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Albert PAlmA
UNe PerFormANce d’UN geNre NoUveAU<br />
du souff<strong>le</strong> aux fracta<strong>le</strong>s<br />
Au cœur <strong>de</strong>s tab<strong>le</strong>aux d’Albert Palma, il y a <strong>le</strong>s vagues qui<br />
toujours recommencent la mer. Il y a <strong>de</strong>s fracta<strong>le</strong>s minéra<strong>le</strong>s<br />
et la palpitation <strong>de</strong>s flammes noires. Il y a <strong>de</strong>s miroirs qui démultiplient<br />
<strong>le</strong>s perspectives. Il y a répétition et il y a révélation.<br />
Sans doute parce que ces étonnantes images se distinguent par<br />
une particularité forte: el<strong>le</strong>s sont réalisées à main <strong>le</strong>vée et d’un<br />
seul geste. Il n’y a donc là ni ordinateur ni compas. Aucune<br />
pause repas ou sieste. Il arrive à Palma <strong>de</strong> rester penché jusqu’à<br />
72heures <strong>de</strong> suite au-<strong>de</strong>ssus d’une planche dont l’accomplissement<br />
nécessite quelque 35000 traits.<br />
C’est une performance, évi<strong>de</strong>mment. Mais d’un genre nouveau.<br />
Car cette oeuvre puise avant tout à la source d’une vie<br />
placée sous <strong>le</strong> signe <strong>de</strong> l’initiation. Avant d’être artiste peintre,<br />
Albert Palma est en effet maître d’art martial. Sa vocation lui<br />
est advenue par un acci<strong>de</strong>nt tragique et absur<strong>de</strong>. En 1975, alors<br />
qu’il traîne activement parmi la bohème parisienne (défonce<br />
en compagnie <strong>de</strong> Pierre Clémenti, ce genre) cet autodidacte<br />
fou <strong>de</strong> littérature aux inspirations situ se brû<strong>le</strong> <strong>le</strong>s poumons en<br />
tentant <strong>de</strong> cracher <strong>le</strong> feu. Il a 27 ans. La mé<strong>de</strong>cine française <strong>le</strong><br />
condamne mais une amie lui suggère <strong>de</strong> la rejoindre à Tokyo,<br />
où un art martial neuf et pacifique, <strong>le</strong> Shintaïdo, pourrait peutêtre<br />
lui venir en ai<strong>de</strong>. Ce sera <strong>le</strong> cas: la pratique du shintaïdo,<br />
inventé à la fin <strong>de</strong>s années 60 par <strong>le</strong> plus grand karateka <strong>de</strong> sa<br />
génération, Aoki Hiroyuki, <strong>le</strong> régénère et <strong>le</strong> sauve. Et aussi:<br />
l’initie à « un art qui ouvre à tous <strong>le</strong>s autres arts » explique<br />
celui qui est aussi musicien et calligraphe, écrivain et poète<br />
— et que l’écrivain Bernard Martino décrira dans son livre<br />
« Les chants <strong>de</strong> l’invisib<strong>le</strong> » comme un « Antonin Artaud <strong>de</strong><br />
l’orient-extrême ».<br />
Car voilà, <strong>le</strong>s sotériologies asiatiques, qu’el<strong>le</strong>s viennent d’In<strong>de</strong>,<br />
<strong>de</strong> Chine ou du Japon ont un point commun: c’est <strong>le</strong> corps<br />
conscient, doté d’un axe <strong>de</strong>nse et porté par <strong>le</strong>s mystères du<br />
souff<strong>le</strong>, qui ouvre l’esprit à la concentration, à l’imagination<br />
et à la vision. La conquête d’une rigueur postura<strong>le</strong> passe par<br />
l’apprentissage du rythme et <strong>de</strong> la géométrie, l’acquisition <strong>de</strong> la<br />
vertu <strong>de</strong> patience et du don <strong>de</strong> fulgurence. Ou plus précisément:<br />
« Aujourd’hui, ayant appris <strong>le</strong>s métiers du souff<strong>le</strong> et ce qu’est la<br />
pondération, c’est-à-dire l’art <strong>de</strong> porter son juste poids au bon<br />
endroit et dans un juste temps, j’ai <strong>le</strong> bonheur <strong>de</strong> ne plus peser<br />
grand chose » écrit Palma dans « Le peup<strong>le</strong> <strong>de</strong> la main ». -En ce<br />
sens, ses images — qui lui ont été inspirées par la rencontre <strong>de</strong><br />
l’oeuvre littéraire d’Henry Bauchau —, ont un caractère inédit.<br />
On peut, évi<strong>de</strong>mment, y reconnaître <strong>de</strong>s motifs déjà croisés<br />
du côté du Bauhaus ou <strong>de</strong> l’art optique, du constructivisme ou<br />
<strong>de</strong> l’expressionnisme abstrait — Palma a ainsi découvert que<br />
l’une <strong>de</strong> ses fracta<strong>le</strong>s répondait à un prob<strong>le</strong>̀me irrésolu <strong>de</strong> Paul<br />
K<strong>le</strong>e. On peut aussi s’accor<strong>de</strong>r avec l’artiste Rachid Koraïchi<br />
lorsqu’il constate qu’une oeuvre comme « Les assiettes du Roi<br />
et <strong>de</strong> la Reine » révè<strong>le</strong> un motif inédit, inconnu même du riche<br />
art islamique dont il est l’un <strong>de</strong>s héritiers.<br />
Mais ce serait passer à côté <strong>de</strong> l’essentiel. Car ce qui est<br />
d’abord en jeu, c’est la danse <strong>de</strong> la main sur la planche. C’est la<br />
chorégraphie du geste. C’est l’architecture du regard. Libérant<br />
ainsi une vibration intérieure qui vient s’incarner sur la feuil<strong>le</strong>.<br />
L’écrivain et critique d’art Frédérique Vil<strong>le</strong>mur a donc raison<br />
