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PROGRAMME - Opéra Théâtre de Saint-Etienne

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Au contraire : le musicien s’est soumis sans scrupule aux critères du<br />

grand opéra dont les rouages dramatiques et les principes structurels<br />

apparaissent pourtant démodés au regard <strong>de</strong> la révolution établie par<br />

Wagner. Bâti sur un livret en 5 actes dominés par une action intensément<br />

dramatique, Le Mage comporte le traditionnel ballet, <strong>de</strong> vastes ensembles<br />

(<strong>de</strong> type concertato à l’acte II) et d’importantes masses chorales soutenues<br />

par un orchestre largement enrichi en cuivres et en percussions dont<br />

certaines apportent une touche exotique particulièrement prononcée<br />

dans les danses. L’opéra exige aussi <strong>de</strong>s chanteurs <strong>de</strong> premier plan dont<br />

les suraigus sont par ailleurs souvent sollicités. Le rôle-titre, sans doute<br />

pensé pour Jean <strong>de</strong> Reszké, est dévolu à un ténor vaillant similaire à celui<br />

d’Éléazar (La Juive). De même, les rôles d’Anahita et <strong>de</strong> Varedha sont<br />

respectivement distribués à un soprano dramatique colorature et un grand<br />

soprano (ou un mezzo doté d’aigus soli<strong>de</strong>s). Dans un cas, on peut songer<br />

aux rôles <strong>de</strong> la princesse Eudoxie (La Juive) ou, dans une certaine mesure,<br />

<strong>de</strong> Lakmé ; dans l’autre, les références les plus immédiates sont celles<br />

d’Hérodia<strong>de</strong> mais aussi… d’Ortru<strong>de</strong> (Lohengrin), <strong>de</strong> Kundry (Parsifal) ou<br />

<strong>de</strong> Lady Macbeth, quatre personnages marqués par une même noirceur<br />

dévastatrice. Massenet reste également fidèle aux formes vocales closes,<br />

tels l’air ou le duo, dont certains, comme celui <strong>de</strong> Varedha et Amrou (acte<br />

II), adoptent une coupe italienne et un style qu’un Verdi n’aurait pas<br />

reniés. Zarâstra est naturellement privilégié avec <strong>de</strong>ux importants solos : le<br />

premier se situe à l’acte II avec l’air « Soulève l’ombre <strong>de</strong> ces voiles », que<br />

Gounod aurait pu signer, et le second au début <strong>de</strong> l’acte III où Zarâstra et le<br />

chœur sont rassemblés dans une gran<strong>de</strong> scène mystique ponctuée d’effets<br />

harmoniques et orchestraux richement colorés (sa matière musicale<br />

provient d’une cantate pour ténor et orchestre, Apollon aux muses, créée en<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne en 1884). Cette scène spectaculaire trouve son pendant<br />

à la fin <strong>de</strong> l’opéra avec l’embrasement <strong>de</strong> la statue <strong>de</strong> la Djahi suite aux<br />

invocations <strong>de</strong> Varedha que certains n’ont pas manqué d’associer au finale<br />

<strong>de</strong> La Walkyrie alors qu’elle peut tout aussi bien rendre hommage au finale<br />

<strong>de</strong> La Muette <strong>de</strong> Portici. Le Mage constitue ainsi l’ouvrage <strong>de</strong> Massenet<br />

qui se glisse le plus parfaitement dans le moule du grand opéra, genre<br />

typiquement français.<br />

le Mage<br />

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