sommaire - Hachette

Étude d’œuvre intÉgrale
P. Corneille, Horace ➜ p. 93
Objectif : Étudier intégralement une tragédie
classique pour en comprendre les principes et les
enjeux.
Pistes d’analyse
1. Le héros cornélien
Horace incarne les valeurs suivantes :
– courage et bravoure (acte II, scène 1, v. 383-384 ; IV,
2, v. 1131-1133) ;
– patriotisme farouche et sans borne (II, 1, v. 399-400 ;
IV, 5, v. 1299-1300) ;
– fraternité réconfortante (II, 4, v. 517-530) ;
– tendresse maritale (II, 6, v. 667-677) ;
– orgueil (IV, 7, v. 1353-1354 ; v. 1356-1362 ; V, 2,
v. 1569-1582) ;
– démesure et monstruosité (V, 1, v. 1425-1428).
=> Horace = personnage ambivalent qui incarne dans
les actes II et III, un héros patriote et vertueux, et dans
les actes IV et V, un héros plus sombre, voire monstrueux.
2. Le dilemme cornélien
Sabine : I, 1, v. 25-60 -> p. 90 = dilemme entre Rome
et Albe ;
Curiace : II, 1, v. 389-397 = dilemme entre l’asservissement
d’Albe, sa ville natale, et la mort de son ami
Horace ;
Curiace : II, 5, v. 577-596 = dilemme entre son statut de
Curiace et son amante romaine ;
Sabine : III, 1 = dilemme entre son amour pour Horace
et ses origines albaines.
=> portée tragique = caractère inconciliable des deux
termes du dilemme.
3. La narration d’un conflit
La narration suscite l’émotion :
– récit du vieil Horace (III, 6) : sentiments de désespoir
et de honte de voir Rome aux mains des Albains => il
laisse de côté la narration du combat (v. 1027-1034) ;
– récit du combat fait par Valère sous la forme d’un
dialogue avec le vieil Horace (IV, 2) => narration plus
vivante et dynamique. Récit saisissant grâce aux antithèses
: Tous trois étant blessés, et lui seul sans blessure
(v. 1104), Trop faible / trop fort (v. 1105), ou plus
ou moins pressé (v. 1109) / ou plus ou moins blessé
(v. 1110), égale (v. 1111) / inégaux (v. 1112) ; aux allitérations
en [s], v. 1119-1122 : son, sort, second, secoure,
son, se, s’épuise, superflus, son. Discours direct rapportant
les paroles d’Horace (v. 1131-1133) => dramatisation
et vivacité renforcées du récit.
Néanmoins, la représentation suscite également une
émotion forte chez le spectateur, qui ne peut plus se
contenter d’imaginer les actes qu’on lui raconte, mais
voit sans pouvoir l’atténuer la violence et l’horreur du
combat.
activitÉs comPlÉmentaiRes
1. Entraînement à la dissertation
Problématique : dans quelle mesure peut-on considérer
Horace, personnage ambivalent, comme un
héros cornélien ?
Partie I. Horace : un héros cornélien
1er § : Horace = personnage passionné. Fervent
patriote fidèle à sa patrie tout au long de la pièce,
refusant de survivre à la défaite de son pays.
2e § : vertueux, il fait preuve de sentiment fraternel
vis-à-vis de Curiace avant qu’il ne devienne son
ennemi, de tendresse vis-à-vis de sa femme. Engage
dès le début sa sœur, Camille, à ne pas lui reprocher
l’éventuelle mort de son amant (II, 4, v. 517-530).
3e § : courageux => bravoure dans le combat.
Partie II. Horace : un personnage de la démesure et
inhumain
1er § : Horace = patriote fanatique, prêt à tout sacrifier
pour Rome : ne reconnaît plus Curiace comme
son ami à l’instant même où il apprend qu’il sera
son ennemi (II, 3, v. 502) et au-delà du simple
héroïsme, gloire fondée sur la fermeté d’esprit dont
il rêve (II, 3, v. 437-452, v. 485-488).
2e § : auteur d’un double fratricide : il tue sans
remords celui qu’il considérait comme un frère et
tue sa sœur de sang-froid sans se laisser toucher par
la violente douleur qu’elle ressent. Justification de
son acte par la raison, réponse à une provocation de
sa sœur (IV, 5, v. 1319).
3e § : orgueilleux : seule sa gloire personnelle et
celle de sa ville lui importent => il rejette sa propre
femme (IV, 7).
2. Recherche et réflexion
Les Curiaces, trois frères albains et les Horaces, trois
frères romains ; Camille, sœur d’Horace, dont le nom
est une invention de Corneille => personnages unis par
leur courage, conquérants et champions dans leur ville,
et par des liens politiques, familiaux et sentimentaux.
Ce qui a intéressé Corneille : les conquérants capables
de grands exploits, le personnage passionné jusqu’à la
démesure, partagé entre vice et vertu, et les intrigues
49