<strong>de</strong> noter que: « Albert Palma représente moins qu’il ne<br />
présente, qu’il ne dépose humb<strong>le</strong>ment ce qui dans <strong>le</strong> temps<br />
agit tout son être ». Henry Bauchau, engagé avec lui en une<br />
magnifique amitié <strong>de</strong> travail, écrit en préface du Peup<strong>le</strong> <strong>de</strong> la<br />
Main que si l’art <strong>de</strong> Palma vise une forme, « c’est par la voie<br />
d’une fermeté artisana<strong>le</strong>, qui laisse l’imprévisib<strong>le</strong> inspiration<br />
se déployer librement dans <strong>le</strong> langage accessib<strong>le</strong> et médité du<br />
peup<strong>le</strong> <strong>de</strong> la main, du peup<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’esprit, loin du mon<strong>de</strong> formaté<br />
que l’on nous prépare aujourd’hui. » Quant à Pascal Quignard,<br />
il se dit saisit par « <strong>le</strong> vertige immense » que ses images explorent.<br />
L’écrivain a ainsi organisé la première gran<strong>de</strong> exposition<br />
<strong>de</strong> Palma à Chaminadour en 2010 et composé à cette occasion<br />
sa « légen<strong>de</strong> » : « il a fallu 32 ans <strong>de</strong> sabre pour affûter une<br />
plume, et projeter la mort dans <strong>le</strong> vi<strong>de</strong> ».<br />
Et Pascal Quignard dit vrai : <strong>le</strong>s images d’Albert Palma sont<br />
d’abord un exercice spirituel. « Un lien se crée entre la plume<br />
et l’être, constate-t-il. Chaque trait révè<strong>le</strong> une image <strong>de</strong> mon<br />
inconscient et en efface une autre. C’est un dépouil<strong>le</strong>ment et<br />
c’est une quête: trouver <strong>le</strong> trait qui résumera tous <strong>le</strong>s traits. »<br />
Exercice spirituel qui offre ainsi à ses tab<strong>le</strong>aux, emplis <strong>de</strong><br />
vagues et <strong>de</strong> falaises, <strong>de</strong> flamme ou <strong>de</strong> miroirs, une dimension<br />
méditative : comme <strong>de</strong>s mandalas nouveaux. Le fruit<br />
d’une rencontre exigeante entre l’orient et l’occi<strong>de</strong>nt. Plus<br />
précisément: un détour par <strong>le</strong> Tao asiatique qui ouvre en retour<br />
à une passionnante reprise <strong>de</strong> l’aventure artistique européenne.<br />
PHIlIPPe NASSIF
« cIel <strong>de</strong> NeIge », 85 x 109 cm
A PerFormANce oF A New kINd<br />
from breath to fractals<br />
-At the heart of Albert Palma’s works of art are waves that<br />
forever reinitiate the sea. Doors which open and close in harmony.<br />
Mirrors that <strong>de</strong>multiply perspectives. There is repetition<br />
and there is revelation. Undoubtedly because these astonishing<br />
images distinguish themselves by a strong characteristic: they<br />
are carried out by hand and ma<strong>de</strong> in only one gesture. There is<br />
neither computer nor compass. No meal pause or nap. Albert<br />
Palma can remain 72 consecutive hours working on a picture<br />
whose achievement requires some 35000 strokes.<br />
-It is obviously a performance but of a new kind. Because this<br />
work finds above all its source in a life placed un<strong>de</strong>r the sign<br />
of initiation. Before being a painter, Albert Palma is a master<br />
of martial arts. His vocation occurred to him by a tragic and<br />
absurd acci<strong>de</strong>nt. In 1975, whereas he was <strong>le</strong>ading an active<br />
bohemian Parisian life (like getting stoned in company of<br />
Pierre C<strong>le</strong>menti...) this autodidact, mad about literature of<br />
situationist inspiration burns his lungs whi<strong>le</strong> trying to spit fire.<br />
He is 27 years old. French medicine con<strong>de</strong>mns him but a friend<br />
suggests that he come and join her in Tokyo, where a new and<br />
peaceful martial art, Shintaïdo, could perhaps help him. This<br />
will be the case: the practice of Shintaïdo, invented at the end<br />
of the sixties by one of the biggest karate experts of his generation,<br />
Aoki Hiroyuki, regenerates and saves him. It also initiates<br />
him to «an art that opens the path to all other arts»explains<br />
Albert Palma, he who is also a musician and a calligrapher,<br />
a writer and a poet — and whom the writer Bernard Martino<br />
will <strong>de</strong>scribe in his book “The Songs of the Invisib<strong>le</strong>” as the<br />
«Antonin Artaud of the Far East.»<br />
-The fact is that the Asian soteriologies, whether they come<br />
from India, China or Japan, all have a common con- cern: the<br />
conscious body, endowed with a <strong>de</strong>nse axis, carried by the<br />
mysteries of breath, which opens the spirit to concentration,<br />
imagination and vision. The conquest of a postural rigor comes<br />
in<strong>de</strong>ed through the apprenticeship of rhythm and geometry, the<br />
acquisition of the virtue of patience and the gift of rapidity. Or<br />
more precisely: «Today, having <strong>le</strong>arned the skills of breathing<br />
