07.01.2013 Views

sommaire - les nouvelles de roumanie

sommaire - les nouvelles de roumanie

sommaire - les nouvelles de roumanie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Bonne année 2009 !<br />

SOMMAIRE<br />

Elections<br />

Résultats, commentaires<br />

Nouveau gouvernement<br />

Vie internationale<br />

Economie<br />

Social<br />

Actualité<br />

Société<br />

Evènements<br />

Carnet<br />

Faits divers<br />

Vie quotidienne,<br />

Minorités<br />

Emigration<br />

Environnement, Religion<br />

Sports<br />

Insolite, Photos<br />

Connaissance<br />

et découverte<br />

Littérature<br />

Musique<br />

Histoire - 20 ans d’OVR<br />

Tourisme<br />

Echanges<br />

Traditions, Humour<br />

Vie pratique, Abon.<br />

Coup <strong>de</strong> coeur<br />

An nou fericit!<br />

2 à 11<br />

12 à 14<br />

15<br />

16 à 18<br />

19 à 21<br />

22 à 25<br />

26 et 27<br />

28 et 29<br />

30 à 33<br />

34 à 36<br />

37<br />

38 à 39<br />

40 et 41<br />

42 à 44<br />

45 à 47<br />

48 à 55<br />

56 à 60<br />

61 et 62<br />

63<br />

64<br />

NUMERO 51 janvier - février 2009<br />

NOUVELLEs<br />

Lettre d’information bimestrielle<br />

Les<br />

<strong>de</strong><br />

ROUMANIE<br />

La gran<strong>de</strong> désillusion<br />

Au soir du 30 novembre, malgré toutes <strong>les</strong> rodomonta<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>rs politiques,<br />

il n'y a eu qu'un seul vainqueur <strong>de</strong>s élections législatives qui<br />

venaient <strong>de</strong> se dérouler: le parti <strong>de</strong>s abstentionnistes. En effet, seuls 39 %<br />

<strong>de</strong>s Roumains se sont déplacés pour aller voter à l'occasion du renouvellement <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux chambres, députés et sénateurs, ce qui signifie que près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux électeurs sur<br />

trois avaient choisi <strong>de</strong> rester à la maison. Voilà qui en dit long sur le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> confiance<br />

manifesté à la classe politique, stigmatisée comme corrompue, incompétente et<br />

dénuée du sens <strong>de</strong> l'intérêt général.<br />

Jamais <strong>les</strong> Roumains n'avaient exprimé un tel <strong>de</strong>gré d'indifférence pour une élection<br />

aussi importante. Lors <strong>de</strong>s législatives précé<strong>de</strong>ntes, 59 % d'entre-eux avaient<br />

accompli leur <strong>de</strong>voir électoral. Certes ils avaient perdu beaucoup <strong>de</strong> leurs illusions<br />

<strong>de</strong>puis leur premier vote "libre" en mai 1990, où ils s'étaient précipités à 86 % vers <strong>les</strong><br />

urnes, mettant tous leurs espoirs dans la démocratie naissante. Depuis, malgré bien <strong>de</strong>s<br />

déceptions, près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux électeurs sur trois - entre 60 et 65 % - continuaient à exprimer<br />

par leur bulletin <strong>de</strong> vote, l'espoir d'un changement. Surtout dans <strong>les</strong> région rura<strong>les</strong>,<br />

car dans cel<strong>les</strong> plus développées et <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>, <strong>les</strong> citoyens s'étaient faits une<br />

religion <strong>de</strong>puis longtemps. Seulement 30 % <strong>de</strong>s Bucarestois se sont déplacés cette<br />

fois! Désintérêt ou départ vers l'étranger: <strong>les</strong> Roumains voient désormais l'avenir<br />

ailleurs que dans <strong>les</strong> structures <strong>de</strong> leur société.<br />

Pourtant, dans ce climat général <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> désillusion, il faut donner un sens<br />

civique à cette abstention hors norme. Malgré <strong>les</strong> extrêmes difficultés rencontrées<br />

dans leur vie quotidienne, l'absence d'horizon nouveau… qu'ils aient voté ou non, <strong>les</strong><br />

Roumains ont refusé massivement <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r aux sirènes <strong>de</strong>s professions <strong>de</strong> foi nationalistes,<br />

démagogues, xénophobes et populistes, teintées parfois <strong>de</strong> religion, incarnées<br />

par <strong>de</strong>ux principaux candidats, marginalisés largement en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s 5 % qui leur<br />

auraient permis <strong>de</strong> rentrer au Parlement.<br />

Mais quel recours reste-t-il alors que la société civile encore naissante ne permet<br />

pas l'expression du mécontentement généralisé ? Le désespoir <strong>de</strong>s Roumains finira-til<br />

par se traduire par une explosion <strong>de</strong> colère comme en Grèce, pays voisin affecté <strong>de</strong><br />

semblab<strong>les</strong> maux ? La Roumanie l'a connue déjà, voici près <strong>de</strong> vingt ans, au cours<br />

d'une "Révolution" manipulée par cette même nomenklatura que <strong>les</strong> électeurs rejettent<br />

aujourd'hui. Car, quelque soient <strong>les</strong> combinaisons ou combines gouvernementa<strong>les</strong>, on<br />

peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> quel poids peut peser un pouvoir s'appuyant sur <strong>de</strong>s partis ayant<br />

obtenu au mieux <strong>les</strong> suffrages <strong>de</strong> 12,5 % <strong>de</strong>s Roumains en âge <strong>de</strong> voter !<br />

Henri Gillet


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

2<br />

� BAIA<br />

ORADEA MARE<br />

�<br />

�<br />

CLUJ<br />

� ARAD<br />

TARGU<br />

MURES<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

IASI<br />

� TIMISOARA<br />

�<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

�<br />

GALATI<br />

�<br />

PLOIESTI<br />

PITESTI �<br />

� BUZAU �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

�<br />

�<br />

BACAU �<br />

Petre Roman battu<br />

�<br />

Après avoir envisagé <strong>de</strong> se présenter<br />

au titre <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s Retraités,<br />

l'ancien Premier ministre Petre<br />

Roman (62 ans) a sollicité un mandat<br />

<strong>de</strong> sénateur au titre <strong>de</strong>s Roumains <strong>de</strong><br />

l'étranger, dans le collège Europe-<br />

Asie. Candidat du PNL, il a obtenu<br />

25 % <strong>de</strong>s voix, étant battu par son<br />

concurrent PD-L, Viorel-Riceard<br />

Ba<strong>de</strong>a (46 %). Ce revers, qui succè<strong>de</strong><br />

à une série <strong>de</strong> déconvenues <strong>de</strong>puis<br />

2000 (scores dérisoires aux prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> 2000 et 2004), marque<br />

sans-doute la fin <strong>de</strong> la carrière politique<br />

<strong>de</strong> l'ancien chef du gouvernement<br />

<strong>de</strong> Ion Iliescu (1990-1991), remplacé<br />

à l'époque dans cette fonction<br />

par Theodor Stolojan. Petre Roman<br />

avait été aussi ministre <strong>de</strong>s Affaires<br />

étrangères du Prési<strong>de</strong>nt Constantinescu<br />

en 1999-2000. Après avoir été<br />

renversé par la "minéria<strong>de</strong>" <strong>de</strong> 1991, il<br />

s'était éloigné <strong>de</strong>s anciens communistes,<br />

créant le Parti Démocratique<br />

(PD), avant d'être évincé <strong>de</strong> sa prési<strong>de</strong>nce<br />

par Traian Basescu.<br />

Frau<strong>de</strong>s<br />

Les ONG et la presse n'ont pas eu<br />

le droit d'entrer dans <strong>les</strong> sections <strong>de</strong><br />

vote afin d'observer librement le scrutin.<br />

L'association Pro Democratia a<br />

seulement mis en place <strong>de</strong>s équipes<br />

d'observateurs mobi<strong>les</strong>. Plusieurs<br />

types d'inci<strong>de</strong>nts ont été relatés par <strong>de</strong><br />

simp<strong>les</strong> citoyens. Il est notamment<br />

question d'électeurs emmenés en bus<br />

jusqu'au bureau <strong>de</strong> vote, <strong>de</strong> votes<br />

achetés, <strong>de</strong> bulletins <strong>de</strong> vote non<br />

conformes, <strong>de</strong> bureaux <strong>de</strong> vote décorés<br />

aux couleurs du PSD, <strong>de</strong> tampons<br />

<strong>de</strong> vote disparus… Même s'il ne s'agit<br />

pas d'une frau<strong>de</strong> massive, ces pratiques<br />

ont pu influer localement sur <strong>les</strong><br />

résultats quant ils étaient serrés.<br />

Législatives<br />

Elections du 30 novembre<br />

N'ayons pas peur <strong>de</strong>s mots… C'est un véritable coup <strong>de</strong> pied au c… que <strong>les</strong><br />

Roumains ont envoyé à leur classe politique, pratiquement un seul<br />

d'entre-eux sur trois s'étant déplacé pour choisir son député et sénateur,<br />

lors <strong>de</strong>s législatives du 30 novembre <strong>de</strong>rnier ! L'abstention (61%) a été plus forte dans<br />

<strong>les</strong> vil<strong>les</strong> que dans <strong>les</strong> campagnes, Bucarest se distinguant même avec un pourcentage<br />

<strong>de</strong> 30 % <strong>de</strong> votants. Au terme d'un scrutin utilisant pour la première fois le scrutin<br />

uninominal, Quatre formations (PSD-PC, PD-L, PNL, UDMR) ont franchi le seuil éliminatoire<br />

<strong>de</strong>s 5 % <strong>de</strong>s votants pour avoir <strong>de</strong>s représentants au Parlement, obtenant à<br />

el<strong>les</strong> toutes 93 % <strong>de</strong>s suffrages et se partageant <strong>les</strong> voix <strong>de</strong>s formations recalées.<br />

Traian Basescu a nommé Emil Boc, caricaturé par<br />

la presse pour sa petite taille, Premier ministre:<br />

“Il m’a regardé comme un homme, droit dans <strong>les</strong><br />

yeux, et m’a dit, Emil, tu dois accepter, j’ai besoin<br />

d’un Premier ministre <strong>de</strong> ton calibre”. Vali<br />

Les limites du PSD<br />

Le PSD (Parti Social Démocrate),<br />

héritier <strong>de</strong> l'ancienne<br />

nomenklatura communiste, est arrivé<br />

<strong>de</strong> très peu en tête (33,5 %) <strong>de</strong>vançant<br />

<strong>de</strong> moins d'un point son principal<br />

rival, le PD-L (Parti Démocrate<br />

Libéral), principal soutien du<br />

Prési<strong>de</strong>nt Traian Basescu, lui-même<br />

ancien nomenklaturiste. En fait le<br />

score <strong>de</strong> cette formation ne varie<br />

pratiquement plus <strong>de</strong>puis 1992,<br />

époque où, sous l'aile protectrice <strong>de</strong><br />

son mentor Ion Iliescu, elle obtenait 34 % <strong>de</strong>s voix auxquel<strong>les</strong> il fallait ajouter <strong>les</strong><br />

quelques points obtenus par <strong>de</strong>s partis croupions.<br />

Tant bien que mal, le PSD, classé à gauche, se maintient dans ses fiefs, <strong>les</strong> régions<br />

<strong>les</strong> plus défavorisées ou excentrées du pays où il réunissait en mai 1990 entre 85 à 90<br />

% <strong>de</strong>s suffrages sous l'étiquette du FSN (Front <strong>de</strong> salut National), lors <strong>de</strong>s premières<br />

élections "libres" <strong>de</strong> Roumanie. Le 3O novembre <strong>de</strong>rnier, il s'était allié au PC (Parti<br />

Conservateur), formation créée par le milliardaire affairiste et propriétaire d'un empire<br />

<strong>de</strong> presse, Dan Voicu<strong>les</strong>cu, à seule fin pour celui-ci <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> l'immunité parlementaire<br />

et continuer ses juteuses affaires.<br />

Toutefois, le PSD-PC voit le nombre <strong>de</strong> ses parlementaires se réduire <strong>de</strong> 36 élus<br />

par rapport au scrutin <strong>de</strong> 2004, passant <strong>de</strong> 189 sièges à 163. Certes son résultat est nettement<br />

supérieur à ce que lui promettaient <strong>les</strong> instituts <strong>de</strong> sondage voici un an (20-22<br />

%), mais il végète et apparaît comme le dépositaire d'une époque dépassée, notamment<br />

auprès <strong>de</strong> la jeunesse et <strong>de</strong> l'embryon <strong>de</strong> la classe moyenne.<br />

Le PD-L peut être considéré comme le gagnant<br />

Près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux Roumains<br />

Le coup <strong>de</strong> pied<br />

D'un point <strong>de</strong> vue comptable, son adversaire, le PD-L, considéré comme centriste<br />

à géométrie variable, apparaît comme le grand gagnant, même s'il n'obtient pas <strong>les</strong><br />

40 % promis par <strong>les</strong> sondages voici un an. Doublant son score <strong>de</strong> 2004, passant <strong>de</strong> 15-<br />

16 % à 32,5 %, il multiplie par 2,5 le nombre <strong>de</strong> ses élus qui bondit <strong>de</strong> 67 à 166. Le<br />

nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> scrutin uninominal, chaotique, voire ahurissant, lui a certes bénéficié,<br />

et encore plus sa proximité avec Traian Basescu, prési<strong>de</strong>nt toujours populaire et<br />

versant volontiers dans le populisme… Ce parti ne doit cependant pas oublier que, tout<br />

comme le PSD, il ne représente que 12,5 % <strong>de</strong>s Roumains en âge <strong>de</strong> voter.<br />

Le PNL du Premier ministre sortant, Calin Popescu Tariceanu, qui se revendique<br />

<strong>de</strong> droite et compte aussi à sa direction <strong>de</strong>s nomenklaturistes reconvertis au mo<strong>de</strong>rnisme<br />

libéral, fait du quasi surplace. Trouvant un électorat dans l'émergence <strong>de</strong> la<br />

nouvelle classe moyenne, il gagne un peu plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux points, <strong>de</strong> 16 % en 2004 à<br />

18,5 %, mais piétine quant au nombre <strong>de</strong> parlementaires, 94 (- 1).


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

sur trois ne se sont pas aller voter<br />

au c… <strong>de</strong>s électeurs !<br />

Son électorat lui <strong>de</strong>meurant fidèle, l'UDMR (Union<br />

Démocratique <strong>de</strong>s Magyars <strong>de</strong> Roumanie) réalise son score<br />

habituel dans <strong>les</strong> ju<strong>de</strong>ts hongrois, oscillant entre 6 et 7 %, obtenant<br />

31 sièges (- 1). Mais tout comme <strong>les</strong> partis roumains,<br />

cette formation enregistre une forte déperdition du nombre <strong>de</strong><br />

votants, le discrédit <strong>de</strong> la classe politique la touchant également,<br />

à travers <strong>de</strong>s scanda<strong>les</strong> n'épargnant pas ses dirigeants.<br />

Une large majorité <strong>de</strong> rupture<br />

avec le passé communiste<br />

Il faut cependant remarquer que PD-L et PNL, frères ennemis<br />

aujourd'hui à cause <strong>de</strong> la haine farouche opposant leurs<br />

<strong>de</strong>ux lea<strong>de</strong>rs… étaient alliés hier. En 2004, réunis au sein <strong>de</strong><br />

l'Alliance DA (Droit et Vérité), bien qu'obtenant seulement<br />

31% <strong>de</strong>s suffrages et 161 élus, ils avaient accédé ensemble au<br />

pouvoir, formant un gouvernement minoritaire, renforcé par la<br />

présence <strong>de</strong> l'UDMR .<br />

Au soir du 30 novembre <strong>de</strong>rnier, ces <strong>de</strong>ux partis totalisaient<br />

51 % <strong>de</strong>s suffrages, comptaient 259 élus, (et même<br />

58 % et 308 élus en incluant l'UDMR, ainsi que <strong>les</strong> 18 représentants<br />

<strong>de</strong>s minorités qui votent d'habitu<strong>de</strong> toujours avec le<br />

majorité) ce qui leur aurait donné une confortable majorité au<br />

Parlement, celle-ci étant <strong>de</strong> 236 voix, si rivalités et ambitions<br />

personnel<strong>les</strong> ne l'avaient pas emporté sur <strong>de</strong>s différences idéologiques<br />

quasi inexistantes.<br />

Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s magouil<strong>les</strong> d'état-major, il est toutefois<br />

important <strong>de</strong> noter que, désormais, <strong>les</strong> Roumains se prononcent<br />

largement pour <strong>de</strong>s partis se présentant comme démocratiques<br />

et ayant rompu avec le passé communiste… même s'ils<br />

se font peu d'illusions sur leurs pratiques.<br />

Afin <strong>de</strong> mettre un terme aux<br />

abus provoqués par le scrutin<br />

<strong>de</strong> liste proportionnel, <strong>les</strong><br />

parlementaires s'étaient décidés, non sans<br />

mal, à introduire le scrutin uninominal,<br />

permettant aux électeurs <strong>de</strong> voter pour<br />

un candidat nommément désigné.<br />

Jusqu'ici, ils étaient obligés <strong>de</strong> se prononcer<br />

en faveur <strong>de</strong> candidats n'ayant pas<br />

leur agrément ou assurés <strong>de</strong> conserver<br />

leur place alors qu'ils étaient étrangers au<br />

ju<strong>de</strong>t où ils se présentaient, n'y venant<br />

qu'au moment <strong>de</strong>s élections.<br />

Mais le nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> scrutin, par<br />

circonscription et à un tour, n'introduisait<br />

qu'une portion <strong>de</strong> vote uninominal,<br />

concernant <strong>les</strong> candidats ayant obtenu<br />

plus <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s voix. Il était contreba-<br />

Elections du 30 novembre<br />

Le rejet <strong>de</strong> l'extrémisme et du populisme<br />

Seul réconfort apporté par ce scrutin… <strong>les</strong> Roumains n'ont<br />

pas cédé à la tentation <strong>de</strong> voter pour <strong>les</strong> partis extrémistes ou<br />

populistes, faisant preuve d'une maturité qui mérite d'être<br />

saluée quant on connaît <strong>les</strong> difficultés auxquel<strong>les</strong> ils sont<br />

confrontés.<br />

Le PRM (Parti <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Roumanie) parti ultra nationaliste<br />

et xénophobe du Le Pen roumain, Corneliu Vadim<br />

Tudor, présent au second tour <strong>de</strong>s prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> 2000 (33<br />

% <strong>de</strong>s voix) s'effondre, divisant son score par dix (3,5 %). Il<br />

réalisait encore 13 % aux élections <strong>de</strong> 2004. Passant sous la<br />

barre <strong>de</strong>s 5 %, il n'aura plus aucun élu au Parlement.<br />

Le démagogue milliardaire Gigi Becali et son PNG (Parti<br />

<strong>de</strong> la Nouvelle Génération), formation qu'il a créé <strong>de</strong> toutes<br />

pièces, placé sous le signe <strong>de</strong> Dieu et du Steaua Bucarest, dont<br />

l'itinéraire - hormis la religion - fait penser à celui <strong>de</strong> Bernard<br />

Tapie, fait encore moins bien (2,2 %), alors que <strong>les</strong> sondages<br />

le créditaient <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s voix voici <strong>de</strong>ux ans.<br />

Ren<strong>de</strong>z-vous dans un an<br />

Le prési<strong>de</strong>nt Basescu peut apparaître comme le gagnant<br />

du scrutin <strong>de</strong> novembre… dans la mesure où il ne l'a pas perdu<br />

et que <strong>les</strong> résultats renforcent le parti le soutenant. Mais il<br />

s'agit d'une victoire à la Pyrrhus. Ne disposant pas d'une majorité<br />

à lui, il a choisi <strong>de</strong> s'allier à son adversaire <strong>de</strong> longue date,<br />

le PSD, pour former un gouvernement. Il a ainsi tourné le dos<br />

au choix <strong>de</strong>s électeurs ayant voté qui, entendaient tourner la<br />

page du communisme. Les Roumains s'en souviendront peutêtre<br />

dans un an quant ils auront à élire leur nouveau prési<strong>de</strong>nt.<br />

Des candidats arrivés <strong>de</strong>rrière leurs adversaires proclamés élus<br />

lancé par un système biscornu <strong>de</strong> redistribution<br />

pour ceux qui ne franchissaient<br />

pas ce cap, qui a dérouté <strong>les</strong> Roumains.<br />

Lorsqu'un parti atteignait le seuil<br />

minimum <strong>de</strong> 5% <strong>de</strong>s voix au niveau<br />

national, il était qualifié et chaque bureau<br />

électoral départemental calculait le "coefficient<br />

électoral" <strong>de</strong> chaque candidat ou<br />

"nombre <strong>de</strong> votes nécessaires pour<br />

gagner un mandat" et effectuait une première<br />

répartition. Les votes restants ou<br />

inutilisés <strong>de</strong> chaque parti, notamment<br />

ceux qui avaient été éliminés en n'ayant<br />

pas dépassé la barre <strong>de</strong>s 5 %, étaient alors<br />

centralisés au niveau national, où l'on<br />

procédait à une <strong>de</strong>uxième répartition<br />

basée sur un calcul encore différent.<br />

Un candidat ayant 25% <strong>de</strong>s voix<br />

Un scrutin uninominal déroutant<br />

pouvait se retrouver député grâce à cette<br />

<strong>de</strong>uxième répartition à la barbe d'un<br />

adversaire qui en avait recueilli 40 %, ce<br />

qui est arrivé à plusieurs reprises.<br />

Ce système a même failli être fatal au<br />

Premier ministre Tariceanu, arrivé largement<br />

en tête dans sa circonscription mais<br />

sans atteindre <strong>les</strong> 50 %... la redistribution,<br />

lui faisait manquer son élection pour 13<br />

voix en faveur <strong>de</strong> son adversaire arrivé<br />

nettement <strong>de</strong>rrière lui, avant que la commission<br />

électorale "ne mette bon ordre" à<br />

la situation, le proclamant finalement élu.<br />

Le cas <strong>de</strong> figure le plus absur<strong>de</strong><br />

concerne le candidat UDMR pour le collège<br />

Afrique-Asie <strong>de</strong>s Roumains vivant à<br />

l'étranger, élu député avec 34 voix seulement<br />

sur 1768 suffrages exprimés.<br />

3


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

4<br />

� BAIA<br />

ORADEA MARE<br />

SUCEAVA<br />

�<br />

�<br />

ARAD<br />

� BISTRITA<br />

CLUJ<br />

TARGU<br />

� MURES<br />

�<br />

IASI<br />

�<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

� BRASOV<br />

�<br />

GALATI<br />

SIBIU<br />

PLOIESTI<br />

�<br />

� BRAILA �<br />

�<br />

PITESTI �<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

�<br />

Une "miss"<br />

à la tête <strong>de</strong>s députés<br />

Après que <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux partis <strong>de</strong> la<br />

coalition aient décidé se partager <strong>les</strong><br />

prési<strong>de</strong>nces du Parlement, le PD-L a<br />

désigné Roberta Anastase, 32 ans,<br />

sociologue comme prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong><br />

l'Assemblée Nationale. La jeune célibataire<br />

a été<br />

élue avec 218<br />

voix. Adhérente<br />

aux jeunes<br />

démocrates dès<br />

l'ado<strong>les</strong>cence,<br />

députée du ju<strong>de</strong>t<br />

<strong>de</strong> Prahova<br />

(Ploiesti) <strong>de</strong>puis<br />

2004, euro-parlementaire en 2007,<br />

Roberta Anastase est surtout connue<br />

pour avoir été finaliste au concours<br />

"Miss Roumanie" <strong>de</strong> beauté et avoir<br />

représenté son pays à celui <strong>de</strong> "Miss<br />

Univers".<br />

... Un ancien énarque<br />

à celle <strong>de</strong>s sénateurs<br />

Elu prési<strong>de</strong>nt du Sénat avec 96<br />

voix, Mircea Geoana, 50 ans, natif <strong>de</strong><br />

Bucarest, ancien stagiaire à l'ENA<br />

(France), <strong>de</strong>vient le numéro 2 <strong>de</strong><br />

l'Etat. Ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> son pays aux<br />

USA, puis ministre <strong>de</strong>s Affaires<br />

Etrangères du gouvernement Nastase<br />

(2000-2004), il a ravi à Ion Iliescu la<br />

direction du PSD en 2005, lequel lui<br />

gar<strong>de</strong> une haire tenace. Issu d'une<br />

famille <strong>de</strong> la nomenklatura communiste,<br />

Mircea Geoana espérait <strong>de</strong>venir<br />

Premier ministre à la suite du scrutin<br />

<strong>de</strong> fin novembre, mais a dû renoncer<br />

à son ambition, son parti n'ayant pas<br />

atteint le score espéré. Battu au poste<br />

<strong>de</strong> maire <strong>de</strong> Bucarest par Traian<br />

Basescu en 2000, il compte prendre<br />

sans-doute sa revanche aux prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> fin 2009.<br />

Législatives<br />

Votants: 39,26 %, abstentions: 60,74 %<br />

(Votants aux élections législatives <strong>de</strong><br />

2000: 65,31 %, <strong>de</strong> 2004: 58,93 %)<br />

Chambre <strong>de</strong>s députés: 316 sièges dont<br />

34 femmes (11 %) + 18 sièges pour <strong>les</strong><br />

minorités<br />

PSD-PC: 33,09 % - 114 élus (2004:<br />

36,61 %, 132 élus)<br />

PD-L: 32,34 % - 115 élus (2004: 47 élus)<br />

PNL: 18,57 % - 65 élus (2004 : 65 élus)*<br />

UDMR: 6,18 % - 22 élus (2004: 6,17 %:<br />

22 élus)<br />

Partis éliminés (moins <strong>de</strong> 5 % <strong>de</strong>s<br />

votants): PRM (3,17 %; 2004: 12,92 %,<br />

48 élus), PNG (2,29 %), autres (moins <strong>de</strong><br />

1 %).<br />

Sénat: 137 sièges dont 8 femmes (6 %)<br />

PSD-PC: 34,12 % - 49 élus (2004 : 37,13<br />

%, 57 élus)<br />

PD-L: 33,57 % - 51 élus (2004: 20 élus)<br />

PNL: 18,75 % - 28 élus (2004: 29 élus)<br />

UDMR: 6,41 % - 9 élus (2004: 6,23 %,<br />

10 élus)<br />

Partis éliminés (moins <strong>de</strong> 5 % <strong>de</strong>s<br />

votants): PRM (3,59 %, 2004: 13,63 %,<br />

21 élus), PNG (2,55 %), autres (moins <strong>de</strong><br />

1 %).<br />

*En 2004, le PD et le PNL se présentaient<br />

sous une étiquette commune,<br />

l'alliance DA (Droit et Vérité), obtenant<br />

31,33 % <strong>de</strong>s suffrages à la Chambre <strong>de</strong>s<br />

députés (112 élus) et 31,77 % au Sénat<br />

(49 élus).Le PNL <strong>de</strong>vançait alors le PD.<br />

Les 18 minorités disposant d'office<br />

d'un siège <strong>de</strong> député: Roms, Allemands,<br />

Juifs, Slovaques et Tchèques, Bulgares<br />

du Banat, Arméniens, Tatars turcomusulmans,<br />

Macédoniens, Serbes,<br />

Italiens, Turcs, Ukrainiens, Russes-<br />

Lipovènes, Croates, Grecs, Albanais,<br />

Polonais et Ruthènes.<br />

22 000 Roumains vivant à l'étranger<br />

se sont présentés aux urnes dans leurs<br />

pays <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce afin d'élire quatre<br />

députés et <strong>de</strong>ux sénateurs (résultats<br />

comptabilisés au niveau général).<br />

Le PD-L est arrivé en tête (46,5 %), suivi<br />

du PNL (22,5 %), du PSD-PC (14 %),<br />

du PRM (5,5 %), <strong>de</strong> l'UDMR (4,5 %) et<br />

du PNG (3 %).<br />

Elections du 30 novembre<br />

Les résultats à la loupe<br />

Rapport <strong>de</strong> force Avec 247 députés (y<br />

compris <strong>les</strong> 18 députés <strong>de</strong>s minorités qui<br />

votent traditionnellement pour le gouvernement)<br />

et 100 sénateurs, la coalition<br />

PD-PSD-PC contrôlera <strong>les</strong> trois quarts du<br />

Parlement, occupant 74 % <strong>de</strong>s sièges <strong>de</strong><br />

l'Assemblée nationale et 73 % du Sénat.<br />

L'opposition <strong>de</strong>vra se contenter <strong>de</strong> 87<br />

sièges <strong>de</strong> députés et 37 <strong>de</strong> sénateurs.<br />

Participation<br />

La participation a été plus forte à la campagne<br />

(44,24%) qu'en ville (35,63%). Le<br />

Teleorman (Alexandria, 52,68 %) est le<br />

seul département où plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s<br />

électeurs se sont présentés aux urnes. A<br />

l'inverse, c'est à Bucarest qu'on a le<br />

moins voté (30,37 %).<br />

Meilleures participations: Teleorman<br />

(Alexandria, 52,68 %), Vrancea (Focsani,<br />

47,17 %), Ilfov (pourtour <strong>de</strong> Bucarest,<br />

46,61 %), Giurgiu (46,44 %), Dambovita<br />

(Târgoviste).<br />

Plus faib<strong>les</strong> participations: Sibiu (35,30<br />

%), Brasov (35,12 %), Tulcea (35,03 %),<br />

Covasna (Sfântu Gheorghe, 33, 51 %),<br />

Timis (31,57 %), Bucarest (30,37 %).<br />

Les meilleurs scores<br />

Le PSD arrive en tête dans 16<br />

ju<strong>de</strong>ts, Moldavie, Dobroudja, Olténie-<br />

Munténie : Botosani, Bacau, Iasi, Vaslui,<br />

Galati, Vrancea (Focsani), Buzau, Braila,<br />

Ialomita (Slobozia), Constantsa, Arges<br />

(Pitesti), Vâlcea, Gorj (Târgu Jiu), Olt<br />

(Slatina), Dolj (Craiova), Teleorman<br />

(Alexandria).<br />

Le PD-L arrive en tête dans 18<br />

ju<strong>de</strong>ts (Nord, Transylvanie, Banat):<br />

Maramures (Baia Mare), Suceava,<br />

Bistritsa-Nasaud, Neamt (Piatra Neamt),<br />

Cluj, Alba, Sibiu, Brasov, Prahova<br />

(Ploiesti), Dâmbovita (Târgoviste), Ilfov<br />

(pourtour <strong>de</strong> Bucarest), Arad, Timis,<br />

Hunedoara (Deva), Caras Severin<br />

(Resista), Mehedinti (Turnu Severin),<br />

Tulcea et Bucarest.<br />

Le PNL arrive en tête dans 3 ju<strong>de</strong>ts:<br />

Bihor (Ora<strong>de</strong>a), Giugiu, Calarasi.<br />

L'UDMR arrive en tête dans<br />

5 ju<strong>de</strong>ts: Satu Mare, Salaj (Zalau), Mures<br />

(Târgu Mures), Harghita (Miercurea<br />

Ciuc), Covasna (Sfântu Gheorghe).


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Législatives<br />

PSD-PC (alliance du Parti Social-Démocrate et du<br />

Parti Conservateur): Le PSD est l'héritier direct <strong>de</strong><br />

l'ancienne nomenklatura communiste. Il est emmené<br />

par Ion Iliescu (qui ne se présentait pas mais conserve dans<br />

l'ombre une gran<strong>de</strong> influence),<br />

l'ancien Premier ministre Adrian<br />

Nastase (réélu député) et présidé<br />

par Mircea Geoana (réélu sénateur).<br />

Le PC est aussi une émanation<br />

du PSD. Il s'agit d'un parti sans<br />

aucune assise populaire, créé <strong>de</strong><br />

toutes pièces par le magnat <strong>de</strong> la<br />

presse et <strong>de</strong> la télévision Dan<br />

Voicu<strong>les</strong>cu (réélu sénateur) pour<br />

son usage personnel, afin <strong>de</strong> bénéficier<br />

<strong>de</strong> l'immunité parlementaire et échapper aux poursuites<br />

engagées contre lui pour <strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> corruption.<br />

PD-L (Parti Démocrate Libéral): A l'origine, il s'agit du<br />

Parti-Démocrate créé en 1992 par Petre Roman (battu) lorsque<br />

celui-ci a claqué la porte du PSD.<br />

Plus mo<strong>de</strong>rne, il compte à sa tête<br />

nombre d'anciens nomenklaturistes,<br />

dont le chef <strong>de</strong> l'Etat Traian<br />

Basescu, qui, bien que se mettant<br />

en retrait, en a fait son principal<br />

soutien, et son actuel prési<strong>de</strong>nt,<br />

Emil Boc, maire <strong>de</strong> Cluj. Il a été<br />

rejoint par une fraction du Parti<br />

National Libéral, emmené par l'ancien<br />

Premier ministre <strong>de</strong> Ion<br />

Iliescu, Theodor Stolojan, lorsque le divorce entre le Prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> la République et le Premier ministre Calin Popescu<br />

Tariceanu est <strong>de</strong>venu patent.<br />

PNL (Parti National Libéral):<br />

Parti emmené par le Premier<br />

ministre sortant Calin Popescu<br />

Tariceanu (réélu député d'extrême<br />

justesse), allié en 2004 au PD, mais<br />

entré presque immédiatement en<br />

guerre avec le Prési<strong>de</strong>nt Basescu,<br />

dont il a essayé d'obtenir le départ<br />

en 2007, à l'occasion d'un référendum<br />

largement perdu <strong>de</strong>mandant sa<br />

<strong>de</strong>stitution. Le PNL a subi une scission<br />

en 2006, une partie <strong>de</strong> ses membres, emmenés par<br />

Theodor Stolojan rejoignant le PD, pour former le PD-L.<br />

UDMR (Union Démocratique <strong>de</strong>s Magyars <strong>de</strong><br />

Roumanie): Parti regroupant le vote <strong>de</strong> la communauté hongroise<br />

et dont le score se situe invariablement entre 6 et 7 %,<br />

ce qui lui permet d'avoir <strong>de</strong>s élus au Parlement et <strong>de</strong> jouer <strong>les</strong><br />

partis charnières. Depuis 1996, l'UDMR, dont le prési<strong>de</strong>nt est<br />

Elections du 30 novembre<br />

Tout ce qu'il faut savoir<br />

sur <strong>les</strong> principaux partis et leurs sig<strong>les</strong><br />

Marko Bela (réélu sénateur), a toujours<br />

participé au gouvernement,<br />

n'hésitant pas à s'allier avec ses<br />

adversaires. Une scission est intervenue<br />

en son sein, donnant naissance à<br />

une formation plus radicale dans ses<br />

revendications i<strong>de</strong>ntitaires, conduite<br />

par l'ancien pasteur réformiste Lazlo<br />

Tokes, à l'origine du soulèvement <strong>de</strong><br />

Timisoara, en décembre 1989.<br />

PRM (Parti <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Roumanie): En très nette<br />

perte <strong>de</strong> vitesse, ce parti ultra-nationaliste et xénophobe (surtout<br />

à l'égard <strong>de</strong>s Hongrois) avait<br />

causé une énorme surprise aux prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> 2000, son lea<strong>de</strong>r, le<br />

démagogue Corneliu Vadim<br />

Tudor, étant présent au second tour<br />

<strong>de</strong> l'élection (30 % <strong>de</strong>s voix), amenant<br />

<strong>les</strong> électeurs démocrates à<br />

voter la mort dans l'âme pour<br />

Iliescu, qui sera élu. Un scénario<br />

que la France connaîtra avec le duel<br />

Le Pen-Chirac en 2002.<br />

PNG (Parti <strong>de</strong> la Nouvelle Génération): Formation<br />

créée par l'affairiste milliardaire Gigi Becali, ancien berger<br />

<strong>de</strong>venu richissime grâce à la spéculation<br />

et aux "magouil<strong>les</strong>" foncières<br />

faites avec <strong>les</strong> terrains <strong>de</strong><br />

l'Armée au nord <strong>de</strong> la capitale. Les<br />

Roumains se sont détournés <strong>de</strong> ce<br />

démagogue vulgaire, propriétaire<br />

du Steaua <strong>de</strong> Bucarest, se disant<br />

inspiré par Dieu, mais qu'ils<br />

avaient cependant placé en tête<br />

(40 % se disaient prêts à voter<br />

pour lui) <strong>de</strong>s personnalités dans<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ils avaient le plus confiance, voici <strong>de</strong>ux ans, quasiment<br />

à égalité avec le prési<strong>de</strong>nt Basescu.<br />

Deux partis <strong>de</strong> la société civile ont complètement disparu<br />

<strong>de</strong> la circulation, avec 0,50 % <strong>de</strong>s suffrages, illustrant l'impuissance<br />

<strong>de</strong> celle-ci à émerger et à proposer une alternative<br />

démocratique crédible: <strong>les</strong> Verts, <strong>les</strong> écologistes n'ayant<br />

jamais réussi à percer en Roumanie, le PNTCD (Parti<br />

National Paysan Chrétien Démocrate), formation chère au<br />

cœur <strong>de</strong> Doina Cornea et <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s voix <strong>de</strong> la dissi<strong>de</strong>nce<br />

anti-communiste, la seule qui ne comprend pas d'anciens<br />

nomenklaturistes et est composée d'authentiques démocrates.<br />

Le PNTCD ne s'est jamais remis <strong>de</strong> l'échec <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce<br />

Constantinescu, son champion d'alors, dont l'action a été sabotée<br />

par le PSD… et pour comble <strong>de</strong> malheur, s'est divisé voici<br />

<strong>de</strong>ux ans, malgré ses scores dérisoires.<br />

Caricatures <strong>de</strong> Vali (www.cartoonpress.ro)<br />

5


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

6<br />

ALBA<br />

ARAD<br />

Sénateurs et députés élus ou réélus par ju<strong>de</strong>t<br />

*: Marqués d’un astérisque, <strong>les</strong> sénateurs et députés réelus.<br />

JUDETS SENATEURS ELUS DEPUTES ELUS<br />

ARGES<br />

BACAU<br />

BIHOR<br />

BISTRITA -<br />

NASAUD<br />

BOTOSANI<br />

BRASOV<br />

BRAILA<br />

BUZAU<br />

CARAS<br />

SEVERIN<br />

CALARASI<br />

PD-L: Alexandru Peres*, Nicolae Dobra<br />

PD-L : Ovidiu Marin, Constantin Traian<br />

Igas<br />

PSD-PC: Avram Craciun<br />

PD-L : Mircea Cinteza<br />

PNL: Mircea Diaconu<br />

PSD-PC: Constantin Serban Valeca,<br />

Constantin Tamga*<br />

PD-L : Vasile Nistor<br />

PNL: Gabriel Berca<br />

PSD-PC: Catalin Radu Mardare*, Elena<br />

Mitrea<br />

PD-L : Petru Filip<br />

PNL: Cornel Popa<br />

PSD-PC: Ioan Mang<br />

UDMR: Zoltan Attila Cseke<br />

PD-L: Ioan Zbarciu<br />

PNL: Danut Nicolae Prunea<br />

PD-L : Dan Augustin Humelnicul<br />

PNL: Liviu Campeanu*<br />

PSD-PC: Marcu Gheorghe<br />

PD-L: Iulian Marian Rasliu, Florian<br />

Dumitru Staicu<br />

PNL: Ioan Ghise*<br />

PSD-PC: Titus Corlatean*<br />

PNL: Sever Constantin Cibu<br />

PSD-PC: Ion Rotaru<br />

PD-L: Viorel Constantinescu*<br />

PNL: Marian Vasile Bigiu<br />

PSD-PC: Ion Vasile*<br />

PD-L: Iosif Secasan<br />

PNL: Gheorghe-Pavel Balan<br />

PD-L: Constantin Dumitru*<br />

PNL: Vasile Ne<strong>de</strong>lcu<br />

Elections du 30 novembre<br />

PD-L: Calin Potor, Clement Negrut, Corneliu Olar<br />

PNL: Teodor Atanasiu<br />

PSD-PC: Radu Coclici<br />

PD-L: Lucian Rivis Tipei, Claudia Boghicevici, Adrian Nitu,<br />

Marius Sorin Gondor, Iustin Marinel Cionca-Arghir<br />

PN-L: Mihaita Calimente*<br />

PSD-PC: Florin Ciprian Luca<br />

UDMR: Petru Farago<br />

PD-L: Gh. Sorin Buta, Andi Sorin Pan<strong>de</strong>le, Cristian Boureanu*<br />

PNL: Dominic Andrei Gerea*<br />

PSD-PC: Gheorghe Mircea Draghici, Ion Burnei, Filip Georgescu*,<br />

Costin Radu Vasilica, Bogdan Nicu<strong>les</strong>cu Duvaz<br />

PD-L : Adrian Popescu, Valerian Vreme, Vasile Gherasim<br />

PNL: Tudor Chiuariu, Ionel Palar*, Mihai Banu<br />

PSD-PC: Gheorghe Antochi, Iulian Iancu, Viorel Hrebenciuc*,<br />

Gabriel Petru Vlase*<br />

PD-L : Stefan Seremi, Octavian Bot<br />

PNL: Ana Lucia Varga, Nicolae Jolta<br />

PSD-PC: Sorin Ioan Roman, Sonia Maria Draghici<br />

UDMR: Akos Derzsi, Petru Lakatos*, Maria Csilla Peta<br />

PD-L: Nelu Ioan Botis, Ioan Oltean*<br />

PNL: Ioan Tintean<br />

PSD-PC: Radu Emil Moldovan*<br />

PD-L : Stelica Strugaru Iacob, Catalin Ovidiu Obuf Buhaianu<br />

PNL: Nicolae Rebenciu, Florin Turcanu<br />

PSD-PC: Andrei Dolineaschi, Costica Macaleti*<br />

PD-L: Gabriel Andronache, Florin Postolachi, Gheorghe<br />

Ialomiteanu<br />

PNL: Gheorghe Gabor*, Aurel Mihai Dontu<br />

PSD-PC: Aurel Mihai Dontu, Lilli Ana Farkas, Tita Nico<strong>les</strong>cu<br />

PD-L: Eugen Badalan<br />

PNL: Diana Adriana Tusa<br />

PSD-PC: Viorel Balcan, Mihai Tudose*, Cristian Rizea<br />

PD-L : Alecu Valeriu, Cezar Preda*<br />

PNL: George Scutaru*, Titi Holban<br />

PSD-PC: Adrian Mocanu, Marian Ghiveciu, Carmen Moldovan<br />

PD-L: Gheorghe Hogea, Valentin Rusu<br />

PNL: Ion Tabugan<br />

PSD-PC: Ioan Chisalita, Ion Mocioalca*<br />

PD-L: Stelian Fuia<br />

PNL: Eugen Nicolaescu, Dan Motreanu<br />

PSD-PC: Ioan Damian, Dumitru Boabes


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

CLUJ<br />

CONSTANTA<br />

COVASNA<br />

DÂMBOVITA<br />

DOLJ<br />

GALATI<br />

GIURGIU<br />

GORJ<br />

HARGHITA<br />

HUNEDOARA<br />

IALOMITA<br />

IASI<br />

JUDETS SENATEURS ELUS DEPUTES ELUS<br />

ILFOV<br />

PD-L: Mihail Hardau, Serban<br />

Radu<strong>les</strong>cu<br />

PNL: Marius Nicoara<br />

PSD-PC: Alexandru Cordos<br />

PD-L: Mircea Marius Banias<br />

PNL: Puiu Hasoti*<br />

PSD-PC: Nicolae Moga, Alexandru<br />

Mazare*<br />

UDMR: Tiberiu Bokor, Albert Almos<br />

PD-L: Mircea Andrei, Gigel Calcan<br />

PSD-PC: Adrian Tutuianu<br />

PD-L: Radu Berceanu*, Tudor<br />

Udristoiu<br />

PNL: Mario Ovidiu Oprea*<br />

PSD-PC: Olguta Vasi<strong>les</strong>cu*, Mircea<br />

Geoana*<br />

PD-L: Marius Necula<br />

PNL: Paul Ichim<br />

PSD-PC: Laurentiu Chirvasuta,<br />

Gheorghe Saghian<br />

PNL: Cezar Magureanu, Vasile<br />

Mustatea<br />

PD-L: Ion Ruset<br />

PNL: Toni Grebla<br />

UDMR: Laszlo Gyerko, Attila<br />

Verestoy*<br />

PD-L: Dorin Paran<br />

PNL: Dan Radu Rusanu*<br />

PSD-PC: Cosmin Nicula*<br />

PD-L: Tudor Panturu<br />

PSD-PC: Mihaita Gaina<br />

PD-L: Mihaela Popa, Dumitru Oprea<br />

PNL: Varujan Vosganian*<br />

PSD-PC: Sorin Lazar, Florin<br />

Constantinescu<br />

PD-L: Iulian Urban<br />

PSD-PC: Anghel Iordanescu<br />

Elections du 30 novembre<br />

PD-L : Mircea Giurgiu, Daniel Buda*, Petru Calian*, Adrian Gurzau,<br />

PNL: Horea Uioreanu*, Virgil Pop<br />

PSD-PC: Cornel Itu, Vasile Soporan*<br />

UDMR: Palfi Mozes Zoltan, Mate Andras Levente*<br />

PD-L : Constantin Chirila, Iorghus Zamfir, Maria Stavrositu<br />

PNL: Gheorghe Dragomir, Mihai Lupu<br />

PSD-PC: Ileana-Cristina Dumitrache, Eduard-Stelian Martin*, Radu-<br />

Matei Bratianu, Manuela Mitrea, Antonella Marinescu<br />

PSD-PC: Horia Grama<br />

UDMR: Edler Andras Gyorgy, Marton Arpad*, Olosz Gergely<br />

PD-L: Gheorghe Albu, Georgica Dumitru, Bogdan Catargiu, Iulian<br />

Vladu<br />

PNL: Gabriel Plaiasu<br />

PSD-PC: Gheorghe Ana, Ion Stan*, Ion Dumitru*<br />

PD-L : Mihai Surpateanu, Constantin Dascalu, Gelu Visan<br />

PNL: Marian Stroe, Mihai Voicu<br />

PSD-PC: Floretin Gust Balosin, Petre Petrescu, Claudiu Manda*,<br />

Valeriu Zgonea*, Ion Calin*<br />

PD-L: Mircea Toa<strong>de</strong>r, Carmen Axenie, Mihail Bol<strong>de</strong>a<br />

PNL: Victor Paul Dobre<br />

PSD-PC: Viorel Stefan, Dan Nica*, Florin Paslaru, Lucretia Rosca,<br />

Bogdan Ciuca*<br />

PD-L : Victor Boiangiu<br />

PNL: Dan Pasat, Daniel Chitoiu<br />

PSD-PC: Madalin Voicu<br />

PD-L : Cosmin Popescu, Constantin Militaru<br />

PNL: Dan Ilie Morega<br />

PSD-PC: Vasile Popeanga, Victor Ponta*<br />

PSD-PC: Mircea Dusa*<br />

UDMR: Attila Korodi, Hunor Kelemen*, Istvan Antal*, Arpad Pal<br />

PD-L : Iosif Veniamin Blaga, Monica Iacob-Ridzi*, Viorel Arion<br />

PNL: Ioan Timis*, Radu Timpau<br />

PSD-PC: Laurentiu Nistor, Cornel Resmerita<br />

PD-L : Gheorghe Tinel<br />

PNL: Cristina Pocora<br />

PSD-PC: Marian Neacsu, Dan Mircea Popescu<br />

PD-L: Petru Movila*, Vasile Oaj<strong>de</strong>a, Teodor Spinu, Nicusor Paduraru<br />

PNL: Relu Fenechiu*, Cristina Dobre, Cristian Adomnitei*<br />

PSD-PC: Luminita Iordache, Vasile Mocanu*, Neculai Ratoi, Anghel<br />

Stanciu, Tudor Ciuhodaru<br />

PD-L: Mircea Marin, Mihaela Sandru<br />

PNL: Calin Popescu Tariceanu*<br />

PSD-PC: Gabriel Oprea*<br />

7


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

8<br />

MARAMURES<br />

MEHEDINTI<br />

MURES<br />

NEAMT<br />

OLT<br />

PRAHOVA<br />

SATU MARE<br />

SALAJ<br />

SIBIU<br />

SUCEAVA<br />

TELEORMAN<br />

TIMIS<br />

JUDETS SENATEURS ELUS DEPUTES ELUS<br />

PD-L: Gheorghe Mahai Barlea<br />

PNL: Liviu Titus Pasca<br />

PSD-PC: Sorin Bota<br />

PD-L: Mihai Stanisoara*<br />

PSD-PC: Petre Daea*<br />

PD-L: Petru Basa<br />

PSD-PC: Corneliu Grosu<br />

UDMR: Gyorgy Frunda*, Marko<br />

Bela*<br />

PD-L: Toa<strong>de</strong>r Mocanu<br />

PNL: Ovidius Marcutian<br />

PSD-PC: Ioan Chelaru*<br />

PD-L : Mihai Nita<br />

PSD-PC: Ion Toma, Dan Sova<br />

PD-L: Georgica Severin, Iulian<br />

Ba<strong>de</strong>scu<br />

PNL: Teodor Me<strong>les</strong>canu*<br />

PSD-PC: Sorin Chivu, Daniel Savu<br />

PSD-PC: Valer Marian<br />

UDMR: Tiberiu Gunthner<br />

PSD-PC: Gheorghe Pop<br />

UDMR: Fekete-Szabo*, Andras<br />

Levente*<br />

PD-L: Ion Ariton<br />

PNL: Minerva Boitan<br />

PSD-PC: Viorel Arcas*<br />

PD-L: Sorin Fodoreanu, Orest Onofrei<br />

PNL: Tiberiu Prodan<br />

PSD-PC: Gavril Marza<br />

PD-L: Alexandru Mocanu<br />

PNL: Romeo Nicoara<br />

PSD-PC: Serban Mihai<strong>les</strong>cu*<br />

PD-L: Gheorghe David*, Constantin<br />

Vasile, Borza Dorel<br />

PNL: Nicolae Robu<br />

PSD-PC: Ilie Sarbu*<br />

PD-L : Nicolae Bud, Doru Lese<br />

PNL: Pavel Horj, Vasile Berci<br />

PSD-PC: Gheorghe Zoicas, Catalin Chereches<br />

UDMR: Stefan Beres<br />

PD-L: Cornel Ghita, Doinita Chircu<br />

PNL: Viorel Palasca<br />

PSD-PC: Eugen Nicolicea*<br />

Elections du 30 novembre<br />

PD-L: Mihai Opriscan, Toa<strong>de</strong>r Stroian<br />

PNL: Ciprian Dobre<br />

PSD-PC: Victor Socaciu, Vasile Gliga<br />

UDMR: Laszlo Borbely*, Attila Kelemen*, Karoly Kerekes*<br />

PD-L: Stelian Ghita-Eftemie, Mihaela Stoica, Marius Neculai, Marius<br />

Rogin<br />

PNL: Emil Bostan<br />

PSD-PC: Culita Tarata, Ioan Muntean*, Victor Surdu<br />

PD-L: Daniel Barbu<strong>les</strong>cu, Nicolae Stan<br />

PNL: Gigel Stirbu<br />

PSD-PC: Marin Bobes, Valeriu Steriu, Florin Iordache*, Doru<br />

Frunzulica<br />

PD-L: Florin Anghel, George Ionescu, Sever Voinescu-Cotoi, Roberta<br />

Anastase*, Andrei Sava<br />

PNL: Cristian Burlacu, Adriana Saftoiu<br />

PSD-PC: Gratiela Gavri<strong>les</strong>cu, Marian Saniuta, Mihai Apostoloche*,<br />

Razvan Turea, Adrian Nastase<br />

PD-L: Ioan Holdis<br />

PNL: Viorel Buda<br />

PSD-PC: Gheorghe Ciocan<br />

UDMR: Attila Varga*, Istvan Er<strong>de</strong>i Doloczki*<br />

PD-L: Lucian Bo<strong>de</strong><br />

PNL: Gheorghe Mirel Talos<br />

PSD-PC: Iuliu Nosa*<br />

UDMR: Seres Denes*<br />

PD-L: Cornel Stirbet*, Raluca Turcan*, Gheorghe Roman<br />

PNL: Mircea Cazan<br />

PSD-PC: Ioan Cindrea*, Silvestru Lup<br />

PD-L: Sanda Ar<strong>de</strong>leanu, Ioan Balan, Eugen Uricec, Dumitru Pardau*,<br />

Gabriel Gospodaru<br />

PNL: Mircea Irimescu, Gheorghe Coroama<br />

PSD-PC: Catalin Nechifor, Ioan Stan*, Eugen Bejinariu*<br />

PD-L: Adrian Badu<strong>les</strong>cu, Adrian Florescu<br />

PNL: George Dumitrica, Marin Almajanu*<br />

PSD-PC: Robert Negoita, Nicolae Banicioiu<br />

PD-L: Marius Cristinel Dugu<strong>les</strong>cu, Iosif Stefan Dragu<strong>les</strong>cu, Florin<br />

Augustin Popoviciu, Valeriu Tabara*, Gheorghe Ciobanu<br />

PNL: Horia Cristian, Claudiu Taga<br />

PSD-PC: Eugenia Maria Barna, C-tin Sorin Stragea, Dorel Covaci


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

JUDETS SENATEURS ELUS DEPUTES ELUS<br />

TULCEA<br />

VASLUI<br />

VÂLCEA<br />

VRANCEA<br />

BUCURESTI<br />

DIASPORA<br />

PD-L: Ion Bara<br />

PSD-PC: Trifon Belacurencu<br />

PD-L: Vasile Pintilie<br />

PNL: Cristian David*<br />

PSD-PC: Doina Silistru*<br />

PD-L: Dorel Jurcan*<br />

PNL: Valentin Emilian Francu*<br />

PSD-PC: Florian Laurentiu Coca<br />

PD-L: Sorina Placinta<br />

PSD-PC: Miron Mitrea*<br />

Corruption encore<br />

plus forte en 2008<br />

Plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s<br />

Roumains (54,5%)<br />

considèrent que la<br />

corruption a augmenté en 2008<br />

par rapport à 2007, indique un<br />

sondage <strong>de</strong> l'institut Insomar à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'Association pour<br />

l'implantation <strong>de</strong> la<br />

démocratie. Les institutions<br />

<strong>de</strong> l'Etat perçues<br />

comme <strong>les</strong> plus<br />

touchées seraient le<br />

Parlement (55%), <strong>les</strong><br />

mairies (54%) et <strong>les</strong><br />

Conseils départementaux<br />

(53%). Ce sondage<br />

a été effectué<br />

entre le 12 et le 17<br />

septembre 2008 sur un échantillon<br />

<strong>de</strong> 1.448 personnes représentant<br />

la population roumaine<br />

<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 18 ans.<br />

PD-L: Anca Boagiu*, Vasile Blaga*,<br />

Cristian Radu<strong>les</strong>cu, Radu F<br />

Alexandru, Gabriel Mutu<br />

PNL: Crin Antonescu*, Cristian<br />

Topescu<br />

PSD-PC: Sergiu Nicolaescu, Cristi<br />

Diaconescu, Dan Voicu<strong>les</strong>cu*, Catalin<br />

Voicu, Ecaterina Andronescu*<br />

Collège 1: Viorel Riceard Ba<strong>de</strong>a (PD-<br />

L)<br />

Collège 2: Raymond Luca (PNL)<br />

PD-L: Marian Avram, Mihai Stroe<br />

PNL: Marius Octavian Popa<br />

PSD-PC: Horia Teodorescu<br />

Elections du 30 novembre<br />

PD-L: Dragos Iftime, Viorel Carare,<br />

PNL: Dan Bor<strong>de</strong>ianu, Mihai Dan Marian<br />

PSD-PC: Victor Cristea, Adrian Solomon, Marian Sarbu<br />

PD-L: Sorin Stefan Zamfirescu, Samuil Valcu<br />

PNL: Cristian Buican<br />

PSD-PC: Constantin Maziliu, Vasile Bleotu, Aurel Vladoiu*<br />

PD-L: Razvan Mustea Serban, Alin Trascu<strong>les</strong>cu<br />

PNL: Nini Sapunaru*<br />

PSD-PC: Angel Talvar, Sorin C. Dumitrescu, Ciprian Nicolae Nica<br />

PD-L: Costica Canacheu*, Brandusa Novac, Toa<strong>de</strong>r Paleologu, Catalin<br />

Croitoru, Sulfina Barbu, Cristian Petrescu, Danile Pirpiliu, Radu<br />

Zatreanu, Silviu Prigoana, Daniel Geanta, Elena Udrea, Danut Liga<br />

PNL: Bogdan Olteanu*, Daniel Budurescu, Ludovic Orban, Alina<br />

Gheorghiu, Cornel Pieptea<br />

PSD-PC: Georgian Pop, Rodica Nassar*, Florian Popa, Sergiu Andon,<br />

Ruxandra Jipa, Doina Burcau, Daniela Popa*, Oana Nicu<strong>les</strong>cu-Mizil,<br />

Dumitru Chirita, Aura Vasile*, Florea Damian*<br />

Collège 1: William Branza (PD-L)<br />

Collège 2: Tudor Pantaru (PSD+PC)<br />

Collège 3: Mircea Lubanovici (PD-L)<br />

Collège 4: Koto Iosif (UDMR)<br />

Faucille et marteau d'or pour Dan Voicu<strong>les</strong>cu<br />

Le magnat <strong>de</strong> la presse et milliardaire Dan Voicu<strong>les</strong>cu, prési<strong>de</strong>nt-fondateur du Parti<br />

Conservateur, s'est vu décerner "la faucille et le marteau d'or" par une association<br />

civique <strong>de</strong> Timisoara pour sa contribution à conserver et soutenir le système et <strong>les</strong><br />

structures communistes. Cette "distinction" instituée par dérision en 1992, est le pendant <strong>de</strong>s<br />

trois autres prix que l'association remet aux défenseurs <strong>de</strong> la démocratie. I<strong>de</strong>ntifié comme collaborateur<br />

<strong>de</strong> la Securitate sous Ceausescu, sous le nom <strong>de</strong> co<strong>de</strong> <strong>de</strong> "Felix", Dan Voicu<strong>les</strong>cu<br />

a été "distingué" pour avoir réussi à la fois en 2008, par ses manoeuvres au Parlement, à<br />

rendre inopérant le Conseil National d'Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Archives <strong>de</strong> la Securitate (CNSAS), chargé<br />

<strong>de</strong> faire la lumière sur <strong>les</strong> dirigeants actuels et <strong>les</strong> allées du pouvoir,<br />

mais aussi pour avoir fait voter une loi empêchant <strong>les</strong><br />

anciens propriétaires, spoliés par le régime communiste, <strong>de</strong><br />

récupérer leurs biens en nature. Ceux-ci ont été souvent rachetés<br />

pour une bouchée <strong>de</strong> pain par <strong>les</strong> nouveaux et anciens<br />

nomenklaturistes <strong>de</strong> l'après "Révolution" et <strong>de</strong> l'ère Iliescu.<br />

Le nouveau "médaillé" est <strong>de</strong>puis longtemps sous le coup<br />

d'une enquête pour <strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> corruption mais il s'est mis<br />

opportunément à l'abri <strong>de</strong>s poursuites grâce à l'immunité parlementaire<br />

que lui confère sa réélection comme sénateur le 30<br />

novembre <strong>de</strong>rnier. Dan Voicu<strong>les</strong>cu a d'ailleurs été élu par ses<br />

pairs vice-prési<strong>de</strong>nt du Sénat, trouvant là la récompense qu’il avait <strong>de</strong>mandé à ses alliés du<br />

PSD auxquels il a fourni l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> son empire médiatique lors <strong>de</strong> la récente campagne électorale.<br />

Son accession à ce poste a d’ailleurs provoqué la première crise, vite surmontée, au sein<br />

