, légère et d’aigus cristallins. Il lui réserve ainsi <strong>de</strong>s morceaux saillants,<br />
comme le célèbre « Dis-moi que je suis belle » (acte II), et d’importants<br />
duos avec Athanaël, lequel est aussi doté d’un air majestueux dès le<br />
second tableau (« Alexandrie »). Mais avant tout, pour répondre aux<br />
attentes <strong>de</strong> France et <strong>de</strong> Gallet, la « comédie lyrique » adopte une coupe<br />
originale : succédant à l’unique tableau <strong>de</strong> l’acte I (la Thébaï<strong>de</strong>), les trois<br />
tableaux <strong>de</strong> l’acte II (Alexandrie, la Chambre <strong>de</strong> Thaïs et la Place publique)<br />
sont intimement liés par <strong>de</strong>ux interlu<strong>de</strong>s symphoniques joués à ri<strong>de</strong>au<br />
baissé - la Symphonie <strong>de</strong>s amours d’Aphrodite et la célèbre Méditation -<br />
tandis que La Course dans la nuit relie les <strong>de</strong>ux tableaux <strong>de</strong> l’acte III (la<br />
secon<strong>de</strong> Thébaï<strong>de</strong> et La Mort <strong>de</strong> Thaïs). Inhabituelles au théâtre lyrique<br />
sur les pas <strong>de</strong> thaïs<br />
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