and mo<strong>de</strong>ration, i.e. the art of carrying one’s right weight to the<br />
right place, in the right timing, I experience the happiness of<br />
not weighing much anymore»writes Palma in “Le Peup<strong>le</strong> <strong>de</strong> la<br />
Main” (“Peop<strong>le</strong> of the Hand”).<br />
-In this sense, these images — which were inspired to him<br />
by the encounter of the literary works of Henry Bauchau —,<br />
are innovative. One can obviously recognize patterns already<br />
seen in the Bauhaus or in optical art, constructivism or abstract<br />
expressionism — Palma thus discovered that one of its<br />
fractals answered an unresolved prob<strong>le</strong>m of Paul K<strong>le</strong>e. One<br />
can also agree with the artist Rachid Koraïchi when he notes<br />
that a work like “The plates of the King and the Queen” reveals<br />
unseen patterns, unknown even to the rich Islamic art of which<br />
he is one of the heirs.<br />
-But it would be to miss the essential. Because what is initially<br />
at play is the dance of the hand on the paper. It is the<br />
choreography of the gesture. It is the architecture of vision,<br />
thus re<strong>le</strong>asing an interior vibration which becomes incarnate<br />
on paper. The writer and art critic Frédérique Vil<strong>le</strong>mur is right<br />
to note that: «Albert Palma represents <strong>le</strong>ss than he presents,<br />
than he lies humbly what with time animates his entire being.<br />
»As for Henry Bauchau, now involved with him in a sp<strong>le</strong>ndid<br />
working friendship, he writes in the foreword of the “Le Peup<strong>le</strong><br />
<strong>de</strong> la Main” that if the art of Palma aims at a form, «it is through<br />
artisanal firmness, which allows the unforeseeab<strong>le</strong> inspiration<br />
of being to spread freely in the accessib<strong>le</strong> and contemplative<br />
language of the Peop<strong>le</strong> of the Hand, of the Peop<strong>le</strong> of the Spirit,<br />
far from the formatted world that is prepared for us today.»<br />
-Let us say it differently: the images of Albert Palma are initially<br />
a spiritual exercise. He observes that «A bond is created<br />
between the drawing pen and the being. Each stroke reveals an<br />
image of my unconscious and erases another. It is a renouncement<br />
and a quest to find the stroke which will summarize all<br />
strokes.»<br />
-A spiritual exercise which gives his pictures, fil<strong>le</strong>d with waves,<br />
doors or mirrors, a meditative dimension: as new Mandalas.<br />
The fruit of a high <strong>le</strong>vel encounter between East and West.<br />
More precisely: a <strong>de</strong>tour through Asian Tao which opens in<br />
return an exciting renewal European artistic adventure.<br />
PHIlIPPe NASSIF<br />
trANSlAted bY ISI ANd tHomAS JoHNSoN
« 148.456 trAItS », 100 x 147 cm
INtervIew d’Albert PAlmA<br />
“la plume, <strong>le</strong> vi<strong>de</strong> et l’encre, rien <strong>de</strong> plus”<br />
Albert Palma, vos images vous sont venues tardivement,<br />
à l’âge <strong>de</strong> presque soixante ans. Y a-t-il eu un<br />
<strong>de</strong>́c<strong>le</strong>ncheur? -Le grand <strong>de</strong>́c<strong>le</strong>ncheur, celui qui a donné<br />
vie à ces images, a été l’oeuvre <strong>de</strong> l’écrivain Henry Bauchau.<br />
Et d’abord la <strong>le</strong>cture <strong>de</strong> son « Oedipe sur la route<br />
», ce guerrier <strong>de</strong>venu guérisseur. L’exemp<strong>le</strong>, chez lui, du<br />
<strong>de</strong>́pouil<strong>le</strong>ment extrême a été pour moi <strong>de</strong>́cisif. Ma technique<br />
pictura<strong>le</strong> est d’abord <strong>le</strong> fruit <strong>de</strong> la conscience aiguë<br />
que l’on peut <strong>de</strong>́couvrir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s choses en allant vers<br />
l’infiniment petit. Vers ce qui en apparence montre peu<br />
mais qui en vérité exprime beaucoup. Cela dit, <strong>le</strong>s voies<br />
du <strong>de</strong>́pouil<strong>le</strong>ment, j’y étais préparé. Même si je ne savais<br />
pas qu’el<strong>le</strong>s donneraient lieu à un tel éclatement <strong>de</strong><br />
formes, ces images ne sont évi<strong>de</strong>mment pas étrangères à<br />
l’énorme influence qu’a eue sur moi la pratique <strong>de</strong>s arts<br />
martiaux: la répétition <strong>de</strong>s katas (<strong>le</strong>s enchaînements,<br />
N.D.L.R.) et l’apprentissage du lâcher-prise taoïste.<br />
Votre travail se signa<strong>le</strong> en effet par une science du geste,<br />
une rigueur postura<strong>le</strong> étonnantes. Pourriez vous nous<br />
en dire plus sur cet art martial, <strong>le</strong> Shintaïdo, auquel vous<br />
avez été initié au Japon?<br />
- Lorsque je suis arrivé au Japon, à la fin <strong>de</strong>s années 70,<br />
j’étais dans un très sa<strong>le</strong> état. Physiquement et psychologiquement.<br />
Mes poumons avaient été brû<strong>le</strong>́s dans un<br />
acci<strong>de</strong>nt absur<strong>de</strong> et <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins ne donnaient pas cher<br />
