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sommaire - Hachette

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moitié froid. Mais la réalité lui prouva le contraire : Du<br />

jambon tiède, dans un plat colorié (v. 11).<br />

Analyse<br />

4. Champs lexicaux :<br />

– repas : tartines (v. 3), Du beurre et du jambon (v. 4),<br />

table (v. 5), tartines de beurre (v. 10), jambon tiède (v. 11),<br />

plat (v. 11), jambon rose et blanc (v. 12), gousse / D’ail<br />

(v. 12-13), chope (v. 13), mousse (v. 13) => vocabulaire<br />

trivial, avec la répétition des mots jambon et beurre, les<br />

éléments qui justifient toute la scène qui se joue ;<br />

– plaisir, bien-être : Bienheureux (v. 5), adorable (v. 7),<br />

Rieuse (v. 10), rayon de soleil (v. 14) => essentiellement<br />

des adjectifs qualificatifs qui modalisent le caractère<br />

agréable de ce souvenir d’errance.<br />

5. Sentiments du poète surtout dans le 2e quatrain :<br />

détente marquée par l’attitude relâchée (j’allongeai les<br />

jambes sous la table, v. 5) et l’apparition d’une jeune<br />

femme peu farouche, au physique appétissant (v. 8)<br />

=> phrases déclaratives qui affirment sans détour le<br />

bien-être alors ressenti.<br />

6. Répétition du nom jambon : pas seulement pour développer<br />

la trivialité du cabaret, mais aussi pour faire circuler<br />

de façon implicite les allusions sexuelles du poème.<br />

La demande de jambon que l’on s’attend à voir servi froid<br />

(v. 4), s’accompagne de la détente des jambes [mot de<br />

même radical] sous la table (v. 5). La serveuse revient<br />

avec du jambon finalement tiède (v. 11) ; et le sonnet de<br />

se conclure sur la mention d’un jambon rose et blanc<br />

parfumé d’une gousse d’ail (v. 12-13) qui rappelle de<br />

manière grivoise le corps rond et rieur de la fille.<br />

7. Trois enjambements avec rejet dans ce poème :<br />

– sous la table / Verte (v. 5-6) => le vers déborde sur le<br />

suivant, comme les jambes étendues sous la table ;<br />

– sujets très naïfs / De la tapisserie (v. 6-7) => effet d’attente<br />

: l’auberge est peu fréquentée, et le poète se distrait<br />

avec les motifs du papier peint ;<br />

– une gousse / D’ail (v. 12-13) => de façon aussi piquante<br />

que l’ail évoqué, l’enjambement surprend par sa façon de<br />

mettre en évidence un terme aussi peu poétique.<br />

=> irrespect joueur vis-à-vis de la versification traditionnelle,<br />

à l’image de la servante rieuse du Cabaret-Vert.<br />

Question de synthèse<br />

8. Sensualité au sens premier du terme : son corps respire<br />

la liberté et le plaisir, au point d’assimiler les tétons<br />

énormes (v. 8) et les formes généreuses à du bon jambon.<br />

Le contexte de la rencontre est en tout point lié à cette<br />

simplicité fruste : papier peint naïf (v. 6-7), plat grossière-<br />

ment peint, comme colorié (v. 11), consommation massive<br />

de bière (v. 13-14).<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. a. En octobre 1870, Rimbaud vient de<br />

quitter Charleville. Son but est d’aller à Paris, comme les<br />

autres fugues qu’il fera pendant un an, mais des détours<br />

le conduisent par exemple à Charleroi, la plus grande<br />

ville située non loin de sa ville natale. Métropole de la<br />

Belgique industrielle et minière de l’époque, elle est une<br />

halte sur le chemin errant du jeune poète qui est fasciné<br />

par les personnes et les scènes qu’il y croise.<br />

b. Le Cabaret-Vert à Charleroi est effectivement un cabaret<br />

à routiers, la Maison Verte, que le poète a fréquenté<br />

lors d’une de ses échappées. L’aspect interlope de ce lieu,<br />

perceptible dans le poème, est confirmé par la réalité<br />

de ce lieu vert, c’est-à-dire leste, plus ou moins lié à la<br />

prostitution.<br />

10. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– réécrire d’un autre point de vue, celui de la serveuse,<br />

donc partir des données du poème et respecter son<br />

enchaînement narratif ;<br />

– traduire le changement de point de vue en donnant une<br />

autre version de la rencontre ;<br />

– énumérer les caractéristiques de la jeune femme (fille<br />

forte, les yeux vifs, agréable et attentive) mais en leur<br />

donnant un autre sens : peut-être une nouvelle serveuse<br />

qui doit faire ses preuves pour être employée, et non une<br />

personne leste faisant de l’œil au poète.<br />

Proposition de début de récit :<br />

Soudain, alors que la patronne venait à peine de<br />

rouvrir la cuisine, je vis entrer un beau jeune homme,<br />

beau mais alors habillé comme l’as de pique, il fallait<br />

voir ! Les pieds dans un état ! Il commanda sur<br />

le champ trois ou quatre tartines accompagnées de<br />

beurre et de jambon, et il ajouta que ce n’était pas<br />

grave si le jambon était déjà froid. Il avait tellement<br />

faim ! Tu parles d’un original ! Comme si on n’attendait<br />

que lui, avec tous ces routiers qui défilaient alors,<br />

chaque jour, de six heures à minuit. Il n’avait jamais<br />

mis les pieds à Charleroi, ma parole !<br />

Mais je ne l’ai pas observé plus longtemps, il ne<br />

fallait pas traîner. J’ai fait l’aimable, même si l’envie<br />

de lui répondre me tentait un peu, mais on n’avait pas<br />

le temps de jouer à la maligne quand il s’agissait de<br />

faire bouillir la marmite pour un père silicosé et quatre<br />

petits frères orphelins de mère…<br />

Prolongement : comparer ce poème avec le sonnet « La<br />

maline ». Expliquer quel personnage féminin semble le<br />

plus touchant.<br />

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