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COLLECTION<br />

TERRES LITTÉRAIRES<br />

SOUS LA DIRECTION DE XAVIER DAMAS<br />

Français<br />

LIVRE DU PROFESSEUR<br />

Marion Baudet<br />

lycée Jean Monnet (Yzeure, 03)<br />

Aurélia Courtial<br />

lycée Pierre de Coubertin (Meaux, 77)<br />

Xavier Damas<br />

lycée Gaston Bachelard (Chelles, 77)<br />

Nathalie Havot<br />

lycée Jules Verne (Château-Thierry, 02)<br />

Loïc Larboulette<br />

lycée François Rabelais (Saint-Brieuc, 22)<br />

Liliane Martinet-Bigot<br />

lycée Camille Claudel (Troyes, 10)<br />

Murielle Taïeb<br />

lycée Victor Hugo (Besançon, 25)<br />

2 de


2<br />

AVANT-PROPOS<br />

Complément du manuel Terres littéraires Seconde, le livre du professeur propose la correction intégrale<br />

de toutes les activités proposées à l’élève : lectures analytiques et études de textes en vis-à-vis, questions<br />

sur des œuvres intégrales et en histoire des arts, et exercices d’approfondissement de la partie I ; exercices<br />

d’ouverture de fiche, puis d’application de la partie II ; questions sur des éléments de cours, et exercices<br />

d’entraînement de la partie III.<br />

Des études de textes graduelles<br />

Le corrigé des lectures analytiques et des analyses d’images de la partie I valorise la progressivité des<br />

questionnaires : l’approche systématique sous forme de relevés ou de questions thématiques de la rubrique<br />

« Première lecture » (« Première approche » pour les images) est validée par un corrigé essentiellement<br />

énumératif, souvent court. Il en est de même pour le traitement de la rubrique « Mise au point » axée sur<br />

un point de grammaire, de vocabulaire ou de rhétorique, dans l’étude des textes.<br />

Les réponses aux questions d’analyse, généralement plus développées, obéissent à une logique de<br />

plus en plus exigeante, aboutissant à une réponse de synthèse, en relation avec l’objectif initialement posé.<br />

La systématisation de deux activités complémentaires « Pour aller plus loin », l’une de recherche,<br />

l’autre de rédaction ou de travail oral dévolue à la préparation des épreuves du bac, rattache explicitement<br />

le texte à l’ensemble de la séquence et à la progression annuelle. Les activités de type TICE ou de lectures<br />

cursives offrent des réponses fondées sur le maniement d’usuels, de textes littéraires ou de sites Internet<br />

de référence. Et les travaux en lien avec l’examen final sont traités sous forme de plans généraux ou<br />

détaillés axés sur la compétence visée.<br />

Les réponses aux questionnaires plus resserrés « D’un texte à l’autre » obéissent à la même logique<br />

qu’au corrigé de la rubrique « Analyse » des textes principaux (1, 2 et 3). Seules les deux dernières<br />

questions « Vis-à-vis » sont traitées de manière spécifique : chaque réponse confronte synthétiquement<br />

les deux documents en vue d’une confrontation stylistique et diachronique.<br />

Des apports synthétiques enrichissant les séquences<br />

Outre les études de textes, les corrigés des travaux d’étude d’œuvres intégrales, des questions<br />

d’histoire des arts et des exercices d’approfondissement, au plus près des contraintes de temps de la vie<br />

de classe, sont à la fois précis et synthétiques. Il s’agit en outre d’ouvertures culturelles dans lesquelles le<br />

professeur peut puiser pour concevoir d’autres lectures analytiques. Et le corrigé du dernier exercice de la<br />

séquence, fondé sur une activité de type bac, rappelle que le support étudié est utilisable dans l’évaluation<br />

finale prévue par le professeur.<br />

Édition : Fanny Bouteiller<br />

Conception maquette : Alinéa<br />

Réalisation : Alinéa<br />

Relecture, corrections : Hélène Ducoutumany<br />

© Hatier, Paris 2011 – ISBN 978-2-218-93559-6<br />

Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tous procédés, en tous<br />

pays, faite sans autorisation préalable est illicite et exposerait le contrevenant à des poursuites judiciaires.<br />

Réf. : loi du 11 mars 1957, alinéas 2 et 3 de l’article 41.<br />

Une représentation ou reproduction sans autorisation de l’éditeur ou du centre français d’Exploitation du<br />

droit de copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 PARIS) constituerait une contrefaçon sanctionnée<br />

par les articles 425 et suivants du Code pénal.


Des notions progressivement assimilées<br />

La correction des exercices d’application de la partie II est pragmatique. Les réponses énumèrent,<br />

surtout dans les premiers exercices de la rubrique « Mettre au point », les champs lexicaux ou les éléments<br />

grammaticaux à relever, dans l’optique d’apprivoiser la notion étudiée ; l’exercice ne se confond pas avec<br />

une lecture analytique de la partie I. Le but est de faire de chaque texte ou de chaque image un prétexte à<br />

l’assimilation progressive d’une notion lexicale, grammaticale ou stylistique.<br />

À la fin de chaque fiche, après les exercices de la rubrique « Appliquer », un exercice « Écrire »<br />

comporte une activité de type bac. Elle bénéficie d’une réponse souvent détaillée, et régulièrement d’une<br />

proposition intégralement rédigée.<br />

Des méthodes acquises par étape<br />

Les corrigés de toutes les activités de la partie III renforcent le caractère progressif des exercices. Ils<br />

suivent le fil méthodologique du cours et de l’application : l’élève peut ainsi, étape par étape, assimiler les<br />

techniques de recherche, de rédaction et d’exposé attendues au lycée.<br />

Le caractère systématique des relevés et des plans détaillés est au plus près de l’élaboration et de la<br />

composition attendues à l’examen. Des rappels constants sur l’utilisation du brouillon, la mise en page de<br />

la copie et la rédaction définitive, ponctuent ces corrigés d’exercices qui comportent, en outre, de nombreux<br />

modèles rédactionnels, du plan détaillé à la rédaction intégrale de parties de devoir.<br />

Un outil dynamique<br />

Loin de se cantonner à la correction, déjà essentielle, de toutes les activités proposées dans le livre<br />

de l’élève, cet ouvrage comporte de nombreuses ouvertures destinées à enrichir le cours, donner d’autres<br />

idées de séquences, croiser les textes et images d’une même séquence avec d’autres documents, former un<br />

corpus de type bac à partir de quelques textes étudiés en lecture analytique, etc.<br />

Dans la partie I, une série de prolongements met chaque séquence en réseau avec l’intitulé général<br />

de l’objet d’étude (pistes bibliographiques, liens avec le DVD-Rom de la collection Terres littéraires,<br />

propositions de corpus et d’activités complémentaires de type bac).<br />

En fin de correction de chaque fiche de la partie II, un prolongement utilise généralement le support<br />

du dernier exercice pour une nouvelle activité qui a pour but d’affermir la notion étudiée.<br />

Au bout de toute série d’exercices de fiche méthode de la partie III, un prolongement plus exigeant<br />

enrichit l’acquisition de la compétence concernée.<br />

Cet outil a été élaboré dans le souci constant d’une cohérence entre la constitution du socle commun<br />

au collège, et l’acquisition d’une culture et de méthodes solides au lycée. En complémentarité avec le livre<br />

de l’élève et le DVD-Rom, il sera le jalon essentiel de la conduite progressive des élèves de Seconde à la<br />

découverte et à la préparation des épreuves du bac.<br />

Xavier DAMAS<br />

3


SOMMAIRE<br />

4<br />

Dans le <strong>sommaire</strong> ci-après, ces pictogrammes<br />

proposent des liens avec le DVD-ROM<br />

PARTIE I<br />

Textes<br />

Chapitre 1 La comédie et la tragédie classiques<br />

Deux mises en scène<br />

de L’École des femmes<br />

J.-A. Watteau, Arlequin<br />

et Colombine…<br />

M. Sand, Polichinelle<br />

P. Corneille, L’Illusion<br />

comique<br />

Extrait du film Don<br />

Giovanni de J. Losey<br />

Mise en scène de<br />

La Double inconstance<br />

Mise en scène de<br />

Musée haut, musée bas<br />

Extrait de Don Giovanni<br />

de J. Losey<br />

H. de Montherlant, La<br />

Mort qui fait le trottoir<br />

Audio Vidéo<br />

Séquence 1 La comédie classique et ses précurseurs<br />

ANALYSE D’IMAGE Le poète d’Hadrumetum (mosaïque) 17<br />

TEXTE 1 Molière, L’École des femmes 17<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 Aristophane, Lysistrata 18<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Molière, L’École des femmes 19<br />

TEXTE 2 Molière, Le Misanthrope 20<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 Ménandre, Le Bourru 21<br />

TEXTE 3 Molière, L’Avare 22<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 Plaute, L’Aululaire 23<br />

HISTOIRE DES ARTS Le visage comique, des masques grecs au cinéma 24<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 Térence, Adelphes 24<br />

2 Molière, L’École des maris 24<br />

3 Plaute, Le Soldat fanfaron 24<br />

P. Corneille, L’Illusion comique 24<br />

Prolongements 25<br />

Séquence 2 Molière et ses héritiers<br />

Texte Iconographie<br />

ANALYSE D’IMAGE A. Bosse, Les Farceurs de l’Hôtel de Bourgogne 26<br />

TEXTE 1 Molière, Dom Juan 26<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 A. de Musset, Les Caprices de Marianne 28<br />

TEXTE 2 Molière, Les Fourberies de Scapin 28<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 S. Beckett, En attendant Godot 29<br />

TEXTE 3 Molière, Le Malade imaginaire 30<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 J. Romains, Knock 31<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Molière, Le Malade imaginaire 32<br />

HISTOIRE DES ARTS Le mythe de Don Juan, du théâtre au cinéma 34


Lecture de La Leçon<br />

E. Ionesco, Rhinocéros<br />

J. Racine, Bérénice<br />

A. Cabanel, Phèdre<br />

Mise en scène<br />

de Phèdre<br />

Extrait du film Œdipe<br />

Roi de P. Pasolini<br />

É. Jodelle, Cléopâtre<br />

captive<br />

E. Le Sueur, Clio, Euterpe<br />

et Thalie<br />

Pierre-Antoine<br />

Demachy, Le Louvre…<br />

Entretien avec<br />

la metteur en scène<br />

N. Garraud<br />

Lecture de Bajazet<br />

A. Dumas, Antony<br />

G. Moreau, Œdipe<br />

voyageur<br />

T. Chassériau,<br />

Andromède<br />

B. Cellini, Persée<br />

P. Bruegel, La Chute<br />

d’Icare<br />

Mise en scène<br />

de Phèdre<br />

Deux mises en scène<br />

du Roi se meurt<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 Molière, Le Tartuffe 34<br />

2 E. Labiche, Un chapeau de paille d’Italie 34<br />

3 Beaumarchais, préface du Mariage de Figaro 35<br />

4 E. Ionesco, Notes et contre-notes 35<br />

Prolongements 36<br />

Séquence 3 Racine et ses sources<br />

ANALYSE D’IMAGE B. Flémal, Le Sacrifice d’Iphigénie 37<br />

TEXTE 1 J. Racine, Andromaque 37<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 Euripide, Andromaque 38<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE J. Racine, Andromaque 39<br />

TEXTE 2 J. Racine, Britannicus 40<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 Tacite, Annales 41<br />

TEXTE 3 J. Racine, Iphigénie 42<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 Eschyle, Agamemnon 43<br />

HISTOIRE DES ARTS Le classicisme 44<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 Aristote, Poétique 44<br />

2 P. Corneille, Cinna 44<br />

3 P. Quinault, Thésée 45<br />

4 J. Racine, préface d’Andromaque 45<br />

5 W. Shakespeare, Le Roi Lear 45<br />

Prolongements 46<br />

Séquence 4 La tragédie classique et sa postérité<br />

SOMMAIRE<br />

TEXTE 1 P. Corneille, Horace 47<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 H. de Montherlant, La Reine morte 48<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE P. Corneille, Horace 49<br />

TEXTE 2 J. Racine, Bajazet 50<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 A. de Musset, Lorenzaccio 51<br />

TEXTE 3 J. Racine, Mithridate 51<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 V. Hugo, Ruy Blas 52<br />

ANALYSE D’IMAGE P. Picasso, Les Pauvres au bord de la mer 53<br />

HISTOIRE DES ARTS Arts plastiques et mythes tragiques 54<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 P. Corneille, Rodogune 54<br />

2 S. Beckett, Oh les beaux jours 54<br />

3 E. Ionesco, Le roi se meurt 54<br />

4 N. Boileau, L’Art poétique 55<br />

V. Hugo, préface de Cromwell 55<br />

Prolongements 56<br />

5


SOMMAIRE<br />

6<br />

Chapitre 2 L’argumentation,<br />

du classicisme aux Lumières<br />

J. de La Fontaine,<br />

« Le Loup et les<br />

Bergers »<br />

Florian, « La Fable<br />

et la Vérité »<br />

J. Goujon, Fontaine<br />

des Innocents<br />

E. Le Sueur, Clio,<br />

Euterpe et Thalie<br />

A. Canova, Psyché<br />

ranimée…<br />

J. de La Fontaine, « Le<br />

Loup et les Bergers »<br />

Séquence 5 Fables et paraboles<br />

ANALYSE D’IMAGE Le Caravage, Les Joueurs de cartes 57<br />

TEXTE 1 J. de La Fontaine, Fables, « La Cigale et la Fourmi » 57<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 T. Corbière, Les Amours jaunes, « Le Poète et la Cigale » 59<br />

TEXTE 2 J. de La Fontaine, Fables, « Le Loup et les Bergers » 59<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 Plutarque, « Le banquet des sept Sages » 60<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE J. de La Fontaine, Fables, livre VII 61<br />

TEXTE 3 Fontenelle, Histoire des oracles 62<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 G. E. Lessing, Nathan le Sage 63<br />

HISTOIRE DES ARTS Paraboles et allégories 64<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 J. de La Fontaine, Fables, « Le Pouvoir des fables » 64<br />

2 J.-P. Claris de Florian, Fables, « Le Lierre et le Thym » 64<br />

3 V. Hugo, Les Châtiments, « Fable ou Histoire » 65<br />

4 J. de La Fontaine, dédicace des Fables 65<br />

Prolongements 66<br />

Séquence 6 Contes et romans philosophiques<br />

TEXTE 1 C. Perrault, Contes de ma mère l’Oye, « Les fées » 67<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 « Évangile selon saint Jean » 68<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE C. Perrault, Contes de ma mère l’Oye 69<br />

ANALYSE D’IMAGE J.-B. Greuze, L’Oiseau mort 70<br />

TEXTE 2 Voltaire, Jeannot et Colin 70<br />

D’UN TEXTE A L’AUTRE 2 F. Fénelon, Les Aventures de Télémaque 72<br />

TEXTE 3 Vercors, Les Animaux dénaturés 73<br />

D’UN TEXTE A L’AUTRE 3 J. Swift, Les Voyages de Gulliver 73<br />

HISTOIRE DES ARTS L’histoire d’Amour et de Psyché, d’Apulée à Rodin 74<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 M.-T. Lung-Fou, Contes créoles, « Compère Lapin et le Grand Diable » 75<br />

J. de la Fontaine, Fables, « Le Loup et l’Agneau » 75<br />

2 D. Diderot, Ceci n’est pas un conte 75<br />

3 Ovide, Les Métamorphoses, « Arachné » 75<br />

Prolongements 76


M. Luther King, I have<br />

a dream<br />

J.-J. Rousseau, Discours<br />

sur les sciences et<br />

les arts<br />

J. Prévert, « Barbara »<br />

La Bruyère,<br />

Les Caractères, Livre IX<br />

« Des Grands »<br />

J.-J. Rousseau,<br />

Discours sur les<br />

sciences et les arts<br />

Frontispice de<br />

L’Encyclopédie…<br />

É. Vigée-Le Brun,<br />

Autoportrait…<br />

Q. de la Tour, Portrait<br />

de la Marquise de<br />

Pompadour<br />

Séquence 7 Les pouvoirs du discours<br />

TEXTE 1 Bossuet, Sermon du mauvais riche 77<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 V. Hugo, Discours sur la misère 78<br />

TEXTE 2 Voltaire, Candide 79<br />

D’UN TEXTE A L’AUTRE 2 A. Césaire, Discours sur le colonialisme 80<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Voltaire, Candide 81<br />

TEXTE 3 Beccaria, Des délits et des peines 84<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 R. Badinter, Discours à l’Assemblée nationale 85<br />

ANALYSE D’IMAGE W. Ronis, Rose Zehner 86<br />

HISTOIRE DES ARTS Les maîtres du discours en sculpture 86<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 Cicéron, Première Catilinaire 87<br />

2 Saint-Just, Discours à la Convention 87<br />

3 J.-M. G. Le Clézio, « Dans la forêt des paradoxes » 87<br />

4 J. Prévert, Paroles, « Le discours sur la paix » 88<br />

Prolongements 89<br />

Séquence 8 Les écrits polémiques des Lumières<br />

SOMMAIRE<br />

TEXTE 1 Montesquieu, Lettres persanes 90<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J. de la Bruyère, Les Caractères 91<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Montesquieu, Lettres persanes 92<br />

TEXTE 2 Voltaire, Dictionnaire philosophique, « Fanatisme » 93<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 J.-F. Marmontel, Les Incas 94<br />

TEXTE 3 D. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville 95<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 J.-J. Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité 96<br />

ANALYSE D’IMAGE Man Ray, Portrait imaginaire du marquis de Sade 97<br />

HISTOIRE DES ARTS La représentation du sauvage 98<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 D. Diderot, Encyclopédie, article « Réfugiés » 98<br />

2 J.-J. Rousseau, Émile ou De l’éducation 98<br />

3 P. Choderlos de Laclos, De l’éducation des femmes 99<br />

4 Marquis de Sade, La Philosophie dans le boudoir 99<br />

Prolongements 100<br />

7


SOMMAIRE<br />

8<br />

Chapitre 3 La poésie, du romantisme au symbolisme<br />

S. Gainsbourg,<br />

La Nuit d’Octobre<br />

A. Cabanel, Phèdre<br />

M. Desbordes-Valmore,<br />

« Je ne sais plus »<br />

G. F. Kersting,<br />

La Brodeuse<br />

C. Baudelaire,<br />

« Parfum exotique »<br />

G. Brassens, Il n’y a<br />

pas d’amour heureux<br />

G. Courbet,<br />

L’Atelier du peintre<br />

F. Nadar, Portrait<br />

de Charles Baudelaire<br />

A. Rimbaud,<br />

« À la musique »<br />

Séquence 9 Romantisme et lyrisme amoureux<br />

TEXTE 1 A. de Lamartine, Méditations poétiques, « Le lac » 101<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 T. de Viau, Œuvres poétiques, « La solitude » 102<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE A. de Lamartine, Méditations poétiques, « Le lac » 102<br />

ANALYSE D’IMAGE C. D. Friedrich, Homme et femme contemplant la lune 103<br />

TEXTE 2 A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de décembre » 104<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 L. Labé, Sonnets, « Prédit me fut… » 105<br />

TEXTE 3 G. de Nerval, Odelettes, « Les Cydalises »<br />

et « Une allée du Luxembourg » 106<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 Tibulle, Élégies 107<br />

HISTOIRE DES ARTS Poésie et musique à l’époque romantique 107<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 A. de Lamartine, Méditations poétiques, « L’isolement » 108<br />

2 C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Paysage » 108<br />

3 F.-R. de Chateaubriand, René 108<br />

4 Pétrarque, Canzoniere, « En retournant en Italie » 109<br />

5 A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de mai » 109<br />

6 L. G. Damas, Névralgies, « Quand bien même » 109<br />

Prolongements 111<br />

Séquence 10 Romantisme et engagement<br />

ANALYSE D’IMAGE F. de Goya, Le 2 mai 1808 112<br />

TEXTE 1 V. Hugo, Les Orientales, « L’enfant » 112<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J. Prévert, Paroles, « Chasse à l’enfant » 114<br />

TEXTE 2 A. de Lamartine, Recueillements poétiques,<br />

« Épître à Félix Guillemardet » 114<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 L. Aragon, La Diane française, « La rose et le réséda » 115<br />

TEXTE 3 V. Hugo, Les Châtiments, « Chanson » 116<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 É. Glissant, L’Intraitable Beauté du monde 117<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE V. Hugo, Les Châtiments 118<br />

HISTOIRE DES ARTS L’art engagé, de la peinture d’histoire au documentaire 119<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 V. Hugo, Les Contemplations, « Melancholia » 119<br />

2 A. Rimbaud, Poésies, « Les assis » 120<br />

3 R. Char, Fureur et mystère, « Chant du refus » et « La Liberté » 120<br />

4 L. S. Senghor, Éthiopiques, « À New York » 120<br />

Prolongements 121


G. Moreau,<br />

Œdipe voyageur<br />

T. Chassériau,<br />

Andromède…<br />

C. Baudelaire,<br />

« Parfum exotique »<br />

F. Nadar, Portrait de<br />

Charles Baudelaire<br />

A. Rimbaud,<br />

« À la musique »<br />

E. Le Sueur, Clio,<br />

Euterpe et Thalie<br />

G. Apollinaire récitant<br />

« Le Pont Mirabeau »<br />

G. Brassens, Il n’y a<br />

pas d’amour heureux<br />

C. Cahun,<br />

Le Cœur de Pic<br />

C. Guichard,<br />

Louise Bourgeois<br />

Séquence 11 La poésie symboliste<br />

ANALYSE D’IMAGE D. G. Rossetti, Lilith 122<br />

TEXTE 1 P. Verlaine, Poèmes saturniens, « Mon rêve familier » 123<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Parfum exotique » 124<br />

TEXTE 2 S. Mallarmé, Poésies, « Tristesse d’été » 124<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 C. Baudelaire, Le Spleen de Paris,<br />

« Un hémisphère dans une chevelure » 125<br />

TEXTE 3 A. Rimbaud, « Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir » 126<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « À une passante » 128<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE A. Rimbaud, Poésies 128<br />

HISTOIRE DES ARTS Les représentations de la Muse 130<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 V. Hugo, Les Feuilles d’automne, « Soleils couchants » 131<br />

2 P. Verlaine, Poèmes saturniens, « Soleils couchants » 131<br />

2 T. de Banville, Les Exilés, « Hérodiade » 131<br />

3 R. de Gourmont, Sixtine 132<br />

Prolongements 133<br />

Séquence 12 De l’Esprit nouveau au surréalisme<br />

SOMMAIRE<br />

TEXTE 1 B. Cendrars, « La prose du Transsibérien<br />

et de la petite Jehanne de France » 134<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 P. Soupault, Westwego 135<br />

TEXTE 2 G. Apollinaire, Alcools, « Zone » 136<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 P. Eluard - Man Ray, Les Mains libres 137<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE G. Apollinaire, Alcools 138<br />

TEXTE 3 A. Breton, Clair de terre « L’aigrette » 139<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 L. Aragon, Les Yeux d’Elsa, « Les yeux d’Elsa » 140<br />

ANALYSE D’IMAGE R. Magritte, Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt 141<br />

HISTOIRE DES ARTS Engagement et provocation dans les arts surréalistes 141<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 A. Breton, Manifeste du surréalisme 142<br />

2 A. Breton et P. Soupault, Les Champs magnétiques, « La glace sans tain » 142<br />

3 R. Desnos, Destinée arbitraire, « Chant pour la belle saison » 142<br />

4 P. Reverdy, Le Chant des morts, « Outre mesure » 143<br />

Prolongements 144<br />

9


SOMMAIRE<br />

10<br />

Chapitre 4 Le récit au XIX e siècle,<br />

entre réalisme et naturalisme<br />

H. de Balzac,<br />

extrait du Père Goriot<br />

G. Courbet,<br />

L’Atelier du peintre<br />

E. Degas, Repasseuses<br />

H. de Toulouse-Lautrec,<br />

La Toilette<br />

G. de Maupassant,<br />

« Le Masque »<br />

J. Losey,<br />

Don Giovanni<br />

Séquence 13 Les sources du roman réaliste<br />

TEXTE 1 Stendhal, Le Rouge et le Noir 145<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 A. R. Lesage, Histoire de Gil Blas de Santillane 146<br />

TEXTE 2 H. de Balzac, Le Père Goriot 147<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 Rétif de la Bretonne, La Paysanne pervertie 148<br />

ANALYSE D’IMAGE G. Courbet, Un enterrement à Ornans 149<br />

TEXTE 3 G. Flaubert, Madame Bovary 149<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 D. Diderot, La Religieuse 151<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE G. Flaubert, Madame Bovary 151<br />

HISTOIRE DES ARTS Scènes de genre et vie quotidienne en peinture 154<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 M. de Cervantès, Don Quichotte de la Manche 154<br />