<strong>de</strong> la nouvelle coalition gouvernementale PSD-PC - PD-L.<br />

9


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

10<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

ORADEA<br />

�<br />

�<br />

BAIA MARE<br />

SUCEAVA<br />

� CLUJ P. NEAMT � IASI<br />

ARAD<br />

�<br />

TG MURES<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

MEDIAS �<br />

� �<br />

SIBIU BRASOV<br />

PLOIESTI �<br />

�<br />

BUCAREST<br />

�<br />

� VASLUI<br />

BÂRLAD �<br />

GALATI<br />

�<br />

BRAILA �<br />

CONSTANTA<br />

Cambriolages<br />

et faux prix<br />

Alors que le jour du scrutin <strong>les</strong> partis<br />

politiques encourageaient <strong>les</strong><br />

Roumains à voter en grand nombre,<br />

<strong>de</strong>s plaisantins ont multiplié canulars<br />

et fausses alertes pour <strong>les</strong> démobiliser,<br />

a-t-on appris auprès <strong>de</strong> la police.<br />

"Votre appartement risque d'être cambriolé<br />

ce week-end, alors dimanche<br />

surtout ne sortez pas": plusieurs habitants<br />

du département <strong>de</strong> Prahova<br />

(Ploiesti) ont reçu un tel appel <strong>de</strong> la<br />

part d'un homme se présentant<br />

comme policier. Inquiets, ils ont appelé<br />

le numéro d'urgence 112 pour vérifier<br />

la véracité <strong>de</strong> cette alerte.<br />

D'autres personnes ont été ravies<br />

d'apprendre, toujours par téléphone,<br />

qu'el<strong>les</strong> avaient gagné un prix. "Il vous<br />

sera livré dimanche, atten<strong>de</strong>z-nous",<br />

ont assuré <strong>les</strong> mauvais plaisants. Le<br />

Parti social-démocrate (PSD, opposition)<br />

a pour sa part fait état <strong>de</strong> coups<br />

<strong>de</strong> téléphone anonymes informant <strong>les</strong><br />

électeurs <strong>de</strong> ce même département<br />

que le bureau <strong>de</strong> vote <strong>de</strong> leur circonscription<br />

"avait pris feu" ou que <strong>les</strong><br />

"tampons ont été volés". "Inutile donc<br />

<strong>de</strong> vous déplacer", leur disait-on.<br />

Transports gratuits<br />

pour étudiants<br />

Afin d'inciter <strong>les</strong> étudiants à aller<br />

voter, le gouvernement avait décidé<br />

<strong>de</strong> leur accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s billets <strong>de</strong> trains<br />

gratuits. Raté... le taux d'abstention<br />

ayant été également très important<br />

dans cette catégorie d'âge, mais<br />

beaucoup ont profité <strong>de</strong> cette opportunité<br />

pour aller voir leur famille ou<br />

leurs copains-copines. La CFR<br />

(SNCF) a moins apprécié. L'histoire<br />

lui a coûté un million d'euros qu'elle<br />

essaie <strong>de</strong> se faire rembourser par le<br />

ministère <strong>de</strong>s Transports.<br />

�<br />

Législatives<br />

Elections du 30 novembre<br />

La chaîne franco-alleman<strong>de</strong> Arte a présenté lors d'un <strong>de</strong> ses journaux télévisés<br />

<strong>de</strong> début décembre un reportage édifiant diffusé dans <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays et<br />

réalisé par <strong>de</strong>ux journalistes roumains pendant la récente campagne électorale.<br />

En voici le script intégral:<br />

"A l'occasion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières élections législatives, <strong>de</strong>ux journalistes ont cherché à<br />

en savoir plus sur la corruption électorale, un fléau qui mine la politique roumaine.<br />

Petrica Rachita et Razvan Chiruta se sont rendus dans un village situé à une centaine<br />

<strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> la capitale et ont frappé à la porte du maire, tout en filmant l'entretien<br />

en caméra caché. Ils se sont fait passer pour <strong>les</strong> collaborateurs d'un candidat,<br />

Marian Iosif, se présentant aux législatives pour le Parti démocrate libéral (ndlr: pro-<br />

Basescu) dans sa circonscription et maire d'une commune voisine, Gura Foii, où il a<br />

été élu en juin <strong>de</strong>rnier avec 50,17 % <strong>de</strong>s voix.<br />

- Le maire nous a <strong>de</strong>mandé 50 000 € et nous a promis entre 300 et 500 votes. Il<br />

nous a affirmé avoir <strong>de</strong>s accords avec tous <strong>les</strong> partis, le PD-L, le PNL, le PSD et on a<br />

filmé çà. Il nous a dit que la seule chose qui comptait pour lui, c'était l'argent.<br />

Et pour obtenir un siège au Parlement, le maire l'avoue sans complexes, çà coûte<br />

beaucoup plus cher:<br />

- Combien? <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> journalistes<br />

- Un million d'euros répond sans sourciller le maire.<br />

- Nous sommes surpris, nous pensions que cette circonscription était toute petite,<br />

mais là c'est beaucoup d'argent !<br />

- Tout le mon<strong>de</strong> paye. Tu imagines, sans cet argent, <strong>les</strong> Démocrates-libéraux n'auraient<br />

aucune chance <strong>de</strong> gagner ici, dans cette région <strong>de</strong> Dâmbovita (Târgoviste).<br />

Depuis <strong>de</strong>s années, l'organisation non gouvernementale Pro-Democratia observe<br />

ces pratiques <strong>de</strong> corruption électora<strong>les</strong>. Pour <strong>les</strong> législatives en 2004, environ 3 % <strong>de</strong>s<br />

voix auraient été achetées. Depuis, la situation ne s'est pas vraiment arrangée.<br />

"Quand la participation est faible, et ces <strong>de</strong>rnières années très peu d'électeurs se<br />

sont déplacés, le pourcentage <strong>de</strong> voix achetées augmente, et si <strong>les</strong> grands partis sont<br />

au cou<strong>de</strong> à cou<strong>de</strong>, el<strong>les</strong> risquent <strong>de</strong> faire la différence" confie Cristian Pîrvu<strong>les</strong>cu, le<br />

responsable <strong>de</strong> Pro-Democratia. Les pauvres en particulier acceptent volontiers <strong>les</strong><br />

pots <strong>de</strong> vin, et cela d'autant plus facilement qu'ils n'atten<strong>de</strong>nt plus rien <strong>de</strong> la politique.<br />

Jurer sur la bible… qu'on trichera !<br />

Le reportage édifiant <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

journalistes roumains diffusé par Arte<br />

Un million d'euros pour<br />

acheter un siège <strong>de</strong> députés !<br />

Au café, <strong>les</strong> villageois expliquent aux journalistes que c'est un procédé habituel.<br />

Pour commencer, un collaborateur du maire leur remet un billet caché dans un journal.<br />

“Ensuite, reconnaît l'un d'eux, on te fait signer un contrat <strong>de</strong> vente et jurer sur la<br />

bible que tu respecteras ton engagement. Si tu mens, tu seras puni par Dieu !”<br />

La maison <strong>de</strong> Marian Iosif est la plus luxueuse <strong>de</strong> Gura Foii. Impossible <strong>de</strong> la<br />

manquer avec son affiche électorale à son effigie plus gran<strong>de</strong> que le portail. Marian<br />

Iosif a refusé <strong>de</strong> répondre aux questions <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux journalistes qui avaient été frappés<br />

à sa porte. Par contre il a envoyé quelques hommes qui ont observé leurs faits et<br />

gestes. Mais plus choquant encore pour <strong>les</strong> reporters, c'est la réaction <strong>de</strong>s grands partis<br />

roumains à leurs questions :<br />

- Leurs dirigeants nous on dit que c'était la coutume en Roumanie: "Tout le mon<strong>de</strong><br />

doit payer et tout le mon<strong>de</strong> reçoit… Que voulez-vous qu'on fasse contre cela ? On ne<br />

peut toute <strong>de</strong> même pas mettre en cause seulement <strong>de</strong>ux ou trois personnes, alors que<br />

tout le mon<strong>de</strong> le fait".<br />

Un homme risque pourtant <strong>de</strong> payer pour <strong>les</strong> autres. Après la diffusion du reportage,<br />

le parquet <strong>de</strong> Bucarest a ouvert une enquête concernant le maire trop bavard.<br />

(Ndlr: mais la justice roumaine sait aussi se montrer accommodante)…


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Législatives<br />

Les candidats aux législatives,<br />

quelque soient<br />

leurs étiquettes, ne se<br />

sont pas départis <strong>de</strong> la générosité<br />

dont ils avaient fait preuve lors <strong>de</strong>s<br />

municipa<strong>les</strong> <strong>de</strong> juin <strong>de</strong>rnier. Ainsi<br />

Culita Tarata, (PSD) a réparti une<br />

centaine <strong>de</strong> porcelets entre <strong>les</strong> électeurs<br />

<strong>de</strong> Roznov (Piatra Neamts),<br />

leur faisant promettre <strong>de</strong> voter pour lui. Le candidat a démenti<br />

avoir fait ce ca<strong>de</strong>au mais il avait été piégé par une vidéo diffusée<br />

sur Internet. A Bacau, un <strong>de</strong> ses collègues a été surpris<br />

en distribuant du poisson, bienvenu en cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> jeûne<br />

où l'Eglise interdit la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />

Dans le ju<strong>de</strong>t d'Ilfov, ce genre <strong>de</strong> préoccupation ne tracassait<br />

pas le PSD qui remettait à tout <strong>de</strong> bras bouteil<strong>les</strong> d'huile et<br />

saucisses, alors que le PNL et le PD-L avaient choisi farine et<br />

sucre, collant leurs étiquettes sur cel<strong>les</strong> indiquant qu'il s'agissait<br />

<strong>de</strong> paquets en provenance <strong>de</strong> l'UE. Celle-ci a d'ailleurs été<br />

un <strong>de</strong>s plus gros sponsors <strong>de</strong> la campagne, présente à Berezeni<br />

(ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Vaslui) avec <strong>de</strong>s sacs d'aliments <strong>de</strong> première nécessité<br />

recouverts d'une écharpe libérale, remis aux retraités, également<br />

à Focsani, avec <strong>de</strong> la "farine PD-L", accompagnée <strong>de</strong><br />

brioches, crayons bil<strong>les</strong>… tandis qu'à Bârlad, le PSD distribuait<br />

<strong>de</strong>s beignets chauds sur l'air <strong>de</strong> l'O<strong>de</strong> à la Joie, l'Hymne<br />

européen.<br />

La candidate PD-L à Sibiu, Raluca Turcan, s'est toutefois<br />

particulièrement distinguée. Participant en direct à une émission<br />

télé, sorte <strong>de</strong> téléthon pour venir en ai<strong>de</strong> à une concitoyenne,<br />

elle lui a offert pas moins qu'une voiture neuve !<br />

Adrian Nastase (PSD) ne pouvait pas faire mauvaise<br />

figure. Candidat à Mizil, près <strong>de</strong> Ploiesti, l'ancien Premier<br />

ministre a joué <strong>de</strong> ses relations pour équiper <strong>de</strong> cape en pied<br />

l'équipe <strong>de</strong> football local, en partenariat avec le Dinamo <strong>de</strong><br />

Bucarest. Le sta<strong>de</strong> et la base sportive <strong>de</strong> la commune seront<br />

Trois jours après <strong>les</strong> élections,<br />

le Premier ministre a indiqué<br />

qu'en raison <strong>de</strong> la crise il<br />

repoussait d'un an la mise en application<br />

<strong>de</strong> l'augmentation <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s pensions<br />

<strong>de</strong>s retraités <strong>de</strong> catégorie I et II (parmi <strong>les</strong><br />

plus mo<strong>de</strong>stes ou ayant effectué <strong>de</strong>s travaux<br />

pénib<strong>les</strong>), promise <strong>de</strong>ux mois avant<br />

le scrutin. Deux millions d'électeurs<br />

vivant dans la misère auront apprécié<br />

cette surprise post-électorale.<br />

Calin Popescu-Tariceanu a aussi<br />

avancé le prétexte <strong>de</strong> la crise dans l'automobile,<br />

pour rehausser <strong>de</strong> 200 € <strong>les</strong><br />

primes à la casse (qui passent <strong>de</strong> 800 à<br />

Elections du 30 novembre<br />

Cochons, foulards, excursions aux monastères…<br />

et jusqu'à une voiture offerts aux électeurs par <strong>les</strong> candidats<br />

Aujourd'hui, on rase gratis !<br />

1000 €) et surtout suspendre pour un an<br />

l'application <strong>de</strong> la taxe <strong>de</strong> pollution sur<br />

<strong>les</strong> véhicu<strong>les</strong> neufs afin, a-t-il assuré, <strong>de</strong><br />

relancer la production <strong>de</strong>s Logan, "en<br />

chute libre". C’est surtout un beau ca<strong>de</strong>au<br />

que s'est fait à lui-même le Premier<br />

ministre qui, dans le privé, est le concessionnaire<br />

<strong>de</strong>s véhicu<strong>les</strong> Citroën pour<br />

toute la Roumanie et prési<strong>de</strong>nt national<br />

<strong>de</strong>s importateurs <strong>de</strong> voitures.<br />

Mais le Premier ministre sortant a<br />

fait mieux encore. Pour contraindre ses<br />

compatriotes à l'achat <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong> neufs,<br />

qui leur coûte une fortune, il a multiplié<br />

par trois la taxe dite <strong>de</strong> première immatri-<br />

reconstruits, une école <strong>de</strong> football verra le jour et le club évoluera<br />

en division nationale dès la saison prochaine.<br />

A Braila, l'affairiste Florin Cîrligea, candidat PD-L, a fait<br />

installer dans trois communes <strong>de</strong> sa circonscription <strong>de</strong>s stations<br />

wi-fi, permettant aux possesseurs d'un ordinateur ou d'un<br />

téléphone portable <strong>de</strong> se brancher gratuitement sur Internet.<br />

Le soutien-gorge et le goupillon<br />

A Bucarest, l'ancienne secrétaire "particulière" <strong>de</strong> Train<br />

Basescu, la blon<strong>de</strong> et pulpeuse Elena Udrea (notre caricature),<br />

aux décolletés suggestifs, candidate PD-L, promettait aux<br />

retraités <strong>de</strong> <strong>les</strong> emmener visiter… <strong>les</strong> monastères <strong>de</strong>s environs<br />

<strong>de</strong> la capitale. Dans son chapiteau installé Drumul Taberei, elle<br />

<strong>de</strong>mandait simplement aux électeurs intéressés <strong>de</strong> laisser leurs<br />

numéros <strong>de</strong> téléphones afin <strong>de</strong> pouvoir organiser <strong>les</strong> excursions.<br />

A ceux qui n'étaient pas intéressés, elle proposait <strong>de</strong>s<br />

places <strong>de</strong> théâtre gratuites. Plusieurs autres candidats <strong>de</strong> la<br />

capitale ont eu la même idée, dont le magnat <strong>de</strong> la presse et <strong>de</strong><br />

la télévison, Dan Voicu<strong>les</strong>cu, chef du parti conservateur, le<br />

metteur en scène Radu F.Alexandru (PD-L) invitant à venir<br />

voir gratuitement sa pièce. Alina Gorghiu (PNL), aux moyens<br />

peut-être plus réduits, se limitait à convier <strong>les</strong> Bucarestois à<br />

découvrir l'ancien palais <strong>de</strong> Ceausescu.<br />

Plus classiques, la chanteuse Dida Dragan (PNL) distribuait<br />

son <strong>de</strong>rnier CD, tandis que Radu Berceanu avait choisi<br />

<strong>de</strong>s manele, musique qui casse <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong> aux gens éduqués.<br />

Anca Constantinescu (PD-L) remettait <strong>de</strong>s tensiomètres à son<br />

sigle, d'autres candidats <strong>de</strong>s dvd avec <strong>de</strong>s films, <strong>de</strong>s ballons<br />

anti-stress, <strong>de</strong>s foulards, casquettes, tricots, briquets aux couleurs<br />

<strong>de</strong> leurs partis.<br />

En ne promettant pas <strong>de</strong> "raser gratis <strong>de</strong>main", la candidat<br />

PD-L <strong>de</strong> Medias, Cristian Iuhas, a au moins tenu parole.<br />

Avec sa femme Adriana, il a coiffé gracieusement dans son<br />

salon "Hair-style", <strong>les</strong> clients en âge <strong>de</strong> voter.<br />

Les "ca<strong>de</strong>aux" post-électoraux <strong>de</strong> Calin Popescu Tariceanu<br />

culation pour <strong>les</strong> voitures d'occasion<br />

achetées à l'étranger, son montant minimum<br />

variant entre 750 € et 5000 € pour<br />

<strong>les</strong> voitures assez récentes et pouvant<br />

atteindre 25 000 € pour <strong>les</strong> plus<br />

anciennes… soit à peu près 20 fois leur<br />

valeur !<br />

Annoncée subitement, cette mesure<br />

a été adoptée dès le len<strong>de</strong>main matin en<br />

procédure d'urgence au <strong>de</strong>rnier conseil<br />

<strong>de</strong>s ministres auquel participait<br />

Tariceanu. Un journal roumain a calculé<br />

qu’elle <strong>de</strong>vrait rapporter 15 M€ <strong>de</strong> bénéfices<br />

aux importateurs <strong>de</strong> véhicu<strong>les</strong> neufs<br />

dans <strong>les</strong> seuls six premiers mois <strong>de</strong> 2009.<br />

11


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

12<br />

�<br />

�<br />

ORADEA<br />

BAIA MARE<br />

IASI<br />

�<br />

CLUJ � TARGU MURES<br />

�<br />

�<br />

CHISINAU<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

HUNEDOARA<br />

�<br />

BACAU<br />

�<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA SIBIU �<br />

BRASOV<br />

GALATI<br />

�<br />

PITESTI �<br />

PLOIESTI �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

�<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Emil Boc:<br />

la voix <strong>de</strong> son maître<br />

Nommé Premier ministre,Emil Boc,<br />

42 ans, élu maire <strong>de</strong> Cluj en 2004,<br />

après avoir mis fin au règne <strong>de</strong> l'ultranationaliste<br />

Gheorghe Funar, réélu en<br />

juin <strong>de</strong>rnier avec 70 % <strong>de</strong>s voix, a<br />

redoré le blason <strong>de</strong> sa ville qui était<br />

<strong>de</strong>venue infréquentable pour <strong>les</strong><br />

diplomates étrangers.<br />

Ce juriste et universitaire, licencié<br />

en philosophie et histoire, n'était pas<br />

le premier choix <strong>de</strong> Train Basescu qui<br />

le confinait à la direction <strong>de</strong> son parti,<br />

le PD-L. Il a été désigné dans l'urgence,<br />

pour parer au plus pressé après la<br />

défection surprise <strong>de</strong> Theodor<br />

Stolojan, afin que la coalition difficilement<br />

mise sur pied avec le PSD ne<br />

vole pas en éclat, Basescu n’ayant<br />

pas d’autre solution sous la main.<br />

Souvent caricaturé pour sa petite<br />

taille, Emil Boc, originaire <strong>de</strong> la commune<br />

<strong>de</strong> Rachitele, à 90 km <strong>de</strong> Cluj,<br />

est le benjamin d'une famille <strong>de</strong> cinq<br />

enfants, sa mère ayant quinze frères<br />

et sœurs et son père, six. Lui-même<br />

est marié et a <strong>de</strong>ux enfants. Sa carrière<br />

politique a été fulgurante, puisqu'il<br />

a été élu député en 2000, <strong>de</strong>ux<br />

ans après son entrée au PD.<br />

Travailleur acharné, ne perdant pas<br />

un instant, corrigeant <strong>les</strong> copies <strong>de</strong><br />

ses étudiants dans <strong>les</strong> travées du<br />

Parlement, répondant à toutes <strong>les</strong><br />

questions, se prêtant volontiers au jeu<br />

<strong>de</strong>s interviews <strong>de</strong>s journalistes, il a<br />

vite conquis ses interlocuteurs et a<br />

été nommé prési<strong>de</strong>nt du PD à l'unanimité<br />

en 2005, faisant <strong>de</strong> la Transylvanie<br />

une terre démocrate. Mais, ces<br />

<strong>de</strong>rnières années, s'i<strong>de</strong>ntifiant totalement<br />

au Prési<strong>de</strong>nt, il a perdu sa spontanéité,<br />

<strong>les</strong> journalistes s'amusant à<br />

anticiper ses réponses, le baptisant<br />

même "La voix <strong>de</strong> son maître".<br />

�<br />

Gouvernement<br />

Elections du 30 novembre<br />

La formation du gouvernement issu <strong>de</strong>s urnes et qui sera finalement dirigé<br />

par Emil Boc, prési<strong>de</strong>nt du PD-L et proche du prési<strong>de</strong>nt Basescu, a donné<br />

lieu à <strong>de</strong> sombres manœuvres. Dans un premier temps, le Prési<strong>de</strong>nt<br />

Basescu a tout fait pour éviter une reconduction <strong>de</strong> l'alliance <strong>de</strong> son parti, le PD-L,<br />

avec le PNL <strong>de</strong> son premier ministre sortant, Calin Popescu Tariceanu, qui l'avait mis<br />

sur la touche pendant quatre ans. Les <strong>de</strong>ux hommes se détestent et cherchent mutuellement<br />

à se mettre hors circuit. Pourtant l'hypothèse d'un gouvernement PSD-PNL<br />

avait pris corps après <strong>les</strong> premiers sondages sortis <strong>de</strong>s urnes, donnant une avance<br />

consistante au premier - le Prési<strong>de</strong>nt Basescu accusera <strong>de</strong>ux instituts <strong>de</strong> sondage<br />

d'avoir manipulé <strong>les</strong> chiffres en ce sens - et lui permettant d'avoir la main. Elle a fait<br />

cependant long feu lorsque <strong>les</strong> résultats officiels ont montré que le PD-L était en fait<br />

sur <strong>les</strong> talons du PSD, remettant le Prési<strong>de</strong>nt au centre du jeu.<br />

Traian Basescu a donc choisi la solution d'un gouvernement bicolore PSD-PD-L,<br />

encourageant l'étrange coalition <strong>de</strong>s siens avec <strong>les</strong> ennemis d'hier, <strong>les</strong>quels, voici dixhuit<br />

mois, avaient entrepris <strong>de</strong> le faire <strong>de</strong>stituer … Mais ces <strong>de</strong>rniers étaient si impatients<br />

<strong>de</strong> retrouver <strong>les</strong> arcanes du pouvoir qu'ils concédaient même le poste <strong>de</strong> Premier<br />

ministre à leur nouveau partenaire, bien qu'arrivé en <strong>de</strong>uxième position.<br />

Le mariage <strong>de</strong> la carpe et du lapin ? En théorie, et seulement en théorie car, si, en<br />

effet, on conçoit mal que <strong>de</strong>s démocrates ou <strong>de</strong>s capitalistes (<strong>les</strong> libéraux) s'allient à<br />

<strong>de</strong>s héritiers <strong>de</strong> l'ancien régime, il faut bien prendre en considération que la classe politique<br />

dans son ensemble est issue <strong>de</strong> la même nomenklatura.<br />

La déroba<strong>de</strong> <strong>de</strong> Theodor Stolojan<br />

et <strong>les</strong> Magyars exclus du gouvernement<br />

Un attelage PD-L - PSD<br />

aux comman<strong>de</strong>s du pays<br />

Le mariage <strong>de</strong> la carpe et du lapin<br />

Le Prési<strong>de</strong>nt a donc désigné un <strong>de</strong> ses proches, Theodor<br />

Stolojan (notre caricature), au poste <strong>de</strong> Premier ministre,<br />

fonction qu'il avait déjà occupée sous Iliescu. Un chiffon<br />

rouge pour <strong>les</strong> libéraux, réduits au rôle d'opposants, Stolojan<br />

étant un transfuge <strong>de</strong> leur parti qui a provoqué sa cassure.<br />

Mais celui-ci, après avoir consulté pendant quatre-cinq jours<br />

a subitement jeter l'éponge alors qu'il s'apprêtait à annoncer<br />

la composition <strong>de</strong> son gouvernement. L'homme est coutumier <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> déroba<strong>de</strong><br />

puisqu'il avait fait le même coup lors <strong>de</strong>s élections prési<strong>de</strong>ntiel<strong>les</strong> <strong>de</strong> 2004, laissant<br />

<strong>de</strong>ux mois avant le scrutin sa place <strong>de</strong> candidat <strong>de</strong> l'opposition à Traian Basescu qui<br />

allait finalement l'emporter. Les observateurs se per<strong>de</strong>nt en conjectures sur <strong>les</strong> raisons<br />

qui l'ont poussé cette fois-ci à abandonner, certains évoquant l'existence d'un protocole<br />

secret parallèlement au pacte <strong>de</strong> gouvernement liant PD-L et PSD, mettant sous surveillance<br />

son action et celle <strong>de</strong> ses ministres.<br />

Afin <strong>de</strong> parer au plus pressé - il avait promis la formation du gouvernement avant<br />

Noël - le Prési<strong>de</strong>nt Basescu a désigné pour le remplacer le seul homme <strong>de</strong> confiance<br />

qu'il avait sous la main, le maire <strong>de</strong> Cluj et prési<strong>de</strong>nt du PD-L, Emil Boc, qui n'a eu<br />

qu'à conclure l'accord passé avec le PSD, lequel obtenait un poste <strong>de</strong> vice-premier<br />

ministre. Les <strong>de</strong>ux partis se sont partagés à égalité le reste <strong>de</strong>s fonctions ministériel<strong>les</strong>,<br />

mais aussi <strong>les</strong> secrétariats d'Etat, <strong>les</strong> postes <strong>de</strong> direction <strong>de</strong> l'administration gouvernementale,<br />

d'Etat, <strong>de</strong>s ju<strong>de</strong>ts, <strong>les</strong> préfectures, chacun définissant le périmètre sur lequel<br />

il a autorité, désignant ses candidats, non pas en fonction <strong>de</strong> ses compétences mais <strong>de</strong><br />

ses affinité, la notion <strong>de</strong> haut fonctionnaire neutre n'existant toujours pas en<br />

Roumanie. Au total dix mille postes à responsabilité à répartir… et autant <strong>de</strong> fromages<br />

à distribuer. L'attelage PD-L-PSD, qui, fait inquiétant pour l'unité du pays et à la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> expresse du PSD, a exclu <strong>les</strong> Magyars <strong>de</strong> l'UDMR du gouvernement auquel<br />

ils participaient sans discontinuer <strong>de</strong>puis 1996 a-t-il un avenir ? En principe non…<br />

Toutefois en Roumanie, gouverner n'est pas une question <strong>de</strong> principes, mais d'intérêts.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Gouvernement<br />

Vice Premier ministre: Dan Nica<br />

(PSD) - 48 ans, né à Panciu (Vrancea),<br />

domicilié à Galati, docteur en sciences <strong>de</strong><br />

la communication, ministre entre 2000 et<br />

2004 dans le gouvernement Nastase. Elu<br />

député en 1996, proche <strong>de</strong> Mircea Geona.<br />

Travail: Marian Sârbu (PSD) - 50<br />

ans, Calarasi, diplômé en droit, ancien dirigeant<br />

syndicaliste, secrétaire d'Etat <strong>de</strong> 1994<br />

à 1996, puis ministre du Travail <strong>de</strong> 2000 à<br />

2004 dans le gouvernement Nastase. Elu<br />

député en 1996.<br />

Elections du 30 novembre<br />

Des ministres qui avaient une trentaine<br />

d'années à la chute <strong>de</strong> Ceausescu<br />

Le gouvernement formé autour d'Emil Boc (PD-L) comprend 19 ministres, dont 3 femmes, 10 appartenant au PSD, 8 au<br />

PD-L, un étant un transfuge du PNL. Onze d'entre-eux ont déjà occupé <strong>de</strong>s fonctions gouvernementa<strong>les</strong>. Sa benjamine<br />

a 31 ans, sa doyenne 60 ans, la moyenne d'âge étant <strong>de</strong> 49 ans. Ces ministres avaient 30 ans à la chute <strong>de</strong> Ceausescu.<br />

Enseignement: Ecaterina Andronescu<br />

(PSD) - 60 ans, née à Malavat<br />

(Mehedinti), universitaire, rectrice <strong>de</strong> l'université<br />

Polytechnique <strong>de</strong> Bucarest, prési<strong>de</strong>nte<br />

<strong>de</strong> l'association nationale <strong>de</strong>s recteurs.<br />

Ministre controversée <strong>de</strong><br />

l'Enseignement entre 2000 et 2003 dans le gouvernement<br />

Nastase, elle a proposé en vain <strong>de</strong> rétablir <strong>les</strong> examens d'entrée<br />

en université et au lycée. A l'origine <strong>de</strong> la loi récente d'augmentation<br />

<strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong>s enseignants… qu'elle est<br />

chargée <strong>de</strong> ne pas appliquer. Députée <strong>de</strong>puis 1996.<br />

Affaires Etrangères: Cristian<br />

Diaconescu (PSD) - 47 ans, Bucarest, diplômé<br />

en droit, sénateur, ancien secrétaire d'Etat<br />

aux Affaires Etrangères puis ministre <strong>de</strong> la<br />

Justice en 2004, apprécié pour <strong>les</strong> réformes<br />

qu'il y a menées. A conduit <strong>de</strong> nombreuses<br />

délégations roumaines dans le cadre <strong>de</strong> négociations avec <strong>les</strong><br />

pays voisins portant sur le tracé <strong>de</strong>s frontières ou <strong>les</strong> minorités.<br />

Porte-parole du PSD dont il est une valeur sûre, il a cependant<br />

échoué à se faire élire maire <strong>de</strong> la capitale en juin <strong>de</strong>rnier.<br />

Administration et Affaires<br />

Intérieures: Gabriel Oprea (PSD) - 47<br />

ans, Bucarest, diplômé en droit, préfet <strong>de</strong><br />

Bucarest (2003), ancien secrétaire d'Etat et<br />

ministre délégué à l'administration<br />

publique (2004), membre du PSD <strong>de</strong>puis<br />

2003, a été fait général trois étoi<strong>les</strong>.<br />

PME-Artisanat-Commerce:<br />

Constantin Nita (PSD) - 55 ans, Brasov,<br />

diplômé en économie, député <strong>de</strong>puis<br />

2000.<br />

Agriculture: Ilie Sîrbu (PSD) - 58 ans,<br />

Timisoara, diplômé en théologie et sciences<br />

économiques, ancien directeur du séminaire<br />

<strong>de</strong> Caransebes et conseiller du métropolite<br />

du Banat sous Ceausescu, remplaçant du<br />

prési<strong>de</strong>nt du Sénat en octobre 2008, ancien ministre <strong>de</strong><br />

l'Agriculture (2001-2004). Membre du PSD <strong>de</strong>puis 1993.<br />

Environnement: Nicolae Nemirschi<br />

(PSD) - 49 ans, Constantsa, actuellement<br />

doctorant en agronomie et mé<strong>de</strong>cine vétérinaire,<br />

ingénieur, lieutenant du maire<br />

controversé <strong>de</strong> Constantsa, Radu Mazare.<br />

Membre du PSD <strong>de</strong>puis 2002. Aura en<br />

charge le problème <strong>de</strong>s mines d'or <strong>de</strong> Rosia Montana.<br />

Santé: Ionut Bazac (PSD) - 40 ans,<br />

Bucarest, diplômé <strong>de</strong> la Faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine<br />

et <strong>de</strong> pharmacie <strong>de</strong> Bucarest, importateur<br />

<strong>de</strong> Ferrari en Roumanie, proche <strong>de</strong>s<br />

barons du PSD <strong>de</strong> Braila et Constantsa,<br />

secrétaire d'Etat à la Santé dans le gouvernement<br />

Nastase, entendu par le parquet<br />

anti-corruption. Membre du PSD <strong>de</strong>puis 2001.<br />

Relations avec le parlement: Victor<br />

Ponta (PSD) - 36 ans, Târgu Jiu, avocat<br />

puis procureur, ancien prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

jeunes du PSD, protégé d'Adrian Nastase.<br />

Député, valeur montante <strong>de</strong> son parti dans<br />

<strong>les</strong> années 2000, mais en déclin <strong>de</strong>puis<br />

2004, il a été battu au sein <strong>de</strong> son organisation<br />

pour en <strong>de</strong>venir le secrétaire général.<br />

Finances publiques: Gheorghe<br />

Pogea (PD-L) - 53 ans, Hunedoara, ingénieur<br />

et gérant d'une société appartenant au<br />

maire sortant <strong>de</strong> Bucarest, Adrian Vi<strong>de</strong>anu,<br />

ancien vice-Premier ministre (2005-2006)<br />

du gouvernement Tariceanu, co-auteur du<br />

programme <strong>de</strong> gouvernement <strong>de</strong> l'Alliance<br />

DA, Membre du PD <strong>de</strong>puis 2000.<br />

Défense nationale: Mihai Stanisoara<br />

(PD-L) - 46 ans, né à Craiova, ingénieur<br />

en mécanique, spécialiste <strong>de</strong>s problèmes<br />

<strong>de</strong> défense nationale, député PD <strong>de</strong><br />

Mehedinti <strong>de</strong> 2000 à 2007, date à la quelle<br />

il <strong>de</strong>vient conseiller du prési<strong>de</strong>nt Basescu<br />

pour <strong>les</strong> questions <strong>de</strong> sécurité nationale.<br />

13


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

SATU MARE<br />

BAIA<br />

� �<br />

MARE<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

�<br />

TARGU<br />

�<br />

CLUJ � MURES<br />

IASI<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

BRASOV<br />

�<br />

�<br />

�<br />

HUNEDOARA<br />

� GALATI<br />

TIMISOARA<br />

SIBIU<br />

�<br />

PLOIESTI<br />

BUZAU<br />

R. VÂLCEA<br />

�<br />

�<br />

�<br />

�<br />

TULCEA<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

BUCAREST<br />

�<br />

CONSTANTA<br />

�<br />

14<br />

Culture, culte et Patrimoine :<br />

Toa<strong>de</strong>r Paleologu (PD-L) - 35 ans,<br />

universitaire et<br />

essayiste, fils <strong>de</strong><br />

l'écrivain et<br />

membre éminent<br />

du Parti Libéral<br />

Alexandru<br />

Paleologu<br />

(ambassa<strong>de</strong>ur<br />

éphémère <strong>de</strong> la<br />

Roumanie à Paris lors <strong>de</strong> la<br />

"Révolution", révoqué pour non<br />

conformisme… il critiquait Iliescu à la<br />

télévision française). Francophone<br />

(étu<strong>de</strong>s au lycée Henri IV <strong>de</strong> Paris, à<br />

l'Ecole Nationale Supérieure et à la<br />

Sorbonne), a été ambassa<strong>de</strong>ur au<br />

Danemark et en Islan<strong>de</strong>.<br />

Elu... alors qu’il était<br />

<strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> barreaux<br />

Plusieurs journaux ont calculé que<br />

<strong>les</strong> députés élus poursuivis par la<br />

justice a différents titres, notamment<br />

pour corruption, pouvaient former un<br />

large groupe parlementaire à<br />

l'Assemblée nationale, et qu'il en<br />

était <strong>de</strong> même pour <strong>les</strong> sénateurs.<br />

Parmi eux <strong>de</strong>s anciens ministre, dont<br />

l’un est surnommé “Micky le<br />

Bakchich” (!) et un Premier ministre,<br />

Adrian Nastase, considéré par la<br />

presse roumaine comme le symbole<br />

<strong>de</strong> la corruption <strong>de</strong>s politiciens dans<br />

le pays. A noter que le ministre <strong>de</strong> la<br />

Justice, Catalin Predoiu, a été battu<br />

à Buzau par un <strong>de</strong> ses justiciab<strong>les</strong>,<br />

Marian Ghiveciu (PSD), poursuivi<br />

pour trafic immobilier. La palme<br />

revient cependant à Virgil Pop (PNL),<br />

proclamé élu à Cluj, par le jeu <strong>de</strong> la<br />

redistribution <strong>de</strong>s mandats, alors qu'il<br />

se trouvait <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> barreaux,<br />

arrêté en vue <strong>de</strong> son inculpation pour<br />

trafic d'influence répété. Son élection<br />

lui a valu d’être libéré.<br />

Elections du 30 novembre<br />

Economie: Adrian Vi<strong>de</strong>anu (PD-L) - 46 ans, né à<br />

Crevenicu (Teleorman), ancien maire <strong>de</strong> Bucarest (2005-2008),<br />

fonction pour laquelle il a été soupçonné <strong>de</strong> corruption, tout en<br />

ayant <strong>de</strong>s projets considérés comme démesurés; prési<strong>de</strong>nt d'une<br />

<strong>de</strong>s plus importantes et controversées entreprises <strong>de</strong> marbre du<br />

mon<strong>de</strong> (Marmosim), ancien vice-Premier ministre, ayant échoué<br />

dans <strong>de</strong>s négociations avec le FMI pour accor<strong>de</strong>r un crédit standby<br />

à la Roumanie, vice-prési<strong>de</strong>nt du PD-L.<br />

Justice: Catalin Predoiu (Indépendant-PNL) - 40 ans, né<br />

à Buzau, avocat d'affaires, nommé ministre <strong>de</strong> la Justice en<br />

février 2008 dans le gouvernement Tariceanu au titre du PNL,<br />

aujourd'hui dans l'opposition, confirmé dans ses fonctions par le<br />

PSD et le PD-L à la recherche d'un indépendant. A été battu aux<br />

<strong>de</strong>rnières législatives… par un candidat poursuivi par la Justice.<br />

Développement régional et Habitat: Vasile Blaga (PD-L)<br />

- 52 ans, né à Petrileni (Ora<strong>de</strong>a), ingénieur en mécanique,<br />

ministre <strong>de</strong> l'Intérieur et <strong>de</strong>s Affaires administratives dans le gouvernement<br />

Tariceanu (2004-2007) où il a entrepris <strong>de</strong> nombreuses<br />

réformes, jusqu'au départ <strong>de</strong>s ministres PD. Homme <strong>de</strong><br />

confiance du Prési<strong>de</strong>nt Basescu qu'il a aidé à s'emparer du PD<br />

dont il est <strong>de</strong>venu un <strong>de</strong>s hommes forts, en éliminant Petre<br />

Roman. Candidat malheureux à la mairie <strong>de</strong> Bucarest en juin<br />

2008. Considéré comme un apparatchik. Sa nomination ne<br />

semble pas être une promotion, mais une marque <strong>de</strong> méfiance <strong>de</strong> ses partenaires.<br />

Jeunesse et Sports: Monica Iacob Ridzi (PD-L) - 31 ans,<br />

Petrosani (vallée <strong>de</strong> Jiu), députée <strong>de</strong>puis 2004 puis euro-parlementaire<br />

en 2007, mariée au maire <strong>de</strong> Petrosani. Protégée <strong>de</strong><br />

Traian Basescu, fait partie <strong>de</strong> la promotion <strong>de</strong> jeunes du PD<br />

qu'il a encouragée. S'est faite remarquer en prenant exagérément<br />

soin <strong>de</strong>s jeunes, en faisant voter une loi sur le tatouage<br />

exigeant le consentement parental pour <strong>les</strong> mineurs.<br />

Tourisme : Elena Udrea (PD-L) - 35 ans, née à Buzau,<br />

avocate à la poitrine généreusement exhibée, surnommée "la<br />

blon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mairie" lorsque Traian Basescu, qui lui est "très<br />

proche", était maire <strong>de</strong> la capitale, puis "la blon<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Cotroceni", quant elle l'a suivi au palais prési<strong>de</strong>ntiel. Co-<br />

Propriétaire du "Gol<strong>de</strong>n Blitz", un restaurant d'un certain mauvais<br />

goût très connu à Bucarest. Impliquée dans quelques<br />

affaires qui ont fait <strong>les</strong> délices <strong>de</strong> journaux et <strong>de</strong> trafic d'influence<br />

en faveur <strong>de</strong> son mari. Envoyée par son "patron" pour<br />

reprendre en main le PD <strong>de</strong> Constantsa qui l'a aussitôt renvoyée à l'expéditeur.<br />

Transports et Infrastructures : Radu Berceanu (PD-L) - 55<br />

ans, né à Râmnicu Vâlcea, ingénieur aéronautique et enseignant,<br />

député (1991-2004) puis sénateur du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Dolj (Craiova), a<br />

tenté en vain <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir prési<strong>de</strong>nt du Conseil <strong>de</strong> son ju<strong>de</strong>t en juin<br />

<strong>de</strong>rnier. Ministre (1998-2000 et 2006-2008). Un <strong>de</strong>s poids lourds du<br />

PD, poursuivi pénalement pour avoir "oublié" <strong>de</strong> déclarer sa fortu-<br />

Communications : Gabriel Sandu (PD-L) - 45 ans, économiste,<br />

récent transfuge du PNL qu’il a quitté en 2006, au<br />

moment <strong>de</strong> la scission <strong>de</strong> ce parti pour rejoindre le PD-L enfévrier<br />

2008. Proche <strong>de</strong> l'homme d'affaires et ancien sénateur<br />

Viorel Catamara, député <strong>de</strong> Braila <strong>de</strong>puis 2004.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Politique<br />

L'ancien prési<strong>de</strong>nt Ion Iliescu a été violemment pris à parti à <strong>de</strong>ux reprises par <strong>de</strong>s<br />

anciens détenus polotiques alors qu'il prenait part à <strong>de</strong>s commémorations marquant le<br />

19 ème anniversaire <strong>de</strong> la "Révolution" en souvenir <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> décembre 1989.<br />

Les manifestants lui ont vertement reproché d'être le responsable <strong>de</strong> la tournure tragique <strong>de</strong>s évènements<br />

d'alors et d'avoir trahi la cause <strong>de</strong>s révolutionnaires au profit <strong>de</strong> Moscou et <strong>de</strong> ses amis<br />

communistes, symbolisant sa "traitrise" en lui jetant <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> monnaie au visage et le traitant<br />

<strong>de</strong> Judas. Lors d'une autre cérémonie, le len<strong>de</strong>main, Ion Iliescu a dû subir la fureur <strong>de</strong>s<br />

assauts verbaux d'un retraité <strong>de</strong> 77 ans dont <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux fils ont été tués<br />

par <strong>les</strong> militaires à cette époque. Le vieil homme a été condamné à<br />

une forte amen<strong>de</strong> mais, dès le len<strong>de</strong>main, un journal, à l'initiative <strong>de</strong><br />

ses lecteurs, a lancé une souscription pour lui venir en ai<strong>de</strong>.<br />

Vie internationale<br />

Ministre roumain <strong>de</strong>s transports,<br />

Ludovic Orban a<br />

déclaré que la Roumanie<br />

et la Bulgarie ont déposé une plainte à<br />

Bruxel<strong>les</strong> concernant <strong>les</strong> abus dont sont<br />

victimes <strong>les</strong> transporteurs transitant par<br />

le territoire <strong>de</strong> la Hongrie. Des chauffeurs<br />

<strong>de</strong> poids-lourds ont adressé <strong>de</strong>s<br />

plaintes au ministre <strong>de</strong>s transports au<br />

sujet <strong>de</strong>s amen<strong>de</strong>s qui ont été exigées<br />

par <strong>les</strong> contrôleurs du trafic routier hon-<br />

Daniel Morar<br />

et Monica Macovei<br />

couple européen <strong>de</strong> l'année<br />

Ancien procureur général <strong>de</strong> la Di-rection<br />

nationale anticorruption (DNA),<br />

Daniel Morar, a été désigné par l'hebdomadaire<br />

européen European Voice comme<br />

l'"Européen <strong>de</strong> l'année" dans la catégorie<br />

"Inspiration <strong>de</strong> l'année". La pu-blication souhaite<br />

ainsi récompenser ses efforts dans la lutte contre<br />

la corruption en Roumanie. Cette remise <strong>de</strong> prix<br />

arrive un mois après que l'ancienne ministre <strong>de</strong> la<br />

Justice, Monica Macovei, qui s'était également<br />

lancée dans la lutte contre la corruption, ait été<br />

désignée "femme <strong>de</strong> l'Europe" pour l'année 2008<br />

par un jury composé d'europarlementaires et <strong>de</strong><br />

journalistes. Tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux ont été mis sur la<br />

touche par la classe politique.<br />

Monica Macovei est actuellement conseillère<br />

du Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Macédoine, chargée <strong>de</strong> la lutte<br />

contre la corruption dans ce pays. Elle a repoussé<br />

une propostion <strong>de</strong> re<strong>de</strong>venir ministre <strong>de</strong> la Justice<br />

dans le nouveau gouvernement roumain, proposition<br />

un peu formelle, car une frange importante <strong>de</strong><br />

la classe politique ne souhaitait pas la reprendre<br />

ses anciennes focntions.<br />

Les trente <strong>de</strong>niers d'Iliescu<br />

Souvenir <strong>de</strong> la “Révolution”<br />

manipulée <strong>de</strong> décembre 1989:<br />

“Attention camara<strong>de</strong>s ! Les<br />

terroristes tirent <strong>de</strong> partout !!!<br />

Gazdaru.”<br />

Elections du 30 novembre<br />

Plainte <strong>de</strong> la Roumanie et <strong>de</strong> la Bulgarie<br />

<strong>de</strong>vant <strong>les</strong> abus <strong>de</strong>s douaniers hongrois<br />

grois, amen<strong>de</strong>s qui atteignent dans certains<br />

cas 3000 €. Les routiers bulgares et<br />

roumains déclarent qu'ils sont victimes<br />

<strong>de</strong> discrimination par rapport à leurs collègues<br />

hongrois qui paient <strong>de</strong>s amen<strong>de</strong>s<br />

minimes pour <strong>les</strong> mêmes infractions.<br />

Douaniers et policiers hongrois ont mauvaise<br />

réputation en Europe et sont souvent<br />

mis en cause pour la manière dont<br />

ils traitent et rançonnent <strong>les</strong> ressortissants<br />

<strong>de</strong>s pays <strong>de</strong> l'Est ou <strong>de</strong> Turquie.<br />

Bombes à fragmentation: Bucarest<br />

refuse <strong>de</strong> signer la convention d'Oslo<br />

Bucarest a refusé <strong>de</strong> signer la convention d'Oslo interdisant l'utilisation<br />

et la fabrication <strong>de</strong>s bombes à fragmentation, paraphée le<br />

3 décembre <strong>de</strong>rnier dans la capitale norvégienne par une centaine<br />

<strong>de</strong> pays, dont la France, la Belgique et la Suisse. Cinq autres membres <strong>de</strong><br />

l'UE (Finlan<strong>de</strong>, Pologne, Slovaquie, Grèce et Chypre) se sont opposés à son<br />

adoption, suivant l'exemple <strong>de</strong>s USA et <strong>de</strong> la Russie. D'après <strong>de</strong>s sources<br />

proches du ministère <strong>de</strong> la Défense, Bucarest, qui affirme n'avoir pas doté<br />

son armée <strong>de</strong> tels engins entend protéger <strong>les</strong> intérêts <strong>de</strong> la compagnie d'Etat<br />

d'armement RomArm, laquelle assemble <strong>de</strong> tel<strong>les</strong> bombes pour l'exportation<br />

à partir <strong>de</strong> matériel fourni principalement par Israël. Les bombes à fragmentation<br />

explosent en milliers <strong>de</strong> fragments faisant <strong>de</strong> nombreuses victimes<br />

parmi <strong>les</strong> soldats, mais aussi parmi <strong>les</strong> civils et <strong>les</strong> enfants après <strong>les</strong> conflits,<br />

<strong>les</strong> b<strong>les</strong>sures <strong>de</strong>s rescapés étant très diffici<strong>les</strong> à soigner.<br />

La Roumanie en Irak jusqu'en 2011<br />

La Roumanie maintiendra ses forces militaires en Irak jusqu'en<br />

2011 ou jusqu'au moment où <strong>les</strong> troupes alliées quitteront ce<br />

pays, a déclaré le prési<strong>de</strong>nt Traian Basescu qui a précisé que la<br />

Roumanie a reçu une sollicitation du gouvernement irakien <strong>de</strong> continuer sa<br />

mission en Irak jusqu'en 2011. Il ne semble pas que, pour l’instant, la décision<br />

<strong>de</strong>s Britanniques <strong>de</strong> ramener leurs troupes à la maison d’ici l’été prochain<br />

l’ait fait changer d’avis. A présent, 1.600 militaires roumains participent<br />

à diverses missions internationa<strong>les</strong>, en Afghanistan, Irak et Balkans.<br />

15


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

16<br />

BAIA<br />

MARE<br />

� ORADEA<br />

� ARAD<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

BISTRITA<br />

�<br />

� IASI<br />

TARGU<br />

MURES<br />

�<br />

� BACAU<br />

�<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

�<br />

GALATI<br />

�<br />

PITESTI �<br />

�<br />

BUCAREST<br />

�<br />

BRAILA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

Les chiffres<br />

�<br />

CHISINAU<br />

CONSTANTA<br />

Population: 21 542 000 habitants<br />

Superficie: 238 391 km 2<br />

PIB estimé pour 2008: 132 milliards<br />

d'euros (+5,8 %)<br />

PIB/habitant: 6000 €<br />

Production industrielle: + 5,4 %<br />

Taux d'inflation annuel: + 8,6 %<br />

Chômage (chiffre officiel): 4,2 %<br />

Salaire moyen net: 320 € (+ 23,2 %)<br />

-Le plus élevé (finances): 966 €<br />

-Le plus faible (bois): 181 €<br />

Salaire minimum net: 150 €<br />

(employés), 285 € (cadres)<br />

Retraite mensuelle moyenne: 150<br />

€, agriculteurs: 60 €<br />

Espérance <strong>de</strong> vie<br />

(hommes/femmes): 68-75 ans<br />

MOLDAVIE:<br />

Population: 3 833 000 habitants<br />

Superficie: 33 700 km 2<br />

PIB: 3,4 milliards d'euros (+ 4 %)<br />

PIB/habitant: 880 €<br />

Salaire moyen: 80 €<br />

Chômage (chiffre officiel): 8 %<br />

Espérance <strong>de</strong> vie<br />

(hommes/femmes): 62-70 ans<br />

Population adulte émigrée: 25 %<br />

Dim regroupe sa<br />

production en Roumanie<br />

Dim a décidé d'arrêter la production<br />

<strong>de</strong> lingerie à Autun (Saône-et-Loire),<br />

son unique usine en France, pour la<br />

"regrouper" en Roumanie, un projet<br />

qui se fera sans licenciement, <strong>les</strong> 86<br />

personnes employées dans ce secteur<br />

étant redéployées sur le site. Outre la<br />

lingerie, l'établissement d'Autun produit<br />

aussi <strong>de</strong>s bas et mi-bas.<br />

Cette décision n'a rien à voir avec<br />

la crise, affirme-t-on du côté <strong>de</strong> Dim,<br />

en faisant valoir que le groupe a déjà<br />

plusieurs sites <strong>de</strong> production <strong>de</strong> lingerie<br />

en Roumanie.<br />

�<br />

Economie<br />

Actualité<br />

Bucarest - la Mer Noire en 3 heures<br />

par le train à vapeur en 1900...<br />

et en 6 heures aujourd'hui<br />

Mais si … on arrête le progrès !<br />

Un dicton populaire veut qu'on n'arrête pas le progrès. Mais si c'est possible!<br />

En Roumanie bien sûr… pays qui ne cessera jamais <strong>de</strong> nous étonner.<br />

Pour preuve: en 1900, le train, pourtant à vapeur, mettait trois heures<br />

pour emmener <strong>les</strong> Bucarestois sur <strong>les</strong> plages <strong>de</strong> la mer Noire. On était à l'époque du<br />

Roi Carol 1er, né en 1839, et <strong>de</strong> la<br />

reine Victoria qui ne décè<strong>de</strong>ra qu'un an<br />

plus tard. Eh bien en 2008, il en faut le<br />

double pour effectuer le même trajet,<br />

malgré la traction électrique.<br />

"Les transports roumains sont une<br />

calamité qui handicapent gravement le<br />

développement du pays" écrit l'agence<br />

<strong>de</strong> presse britannique Reuters, "ils<br />

empêchent le pays <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> sa<br />

situation géographique exceptionnelle,<br />

entre Europe et Proche-Orient, découragent <strong>les</strong> investisseurs qui s'en détournent car<br />

ils hypothèquent <strong>les</strong> perspectives <strong>de</strong> gains sur <strong>les</strong> coûts qu'ils envisageaient". Et <strong>de</strong><br />

citer l'installation du constructeur automobile allemand Daimler (Merce<strong>de</strong>s, Chrysler,<br />

Eads-Airbus) en Hongrie après avoir renoncé, en mars <strong>de</strong>rnier, à construire une usine<br />

en Roumanie d'une valeur <strong>de</strong> 800 M€, à cause du mauvais état <strong>de</strong> son réseau routier.<br />

"Les transports <strong>de</strong>vraient être la priorité numéro un <strong>de</strong> la Roumanie" s'est exclamé<br />

tout <strong>de</strong>rnièrement, Nicholas Taubman, ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s USA à Bucarest, soulignant<br />

que le pays ne pouvait pas être compétitif tant que <strong>de</strong>s routes convenab<strong>les</strong> ne le<br />

relieraient pas au reste <strong>de</strong> l'Europe. "Rien ne sert d'avoir <strong>de</strong>s pô<strong>les</strong> <strong>de</strong> développement<br />

performants comme à Timisoara, si on ne peut pas y aller" ajoute un observateur.<br />

Routes: la Roumanie au 124ème rang, juste <strong>de</strong>vant le Népal<br />

Côté train, on ne compte plus <strong>les</strong> retards ou <strong>les</strong> déraillements, <strong>de</strong>venus une routine<br />

quasi-quotidienne. Les dix mille kilomètres <strong>de</strong> voies ferrées ont besoin d'être intégralement<br />

réparés ou remplacés. Côté routes, c'est encore pire. Pour traverser le pays,<br />

<strong>les</strong> camions et voitures doivent contourner <strong>les</strong> Carpates, emprunter <strong>de</strong>s routes étroites<br />

et dangereuses, traverser <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> villages, doubler <strong>de</strong>s charrettes tractées par<br />

<strong>de</strong>s chevaux et <strong>de</strong>s paysans à bicyclette ramenant leurs vaches à l'étable, pour s'engouffrer<br />

dans <strong>les</strong> embouteillages inextricab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s centre-vil<strong>les</strong> dépourvus <strong>de</strong> ceintures<br />

<strong>de</strong> contournement. Des experts ont calculé que, <strong>de</strong> ce fait, <strong>les</strong> conducteurs roumains<br />

dépensent chaque année un <strong>de</strong>mi-milliard d'euros en carburant supplémentaire et en<br />

réparation <strong>de</strong> leurs véhicu<strong>les</strong>.<br />

Sur 136 pays, le Forum Economique Mondial classe la Roumanie au 124ème<br />

rang… juste <strong>de</strong>vant le Népal. Le pays ne compte que 270 km d'autoroutes. Pourtant<br />

<strong>les</strong> projets ne manquent pas. Ainsi la fameuse autoroute Bechtel, du nom <strong>de</strong> la compagnie<br />

américaine chargée <strong>de</strong> la réaliser <strong>de</strong>puis 2004 et <strong>de</strong>vant relier la capitale à la<br />

Hongrie. En quatre ans… huit km ont été réalisés à un coût pharamineux.<br />

Surfacturation, bakchichs, argent envolé, le scandale est énorme. Cette première véritable<br />

autoroute ne sera pas terminée avant, au mieux, 2013. Pour <strong>les</strong> trains, la situation<br />

n'est guère différente. La rénovation <strong>de</strong> la ligne Bucarest-la mer Noire, commencée<br />

en 2006 accusait déjà l'été <strong>de</strong>rnier six mois <strong>de</strong> retard.<br />

Radu Berceanu, ancien ministre <strong>de</strong>s transports, a confié sans sourciller: "Aucun<br />

gouvernement n'est prêt à engager <strong>de</strong>s fonds pour <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> longue durée, <strong>de</strong><br />

peur que ce ne soit ses successeurs qui en recueillent le fruits" ! Pourtant, lors <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>rnière campagne électorale, tous <strong>les</strong> partis promettaient <strong>de</strong> construire au moins mille<br />

kilomètres d'autoroutes au cours du prochain mandat.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Economie<br />

Après un moment d'euphorie, <strong>les</strong> Roumains reviennent<br />

un peu <strong>de</strong> leur engouement pour <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

surfaces, même si cel<strong>les</strong>-ci se multiplient, faisant<br />

disparaître le petit commerce. Les hypermarchés à l'occi<strong>de</strong>ntale<br />

dont rêvait la clientèle, après avoir été encadrés à leurs<br />

débuts par <strong>de</strong>s managers étrangers, sont maintenant entre <strong>les</strong><br />

mains <strong>de</strong> directions roumaines et <strong>les</strong> mauvaises habitu<strong>de</strong>s<br />

n'ont pas été longues à réapparaître, comme s'emporte Cristian<br />

Teodorescu, chef éditorialiste à Cotidianul, dans le coup <strong>de</strong><br />

colère ci-<strong>de</strong>ssous, illustré par le caricaturiste Devis Grebu.<br />

"Merge si asa, da-i in ma sa !"… "çà marche comme çà peut,<br />

faut faire avec !", commente-t-il,<br />

reprenant un<br />

principe philosophique<br />

autochtone, mis en<br />

application dans <strong>les</strong><br />

gran<strong>de</strong>s surfaces<br />

"nationalisée".<br />

"Le bon goût, le<br />

raffinement français qui<br />

caractérisaient <strong>les</strong> premiers<br />

hypermarchés au<br />

moment <strong>de</strong> leur ouverture<br />

n'étaient que <strong>de</strong> la<br />

poudre aux yeux. La<br />

politesse <strong>de</strong>s employés,<br />

la considération du<br />

client, comportement si<br />

nouveau pour <strong>les</strong><br />

Roumains et qui nous<br />

émerveillait, ne sont<br />

plus qu'un souvenir.<br />

El<strong>les</strong> ont laissé place à<br />

la grossièreté habituelle<br />

d'ici et au mépris imbécile affiché par <strong>de</strong>s managers étrangers<br />

exilés chez nous.<br />

Le plaisir <strong>de</strong> se promener dans <strong>les</strong> bel<strong>les</strong> allées <strong>de</strong> Cora ou<br />

Carrefour en poussant son chariot s'est transformé en un parcours<br />

<strong>de</strong> combattant. Il faut faire attention <strong>de</strong> ne pas glisser sur<br />

<strong>les</strong> pots <strong>de</strong> yaourts renversés et éviter <strong>de</strong> se faire té<strong>les</strong>coper par<br />

<strong>les</strong> voiturettes <strong>de</strong>s gamins transportant <strong>les</strong> courses <strong>de</strong> leur<br />

mère, qui vous foncent droit <strong>de</strong>ssus comme la police ouvrant<br />

un cortège officiel, en vous criant d'un air arrogant "J'avais dit<br />

pardon !".<br />

Dans <strong>les</strong> rayons, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z un renseignement ! Des topmodè<strong>les</strong><br />

décharnées prennent <strong>de</strong>s airs offusqués d'avoir été<br />

ramenées à la réalité en indiquant où était rangé l'Ajax. Aux<br />

caisses, ce n'est pas mieux. On vous ferme la porte au nez<br />

après vous avoir laissé poireauter un quart d'heure sous prétexte<br />

<strong>de</strong> changement <strong>de</strong> service. Encore heureux si vous avez<br />

pu esquiver <strong>les</strong> furies en patin à roulettes qui fen<strong>de</strong>nt la queue<br />

pour aller vérifier une étiquette.<br />

D'ailleurs, est-ce que <strong>les</strong> hypermarchés valent encore le<br />

Actualité<br />

Le coup <strong>de</strong> colère <strong>de</strong> l'éditorialiste <strong>de</strong> Cotidianul<br />

<strong>de</strong>vant le laisser-aller sévissant dans <strong>les</strong> hypermarchés<br />

"La Roumanie est une république bananière… sans bananes"<br />

coup ? Les prix plus bas que dans <strong>les</strong> petits magasins <strong>de</strong> quartier<br />

et la marchandise <strong>de</strong> meilleure qualité ne sont plus qu'une<br />

légen<strong>de</strong>. On trouve moins cher sur <strong>les</strong> marchés.<br />

Quant ils ont ouvert, c'était un privilège <strong>de</strong> s'y faire<br />

embaucher. Il fallait avoir un bon piston et <strong>de</strong>s références<br />

soli<strong>de</strong>s. C'est comme çà qu'on a retrouvé caissières <strong>de</strong>s diplômées<br />

<strong>de</strong> l'Université qui espéraient faire rapi<strong>de</strong>ment carrière…<br />

chef <strong>de</strong> rayon, managers, voire directrices. Des bel<strong>les</strong> fil<strong>les</strong>,<br />

bien éduquées, parlant plusieurs langues. Les équipes <strong>de</strong> nettoyage<br />

étaient encadrées par <strong>de</strong> jeunes postulants prometteurs,<br />

sélectionnés, connaissant leur boulot et veillant à ce que <strong>les</strong><br />

femmes <strong>de</strong> ménage<br />

arborent un sourire<br />

sympathique et laissent<br />

passer <strong>les</strong> clients<br />

sans leur casser <strong>les</strong><br />

pattes avec leur balaibrosse.<br />

Les salaires trop<br />

maigres, alors que <strong>les</strong><br />

hypers engrangeaient<br />

<strong>de</strong>s profits toujours<br />

plus grands, la déception<br />

<strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s carrières<br />

qui n'avançaient<br />

pas, ont finalement<br />

découragé cette première<br />

génération. Une<br />

secon<strong>de</strong>, au profil plus<br />

adapté car ayant moins<br />

<strong>de</strong> prétention, l'a remplacée.<br />

Mais elle n'a<br />

pas duré aussi.<br />

Toujours à cause <strong>de</strong>s<br />

salaires bien connus chez nous, du type "sa zici mersi ca…"<br />

("Tu peux dire merci d'avoir un boulot"). Mais çà, çà ne<br />

marche plus, comme on l'a vu chez Renault-Dacia l'an passé.<br />

Alors, elle aussi est partie, vers <strong>de</strong>s horizons plus lucratifs. Si<br />

bien que cette élite constitue un bon contingent <strong>de</strong>s "capsunari"<br />

