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01.01.2013 Views

éinventer, mais sans certitude, sans réponse définitive juste après. 4. Métaphore de la barrière (l. 38) = frontière inhérente à la culture. Un auteur se donne l’illusion de la transgression mais reste bien à l’abri de son univers, celui des puissants. => le monde intellectuel est pétri de contradictions. Du côté des privilégiés, il en appelle à une révolution de façade dont il sortira toujours indemne, sans prendre trop de risques : regard pessimiste sur son propre milieu. 88 éCRiRe 4 Rhétorique et poésie J. Prévert, Paroles, « Le discours sur la paix » 1. Vers 4 = irruption de l’étrangeté, orateur qui tombe dans sa phrase creuse. Adjectif creuse employé dans les deux sens à la fois : phase creuse comme une ornière (sens propre) et phrase sans intérêt (sens figuré) / sa dent creuse, car victime d’une carie (v. 8) => association d’idées qui évoque métaphoriquement le vide de la pensée. 2. Antithèse entre pacifiques raisonnements et nerf de la guerre (v. 8-9) = contradiction entre la volonté de paix affichée par le grand homme d’État (v. 2), intenable en raison de l’argent procuré par la guerre (production et vente d’armes). 3. a. la délicate question d’argent (v. 10) = révélation ultime du nerf de la guerre. Volonté de paix pervertie par l’argent qui soutient finalement la guerre. b. Poème engagé : saynète grotesque et burlesque (gag du chef d’État qui trébuche), dénonciation des contradictions propres à tout homme politique. Argent = révélateur de ce que l’on voudrait cacher, ses dents pourries (carie dentaire, v. 8). 4. Écriture d’invention. Rime raisonnements / argent = façon de montrer en même temps la façade (paix) et l’arrière-cour (intérêts financiers qui priment). Visée du travail d’écriture = développer une argumentation qui se donne l’illusion de croire à un idéal perverti par les exigences du réel, entrer de plain-pied dans la rhétorique du mensonge. Exercice délicat, mais formateur, permettant de détricoter une rhétorique politique hélas trop familière. Progression possible du discours à produire : − argument de la moralisation de l’armement : refuser les mines anti-personnel, les bombes à fragmentation… (photos de mutilés à l’appui) ; − argument de la paix à maintenir en faisant valoir le principe de dissuasion : accepter l’armement nucléaire et l’entretien d’une armée forte et intimidante… (chiffres de production à l’appui) ; − argument de la crise économique qui relativise la volonté pourtant bien louable de paix : finalement autoriser le retour à la production de mines anti-personnel, mais pour un temps… (courbes à l’appui). Belle phrase creuse à glisser dans cette troisième étape de discours, moment où la rhétorique dérape.

Textes ● C. Simon, Discours de Stockholm (1986) : discours de réception à l’Académie Nobel (site du Nobel, nobelprize.org : discours de réception des différents auteurs). ● R. Amossy, L’Argumentation dans le discours (1999) ● C’est à ce prix que vous mangez du sucre ? (2006) : anthologie sur le thème de l’esclavage, d’Aristote à Hugo. ● H. Tronc, L’Art du discours – anthologie (2007) ● P. Beaussant, Discours de réception à l’Académie française (2009) Texte du DVD-Rom ● J.-J. Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750) : notion de discours au xviii e siècle. Images ● H. Daumier : caricatures sur le monde de la justice, par exemple les dessins du journal satirique Le Charivari (1835). ● C. Chaplin, Le Dictateur (1940) : l’image effrayante mais grotesque d’un tyran au pouvoir Activités ● Analyse de corpus Sujet : discours de réception à travers les siècles. Prolongements Objectif : Étudier les morceaux de bravoure de l’argumentation épidictique. Corpus : A. Camus, Discours de Stockholm (1957), extrait A. Malraux, Discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (1964), extrait M. Yourcenar, Discours de réception à l’Académie française (1981), extrait ● Commentaire. Commentez le discours d’André Malraux en mettant l’accent sur les aspects lyriques et épiques d’une allocution de célébration. ● Dissertation. En 1964, Jean-Paul Sartre refuse le prix Nobel de littérature en faisant valoir l’argument suivant : L’écrivain doit […] refuser de se laisser transformer en institution même si cela a lieu sous les formes les plus honorables… Selon vous, le fait de célébrer, voire de couronner, un écrivain ou un artiste, a-t-il un sens dans notre monde actuel ? Argumentez en vous référant à des exemples précis tirés de vos lectures scolaires et de votre culture personnelle (livres, sorties...). ● Écriture d’invention. À l’aide de procédés oratoires aussi nombreux que diversifiés, célébrez un lieu ou une époque que vous admirez particulièrement. Tout en étant solennel, votre discours s’appuiera sur une sensibilité toute subjective. 89