2 Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves 154<br />

3 Abbé Prévost, Manon Lescaut<br />

4 D. Diderot, Le Neveu de Rameau<br />

154<br />

G. de Maupassant, Bel-Ami 155<br />

5 Dissertation sur le réalisme 155<br />

Prolongements 156<br />

Séquence 14 L’amour dans le récit réaliste<br />

TEXTE 1 Stendhal, La Chartreuse de Parme 157<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 H. de Balzac, Le Lys dans la vallée 158<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE Stendhal, La Chartreuse de Parme 159<br />

TEXTE 2 A. Dumas fils, La Dame aux camélias 160<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 P. Mérimée, « Carmen » 161<br />

ANALYSE D’IMAGE G. Verdi, La Traviata 162<br />

TEXTE 3 G. Flaubert, L’Éducation sentimentale 162<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 I. Tourgueniev, Premier amour 163<br />

HISTOIRE DES ARTS La représentation de la femme fatale 164<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 H. de Balzac, Eugénie Grandet 164<br />

2 V. Hugo, Les Misérables 165<br />

3 J. Champfleury, préface au Réalisme 165<br />

4 E. Feydeau, Fanny 165<br />

Prolongements 167


Arbre généalogique<br />

des Rougon-Macquart<br />

É. Zola, Préface au<br />

Roman expérimental<br />

G. de Maupassant,<br />

« Le Masque »<br />

E. Degas, Repasseuses<br />

M. Cassatt, À l’Opéra<br />

H. de Toulouse-Lautrec,<br />

La Toilette<br />

J. Tardi, illustration<br />

du Voyage…<br />

Entretien avec le<br />

romancier J.-P. Blondel<br />

C. Chabrol,<br />

La Cérémonie<br />

Barbara, Göttingen<br />

J.-P. Blondel, Qui vive ?<br />

M. Condé, La Belle<br />

Créole<br />

G. Méliès,<br />

La Sirène<br />

Séquence 15 Le récit naturaliste<br />

TEXTE 1 É. Zola, Thérèse Raquin 168<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 J. B. D’Aurevilly, « Le bonheur dans le crime » 169<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE É. Zola, Thérèse Raquin 169<br />

TEXTE 2 É. Zola, « Le Forgeron » 171<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 J.-K. Huysmans, « La retraite de M. Bougran » 172<br />

ANALYSE D’IMAGE C. Monet, Les Déchargeurs de charbon 172<br />

TEXTE 3 G. de Maupassant, Une vie 173<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 É. Zola, La Joie de vivre 174<br />

HISTOIRE DES ARTS L’impressionnisme 175<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 A. Daudet, Lettres de mon moulin 175<br />

2 É. Zola, préface du Roman expérimental 175<br />

3 E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux 176<br />

4 G. de Maupassant, La Petite Roque 176<br />

Prolongements 177<br />

Séquence 16 Le réalisme aux XX e et XXI e siècles<br />

SOMMAIRE<br />

TEXTE 1 L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit 178<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 1 F. Bon, Sortie d’usine 179<br />

ANALYSE D’IMAGE C. Chaplin, Les Temps modernes 180<br />

TEXTE 2 A. Camus, La Peste 180<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 2 F. Vargas, Pars vite et reviens tard 181<br />

TEXTE 3 P. Claudel, Les Âmes grises 182<br />

D’UN TEXTE À L’AUTRE 3 P. Grimbert, Un secret 183<br />

ÉTUDE D’ŒUVRE INTÉGRALE P. Claudel, Les Âmes grises 184<br />

HISTOIRE DES ARTS Le cinéma, un art réaliste ? 185<br />

Exercices d’approfondissement<br />

1 F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux 185<br />

2 R. Gary (Émile Ajar), La Vie devant soi 186<br />

3 S. Germain, Magnus 186<br />

4 L. Gaudé, La Porte des enfers 186<br />

Prolongements 187<br />

11


12<br />

Chapitre 1<br />

Chapitre 2<br />

Chapitre 3<br />

FICHE 1 L’histoire et le sens des mots<br />

◗ Exercices d’application : R. Queneau ; M me de La Fayette ; É. Zola ; L.-F. Céline 190<br />

FICHE 2 Classe et fonction grammaticales<br />

◗ Exercices d’application : F. Rabelais ; C. Lévi-Strauss ; C. de Troyes ; É. Zola ; 193<br />

V. Hugo ; F. R. de Chateaubriand ; G. Flaubert ; A. de Musset<br />

FICHE 3 La syntaxe<br />

◗ Exercices d’application : J.-P. Sartre ; M. Yourcenar ; C. Baudelaire ; A. de Musset ; Alain 195<br />

FICHE 4 La morphologie et les temps verbaux<br />

◗ Exercices d’application : G. Sand ; H. de Balzac 197<br />

FICHE 5 L’orthographe<br />

◗ Exercices d’application : P. Loti ; G. de Maupassant 198<br />

FICHE 6 L’énonciation, la communication et la modalisation<br />

◗ Exercices d’application : J. Racine ; Hergé ; P. Modiano ; J.-J. Rousseau ; 199<br />

V. Hugo ; É. Zola<br />

FICHE 7 Les figures de rhétorique<br />

◗ Exercices d’application : V. Hugo ; G. de Maupassant ; Voltaire ; É. Zola 201<br />

Les types de texte<br />

PARTIE II<br />

Outils d’analyse<br />

Les outils de l’analyse stylistique<br />

FICHE 1 Le texte narratif<br />

◗ Exercices d’application : Voltaire ; J. Verne ; P. Corneille 204<br />

FICHE 2 Le texte descriptif<br />

◗ Exercices d’application : V. Hugo ; R. Gary ; É. Zola 206<br />

FICHE 3 Le texte argumentatif<br />

◗ Exercices d’application : J. Racine ; J.-C. Carrière et U. Eco ; V. Hugo ; 207<br />

E. Rostand ; H. Matisse<br />

FICHE 4 Le texte explicatif<br />

◗ Exercices d’application : A. Christie ; D. Diderot ; A. Gavalda 209<br />

Les notions propres au théâtre<br />

FICHE 1 La parole théâtrale<br />

◗ Exercices d’application : J. Cocteau ; Beaumarchais ; A. Camus ; J. Tardieu ; 211<br />

L. Pirandello ; G. de Maupassant<br />

FICHE 2 L’espace, le geste et le jeu au théâtre<br />

◗ Exercices d’application : A. de Musset ; E. Ionesco ; É.-E. Schmitt ; Molière ; J. Racine 213<br />

FICHE 3 Les genres théâtraux<br />

◗ Exercices d’application : P. Corneille ; Molière ; A. Dumas ; P. Claudel ; 215<br />

La Farce de maître Pathelin<br />

FICHE 4 Les registres comique et tragique<br />

◗ Exercices d’application : M. Pagnol ; J. Anouilh ; Molière ; J. Racine ; E. Ionesco 217


Chapitre 4 Les notions propres à l’argumentation<br />

FICHE 1 Les genres de l’argumentation<br />

◗ Exercices d’application : F. T. Marinetti ; B. Vian ; J. Onimus 219<br />

FICHE 2 Convaincre ou persuader<br />

◗ Exercices d’application : W. Benjamin ; É. Zola ; Voltaire ; J.-J. Rousseau ; 221<br />

T. Ben Jelloun ; P. Vasset<br />

FICHE 3 L’art oratoire et les types de raisonnement<br />

◗ Exercices d’application : O. Welles ; B. Cendrars ; Voltaire 223<br />

FICHE 4 Le registre polémique et l’ironie<br />

◗ Exercices d’application : J.-C. Carrière ; Voltaire ; J.-J. Rousseau ; P. Corneille ; P. Valéry 224<br />

Chapitre 5 Les notions propres à la poésie<br />

FICHE 1 Le vers et la strophe<br />

◗ Exercices d’application : C.-M. Leconte de Lisle ; V. Hugo ; J. Racine ; A. Rimbaud ; 226<br />

T. de Banville ; S. Mallarmé ; P. de Ronsard ; P. Corneille ; C. Baudelaire ; P. Verlaine ;<br />

V . Hugo ; G. Apollinaire<br />

FICHE 2 La poésie traditionnelle<br />

◗ Exercices d’application : J. de La Fontaine ; V. Hugo ; J. Racine ; J. Du Bellay ; 228<br />

E. Rostand ; N. Boileau ; P. Verlaine ; S. Prudhomme<br />

FICHE 3 La poésie moderne<br />

◗ Exercices d’application : G. Apollinaire ; F. Ponge ; H. Michaux ; J. Prévert ; 231<br />

O. Barbarant ; J. Supervielle<br />

FICHE 4 Les registres lyrique et élégiaque<br />

◗ Exercices d’application : P. de Ronsard ; V. Hugo ; A. Gide ; Colette ; D. Rolin ; 233<br />

A. de Musset<br />

Chapitre 6 Les notions propres au récit<br />

FICHE 1 Le temps et l’espace dans un récit<br />

◗ Exercices d’application : Stendhal ; Abbé Prévost ; G. de Maupassant ; Y. Kawabata ;<br />

T. Gautier ; A. Conan Doyle ; A. Kourouma 236<br />

FICHE 2 La structure du récit<br />

◗ Exercices d’application : J. de La Fontaine ; Les Mille et une Nuits ; D. Buzzati 238<br />

FICHE 3 Le narrateur<br />

◗ Exercices d’application : L.-F. Céline ; A. Rahimi ; Homère ; B. Cendrars ; L. Aragon 239<br />

FICHE 4 Le personnage<br />

◗ Exercices d’application : U. Eco ; R. Bradbury ; R. Radiguet ; Vercors ; A. Dumas 241<br />

FICHE 5 Les registres épique et fantastique<br />

◗ Exercices d’application : J. Conrad ; T. Gautier ; Z. Oldenbourg ; E. A. Poe 243<br />

Chapitre 7 L’analyse de l’image<br />

SOMMAIRE<br />

FICHE 1 L’image fixe<br />

◗ Exercices d’application : V. Kandinsky ; E. Steichen ; G. Caillebotte ; J.-A. Watteau ; 245<br />

caricature du Charivari ; P. Puvis de Chavannes ;<br />

FICHE 2 L’image mobile<br />

◗ Exercices d’application : F. Ozon ; F. Truffaut ; Q. Tarentino ; A. Hitchcock 248<br />

13


14<br />

Chapitre 1<br />

Chapitre 2<br />

Chapitre 3<br />

Lire efficacement<br />

FICHE 1 Lire des consignes<br />

◗ Exercices d’entraînement 252<br />

FICHE 2 Lire de manière expressive<br />

◗ Exercices d’entraînement 253<br />

FICHE 3 Lire pour apprendre<br />

◗ Exercices d’entraînement 256<br />

Prendre des notes<br />

PARTIE III<br />

Méthodes<br />

FICHE 1 Prendre des notes et organiser ses cours<br />

◗ Exercices d’entraînement 258<br />

FICHE 2 Prendre des notes et préparer un exposé<br />

◗ Exercices d’entraînement 260<br />

FICHE 3 Tenir son portfolio en enseignement d’exploration<br />

◗ Exercices d’entraînement 263<br />

FICHE 4 S’initier à l’exposé de lecture analytique<br />

◗ Exercices d’entraînement 265<br />

Rédiger et synthétiser<br />

FICHE 1 Justifier à l’aide d’arguments<br />

◗ Exercices d’entraînement 268<br />

FICHE 2 Choisir et insérer des exemples<br />

◗ Exercices d’entraînement 271<br />

FICHE 3 Rédiger un paragraphe argumentatif<br />

◗ Exercices d’entraînement 273<br />

FICHE 4 Rédiger un compte rendu ou une synthèse<br />

◗ Exercices d’entraînement 277


Chapitre 4<br />

Chapitre 5<br />

Chapitre 6<br />

Rédiger un commentaire littéraire<br />

FICHE 1 Découvrir le texte et dégager ses intérêts littéraires<br />

◗ Exercices d’entraînement 280<br />

FICHE 2 Formuler un projet de lecture à partir de l’analyse détaillée<br />

◗ Exercices d’entraînement 283<br />

FICHE 3 Construire un plan de développement de commentaire<br />

◗ Exercices d’entraînement 287<br />

FICHE 4 Rédiger l’intégralité d’un commentaire 289<br />

◗ Exercices d’entraînement 290<br />

Lire un corpus et rédiger une dissertation<br />

FICHE 1 Répondre à une question sur un corpus<br />

◗ Exercices d’entraînement 297<br />

FICHE 2 Analyser et problématiser un sujet de dissertation<br />

◗ Exercices d’entraînement 299<br />

FICHE 3 Construire un plan de dissertation<br />

◗ Exercices d’entraînement 302<br />

FICHE 4 Rédiger l’introduction et la conclusion d’une dissertation 306<br />

◗ Exercices d’entraînement 307<br />

FICHE 5 Rédiger un paragraphe de dissertation 308<br />

◗ Exercices d’entraînement 309<br />

Pratiquer l’écriture d’invention<br />

SOMMAIRE<br />

FICHE 1 Transposer<br />

◗ Exercices d’entraînement 312<br />

FICHE 2 Réécrire<br />

◗ Exercices d’entraînement 313<br />

FICHE 3 Imaginer et créer<br />

◗ Exercices d’entraînement 314<br />

FICHE 4 Inventer et argumenter<br />

◗ Exercices d’entraînement 315<br />

15


p a r t i e i<br />

Textes


C H a p i t r e<br />

Analyse<br />

d’image<br />

Le poète d’Hadrumetum<br />

➜ p. 32<br />

Objectif : Étudier une représentation de l’acteur<br />

de théâtre dans l’Antiquité.<br />

Questions<br />

1<br />

Première approche<br />

1. Deux hommes en toge, l’un assis sur une chaise<br />

surélevée, l’autre debout ; deux masques de théâtre ;<br />

une boîte avec des rouleaux au pied de la colonne sur<br />

laquelle s’appuie le personnage de droite.<br />

2. Effet de mise en valeur, de dynamisme et de profondeur<br />

dû au mouvement créé par les formes géométriques<br />

: losanges ocres, blancs et noirs réunis en cubes<br />

vus en perspective.<br />

Analyse<br />

3. Deux acteurs de théâtre. Vêtements = toge, caractéristique<br />

de la comédie à sujets romains (la comedia<br />

togata) ; chaussures = sandales pour l’homme à<br />

gauche et soccus, chaussure fermée propre aux acteurs<br />

comiques, pour celui de droite.<br />

Attitude = poses, l’un accoudé, l’autre le menton posé<br />

sur la main et les jambes croisées.<br />

4. Univers du théâtre : toges, chaussures, masques<br />

(représentation) et rouleaux (écriture).<br />

5. a. Rouleaux de parchemin sur lesquels les textes<br />

sont écrits.<br />

b. Texte de théâtre que les acteurs doivent jouer.<br />

6. Masque à l’expression caricaturale : bouche béante,<br />

perruque fixée sur le haut du crâne et barbe, mais les<br />

commissures des lèvres tirent la bouche vers le bas,<br />

signe d’affliction typique de la tragédie.<br />

La comédie et la tragédie<br />

classiques<br />

➜ Livre de l’élève, p. 30<br />

sÉQuenCe 1<br />

La comédie classique et ses précurseurs<br />

➜ Livre de l’élève, p. 31<br />

Question de synthèse<br />

7. Rôle social : théâtre = lieu de rassemblement public<br />

qui permet aux hommes de se rencontrer et de discuter,<br />

moment de divertissement populaire.<br />

Mosaïque sur le théâtre dans une demeure romaine<br />

=> il fait partie intégrante de la vie des citoyens<br />

romains.<br />

Prolongement : rechercher des images de masques<br />

antiques propres à la comédie et analyser leurs caractéristiques<br />

(matières, formes, types, etc.).<br />

Texte1 Texte Molière, L’École des femmes<br />

➜ p. 33<br />

Objectif : Analyser un texte comique sur le thème<br />

de la relation homme-femme et du mariage.<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Vers 1-23 : Arnolphe expose sa conception du mariage.<br />

Vers 24-44 : Arnolphe donne des ordres à Agnès pour<br />

qu’elle respecte ses devoirs d’épouse.<br />

Mais = conjonction de coordination qui oppose l’idéal<br />

du mariage (v. 1-23) aux risques qu’encourt la femme,<br />

et donc le couple : l’exemple d’autrui (v. 24-44).<br />

2. Mariage = soumission totale de la femme à son mari :<br />

dépendance (v. 5), subalterne (v. 9), soumise (v. 10),<br />

docilité (v. 15), obéissance (v. 16), etc.<br />

Mise au point<br />

3. a. Coquette = femme qui aime à se faire belle et se<br />

parer pour plaire.<br />

b. Mot formé sur le verbe coqueter qui signifiait au<br />

xvi e siècle : chanter comme le coq et bavarder, puis au<br />

17


xvii e siècle : se pavaner comme le coq au milieu de ses<br />

poules. => femme = être superficiel qui se prête aux<br />

bavardages et commérages.<br />

Analyse<br />

4. Impératif présent => Arnolphe donne des ordres à<br />

Agnès pour la soumettre à son autorité.<br />

5. a. Vers 1, 2, 5, 6, etc. : l’essentiel de la tirade (définitions,<br />

recommandations, etc.)<br />

b. Valeurs de fidélité, de loyauté et de respect. La<br />

femme doit respecter son mari en lui étant fidèle et<br />

obéissante. Ex. : modèle de soumission (v. 12), sermon<br />

religieux sur le péché et l’enfer (v. 33-34), etc.<br />

6. Image hyperbolique qui vise à faire peur à Agnès,<br />

comme les vitraux et chapiteaux de colonnes dans les<br />

églises médiévales.<br />

7. Agnès est soit naïve et ne comprend pas vraiment ce<br />

que dit Arnolphe, soit étonnée et abasourdie par un tel<br />

discours.<br />

Question de synthèse<br />

8. a. Arnolphe prêche pour imposer à Agnès une pratique<br />

vertueuse = ton sentencieux et injonctif, propre<br />

au prédicateur, et références à la religion pour dissuader<br />

Agnès de le tromper => un discours proche du<br />

sermon. b. Le spectateur ne peut pas prendre les recommandations<br />

d’Arnolphe au premier degré car elles sont<br />

exagérées, fondées sur une vision manichéenne de la<br />

relation entre époux. Les images qu’il utilise pour faire<br />

peur à Agnès sont hyperboliques et font rire.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. a. Au xvii e siècle, le mariage de la femme<br />

correspond au passage de l’autorité paternelle à l’autorité<br />

maritale. La femme est soumise et dépendante de<br />

son mari. Si beaucoup pensent encore que la femme<br />

est le sexe faible, faite pour servir les besoins de son<br />

mari, s’occuper des enfants et des tâches domestiques,<br />

certains défendent au contraire son émancipation,<br />

comme Fénelon dans son Traité de l’éducation des<br />

filles et Madame de Maintenon qui crée, avec l’aide de<br />

Louis XIV, Saint-Cyr, une institution pour les filles.<br />

Molière est ambigu : L’École des femmes défend<br />

l’éducation des filles mais Les Femmes savantes, par<br />

exemple, avec le triomphe d’Henriette, incarnation de la<br />

mère et de l’épouse asservie, contredit cette conception.<br />

b. Soumission et obéissance à l’autorité du mari,<br />

respect de l’honneur dû à l’homme, chef de famille<br />

(= représentant du Christ dans la sphère familiale).<br />

18<br />

10. Entraînement au débat. Arguments à mettre en<br />

forme et à développer en vue d’un débat oral :<br />

– mari = chef de la femme (argument d’Arnolphe,<br />

v. 17-18) => contre-argument = réalité chrétienne<br />

remise en cause par les responsabilités accordées<br />

aux femmes (vie familiale et professionnelle) depuis<br />

longtemps. Ex. : rôle des femmes dans l’économie de<br />

guerre pendant la Première Guerre mondiale.<br />

– femme = victime des assauts du malin (v. 27) => vision<br />

chrétienne du couple contredite par la modernité,<br />

autonome de la religion, ou par la référence à d’autres<br />

sphères sociologiques, culturelles et intellectuelles<br />

(cf. exemple d’une tribu mélanésienne où les femmes<br />

chassent et où les hommes s’occupent des enfants,<br />

dans La Cause des femmes de G. Halimi, 1974).<br />

Prolongement : lire Les Femmes savantes (1672) de<br />

Molière et le premier chapitre du Traité de l’éducation<br />

des filles (1687) de Fénelon afin de comparer deux<br />

visions opposées de la condition des femmes au xvii e<br />

siècle.<br />

Texte Aristophane, Lysistrata<br />

d’un<br />

À l’autre 1<br />

➜ p. 35<br />

Objectif : Analyser un texte antique sur la relation<br />

homme-femme en lien avec le texte de Molière.<br />

Questions<br />

1. Les femmes considèrent qu’elles ont le droit de<br />

porter et d’exprimer publiquement un jugement sur<br />

les affaires des hommes : À votre tour d’écouter nos<br />

conseils et de vous taire (l. 21) ≠ le ministre soutient<br />

qu’elles doivent garder le silence : Quelle horreur !<br />

C’en est trop (l. 23).<br />

2. Apostrophes peu flatteuses : Lysistrata au ministre,<br />

imbécile (l. 16) ; le ministre à Lysistrata, sale peste<br />

(l. 25).<br />

Lysistrata ne cesse de répéter Tais-toi (l. 24 et l. 28)<br />

au ministre, et ils se répondent en reprenant sur le<br />

mode interrogatif les termes de l’autre : Raison ?<br />

(l. 16), Vous ?… Nous ?... (l. 23), Moi ? (l. 25). Le ton est<br />

polémique.<br />

3. a. on n’avait pas le droit de dire le quart du début<br />

d’un mot (l. 2-3) => autorité masculine. vous aviez<br />

pris des décisions désastreuses (l. 4-5 ; idée reprise,<br />

l. 16-17), nouvelle décision, encore plus catastrophique<br />

(l. 11) => inconséquence masculine.