(ramasseurs <strong>de</strong> fraises en Espagne).<br />

Voilà comment la Roumanie est <strong>de</strong>venue une république<br />

bananière… sans bananes. Où on peut trouver n'importe quand<br />

un diplômé <strong>de</strong> l'enseignement supérieur, heureux <strong>de</strong> revêtir la<br />

tenue d'une caissière <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> surface pour terminer la tête<br />

dans le sac.<br />

Quand <strong>les</strong> hypermarchés ont ouvert, c'était la foire d'empoigne<br />

féroce pour y décrocher une place. Ce matin, après y<br />

avoir fait mes courses - et bien <strong>de</strong>s péripéties <strong>de</strong>s moins<br />

agréab<strong>les</strong> que je vous passe - j'ai aperçu, au moment <strong>de</strong> payer,<br />

une affichette scotchée sur la caisse "angajam urgent fete"<br />

("Nous embauchons immédiatement <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>uses")…<br />

Exactement comme on voit sur <strong>les</strong> <strong>de</strong>vantures <strong>de</strong>s petits commerces<br />

<strong>de</strong> mon quartier".<br />

Un carosse pour <strong>les</strong> Français, une Cadillac pour <strong>les</strong> ressortissants occi<strong>de</strong>ntaux... Voilà<br />

<strong>de</strong>s clients bien vus dans <strong>les</strong> hypermarchés, d’après le caricaturiste Devis Grebu, qui<br />

force volontairement le trait, alors que pour lui, <strong>les</strong> Roumains savent ce qui <strong>les</strong> attend:<br />

contrôle d’i<strong>de</strong>ntité, fouille <strong>de</strong>s sacs à la sortie, “panier à sala<strong>de</strong>” prêt à <strong>les</strong> embarquer.<br />

17


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

18<br />

�<br />

� BAIA MARE �<br />

SATU MARE<br />

SUCEAVA<br />

CHISINAU<br />

� ORADEA<br />

� TARGU<br />

IASI<br />

�<br />

� MURES � BACAU<br />

ARAD<br />

CLUJ �<br />

�<br />

BRASOV<br />

�<br />

GALATI<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

�<br />

SINAIA<br />

�<br />

SAVÂRSIN<br />

PITESTI �<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

BUCAREST<br />

�<br />

� PLOIESTI TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Ruée sur <strong>les</strong> crédits<br />

immobiliers juste<br />

avant la crise financière<br />

Les Roumains se sont rués vers<br />

<strong>les</strong> crédits avant le déclenchement <strong>de</strong><br />

la crise financière. Au mois <strong>de</strong> septembre,<br />

au niveau national, 5,29 milliards<br />

d'euros ont été empruntés par<br />

<strong>de</strong>s particuliers pour financer <strong>de</strong>s<br />

opérations immobilières, contre 3,48<br />

milliards l'an passé à la même pério<strong>de</strong>,<br />

selon <strong>les</strong> données fournies par la<br />

Banque nationale <strong>de</strong> Roumanie.<br />

Ce sont <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />

vil<strong>les</strong>, Bucarestois en tête, qui sont<br />

<strong>les</strong> premiers à faire appel aux<br />

banques pour s'acheter une maison<br />

ou un appartement. A eux seuls,<br />

Bucarestois et habitants d'Ilfov, la<br />

proche banlieue, ont emprunté 2,18<br />

milliards d'euros.<br />

Cinquième ligne<br />

<strong>de</strong> métro mise en service<br />

Le tronçon <strong>de</strong> la ligne <strong>de</strong> métro<br />

Nicolae Grigorescu-Linia <strong>de</strong> ceinture<br />

(est <strong>de</strong> Bucarest) a été inauguré le 19<br />

novembre, <strong>les</strong> premières rames circulant<br />

dès le len<strong>de</strong>main.<br />

Après presque 20 ans <strong>de</strong> travaux<br />

et 145 M€, la nouvelle ligne s'arrête à<br />

quatre stations (Nicolae Grigorescu,<br />

1er Decembrie 1918, Policolor et<br />

Linia <strong>de</strong> centura), sur une distance <strong>de</strong><br />

4,75 km. L'intervalle <strong>de</strong> passage <strong>de</strong>s<br />

trains est d'une dizaine <strong>de</strong> minutes et<br />

seuls <strong>les</strong> vieux métros circulent sur ce<br />

tronçon dans un premier temps. Il<br />

s'agit <strong>de</strong> la 5ème ligne <strong>de</strong> métro <strong>de</strong><br />

Bucarest.<br />

Début novembre, le ministre sortant<br />

<strong>de</strong>s Transports, Ludovic Orban,<br />

avait annoncé le lancement d'un<br />

appel d'offre pour rallier le quartier <strong>de</strong><br />

Drumul Taberei (ouest <strong>de</strong> Bucarest)<br />

au centre ville.<br />

�<br />

Economie<br />

Hausse du PIB record<br />

Actualité<br />

Au 3ème trimestre 2008, le PIB <strong>de</strong> la Roumanie a progressé <strong>de</strong> 9,1% par rapport<br />

à la même pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2007. Sur l'ensemble <strong>de</strong>s 9 premiers mois 2008, il était en hausse<br />

<strong>de</strong> 8,9%. Pour <strong>les</strong> analystes locaux, au 4ème trimestre 2008, celle-ci <strong>de</strong>vrait se tempérer<br />

(à 6%-7%), en raison <strong>de</strong> la crise financière qui fait resentir ses premiers effets.<br />

Selon <strong>les</strong> données rendues d'Eurostat, en termes <strong>de</strong> croissance économique au 3ème<br />

trimestre 2008, la Roumanie se place au 1er rang dans l'UE (+11 fois par rapport à la<br />

moyenne communautaire), talonnée par la Slovaquie (+7,1%), la Pologne (+5,6%) et<br />

la République Tchèque (+4,7%).<br />

Une croissance <strong>de</strong> 3 à 4% prévue en 2009<br />

Crise financière oblige, la croissance économique <strong>de</strong>vrait ralentir considérablement<br />

cette année en Roumanie. Onze analystes financiers, interrogés par l'agence <strong>de</strong><br />

presse Mediafax, estiment qu'elle sera <strong>de</strong> 3 à 4% environ en 2009, contre 8% en 2008.<br />

Certains analystes, notamment Kenneth Orchard, <strong>de</strong> Moody's, ont même avancé <strong>de</strong>s<br />

prévisions plus alarmistes, évoquant une possible récession <strong>de</strong> l'économie roumaine.<br />

Tous sont en tout cas d'avis que ce ralentissement <strong>de</strong> l'économie commençait déjà à se<br />

faire sentir en octobre et s'observera dans <strong>les</strong> statistiques économiques du <strong>de</strong>rnier trimestre<br />

<strong>de</strong> 2008.<br />

Un déficit public à plus <strong>de</strong> 3% du PIB<br />

Le déficit public <strong>de</strong> la Roumanie dépassera 3% du produit intérieur brut (PIB) en<br />

2008, en raison d'une baisse <strong>de</strong>s recettes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20% durant la première quinzaine<br />

<strong>de</strong> novembre par rapport à la même pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2007, en raison notamment d'un ralentissement<br />

<strong>de</strong> l'activité <strong>de</strong> nombreuses sociétés et du blocage sur le marché financier,<br />

l'accès aux crédits ayant été restreint. La Roumanie tablait sur un déficit <strong>de</strong> 2,3%, mais<br />

la Commission européenne estime que cet indicateur s'élèvera à 3,5%, à la suite d'une<br />

hausse <strong>de</strong>s dépenses publiques.<br />

Record du mon<strong>de</strong> avec 113 taxes par entreprise<br />

Se basant sur une étu<strong>de</strong> émanant <strong>de</strong> la Banque mondiale, le cabinet financier américain<br />

PricewaterhouseCoopers a estimé que la Roumanie avec 113 taxes à payer par<br />

entreprise (96 "seulement" en 2007) détenait le record du mon<strong>de</strong> en la matière, se classant<br />

181ème sur 181 pays. Elle fait un peu mieux en ce qui concerne <strong>les</strong> facilités <strong>de</strong><br />

paiement, 146ème (en recul <strong>de</strong> 12 places) mais termine <strong>de</strong>rnière dans l'UE. Les entreprises<br />

roumaines doivent consacrer chaque année 202 heures à s'acquitter <strong>de</strong> ces taxes<br />

qui représentent 48,6 % <strong>de</strong> leur profits (46 % l'année précé<strong>de</strong>nte).<br />

Cher boulevard Magheru<br />

A savoir<br />

Le boulevard Magheru occupe la 19ème place dans le classement <strong>de</strong>s 25 artères<br />

commercia<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus chères d'Europe, classement réalisé par la société immobilière<br />

John Lang LaSalle. Louer un espace commercial sur le boulevard bucarestois coûte<br />

1500 € par mètre carré par an, soit un prix supérieur à ceux en vigueur à Stockholm<br />

ou Lisbonne. En comparaison avec l'an passé, le niveau <strong>de</strong>s loyers sur Magheru a augmenté<br />

<strong>de</strong> 13, 6%.<br />

Une étu<strong>de</strong> a aussi été réalisée dans <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> province roumaines: à<br />

Brasov, un loyer sur la strada Republicii revient à 720 €/m2/an. I<strong>de</strong>m sur le boulevard<br />

Tomis <strong>de</strong> Constanta. A Iasi, (boulevard Stefan Cel Mare), le prix est <strong>de</strong> 540 €, tandis<br />

qu'à Sibiu (bd Nicolae Balcescu) il est <strong>de</strong> 660 €. C'est à Cluj-Napoca que <strong>les</strong> loyers<br />

s'approchent le plus <strong>de</strong> ceux en vigueur à Bucarest: 960 €/m2/an sur le boulevard<br />

Eroilor et la strada Ferdinand.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Social<br />

Le Carnet <strong>de</strong> Travail (carte <strong>de</strong> munca), ce petit livret<br />

venu <strong>de</strong> l'ancien temps et <strong>de</strong> l'ancien régime, qui<br />

suit le salarié sa vie durant, aurait dû disparaître<br />

<strong>de</strong>puis longtemps… Dernièrement on parlait du 1er janvier<br />

2009. Finalement, aux <strong>de</strong>rnières nouvel<strong>les</strong> législatives, il semblerait<br />

qu'il ne va disparaître qu'au 1er janvier 2011<br />

Pour mémoire, le Carnet <strong>de</strong> Travail est un petit livre (pas<br />

rouge, en général plutôt marron) qui "raconte" la vie du salarié<br />

<strong>de</strong>puis qu'il a commencé à travailler la première fois, jusqu'à<br />

son départ à la retraite. On y trouve outre <strong>de</strong>s informations<br />

sur <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s faites par le salarié et sa filiation, le nom <strong>de</strong> ses<br />

employeurs successifs, mais également le poste qu'il a occupé<br />

dans l'entreprise, <strong>les</strong> avancements, <strong>les</strong> salaires, <strong>les</strong> augmentations,<br />

et <strong>les</strong> motifs <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> son contrat <strong>de</strong> travail chez un<br />

employeur. Le tout jusqu'à son départ à la retraite.<br />

A l'origine, le Carnet <strong>de</strong> Travail était le document officiel<br />

par lequel un salarié pouvait prouver son ancienneté dans le<br />

travail, ancienneté ininterrompue lui ouvrant <strong>les</strong> droits à la<br />

retraite.<br />

Mais <strong>de</strong>puis que <strong>les</strong> "unités économiques <strong>de</strong> l'Etat" sont<br />

<strong>de</strong>venues <strong>de</strong>s sociétés commercia<strong>les</strong> et que l'ex-salarié étatique<br />

s'est retrouvé dans le privé, <strong>de</strong>puis que l'ancienneté dans<br />

le travail même interrompue ouvre quand même droit à une<br />

retraite (l'économie <strong>de</strong> marché pouvant faire alterner le plein<br />

emploi et le chômage), <strong>de</strong>puis qu'un salarié peut changer<br />

d'employeur par démission ou licenciement et non plus par<br />

"transfert dans l'intérêt du service",…<strong>de</strong>puis… le Carnet <strong>de</strong><br />

Travail a commencé à perdre <strong>de</strong> son intérêt et même à <strong>de</strong>venir<br />

un instrument pouvant se retourner contre le salarié.<br />

Actualité<br />

Carnet <strong>de</strong> travail: le petit livre marron<br />

ne disparaîtra qu'au 1er janvier 2011<br />

En effet, tant qu'il était obligatoire, un employeur indélicat<br />

pouvait refuser d'en créer un pour <strong>les</strong> jeunes entrant dans la vie<br />

active, <strong>de</strong> même qu'il pouvait "négocier" avec un salarié un<br />

départ forcé par démission sous peine pour celui-ci <strong>de</strong> voir<br />

apparaître une "tache" sur son Carnet <strong>de</strong> Travail, avec un motif<br />

<strong>de</strong> rupture du contrat moins plaisant qu'une démission ou un<br />

accord <strong>de</strong>s parties.<br />

Remplacé par <strong>de</strong>s attestations<br />

Petit à petit, <strong>les</strong> Carnets <strong>de</strong> Travail vont être amenés à disparaître<br />

et seront remplacés par <strong>les</strong> Registres uniques du personnel,<br />

ainsi que par <strong>les</strong> attestations que chaque employeur<br />

<strong>de</strong>vra fournir à son salarié à la fin <strong>de</strong> son contrat <strong>de</strong> travail et<br />

mentionnant la pério<strong>de</strong> travaillée, la fonction occupée, sans<br />

plus aucune obligation <strong>de</strong> spécifier <strong>les</strong> motifs en vertu <strong>de</strong>squels<br />

la relation <strong>de</strong> travail a cessé (démission, licenciement,<br />

etc.) Mais, d'ici leur disparition et afin <strong>de</strong> ne pas perdre toutes<br />

<strong>les</strong> informations uti<strong>les</strong> s'y trouvant (surtout pour la retraite), il<br />

faudra remettre ces carnets aux Inspections du travail territorialement<br />

compétentes jusqu'au 30 novembre 2009, qui<br />

<strong>de</strong>vront <strong>les</strong> transmettre à leur tour aux Caisses territoria<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

retraite jusqu'au 30 novembre 2010.<br />

Ainsi donc, tout <strong>de</strong>vra être finalisé d'ici le 31 décembre<br />

2010 et <strong>les</strong> Carnets <strong>de</strong> Travail pourront ainsi disparaître au<strong>de</strong>là<br />

du 1er janvier 2011. Jusque-là, l'ancienneté dans le travail<br />

sera encore prouvée par le Carnet <strong>de</strong> Travail.<br />

Dana Gruia Dufaut<br />

(Lepetitjournal.com-Bucarest)<br />

Trop cher… A Brasov, <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> se débranchent du réseau <strong>de</strong> chauffage<br />

De peur <strong>de</strong> ne pouvoir acquitter leurs factures, plus d'un millier <strong>de</strong><br />

famil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Brasov ont <strong>de</strong>mandé par anticipation, fin novembre,<br />

qu'on leur coupe l'eau chau<strong>de</strong> et le chauffage pendant toute la durée<br />

<strong>de</strong> l'hiver… et leur nombre ne faisait que s'amplifier, le prix du gaz ayant fortement<br />

augmenté.<br />

Une mère <strong>de</strong> famille a confié à un journaliste local avoir dû payer l'année<br />

passée 200 € par mois pour chauffer son petit appartement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pièces, ce<br />

qui l'avait contrainte à emprunter auprès <strong>de</strong> sa famille et <strong>de</strong>s voisins 160 € mensuellement.<br />

"J'ai trouvé un radiateur électrique, je le branche <strong>de</strong>ux-trois heures<br />

le soir et une heure le matin, et pour la toilette, je chauffe l'eau dans une casserole"<br />

confie-t-elle, enchaînant "comme çà, je ne paye que ce que je consomme".<br />

"On met <strong>de</strong>s manteaux et, si Dieu le veut bien, que l'hiver n'est pas trop ru<strong>de</strong>, on<br />

espère tenir jusqu'au printemps". Le directeur <strong>de</strong> la firme assurant le chauffage<br />

<strong>de</strong>s immeub<strong>les</strong> <strong>de</strong> Brasov a indiqué que c'était la première fois qu'il voyait <strong>de</strong>s<br />

famil<strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à l'avance d'être débranchées du réseau, alors qu'el<strong>les</strong> avaient toujours acquitté leurs factures jusqu'ici.<br />

Les salaires <strong>de</strong>s Roumains ont<br />

augmenté <strong>de</strong> 2,4% au mois<br />

d'octobre par rapport au mois<br />

<strong>de</strong> septembre, selon l'Institut national <strong>de</strong>s<br />

Hausse <strong>de</strong>s salaires: + 22,4 % en un an<br />

statistiques. Le salaire moyen net à<br />

Bucarest au mois d'octobre a été <strong>de</strong> 1795<br />

lei brut et 1327 lei net, soit 368 euros<br />

environ. En un an, par rapport aux don-<br />

nées enregistrées en octobre 2007, le<br />

salaire moyen roumain a connu une augmentation<br />

<strong>de</strong> 22,4%, une hause que la<br />

crise économique <strong>de</strong>vrait ralentir.<br />

19


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

20<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

ORADEA<br />

�<br />

TARGU<br />

MURES<br />

SIGHET<br />

�<br />

HUNEDOARA<br />

�<br />

�<br />

PITESTI<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

BACAU<br />

IASI<br />

�<br />

BRASOV<br />

�<br />

FOCSANI<br />

�<br />

�<br />

BRAILA<br />

� BUCAREST<br />

TULCEA<br />

� CALARASI �<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

CONSTANTA<br />

Les Roumains<br />

représentent 19 %<br />

<strong>de</strong>s travailleurs<br />

migrants <strong>de</strong> l'UE<br />

�<br />

Dans un rapport présenté au<br />

Parlement Européen, le 18 novembre<br />

<strong>de</strong>rnier, la Commission Européenne a<br />

recommandé aux pays membre <strong>de</strong><br />

l'UE qui appliquent toujours <strong>de</strong>s restrictions<br />

à la libre circulation <strong>de</strong>s travailleurs<br />

en provenance <strong>de</strong> l'Europe<br />

orientale, notamment <strong>de</strong> la Roumanie<br />

et la Bulgarie, <strong>de</strong> <strong>les</strong> lever dans <strong>les</strong><br />

plus brefs délais. Le Rapport note que<br />

<strong>les</strong> immigrants<br />

<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux pays<br />

ne constituent<br />

pas<br />

une<br />

menace<br />

pour le<br />

marché<br />

<strong>de</strong> travail<br />

communautaire.<br />

Les Roumains représentent 19% <strong>de</strong>s<br />

travailleurs immigrants dans l'UE,<br />

après <strong>les</strong> Polonais (25%). Selon le<br />

rapport <strong>de</strong> la CE, 57% <strong>de</strong>s travailleurs<br />

roumains ont choisi l'Espagne, 27%<br />

l'Italie et, 2%, la Gran<strong>de</strong>-Bretagne. Au<br />

début <strong>de</strong> 2007, 15 pays européens<br />

ont restreint l'accès <strong>de</strong>s citoyens roumains<br />

et bulgares sur leurs marchés<br />

du travail, pour 2 années, avec la possibilité<br />

<strong>de</strong> prolonger ces restrictions<br />

sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5 ans. Sur <strong>les</strong><br />

pays <strong>de</strong> l'Europe occi<strong>de</strong>ntale, seu<strong>les</strong><br />

la Suè<strong>de</strong> et la Finlan<strong>de</strong> ont éliminé<br />

dès le début <strong>les</strong> restrictions vis-à-vis<br />

<strong>de</strong>s travailleurs <strong>de</strong>s 2 pays cités.<br />

D'autres Etats membres n'ont libéralisé<br />

que certains secteurs d'activités <strong>de</strong><br />

leurs économies.<br />

�<br />

Social<br />

Actualité<br />

Deux ans après l'entrée <strong>de</strong> la Roumanie<br />

dans l'Union Européenne, Henri Gillet<br />

a fait le point sur <strong>les</strong> changements<br />

apportés dans la société roumaine et la vie sociale<br />

du pays avec Bogdan Hossu, un <strong>de</strong>s syndicalistes<br />

roumains <strong>les</strong> plus respecté, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>puis sa<br />

création, voici 16 ans, <strong>de</strong> Cartel Alfa, syndicat<br />

proche <strong>de</strong> la mouvance chrétienne. Bogdan Hossu<br />

est également vice-prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Confédération<br />

Syndicale Mondiale, dont sont adhérents en France, la CFDT, la CGT et FO, et<br />

membre du conseil d'administration du Bureau International du Travail.<br />

"Il nous faut attendre encore dix ans<br />

pour avoir vraiment une autre mentalité"<br />

Le lea<strong>de</strong>r syndicaliste<br />

Bogdan Hossu:<br />

Henri Gillet: Qu'est-ce qui a changé en Roumanie <strong>de</strong>puis le 1er janvier 2007?<br />

Bogdan Hossu: Les Roumains ont une plus gran<strong>de</strong> confiance dans l'avenir, mais<br />

c'est psychologique; en fait, il n'y a pas eu <strong>de</strong> grands changements. La justice ne représente<br />

toujours pas un pilier <strong>de</strong> la démocratie roumaine. Les dérives <strong>de</strong> la classe politique<br />

n'ont pas cessé. Les élections sont un véritable cirque. L'influence communiste<br />

et ses mœurs sont toujours bien présents par l'intermédiaire officielle ou officieuse du<br />

PSD (ndlr: le parti <strong>de</strong> l'ancienne nomenklatura et d'Iliescu). La société civile roumaine<br />

est encore trop faible pour exercer un véritable contrôle.<br />

L'UE sert d'exutoire. On fait passer beaucoup <strong>de</strong> choses sur son dos: c'est sa<br />

faute… c'est elle qui oblige à prendre telle mesure impopulaire. Sa capacité d'arriver<br />

jusqu'à Bucarest et <strong>de</strong> s'y faire entendre est encore très faible. Il est difficile <strong>de</strong> faire<br />

admettre aux Roumains qu'elle n'est pas une contrainte imposée <strong>de</strong> l'extérieur mais<br />

une ambition au service <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> Européens.<br />

H.G.: L'UE s'implique-t-elle suffisamment ?<br />

B.H.: Elle a été attendue comme le messie, mais elle n'envoie pas un signal très<br />

fort. Ses indications sont floues. Nous faisons beaucoup <strong>de</strong> fautes, sans qu'on nous le<br />

dise. Une bonne partie <strong>de</strong>s Roumains aimeraient qu'elle soit plus directive, donne <strong>de</strong>s<br />

instructions… un peu comme çà se passait autrefois. Mais aussi, on a une méconnaissance<br />

du fonctionnement <strong>de</strong> ses mécanismes, ce qui freine notre intégration. Ceci dit,<br />

on ne peut pas appliquer toutes ses réglementations, notamment dans le domaine <strong>de</strong><br />

l'environnement… car, dans ce cas là, <strong>les</strong> trois quarts <strong>de</strong> l'économie roumaine fermeraient.<br />

On sait aussi <strong>les</strong> contourner. L'UE interdit théoriquement la création <strong>de</strong>s monopo<strong>les</strong>,<br />

<strong>de</strong>ux entreprises concurrentes <strong>de</strong>vant être au moins présentes dans un même<br />

secteur d'activité. Eh bien, on s'arrange par en <strong>de</strong>ssous pour créer <strong>de</strong>s monopo<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

fait et faire grimper <strong>les</strong> prix. Regar<strong>de</strong>z <strong>les</strong> tarifs <strong>de</strong>s taxis à Bucarest…<br />

Par ailleurs, la bureaucratie est omniprésente, <strong>de</strong>ux fois plus que dans <strong>les</strong> autres<br />

pays, et aussi corrompue. Cela entraîne <strong>de</strong>s blocages dans l'application <strong>de</strong>s directives.<br />

Il nous faut attendre encore dix ans pour changer <strong>de</strong> mentalité. En fait, on a besoin<br />

d'un renouvellement radical <strong>de</strong> génération… Là aussi on est en retard dans l'évolution<br />

<strong>de</strong>s esprits et <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s : la Roumanie ne compte par exemple que quatre millions<br />

d'internautes.<br />

"Certaines multinationa<strong>les</strong> ne respectent pas <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> du jeu"<br />

H.G.: Les choses se sont-el<strong>les</strong> améliorées dans <strong>les</strong> rapports patrons-employés ?<br />

B.H.: Les relations avec <strong>les</strong> employeurs sont un peu facilitées, mais ce n'est pas<br />

le cas avec certaines multinationa<strong>les</strong> qui n'ont pas pris en compte le système roumain<br />

et n'appliquent pas <strong>les</strong> accords collectifs par branche d'activité. En Roumanie, seulement<br />

43 % <strong>de</strong>s conventions socia<strong>les</strong> respectant <strong>les</strong> normes UE ont été ratifiées, contre


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

tire un premier bilan <strong>de</strong>ux ans après l'entrée <strong>de</strong> la Roumanie dans l'UE<br />

"Les changements sont surtout d'ordre psychologique"<br />

85 % chez vous et vos voisins. Cela nous fait craindre du<br />

dumping social ou <strong>de</strong>s situations dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> syndicats<br />

sont impuissants, comme celle <strong>de</strong> 200 travailleuses du<br />

Bengla<strong>de</strong>sh employées dans une multinationale <strong>de</strong> Sibiu, dont<br />

<strong>les</strong> droits sont bafoués.<br />

Les banques étrangères réalisent <strong>de</strong>s bénéfices plus importants<br />

que dans leurs pays d'origine, prennent <strong>de</strong>s commissions<br />

exagérées sur le dos <strong>de</strong>s Roumains ou mettent en place <strong>de</strong>s<br />

modè<strong>les</strong> qui leur sont bénéficiab<strong>les</strong> comme la retraite par capitalisation<br />

<strong>de</strong> leurs employés. Il y a eu beaucoup <strong>de</strong> promesses<br />

non suivies <strong>de</strong>s employeurs <strong>de</strong> s'adapter, <strong>de</strong> changer. Ils profitent<br />

<strong>de</strong>s directives pas très claires <strong>de</strong> l'UE.<br />

On s'est d'ailleurs passé <strong>de</strong> cel<strong>les</strong>-ci pour signer cet été un<br />

accord national tripartite (Etat-employeurs-employés) qui doit<br />

permettre <strong>de</strong> réduire <strong>de</strong> 50 % l'écart entre le salaire minimum<br />

et le salaire moyen d'ici 2014. Les premières retombées sont<br />

d'ailleurs attendues dès cette année en diminuant la pratique<br />

<strong>de</strong>s salaires payés en partie au noir, sans cotisations et donc<br />

droits à venir pour <strong>les</strong> salariés. Les travailleurs tentés <strong>de</strong> partir<br />

à l'étranger y trouveront <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> rester et <strong>les</strong> émigrés <strong>de</strong><br />

revenir au pays.<br />

H.G.: L'émigration <strong>de</strong>s travailleurs roumains avec l'entrée<br />

dans l'UE s'est-elle accélérée ?<br />

B.H.: Après un pic en 2007, le mouvement s'est stabilisé.<br />

Aujourd'hui, çà s'équilibre. On enregistre autant <strong>de</strong> départs que<br />

<strong>de</strong> retours. Les jeunes sont moins tentés <strong>de</strong> partir… Reste à<br />

leur trouver une place sur le marché du travail, et <strong>les</strong> mécanismes<br />

<strong>de</strong> l'emploi ne sont pas faits pour <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>r.<br />

"Les professions libéra<strong>les</strong> ont bien profité"<br />

H.G.: Quels bénéfices ont tiré <strong>les</strong> Roumains <strong>de</strong> l'adhésion?<br />

B.H.: Pour <strong>les</strong> travailleurs qui espèrent arriver au niveau<br />

<strong>de</strong> vie européen, il est encore largement à venir. Pour <strong>les</strong> agriculteurs,<br />

la satisfaction est réelle. Ils reçoivent <strong>de</strong>s primes <strong>de</strong><br />

50 €/ha pour leurs terres cultivées, mais c'est un parcours <strong>de</strong><br />

combattant dans la bureaucratie pour obtenir <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>s. Les<br />

conditions dans l'élevage, avec notamment une TVA <strong>de</strong> 19 %<br />

sur la vian<strong>de</strong>, pourtant produit alimentaire <strong>de</strong> base, taxé seulement<br />

à 5,5 % chez vous, fait qu'elle est plus chère qu'en<br />

France!<br />

Pour <strong>les</strong> jeunes diplômés, on note une nouvelle compré-<br />

Actualité<br />

hension <strong>de</strong> leur valeur. Les juristes sont assurés <strong>de</strong> gagner au<br />

moins 500 €. Mais <strong>les</strong> étudiants sont toujours à la même sauce<br />

et beaucoup moins nombreux qu'en France. L'université<br />

manque d'accès libres. Il faut payer 500 € <strong>de</strong> droits d'inscription<br />

et il n'y a pas suffisamment <strong>de</strong> places gratuites. Les investissements<br />

dans <strong>les</strong> campus sont inexistants. Par ailleurs <strong>de</strong>s<br />

universités privées, souvent d'un niveau médiocre, ont vu le<br />

jour, accroissant <strong>les</strong> inégalités, accessib<strong>les</strong> au plus fortunés et<br />

pas forcément <strong>les</strong> meilleurs, leur assurant un débouché au<br />

détriment <strong>de</strong>s autres.<br />

Pour <strong>les</strong> retraités, ils ne touchent toujours que 45 % <strong>de</strong> leur<br />

<strong>de</strong>rnier revenu et non 60 %, objectif annoncé pour se trouver<br />

dans la norme européenne.<br />

H.G.: Une catégorie a-t-elle davantage profité <strong>de</strong> la nouvelle<br />

donne?<br />

B.H.: Oui, <strong>les</strong> professions libéra<strong>les</strong>; mais c'est négatif.<br />

El<strong>les</strong> se sont frottées <strong>les</strong> mains: "Maintenant qu'on est dans<br />

l'Europe, c'est le libéralisme, un espace <strong>de</strong> liberté totale" et<br />

el<strong>les</strong> s'engouffrent <strong>de</strong>dans, font n'importe quoi. Des castes fermées,<br />

véritab<strong>les</strong> monopo<strong>les</strong>, se forment ou s'enracinent, <strong>les</strong><br />

notaires, <strong>les</strong> experts, <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins, etc. Mais aussi la frau<strong>de</strong><br />

fiscale s'institutionnalise. 200 000 "entrepreneurs" se sont<br />

déclarés sous le régime <strong>de</strong>s entreprises individuel<strong>les</strong>, présentant<br />

<strong>de</strong>s comptes vierges, échappant ainsi aux taxes. Ou bien<br />

on utilise la combine <strong>de</strong>s droits d'auteurs, imposés jusqu'à <strong>de</strong>rnièrement<br />

à 5 %, taux passé à 10 % voici peu.<br />

Sur ce plan la situation s'est vraiment aggravée <strong>de</strong>puis<br />

2007, alors que l'Etat a besoin <strong>de</strong> toutes ses ressources pour<br />

mo<strong>de</strong>rniser le pays.<br />

"Ce qui se voit, c'est l'aggravation<br />

<strong>de</strong> l'écart entre <strong>les</strong> riches et <strong>les</strong> pauvres"<br />

H.G.: Voit-on enfin émerger une classe moyenne ?<br />

B.H.: Il existe une tendance dans ce sens, mais encore peu<br />

perceptible. Par contre, ce qui se voit c'est l'aggravation <strong>de</strong><br />

l'écart entre <strong>les</strong> riches et <strong>les</strong> pauvres. 10 % <strong>de</strong>s premiers détiennent<br />

90 % <strong>de</strong>s dépôts dans <strong>les</strong> banques. Il n'y a pas <strong>de</strong> cohérence<br />

dans <strong>les</strong> impôts. L'introduction <strong>de</strong> la taxe unique à 16 %<br />

par le gouvernement Tariceanu a favorisé <strong>les</strong> gros revenus et<br />

pénalisé <strong>les</strong> plus mo<strong>de</strong>stes qui n'étaient imposés qu'à 14 %.<br />

L'Etat a ainsi augmenté le nombre <strong>de</strong> Roumains assistés.<br />

Propos recueillis par Henri Gillet<br />

300 000 € <strong>de</strong> dommages et intérêts<br />

à <strong>de</strong>ux dissi<strong>de</strong>nts du régime communiste<br />

Vasile Paraschiv (notre photo) et Vasile Cosma, <strong>de</strong>ux dissi<strong>de</strong>nts sous le régime <strong>de</strong> Nicolae<br />

Ceausescu, obtiendront <strong>de</strong>s dommages et intérêts, à hauteur <strong>de</strong> 300.000 euros chacun,<br />

pour avoir été torturés par <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> la Securitate. Vasile Paraschiv a déjà contesté<br />

cette décision en instance, car il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un million d'euros à l'Etat. Quelques jours auparavant, il<br />

avait déjà fait parler <strong>de</strong> lui en refusant une décoration remise par le prési<strong>de</strong>nt Traian Basescu, argumentant<br />

qu'il était "obligé <strong>de</strong> refuser d'être décoré par un communiste, comme tous ceux qui conduisent<br />

ce pays <strong>de</strong>puis la révolution et contre qui je lutte <strong>de</strong>puis 1968".<br />

21


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

22<br />

SUCEAVA<br />

� BAIA<br />

MARE<br />

�<br />

IASI<br />

� ORADEA TARGU<br />

�<br />

ARAD<br />

�<br />

CLUJ<br />

MURES<br />

�<br />

BACAU<br />

�<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

FAGARAS<br />

SIBIU � �<br />

�<br />

BRASOV GALATI �<br />

� PITESTI<br />

�<br />

TG. JIU<br />

�<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Les chiens errants<br />

sont <strong>de</strong> retour<br />

La question <strong>de</strong>s chiens errants -<br />

maidanezii - est revenue d'actualité,<br />

cité désormais comme le troisième<br />

problème le plus important que <strong>les</strong><br />

gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> roumaines doivent<br />

affronter. Rien qu'à Bucarest, leur<br />

nombre est estimé à plus <strong>de</strong> 40 000<br />

et leur comportement est jugé <strong>de</strong>s<br />

plus agressif.<br />

En 2001, lorsqu'il était maire <strong>de</strong> la<br />

capitale, Traian Basescu avait entrepris<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> faire euthanasier en<br />

masse, s'attirant <strong>les</strong> foudres ainsi<br />

qu'un voyage sur place <strong>de</strong> Brigitte<br />

Bardot, laquelle avait reçu le soutien<br />

du Le Pen local, Vadim Tudor.<br />

Depuis cette époque, aucune mairie<br />

n'a donné <strong>de</strong> fonds pour que ces<br />

animaux soient stérilisés, après qu'un<br />

consensus ait été trouvé pour utiliser<br />

cette métho<strong>de</strong>. Au rythme <strong>de</strong> plusieurs<br />

milliers <strong>de</strong> naissances par an,<br />

mais aussi <strong>de</strong>s abandons, pourtant<br />

punis par la loi, ils ont reconquis <strong>les</strong><br />

rues <strong>de</strong> la capitale, interdisant<br />

presque certains quartiers à la libre<br />

circulation.<br />

En six années, <strong>les</strong> associations <strong>de</strong><br />

défense <strong>de</strong>s animaux qui s'étaient<br />

engagées à procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s campagnes<br />

<strong>de</strong> stérilisation, n'ont réussi à<br />

en traiter que 500, faute <strong>de</strong> financement.<br />

Une loi adoptée par le Sénat<br />

voici un an, définissant le cadre <strong>de</strong><br />

leur intervention et qui interdit d'euthanasier<br />

tous <strong>les</strong> animaux domestiques,<br />

sauf avec l'accord du vétérinaire,<br />

est en discussion <strong>de</strong>puis à la<br />

Chambre <strong>de</strong>s députés, sans qu'aucune<br />

raison ne soit avancée pour expliquer<br />

ce blocage. A Bucarest, plus <strong>de</strong><br />

6000 personnes ont été mordues en<br />

2007.<br />

�<br />

Société<br />

Evénements Treize mineurs tués par<br />

<strong>de</strong>ux coups <strong>de</strong> grisou<br />

successifs dans la vallée <strong>de</strong> Jiu<br />

Treize mineurs ont été tués le samedi 15 novembre et une dizaine b<strong>les</strong>sés par<br />

<strong>de</strong>ux coups <strong>de</strong> grisou survenus à quatre heures d'intervalle dans la mine <strong>de</strong><br />

Petrila, dans la vallée du Jiu (sud-ouest), l'un <strong>de</strong>s pires acci<strong>de</strong>nts miniers<br />

enregistrés en Roumanie, ont annoncé <strong>les</strong> autorités.<br />

Huit mineurs avaient trouvé la mort et huit avaient été b<strong>les</strong>sés lors d'une première<br />

explosion intervenue en milieu d'après-midi. Une <strong>de</strong>uxième explosion s'est produite<br />

dans la soirée, tuant trois <strong>de</strong>s secouristes (eux aussi mineurs) <strong>de</strong>scendus dans la<br />

mine pour tenter <strong>de</strong> récupérer <strong>les</strong> corps <strong>de</strong>s premières victimes. Un <strong>de</strong>rnier mineur et<br />

un quatrième membre <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> sauvetage sont décédés <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong> leurs b<strong>les</strong>sures,<br />

portant le bilan à treize morts.<br />

Aussitôt après la <strong>de</strong>uxième explosion,<br />

<strong>les</strong> équipes <strong>de</strong> secouristes ont reçu l'ordre<br />

<strong>de</strong> remonter à la surface. Les mineurs<br />

b<strong>les</strong>sés ont été transportés à l'hôpital <strong>de</strong><br />

Hunedoara. Six souffraient <strong>de</strong> brûlures<br />

graves et ont subi <strong>de</strong>s interventions chirurgica<strong>les</strong>.<br />

L'explosion s'est produite à<br />

une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 950 mètres, en raison<br />

d'une accumulation <strong>de</strong> méthane. De nombreuses<br />

ambulances ont été dépêchées sur place et <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> secouristes sont <strong>de</strong>scendues<br />

dans <strong>les</strong> puits pour vérifier si d'autres mineurs étaient encore bloqués au fond<br />

<strong>de</strong> cette mine <strong>de</strong> houille, l'une <strong>de</strong>s plus profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Roumanie.<br />

Des proches <strong>de</strong>s mineurs s'étaient rassemblés à la sortie <strong>de</strong> la mine, mécontents <strong>de</strong><br />

l'absence d'informations sur le nombre exact <strong>de</strong> victimes. Selon un mineur ayant parlé<br />

sous couvert d'anonymat, le taux <strong>de</strong> concentration du méthane dans la mine aurait été<br />

dépassé dès le lundi, mais lui-même et ses camara<strong>de</strong>s avaient continué à travailler.<br />

Une enquête a été ouverte pour déterminer si <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> <strong>de</strong> la mine ont été coupab<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> "négligence".<br />

Les conditions <strong>de</strong> travail dans cette mine, parmi <strong>les</strong> plus anciennes du pays, sont<br />

particulièrement diffici<strong>les</strong>, <strong>les</strong> syndicats réclamant régulièrement davantage d'investissements<br />

pour améliorer la sécurité.<br />

11 000 mineurs contre 46 000 en 1990<br />

"Les autorités doivent comprendre<br />

que l'on ne peut plus travailler<br />

à la pelle, il faut mo<strong>de</strong>rniser<br />

<strong>les</strong> équipements", a déclaré un<br />

responsable syndical, Zoltan<br />

Lakatos. Depuis 1990, plusieurs<br />

explosions ont eu lieu dans cette<br />

région minière. La plus grave, à<br />

Vulcan, en août 2001, avait tué 14<br />

personnes. En janvier 2006, sept<br />

mineurs avaient été tués et cinq<br />

b<strong>les</strong>sés lors d'une explosion dans la mine d'Anina, située dans la même zone.<br />

Première région minière <strong>de</strong> Roumanie, la vallée du Jiu ne compte plus que 11 000<br />

mineurs, contre 46 000 en 1990, après la fermeture <strong>de</strong> plusieurs mines non rentab<strong>les</strong>,<br />

dans le cadre d'un programme financé par la Banque Mondiale.<br />

Le gouvernement doit déci<strong>de</strong>r dans <strong>les</strong> prochaines années si la Roumanie continue<br />

à investir pour maintenir en vie le secteur minier, <strong>de</strong> moins en moins rentable, ou<br />

si elle privilégie d'autres sources d'énergie.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Evénements<br />

Le tribunal d'instance <strong>de</strong> Paris a attribué à Simone<br />

Baulez, une brocanteuse-débarasseuse, la propriété<br />

<strong>de</strong> plusieurs dizaines <strong>de</strong> manuscrits<br />

inédits d'Emil Cioran (né le 8 avril 1911 à Rasinari<br />

près <strong>de</strong> Sibiu, mort le 20 juin 1995 à Paris),que lui<br />

disputait la Bibliothèque Jacques Doucet. La décision<br />

est susceptible d'appel.<br />

La première soutient avoir découvert par<br />

hasard ces précieux documents - plusieurs versions<br />

<strong>de</strong> De l'inconvénient d'être né, d'Aveux et<br />

anathèmes, ainsi que <strong>les</strong> carnets non publiés <strong>de</strong><br />

Cioran à partir <strong>de</strong> 1972 - en vidant l'appartement<br />

occupé par la compagne du grand philosophe roumain,<br />

fixé en France, Simone Boué, après sa disparition en<br />

1997. Celle-ci s'était engagée à léguer à la bibliothèque<br />

Jacques-Doucet, dépendant <strong>de</strong> la chancellerie <strong>de</strong> l'université<br />

"tous <strong>les</strong> manuscrits <strong>de</strong> Cioran, en français comme en roumain,<br />

ayant fait l'objet d'une édition ou inédits", mais cette<br />

donation n'avait pas été faite dans <strong>les</strong> règ<strong>les</strong>.<br />

Dès l'annonce du décès <strong>de</strong> Simone Boué, Yves Péré, le<br />

directeur <strong>de</strong> la Bibliothèque avait fait minutieusement fouillé<br />

Empereur au bilan controversé<br />

en France, Napoléon III<br />

(1808-1873) est célébré en<br />

tant que "père fondateur" <strong>de</strong> la Roumanie<br />

dans le cadre d'une exposition accueillie<br />

jusqu'en février au Musée national d'art<br />

<strong>de</strong> Bucarest, à l'occasion du bicentenaire<br />

<strong>de</strong> sa naissance. Réunissant quelque 200<br />

oeuvres d'art, documents et photographies<br />

rares provenant <strong>de</strong> 39 musées et<br />

institutions <strong>de</strong> Roumanie et <strong>de</strong> France,<br />

l'exposition "Napoléon III et <strong>les</strong><br />

Principautés roumaines" retrace le rôle<br />

"provi<strong>de</strong>ntiel" joué par l'empereur, neveu<br />

<strong>de</strong> Napoléon 1er, dans l'union <strong>de</strong> la<br />

Moldavie avec la Valachie, en 1859, mais<br />

aussi <strong>les</strong> étroits liens culturels tissés entre<br />

<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.<br />

Cette exposition montre combien<br />

l'évolution politique vers un Etat indé-<br />

Société<br />

Bataille juridique à Paris pour la propriété<br />

<strong>de</strong> dizaines <strong>de</strong> manuscrits inédits d'Emil Cioran<br />

pendant roumain s'est accompagnée<br />

d'échanges artistiques très forts avec la<br />

France. A travers <strong>de</strong>s lettres et <strong>de</strong>s pétitions<br />

adressées à Napoléon III, le visiteur<br />

découvre également à quel point la<br />

France a représenté un espoir et un modèle<br />

pour <strong>les</strong> hommes politiques roumains<br />

<strong>de</strong> l'époque.<br />

"Sans Napoléon III la Roumanie<br />

n'existerait peut-être pas", résume l'historien<br />

roumain Lucian Boia, auteur d'un<br />

ouvrage intitule Napoléon III le malaimé,<br />

publié en France en 2008.<br />

"L'empereur a été un défenseur du<br />

principe <strong>de</strong>s nationalités, plus que toute<br />

autre personnalité <strong>de</strong> son époque. Il a<br />

aidé à unifier l'Italie, contribué à l'unification<br />

<strong>de</strong> l'Allemagne et souhaité ai<strong>de</strong>r la<br />

Pologne, mais le projet qui lui a réussi à<br />

100% a été l'union <strong>de</strong>s Principautés roumaines",<br />

a-t-il expliqué.<br />

"Qu'est-ce qu'a fait Victor<br />

Hugo pour <strong>les</strong> Roumains ?"<br />

L'exposition, qui sera présentée à<br />

Compiègne en mars, évoque la mobilisation<br />

<strong>de</strong>s intellectuels français en faveur<br />

<strong>les</strong> lieux pendant trois jours, pour récupérer <strong>les</strong> précieux<br />

manuscrits. En vain. Le nettoyage <strong>de</strong> l'appartement avait alors<br />

été confié à Simone Baulez, laquelle récupèra un<br />

buste <strong>de</strong> l'écrivain, une cruche où il est écrit<br />

"Cioran et Simone" et, surtout, une trentaine <strong>de</strong><br />

cahiers à spirale. Un véritable trésor que la brocanteuse<br />

a voulu vendre en décembre 2005, à<br />

l'Hôtel Drouot.<br />

La justice s'y était opposée à <strong>de</strong>rnière minute<br />

à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la chancellerie <strong>de</strong> l'université,<br />

alerté par l'éditeur <strong>de</strong> Cioran qui avait lu le catalogue<br />

<strong>de</strong>s ventes. Les enchères avaient été interrompues<br />

alors que le lot avait déjà atteint la<br />

somme <strong>de</strong> 150 000 €. Aujourd'hui, il est estimé à plus d'un<br />

million d'euros ! Le ministère public avait appuyé la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la chancellerie <strong>de</strong> l'université, malgré "<strong>les</strong> irrégularités" <strong>de</strong><br />

la donation, estimant que <strong>les</strong> cahiers <strong>de</strong> Cioran "sont restés<br />

dans le domaine public et sont inaliénab<strong>les</strong>". Par la voix <strong>de</strong><br />

son ministre <strong>de</strong> la culture, la Roumanie, dont le philosophe a<br />

toujours gardé la nationalité, bien qu'écrivant ses œuvres en<br />

français, a décidé <strong>de</strong> se porter acquéreur <strong>de</strong> ces inédits.<br />

Le bicentenaire <strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong> l'empereur célébré à Bucarest<br />

Napoléon III, "père fondateur" <strong>de</strong> la Roumanie…<br />

<strong>de</strong>s Roumains, la francophilie <strong>de</strong>s premiers<br />

dirigeants <strong>de</strong>s Principautés unies<br />

dont Alexandru Ioan Cuza, ou <strong>les</strong> rapports<br />

artistiques entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux pays.<br />

La participation <strong>de</strong>s Principautés<br />

unies à l'exposition universelle <strong>de</strong> 1867 à<br />

Paris, qui représenta une étape décisive<br />

pour leur reconnaissance sur la scène<br />

internationale, est amplement présentée.<br />

Le bicentenaire <strong>de</strong> Napoléon III a été<br />

également marqué en Roumanie par la<br />

Fondation historique FIRO, à l'origine <strong>de</strong><br />

l'érection en 1998 au centre <strong>de</strong> Bucarest<br />

d'un buste du souverain. Selon sa co-fondatrice,<br />

Mme Mandana <strong>de</strong> Batten, qui se<br />

rappelle avoir été "choquée <strong>de</strong> la mauvaise<br />

connaissance" du rôle joué par la<br />

France dans la naissance <strong>de</strong> l'Etat indépendant<br />

roumain, "l'important est d'entretenir<br />

le souvenir" <strong>de</strong> l'empereur dans la<br />

mémoire <strong>de</strong>s Roumains.<br />

Elle regrette qu'il fut "mal compris"<br />

par <strong>les</strong> Français, "son ennemi juré Victor<br />

Hugo allant jusqu'à le traiter <strong>de</strong><br />

"Napoléon le Petit". Mais, après tout, ditelle,<br />

"si on sait quel est l'héritage <strong>de</strong> l'empereur,<br />

on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce que Victor<br />

Hugo a fait pour <strong>les</strong> Roumains".<br />

23


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

24<br />

Oas<br />

ORADEA<br />

IASI<br />

�<br />

TARGU<br />

�<br />

CLUJ � MURES<br />

ARAD<br />

�<br />

HUNEDOARA<br />

� ROMAN<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

�<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

�<br />

GALATI �<br />

�<br />

RESITA<br />

BRAILA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

SUCEAVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

� GIURGIU<br />

CONSTANTA<br />

Un jeune mala<strong>de</strong><br />

incurable <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

le droit <strong>de</strong> mourir<br />

Un jeune homme <strong>de</strong> 29 ans, originaire<br />

<strong>de</strong> Constanta, et atteint d'une<br />

cirrhose hépatique en phase terminale,<br />

a écrit une lettre au prési<strong>de</strong>nt<br />

Traian Basescu dans laquelle il<br />

<strong>de</strong>mandait le droit à mourir, et que<br />

l'on procè<strong>de</strong> à l'euthanasie.<br />

Incapable <strong>de</strong> se déplacer, il affirmait<br />

également dans cette lettre ne<br />

plus supporter la souffrance, et ne<br />

plus vouloir être un far<strong>de</strong>au pour ses<br />

amis. Finalement, il est décédé peu<br />

après l'envoi <strong>de</strong> sa missive, à laquelle<br />

le prési<strong>de</strong>nt n'entendait pas donner<br />

suite, ne voulant pas ouvrir le débat<br />

sur l'euthanasie, interdite en<br />

Roumanie, et à laquelle s'oppose<br />

l'Eglise orthodoxe.<br />

Premières amen<strong>de</strong>s<br />

pour cruauté envers<br />

<strong>les</strong> cochons <strong>de</strong> Noël<br />

Trois villageois du ju<strong>de</strong>t d'Arad ont<br />

été <strong>les</strong> premiers Roumains à être<br />

sanctionnés pour ne pas avoir respecté<br />

la nouvelle législation imposée<br />

par Bruxel<strong>les</strong> et exigeant que <strong>les</strong> animaux<br />

<strong>de</strong>stinés à la consommation<br />

soient abattus dans <strong>de</strong>s conditions<br />

décentes, avec l'utilisation d'un pistolet<br />

spécial provoquant <strong>de</strong>s décharges<br />

électriques.<br />

A l'occasion <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> Noël et<br />

<strong>de</strong> la Saint Ignat, <strong>les</strong> trois compères<br />

avaient assommé à coup <strong>de</strong> marteau<br />

leurs cochons <strong>de</strong>stinés aux agapes<br />

<strong>de</strong> fin d'année, avant <strong>de</strong> <strong>les</strong> saigner.<br />

Leurs amen<strong>de</strong>s respectives peuvent<br />

s'élever jusqu'à 2500 €. Seulement<br />

un tiers <strong>de</strong>s communes du ju<strong>de</strong>t ont<br />

chargé un contrôleur <strong>de</strong> veiller au<br />

respect <strong>de</strong> cette réglementation.<br />

�<br />

Evénements<br />

Société<br />

Merce<strong>de</strong>s, 4 x 4, villas<br />

Ici, on se croirait à Malibu. D'ailleurs c'est le nom donné à Negresti, l'une <strong>de</strong>s<br />

quatre-cinq communes <strong>de</strong> la vallée d'Oas, avec Certeze, Bixad, Moiseni,<br />

Boinesti, sur le versant occi<strong>de</strong>ntal <strong>de</strong>s monts Ignusului, proches <strong>de</strong> la frontière<br />

du ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong> Satu Mare avec le Maramures, dans l'extrême nord ouest du pays.<br />

Habitué à la Roumanie, ses contrastes entre mo<strong>de</strong>rnité et pauvreté, le visiteur se<br />

frotte <strong>les</strong> yeux: tout est propre, net. On s'imagine dans un décor <strong>de</strong> Walt Disney ou sur<br />

<strong>les</strong> bords d'un lac suisse. Chaque chemin, pavé, goudronné, mène à <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong><br />

villas luxueuses, agrémentées <strong>de</strong> massifs fleuris. Ces petits palais, aménagés à l'occi<strong>de</strong>ntale,<br />

n'ont rien à voir avec <strong>les</strong> constructions tsiganes kitch que l'on rencontre à travers<br />

le pays. D'ailleurs ici, la population est roumaine <strong>de</strong> souche.<br />

Les villages se succè<strong>de</strong>nt<br />

avec leurs immeub<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

standing, leurs commerces<br />

bien achalandés, leurs rues<br />

propettes, leurs cimetières et<br />

monuments en marbre. Dans<br />

<strong>les</strong> parkings, pratiquement<br />

pas <strong>de</strong> traces <strong>de</strong> Dacia, mais<br />

<strong>de</strong>s Merce<strong>de</strong>s et BMW, souvent<br />

immatriculées en Italie<br />

ou dans la région parisienne.<br />

Parfois même, ce que l'on ne<br />

rencontre qu'à Bucarest, <strong>de</strong>s<br />

Ferrari et Lamborghini.<br />

Abasourdi <strong>de</strong>vant cette richesse exubérante que l'on ne trouve nulle part ailleurs en<br />

Roumanie, l'étranger se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> s'il n'hallucine pas, remarquant quand même qu'il ne<br />

croise guère dans <strong>les</strong> rues que <strong>de</strong>s personnes âgées et <strong>de</strong>s enfants.<br />

Une coiffe <strong>de</strong> mariée peut coûter jusqu'à 5000 €<br />

La vallée d'Oas serait un mystère si elle n'avait pas une histoire. Avant <strong>les</strong> années<br />

80, rien ne la distinguait vraiment du Maramures voisin et <strong>de</strong> ses petites maisons en<br />

bois. Certes, dans cette région pauvre en ressources en <strong>de</strong>hors du bois, <strong>les</strong> habitants<br />

avaient l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> s'exiler temporairement. Pour creuser le canal du Danube à la<br />

Mer Noire, faire <strong>les</strong> récoltes dans le Banat, construire <strong>les</strong> bateaux à Constantsa,<br />

repeindre tous <strong>les</strong> trois ans <strong>les</strong> poteaux téléphoniques à travers le pays ou <strong>les</strong> blocs <strong>de</strong><br />

Bucarest et, ainsi amasser un pécule. Rien ne <strong>les</strong> retenait trop dans leur région, d'autant<br />

plus que le féroce régime <strong>de</strong> Gheorghiu Dej ne leur permettait pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir propriétaire<br />

<strong>de</strong> leur lopin <strong>de</strong> terre et d'y faire bâtir leur maison. Les choses ont commencé<br />

à changer avec Ceausescu qui <strong>les</strong> autorisa à faire construire, apporta <strong>les</strong> routes et<br />

l'électricité, tout en conservant à l'Etat la propriété <strong>de</strong>s terrains.<br />

C'est là que le tempérament <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> la vallée put s'exprimer, avec cette<br />

dominante: paraître. Une spécificité qui s'exprime par <strong>les</strong> costumes très colorés, <strong>les</strong><br />

rythmes musicaux beaucoup plus rapi<strong>de</strong>s qu'ailleurs, la voix aiguë <strong>de</strong>s femmes. Le<br />

jour <strong>de</strong>s noces, tous <strong>les</strong> regards sont tournés vers la coiffe <strong>de</strong> la mariée. Aujourd'hui,<br />

elle peut coûter jusqu'à 5000 €, et lors du banquet, chaque convive mettra un point<br />

d'honneur à donner plus que son voisin, lors <strong>de</strong> la collecte pour le jeune couple. Bien<br />

sûr, au vu et au su <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong>.<br />

GPS… même si on n'a pas <strong>de</strong> voiture<br />

A Oas,<br />

Cet esprit <strong>de</strong> compétition a pu se révéler au grand jour dans <strong>les</strong> années 90, après<br />

la chute <strong>de</strong> la dictature, poussant chacun à possé<strong>de</strong>r la plus belle maison, la plus grosse<br />

voiture.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE Société<br />

somptueuses…Ici, tout le mon<strong>de</strong> veut avoir plus que son voisin<br />

la vallée d'Ali Baba<br />

Souvent ces <strong>de</strong>meures donnent l'illusion d'être occupées mais, en <strong>de</strong>hors<br />

<strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>aux, el<strong>les</strong> sont vi<strong>de</strong>s à l'intérieur, leurs propriétaires vivant dans une<br />

petite cahute <strong>de</strong>rrière. Ou alors, un seul niveau est habité, meublé richement…<br />

mais on n'y trouvera pas la trace d'un livre ou d'un objet d'art. Et parfois,<br />

même pas <strong>de</strong> toilettes! Ce qui compte, c'est <strong>de</strong> montrer qu'on est plus<br />

riche que l'autre, avec le "tape à l'œil" garanti en prime. Ici, on raconte cette<br />

anecdote, véridique, d'un habitant ulcéré <strong>de</strong> voir un proche paradé avec son 4<br />

x 4 équipé d'un GPS qu'il venait d'acquérir, se rendant au magasin où il l'avait<br />

acheté et en commandant <strong>de</strong>ux… bien qu'il n'ait pas son permis <strong>de</strong> conduire.<br />

Destination France et mafias<br />

Tout a donc dérapé après la "Révolution". Les habitants <strong>de</strong> la vallée se sont<br />

précipités à l'étranger. Jeunes, parents, grands parents ont pris le chemin <strong>de</strong> la<br />

France, principalement, mais aussi, plus récemment, <strong>de</strong> l'Italie et <strong>de</strong> l'Espagne.<br />

Ils y ont travaillé dur, s'entassant à cinq ou six dans une pièce pour économiser<br />

le plus possible et rapatrier au maximum leurs gains. Les villages se sont<br />

désertifiés pour se réveiller subitement pendant quelques semaines, l'été, au<br />

retour <strong>de</strong>s exilés. Quelle fierté <strong>de</strong> revenir au pays au volant d'une Merce<strong>de</strong>s à<br />

50 000 €, immatriculée en 92 ou 93, et d'y faire un "chef monstru" (une fête<br />

monstre), invitant tout le voisinage pour bien montrer qu'on a réussi !<br />

Mais cette réussite a pris souvent <strong>de</strong>s voies obscures. La vallée d'Oas n'a<br />

pas échappé à la criminalisation <strong>de</strong> l'émigration. On considère qu'elle est le<br />

<strong>de</strong>uxième lieu où prospèrent <strong>les</strong> mafias en Roumanie. Après Borsa, à l'autre bout du Mamures, appelée "le petit Milan", car 15 000<br />

<strong>de</strong> ses 25 000 habitants y vivent, et juste <strong>de</strong>vant la voisine Sighet.<br />

Avec cynisme, <strong>les</strong> mafieux <strong>de</strong> la vallée se considèrent comme <strong>de</strong>s "aristocrates"<br />

car ils se limitent au trafic <strong>de</strong> drogue, <strong>de</strong> cigarettes, <strong>de</strong> faux papiers, à la<br />

prostitution et, <strong>de</strong>puis l'entrée dans l'UE, au passage clan<strong>de</strong>stin <strong>de</strong>s Ukrainiens<br />

vers <strong>les</strong> "paradis occi<strong>de</strong>ntaux". Rien à voir avec <strong>les</strong> "voyous" <strong>de</strong> Sighet qui se<br />

livrent au trafic d'enfants, envoyés mendier, voler ou se prostituer en France; un<br />

trafic qui tourne autour d'une famille d'une vingtaine <strong>de</strong> personnes, i<strong>de</strong>ntifiées,<br />

mais sachant "arroser" la police pour qu'elle ferme <strong>les</strong> yeux. L'envoi <strong>de</strong> missions<br />

françaises successives pour y mettre bon ordre n'y a rien fait.<br />

Maison <strong>de</strong> cinq étages pour un célibataire<br />

Il serait injuste <strong>de</strong> réduire la richesse <strong>de</strong> la vallée à ces seu<strong>les</strong> pratiques. Ses enfant exilés ont travaillé très dur pour bâtir leur<br />

fortune, créant <strong>de</strong>s entreprises, souvent dans le bâtiment, en Espagne, Italie, y faisant venir leurs compatriotes. Mais l'atavisme <strong>de</strong><br />

la vallée prend toujours le <strong>de</strong>ssus. Viorel, 35 ans, établi <strong>de</strong>puis douze ans à Barcelone, aujourd'hui chef d'une entreprise prospère,<br />

a fait construire à Negresti une maison <strong>de</strong> cinq étages. Il est célibataire et ne passe que 3 semaines par an dans sa commune nata-<br />