<strong>de</strong> ma peau. J’étais habité par une révolte et une <strong>de</strong>́tresse<br />
immenses. Ma rencontre avec <strong>le</strong> Shintaïdo a été <strong>de</strong>́cisive.<br />
Cet art martial pacifique, inventé dans <strong>le</strong>s années 60 par<br />
vingt-sept karatékas <strong>de</strong> très haut niveau menés par Aoki<br />
Hiroyuki, était une tel<strong>le</strong> forge à souff<strong>le</strong> que très vite, j’ai<br />
compris que mes poumons se régénéraient. En pacifiant<br />
mon corps meurtri, <strong>le</strong> Japon m’a <strong>de</strong>́<strong>le</strong>sté <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers<br />
reliquats <strong>de</strong> mon agressivité. Mais cela n’a rien d’une<br />
révélation mystique! Les arts martiaux sont avant tout un<br />
artisanat. Ils comman<strong>de</strong>nt un apprentissage laborieux<br />
qui permet au bout <strong>de</strong> quelques années <strong>de</strong> jouir d’un<br />
corps <strong>de</strong>́lié: bien planté dans son axe, doté d’un <strong>de</strong>nse<br />
centre <strong>de</strong> gravité, porté par <strong>le</strong> souff<strong>le</strong>. J’ai pu éprouver<br />
la vérité simp<strong>le</strong> du Tao: c’est notre corps, et non notre<br />
esprit, qui est au fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la connaissance. Car <strong>le</strong>s<br />
sens, une fois éveil<strong>le</strong>́s, transfigurent la raison. Apprendre<br />
à coordonner ses mouvements, à assouplir ses hanches,<br />
à redresser sa colonne vertébra<strong>le</strong> nous ouvre à la clarté<br />
<strong>de</strong> l’esprit, aux gestes <strong>de</strong> don, à la paro<strong>le</strong> créatrice. J’ai<br />
ainsi été initié à un art qui, selon la conception extrêmeorienta<strong>le</strong>,<br />
vous ouvre à tous <strong>le</strong>s autres arts — la calligraphie,<br />
la poésie, la peinture ou <strong>le</strong> rythme. Tous obéissent à<br />
<strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s communes: par exemp<strong>le</strong> la façon dont l’artiste<br />
attaque son expression, l’écrivain sa feuil<strong>le</strong> blanche, <strong>le</strong><br />
peintre sa toi<strong>le</strong>. Tout d’abord, <strong>le</strong> préalab<strong>le</strong>: <strong>le</strong>s lois du<br />
souff<strong>le</strong> et <strong>de</strong> l’axe.<br />
Ce sont ces lois du souff<strong>le</strong> et <strong>de</strong> l’axe qui, précisément,<br />
donnent corps à vos tab<strong>le</strong>aux.<br />
- C’est un long cheminement qui est passé par plusieurs<br />
étapes. J’ai connu en premier lieu une transformation <strong>de</strong><br />
l’image <strong>de</strong> mon schéma corporel. Cette imprégnation<br />
m’a ouvert à une sensibilité au sens géométrique. Par un<br />
processus simp<strong>le</strong>: <strong>le</strong> lien entre <strong>le</strong> schéma corporel vivant<br />
et <strong>le</strong> sens géométrique se rétablit par <strong>le</strong> geste qui, lui,<br />
est une architecture. Ensuite, entre en jeu la relation au<br />
temps qui el<strong>le</strong> aussi a été transformée par l’apprentis-<br />
sage du rythme. Car qu’avons nous comme instrument<br />
<strong>de</strong> mesure du temps? Ce n’est pas la montre. Ce n’est pas<br />
l’aiguil<strong>le</strong> qui fi<strong>le</strong> autour du cadran. Ce qui nous donne<br />
la mesure du temps est une donnée essentiel<strong>le</strong>ment<br />
charnel<strong>le</strong> selon moi, c’est notre va<strong>le</strong>ur rythmique. Cela<br />
signifie que c’est <strong>le</strong> corps qui est l’image <strong>de</strong> notre temps.<br />
Pour nous <strong>le</strong> temps est <strong>le</strong> grand fautif. Mais <strong>le</strong> fautif c’est<br />
notre corps. On constate souvent que nos gestes ne sont<br />
pas flui<strong>de</strong>s, qu’il y a <strong>de</strong>s accrocs et qu’ainsi <strong>le</strong> temps est<br />
sacca<strong>de</strong>́. Tout change par <strong>le</strong> rythme que l’on imprime à<br />
notre corps. C’est là une gran<strong>de</strong> c<strong>le</strong>́ d’interprétation du<br />
rapport corps-espace- temps.<br />
La géométrie et <strong>le</strong> rythme sont donc métabolisés par <strong>le</strong><br />
corps avant d’être projetés sur la feuil<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin?<br />
- Oui. On accè<strong>de</strong> alors à un état très paradoxal. Il y a à<br />
la fois suspension du temps et fulgurence <strong>de</strong> la plume.<br />
Extrême accé<strong>le</strong>́ration mais jetée dans un temps très long.<br />
Comment après tout supporter sur un <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> 50 sur
« cAScA<strong>de</strong> », 85 x 120 cm
65cm, <strong>de</strong> tracer parfois jusqu’à 35000 traits? C’est insupportab<strong>le</strong><br />
à moins d’avoir trouvé la vertu <strong>de</strong> patience.<br />
On s’aperçoit alors qu’aucun trait n’est i<strong>de</strong>ntique. Qu’il<br />
n’y a jamais véritab<strong>le</strong>ment répétition. Entre <strong>de</strong>ux traits<br />