. Fonction critique : les paroles rapportées sont dures.<br />

Elles permettent également de rendre la critique plus<br />

vivante et plus réelle grâce au discours direct : dialogue<br />

entre une femme curieuse et son mari furieux (l. 6-7,<br />

12-14) mettant en évidence le machisme : La guerre est<br />

une affaire d’hommes (l. 14).<br />

4. a. D’ailleurs (l. 3), Alors (l. 5). b. Raisonnement clair<br />

et logique => il prouve que Lysistrata sait raisonner.<br />

5. a. Verbe taire : l. 7, 8, 9, 10, 21, 24, 25, 28.<br />

Comique de répétition, avec les personnages qui<br />

veulent alternativement faire taire l’autre.<br />

b. Relations tendues, affrontement qui s’apparente à la<br />

guerre des sexes.<br />

Vis-à-vis : Molière et Aristophane<br />

6. Dans les deux pièces, les femmes sont soumises<br />

à l’autorité masculine mais tentent consciemment<br />

(Aristophane) ou inconsciemment (Molière) de s’imposer.<br />

7. a. Arnolphe domine l’échange, seul à parler ≠ le<br />

ministre, quasiment réduit au silence.<br />

b. Remarque : la photographie de mise en scène est à<br />

la page 35 et non 33. Iconographie. Attitude ferme de<br />

la femme : position droite malgré la menace du corps<br />

de l’homme, regard ferme qui soutient celui de son partenaire,<br />

main presque prête à s’élever contre lui.<br />

Prolongement : effectuer une recherche approfondie<br />

sur les femmes rebelles de l’Antiquité (Sapho, Médée,<br />

Électre, Antigone, etc.) et sur l’objet, la forme et le but<br />

de leur rébellion.<br />

Étude d’œuvre intÉgrale<br />

Molière, L’École des femmes ➜ p. 37<br />

Objectif : Comprendre les principes de la comédie<br />

classique en analysant la façon dont Molière utilise<br />

le type comique du monomane.<br />

Pistes d’analyse<br />

1. Les personnages<br />

Acte I :<br />

– scène 1 : Agnès apparaît très disciplinée et innocente<br />

dans le portrait qu’en fait Arnolphe (v. 79-80 ; v. 135-<br />

148 ; v. 159-164). Présentée comme un morceau de cire<br />

(v. 810) qu’il a façonné lui-même ;<br />

– scène 3 : brève apparition où elle n’exprime que des<br />

paroles de politesse, fruit de son éducation au couvent.<br />

Acte II :<br />

– scène 5 : Agnès prend la parole et se confie naïvement<br />

à Arnolphe en lui racontant sa rencontre avec Horace.<br />

Elle y livre ses sentiments pour le jeune homme<br />

(v. 559-564), signe que s’éveillent en elle les sens et par<br />

là même la conscience d’une possible liberté.<br />

Acte III :<br />

– scène 4 : malgré le sermon et les Maximes du Mariage<br />

proférés par Arnolphe, Agnès progresse dans son éveil<br />

et son émancipation en faisant preuve de ruse. Elle a<br />

jeté une lettre d’amour à Horace dans un grès (v. 910-<br />

925). Horace lit à Arnolphe la lettre où Agnès lui révèle<br />

ses sentiments et son éveil : je commence à connaître<br />

qu’on m’a toujours tenue dans l’ignorance.<br />

Acte IV :<br />

– scène 6 : tirade d’Horace qui révèle qu’Agnès gagne<br />

en confiance et en audace en l’ayant fait entrer dans<br />

sa chambre et en l’ayant enfermé dans une grande<br />

armoire (v. 1152) à l’arrivée d’Arnolphe ; elle lui a donné<br />

rendez-vous dans la nuit (v. 1170-1175).<br />

Acte V :<br />

– dénouement : victoire des jeunes amoureux au<br />

détriment du barbon. Agnès libérée de l’autorité<br />

d’Arnolphe par le père d’Horace => libre et amoureuse,<br />

elle avoue ouvertement son amour pour Horace et<br />

affirme avec fermeté qu’elle n’aime pas Arnolphe<br />

(v. 1605-1606).<br />

De l’ingénue à la femme libre et amoureuse, Agnès a<br />

conquis sa liberté grâce à son instinct et en écoutant<br />

son cœur. Molière, à la différence de son personnage<br />

Arnolphe, est l’un des rares, au xvii e siècle, à prôner le<br />

mariage d’amour et à faire triompher l’énergie de la<br />

jeunesse au détriment des choix des parents.<br />

2. L’intrigue et la construction<br />

de la pièce<br />

Acte III, scène 1, vers 643-646 et vers 657-662 :<br />

référence d’Arnolphe à la scène où Agnès lance une<br />

pierre à Horace.<br />

Acte III, scène 4, vers 858-938 : récit du grès jeté par<br />

Agnès à Horace.<br />

Acte IV, scène 6, vers 1143-1175 : récit de la scène dans<br />

la chambre d’Agnès ; Horace est caché dans l’armoire<br />

tandis qu’Arnolphe se met en colère.<br />

Acte IV, scène 9 : Arnolphe donne des ordres à Alain<br />

et Georgette pour déjouer les plans d’Horace, il fait le<br />

récit par anticipation d’une scène qui se passe entre les<br />

actes IV et V.<br />

19


=> fonction dramatique : ces récits racontent des actions<br />

en laissant le spectateur imaginer ce qui s’est passé hors<br />

scène. Intrigue plus dynamique, plus vivante.<br />

3. Le comique<br />

Cette pièce n’est pas seulement comique : les monologues<br />

d’Arnolphe = douleur et désarroi, accents tragiques.<br />

Ces monologues apparaissent après les tirades<br />

d’Horace qui révèlent son échec.<br />

Champ lexical du désespoir et de la mort = souffrance :<br />

acte III, scène 5 = mortifie (v. 977), me voilà mort<br />

(v. 982), funeste écrit (v. 982), désespoir (v. 985), peine<br />

mortelle (v. 985), je souffre (v. 986), pâtit (v. 987), je<br />

crève (v. 1000) ; acte IV, scène 1 = je crève (v. 1024),<br />

mon triste sort (v. 1025) ; acte IV, scène 7 = désespérer<br />

(v. 1182), tant de tristesse (v. 1212).<br />

Désespoir mais aussi colère, marquée par le ton vif<br />

et emporté des monologues = multiplication des<br />

exclamations (v. 977, 978, 979, 995, 1007, 1012, 1034,<br />

1035) et des questions (v. 1000, 1024, 1182-1187, 1202).<br />

20<br />

activitÉs comPlÉmentaiRes<br />

1. Entraînement à la dissertation<br />

a. Règles de la comédie classique :<br />

– règle des trois unités (temps, lieu, action) = les trois<br />

unités sont respectées, la scène se déroule en une<br />

journée, Arnolphe précise qu’il veut se marier dès ce<br />

soir (v. 622), dans un seul lieu, dans une place de la<br />

ville, et les personnages entrent dans la maison à la<br />

fin pour régler l’affaire. Action unique, centrée sur le<br />

personnage principal, Arnolphe ;<br />

– règle de vraisemblance = invraisemblance majeure<br />

dans la pièce, l’évolution rapide d’Agnès, soulignée<br />

par les détracteurs de Molière qui y a répondu dans La<br />

Critique de L’École des femmes ;<br />

– règle de bienséance = fausse mort d’Horace à la<br />

scène 2 de l’acte V, rapportée par un récit, ce qui<br />

souligne le respect de cette règle ;<br />

– présence de tous les personnages sur scène dans la<br />

scène finale = règle respectée ;<br />

– dénouement heureux = chacun retrouve sa place et<br />

célèbre un amour libre entre deux jeunes gens.<br />

b. Partie I. Aspects classiques de l’œuvre<br />

1 er § : respect des principales règles de la comédie<br />

classique.<br />

2 e § : peu d’invraisemblance dans la psychologie des<br />

personnages et dans l’intrigue.<br />

3 e § : mise en scène de caractères propres aux<br />

hommes et observables dans la société.<br />

Partie II. Écarts par rapport au classicisme<br />

1 er § : abondance de récits dans la pièce qui soulignent<br />

que l’action évolue surtout hors-scène.<br />

2 e § : nombreux monologues normalement typiques<br />

de la tragédie et qui nuisent parfois à la vraisemblance.<br />

3 e § : mélange entre comique et tragique à travers le<br />

personnage d’Arnolphe qui oscille entre la tyrannie<br />

désespérée et le ridicule.<br />

2. Écriture d’invention<br />

Forme : monologue = personnage seul sur scène qui<br />

s’adresse à la fois au public et à lui-même.<br />

Contenu : cri de douleur d’Arnolphe à la scène 9 de<br />

l’acte V, Oh ! (v. 1764), il ne peut plus parler, en proie<br />

au désarroi.<br />

Désespoir d’Arnolphe, sentiment d’avoir été dupé et<br />

discours de déception au sujet des femmes.<br />

Texte2 Texte Molière, Le Misanthrope<br />

➜ p. 38<br />

Objectif : Analyser un texte comique mettant en scène<br />

un monomane misanthrope.<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Alceste reproche à la vie en société d’être fondée sur<br />

la méchanceté et sur des rapports hypocrites qui couvent<br />

tout ce qui est malsain.<br />

2. Alceste déteste le genre humain, de façon absolue :<br />

un grand mal à la nature humaine (v. 12), je hais tous<br />

les hommes (v. 17) – car il est fourbe et faux selon lui.<br />

Mise au point<br />

3. Interruption d’Alceste qui refuse de concéder quoi<br />

que ce soit à Philinte, sa haine est universelle et ne<br />

saurait se satisfaire du raisonnement initié par son<br />

ami : dans le siècle où nous sommes…<br />

Analyse<br />

4. a. Présentation des caractères des personnages. Le<br />

lecteur est d’emblée averti de la misanthropie excessive<br />

d’Alceste et de la modération de Philinte qui joue<br />

le rôle du raisonneur.<br />

b. Conversation prise en cours = évocation de faits passés,<br />

discussion à bâtons rompus perceptible d’entrée<br />

de jeu par l’adverbe Non, en réponse, sur lequel s’ouvre<br />

la pièce.


5. Thèse d’Alceste : les hommes sont mauvais et dignes<br />

de haine.<br />

Exemple en guise d’argument : le personnage du franc<br />

scélérat (v. 23-39) qui parvient à tromper tout le monde<br />

par vice et hypocrisie.<br />

6. Portrait d’un homme qui déteste tous les hommes,<br />

d’un acariâtre, d’un misanthrope.<br />

Risque de regret d’une attitude sans réserve : rime<br />

significative soudains / humains (v. 42-43). Le moindre<br />

mouvement d’humeur peut entraîner le retrait définitif.<br />

7. Champ lexical de l’hypocrisie : complaisance (v. 22),<br />

masque (v. 24), traître (v. 24), ton radouci (v. 26), sales<br />

emplois (v. 29), fourbe (v. 34), infâme (v. 34), scélérat<br />

(v. 34), grimace (v. 36), brigue (v. 38), vice (v. 41)<br />

=> portrait-charge de l’homme avec lequel Alceste est<br />

en procès (v. 23), et par là même de toute la société.<br />

Question de synthèse<br />

8. Alceste, misanthrope au caractère excessif ≠ Philinte,<br />

raisonneur au caractère modéré.<br />

Vocabulaire hyperbolique dans les répliques d’Alceste :<br />

Tous les hommes me sont à tel point odieux (v. 10), une<br />

effroyable haine (v. 13), je hais tous les hommes (v. 17)<br />

≠ vocabulaire mesuré chez Philinte : tout de bon (v. 1),<br />

Encore en est-il bien (v. 16).<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche.<br />

a. Misanthrope = du verbe grec misein qui signifie<br />

« haïr » et du nom grec anthropos qui signifie « être<br />

humain » (≠ andros : « homme »).<br />

b. Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux : atrabilaire<br />

= terme de la médecine ancienne qui se rapporte<br />

à l’atrabile, c’est-à-dire la bile noire, celle qui engendrait<br />

des humeurs mélancoliques (angoisse, mutisme,<br />

dépression...).<br />

10. Entraînement au commentaire<br />

Partie I. Un personnage au caractère excessif<br />

1 er § : Alceste emploie des expressions hyperboliques<br />

pour désigner sa haine du genre humain = « Tous<br />

les hommes me sont à tel point odieux » (v. 10),<br />

« une effroyable haine » (v. 13), « je hais tous les<br />

hommes » (v. 17).<br />

2 e § : sa haine est universelle = interruption de la<br />

réplique de Philinte (v. 17), « elle est générale »<br />

(v. 17), « Les uns […] / Et les autres » (v. 18-19).<br />

3 e § : caractère d’autant plus excessif qu’il contraste<br />

avec la modération de Philinte qui tente de raisonner<br />

son ami en lui montrant qu’il est ridiculisé par<br />

les autres (v. 4-7).<br />

Partie II. Un réquisitoire contre le genre humain<br />

1 er § : Alceste dénonce l’hypocrisie des hommes,<br />

question 7.<br />

2 e § : blâme du genre humain à travers le « franc<br />

scélérat » (v. 23) avec lequel il est en procès, question<br />

5.<br />

3 e § : Alceste = représentant d’une morale trop<br />

absolue, mais susceptible d’émouvoir le spectateur :<br />

« de mortelles blessures, / De voir qu’avec le vice on<br />

garde des mesures » (v. 40-41).<br />

Prolongement : lire la pièce de Shakespeare, Timon<br />

d’Athènes (1607 ou 1608) mettant en scène le type<br />

même du misanthrope.<br />

Texte Ménandre, Le Bourru<br />

d’un<br />

À À l’autre 2<br />

➜ p. 40<br />

Objectif : Analyser un texte antique qui met en scène<br />

un personnage acariâtre et misanthrope, en relation<br />

avec le texte de Molière.<br />

Questions<br />

1. Le rustre, l’acariâtre, le misanthrope. En effet, il<br />

paraît bougon et bien peu amène avec qui que ce soit :<br />

La solitude, nulle part où la trouver, / Pas même pour<br />

vous pendre (v. 17-18).<br />

2. a. Phrases exclamatives : Oh ! La grouillante foule !<br />

(v. 14…) => caractère vif et sanguin.<br />

Phrases interrogatives : À ma porte ? Pour y voir<br />

quelqu’un ? (v. 22…) => caractère rustre et obsessionnel.<br />

b. Cnémon est obsédé par le fait qu’un homme puisse<br />

pénétrer sur son terrain et venir le déranger : à l’abri<br />

de toute rencontre (v. 3), pétrifier / Absolument tous les<br />

gêneurs (v. 4-5).<br />

3. par Asclépios (v. 8), dieu de la médecine, et par Zeus<br />

(v. 10), père des dieux => références qui font rire le<br />

spectateur car elles paraissent exagérées étant donné<br />

la situation du personnage.<br />

4. a. Apartés de Sostrate => effet comique car Sostrate<br />

a peur de Cnémon et ne comprend pas sa réaction.<br />

b. Grâce aux apartés, Sostrate partage avec le public<br />

ses sentiments et ses pensées, ce qui crée une complicité<br />

contre le bourru, personnage auquel il est peu<br />

agréable ou facile de s’identifier.<br />

5. a. Cette scène comporte à la fois la présentation des<br />

personnages et du caractère du personnage principal,<br />

Cnémon, et la première rencontre entre le père et celui<br />

qui aspire à être le futur gendre. L’enjeu est souligné<br />

21


par la mention de Gétas, un esclave (v. 30), certainement<br />

le type de l’esclave fourbe propre au théâtre antique.<br />

b. Annonce de scènes de ruse et de manipulation pour<br />

entrer chez Cnémon et venir à bout de cet obstacle qu’il<br />

représente :<br />

– de l’attente à prévoir, malgré la volonté de comploter<br />

en une seule journée : Il va falloir serrer les dents<br />

(v. 28), Bien des choses en un jour, un seul jour, /<br />

Peuvent arriver (v. 35-36) ;<br />

– de l’aide à envisager par l’entremise de Gétas (v. 30) :<br />

pour les affaires, / Il a une expérience des plus<br />

complètes (v. 31-32).<br />

Vis-à-vis : Molière et Ménandre<br />

6. Les deux personnages partagent une même haine<br />

de l’homme et un même désir de vivre loin du genre<br />

humain. Vers 2 et 3 du texte de Ménandre :<br />

grâce aux ailes qu’il avait, / Il était à l’abri de toute<br />

rencontre avec ceux qui marchent sur terre.<br />

et vers 42-43 du texte de Molière :<br />

Et parfois il me prend des mouvements soudains / De<br />

fuir dans un désert l’approche des humains.<br />

=> misanthropie = envie de se retirer du monde des<br />

hommes.<br />

7. a. Iconographie. Le masque placé à droite sur la table<br />

correspond au personnage de Cnémon : bouche béante<br />

et expression excessive caractéristique du personnage<br />

comique, caractère rustre lisible dans les traits froncés<br />

du front et le regard sévère.<br />

b. Le costume d’Alceste serait sombre et austère et son<br />

maquillage accentuerait un vieillissement avant l’âge<br />

et des traits sévères.<br />

Prolongement : faire une recherche plus approfondie<br />

sur les masques de théâtre dans l’Antiquité : origine,<br />

matière, caractéristiques, fonctions, etc.<br />

Texte3 Texte Molière, L’Avare<br />

➜ p. 42<br />

Objectif : Analyser une comédie classique ayant pour<br />

thème l’avarice.<br />

22<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Champ lexical du vol : voleur (l. 2), dérobé mon argent<br />

(l. 4-5), enlevé (l. 13), perdu mon support (l. 13), mais<br />

aussi du meurtre : assassin (l. 2), meurtrier (l. 3), perdu<br />

(l. 3), assassiné (l. 4), coupé la gorge (l. 4), coquin (l. 9),<br />

privé (l. 12) => caractère obsessionnel, paranoïaque et<br />

excessif.<br />

2. Première phase : l. 2-8, Harpagon s’interroge sur le<br />

voleur.<br />

Deuxième phase : l. 9-17, il est désespéré et s’apitoie<br />

sur la perte de son pauvre argent (l. 11).<br />

Troisième phase : l. 17-38, il enrage contre sa famille et<br />

le public, et décide de faire appel à la justice.<br />

Mise au point<br />

3. Phrases interrogatives (l. 5-8 ; l. 17-19 ; l. 28-32)<br />

et phrases exclamatives (l. 2-5 ; l. 8-17 ; l. 34-38)<br />

=> Harpagon est troublé et en perd la raison.<br />

Analyse<br />

4. a. Harpagon s’adresse à tous ceux qui pourraient<br />

l’entendre puis à lui-même. Mais le plus étonnant, c’est<br />

lorsqu’il s’adresse directement au public : que ditesvous<br />

? (l. 19), de quoi est-ce qu’on parle là ? (l. 28),<br />

Quel bruit fait-on là-haut ? (l. 29), N’est-il point caché<br />

là parmi vous ? (l. 31-32), Que de gens assemblés<br />

(l. 25-26), Ils me regardent tous et se mettent à rire<br />

(l. 32-33). Double interprétation = renforcement du<br />

lien avec le spectateur, ou marquage évident de sa<br />

monomanie, donc de sa folie.<br />

b. à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi<br />

(l. 24-25), des commissaires, des archers, des prévôts,<br />

des juges, des gênes, des potences et des bourreaux<br />

(l. 34-36) => les énumérations apparaissent surtout<br />

dans la deuxième partie de la tirade : Harpagon, de<br />

plus en plus enragé, est en proie à la folie.<br />

5. Rôle dramatique = accent mis sur le désarroi du<br />

personnage, notamment la seconde didascalie : Il se<br />

prend lui-même le bras (l. 8-9) qui insiste sur la folie<br />

d’Harpagon. L’absence de chapeau peut signifier qu’il<br />

est désespéré et qu’il ne possède plus rien, sans son<br />

argent, il est à nu ; et il s’oublie socialement (chapeau =<br />

signe de bonne tenue).<br />

6. Hyperbole, figure apte à représenter la monomanie.<br />

Question de synthèse<br />

7. a. La folie d’Harpagon est excessive, c’est pourquoi<br />

elle suscite le rire.<br />

Comique de mots : énumérations, abondance de<br />

questions.<br />

Comique de gestes : il se prend le bras et s’adresse au<br />

public, pointant peut-être le doigt sur les spectateurs,<br />

allant peut-être jusqu’à fouiller des spectateurs (voir<br />

possibilités de mise en scène). Comique de caractère :<br />

phases successives de colère et d’apitoiement.


. Harpagon, vêtu de noir et le visage grimé de noir<br />

= image de la folie, les yeux exorbités soulignant le<br />

désarroi.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche<br />

a. harpagon : avare.<br />

b. Tartuffe (1664) signifie hypocrite, Dom Juan (1665)<br />

signifie séducteur et libertin.<br />

9. Entraînement à la dissertation<br />

Le rire sert à critiquer et à dénoncer les travers de<br />

la société.<br />

1 er § : le rire ridiculise un caractère jugé abusif en<br />

soulignant ses excès comiques.<br />

Ex. : Harpagon dans L’Avare est particulièrement<br />

paranoïaque, ses gesticulations et ses paroles exagérées<br />

font rire et stigmatisent le travers de ce<br />

caractère.<br />

2 e § : par le rire, le public est sensibilisé et ouvre plus<br />

facilement les yeux sur les problèmes de la société.<br />

Ex. : Alceste, dans Le Misanthrope, est à la fois ridicule<br />

dans l’excès de sa haine des hommes mais il<br />

souligne par son discours l’hypocrisie sociale.<br />

3 e § : en évitant la censure, le rire permet d’aller plus<br />

loin dans la critique que ne le ferait un traité.<br />

Ex. : le discours autoritaire et misogyne d’Arnolphe,<br />

dans L’École des femmes, fait rire mais surtout il<br />

provoque la réaction des femmes car il tend à montrer<br />

que leur soumission n’est pas un fait naturel.<br />

Prolongement : regarder et comparer deux représentations<br />

du monologue d’Harpagon, par exemple<br />

la mise en scène de Jean-Paul Roussillon avec Michel<br />

Aumont et Francis Huster pour la Comédie-Française<br />

(1972-1973) et la mise en scène de Jean Girault et<br />

Louis de Funès avec Louis de Funès (1980).<br />

Texte Plaute, L’Aululaire<br />

d’un<br />

À l’autre 3<br />

➜ p. 43<br />

Objectif : Analyser un texte antique sur le thème<br />

de l’avarice qui a directement inspiré Molière.<br />

Questions<br />

1. Champ lexical du regard : tes yeux qui furètent (l. 2),<br />

je t’arracherai les yeux (l. 13-14), épier (l. 14), regardes<br />

(l. 16), des yeux derrière la tête (l. 21), voir (l. 22)<br />

=> paranoïa d’Euclion qui a peur que sa cachette soit<br />

dévoilée.<br />

2. espionne (l. 2), terre à aiguillons (l. 7), vaurienne<br />

(l. 13), coquine (l. 18), cette vieille (l. 19), la gueuse<br />

(l. 21). Le terme d’espion désignerait davantage Euclion<br />

qui observe tous les faits et gestes de son entourage<br />

comme le souligne son esclave : Il passe toutes les nuits<br />

à veiller ; et le jour, il reste chez lui, du matin au soir,<br />

sans plus bouger qu’un savetier boiteux (l. 28-29).<br />

3. a. Phrases exclamatives d’Euclion (l. 1, 8) soulignant<br />

ses ordres vociférés, et phrases interrogatives de<br />

Staphyla (l. 3, 6) montrant son incompréhension.<br />

b. Ton emporté, voire polémique. Les deux personnages<br />

s’affrontent à coup de questions sur un rythme<br />

rapide à la limite des stichomythies aux lignes 1 à 6, ce<br />

qui donne l’impression qu’ils se disputent sans s’écouter<br />

ni se comprendre.<br />

4. Folie d’Euclion et maltraitance de ses esclaves (l. 26).<br />

Paranoïa d’Euclion qui veille jour et nuit sur sa maison<br />

(l. 26-29).<br />

Grossesse honteuse de sa fille sur le point d’accoucher<br />

(l. 30-31).<br />

Évocation, même si elle est comique, du suicide, qui en<br />

dit long sur la tyrannie du maître (l. 31-32).<br />

=> choc du spectateur qui comprend le caractère<br />

obsessionnel d’Euclion mais surtout le décalage entre<br />

sa crainte d’être dérobé et la situation de sa fille,<br />

autrement plus préoccupante.<br />

5. Intérêt informatif de l’aparté d’Euclion (l. 18-23) sur<br />

son obsession et sur les sentiments des personnages<br />

dans les apartés lignes 11-12 et lignes 33-34.<br />

Vis-à-vis : Molière et Plaute<br />

6. La paranoïa, l’obsession, l’emportement contre tous<br />

ceux qui l’entourent.<br />

Monologue = expression libre et sans tabou de son<br />

obsession => folie révélée au grand jour.<br />

Le monologue livre les pensées, et par là même le<br />

caractère du personnage de manière plus directe. En<br />

parlant librement des autres personnages, il donne des<br />

indications sur la suite de l’action car c’est souvent un<br />

moment où il partage avec le public un stratagème à<br />

venir.<br />

7. a. Caractère obsessionnel, défaut qui obnubile ces<br />

personnages et nuit à leurs relations avec leur entourage.<br />

b. Argan, l’hypocondriaque du Malade imaginaire<br />

de Molière ; Arnolphe, le jaloux obsessionnel de<br />

L’École des femmes de Molière.<br />

Prolongement : lire Les Guêpes (422 avant J.-C.)<br />

d’Aristophane pour étudier une autre forme comique<br />

de monomanie (l’intérêt obsessionnel des citoyens<br />

athéniens pour les procès).<br />

23


Histoire des arts ➜ p. 46<br />

Le visage comique, des masques grecs au cinéma<br />

24<br />

Questions<br />

1. L’air penaud et presque sur le point de pleurer de<br />

Laurel, à gauche, tête baissée, bouche tirée, regard<br />

triste, épaules tombantes ; l’air supérieur et fâché de<br />

Hardy, tête haute, regard sévère, bouche fermée et crispée,<br />

index menaçant => antithèse, contraste comique<br />

entre les deux attitudes, exagération des mimiques.<br />

2. L’utilisation des masques n’est pas propre au théâtre<br />

occidental. Le théâtre oriental privilégie la virtuosité<br />

gestuelle par les danses et les acrobaties, et vocale<br />

par les chants et récitations, ce qui rend l’utilisation du<br />

masque indispensable. Le théâtre nô japonais utilise le<br />

masque pour distinguer les types de personnages et en<br />

indiquer l’humeur. Même s’il n’est pas essentiel dans le<br />

théâtre chinois, comme il l’est dans les autres théâtres<br />

d’Asie, le masque est également employé pour évoquer<br />

les êtres divins et les animaux.<br />

exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 48<br />

RevoiR<br />

1 Maîtres et serviteurs<br />

dans la comédie latine<br />

Térence, Adelphes<br />

1. Syrus feint d’être le complice de Déméa pour mieux<br />

se jouer de lui et dissimuler sa véritable complicité<br />

avec son frère. Il critique le frère de Déméa en le traitant<br />

de songe-creux (l. 5).<br />

2. L’aparté (l. 15-16) = mensonge sur la situation du fils<br />

de Déméa qui révèle la manipulation et la ruse dont<br />

Syrus fait preuve pour le mystifier.<br />

3. Syrus mène le jeu car il monopolise la parole (longue<br />

réplique des lignes 2 à 6), et c’est Déméa qui pose les<br />

questions (l. 7-9, 14, 18).<br />

4. Le maître représente le personnage naïf, et le valet<br />

celui du fourbe.<br />

5. Le spectateur est le complice du valet qui trompe son<br />

maître => source de comique, le spectateur se plaçant<br />

plus facilement du côté de celui qui fait rire que du côté<br />

de celui dont on se rit.<br />

L’aparté exprime la complicité => informations sur les<br />

liens entre Syrus et le fils de Déméa.<br />

aPPRofondiR<br />

2 La monomanie<br />

Molière, L’École des maris<br />

1. mode (v. 1), vêtir (v. 2), chapeaux (v. 9), pourpoints<br />

(v. 13), collets (v. 14), manches (v. 15), cotillons, hautsde-chausses<br />

(v. 16), souliers, rubans (v. 17), canons,<br />

entraves (v. 19) => fonction descriptive et critique :<br />

tenue trop élégante, vaniteuse et ridicule des jeunes<br />

muguets (v. 8).<br />

2. pigeons pattus (v. 18) pour évoquer des souliers<br />

voyants et volants (v. 22) et pour montrer la façon de<br />

se tenir qu’imposent des tenues extravagantes => ton<br />

ironique et satirique.<br />

3. par vos belles sornettes (v. 3), Monsieur mon frère<br />

aîné (v. 4), vos jeunes muguets (v. 8), Qui vous font ressembler<br />

à des pigeons pattus (v. 18), Et par qui nous<br />

voyons ces Messieurs les galants (v. 21), Je vous plairais<br />

sans doute équipé de la sorte, / Et je vous vois<br />

porter les sottises qu’on porte (v. 23-24) => Sganarelle<br />

se moque de son frère qu’il intègre dans le groupe des<br />

jeunes hommes dont il ridiculise la manière de s’habiller<br />

= personnage méchamment critique et borné.<br />

ÉcRiRe<br />

3 Un type comique : le soldat fanfaron<br />

Plaute, Le Soldat fanfaron<br />

Corneille, L’Illusion comique<br />

1. Personnification de l’épée : consoler (l. 6), gémisse<br />

(l. 6), désole (l. 7), malheureuse (l. 9), a grande envie<br />

(l. 9).<br />

Hyperboles : éclat de mon bouclier plus vif que les<br />

rayons du soleil (l. 1-2), transformer les ennemis en<br />

chair à pâté (l. 9-10).<br />

2. tu dispersas les légions d’un souffle (l. 20-21) : ton<br />

hyperbolique pour se moquer de Pyrgopolinice.<br />

3. Références à l’armée et à la guerre, mais en se donnant<br />

le statut hyperbolique d’un guerrier capable de<br />

transformer les ennemis en chair à pâté (l. 9-10).<br />

Mais ses actions vaines et mensongères sont<br />

dénoncées par l’étymologie fantaisiste des noms de<br />

peuples combattus (l. 16-17). Pyrgopolinice = soldat<br />

qui se vante d’exploits qu’il n’a pas réalisé.<br />

4. empereurs (v. 5), monarques (v. 8) => chefs d’armée<br />

et hommes de pouvoir suprême.<br />

trois Parques (v. 7), Mars (v. 13), tous les Dieux (v. 17)<br />

=> divinités.