éinventer, mais sans certitude, sans réponse définitive<br />

juste après.<br />

4. Métaphore de la barrière (l. 38) = frontière inhérente<br />

à la culture. Un auteur se donne l’illusion de la transgression<br />

mais reste bien à l’abri de son univers, celui<br />

des puissants.<br />

=> le monde intellectuel est pétri de contradictions. Du<br />

côté des privilégiés, il en appelle à une révolution de<br />

façade dont il sortira toujours indemne, sans prendre<br />

trop de risques : regard pessimiste sur son propre milieu.<br />

88<br />

éCRiRe<br />

4 Rhétorique et poésie<br />

J. Prévert, Paroles, « Le discours sur la paix »<br />

1. Vers 4 = irruption de l’étrangeté, orateur qui tombe<br />

dans sa phrase creuse.<br />

Adjectif creuse employé dans les deux sens à la fois :<br />

phase creuse comme une ornière (sens propre) et<br />

phrase sans intérêt (sens figuré) / sa dent creuse, car<br />

victime d’une carie (v. 8) => association d’idées qui<br />

évoque métaphoriquement le vide de la pensée.<br />

2. Antithèse entre pacifiques raisonnements et nerf<br />

de la guerre (v. 8-9) = contradiction entre la volonté<br />

de paix affichée par le grand homme d’État (v. 2), intenable<br />

en raison de l’argent procuré par la guerre (production<br />

et vente d’armes).<br />

3. a. la délicate question d’argent (v. 10) = révélation<br />

ultime du nerf de la guerre. Volonté de paix pervertie<br />

par l’argent qui soutient finalement la guerre.<br />

b. Poème engagé : saynète grotesque et burlesque<br />

(gag du chef d’État qui trébuche), dénonciation des<br />

contradictions propres à tout homme politique. Argent<br />

= révélateur de ce que l’on voudrait cacher, ses dents<br />

pourries (carie dentaire, v. 8).<br />

4. Écriture d’invention. Rime raisonnements / argent<br />

= façon de montrer en même temps la façade (paix) et<br />

l’arrière-cour (intérêts financiers qui priment).<br />

Visée du travail d’écriture = développer une argumentation<br />

qui se donne l’illusion de croire à un idéal<br />

perverti par les exigences du réel, entrer de plain-pied<br />

dans la rhétorique du mensonge.<br />

Exercice délicat, mais formateur, permettant de détricoter<br />

une rhétorique politique hélas trop familière.<br />

Progression possible du discours à produire :<br />

− argument de la moralisation de l’armement : refuser<br />

les mines anti-personnel, les bombes à fragmentation…<br />

(photos de mutilés à l’appui) ;<br />

− argument de la paix à maintenir en faisant valoir le<br />

principe de dissuasion : accepter l’armement nucléaire<br />

et l’entretien d’une armée forte et intimidante…<br />

(chiffres de production à l’appui) ;<br />

− argument de la crise économique qui relativise la<br />

volonté pourtant bien louable de paix : finalement<br />

autoriser le retour à la production de mines anti-personnel,<br />

mais pour un temps… (courbes à l’appui).<br />

Belle phrase creuse à glisser dans cette troisième étape<br />

de discours, moment où la rhétorique dérape.

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