apparemment semblab<strong>le</strong>s, apparaît comme une <strong>le</strong>́gère<br />
vibration, <strong>de</strong>s nuances fines qui font que chaque motif<br />
répété est en fait unique. Car chaque secon<strong>de</strong> nous<br />
transforme. Nous ne vivons jamais du même état. Et <strong>le</strong><br />
tab<strong>le</strong>au <strong>de</strong>vient alors <strong>le</strong> support d’une microbiologie du<br />
phénomène <strong>de</strong>s mutations.<br />
On retrouve là l’intuition <strong>de</strong> Bauchau — un <strong>de</strong>s rares «<br />
taoïstes » occi<strong>de</strong>ntaux, dites vous: « Je suis <strong>le</strong> convive <strong>de</strong><br />
mon corps ».<br />
- Le corps invite l’esprit au banquet <strong>de</strong> la vie. Il l’initie<br />
à la matière. Il y a une sorte <strong>de</strong> feedback: on travail<strong>le</strong> la<br />
matière et ce travail éduque l’esprit. Car la pensée seu<strong>le</strong><br />
n’est pas rééducatrice. On <strong>le</strong> constate aisément: du fait <strong>de</strong><br />
l’atrophie gestuel<strong>le</strong> <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>, nos contemporains<br />
ne nourrissent plus <strong>le</strong>urs nerfs. Non, la pensée doit être<br />
accompagnée <strong>de</strong> l’énergie et <strong>de</strong> la matière: c’est-à-dire<br />
du geste juste. Ainsi, la main a un énorme réservoir <strong>de</strong><br />
science. Lorsque vous prenez un objet, votre main a <strong>de</strong>́jà<br />
fait une opération très comp<strong>le</strong>xe à travers <strong>le</strong> sens <strong>de</strong> la<br />
pon<strong>de</strong>́ration, <strong>le</strong> poids, <strong>le</strong> volume, la façon dont votre<br />
corps va <strong>le</strong> porter au mieux, dont il faut <strong>le</strong> poser. Quand<br />
vous en êtes conscient et que vous réalisez <strong>de</strong>s opération<br />
plus fines, vous pouvez al<strong>le</strong>r beaucoup plus loin. Cela<br />
dit, un tel savoir est présent dans nos propres traditions,<br />
même si, au contraire <strong>de</strong>s extrême-orientaux, nous avons<br />
eu tendance à <strong>le</strong> refou<strong>le</strong>r. Dans la fameuse Pai<strong>de</strong>ïa, par<br />
exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> système éducatif <strong>de</strong> la Grèce antique, <strong>le</strong> corps<br />
était <strong>le</strong> garant <strong>de</strong> la pon<strong>de</strong>́ration. Penser et peser partagent<br />
la même étymologie. Penser c’est peser, pon<strong>de</strong>́rer.<br />
Le corps était donc à la base <strong>de</strong> l’esprit. Dans son mouvement,<br />
<strong>le</strong> corps inventait. Grâce au pas, il inventait la<br />
danse, <strong>le</strong> rythme, et donc la musique. La musique inventait<br />
la mathématique. Il y a là tout un enchaînement.<br />
Il y a donc pour <strong>le</strong>s Grecs un passage <strong>de</strong> la danse aux<br />
mathématiques?<br />
- Bien sûr. Le corps en mouvement a amené l’esprit à<br />
fon<strong>de</strong>r et <strong>de</strong>́velopper bien <strong>de</strong>s sciences. Sans nos yeux,<br />
il n’y aurait pas <strong>de</strong> géométrie. Sans nos jambes et nos<br />
pieds, il n’y aurait pas <strong>de</strong> rythme. De là <strong>de</strong>́cou<strong>le</strong>nt et s’affinent<br />
<strong>le</strong> nombre, la raison, la poésie. Voilà: il n’y a pas<br />
<strong>de</strong> révélation fracassante. C’est retour à la case <strong>de</strong>́part.<br />
Retour aux énormes potentialités du corps.<br />
Votre recherche ne s’apparente t-el<strong>le</strong> pas à une tentative<br />
d’hybridation du Tao asiatique et du Logos européen?<br />
- Ce serait bien présomptueux <strong>de</strong> ma part que d’affirmer<br />
cela. Nous n’allons pas changer l’être et en plus universel<strong>le</strong>ment!<br />
A travers ma recherche et mon enseignement,<br />
je cherche simp<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s formes intelligib<strong>le</strong>s par tous.<br />
Et quoi <strong>de</strong> mieux que <strong>le</strong> mouvement qui a à la fois une<br />
sémantique d’une extrême richesse et <strong>le</strong> privi<strong>le</strong>̀ge <strong>de</strong><br />
traverser <strong>le</strong>s frontières linguistiques? Je serai donc plus<br />
nuancé: je compare <strong>le</strong>s textes sur la relation du corps à<br />
l’esprit et <strong>de</strong>́gage du corpus littéraire occi<strong>de</strong>ntal nombre<br />
d’écrits qui ne cè<strong>de</strong>nt en rien aux subtilités du Tao. Si<br />
l’on s’en tient au <strong>de</strong>rnier sièc<strong>le</strong>, cela va évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong><br />
Nietzsche, qui rappel<strong>le</strong> sur la scène occi<strong>de</strong>nta<strong>le</strong> que « <strong>le</strong><br />
corps est la gran<strong>de</strong> Raison », à Henry Bauchau. Mais il<br />
faudrait aussi citer Bachelard, dont certaines visions <strong>de</strong><br />
l’eau ou du feu m’ont parfois inspiré <strong>de</strong> nouveaux katas,<br />