5. Phrases exclamatives (v. 23) => il vante et flatte la<br />

vanité de son maître pour mieux s’en moquer. Il en<br />

appelle aux dieux que son maître a combattus.<br />

6. Le spectateur s’identifie au parasite chez Plaute et<br />

à Clindor chez Corneille car ils font preuve d’esprit et<br />

ont parfaitement conscience du caractère orgueilleux<br />

et mythomane de leurs maîtres : Artotrogus et Clindor<br />

Textes<br />

● Térence, Les Adelphes (160 avant J.-C.) : une comédie<br />

antique sur le thème de l’éducation qui a inspiré<br />

à Molière L’École des maris (1661).<br />

● Molière, préface de Tartuffe (1664) : Molière<br />

expose sa conception de la comédie.<br />

● Molière, préface de L’Amour médecin (1665) :<br />

Molière exprime l’importance de la représentation<br />

pour ses pièces.<br />

● Boileau, Art poétique (1674), chant III, vers 359-<br />

414 : principes de la comédie classique.<br />

Images fixes<br />

● Image du théâtre antique d’Orange : théâtre<br />

romain le mieux conservé en Occident.<br />

● A. Watteau, Comédiens italiens (1719-1720) :<br />

représentations des comédiens, notamment de la<br />

commedia dell’arte.<br />

Images du DVD-Rom<br />

● A. Watteau, Arlequin et Colombine (1716-1718) :<br />

fête galante reprenant les thèmes de la comédie.<br />

● Polichinelle, dessin de Maurice Sand extrait du<br />

recueil Masques et Bouffons (1860) : approche des<br />

accessoires du théâtre classique, puis romantique.<br />

Activités<br />

● Histoire littéraire / Recherche. La commedia<br />

dell’arte s’inspire des types antiques pour créer des<br />

Prolongements<br />

savent flatter leur maître par les faux exploits qu’ils<br />

leur attribuent (texte A, l. 19-22 ; texte B, v. 24-26).<br />

Ironie = procédé commun pour souligner qu’ils se<br />

jouent de leur maître.<br />

Reprise des réponses aux questions 1 à 5 en insérant<br />

les exemples dans des paragraphes rédigés.<br />

personnages types que Molière lui-même reprend<br />

dans certaines pièces.<br />

a. Quels sont les personnages principaux mis en<br />

scène dans la commedia dell’arte ? Quels canevas<br />

sont les plus connus ?<br />

b. De quels personnages et pièces de l’Antiquité<br />

certains de ces personnages et canevas s’inspirentils<br />

?<br />

c. Dans quelles pièces Molière s’inspire-t-il de la<br />

commedia dell’arte ? Quels personnages en sont<br />

directement issus chez Molière ?<br />

● Lecture cursive. Molière, Le Malade imaginaire<br />

(1673) : mise en scène d’un monomane hypocondriaque.<br />

a. Quels rapports Argan entretient-il avec sa famille<br />

et ses valets ?<br />

b. Quelle image des médecins cette pièce nous<br />

donne-t-elle ? Dans quelle mesure est-elle une<br />

satire de la médecine ? Donnez des exemples précis.<br />

c. En quoi peut-on parler de monomanie concernant<br />

le personnage d’Argan ?<br />

d. Quelles autres pièces de Molière font référence à<br />

la médecine ? Pourquoi a-t-il choisi cette référence,<br />

selon vous ? À quelle autre critique fait-elle écho<br />

dans son théâtre ?<br />

25


sÉQuenCe 2<br />

Molière et ses héritiers<br />

26<br />

➜ Livre de l’élève, p. 50<br />

Analyse<br />

d’image<br />

A. Bosse, Les Farceurs<br />

de l’Hôtel de Bourgogne<br />

➜ p. 51<br />

Objectif : Étudier une gravure représentative<br />

de la mise en scène de la farce au XVII e siècle.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. a. De gauche à droite, en scène :<br />

– Turlupin : deuxième personnage, rusé, il essaie de<br />

dérober quelque chose au vieillard ;<br />

– Gaultier-Garguille : troisième personnage reconnaissable<br />

par sa canne, ses lunettes à la main, son béret et<br />

un masque qui le vieillit ;<br />

– Gros-Guillaume : quatrième personnage, ses deux<br />

ceintures mettant en évidence son ventre proéminent.<br />

b. Gros-Guillaume se détache par son physique pittoresque.<br />

Analyse<br />

2. La scène est scindée en deux parties symétriques<br />

avec deux groupes de trois personnages : un personnage<br />

sur le côté gauche, Turlupin et Gaultier-Garguille<br />

/ Gros-Guillaume et une femme, et un personnage sur<br />

le côté droit.<br />

Deux plans : au premier plan, les acteurs ; à l’arrièreplan,<br />

le décor très sobre constitué d’une niche avec une<br />

chaise, surmontée d’une arche, et encadrée de pilastres<br />

corinthiens.<br />

Éléments rappelant une scène de théâtre : masques<br />

et costumes des acteurs, scène mise en valeur par les<br />

deux balustrades => séparation visuelle claire qui<br />

assimile les observateurs de la gravure au public du<br />

théâtre de l’Hôtel de Bourgogne.<br />

3. a. Deux vols à la tire. Les pickpockets ont des<br />

méthodes différentes :<br />

– le valet Turlupin derrière Gaultier-Garguille vole, lui,<br />

à la dérobée, la main dans la sacoche accrochée à la<br />

ceinture du vieillard ;<br />

– le bedonnant Gros-Guillaume vole une femme à<br />

laquelle il fait la cour.<br />

b. Turlupin => turlupinade = plaisanterie de mauvais<br />

goût : Turlupin vole le vieillard.<br />

4. a. Deux personnages sur les côtés = complices du<br />

valet. Celui de gauche, le doigt tendu, avertit Turlupin ;<br />

celui de droite, par son geste, pousse Gros-Guillaume à<br />

se dépêcher avant d’être découvert.<br />

Turlupin, les deux mains sur la sacoche du vieillard,<br />

pied droit relevé = mouvement visible vers sa victime.<br />

Gros-Guillaume, la tête penchée, les mains expressives<br />

évoquant la manipulation et le vol, donne vie à<br />

la scène.<br />

b. Jeux de regards :<br />

– entre Turlupin et le personnage sur le côté gauche :<br />

entente ou avertissement ;<br />

– entre Gros-Guillaume et la femme : tendresse feinte ;<br />

– Gaultier-Garguille a compris le stratagème de Gros-<br />

Guillaume et s’apprête à prévenir la femme, pendant<br />

qu’il se fait voler lui-même ;<br />

– personnage de droite : regard d’effroi, peur que le flagrant<br />

délit de Gros-Guillaume ne soit dévoilé.<br />

Question de synthèse<br />

5. Souci de réalisme visible par :<br />

– la lumière : les ombres sur le sol ;<br />

– le souci du détail pour le décor, l’architecture (balustrade,<br />

arcade, pilastres, œils-de-bœuf, fioritures…), les<br />

masques et les costumes ;<br />

– la perspective : la profondeur de la scène ;<br />

– la capacité à saisir en même temps les différents<br />

moments de la scène.<br />

Prolongement TICE : visite virtuelle de l’exposition<br />

de la BNF consacrée à Abraham Bosse à l’adresse suivante<br />

: http ://expositions.bnf.fr/bosse/index.htm<br />

Texte1 Texte Molière, Dom Juan<br />

➜ p. 52<br />

Objectif : Étudier la relation maître-valet développée<br />

dans la comédie.


lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Entretien à propos de la religion :<br />

– Dom Juan, athée, oppose arithmétique et religion<br />

(l. 18-19) ;<br />

– Sganarelle est croyant : champ lexical de la religion :<br />

croire (l. 2), Ciel (l. 2), Enfer (l. 4), diable (l. 6), l’autre<br />

vie (l. 8), croyance (l. 20), religion (l. 20), damné (l. 58).<br />

2. Sganarelle semble mener les échanges :<br />

– il pose les questions que Dom Juan élude : phrases<br />

interrogatives (l. 2, 4, 6, 8, 11, 15, 21, 29-31, 47-52) ;<br />

– il se prête à un interrogatoire de manière insistante :<br />

répétition du verbe croire (l. 2, 8, 11, 15, 16, 58) ;<br />

– ses répliques sont plus longues que celles de Dom<br />

Juan : tirade (l. 20-39).<br />

Mise au point<br />

3. Exclamation ironique : antiphrase avec l’adjectif<br />

belle car Dom Juan ne parle pas de croyance mais de<br />

raisonnement arithmétique (quatre et quatre sont<br />

huit, l. 18-19), l’exclamation et le présentatif que voici !<br />

(l. 20) dénigrent ce qui a été dit.<br />

Analyse<br />

4. Enchaînement très rapide = stichomythies, puis<br />

changement à la ligne 13, et surtout à la ligne 20 (tirade<br />

de Sganarelle).<br />

5. a. Sganarelle argumente en cherchant à persuader<br />

son maître : émerveillement devant les créations<br />

divines (énumérations, l. 28, 33, 52) et connotations<br />

mélioratives des termes (admirer, l. 32 ; admirable,<br />

l. 44 ; merveilleux, l. 47-48) => la notion de miracle de<br />

la vie est à la base de la tirade.<br />

b. Niveau de langue familier : exclamation Oh ! dame<br />

(l. 34), juron Morbleu ! (l. 57), répétition de voilà<br />

(l. 10, 28, 29, 48), syntaxe incorrecte : construction du<br />

verbe croire (l. 8, 11, 15), métaphore du monde avec<br />

le champignon (l. 27), expressions maladroites : mon<br />

petit sens, mon petit jugement (l. 25), verbe vulgaire :<br />

engrosser (l. 31).<br />

Énumérations logiques : il définit un ensemble d’éléments,<br />

illustre son propos (l. 28 : la nature, l. 33 : le<br />

corps, l. 52 : les actions).<br />

=> discours manque d’efficacité : la première énumération<br />

(l. 28) n’a pas d’intérêt, évidence de leur environnement<br />

et ridicule des démonstratifs de la deuxième<br />

énumération (l. 33) car il s’agit d’organes internes qu’on<br />

ne peut montrer extérieurement, que Sganarelle butte<br />

dans son relevé avec l’hésitation marquée par les points<br />

de suspension, et que le terme englobant ingrédients<br />

(l. 34) renvoie à la cuisine et non à l’anatomie ; chute du<br />

locuteur lors de la dernière énumération (l. 55).<br />

6. Double sens : sens propre = chute physique / sens<br />

figuré = son raisonnement ne tient pas.<br />

Question de synthèse<br />

7. Dom Juan sort vainqueur :<br />

– ironie de sa part, moquerie : Sganarelle, lucide, parle<br />

de malice (l. 39). Il laisse son valet parler pour qu’il<br />

s’enlise dans son raisonnement (l. 40-41) ;<br />

– assurance : brièveté de ses répliques (l. 18-19) ;<br />

– agacement de Sganarelle qui perd la bataille<br />

(l. 57-58).<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Accueil négatif :<br />

– reproches d’impiété et de libertinage. Cf. B. A. Sieur<br />

de Rochemont, Observations sur une comédie de<br />

Molière intitulée Le Festin de Pierre (1665), et Prince<br />

de Conti, Traité de la comédie et des spectacles (1666) ;<br />

– mélange des registres : comédie qui se termine en<br />

tragédie.<br />

=> conséquences : le 17 février (2e représentation),<br />

la scène du pauvre est supprimée ; le 20 mars (après<br />

15 représentations), la pièce est interdite.<br />

9. Écriture d’invention. a. Décor : réaliste, un bois<br />

(décor demandé par Molière à deux peintres).<br />

Costumes d’époque : Dom Juan en habit de campagne<br />

et Sganarelle déguisé en médecin.<br />

Travail possible sur traitement de texte en fournissant<br />

le texte de Molière. Consignes de rédaction supplémentaires<br />

:<br />

– intégrer les éléments du décor et des costumes dans<br />

une didascalie initiale ;<br />

– placer les gestes, déplacements, tons des acteurs<br />

dans des didascalies au fil des répliques.<br />

Une parodie de comédie-ballet est envisageable :<br />

le maître de danse Dom Juan manipule son valet<br />

Sganarelle jusqu’à le faire tomber.<br />

Demander aux élèves d’élaborer un croquis.<br />

b. Mise en scène de Cyril Le Grix : décor minimaliste : jeu<br />

de lumière, arbres = ombres ; costumes du xix e siècle :<br />

Jean-Pierre Bernard, Dom Juan, en redingote et bottes<br />

noires avec un sac de voyage en cuir, Alexandre Mousset,<br />

Sganarelle, en costume marron, cravate et chapeau.<br />

Prolongement : étudier le mythe de Don Juan<br />

➜ p. 66-67.<br />

27


28<br />

Texte A. de Musset, Les Caprices<br />

d’un<br />

À l’autre 1<br />

de Marianne ➜ p. 54<br />

Objectif : Étudier l’évolution de la relation maîtrevalet<br />

à l’époque romantique.<br />

Questions<br />

1. a. Point de départ = soupçons de Claudio vis-à-vis de<br />

sa femme, Marianne. Question de morale et d’honneur<br />

comme moteur de l’intrigue : me venger d’un outrage<br />

(l. 1-2).<br />

b. Couple maître-valet :<br />

– fonction de serviteur et valet de chambre (l. 1) dès la<br />

première réplique : mon fidèle serviteur ;<br />

– vouvoiement employé par Tibia : Vous, Monsieur ?<br />

(l. 2) ;<br />

– franchise brutale de Claudio vis-à-vis de son valet : Tu<br />

es fort laid (l. 19) ;<br />

– ordre du maître dans la dernière réplique : tu me<br />

ferais plaisir de le croire (l. 32).<br />

2. Quiproquo sur la fidélité de Marianne : J’en conviens<br />

(l. 21). Tibia répond à la mention de son intelligence,<br />

et Claudio croit que son valet évoque l’infidélité de sa<br />

femme : tu en conviens toi-même, mon déshonneur<br />

est public (l. 22-23).<br />

3. Hyperboles propres à la jalousie qui amplifie la<br />

menace :<br />

– outrage (l. 2) : vocabulaire d’emblée excessif ;<br />

– ces impudentes guitares ne cessent de murmurer<br />

(l. 4) : personnification exagérée ;<br />

– odeur d’amants (l. 11) : pluriel, alors qu’un seul amant<br />

n’est peut-être même pas attesté ;<br />

– il y pleut des guitares et des entremetteuses (l. 12) :<br />

métaphore qui amplifie la menace ;<br />

– déshonneur public (l. 23) : personnage paranoïaque ;<br />

– Je ne me sens pas de colère, épouvantable trame,<br />

mourir de douleur (l. 28-30) : excès langagier, dramatisation<br />

de la situation.<br />

=> barbon, car ses excès rhétoriques le ridiculisent et<br />

en font un mari jaloux qui perd la raison, excessivement<br />

précautionneux avec sa jeune femme.<br />

4. a. Machination de Claudio : utiliser un spadassin<br />

(l. 7), un homme derrière la poterne (l. 15) pour tuer<br />

l’amant de sa femme.<br />

b. Tibia ne parvient pas à le raisonner.<br />

Questions = mises en doute qui énervent Claudio<br />

=> comique de mots à travers les reprises d’une<br />

réplique à l’autre :<br />

– Vous (l. 3) => Moi-même (l. 4) ;<br />

– Je crois (l. 9) => Vous croyez (l. 10) ;<br />

– vous pouvez (l. 13) => je puis (l. 15), etc.<br />

= enchaînement mécanique de répliques qui souligne<br />

la folie aveugle du mari jaloux.<br />

Vis-à-vis : Molière et Musset<br />

5. a. Points communs :<br />

– même complicité avec la confidence de Claudio à Tibia<br />

et leur dialogue / sujet intime de la foi chez Molière ;<br />

– Claudio s’impose : dernière réplique et vivacité du dialogue<br />

qui ne permet pas à Tibia de défendre Marianne /<br />

Dom Juan qui ironise sur le raisonnement de son valet :<br />

Voilà ton raisonnement qui a le nez cassé (l. 56).<br />

b. La relation Claudio-Tibia est la plus typique de la<br />

comédie :<br />

– la confidence, la complicité dans la discussion sur<br />

un sujet très intime et grave (la foi) / Chez Musset, le<br />

maître est plus directif et caricatural : Je te dis qu’il est<br />

public (l. 25), et dans la dernière réplique ;<br />

– le comique du valet : comique de gestes (chute finale<br />

de Sganarelle) mais aussi comique de mots et hyperboles<br />

constantes dans la scène de Musset.<br />

=> personnages plus stéréotypés et influence de la<br />

farce chez Musset.<br />

Prolongement : analyser la photographie de mise en<br />

scène ➜ p. 54. Identifier les personnages présents,<br />

expliquer pourquoi Gérard Philipe porte un masque<br />

et rédiger la biographie de Jean Vilar.<br />

Texte2 Texte Molière, Les Fourberies<br />

de Scapin ➜ p. 56<br />

Objectif : Analyser une scène représentative de<br />

l’infl uence persistante de la farce sur certaines<br />

comédies classiques.<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Hyperbole le péril le plus grand du monde (l. 3)<br />

= exagération liée à la supercherie de Scapin.<br />

Mise au point<br />

2. Farce :<br />

– Il se retourne, et fait semblant d’aller voir au bout du<br />

théâtre s’il n’y a personne (l. 21-22) : sembler = supercherie<br />

de Scapin qui trompe Géronte ;<br />

– En contrefaisant sa voix (l. 54-55) = comique de situation<br />

et de mots propre à la farce.


=> procédés grossièrement comiques qui suscitent<br />

immédiatement le rire car Géronte entre directement<br />

dans le stratagème : croyant voir quelqu’un (l. 39).<br />

Analyse<br />

3. Phrases interrogatives : comment va l’affaire de mon<br />

fils ? (l. 1), Comment donc ? (l. 5), etc. et phrases exclamatives<br />

limitées à des interjections : Eh ! (l. 30), Ah !<br />

(l. 39) => doute et peur.<br />

4. Comparaison : comme un paquet de quelque chose<br />

(l. 42). Annonce de la célèbre scène du sac où Scapin va<br />

traiter Géronte comme un vulgaire objet, ce que prévoyait<br />

le pronom indéfini quelque chose.<br />

5. La phrase s’adresse a priori à Sganarelle, félicité<br />

pour son astuce, qui répond La meilleure du monde<br />

(l. 47), mais elle peut aussi être destinée au public que<br />

Géronte voit alors comme un complice => quiproquo :<br />

le public connaît la ruse de Sganarelle.<br />

6. L’extrait se termine sur un comique de mots avec le<br />

changement de voix de Sganarelle qui prend l’accent<br />

gascon du spadassin en intervertissant les v et les b,<br />

les e et les é : jé n’aurai pas l’abantage dé tuer cé<br />

Géronte… (l. 55).<br />

Question de synthèse<br />

7. Ressorts de la farce :<br />

– comique de situation : Géronte se retrouve dans un<br />

sac comme une vulgaire marchandise : Il faut que vous<br />

vous mettiez dans ce sac (l. 38) et comparaison (l. 42) ;<br />

– comique de mots : l’accent gascon du spadassin<br />

(l. 55-56) ;<br />

– ridicule de Géronte qui devient paranoïaque : didascalie<br />

croyant voir quelqu’un (l. 39) ;<br />

– vengeance de Sganarelle : aparté Tu me payeras<br />

l’imposture (l. 47-48).<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Scapin et Géronte ne sont pas inventés<br />