La folie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs du maire <strong>de</strong> Bucarest<br />

Sorin Oprescu, le nouveau maire <strong>de</strong> la capitale, a décidé d'impressionner <strong>les</strong> Bucarestois<br />

pour la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fêtes. Dès début décembre la capitale a revêtu ses couleurs <strong>de</strong> Noël<br />

(rouge et or cette année) avec l'éclairage d'un <strong>de</strong>mi million <strong>de</strong> DEL (dio<strong>de</strong>s électroluminescentes)<br />

sur <strong>les</strong> grands boulevards. 240 cabanes en bois, la majorité sur le boulevard Unirii mais<br />

aussi dans plusieurs autres quartiers, ont été construites pour accueillir <strong>les</strong> marchés <strong>de</strong> Noël. A côté<br />

<strong>de</strong> la traditionnelle patinoire <strong>de</strong> Piata Unirii, <strong>les</strong> enfants ont pu monter sur <strong>de</strong>s traîneaux tirés par <strong>de</strong><br />

vrais rênes. La folie <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs du maire ne s'est arrêtée pas là. Ainsi, le 21 décembre, 4.000 pères<br />

Noël ont été lâchés dans <strong>les</strong> rues <strong>de</strong> la capitale. Le 27 décembre, le maire a fait préparér la plus gran<strong>de</strong><br />

saucisse du mon<strong>de</strong> (392 m), et le len<strong>de</strong>main, la plus grosse tarte jamais cuisinée.<br />

Il est également dans ses projets <strong>de</strong> faire construire <strong>de</strong>ux fontaines musica<strong>les</strong> dans la capitale, qui<br />

changeront <strong>de</strong> couleurs en fonction <strong>de</strong>s mélodies, pour la bagatelle <strong>de</strong> 9 millions d’euros.<br />

25


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

26<br />

�<br />

� ARAD<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

SATU<br />

MARE<br />

GYULA ORADEA<br />

�<br />

�<br />

CLUJ �<br />

�<br />

SIBIU<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

TARGU<br />

MURES<br />

�<br />

PLOIESTI<br />

PITESTI �<br />

�<br />

IASI �<br />

BACAU<br />

GALATI �<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

CONSTANTA<br />

BUCAREST<br />

�<br />

�<br />

OLTENITA � MANGALIA �<br />

�<br />

TULVCEA<br />

Disparition du comédien<br />

Stefan Iordache<br />

Décédé le 14 septembre <strong>de</strong>rnier<br />

dans une clinique privée <strong>de</strong> Vienne,<br />

à la suite d'une leucémie, Stefan<br />

Iordache, 67 ans, était l'un <strong>de</strong>s comédiens<br />

le plus aimé <strong>de</strong>s Roumains. Il<br />

avait été présent sur <strong>les</strong> scènes <strong>de</strong>s<br />

meilleurs théâtres roumains pendant<br />

49 ans, interprétant <strong>de</strong>s grands rô<strong>les</strong><br />

comme Hamlet, Richard III, mais<br />

avait aussi tourné <strong>de</strong> nombreux films<br />

pour le grand et petit écran.<br />

Issu d'une famille mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong><br />

Calafat, sur le Danube, près <strong>de</strong><br />

Craiova, l'acteur avait été poussé par<br />

ses parents à faire <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. Se<br />

montrant doué pour <strong>les</strong> sciences et<br />

<strong>les</strong> mathématiques, le jeune homme<br />

avait choisi initialement la carrière<br />

médicale, mais avait échoué à l'examen<br />

d'admission à la faculté, s'orientant<br />

alors vers celle d'acteur. Recruté<br />

par la briga<strong>de</strong> artistique d'une coopérative,<br />

il avait réussi, en 1959, à entrer<br />

<strong>de</strong> justesse dans la filière <strong>de</strong> formation<br />

<strong>de</strong>s comédiens, entamant cependant<br />

une carrière dont le succès ira<br />

crescendo. Stefan Iordache avait joué<br />

pour la <strong>de</strong>rnière fois sur <strong>les</strong> planches<br />

du théâtre national <strong>de</strong> Bucarest, seulement<br />

quelques mois avant sa disparition.<br />

Il interprétait le prince<br />

Potemkine, dans la pièce <strong>de</strong> George<br />

Bernard Shaw, La Gran<strong>de</strong> Catherine.<br />

�<br />

Carnet<br />

Société<br />

Dina Cocea est décédée le 28 octobre<br />

<strong>de</strong>rnier, à la veille <strong>de</strong> ses 96 ans, à<br />

l'hôpital Florerasca <strong>de</strong> Bucarest. Celle<br />

qui fut une <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s et plus bel<strong>les</strong> comédiennes<br />

<strong>de</strong> la scène roumaine, restait toujours très<br />

présente dans le cœur <strong>de</strong> ses concitoyens. Malgré<br />

l'âge, sa curiosité d'esprit et son appétit <strong>de</strong> vivre<br />

n'avaient pas varié et, retirée dans son logement<br />

<strong>de</strong> la rue Tudor Arghezi, proche du Théâtre national,<br />

elle suivait avec un intérêt amusé un autre<br />

spectacle, celui <strong>de</strong>s hommes politiques et <strong>de</strong> leurs<br />

joutes, s'intéressant à tout ce qui se passe dans le<br />

mon<strong>de</strong>. Elle était d'ailleurs une lectrice fidèle <strong>de</strong>s<br />

"Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie" auxquel<strong>les</strong> elle était abonnée.<br />

Dina Cocea avait joué dans une dizaine <strong>de</strong> longs métrages mais surtout dans plus<br />

<strong>de</strong> cent pièces. Considérée comme la reine du théâtre en Roumanie, elle avait fait ses<br />

débuts sur <strong>les</strong> planches à Paris en 1934, après y avoir fait ses étu<strong>de</strong>s d'actrice. La poétesse<br />

Paula Romanescu qui la connaissait bien, avait dressé son portrait dans nos<br />

colonnes, à la veille <strong>de</strong> son 92ème anniversaire, en 2004.<br />

Soubrette ou princesse<br />

"Tout au long <strong>de</strong> sa carrière, l'artiste a interprété <strong>les</strong> personnages <strong>les</strong> plus différents:<br />

soubrette, ou reine, femme <strong>de</strong> voïvo<strong>de</strong>… <strong>les</strong> plus marquantes <strong>de</strong> ses interprétations<br />

étant le rôle d'Elisabeth dans Marie Stuart, celui <strong>de</strong> la dame <strong>de</strong> Jérémie, personnage<br />

odieux et fascinant <strong>de</strong> la pièce portant le même nom <strong>de</strong> Nicolae Iorga. La<br />

gran<strong>de</strong> beauté <strong>de</strong> la comédienne la faisait parfois rager, comme lorsqu'on lui confia le<br />

rôle <strong>de</strong> la coquette Vanda dans Les Péronnel<strong>les</strong> d'Al Kiritescu… Un rôle qu'elle a haï<br />

car il lui faisait trop ressentir sa condition féminine, <strong>les</strong> metteurs en scène jugeant<br />

qu'une jeune et très belle actrice, rentrée <strong>de</strong> surcroît <strong>de</strong>puis peu <strong>de</strong> Paris, ne pouvait<br />

interpréter que <strong>de</strong>s frou-frous. Elle dut se battre pour décrocher <strong>de</strong>s rô<strong>les</strong> épais, à la<br />

hauteur <strong>de</strong> son talent.<br />

D'ailleurs Dina Cocea ne se limita pas à monter sur <strong>les</strong> planches. Professeur d'art<br />

dramatique, elle forma <strong>de</strong> nombreux futurs comédiens. Directrice <strong>de</strong> la compagnie<br />

"Teatrul nostru", dans <strong>les</strong> années quarante, alors qu'elle avait tout juste 30 ans, elle la<br />

mit au service <strong>de</strong> sa passion, le théâtre. Quand l'actrice n'était pas sur scène, elle se<br />

trouvait le plus souvent <strong>de</strong>rrière son bureau à écrire <strong>de</strong>s pièces ou à en traduire.<br />

La carrière <strong>de</strong> Dina Cocea a été marquée par un amour <strong>de</strong> la vie et un optimisme<br />

qui ne se dément pas aujourd'hui. La gran<strong>de</strong> dame reconnaît volontiers que l'amour<br />

<strong>de</strong>s autres, la chance, le bonheur ont toujours été ses compagnons. A commencer par<br />

une enfance exceptionnelle passée pour une bonne part aux côtés <strong>de</strong> son grand-père<br />

maternel, Constantin Mille, journaliste réputé et homme <strong>de</strong> culture, dont elle hérita la<br />

rigueur, le sens <strong>de</strong> la discipline, la suite dans <strong>les</strong> idées. Son père, N.D. Cocea, autre<br />

journaliste célèbre <strong>de</strong> la première moitié du XXème siècle, dramaturge et pamphlétaire<br />

redouté, auteur du célèbre roman Le vin <strong>de</strong> longue vie, lui apporta la fantaisie, la<br />

bonhomie, le sens <strong>de</strong> la générosité et lui apprit à mordre dans la vie à pleines <strong>de</strong>nts.<br />

Tantzi, la prodigieuse sœur<br />

Considérée comme la reine du théâtre<br />

Dina Cocea,<br />

Dina Cocea imprègne d'autant plus la mémoire <strong>de</strong>s Roumains que sa sœur, Tantzi<br />

Cocea, d'une beauté à faire rêver, fut également une comédienne au talent immense,<br />

interprétant <strong>de</strong>s rô<strong>les</strong> prestigieux dans Crime et châtiment, Les frères Karamasov<br />

<strong>de</strong> Dostoïevski, Le mari idéal d'Oscar Wil<strong>de</strong>, Le <strong>de</strong>uil sied à Electre d'Eugène<br />

O'Neill, Les joyeuses commères <strong>de</strong> Windsor, Hamlet, Macbeth <strong>de</strong> Shakespeare…


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

roumain, la gran<strong>de</strong> actrice est décédée à l'âge <strong>de</strong> 96 ans<br />

la vie comme un spectacle<br />

Aux yeux du public roumain, le souvenir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sœurs est indissociable. Enfants et<br />

ado<strong>les</strong>centes, elle avaient eu la chance <strong>de</strong> côtoyer <strong>les</strong> plus gran<strong>de</strong>s personnalités littéraires,<br />

artistiques et politiques <strong>de</strong> l'époque, dont leur gran<strong>de</strong> tante, Alice Cocea qui brilla sur <strong>les</strong><br />

scènes parisiennes, Marioara Ventura, sociétaire <strong>de</strong> la Comédie française, Lucia Sturza-<br />

Bulandra, princesse qui fit du théâtre sa religion, fonda une troupe, et dont un <strong>de</strong>s plus<br />

grands théâtres <strong>de</strong> Bucarest porte aujourd'hui le nom. Dina Cocea faisait rayonner autour<br />

d'elle son bonheur <strong>de</strong> vivre.<br />

Paula Romanescu<br />

Constantin Ticu Dumitrescu est<br />

décédé le vendredi 5<br />

décembre à l'âge <strong>de</strong> 80 ans, à<br />

l'hôpital Floreasca <strong>de</strong> Bucarest où il était<br />

hospitalisé <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux semaines. Le<br />

grand résistant au régime communiste est<br />

mort seul et oublié. Avec Elizabeta Rizea,<br />

Corneliu Coposu, Cicerone Ionitoiu et<br />

quelques autres jeunes gens courageux, il<br />

faisait partie <strong>de</strong> cette génération qui a<br />

sacrifié sa jeunesse à sa lutte contre le<br />

totalitarisme, avec la conviction ancrée<br />

que la Roumanie retrouverait un jour le<br />

chemin <strong>de</strong> la démocratie. Un idéal qui ne<br />

veut plus dire grand-chose aux nouvel<strong>les</strong><br />

générations.<br />

Ancien détenu politique<br />

harcelé par <strong>les</strong> communistes<br />

Ticu Dumitrescu était né le 27 mai<br />

1928 à Ciumatsi, dans le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong><br />

Prahova. Militant au Parti National<br />

Paysan et étudiant en Droit, il fut arrêté<br />

en 1949 par la Securitate pour "complot<br />

contre le régime". Le pouvoir ne cessera<br />

<strong>de</strong> le harceler, l'envoyant régulièrement<br />

en prison, où il passera 8 années au total,<br />

le contraignant à la rési<strong>de</strong>nce obligatoire,<br />

le condamnant en 1958 à 23 ans <strong>de</strong> travaux<br />

forcés, peine commuée à 6 ans en<br />

1962. Libéré <strong>de</strong>ux ans plus tard, il sera<br />

envoyé comme travailleur sur <strong>de</strong>s chantiers<br />

forestiers en montagne.<br />

Seule la "Révolution" <strong>de</strong> décembre<br />

1989 lui redonnera sa dignité <strong>de</strong> citoyen,<br />

après une vie brisée. Ticu Dumitrescu a<br />

alors près <strong>de</strong> 62 ans, mais le vent <strong>de</strong> la<br />

liberté lui donne une énergie farouche<br />

qu'il emploiera à consoli<strong>de</strong>r <strong>les</strong> premiers<br />

pas <strong>de</strong> la démocratie naissante, redonnant<br />

vie à son vieux parti, <strong>de</strong>venu PNTCD<br />

(Parti National Paysan Chrétien<br />

Démocrate) aux côtés <strong>de</strong> Ion Ratiu,<br />

Corneliu Coposu, Ion Diaconescu, etc.,<br />

<strong>de</strong>venant sénateur <strong>de</strong> 1992 à 2000.<br />

Démasquer la Securitate<br />

partout où elle est<br />

Ticu Dumitrescu se fâchera parfois<br />

avec ses instances dirigeantes qu'il ne<br />

juge pas assez combatives contre la nouvelle<br />

nomenklatura, laquelle gangrène<br />

toujours <strong>les</strong> rouages <strong>de</strong> l'Etat. Il sera<br />

même mis en congé <strong>de</strong> sa formation entre<br />

1998 à 2003, avant d'être réintégré par<br />

son nouveau prési<strong>de</strong>nt l'ancien Premier<br />

ministre, Victor Ciorbea. Mais il déci<strong>de</strong><br />

alors <strong>de</strong> se retirer <strong>de</strong> la vie politique.<br />

Car le vieux résistant a fait désormais<br />

<strong>de</strong> la lutte pour démasquer <strong>les</strong> membres<br />

<strong>de</strong> la Securitate et <strong>de</strong> leurs complices toujours<br />

en place le combat <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rnières<br />

années. Une loi en ce sens portant son<br />

nom a déjà vu le jour. Devenu prési<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong>s anciens détenus politiques au niveau<br />

Société<br />

Disparu à l'âge <strong>de</strong> 80 ans, Ticu Dumitrescu<br />

voulait moraliser la vie publique roumaine<br />

Le vieux lutteur a perdu la partie<br />

<strong>de</strong> la Roumanie, puis international, Ticu<br />

Dumitrescu se bat inlassablement pour<br />

faire adopter une autre loi dite <strong>de</strong> "lustration",<br />

visant à écarter <strong>de</strong>s échelons supérieurs<br />

<strong>de</strong> l'Etat et <strong>de</strong> l'administration <strong>les</strong><br />

nomenklaturistes au passé chargé, et ainsi<br />

moraliser la vie publique. Un défi intenable<br />

car ces <strong>de</strong>rniers sont partout aux<br />

postes clés dans la société roumaine, installés<br />

même aux comman<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s partis<br />

dits "démocratiques", contrairement à ce<br />

qui s'est passé en Allemagne <strong>de</strong> l'Est où la<br />

"déconspiration" <strong>de</strong> la Stasi avait reçu<br />

l'aval <strong>de</strong> l'ensemble du pays.<br />

Ce lutteur infatigable obtient finalement<br />

la création du CNSAS (Conseil<br />

National d'Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s archives <strong>de</strong> la<br />

Securitate), permettant aux Roumains <strong>de</strong><br />

consulter leurs dossiers. Alors que la prési<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong> cet organisme semble lui être<br />

<strong>de</strong>stinée en 2006… coup <strong>de</strong> théâtre, le<br />

prési<strong>de</strong>nt Basescu fait élire Corneliu<br />

Turianu à sa tête, un <strong>de</strong>s fidè<strong>les</strong> <strong>de</strong> son<br />

parti, le PD-L, dont il est assuré qu'il n'ira<br />

pas trop fouiller dans <strong>les</strong> vieux papiers.<br />

Cela vaudra à Basescu, pour la 1ère fois,<br />

d'être hué par <strong>les</strong> employés du CNSAS.<br />

Depuis, cet organisme est inopérant,<br />

vidé encore plus <strong>de</strong> sa substance <strong>de</strong>rnièrement<br />

par le Conseil constitutionnel, à la<br />

gran<strong>de</strong> colère <strong>de</strong> son inspirateur qui<br />

aurait voulu le voir fonctionner avant sa<br />

disparition. Quand à la loi <strong>de</strong> "lustration",<br />

après <strong>de</strong>s années, elle reste toujours<br />

bloquée à la Chambre <strong>de</strong>s députés.<br />

Les larmes <strong>de</strong> crocodile officiel<strong>les</strong><br />

n'ont pas manqué à l'annonce du décès du<br />

vieux lutteur. Sans-doute, dans <strong>les</strong> télégrammes<br />

<strong>de</strong> condoléance, fallait-il lire<br />

entre <strong>les</strong> lignes "Bon débarras" !<br />

27


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

28<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

SATU<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

�<br />

TARGU<br />

ARAD<br />

�<br />

CLUJ � MURES<br />

�<br />

�<br />

SIBIU<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

� SIGHET<br />

�<br />

PLOIESTI<br />

PITESTI �<br />

�<br />

IASI �<br />

�<br />

�<br />

BACAU<br />

�<br />

BUCAREST<br />

VASLUI<br />

GALATI �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

27 ans <strong>de</strong> prison<br />

pour le frau<strong>de</strong>ur<br />

sur Internet<br />

Un tribunal <strong>de</strong> Chicago a condamné<br />

à 27ans <strong>de</strong> prison Adrian Florin<br />

Fechet, la peine la plus importante<br />

jamais prononcée contre un frau<strong>de</strong>ur<br />

sur Internet, pour avoir volé 5 millions<br />

<strong>de</strong> dollars à quelques 2000 acheteurs<br />

sur le site <strong>de</strong> vente aux enchères d'e-<br />

Bay (voir par ailleurs). Ce Roumain<br />

<strong>de</strong> 39 ans était à la tête d'un réseau<br />

<strong>de</strong> 21 frau<strong>de</strong>urs aux USA et plusieurs<br />

autres établis en Roumanie.<br />

En se substituant à e-Bay, il offrait<br />

aux internautes qui n'avaient pas<br />

remporté la première enchère une<br />

secon<strong>de</strong> chance - toujours gagnante -<br />

d'obtenir l'objet désiré… sans bien<br />

sûr le livrer, mais après avoir empoché<br />

leur versement. Les sommes<br />

étaient ensuite transférées et blanchies<br />

en Roumanie. Trois complices<br />

<strong>de</strong> Fechet ont réussi à prendre le<br />

large, <strong>les</strong> autres, à <strong>de</strong>ux exceptions<br />

près, ont été condamnés à <strong>de</strong>s<br />

peines entre 2 et 8 ans <strong>de</strong> prison.<br />

Les exploits d'Interpol<br />

A la suite d'un mandat international<br />

<strong>de</strong> recherche lancé par le tribunal <strong>de</strong><br />

Vaslui contre Benone Burlacu, Interpol<br />

a réussi à le localiser à Reggio di<br />

Calabra, dans le sud <strong>de</strong> l'Italie, puis<br />

l'arrêter en vue <strong>de</strong> son extradition. Le<br />

Roumain <strong>de</strong> 37 ans travaillait comme<br />

maçon dans une petite localité <strong>de</strong> la<br />

région et vivait dans un studio. Ce<br />

dangereux "criminel" était poursuivi<br />

pour une bagarre et avoir dérobé une<br />

tronçonneuse. Nul doute qu'après cet<br />

exploit, Interpol se sentira encouragée<br />

à enquêter avec autant <strong>de</strong> diligence<br />

sur <strong>les</strong> millions d'euros acquis frauduleusement<br />

et transférés à l'étranger<br />

par la nomenklatura roumaine.<br />

�<br />

Faits divers<br />

Société<br />

Les journaux italiens<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt la grâce<br />

d'un hacker <strong>de</strong> génie roumain<br />

Début novembre, un jeune hacker roumain, rebaptisé "le petit génie <strong>de</strong> l'informatique"<br />

a fait <strong>les</strong> gros titres <strong>de</strong> la presse italienne. Emprisonné en<br />

Italie pour frau<strong>de</strong> informatique, Gabriel Bogdan Ionescu (notre photo)<br />

venait d'être admis premier dans l'une <strong>de</strong>s plus prestigieuses universités du pays et l'on<br />

s'est mobilisé pour qu'il soit gracié. Retour sur ce parcours peu banal.<br />

L'histoire <strong>de</strong> Gabriel Bogdan Ionescu a <strong>de</strong>s allures <strong>de</strong> scénario <strong>de</strong> film hollywoodien.<br />

Tout commence au printemps <strong>de</strong>rnier. Le jeune Roumain a 22 ans, un air timi<strong>de</strong>,<br />

mais un cerveau <strong>de</strong> génie. Au lycée, à Craiova, il impressionne ses profs en maths,<br />

physique, et remporte <strong>les</strong> Olympia<strong>de</strong>s. Gabriel Bogdan est aussi un véritable expert en<br />

informatique, l'un <strong>de</strong> ceux qui parviennent à copier <strong>de</strong>s sites ou déchiffrer <strong>de</strong>s mots <strong>de</strong><br />

passe. C'est d'ailleurs ce qu'il va faire, pour un groupe <strong>de</strong> "hackers" auxquels il vend<br />

un programme qui va leur permettre <strong>de</strong> détourner <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong>s comptes <strong>de</strong> la Poste<br />

italienne.<br />

Mais la police italienne retrouve la trace <strong>de</strong> ces pirates informatiques puis celle <strong>de</strong><br />

Gabriel, l'auteur du logiciel voleur. Au printemps, il est arrêté et extradé en Italie, où<br />

il est condamné à trois ans<br />

<strong>de</strong> prison pour frau<strong>de</strong> informatique.<br />

Gabriel Bogdan<br />

Ionescu est <strong>de</strong>puis incarcéré<br />

à Côme, dans le nord <strong>de</strong> la<br />

péninsule italienne. Le parcours<br />

classique d'un hacker<br />

roumain, comme il en existe<br />

<strong>de</strong>s dizaines, tant la<br />

Roumanie est <strong>de</strong>venue un<br />

centre névralgique du piratage<br />

informatique.<br />

Premier à Polytechnique<br />

Mais le "petit génie <strong>de</strong> l'informatique" comme l'a surnommé la presse italienne ne<br />

saurait se satisfaire d'une vie <strong>de</strong> prisonnier. Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et obtient la permission <strong>de</strong> passer<br />

<strong>les</strong> examens d'entrée à l'Université Polytechnique <strong>de</strong> Milan. Permission accordée.<br />

Sous escorte policière, il se rend aux tests. Qu'il termine en une heure et vingt petites<br />

minutes seulement. Et où il obtient 97 points sur <strong>les</strong> 100 possib<strong>les</strong>. Le hacker roumain<br />

est admis en première position à Polytechnique. L'histoire est trop belle et <strong>les</strong> journaux<br />

italiens s'en emparent: Gabriel se retrouve en première page et son parcours peu banal<br />

est raconté à grands coups <strong>de</strong> superlatifs et <strong>de</strong> surnoms comme "le cerveau" ou "le<br />

champion".<br />

Résultat, une gran<strong>de</strong> société d'informatique italienne, IFM Infomaster, impressionné<br />

par <strong>les</strong> connaissances du jeune homme, a décidé d'engager Gabriel Bogdan<br />

Ionescu et lui a proposé un poste, assorti d'un salaire <strong>de</strong> 1.300 euros par mois. Malgré<br />

son passé "criminel".<br />

Pour que le "happy end" soit complet, reste encore à ce que le jeune génie puisse<br />

sortir <strong>de</strong> prison. "Notre stratégie est d'obtenir une grâce, signée du prési<strong>de</strong>nt<br />

Napolitano", a expliqué son avocat, Pier Paolo Livio. "Nous avons le soutien <strong>de</strong> l'Etat<br />

roumain. En attendant, nous <strong>de</strong>vons au moins obtenir que sa détention soit transformée<br />

en assignation à rési<strong>de</strong>nce. Si <strong>les</strong> choses se passent bien, il <strong>de</strong>vrait pouvoir travailler<br />

pour IFM après <strong>les</strong> fêtes." Les journaux italiens, décidément acquis à la cause<br />

<strong>de</strong> Gabriel, ont même commencé à "militer" pour sa libération, titrant "Ce hacker<br />

mérite d'être gracié".<br />

Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com - Bucarest)


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Faits divers<br />

Habituée à combattre la petite délinquance, la police<br />

<strong>de</strong> Râmnicu-Vâlcea est confrontée à un défi <strong>de</strong><br />

taille <strong>de</strong>puis que cette paisible ville <strong>de</strong> 100.000<br />

habitants s'est vue surnommer "capitale mondiale <strong>de</strong> la cybercriminalité"<br />

en raison du grand nombre <strong>de</strong> frau<strong>de</strong>urs qu'elle<br />

abrite. "C'est comme une contagion", a déclaré à l'AFP le procureur<br />

Valentin Preoteasa, pour expliquer ce phénomène.<br />

Selon ce responsable <strong>de</strong> la Direction locale pour la lutte contre<br />

la criminalité organisée, <strong>les</strong> premiers à s'être enrichis en se<br />

livrant à <strong>de</strong>s frau<strong>de</strong>s sur internet ont vite fait <strong>de</strong>s ému<strong>les</strong> parmi<br />

<strong>de</strong>s jeunes désoeuvrés <strong>de</strong> cette ville.<br />

Toutefois, "si, il y a quelques années, ces jeunes affichaient<br />

leur opulence, pensant que rien ne pouvait leur arriver,<br />

aujourd'hui ils sont <strong>de</strong>venus plus discrets", sachant que la<br />

police est à leurs trousses, assure-t-il.<br />

Plus <strong>de</strong> 40 hackers ont été ainsi été arrêtés dans le département<br />

<strong>de</strong> Valcea <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> 2008, grâce notamment à<br />

l'"excellente coopération avec le FBI", indique le procureur.<br />

Outre <strong>les</strong> plaintes <strong>de</strong> riverains<br />

rouennais, l'enquête sur le<br />

réseau <strong>de</strong> proxénétisme<br />

démantelé mi-décembre, à Rouen et à<br />

Caen, est "partie du témoignage d'une<br />

Bulgare, fin 2007", a précisé Michel<br />

Lavaud, chef <strong>de</strong> la Sûreté départementale<br />

<strong>de</strong> Seine-Maritime. "Elle dépose un procès-verbal,<br />

malgré <strong>de</strong>s craintes immenses<br />

<strong>de</strong> représail<strong>les</strong>. Elle se trouve dans une<br />

situation <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> détresse". Une cinquantaine<br />

<strong>de</strong> Roumaines et quelques<br />

Bulgares ont battu le pavé rouennais<br />

durant un an et <strong>de</strong>mi. Une dizaine<br />

d'autres commençaient à arpenter <strong>les</strong> rues<br />

caennaises <strong>de</strong>puis quelques semaines.<br />

Souvent vendues<br />

par leur petit ami<br />

Trente-huit personnes ont été interpellées<br />

le 9 décembre, dont huit à Caen:<br />

proxénètes présumés, hommes <strong>de</strong> main et<br />

Société<br />

Râmnicu-Vâlcea <strong>de</strong>venue<br />

"capitale mondiale" <strong>de</strong> la cybercriminalité<br />

prostituées soupçonnées <strong>de</strong> racolage.<br />

Onze gardés à vue ont été déférés au<br />

parquet <strong>de</strong> Rouen, <strong>de</strong>ux jours plus tard.<br />

Parmi eux, <strong>de</strong>ux femmes et un hôtelier<br />

rouennais, soupçonnés <strong>de</strong> proxénétisme.<br />

Ils ont, pour la plupart, entre 19 et 37 ans.<br />

L'un d'eux et l'hôtelier sont âgés d'une<br />

cinquantaine d'années. Ce <strong>de</strong>rnier, poursuivi<br />

pour avoir transformé son établissement<br />

en hôtel <strong>de</strong> passes, est placé sous<br />

contrôle judiciaire. Les dix autres ont été<br />

écroués.<br />

La majorité <strong>de</strong> ces femmes sont parties<br />

<strong>de</strong> leur pays, en ignorant leur sort.<br />

"On leur fait miroiter un poste <strong>de</strong> serveuse,<br />

un salaire <strong>de</strong> 800 à 1 000 euros, au<br />

lieu <strong>de</strong> 50 chez el<strong>les</strong>", a précisé Michel<br />

Senthille, procureur <strong>de</strong> la République <strong>de</strong><br />

Rouen, poursuivant : "El<strong>les</strong> sont en fait<br />

vendues, souvent au départ par leur petit<br />

ami".<br />

Âgées <strong>de</strong> 18 à 20 ans, ces jeunes<br />

femmes peuvent être vendues plusieurs<br />

Des agents américains ont également épaulé <strong>les</strong> policiers<br />

roumains qui, après <strong>de</strong>s mois d'efforts, ont arrêté un jeune<br />

internaute se faisant appeler Vladuz, accusé d'avoir provoqué<br />

<strong>de</strong>s pertes <strong>de</strong> plusieurs millions <strong>de</strong> dollars au site d'enchères en<br />

ligne eBay.<br />

Cible privilégiée <strong>de</strong>s frau<strong>de</strong>urs, le site a multiplié <strong>les</strong> dons<br />

d'équipements à la police roumaine, s'inquiétant <strong>de</strong> voir que<br />

dans certaines petites vil<strong>les</strong>, "policiers et cybercriminels<br />

étaient amenés à partager le même café internet".<br />

Une autre affaire retentissante a abouti à l'arrestation d'un<br />

jeune Roumain accusé d'avoir pénétré <strong>les</strong> serveurs <strong>de</strong> la Nasa<br />

et provoqué <strong>de</strong>s dommages d'un montant <strong>de</strong> 1,5 million <strong>de</strong> dollars.<br />

A l'issue d'un procès très attendu, le jeune homme a été<br />

condamné à 16 mois <strong>de</strong> prison avec sursis et au versement <strong>de</strong><br />

240.000 dollars <strong>de</strong> dommages-intérêts. Une condamnation qui<br />

n'a pas tardé à susciter <strong>de</strong>s rumeurs quant à une possible connivence<br />

entre la justice et une compagnie informatique désireuse<br />

d'exploiter <strong>les</strong> "talents" du hacker.<br />

“On brise <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> et on <strong>les</strong> met sur le trottoir”<br />

Un réseau <strong>de</strong> proxénétisme roumain démantelé en Normandie...<br />

fois, avant <strong>de</strong> passer par un parcours <strong>de</strong><br />

"dressage", <strong>de</strong>puis la Roumanie et la<br />

Bulgarie, quelquefois jusqu'en Turquie et<br />

dans <strong>les</strong> Balkans. "Pour qu'el<strong>les</strong> consentent<br />

à faire le trottoir, il faut <strong>les</strong> briser".<br />

L'une d'el<strong>les</strong> a porté plainte pour viol. Les<br />

coups pleuvent lorsqu'el<strong>les</strong> ne rapportent<br />

pas assez. "Les meilleures ramènent 700<br />

euros à la fin <strong>de</strong> leur nuit; el<strong>les</strong> commencent<br />

vers 11 h le matin".<br />

Ce trafic d'êtres humains rapporte<br />

gros, comme le trafic d'armes ou <strong>de</strong><br />

drogue. Les policiers évaluent le transfert<br />

d'argent en Roumanie entre 150 000 et<br />

200 000 €. 13 000 € ont été saisis.<br />

L'enquête se poursuit en Roumanie pour<br />

"rechercher <strong>les</strong> biens" acquis grâce aux<br />

passes. D'autres réseaux agissent en<br />

France, venant <strong>de</strong> Bulgarie, du Nigéria,<br />

du Cameroun et du Ghana. L'an <strong>de</strong>rnier,<br />

744 proxénètes ont été mis sous <strong>les</strong> verrous;<br />

1 000 victimes ont été i<strong>de</strong>ntifiées.<br />

Nathalie Hamon<br />

... Et un autre dans la région italienne <strong>de</strong>s Abruzzes<br />

Les carabiniers <strong>de</strong> Silvi Marina dans la région italienne <strong>de</strong>s Abruzzes ont mis un terme aux activités d'un réseau <strong>de</strong> proxénètes<br />

roumains qui exploitaient plusieurs <strong>de</strong> leurs compatriotes en <strong>les</strong> forçant à se prostituer, plusieurs <strong>de</strong> leurs victimes<br />

ayant accepté <strong>de</strong> <strong>les</strong> désigner et <strong>de</strong> témoigner à leur encontre. Ce réseau comprenait sept personnes <strong>de</strong> 21 à 34 ans, dont<br />

<strong>de</strong>ux femmes, qui se répartissaient <strong>les</strong> tâches : choix et emplacement <strong>de</strong>s jeunes fil<strong>les</strong>, transport <strong>de</strong>puis la Roumanie, encaissement<br />

<strong>de</strong> leurs gains, contrôle <strong>de</strong> leurs activités en veillant à ce qu'el<strong>les</strong> ne s'attar<strong>de</strong>nt pas avec <strong>les</strong> clients.<br />

29


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

30<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

SATU<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

�<br />

CLUJ �<br />

�<br />

SIBIU<br />

�<br />

SIGHET<br />

TARGU<br />

MURES<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

�<br />

IASI �<br />

BACAU<br />

R. VALCEA PLOIESTI GALATI �<br />

�<br />

�<br />

�<br />

�<br />

TULCEA<br />

PITESTI<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

BUCAREST �<br />

�<br />

CONSTANTA<br />

�<br />

CALARASI<br />

Paquetage pour<br />

<strong>les</strong> élèves en cas <strong>de</strong><br />

tremblement <strong>de</strong> terre<br />

�<br />

Un gui<strong>de</strong> élaboré par le ministère<br />

<strong>de</strong>s Transports, <strong>de</strong> la Construction,<br />

en collaboration avec celui <strong>de</strong><br />

l'Education national, recomman<strong>de</strong><br />

que <strong>les</strong> élèves roumains soient dotés<br />

d'un paquetage tout prêt, utilisable<br />

en cas <strong>de</strong> tremblement <strong>de</strong> terre, qui<br />

<strong>de</strong>vrait être disponible soit à l'école,<br />

soit à la maison.<br />

Celui-ci <strong>de</strong>vrait comprendre <strong>de</strong>ux<br />

bouteil<strong>les</strong> d'un <strong>de</strong>mi-litre d'eau, <strong>de</strong>s<br />

verres en plastique, <strong>de</strong>ux paquets <strong>de</strong><br />

biscuits, une trousse <strong>de</strong> premier<br />

secours, avec <strong>de</strong>s bandages et <strong>de</strong>s<br />

pansements, un savon, une serviette,<br />

<strong>de</strong>s mouchoirs en papier, du <strong>de</strong>ntifrice,<br />

du papier hygiénique, une<br />

lampe électrique, un transistor avec<br />

<strong>de</strong>s pi<strong>les</strong> pour trois jours.<br />

Bucarest<br />

secon<strong>de</strong> ville européenne<br />

menacée, après Lisbonne<br />

Devraient y figurer également un<br />

pull, un béret, <strong>de</strong>s gants, un vêtement<br />

<strong>de</strong> pluie avec capuche, <strong>de</strong>ux<br />

paires <strong>de</strong> chaussette, <strong>de</strong>ux slips, un<br />

carnet, un crayon, la liste <strong>de</strong>s<br />

adresses et téléphone <strong>de</strong> la famille,<br />

la clé <strong>de</strong> la maison, un peu d'argent,<br />

un sifflet. Tout ce paquetage <strong>de</strong>vrait<br />

renter dans un sac à dos.<br />

Les critiques n'ont pas manqué <strong>de</strong><br />

fuser, <strong>les</strong> enseignants rappelant que<br />

<strong>les</strong> enfants supportaient déjà <strong>de</strong>s<br />

charges trop lour<strong>de</strong>s sur le dos et <strong>les</strong><br />

parents, que l'allocation annuelle qui<br />

leur ait attribuée ne suffirait pas à<br />

payer tous ces achats. Les spécialistes<br />

ont répliqué que Bucarest était<br />

la secon<strong>de</strong> ville européenne menacée<br />

par un séisme, après Lisbonne.<br />

Vie quotidienne<br />

Société<br />

Les montres suisses<br />

Une enquête <strong>de</strong> Bilan (Suisse) sur le marché roumain montre qu'on se met<br />

désormais à aimer <strong>les</strong> montres <strong>de</strong> luxe dans ce pays: on vend sans doute<br />

plus <strong>de</strong> tourbillons Breguet à Bucarest qu'à Genève... Avec 7% <strong>de</strong> croissance<br />

et 30% d'augmentation <strong>de</strong>s salaires, la Roumanie se développe à un rythme soutenu.<br />

Faute <strong>de</strong> main-d'oeuvre locale, elle engage<br />

Chinois et Turcs, rendant ridicule la crainte suisse<br />

d'étendre la libre circulation à ce pays.<br />

"Il n'aurait pas goûté l'ironie <strong>de</strong> la fable. En<br />

proie à l'hystérie collectiviste, Nicolae Ceausescu<br />

avait commencé à construire dans la capitale <strong>de</strong><br />

gigantesques complexes agroalimentaires subtilement<br />

baptisés "<strong>les</strong> cirques <strong>de</strong> la faim" et <strong>de</strong>stinés<br />

à être, suprême aboutissement <strong>de</strong> la dictature<br />

prolétarienne, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> distribution <strong>de</strong> nourriture.<br />

La mort du dictateur lui aura épargné <strong>de</strong><br />

<strong>les</strong> voir transformés en temp<strong>les</strong> d'un capitalisme agressif, flamboyants malls à l'américaine<br />

griffés <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> signatures mondia<strong>les</strong> du luxe.<br />

Bentley vend davantage à Bucarest qu'à Moscou<br />

"C'est assez bluffant, pas vrai? Les vitrines sont trop chargées à mon goût, mais<br />

ici on préfère l'étalage à la sobriété helvétique". Le Biennois Ion Schiau vient prendre<br />

la température du centre commercial Bucuresti où il tient boutique. En quatre ans, son<br />

entreprise Chronotime est <strong>de</strong>venue le plus gros distributeur <strong>de</strong> montres en Roumanie,<br />

avec un chiffre d'affaires <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 millions <strong>de</strong> francs suisses, en croissance <strong>de</strong><br />

70% par an, et quinze magasins associés.<br />

Une affaire pleine <strong>de</strong> promesses, dans laquelle cet ancien <strong>de</strong> Swatch Group, arrivé<br />

en Suisse à l'âge <strong>de</strong> 4 ans, se lance au flair: "Même aujourd'hui, <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> marché<br />

qu'on vous propose, c'est du flan. Moi, j'ai pris exemple sur le marché <strong>de</strong>s voitures:<br />

Bentley vend davantage à Bucarest qu'à Moscou". On ne sait pas si Louis<br />

Vuitton, qui vient d'ouvrir un magasin dans la capitale, aura procédé <strong>de</strong> la même<br />

manière.<br />

Toujours est-il que cette observation a suffi à Ion Schiau pour déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> revenir<br />

fouler la ville <strong>de</strong> ses origines, qu'il découvre étourdissante, vorace, ostentatoire: "Ici,<br />

il y a un côté latin, expansif. Vous y rajoutez cinquante ans <strong>de</strong> frustrations et une rage<br />

<strong>de</strong> montrer qu'on a réussi et vous aurez une idée du marché du luxe". Un segment très<br />

porteur puisque <strong>les</strong> économies en transition ont accouché d'une société à <strong>de</strong>ux<br />

vitesses, super-riches saupoudrés sur une large majorité pauvre et frustrée.<br />

"Bruxel<strong>les</strong> ignore que <strong>les</strong> réformes, ici, semblent<br />

avoir stoppé net à minuit le 31 décembre 2006!"<br />

La Roumanie<br />

Cet état <strong>de</strong> fait est heureusement en train <strong>de</strong> se corriger, puisqu'une classe moyenne<br />

apparaît. "Prenez 22 millions d'habitants qui n'avaient rien et qui veulent tout, cela<br />

crée une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> colossale". Ces mots sont ceux d'un patron suisse, Serge Gonvers,<br />

fondateur d'Audiconsult, une petite fiduciaire <strong>de</strong> 10 employés pour 800 000 francs <strong>de</strong><br />

chiffre d'affaires, spécialisée dans le conseil aux investisseurs étrangers qui ne seraient<br />

pas effrayés par la jungle roumaine dont le Romand a fait sa spécialité: "Dans le classement<br />

<strong>de</strong>s 300 plus riches réalisé par votre homologue roumain, je pouvais dire, à la<br />

fin <strong>de</strong>s années 1990, dans quel secteur tel ou tel avait pillé. Depuis trois ou quatre ans<br />

apparaissent enfin <strong>de</strong> jeunes entrepreneurs fameux".<br />

L'entrée <strong>de</strong> la Roumanie dans l'Union Européenne en 2007 aurait un peu moralisé<br />

<strong>les</strong> affaires, même si certains tempèrent: "A mon avis, Bruxel<strong>les</strong> ignore que <strong>les</strong><br />

réformes, ici, semblent avoir stoppé net à minuit le 31 décembre 2006!


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

font fureur chez <strong>les</strong> nouveaux riches<br />

à l'heure du luxe<br />

Ce n'est pas tant la corruption que l'abus <strong>de</strong> position qui<br />

semble bien implanté dans <strong>les</strong> moeurs balkaniques", avance<br />

pour sa part Paul Nuber, directeur général <strong>de</strong> Nestlé Roumanie<br />

<strong>de</strong>puis quatre ans, poursuivant "en revanche, l'entrée dans<br />

l'UE aura au moins contraint l'administration à interpréter <strong>les</strong><br />

lois <strong>de</strong> manière moins créative et volatile qu'auparavant".<br />

Avec ses 260 millions <strong>de</strong> chiffre d'affaires en 2007, <strong>de</strong>ux<br />

usines <strong>de</strong> gaufrettes et <strong>de</strong> portions <strong>de</strong> café et crèmes glacées et<br />

un peu moins <strong>de</strong> 1000 employés, Nestlé Roumanie est en train<br />

<strong>de</strong> rattraper un retard dû à la puissante concurrence d'un<br />

conglomérat industriel appartenant à <strong>de</strong>ux frères richissimes,<br />

ainsi qu'aux taxes sur le café, rendant ce produit relativement<br />

onéreux. L'économie roumaine tourne à plein régime et même<br />

l'immigration ne parvient pas à satisfaire son appétit.<br />

Lassés par une transition laborieuse, entre trois et quatremillions<br />

<strong>de</strong> Roumains<br />

avaient quitté le pays dans<br />

<strong>les</strong> années 1990. Les fonds<br />

qu'ils ont rapatriés doivent<br />

aujourd'hui avoisiner <strong>les</strong> six<br />

à huit milliards d'euros, soit<br />

environ 5% du PIB, si l'on<br />

tient compte <strong>de</strong>s apports qui<br />

n'empruntent pas <strong>les</strong> canaux<br />

bancaires classiques.<br />

Mais davantage que <strong>de</strong><br />

cash, c'est <strong>de</strong> main-d'oeuvre<br />

que le pays aurait besoin.<br />

Des ouvriers agrico<strong>les</strong> dans<br />

<strong>les</strong> plantations espagno<strong>les</strong> aux informaticiens d'Amérique<br />

(Microsoft Seattle emploie plus <strong>de</strong> 400 Roumains) en passant<br />

par <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong>s hôpitaux suisses et français.<br />

"Le plombier est une espèce <strong>de</strong> diva<br />

qui ne se déplace que s'il vous connaît bien"<br />

Selon une enquête <strong>de</strong> Manpower, sur 32 pays sondés, c'est<br />

la Roumanie qui fait face à la plus grave pénurie <strong>de</strong> talents<br />

(73% <strong>de</strong>s employeurs ont <strong>de</strong> la peine à recruter, contre 36% en<br />

Suisse). Tant et si bien que <strong>de</strong>s secteurs entiers font appel à <strong>de</strong>s<br />

ouvriers étrangers, très mal payés. Dans la ville <strong>de</strong> Bacau, un<br />

<strong>de</strong>mi-millier d'ouvrières chinoises cousent du Prada ou du<br />

Benetton. Les chantiers, eux, réservent leur poussière aux<br />

Turcs, aux Moldaves et aux Pakistanais. "Ici, le plombier est<br />

une espèce <strong>de</strong> diva qui ne se déplace que s'il vous connaît<br />

bien", résume Serge Gonvers.<br />

Comme tous <strong>les</strong> employeurs du tertiaire, l'homme souffre<br />

<strong>de</strong> la surchauffe salariale qui met <strong>les</strong> jeunes diplômés en<br />

transes et <strong>les</strong> patrons sur le gril. Tout le mon<strong>de</strong> se pique tout le<br />

mon<strong>de</strong>, avec <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gangster. Irina Bolomey, directrice<br />

à Bucarest <strong>de</strong> Fi<strong>de</strong>xpert Audit, créée en 1994 par la fiduciaire<br />

fribourgeoise Gilbert Jacquat, en sait quelque chose, elle<br />

qui a vu 8 <strong>de</strong> ses jeunes employés fraîchement formés quitter<br />

l'entreprise après <strong>de</strong>ux mois <strong>de</strong> travail seulement pour<br />

Société<br />

rejoindre un fonds d'investissement immobilier qui leur offrait<br />

le double: "Les banques qui se battent pour <strong>de</strong>s parts <strong>de</strong> marché<br />

et débauchent nos employés nous font du tort, ainsi que <strong>les</strong><br />

assurances et <strong>les</strong> fonds <strong>de</strong> pension privés", estime la directrice,<br />

qui emploie 58 personnes pour un chiffre d'affaires <strong>de</strong> 2<br />

millions d'euros. L'an <strong>de</strong>rnier, la banque portugaise Millenium<br />

a par exemple ouvert 39 succursa<strong>les</strong> en même temps et se<br />

donne jusqu'à l'an prochain pour atteindre le nombre <strong>de</strong> 100.<br />

Des revenus parfois aussi élevés qu'en Suisse<br />

En ce moment, le réseau d'hypermarchés Auchan<br />

recherche 700 employés. A ce rythme, on comprend que <strong>les</strong><br />

PME tirent la langue. "J'engage <strong>de</strong>s managers à <strong>de</strong>s salaires<br />

aussi élevés qu'en Suisse et pourtant je n'ai pas assez <strong>de</strong><br />

mon<strong>de</strong>", témoigne Serge<br />

Gonvers. Chez moi, un<br />

comptable junior gagne<br />

entre 1000 et 2000 euros net.<br />

Quant à moi, je n'arriverais<br />

pas à m'assurer en Suisse le<br />

niveau <strong>de</strong> revenus que j'ai<br />

ici. C'est dire avec quel effarement<br />

j'observe la débilité<br />

absolue du débat suisse à<br />

propos <strong>de</strong> l'extension <strong>de</strong> la<br />

libre circulation à la<br />

Roumanie et à la Bulgarie!"<br />

Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

Fondation culturelle Delta <strong>de</strong> mars 2008 lui donne raison: sur<br />

plus <strong>de</strong> 1300 étudiants intéressés à partir à l'étranger pour étudier<br />

(72%) ou pour travailler (24%), seuls 2% d'entre eux choisiraient<br />

la Suisse, contre 25% la Gran<strong>de</strong>-Bretagne ou 13% la<br />

France. Au vu <strong>de</strong> la fièvre salariale - qui n'a pas gran<strong>de</strong><br />

influence sur l'inflation, puisque celle-ci a passé en huit ans <strong>de</strong><br />

40,7% à 4,5% - on comprend leur peu d'entrain. Quant aux<br />

multinationa<strong>les</strong>, qui jouent <strong>de</strong> leur pouvoir d'attraction, el<strong>les</strong><br />

participent à l'euphorie collective: un industriel concè<strong>de</strong> offrir<br />

800 à 1000 euros brut pour un job d'entrée, 1500 à 2000 euros<br />

plus voiture <strong>de</strong> fonction pour un brand manager, et 8000 à 10<br />

000 euros pour un membre <strong>de</strong> la direction, avec 25% <strong>de</strong> bonus.<br />

C'est cher payé. Car <strong>les</strong> prétentions <strong>de</strong> salaire sont souvent<br />

sans rapport avec <strong>les</strong> compétences, venant <strong>de</strong> jeunes dont l'arrogance<br />

s'est aiguisée dans <strong>les</strong> affres d'une transition sans foi<br />

ni loi. "Les étudiants arrivent en se prévalant d'une expérience<br />

<strong>de</strong> travail <strong>de</strong> six mois et affichent <strong>de</strong>s prétentions inacceptab<strong>les</strong>",<br />

regrette Irina Bolomey, "D'autant plus que la formation<br />

souvent laisse à désirer". Ce qui n'empêche pas son affaire<br />

<strong>de</strong> tourner à merveille, "puisque Fi<strong>de</strong>xpert doit même refuser<br />

<strong>de</strong>s clients", se réjouit l'épouse du <strong>de</strong>rnier Bolomey <strong>de</strong><br />

Bucarest, quatrième génération d'exilés vaudois ayant fui une<br />

Suisse qui ne promettait pas grand chose et que <strong>les</strong> <strong>de</strong>scendants<br />

retrouveront avec bonheur un siècle et <strong>de</strong>ux révolutions<br />

plus tard. (Suite page 32)<br />

31


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

32<br />

�<br />

SATU<br />

MARE<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

ORADEA<br />

�<br />

TARGU IASI �<br />

ARAD<br />

CLUJ � MURES<br />

�<br />

BACAU<br />

�<br />

�<br />

FOCSANI<br />

�<br />

�<br />

SIBIU<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

PLOIESTI<br />

GALATI<br />

T. SEVERIN<br />

�<br />

SLATINA �<br />

�<br />

�<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

CONSTANTA<br />

BUCAREST<br />

�<br />

�<br />

(suite <strong>de</strong> la page 31)<br />

Accroché au train européen<br />

La troisième est en marche. Une<br />

révolution économique qui en a laissé<br />

plus d'un sur le carreau et qui, selon<br />

<strong>les</strong> observateurs pessimistes, ne sourirait<br />

qu'aux secteurs <strong>les</strong> moins porteurs<br />

<strong>de</strong> croissance à long terme:<br />

immobilier, banques, assurances,<br />

gran<strong>de</strong> distribution. Mais d'autres<br />

parient que le reste <strong>de</strong> l'économie<br />

suivra, désormais accrochée au train<br />

européen. Comme la compagnie<br />

aérienne Swiss qui, misant sur <strong>les</strong><br />

voyages d'affaires, vient d'inaugurer<br />

un vol direct pour Bucarest au départ<br />

<strong>de</strong> Genève trois fois par semaine,<br />

"qui <strong>de</strong>vrait rapi<strong>de</strong>ment passer à un<br />

vol quotidien", souffle Robert Deillon,<br />

directeur général <strong>de</strong> l'Aéroport international<br />

<strong>de</strong> Genève. Pour autant que<br />

le pouvoir d'achat <strong>de</strong>s Roumains<br />

continue à alimenter leur fringale<br />

consumériste. Les "cirques <strong>de</strong> la<br />

faim" auront alors, par une curieuse<br />

pirouette sémantique, bien porté leur<br />

nom".<br />

Laure Lugon Zugravu<br />

Permis par ordinateur<br />

A la suite <strong>de</strong> plusieurs scanda<strong>les</strong><br />

concernant <strong>de</strong> faux permis <strong>de</strong> conduire<br />

délivrés par <strong>les</strong> administrations,<br />

notamment dans le département<br />

d'Arges (Pitesti) et conduisant à l'arrestation<br />

<strong>de</strong> 22 personnes, <strong>les</strong> pouvoirs<br />

publics ont décidé <strong>de</strong> faire<br />

désormais passer l'examen du co<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la route par un même système<br />

informatique dans tout le pays. La<br />

mesure est opérationnelle <strong>de</strong>puis fin<br />

novembre. Mise à l'essai <strong>de</strong>puis le 1er<br />

juillet dans plusieurs ju<strong>de</strong>ts, cette formule<br />

a abouti à un pourcentage <strong>de</strong><br />

réussite <strong>de</strong> 25,62 % <strong>de</strong>s candidats<br />

contre 28,94 % auparavant.<br />

Vie quotidienne<br />

Société<br />

"Pour beaucoup <strong>de</strong><br />

parents, battre son enfant<br />

fait partie <strong>de</strong> l'éducation"<br />

Si <strong>les</strong> cas <strong>de</strong> maltraitance recensés en Roumanie par <strong>les</strong> services <strong>de</strong> la protection<br />

<strong>de</strong> l'enfance ne sont pas exagérément nombreux, la réalité reste difficile.<br />

Les ONG dénoncent <strong>de</strong>s services sociaux inefficaces et tentent <strong>de</strong><br />

remédier à leurs lacunes, comme le souligne Jonas Mercier dans un article publié dans<br />

"lepetitjournal.com".<br />

"Durant <strong>les</strong> six premiers mois <strong>de</strong> 2008, près <strong>de</strong> 6.000 enfants ont été victimes <strong>de</strong><br />

maltraitance (abus, négligence, exploitation) en Roumanie, selon <strong>les</strong> statistiques <strong>de</strong><br />

l'Autorité nationale pour la protection <strong>de</strong> l'enfance (ANPC). Un chiffre assez faible si<br />

on le compare aux quelque 97.000 cas <strong>de</strong> violence effective ou risquée recensés en<br />

France en 2005 par l'Odas (Observatoire national <strong>de</strong> l'action sociale décentralisée).<br />

Néanmoins, la situation réelle en Roumanie reste dramatique, <strong>les</strong> ONG dénoncent<br />

notamment l'état déplorable <strong>de</strong>s services sociaux. Pour y pallier, une Fédération <strong>de</strong>s<br />

organisations non gouvernementa<strong>les</strong> pour l'enfant (FONPC) a été mise en place. Elle<br />

regroupe une centaine d'ONG réparties dans tout le pays et propose un rapport alternatif<br />

à celui publié tous <strong>les</strong> 5 ans par l'ANPC. "Le système <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong>s pouvoirs<br />

publics n'est pas au point et il est impossible <strong>de</strong> savoir combien d'enfants sont<br />

réellement maltraités en Roumanie", explique Daniela Gheorghe <strong>de</strong> la FONPC. "Le<br />

gouvernement fait peu <strong>de</strong> chose pour soutenir <strong>les</strong> ONG. Il met beaucoup d'argent dans<br />

<strong>de</strong>s agences dont l'action est invisible au niveau local", ajoute Elena Miruna<br />

Tudorache, <strong>de</strong> la fondation "Un enfant, une espérance", basée à Sibiu.<br />

Le secteur privé a toutefois son mot à dire dans la gestion <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> la protection<br />

<strong>de</strong> l'enfance. En 2007, 34% <strong>de</strong>s centres sociaux <strong>de</strong> jour au niveau national<br />

étaient administrés par <strong>de</strong>s ONG, selon un rapport <strong>de</strong> l'USAID, l'Agence américaine<br />

pour le développement international.<br />

Une conception <strong>de</strong> l’éducation remise en cause<br />

La très gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s enfants violentés en Roumanie le sont au sein même<br />

<strong>de</strong> leur famille et <strong>les</strong> milieux sociaux défavorisés sont évi<strong>de</strong>mment plus exposés. "La<br />

difficulté <strong>de</strong>s cas rencontrés en Roumanie est liée pour beaucoup à la multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

besoins sociaux qui entourent l'enfant maltraité", explique Elena Miruna Tudorache.<br />

La conception <strong>de</strong> l'éducation semble également être l'une <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong>s violences<br />

envers <strong>les</strong> enfants. Une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'UNICEF, datée <strong>de</strong> 2006, révèle que plus <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong>s<br />

parents roumains ont recours aux punitions physiques envers leur enfant. Un chiffre<br />

qui est <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 80% dans le milieu rural. "Pour beaucoup <strong>de</strong> parents, battre son<br />

enfant fait partie <strong>de</strong> l'éducation", rappelle Daniela Gheorghe.<br />

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com - Bucarest)<br />

Santé<br />

Une campagne<br />

<strong>de</strong> vaccination mal partie<br />

Environ 70% <strong>de</strong>s parents d'élèves roumains ont refusé <strong>de</strong> faire vacciner leur<br />

fille contre le virus responsable du cancer du col <strong>de</strong> l'utérus, a indiqué le<br />

ministère <strong>de</strong> la Santé, qui avait initié une campagne nationale, en faisant un<br />

premier bilan. Pour l'instant, seule la moitié <strong>de</strong>s éco<strong>les</strong> du pays ont été concernées par<br />

cette opération.<br />

"En dépit <strong>de</strong> la campagne agressive <strong>de</strong> désinformation pratiquée par une partie<br />

<strong>de</strong>s médias, <strong>les</strong> parents ont commencé à comprendre que ce vaccin est dans l'intérêt<br />

<strong>de</strong> leur enfant", a indiqué cependant le communiqué <strong>de</strong> presse du ministère <strong>de</strong> la<br />

Santé, qui espère bien que ce vaccin controversé - aux Etats-Unis on s'interroge toujours<br />

sur <strong>les</strong> risques qu'il comporterait - rencontrera plus <strong>de</strong> succès dans le reste <strong>de</strong>s<br />

éco<strong>les</strong> roumaines.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Vie quotidienne<br />

Si consommer ne pose pas <strong>de</strong> problème majeur pour<br />

<strong>les</strong> Roumains, gérer leur budget est une toute autre<br />

affaire. Pour lutter contre le niveau d'en<strong>de</strong>ttement <strong>de</strong><br />

plus en plus élevé <strong>de</strong>s ménages, l'Association pour la protection<br />

<strong>de</strong>s consommateurs (APC) vient <strong>de</strong> lancer une campagne<br />

d'"éducation financière". Aidée par le Centre européen <strong>de</strong>s<br />

consommateurs (ECC), l'APC (Association pour la protection<br />

<strong>de</strong>s consommateurs) prépare <strong>de</strong>puis plus d'un an une campagne<br />

intitulée "Le budget <strong>de</strong> la famille". Le 28 octobre <strong>de</strong>rnier<br />

elle lançait déjà le site www.bugetulfamiliei.ro , un instrument<br />

<strong>de</strong> gestion pour <strong>les</strong> ménages qui désirent "mieux<br />

dépenser".<br />

Des programmes pour calculer son budget, <strong>de</strong>s conseils<br />

pratiques ou encore la possibilité d'être éclairé par <strong>de</strong>s experts,<br />

tout cela est proposé "on-line". "Sans éducation financière, <strong>les</strong><br />

consommateurs ne peuvent pas faire partie intégrante <strong>de</strong><br />

l'économie", explique Costel Stanciu, le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'APC.<br />

Eduquer tout un pays à la finance est un projet ambitieux,<br />

auquel souhaite également participer l'Union européenne. "Le<br />

lancement du site Internet est un premier et petit pas dans cette<br />

campagne. Nous allons également sortir <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s pratiques<br />

et former <strong>de</strong>s professeurs dans tout le pays pour qu'ils puissent<br />

à leur tour proposer <strong>de</strong>s formations dans ce domaine", ajoute<br />

Minorités<br />

Razvan Resmerita, le directeur <strong>de</strong> l'ECC.<br />

Regar<strong>de</strong>r d'abord <strong>les</strong> mensualités<br />

Société<br />

Les risques <strong>de</strong> non remboursement <strong>de</strong>s emprunts sont très élevés<br />