Bergson, René Daumal, Jean Giono ou Paul Va<strong>le</strong>́ry qui<br />
écrit: « l’artiste apporte son corps », car sans <strong>le</strong> corps,<br />
ajoutait-il « l’esprit ne ferait que <strong>de</strong>s ca<strong>le</strong>mbours et <strong>de</strong>s<br />
théories ». Et enfin l’immense Artaud constatant que «<br />
dans l’état <strong>de</strong> <strong>de</strong>́générescence dans <strong>le</strong>quel nous sommes,<br />
c’est par la peau que l’on fera entrer la métaphysique<br />
dans <strong>le</strong>s esprits. »<br />
A propos <strong>de</strong> métaphysique, nombre d’observateurs sont<br />
frappés par la dimension méditative <strong>de</strong> vos tab<strong>le</strong>aux.<br />
Peut- on dire <strong>de</strong> votre art qu’il s’ouvre à une dimension<br />
spirituel<strong>le</strong>?<br />
- Certains ont comparé mes oeuvres à <strong>de</strong>s mandalas et<br />
ont par<strong>le</strong>́ <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur vertu apaisante. Cela me touche beaucoup<br />
et fait directement écho à ma propre expérience.<br />
Penché sur ma planche, dans l’état <strong>de</strong> concentration au-
« eNgreNAge », 85 x 120 cm
quel <strong>le</strong>s arts martiaux m’ont permis d’accé<strong>de</strong>r, la plume<br />
réveil<strong>le</strong> sans arrêt <strong>le</strong>s forces primitives en moi. El<strong>le</strong> est<br />
un véritab<strong>le</strong> sismographe <strong>de</strong> mon subconscient. C’est<br />
très profond et, bien sûr, très intime. Vu <strong>de</strong> l’extérieur,<br />
on ne voit qu’un bonhomme assis et dont seu<strong>le</strong> la main<br />
bouge. Mais je suis parfois submergé par <strong>le</strong> souvenir <strong>de</strong>s<br />
émotions passées. Un trait <strong>de</strong>́c<strong>le</strong>nche en moi un cataclysme<br />
<strong>de</strong> dou<strong>le</strong>urs ou <strong>de</strong>s abysses <strong>de</strong> bonheur. Et je ne<br />
sais absolument pas ce que provoquera <strong>le</strong> prochain trait.<br />
Il y a là comme un effet <strong>de</strong> creusement <strong>de</strong> votre être.<br />
- D’une certaine façon. Ca révè<strong>le</strong> et efface, c’est très<br />
curieux. Chaque trait donne une image nouvel<strong>le</strong> et en<br />
même temps en efface une autre. Il y a un jeu <strong>de</strong> substitution<br />
très subtil. On ne peut se remplir d’une image<br />
si on ne fait pas <strong>de</strong> la place. Et, évi<strong>de</strong>mment, un tel<br />
mouvement tend vers <strong>le</strong> centre <strong>de</strong> mon être. C’est une<br />
histoire <strong>de</strong> Simurgh — cet oiseau mythique dont la quête<br />
est rapportée par <strong>le</strong>s poètes Soufis et dont <strong>le</strong> motif fractal<br />
revient souvent dans mon travail. Je cherche à toucher un<br />
point qui fina<strong>le</strong>ment reconstituera l’image d’ensemb<strong>le</strong>. Si<br />
on iso<strong>le</strong> un <strong>de</strong> mes traits, i<strong>de</strong>ntique aux autres, on ne voit<br />
rien. Mais on s’aperçoit ensuite que 35000 traits donnent<br />
une image d’ensemb<strong>le</strong> qui n’a rien à voir avec <strong>le</strong> motif<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>́part. L’image <strong>de</strong> base d’une fracta<strong>le</strong>, lorsqu’el<strong>le</strong><br />
se trouve unie à tous ces coreligionnaires, <strong>de</strong>́voi<strong>le</strong> une<br />
image globa<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>̀tement différente du motif pourtant<br />
répété. C’est <strong>le</strong> même motif et pourtant ce n’est<br />
plus <strong>le</strong> même. Evi<strong>de</strong>mment, cela participe d’une folie<br />
très i<strong>de</strong>́aliste. Il s’agit <strong>de</strong> trouver <strong>le</strong> trait qui, pour moi,<br />
résumera tous <strong>le</strong>s traits. L’image qui résumera toutes <strong>le</strong>s<br />
images. Il y a là un jeu, une large respiration, entre d’un<br />
côté l’infiniment petit du bout <strong>de</strong> ma plume, <strong>de</strong> mon être,<br />
<strong>de</strong> ce que j’exprime. Et <strong>de</strong> l’autre côté l’espoir <strong>de</strong> planter<br />
la plume au coeur <strong>de</strong> la cib<strong>le</strong> <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> image. C’est <strong>de</strong><br />
l’ordre <strong>de</strong> la quête.<br />
Pascal Quignard a d’ail<strong>le</strong>urs été sensib<strong>le</strong> à la dimension<br />
<strong>de</strong> la quête dans votre oeuvre : son témoignage à votre<br />
propos donne <strong>le</strong> sentiment qu’il a rencontré à travers<br />
vous l’un <strong>de</strong> ses propres personnages — qu’il s’agisse du<br />
graveur <strong>de</strong> Terrasse à Rome ou du maître <strong>de</strong> musique <strong>de</strong><br />
Tous <strong>le</strong>s matins du mon<strong>de</strong>.<br />
- C’est ce qu’il a dit après notre première rencontre aux<br />
jeunes graveurs <strong>de</strong> la Zone Opaque qui nous ont réuni<br />
