sommaire - Hachette

– utiliser des images (figures de rhétorique) ;
– donner une vision possible au choix : valorisante ou
défavorable.
Conseiller aux élèves de se référer aux descriptions des
romans de Zola dans Au bonheur des dames, pour une
image enthousiaste d’abondance et d’émerveillement,
ou dans Germinal pour la représentation d’un univers
violent, effrayant et aliénant.
Proposition de début :
Le grand magasin sentait le bois suédois ! Un
mélange d’aggloméré et de meubles à petits prix
pour les petits budgets de couples jeunes qui commençaient
à s’installer ou pour couples gays à la
recherche du dernier accessoire de décoration tendance.
C’était toujours le même scénario, à peine les
portes automatiques s’étaient-elles ouvertes qu’il
fallait gravir un haut escalier et là, devant les yeux
du consommateur ébahi, la scénographie commençait.
Surtout, bien suivre les flèches au sol et ne pas
dévier le sens de la visite pour être sûr de ne rien
manquer !…
Prolongement : lire un extrait de l’essai La Condition
ouvrière de Simone Weil (1951), et voir si la vision du
monde du travail est toujours vraie au xxi e siècle, en
France et dans le reste du monde. En débattre avec
les élèves.
Texte F. Bon, Sortie d’usine
d’un
À l’autrE 1
➜ p. 321
Objectif : Analyser, en confrontation avec Céline, la
vision du travail dans un roman contemporain.
Questions
1. La plupart des phrases sont longues et composées de
groupes de mots ou de propositions infinitives simplement
juxtaposées (parataxe), sans coordination : Lever
la table, la main gauche sur le volant lourd, la droite
sur la manette plus étroite de l’avance transverse, faire
tangenter (l. 3-5).
2. C’est l’infinitif qui domine. Il décrit une série de
gestes automatiques, toujours identiques. Sa valeur est
atemporelle et impersonnelle, pour évoquer un travail
aliénant et déshumanisant : Reculer la table, régler sur
le vernier… (l. 6-7).
3. a. Point de vue interne valable pour tous les ouvriers
rassemblés dans la concentration commune du travail
précis à effectuer, de La pensée incessante (l. 1) : le narrateur
voit par les yeux de tous les ouvriers en même
temps, mais sans être omniscient puisque le point de
vue est finalement limité à celui d’un homme représentatif
de la communauté ouvrière : On sait aux bruits de
la bécane si la coupe est correcte… (l. 13). Le pronom
personnel indéfini on a une valeur globalisante, répétée
dans le texte.
b. Valeur de témoignage provenant de la précision du
vocabulaire, champ lexical des outils ou machines :
vernier (l. 7), la machine (l. 9), l’outil (l. 10), la fraise
(l. 14), gabarit (l. 18) ; description précise des gestes
des ouvriers avec des verbes insistant sur la minutie,
la précision : positionner (l. 2), régler (l. 7), débrayer
(l. 15), Ajuster (l. 19) ; focalisation interne voisinant
avec la focalisation omnisciente.
4. La fin du texte, on n’en a plus réentendu parler,
où est-ce qu’ils ont bien pu le recaser ? (l. 21-22), est
claire : on fait peu de cas des ouvriers qui ont à peine le
temps de tirer sur leur cigarette (l. 12) et qui, parfois, ne
peuvent plus travailler à la suite d’un accident de travail,
les paluches bouffées par l’huile (l. 21). Ils disparaissent
alors et sont remplacés comme de vulgaires pièces.
Vis-à-vis : Louis-Ferdinand Céline
et François Bon
5. Deux textes très proches dans leurs descriptions :
– les ouvriers sont toujours déshumanisés, mais François
Bon semble moins radical et moins cru que Céline
(sa viande l. 4, sa substance l. 11), même si la dernière
phrase révèle finalement la violence de l’automatisation
et de la production à la chaîne ;
– les machines sont identiques, mais seul Céline les
personnifie ;
– les usines sont des lieux d’aliénation dans les deux
textes.
=> monde industriel identique mais traité différemment.
Le style de Céline est plus imagé.
6. Deux champs lexicaux sont particulièrement développés
:
– celui de la machine : dans le texte de Céline (machine,
l. 3, 10, 14 ; roulettes et pilons, l. 15 ; courroies et volants,
l. 22) ; le texte de François Bon met au premier plan la
précision des gestes (➜ question 3b) ;
– celui du corps humain : chez Céline, le mouvement du
travail fait tressauter le corps (➜ texte 1, question 5) ;
chez François Bon, les mentions main gauche et droite
(l. 4), le dos (l. 11), les jambes (l. 14), la main (l. 16, 20)
s’acheminent vers l’image dégradante et violente des
paluches (l. 21), des mains abîmées par l’huile des
machines.
179