Les Roumains se soucient peu du coût réel <strong>de</strong>s crédits<br />

Treize Roms sont restés durant<br />

une dizaine <strong>de</strong> jours sur le toit<br />

d'un hôtel désaffecté, en plein<br />

centre <strong>de</strong> Bucarest. Ils protestaient pour<br />

obtenir un logement social. Mais <strong>les</strong><br />

autorités sont restées plutôt passives<br />

Jeudi 13 novembre, alors que la campagne<br />

électorale pour <strong>les</strong> élections législatives<br />

avait débuté <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux<br />

semaines, une quinzaine <strong>de</strong> Roms ont<br />

décidé d'investir le toit d'un hôtel délabré<br />

du centre ville. La mairie du secteur 5 a<br />

essayé <strong>de</strong> <strong>les</strong> convaincre <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre,<br />

sans y parvenir.<br />

L'immeuble dans lequel ils se trouvaient<br />

est la propriété d'une société<br />

immobilière étrangère. Des gardiens surveillaient<br />

l'entrée et ne laissaient rentrer<br />

personne. "Ni la police, ni <strong>les</strong> Roms ne<br />

sont passés par là", a indiqué l'un d'eux,<br />

qui a avoué n'avoir aucune idée <strong>de</strong> la<br />

façon dont <strong>les</strong> Roms sont arrivés jusqu’en<br />

haut.<br />

Laurence Demairé, une Française<br />

établie à Bucarest <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> dix ans,<br />

a vu la scène <strong>de</strong> son balcon. Elle affirme<br />

que "<strong>les</strong> pompiers sont venus plusieurs<br />

fois avec une gran<strong>de</strong> échelle, sans vraiment<br />

tenter <strong>de</strong> la déployer pour monter<br />

sur le toit. Après, plus rien, personne ne<br />

s'est soucié d'eux (…) Il faisait froid, je ne<br />

sais pas comment ils ont pu tenir la nuit".<br />

Les autorités leur auraient proposé une<br />

ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1100 lei par mois, sans toutefois<br />

offrir <strong>de</strong> solution <strong>de</strong> relogement. Près <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux semaines plus tard, <strong>les</strong> treize manifestants<br />

ont quitté leur toit, mais pour<br />

aller où ?<br />

Des situations qui se multiplient<br />

En bas, quelques rues plus loin,<br />

quatre autres Roms avaient installé un<br />

campement <strong>de</strong> fortune, à même le sol.<br />

Si plus <strong>de</strong> 70% <strong>de</strong>s personnes ayant contracté un emprunt<br />

en Roumanie disent avoir lu "entièrement" le contrat et l'avoir<br />

"facilement" compris, le Groupe d'économie appliquée (GEA)<br />

estime qu'une large majorité <strong>de</strong> la population ne sait pas ce<br />

qu'est le Taux effectif global (TEG), ou l'indicateur du coût<br />

réel d'un crédit à la consommation.<br />

Fabrice Toulemon<strong>de</strong>, le directeur <strong>de</strong> la société <strong>de</strong> crédit<br />

Cofidis en Roumanie le confirme: "Beaucoup <strong>de</strong> nos clients ne<br />

sont pas suffisamment conscients <strong>de</strong> leur engagement. Avant le<br />

prix du crédit, ils regar<strong>de</strong>nt d'abord <strong>les</strong> mensualités." Un<br />

constat partagé par Razvan Resmerita qui souligne que "plusieurs<br />

étu<strong>de</strong>s ont été faites et montrent que <strong>les</strong> consommateurs<br />

roumains ne connaissent absolument pas <strong>les</strong> principes <strong>de</strong> base<br />

dans le domaine financier". Face à la crise actuelle, <strong>les</strong> institutions<br />

financières ne sont pas rassurées. Les risques <strong>de</strong> non<br />

remboursement <strong>de</strong>s emprunts sont en effet très élevés. Le programme<br />

d'éducation financière <strong>de</strong> l'APC vient donc à point<br />

nommé.<br />

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com - Bucarest)<br />

Des Tsiganes s'installent sur le toit<br />

d'un immeuble pour obtenir un logement social<br />

"On est là <strong>de</strong>puis sept mois. Je ne partirai<br />

pas tant que je n'aurai pas trouvé <strong>de</strong><br />

logement pour ma famille", a expliqué<br />

l'un d'eux. Un autre soutenait qu'il s'était<br />

fait "mettre <strong>de</strong>hors" par <strong>de</strong>s policiers et<br />

qu'il n'osait plus rentrer chez lui <strong>de</strong> peur<br />

<strong>de</strong> se faire battre.<br />

Le relogement <strong>de</strong> nombreuses<br />

famil<strong>les</strong> roms, qui occupent illégalement<br />

<strong>de</strong>s bâtiments du centre ou <strong>de</strong> la périphérie<br />

<strong>de</strong> la capitale, reste problématique. Au<br />

début du mois <strong>de</strong> novembre déjà, un père<br />

<strong>de</strong> famille était monté sur le toit d'un<br />

immeuble <strong>de</strong> Bucarest et menaçait <strong>de</strong> se<br />

brûler vif s'il n'obtenait pas un appartement.<br />

En juin <strong>de</strong>rnier, quatre autres personnes<br />

d'origine rom avaient également<br />

tenté <strong>de</strong> sensibiliser <strong>les</strong> autorités en montant<br />

sur le toit d'un autre immeuble du<br />

centre.<br />

Au mois d'octobre, le gouvernement<br />

a mis en place un programme pour la<br />

construction <strong>de</strong> 300 logements sociaux, à<br />

l'échelle du pays, <strong>de</strong>stinés aux famil<strong>les</strong><br />

roms <strong>les</strong> plus mo<strong>de</strong>stes. Mais <strong>les</strong> associations<br />

<strong>de</strong> Roms estiment que c'est bien<br />

trop peu.<br />

33


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

34<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

TIMOC<br />

�<br />

SATU<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

�<br />

ORSOVA<br />

�<br />

CLUJ �<br />

�<br />

SIBIU<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

TARGU<br />

MURES<br />

�<br />

PITESTI �<br />

�<br />

IASI �<br />

�<br />

BUCAREST<br />

BACAU<br />

�<br />

PLOIESTI<br />

GALATI<br />

�<br />

�<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Bucarest-Madrid pour<br />

120 € l'aller en avion<br />

Cela peut paraître étonnant, mais,<br />

mis à part <strong>les</strong> loyers, exorbitants pour<br />

<strong>de</strong>s salaires roumains, beaucoup <strong>de</strong><br />

produits <strong>de</strong> première nécessité sont<br />

moins chers en Espagne qu'en<br />

Roumanie. Raison <strong>de</strong> plus pour comprendre<br />

le nombre considérable<br />

d'Est-Européens qui traversaient jour<br />

après jour la frontière ibérique, jusqu'à<br />

peu. D'autant plus que l'aller<br />

Bucarest-Madrid ne coûte que 120 €.<br />

Aujourd'hui, cinq compagnies à bas<br />

coût relient toujours la Roumanie et<br />

l'Espagne.<br />

Les Roumains ont été <strong>de</strong> plus en<br />

plus nombreux à venir en avion,<br />

même si le gros <strong>de</strong> l'immigration a<br />

continué d'arriver en autocar.<br />

Moyennant 70 € et 2 jours <strong>de</strong> courbatures,<br />

on peut débarquer à Madrid, où<br />

tous <strong>les</strong> 5 mètres une affiche publicitaire<br />

propose en roumain la <strong>de</strong>rnière<br />

offre <strong>de</strong> prix imbattable. Il y a trois<br />

ans, un billet pour <strong>les</strong> cars qui faisaient<br />

le trajet coûtait 380 €.<br />

Tout récemment, en une seule<br />

semaine, au moins 33 autocars ont<br />

encore transporté <strong>de</strong>s Roumains vers<br />

Madrid, soit un millier <strong>de</strong> personnes,<br />

à raison <strong>de</strong> 30 à 40 passagers par<br />

véhicule, sans compter ceux qui se<br />

ren<strong>de</strong>nt en Catalogne, en Aragon,<br />

dans le Levant (région <strong>de</strong> Valence et<br />

<strong>de</strong> Murcie) ou dans la région <strong>de</strong><br />

Castille-La Manche.<br />

L'effet italien, avec sa peur <strong>de</strong><br />

manifestations xénophobes, se fait<br />

sentir aussi sur la route. Dans <strong>les</strong><br />

bureaux d'Atlassib, l'une <strong>de</strong>s sociétés<br />

<strong>de</strong> transport roumaines qui organisent<br />

<strong>de</strong>s voyages quotidiens, on reconnaît<br />

que beaucoup <strong>de</strong> voyageurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

avec inquiétu<strong>de</strong> s'il y a <strong>de</strong>s<br />

risques à traverser l'Italie.<br />

�<br />

Emigration<br />

Société<br />

Au volant <strong>de</strong> son Aro déglinguée, camionnette tout-terrain <strong>de</strong> production<br />

roumaine, Ciprian Anghel prend <strong>les</strong> virages en douceur. Le moteur tousse<br />

sans arrêt, l'engin tremble et risque à tout moment <strong>de</strong> rendre l'âme. Cet<br />

ouvrier en bâtiment semble être l'homme à tout faire, un pur produit <strong>de</strong> la Roumanie<br />

où la débrouillardise fait partie du kit <strong>de</strong> survie. Derrière son apparence <strong>de</strong> bricoleur,<br />

Ciprian est un véritable entrepreneur. Rentré d'Irlan<strong>de</strong> il y a quelques mois, il emploie<br />

aujourd'hui une dizaine <strong>de</strong> personnes dont <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tiers reviennent <strong>de</strong> chantiers italiens,<br />

espagnols et français où ils étaient partis chercher <strong>de</strong> meilleurs salaires.<br />

Ce mouvement <strong>de</strong> retour a commencé au début <strong>de</strong> l'année 2008. Plusieurs milliers<br />

d'ouvriers roumains sont rentrés d'Irlan<strong>de</strong>, d'Italie et d'Espagne. Sur <strong>les</strong> 8 millions <strong>de</strong><br />

Roumains qui ont fait <strong>de</strong>s allers-retours dans <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Union Européenne en 2008,<br />

"2 % sont rentrés et ne sont pas repartis à l'étranger", déclare Ionela Roman, porteparole<br />

<strong>de</strong> la police <strong>de</strong>s frontières roumaine.<br />

La majorité <strong>de</strong>s Roumains qui quittent <strong>les</strong> marchés occi<strong>de</strong>ntaux du travail viennent<br />

du bâtiment. Le marché immobilier roumain est actuellement un <strong>de</strong>s plus dynamiques<br />

sur l'ensemble <strong>de</strong> l'Union européenne. "J'ai créé ma société en juin, affirme<br />

Ciprian Anghel. J'ai dix employés et il m'en faudrait <strong>de</strong>ux fois plus, car j'ai <strong>de</strong> gros<br />

chantiers à Bucarest et en province.<br />

Mais je ne me dépêche<br />

pas, j'ai du travail pour au<br />

moins trois ans. Pour l'instant,<br />

j'investis dans <strong>les</strong> outils et je<br />

m'apprête à acheter une nouvelle<br />

camionnette, une vraie,<br />

une marque occi<strong>de</strong>ntale.<br />

Après, je pourrai passer à la<br />

vitesse <strong>de</strong> croisière".<br />

Ciprian Anghel a travaillé<br />

un an et <strong>de</strong>mi en Allemagne et<br />

en Irlan<strong>de</strong> avant <strong>de</strong> rentrer à<br />

Bucarest. "En Irlan<strong>de</strong>, je touchais<br />

environ 1 500 euros par mois, explique Ciprian Anghel. Ce n'était plus rentable,<br />

d'autant que j'avais laissé ma femme et ma fille en Roumanie. Aujourd'hui, je gagne<br />

plus en Roumanie qu'en Europe <strong>de</strong> l'Ouest. Et puis ici il va y avoir du boulot, ce n'est<br />

pas comme à l'Ouest. L'Occi<strong>de</strong>nt n'est plus le paradis qui nous faisait rêver, vous allez<br />

voir, beaucoup <strong>de</strong> Roumains vont rentrer".<br />

Le retour <strong>de</strong>s Roumains du bâtiment semble être le début d'un processus que <strong>les</strong><br />

autorités roumaines atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>puis longtemps. Les programmes mis en oeuvre par<br />

le gouvernement <strong>de</strong> Bucarest pour <strong>les</strong> encourager à rentrer ne <strong>les</strong> avaient pas convaincus<br />

mais la perspective <strong>de</strong> la prospérité semble être un argument <strong>de</strong> poids. La<br />

Roumanie <strong>de</strong>vait atteindre un taux <strong>de</strong> croissance d'environ 8 % en 2008, du moins<br />

avant que la crise ne survienne.<br />

Il manque 300 000 travailleurs dans le bâtiment<br />

Les travailleurs émigrés<br />

"L'Occi<strong>de</strong>nt n'est<br />

Ce phénomène <strong>de</strong> retour s'est imposé dans la campagne <strong>de</strong>s élections législatives<br />

du 30 novembre. Le 21 septembre, en visite à Milan, le lea<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'opposition socialedémocrate,<br />

Mircea Geoana, promettait ainsi au million <strong>de</strong> Roumains qui travaillent en<br />

Italie la somme <strong>de</strong> 20 000 euros pour chacun d'entre eux qui serait prêt à rentrer à la<br />

maison. "C'est <strong>de</strong> la foutaise avant <strong>les</strong> élections", conclut Ciprian.<br />

"Nous croyons plus à l'Union européenne qu'à notre classe politique, une vraie<br />

ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> voleurs. Je ne veux pas qu'un chef <strong>de</strong> parti m'offre 20 000 euros, j'attends <strong>de</strong><br />

lui qu'il me laisse <strong>les</strong> gagner tout seul. Et je peux vous dire qu'il ne m'est pas difficile<br />

<strong>de</strong> gagner le double".


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

commencent à reprendre le chemin <strong>de</strong> la maison<br />

plus le paradis qui nous faisait rêver"<br />

Depuis l'adhésion <strong>de</strong> la Roumanie à l'Union Européenne<br />

en 2007, plus d'un million <strong>de</strong> Roumains sont partis travailler<br />

en Europe occi<strong>de</strong>ntale. Ce départ massif a provoqué une pénurie<br />

<strong>de</strong> main-d'oeuvre dans un pays qui se développe à grands<br />

pas. Rien que dans le bâtiment où la Roumanie connaît la plus<br />

forte croissance à l'échelle <strong>de</strong> l'UE, <strong>les</strong> patrons sont à la<br />

La crise économique ramène <strong>les</strong><br />

Roumains au pays. Ils seront<br />

quelque 500 000 à rentrer.<br />

Mais <strong>les</strong> autorités ne sont pas prêtes à<br />

gérer cet afflux massif. Frappés <strong>de</strong> plein<br />

fouet par la crise internationale, combien<br />

<strong>de</strong> Roumains travaillant à l'étranger sont<br />

contraints ou en passe <strong>de</strong> l'être revenir au<br />

pays ? C'est la question que se posent <strong>de</strong><br />

nombreuses personnes et qui <strong>de</strong>vrait donner<br />

<strong>de</strong>s sueurs froi<strong>de</strong>s aux employés du<br />

ministère du Travail roumain.<br />

Les syndicats estiment que le nombre<br />

<strong>de</strong> Roumains qui rentreront au pays<br />

dépassera le <strong>de</strong>mi-million. Les plus exposés<br />

sont <strong>les</strong> 200 000 qui sont partis travailler<br />

au noir. Au moment où <strong>les</strong><br />

Roumains <strong>de</strong> l'étranger reprennent le chemin<br />

<strong>de</strong> la maison, plusieurs entreprises<br />

multinationa<strong>les</strong> implantées en Roumanie<br />

ont annoncé la fermeture <strong>de</strong> leurs usines.<br />

En 2008, le gouvernement <strong>de</strong> Calin<br />

Popescu Tariceanu a organisé en Italie et<br />

en Espagne plusieurs bourses <strong>de</strong> l'emploi<br />

pour <strong>les</strong> émigrants roumains afin <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />

encourager à revenir à la maison. Il y a eu<br />

peu <strong>de</strong> candidats. Ceux qui n'ont pas postulé<br />

s'en mor<strong>de</strong>nt aujourd'hui <strong>les</strong> doigts.<br />

Selon une étu<strong>de</strong> espagnole, près <strong>de</strong><br />

750 000 Roumains travaillent actuellement<br />

en Espagne. Parmi eux, un peu<br />

moins <strong>de</strong> la moitié sont employés au noir.<br />

D'après le même document, quelque<br />

130 000 d'entre eux <strong>de</strong>vaient être sans<br />

travail à la fin 2008.<br />

Les mieux intégrés<br />

La communauté roumaine contribue<br />

à l'économie espagnole à hauteur d'environ<br />

8 milliards d'euros, soit 0,71 % du<br />

PIB. Les Roumains sont <strong>de</strong>venus en 2008<br />

la communauté étrangère la plus nombreuse<br />

en Espagne, représentant 17 % du<br />

nombre total d'étrangers. Il semblerait<br />

que certains soient déjà repartis chez eux,<br />

mais personne n'a <strong>de</strong> chiffres. "Un<br />

Roumain au chômage ici se débrouillera<br />

bien mieux s'il monte une affaire en Roumanie<br />

avec l'argent mis <strong>de</strong> côté et l'expérience<br />

acquise en Espagne", explique une<br />

représentante <strong>de</strong> l'association Danubius,<br />

implantée au Pays basque espagnol.<br />

Une émigration jeune<br />

Au premier semestre 2008, le<br />

nombre <strong>de</strong> chômeurs a fait un bond <strong>de</strong><br />

presque un <strong>de</strong>mi-million en Espagne.<br />

"Les Roumains et <strong>les</strong> Marocains sont <strong>les</strong><br />

communautés <strong>les</strong> plus affectées par le<br />

chômage, parce qu'ils sont <strong>les</strong> plus impliqués<br />

dans le secteur du bâtiment, le plus<br />

durement touché", affirme Miguel<br />

Pajares, professeur spécialisé en migrations<br />

internationa<strong>les</strong> à l'université <strong>de</strong><br />

Barcelone. La situation est i<strong>de</strong>ntique en<br />

Italie, où vivent plus d'un million <strong>de</strong><br />

Roumains.<br />

L'immigration roumaine est jeune: la<br />

moitié ont entre 25 et 39 ans. La majorité<br />

<strong>de</strong>s hommes travaillent dans le bâtiment,<br />

<strong>les</strong> femmes comme femmes <strong>de</strong> ménage<br />

ou dans l'agriculture en dépit d'un niveau<br />

d'étu<strong>de</strong>s supérieur aux autres migrants.<br />

En ce qui concerne <strong>les</strong> mariages mixtes,<br />

<strong>les</strong> Roumains sont <strong>les</strong> mieux intégrés. La<br />

scolarisation <strong>de</strong>s enfants roumains atteint<br />

pratiquement 100 %.<br />

Quant à la pratique <strong>de</strong> la langue espagnole,<br />

ce sont eux qui apprennent le plus<br />

vite grâce à la parenté <strong>de</strong>s langues latines<br />

et à leur bonne socialisation. Malgré cette<br />

bonne intégration, beaucoup <strong>de</strong><br />

Roumains font <strong>les</strong> frais <strong>de</strong> la crise économique<br />

et sont obligés <strong>de</strong> rentrer à la maison,<br />

regrette le quotidien El Pais. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

souligne qu'il s'agit, à terme, d'une<br />

perte pour l'économie espagnole.<br />

La traditionnelle impéritie<br />

<strong>de</strong>s pouvoirs publics<br />

Société<br />

recherche d'environ 300 000 ouvriers. Avec <strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong><br />

1000 euros net minimum. L'explosion du marché immobilier,<br />

baromètre du nouveau tournant économique <strong>de</strong> la Roumanie,<br />

a entraîné une hausse <strong>de</strong>s salaires moyens qui atteint aujourd'hui<br />

350 €, contre une centaine d'euros en 2000.<br />

Mirel Bran (Le Mon<strong>de</strong>)<br />

Un retour douloureux au pays pour quelques 500 000 Roumains<br />

En Roumanie, <strong>les</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'équivalences<br />

scolaires ont explosé ces <strong>de</strong>rniers<br />

mois, une preuve <strong>de</strong> plus du retour<br />

massif <strong>de</strong> famil<strong>les</strong> parties chercher fortune<br />

à l'étranger. D'après le Centre national<br />

<strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s diplômes, la plus<br />

forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> émane <strong>de</strong>s personnes rentrées<br />

d'Espagne et d'Italie.<br />

Mais, au ministère du Travail, <strong>les</strong><br />

fonctionnaires n'ont pris aucune disposition<br />

particulière pour accueillir ces<br />

Roumains <strong>de</strong> l'étranger, alors qu'il y a<br />

encore quelques mois ils faisaient <strong>de</strong>s<br />

pieds et <strong>de</strong>s mains pour tenter <strong>de</strong> <strong>les</strong><br />

convaincre <strong>de</strong>s opportunités <strong>de</strong> travail en<br />

Roumanie.<br />

Ils semblent pris au dépourvu, tout<br />

comme le sont tous <strong>les</strong> ans <strong>les</strong> autorités<br />

municipa<strong>les</strong> à l'arrivée <strong>de</strong> l'hiver.<br />

"Officiellement, nous ne pouvons pas<br />

prendre <strong>de</strong> mesures. Nous manquons <strong>de</strong><br />

chiffres. Car en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s quelques personnes<br />

venues s'informer lors <strong>de</strong>s<br />

bourses <strong>de</strong> l'emploi, nous n'avons pas<br />

reçu d'autres sollicitations", a expliqué la<br />

ministre du Travail, Mariana Campeanu.<br />

Diana Caloianu (Jurnalul National<br />

et le Courrier International)<br />

35


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

36<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

SATU<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

�<br />

CLUJ �<br />

�<br />

�<br />

SIBIU<br />

TIMISOARA<br />

PLOIESTI<br />

TG. JIU �<br />

�<br />

PITESTI �<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

IASI<br />

BICAZ<br />

�<br />

�<br />

BACAU<br />

� TARGU �<br />

MURES<br />

�<br />

BUCAREST<br />

GALATI �<br />

�<br />

TULCEA<br />

MANGALIA<br />

Devenu héro<br />

<strong>de</strong> la presse italienne<br />

Lors <strong>de</strong>s terrib<strong>les</strong> inondations qui<br />

ont submergé une partie <strong>de</strong> la capitale<br />

italienne, Mihai Ceghe, un<br />

Roumain <strong>de</strong> 37 ans, originaire <strong>de</strong><br />

Baia (Suceava) a fait preuve d'un<br />

courage qui a stupéfié la presse roumaine,<br />

laquelle l'a transformé en<br />

héro. Repérant un conducteur coincé<br />

par <strong>les</strong> flots dans sa voiture, à l'entrée<br />

d'un tunnel, le sauveteur a plongé<br />

dans le Tibre pour le dégager,<br />

sans se poser plus <strong>de</strong> questions. Le<br />

miraculé, un Italien <strong>de</strong> 77 ans, profondément<br />

choqué, a répété sans<br />

arrêt: "Je me noyais… Mon ange gardien<br />

est un Roumain !".<br />

Le len<strong>de</strong>main matin, Mihai Ceghe,<br />

ouvrier dans le bâtiment à Rome<br />

<strong>de</strong>puis douze ans, a confié avoir fait<br />

<strong>de</strong>s cauchemars toute la nuit, non<br />

pas parce qu'il se voyait rétrospectivement<br />

noyé, mais en imaginant que<br />

la personne qu'il avait sauvée soit<br />

morte dans son véhicule lorsqu'il la<br />

conduisait à l'hôpital : "Vue la réputation<br />

que <strong>les</strong> Italiens font aux<br />

Roumains, on m'aurait tout <strong>de</strong> suite<br />

accusé <strong>de</strong> meurtre et je n'avais<br />

aucun témoin".<br />

Le Bénélux<br />

ferme ses portes<br />

Emboîtant le pas aux Pays Bas et<br />

au Luxembourg, la Belgique a décidé<br />

<strong>de</strong> repousser <strong>de</strong> trois ans, au 1er janvier<br />

2012, l'accès libre au marché du<br />

travail <strong>de</strong>s Roumains et Bulgares, à<br />

cause <strong>de</strong> la crise économique qui<br />

touche la touche, notamment dans le<br />

sud du pays. Ces ressortissants ont<br />

donc toujours besoin d'un permis <strong>de</strong><br />

travail pour obtenir un emploi légal au<br />

Bénélux.<br />

�<br />

Emigration<br />

Société<br />

"Bonjour,<br />

je suis Roumain"<br />

Fin octobre, une campagne <strong>de</strong> publicité inédite a été lancée dans <strong>les</strong> médias<br />

espagnols. Elle a pour but <strong>de</strong> mettre en valeur <strong>les</strong> immigrés roumains et <strong>de</strong><br />

faire oublier <strong>les</strong> clichés qui poursuivent <strong>les</strong> quelque 750 000 Roumains installés<br />

en Espagne. Un spot télévisé a montré ainsi comment un ressortissant roumain<br />

est <strong>de</strong>venu le directeur d'un grand hôtel et se charge <strong>de</strong> souhaiter la bienvenue en<br />

Espagne aux clients <strong>de</strong> cet établissement. Financée par le gouvernement roumain,<br />

cette campagne, baptisée "Bonjour, je suis Roumain", possè<strong>de</strong> également son propre<br />

site Internet, sur lequel on trouve le slogan "Ensemble, nous formons une bonne équipe".<br />

"Cette campagne survient dans une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise et la conjoncture économique<br />

jouera sur la levée ou non du moratoire <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans imposé aux Roumains et<br />

aux Bulgares, qui <strong>les</strong> empêche <strong>de</strong> travailler dans notre pays sans permis <strong>de</strong> travail",<br />

a expliqué le quotidien madrilène ABC. Ce moratoire s'achevait le 1er janvier 2009 et<br />

le gouvernement espagnol a montré, <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> durcissement dans sa politique en<br />

matière d'immigration en raison <strong>de</strong> la dégradation <strong>de</strong> la situation économique.<br />

Les émigrés ont rapporté 7 milliards d'euros<br />

Selon un rapport <strong>de</strong> la Banque<br />

mondiale, <strong>les</strong> Roumains vivant<br />

à l'étranger ont rapatrié environ<br />

sept milliards d'euros en 2008, ce qui<br />

situe la Roumanie au 8ème rang dans le<br />

mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong>rrière, dans l'ordre, l'In<strong>de</strong>, la<br />

Chine, le Mexique, <strong>les</strong> Philippines, la<br />

Pologne, le Nigeria et l'Egypte. L'année<br />

précé<strong>de</strong>nte, la Roumanie se situait à la<br />

Eviron 33% <strong>de</strong>s Roumains ont<br />

une "bonne" ou "très bonne"<br />

opinion sur <strong>les</strong> étrangers qui<br />

vivent dans leur pays, 47% ont un avis<br />

neutre et seulement 10% disent ne pas <strong>les</strong><br />

apprécier. C'est ce que révèle une étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l'Office roumain pour l'immigration<br />

(ORI) et du British Council. On apprend<br />

également que 28% <strong>de</strong>s interrogés estiment<br />

que la présence <strong>de</strong>s étrangers influe<br />

dixième place.<br />

Tous <strong>les</strong> pays exportateurs <strong>de</strong> main<br />

d'oeuvre ont vu cette manne financière se<br />

tarir au 4ème trimestre <strong>de</strong> l'an passé, à la<br />

suite <strong>de</strong> la crise financière mondiale.<br />

Jusque là, pour <strong>les</strong> neuf premiers mois <strong>de</strong><br />

2008, <strong>les</strong> rentrées financières dues aux<br />

travailleurs roumains émigrés étaient<br />

supérieurs <strong>de</strong> 25 % à cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> 2007.<br />

2500 mineurs roumains renvoyés d'Italie<br />

Ala suite d'un accord bilatéral signé en juin <strong>de</strong>rnier entre Rome et Bucarest<br />

et entré en vigueur le 20 décembre, l'Italie a commencé à rapatrier vers la<br />

Roumanie 2500 mineurs accueillis dans <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> placement, dont la<br />

majorité ont entre quelques mois et <strong>de</strong>ux ans. Il s'agit d'orphelins, d'enfants abandonnés<br />

ou dont <strong>les</strong> parents ont été déchus <strong>de</strong> leur autorité parentale. Pour plusieurs d'entreeux,<br />

il s'agit d'un drame car ils avaient été placés dans <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> d'accueil. D'autres<br />

pourraient retrouver <strong>les</strong> parents dont ils ont été séparés pour mauvais traitements, <strong>les</strong><br />

décisions <strong>de</strong> la justice italienne n'étant pas prises en compte par la justice roumaine.<br />

Le cas du petit Gratian, 3 ans, a été beaucoup évoqué dans la presse italienne. Il avait<br />

été abandonné par sa mère et battu par sa grand-mère. En Roumanie, ce sont <strong>les</strong> services<br />

locaux <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong>s enfants qui seront chargés <strong>de</strong> veiller sur ces mineurs.<br />

Un tiers <strong>de</strong>s Roumains ont une bonne<br />

opinion <strong>de</strong>s étrangers vivant chez eux<br />

<strong>de</strong> façon positive sur le développement<br />

du pays. A noter que seulement 14% <strong>de</strong>s<br />

Roumains pensent que l'intégration <strong>de</strong>s<br />

étrangers est l'affaire <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> citoyens,<br />

alors qu'un peu plus <strong>de</strong> 50% sont<br />

convaincus qu'il s'agit d'abord <strong>de</strong> la responsabilité<br />

<strong>de</strong>s autorités. Actuellement,<br />

environ 1050 réfugiés et plus <strong>de</strong> 53.000<br />

étrangers en situation légale vivent sur le<br />

sol roumain, selon l'ORI.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Environnement<br />

La Fondation Cousteau a<br />

décidé d'accor<strong>de</strong>r le Prix<br />

Jacques-Yves Cousteau<br />

au projet lauréat d'un concours<br />

qu'elle a lancé pour défendre le<br />

Delta du Danube.<br />

Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la fondation,<br />

Francine Cousteau, veuve et <strong>de</strong>uxième<br />

épouse du Commandant, en <strong>de</strong>viendra l’ambassadrice<br />

auprès <strong>de</strong>s huit pays riverains du fleuve. Parallèlement, le<br />

Parlement européen a débattu <strong>de</strong> son avenir, sur le thème<br />

"Delta du Danube, patrimoine européen", animé par <strong>de</strong>ux<br />

euro-députés roumains. Plusieurs sujets ont été abordés<br />

comme le défrichage du Delta, le développement <strong>de</strong> la chasse<br />

dans la région, <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> la crise mondiale sur sa protection.<br />

Secon<strong>de</strong> épouse du Commandant, Francine Cousteau, est<br />

Une centrale nucléaire <strong>de</strong> quartier ?<br />

The Guardian, journal anglais, affirme que la compagnie<br />

tchèque TES veut mettre en place en Roumanie le premier<br />

réacteur nucléaire portable. Installé dans un<br />

camion, ce dispositif permettrait d'alimenter en électricité 20.000<br />

habitants. Cette mini-centrale, produite par la compagnie américaine<br />

Hyperion et exploitée par TES, <strong>de</strong>vrait être mise en fonction en<br />

2013, selon <strong>les</strong> déclarations <strong>de</strong> John Deal, le directeur <strong>de</strong> la société<br />

productrice. Une telle centrale coûtera 25 millions <strong>de</strong> dollars et produira<br />

<strong>de</strong> l'énergie à coût réduit et "sans risques" assurent <strong>les</strong> producteurs.<br />

Reste que l'autorité américaine <strong>de</strong> réglementation du<br />

nucléaire n'a pas encore donné son avis et autorisé la mise en service<br />

<strong>de</strong> cette mini-centrale. Verdict en 2009.<br />

Religion<br />

Donner, c'est donner…<br />

reprendre, c'est voler !<br />

Gigi Becali, le patron du Steaua Bucarest et<br />

affairiste milliardaire, souhaite récupérer<br />

une donation <strong>de</strong> quelques 2 millions d'euros<br />

faite à l'Eglise orthodoxe roumaine l'année <strong>de</strong>rnière,<br />

<strong>de</strong>stinée à la construction <strong>de</strong> la "Cathédrale du salut du<br />

peuple", la plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout le pays, à Bucarest.<br />

Comme <strong>les</strong> travaux n'ont toujours pas commencé,<br />

Gigi Becali, ancien berger ayant fait fortune dans la<br />

spéculation immobilière, qui a créé un parti politique<br />

populiste placé sous l'égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dieu, souhaite reprendre<br />

son argent pour le donner aux moines du mont Athos.<br />

Mais l'Eglise orthodoxe roumaine ne compte pas le lui<br />

rendre.<br />

Le porte-parole <strong>de</strong> l'institution, Constantin Stoica, a<br />

assuré que <strong>les</strong> travaux <strong>de</strong> l'édifice débuteront en avril<br />

prochain… Sans préciser s'il s'agissait du 1er avril.<br />

Société<br />

Francine Cousteau<br />

ambassadrice du Delta du Danube<br />

une ancienne hôtesse d'Air France. Elle s'est mariée en juin<br />

1991 avec le Commandant, âgé alors <strong>de</strong> 81 ans, dont elle avait<br />

eu auparavant 2 enfants, Diane et Pierre-Yves. Son mari lui<br />

avait légué tous ses biens à son décès, en 1997, ainsi que la<br />

direction <strong>de</strong> sa fondation.<br />

Il s'en était suivi une bataille <strong>de</strong> succession, notamment à<br />

propos <strong>de</strong> l'héritage <strong>de</strong> la Calypso et <strong>de</strong> la réfection du navire<br />

en perdition, qu'elle gagnera, contre Jean-Michel Cousteau, le<br />

fils <strong>de</strong> sa première femme, Simone Cousteau, décédée six mois<br />

avant le remariage du Commandant.<br />

Les relations entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes s'étaient vite dégradées<br />

après la disparition <strong>de</strong> Simone Cousteau, personnalité<br />

forte, qui avait passé plus <strong>de</strong> temps sur la Calypso que son<br />

mari et était <strong>de</strong>venue l'égérie <strong>de</strong> l'équipage. En 1996, le père<br />

poursuivra même en justice son fils qui souhaitait ouvrir un<br />

centre <strong>de</strong> vacances "Cousteau" dans <strong>les</strong> î<strong>les</strong> Fidji.<br />

Une tour <strong>de</strong> 110 m<br />

<strong>de</strong> haut à Bucarest<br />

Bucarest voit se multiplier <strong>les</strong> gratte-ciels. Une<br />

tour en béton <strong>de</strong> 110 mètres <strong>de</strong> haut va être érigée<br />

sur <strong>les</strong> bords <strong>de</strong> la Dambovita, dans le<br />

quartier <strong>de</strong> Timpuri Noi. La direction <strong>de</strong> l'urbanisme vient<br />

<strong>de</strong> donner son feu vert pour la construction <strong>de</strong> cet<br />

ensemble <strong>de</strong> bureaux, qui occupera une surface totale <strong>de</strong><br />

54.000 m2. Par ailleurs, fin novembre, le conseil municipal<br />

a approuvé la construction <strong>de</strong> trois autres gratte-ciels:<br />

une tour <strong>de</strong> 26 étages sur le boulevard Basarabia, une autre<br />

<strong>de</strong> 55 mètres sur Soseaua Panduri et une <strong>de</strong>rnière, haute <strong>de</strong><br />

110 m également, sur Soseaua Orhi<strong>de</strong>elor.<br />

Construite comme un vaisseau,<br />

l'église <strong>de</strong> Cricov n'a pas pris<br />

la mer… mais souvent la route<br />

De tout le pays, <strong>les</strong> Roumains viennent visiter la vieille église<br />

en bois du monastère <strong>de</strong> Cricov, près <strong>de</strong> Urlati (Ploiesti).<br />

Pas seulement pour son icône, la chaire en bois du prieur,<br />

sa structure en chêne massif, son clocher pointu, sa véranda, mais surtout<br />

parce qu'elle est la seule dans le pays à avoir été construite comme<br />

un vaisseau <strong>de</strong> l'époque médiévale.<br />

L'église a vu le jour en 1731, dans le village <strong>de</strong> Luieru, près <strong>de</strong><br />

Reghin dans le ju<strong>de</strong>t du Mures (Târgu Mures). Deux sièc<strong>les</strong> plus tard,<br />

la famille royale l'a faite démonter et transporter morceau par morceau<br />

au château <strong>de</strong> Bran, près <strong>de</strong> Brasov. Le régime communiste s'en est<br />

désintéressée totalement et l'édifice a pris la route dans l'indifférence en<br />

1956 pour le monastère <strong>de</strong> Cricov où elle se trouve actuellement. Un<br />

circuit <strong>de</strong> quatre cents kilomètres pour trouver son ancrage définitif.<br />

Afin <strong>de</strong> ne pas l'abîmer par un usage trop fréquent, la vieille église a été<br />

flanquée d'une nouvelle qui abrite aussi un musée. Elle reçoit la visite<br />

<strong>de</strong> nombreux pèlerins, dont, début 2008, celle assidue <strong>de</strong> Nico, chanteuse<br />

chargée <strong>de</strong> représenter la Roumanie au concours Eurovision.<br />

37


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

38<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

SATU<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

�<br />

CLUJ �<br />

�<br />

SIBIU<br />

RM. VÂLCEA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

�<br />

TARGU<br />

MURES<br />

PLOIESTI<br />

� PITESTI �<br />

�<br />

IASI �<br />

�<br />

BUCAREST<br />

BACAU<br />

�<br />

GALATI �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Les supporters<br />

Bucarestois punis<br />

La Fédération Roumaine <strong>de</strong> Football<br />

a décidé que le prochain match<br />

qualificatif pour la coupe du mon<strong>de</strong><br />

2010 que la Roumanie doit disputer à<br />

domicile ne se disputera pas au sta<strong>de</strong><br />

Ghencea <strong>de</strong> Bucarest mais à<br />

Constantsa. Motif invoqué: le public<br />

<strong>de</strong> la capitale avait sifflé Adrian Mutu<br />

(notre photo) lors <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière rencontre<br />

du groupe<br />

éliminatoire, ne<br />

jugeant pas la<br />

production <strong>de</strong> la<br />

gran<strong>de</strong> ve<strong>de</strong>tte du<br />

football roumain à<br />

la hauteur, ce qui<br />

avait fortement<br />

perturbé le joueur qui évolue en Italie,<br />

à la Fiorentina. Mutu, qui jouait, auparavant<br />

en Angleterre où il avait été<br />

licencié <strong>de</strong> son club pour s'être drogué,<br />

a été désigné meilleur joueur <strong>de</strong><br />

l'année en Roumanie.<br />

Piturca et Becali<br />

<strong>de</strong>vant la justice<br />

Le patron du Steaua Bucarest, Gigi<br />

Becali, et le sélectionneur national<br />

Victor Piturca ont été <strong>de</strong>férés <strong>de</strong>vant<br />

la justice par <strong>les</strong> procureurs anti-corruption,<br />

dans un dossier <strong>de</strong> corruption<br />

dans le football roumain. Gigi Becali<br />

est principalement accusé d'avoir<br />

tenté <strong>de</strong> verser 1,7 million d'euros aux<br />

joueurs du club Universitatea Cluj<br />

pour <strong>les</strong> inciter à tenir en échec le<br />

rival du CFR Cluj en fin <strong>de</strong> saison<br />

<strong>de</strong>rnière. Piturca, lui, est accusé<br />

d'avoir "favorisé l'auteur <strong>de</strong> l'infraction"<br />

en signant en tant que témoin un<br />

pré-contrat portant sur l'achat par<br />

Becali d'un terrain à Cluj, un faux <strong>de</strong>stiné<br />

à cacher la véritable <strong>de</strong>stination<br />

<strong>de</strong>s 1,7 million d'euros saisis à Cluj.<br />

�<br />

Sports<br />

Société<br />

Cluj et sa légion<br />

Français et Roumains ne se quittent plus sur <strong>les</strong> terrains <strong>de</strong> football. Après la<br />

double confrontation - en quatre mois - <strong>de</strong>s sélections nationa<strong>les</strong>, la Ligue<br />

<strong>de</strong>s champions a pris le relais avec le Steaua Bucarest qui a rencontré Lyon<br />

et le CFR Cluj, adversaire <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, un club novice qui est allés battre l'AS Rome<br />

(2-1) en Italie avant <strong>de</strong> tenir tête, à domicile, à Chelsea (0-0). En Roumanie, Steaua et<br />

Cluj se disputent la suprématie. Le club <strong>de</strong> la capitale et <strong>de</strong> l'Armée a pour lui <strong>les</strong><br />

records (23 titres <strong>de</strong> champion, 20 coupes <strong>de</strong> Roumanie) et une histoire dont la plus<br />

glorieuse page a été écrite le 7 mai 1986: pour la première fois, une équipe roumaine<br />

remportait la Coupe d'Europe <strong>de</strong>s clubs champions (ancêtre <strong>de</strong> la Ligue).<br />

A côté, le bilan <strong>de</strong> Cluj est ridicule : une finale <strong>de</strong> Coupe Intertoto perdue en 2005<br />

face à Lens. Mais si l'on s'en tient à la saison passée, c'est un sans-faute: doublé championnat-Coupe,<br />

suivi <strong>de</strong> ces débuts fracassants en Ligue <strong>de</strong>s champions.<br />

Titulaire indiscutable avec "72 matches sur 74 au compteur”, le défenseur franco-portugais<br />

Anthony Da Silva n'aurait sans doute pas connu ce privilège ailleurs.<br />

"Avant <strong>de</strong> partir", reconnaît-il, j'avais une image négative <strong>de</strong> la Roumanie. Quand j'ai<br />

reçu la proposition, j'ai pleuré. "Aujourd'hui, on va à Bor<strong>de</strong>aux pour gagner" (en fait,<br />

Cluj s'est incliné par 2 buts à 1).<br />

Fortunes faites grâce à la spéculation immobilière<br />

Les <strong>de</strong>ux<br />

En 2001, Cluj croupissait en troisième division. Depuis, l'homme d'affaires<br />

Arpad Paszkanyi (notre photo), originaire <strong>de</strong> l'ancienne capitale <strong>de</strong> la Transylvanie,<br />

a injecté 60 millions d'euros et recruté force<br />

mercenaires argentins, portugais, brésiliens<br />

ou ivoiriens. Sur un effectif <strong>de</strong> 28 joueurs, on<br />

recense... 7 Roumains. Souvent comparé<br />

pour sa jeunesse (38 ans) et sa discrétion à<br />

Roman Abramovitch, le propriétaire russe <strong>de</strong><br />

Chelsea, Paszkanyi a également misé sur une<br />

légion étrangère. Le CFR (prononcer "tchéféré")<br />

se revendiquant comme "l'équipe la<br />

plus multiculturelle du pays".<br />

Cette Babel <strong>de</strong> nouveau riche alimente<br />

naturellement l'animosité du financier du<br />

Steaua, George (dit "Gigi") Becali, aussi<br />

bouillant que son rival est effacé. Apparus<br />

simultanément dans le paysage footballistique à partir <strong>de</strong> 2002, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux hommes ont<br />

prospéré grâce à la spéculation immobilière, Paszkanyi au Canada, Becali en rachetant<br />

<strong>de</strong>s terrains autour <strong>de</strong> Bucarest après la révolution <strong>de</strong> 1989.<br />

A la tête <strong>de</strong> la première fortune du pays, le patron du Steaua est aussi celui du parti<br />

Nouvelle génération, chrétien-démocrate, qui n'a pas franchi le seuil <strong>de</strong> 5 % aux élections<br />

européennes <strong>de</strong> novembre 2007. Admirateur <strong>de</strong> Codreanu, chef <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Fer, le mouvement fasciste <strong>de</strong> l'entre-<strong>de</strong>ux-guerres, le populiste et fort populaire<br />

Becali insulte régulièrement entraîneurs, arbitres et journalistes, tout en flattant <strong>les</strong><br />

sentiments xénophobes.<br />

Il a ainsi déclaré que le pays "serait la risée <strong>de</strong> tout le mon<strong>de</strong> si le championnat<br />

était gagné par <strong>les</strong> Hongrois du CFR Cluj". Le titre remporté en mai <strong>de</strong>rnier n'a fait<br />

rire personne (surtout à Bucarest, où on le monopolisait <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux décennies), mais<br />

l'attaque, qui visait directement Paszkanyi, tentait <strong>de</strong> réveiller la vieille querelle entre<br />

Roumains et Magyars, qui représentent 20 % <strong>de</strong> la population <strong>de</strong> Cluj. Une communauté<br />

qui a déjà souffert du passage à la mairie, entre 1992 et 2004, <strong>de</strong> l'excité<br />

Gheorghe Funar. Cela n'a pas suffi à troubler le dynamisme <strong>de</strong> cette ville <strong>de</strong> 310 000<br />

habitants qui semble tout miser sur l'intégration européenne. Le coeur <strong>de</strong> Cluj est l'importante<br />

université Babes-Bolyai dont dépend le <strong>de</strong>uxième club local.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

étrangère face aux "Légionnaires du Christ" du Steaua<br />

visages du football roumain<br />

A Cluj, <strong>les</strong> politiciens locaux<br />

voulaient être "arrosés"<br />

"Au départ, Paszkanyi pensait racheter l'Universitatea,<br />

mais comme ce club est municipal, <strong>les</strong> politiciens locaux voulaient<br />

être arrosés”, raconte Cristian Aszolos, journaliste sportif<br />

à l'hebdomadaire Clujeanul. L'Universitatea occupe actuellement<br />

la quinzième place en <strong>de</strong>uxième division. Il compte<br />

pourtant plus <strong>de</strong> supporteurs que le CFR.<br />

Au nord <strong>de</strong> Cluj, le sta<strong>de</strong> du CFR est un chantier permanent.<br />

Une tribune vient d'être inaugurée, portant la capacité à<br />

26 000 places. Paszkanyi peut tout s'offrir, sauf une âme. Sans<br />

base populaire, le CFR 1907 - sa date <strong>de</strong> fondation par la compagnie<br />

<strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> fer - souffre d'un déficit d'i<strong>de</strong>ntité. Une<br />

poignée <strong>de</strong> journalistes et un clochard assistent à l'entraînement.<br />

On finit par trouver un supporteur, qui a lâché<br />

l'Universitatea pour le CFR il y a trois ans. Il vit à Chicago, y<br />

fait "<strong>de</strong>s affaires" et passe un mois <strong>de</strong> vacances dans sa famille.<br />

Il dit avoir "du temps à perdre".<br />

La boutique officielle du CFR et son restaurant sont à<br />

l'autre bout <strong>de</strong> la ville. Hôtesses jeunes et sexy, clientèle rare<br />

et maillots <strong>de</strong>ux fois plus chers qu'à Bucarest: 150 lei (40<br />

euros), soit un cinquième du salaire moyen.<br />

Michel Platini, entouré <strong>de</strong> Mircea Sandu (Fédération<br />

Roumaine <strong>de</strong> football (à sa droite) et <strong>de</strong> Octavian Belu,<br />

(Agence Nationale du Sport) visite le futur sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> Bucarest.<br />

Un championnat gangrené<br />

par une corruption endémique<br />

Société<br />

Pour l'histoire, y compris la plus pesante, le Steaua est<br />

incomparable, club-nation revendiquant 6 millions <strong>de</strong> supporteurs.<br />

Choyé par le régime <strong>de</strong> Ceausescu, il n'a jamais renoncé<br />

à son logo, l'étoile (Steaua) révolutionnaire, qui doit, aujourd'hui,<br />

composer avec le prosélytisme du patron. Chrétien<br />

orthodoxe, comme l'immense majorité <strong>de</strong> ses compatriotes, et<br />

généreux donateur pour ce culte, "Gigi" Becali a fait bro<strong>de</strong>r<br />

une croix à l'intérieur du maillot <strong>de</strong> ses joueurs et en a fait<br />

peindre une autre, plus ostentatoire, sur leur car. Et dans le hall<br />

du club, un monumental crucifix accueille le visiteur.<br />

Façon d'expier <strong>les</strong> pêchés d'un football roumain gangrené<br />

par une corruption endémique? Le 16 octobre, le sélectionneur<br />

national Victor Piturca, ancien joueur du Steaua, a été conduit<br />

au parquet. On l'accuse d'avoir favorisé en mai une tentative <strong>de</strong><br />

versement <strong>de</strong> 1,7 million d'euros.<br />

L'argent appartenait à "Gigi" Becali. Les <strong>de</strong>stinataires<br />

étaient <strong>les</strong> joueurs <strong>de</strong> l'Universitatea Cluj. But: <strong>les</strong> motiver à<br />

tenir en échec le CFR pour que celui-ci ne remporte pas le<br />

championnat. Ça n'a pas marché.<br />

Bruno Lesprit (Le Mon<strong>de</strong>)<br />

Platini fait miroiter à Bucarest<br />

l'organisation d'une finale européenne<br />

En visite à Bucarest, Michel Platini, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fédération<br />

Européenne <strong>de</strong> Football, a indiqué que la capitale roumaine ne<br />

pourrait accueillir une finale <strong>de</strong> la coupe <strong>de</strong> l'UEFA que si elle<br />

disposait d'un sta<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rne, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> capacité, et répondant aux standards<br />

européens, à l'image <strong>de</strong>s autres gran<strong>de</strong>s capita<strong>les</strong> du continent. Il a<br />

promis <strong>de</strong> revenir en 2010, ajoutant <strong>de</strong>vant ses hôtes: "Si le sta<strong>de</strong> national<br />

(ndlr: 55 000 places couvertes dans le complexe sportif Lia Manoliu,<br />

livraison prévue en mai 2010) est construit à ce moment là, il y a <strong>de</strong> fortes<br />

chances que la finale 2012 vous soit attribuée". Pour l'instant, la<br />

Roumanie ne dispose que <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sta<strong>de</strong>s homologués pour la Coupe <strong>de</strong>s<br />

champions, Ghencea à Bucarest et Gruia à Cluj. Le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

Fédération <strong>de</strong> Football Roumaine, Mircea Sandu, a émis le vœu que l'organisation <strong>de</strong> l'Euro 2020 (ancienne Coupe d'Europe <strong>de</strong>s<br />

Nations) soit attribuée à son pays ainsi qu'à la Hongrie et à la Bulgarie, prévoyant que, d'ici là, huit vil<strong>les</strong> roumaines seront prêtes<br />

à accueillir la compétition, aussi bien au niveau <strong>de</strong>s infrastructures sportives, que <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> communication et d'hébergement.<br />

Lacatus revient comme entraîneur du Steaua<br />

Marius Lacatus va revenir entraîner l'équipe <strong>de</strong><br />

football du Steaua Bucarest"… C'est ce qu'a<br />

annoncé le patron du Steaua, Gigi Becali, alors<br />

qu'il avait remercié l'ancien international roumain <strong>de</strong> ce même<br />

poste à la fin du mois d'octobre <strong>de</strong>rnier. "J'ai déjà reconnu que<br />

je regrettais le départ <strong>de</strong> Lacatus. C'était une erreur, a affirmé<br />

Becali. "J'ai rappelé Lacatus pour lui dire qu'il serait le<br />

nouvel entraîneur du Steaua". Dorinel Munteanu, l'entraîneur<br />

actuel, n'aura résisté que <strong>de</strong>ux mois aux caprices du financeur<br />

du club, sans avoir le temps <strong>de</strong> faire ses preuves. Son bilan:<br />

une victoire, quatre matchs nuls et<br />

trois défaites. Le milliardaire a simplement<br />

déclaré: "Il sera content que<br />

je le mette <strong>de</strong>hors. Il va recevoir<br />

200.000 €". Suite à sa défaite contre<br />

la Fiorentina, le Steaua Bucarest est<br />

désormais éliminé <strong>de</strong> la Coupe <strong>de</strong><br />

l'UEFA. Les "rouge et bleu" vont pouvoir<br />

se concentrer sur le championnat national. Actuellement<br />

en 5ème position, ils espèrent encore remporter le titre.<br />

39


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

40<br />

Insolite<br />

Buger King a provoqué une lever <strong>de</strong> boucliers en<br />

utilisant quelques paysans du Maramures pour<br />

vanter dans un spot télévisé <strong>de</strong>stiné aux pays occi<strong>de</strong>ntaux<br />

son <strong>de</strong>rnier hamburger, le "Whopper", concurrent<br />

direct du "Big Mac" <strong>de</strong> McDonald's.<br />

Après <strong>les</strong> avoir sélectionnés dans la commune <strong>de</strong> Bu<strong>de</strong>sti,<br />

<strong>les</strong> présentant comme <strong>de</strong>s indigènes n'ayant jamais eu aucun<br />

contact avec la civilisation <strong>de</strong> la fast food, au goût vierge et<br />

donc pur, <strong>les</strong> montrant auparavant dans <strong>de</strong>s charrettes tirées<br />

par <strong>de</strong>s chevaux <strong>de</strong> trait dans <strong>de</strong>s chemins boueux, la firme<br />

américaine <strong>les</strong> a fait asseoir à une table, affublés <strong>de</strong> leurs petits<br />

Le 6 décembre <strong>de</strong>rnier, 817 066<br />

Roumains, soit près <strong>de</strong> 4 % <strong>de</strong><br />

la population, ont fêté la Saint<br />

Nicolas, selon <strong>les</strong> statistiques du ministère<br />

<strong>de</strong> l'Intérieur. Etymologiquement, ce<br />

prénom provient du grec "nike" (victoire),<br />

et "laos" (peuple). Les 534 639<br />

Nicolae et 282 427 Nicoleta, ainsi que<br />

leurs dérivés, sont donc <strong>les</strong> authentiques<br />

Conte <strong>de</strong> Noël<br />

Alerté par <strong>de</strong>s pleurs, un prêtre <strong>de</strong> la<br />

commune <strong>de</strong> Pottmes, en Allemagne, a<br />

découvert dans la crèche <strong>de</strong> Noël un<br />

bébé, visiblement né quelques heures auparavant,<br />

installé dans le berceau même <strong>de</strong> Jésus, et enroulé<br />

<strong>de</strong> couvertures. Ces cris l’ont sauvé, car il risquait<br />

l'hypothermie, la température ambiante n'étant que<br />

<strong>de</strong> 12°. L'enfant a été conduit immédiatement dans<br />

une clinique pédiatrique où l'équipe médicale lui a<br />

donné le nom <strong>de</strong> Peter. Après une enquête éclair, la<br />

police a retrouvé sa mère, une Roumaine <strong>de</strong> 38 ans,<br />

vivant dans <strong>les</strong> environs, qui avait accouché toute<br />

seule et était plongée dans un profond désespoir. La<br />

jeune femme a confié qu'elle avait déposé à <strong>de</strong>ssein<br />

son bébé dans le berceau du Christ, lui donnant le<br />

prénom <strong>de</strong> Cristian et priant Dieu dans l'espoir qu'il<br />

s'occupe <strong>de</strong> lui, se montrant soulagée <strong>de</strong> voir son<br />

vœu exaucé. La paroisse et <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> <strong>de</strong> Pottmes<br />

ont décidé <strong>de</strong> venir en ai<strong>de</strong> à la mère et l'enfant.<br />

Un cochon et un âne contestataires<br />

Société<br />

Paysans du Maramures au régime fast-food<br />

chapeaux et <strong>de</strong> leurs costumes, leur <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong> désigner le<br />

meilleur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sandwichs.<br />

Le résultat ne faisait pas <strong>de</strong> doute et Burger King a rebaptisé<br />

son <strong>de</strong>rnier né "Whopper-virgini" (le whopper <strong>de</strong>s<br />

vierges). Pour faire plus sérieux, la firme a aussi donné <strong>les</strong><br />

noms <strong>de</strong>s dégustateurs formant le jury. Ce spot a également été<br />

tourné avec <strong>de</strong>s esquimaux du Groenland et <strong>de</strong>s paysans thaï<br />

<strong>de</strong>s rizières. Plusieurs voix se sont élevées outre-Atlantique<br />

pour dénoncer son caractère "répugnant", "humiliant",<br />

"empreint <strong>de</strong> colonialisme", ou "son côté emblématique <strong>de</strong><br />

l'ignorance <strong>de</strong>s Américains vis-à-vis du reste du mon<strong>de</strong>".<br />

Plus <strong>de</strong> 800 000 Roumains ont fêté "la victoire du peuple"<br />

représentants <strong>de</strong> la "victoire du peuple".<br />

Une victoire qu'ils déclinent <strong>de</strong> plusieurs<br />

manières. Pour <strong>les</strong> hommes, si à 66 %<br />

leurs parents ont choisi Nicolae ou<br />

Niculaie, 68 181s'appellent Niculai ou<br />

Neculai, 43 069 Nicusor (un diminutif),<br />

26 297 Nicu. Les versions plus occi<strong>de</strong>ntalisées,<br />

Niklas, Nicholas, Nicolaus,<br />

Nikolaos ne sont portées que par 1133<br />

Ceausescu n’avait<br />

sans doute pas<br />

imaginé qu’un jour,<br />

4000 Pères Noël<br />

poseraient en photo<br />

<strong>de</strong>vant son palais.<br />

La police moldave a arrêté et embarqué un cochon et un âne qui manifestaient<br />

en compagnie <strong>de</strong> leur propriétaire contre le régime. Anatol<br />

Matarasu avait emmené ses <strong>de</strong>ux animaux pour participer à une protestation<br />

organisée par <strong>de</strong>s mouvements d'opposition, et <strong>les</strong> avaient habillés, l'un<br />

en procureur avec la mention "porcureur", l'autre en policier. Après <strong>de</strong>s altercations<br />

avec <strong>les</strong> forces <strong>de</strong> l'ordre, il a été appréhendé par une dizaine <strong>de</strong> policiers<br />

pour avoir "uriné" sur un édifice public, le "groupe" <strong>de</strong> contestataires étant poussé<br />

tant bien que mal dans un fourgon prenant la direction du commissariat.<br />

personnes.<br />

Côté femmes, si el<strong>les</strong> sont à peu près<br />

la même proportion (69 %) à répondre au<br />

prénom <strong>de</strong> Nicoleta, on trouve aussi 58<br />

246 Niculina et Nicolina; 2,5 % ont reçu<br />

une version aux accents étrangers (Niko;<br />

Nika, Niki, Niky) et très peu, 52 personnes<br />

seulement, s'appellent Niculeana,<br />

Nicolita, Niculita ou Niculia.<br />

Contrepied<br />

Les gardiens <strong>de</strong> la prison d'Arad n'en<br />

sont pas encore revenus. Alors que<br />

leurs projecteurs balayaient la cour<br />

intérieure <strong>de</strong> l'établissement pour prévenir<br />

toute évasion, ils ont vu soudain apparaître<br />

dans <strong>les</strong> faisceaux lumineux une silhouette qui<br />

faisait le trajet inverse. Le quidam avait sauté<br />

le mur d'enceinte, pourtant haut <strong>de</strong> trois<br />

mètres, afin d'échapper à <strong>de</strong>s agresseurs lors<br />

d'une course poursuite nocturne dans la rue<br />

voisine. Dès <strong>les</strong> premières sommations, il s'est<br />

rendu… se rendant compte qu'il était aussi<br />

difficile d'entrer que <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> ce lieu.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Chaque 6 janvier, jour du baptème du Christ, la fête <strong>de</strong> Boboteaza, attire <strong>de</strong>s fou<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> fidè<strong>les</strong> immenses. Traditionnellement, le pope jette une croix dans une rivière<br />

que <strong>les</strong> jeunes gens vont rechercher, celui qui la ramène étant récompensé.<br />

Ci-<strong>de</strong>ssus, à Mangalia, <strong>de</strong>puis un hélicoptère, l’archevêque Teodosie lance<br />

trois croix dans la mer Noire gelée que <strong>de</strong> courageux baigneurs vont aller récupérer.<br />

A Calarasi, dans un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux bras du Danube, dix-huit prétendants se<br />

sont présentés en janvier 2008, mais seulement quinze ont été autorisés à<br />

concourir. L’un avait été éliminé... parce que son alcooltest s’était révélé<br />

positif ! Deux autres, car leur tension était trop élevée...<br />

Mais <strong>les</strong> jeux étaient faits d’avance:<br />

Iulian Sabin, 23 ans, l’a emporté pour la quatrième année consécutive.<br />

A Giurgiu, le pope célèbre la messe avant que <strong>les</strong> candidats...<br />

qui n’ont pas froid aux yeux, ne se jettent à l’eau dans le Danube gelé.<br />

Dans <strong>les</strong><br />

premiers<br />

jours<br />

<strong>de</strong> janvier,<br />

le pope<br />

se rend<br />

dans chaque<br />

maison pour<br />

bénir ses<br />

occupants<br />

et chaque<br />

pièce... et<br />

recevoir leurs<br />

contributions.<br />

Connaissance et découverte<br />

Boboteaza<br />

Le Patriarche Daniel bénit <strong>de</strong>s tonneaux remplis d’eau<br />

pour <strong>les</strong> fidè<strong>les</strong> qui en ramèneront chez eux dans <strong>de</strong>s flacons.<br />

A la cathédrale <strong>de</strong> la Patriarchie <strong>de</strong> Bucarest, la longue queue <strong>de</strong>s<br />

croyants pour remplir leurs bouteil<strong>les</strong> <strong>de</strong> la précieuse eau bénite.<br />

41


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

42<br />

�<br />

SATU MARE<br />

� BAIA<br />

MARE<br />

SUCEAVA<br />

�<br />

IASI<br />

ORADEA<br />

�<br />

TARGU<br />

�<br />

MURES BACAU<br />

ARAD<br />

�<br />

SIBIU<br />

�<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

� BRASOV<br />

�<br />

GALATI �<br />

TG. JIU<br />

BRAILA �<br />

�<br />

�<br />

� PITESTI TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

�<br />

Emil Cioran<br />

philosophe<br />

du désespoir<br />

Emile Michel Cioran, né le 8 avril<br />

1911 à Rasinari (Roumanie) et mort à<br />

Paris le 20 juin 1995, est considéré<br />

comme l'un <strong>de</strong>s plus grands philosophes<br />

du XXème siècle.<br />

Très jeune, il lit <strong>les</strong> oeuvres <strong>de</strong><br />

Nietzsche, Dostoievsky et<br />

Schopenhauer, trois penseurs qui<br />

exerceront sur lui une gran<strong>de</strong> influence.<br />

En 1928, il entreprend <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> philosophie, à l'Université <strong>de</strong><br />

Bucarest et obtient sa licence en<br />

1932, après avoir complété une thèse<br />

sur Bergson. Son premier livre paraît<br />

en 1934 et le titre révèle déjà le programme<br />

<strong>de</strong> toute une vie: Sur <strong>les</strong><br />

cimes du désespoir.<br />

Après avoir ressenti le besoin <strong>de</strong><br />

rompre avec ses racines roumaines,<br />

Cioran s'établit en France en 1939,<br />

bénéficiant d'une bourse d'étu<strong>de</strong>s.<br />

C'est en 1947 qu'il abandonne sa<br />

langue maternelle pour apporter au<br />

français, tout comme Ionesco sur le<br />

plan du verbe, une espèce <strong>de</strong> délire<br />

<strong>de</strong> la réflexion dont la première<br />

expression sera son Précis <strong>de</strong><br />

décomposition (1949, Gallimard).<br />

Pour Cioran, la philosophie est<br />

souvent "produite par <strong>de</strong>s hommes<br />

sans tempérament et sans histoire"<br />

qui ne veulent surtout pas tenir compte<br />

<strong>de</strong>s "misères du moi". Mais, à l'instar<br />

du penseur russe Léon Chestov,<br />

Cioran pense qu'il faut situer le<br />

désespoir au cœur même <strong>de</strong> toute<br />

véritable réflexion philosophique.<br />

Pour lui, éviter la souffrance, c'est<br />

courir le risque <strong>de</strong> se perdre dans<br />

<strong>de</strong>s abstractions qui n'ont rien à voir<br />

avec l'existence humaine.<br />

Littérature<br />

Connaissance et découverte<br />

Imre Thoth,<br />

Imre Toth, philosophe hongrois d'origine juive, né à Satu Mare, a évoqué son<br />

amitié avec Emil Cioran dans une interview réalisée par L. Moutot, intitulée<br />

Autour d'Emil Cioran publié en 1999 dans le numéro 2 <strong>de</strong> la revue<br />

"L'aleph" (numéro épuisé). Le philosophe y parle également du rôle <strong>de</strong> l'intelligentsia<br />

roumaine d'Avant-Guerre et <strong>de</strong> la constance <strong>de</strong> cette société à gommer ou à minimiser<br />

l'importance <strong>de</strong>s sujets qui fâchent la mémoire du pays.<br />

"Nae Ionescu a incarné la malédiction<br />

<strong>de</strong> la culture et du <strong>de</strong>stin roumain"<br />

- Dans quel<strong>les</strong> circonstances avez-vous rencontré E. Cioran ?<br />

Il faudrait partir <strong>de</strong> ce grand trio <strong>de</strong> l'intelligentsia <strong>de</strong> la droite roumaine: Elia<strong>de</strong>,<br />

Cioran, Nae Ionescu. E. Cioran a, durant sa jeunesse, fait partie <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer <strong>de</strong><br />

Corneliu Zelea Codreanu. Nae Ionescu (nldr: à<br />

ne pas confondre avec Eugen Ionesco) était<br />

professeur à la faculté. Imposteur sans vergogne,<br />

adonné à l'argent, corrompu jusqu'à la<br />

moelle, charlatan folklorique d'une kermesse<br />

balkanique, ignorant et orateur charismatique,<br />

il exerçait une fascination maléfique sur une<br />

intelligentsia très nombreuse.<br />

Ne disposant que d'une culture lacunaire et<br />

superficielle, mal digérée, à ma plus gran<strong>de</strong><br />

stupéfaction, il reste encore aujourd'hui -<br />

même aux yeux <strong>de</strong> quelques-uns <strong>de</strong>s plus fins<br />

esprits du pays - le plus grand philosophe roumain<br />

<strong>de</strong> tous <strong>les</strong> temps. Ses œuvres complètes<br />

ont été récemment rééditées - un best-seller,<br />

une collection <strong>de</strong> brefs artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> journaux; un<br />

coup d'œil, et vous vous ren<strong>de</strong>z compte que,<br />

Nae Ionescu (à gauche)<br />

en compagnie <strong>de</strong> Mircea Elia<strong>de</strong>.<br />

dans le meilleur <strong>de</strong>s cas, <strong>de</strong> ses pages n'émanent<br />

que le vi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s mots fabriqués afin d'épater,<br />

<strong>de</strong>s délires feints <strong>de</strong> fausse mystique, du<br />

cabotinage métaphysique, exaltation <strong>de</strong> la supériorité spirituelle <strong>de</strong> l'orthodoxisme<br />

oriental, <strong>de</strong>s saloperies racistes. La publicité le compare à Kant et à Descartes, ce <strong>de</strong>rnier<br />

étant quand même placé quelque peu plus bas sur l'échelon <strong>de</strong>s valeurs intellectuel<strong>les</strong>.<br />

Une honte! Elia<strong>de</strong> était son assistant, et il est resté, jusqu'à la fin <strong>de</strong> ses jours,<br />

le fidèle admirateur du "Professeur". Cioran - tout comme Eugène Ionesco - le méprisait,<br />

le détestait. Pour lui, Nae Ionescu incarnait la malédiction <strong>de</strong> la culture et du <strong>de</strong>stin<br />

roumains. Le "Professeur" est <strong>de</strong>venu l'idéologue <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Fer, il était l'idole<br />

<strong>de</strong>s virils "garçons" <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>.<br />

"Les Roumains sont vraiment bons"…<br />

"Cioran a eu<br />

La Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Fer <strong>de</strong> l'archange Michel était un mouvement terroriste d'extrême<br />

droite, cependant différent du mouvement national-socialiste allemand. Les membres<br />

<strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer étaient méprisés par <strong>les</strong> nazis. En réalité, malgré l'irrationalisme <strong>de</strong>s<br />

nazis, ceux-ci ne supportaient pas <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Fer en raison <strong>de</strong> leur<br />

mysticisme religieux orthodoxe et, surtout, à cause <strong>de</strong> leur comportement anarchique.<br />

Après la rébellion organisée en 1940 par la Gar<strong>de</strong> - et dont la bestialité a rempli d'horreur<br />

même <strong>les</strong> soldats <strong>de</strong> la Wehrmacht, présente dans la ville - ils se sont réfugiés en<br />

Allemagne, en Italie et en Espagne. En Allemagne ils étaient surveillés, assignés à<br />

rési<strong>de</strong>nce, le Führer ne <strong>les</strong> aimait pas, c'est certain. Après la guerre, ils sont sortis en<br />

"victimes" - ah oui, toujours <strong>de</strong>s victimes - cette fois "victimes du nazisme".