autour d’un travail sur « la répétition ». Mais l’oeuvre<br />
<strong>de</strong> Quignard me passionne <strong>de</strong>puis longtemps : el<strong>le</strong> est<br />
une plongée vers la recherche du soc<strong>le</strong> <strong>de</strong>s origines. Je<br />
me suis moi-même beaucoup intéressé au phénomène<br />
<strong>de</strong> l’origine <strong>de</strong> l’expression, à la naissance <strong>de</strong> l’écriture.<br />
En ce sens, <strong>le</strong>s représentations du scribe égyptien me<br />
fascinent : on y <strong>de</strong>́couvre la même posture vertébra<strong>le</strong> que<br />
dans la méditation extrême-orienta<strong>le</strong>, mais lui tient un<br />
sty<strong>le</strong>t entre ses mains. Il ne médite pas sur <strong>le</strong> vi<strong>de</strong> : c’est<br />
<strong>le</strong> phénomène <strong>de</strong> l’écriture même qui prend la place du<br />
divin.<br />
A l’invitation <strong>de</strong> Quignard à exposer aux rencontre <strong>de</strong><br />
Chaminadour, en 2010, vous avez répondu par une série<br />
<strong>de</strong> grands formats qui semb<strong>le</strong>nt marquer une nouvel<strong>le</strong><br />
étape dans votre travail. L’écrivain a été une source<br />
d’inspiration ?<br />
- Quignard a été pour moi un nouveau <strong>de</strong>́c<strong>le</strong>ncheur. Je<br />
pense notamment à son livre “La barque si<strong>le</strong>ncieuse”.<br />
Il y explore une forme d’extrême lâcher-prise — rejoignant<br />
ainsi Lamartine qui, allongé au fond <strong>de</strong> sa barque<br />
connaît <strong>le</strong>s sensations <strong>le</strong>s plus subti<strong>le</strong>s du mouvement.<br />
Mais c’est aussi une barque peup<strong>le</strong>́e <strong>de</strong> fantômes : el<strong>le</strong><br />
évolue dans <strong>le</strong> champ <strong>de</strong>s ténèbres humaines. J’ai été<br />
profon<strong>de</strong>́ment frappé par ce livre et <strong>le</strong> fait qu’il n’y a que<br />
<strong>le</strong>s flammes noires qui peuvent éclairer <strong>le</strong>s ténèbres. Je <strong>le</strong><br />
comprends bien : je suis passé par l’épreuve du feu et sais<br />
que <strong>le</strong>s ressources qu’il s’agit alors <strong>de</strong> <strong>de</strong>́couvrir en soi<br />
n’appartiennent pas à la catégorie <strong>de</strong>s optimismes. Au<br />
contraire, <strong>le</strong>s voies du réenchantement ne passent pas<br />
seu<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> réenchantement, nous signa<strong>le</strong> l’oeuvre<br />
<strong>de</strong> Quignard.<br />
Y a-t-il éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s plasticiens dont vous vous sentez<br />
proche ?<br />
- J’ai été très sensib<strong>le</strong> à l’œuvre du cé<strong>le</strong>̀bre constructiviste<br />
Cruz Diez. Nous nous étions rencontrés à mon retour
« <strong>le</strong> mUr <strong>de</strong> mA PrISoN », 85 x 120 cm
du Japon. Il avait <strong>le</strong> projet <strong>de</strong> m’ai<strong>de</strong>r à éditer et à illustrer<br />
mon premier livre, « La voie du Shintaïdo ». Il est<br />
tombé mala<strong>de</strong> et je n’ai pas osé lui imposer ce far<strong>de</strong>au<br />
supp<strong>le</strong>́mentaire. On a malheureusement beaucoup <strong>de</strong><br />
projets avortés dans la vie. Je suis évi<strong>de</strong>mment sensib<strong>le</strong><br />
au travail <strong>de</strong>s gens du Bauhaus, et d’abord aux plus<br />
mystiques d’entre eux, tel K<strong>le</strong>e, Kandinsky et Mondrian.<br />
« Post-constructiviste », c’est d’ail<strong>le</strong>urs la <strong>de</strong>́signation<br />
retenue par la directrice du musée <strong>de</strong> Cambrai pour introduire<br />
quelques-uns <strong>de</strong> mes tab<strong>le</strong>aux dans la col<strong>le</strong>ction<br />
<strong>de</strong>s musées nationaux français. Mais il y a une éco<strong>le</strong> à<br />
laquel<strong>le</strong> peu <strong>de</strong> gens pensent à mon propos et dont pourtant<br />
je me sens très proche, c’est l’Arte Povera. L’œuvre<br />
<strong>de</strong> Guiseppe Penone, par exemp<strong>le</strong>, est extraordinaire et,<br />
bien qu’en apparence je ne m’inscrive pas dans ce courant,<br />
j’y vois un lien très profond avec mon travail. Je me<br />
souviens entre autre d’un immense tab<strong>le</strong>au, qui faisait<br />
dix mètres <strong>de</strong> long sur trois mètres <strong>de</strong> haut, et qui était<br />
essentiel<strong>le</strong>ment composé <strong>de</strong> milliers d’épines d’acacia<br />
que Penone avait ramassées et col<strong>le</strong>́es sur la toi<strong>le</strong>, apparemment<br />
au hasard. C’est une oeuvre magistra<strong>le</strong>. Se servant<br />
<strong>de</strong> simp<strong>le</strong>s épines il parvient à reconstituer l’esprit<br />
<strong>de</strong> la forêt: une globalité. Voilà une <strong>de</strong>́marche dont je me<br />
sens proche. Car il y a dans mon travail un esprit « Arte<br />
Povera »: la plume, <strong>le</strong> vi<strong>de</strong> et l’encre, rien <strong>de</strong> plus.<br />
ProPoS recUeIllIS PAr PH.N.