par Molière :<br />

– Scapin = zanni (serviteur), comme Arlequin, issu de<br />

la commedia dell’arte ;<br />

– Géronte = le type du vieillard avare et du père.<br />

= types italiens eux-mêmes inspirés de la comédie<br />

antique (valet fourbe et vieillard monomane).<br />

9. Entraînement au commentaire.<br />

Argument : la complicité unissant Scapin et le spectateur.<br />

Exemples :<br />

– quatrième réplique de Scapin : l’allusion au frère de<br />

Hyacinthe déjà utilisée (II, 5) pour soutirer de l’argent à<br />

Argante. Périphrase Le frère de cette personne qu’Octave<br />

a épousée (l. 10) => énigme et écho avec le frère<br />

de cette fille qui a été épousée (II, 5) ;<br />

– huitième réplique de Scapin : J’ai une tendresse pour<br />

vous qui ne saurait souffrir que je vous laisse sans<br />

secours (l. 32-34) => ironie de Scapin qui a échappé de<br />

justesse aux coups de son maître Léandre (II, 2) après<br />

les révélations de Géronte, allitération en [s] => sournoiserie<br />

;<br />

– aparté (l. 47) éclairant l’ironie.<br />

Prolongement : lire la suite de la scène et l’analyser<br />

en s’attachant au genre de la farce.<br />

Texte S. Beckett,<br />

d’un<br />

À À l’autre 2<br />

En attendant Godot ➜ p. 58<br />

Objectif : Analyser la reprise originale de la relation<br />

entre maître et valet dans un extrait de comédie<br />

du théâtre de l’absurde.<br />

Questions<br />

1. a. Pozzo domine la scène avec onze répliques :<br />

– il parle pour Lucky : pour que je le garde (l. 3) => le<br />

pronom complément désigne Lucky ;<br />

– il connaît les pensées intimes de son esclave : Il se<br />

figure qu’en le voyant infatigable je vais regretter ma<br />

décision (l. 15), verbe pronominal se figurer ;<br />

– il prend l’initiative de faire consoler Lucky, sans<br />

requête explicite de ce dernier : Essuyez-lui les yeux<br />

(l. 34).<br />

b. Vladimir et Estragon = spectateurs qui ont le droit<br />

d’interroger le personnage, investigateurs, quasiment<br />

des confesseurs :<br />

– répétition de Vladimir afin d’obtenir une réponse :<br />

Vous voulez vous en débarrasser ? (l. 7, 9) ;<br />

– propos plus de l’ordre du constat du côté d’Estragon :<br />

Vous n’en voulez plus ? (l. 13), Il pleure (l. 31).<br />

2. a. Vous voulez vous en débarrasser :<br />

– entêtement de Pozzo / impression d’une manipulation<br />

de la part de Lucky (l. 8-9) ;<br />

– Lucky est le porteur de Pozzo (l. 9-11) ;<br />

– insultes de Pozzo / Lucky n’a pas toujours été porteur<br />

(l. 14-18) ;<br />

– fatalité de la situation : À chacun son dû (l. 19-21) ;<br />

– destin de Lucky : être vendu au marché de Saint-<br />

Sauveur, voire être exterminé par son maître (l. 25-29).<br />

b. Comique de répétition. Pour autant, la situation de<br />

Lucky et les propos de Pozzo ne prêtent pas forcément à<br />

29


ire, évoquant par moments les camps nazis : il faudrait<br />

les tuer (l. 29) fait penser à Auschwitz.<br />

3. a. Pozzo éprouve du mépris : comparaisons avec des<br />

animaux, un porc (l. 13) au sens injurieux => animal<br />

répugnant, au comportement immoral, et de vieux<br />

chiens (l. 32) en référence à l’animal domestique fidèle<br />

et misérable.<br />

b. Pozzo est le maître de Lucky, son propriétaire mais<br />

aussi son bourreau : expression en tirer quelque chose<br />

(l. 27-28). Relation maître-valet = maître-esclave.<br />

4. a. Sentence irrévocable prononcée sur un ton autoritaire,<br />

voire solennel = traduction en français de la<br />

devise du camp de concentration de Buchenwald :<br />

Jedem das Seine.<br />

b. Exclamation destinée à Lucky qui porte les valises<br />

comme Atlas portait la voûte céleste après la condamnation<br />

de Jupiter qui le punit d’avoir combattu les dieux<br />

avec les Titans. Pozzo serait alors Jupiter, le dieu des<br />

dieux.<br />

5. Tonalité réaliste : aucune fantaisie dans les costumes,<br />

celui de Lucky, incarné par Christophe Brault,<br />

est étriqué pour mettre en relief les mauvais traitements<br />

de Pozzo. Les chapeaux melons quasi identiques<br />

rapprochent les personnages pour marquer leur ressemblance.<br />

Corde et valises = accessoires concrets<br />

=> fidélité au texte, dénonciation de la situation grave.<br />

Jeu de C. Brault peut faire penser à un clown sur une<br />

piste de cirque => dédramatisation, retour au registre<br />

comique.<br />

Vis-à-vis : Molière et Beckett<br />

6. a. Texte de Molière : Scapin se venge de Géronte<br />

qui l’a trahi auprès de son fils à la punition corporelle<br />

duquel il a échappé de justesse.<br />

Texte de Beckett : Pozzo n’a aucune rancune vis-à-vis de<br />

Lucky / leur relation se fonde sur une inégalité liée à la<br />

personne de Lucky, considéré comme un être inférieur<br />

qu’il faudrait tuer (l. 29) sans explication.<br />

=> absurdité inquiétante chez Beckett.<br />

b. Observation des rapports humains grâce à la comédie<br />

:<br />

– mise en scène des relations entre les personnages à<br />

travers le dialogue ;<br />

– tout doit être visible par le spectateur : apartés = pensées,<br />

gestes révélateurs, exagérations…<br />

Aspect divertissant au second plan chez Beckett : Pozzo<br />

n’est pas ridiculisé comme Géronte / Lucky est faible<br />

et maltraité => émoi du public, échos au totalitarisme,<br />

surtout pour le public de 1952.<br />

30<br />

Prolongement : étudier un petit extrait abordable du<br />

philosophe allemand Adorno qui a mis l’accent sur<br />

l’impossibilité de penser après la Shoah. Relier cette<br />

idée aux thèmes désespérés du théâtre de l’absurde.<br />

Texte3 Texte Molière, Le Malade<br />

imaginaire ➜ p. 60<br />

Objectif : Étudier une satire de la médecine fondée sur<br />

des procédés hérités de la farce.<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Argan est berné par Toinette :<br />

– Toinette développe à l’extrême la volonté de servir<br />

ses patients, mettant Argan en confiance (l. 1-16) ;<br />

– elle fait preuve d’assurance en utilisant le jargon<br />

médical : fluxions (l. 7), transports au cerveau (l. 9),<br />

hydropisies (l. 10-11), pleurésies (l. 11)… et l’énumération<br />

(l. 6-12) pour insister sur la somme de ses connaissances<br />

;<br />

– son médecin, M. Purgon, vient de le quitter (III, 5) : Je<br />

vous suis bien obligé (l. 17) => il se sent perdu ;<br />

– Toinette est très bien déguisée, elle trompe Argan qui<br />

l’appelle Monsieur (l. 17).<br />

2. Trois étapes : présentation du médecin passager<br />

(l. 1-18), consultation avec diagnostic quasi immédiat<br />

(l. 19-50), ordonnance et conclusion du médecin<br />

(l. 51-56).<br />

Parodie de consultation :<br />

– imitation avec les questions habituelles du médecin :<br />

Donnez-moi votre pouls (l. 19) ;<br />

– diagnostic posé sans auscultation du patient en<br />

dehors de l’examen du pouls ;<br />

– geste du médecin parodié : personnification du pouls,<br />

que l’on batte comme il faut (l. 19) ;<br />

– fausse érudition : citation latine Ignorantus, ignoranta,<br />

ignorantum (l. 51) ;<br />

– absence de nuances : conseils alimentaires = antithèse<br />

parfaite du régime que suivait Argan (l. 51-54).<br />

Mise au point<br />

3. Antithèse entre maladies graves, dignes de<br />

[l]’occuper (l. 4), l’hyperbole toutes les maladies<br />

[…] pour vous montrer l’excellence de mes remèdes<br />

(l. 13-16), et le menu fatras de maladies ordinaires (l. 6)<br />

qui ne l’intéressent pas => absurdité : le médecin souhaite<br />

le pire, l’agonie (l. 15), pour exercer le meilleur,<br />

l’excellence de mes remèdes (l. 15-16).


La servante dénonce les médecins contemporains<br />

de Molière qui profitent de leurs malades, voire leur<br />

inventent des maladies.<br />

Analyse<br />

4. Comique de répétition :<br />

– poumon (l. 26, 27, 30, 32, 34, 36) : origine de la maladie<br />

selon Toinette. Les symptômes d’Argan n’ont rien<br />

à voir : douleurs de tête (l. 29), voile devant les yeux<br />

(l. 31), maux de cœur (l. 33). Fin = proposition incise Le<br />

poumon, le poumon, vous dis-je (l. 36) ;<br />

– Ignorant ! (l. 39, 41, 43, 45, 47, 49) et variations en<br />

latin (l. 51) : exclamations de Toinette en réponse à<br />

chaque aliment conseillé par M. Purgon pour le régime<br />

de son malade.<br />

5. Phrases emphatiques :<br />

– première phrase du texte avec la gradation de ville<br />

en ville, de province en province, de royaume en<br />

royaume (l. 1-2) et les adjectifs à connotation méliorative<br />

: illustres (l. 3), dignes (l. 4), capables (l. 4), grands<br />

(l. 4) et beaux (l. 5) => donner confiance en ce médecin<br />

inconnu qu’Argan rencontre pour la première fois ;<br />

– anaphore avec présentatif qui résume l’énumération<br />

des maladies terribles qui l’intéressent : c’est là que je<br />

me plais, c’est là que je triomphe (l. 12). => impressionner<br />

Argan par la surenchère ;<br />

– Ce sont tous des ignorants. (l. 26) / Votre médecin est<br />

une bête. (l. 54) => jugements à l’emporte-pièce.<br />

Visée commune : triompher d’Argan, le soumettre à<br />

l’arrivée de cet inconnu.<br />

6. L’ordonnance ressemble à un régime alimentaire<br />

très gras :<br />

– champ lexical des aliments : vin, bœuf, porc, fromage<br />

de Hollande, gruau, riz, marrons et oublies (l. 51-54) ;<br />

– anaphore de bon dans de bon gros bœuf, de bon<br />

gros porc, de bon fromage (l. 52-53) pour insister sur<br />

la qualité de la nourriture.<br />

=> Toinette transparaît, en tant que servante : elle profitera<br />

de ce nouveau régime alimentaire, s’opposant<br />

ainsi au régime maigre prescrit par M. Purgon.<br />

Question de synthèse<br />

7. Scène satirique :<br />

– parodie de la médecine : l’habit fait le moine, tout<br />

comme le langage ;<br />

– antithèses et hyperboles qui font de tout diagnostic la<br />

volte-face du précédent ;<br />

– remise en question de la relation maître-valet : renversement<br />

des rôles de dominant-dominé grâce à la<br />

ruse de Toinette.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Plusieurs échos dans la vie de Molière :<br />

– dans sa jeunesse : il perd un frère et une sœur de la<br />

petite vérole en 1630, sa mère meurt de la tuberculose<br />

en 1632 après de nombreuses saignées opérées par les<br />

médecins ;<br />

– à la fin de sa vie : il souffre d’une maladie pulmonaire<br />

qui lui vaudra sa mort après la quatrième représentation<br />

du Malade imaginaire, le 17 février 1673 (cf. la<br />

mention de sa mauvaise santé dans la pièce : III, 3).<br />

9. Écriture d’invention. Logique de cette production :<br />

Toinette agit sous l’œil de Béralde, décidé à faire sortir<br />

Argan de son aveuglement.<br />

Critères d’évaluation :<br />

– forme : apartés ;<br />

– réactions attendues : admiration vis-à-vis de Toinette<br />

dont la ruse fonctionne à merveille, critique railleuse<br />

d’Argan qui se fait berner, critique des médecins ;<br />

– caractère de Béralde respecté : bourgeois librepenseur<br />

et porte-parole de Molière, il ne peut se tourner<br />

en ridicule ;<br />

– langage soutenu pour que les apartés s’intègrent<br />

naturellement au texte.<br />

Prolongement : lectures cursives autour du thème de<br />

la médecine : Molière, Le Médecin malgré lui (1666)<br />

et Beaumarchais, Le Barbier de Séville (1775) avec le<br />

personnage du docteur Bartholo.<br />

Texte J. Romains, Knock<br />

d’un<br />

À l’autre 3<br />

➜ p. 62<br />

Objectif : Étudier la pérennité du modèle farcesque de<br />

la satire de la médecine dans une pièce moderne.<br />

Questions<br />

1. a. Knock pose d’abord des questions liées à la douleur<br />

de son patient : De quoi souffrez-vous ? (l. 8), etc.<br />

Puis il aborde son profil tout en lui donnant des recommandations<br />

: Quel âge avez-vous ? (l. 29), Vous fumez ?<br />

(l. 41)…<br />

Questions absurdes :<br />

– Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous<br />

grattouille ? (l. 13) : le suffixe en -ouille rend la question<br />

comique, la nuance de sens semble infime ;<br />

– Est-ce que ça ne vous grattouille pas davantage<br />

quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette<br />

? (l. 25-26) : cette entrée francilienne, plat du<br />

terroir (l’intrigue se déroule à Saint-Maurice, bourg de<br />

31


l’actuel Val-de-Marne) semble un plat trop particulier<br />

pour expliquer quoi que ce soit ;<br />

– Plus près de cinquante-deux ou de cinquante et un ?<br />

(l. 31) : la nuance n’a pas d’incidence sur le diagnostic.<br />

b. L’inquiétude du Tambour s’amplifie :<br />

– il n’a pas de réelle douleur au début : Il rit (l. 9)<br />

=> décontraction ;<br />

– il est sensible à la nuance possible entre grattouille et<br />

chatouille : Il médite (l. 14) ;<br />

– il commence à s’inquiéter au milieu de la scène : il se<br />

trouble peu à peu (l. 32) ;<br />

– l’inquiétude le gagne en raison de la condescendance<br />

de Knock, Mon ami (l. 34) : avec anxiété (l. 38), des<br />

signes physiques apparaissent même comme la sueur :<br />

Le Tambour s’essuie le front (l. 47), s’essuie à nouveau<br />

(l. 53), il explique même : Je ne me sens réellement pas<br />

à mon aise (l. 54) => le Tambour est dans un état de<br />

sujétion vis-à-vis du médecin, qui en fait sa chose.<br />

2. Aucun médicament n’est prescrit, uniquement le<br />

jeûne ou du moins la diète : un peu de potage (l. 50)<br />

et l’abstinence : Sagesse totale de ce côté-là (l. 48). Les<br />

recommandations médicales de Knock sont douteuses,<br />

elles risquent de provoquer un état de faiblesse générale<br />

chez son patient.<br />

3. Intérêt personnel : le Tambour doit passer l’annonce<br />

du docteur :<br />

– exclamation : Gardez-vous en bien ! (l. 55) => appréhension<br />

de Knock dans la tonalité de sa voix ;<br />

– impératif : Faites vos annonces (l. 56) => ordre ;<br />

– formule impersonnelle : il est mauvais d’aller se<br />

mettre au lit entre le lever et le coucher du soleil<br />

(l. 55-56) => utilisation du présent de vérité générale<br />

pour souligner une évidence, la nécessité de gagner sa<br />

vie = pseudo-valeur de vérité.<br />

4. Types de comique :<br />

– comique de situation : parodie de consultation, Knock<br />

n’est pas compétent, il joue un rôle : didascalie d’un air<br />

de profonde concentration (l. 12) ;<br />

– comique de caractère : Tambour = homme très influençable,<br />

impressionné par le médecin qui triomphe en<br />

prenant de l’assurance : interjections Ah !ah ! (l. 25, 29)<br />

répétées ;<br />

– comique de gestes : moment de la palpation pour<br />

trouver l’endroit de la douleur, adverbes de lieu ici<br />

(l. 17, 18), là (l. 19, 21).<br />

5. Application de la maxime = on se rend malade en<br />

répétant et en mettant des mots sur ce qui est vaguement<br />

pressenti comme une maladie :<br />

– on part d’une gêne difficile à définir, une espèce de<br />

32<br />

démangeaison (l. 10), à un moment précis de la journée,<br />

Quand j’ai dîné (l. 9) => il s’agit sûrement d’un simple<br />

problème digestif, sans gravité, suffixe en -ouille (l. 11) ;<br />

– aspect psychosomatique : le Tambour doute d’abord,<br />

modalisateurs Il me semble bien (l. 22), on dirait que<br />

ça me fait mal (l. 24)…<br />

– on aboutit à une certitude : adverbe réellement (l. 54).<br />

Vis-à-vis : Molière et J. Romains<br />

6. a. Deux parodies de consultation qui se ressemblent :<br />

– médecins = imposteurs / patients = êtres naïfs ;<br />

– le médecin s’en tient à son idée dès le début de la<br />

consultation ;<br />

– diagnostic et ordonnance qui n’ont rien de médical.<br />

b. Enjeu différent :<br />

– Toinette veut faire entendre raison à Argan, l’hypocondriaque<br />

;<br />

– Knock = imposteur qui veut se débarrasser rapidement<br />

de son patient : dépêchons-nous (l. 6) pour mieux<br />

lui faire claironner son installation en ville.<br />

7. Dans les deux cas, le médecin est au-dessus du<br />

patient, le dominant de son regard intimidant (Juliette<br />

Carré, autoritaire devant Michel Bouquet), ou s’appuyant<br />

sur le dos du patient avec un sourire ironique<br />

(Louis Jouvet dessiné sur l’affiche) => supériorité du<br />

supposé savant sur le naïf.<br />

Prolongement : faire une recherche sur Louis Jouvet<br />

et/ou sur Michel Bouquet afin de montrer l’importance<br />

de leur travail d’interprétation de pièces du<br />

répertoire. Étudier un extrait de La Leçon de comédie<br />

de M. Bouquet (2010).<br />

Étude d’œuvre intÉgrale<br />

Molière, Le Malade imaginaire ➜ p. 64<br />

Objectif : Étudier comment les ressorts de la comédie<br />

sont au service de la satire des médecins.<br />

Pistes d’analyse<br />

1. Comédie et farce<br />

Scènes de farce :<br />

– comique de gestes avec la poursuite entre Argan et<br />

Toinette (acte I, scène 5) ;<br />

– comique de mots avec M. Purgon qui menace des<br />

pires maladies Argan qui a refusé un lavement (III, 5) ;<br />

– comique de répétition (III, 10).


2. Comédie et satire<br />

Béralde = porte-parole de Molière<br />

Portrait-charge des médecins :<br />

– des charlatans qui font courir des dangers à leurs<br />

patients avec leurs remèdes : c’est qu’avec tous les<br />

soins que […] vous n’êtes point crevé de toutes les<br />

médecines qu’on vous a fait prendre. (III, 3) le courroux<br />

de monsieur Purgon est aussi peu capable de vous<br />

faire mourir que ses remèdes de vous faire vivre (III, 6) ;<br />

– des érudits qui se gorgent de connaissances, sans<br />

aider leurs patients : Ils savent la plupart de fort belles<br />

humanités, savent parler en beau latin […] mais, pour<br />

ce qui est de les guérir, c’est ce qu’ils ne savent point<br />

du tout (III, 3).<br />

3. La comédie-ballet<br />

Scènes de ballet :<br />

– prologue (églogue) : divertissement de cour très<br />

apprécié au xvii e siècle, éloge du roi Louis XIV à l’appel<br />

de la déesse Flore qui enjoint les bergers et les bergères<br />

à se réunir pour faire plaisir au roi en donnant ce<br />

divertissement ;<br />

– entre les actes I et II, premier intermède : parodie<br />

de l’opéra, inspiré de la commedia dell’arte avec<br />

Polichinelle, prétendant de Toinette qui doit faire appel<br />

à lui pour transmettre à Cléanthe le message d’Angélique<br />

à propos de son mariage forcé ;<br />

– II, 5 : la leçon de chant se transforme en opéra improvisé<br />

= duo de Cléanthe, berger Tircis, et Angélique,<br />

bergère Philis => les deux amants communiquent et se<br />

rassurent à propos de leur amour mutuel. Argan n’est<br />

pas dupe => il les interrompt, mais il juge le sens des<br />

paroles sans y percevoir le message caché ;<br />

– entre les actes II et III, deuxième intermède : chant<br />

et danse d’Égyptiens vêtus en Maures. Béralde a invité<br />

une troupe rencontrée pendant le Carnaval pour qu’elle<br />

joue devant Argan, afin de le divertir et de lui épargner<br />

une ordonnance de monsieur Purgon (II, 9) ;<br />

– fin de l’acte III, troisième intermède : cérémonie burlesque<br />

en latin de cuisine à l’initiative de Béralde dont<br />

Argan est le premier personnage qui se fait médecin.<br />

Scène = dénouement de la pièce, véritable satire qui<br />

dénonce l’érudition de façade.<br />

Prologue et premier intermède = simples divertissements<br />

dans un genre très en vogue (Molière offre<br />

chaque année au roi l’occasion de danser). Polichinelle<br />

= simple prétexte.<br />

Autres scènes reliées à l’intrigue et constituant des<br />

étapes importantes : ruse de Cléanthe et cérémonie<br />

finale.<br />

4. Une comédie de caractère<br />

Troubles d’Argan => réveil du comique :<br />

– un homme qui survit grâce aux remèdes de son apothicaire<br />

et de son médecin, monologue où sont énumérés<br />

douze médecines et huit lavements (I, 1) => excès ;<br />

– course-poursuite avec Toinette, il s’interrompt quand<br />

Angélique lui rappelle sa fragilité (I, 5) ;<br />

– même épuisement après la bataille d’oreillers avec<br />

Toinette (I, 6) : comportement puéril avec Béline ;<br />

– une prétendue migraine (II, 2) ;<br />

– il ne se découvre pas à l’arrivée des Diafoirus (II, 5) ;<br />

– Argan confie son malaise à son frère (II, 9) ;<br />

– Toinette lui impose sa canne (III, 1) ;<br />

– le lavement de M. Fleurant (III, 4) ;<br />

– dispute avec M. Purgon qui le menace de tous les<br />

maux (III, 5) => Argan au plus mal. Etc.<br />

=> chaque scène révèle la monomanie d’Argan, l’hypocondrie,<br />

mais aussi sa naïveté vis-à-vis de ses médecins<br />

et son égoïsme vis-à-vis de sa fille, mariage forcé<br />

avec Thomas Diafoirus, médecin.<br />

Argan = nœud et résolution de l’intrigue : en se faisant<br />

médecin, il trouve la solution en lui-même et soulage<br />

son entourage. Conseil de Béralde : Faites-vous<br />

médecin vous-même. La commodité sera encore plus<br />

grande, d’avoir en vous tout ce qu’il vous faut (III, 14).<br />

activitÉs comPlÉmentaiRes<br />

1. Entraînement à l’écriture d’invention<br />

Conseils :<br />

– lire les didascalies initiales pour s’en inspirer : utiliser<br />

les auteurs du théâtre de l’absurde, prolixes dans<br />

ce domaine, par exemple Ionesco, Rhinocéros (1959)<br />

=> repérer les indications spatiales précises et le style<br />

épuré ;<br />

– s’inspirer de mises en scène de la Comédie-Française :<br />

nombreuses photographies disponibles sur Internet et<br />

dans des ouvrages de critique théâtrale => apport pour<br />

des didascalies originales ;<br />

– élaborer des croquis en vous aidant des différentes<br />

éditions du Malade imaginaire, notamment, les<br />

Nouveaux classiques Larousse.<br />

2. Commentaire littéraire<br />

Projet de lecture : la portée argumentative d’une<br />

scène de dialogue entre deux personnalités opposées.<br />

Partie I. Une conversation grave entre frères<br />

1 er § : l’enjeu = l’avenir d’Angélique (Béralde insiste<br />

sur les liens familiaux : adjectifs possessifs, « votre<br />

33


fille » répété trois fois opposé à « mon frère » ; idées<br />

de bonheur et d’inclination en fin de scène = conception<br />

moderne fondée sur le mariage d’amour).<br />

2 e § : deux personnalités opposées (sagesse et maîtrise<br />

de soi de Béralde, « philosophe », raisonneur<br />

≠ emportement et égoïsme du monomane Argan).<br />

3 e § : un dialogue posé (précautions nombreuses de<br />

Béralde, raisonneur habile).<br />

Partie II. Une argumentation autour de plusieurs<br />

thèmes<br />

1 er § : la médecine (critique acerbe, trois arguments :<br />

savoir uniquement théorique, méconnaissance des<br />

lois de la nature, mensonge).<br />

2 e § : la religion (homme considéré comme un « mystère<br />

» insondable, mentions du salut et de la « foi » à<br />

propos de Purgon => connotation religieuse).<br />

3 e § : le théâtre de Molière (un remède au même<br />

titre que la médecine, objectif cathartique abordé ;<br />

mise en abyme mettant en avant l’état de santé de<br />

Molière).<br />

Remarque : en vue d’un commentaire, cette scène, très<br />

longue, peut être raccourcie, voire réduite à l’une des<br />

tirades de Béralde, par exemple celle du dernier tiers<br />

de la scène : Mon Dieu, mon frère, ce sont pures idées…<br />

Histoire des arts ➜ p. 66<br />

Le mythe de Don Juan, du théâtre au cinéma<br />

Questions<br />

1. Représentation du libertin :<br />

– maquillage : fond de teint blanc qui accentue la noirceur<br />

du regard soulignée par le khôl ;<br />

– regard mi-désabusé, mi-manipulateur : regard<br />

oblique et paupières un peu baissées ;<br />

– lèvres exprimant l’ironie.<br />

Prolongement : regarder et commenter l’extrait du<br />

film proposé sur le DVD-Rom.<br />

2. Michel Piccoli : acteur charismatique sans avoir le<br />

physique d’un séducteur. Son début de calvitie remet<br />

en cause sa virilité et souligne son âge. Son costume<br />

de cuir, sa chemise blanche et son rasage imparfait lui<br />

confèrent une allure négligée mais attirante.<br />

34<br />

exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 68<br />

RevoiR<br />

1 La mécanique comique<br />

Molière, Le Tartuffe<br />

1. Souffrances d’Elmire présentées avec compassion :<br />

verbe pouvoir employé avec la négation ou le verbe<br />

empêcher (v. 6, 12, 13) opposé au verbe falloir (v. 14)<br />

=> devoir de la servante auprès de sa maîtresse malade.<br />

Hyperboles : étrange à concevoir (v. 2), un grand<br />

dégoût (v. 5), rien du tout (v. 6), cruelle (v. 7), Tant…<br />

(v. 7), tout entière (v. 11)… => Dorine insiste sur la faiblesse<br />

d’Elmire.<br />

2. Même procédé : hyperboles, Gros, et gras (v. 4), il<br />

mangea deux perdrix, / Avec une moitié de gigot en<br />

hachis (v. 9-10).<br />

Confrontation de Tartuffe et Elmire : antithèses accentuées<br />

par les stichomythies :<br />

– état général (v. 1-4) : fièvre ≠ santé ;<br />

– dîner (v. 5-10) : jeûne ≠ festin ;<br />

– nuit (v. 11-18) : insomnie ≠ sommeil agréable (v. 15).<br />

3. Tonalité ironique : dénonciation du comportement<br />

de Tartuffe très éloigné du portrait qu’en a fait<br />

Mme Pernelle, la mère d’Orgon (I, 1).<br />

=> type comique du valet fourbe, de la servante rusée<br />

qui s’immisce dans les affaires de famille.<br />

4. a. Comique de répétition : alternance de deux<br />

répliques similaires : Et Tartuffe ? (v. 3, 8, 15) et Le<br />

pauvre homme ! (v. 5, 11, 19). Interrogation puis exclamation<br />

= Orgon dans l’émotion et l’inquiétude après<br />

son absence => attachement aveugle à Tartuffe.<br />

b. Orgon : sourd aux propos de Dorine qui cherche<br />

pourtant à l’impressionner (hyperboles, répliques longues),<br />

il semble « possédé » par Tartuffe.<br />

aPPRofondiR<br />

2 Le vaudeville<br />

E. Labiche, Un chapeau de paille d'Italie<br />

1. Dialogue difficile : Fadinard doit reprendre le fil de<br />

son histoire à plusieurs reprises : reprenant le ton du<br />

récit (l. 5-6), Reprenant (l. 10), Reprenant son récit (l. 14).<br />

Les personnages ne se connaissent pas bien et ont du<br />

mal à se comprendre : Il cherche à embrasser Fadinard<br />

(l. 2) => verbe chercher = difficulté.