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

philosophe juif et hongrois, évoque son vieil ami<br />

le courage <strong>de</strong> s'examiner sans pitié"<br />

Par ailleurs, la méthodologie n'était pas la même. La<br />

Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Fer s'engageait dans <strong>de</strong>s pogroms spectaculaires où<br />

la peau <strong>de</strong>s hommes était décharnée, pendue avec un écriteau<br />

"vian<strong>de</strong> cachère".<br />

Ce n'était pas le style <strong>de</strong>s Allemands. Cependant, il faut<br />

dire que la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Fer était l'unique mouvement politique où<br />

la révolte sociale pouvait trouver à s'exprimer, et qui a attiré<br />

une partie <strong>de</strong>s meilleurs intellectuels. Leur source d'inspiration,<br />

leur modèle idéologique, l'objet <strong>de</strong> leur vénération politique,<br />

c'était <strong>les</strong> terroristes nihilistes <strong>de</strong> l'ancienne Russie.<br />

Raoul Hilberg explique dans son livre sur la Shoah que l'un<br />

<strong>de</strong>s plus grands pogroms a été fait par <strong>les</strong> Roumains.<br />

Vous savez que chaque peuple porte sur lui-même un<br />

regard un peu stéréotypé. Les Allemands se disent travailleurs,<br />

<strong>les</strong> Français frivo<strong>les</strong>, <strong>les</strong> Hongrois chevaleresques, honorab<strong>les</strong>,<br />

quant aux Anglais, ils vous disent qu'on ne peut pas monter<br />

plus haut lorsqu'on est né anglais. Un <strong>de</strong> mes amis britanniques<br />

- pour être précis: un Irlandais - m'a dit un jour sur le<br />

ton, cet inimitable ton <strong>de</strong>s sociétés <strong>de</strong> philanthropie et d'humour<br />

presque imperceptible: "Ce n'est pas ta faute si tu es<br />

comme ça, tu n'es pas né anglais". Les Roumains, eux, se<br />

disent volontiers être bons. Ces vérités ne sont pas <strong>de</strong>s absolus<br />

bien sûr… Toujours est-il qu'en Roumanie, le mot qui revient<br />

<strong>de</strong> manière récurrente dans <strong>les</strong> discussions avec une fréquence<br />

impossible d'ignorer, comme un proverbe, dont la vérité est<br />

généralement acceptée comme l'évi<strong>de</strong>nce elle-même, c'est : "le<br />

Roumain est bon", "le Roumain est miséricordieux". Et en<br />

effet, <strong>les</strong> Roumains sont vraiment bons.<br />

…“mais ils évitent <strong>de</strong><br />

se confronter à leur propre histoire”<br />

- Chaque collectivité se met en scène <strong>de</strong> manière idéalisée,<br />

parle <strong>de</strong>s crimes dont elle a été la victime, jamais <strong>de</strong> ceux<br />

qu'elle a commis. La question pour <strong>les</strong> Roumains était donc <strong>de</strong><br />

savoir comment tant <strong>de</strong> bonté avait débouché sur ces crimes.<br />

A l'exception <strong>de</strong> Cioran, ils ont toujours évité <strong>de</strong> se<br />

confronter avec leur propre histoire, <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r leur passé<br />

dans <strong>les</strong> yeux. Ils préfèrent plutôt fermer leurs propres yeux.<br />

Des crimes? Des pogroms? Connais pas. On vous offre une<br />

démonstration impeccable: axiome: le Roumain est bon.<br />

Conséquence: pas <strong>de</strong> crimes, pas <strong>de</strong> bestialités antisémites.<br />

Les autres, ça oui ! Mais nous ? Depuis une éternité pauvres<br />

victimes <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s puissances et, certes, <strong>les</strong> impuissantes<br />

victimes <strong>de</strong> Ceausescu.<br />

Des pogroms? Iasi, Chisinau, O<strong>de</strong>ssa? Sinon <strong>de</strong>s mensonges<br />

calomnieux, dans le meilleur <strong>de</strong>s cas, <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts,<br />

qu'on rencontre n'importe où, et dont on exagère <strong>les</strong> dimensions<br />

et <strong>les</strong> chiffres. Certes, il y a partout une littérature larmoyante<br />

<strong>de</strong> martyrologie nationale, mais il y en a aussi une<br />

autre. Les Roumains ne connaissent et ne produisent que la<br />

mythologie <strong>de</strong> leur propre martyre éternel. Comment cette<br />

gran<strong>de</strong> bonté peut-elle cacher un mauvais esprit?<br />

Cette question n'a jamais été sérieusement posée. Toute<br />

Connaissance et découverte<br />

réflexion sur son propre soi est<br />

absente, indésirable, nulle et non avenue.<br />

En Roumanie, le règlement <strong>de</strong><br />

compte avec soi-même ne figure pas<br />

sur la liste <strong>de</strong>s vertus. C'était peut-être ce choix <strong>de</strong> la cécité<br />

volontaire, librement consentie, que Cioran a le plus détesté.<br />

- Est-ce que <strong>les</strong> membres <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Fer tenaient un<br />

discours <strong>de</strong> la déca<strong>de</strong>nce?<br />

La justification <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Fer était toujours la même:<br />

le pays était corrompu, et il fallait laver la honte dans le sang.<br />

Ils cherchaient en réalité un engagement, ils se comportaient<br />

comme <strong>de</strong>s tueurs suicidaires. Un autre trait qui marquait leur<br />

différence par rapport aux nazis allemands: la cible suprême<br />

<strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong> n'était pas <strong>les</strong> juifs, mais l'élite <strong>de</strong> l'intelligentsia<br />

libérale. Et un très grand nombre d'intellectuels roumains<br />

furent assassinés. Il me semble que <strong>les</strong> Roumains sont <strong>les</strong> plus<br />

latins <strong>de</strong>s peup<strong>les</strong> latins. La langue roumaine, c'est le latin vulgaire<br />

presque pur. Oui, mais ils ont manqué Rome. Des Latins,<br />

oui. Mais pas <strong>de</strong>s Romains. Rien <strong>de</strong> ce que signifie Rome ne<br />

<strong>les</strong> a touchés, n'a jamais trouvé un écho dans leur âme, dans<br />

leur pensée, et il leur est resté inconnu, indifférent, voire étranger.<br />

Il ne faut pas oublier non plus qu'en Transylvanie l'Eglise<br />

orthodoxe a empêché le développement d'appartenance à la<br />

latinité, à l'Occi<strong>de</strong>nt.<br />

"On sait que la femme qu'on aime vous ment,<br />

vous trahit, mais on refuse <strong>de</strong> voir <strong>les</strong> choses"<br />

- Comment Cioran s'est-il détaché <strong>de</strong> cette idéologie ?<br />

- Cioran m'a raconté qu'il s'est détaché assez vite <strong>de</strong> tout<br />

cela. Il m'a dit qu'il avait ressenti un choc en 1940 en voyant à<br />

Paris <strong>les</strong> soldats allemands et le drapeau nazi flotter rue <strong>de</strong><br />

Rivoli. Bien sûr, ce n'est pas aussi simple que cela. Vous savez,<br />

moi-même qui ai été communiste, je sais à quel point la rupture<br />

est longue et douloureuse; c'est un peu une histoire<br />

d'amour. On sait que la femme qu'on aime vous ment, qu'elle<br />

vous trahit, mais on refuse <strong>de</strong> voir <strong>les</strong> choses. Le mécanisme<br />

psychique est un peu le même. Marche longue, très longue,<br />

torture douloureuse. Mais avant tout: difficile à accomplir.<br />

Et c'est ce qui a fait basculer ma haine sour<strong>de</strong>, en connaissance<br />

<strong>de</strong> ses anciennes sympathies avec la Gar<strong>de</strong>, en un amour<br />

coup <strong>de</strong> foudre: Cioran a eu le courage <strong>de</strong> se contempler dans<br />

son spéculum, dans son propre miroir, <strong>de</strong> s'examiner, sans<br />

pitié, et d'en tirer <strong>les</strong> conséquences. On est <strong>de</strong>venu <strong>de</strong>s amis,<br />

une amitié profon<strong>de</strong>, durable. Peu importe d'où tu viens, ce qui<br />

importe c'est où tu vas. On est partis <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux extrêmes opposés<br />

du paysage politique, moi <strong>de</strong> l'extrême gauche, lui <strong>de</strong> l'extrême<br />

droite. On s'est retrouvés un jour au même lieu, commun<br />

et pré<strong>de</strong>stiné, on s'est découverts réciproquement, on s'est<br />

reconnus l'un dans l'autre. Une surprise: l'un et l'autre étions<br />

<strong>de</strong>s lecteurs passionnés <strong>de</strong>s Pères <strong>de</strong> l'Eglise. Longtemps, très<br />

longtemps, il était ignoré, marginalisé; dans sa mansar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

bonne, à Paris, il a connu la misère permanente. Je n'ai jamais<br />

entendu un mot <strong>de</strong> plainte <strong>de</strong> sa bouche. ( suite page 44)<br />

43


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

44<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

� � SUCEAVA<br />

BAIA MARE SIGHET<br />

�<br />

ORADEA<br />

�<br />

�<br />

A. IULIA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

TARGU<br />

MURES<br />

�<br />

BRASOV<br />

PITESTI<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

IASI �<br />

� BACAU<br />

GALATI<br />

�<br />

�<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Imre Toth radié<br />

du Parti communiste<br />

roumain en 1958<br />

Imre Toth est né le 26 décembre<br />

1921 à Satu Mare, dans une famille<br />

juive, d'origine magyare, trois ans<br />

après le rattachement <strong>de</strong> la<br />

Transylvanie, auparavant hongroise,<br />

à la Roumanie. Son père était officier<br />

dans l'armée autrichienne et s'était<br />

battu sur le front italien pendant la<br />

Première Guerre mondiale.<br />

Après ses étu<strong>de</strong>s secondaires à<br />

Satu Mare, il s'est engagé, en 1940,<br />

à l'âge <strong>de</strong> 19 ans, dans <strong>les</strong> mouvements<br />

<strong>de</strong> résistance communiste au<br />

nazisme. Arrêté, il fût condamné à 6<br />

ans <strong>de</strong> prison et libéré à la suite <strong>de</strong> la<br />

défaite alleman<strong>de</strong>. Il reprit ses étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> mathématiques et <strong>de</strong> philosophie<br />

à l'université bi-lingue, roumain-hongrois,<br />

Babes-Bolyai <strong>de</strong> Cluj.<br />

Devenu professeur, il enseigna <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux disciplines pendant 20 ans, jusqu'en<br />

1969, à l'Université <strong>de</strong><br />

Bucarest. Son esprit indépendant<br />

l'avait conduit à être radié du parti<br />

communiste roumain dès 1958. Des<br />

années 1970 jusqu'au milieu <strong>de</strong> la<br />

décennie 1990, le philosophe enseignera<br />

ou donnera <strong>de</strong>s conférences<br />

dans <strong>les</strong> université <strong>de</strong> alleman<strong>de</strong>s, à<br />

l'Institut Italien d'Etu<strong>de</strong>s<br />

Philosophiques, à l'université <strong>de</strong><br />

Princeton, à l'Ecole Normale<br />

Supérieure <strong>de</strong> la rue d'Ulm à Paris et<br />

au Collège International <strong>de</strong><br />

Philosophie <strong>de</strong> Paris.<br />

L'œuvre abondante d'Imre Toth<br />

porte principalement sur <strong>les</strong> rapports<br />

entre la création mathématique et la<br />

spéculation philosophique. Ses<br />

ouvrages ont été écrits en italien, allemand<br />

et français (La Révolution non<br />

euclidienne, paru en 1983 dans la<br />

collection La recherche en histoire<br />

<strong>de</strong>s Sciences).<br />

�<br />

Connaissance et découverte<br />

"Cioran avait une très mauvaise opinion d'Elia<strong>de</strong>" (suite <strong>de</strong> la page 43)<br />

- Quel<strong>les</strong> étaient <strong>les</strong> relations entre Cioran et Elia<strong>de</strong> ?<br />

- Cioran avait une très mauvaise opinion d'Elia<strong>de</strong>, il y a <strong>de</strong>s choses qu'il a regrettées,<br />

ouvertement condamnées. Elia<strong>de</strong> avait été attaché culturel à Madrid et avait eu<br />

<strong>de</strong>s relations avec <strong>les</strong> services allemands. Mais, un peu comme <strong>de</strong>s amis d'enfance,<br />

l'amitié et l'affection, l'esprit d'équipe perduraient. Eugène Ionesco partageait l'opinion<br />

<strong>de</strong> Cioran. Elia<strong>de</strong> n'a jamais été antisémite mais il a toujours encouragé ceux qu'il<br />

appelait <strong>les</strong> jeunes membres <strong>de</strong> la Gar<strong>de</strong>, qu'il appelait tendrement "<strong>les</strong> garçons", pour<br />

leur engagement existentiel. Ce qui oppose Cioran et Elia<strong>de</strong>, c'est l'idée d'un Dieu<br />

unique. Elia<strong>de</strong> réfutait le monothéisme judéo-chrétien, responsable <strong>de</strong> l'idée d'histoire<br />

dont <strong>les</strong> Roumains ont toujours été exclus. Il y avait donc chez lui une exaltation <strong>de</strong>s<br />

religions cosmiques, <strong>de</strong>s religions triba<strong>les</strong>, et il accordait son intérêt primordial à la<br />

dimension ethnique. Même dans ses contacts quotidiens, il voulait déterminer ou <strong>de</strong>viner<br />

l'ethnie <strong>de</strong>s personnes qu'il rencontrait pour la première fois. L'ethnie, c'était tout<br />

pour Elia<strong>de</strong>; l'ethnie: facteur déterminant <strong>de</strong> la vie, la vie <strong>de</strong>s sentiments, la vie <strong>de</strong> la<br />

pensée, du <strong>de</strong>stin national. Pour Cioran, manifester le moindre intérêt pour l'origine<br />

ethnique d'une personne, constituait non seulement une indiscrétion <strong>de</strong> mauvais goût,<br />

déjà suffisante en soi pour être répudiée, mais avant tout une répulsive aberration sentimentale<br />

et intellectuelle, la méconnaissance <strong>de</strong> la primauté du facteur spirituel.<br />

- Le mépris <strong>de</strong> Cioran n'était-il pas dû au fait qu'Elia<strong>de</strong> avait plus ou moins<br />

cautionné Ceaucescu qui lui aurait proposé l'attribution du prix Nobel en échange?<br />

- Oui, c'est une histoire que je connais, mais Cioran avait une mo<strong>de</strong>stie profon<strong>de</strong><br />

et n'en parlait pas. Une mo<strong>de</strong>stie tellement profon<strong>de</strong> qu'elle n'est pas consciente d'elle-même.<br />

Il a toujours trouvé fâcheux son succès tardif, au point qu'il a refusé un professorat<br />

aux Etats-Unis. Et il est resté fidèle à sa misérable chambre <strong>de</strong> bonne - sixième<br />

étage, rue <strong>de</strong> l'Odéon à Paris, sans ascenseur, <strong>les</strong> toilettes archaïques au fond du<br />

couloir -, il refusait <strong>de</strong> l'abandonner même quand il en aurait eu <strong>les</strong> moyens.<br />

Dans la vie, il était d'une inefficacité totale. Un jour, j'ai réparé son chauffage à<br />

gaz. C'était un rien. Il m'a lancé un regard stupéfait et en a parlé à tout le mon<strong>de</strong>. Une<br />

inefficacité qui dépasse tout. Une bonté, une bonne éducation, une tristesse désarmante<br />

face à la méchanceté.<br />

Rongé en silence à la fin <strong>de</strong> sa vie<br />

- Quel regard portait-il sur le mon<strong>de</strong> à la fin <strong>de</strong> sa vie ?<br />

- On en a parlé… La douleur, une certaine expérience avec soi-même.<br />

J'ai tenu, à ma sœur, après la déportation, <strong>de</strong>s grands discours flamboyants:<br />

"Auschwitz ? Et quoi ? Quel Auschwitz ? Il faut oublier tout ça. C'est un inci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l'histoire. On se meurt <strong>de</strong> toute façon. L'avenir, voilà ce qui se trouve <strong>de</strong>vant nous,<br />

voilà ce qu'il faut construire". Je ne suis pas fier <strong>de</strong> moi, mais je ne peux pas le renier,<br />

c'est moi. Moi: un simple matter-of-fact, un objet qui se trouve <strong>de</strong>vant moi, <strong>de</strong>vant<br />

mes propres yeux, que je ne puis pas changer, mais que je regar<strong>de</strong> avec un certain intérêt,<br />

même avec une certaine curiosité, mais je le regar<strong>de</strong>, je le regar<strong>de</strong> longuement et<br />

je me répète: "dis-donc, incroyable c'est moi!" Je ne verse pas <strong>de</strong> larmes. Je ne fais pas<br />

mon auto-critique. J'établis <strong>de</strong>s causalités, <strong>de</strong> simp<strong>les</strong> faits, mais cela ne me fait pas<br />

plaisir <strong>de</strong> penser à ma sœur qui s'est suicidée. J'ai toujours pensé… Enfin j'ai eu l'impression,<br />

que si j'avais fait preuve d'une plus gran<strong>de</strong> solidarité, d'un tout petit peu <strong>de</strong><br />

compréhension humaine, ça ne se serait pas passé. J'ai honte, oui, j'ai honte et je n'aime<br />

pas jeter un regard dans le miroir, mais ce n'est pas la honte, c'est moi, c'est moi et<br />

plus. Je ne dis pas: "on m'a trompé" ou "je me suis trompé", c'est tout simplement une<br />

sensation qui vit au niveau <strong>de</strong> l'estomac chaque jour. Un ver lent et tenace qui me<br />

ronge en silence. Je crois que c'est ce genre <strong>de</strong> sensation qu'éprouvait Cioran à la fin.<br />

- Savez vous que Cioran et Beckett sont enterrés assez près l'un <strong>de</strong> l'autre<br />

au cimetière Montparnasse ?<br />

- C'est bien, c'était <strong>de</strong> très bons amis, ils s'admiraient.. C'est rassurant <strong>de</strong> savoir<br />

que chaque matin ils peuvent se toucher la main au petit jour.<br />

Propos recueillis par L. Moutot


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Musique<br />

Connaissance et découverte<br />

Son histoire d'amour avec la France, contrariée, la gran<strong>de</strong><br />

pianiste roumaine trouva refuge et consécration en Suisse<br />

Clara Haskil avait été envoyée sur terre pour jouer Mozart<br />

Clara Haskil, née à le 7 janvier 1895 à Bucarest et<br />

décédée le 7 décembre 1960 à Bruxel<strong>les</strong> était une<br />

pianiste suisse d'origine roumaine.<br />

Issue d'une famille roumaine juive<br />

("Haskil" semble venir d'une racine hébraïque<br />

signifiant "sage"), la fillette montre dès l'âge<br />

<strong>de</strong> 3 ans un intérêt pour le piano: elle reproduit<br />

déjà, avec un doigt, <strong>de</strong>s mélodies qu'elle<br />

a entendues. La mère <strong>de</strong> Clara, Berthe Haskil,<br />

pianiste et musicienne amateur, lui donne ses<br />

premiers cours <strong>de</strong> piano et l'enfant révèle <strong>de</strong>s<br />

dons stupéfiants d'oreille et <strong>de</strong> doigté. Elle<br />

travaille aussi le violon pour lequel elle<br />

montre également <strong>de</strong>s dispositions. Clara a<br />

<strong>de</strong>ux sœurs, Lili, son aînée, qui joue aussi du<br />

piano, et Jane la ca<strong>de</strong>tte qui apprend le violon.<br />

A cinq ans au Conservatoire<br />

<strong>de</strong> Bucarest et à dix à celui <strong>de</strong> Paris<br />

Clara a quatre ans quand, en 1899, son père meurt <strong>de</strong>s<br />

suite d'une pneumonie contractée une nuit <strong>de</strong> décembre, lors<br />

d'un incendie survenu dans l'immeuble où vit la famille. C'est<br />

sa mère qui doit subvenir aux besoins <strong>de</strong> la famille, en donnant<br />

<strong>de</strong>s leçons <strong>de</strong> piano, <strong>de</strong> français, d'allemand, d'italien, <strong>de</strong> grec,<br />

puis en ouvrant un petit atelier <strong>de</strong> couture pour rester près <strong>de</strong><br />

ses enfants. Mais cela ne suffit pas et c'est grâce à l'ai<strong>de</strong> d'un<br />

<strong>de</strong> ses frères, Isaac, directeur <strong>de</strong> la Nationale, une <strong>de</strong>s premières<br />

sociétés d'assurances roumaines que la famille survivra.<br />

Il <strong>de</strong>viendra peu à peu le chef <strong>de</strong> famille.<br />

Clara continue <strong>de</strong> développer ses dons, toujours avec sa<br />

mère. Un ami <strong>de</strong>s Haskil emmène la fillette chez un professeur<br />

<strong>de</strong> chant du Conservatoire <strong>de</strong> Bucarest. Il est stupéfait et déci<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> lui faire commencer <strong>les</strong> cours, alors qu'elle n'a que 5ans.<br />

Deux ans plus tard, sa famille déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'envoyer étudier<br />

le piano à Vienne. Elle s'y rend seule avec un autre <strong>de</strong> ses<br />

onc<strong>les</strong>, l'oncle Avram, un mé<strong>de</strong>cin diplômé <strong>de</strong> trente-cinq ans<br />

qui ne pratique plus et qui voue une véritable passion à sa petite<br />

nièce.<br />

Au bout <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, la petite Clara joue ses premiers<br />

concerti <strong>de</strong> Mozart! Avram déci<strong>de</strong> d'emmener sa protégée,<br />

quand elle atteint ses dix ans, à Paris où elle se présente aux<br />

examens d'entrée du Conservatoire <strong>de</strong> Paris dont le directeur<br />

<strong>de</strong> l'époque est Gabriel Fauré. La fillette se présente à la fois<br />

pour le piano et pour le violon, elle passe <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux. Elle étudiera<br />

d'ailleurs le violon parallèlement au piano jusqu'à ce que<br />

la scoliose déformante qu'on lui diagnostique en 1914 l'empêche<br />

<strong>de</strong> continuer cet instrument.<br />

"Vous jouez comme une femme <strong>de</strong> ménage"<br />

Plus tard, Clara ira étudier chez Alfred Cortot, en 1907,<br />

mais ne s'entendra pas bien avec lui. Il n'aime pas sa façon <strong>de</strong><br />

jouer qu'il trouve trop sèche - nous sommes à une époque où<br />

l'on interprète la musique avec beaucoup d'emphase. Ce jeu<br />

sobre lui vaudra <strong>de</strong> ne pas être reconnue à<br />

Paris avant que sa carrière ne soit à son apogée,<br />

en 1955.<br />

À cette époque <strong>les</strong> leçons se donnent<br />

<strong>de</strong>vant tous <strong>les</strong> élèves. Lorsque Clara s'approche<br />

du piano pour jouer, Cortot la renvoie<br />

en disant: "Nous vous entendrons la prochaine<br />

fois!"... Une autre fois, il lui dit: "Vous<br />

jouez comme une femme <strong>de</strong> ménage!". Clara<br />

s'en souviendra et, à l'issue d'un récital <strong>de</strong><br />

Clara à la fin <strong>de</strong>s années 40, alors que Cortot<br />

a finalement reconnu le talent <strong>de</strong> son ancienne<br />

élève, il lui dira: "Chère amie c'est admirable!".<br />

Elle lui répondra du tac au tac:<br />

"Alors, je ne joue plus comme une femme <strong>de</strong><br />

ménage?".<br />

Gabriel Fauré, directeur du Conservatoire <strong>de</strong> Paris, quant<br />

à lui, prend Clara en affection. Lorsqu'elle lui joua une <strong>de</strong> ses<br />

pièces (Thème et variations) il dit: "Je ne savais pas qu'il y<br />

avait autant <strong>de</strong> musique dans ce que j'avais écrit!".<br />

Durant toute cette pério<strong>de</strong> à Paris, Clara vit seule avec son<br />

oncle Avram. C'est un être taciturne. Clara est toujours aussi<br />

triste et, lors <strong>de</strong> vacances en Roumanie où sa famille est restée,<br />

sa mère la voit si sombre qu'elle déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> prendre un appartement<br />

à Paris et <strong>de</strong> venir y habiter. Pour <strong>de</strong>s raisons matériel<strong>les</strong>,<br />

elle ne pourra emmener Lili et Jane. Avram est également<br />

mala<strong>de</strong>, ce qui est une raison <strong>de</strong> plus pour déménager. Il acceptera<br />

à contre cœur la décision <strong>de</strong> sa sœur mais restera à<br />

Bucarest et entrera dans la compagnie d'assurance <strong>de</strong> son frère<br />

où il restera jusqu'en 1911.<br />

En 1910, à quinze ans, Clara gagne son premier prix <strong>de</strong><br />

Conservatoire. Elle commence à donner <strong>de</strong>s concerts. À<br />

Vienne un imprésario suisse s'intéresse à elle et lui organise<br />

une tournée en Italie du nord et en Suisse.<br />

Seule et paralysée par le trac<br />

Avant la guerre, on lui diagnostique donc une scoliose<br />

déformante. Clara est envoyée à Berck, dans le nord <strong>de</strong> la<br />

France, un lieu <strong>de</strong> villégiature accueillant principalement <strong>de</strong>s<br />

mala<strong>de</strong>s atteints <strong>de</strong> turberculose osseuse. Elle va vivre là un<br />

calvaire fait <strong>de</strong> souffrances mora<strong>les</strong> et physiques aigües jusqu'à<br />

la fin <strong>de</strong> la guerre, en 1918.<br />

En 1917, la mère <strong>de</strong> Clara Haskil meurt d'un cancer. Son<br />

oncle Avram est dans un camp <strong>de</strong> réfugié (il a été arrêté, ayant<br />

pris la nationalité autrichienne). Clara se retrouve donc seule...<br />

Alors que jusqu'à présent elle n'était pas particulièrement<br />

sujette au trac, celui-ci va <strong>de</strong>venir terriblement envahissant,<br />

paralysant! A partir <strong>de</strong> ce moment elle refusera souvent <strong>de</strong><br />

jouer, prétextant que "ça n'ira pas...". De plus, elle n'est jamais<br />

satisfaite <strong>de</strong> sa performance. (Lire la suite page 46)<br />

45


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

46<br />

SATU-<br />

�<br />

MARE<br />

�<br />

ORADEA<br />

SUCEAVA<br />

� CLUJ TARGU<br />

�<br />

� MURES<br />

IASI<br />

ARAD<br />

� ADJUD<br />

�<br />

BRASOV<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

GALATI<br />

�<br />

TG. JIU �<br />

PITESTI<br />

�<br />

BRAILA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

�<br />

�<br />

CALAFAT<br />

� CARACAL<br />

Concours Clara Haskil:<br />

<strong>les</strong> meilleurs jeunes<br />

pianistes du mon<strong>de</strong><br />

réunis à Vevey<br />

Le Concours<br />

Clara Haskil a été<br />

fondé en 1963<br />

pour honorer et<br />

perpétuer le souvenir<br />

<strong>de</strong> la pianiste<br />

suisse d'origine<br />

roumaine. Il se<br />

déroule tous <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux ans à Vevey<br />

où Clara Haskil<br />

vécut <strong>de</strong> 1942 jusqu'à<br />

sa mort. Une<br />

rue <strong>de</strong> la ville<br />

porte son nom. Le concours veut<br />

accueillir <strong>les</strong> jeunes pianistes du<br />

mon<strong>de</strong> entier poursuivant un idéal<br />

musical inspiré <strong>de</strong> celui qu'a illustré<br />

Clara Haskil et qui <strong>de</strong>meure exemplaire.<br />

Le concours bénéficie <strong>de</strong> la<br />

collaboration <strong>de</strong> la Radio Suisse<br />

Roman<strong>de</strong>-Espace 2, <strong>de</strong> l'appui <strong>de</strong> la<br />

Fondation Nestlé pour l'Art, <strong>de</strong> la<br />

Fondation Leenaards, <strong>de</strong> la Loterie<br />

Roman<strong>de</strong>, <strong>de</strong> la Fondation Stanley<br />

Thomas Johnson, <strong>de</strong> la Banque<br />

Lombard Odier Darier Hentsch & Cie,<br />

<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> Vevey, Montreux, <strong>de</strong>s<br />

communes <strong>de</strong> La Tour-<strong>de</strong>-Peilz, <strong>de</strong><br />

Blonay, Chardonne, Corseaux,<br />

Corsier, Jongny, et <strong>de</strong> diverses entreprises.<br />

De plus, un cercle <strong>de</strong> donateurs<br />

privé a été créé en 1999 afin <strong>de</strong><br />

soutenir <strong>les</strong> activités du concours. La<br />

finale, retransmise par la Radio<br />

Suisse Roman<strong>de</strong>-Espace 2 et la<br />

Télévision Suisse Roman<strong>de</strong>, est donnée<br />

dans le cadre du Festival<br />

International <strong>de</strong> Musique et d'Art<br />

lyrique <strong>de</strong> Montreux-Vevey. Sa prochaine<br />

édition, la 23ème, aura lieu du<br />

27 août au 3 septembre prochain.<br />

Connaissance et découverte<br />

(suite <strong>de</strong> la page 45)<br />

La capacité d'auto<strong>de</strong>struction <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> pianiste, cette mauvaise estime d'ellemême,<br />

lui joueront bien <strong>de</strong>s tours dans sa carrière.<br />

Après la Première Guerre mondiale, Clara revient à Paris puis part soigner sa<br />

maladie en Suisse. D'ailleurs, <strong>de</strong> 1920 à 1950 le public suisse sera le seul pays à reconnaître<br />

le génie <strong>de</strong> Clara et à l'assurer <strong>de</strong> sa fidélité, car, en dépit <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses<br />

mécènes sa carrière piétine. En 1924, Bruxel<strong>les</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, le succès touche au délire...<br />

Mais elle ne sera pas réengagée avant 1930... Deux concerts à Vienne où elle joue<br />

son cheval <strong>de</strong> bataille à cette époque, œuvre à laquelle on ne l'i<strong>de</strong>ntifie pas <strong>de</strong> nos<br />

jours: le <strong>de</strong>uxième concerto <strong>de</strong> Rachmaninov: immense succès! Ce sera ses seu<strong>les</strong><br />

apparitions dans la capitale autrichienne jusqu'en 1952...<br />

Même succès et même éclipse à New York où elle retournera pourtant en 1925,<br />

puis fin 1926: ovation, apothéose, triomphe! Le chef d'orchestre Stokowski la recomman<strong>de</strong><br />

à son agent. Ce <strong>de</strong>rnier est prêt à organiser une tournée à travers <strong>les</strong> États-Unis.<br />

Il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Clara qu'elle donne 100 dollars (gran<strong>de</strong> somme à l'époque) pour <strong>les</strong> frais<br />

<strong>de</strong> publicité. Comme elle ne <strong>les</strong> a pas, l'agent lui répond: "Il vaudrait mieux avoir<br />

moins <strong>de</strong> talent mais <strong>de</strong> l'argent". La tournée ne se fera pas... Elle<br />

ne reviendra aux États-Unis que trente ans plus tard.<br />

La rencontre avec Dinu Lippatti<br />

Pour la musique <strong>de</strong> chambre, ses partenaires sont d'emblée<br />

enthousiasmés du dialogue qui s'instaure avec elle, à l'instar <strong>de</strong><br />

Pablo Casals qui adore jouer en sa compagnie. En 1927 toujours,<br />

pour le centenaire <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> Beethoven le grand violoniste<br />

Eugène Ysaÿe la choisit pour donner en trois concerts <strong>les</strong> dix<br />

sonates pour violons et piano du maître. La maison Gaveau lui propose<br />

<strong>de</strong> prendre en charge toute sa carrière à l'unique condition<br />

qu'elle ne joue que sur <strong>les</strong> pianos <strong>de</strong> la marque. Comme elle n'aime<br />

pas ces instruments, elle refuse, malgré <strong>les</strong> tentatives d'approches<br />

réitérées <strong>de</strong> la marque française qui, ainsi éconduite, finira par renoncer.<br />

À la même époque, Clara rencontre la princesse <strong>de</strong> Polignac, née Winnaretta<br />

Singer, une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières gran<strong>de</strong>s mécènes privées du XXe siècle. La princesse reconnait<br />

en elle une gran<strong>de</strong> musicienne et déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong>r, non point tant par sa fortune<br />

(son avarice est légendaire) qu'en mettant à sa disposition un <strong>de</strong> ses pianos dans son<br />

hôtel particulier. Clara peut ainsi venir travailler autant qu'elle le désire et peu à peu<br />

se retrouve introduite dans <strong>les</strong> soirées musica<strong>les</strong> que donne la princesse en ses salons.<br />

L'élite <strong>de</strong> la création artistique se retrouve chez "Tante Winnie" (comme l'appellent<br />

<strong>les</strong> habitués), Clara y rencontre autant un Stravinski qu'un Poulenc, Rubinstein ou<br />

Horowitz. Mais Clara, qui est d'une timidité maladive, ne profitera jamais <strong>de</strong> ces rencontres...<br />

Si ce n'est une fois, et c'est là la naissance d'une profon<strong>de</strong> amitié: un soir un<br />

jeune pianiste au talent immense est invité. Lui aussi est roumain: Dinu Lipatti. C'est<br />

instantanément un dialogue profond qui s'installe entre eux (notre photo): seule la<br />

mort <strong>de</strong> Lipatti en 1950 l'interrompra.<br />

En zone libre pour échapper à l'Holocauste et à la police française<br />

Quelques contrats arrivent, quelques passages à la radio francaise, ... un exploit<br />

aussi: on lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'apprendre en une semaine le second concerto <strong>de</strong> Brahms.<br />

Effectivement une semaine plus tard elle l'interprète en direct à la radio. On commence<br />

à se rendre compte <strong>de</strong> son talent. On la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un peu... et la guerre arrive qui fait<br />

tout s'écrouler. De plus Clara est juive. Grâce à sa sœur Jeanne, qui fait partie <strong>de</strong><br />

l'Orchestre National, elle passe avec <strong>les</strong> musiciens en zone libre.<br />

Là encore, c'est d'une façon totalement inespérée et inattendue qu'elle est<br />

recueillie dans le manoir d'une autre protectrice <strong>de</strong>s arts, la comtesse Lili Pastré. C'est<br />

Youra Guller, une camara<strong>de</strong> du temps du conservatoire, qui <strong>de</strong> son propre chef a insisté<br />

auprès <strong>de</strong> la comtesse pour que celle-ci l'héberge dans ses murs <strong>de</strong> Montredon malgré<br />

la sur-occupation du domaine par <strong>les</strong> exilés et <strong>les</strong> fugitifs.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

En 1942, la santé <strong>de</strong> Clara se dégra<strong>de</strong>. Elle a <strong>de</strong> plus en<br />

plus <strong>de</strong> peine à lire, <strong>de</strong>s maux <strong>de</strong> tête toujours plus violents<br />

l'assaillent quasi quotidiennement. Après consultations, on<br />

diagnostique une tumeur du nerf optique. On fait venir <strong>de</strong> Paris<br />

un disciple du premier grand neuro-chirurgien <strong>de</strong> France qui<br />

accepte <strong>de</strong> ne pas être payé pour son opération et ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

qu'à être défrayé pour le voyage et <strong>les</strong> documents pour la zone<br />

libre. L'opération, qui a lieu à Marseille, dure neuf heures sous<br />

anesthésie locale; pendant toute la durée <strong>de</strong> l'intervention, afin<br />

<strong>de</strong> vérifier que rien <strong>de</strong> son cerveau n'est touché, Clara joue sur<br />

la table d'opération le concerto "Jeune homme" <strong>de</strong> Mozart,<br />

"son concerto" comme elle le nomme... .<br />

Sa conva<strong>les</strong>cence est rapi<strong>de</strong> et étonnante. Pour fêter ce<br />

"retour à la vie", on organise un concert pour elle dans <strong>les</strong> jardins<br />

<strong>de</strong> Montredon. Elle joue le concerto en ré mineur KV 466<br />

<strong>de</strong> Mozart. Un compte-rendu d'Antoine Goléa évoque le Beau<br />

absolu osant s'opposer au mal et aux<br />

souffrances <strong>de</strong> la guerre. Guerre qui la<br />

menace continuellement. Une fois déjà<br />

elle a pu être libérée d'une rafle organisée<br />

par la police française <strong>de</strong> Vichy. On la<br />

presse <strong>de</strong> passer en Suisse. Elle refuse.<br />

Le salut en Suisse<br />

Avec<br />

Charlie<br />

Chaplin.<br />

Le même cercle d'amis et d'admirateurs,<br />

qui en Suisse s'est occupé <strong>de</strong> récolter<br />

l'argent pour son opération, s'affaire maintenant pour obtenir<br />

<strong>les</strong> précieux papiers qui lui permettront d'être accueillie<br />

dans ce pays qui, dès ses dèbut, l'a reconnue.<br />

Après une ultime hésitation, quasiment sur le quai <strong>de</strong> gare,<br />

Clara montre seule dans le train pour la Suisse au début <strong>de</strong><br />

novembre 1942. Elle arrive à Genève 24 heures plus tard. Le<br />

douanier vérifiant ses papiers lui dit "c'est vous Ma<strong>de</strong>moiselle<br />

Haskil qui nous faites <strong>de</strong> la si belle musique...". Le cercle <strong>de</strong><br />

ses amis la conduit dans le canton <strong>de</strong> Vaud. Elle y rési<strong>de</strong>ra jusqu'à<br />

sa mort. Au cas par cas elle obtiendra, malgré l'interdiction<br />

qui lui est faite <strong>de</strong> quitter le canton <strong>de</strong> Vaud, <strong>de</strong> pouvoir<br />

donner quelques concerts dans différentes vil<strong>les</strong> <strong>de</strong> la Suisse<br />

roman<strong>de</strong>. C'est ce pays qui lui fournira, par la fidélité <strong>de</strong> son<br />

public, <strong>les</strong> maigres revenus qu'elle touchera pendant ces<br />

années.<br />

Dès la fin <strong>de</strong> la guerre, <strong>les</strong> contrats commencent lentement<br />

mais sûrement à arriver. En premier lieu la Suisse. Clara<br />

Haskil jouissant maintenant d'une capacité <strong>de</strong> déplacement<br />

totale dans ce pays peut jouer <strong>de</strong> Genève à Zurich, <strong>de</strong> La<br />

Chaux-<strong>de</strong>-Fonds à Ascona. L'Angleterre lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'enregistrer<br />

pour la BBC une série <strong>de</strong> sonates <strong>de</strong> Scarlatti: succès!<br />

En 1947, elle enregistre son premier disque commercial pour<br />

la firme Decca (encore en 78 tours): le quatrième concerto <strong>de</strong><br />

Beethoven avec Carlo Zecchi.<br />

Clara Haskil étant apatri<strong>de</strong>, elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et obtient en<br />

1949 la nationalité suisse, ce qui lui permettra <strong>de</strong> ne plus avoir<br />

aucun problème administratif pour jouer dans certains pays.<br />

À la même époque c'est la Hollan<strong>de</strong> qui la découvre et qui<br />

ne se lassera plus <strong>de</strong> l'inviter. À 55 ans, sa carrière "décolle"<br />

enfin. Pour la première fois <strong>de</strong> sa vie elle peut s'acheter un<br />

piano <strong>de</strong> la marque Steinway.<br />

La France à la traîne<br />

Connaissance et découverte<br />

L'Allemagne la veut... Clara hésite... comment pardonner?...<br />

Ce sera un <strong>de</strong>s pays où elle sera toujours la plus ovationnée.<br />

La France reste timi<strong>de</strong> et sera la <strong>de</strong>rnière <strong>de</strong>s nations<br />

<strong>de</strong> l'Europe occi<strong>de</strong>ntale à la reconnaître. Pendant <strong>les</strong> dix<br />

années à venir, son agenda sera surchargé <strong>de</strong> concerts.<br />

En 1956, elle est choisie par l'Orchestre Philharmonique<br />

<strong>de</strong> Berlin et Herbert von Karajan pour une tournée européenne<br />

rendant hommage à Mozart, dont on commémore le bicentennaire<br />

<strong>de</strong> la naissance. Ensuite c'est une tournée aux États-<br />

Unis limitée à Boston et New York: 4 concerts avec Char<strong>les</strong><br />

Münch et Paul Paray. Clara Haskil crée l'évènement: "standing<br />

ovations". Ici comme partout on reprend la formule parue<br />

quelques années auparavant pour la première fois dans un<br />

journal viennois. "Clara Haskil a été envoyée sur terre pour<br />

jouer Mozart". Telle une comète, la pianiste<br />

aura illuminé <strong>de</strong> beauté le ciel nordaméricain<br />

et ne reviendra plus: la santé<br />

fragile <strong>de</strong> l'artiste fait peur aux impresarii<br />

yankee; ou plus exactement, ce qui <strong>les</strong><br />

rend hésitants puis négatifs, c'est l'impossibilité<br />

<strong>de</strong> gagner un maximum d'argent<br />

avec elle en lui faisant donner un maximum<br />

<strong>de</strong> concerts en peu <strong>de</strong> temps, donc<br />

en mettant en danger sa santé.<br />

Enterrée au cimetière Montparnasse <strong>de</strong> Paris<br />

Effectivement "la Gran<strong>de</strong> Dame <strong>de</strong> la Musique", comme<br />

on la nomme maintenant, doit faire face aux exigences surhumaines<br />

d'une carrière qui effraye et épuise <strong>de</strong> plus jeunes qu'elle.<br />

Entre 1957 et 1958, elle frôle la mort par <strong>de</strong>ux fois et sera<br />

obligée <strong>de</strong> quitter la vie musicale momentanément. Elle s'estime<br />

alors "en sursis" mais remonte sur scène, reprend <strong>les</strong><br />

séances d'enregistrement dont quelques-unes laissent <strong>les</strong> ingénieurs<br />

du son et <strong>les</strong> producteurs pantois: certains mouvements<br />

d'œuvres ne nécessitent qu'une seule prise, tant son jeu parvient<br />

à une chaleureuse perfection même en studio.<br />

Tous <strong>les</strong> témoignages vont dans le même sens: il y avait un<br />

contraste absolu, si ce n'est une contradiction, entre son apparition<br />

sur scène et son jeu. S'avançant à pas lents jusqu'au<br />

piano, elle semblait une femme d'une fragilité extrême, très<br />

vieille, bossue par l'aggravation <strong>de</strong> sa scoliose au cours <strong>de</strong> sa<br />

vie (le public retenait son souffle et se <strong>de</strong>mandait si elle arriverait<br />

au piano); puis, dès que ses doigts entraient en contact<br />

avec le clavier, l'auditoire était immédiatement transporté dans<br />

un mon<strong>de</strong> tout <strong>de</strong> poésie, d'énergie et <strong>de</strong> beauté.<br />

L'affaiblissement <strong>de</strong> ses forces physiques la contraignit à<br />

amenuiser la dynamique sonore <strong>de</strong> son jeu qui maintenant<br />

s'épanouissait du triple "ppp" au simple forte. Elle rejoignit en<br />

cela <strong>les</strong> moyens sonores d'un Chopin dont elle fut une trop rare<br />

et géniale interprète. En se rendant à Bruxel<strong>les</strong> en 1960 pour y<br />

retrouver un proche elle chuta dans <strong>les</strong> escaliers <strong>de</strong> la gare, et<br />

après avoir été transportée d'hôpitaux en cliniques elle décéda<br />

le 7 décembre, suite à une ultime trépanation dont elle ne se<br />

réveillera pas. Clara Haskil est enterrée au Cimetière du<br />

Montparnasse, à Paris, près <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux soeurs.<br />

47


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

48<br />

ORADEA<br />

�<br />

� BAIA MARE<br />

SUCEAVA �<br />

� HUEDIN �<br />

� CHISINAU<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

�<br />

CLUJ<br />

BISTRITA<br />

BRASOV<br />

IASI<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

SIBIU<br />

� GALATI<br />

�<br />

PLOIESTI �<br />

BRAILA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Catalin Mitu<strong>les</strong>cu<br />

chevalier <strong>de</strong>s Arts<br />

et <strong>de</strong>s Lettres<br />

La France a fait chevalier <strong>de</strong>s Arts<br />

et <strong>de</strong>s Lettres le cinéaste Catalin<br />

Mitu<strong>les</strong>cu, 36 ans, qui est le troisième<br />

metteur en scène roumain à obtenir<br />

cette distinction, après Cristian<br />

Mungiu et Corneliu Poromboiu.<br />

Catalin Mitu<strong>les</strong>cu avait obtenu en<br />

2004 la Palme d'or du court métrage<br />

à Cannes pour Trafic. Deux ans plus<br />

tard, c'est Dorothea Petre, l'interprète<br />

<strong>de</strong> son premier long métrage<br />

Comment j'ai fêté la fin du mon<strong>de</strong><br />

qui était distinguée sur la Croisette,<br />

remportant le prix d'interprétation<br />

féminine dans la catégorie "Un certain<br />

regard". Le metteur en scène<br />

tourne actuellement son <strong>de</strong>uxième<br />

film, Un ballon en forme <strong>de</strong> cœur. Il<br />

est également producteur, ayant créé<br />

sa propre firme "Strada film", à la<br />

recherche <strong>de</strong> nouveaux talents. L'un<br />

d'entre eux, Bogdan Mustata a reçu<br />

l' Ours d'or du court-métrage à Berlin<br />

cette année pour Une belle journée<br />

à la plage.<br />

L'ordre <strong>de</strong>s Arts et <strong>de</strong>s Lettres a<br />

été créé en 1957 et décerne chaque<br />

année 200 titres <strong>de</strong> chevalier, 60<br />

d'officier et 20 <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ur.<br />

�<br />

Histoire<br />

Connaissance et découverte<br />

De Michel le Brave à Traian Basescu,<br />

<strong>les</strong> dirigeants roumains ont toujours eu<br />

une affection particulière pour <strong>les</strong> chapeaux<br />

et autres bonnets. Sensib<strong>les</strong> aux tissus et aux<br />

matériaux en vogue à l'étranger, certains ont même<br />

lancé <strong>de</strong> véritab<strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s vestimentaires en<br />

Roumanie. À <strong>de</strong> nombreux égards, cette tradition<br />

est pourtant bien plus politique qu'esthétique,<br />

comme le suggère Ioana Calen dans Cotidianul...<br />

"Pour le critique <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> Ovidiu Bratu et l'anthropologue<br />

Alec Balasescu, l'analyse <strong>de</strong>s vêtements<br />

d'une époque donnée est révélatrice <strong>de</strong>s<br />

changements économiques et culturels d'un pays, <strong>de</strong> ses aspirations et <strong>de</strong> ses sources<br />

d'imagination aussi. Autrement dit, l'Histoire s'inscrit toujours dans du visuel.<br />

"Jusqu'au milieu du XIXe siècle, <strong>les</strong> grands seigneurs et dignitaires <strong>de</strong>s provinces<br />

roumaines qui n'étaient pas encore unifiées ont été influencés par la mo<strong>de</strong> ottomane",<br />

explique Alec Balasescu. "Ils portaient <strong>de</strong>s barbes immenses, <strong>de</strong>s turbans turcs mais<br />

aussi <strong>de</strong>s bonnets aux accents byzantins, <strong>de</strong>s fourrures et <strong>de</strong>s tuniques [caftans] rappelant<br />

la mo<strong>de</strong> musulmane".<br />

"C'est Alexandru Ioan Cuza [1] qui a tenté, le premier, d'imposer la mo<strong>de</strong> militaire<br />

à la tête <strong>de</strong> l'État, Carol Ier [2] réalisant, par la suite, cette volonté", précise l'anthropologue,<br />

soulignant, au passage, <strong>les</strong> mutations que l'orientation du pays vers la<br />

Russie a suscitées dans la mo<strong>de</strong> vestimentaire.<br />

Les taches <strong>de</strong>s sang sur le costume Chanel rose que portait Jackie Kennedy le jour<br />

<strong>de</strong> l'assassinat <strong>de</strong> son mari, l'uniforme d'Adolf Hitler et sa ceinture en cuir, le képi, la<br />

croix gammée et la moustache <strong>de</strong> Charlie Chaplin [dans Le Dictateur]... Autant <strong>de</strong><br />

détails qui parlent beaucoup plus que <strong>les</strong> livres d'histoire aux yeux d'Ovidiu Buta.<br />

Les blouses paysannes brodées<br />

<strong>de</strong> la princesse Bibescu reprises par Matisse<br />

Vêtements et chapeaux cultes<br />

Quand l'habit<br />

"Il est intéressant <strong>de</strong> noter que chaque personnage historique est à peu près<br />

caractérisé par une seule tenue ou un seul élément vestimentaire et que chacun<br />

marque une étape précise <strong>de</strong> l'évolution du style vestimentaire en Roumanie. En<br />

termes plus actuels, on peut parler d'eux comme <strong>de</strong>s faiseurs <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s", ajoute le critique<br />

<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, citant pêle-mêle la cusma <strong>de</strong> Michel le Brave [3] (notre photo), mélange<br />

entre le couvre-chef <strong>de</strong>s bergers et <strong>les</strong> chapeaux byzantins, mais aussi la veste militaire<br />

d'Ecaterina Teodoroiu [4] ou le chapeau à clous <strong>de</strong> Vlad l'Empaleur [5].<br />

Plus proche <strong>de</strong> nous, Alec Balasescu prend l'exemple <strong>de</strong>s blouses paysannes brodées<br />

que la princesse Martha Bibescu [6] a introduit dans <strong>les</strong> salons français et dont<br />

l'effet a été si fort que Matisse a réalisé une série entière <strong>de</strong> tableaux sur ce thème.<br />

Les adhésions politiques d'un pays ont souvent imposé <strong>de</strong> nouveaux co<strong>de</strong>s vestimentaires<br />

respectant la tendance politique et diplomatique <strong>de</strong> l'État concerné. "Dans<br />

l'Empire germanique, au XVIe siècle, <strong>les</strong> paysans n'avaient pas le droit <strong>de</strong> porter <strong>de</strong>s<br />

couleurs vives, surtout le rouge", rappelle Alec Balasescu. "Il n'est donc pas étonnant<br />

que le droit <strong>de</strong> porter <strong>de</strong>s vêtements <strong>de</strong> couleur rouge ait figuré au rang <strong>de</strong>s revendications<br />

qui étaient à l'origine <strong>de</strong> la révolte paysanne <strong>de</strong> 1525".<br />

De même, sous le régime phanariote en Roumanie [7], le port <strong>de</strong> vêtements turcs<br />

était imposé aux grands dignitaires comme signe <strong>de</strong> soumission à la Porte.<br />

Les pulls "révolutionnaires" <strong>de</strong> Petre Roman et Ion Iliescu<br />

Sous le communisme, on a assisté à une uniformisation par la couleur grise dont<br />

le rôle était d'effacer <strong>les</strong> différences d'ordre social, selon Ovidiu Buta.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

dans l'histoire roumaine<br />

fait le chef…<br />

"Quand on regar<strong>de</strong> <strong>les</strong> films réalisés à l'époque, on<br />

remarque une masse compacte d'où il est impossible <strong>de</strong> distinguer<br />

<strong>les</strong> jeunes <strong>de</strong>s personnes âgées et même <strong>les</strong> femmes <strong>de</strong>s<br />

hommes", commente-il, dressant ensuite un court tableau du<br />

style vestimentaire <strong>de</strong> l'époque: gris, noir, kaki,"Alain Delon",<br />

le chapeau en fourrure <strong>de</strong> Ceausescu copié et vendu en quantités<br />

industriel<strong>les</strong> et que l'on voit toujours aujourd'hui dans <strong>les</strong><br />

rues, mais aussi la casquette <strong>de</strong> l'ouvrier qui a remplacé le chapeau<br />

<strong>de</strong> feutre et le haut-<strong>de</strong>-forme.<br />

Pour Alec Balasescu, cette liste mérite d'être complétée<br />

par la voiture noire et <strong>les</strong> vêtements <strong>de</strong> cuir qui étaient associés<br />

au parti unique mais aussi par <strong>les</strong> robes d'Elena Ceausescu,<br />