« <strong>le</strong>S FlAmmeS NoIreS », 75 x 98 cm
Albert PAlmA<br />
la danse <strong>de</strong> la main sur la planche<br />
bIogrAPHIe / bIogrAPHY<br />
1947: Né <strong>le</strong> 29avril à Bône (Algérie)<br />
1962: La famil<strong>le</strong> Palma s’instal<strong>le</strong> à Grasse (France).<br />
1968 -1969: Bûcheron en Suè<strong>de</strong>.<br />
1970 -1973: Etu<strong>de</strong>s littéraires à l’Université d’Umea (Suè<strong>de</strong>).<br />
1975: Poumons brû<strong>le</strong>́s lors d’un acci<strong>de</strong>nt à la Cartoucherie <strong>de</strong> Vincennes sur <strong>le</strong> tournage du film “l’Affiche<br />
Rouge” <strong>de</strong> Frank Cassenti, avec Pierre C<strong>le</strong>́menti.<br />
1977: Arrivée au Japon. Début d’une initiation aux arts martiaux sous l’enseignement d’Aoki Hiroyuki, fondateur<br />
du Shintaïdo.<br />
1984-1989: Enseigne la littérature comparée à l’Université <strong>de</strong> Tsukuba.<br />
1988: Diplôme d’instructeur <strong>de</strong> Shintaïdo.<br />
1990: Retour en France.<br />
1990: Fondation <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Gens <strong>de</strong> Gestes <strong>de</strong>́diée à la recherche sur <strong>le</strong> mouvement dans l’hominisation.<br />
1992: Ouverture <strong>de</strong> son dojo à Paris où Albert Palma enseigne aujourd’hui encore <strong>le</strong> Shintaïdo.<br />
2000: Mise en scène du spectac<strong>le</strong> “Pas d’armes et <strong>de</strong> danse” sur une musique d’ArthurH.<br />
2001: Rencontre avec l’écrivain et poète Henry Bauchau. Début d’une fructueuse “amitié <strong>de</strong> travail” entre <strong>le</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux hommes.<br />
2003: Réalisation <strong>de</strong> ses premiers tab<strong>le</strong>aux.<br />
2006: “La main et l’esprit” (Play Film), documentaire <strong>de</strong> 52’, réalisé par Thomas Johnson autour <strong>de</strong> la rencontre<br />
entre Albert Palma et Henry Bauchau.<br />
2006-2008: Nombreuses expositions <strong>de</strong> ses oeuvres: Espace Mixtec (Paris XVI), Centre et Librairie Wallonie<br />
Bruxel<strong>le</strong>s (ParisIV), Ga<strong>le</strong>rie La Hune-Brenner (Paris XVIII), Université Catholique <strong>de</strong> Louvain La Neuve (Belgique),<br />
Centre Bonnefoy (Toulouse), Salon International <strong>de</strong> l’Estampe au Grand Palais (Paris VIII), Salon Pages<br />
(ParisXII) et dans différents salons et foires d’art contemporain.<br />
2010 : Exposition aux 5 èmes Rencontres <strong>de</strong> Chaminadour à Guéret à l’invitation <strong>de</strong> Pascal Quignard.
« cecI N’eSt PAS UNe moNtAgNe »,85 x 120 cm
IblIogrAPHIe / bookS<br />
“lA voIe dU SHINtAÏdo” (Albin Michel, 1992).<br />
“l’eSPrIt dU geSte” sous la direction d’Albert Palma(Albin Michel, 1999)<br />
“geÏdo: lA voIe <strong>de</strong>S ArtS” préface <strong>de</strong> Tadao Takemoto (Albin Michel, 2001).<br />
“<strong>le</strong> PeUP<strong>le</strong> <strong>de</strong> lA mAIN” préface d’Henry Bauchau (Jean-Paul Bayol, 2007).<br />
lIvreS d’Art / ArtISt bookS<br />
“PetIte SUIte AU 11 SePtembre”<br />
Poèmes d’Henry Bauchau calligraphiés et illustrés par Albert Palma. (Le Grand Miroir,<br />
Bruxel<strong>le</strong>s, 2003).<br />
“lA PIerre SANS cHAgrIN”<br />
Poèmes d’Henry Bauchau, illustrés et calligraphiés par Albert Palma.<br />
Livre <strong>de</strong> luxe et <strong>de</strong> col<strong>le</strong>ction, édité en accor<strong>de</strong>́on «à la japonaise», en édition limitée à 100<br />
exemplaires, numérotés et signés.<br />
(La Société <strong>de</strong>s Gens <strong>de</strong> Gestes/Editions Mixtec, 2006).<br />
“Je SUIS lA PAIX”<br />
Poème <strong>de</strong> Werner Lambersy, illustré et calligraphié par Albert Palma.<br />
Edition <strong>de</strong> luxe limitée à 50 exemplaires, numérotés et signés. (Editions Mixtec, 2007).<br />
“-Re”, texte <strong>de</strong> Pascal Quignard, gravures <strong>de</strong> Shir<strong>le</strong>y Sharoff, Christiane Dubois et Albert<br />
Palma.<br />
(Les Cahiers du trait - La zone opaque, 2010).<br />
col<strong>le</strong>ctIoNS PUblIqUeS & PrIvéeS / PUblIc ANd PrIvAte col<strong>le</strong>ctIoNS<br />
Musée <strong>de</strong>s Beaux Arts <strong>de</strong> Cambrai.<br />
Fond Henry Bauchau <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Louvain-la-Neuve.<br />
Plusieurs col<strong>le</strong>ctionneurs en France, Belgique, Suisse et USA.<br />
<strong>de</strong>ssins couverture : « 147.988 traits », 100 x 147 cm<br />
www.albert<strong>palma</strong>.com
« 149.999 trAItS », 100 x 147 cm