sommaire - Hachette
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Conclusion :<br />
Ce conte, « Les fées », atteint bien un premier<br />
objectif, essentiel, qui est de plaire au lecteur en le<br />
divertissant : au fil du récit, il le promène dans un<br />
univers à la fois proche et différent du réel, puisqu’on<br />
y retrouve les activités et les difficultés d’une famille<br />
ordinaire, mais qu’on y découvre aussi une fée et un<br />
prince, ainsi que des phénomènes merveilleux stimulants<br />
pour l’imaginaire. Le second objectif, la visée<br />
symbolique et morale du conte, est bien présent<br />
également, puisque les deux sœurs représentent<br />
l’opposition du bien et du mal, et que le dénouement<br />
rétablit la justice bafouée par leur mère : la<br />
méchanceté de Fanchon cause sa perte, alors que<br />
la cadette, grâce à ses qualités, peut épouser le fils<br />
du roi. Ce récit n’est pas sans rappeler l’histoire de<br />
Cendrillon, autre personnage de fille cadette vouée<br />
aux tâches ménagères les plus ingrates, qui finit par<br />
épouser un prince. Le dénouement est cependant<br />
moins sombre dans « Cendrillon », puisque ses deux<br />
sœurs se font pardonner, tirent la leçon de cette<br />
aventure, et épousent deux grands seigneurs de la<br />
cour.<br />
4. Rédaction du développement<br />
Début de la première partie :<br />
Charles Perrault, comme Jean de La Fontaine, à<br />
la même époque, a pour habitude de mêler récit<br />
et discours pour rendre ses histoires plus vivantes<br />
et leur donner un côté théâtral qui favorise la dramatisation.<br />
Par exemple, au début de cet extrait<br />
des « Fées », le dialogue entre la mère et Fanchon<br />
met d’emblée en évidence le conflit qui oppose les<br />
deux femmes, bien que l’aînée soit pourtant la fille<br />
préférée. Le tempérament contestataire de Fanchon<br />
apparaît bien dans ce passage : « Il me ferait<br />
beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine ! »<br />
(l. 9-10). Avec ces paroles rapportées, le conteur<br />
souligne l’ironie du personnage envers sa mère,<br />
ainsi que sa prétention, puisqu’elle juge dégradante<br />
une activité que sa cadette pratique pourtant sans<br />
rechigner. Le narrateur remplace d’ailleurs le prénom<br />
de la jeune fille par un terme péjoratif, « la<br />
brutale », qui révèle bien son caractère et se trouve<br />
confirmé par cette phrase narrative : « Elle y alla,<br />
mais toujours en grondant. » (l. 13). Le récit, quant<br />
à lui, est structuré grâce aux indices temporels qui<br />
marquent bien les étapes de la narration et ses différents<br />
rebondissements : « Elle ne fut pas plus tôt<br />
arrivée à la fontaine » (l. 15-16) insiste sur le côté<br />
surnaturel de l’apparition de la fée ; « d’abord que<br />
sa mère l’aperçut » (l. 29) traduit l’impatience de<br />
cette femme s’attendant à voir jaillir des pierres<br />
précieuses de la bouche de sa fille ; « et aussitôt<br />
elle courut pour la battre » rappelle le comporte-<br />
294<br />
ment injuste de la marâtre qui continue à faire de<br />
sa cadette son souffre-douleur. L’emploi du discours<br />
direct et la rapidité des enchaînements narratifs<br />
sont donc deux facteurs clés dans l’efficacité du<br />
récit.<br />
Fin de la deuxième partie :<br />
Le merveilleux est donc étroitement lié à la visée<br />
didactique du conte. La fée, ici, n’a rien de surnaturel<br />
en apparence ; elle apparaît sous une forme<br />
humaine et converse avec les humains pour les<br />
avertir et, le cas échéant, pour préparer la sanction.<br />
Elle met clairement Fanchon à l’épreuve « pour<br />
voir jusqu’où irait la malhonnêteté de cette fille »<br />
(l. 20-21). Et ce n’est qu’à la fin de leur rencontre<br />
qu’elle révèle ses pouvoirs en expliquant : « […] je<br />
vous donne pour don qu’à chaque parole que vous<br />
direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent ou<br />
un crapaud » (l. 27-28), la redondance « donne /<br />
don » soulignant l’humiliation du châtiment, proportionnelle<br />
à la faute commise. Le don attribué à<br />
chacune des sœurs reflète donc leur moralité : le serpent<br />
symbolise le mal, le diamant la pureté, donc le<br />
bien. Et le prince ne s’y trompe pas lorsqu’il considère<br />
qu’« un tel don valait mieux que tout ce qu’on<br />
pouvait donner en mariage à une autre » (l. 42-43)<br />
car il sait « d’où cela lui venait » (l. 41), c’est-à-dire<br />
de sa générosité infaillible. Non seulement la mauvaise<br />
éducation de la mère aboutit à un échec pour<br />
elle-même et pour son aînée, mais on remarque<br />
aussi que, malgré les mauvais traitements subis, la<br />
cadette reste fidèle à ses principes et réussit dans<br />
la vie, illustrant à sa manière le concept actuel de<br />
résilience, preuve que le sens des contes évolue avec<br />
le temps.<br />
8 Rédiger un commentaire<br />
en autonomie<br />
D. Diderot, Éloge de Richardson auteur<br />
des romans de Paméla, de Clarisse<br />
et de Grandisson ➜ p. 505<br />
Objets d’étude : Genres et formes de l’argumentation<br />
: xvii e et xviii e siècles ; Le roman et la nouvelle au<br />
xix e siècle : réalisme et naturalisme.<br />
1. Étapes 1 et 2 :<br />
– contexte, œuvre = essai de Denis Diderot, philosophe<br />
des Lumières, lui-même romancier – admirateur du<br />
romancier anglais Samuel Richardson (1681-1761)<br />
=> critique de l’ancien style de roman = tissu d’événements<br />
chimériques et frivoles, dont la lecture était<br />
dangereuse pour le goût et pour les mœurs, mais<br />
éloge de ces nouveaux romans qui élèvent l’esprit, qui<br />
touchent l’âme, qui respirent partout l’amour du bien ;