"toutes <strong>de</strong> marque mais bizarrement assorties <strong>de</strong> chaussures<br />

aux formes incongrues par rapport au reste <strong>de</strong> la tenue".<br />

La Révolution a apporté un nouvel élément vestimentaire<br />

digne d'intérêt, selon Alec Balasescu: le pull-over du révolutionnaire,<br />

d'inspiration militaire, que portaient Petre Roman,<br />

Ion Iliescu ou encore Gelu Voican Voicu<strong>les</strong>cu. "Ce pull en<br />

laine nous démarquait <strong>de</strong>s costumes <strong>de</strong> type communiste dont<br />

nous avions l'habitu<strong>de</strong> à la télévision".<br />

Si le style vestimentaire <strong>de</strong> la classe politique actuelle<br />

n'est pas très cohérent, l'anthropologue observe, pourtant, que<br />

<strong>les</strong> membres du Parti social-démocrate (PSD) portent <strong>de</strong>s cravates<br />

tendant vers le rose alors que <strong>les</strong> membres du Parti national<br />

libéral (PNL) préfèrent <strong>de</strong>s tons se rapprochant du bleu.<br />

La barbe n'a plus la cote, <strong>les</strong> chapeaux résistent<br />

"Le couvre-chef n'a plus autant <strong>de</strong> succès, pour <strong>de</strong> multip<strong>les</strong><br />

raisons. Toutefois, à l'échelle nationale et internationale<br />

on remarque que le bonnet reste une marque <strong>de</strong> populisme.<br />

D'ailleurs, Traian Basescu n'a pas hésité à l'arborer à plusieurs<br />

occasions <strong>de</strong>puis son élection. Cependant, le bonnet<br />

"gyrophare", dont l'usage politique a été inventé par Nicolae<br />

Ceausescu, semble toujours connaître un grand succès", ajoute<br />

Alec Balasescu.<br />

Au cours <strong>de</strong> l'histoire roumaine, le port d'un couvre-chef<br />

et d'une barbe a toujours été considéré comme une marque <strong>de</strong><br />

pouvoir, renvoyant à une organisation <strong>de</strong> type patriarcal où<br />

l'orthodoxie joue un grand rôle. Il en va <strong>de</strong> même pour l'uniforme<br />

militaire et <strong>les</strong> vêtements occi<strong>de</strong>ntaux, objets <strong>de</strong> méfiance<br />

et <strong>de</strong> moqueries lorsqu'ils sont apparus pour la première fois<br />

dans le pays…<br />

"La barbe a aujourd'hui disparu, excepté dans <strong>les</strong> milieux<br />

intellectuels où elle sert à revendiquer un attachement à la<br />

société patriarcale et au concept <strong>de</strong> nation orthodoxe qui a<br />

servi <strong>de</strong> mythe fondateur à la nation mo<strong>de</strong>rne. Je pense évi<strong>de</strong>mment<br />

à Nicolae Iorga [8]", explique Alec Balasescu.<br />

"Les grands dirigeants se sont physiquement imposés aux<br />

gens ordinaires en surélevant leur corps avec <strong>de</strong>s couronnes ou<br />

<strong>de</strong> hautes coiffures, <strong>de</strong>s chaussures à talons au bout souvent<br />

aiguisé, mais s'imposant aussi à la verticale avec <strong>de</strong>s manteaux<br />

volumineux comme ceux en hermine que portaient <strong>les</strong> rois.<br />

L'objectif était <strong>de</strong> faire en sorte que <strong>les</strong> sujets se sentent, par<br />

Connaissance et découverte<br />

comparaison,<br />

tout petits et<br />

insignifiants.<br />

Dans le<br />

même ordre<br />

d'idées, la<br />

gran<strong>de</strong> valeur <strong>de</strong> la fourrure, <strong>de</strong> la soie et <strong>de</strong>s bijoux arborés<br />

par <strong>les</strong> nob<strong>les</strong> rappelait aux pauvres l'inanité d'une révolte et<br />

leur impuissance à se mesurer aux hommes <strong>de</strong> pouvoir".<br />

Ioana Calen (Cotidianul)<br />

traduit par Mehdi Chebana (balkans.courriers.info)<br />

La cusma <strong>de</strong> Michel le Brave, entre le couvre-chef <strong>de</strong>s<br />

bergers et <strong>les</strong> chapeaux byzantins<br />

La veste militaire d'Ecaterina Teodoriu<br />

Le chapeau <strong>de</strong> Vlad Tsepes, rouge, orné <strong>de</strong> petits clous et<br />

d'une boucle <strong>de</strong> plumes<br />

La soutane brodée et la couronne d'Étienne le Grand<br />

Les blouses paysannes <strong>de</strong> la princesse Martha Bibescu<br />

Les tailleurs d'Elena Ceausescu<br />

Le bonnet en fourrure et la casquette soviétique <strong>de</strong><br />

Nicolae Ceausescu<br />

Le pull-over du révolutionnaire <strong>de</strong> Ion Iliescu et Petre<br />

Roman (notre photo)<br />

Le bonnet <strong>de</strong> Traian Basescu<br />

[1] Alexandru Ioan Cuza fut le souverain <strong>de</strong>s principautés<br />

unies <strong>de</strong> Roumanie entre 1859 et 1866.<br />

[2] Carol Ier, successeur d'Alexandru Ioan Cuza à la tête<br />

<strong>de</strong>s principautés unies <strong>de</strong> Roumanie. En 1881, une modification<br />

<strong>de</strong> la Constitution le reconnaît officiellement comme roi.<br />

[3] Michel le Brave (1558-1601) est le premier souverain<br />

à avoir réussi l'union, certes pour une courte durée, <strong>de</strong>s principautés<br />

<strong>de</strong> Valachie, Transylvanie et Moldavie, composantes <strong>de</strong><br />

la Roumanie mo<strong>de</strong>rne.<br />

[4] Ecaterina Teodoroiu est une sous-lieutenant roumaine<br />

tombée à la bataille <strong>de</strong> Marasesti lors <strong>de</strong> la Première Guerre<br />

mondiale.<br />

[5] Vlad Tsepes a été prince <strong>de</strong> Valachie en 1448, puis <strong>de</strong><br />

1456 à 1462 et en 1476. Présenté comme un tyran sanguinaire<br />

par <strong>les</strong> chroniqueurs <strong>de</strong> son époque, il a inspiré à l'Irlandais<br />

Bram Stoker le personnage <strong>de</strong> Dracula.<br />

[6] Femme <strong>de</strong> lettres née à Bucarest en 1888, Martha<br />

Bibescu passa une bonne partie <strong>de</strong> sa vie à Paris où elle mourut<br />

en 1973.<br />

[7] Entre 1711 et 1821, <strong>de</strong>s Grecs <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong><br />

impéria<strong>les</strong> byzantines donnèrent <strong>de</strong>s princes aux principautés<br />

<strong>de</strong> Moldavie et <strong>de</strong> Valachie. On <strong>les</strong> appelle Phanariotes parce<br />

que leurs ancêtres vivaient dans le quartier du Phanar à<br />

Constantinople.<br />

[8] Considéré comme l'un <strong>de</strong>s plus grands historiens roumains,<br />

Nicolae Iorga est célèbre pour ses travaux sur la nation<br />

roumaine. C'est l'un <strong>de</strong>s premiers historiens balkaniques à ne<br />

pas considérer l'occupation ottomane sous un aspect exclusivement<br />

négatif.<br />

49


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

50<br />

ORADEA<br />

BAIA<br />

� MARE<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

CHISINAU<br />

�<br />

ARAD<br />

�<br />

CLUJ �<br />

�<br />

TARGU<br />

�<br />

MURES<br />

�<br />

IASI<br />

�<br />

ROSIA M. SIBIU<br />

�<br />

�<br />

BRASOV<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

TÂRGOVISTE<br />

GALATI<br />

�<br />

�<br />

�<br />

� BRAILA<br />

PLOIESTI<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

CONSTANTA<br />

Perte <strong>de</strong> crédibilité<br />

internationale<br />

Les réactions occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong> aux<br />

événements <strong>de</strong> Brasov et plus généralement<br />

aux abus du régime roumain<br />

ont été significatives <strong>de</strong> la perte <strong>de</strong><br />

crédibilité <strong>de</strong> Ceausescu aux yeux <strong>de</strong><br />

pays qui l'ont longtemps ménagé.<br />

Jamais <strong>les</strong> critiques n'ont été aussi<br />

dures et unanimes (Parlement européen,<br />

quasi-totalité <strong>de</strong>s forces politiques<br />

françaises, dirigeants italiens,<br />

allemands, etc.). Après avoir suspendu<br />

pour six mois, en juin 1987, le<br />

bénéfice <strong>de</strong> la clause <strong>de</strong> la nation la<br />

plus favorisée accordée <strong>de</strong>puis 1974<br />

à la Roumanie, <strong>les</strong> États-Unis ont fait<br />

savoir qu'ils étaient décidés à la lui<br />

retirer. Ceausescu a alors préféré, en<br />

janvier 1988, y renoncer <strong>de</strong> lui-même<br />

ce qui signifie une perte annuelle <strong>de</strong><br />

250 à 300 millions <strong>de</strong> dollars.<br />

La visite <strong>de</strong> Gorbatchev, en mai<br />

1987 à Bucarest, a été l'occasion<br />

pour celui-ci <strong>de</strong> faire ouvertement<br />

allusions aux méfaits du culte <strong>de</strong> la<br />

personnalité et du népotisme, aux difficultés<br />

<strong>de</strong> la vie quotidienne, aux<br />

<strong>de</strong>structions du patrimoine, en même<br />

temps que <strong>de</strong> plai<strong>de</strong>r la cause <strong>de</strong> la<br />

glasnost et <strong>de</strong> la perestroïka.<br />

Ceausescu a riposté en s'affirmant à<br />

la fois le gardien <strong>de</strong> l'orthodoxie et le<br />

<strong>de</strong>vancier <strong>de</strong>s réformes.<br />

Ces divergences <strong>de</strong> vues se sont<br />

accompagnées d'un rapprochement<br />

commercial spectaculaire entre <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux pays - échec cuisant <strong>de</strong> la politique<br />

"d'indépendance" menée par<br />

Ceausescu <strong>de</strong>puis 23 ans. En 1987,<br />

la Roumanie est <strong>de</strong>venue le premier<br />

fournisseur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> d'URSS (24%<br />

<strong>de</strong>s achats), le troisième <strong>de</strong> légumes<br />

et <strong>de</strong> fruits, tandis que Moscou a fourni<br />

35% <strong>de</strong> l'approvisionnement extérieur<br />

<strong>de</strong> la Roumanie en pétrole.<br />

�<br />

Histoire<br />

Connaissance et découverte<br />

Voici près <strong>de</strong> vingt ans, le régime <strong>de</strong> Ceausescu s'apprêtait à sombrer. Anne<br />

Planche dans L'état du mon<strong>de</strong> 1988-1989 en dresse un tableau saisissant:<br />

"En 1987, divers événements ont attiré l'attention sur la gravité <strong>de</strong> la<br />

situation roumaine et montré combien le régime <strong>de</strong> Nicolae Ceausescu est désormais<br />

discrédité, à l'intérieur comme à l'étranger, sans que pour autant le Conducator en<br />

paraisse ébranlé: lors <strong>de</strong> la conférence du Parti communiste roumain, du 14 au 16<br />

décembre 1987 et à d'autres occasions par la suite, Ceausescu a annoncé la poursuite<br />

et le durcissement <strong>de</strong>s orientations qui ont conduit au fiasco.<br />

La crise <strong>de</strong> l'économie est évi<strong>de</strong>nte, malgré <strong>les</strong> efforts <strong>de</strong>s autorités pour la<br />

cacher: en 1987, <strong>les</strong> objectifs du Plan sont restés secrets, <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> secteurs<br />

importants (pétrole, acier, etc.) ont été escamotés du communiqué officiel, d'autres truqués<br />

(31,7 millions <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> céréa<strong>les</strong> au lieu <strong>de</strong> 21-23 millions selon <strong>les</strong> estimations<br />

occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong>). La production d'énergie électrique, <strong>de</strong> gaz et <strong>de</strong> pétrole a été en<br />

baisse par rapport à 1986 et certaines sources comme le Planecon mettent fortement<br />

en doute <strong>les</strong> chiffres annoncés en ce qui concerne l'excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la balance commerciale,<br />

la production nationale nette et <strong>les</strong> investissements.<br />

Le mécontentement prend le pas sur la peur<br />

Depuis 1981, l'objectif principal fixé à l'économie est la liquidation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte<br />

extérieure en <strong>de</strong>vises (passée <strong>de</strong> 10,4 milliards <strong>de</strong> dollars en 1981 à 6,4 milliards en<br />

1987). Ce remboursement sert d'alibi contre toute réforme et <strong>de</strong> prétexte pour exiger<br />

<strong>de</strong> la population <strong>de</strong>s efforts toujours plus grands en travail (notamment <strong>les</strong> jours fériés)<br />

et en privations.<br />

Le niveau <strong>de</strong> vie a baissé <strong>de</strong> 15 à 25% entre 1980 et 1987. Dans la même pério<strong>de</strong>,<br />

<strong>les</strong> budgets <strong>de</strong> l'éducation et <strong>de</strong> la culture ont chuté <strong>de</strong> 75%, celui <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong><br />

25%. Les réductions drastiques (et aggravées chaque année) imposées à la consommation<br />

domestique d'énergie (-30% pour l'électricité pendant l'hiver 1987-1988 par<br />

rapport à l'hiver précé<strong>de</strong>nt), le rationnement <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> consommation vitaux et leur<br />

pénurie, symbolisées par <strong>les</strong> queues à répétition et inteminab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> raayons <strong>de</strong>s magasins<br />

vi<strong>de</strong>s, se traduisent pour la population par la faim, le froid et l'obscurité.<br />

A plusieurs reprises, au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, le mécontentement a éclaté.<br />

Mais la répression, la peur qu'inspirent <strong>les</strong> moyens d'encadrement et <strong>de</strong> surveillance,<br />

l'atomisation <strong>de</strong> la société et l'abattement <strong>de</strong> la population n'ont jamais permis jusqu'ici<br />

à ces mouvements, quelle qu'ait été leur ampleur, d'être davantage que <strong>de</strong>s<br />

révoltes isolées, presque sans échos et sans len<strong>de</strong>main.<br />

A cet égard, 1987 semble avoir marqué une rupture: pour la première fois sont<br />

apparus nettement <strong>de</strong>s signes d'une continuité entre <strong>les</strong> diverses formes d'expression<br />

du mécontentement, ainsi que <strong>de</strong> solidarité active, individuelle et collective, avec <strong>les</strong><br />

victimes <strong>de</strong> la répression. En même temps, <strong>de</strong>s organisations clan<strong>de</strong>stines ont réussi à<br />

manifester leur existence par <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> tracts sur une échelle qui, tout en restant<br />

mo<strong>de</strong>ste, n'avait jamais atteint ce niveau (Action démocratique roumaine, syndicat<br />

libre SLOMR, Roumanie libre, etc.).<br />

L'émeute <strong>de</strong> Brasov détonateur<br />

En sept ans, le niveau <strong>de</strong> vie<br />

1987-1988 :<br />

L'émeute <strong>de</strong> Brasov, le 15 novembre 1987, a été à la fois le détonateur et l'expression<br />

la plus spectaculaire <strong>de</strong> cette évolution. Quelque 15 000 ouvriers <strong>de</strong>s usines<br />

Steagul Rosu et Tractorul se sont rendus au centre <strong>de</strong> la ville aux cris <strong>de</strong> "A bas le dictateur!".<br />

Cette manifestation, précédée d'une série <strong>de</strong> grèves dans ces usines au cours<br />

<strong>de</strong> l'année 1987 et qui pourrait avoir fait l'objet d'une certaine préparation et concertation,<br />

aurait débouché, dans ces mêmes usines, sur la création <strong>de</strong> comités clan<strong>de</strong>stins<br />

d'ai<strong>de</strong> aux ouvriers arrêtés (au nombre <strong>de</strong> 400 environ, dont on ne connaît <strong>les</strong> peines<br />

que pour une soixantaine).


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

<strong>de</strong>s Roumains avait baissé d'un quart<br />

un pays à l'agonie<br />

Fait sans précé<strong>de</strong>nt en Roumanie, <strong>les</strong> événements <strong>de</strong><br />

Brasov ont été connus immédiatement dans tout le pays et à<br />

l'étranger, grâce, principalement, aux habitants <strong>de</strong> la ville, aux<br />

routiers et aux cheminots; ils ont été suivis dans diverses vil<strong>les</strong><br />

<strong>de</strong> prises <strong>de</strong> position d'intellectuels et <strong>de</strong> manifestations collectives<br />

<strong>de</strong> solidarité: manifestations d'étudiants à Brasov, dès<br />

le 21 novembre 1987, à Timisoara, <strong>les</strong> 2 et 3 décembre (avec<br />

<strong>de</strong>s slogans se référant aussi à la première manifestation d'étudiants<br />

<strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la Roumanie socialiste, à Iasi, en février<br />

1987); tentative <strong>de</strong> manifestation à Iasi, début décembre (suivie<br />

<strong>de</strong> nombreuses arrestations).<br />

Parallèlement, on a assisté à une multiplication <strong>de</strong> distribution<br />

clan<strong>de</strong>stine <strong>de</strong> tracts appelant la population à s'organiser,<br />

et à une série <strong>de</strong> grèves dans <strong>de</strong>s usines: à Sibiu et Braila,<br />

fin novembre, à Constantza et Turceni en décembre, à Bacau<br />

et Savinesti en janvier 1988.<br />

Autre suite remarquable à ces événements: l'action commune,<br />

la première du genre, organisée par <strong>les</strong> oppositions <strong>de</strong><br />

plusieurs pays <strong>de</strong> l'Est en soutien aux ouvriers roumains<br />

(manifestations simultanées, le 1er février 1988, à l'appel <strong>de</strong> la<br />

Charte 77, à Prague, à Budapest, en RDA, en Pologne, avec<br />

l'appui <strong>de</strong> Andreï Sakharov et du Press Club soviétique<br />

"Glasnost").<br />

OVR (Opération Villages<br />

Roumains), comme le rappellent<br />

<strong>les</strong> pages suivantes,<br />

est née en Belgique à la fin 1988, où cette<br />

initiative a eu un retentissement considérable,<br />

s'exportant en France à partir <strong>de</strong><br />

mars 1989 pour y prendre une dimension<br />

à la mesure du pays. Pendant <strong>les</strong> troisquatre<br />

premières années, l'impulsion du<br />

mouvement sera plutôt belge, celui-ci<br />

s'exprimant <strong>de</strong> façon plus décentralisée,<br />

dispersée ou individualisée côté français,<br />

jusqu'en 1992, date <strong>de</strong> la création officielle<br />

d'OVR France. Jusque là, <strong>les</strong> associations<br />

ou comités faisaient <strong>de</strong> l'OVR<br />

sans en avoir le label.<br />

Les Français étaient cependant loin<br />

<strong>de</strong> se désintéresser du sort du peuple<br />

belge. Depuis plusieurs années, une poignée<br />

d'entre-eux, épaulés par <strong>de</strong>s dissi<strong>de</strong>nts<br />

roumains exilés en France, agissaient<br />

sous le couvert <strong>de</strong> la section roumaine<br />

<strong>de</strong> la Ligue <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong><br />

l'Homme, installée à Paris, entrant en<br />

contact avec <strong>les</strong> dissi<strong>de</strong>nts restés en<br />

Roumanie. Les journalistes en partance<br />

pour Bucarest ne manquaient pas <strong>de</strong> venir<br />

Connaissance et découverte<br />

Ceausescu plus sûr <strong>de</strong> lui que jamais<br />

Cette situation alimente <strong>de</strong>s spéculations sur un éventuel<br />

soutien soviétique à une solution politique <strong>de</strong> rechange. Rien<br />

cependant n'indiquait, au début 1988, que Ceausescu soit en<br />

difficulté. Une rotation <strong>de</strong>s cadres du Parti, accélérée fin 1987<br />

(dix-huit ministres remplacés entre septembre 1987 et mars<br />

1988), <strong>de</strong>s sanctions exemplaires contre <strong>de</strong>s dirigeants locaux,<br />

l'arrivée aux postes <strong>de</strong> responsabilité d'une génération <strong>de</strong><br />

cadres sélectionnés exclusivement en fonction <strong>de</strong> leur fidélité,<br />

semblent assurer Ceausescu d'une tenue en main parfaite <strong>de</strong><br />

l'appareil, quel que soit le malaise <strong>de</strong> celui-ci.<br />

Le Conducator s'est senti en tous cas assez fort pour<br />

annoncer, le 4 mars 1988, lors <strong>de</strong> la réunion <strong>de</strong> l'Union <strong>de</strong>s<br />

conseils populaires, l'accélération <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> "systématisation<br />

du territoire", campagne ressentie par tous comme<br />

une nouvelle et gigantesque catastrophe: 7 à 8 000 <strong>de</strong>s 13 129<br />

villages <strong>de</strong> Roumanie <strong>de</strong>vront être rasés en trois étapes (1990,<br />

1995 et avant 2000) et la population rurale regroupée dans <strong>les</strong><br />

5 à 6 000 villages restants, eux-mêmes reconstruits et - pour<br />

558 d'entre eux - transformés en "centres agro-industriels".<br />

Anne Planche<br />

(L'état du mon<strong>de</strong> 1988-1989, La Découverte, Paris, 1988)<br />

L'association n'existait pas encore… mais environ<br />

2000 comités locaux OVR ont vu le jour en France en 1989<br />

<strong>les</strong> questionner pour obtenir informations<br />

et adresses sur place.<br />

Dès 1985, la presse française avait eu<br />

un œil attentif sur ce qui se passait en<br />

Roumanie, <strong>de</strong>s journaux comme Le<br />

Matin <strong>de</strong> Paris (quotidien issu du groupe<br />

Perdriel-Le Nouvel Observateur, créé en<br />

1977 et qui a disparu en 1987) ou La<br />

Croix dénonçant le régime <strong>de</strong> Ceausescu,<br />

ce qui valut d'ailleurs à un journaliste du<br />

premier d'être passé à tabac par <strong>de</strong>s sbires<br />

<strong>de</strong> la Securitate.<br />

Un documentaire tourné clan<strong>de</strong>stinement<br />

en 1987, lors <strong>de</strong> la révolte <strong>de</strong>s<br />

ouvriers <strong>de</strong> Brasov, considérée avec le<br />

recul comme annonciatrice <strong>de</strong> la fin prochaine<br />

du "conducator", avait même été<br />

diffusé à la télévision française.<br />

Ce sont cependant <strong>les</strong> Belges qui<br />

provoquèrent l'électrochoc avec la création<br />

d'OVR qu'ils souhaitaient vite élargir<br />

à la France pour lui donner une plus gran<strong>de</strong><br />

audience, provoquant une rencontre à<br />

Paris en mars 1989 avec la Ligue <strong>de</strong>s<br />

Droits <strong>de</strong> l'Homme. Ils ne repartirent pas<br />

à Bruxel<strong>les</strong> <strong>les</strong> mains vi<strong>de</strong>s: leurs interlocuteurs<br />

français, dont l'historien Mihna<br />

Berin<strong>de</strong>i et Edith Lhomel, chercheuse à<br />

La Documentation Française, leur remettant<br />

<strong>de</strong> précieuses informations permettant<br />

d'i<strong>de</strong>ntifier <strong>les</strong> communes et <strong>les</strong> villages,<br />

au nombre <strong>de</strong> 13 000, en vue <strong>de</strong><br />

l'adoption <strong>de</strong> ceux qui étaient menacés <strong>de</strong><br />

systématisation.<br />

Dans la foulée et jusqu'à la<br />

"Révolution", environ 2000 comités<br />

virent le jour, sans prendre en compte <strong>les</strong><br />

centaines d'initiatives personnel<strong>les</strong>.<br />

Infirmiers, mé<strong>de</strong>cins - sans frontières ou<br />

du mon<strong>de</strong> -, journalistes, enseignants,<br />

conseillers municipaux, chauffeurs routiers…<br />

tout le mon<strong>de</strong> voulait en être.<br />

Le sigle OVR couvrira bon nombre<br />

<strong>de</strong> ces initiatives jusqu'à ce qu'en 1992, à<br />

la suite <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux réunions tenues à<br />

l'Abbaye <strong>de</strong> l'Epaud, le mouvement,<br />

comptant encore 500 à 600 comités<br />

locaux, se structure en OVR France, présidée<br />

jusqu'en 1996 par Edith Lhomel, à<br />

laquelle succè<strong>de</strong>ra Char<strong>les</strong> Weeger<br />

(1996-2000), Evelyne Pivert, actuelle<br />

prési<strong>de</strong>nte, prenant ensuite le relais.<br />

Aujourd'hui, une centaine <strong>de</strong> comités<br />

sont encore actifs au sein d'OVR France.<br />

51


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

52<br />

�<br />

ORADEA<br />

� ARAD<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

BAIA<br />

MARE<br />

�<br />

�<br />

� SUCEAVA<br />

TARGU<br />

� IASI<br />

MURES<br />

�<br />

CLUJ<br />

� BACAU<br />

BRASOV<br />

SIBIU �<br />

�<br />

�<br />

ADJUD<br />

PITESTI �<br />

�<br />

TULCEA<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

TOPALU �<br />

BUCAREST<br />

�<br />

�<br />

CONSTANTA<br />

La France au premier<br />

rang par le nombre<br />

avec 2000 comités<br />

En mars 1989, le journaliste<br />

Bernard Rapp présente sur Antenne 2<br />

"Le désastre rouge", diffusé quelques<br />

mois auparavant à la télévision belge,<br />

provoquant un immense choc.<br />

Une équipe OVR-France se met<br />

en place dans la foulée, qui ne sera<br />

officialisée sous forrme d’association<br />

qu'en 1992. Elle comprend notamment<br />

Edith Lhomel, Ariadna Combes,<br />

la fille <strong>de</strong> Doina Cornea qui vit dans le<br />

Limousin avec son mair français, l'historien<br />

Mihnea Berin<strong>de</strong>i, exilé à Paris.<br />

De l'Ouest <strong>de</strong> la France, du<br />

Rhône-Alpes et notamment <strong>de</strong>s communes<br />

<strong>de</strong> montagne où on se sent<br />

encore plus concerné, <strong>de</strong> l'Est, du<br />

midi toulousain, <strong>les</strong> propositions<br />

d'adoption affluent. Il y en aura environ<br />

2000.<br />

Dans la seule Loire-Atlantique qui<br />

compte 220 communes, 64 se portent<br />

volontaires ! Des gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong> <strong>de</strong><br />

l'Hexagone <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à participer,<br />

désireuses d'ai<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s cités roumaines<br />

<strong>de</strong> leur taille.<br />

L'émotion est telle qu'elle dépasse<br />

<strong>les</strong> clivages politiques. De gauche, <strong>de</strong><br />

droite… dans <strong>les</strong> communes, on<br />

bouscule <strong>les</strong> frontières idéologiques,<br />

même si on note déjà que <strong>les</strong> premières<br />

prévoient <strong>de</strong> situer leur action<br />

dans une logique <strong>de</strong> coopération à<br />

venir, <strong>les</strong> secon<strong>de</strong>s privilégiant plutôt<br />

l'humanitaire.<br />

On signale bien quelques escarmouches<br />

dans le pays toulousain où<br />

<strong>de</strong>s fortes têtes communistes viennent<br />

troubler <strong>les</strong> réunions, y voyant<br />

"l'œil <strong>de</strong> la réaction"… “téléguidé” en<br />

outre “<strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong>”, mais el<strong>les</strong> seront<br />

limitées.<br />

Les 20 ans d’OVR<br />

Connaissance et découverte<br />

C'était voici vingt ans, le 22 décembre 1988, peut-être le 23 ou le 21. La<br />

légen<strong>de</strong> retiendra le 22… un an jour pour jour avant la chute <strong>de</strong><br />

Ceausescu. La scène se passe dans l'entresol d'un <strong>de</strong>ux pièces d'un appartement<br />

bruxellois. Paul Hermant, un journaliste, et un copain photographe, tous <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux Belges, discutent d'un reportage bouleversant diffusé quelques semaines auparavant<br />

à la RTBF, la Radio-Télévision Belge Francophone, intitulé "Le désastre rouge".<br />

Le document, signé par un <strong>de</strong> leurs confrères également<br />

belge, a été tourné clan<strong>de</strong>stinement l'été<br />

précé<strong>de</strong>nt en Roumanie. Il évoque <strong>les</strong> conditions<br />

épouvantab<strong>les</strong> dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> Roumains sont<br />

conduits à vivre. Une interview <strong>de</strong> la dissi<strong>de</strong>nte<br />

Doina Cornea (notre photo), dont la maison est<br />

pourtant cernée nuit et jour par la Securitate, y<br />

figure. La prof <strong>de</strong> français <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Cluj,<br />

y révèle que le plan <strong>de</strong> systématisation prévue par<br />

le "Conducator", visant à rayer <strong>les</strong> villages roumains<br />

<strong>de</strong> la carte et à regrouper leurs populations<br />

dans <strong>de</strong>s centres agro-industriels, annoncé dès la<br />

fin <strong>de</strong>s années 70, est en marche.<br />

"Opération Z" pour "<strong>les</strong> douze apôtres"<br />

Paul Hermant et son ami s'indignent: "On ne peut pas rester <strong>les</strong> bras croisés… çà<br />

se passe en Europe!". L'idée jaillit <strong>de</strong> faire adopter chacun <strong>de</strong>s villages menacés par<br />

<strong>de</strong>s communes belges, <strong>de</strong>s agriculteurs, toute personne ou communauté qui peut se<br />

sentir atteinte dans sa chair par ce projet monstrueux, afin <strong>de</strong> <strong>les</strong> défendre et <strong>de</strong><br />

déclencher une vaste mobilisation pour en empêcher la concrétisation. Les <strong>de</strong>ux<br />

hommes déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> s'en ouvrir à leur entourage et provoquent une réunion le 5 janvier<br />

1989 au siège <strong>de</strong> la Ligue <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'Homme belge.<br />

Ce jour-là, ils sont une poignée. Quatre ou cinq, puis à la réunion suivante une<br />

douzaine, architectes, profs, intellos, etc., tassés <strong>les</strong> uns contre <strong>les</strong> autres … "Les douze<br />

apôtres" s'esclaffent-ils aujourd'hui. Tous francophones, hormis <strong>de</strong>ux Roumains: Ioan<br />

Negrutiu, chercheur à l'université <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong>, dont le père a été recteur <strong>de</strong><br />

l'Université <strong>de</strong>s sciences agronomiques <strong>de</strong> Cluj, et Dan Alexe, 20 ans, <strong>de</strong>venu <strong>de</strong>puis<br />

journaliste en Belgique.<br />

Parmi eux, Daniel Wathelet, 30 ans, originaire <strong>de</strong> la région liégeoise, alors responsable<br />

<strong>de</strong>s Jeunesses Rura<strong>les</strong> en Wallonie, une organisation similaire à la MRJC<br />

française (Mouvement Rural <strong>de</strong> la Jeunesse Chrétienne), qui va <strong>de</strong>venir pendant plusieurs<br />

années la cheville ouvrière d'OVR. L'indignation du groupe le partage au<br />

romantisme. Il se baptise " Z ", en référence au film <strong>de</strong> Costa-Gravas dénonçant la dictature<br />

<strong>de</strong>s colonels grecs… "Opération Villages Roumains", sa dénomination finale,<br />

n'étant au départ qu'un avatar <strong>de</strong>s actions qu'il entend mener plus généralement, si le<br />

besoin s'en fait sentir. "Z" se donne <strong>de</strong>ux mois pour mettre au point une métho<strong>de</strong> afin<br />

d'alerter l'opinion publique. Le groupe vise à provoquer <strong>les</strong> réactions <strong>de</strong>s maires <strong>de</strong>s<br />

communes belges en leur écrivant, et à faire crouler sous <strong>les</strong> lettres <strong>de</strong> protestation le<br />

gouvernement roumain.<br />

80 à 90 % <strong>de</strong>s communes belges mobilisées<br />

Le 22 décembre 1988,<br />

<strong>de</strong>ux journalistes<br />

Opération Villages Roumains:<br />

Fin février 1989, une conférence <strong>de</strong> presse à Bruxel<strong>les</strong> lance officiellement l'opération,<br />

baptisée OVR, dont le sigle comporte déjà <strong>de</strong>ux flèches en sens inverse, signifiant<br />

bien qu'il ne s'agit pas <strong>de</strong> jouer <strong>les</strong> "Rambo", mais du départ d'un échange qu'on<br />

souhaite réciproque avec le peuple roumain quant il en aura la latitu<strong>de</strong>.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

un an jour pour jour avant la chute <strong>de</strong> Ceausescu,<br />

belges mettent au point ce qui allait <strong>de</strong>venir "OVR"<br />

une histoire belge… <strong>de</strong>venue européenne<br />

L'écho est énorme, amplement aidé par la complicité active<br />

<strong>de</strong> jeunes journalistes belges impliqués dans l'action et dont<br />

certains, <strong>de</strong>puis, ont fait une carrière brillante. Tout <strong>de</strong> suite, la<br />

RTBF accor<strong>de</strong> à l'ONG une intervention régulière à la fin <strong>de</strong>s<br />

journaux parlés, une heure <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> écoute. Son générique<br />

qui montre une pelleteuse détruisant une maison belge, provoquant<br />

un réflexe immédiat d'i<strong>de</strong>ntification, soulève une émotion<br />

considérable. Chacun y voit son propre village sous <strong>les</strong><br />

décombres.<br />

Très vite la mobilisation se fait. 90 % <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong><br />

Wallonie et <strong>de</strong> la région Bruxelloise, déci<strong>de</strong>nt d'adopter un village<br />

menacé. Les Flamands, 80 %, ne sont pas en reste. Au<br />

total, 500 communes belges s'engageront. Mais très vite le<br />

réservoir restreint du "Plat pays" ne suffit plus à répondre aux<br />

besoins. Les projets <strong>de</strong> Ceausescu menacent plus ou moins <strong>les</strong><br />

13 000 localités <strong>de</strong> la Roumanie, sans qu'on sache avec précision<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong>. OVR, par l'intermédiaire <strong>de</strong> la Ligue <strong>de</strong>s<br />

Droits <strong>de</strong> l'Homme française, se tourne alors vers le voisin du<br />

sud, qui dispose d'une réserve colossale <strong>de</strong> 36 000 communes<br />

(voir page 52).<br />

Les jeunes communistes<br />

<strong>de</strong> Sardaigne se joignent au mouvement<br />

Parallèlement, le mouvement s'étend à la Suisse, la<br />

Hollan<strong>de</strong>, la Norvège où la Croix Rouge mobilisera <strong>les</strong> énergies<br />

après la "Révolution" pour acheminer l'ai<strong>de</strong>, la Gran<strong>de</strong><br />

Bretagne, où, suivant la tradition, <strong>les</strong> gens se pressent dans <strong>de</strong>s<br />

"charity-meetings", donnant un chèque à la sortie, et dans une<br />

moindre mesure l'Italie, l'Espagne, la Hongrie, la Pologne, sorties<br />

tout juste du bloc soviétique, où <strong>de</strong>s coordinations sont en<br />

voie d'installation.<br />

Ce sont même <strong>de</strong> jeunes communistes sar<strong>de</strong>s qui se<br />

retrousseront <strong>les</strong> manches en Italie, où le Parti communiste a<br />

rompu <strong>de</strong>puis longtemps avec le stalinisme, pour venir en ai<strong>de</strong><br />

aux Roumains. Au total, 3000 communes européennes s'engageront<br />

dans "Opération Villages Roumains", entre mars et<br />

décembre 1989, quelques centaines <strong>les</strong> rejoignant dans <strong>les</strong><br />

semaines suivant la chute <strong>de</strong> Ceausescu.<br />

Les Luxembourgeois rappelés<br />

à l'ordre, <strong>les</strong> Allemands gênés<br />

Certaines réactions sont cependant parfois surprenantes.<br />

Sans doute gonflé <strong>de</strong> son impotence, le ministère <strong>de</strong>s affaires<br />

étrangères du Luxembourg interdit à ses communes <strong>de</strong> se<br />

joindre au vaste élan, <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> obéissent sans rechigner alors<br />

qu'el<strong>les</strong> s'étaient déjà engagées. "Les relations avec la<br />

Roumanie sont une prérogative du ministère" assène-t-il.<br />

Ceausescu a dû trembler…<br />

En Allemagne, le gouvernement <strong>de</strong> Bonn a abordé le problème<br />

sur un autre ton, <strong>de</strong>mandant à OVR d'y mettre son opération<br />

en sourdine pour ne pas gêner son action diplomatique.<br />

Connaissance et découverte<br />

Outre le mur <strong>de</strong> Berlin qui vacillait sérieusement, sans qu'on<br />

puisse <strong>de</strong>viner l'issue <strong>de</strong>s évènements qui se préparaient, la<br />

République Fédérale d’Allemagne était engagée dans un troc<br />

avec le régime roumain qui lui vendait ses ressortissants allemands<br />

contre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>utschemarks. Ce n'était pas le moment<br />

d'énerver davantage le "Conducator".<br />

Quelques hommes politiques ont parfois manifesté <strong>de</strong> la réserve.<br />

Voyaient-ils d'un mauvais œil une éventuelle concurrence<br />

dans l'immense mouvement populaire qui émergeait ?<br />

D'autres étaient gênés aux entournures, parce qu'ils avaient<br />

autrefois chanté <strong>les</strong> louanges <strong>de</strong> Ceausescu, sans toutefois<br />

avoir passé leurs vacances sur son yacht, comme Georges<br />

Marchais, ou décerné le titre <strong>de</strong> "Docteur honoris causa" à sa<br />

femme, comme l'avait fait l'université <strong>de</strong> Nice. C'est ainsi que<br />

le prési<strong>de</strong>nt du Parti socialiste belge, premier parti <strong>de</strong><br />

Wallonie, refusa <strong>de</strong> s'engager.<br />

Une mobilisation voulue<br />

sciemment à l'échelle du continent<br />

Les dons affluèrent, si bien que Daniel Wathelet fit le<br />

choix <strong>de</strong> quitter son emploi pour <strong>de</strong>venir permanent d'OVR en<br />

octobre 1989. La tache était immense. Il fallait associer communes<br />

roumaines et occi<strong>de</strong>nta<strong>les</strong> ayant un profil semblable. Le<br />

jeune belge, avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bénévo<strong>les</strong>, s'y employa après avoir<br />

déniché <strong>de</strong> la documentation qui ne soit pas trop périmée, établit<br />

<strong>de</strong>s fiches types par ju<strong>de</strong>t et se mit consciencieusement à<br />

"faire tourner la machine à adopter".<br />

Dès le départ, OVR avait voulu donner une dimension<br />

européenne à son action. L'ONG entendait que la vague <strong>de</strong><br />

protestations soulevée enflamme le Vieux continent, sans distinction<br />

ou spécialisation par pays ou régions. Anglais, Belges,<br />

Français, Italiens, Norvégiens <strong>de</strong>vaient se retrouver côte à côte<br />

et non pas confinés <strong>les</strong> uns au Maramures ou Bucovine, <strong>les</strong><br />

autres au Banat, dans le Delta ou en Transylvanie.<br />

Pas facile <strong>de</strong> trouver chaussure à son pied !<br />

L'opération était entièrement et uniquement politique. Il<br />

s'agissait <strong>de</strong> faire reculer le gouvernement roumain <strong>de</strong>vant l'indignation<br />

générale. "Jamais, on n'avait pensé aux camions, à la<br />

dimension humanitaire qu'allaient prendre <strong>les</strong> évènements"<br />

confie aujourd'hui Daniel Wathelet, enchaînant "on ne savait<br />

pas ce qui allait se passer; on ne connaissait pas la suite <strong>de</strong><br />

l'histoire".<br />

D'où la confusion qui s'en suivit. Des communes voisines<br />

râlèrent car el<strong>les</strong> se retrouvèrent à adopter <strong>de</strong>s villages diamétralement<br />

opposés géographiquement, proches <strong>de</strong> Baia Mare et<br />

<strong>de</strong> Craiova, d'Arad et <strong>de</strong> Suceava, ce qui certes ne facilitait pas<br />

l'organisation <strong>de</strong>s convois. D'autres, comptant quelques<br />

dizaines <strong>de</strong> milliers d'habitants, impatientes <strong>de</strong> s'engager,<br />

auraient préféré être associées à une ville <strong>de</strong> même importance<br />

et non à une simple bourga<strong>de</strong>. (lire la suite page 54)<br />

53


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

54<br />

SUCEAVA<br />

�<br />

�<br />

BAIA MARE<br />

ORADEA<br />

�<br />

� VATRA DORNEI<br />

�<br />

CLUJ � TARGU MURES IASI<br />

ARAD<br />

� � SF. GHEORGHE<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

BRASOV<br />

�<br />

�<br />

SIBIU<br />

GALATI<br />

�<br />

PITESTI �<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

BRAILA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

(suite <strong>de</strong> la page 53 )<br />

Emotion au paroxysme<br />

Mais, au fil <strong>de</strong>s mois, <strong>de</strong>vant une<br />

émotion qui allait atteindre son<br />

paroxysme avec la chute <strong>de</strong><br />

Ceausescu, le réservoir <strong>de</strong>s communes<br />

roumaines menacées et bien<br />

i<strong>de</strong>ntifiées, se tarissait et il <strong>de</strong>venait<br />

bien compliqué <strong>de</strong> trouver chaussure<br />

à son pied.<br />

Daniel Wathelet (photo ci-<strong>de</strong>ssus)<br />

allait pourtant s'y employer. Il<br />

restera permanent à OVR jusqu'en<br />

2002, le temps <strong>de</strong> mettre en place<br />

<strong>les</strong> premiers projets <strong>de</strong> développement<br />

durable qu'il a accompagnés.<br />

Aujourd'hui, à 50 ans, après avoir<br />

fait <strong>de</strong> l'expertise pour <strong>les</strong> programmes<br />

<strong>de</strong> coopération interrégionale<br />

<strong>de</strong> l'UE avec <strong>les</strong> futurs états<br />

membres, il a fondé un bureau <strong>de</strong><br />

conseil en développement territorial,<br />

qui compte quatre connaisseurs avisés<br />

<strong>de</strong> la Roumanie, privilégie <strong>les</strong><br />

démarches participatives, une<br />

approche durable du développement<br />

<strong>de</strong>s territoires, la Roumanie restant<br />

un terrain d'intervention apprécié.<br />

�<br />

Les 20 ans d’OVR<br />

Connaissance et découverte<br />

Le 22 décembre 1989, la chute brutale et télévisée en direct <strong>de</strong> Ceausescu va<br />

donner un écho dépassant l'imagination à l'action mobilisatrice menée<br />

inlassablement <strong>de</strong>puis près d'un an par OVR. Tous <strong>les</strong> médias se tournèrent<br />

vers l'ONG, ainsi que <strong>les</strong> communes qui s'étaient engagées à adopter un village roumain,<br />

mais n'avaient jamais pu établir un contact.<br />

L'entresol du petit appartement bruxellois<br />

où elle avait établi son siège <strong>de</strong>vint une<br />

ruche où se retrouvèrent jour et nuit plus<br />

d'une trentaine <strong>de</strong> personnes. Elle était<br />

assaillie <strong>de</strong> coups <strong>de</strong> téléphones. Chacun<br />

proposait son ai<strong>de</strong>, se déclarant prêt à partir<br />

sur le champ en Roumanie. La situation sur<br />

place n'étant pas clarifiée, OVR redouta d'envoyer<br />

<strong>de</strong>s équipes sans s'être assurée d'un<br />

minimum <strong>de</strong> sécurité. Elle fit passer <strong>de</strong>s<br />

messages à la télévision belge: "Ne partez<br />

pas… Atten<strong>de</strong>z, on organise <strong>les</strong> choses". Des Des milliers d’Estafettes, <strong>de</strong> poids lourds<br />

ont pris la route <strong>de</strong> la Roumanie, début 90.<br />

consignes qui ne seront pas toujours suivies.<br />

L’émotion était telle qu’il était parfois difficile <strong>de</strong> contrarier <strong>les</strong> bonnes volontés.<br />

Réfugiés dans <strong>les</strong> locaux <strong>de</strong> la radio belge<br />

Etouffant dans son local, l'association trouva refuge dans <strong>les</strong> locaux <strong>de</strong> la radio<br />

belge, qu'elle va squatter pendant <strong>de</strong>ux ou trois mois, bénéficiant <strong>de</strong> la complicité <strong>de</strong>s<br />

journalistes et <strong>de</strong> la direction. Celle-ci avait même mis à sa disposition son standard<br />

d'appels téléphoniques SVP. Mieux même… le télévision lui avait ouvert son antenne<br />

pour un bulletin quotidien chaque soir, entre le journal télévisé et la météo, où elle<br />

annonçait le départ <strong>de</strong>s convois.<br />

Daniel Wathelet, son permanent, avait entrepris <strong>de</strong> faciliter leur acheminement,<br />

plusieurs pays, dont la Hongrie <strong>de</strong>mandant <strong>de</strong>s visas d'entrée, d'autres contraignant à<br />

<strong>de</strong>s formalités douanières lour<strong>de</strong>s. Entre fin décembre 1989 et mars 1990, OVR<br />

Belgique obtiendra en accéléré quelques dix mille visas pour <strong>de</strong>s Belges auprès <strong>de</strong><br />

l'ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong> Roumanie à Bruxel<strong>les</strong>. Confronté aux difficultés rencontrées par <strong>les</strong><br />

premiers convois, lors du passage en douane, Daniel Wathelet fabriqua <strong>de</strong> toutes<br />

pièces un document en cinq langues à remplir, servant <strong>de</strong> déclaration, n'ayant absolument<br />

aucune valeur légale… mais qui sera exigé à chaque franchissement <strong>de</strong> frontière<br />

par <strong>les</strong> douaniers !<br />

Un millier <strong>de</strong> convois sur <strong>les</strong> routes<br />

d'Europe… et pas un seul acci<strong>de</strong>nt<br />

Jusqu'au tsunami, jamais<br />

Cent millions<br />

Pendant cette pério<strong>de</strong> folle <strong>de</strong> trois mois, un millier <strong>de</strong> convois venus <strong>de</strong> toute<br />

l'Europe Occi<strong>de</strong>ntale vont prendre le chemin <strong>de</strong> la Roumanie. Ils s'étalèrent sur <strong>de</strong>s<br />

dizaines <strong>de</strong> kilomètres, se succédant sur <strong>les</strong> autoroutes d’Allemagne et d’Autriche, la<br />

voie la plus utilisée, <strong>de</strong>vant celle empruntant le chemin <strong>de</strong> l’Italie. Des entreprises <strong>de</strong><br />

transports prêtèrent leurs véhicu<strong>les</strong>, parfois fournirent le chauffeur, sinon <strong>les</strong> volontaires<br />

ne manquaient pas. Les Roumains n'avaient pas connu pareille invasion <strong>de</strong>puis<br />

celle <strong>de</strong> l'Armée Rouge en août 1944 !<br />

Cet hiver 89-90 était rigoureux. De nombreuses routes n'étaient pas praticab<strong>les</strong><br />

dans le pays et leur piteux état en surprit plus d'un. Pourtant l'incroyable se réalisa…<br />

Sur <strong>les</strong> 6 millions <strong>de</strong> kilomètres parcourus par l'ensemble <strong>de</strong>s convois recensés officiellement,<br />

pas un seul acci<strong>de</strong>nt ne sera enregistré, malgré la fatigue et <strong>les</strong> mauvaises<br />

conditions endurées par leur équipage ! Sans parler <strong>de</strong>s rasa<strong>de</strong>s généreuses <strong>de</strong> tsuica<br />

qu'on leur versait quant ils étaient arrivés à bon port…


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

une telle mobilisation n'avait vu le jour<br />

<strong>de</strong> dollars-spaghetti !<br />

Un diplomate français qui, après coup, se vantait que son<br />

pays ait accordé à cette époque à la Roumanie la plus forte ai<strong>de</strong><br />

qu'elle ait reçue, en lui octroyant 92 millions <strong>de</strong> francs, se<br />

verra rétorquer qu'OVR, toutes branches confondues, lui en a<br />

fournie dix fois plus. L'équivalent <strong>de</strong> 100 millions <strong>de</strong> dollarsspaghetti.<br />

Cette nouvelle monnaie a été inventée par Daniel<br />

Wathelet qui s'est servi <strong>de</strong>s paquets <strong>de</strong> spaghettis - une <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nrées le plus fréquemment collectée -comme étalon, en en<br />

calculant le nombre et le volume remplissant chaque camion<br />

envoyé, alors que leur chargement avait souvent beaucoup<br />

plus <strong>de</strong> valeur.<br />

Jamais une opération humanitaire n'aura pris une telle<br />

dimension. Il faudra attendre le tsunami <strong>de</strong> décembre 2004 en<br />

Asie du sud-est et l'immense mouvement <strong>de</strong> solidarité qu'il<br />

provoquera à travers le mon<strong>de</strong>, pour retrouver un tel élan.<br />

Au point que <strong>les</strong> autorités belges se tourneront quelques<br />

années plus tard vers OVR et son savoir-faire pour lui suggérer<br />

d'intervenir à Sarajevo, afin <strong>de</strong> porter secours aux habitants<br />

Tourisme<br />

Connaissance et découverte<br />

assiégés et bombardés… proposition faisant courir trop <strong>de</strong><br />

risques et donc déclinée.<br />

50 000 maquettes <strong>de</strong> maisons fabriquées par <strong>les</strong><br />

enfants belges pour remplacer cel<strong>les</strong> détruites<br />

Même Mé<strong>de</strong>cins sans frontières, vétéran <strong>de</strong> ce genre d'intervention,<br />

ne cacha pas sa stupéfaction <strong>de</strong>vant la durée exceptionnelle<br />

<strong>de</strong> la mobilisation, sachant qu'habituellement, après<br />

un pic, elle s'effondre, ne comprenant pas non plus qu'OVR ne<br />

profite pas <strong>de</strong> son ampleur pour lancer une collecte <strong>de</strong> fonds.<br />

Mais ce n'était pas son objectif.<br />

Dans ses camions, l'ONG avait embarqué dans <strong>de</strong>s caisses<br />

50 000 maquettes <strong>de</strong> maisons, en carton, en bois, etc… que <strong>les</strong><br />

enfants belges avaient patiemment confectionnées. Exposées à<br />

Bucarest, el<strong>les</strong> reconstituaient <strong>les</strong> villages en voie <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction,<br />

<strong>de</strong>vant <strong>les</strong> yeux écarquillés <strong>de</strong>s Roumains qui n'en revenaient<br />

pas <strong>de</strong> découvrir la solidarité européenne.<br />

Les bateliers (plutasi) <strong>de</strong> la Bistritsa ont rendu leurs rames voici 40<br />

ans, vaincus par la route. Les trains <strong>de</strong> bois qu'ils charriaient <strong>de</strong><br />

Ciocanesti jusqu'à Vatra Dornei, à la limite <strong>de</strong> la Bucovine et du<br />

Maramures, <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> ra<strong>de</strong>aux en rondins qu'ils avaient confectionnés euxmêmes,<br />

ont disparu <strong>de</strong>puis lors, remplacés par <strong>les</strong> norias <strong>de</strong> camions.<br />

Le <strong>de</strong>rnier à avoir effectué la <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> la rivière est Vasile Ciocan, en<br />

1969. Pendant 22 ans, <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> sources <strong>de</strong> la Bistritsa, il avait trimbalé <strong>de</strong>rrière<br />

lui <strong>les</strong> souches <strong>de</strong>s bûcherons, valsant sur l'écume du torrent avant que<br />

<strong>les</strong> eaux ne <strong>de</strong>viennent plus paisib<strong>les</strong>. Dans la vallée, le courant se faisait<br />

même trop paresseux. Les plutasi le renforçaient en confectionnant <strong>de</strong>s retenues<br />

en bois, sorte <strong>de</strong><br />

mini barrages, provoquant<br />

<strong>de</strong>s lâchers<br />

d'eau qui propulsaient<br />

leurs convois vers l'aval. "J'emmenais jusqu'à 300 000 m2 <strong>de</strong> bois à chaque<br />

voyage et çà me prenait au moins un jour" se souvient avec fierté le batelier,<br />

ajoutant "il fallait avoir le coup d'œil, <strong>de</strong>s bonnes jambes et surtout pas<br />

peur!". Mais en emportant tout sur leur passage, <strong>les</strong> terrib<strong>les</strong> inondations <strong>de</strong><br />

1970 avaient donné le coup <strong>de</strong> grâce à l'activité qui était déjà handicapée<br />

par l'immobilisation forcée <strong>de</strong> l'hiver, la Bistritsa étant gelée.<br />

Un circuit <strong>de</strong> 6 km et une heure<br />

Les bateliers <strong>de</strong> la Bistritsa retrouvent le sourire<br />

Aujourd'hui en retraite, Vasile Ciocan ne s'abandonne cependant pas à<br />

la nostalgie, car sa rivière revit. Ces <strong>de</strong>rnières années, <strong>les</strong> ra<strong>de</strong>aux ont fait leur réapparition, mais seulement à l'été. Cette fois-ci,<br />

la "marchandise" à transporter… ce sont <strong>les</strong> touristes, principalement <strong>les</strong> étrangers. Et ils viennent <strong>de</strong> plus en plus nombreux,<br />

séduits et curieux <strong>de</strong> cette bala<strong>de</strong> peu ordinaire. Ce sont même eux qui ont donné l'idée! Quelques paysans ont confectionné <strong>de</strong>s<br />

embarcations qui peuvent emmener jusqu'à une trentaine <strong>de</strong> personnes, y installant <strong>de</strong>s bancs pour le confort. Les anciens plutasi<br />

<strong>les</strong> ont aidés à <strong>les</strong> fabriquer, leur ont donné <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> navigation. Le circuit est relativement court; il dure une heure, fait environ<br />

6 km, part <strong>de</strong> Botos pour arriver près du centre <strong>de</strong> Ciocanesti. Le tarif est négociable. Quelques jeunes se sont lancés dans<br />

l'aventure, avec le soutien <strong>de</strong>s anciens. "Les autorités loca<strong>les</strong> ont même dans l'idée d'ouvrir une école <strong>de</strong> bateliers… et <strong>les</strong> professeurs,<br />

ce serait nous, <strong>les</strong> vieux, qui avons le métier dans le sang" se réjouit Vasile.<br />

55


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

56<br />

�<br />

�<br />

BAIA MARE<br />

ORADEA<br />

SUCEAVA<br />

�<br />

� BISTRITA �<br />

CHISINAU<br />

�<br />

CLUJ<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

�<br />

TARGU<br />

MURES<br />

�<br />

�<br />

SIBIU<br />

BRASOV<br />

IASI<br />

GALATI<br />

�<br />

BENESTI �<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

BRAILA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Après Delta 60<br />

Rouemania 2009<br />

Après <strong>les</strong> aventures <strong>de</strong> “Delta 60”,<br />

en 2005 et 2007, permettant <strong>de</strong> relier<br />

à vélo la France et la Belgique au<br />

<strong>de</strong>lta du Danube, <strong>les</strong> organisateurs <strong>de</strong><br />

ces raids proposent "Roumania 2009",<br />

toujours sous l'égi<strong>de</strong> d'OVR, et dans<br />

le même esprit: découvrir une région<br />

rurale roumaine et y rencontrer <strong>les</strong><br />

habitants au rythme <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong><br />

pédale, réaliser une activité commune<br />

ouverte au plus grand nombre et solidaire<br />

envers une cause, financer un<br />

projet en faisant sponsoriser chaque<br />

kilomètre parcouru par <strong>les</strong> équipes, à<br />

raison d'un euro/km.<br />

Cette année, le circuit proposé est<br />

centré sur la Transylvanie, avec<br />

départ <strong>de</strong> Soars (Brasov), le lundi 26<br />

juillet, et arrivée à Gornesti (Târgu<br />

Mures), le dimanche 9 août, après<br />

avoir effectué une boucle passant par<br />

<strong>les</strong> Apuseni. Les étapes auront une<br />

longueur moyenne <strong>de</strong> 80 km. Les participants<br />

doivent rejoindre le point <strong>de</strong><br />

départ par leurs propres moyens.<br />

Les équipes se composent d'un<br />

minimum <strong>de</strong> quatre personnes qui<br />

s'organisent en relais pour pédaler<br />

tout au long <strong>de</strong> l'itinéraire; el<strong>les</strong> assurent<br />

également <strong>les</strong> déplacements <strong>de</strong>s<br />

véhicu<strong>les</strong> accompagnateurs. Chacune<br />

gère son budget et ses dépenses. Le<br />

logement en camping est privilégié,<br />

mais il est possible chez l'habitant<br />

(réseau Retea Turistica), voire dans<br />

<strong>de</strong> petits gîtes ou hôtels. Les droits<br />

d'inscription (assurance, frais <strong>de</strong> correspondance)<br />

sont <strong>de</strong> 25 € par personne<br />

pour <strong>les</strong> membres d'OVR et <strong>de</strong><br />

50 € pour <strong>les</strong> non membres.<br />

Renseignements: <strong>de</strong>lta60@skynet.be,<br />

michel.<strong>de</strong>backer@euronet.be,<br />

jupin.guy@wanadoo.fr; sites internet :<br />

villagesroumains.be, <strong>de</strong>lta60.ovrf.free.fr<br />

�<br />

Echanges<br />

Connaissance et découverte<br />

Comme dans le célèbre roman d'Alexandre Dumas, <strong>les</strong> "mousquetaires" qui<br />

ont volé au secours <strong>de</strong>s Roumains voici vingt ans, poussés par un immense<br />

élan d'indignation, <strong>de</strong> générosité et <strong>de</strong> fraternité, se refusent à renoncer<br />

à leurs engagements d'alors… Mais ils se posent beaucoup <strong>de</strong> questions ainsi que l'ont<br />

montré <strong>les</strong> journées nationa<strong>les</strong> d'Opération Villages Roumains (section France)<br />

d'Eybens <strong>de</strong>s 8 et 9 novembre <strong>de</strong>rnier. OVR, dont la légen<strong>de</strong>, vraie, dit qu'elle est née<br />

dans un appartement d'un faubourg <strong>de</strong> Bruxel<strong>les</strong> un 22 décembre 1988 - un an jour<br />

pour jour avant la chute <strong>de</strong> Ceausescu - a en effet vingt ans, et s'apprête tout au long<br />

<strong>de</strong> 2009 à célébrer l'anniversaire <strong>de</strong> cette extraordinaire année 1989, qui a vu <strong>les</strong><br />

peup<strong>les</strong> <strong>de</strong> l'Est se libérer <strong>de</strong> leurs chaînes, <strong>les</strong> Roumains étant <strong>les</strong> <strong>de</strong>rniers à le faire.<br />

"A quoi sert-on aujourd'hui?" se sont <strong>de</strong>mandés <strong>les</strong> quelques soixante dix participants<br />

venus <strong>de</strong> tout l'Hexagone dans la coquette banlieue grenobloise - magnifiquement<br />

accueillis par <strong>les</strong> organisateurs locaux - afin <strong>de</strong> représenter leurs associations et<br />

auxquels s'étaient joints quelques Belges. Une question existentialiste qui se pose avec<br />

acuité <strong>de</strong>puis l'entrée <strong>de</strong> la Roumanie dans l'UE, début 2007, banalisant ce pays, ce qui<br />

pourrait le faire apparaître à tort comme désormais engagé sur la bonne voie.<br />

Faire naître <strong>de</strong>s vocations n'est pas simple<br />

Pour tous ceux qui ont pris le chemin <strong>de</strong> la Roumanie aux premiers jours <strong>de</strong> 1990,<br />

l'enthousiasme d'alors a largement eu le temps <strong>de</strong> s'estomper, souvent douché par <strong>les</strong><br />

désillusions enregistrées sur place, heureusement contrebalancées pour ceux qui ne se<br />

sont pas découragés par <strong>les</strong> relations humaines exceptionnel<strong>les</strong> qu'ils ont nouées et <strong>les</strong><br />

projets qu'ils ont réussi à mettre en place.<br />

Néanmoins, ces artisans <strong>de</strong> l'amitié franco-roumaine ont aujourd'hui vingt ans <strong>de</strong><br />

plus. Pour beaucoup d'entre-eux, ils ont 60 ans, voire beaucoup plus, et OVR butte sur<br />

la question <strong>de</strong> son renouvellement. S'ouvrir aux jeunes entend-on souvent. Certes…<br />

mais l'ONG ne leur a jamais fermé la porte, bien au contraire. Et ces jeunes vivent<br />

avec leur époque, dans une société <strong>de</strong> consommation où on s'engage moins et surtout<br />

pas dans la durée. Le temps d'une action parfois, mais guère au-<strong>de</strong>là. Ces jeunes n'enten<strong>de</strong>nt<br />

pas non plus être confinés à un seul pays, mais s'ouvrir à <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> horizons.<br />

Faire naître <strong>de</strong>s vocations n'est pas simple et, d'ailleurs, il faut souligner que<br />

nombre <strong>de</strong> projets associatifs franco-roumains incluant <strong>de</strong>s jeunes, s'adressent à <strong>de</strong>s<br />

jeunes français en difficulté, pour <strong>de</strong>s raisons différentes, et qui vont trouver en<br />

Roumanie un terrain <strong>les</strong> aidant à <strong>les</strong> dépasser, tout en aidant <strong>les</strong> autres. Pour louab<strong>les</strong><br />

que soient ces initiatives, el<strong>les</strong> ne peuvent pas assurer le passage <strong>de</strong> témoin.<br />