2. Points de suspension : personnage hésitant, ne<br />

sachant que raconter, ou le faisant volontairement mal,<br />

conscient que l’oncle de sa femme n’entend pas bien<br />

=> rythme haché.<br />

3. Définition du vaudeville illustrée :<br />

– une comédie légère : l’intrigue porte sur le mariage<br />

de Fadinard et la noce ;<br />

– dialogue de sourds : ces sentiments vous honorent<br />

(l. 17), J’oublie toujours qu’il est sourd ! (l. 19). Fadinard<br />

s’obstine à raconter ce que l’oncle ne comprendra pas ;<br />

– situation cocasse : la disparition du cabriolet avec la<br />

répétition de cabriolet (l. 26-28).<br />

4. a. Fadinard s’apprête à révéler à Vézinet sa mésaventure<br />

au bois de Vincennes : son cheval a mangé le chapeau<br />

de paille d’une jeune femme, Anaïs Beauperthuis,<br />

qui se trouvait avec son amant, le lieutenant Émile<br />

Tavernier. Ce chapeau est très rare, il faut pourtant le<br />

lui remplacer pour que son mari ne s’aperçoive pas de<br />

sa sortie.<br />

b. Vézinet apporte un cadeau de noces, on découvre<br />

à la fin de la pièce qu’il a offert un chapeau de paille<br />

d’Italie, identique à celui qui a été mangé par le cheval<br />

de Fadinard. La solution était donc là dès le début de<br />

la pièce.<br />

3 La fonction morale de la comédie<br />

Beaumarchais, préface du Mariage de Figaro<br />

1. Ton polémique :<br />

– vocabulaire à connotation péjorative : aussi stérile<br />

que funeste (l. 2-3), punissable abus (l. 4-5), plumes<br />

vénales (l. 9) ;<br />

– insultes par périphrase (faiseurs de bulletins, l. 12)<br />

ou métaphore (vermine, l. 15) ;<br />

– verbe de jugement de valeur : Je hais (l. 3-4).<br />

Procédés de l’art du discours :<br />

– registre épidictique : blâme ;<br />

– implication personnelle du locuteur : pronom je (l. 3,<br />

4, 5…) et modalisateurs : subjonctif imparfait, se crût<br />

(l. 8), adverbe malheureusement (l. 9), expression On<br />

doit (l. 18) ;<br />

– cohérence du propos : question rhétorique (l. 11-14),<br />

connecteurs logiques : donc (l. 11), mais (l. 16).<br />

2. Excès visés :<br />

– théâtre comme lieu de règlement de comptes personnels<br />

(l. 2) ;<br />

– auteurs cupides : plumes vénales (l. 9).<br />

Antithèse entre critique et satire personnelle avec<br />

chiasme : porte du fruit sans nous blesser / blesse toujours<br />

et ne produit jamais (l. 1-2). La critique des vices<br />

ou des défauts de la société est générale, elle n’atteint<br />

donc personne en particulier et peut aboutir à un changement<br />

de comportement / la critique d’une personne<br />

n’aboutit à rien d’autre qu’à la toucher de manière grave<br />

et durable.<br />

3. a. L’auteur de théâtre est opposé au journaliste.<br />

Énumération péjorative : des mille et un feuillistes, faiseurs<br />

de bulletins, afficheurs (l. 11-12). Leur nombre<br />

renforce leur médiocrité.<br />

b. Modalisateurs : la plus amère (l. 1), aussi stérile<br />

que funeste (l. 2-3), Je hais (l. 3-4), si punissable abus<br />

(l. 4-5), se crût en droit (l. 8), un bien lâche (l. 13)…<br />

= termes péjoratifs reposant sur des superlatifs et des<br />

hyperboles.<br />

4. Métaphores :<br />

– arène de gladiateurs (l. 7) : loi du plus fort, idée de<br />

spectacle, mise à mort publique ;<br />

– géant qui blesse à mort tout ce qu’il frappe (l. 17-18) :<br />

personnification qui rend le théâtre redoutable.<br />

5. Thèmes à aborder : abus et maux publics (l. 19).<br />

ÉcRiRe<br />

4 Comique et tragique<br />

E. Ionesco, Notes et contre-notes<br />

1. a. Deux objectifs différents : faire rire (comique) /<br />

indigner et émouvoir (tragique).<br />

b. Opinion paradoxale :<br />

– pour le sens commun : comique = dérision, mais tragique<br />

= désespoir ;<br />

– pour Ionesco, c’est le contraire : il s’explique en<br />

enchaînant les liens logiques et les définitions, mais<br />

il ajoute des modalisateurs de doute pour marquer la<br />

subjectivité de son propos : il me semble (l. 3), Pour<br />

certains (l. 7), paraître (l. 7, 14), me semble-t-il (l. 17).<br />

=> raisonnement logique :<br />

– le comique est absurde, l’absence d’issue provoque<br />

le désespoir ;<br />

– le tragique se caractérise par notre impuissance face<br />

au destin et par la vanité de nos actes, il revêt en cela<br />

une apparence comique.<br />

2. a. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 58 :<br />

– relation entre la victime et son bourreau : Pozzo et<br />

Lucky ;<br />

– émotion, révolte de Vladimir et Estragon devant l’absurdité<br />

de la situation ;<br />

– fin de la scène : pleurs de Lucky.<br />

b. Aristophane, Lysistrata ➜ p. 35 : difficultés des rela-<br />

35


tions entre homme et femme au point d’en venir aux<br />

insultes, incompréhension totale qui a des conséquences<br />

désastreuses pour la cité.<br />

Molière, Tartuffe ➜ p. 68 : le manque de préoccupation<br />

du conjoint dans le couple Orgon-Elmire rend la pièce<br />

pessimiste.<br />

= deux exemples de comédie qui engendrent le désespoir.<br />

3. Premier argument : le comique offre une issue<br />

puisqu’il détend les relations entre les personnages<br />

36<br />

Textes<br />

● Molière, L’Impromptu de Versailles (1663) : l’auteur<br />

révèle la complexité de ses fonctions en se<br />

mettant en scène au cours d’une répétition avec sa<br />

troupe.<br />

● Boulgakov, Le Roman de Monsieur Molière<br />

(1933) : l’auteur russe, traducteur des œuvres de<br />

Molière, raconte sa vie avec le regard critique et<br />

complice du dramaturge qu’il est lui-même.<br />

● A. Simon, Molière (1978)<br />

● A. Degaine, Histoire du théâtre dessinée (2000)<br />

● K. Delobbe, Molière (2003)<br />

Textes du DVD-Rom<br />

● E. Ionesco, La Leçon (1951)<br />

● H. de Montherlant, La mort qui fait le trottoir<br />

(1956)<br />

Films<br />

● M. Bluwal, Dom Juan (1965)<br />

● A. Mnouchkine, Molière (1978) : choisir des épisodes<br />

de sa vie comme son enfance, sa passion<br />

pour le théâtre, ou sa mort avec l’escalier et les<br />

souvenirs…<br />

● D. Mesguich, Dom Juan (2001)<br />

● L. Tirard, Molière ou le comédien malgré lui (2007)<br />

Vidéos du DVD-Rom<br />

● J. Losey, Don Giovanni (extrait, 1979)<br />

Prolongements<br />

et permet à chacun de prendre conscience de ses<br />

défauts.<br />

Ex. : Molière, Le Malade imaginaire ➜ p. 60 : Toinette<br />

a élaboré cette ruse du déguisement en médecin et<br />

de la consultation pour faire prendre conscience à<br />

Argan de son obsession.<br />

Deuxième argument : le comique peut s’appuyer<br />

sur des raisonnements fondés et donner lieu à une<br />

réflexion productive, loin de toute absurdité.<br />

Ex. : Molière, Dom Juan : dialogue sur la religion, un<br />

sujet grave qui voit s’affronter l’athéisme et la foi.<br />

● G. Werler, mise en scène du roi se meurt d’Eugène<br />

Ionesco (2006)<br />

Activités<br />

● Analyse de corpus<br />

Corpus : E. Labiche, Un chapeau de paille d’Italie<br />

➜ p. 68<br />

S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 58<br />

E. Ionesco, Notes et contre-notes ➜ p. 69<br />

La photographie de mise en scène de Bernard<br />

Sobel ➜ p. 58<br />

a. Question d’analyse : dans quelle mesure les<br />

thèmes du théâtre de l’absurde s’inscrivent-ils dans<br />

une filiation plus ancienne que l’après-guerre ?<br />

N’oubliez pas de faire valoir les interprétations que<br />

propose la photographie de mise en scène.<br />

b. Commentaire. Commentez le texte de Labiche<br />

(en vous appuyant sur les réponses à l’exercice 2<br />

➜ p. 68).<br />

c. Dissertation. Eugène Ionesco a sous-titré certaines<br />

de ses pièces comme La Leçon (1951) de<br />

farces tragiques. Cette expression semble-t-elle<br />

applicable aux pièces de théâtre de différentes<br />

époques que vous avez étudiées lors de votre scolarité<br />

?<br />

d. Écriture d’invention. Réécrivez la scène de<br />

Samuel Beckett en remplaçant les répliques de<br />

Vladimir et d’Estragon par d’énergiques protestations<br />

à l’encontre de la façon dont Pozzo maltraite<br />

Lucky. Transformez la scène en conséquence.


sÉQuenCe 3<br />

Racine et ses sources<br />

➜ Livre de l’élève, p. 70<br />

Analyse<br />

d’image<br />

B. Flémal, Le Sacrifi ce<br />

d’Iphigénie ➜ p. 71<br />

Objectif : Étudier la représentation d’un sujet<br />

mythologique dans un tableau classique.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Iphigénie : au centre de la composition, sur l’autel, les<br />

pieds dénudés, prête pour le sacrifice, attitude offerte.<br />

Agamemnon : costume de guerrier (tunique et casque<br />

d’hoplite), tient la main de sa fille tout en détournant le<br />

regard pour ne pas assister au sacrifice => expression<br />

du conflit d’un père tiraillé entre sa tendresse pour sa<br />

fille et son devoir de roi.<br />

Artémis : vêtue d’une robe blanche, elle repose dans le<br />

ciel sur la lune au-dessus de la scène, la présence de la<br />

biche permet d’identifier la déesse de la chasse et de<br />

révéler l’issue du « sacrifice », la substitution d’Iphigénie<br />

par une biche (version du mythe par Ovide dans Les<br />

Métamorphoses).<br />

2. L’encensoir, le glaive, le récipient pour recueillir le<br />

sang, les sandales de la victime = éléments symbolisant<br />

les préparatifs et le déroulement du sacrifice.<br />

Analyse<br />

3. Les couleurs chaudes : rose et or = les humains<br />

(Agamemnon, les soldats, le prêtre).<br />

Les couleurs froides : bleu (pour Iphigénie) et blanc légèrement<br />

teinté de bleu (pour Artémis) couleur de l’arrièreplan<br />

= celle qui n’appartient pas ou plus au monde des<br />

humains, Iphigénie, par l’association des couleurs, est<br />

déjà passée de l’autre côté. Couleurs de la pureté, couleurs<br />

mariales (certes, scène antique mais revisitée à<br />

l’époque classique, dans une France catholique).<br />

4. Les personnages se voilent la face, horrifiés par le<br />

sacrifice => fonction tragique (horreur et pitié) => spectateurs<br />

internes du sacrifice // chœur de la tragédie<br />

antique.<br />

5. a. Arrière-plan central : nuage blanc et brumes associés<br />

à Artémis, seul personnage qui regarde, tous les<br />

autres détournent le regard.<br />

Arrière-plan droit : navires grecs attendant le départ<br />

pour Troie, conditionné par le sacrifice.<br />

b. Cet arrière-plan annonce la tension : possibilité<br />

d’une alternative au sacrifice, pourtant attendu de<br />

façon pressante.<br />

6. Artémis, prise de pitié, diffuse une brume et remplace<br />

Iphigénie par une biche au moment du sacrifice.<br />

Elle emmène Iphigénie en Tauride où celle-ci devient<br />

une de ses prêtresses.<br />

Question de synthèse<br />

7. La terreur et l’effroi des personnages confèrent au<br />

tableau une tonalité tragique, mais il s’avère davantage<br />

épique par l’annonce de la péripétie qui va sauver<br />

Iphigénie, remplacée par une biche.<br />

=> Iphigénie est sauvée de sa destinée tragique par<br />

l’intervention providentielle d’Artémis.<br />

Prolongement : comparer cette représentation classique<br />

du sacrifice d’Iphigénie avec une représentation<br />

plus violente, retrouvée à Pompéi dans la maison du<br />

poète tragique (inspirée d’un tableau de Timanthe).<br />

Texte1 Texte J. Racine, Andromaque<br />

➜ p. 72<br />

Objectif : Étudier une scène de confl it dans une<br />

tragédie classique.<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Un dialogue : affrontement entre deux personnages.<br />

2. Pyrrhus est amoureux mais dépité. Si Andromaque<br />

le rejette, il se vengera sur son fils que la Grèce lui<br />

réclame => chantage affectif odieux.<br />

Mise au point<br />

3. Plus = désormais, à dissocier de la tournure négative<br />

ne…que (pour ne s’arrêter désormais que dans l’indifférence)<br />

=> tournure ambiguë exprimant la volonté<br />

contrariée de Pyrrhus et laissant supposer un engrenage<br />

fatal.<br />

37


Analyse<br />

4. Pyrrhus ressent de la colère : haïr (v. 2), haïsse avec<br />

fureur (v. 6), ma juste colère (v. 7) => champ lexical de<br />

la haine = revers de la passion amoureuse.<br />

5. a. Antithèse, soulignée par le parallélisme du vers 6<br />

(avec // avec) et la disposition des termes opposés dans<br />

chaque hémistiche : s’il n’aime ≠ haïsse (v. 6), transport<br />

≠ fureur (v. 6).<br />

b. Le thème de la passion est à l’origine du désir de vengeance<br />

=> antithèses = sentiments opposés de Pyrrhus<br />

passant de l’amour à la haine, à cause de l’indifférence<br />

d’Andromaque.<br />

6. Andromaque est dominée par l’idée de la mort, présentée<br />

comme une libération : il mourra donc (v. 11),<br />

futur de l’indicatif => certitude ; Sa mort (v. 14), Je<br />

prolongeais pour lui ma vie (v. 15) => vie = fardeau ;<br />

j’irai revoir son père (v. 16), par vos soins réunis (v. 17)<br />

=> périphrases pour désigner la mort = joie d’Andromaque<br />

à l’idée de rejoindre son époux décédé.<br />

7. Retournement du rapport de force, la détermination<br />

d’Andromaque ébranle la colère de Pyrrhus = discours<br />

moins autoritaire, plus ouvert (modalisateur d’incertitude<br />

au vers 19 : Peut-être => il en appelle à l’amour<br />

maternel : allez voir votre fils, v. 18, en l’embrassant,<br />

songez à le sauver, v. 22.<br />

Question de synthèse<br />

8. Mise en scène d’un personnage confronté à un<br />

dilemme : Pyrrhus oscille entre ses devoirs politiques<br />

(v. 9-10) et son amour pour Andromaque (champ lexical<br />

de l’amour).<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche<br />

a. Enlèvement d’Hélène, femme de Ménélas, roi de<br />

Sparte par Pâris, fils du roi de Troie (Priam).<br />

Coalition des Achéens et des Grecs menée par<br />

Agamemnon pour récupérer Hélène.<br />

Une première expédition sans succès.<br />

Une deuxième expédition (huit ans plus tard) :<br />

– Artémis en colère bloque la flotte dans le port d’Aulis<br />

et sacrifice d’Iphigénie ;<br />

– arrivée de la flotte à Troie et premier siège ;<br />

– épidémie de peste dans le camp grec, désaccord entre<br />

Agamemnon et Achille à propos d’une esclave ;<br />

– Achille se retire du combat ;<br />

– Patrocle prend les armes d’Achille pour combattre et<br />

aider les Grecs ;<br />

38<br />

– mort de Patrocle ;<br />

– Achille reprend le combat et tue Hector (fils de<br />

Priam) ;<br />

– épisode du cheval de Troie ;<br />

– sac de Troie : Néoptolème (= Pyrrhus), fils d’Achille,<br />

récupère en butin de guerre Andromaque l’épouse<br />

d’Hector.<br />

b. Astyanax est jeté du haut des murs de la ville par<br />

Néoptolème.<br />

Racine ne retient pas cet événement : Andromaque est<br />

captive avec son fils, considéré comme une menace par<br />

les Grecs.<br />

10. Écriture d’invention<br />

Nous ne vous estimerons plus en ennemi !<br />

Nous vous devons, monsieur, un si charmant<br />

tableau :<br />

Tous les restes d’un sang glorieux au tombeau.<br />

Oui, nous expirons, mon fils et moi-même, heureux.<br />

Prolongement : repérer les diérèses dans le texte de<br />

Racine et dans ce quatrain ; commenter l’effet produit<br />

par ce procédé stylistique.<br />

Texte Euripide, Andromaque<br />

d’un<br />

À l’autre 1<br />

➜ p. 73<br />

Objectif : Découvrir une version antique qui a inspiré<br />

la pièce de Racine.<br />

Questions<br />

1. Mari et fils d’Andromaque tués par les Grecs (l. 5-7).<br />

Andromaque donnée en butin de guerre à Néoptolème,<br />

réduite à la condition d’esclave (l. 8-9).<br />

Néoptolème fait d’elle sa maîtresse, un fils naît de cette<br />

union (l. 16).<br />

Néoptolème la repousse dans le dessein d’épouser<br />

Hermione (l. 19-20).<br />

Hermione, en raison de sa stérilité, est hostile à l’égard<br />

d’Andromaque (l. 21-26).<br />

=> prologue = mise en place du contexte, rappels inscrivant<br />

l’œuvre dans le cycle troyen.<br />

2. a. Le camp troyen :<br />

– Priam (l. 2) : roi de Troie, père d’Hector ;<br />

– Hector (l. 3) : fils de Priam, époux décédé d’Andromaque<br />

;<br />

– Astyanax (l. 6) : fils décédé d’Hector et d’Andromaque.<br />

Le camp grec :<br />

– Ménélas (l. 26) : roi de Sparte, époux d’Hélène (cause<br />

de la guerre de Troie) ;


– Hermione (l. 19) : fille de Ménélas et d’Hélène ;<br />

– Thétis et Pélée (l. 11) : mère et père d’Achille ;<br />

– Achille (l. 16) : fils de Pélée, héros de la guerre de<br />

Troie ;<br />

– Néoptolème (l. 9) : fils d’Achille.<br />

b. Périphrase désignant Néoptolème, dont le surnom<br />

est Pyrrhus (texte 1) => personnage dans l’ombre de<br />

son père héroïque.<br />

3. Hermione est une menace pour Andromaque et son<br />

fils : cruelles injures (l. 20), droits d’épouse (l. 22-23),<br />

me faire périr (l. 25-26) => outil des dieux dans l’accomplissement<br />

du destin tragique.<br />

4. Andromaque inspire pitié et horreur envers le destin<br />

de cette femme prisonnière, abusée par son maître, en<br />

danger de mort. Fonction : faire naître le tragique.<br />

Vis-à-vis : Racine et Euripide<br />

5. Andromaque est une prisonnière malheureuse : les<br />

pleurs de sa mère (v. 12), mes ennuis (v. 14), ma vie et<br />

ma misère (v. 15) chez Racine // la plus malheureuse<br />

des femmes (l. 4), esclave (l. 8), le malheur (l. 18), malgré<br />

moi (l. 23), contre mon gré (l. 24-25), en butte aux<br />

cruelles injures (l. 20) chez Euripide.<br />

Elle est la seule protection de son enfant menacé : pour<br />

sa défense / Que les pleurs de sa mère (v. 11-12) //<br />

trouver dans le salut de l’enfant une défense et un<br />

secours contre le malheur (l. 18).<br />

Prolongement : lire le récit de la mort d’Hector et<br />

celui de la prise de Troie dans l’Iliade afin de pouvoir<br />

les comparer avec les réminiscences de la guerre de<br />

Troie évoquée par les personnages de la pièce de<br />

Racine.<br />

Étude d’œuvre intÉgrale<br />

J. Racine, Andromaque ➜ p. 75<br />

Objectif : Étudier l’enchaînement des différentes<br />

étapes dramatiques dans une tragédie classique.<br />

Pistes d’analyse<br />

1. La passion amoureuse<br />

Des passions amoureuses non réciproques conduisent<br />

tous les personnages à la haine, à la mort (Pyrrhus et<br />

Hermione) ou à la folie (Oreste) => vision très pessimiste<br />

de l’amour où l’on perçoit l’influence du jansénisme :<br />

– déclaration d’amour d’Oreste à Hermione dominée<br />

par le champ lexical de la mort (acte II, scène 2) ;<br />

– déclaration de Pyrrhus à Andromaque, je meurs si je<br />

vous perds, v. 922 (III, 7) ;<br />

– jalousie destructrice d’Hermione, je percerai le cœur<br />

que je n’ai pu toucher, v. 1244 (IV, 3) ;<br />

– Oreste, rejeté par Hermione, devient fou (V, 3-4).<br />

=> l’ensemble de la pièce est une catharsis visant à<br />

mettre en garde le spectateur contre les dangers de la<br />

passion amoureuse.<br />

2. Le tragique<br />

Pièce qui suscite l’horreur et la pitié, et met en place<br />

une catharsis (➜ réponse 1).<br />

Fatalité interne de l’amour : personnages prisonniers<br />

de leur passion amoureuse, champ lexical du destin et<br />

de l’emprisonnement pour évoquer l’amour => Oreste<br />

= tu vis mon désespoir, et tu m’as vu depuis / Traîner<br />

de mers en mers ma chaîne et mes ennuis (I, 1,<br />

v. 43-44), Pyrrhus = Mais cet amour l’emporte. Et par<br />

un coup funeste, / Andromaque m’arrache un cœur<br />

qu’elle déteste. / L’un par l’autre entraînés nous courons<br />

à l’autel (IV, 5, v. 1297-1299).<br />

Les décisions déterminantes :<br />

– mise en place du chantage par Pyrrhus (I, 4) ;<br />

– Hermione refuse d’aider Andromaque (III, 6) ;<br />

– Andromaque décide d’épouser Pyrrhus, puis de se<br />

donner la mort, geste funeste qu’elle n’exécutera finalement<br />

pas (IV, 1) ;<br />

– Hermione demande à Oreste de tuer Pyrrhus (IV, 3).<br />

3. Les règles du théâtre classique<br />

Respect des trois unités :<br />

– unité de temps : l’action = une seule journée<br />

=> Oreste : Je viole en un jour les droits (v. 1571) ;<br />

– unité de lieu : salle du palais où vont et viennent les<br />

personnages ;<br />

– unité d’action : amour de Pyrrhus pour Andromaque<br />

(autres amours liées au déroulement de l’intrigue principale<br />

: Andromaque pour Hector, mort ; Oreste pour<br />

Hermione ; Hermione pour Pyrrhus) ;<br />

– vraisemblance : caution mythologique des textes<br />

antiques, proto-histoire (entre histoire et mythologie) ;<br />

– bienséance : assassinat de Pyrrhus (V, 3) et suicide<br />

d’Hermione (v. 1610-1612) racontés (≠ montrés sur<br />

scène).<br />

activitÉs comPlÉmentaiRes<br />

1. Entraînement à la dissertation<br />

Problématique : en quoi le tragique des personnages<br />

d’Andromaque est-il lié au conflit défini par Péguy ?<br />

39


Partie I. Des personnages en conflit<br />

1 er § : conflit politique avec les autres hommes.<br />

Ex. : Pyrrhus est en conflit politique avec les Grecs<br />

qui lui réclament Astyanax.<br />

2 e § : conflit sentimental, rapport à l’être aimé sur le<br />

mode de l’affrontement.<br />

Ex. : jalousie destructrice d’Hermione, « je percerai<br />

le cœur que je n’ai pu toucher » (IV, 3).<br />

3 e § : conflit avec les dieux.<br />

Ex. : Oreste lutte contre son destin tragique (champ<br />

lexical du destin présent dans toute la pièce, rappel<br />

implicite de la malédiction des Atrides).<br />

Partie II. Des personnages qui font naître le tragique<br />

1 er § : importance des scènes d’« agôn » : scènes<br />

d’affrontement => champs lexicaux du combat et de<br />

la haine.<br />

Ex. : affrontement de Pyrrhus et d’Andromaque (I,<br />

4) (cf. texte 1).<br />

2 e § : tirades ou monologues mettant en évidence le<br />

conflit interne des personnages (dilemmes).<br />

Ex. : dilemme d’Andromaque entre sa fidélité à<br />

Hector et son amour pour son fils (III, 8), et dilemme<br />

d’Hermione qui hésite entre son amour et son désir<br />

de vengeance (monologue, V, 1).<br />

3 e § : actions violentes en conséquence.<br />

Ex. : violence des autres, assassinat de Pyrrhus et<br />

violence contre soi-même, suicide d’Hermione et<br />

folie d’Oreste.<br />

=> conclusion : affrontement = caractéristique principale<br />

des personnages conduits à une issue tragique.<br />

2. Commentaire<br />

Andromaque, acte V, scène 4<br />

Problématique : en quoi ce monologue révèle-t-il la<br />

dimension tragique du personnage ?<br />

Partie I. Un examen de conscience<br />

1 er § : bilan de l’action.<br />

Ex. : structure du monologue (les étapes du récit).<br />

2 e § : autoportrait en assassin.<br />

Ex. : champ lexical du meurtre et de la violence.<br />

3 e § : mise en accusation d’Hermione et de l’amour.<br />

Ex. : blâme d’Hermione (« ingrate », v. 1575, 1581 ;<br />

« la rage », v. 1577).<br />

Partie II. Un monologue aux portes de la folie<br />

1 er § : énonciation fortement expressive => trouble<br />

du personnage.<br />

Ex. : modalisateur d’incertitude (v. 1567), nombreuses<br />

phrases interrogatives = ébranlement des<br />

certitudes ; phrases exclamatives à la fin du monologue<br />

= colère.<br />

2 e § : langage de l’excès => contre la bienséance.<br />

Ex. : figures de l’amplification (hyperboles, gradation,<br />

v. 1574), rythme accumulatif (v. 1572-1573),<br />

40<br />

diérèses (« furi/eux » à la rime du vers 1579, et<br />

« odi/eux » à la césure du vers 1582).<br />

3 e § : mise en place du tragique.<br />

Ex. : ironie du sort, en obéissant à Hermione, Oreste<br />

la perd définitivement (« jamais », v. 1576, 1580)<br />

= horreur et pitié du spectateur à l’égard de cet<br />

homme victime de l’amour<br />

=> conclusion : accomplissement du destin tragique<br />

d’Oreste qui sombre dans la folie (annonce la scène<br />

suivante).<br />

Texte2 Texte J. Racine, Britannicus<br />

➜ p. 76<br />

Objectif : Étudier les principes rhétoriques<br />

de la narration dans une tirade classique.<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Junie quitte la scène pour retrouver Britannicus.<br />

