PROGRAMME - Opéra Théâtre de Saint-Etienne

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16 cendrillon permet à Massenet de déployer une large palette musicale. Le registre bouffe comme le registre sérieux, mais également l’artillerie féérique, sont mobilisés tour à tour, pour nourrir ou simplement caractériser l’action. Le bal de la cour, comme la marâtre et ses filles, sont alors définis par une musique pompeuse et sautillante, dénonçant le ridicule de la noblesse du xviii e siècle. Les relations entre Cendrillon et son père sont régulièrement soulignées par l’orchestre dans une coloration pastorale autant rassurante que nostalgique. L’amour naissant entre Cendrillon et le Prince relève d’une écriture certes plus fougueuse mais surtout très sentimentale et du même coup typiquement fin-de-siècle. Enfin, les apparitions de la Fée et l’usage régulier de la magie donnent lieu à une écriture plus délicate et voluptueuse, également teintée de mystère, faisant de la marraine de Cendrillon un personnage aussi gracieux qu’intrigant. le MerVeilleux scénique Impliquant de nombreux effets visuels, le personnage de la Fée, lors de la création de 1899, pousse Carré à imaginer de nombreux “trucages” qui, usant du potentiel infini de l’électricité, feront l’admiration du public. Le procédé, encore mystérieux, intrigue les spectateurs de l’époque autant qu’il les fascine. Ainsi, dans l’imaginaire commun, l’électricité va rapidement être assimilée à la magie, au point d’être nommée : la Fée Électricité. Dès lors, cette autre Fée, tout aussi bienfaitrice, qu’est la marraine de Cendrillon, va justifier par ses formules magiques l’usage accru de la lumière électrique. Puisqu’on ne sait d’où vient cette lumière n’utilisant ni gaz ni chandelles, ce ne peut donc être que le fruit d’un enchantement ! De très nombreux effets spectaculaires sont alors expérimentés, au point d’amuser Massenet lui-même qui, assistant régulièrement aux répétitions, « riait et battait des mains pour marquer son contentement » (Albert Carré, Souvenirs de théâtre). Un chêne enchanté avec branche amovible, des lutins sortant d’un coffre, diverses apparitions et disparitions de personnages par

le plancher de scène ou la cheminée de la chaumière, vont ainsi participer au succès de ce « spectacle tour à tour aimable et somptueux, prestigieux et touchant […] offrant aux enfants de tout âge : une féérie étonnamment complexe en son apparente simplicité » (Le Siècle, 25 mai 1899). Ainsi, répondant aux attentes de son époque, celles d’un public ayant soif d’évasion et de merveilleux, tout en témoignant d’une obsession nouvelle et croissante pour la modernité, Cendrillon se pose comme une œuvre aussi populaire qu’avant-gardiste, à la charnière entre deux siècles. Au vu de la synthèse musicale et stylistique réalisée par l’œuvre, il n’est alors pas étonnant qu’à la veille de sa création, Massenet ait pu confier au Figaro : « Ma résolution est arrêtée. Vous allez écouter mon dernier ouvrage. Je cesse d’écrire pour le théâtre. » Jonathan Parisi Doctorant en musicologie à l’Université Jean Monnet, Jonathan Parisi prépare une thèse consacrée aux mises en scène historiques des opéras de Massenet à l’Opéra Comique. Se formant également au métier de metteur en scène, il participe, comme assistant, aux productions de Manon (Massenet) et La Bohème (Puccini) à l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne ainsi qu’à la production de Don Giovanni (Mozart) à l’Opéra Bastille. cendrillon 17

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cendrillon<br />

permet à Massenet <strong>de</strong> déployer une large palette musicale. Le registre<br />

bouffe comme le registre sérieux, mais également l’artillerie féérique, sont<br />

mobilisés tour à tour, pour nourrir ou simplement caractériser l’action.<br />

Le bal <strong>de</strong> la cour, comme la marâtre et ses filles, sont alors définis par une<br />

musique pompeuse et sautillante, dénonçant le ridicule <strong>de</strong> la noblesse du<br />

xviii e siècle. Les relations entre Cendrillon et son père sont régulièrement<br />

soulignées par l’orchestre dans une coloration pastorale autant rassurante<br />

que nostalgique. L’amour naissant entre Cendrillon et le Prince relève<br />

d’une écriture certes plus fougueuse mais surtout très sentimentale et<br />

du même coup typiquement fin-<strong>de</strong>-siècle. Enfin, les apparitions <strong>de</strong> la Fée<br />

et l’usage régulier <strong>de</strong> la magie donnent lieu à une écriture plus délicate<br />

et voluptueuse, également teintée <strong>de</strong> mystère, faisant <strong>de</strong> la marraine <strong>de</strong><br />

Cendrillon un personnage aussi gracieux qu’intrigant.<br />

le MerVeilleux scénique<br />

Impliquant <strong>de</strong> nombreux effets visuels, le personnage <strong>de</strong> la Fée, lors <strong>de</strong><br />

la création <strong>de</strong> 1899, pousse Carré à imaginer <strong>de</strong> nombreux “trucages”<br />

qui, usant du potentiel infini <strong>de</strong> l’électricité, feront l’admiration du public.<br />

Le procédé, encore mystérieux, intrigue les spectateurs <strong>de</strong> l’époque<br />

autant qu’il les fascine. Ainsi, dans l’imaginaire commun, l’électricité va<br />

rapi<strong>de</strong>ment être assimilée à la magie, au point d’être nommée : la Fée<br />

Électricité. Dès lors, cette autre Fée, tout aussi bienfaitrice, qu’est la<br />

marraine <strong>de</strong> Cendrillon, va justifier par ses formules magiques l’usage<br />

accru <strong>de</strong> la lumière électrique. Puisqu’on ne sait d’où vient cette lumière<br />

n’utilisant ni gaz ni chan<strong>de</strong>lles, ce ne peut donc être que le fruit d’un<br />

enchantement !<br />

De très nombreux effets spectaculaires sont alors expérimentés, au point<br />

d’amuser Massenet lui-même qui, assistant régulièrement aux répétitions,<br />

« riait et battait <strong>de</strong>s mains pour marquer son contentement » (Albert Carré,<br />

Souvenirs <strong>de</strong> théâtre). Un chêne enchanté avec branche amovible, <strong>de</strong>s lutins<br />

sortant d’un coffre, diverses apparitions et disparitions <strong>de</strong> personnages par

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