Echanges d'expériences et adhérents<br />

d'Amitié Partage éparpillés dans la nature<br />

"A quoi sert-on aujourd'hui ?"<br />

réunis début novembre à Eybens,<br />

Vingt<br />

Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux journées d'Eybens, plusieurs autres questions ont été posées,<br />

dont celle <strong>de</strong> l'échange d'expériences. Depuis 1990, <strong>les</strong> associations membres d'OVR<br />

ont amplement démontré qu'el<strong>les</strong> n'étaient pas à court d'idées. Pourtant, dans l'assistance<br />

présente à Eybens, on a ressenti le besoin d'en savoir plus sur ce que <strong>les</strong> unes et<br />

<strong>les</strong> autres entreprenaient, chacune se retrouvant finalement dans son coin alors que<br />

toutes se montrent curieuses <strong>de</strong>s actions menées ici et là pour en tirer profit. Ce besoin<br />

<strong>de</strong> communication pour faire circuler <strong>les</strong> informations, diffuser <strong>les</strong> expériences, trouve<br />

en partie une réponse dans "La lettre du réseau" publiée par OVR ou sur son site<br />

Internet (OVR France) - qui mériterait d'être davantage visité - mais semble-t-il insuffisante,<br />

ce thème revenant régulièrement dans <strong>les</strong> débats, sans qu'une solution satisfaisante<br />

ne se dégage. De même, après la dissolution d'Amitié-Partage en août <strong>de</strong>rnier,<br />

se pose la question du <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> ses adhérents, dont certains sont d'ailleurs membres<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux associations.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

se sont <strong>de</strong>mandé <strong>les</strong> adhérents d'OVR<br />

à l'occasion <strong>de</strong> leurs journées nationa<strong>les</strong><br />

ans après<br />

L'ONG <strong>de</strong> Quimper, active jusqu'au début <strong>de</strong>s années<br />

2000 mais dont le champ d'action ne se limitait guère plus qu'à<br />

proposer <strong>de</strong>s voyages bon marché à ses adhérents et <strong>de</strong>s<br />

polices d'assurance pour <strong>les</strong> Roumains qu'ils invitaient, a<br />

compté jusqu'à plusieurs centaines <strong>de</strong> membres dans toute la<br />

France. Tout comme à OVR, <strong>de</strong>s initiatives remarquab<strong>les</strong> y ont<br />

vu le jour et <strong>les</strong> objectifs étaient semblab<strong>les</strong>. Aujourd'hui, ses<br />

adhérents <strong>les</strong> plus actifs se retrouvent isolés et risquent <strong>de</strong><br />

cé<strong>de</strong>r au découragement alors que leur apport pourrait être très<br />

utile. A Eybens, s'est posée la question <strong>de</strong> savoir comment leur<br />

tendre la main... Question sans réponse car il faut qu'elle soit<br />

saisie et, pour l'instant, aucun signe ne semble venir <strong>de</strong><br />

Bretagne, <strong>les</strong> adhérents d'Amitié Partage restant éparpillés<br />

dans la nature.<br />

"Surtout, continuez !"<br />

Les journées d'Eybens ont eu le grand mérite <strong>de</strong> poser <strong>les</strong><br />

jalons du nouveau déploiement d'OVR, qui n'est d'ailleurs pas<br />

en rupture avec l'ancien. Il concerne <strong>de</strong>ux points essentiels.<br />

-Le développement humain, à la base <strong>de</strong> l'émergence <strong>de</strong> la<br />

société civile qui se fait jour en Roumanie.<br />

-L'ouverture vers <strong>les</strong> pays voisins, confrontés aux mêmes<br />

problèmes -environnement, pauvreté, santé, enfance, ensei-<br />

Médias<br />

Vali Ivan est considéré comme<br />

un <strong>de</strong>s meilleurs caricaturistes<br />

<strong>de</strong> presse roumain. Ces<br />

<strong>de</strong>ssins sont attendus chaque jour par <strong>les</strong><br />

lecteurs <strong>de</strong> Jurnalul National, le premier<br />

quotidien du pays. Cet ancien ingénieur,<br />

qui a changé radicalement <strong>de</strong> voie après<br />

la "Révolution", a rarement le trait<br />

méchant, mais, sous une bonhomie familière,<br />

ses coups <strong>de</strong> plume sont incisifs et<br />

souvent redoutés, privilégiant le ridicule<br />

ou l'intolérable <strong>de</strong>s situations aux<br />

attaques agressives.<br />

Toujours à la recherche d'une expression<br />

nouvelle <strong>de</strong> son art, Vali a ouvert un<br />

site internet, www.cartoonpress.ro, en<br />

septembre <strong>de</strong>rnier. Il y croque avec une<br />

gran<strong>de</strong> vérité toutes <strong>les</strong> personnalités <strong>de</strong><br />

la vie publique roumaine, gouvernants,<br />

politiciens, hommes d'affaires, ve<strong>de</strong>ttes,<br />

sportifs, sans oublier <strong>les</strong> célébrités mondia<strong>les</strong>,<br />

et réagit à chaque évènement d'importance,<br />

national ou international, en<br />

l'illustrant par un <strong>de</strong>ssin approprié.<br />

Une aubaine pour <strong>les</strong> agences <strong>de</strong><br />

presse, <strong>les</strong> revues, mais aussi nombre<br />

d'organismes <strong>les</strong> plus divers à la<br />

recherche d'illustrations pour leurs publications,<br />

d'autant plus que <strong>les</strong> tarifs pratiqués<br />

- autour <strong>de</strong> dix euros le <strong>de</strong>ssin - sont<br />

très raisonnab<strong>les</strong>.<br />

Il s'agit d'une première en Roumanie,<br />

due à un concours <strong>de</strong> circonstances. Son<br />

fils qui terminait ses étu<strong>de</strong>s d'informatique,<br />

avait sollicité son ai<strong>de</strong>: <strong>les</strong> professeurs<br />

avaient <strong>de</strong>mandé à chaque étudiant<br />

<strong>de</strong> créer un site Internet qui servirait <strong>de</strong><br />

mémoire pour l'obtention du diplôme. La<br />

Connaissance et découverte<br />

gnement, etc. - auxquels OVR a contribué à apporter au moins<br />

un début <strong>de</strong> réponse. Moldavie en tête, mais aussi Bulgarie,<br />

Ukraine, voire d'autres états riverains, sont concernés (Voir<br />

également nos pages spécia<strong>les</strong> en rubrique internationale).<br />

Dans plusieurs domaines, <strong>de</strong> par son expérience souvent<br />

dramatique, la Roumanie est <strong>de</strong>venue référente pour <strong>les</strong> pays<br />

<strong>de</strong> l'Est. C'est ainsi vers elle qu'ils se tournent aujourd'hui pour<br />

abor<strong>de</strong>r la question <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> l'enfance. La Bulgarie<br />

illustre l'action qui peut être engagée dans cette direction.<br />

Alors que la Roumanie a bénéficié <strong>de</strong>puis maintenant vingt<br />

ans <strong>de</strong> l'attention considérable apportée à la formation humaine<br />

par <strong>les</strong> ONG - OVR étant au premier rang - donnant ainsi<br />

naissance à une société civile, celle-ci est quasiment inexistante<br />

<strong>de</strong> l'autre côté du Danube, ce qui explique son retard dans<br />

le développement <strong>de</strong> sa démocratie et <strong>les</strong> inquiétu<strong>de</strong>s que l'on<br />

nourrit à son égard. Après plusieurs années d'interrogation sur<br />

son utilité, le chemin d'OVR semble donc tracé.<br />

A la question "Qu'est-ce que vous atten<strong>de</strong>z <strong>de</strong> nous ?"<br />

posée cet été par un <strong>de</strong> ses membres au cours d'un voyage en<br />

Roumanie, un Roumain avait répondu par ce cri du cœur:<br />

"Surtout, continuez !". A Eybens, <strong>les</strong> participants n'avaient pas<br />

envie d'entendre d'autre chose. Dans un an, lors <strong>de</strong> leur prochaine<br />

réunion prévue dans la région angevine, ils pourront en<br />

tirer <strong>les</strong> premières conclusions. Henri Gillet<br />

Sur www.cartoonpress.ro, le caricaturiste Vali<br />

met en scène l'actualité roumaine et mondiale<br />

partie technique ne l'effrayait pas, mais il<br />

restait à trouver un contenu… et c'est là<br />

que Vali eut l'idée <strong>de</strong> mettre son talent <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ssinateur à son service. Le jury fut tellement<br />

impressionné qu'il n'accorda<br />

aucune attention au site, tout absorbé<br />

qu'il était à reconnaître quelle personnalité<br />

se cachait sous <strong>les</strong> traits <strong>de</strong>s personnages<br />

caricaturés. Un véritable triomphe<br />

pour l'étudiant, mi-figue mi-raisin car ses<br />

professeurs ne lui soufflèrent mot <strong>de</strong> son<br />

travail, qui obtint la note maximum !<br />

A la suite <strong>de</strong> ce succès et réalisant<br />

que la proximité <strong>de</strong>s élections était une<br />

rampe <strong>de</strong> lancement formidable pour un<br />

site consacré au <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> presse, Vali<br />

s'est donc mis au travail pendant tout<br />

l'été, s'enfermant dans son bureau pour<br />

compléter sa galerie <strong>de</strong> portraits. Son pari<br />

est bien parti et le <strong>de</strong>ssinateur, lecteur <strong>de</strong>s<br />

"Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie", s'est même<br />

fait un plaisir d'offrir aux abonnés <strong>de</strong> la<br />

revue quelques échantillons <strong>de</strong> son talent<br />

que vous avez pu découvrir en tournant<br />

<strong>les</strong> pages <strong>de</strong> ce numéro.<br />

57


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

58<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

�<br />

ORADEA BAIA MARE<br />

ARAD<br />

�<br />

CLUJ<br />

TARGU<br />

MURES<br />

T. SEVERIN PITESTI �<br />

�<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

�<br />

�<br />

�<br />

SIBIU<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

BRASOV<br />

� IASI<br />

�<br />

�<br />

BRAILA<br />

SINAIA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

�<br />

BUCAREST<br />

� BACAU<br />

CONSTANTA<br />

"Les enfants<br />

roumains<br />

sont trop sages"<br />

Installée <strong>de</strong>puis 2004 à Bucarest,<br />

Laurence Demairé encadre <strong>de</strong><br />

futures mamans au cours <strong>de</strong> stages,<br />

baptisés "école <strong>de</strong> vie", qu'elle prend<br />

en charge financièrement, et qui<br />

durent tout un week-end, réunissant<br />

une dizaine <strong>de</strong> jeunes femmes qui<br />

vont affronter la maternité. Là, el<strong>les</strong><br />

apprennent <strong>les</strong> gestes quotidiens<br />

d'une mère <strong>de</strong> famille, aussi simp<strong>les</strong><br />

que faire le ménage, préparer le<br />

repas, afin <strong>de</strong> dédramatiser l'ampleur<br />

<strong>de</strong>s tâches qui <strong>les</strong> atten<strong>de</strong>nt.<br />

�<br />

Laurence<br />

Demairé,<br />

à la fin<br />

<strong>de</strong>s<br />

années<br />

90, peu<br />

avant son<br />

départ<br />

pour la<br />

Roumanie<br />

Au cours <strong>de</strong> balla<strong>de</strong>s dans un<br />

parc à proximité, la Lilloise découvre<br />

leurs angoisses et s'efforcent <strong>de</strong><br />

répondre à leurs questions:"Pourquoi<br />

<strong>les</strong> bébés pleurent-ils souvent?",<br />

"Comment <strong>les</strong> calmer?", "Ma mère<br />

est morte à ma naissance, est-ce<br />

que moi je vais m'en tirer?", "Je suis<br />

sûre que je n'arriverai pas à me<br />

débrouiller après l'accouchement !",<br />

"Combien <strong>de</strong> fois par jour faut-il faire<br />

la toilette du bébé?"… En effet, en<br />

Roumanie il n'existe pas d'initiation<br />

spécifique dans ce domaine et beaucoup<br />

<strong>de</strong> futures mères se retrouvent<br />

désemparées à l'annonce <strong>de</strong> leur<br />

grossesse. (lire la suite page 60)<br />

Echanges<br />

Connaissance et découverte<br />

Depuis une dizaine<br />

est la pionnière<br />

Le combat d'une arrière<br />

Si la bonne <strong>de</strong> la maison ne m'avait pas prise en pitié, m'apportant son<br />

amour, je ne serais pas normale. Elle m'a sauvée". Fille d'une famille <strong>de</strong> la<br />

haute bourgeoisie lilloise - son père était sénateur - Laurence Demairé était<br />

rejetée par ses parents, l'enfant payant leurs divisions. Quelques soixante années plus<br />

tard, ce traumatisme l'a conduite en Roumanie en 1999 pour, à son tour, tendre la main<br />

aux bébés et à leurs mamans. Depuis, elle y <strong>de</strong>meure neuf mois pas an, à Bucarest,<br />

revenant en France l'été, à Noël et Pâques, et tente d'y introduire la maternologie, discipline<br />

toute récente, entre sciences et psychologie, qui se répand à travers le mon<strong>de</strong><br />

et vise à harmoniser <strong>les</strong> relations parents-enfants.<br />

"L'amour maternel n'est pas quelque chose d'inné"<br />

"Tout se joue dans <strong>les</strong> six premiers mois" insiste Laurence Demairé, pousuivant<br />

"si le bébé ne sent pas <strong>de</strong> l'amour autour <strong>de</strong> lui, <strong>les</strong> caresses <strong>de</strong> sa maman, son regard,<br />

il peut être marqué à vie. La naissance est un choc terrible pour lui, après le confort<br />

qu'il a connu dans son ventre. Il faut le rassurer immédiatement". Elle a encore à l'esprit<br />

ces images effrayantes <strong>de</strong> nourrissons dans <strong>les</strong> orphelinats roumains, laissés seuls<br />

après le biberon, pleurant sans que personne ne s'occupe d'eux.<br />

La Lilloise soutient que l'amour maternel n'est pas quelque chose d'inné et que la<br />

jeune maman ne doit pas culpabiliser si elle ne le ressent pas. Il s'apprend et bien <strong>de</strong>s<br />

raisons peuvent expliquer sa réserve manifestée face au nourrisson : une enfance malheureuse,<br />

le souvenir marquant <strong>de</strong> rapports conflictuels avec sa mère, assez fréquents<br />

en Roumanie, une grossesse non désirée, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie diffici<strong>les</strong>.<br />

La société mo<strong>de</strong>rne a aussi sa part <strong>de</strong> responsabilité en éloignant <strong>les</strong> femmes <strong>de</strong><br />

leur vocation maternelle naturelle, avec sa recherche <strong>de</strong> l'égalité entre hommes et<br />

femmes sans tenir compte <strong>de</strong>s différences, la dislocation <strong>de</strong>s famil<strong>les</strong>. "La fillette, jusqu'à<br />

l'âge <strong>de</strong> sept ans, a envie d'enfant. Il faut la voir jouer avec sa poupée. Puis son<br />

corps prend le relais, le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, mais cette aspiration est ensuite inconsciemment<br />

repoussée à cause <strong>de</strong>s appréhensions suscitées par la maternité" explique Laurence<br />

Demairé, s'exclamant : "Il faut réconcilier la femme avec son désir d'être mère !".<br />

Le problème lui paraît d'autant plus important que la Roumanie est confrontée à<br />

une grave crise démographique, due à la situation économique, et que si <strong>les</strong> futures<br />

mamans ne sont pas rassurées, encouragées, elle ne risque pas <strong>de</strong> s'arranger.<br />

Rencontre décisive avec le père <strong>de</strong> la maternologie<br />

Laurence Demairé est restée mère au foyer, élevant ses trois enfants, jusqu'au<br />

décès <strong>de</strong> son mari qu'elle épaulait dans la gestion <strong>de</strong> sa prospère entreprise. A 50 ans,<br />

elle a décidé <strong>de</strong> reprendre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s pour <strong>de</strong>venir animatrice socio-culturelle. "Je<br />

crois que tout à coup a ressurgi le souvenir <strong>de</strong> cette enfance malheureuse que j'avais<br />

enfoui jusqu'ici et c'était une façon <strong>de</strong> lui régler son compte, en tendant la main aux<br />

autres". Diplôme en poche, la voilà pour dix ans conseillère conjugale au planning<br />

familial, travaillant avec le CHR <strong>de</strong> Lille. Elle y rencontrera une quinzaine <strong>de</strong> milliers<br />

<strong>de</strong> femmes, dont une bonne partie venues pour avorter, accompagnant leur choix, partageant<br />

leurs inquiétu<strong>de</strong>s et souffrances et en tirant un livre, D'où viens-tu Victoria?,<br />

écrit alors qu'elle a 70 ans. La publication <strong>de</strong> son ouvrage, en 1996, lui permet <strong>de</strong> rencontrer<br />

le professeur Jean-Marie Delassus, psychiatre, praticien hospitalier, chef du<br />

service <strong>de</strong> maternologie <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong> Saint-Cyr. Le père <strong>de</strong> cette démarche thérapeutique<br />

qu'il a mise au point à partir <strong>de</strong> 1987 après 21 années d'expérience et d'observations,<br />

complétée aujourd'hui par <strong>de</strong>s chercheurs dans le mon<strong>de</strong> entier, n'a pas <strong>de</strong><br />

mal à la convaincre <strong>de</strong> la dimension psychique <strong>de</strong> la maternité et <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong><br />

prendre en compte <strong>les</strong> difficultés <strong>de</strong> la relation mère-enfant. Le livre <strong>de</strong> Laurence<br />

Demairé lui vaudra <strong>de</strong> nombreuxcourriers dont l'un contient <strong>de</strong>s photos terrib<strong>les</strong> sur la


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Connaissance et découverte<br />

d'années, la Lilloise Laurence Demairé<br />

inlassable <strong>de</strong> la maternologie en Roumanie<br />

grand-mère pour <strong>les</strong> bébés roumains et leurs mamans<br />

situation <strong>de</strong>s enfants dans <strong>les</strong> hôpitaux et orphelinats roumains.<br />

Ces images la hanteront pendant trois ans, un ami la<br />

décidant finalement, en 1999, à franchir le pas pour aller sur<br />

place faire <strong>de</strong> la formation auprès <strong>de</strong>s personnels chargés <strong>de</strong><br />

l'enfance, lui trouvant un point <strong>de</strong> chute à Timisoara. A ses<br />

frais et, jusqu'à aujourd'hui, sans aucune ai<strong>de</strong>.<br />

"Les enfants du Diable"<br />

La Lilloise se rend ainsi<br />

dans <strong>les</strong> centres <strong>de</strong> placement,<br />

fait <strong>de</strong>s aller-retour<br />

avec la France, y rencontre<br />

un univers effrayant: <strong>de</strong>s<br />

enfants autistes, d'autres en<br />

retard, recroquevillés dans<br />

leur coin, le regard vi<strong>de</strong>, ne<br />

pleurant même plus. Elle doit<br />

se rendre à l'évi<strong>de</strong>nce: ses<br />

efforts ne servent à rien, <strong>les</strong><br />

comportements ne changent<br />

pas. "C'était perdu d'avance. Pour <strong>les</strong> employés, c'étaient <strong>les</strong><br />

enfants du Diable (Ceausescu)" reconnaît-elle aujourd'hui.<br />

Laurence Demairé rentre en 2003 à Lille, très déprimée.<br />

Mais elle n'est pas longue à se révolter: "Je vais aller à<br />

Bucarest taper du poing sur la table !". Ce qu'elle fait aussitôt,<br />

toutefois sans provoquer d'esclandre, mais en essayant plutôt<br />

<strong>de</strong> convaincre. Elle y obtient l'appui <strong>de</strong> l'UNICEF-Roumanie<br />

et du professeur Vasile Ghetau, un spécialiste en démographie<br />

très inquiet <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong> la natalité dans son pays, pour<br />

provoquer un colloque <strong>de</strong> maternologie réunissant mé<strong>de</strong>cins,<br />

pédiatres, psychologues, sages-femmes, assistantes socia<strong>les</strong>.<br />

L'affaire met du temps à se mettre en place, mais finalement<br />

120 professionnels viennent sagement l'écouter, approuvent,<br />

applaudissent… et s'en retournent avec comme seul commentaire:<br />

"Ce n'est pas applicable ici".<br />

Des gamins sans noms qui errent<br />

dans <strong>les</strong> couloirs <strong>de</strong>s maternités<br />

La Lilloise ne renonce pas et déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> déposer définitivement<br />

ses valises à Bucarest. Elle loue à l'année un petit<br />

appartement et consacre à son action <strong>de</strong> prévention et d'accompagnement<br />

le patrimoine qu'elle a mis <strong>de</strong> côté après avoir<br />

avec ses enfants beaucoup développé l'affaire familiale. Une<br />

autre réalité l'attend, celle <strong>de</strong>s aigrefins, <strong>de</strong>s profiteurs, associations<br />

dites humanitaires ayant pignon sur rue… aussi bien<br />

roumaines que françaises, à moins qu'el<strong>les</strong> ne soient mixtes.<br />

Plusieurs <strong>de</strong>s assistantes qu'elle a engagées sur ses <strong>de</strong>niers la<br />

trompent.<br />

Dans son combat pour une maternité et une enfance heureuse,<br />

au sein d'une société en retard, indifférente, qui ne jure<br />

que par l'argent et a oublié tout humanisme, Nicole Demairé<br />

Laurence Demairé (<strong>de</strong>uxième en haut, à gauche) lors<br />

<strong>de</strong>s séances et stages <strong>de</strong> maternologie qu’elle organise à Bucarest.<br />

affronte la solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pionnières, avec son cortège <strong>de</strong> déceptions.<br />

On lui prédit l'échec, mais elle s'accroche, interpellée par<br />

la réalité. En 2005, 4000 enfants roumains ont encore été<br />

abandonnés. Si beaucoup trouvent maintenant <strong>de</strong>s nourrices,<br />

<strong>de</strong>s famil<strong>les</strong> d'adoption, <strong>les</strong> autres errent dans <strong>les</strong> couloirs <strong>de</strong><br />

maternités et d'hôpitaux. "Ils sont laissés pour compte, peutêtre<br />

déjà handicapés" s'insurge-t-elle, "ils sont sans i<strong>de</strong>ntité,<br />

on ne leur a même pas donné un nom".<br />

Les jeunes femmes que<br />

la Lilloise a aidées à affronter<br />

leur maternité sont son réconfort…<br />

Parfois à son détriment<br />

comme lorsque, ravie, elle<br />

raconte le départ <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rnières<br />

collaboratrices: "El<strong>les</strong><br />

s'étaient tellement convaincues<br />

que c'était magnifique<br />

d'avoir un enfant… qu'el<strong>les</strong><br />

en ont toutes fait un et m'ont<br />

quittée pour l'élever".<br />

"Je ne resterai pas une minute <strong>de</strong> plus"<br />

Laurence Demairé est inquiète pour l'avenir. L'UNICEF<br />

<strong>de</strong>vrait fermer ses portes à Bucarest en 2009. Elle-même s'est<br />

fixée une échéance: elle quittera la Roumanie, définitivement,<br />

le 30 juin 2010. "Je ne resterai pas une minute <strong>de</strong> plus" assure-t-elle,<br />

"ce sont aux Roumains <strong>de</strong> se battre pour leurs<br />

enfants, maintenant". Elle se prépare donc à passer le flambeau<br />

et souhaiterait pouvoir envoyer <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong><br />

l'enfance faire <strong>de</strong>s stages en France.<br />

Aujourd'hui, cette arrière-grand-mère qui compte dix<br />

petits-enfants et neuf arrière petits-enfants n'est plus entourée<br />

que par quatre personnes dans l'association franco-roumaine<br />

qu'elle a créée récemment à Bucarest, "Bébébienvenu-pentru o<br />

noua nastere" (pour une nouvelle naissance). Elle a écrit un<br />

second livre "Victoria, ma sœur d'âme et <strong>de</strong> souffrance",<br />

recueil <strong>de</strong> témoignages <strong>de</strong> femmes roumaines ayant avorté<br />

sous Ceausescu.<br />

Un site Internet en français et roumain<br />

La Lilloise mise sur <strong>les</strong> technologies mo<strong>de</strong>rnes pour faire<br />

connaître ses objectifs et a ouvert un site Internet en français<br />

et roumain www.maternologia.ro, prodiguant conseils, information.<br />

Un millier <strong>de</strong> personnes le consultent chaque mois.<br />

Quand elle évoque son retour, en 2010, Laurence Demairé se<br />

montre soucieuse: "Qu'est-ce que je vais bien faire? Je crois<br />

que je vais m'ennuyer", avant <strong>de</strong> se raviser: "Ah, je trouverai<br />

bien quelque chose pour m'occuper!". Pour sûr… après tout, la<br />

lilloise n'aura que 82 ans.<br />

Pour tous contacts: office@maternologia.ro, laurence.<strong>de</strong>maire@wanadoo.fr,<br />

tel : (00 40) (0)21 314 80 00.<br />

59


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

60<br />

SATU<br />

MARE<br />

ORADEA<br />

�<br />

CLUJ �<br />

� ARAD<br />

�<br />

� TIMISOARA<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

TARGU<br />

MURES<br />

�<br />

BRASOV<br />

PITESTI �<br />

�<br />

�<br />

�<br />

BUCAREST<br />

SUCEAVA<br />

� IASI<br />

VASLUI<br />

�<br />

BACAU<br />

�<br />

GALATI<br />

�<br />

BRAILA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

(Suite <strong>de</strong> la page 58)<br />

Laurence Demairé profite également<br />

<strong>de</strong> ces moments pour faire parler<br />

ces jeunes femmes entre-el<strong>les</strong><br />

d'el<strong>les</strong>-mêmes, <strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux, en<br />

tête à tête. Ces séances durent une<br />

<strong>de</strong>mi-heure ou plus et c'est souvent<br />

la première fois qu’el<strong>les</strong> ont l'occasion<br />

<strong>de</strong> montrer qu'el<strong>les</strong> existent, <strong>de</strong> faire<br />

partager leurs soucis.<br />

La Lilloise a dû s'habituer à leur<br />

façon <strong>de</strong> fonctionner, beaucoup<br />

moins rationnelle qu'en France, mais<br />

plus poétique apprécie-t-elle, faisant<br />

une large place à l'imagination. "Les<br />

Roumains sont très liés à l'invisible,<br />

se souviennent <strong>de</strong> leurs rêves"<br />

constate-t-elle, confessant qu'elle<br />

trouve cela tout à fait attirant.<br />

Par contre, elle se montre beaucoup<br />

moins séduite par <strong>les</strong> relations<br />

d’autorité ente la mère et l’enfant.<br />

"Les enfants roumains sont trop<br />

sages. Ils sont très dépendants <strong>de</strong><br />

leur mère et craintif. Ils n'ont pas la<br />

vitalité <strong>de</strong>s enfants occi<strong>de</strong>ntaux" faitelle<br />

remarquer, confiant qu'elle a souvent<br />

assisté à <strong>de</strong>s scènes où <strong>les</strong><br />

mères courent autour <strong>de</strong> la table pour<br />

leur flanquer une correction, <strong>les</strong><br />

entendant crier <strong>de</strong>s expressions revenant<br />

fréquemment, du genre "Je t'ai<br />

fait, je te tue" ou bien "Les coups<br />

<strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt du ciel".<br />

�<br />

Echanges<br />

Connaissance et découverte<br />

Viriat, dans l'Ain, a su montrer son dynamisme dans <strong>les</strong> relations entretenues<br />

avec Voinesti, bourga<strong>de</strong> regroupant onze villages dans le ju<strong>de</strong>t <strong>de</strong><br />

Vaslui, situé en Moldavie, l'un <strong>de</strong>s plus pauvres <strong>de</strong> la Roumanie. Cette<br />

commune <strong>de</strong> la Bresse a contribué <strong>de</strong>rnièrement à la construction <strong>de</strong> l'école maternelle,<br />

après le dispensaire qui avait vu le jour plusieurs années auparavant. Avec l'ai<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s enseignants, <strong>de</strong>s livres sont acheminés sur place, remis en état. L'association<br />

Viriat-Voinesti prête une attention particulière aux agriculteurs, d'autant plus que <strong>les</strong><br />

<strong>de</strong>ux communes ont un profil rural, <strong>les</strong> Roumains étant très désireux <strong>de</strong> savoir comment<br />

<strong>les</strong> paysans français appliquent dans leurs exploitations <strong>les</strong> directives <strong>de</strong> la PAC<br />

(Politique Agricole Commune).<br />

Viriat, qui a inscrit son action dans la durée, fait également souvent preuve d'imagination,<br />

comme le montre l'initiative qu'elle a prise en 2007 <strong>de</strong> mettre en place à la<br />

mairie <strong>de</strong> Voinesti, pour une première durée <strong>de</strong> trois ans, un agent <strong>de</strong> développement<br />

économique du crû.<br />

Il s'agit d'ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong> la commune roumaine à mener à bien leurs projets<br />

<strong>de</strong> création d'activités, <strong>de</strong> <strong>les</strong> épauler dans leurs démarches, notamment administratives,<br />

<strong>de</strong> <strong>les</strong> gui<strong>de</strong>r dans leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> subventions d'ai<strong>de</strong> au démarrage ou<br />

d'attributions <strong>de</strong> fonds européens et gouvernementaux. La "paperassarie" roumaine,<br />

l'une <strong>de</strong>s plus rebutantes d'Europe, décourage en effet <strong>les</strong> meilleures bonnes volontés…<br />

et encore plus quant on est à l'écart <strong>de</strong>s grands centres urbains.<br />

L'expérience, commencée au printemps 2008, est menée en concertation avec <strong>les</strong><br />

mairies respectives.<br />

Dénicher l'oiseau rare<br />

L'association Viriat-Voinesti<br />

a installé un agent <strong>de</strong> développement<br />

économique dans sa commune soeur<br />

"L'effet Corina" pour booster <strong>les</strong> projets<br />

Auparavant, il restait à dénicher sur place l'oiseau rare qui occuperait le poste. Pas<br />

facile <strong>de</strong> s'engager à rester trois ans dans un village défavorisé, à l'écart <strong>de</strong>s grands<br />

axes <strong>de</strong> circulation; <strong>les</strong> jeunes diplômés préfèrent souvent regar<strong>de</strong>r vers l'étranger ou<br />

au moins vers <strong>les</strong> gran<strong>de</strong>s vil<strong>les</strong>. Il fallait donc trouver la "perle rare", bénéficiant<br />

d'une soli<strong>de</strong> formation initiale, lui donner un complément <strong>de</strong> compétence et l'installer<br />

dans cette fonction originale.<br />

L'histoire dira si Corina Gâlca répond à cette définition mais cette jeune habitante<br />

<strong>de</strong> Voinesti, diplômée en administration publique <strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Brasov, a été<br />

recrutée le 1er septembre 2007, a bénéficié d'un complément <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> 6 mois<br />

à l'université catholique <strong>de</strong> Lyon et par <strong>de</strong>s stages en Roumanie.<br />

C'est fin avril 2008 qu'une délégation <strong>de</strong> 4 personnes <strong>de</strong> l'association <strong>de</strong> Viriat<br />

s'est rendue à Voinesti pour, avec le maire <strong>de</strong>s lieux, la présenter aux élus <strong>de</strong>s 11 villages,<br />

rappeler à chacun quelle était sa fonction et encourager toutes ces personnalités<br />

à lui apporter leur ai<strong>de</strong> pour qu'elle puisse remplir efficacement sa mission.<br />

Parallèlement, une "commission Corina" a été mise en place à Viriat pour lui prêter<br />

main forte et ne pas la laisser seule dans la nature.<br />

Pour ses débuts, la jeune femme a eu à se pencher sur <strong>de</strong>ux projets d'agriculteurs,<br />

l'un désireux d'importer une dizaine <strong>de</strong> génisses montbéliar<strong>de</strong>s pleines, afin <strong>de</strong> développer<br />

sa production laitière et son atelier <strong>de</strong> fromages frais en association éventuelle<br />

avec d'autres éleveurs <strong>de</strong> la commune.<br />

L'autre concernait un jeune éleveur qui a constitué un troupeau <strong>de</strong> 102 brebis,<br />

mais voudrait en avoir 200, seuil <strong>de</strong> rentabilité <strong>de</strong> ce type d'activité, ainsi qu'améliorer<br />

<strong>les</strong> conditions <strong>de</strong> traite et <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> son atelier <strong>de</strong> fromagerie. Dans la<br />

même situation que 14 % <strong>de</strong>s Roumains qui se disent intéressés par <strong>les</strong> fonds européens<br />

mais ne savent pas comment procé<strong>de</strong>r pour y arriver, il s'est tourné vers Corina<br />

afin d'élaborer une trame technique et administrative pour concrétiser sa démarche.<br />

Ce dossier pourrait servir d'exemple à d'autres projets.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Traditions<br />

Beurk"… comme bien <strong>de</strong>s Français, j'ai fait la grimace<br />

<strong>de</strong>vant mon premier plat <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bovidé<br />

en Roumanie. Pensez-donc… <strong>de</strong> la vache! Mais<br />

oui - c'était écrit dans <strong>les</strong> menus - ils nous servaient <strong>de</strong> la vache<br />

- et nous en servent toujours - … ces braves bêtes <strong>de</strong>stinées à<br />

allaiter nos enfants ou à faire du chocolat Milka !<br />

Puis, surmontant mon dégoût, et après un temps <strong>de</strong><br />

réflexion, je me suis dit que <strong>les</strong> Roumains n'y connaissaient<br />

rien, que c'était sans-doute <strong>de</strong> la faute <strong>de</strong> Ceausescu, et qu'ils<br />

mangeaient comme nous, mais sans le savoir, du bœuf.<br />

Du bœuf comme on le montre à la télé… ces vénérab<strong>les</strong><br />

charolais qui finissent en petites bouchées dans nos assiettes et<br />

que l'on voit paître dans <strong>les</strong> pâturages idylliques <strong>de</strong> nos monastères<br />

pendant que <strong>les</strong> moines partent chercher dans <strong>les</strong> collines<br />

verdoyantes <strong>de</strong>s herbes aromatiques pour préparer leurs<br />

élixirs… A moins que ce ne soient <strong>les</strong> barquettes <strong>de</strong> Carrefour,<br />

garantissant une vian<strong>de</strong> moelleuse à souhait, 100 % pur bœuf<br />

<strong>de</strong> Normandie ou <strong>de</strong> France.<br />

Alors, au restaurant en Roumanie, quand le garçon réussissait<br />

à comprendre mon méli-mélo <strong>de</strong> franco-roumain, je<br />

tentais <strong>de</strong> lui expliquer qu'il ne me servait pas <strong>de</strong> la vulgaire<br />

vache, mais qu'il avait l'honneur <strong>de</strong> me présenter du bœuf,<br />

vian<strong>de</strong> d'un animal autrement plus noble.<br />

Au marteau attendrisseur<br />

Ce soir-là, je me trouve avec Loreta. Cela fait quinze ans,<br />

<strong>de</strong>puis son arrivée en France, que j'essaie <strong>de</strong> l'éduquer, en vain,<br />

pour qu'elle consente à "se civiliser" et à manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong><br />

rouge. Rien n'y fait! Je dois reconnaître que ma démarche est<br />

intéressée. Chaque fois que je suis invitée chez elle, j'en ai<br />

marre <strong>de</strong> la voir sortir son marteau "attendrisseur" et massacrer<br />

consciencieusement le morceau <strong>de</strong> qualité qu'elle a achetée<br />

chez le boucher, jusqu'à ce qu'il ait l'épaisseur d'une semelle,<br />

puis le mettre non à cuire, mais pratiquement à calciner.<br />

"Voilà, régale-toi, c'est bien tendre" me dit-elle invariablement<br />

en me le servant.<br />

J'ai tout tenté pour lui faire comprendre le contraire; en<br />

mastiquant ostensiblement jusqu'à m'en décrocher la mâchoire;<br />

en coupant son bifteck en une mosaïque <strong>de</strong> mille petits<br />

morceaux, ce qui l'a fait bailler d'ennui, car elle m'attend pour<br />

passer au <strong>de</strong>ssert. J'ai même essayé, sans succès, une métaphore:<br />

"Crois-tu que tu ren<strong>de</strong>s ton mari plus tendre si tu l'attends<br />

avec ton rouleau à pâtisserie, quand il rentre un peu<br />

tard ?". Je n'ai pas insisté. Du moment que je termine son plat<br />

- par politesse - c'est qu'il me plaît !<br />

L'échec était donc total. Contraire-ment aux huîtres.<br />

Pourtant, là je n'y croyais pas. A la première que je lui ai fait<br />

goûter, dans le Golfe du Morbihan, Loreta m'a regardé d'un air<br />

soupçonneux, puis s'est tournée, circonspecte, vers l'ostréiculteur<br />

qui lui en tendait une secon<strong>de</strong>, la gobant sans sourciller. Je<br />

la trouvais courageuse ou fort polie. Le soir même, au restaurant,<br />

sans me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r mon avis, elle en commandait une<br />

douzaine…<br />

Quinze ans <strong>de</strong> "transition"<br />

J'ai donc parlé <strong>de</strong> cette phobie <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> rouge <strong>de</strong><br />

Loreta à un ami, ancien boucher, <strong>de</strong>venu restaurateur. "Amènela,<br />

tu verras, je vais la faire changer d'avis" m'a-t-il promis.<br />

Le soir dit, après un apéritif-maison <strong>de</strong>stiné un peu, il faut<br />

bien l'admettre, à endormir sa vigilance, Loreta ne fit aucune<br />

objection à se faire servir "la surprise du chef". Elle fondit rien<br />

qu'à sa vue. Un entrelac <strong>de</strong> chicorée fine et <strong>de</strong> petites tomates<br />

ourlé d'un filet <strong>de</strong> vinaigre au Xéres côtoyait <strong>de</strong> la grenaille <strong>de</strong><br />

Noirmoutier rissolée au beurre et parsemée <strong>de</strong> sel <strong>de</strong><br />

Guéran<strong>de</strong>, dressant un pié<strong>de</strong>stal au tendre morceau <strong>de</strong> cœur <strong>de</strong><br />

filet <strong>de</strong> bœuf, délicatement émincé, qui trônait au milieu du<br />

plat et dont le rouge vif était atténué par <strong>les</strong> gouttelettes <strong>de</strong> la<br />

sauce au Roquefort qui l'habillait.<br />

Après <strong>de</strong>ux ou trois bouchées, avalées goulûment - au<br />

grand dam <strong>de</strong>s Français, manger se résume souvent à un sprint<br />

pour <strong>les</strong> Roumains - je risquais, timi<strong>de</strong>ment:<br />

- C'est bon ?<br />

- Evi<strong>de</strong>mment, haussa-t-elle <strong>les</strong> épau<strong>les</strong>… et pour montrer<br />

qu'elle n'était pas dupe <strong>de</strong> la mise en scène, elle se vengea en<br />

piquant <strong>de</strong>ux ou trois tranches dans mon assiette, aussitôt<br />

englouties.<br />

Quinze ans pour en arriver là ! Que <strong>de</strong> temps perdu opinais-je<br />

<strong>de</strong> la tête, ne pouvant m'empêcher <strong>de</strong> penser, d'une<br />

manière tout à fait saugrenue, à Iliescu et à l'interminable transition<br />

qu'il avait fait endurer à ses compatriotes.<br />

Même le Petit Larousse<br />

et le Robert nous trompent<br />

Connaissance et découverte<br />

Les Français croient manger du bœuf<br />

<strong>les</strong> Roumains, <strong>de</strong> la vache… et ils ont raison !<br />

Tout fier, je pus donc annoncer à mon ami restaurateur:<br />

- Loreta aime le boeuf!<br />

- Ah non, la vache! se rebella-t-elle.<br />

Devinant un orage à venir, mon ami, re<strong>de</strong>venu boucher,<br />

trancha:<br />

- Madame a raison. C'est <strong>de</strong> la vache! Les français mangent<br />

<strong>de</strong> la vache et ne le savent pas…<br />

- Mais alors donc, on nous trompe <strong>de</strong>puis toujours?<br />

- Eh oui, on dit que c'est du bœuf, parce que c'est plus<br />

commercial. Mais en fait, dans <strong>les</strong> boucheries et <strong>les</strong> restaurants,<br />

la vian<strong>de</strong> qu'on vous sert, à plus <strong>de</strong> 70 % c'est <strong>de</strong> la<br />

génisse. Le bœuf, on le gar<strong>de</strong> surtout pour la reproduction et<br />

l'exportation.<br />

Vérification faite ensuite, je remarquais que même le Petit<br />

Larousse et le Robert définissent la vache comme animal laitier<br />

et le bœuf comme animal à vian<strong>de</strong>, le découpant en morceaux<br />

<strong>de</strong> romsteck, <strong>de</strong> macreuse, <strong>de</strong> bavette, dans un croquis.<br />

Je ne savais pas s'il fallait prendre ces révélations pour du<br />

lard ou du cochon. Moi, qui pensais avoir mangé du bœuf pendant<br />

50 ans et ne croyais plus au Père Noël <strong>de</strong>puis presque<br />

autant. Désormais, je mange <strong>de</strong> la vache… et dire que Loreta<br />

me faisait enrager à refuser du bœuf !<br />

Laplume<br />

61


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

62<br />

ARAD<br />

�<br />

�<br />

TIMISOARA<br />

ORADEA �<br />

� BAIA MARE<br />

CRAIOVA<br />

�<br />

SIBIU �<br />

BRASOV<br />

�<br />

BUCAREST<br />

� BOTOSANI<br />

� TARGU MURES<br />

�<br />

IASI<br />

CLUJ � BACAU �<br />

PITESTI �<br />

�<br />

�<br />

SUCEAVA<br />

Performance<br />

GALATI<br />

�<br />

BRAILA �<br />

�<br />

TULCEA<br />

CONSTANTA<br />

Un Américain, un Japonais et un<br />

Roumain discutent <strong>de</strong>s avancées technologiques<br />

dans leur pays.<br />

- Chez nous, on entre un cochon<br />

dans une machine, il en sort du jambon<br />

ou du pâté en boite, se vante<br />

l'Américain.<br />

- Chez nous, on y met du sable, il en<br />

ressort <strong>de</strong>s verres en cristal, fanfaronne<br />

le Japonais<br />

- Eh bien moi, à Craiova, à 8 heures<br />

du matin avec mes copains, on a commencé<br />

<strong>les</strong> fondations d'une distillerie <strong>de</strong><br />

tsuica… à dix heures, on roulait tous<br />

sous la table.<br />

Dilemme<br />

- Maman, j'ai décidé <strong>de</strong> me marier,<br />

mais je ne sais pas quoi faire. Choisir<br />

une femme jolie, mais je ne se serais<br />

jamais tranquille ou une moche, mais je<br />

ne serais pas content ?<br />

- Ecoute Bula, c'est simple. Qu'estce<br />

que tu préfères: manger tout seul ta<br />

soupe <strong>de</strong> poireaux ou partager avec tes<br />

copains une bonne tarte aux poires?<br />

Placement<br />

Ion vient trouver son père, Vasile :<br />

- Papa, peux-tu me donner 3 millions<br />

<strong>de</strong> lei, j'ai mis Alina enceinte… pour<br />

qu'elle se débrouille.<br />

Quinze jours plus tard, c'est son<br />

ca<strong>de</strong>t, Mirel, qui vient le taper:<br />

- Papa, peux-tu me donner 5 millions<br />

<strong>de</strong> lei, Dorina est enceinte…<br />

Vasile s'exécute, en maugréant. Un<br />

peu plus tard, c'est la benjamine, Anca,<br />

qui vient le trouver en pleurant:<br />

- Papa, papa… C'est terrible, je suis<br />

enceinte et…<br />

- Bravo ma fille ! Ouf… Enfin, en<br />

voilà une qui va me rapporter !<br />

�<br />

Humour<br />

Apprentissage <strong>de</strong> l'Europe<br />

Un Ar<strong>de</strong>lean (habitant <strong>de</strong><br />

Transylvanie) se rend au marché pour<br />

vendre son cochon. Un homme bien mis<br />

s'approche <strong>de</strong> lui :<br />

-C'est à vous ce cochon ?<br />

-Bien sûr !<br />

-Qu'est-ce qu'il est gros et beau ! Que<br />

lui donnez vous donc à manger ?<br />

-Bah… <strong>les</strong> épluchures <strong>de</strong> patate,<br />

l'eau <strong>de</strong> vaisselle, le pain rassis, <strong>les</strong><br />

restes…<br />

-Quoi??? Mais c'est interdit par l'UE.<br />

Je vous colle une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 100 lei pour<br />

traitement inhumain <strong>de</strong> vos animaux.<br />

Déconfit, l'Ar<strong>de</strong>lean revient cependant<br />

au marché la semaine suivante et le<br />

même scénario se répète, toujours avec<br />

un homme élégant :<br />

-Quel beau cochon, bien gras…<br />

Qu'est-ce qu'il mange ?<br />

Mais cette fois-ci, son propriétaire a<br />

bien préparé sa réponse:<br />

-Ma femme le soigne aux petits<br />

oignons, elle lui donne <strong>de</strong> la sala<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

bœuf, <strong>de</strong>s sarmale…<br />

-Quoi ??? Mais ces produits ne sont<br />

pas encore autorisés par Bruxel<strong>les</strong>. Je<br />

vous inflige 100 lei d'amen<strong>de</strong> pour nourriture<br />

illicite.<br />

Le pauvre homme ne se décourage<br />

pas et est à nouveau présent sur le marché,<br />

huit jours plus tard, ainsi qu'un autre<br />

individu en cravate:<br />

-Hum, beau cochon… Mais qu'est-ce<br />

que vous lui donnez donc à manger ?<br />

-Oh, c'est simple… Quand je pars au<br />

boulot le matin, je lui laisse un billet <strong>de</strong><br />

100 lei et il mange ce qu'il veut !<br />

Prémonition<br />

Lors <strong>de</strong> l'enterrement d'un cardiologue,<br />

sa famille a <strong>de</strong>mandé que toute la<br />

cérémonie soit placé sous le signe du<br />

coeur. Fleurs, gerbes, couronnes et jusqu'à<br />

la tombe et au cerceuil ont pris cette<br />

forme. Au moment <strong>de</strong> la sépulture, un<br />

membre <strong>de</strong> l'assistance est secoué par un<br />

fou rire. Outré, le prêtre arrête sa prière et<br />

lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> s'expliquer:<br />

-Excusez moi mon père, mais c'est<br />

plus fort que moi. Je pensais à mon<br />

propre enterrement... Je suis gynécologue.<br />

Connaissance et découverte<br />

Anesthésie locale<br />

Dans la salle d'opération, le chirurgien<br />

se tourne vers l'anesthésiste:<br />

-Anesthésie !<br />

-<strong>de</strong> chez nous ou d'importation ?<br />

-D'importation.<br />

-Y'en a plus.<br />

-Alors <strong>de</strong> chez nous.<br />

L'anesthésiste se penche sur le<br />

patient et lui susurre à l'oreille: Nani,<br />

Nani... (dodo, l'enfant do, l'enfant dormira<br />

bientôt).<br />

Heureux élu<br />

Maria va voir une diseuse <strong>de</strong> bonne<br />

aventure: “Le problème c'est qu'ils sont<br />

<strong>de</strong>ux à m'aimer. Quel sera l'heureux<br />

élu…”. Après avoir battu <strong>les</strong> cartes, la<br />

voyante rend son verdict :<br />

-C'est Vasile qui aura <strong>de</strong> la chance…<br />

tu vas te marier avec Ion.<br />

Profond<br />

Un automobiliste veut laver sa Dacia<br />

dans une rivière. Avisant un pêcheur, il<br />

lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur. Rassuré, il se<br />

met au volant fait <strong>de</strong>ux mètres… et se<br />

retrouve au fond du cours. Emergeant à<br />

grand peine, il ne décolère pas :<br />

- Qu'est ce que tu m'as dit que ce<br />

n'était pas profond … J'ai failli me noyer<br />

- Désolé, mais voici dix minutes j'ai<br />

vu passer un groupe <strong>de</strong> canards… Ils<br />

n'avaient <strong>de</strong> l'eau que jusqu'à la poitrine.<br />

Amour fraternel<br />

De retour à la maison, <strong>les</strong> parents <strong>de</strong><br />

Bula le trouvent en train <strong>de</strong> donner un<br />

bain à son petit frère et le félicitent :<br />

-C’est bien, mais pourquoi tu le tiens<br />

par <strong>les</strong> oreil<strong>les</strong> ?<br />

-Ben, je ne suis pas idiot, je n'ai pas<br />

envie <strong>de</strong> me brûler !<br />

Pénurie<br />

Blagues<br />

Pourquoi, malgré la pénurie et <strong>les</strong><br />

restrictions, <strong>les</strong> Roumains disposaient <strong>de</strong><br />

papier toilette à <strong>de</strong>ux feuil<strong>les</strong> sous<br />

Ceausescu?... Parce qu'ils <strong>de</strong>vaient<br />

envoyer en double tout ce qu'ils faisaient<br />

à la Securitate.


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

CHANGE*<br />

(en nouveaux lei: RON)<br />

Euro= 3,97 RON (1 RON = 0,25 €)<br />

Franc suisse = 2,64 RON<br />

Dollar = 2,82 RON<br />

Forint hongrois 100 HUF=1,49 RON<br />

(1 € = 265 forints)<br />

*Au 28 <strong>de</strong>c 2008<br />

Les NOUVELLES<br />

<strong>de</strong> ROUMANIE<br />

Numéro 51, janvier - février 2009<br />

Lettre d'information bimestrielle sur<br />

abonnement éditée par ADICA<br />

(Association pour le Développement<br />

International, la Culture et l’Amitié)<br />

association loi 1901<br />

Siège social, rédaction :<br />

8 Chemin <strong>de</strong> la Sécherie<br />

44 300 Nantes, France<br />

Tel. : 02 40 49 79 94<br />

E-mail : adica@wanadoo.fr<br />

Directeur <strong>de</strong> la publication<br />

Henri Gillet<br />

Rédactrice en chef<br />

Dolores Sîrbu-Ghiran<br />

Ont participé à ce numéro:<br />

Laurent Cou<strong>de</strong>rc, Jonas Mercier,<br />

Mirel Bran, Vali, L. Moutot,<br />

Marion Guyonvarch,Devis Grebu,<br />

Cristian Teodorescu, Bruno Lesprit,<br />

Dana Gruia Dufaut, Ioana Calen,<br />

Paula Romanescu, Medhi Chebana,<br />

Nathalie Hamon, Anne Planche,<br />

Laure Lugron Zugravu, Gazdaru.<br />

Autres sources: agences <strong>de</strong> presse<br />

et presse roumaines, françaises,<br />

lepetitjournal.com, Regard,<br />

j’habite en Roumanie.com<br />

Le Courrier <strong>de</strong>s Balkans,<br />

sites internet, télévisions roumaines,<br />

fonds <strong>de</strong> documentation ADICA.<br />

Impression: Helio Graphic<br />

2 rue Gutenberg<br />

44 981 Sainte-Luce sur Loire Ce<strong>de</strong>x<br />

Numéro <strong>de</strong> Commission paritaire:<br />

1112 G 80172; ISSN 1624-4699<br />

Dépôt légal: à parution<br />

Prochain numéro: mars 2009<br />

ABONNEMENT<br />

Infos pratiques<br />

Abonnement aux Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie, lettre d'information bimestrielle,<br />

pour un an / 6 numéros, port compris<br />

Entreprises, administrations : 100 € TTC / an<br />

Associations et particuliers : 80 € TTC / an<br />

Multi-abonnement<br />

Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 %<br />

sur le prix <strong>de</strong> l'abonnement.<br />

Le système en est simple: vous vous abonnez, <strong>de</strong>venez ainsi "abonné principal",<br />

et un <strong>de</strong> vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvel<strong>les</strong>". Vous<br />

bénéficiez tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> 25 % <strong>de</strong> réduction, l'abonnement passant ainsi <strong>de</strong> 80 €<br />

à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €).<br />

Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est<br />

<strong>de</strong> 40 % (tarif <strong>de</strong> l'abonnement par personne: 50 €).<br />

Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à<br />

50 % (tarif <strong>de</strong> l'abonnement par personne: 42,5 €).<br />

Ce tarif est valable dans la limite <strong>de</strong> quatre personnes et ne peut être souscrit<br />

par <strong>les</strong> associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas<br />

abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération).<br />

Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne,<br />

l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant <strong>les</strong><br />

coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) <strong>de</strong>s autres abonnés.<br />

Abonnez vos amis roumains <strong>de</strong> Roumanie pour 30 €<br />

Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou<br />

plusieurs amis roumains, <strong>de</strong>meurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée<br />

directement. Le prix est <strong>de</strong> 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui<br />

<strong>de</strong> votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement<br />

normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €).<br />

Nom:…………………………………………………………………………<br />

Adresse:……………………………………………………………………..<br />

Co<strong>de</strong> postal:.......................Ville……………………....................................<br />

Pays:.................................Tel:………………........ Fax:……………………<br />

E-mail:……………………………………. Cachet, signature :<br />

Paiement<br />

France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre <strong>de</strong> ADICA.<br />

Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire<br />

sans frais.<br />

Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste<br />

international. Pas <strong>de</strong> virements bancaires (commission <strong>de</strong> 20 euros).<br />

Coupon à retourner avec <strong>les</strong> coordonnées <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> abonnés à:<br />

Les Nouvel<strong>les</strong> <strong>de</strong> Roumanie - ADICA, 8 chemin <strong>de</strong> la Sécherie, 44 300<br />

NANTES - France.<br />

63


Les NOUVELLES <strong>de</strong> ROUMANIE<br />

64<br />

Les vingt ans <strong>de</strong> complicité d’Edith Lhomel<br />

et Evelyne Pivert au service <strong>de</strong> la Roumanie<br />

L'âme et le cœur d'OVR<br />

LORS <strong>de</strong>s journées nationa<strong>les</strong> d'Opération Village<br />

Roumanie, il n'est pas rare <strong>de</strong> confondre leurs prénoms<br />

tant leur image semble indissociable. Depuis bientôt près<br />

<strong>de</strong> vingt ans, Edith Lhomel (pensive sur notre photo) et Evelyne<br />

Pivert (à vélo) symbolisent le vaste mouvement <strong>de</strong> solidarité qui<br />

anime avec ténacité et fidélité nombre <strong>de</strong> comités et d'associations<br />

d'amitié avec la Roumanie à travers la France, fédérés au sein<br />

d'OVR. Les <strong>de</strong>ux femmes pourraient paraître dissemblab<strong>les</strong>, si el<strong>les</strong><br />

n'étaient complices dans leur engagement opiniâtre (Photo ci-<strong>de</strong>ssous:<br />

en Roumanie, lors du raid “Delta 60”).<br />

Edith, la Nordiste du Pas <strong>de</strong> Calais, la "cérébrale" qui planche<br />

<strong>de</strong>puis 1980 sur <strong>les</strong> pays <strong>de</strong> l'Est, dans son bureau parisien <strong>de</strong> la Documentation Française où<br />

elle est rédactrice et chercheuse, après <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s en droit et Sciences Po… ce qui ne l'empêchera pas aux premières heures <strong>de</strong> la<br />

"Révolution", bien que jeune maman, <strong>de</strong> foncer à Bucarest retrouver ses amis dissi<strong>de</strong>nts qu'elle aidait en sous-main.<br />

Evelyne, la Berrichonne <strong>de</strong> Vierzon, aujourd'hui fixée à Paris, où elle a terminé ses étu<strong>de</strong>s, qui trouve naturellement sa plénitu<strong>de</strong><br />

au contact <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s jeunes, tout d'abord comme institutrice, puis spécialisée auprès <strong>de</strong>s ados en difficulté. Une envie<br />

<strong>de</strong> connaître le terrain qui l'a poussée à en savoir plus sur la Roumanie, à l'été 1989, s'installant au volant <strong>de</strong> sa petite Opel Corsa<br />

pour en faire un grand tour, sans parler un mot <strong>de</strong> roumain, dans le crépuscule effrayant du régime <strong>de</strong> Ceausescu. L'âme et le cœur<br />

d'OVR serait-on tenté <strong>de</strong> dire <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux femmes, qui ne se connaissaient pas alors, si l'expression n'apparaissait pas un peu réductrice.<br />

La première a été prési<strong>de</strong>nte d'OVR <strong>de</strong> sa création jusqu'en 1996, la secon<strong>de</strong>, toujours en poste, l'est <strong>de</strong>puis 2000.<br />

Refuser <strong>de</strong> rester <strong>les</strong> bras croisés<br />

<strong>de</strong>vant la détresse du peuple roumain<br />

Dès sa prise <strong>de</strong> fonction à la Documentation Française, Edith Lhomel<br />

avait été tout <strong>de</strong> suite mise dans le bain, envoyée en mission d'expertise<br />

en 1980 à Bucarest pour un court séjour. La Roumanie était membre du<br />

Fonds Monétaire International et avait entrepris <strong>de</strong> rembourser sa <strong>de</strong>tte<br />

extérieure, ce qui <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong>s évaluations <strong>de</strong> sa situation économique.<br />

Ses voyages se répèteront une ou <strong>de</strong>ux fois l'an, lui laissant un sentiment<br />

d'étouffement. Ses rencontres avec <strong>les</strong> diplomates français se déroulaient<br />

dans une pièce close <strong>de</strong> l'ambassa<strong>de</strong>, minutieusement inspectée par <strong>les</strong><br />

services <strong>de</strong> sécurité à la recherche <strong>de</strong> micros cachés.<br />

Bien que protégée par son statut, la Nordiste sentit l'étau se resserrer<br />

sur elle à partir <strong>de</strong>s années 86-87. Mi-accablée, mi-révoltée par la situation <strong>de</strong> détresse <strong>de</strong>s Roumains, elle avait en effet pris contact<br />

avec la section roumaine <strong>de</strong> la Ligue <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'Homme, fixée à Paris. Peu à peu, ses déplacements l'avaient amenée à se lier<br />

avec <strong>de</strong>s dissi<strong>de</strong>nts, aussi bien <strong>de</strong> l'intérieur qu'exilés, la transformant également en "porteuse <strong>de</strong> valises", avec documents, informations,<br />

à faire parvenir ou à ramener.<br />

Edith Lhomel rencontrera ainsi à <strong>de</strong>ux reprises Doina Cornea, confinée dans sa petite maison <strong>de</strong> Cluj. Ses allées et venues<br />

n'échappaient pas à la Securitate et elle <strong>de</strong>vait déjouer sa surveillance. Au fil <strong>de</strong>s ans, elle put se rendre aussi à Iasi, Timisoara,<br />

Sibiu, Craiova, y nouant <strong>de</strong> nombreuses relations. A l'occasion <strong>de</strong>s congés scolaires <strong>de</strong> février 1989, Evelyne Pivert avait décidé<br />

d'aller faire du ski avec une amie à Poiana Brasov, dans le cadre d'un séjour organisé prévoyant aussi une visite <strong>de</strong> Bucarest. Une<br />

semaine avant son départ, une émission à la télévision française décrivant la situation en Roumanie l'avait consternée. "Je ne peux<br />

pas aller en Roumanie comme si <strong>de</strong> rien n'était" s'était-elle insurgée, passant <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> téléphone, envoyant <strong>de</strong>s fax à <strong>de</strong>s dissi<strong>de</strong>nts<br />

roumains exilés, dont la fille <strong>de</strong> Doina Cornea, comportant le même message, "Je peux faire <strong>de</strong>s choses".<br />

C'est donc avec toute une liste d'adresses qu'elle avait rejoint la station <strong>de</strong> ski… Mais déjà <strong>les</strong> organisateurs locaux s'étonnaient<br />

<strong>de</strong> la voir très peu sur <strong>les</strong> pistes. La Berrichonne arpentait seule <strong>les</strong> rues sans éclairage <strong>de</strong> Brasov, à la recherche <strong>de</strong> ses contacts,<br />

puis, plus tard, cel<strong>les</strong> <strong>de</strong> la capitale, toutes marquées par un silence plombant que déchiraient <strong>de</strong> temps en temps <strong>les</strong> avertissements<br />

par haut-parleur lancés <strong>de</strong>s voitures <strong>de</strong> police, intimant aux groupes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois personnes <strong>de</strong> se disperser.<br />

Revenue l'été suivant, pour en avoir le cœur net, Evelyne Pivert découvrira aussi <strong>les</strong> queues interminab<strong>les</strong>, <strong>les</strong> magasins vi<strong>de</strong>s,<br />

<strong>les</strong> baignoires pleines d'eau, en prévision <strong>de</strong>s coupures, mais également l'hospitalité extraordinaire <strong>de</strong>s Roumains qui n'en pouvaient<br />

plus <strong>de</strong> leur dictateur. Pour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux intrépi<strong>de</strong>s Françaises, une longue histoire avec la Roumanie commençait, à l'image <strong>de</strong><br />

toutes <strong>les</strong> initiatives qui ont donné naissance à OVR.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!