Sortie du personnage = changement de scène dans le<br />

théâtre classique français (≠ Shakespeare).<br />

2. Respect de la règle de bienséance imposant de ne<br />

pas représenter sur scène d’actions violentes.<br />

L’action n’est pas représentée, mais racontée par un<br />

personnage = narration, donc texte narratif.<br />

Mise au point<br />

3. l’Empereur = sujet du verbe dût (v. 33).<br />

dût = subjonctif imparfait => mode de l’hypothèse<br />

(conséquences possibles d’une action condamnée par<br />

l’empereur).<br />

Analyse<br />

4. a. Mettre en scène le coup de théâtre par l’irruption<br />

de Burrhus.<br />

Brièveté = accélération de l’action et intensité de<br />

l’émotion.<br />

b. Le vers 3 est éclaté sur trois répliques => désordre<br />

et agitation, Junie et Agrippine restent quasiment sans<br />

voix et attendent l’information essentielle : il est mort.<br />

5. a. Arrivée de Britannicus au banquet (v. 9-11, jusqu’à<br />

on se tait).<br />

Échange des serments d’amitié entre Britannicus et<br />

Néron (et soudain…, v. 11-18).<br />

Chute de Britannicus (v. 19-22).<br />

Réaction des courtisans (v. 23-26).<br />

Réaction de Néron et de Narcisse (v. 27-32).<br />

Burrhus quitte le banquet (v. 33-36).


. Présent de narration => dramatisation de l’action.<br />

c. Vers 13 à 16 et vers 29 à 30=> discours direct pour<br />

rapporter les paroles de Néron et insister davantage<br />

sur le caractère froid de ce personnage monstrueux.<br />

6. a. Euphémisme = la lumière à ses yeux est ravie<br />

(v. 21), sans chaleur et sans vie (v. 22).<br />

=> bienséance linguistique, approche classique de la<br />

mort dont on atténue le côté choquant.<br />

b. Pour éviter de s’attarder sur la description du corps<br />

de Britannicus et pour inspirer l’horreur et la pitié<br />

chez le spectateur qui peut s’identifier aux spectateurs<br />

internes de la scène (les courtisans).<br />

Question de synthèse<br />

7. Utilisation de la narration : refus de mettre en scène<br />

la violence.<br />

Bienséance linguistique : euphémismes pour évoquer<br />

le mort, refus de donner une description précise.<br />

= approche classique.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Historiquement, Néron est soupçonné<br />

d’avoir empoisonné Britannicus son demi-frère et<br />

sa propre mère Agrippine. On l’accuse aussi d’être à<br />

l’origine de l’incendie de Rome. Les auteurs antiques<br />

(Suétone, Tacite) le décrivent comme un monstre proche<br />

de la folie. Les historiens contemporains invitent à relativiser<br />

ce portrait excessif.<br />

Racine est fidèle au portrait proposé par les auteurs<br />

antiques.<br />

9. Lecture expressive. Utiliser la fonction expressive<br />

du langage pour faire ressentir les émotions des personnages<br />

grâce aux intonations : horreur de Burrhus,<br />

chagrin et douleur de Junie, incrédulité d’Agrippine.<br />

Utiliser le langage du corps : Junie peut manquer de<br />

s’effondrer au sol à l’annonce de la nouvelle (v. 3), puis<br />

se reprendre au vers 5 et finalement partir en courant ;<br />

Agrippine reste figée, le regard hagard comme paralysée,<br />

Burrhus immobile contemple les deux femmes<br />

avant de raconter.<br />

Prolongement : commenter la photographie de la<br />

mise en scène de J.-L. Martin Barbaz ➜ p. 76 en mettant<br />

l’accent sur les attitudes bien différenciées des<br />

personnages féminins.<br />

Texte Tacite, Annales<br />

d’un<br />

À l’autre 2<br />

➜ p. 78<br />

Objectif : Découvrir la source antique de la tragédie<br />

de Racine.<br />

Questions<br />

1. Texte narratif : Un breuvage… est servi… (l. 5-6),<br />

Mais Agrippine laissa… (l. 14). Présent de narration,<br />

puis passé simple et éléments descriptifs et explicatifs,<br />

à l’imparfait.<br />

Structure :<br />

– explication sur le fonctionnement d’un repas de<br />

prince, à Rome (l. 1-5) ;<br />

– récit rapide de la mort de Britannicus (Un breuvage…<br />

ravis, l. 5-9) ;<br />

– description des convives réagissant à cette mort, en<br />

insistant sur Néron (Le trouble…, l. 9-14) ;<br />

– description de la réaction personnelle d’Agrippine<br />

(mais…, l. 10-19) ;<br />

– phrase finale (l. 19-20) : reprise du festin.<br />

2. Il dramatise et souligne la rapidité foudroyante de<br />

l’attentat et des premières réactions des convives.<br />

3. a. Description des us et coutumes de la cour :<br />

– les fils de princes mangent avec les autres gens de<br />

leur âge (l. 1 à 3) ;<br />

– un serviteur goûte leur plat afin de prévenir les attentats<br />

(l. 3-4) ;<br />

– évocation des troubles épileptiques de Britannicus<br />

(l. 12-13) ;<br />

– explication de la réaction d’Agrippine en fonction des<br />

événements historiques à venir (l. 17-18).<br />

b. Cour qui vit dans la crainte de Néron et dans la dissimulation<br />

; chacun compose son attitude en fonction<br />

de celle de l’empereur : les yeux fixés sur Néron (l. 11),<br />

appris à cacher la douleur… (l. 19).<br />

4. Style romanesque :<br />

– évocation palpitante de la mort de Britannicus :<br />

adjectif d’intensité telle et précision temporelle en<br />

même temps (le poison, qui se répandit dans tous ses<br />

membres avec une telle rapidité que la parole et le<br />

souffle lui furent en même temps ravis, l. 7 à 9) ;<br />

– tension dans la description de la réaction d’Agrippine<br />

: Mais Agrippine laissa éclater une telle frayeur,<br />

un tel désarroi… (l. 14-15).<br />

=> dramatisation, présence d’un narrateur quasi<br />

omniscient.<br />

41


Vis-à-vis : Racine et Tacite<br />

5. a. Fidélité de Racine :<br />

– rapidité de la mort : Mais ses lèvres à peine ont<br />

touché les bords, / Le fer ne produit point de si puissants<br />

efforts, / Madame, la lumière à ses yeux est<br />

ravie (v. 19-21) // le poison, qui se répandit dans tous<br />

ses membres avec une telle rapidité que la parole et<br />

le souffle lui furent en même temps ravis (l. 7 à 9)<br />

=> champ lexical de la rapidité ;<br />

– description de la réaction des courtisans et de Néron<br />

=> les imprudents extériorisent leur effroi ≠ les plus<br />

aguerris feignent le calme : La moitié s’épouvante…<br />

composent leur visage (v. 24-26) // Le trouble s’empare…<br />

yeux fixés sur Néron (l. 9-11).<br />

b. La version de Racine est plus développée, plus dramatique<br />

: discours direct, détails précis (Narcisse, le<br />

propre gouverneur de Britannicus, verse le breuvage<br />

empoisonné), présent de narration, comparaison de la<br />

mort par empoisonnement avec celle occasionnée par<br />

le fer.<br />

Prolongement. Lecture complémentaire : P. Delaby<br />

et J. Dufaux, Muréna, « De sable et de sang », tome 3 :<br />

le meurtre de Britannicus en bande dessinée avec<br />

une version légèrement différente, Agrippine serait à<br />

l’origine de l’empoisonnement de Britannicus<br />

Texte3 Texte J. Racine, Iphigénie<br />

➜ p. 80<br />

Objectif : Analyser la progression et la rhétorique<br />

d’un monologue délibératif classique.<br />

42<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Tirade de délibération : Agamemnon doit prendre<br />

une décision.<br />

Étape 1 : expression de l’angoisse et du combat intérieur<br />

d’Agamemnon (v. 1-4).<br />

Étape 2 : Agamemnon s’imagine le sacrifice d’Iphigénie<br />

(v. 5-16).<br />

Étape 3 : décision de renoncer au sacrifice mise en<br />

valeur par le rejet (…Qu’elle vive, v. 17-21).<br />

Étape 4 : revirement souligné par le connecteur logique<br />

d’opposition Mais => Agamemnon craint qu’Achille<br />

n’interprète ce renoncement comme une marque de<br />

faiblesse (v. 21-24).<br />

Étape 5 : nouveau revirement, elle vivra (v. 25-30).<br />

2. Iphigénie reste en vie, mais n’épousera pas Achille.<br />

Mise au point<br />

3. a. sang (v. 6, 19) : sens figuré = personne d’un même<br />

sang, d’une même famille (métonymie).<br />

=> reformulation du vers 19 : Cédons aux liens familiaux,<br />

à la tendresse et à l’amour.<br />

sang (v. 16) : sens propre = sang qui coule dans les<br />

veines et sera répandu au cours du sacrifice.<br />

b. Sens figuré : ordre cruel, mais aussi au sens propre =<br />

ordre qui va faire couler le sang d’Iphigénie.<br />

Analyse<br />

4. Champ lexical du combat : combat (v. 3), ennemi<br />

(v. 4), défendra (v. 6), prix glorieux (v. 15), cédons (v. 19),<br />

accorder la victoire (v. 22), humilier l’audace (v. 26)<br />

=> métaphore pour la prise de décision.<br />

Opposants : sa fille = ennemi qu’on livre (v. 4), la mère<br />

d’Iphigénie, Clytemnestre (v. 5), ses soldats (v. 7-8),<br />

Achille (v. 9, 22-26), mais surtout lui-même, luttant<br />

pour prendre sa décision.<br />

5. Phrases interrogatives, souvent des questions rhétoriques<br />

=> conflit du personnage qui se dédouble<br />

et s’interroge, tiraillé entre sa tendresse filiale et son<br />

orgueil de souverain.<br />

6. Arguments :<br />

– l’hostilité de tous ses proches (v. 5-8) ;<br />

– une fille obéissante et soumise qui ne mérite pas ce<br />

sort (v. 10-12) ;<br />

– aucune gloire à tirer d’une victoire acquise au prix de<br />

sa fille (v. 13-16) ;<br />

– un défi contre la volonté des dieux (v. 17-19) ;<br />

– l’amour et la pitié pour sa fille (v. 19-29).<br />

7. Achille a un caractère agressif, belliqueux et orgueilleux<br />

mis en valeur par le parallélisme du vers 9 (Achille<br />

nous menace, Achille nous méprise), superbe Achille<br />

(v. 22), Son téméraire orgueil (v. 23), l’audace (v. 26)<br />

=> relation conflictuelle entre les deux hommes.<br />

Achille du côté de l’hybris, démesure dans la culture<br />

grecque.<br />

Question de synthèse<br />

8. Personnage confronté à un dilemme : son devoir de<br />

chef et son amour de père. Deux thèses s’affrontent,<br />

l’hésitation est perceptible à travers les interrogations.


Pour aller plus loin<br />

9. Recherche<br />

Le sacrifice d’Isaac (Ancien Testament) Le sacrifice d’Iphigénie (Les Métamorphoses)<br />

• Sacrifice d’un fils :<br />

– demande incompréhensible de Dieu ;<br />

– dilemme entre l’obéissance à Dieu et l’amour pour son fils<br />

=> Abraham obéit à son Dieu ;<br />

– Abraham organise seul l’holocauste de son fils ;<br />

– intervention de l’ange : je sais maintenant que tu crains<br />

Dieu ;<br />

– présence d’un bélier dont les cornes sont prises dans un<br />

buisson=> envoyé par Dieu, sacrifice.<br />

=> en récompense de son obéissance absolue, Dieu promet<br />

à Abraham la postérité de sa descendance.<br />

10. Commentaire<br />

Une tirade délibérative<br />

1 er § : structure de la tirade => évolution de la pensée<br />

(➜ questions 1, 2 et 6).<br />

2 e § : personnage en conflit avec les autres, mais<br />

aussi avec lui-même (➜ question 4).<br />

3 e § : énonciation expressive révélant comment<br />

Agamemnon cherche d’abord à se persuader luimême<br />

(➜ question 5 et impératifs, verbes de<br />

volonté, omniprésence de la première personne).<br />

Texte Eschyle, Agamemnon<br />

d’un<br />

À l’autre 3<br />

➜ p. 82<br />

Objectif : Comprendre les spécifi cités de la tragédie<br />

grecque et son infl uence sur Racine, auteur classique.<br />

Questions<br />

1. a. Chœur = groupe d’hommes appelés choreutes<br />

(quinze pour la tragédie, deux fois sept et le chef de<br />

choeur) qui assurent les parties chantées et dansées,<br />

témoins de l’action, ils n’interviennent pas, mais expriment<br />

leurs émotions (horreur, pitié) => incarnation du<br />

tragique sur scène, double du spectateur.<br />

Coryphée = chef du chœur, il peut dialoguer parfois<br />

avec les acteurs.<br />

b. Phrases exclamatives exaltant les sentiments exprimés<br />

: Las ! hélas ! (l. 3) ou ton âme s’exhale sous un<br />

coup sacrilège ! (l. 22-23) et phrases interrogatives<br />

révélant le désarroi devant le destin implacable des personnages<br />

: Est-il ici rien qui ne soit œuvre des dieux ?<br />

(l. 4) ou mon roi, mon roi, comment te pleurer ? (l. 20).<br />

2. Coryphée : Ah ! mon roi […] sacrilège (passage<br />

répété, l. 5-8 et l. 20-24).<br />

• Sacrifice d’une fille :<br />

– pour calmer le courroux de la déesse Artémis ;<br />

– dilemme entre l’intérêt public et la tendresse pour son fils<br />

=> Agamemnon obéit à l’intérêt public ;<br />

– les prêtres préparent l’immolation (tumulte, prière) ;<br />

– intervention d’Artémis qui étend un nuage pour voiler la<br />

cérémonie ;<br />

– elle remplace Iphigénie par une biche.<br />

=> les bateaux d’Agamemnon peuvent partir à l’attaque de<br />

Troie, mais la malédiction pèse toujours sur les Atrides.<br />

Chœur : reprise du motif sur la responsabilité des dieux<br />

et déploration Las ! hélas ! (l. 3), Las, hélas ! tu gis<br />

là sur une couche indigne (répété, l. 10, 25) => ton<br />

lyrique et tragique propre aux passages chantés par le<br />

chœur et le coryphée.<br />

3. a. Les dieux : Zeus (l. 3-4), l’âpre Génie vengeur<br />

d’Atrée (l. 14), le noir Arès (l. 18), l’arme à deux tranchants<br />

brandie par une épouse (l. 26).<br />

=> Clytemnestre = instrument de la vengeance des<br />

dieux (l. 12-15).<br />

b. Atrée, père d’Agamemnon et fondateur de la dynastie<br />

des Atrides, tua les deux fils de son frère Thyeste et<br />

organisa un banquet où il lui fit manger ses enfants.<br />

Les dieux punirent Atrée et sa descendance : Sous la<br />

forme de l’épouse de ce mort, c’est l’antique, l’âpre<br />

Génie vengeur d’Atrée, du cruel amphitryon, qui a<br />

payé cette victime, immolant un guerrier pour venger<br />

des enfants (l. 13-15) => rappeler la malédiction = se<br />

décharger de la responsabilité du crime de son mari.<br />

4. le Génie (l. 2), Zeus (répété, l. 3), rien qui ne soit<br />

œuvre des dieux (l. 4), l’âpre Génie (l. 14), le Génie<br />

vengeur (l. 17), le noir Arès (l. 18) => les dieux sont à<br />

l’origine de tous ces événements tragiques = absence<br />

de liberté humaine, poids de la fatalité.<br />

Vis-à-vis : Racine et Eschyle<br />

5. Racine : le personnage affronte les dieux : Je veux<br />

fléchir des dieux la puissance suprême. / Ah ! Quels<br />

dieux me seraient plus cruels que moi-même ?<br />

(v. 17-18) => affirmation de la liberté humaine ;<br />

conscience d’Agamemnon = dieu plus cruel que les<br />

dieux eux-mêmes.<br />

Eschyle : les dieux sont omnipotents, absence de liberté.<br />

Est-il ici rien qui ne soit œuvre des dieux ? (l. 4).<br />

43


6. Iconographie. Décors et costumes noirs, drapés et<br />

voiles => atmosphère de deuil, dimension tragique.<br />

Chairs blanches et dénudées des deux comédiennes<br />

assises sur le sol et le glaive => symbolique du sacrifice<br />

et de personnages soumis ou brisés par le destin.<br />

Personnages debout à l’arrière-plan en train de lire =><br />

chœur antique, voix tragique, voile = retrait par rapport<br />

à l’action, personnage sans livre = coryphée.<br />

Prolongement. Lecture cursive : aborder une réécriture<br />

moderne du mythe : La guerre de Troie n’aura<br />

pas lieu (1935) ou Électre (1937) de Jean Giraudoux.<br />

Histoire des arts ➜ p. 85<br />

Le classicisme<br />

Questions<br />

1. Architecture = arrière-plan très présent qui confère<br />

stabilité et solidité à la composition (cadre interne) par<br />

contraste avec le désordre humain du premier plan<br />

(enchevêtrement des corps).<br />

Mise en valeur du sujet central du tableau, Alexandre<br />

le Grand :<br />

– verticalité des colonnes et des piliers = rappel de la<br />

position verticale d’Alexandre, le sceptre à la main ;<br />

– horizontalité des lignes successives des bâtiments =<br />

effet de profondeur et rappel du sujet central (horizontale<br />

du char tiré par l’éléphant).<br />

2. François Girardon, Louis XIV à cheval (1685-1687) :<br />

statue équestre en bronze exposée au Louvre.<br />

– Imitation de l’antique : Louis XIV en empereur romain<br />

avec un manteau de commandement antique (symbole<br />

de la royauté), pieds nus dans des sandales. Inspiré<br />

de la statue antique de Marc-Aurèle (Rome, place du<br />

Capitole).<br />

– Recherche du naturel, de la bienséance : sculpture<br />

peu chargée, personnage habillé de simples drapés.<br />

– Signification allégorique : buste droit, regard impérieux,<br />

position dominante sur le cheval qui marche sur<br />

le bouclier et le glaive d’un vaincu => symbole de la<br />

puissance militaire et du pouvoir, fleurs de lys sur la<br />

selle et la perruque bouclée = clé du tableau : Louis XIV.<br />

– Instruction par la séduction (stratégie de persuasion)<br />

: illustrer la puissance du roi dans une œuvre de<br />

commande.<br />

44<br />

exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 87<br />

RevoiR<br />

1 La tragédie selon Aristote<br />

Aristote, Poétique<br />

1. Imitation (l. 5) : faire vivre l’action, genre théâtral /<br />

narration (l. 6) : raconter l’action, genre épique et romanesque.<br />

2. Objectif de la tragédie : obtenir la purgation des<br />

émotions (l. 8), la catharsis, en inspirant de la pitié et<br />

de la crainte (l. 7).<br />

3. Belle tragédie :<br />

– une action noble (l. 1) => personnages et actions<br />

élevés ;<br />

– une certaine étendue (l. 2) => un texte long ;<br />

– purgation des émotions (l. 8) => spectacle efficace<br />

et civique ;<br />

– un langage relevé d’assaisonnements (l. 3, 8-9)<br />

= rythme, mélodie et chant (l. 10), alternance entre<br />

poésie chantée et non chantée => travail poétique sur<br />

le langage.<br />

aPPRofondiR<br />

2 Le tragique chez Corneille<br />

P. Corneille, Cinna<br />

1. Champ lexical de la mort : mort(s) (v. 2, 16), massacré<br />

(v. 11), sanglante image (v. 13), sang (v. 24), on n’abat<br />

point de têtes (v. 25), péril certain (v. 27).<br />

Hyperbole : démesure (mille morts, v. 16), antithèse<br />

(son sang… le tien, v. 24) : personnage tiraillé entre<br />

amour et haine => dilemme.<br />

2. Monologue délibératif => solitude du personnage<br />

tragique qui doit prendre seul sa décision : contre moi,<br />

moi-même je m’irrite (v. 21).<br />

3. a. Étape 1 : introduction = désir de réfléchir sur une<br />

âme envahie par la haine (v. 1-8).<br />

Étape 2 : la voix de la haine, contre l’empereur Auguste<br />

(v. 9-16).<br />

Étape 3 : la voix de l’amour, à l’évocation de Cinna<br />

(v. 17-20).<br />

Étape 4 : conflit intérieur, amour pour Cinna ≠ désir de<br />

tuer Auguste (v. 21-27).<br />

b. Dilemme tragique entre amour et désir de vengeance.


