sommaire - Hachette
sommaire - Hachette
sommaire - Hachette
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
4 Le drame moderne<br />
P. Claudel, Le Soulier de satin<br />
1. le monde et plus spécialement l’Espagne à la fin<br />
du xvi e , à moins que ce ne soit le commencement du<br />
xvii e (l. 2-4) = repères historiques flous et symboliques<br />
=> dimension universelle.<br />
Didascalies internes dans la réplique de L’annoncier :<br />
décor représenté (l. 16) : ce point de l’Océan Atlantique<br />
qui est à quelques degrés au-dessous de la Ligne<br />
à égale distance de l’Ancien et du Nouveau Continent<br />
(l. 13-15) ; Toutes les grandes constellations de<br />
l’un et de l’autre hémisphères, la Grande Ourse, la<br />
Petite Ourse, Cassiopée, Orion, la Croix du Sud (l. 17-20)<br />
=> décor pas forcément visible sur scène, à imaginer.<br />
2. Pronoms personnels de l’énonciation :<br />
– 1re personne du pluriel et du singulier : Fixons, je vous<br />
prie, mes frères (l. 12) => L’annoncier présente le spectacle<br />
au public, décrit le décor et introduit un lien fort<br />
entre la salle et la scène grâce à l’apostrophe mes frères ;<br />
– 2e personne du pluriel : comme vous voyez (l. 32-33),<br />
Écoutez bien, ne toussez pas et essayez de comprendre<br />
un peu (l. 36-38) => L’annoncier interpelle le public,<br />
sollicite son attention (visée didactique).<br />
3. a. un Père Jésuite (l. 32), martyr : attaché [a]u tronçon<br />
du grand mât (l. 31-32) d’un pauvre bâtiment<br />
espagnol (l. 26), entouré de grandes taches de sang et<br />
de […] cadavres partout (l. 29-30) => drame religieux,<br />
pièce tragique : mort et souffrance dominent.<br />
b. Paradoxes dans la mise en garde finale : adjectif<br />
superlatif le plus drôle (l. 41) => registre comique, sans<br />
rapport avec l’histoire du Père Jésuite martyrisé : C’est<br />
ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau,<br />
c’est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant<br />
et c’est ce que vous ne trouverez pas amusant qui est<br />
le plus drôle. (l. 38-41) => provocation du spectateur,<br />
auquel on demande une grande ouverture d’esprit,<br />
pour entrer dans cet univers déconcertant.<br />
216<br />
Écrire<br />
5 La farce médiévale<br />
Anonyme, La Farce de maître Pathelin<br />
1. Procédés farcesques :<br />
– comique de répétition : Bée ! réplique reprise cinq<br />
fois de suite par Thibault Aignelet et deux fois par<br />
Pathelin le citant ;<br />
– comique de mots : expressions métaphoriques à qui<br />
vends-tu tes coquilles ? (l. 1-2), Me fais-tu manger de<br />
l’oie ? (l. 10), Les oisons mènent paître les oies (l. 18-19)<br />
=> langage pittoresque, prouvant l’aisance verbale de<br />
l’avocat : jurons Maugrebleu ! (l. 11), Par saint Jacques<br />
(l. 22), interjections Eh bien ! (l. 7-8), insultes un mouton<br />
habillé, un vilain paillard (l. 11-12) => colère de Pathelin<br />
qui ne se maîtrise plus, voyant qu’il ne sera pas payé ;<br />
– apartés => comme Thibault ne répond pas, Pathelin<br />
parle dans le vide, ridiculisé, ce qui le met en colère :<br />
(À part.) Maugrebleu ! Ai-je tant vécu qu’un berger,<br />
un mouton habillé, un vilain paillard, me bafoue ?<br />
(l. 10-12).<br />
2. Écriture d’invention<br />
patheLin. – Tu fais le rimeur en prose. Et à qui vendstu<br />
tes coquilles ? Sais-tu qu’il en est ? Ne me rebats<br />
plus désormais les oreilles de ton « Bée ! » et paiemoi<br />
!<br />
thibauLt aigneLet. – Hélas, Maître Pathelin, ayez<br />
pitié ! Vous me connaissez ! Où voulez-vous que je<br />
trouve une somme pareille ? Nous autres sommes<br />
des miséreux ayant trop de peine à joindre les deux<br />
bouts.<br />
patheLin. – N’en tirerai-je autre monnaie ? De qui<br />
crois-tu te jouer ? Je devrais tant me louer de toi !<br />
Eh bien ! Fais donc que je m’en loue !<br />
thibauLt aigneLet. – Vous ne savez pas ce qu’est la<br />
pauvreté, vous ! Voyez ces beaux habits tout neufs !<br />
Pour sûr, Monsieur n’est point dans le besoin ! Alors<br />
faites grâce à un pauvre homme comme moi, Dieu<br />
vous en saura gré.<br />
patheLin. – Me fais-tu manger de l’oie ? (À part) Maugrebleu<br />
! Ai-je tant vécu qu’un berger, un mouton<br />
habillé, un vilain paillard, me bafoue ?<br />
thibauLt aigneLet. – Moi, vous bafouer, avec tout le<br />
respect que je vous dois ! Monsieur se moque ! Cette<br />
somme serait à vous dans la minute…si je l’avais,<br />
mais c’est que je ne l’ai point. Voyez vous-même !<br />
(Il secoue ses hardes.) Je n’ai ni poches ni bourse. À<br />
quoi cela me servirait-il puisque je n’ai pas le sou ?<br />
patheLin. – N’en tirerai-je pas un autre mot ? Si c’est<br />
pour te divertir, dis-le ! Ne me fais plus discuter !<br />
Viens-t’en souper à la maison !<br />
thibauLt aigneLet. – Êtes-vous donc sérieux, Monsieur<br />
? Un berger à la table d’un beau et grand<br />
monsieur comme vous ? C’est trop aimable, et je ne<br />
saurais refuser une offre si charitable. Monsieur est<br />
un bon chrétien, je le savais bien !<br />
patheLin. – Par saint Jean, tu as raison. Les oisons<br />
mènent paître les oies. (À part) Je croyais être<br />
maître de tous les trompeurs d’ici et d’ailleurs, des<br />
aigrefins et bailleurs de paroles à tenir le jour du<br />
jugement, et un berger des champs me surpasse !<br />
Par saint Jacques, si je trouvais un bon officier de<br />
police, je te ferais arrêter !