3 La tragédie romanesque<br />

P. Quinault, Thésée<br />

1. Champ lexical de la galanterie : ne m’aime plus (v. 1),<br />

des nœuds que l’Amour fit (v. 2), des liens si doux (v. 6),<br />

une volage (v. 7), la belle Églé (v. 11), l’unique bien<br />

(v. 13), soupir (v. 15, 16), cœur (v. 15), Vos beaux yeux<br />

(v. 17), m’attendrir (v. 18) => atmosphère légère par le<br />

jeu des métaphores et allégories précieuses.<br />

2. Extrait peu tragique :<br />

– personnages avec peu de grandeur : Thésée prêt à<br />

mourir pour une femme et non pour une cause héroïque<br />

et Églé = volage (v. 7) joue la grandeur (v. 16) ;<br />

– la crainte et la pitié ne sont pas suscitées => absence<br />

de catharsis.<br />

3. Chez Racine : champ lexical de la haine associé à<br />

celui de l’amour (eros et thanatos).<br />

Chez Quinault : absence de démesure, champ lexical de<br />

la galanterie => vision de l’amour plus apaisée, amour<br />

≠ mort et destruction.<br />

4 Les caractéristiques du héros tragique<br />

J. Racine, préface d’Andromaque<br />

1. La perfection ne peut faire naître le tragique => son<br />

sort malheureux susciterait davantage l’indignation<br />

que la pitié (l. 17-18), émotion attendue pour le tragique,<br />

ainsi que la terreur inspirée par des héros coupables<br />

de forfaits.<br />

2. Arguments d’autorité : Horace (l. 9) et Aristote (l. 11)<br />

= grands théoriciens antiques de la tragédie.<br />

3. Andromaque ≠ héroïne parfaite : ruse et mensonge<br />

pour sauver son fils tout en restant fidèle à son mari<br />

=> elle fait croire à Pyrrhus qu’elle accepte ses condi-<br />

tions, alors qu’elle compte se suicider juste après le<br />

mariage (IV, 1).<br />

Pyrrhus n’est pas « parfaitement » méchant : désir<br />

d’être aimé => vulnérable, il suscite la pitié, malgré<br />

son chantage odieux.<br />

ÉcRiRe<br />

5 La tragédie chez Shakespeare<br />

W. Shakespeare, Le Roi Lear<br />

1. Cette scène ne pourrait pas faire partie du répertoire<br />

classique car non-respect de la bienséance (violence<br />

sur scène) => yeux arrachés et épée dégainée pour<br />

tuer le serviteur sur scène.<br />

2. Champ lexical du regard : Je verrai (v. 2), Tu verras<br />

(v. 4), ces tiennes prunelles (v. 5), Tu vois (v. 10) et personnification<br />

des yeux (l. 9) => comique de mots jouant<br />

sur le sens propre et figuré du verbe voir et sur la personnification<br />

comique des yeux (nargue).<br />

3. Écriture d’invention. Forme : une tirade précédée<br />

d’une didascalie (Le serviteur).<br />

Situation de communication : des apostrophes au roi<br />

pour le prendre à témoin.<br />

Discours narratif : schéma narratif, présent de narration<br />

pour dramatiser les moments les plus intenses,<br />

discours rapportés.<br />

Registres tragique et pathétique : susciter la pitié et<br />

l’horreur avec un champ lexical de la fatalité, de l’indignation,<br />

de la souffrance, phrases exclamatives et<br />

questions rhétoriques.<br />

Bienséance linguistique : pas de comique de mots, mais<br />

métaphores et comparaisons, euphémismes, litotes.<br />

45


46<br />

Textes<br />

● Homère, Iliade (viii e siècle avant J.-C.) : récit de la<br />

guerre de Troie.<br />

● Sophocle, Électre (iv e siècle avant J.-C.) : conséquences<br />

du sacrifice d’Iphigénie.<br />

● Suétone, Vies des douze Césars (i er siècle) : figures<br />

d’empereurs, dont Néron.<br />

● J. Racine, Bérénice (1670) et Phèdre (1677)<br />

● J. Giraudoux, La guerre de Troie n’aura pas lieu<br />

(1935)<br />

● J.-P. Sartre, Les Mouches (1943)<br />

● P. Delaby et J. Dufaux, le cycle Muréna : saga en<br />

plusieurs tomes racontant le règne de Néron à<br />

travers le point de vue d’un personnage de fiction,<br />

Muréna.<br />

Texte du DVD-Rom<br />

● J. Racine, Bérénice, acte IV, scène 5<br />

Document audio du DVD-Rom<br />

● J. Racine, Bajazet, acte IV, scène 4<br />

Filmographie et scénographie<br />

● J. Rivette, L’Amour fou (1968), avec Bulle Ogier et<br />

Prolongements<br />

Jean-Pierre Kalfon : la moitié du film est consacrée<br />

à des comédiens en train de répéter une mise en<br />

scène d’Andromaque.<br />

● P. Chéreau, mise en scène de Phèdre (2003),<br />

entretiens avec le metteur en scène.<br />

● W. Petersen, Troie (2004) : péplum récent sur la<br />

guerre de Troie.<br />

Image du DVD-Rom<br />

● A. Cabanel, Phèdre (1880)<br />

Activités<br />

● Recherche. Comparer les différents traitements<br />

du personnage d’Oreste chez Sophocle (Électre),<br />

Racine (Andromaque), Sartre (Les Mouches) et<br />

Giraudoux (Électre).<br />

● Analyse d’image<br />

a. Dans quelle mesure le tableau de Giorgio de<br />

Chirico, Hector et Andromaque (1924) ➜ p. 72,<br />

permet-il de comprendre la psychologie du personnage<br />

d’Andromaque dans la pièce de Racine ?<br />

b. Quel est l’effet produit par la manière de représenter<br />

le couple ?


sÉQuenCe 4<br />

La tragédie classique et sa postérité<br />

➜ Livre de l’élève, p. 89<br />

Texte1 Texte P. Corneille, Horace<br />

➜ p. 90<br />

Objectif : Étudier une tirade tragique classique<br />

mettant en scène le dilemme d’un personnage<br />

féminin.<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Sabine est l’épouse d’Horace (v. 1-2), romaine par<br />

alliance (v. 1). Née à Albe (v. 5-6), elle a trois frères<br />

(v. 12).<br />

2. Guerre entre Rome et Albe = Lorsqu’entre nous et toi<br />

je vois la guerre ouverte (v. 7). Rome fait la guerre pour<br />

agrandir sa puissance (v. 15-16), mais les deux villes,<br />

voisines, sont liées par leur histoire (v. 29-32).<br />

Mise au point<br />

3. Champ lexical du désespoir : hélas ! (v. 1), esclave<br />

enchaînée (v. 3), Je crains (v. 8). Sentiments d’inquiétude<br />

et de désarroi.<br />

Analyse<br />

4. Sabine s’adresse à Albe : anaphore du nom Albe<br />

(v. 5 et 6), adjectif possessif de 1re personne, mon (v. 6),<br />

et pronom personnel de 2e personne, toi (v. 7). Elle<br />

s’adresse également à Rome : nom en début de vers,<br />

Rome (v. 9), pronoms personnels et adjectifs personnels<br />

de 2e personne du singulier (v. 9-11, 15, 17, 19-23,<br />

25-33, 36) et de 2e personne du pluriel, nous (v. 7).<br />

5. a. Personnification : le sein de ta mère (v. 32), l’amour<br />

maternelle (v. 35). Antithèse : termes mélioratifs pour<br />

désigner Albe : cher pays (v. 6), premier amour (v. 6),<br />

Sa joie (v. 34), Ses vœux (v. 36) et termes négatifs pour<br />

désigner Rome : tu te plains (v. 9), Ingrate (v. 29).<br />

b. Sabine privilégie Albe, sa ville natale et ville de son<br />

cœur, par les apostrophes affectives (v. 6), par le rappel<br />

des origines albaines de Rome (v. 29-31) et le sentiment<br />

maternel de la ville vis-à-vis de Rome (v. 34-36).<br />

6. Sentiment d’attachement de Sabine traduit par le<br />

désespoir qui l’assaille au début de la tirade lorsqu’elle<br />

s’imagine devoir choisir entre Rome et Albe : hélas !<br />

(v. 1), esclave enchaînée (v. 3). Puis elle apostrophe la<br />

ville et parle d’elle en termes fortement mélioratifs :<br />

mon cher pays, et mon premier amour (v. 6), Sa joie<br />

(v. 34), amour maternelle (v. 35). Enfin, elle encourage<br />

la ville de Rome à se détourner de la ville d’Albe et à<br />

aller conquérir sa puissance ailleurs, soulignant que<br />

ce serait un acte matricide (v. 32) car Albe est, pour<br />

Sabine, la mère de Rome (v. 29-36).<br />

Question de synthèse<br />

7. Dilemme de Sabine, tiraillement propre au tragique :<br />

je crains notre victoire, autant que notre perte (v. 8),<br />

Mes trois frères dans l’une et mon mari dans l’autre<br />

(v. 12) et sentiment de désespoir de Sabine : hélas !<br />

(v. 1), Mais ce nœud me tiendrait en esclave enchaînée,<br />

/ S’il m’empêchait de voir en quels lieux je suis<br />

née (v. 3-4).<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche<br />

a. Rome et Albe sont en guerre et chaque ville désigne<br />

trois combattants qui doivent s’affronter pour régler<br />

le conflit. Trois conquérants sont désignés de chaque<br />

côté, les Horaces pour Rome et les Curiaces pour Albe.<br />

Récit de Tite-Live : les Albains ont d’abord le dessus et<br />

tuent deux des Romains mais, dans un revirement de<br />

situation, Horace, le dernier Romain, tue à lui seul les<br />

trois Albains. De retour à Albe, avec les dépouilles de<br />

ses victimes, Horace rencontre sa jeune sœur qui, fiancée<br />

à l’un des Curiaces morts, manifeste son désespoir.<br />

Agacé par ses lamentations, il la tue d’un coup d’épée.<br />

Chez Corneille, intérêt pour le conflit à la fois politique<br />

et familial, le patriotisme et la vaillance des héros, le<br />

meurtre tragique de la sœur.<br />

b. Peinture : F. de Mura, Horace tuant sa sœur après<br />

la défaite des Curiaces (vers 1760) et J.-L. David, Le<br />

Serment des Horaces (1785).<br />

Théâtre : B. Brecht, Les Horaces et les Curiaces (1934).<br />

9. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– texte à produire = scène de théâtre écrite en prose, ce<br />

qui suppose le respect des codes de l’écriture théâtrale<br />

(noms des personnages, didascalies…) ;<br />

47


– scène d’exposition, c’est-à-dire une scène qui présente<br />

les personnages, l’intrigue et les conditions du<br />

conflit ;<br />

– personnages = héros tragique, pris dans une situation<br />

à laquelle il ne peut pas échapper, et son confident,<br />

personnage de rang inférieur qui relance le dialogue et<br />

permet la révélation des informations ;<br />

– respect du registre tragique : désespoir du personnage,<br />

dilemme ;<br />

– choix du contexte laissé à l’appréciation de l’élève,<br />

mais doit appartenir à l’époque contemporaine.<br />

Hélas, l’actualité récente recèle de nombreuses possibilités<br />

: conflits internes dans l’ex-Yougoslavie toujours<br />

vivaces, rivalité entre le Nord et le Sud de la Côted’Ivoire,<br />

entre la Tripolitaine et la Cyrénaïque en Libye,<br />

entre la région autonome du Kurdistan et certains États<br />

voisins (Turquie et Irak), etc., sans oublier des conflits<br />

dans l’Europe communautaire (tensions religieuses en<br />

Irlande, entre le Pays basque et la Castille en Espagne,<br />

entre la Corse et la France, etc.)<br />

Prolongement : analyser les deux œuvres picturales<br />

de Francesco de Mura, Horace tuant sa sœur après la<br />

défaite des Curiaces (vers 1760) et de Jacques-Louis<br />

David, Le Serment des Horaces (1785) afin d’étudier la<br />

composition des toiles et de s’interroger sur le choix<br />

du moment de l’histoire représenté, sa dimension tragique<br />

et héroïque.<br />

48<br />

Texte H. de Montherlant,<br />

d’un<br />

À l’autre 1<br />

La Reine morte ➜ p. 91<br />

Objectif : Étudier une tragédie moderne revisitant le<br />

thème classique de l’amour contrarié vu à travers le<br />

regard féminin.<br />

Questions<br />

1. Les dames d’honneur informent le public sur les sentiments<br />

que ressent l’Infante, Comme elle a mal (l. 5-7),<br />

sur son caractère, Elle est toute pétrie d’orgueil (l. 6) et<br />

sur ses origines, elle est de Navarre (l. 8).<br />

2. La scène d’exposition offre des informations principales<br />

sur les personnages, sur la situation et l’action en<br />

cours et à venir.<br />

Informations caractéristiques ici :<br />

– royaumes de Navarre et du Portugal sur le point de<br />

créer une alliance en unissant l’infante de Navarre et<br />

don Pedro, fils du roi du Portugal, union orchestrée par<br />

les pères, rois des deux royaumes (l. 9-14) ;<br />

– don Pedro amoureux d’une autre, doña Inès de Castro<br />

(l. 22-26) => humiliation pour l’Infante.<br />

3. a. Types de phrase : exclamatives (l. 1-2, 9, 28-30) et<br />

interrogative (l. 31-32).<br />

Vocabulaire du désarroi : Je me plains (l. 1), un glaive<br />

enfoncé dans mon cœur (l. 2), cela me déchire (l. 3),<br />

humiliation (l. 32), je serais morte (l. 38-39). Elle parle<br />

sur un ton enflammé et indigné, se plaignant plus de<br />

l’humiliation qui lui est faite que de l’amour bafoué :<br />

on me fait venir, comme une servante (l. 28-29), Ma<br />

bouche sèche quand j’y pense (l. 30-31), l’affront (l. 38).<br />

b. Elle est en proie au désespoir et à l’humiliation, au<br />

nom de son honneur, d’un certain orgueil vis-à-vis de<br />

la situation. Elle n’accepte pas d’avoir été repoussée<br />

par don Pedro et son récit met l’accent sur l’aspect<br />

inattendu de ce rejet : elle rappelle l’accord entre les<br />

rois (l. 9-15), puis sa venue au Portugal (l. 15-16) et la<br />

froideur du jeune prince (l. 16-19) avant de révéler la<br />

déclaration de don Pedro (l. 19-24). De plus, elle insiste<br />

de manière hyperbolique sur l’humiliation subie, une<br />

cause de mort en Navarre (l. 31-39).<br />

4. Le présent de narration : Nous venons (l. 15), fait<br />

un aveu (l. 20), plaide (l. 20), déclare (l. 22), on me fait<br />

venir (l. 28-29), dédaigne (l. 30) => l’utilisation de ce<br />

temps dramatise et rend plus vivant le récit.<br />

Vis-à-vis : Corneille et Montherlant<br />

5. Sabine : combativité et respect vis-à-vis de la situation<br />

et des deux villes. Tirade avec des arguments<br />

convaincants à la ville de Rome pour l’engager à tourner<br />

vers d’autres territoires son désir de puissance et<br />

respect de ce désir et de la victoire éventuelle de Rome :<br />

Bien loin de m’opposer à cette noble ardeur (v. 21), Je<br />

voudrais déjà voir tes troupes couronnées / D’un pas<br />

victorieux franchir les Pyrénées (v. 23-24).<br />

L’Infante, au contraire, se sent trahie et humiliée, elle<br />

réagit avec orgueil sans respecter les sentiments de<br />

don Pedro. Égoïsme marqué par la répétition du pronom<br />

personnel me : Ainsi on me fait venir, comme une<br />

servante, pour me dire qu’on me dédaigne et me rejeter<br />

à la mer ! (l. 28-30).<br />

6. Sabine = femme plus respectueuse de sa position hiérarchique<br />

et des autres. Désespérée, elle se refuse pourtant<br />

à accabler l’ennemi. L’honneur est maintenu, sans<br />

vaines critiques. L’Infante a conscience d’appartenir à<br />

l’excellence, mais fait preuve d’une fragilité révélée.<br />

Prolongement : lire Roméo et Juliette (1594) de<br />

William Shakespeare pour découvrir une autre tragédie<br />

consacrée à un amour contrarié.


Étude d’œuvre intÉgrale<br />

P. Corneille, Horace ➜ p. 93<br />

Objectif : Étudier intégralement une tragédie<br />

classique pour en comprendre les principes et les<br />

enjeux.<br />

Pistes d’analyse<br />

1. Le héros cornélien<br />

Horace incarne les valeurs suivantes :<br />

– courage et bravoure (acte II, scène 1, v. 383-384 ; IV,<br />

2, v. 1131-1133) ;<br />

– patriotisme farouche et sans borne (II, 1, v. 399-400 ;<br />

IV, 5, v. 1299-1300) ;<br />

– fraternité réconfortante (II, 4, v. 517-530) ;<br />

– tendresse maritale (II, 6, v. 667-677) ;<br />

– orgueil (IV, 7, v. 1353-1354 ; v. 1356-1362 ; V, 2,<br />

v. 1569-1582) ;<br />

– démesure et monstruosité (V, 1, v. 1425-1428).<br />

=> Horace = personnage ambivalent qui incarne dans<br />

les actes II et III, un héros patriote et vertueux, et dans<br />

les actes IV et V, un héros plus sombre, voire monstrueux.<br />

2. Le dilemme cornélien<br />

Sabine : I, 1, v. 25-60 -> p. 90 = dilemme entre Rome<br />

et Albe ;<br />

Curiace : II, 1, v. 389-397 = dilemme entre l’asservissement<br />

d’Albe, sa ville natale, et la mort de son ami<br />

Horace ;<br />

Curiace : II, 5, v. 577-596 = dilemme entre son statut de<br />

Curiace et son amante romaine ;<br />

Sabine : III, 1 = dilemme entre son amour pour Horace<br />

et ses origines albaines.<br />

=> portée tragique = caractère inconciliable des deux<br />

termes du dilemme.<br />

3. La narration d’un conflit<br />

La narration suscite l’émotion :<br />

– récit du vieil Horace (III, 6) : sentiments de désespoir<br />

et de honte de voir Rome aux mains des Albains => il<br />

laisse de côté la narration du combat (v. 1027-1034) ;<br />

– récit du combat fait par Valère sous la forme d’un<br />

dialogue avec le vieil Horace (IV, 2) => narration plus<br />

vivante et dynamique. Récit saisissant grâce aux antithèses<br />

: Tous trois étant blessés, et lui seul sans blessure<br />

(v. 1104), Trop faible / trop fort (v. 1105), ou plus<br />

ou moins pressé (v. 1109) / ou plus ou moins blessé<br />

(v. 1110), égale (v. 1111) / inégaux (v. 1112) ; aux allitérations<br />

en [s], v. 1119-1122 : son, sort, second, secoure,<br />

son, se, s’épuise, superflus, son. Discours direct rapportant<br />

les paroles d’Horace (v. 1131-1133) => dramatisation<br />

et vivacité renforcées du récit.<br />

Néanmoins, la représentation suscite également une<br />

émotion forte chez le spectateur, qui ne peut plus se<br />

contenter d’imaginer les actes qu’on lui raconte, mais<br />

voit sans pouvoir l’atténuer la violence et l’horreur du<br />

combat.<br />

activitÉs comPlÉmentaiRes<br />

1. Entraînement à la dissertation<br />

Problématique : dans quelle mesure peut-on considérer<br />

Horace, personnage ambivalent, comme un<br />

héros cornélien ?<br />

Partie I. Horace : un héros cornélien<br />

1er § : Horace = personnage passionné. Fervent<br />

patriote fidèle à sa patrie tout au long de la pièce,<br />

refusant de survivre à la défaite de son pays.<br />

2e § : vertueux, il fait preuve de sentiment fraternel<br />

vis-à-vis de Curiace avant qu’il ne devienne son<br />

ennemi, de tendresse vis-à-vis de sa femme. Engage<br />

dès le début sa sœur, Camille, à ne pas lui reprocher<br />

l’éventuelle mort de son amant (II, 4, v. 517-530).<br />

3e § : courageux => bravoure dans le combat.<br />

Partie II. Horace : un personnage de la démesure et<br />

inhumain<br />

1er § : Horace = patriote fanatique, prêt à tout sacrifier<br />

pour Rome : ne reconnaît plus Curiace comme<br />

son ami à l’instant même où il apprend qu’il sera<br />

son ennemi (II, 3, v. 502) et au-delà du simple<br />

héroïsme, gloire fondée sur la fermeté d’esprit dont<br />

il rêve (II, 3, v. 437-452, v. 485-488).<br />

2e § : auteur d’un double fratricide : il tue sans<br />

remords celui qu’il considérait comme un frère et<br />

tue sa sœur de sang-froid sans se laisser toucher par<br />

la violente douleur qu’elle ressent. Justification de<br />

son acte par la raison, réponse à une provocation de<br />

sa sœur (IV, 5, v. 1319).<br />

3e § : orgueilleux : seule sa gloire personnelle et<br />

celle de sa ville lui importent => il rejette sa propre<br />

femme (IV, 7).<br />

2. Recherche et réflexion<br />

Les Curiaces, trois frères albains et les Horaces, trois<br />

frères romains ; Camille, sœur d’Horace, dont le nom<br />

est une invention de Corneille => personnages unis par<br />

leur courage, conquérants et champions dans leur ville,<br />

et par des liens politiques, familiaux et sentimentaux.<br />

Ce qui a intéressé Corneille : les conquérants capables<br />

de grands exploits, le personnage passionné jusqu’à la<br />

démesure, partagé entre vice et vertu, et les intrigues<br />

49


politiques, familiales et sentimentales comportant de<br />

nombreux dilemmes.<br />

Texte2 Texte J. Racine, Bajazet<br />

➜ p. 94<br />

Objectif : Analyser la progression d’un monologue<br />

délibératif d’une héroïne tragique.<br />

50<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. a. Opposition entre les adjectifs possessifs et les pronoms<br />

personnels de la 1re personne désignant Roxane :<br />

Ma (v. 1), mes (v. 1), je m’étais (v. 2), j’ai (v. 3), mon (v. 4),<br />

moi (v. 5), me (v. 7) et les pronoms de la 3e personne désignant<br />

Atalide : elle (v. 4, 6), lui (v. 8). Ponctuation : exclamation<br />

(v. 2) puis une seule phrase de huit vers (v. 3-10).<br />

b. Roxane est désemparée et en colère, accumulant en<br />

une longue phrase ses griefs vengeurs.<br />

Mise au point<br />

2. Questions rhétoriques (v. 13-16, 22-24) => elles<br />

soulignent le tourment de Roxane, le trouble de son<br />

esprit qui doute mais ne veut pas s’avouer la trahison,<br />

ce qu’indiquent les attaques de phrases : conjonction<br />

Mais (v. 13, 22) et exclamation Quoi donc ! (v. 23).<br />

Analyse<br />

3. Étape 1 : soupçon et colère de Roxane à propos de la<br />

trahison d’Atalide (v. 1-13).<br />

Étape 2 : interrogations sur l’attitude d’Atalide qui<br />

éveillent davantage le soupçon (v. 13-18).<br />

Étape 3 : élaboration d’un stratagème pour piéger les<br />

amants (v. 19-27).<br />

Étape 4 : décision d’attendre et de tuer les amants si<br />

elle est publiquement répudiée (v. 27-42).<br />

=> pensée en mouvement qui passe de la colère à la<br />

raison et élabore un stratagème aux accents tragiques.<br />

4. Valeurs de respect et d’honneur :<br />

– indigne emploi (v. 22) = piège tendu à Bajazet<br />

=> Roxane condamne elle-même son stratagème ;<br />

– punir (v. 36), l’ingrat (v. 30), juste fureur (v. 37) = volonté<br />

d’attendre pour respecter l’honneur dû à Bajazet et à<br />

elle-même, retenue => Roxane affirme sa morale.<br />

5. Évolution des temps verbaux : passé dominant<br />

(v. 1-18) puis présent (v. 19-27), impératifs (Faisons,<br />

v. 27 ; fermons, v. 28 ; Laissons, v. 29 ; Poussons, v. 30 ;<br />

tentons, v. 30 ; Voyons, v. 31) et enfin le futur (osera,<br />

v. 32, 34 ; saurai, v. 35, 38) => détermination de Roxane<br />

qui surmonte le passé synonyme d’affront pour envisager<br />

avec fermeté l’avenir marqué par la vengeance.<br />

6. Champ lexical de la haine et de la vengeance :<br />

Poussons à bout (v. 30), le moment / De punir (v. 35-36),<br />

fureur (v. 37), perfide (v. 37), poignard (v. 39), percer<br />

(v. 40) => sentiment extrême de Roxane prête à commettre<br />

le pire contre Bajazet et son amante.<br />

Questions de synthèse<br />

7. La décision est tragique car elle entraîne la mort des<br />

personnages. Le spectateur, à l’avant-dernier acte de la<br />

pièce, s’attend à un dénouement dans le sang : crime<br />

réussi ou suicide.<br />

8. Iconographie. Costume oriental = turban, bijoux<br />

précieux, pantalon bouffant sous la robe et babouches.<br />

Costume donnant l’illusion de la richesse et de l’éclat<br />

de matières précieuses = ornements en soie et pierres<br />

précieuses, superposition de vêtements soyeux => il<br />

s’agit d’une femme orientale noble, comme l’indiquent<br />

le chapeau et le monologue.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Le personnage féminin chez Racine est :<br />

– pris dans un triangle amoureux : Roxane entre son<br />

mari et son amante, Andromaque entre le souvenir de<br />

son défunt mari Hector et Pyrrhus qui veut l’épouser,<br />

Phèdre mariée avec Thésée mais amoureuse d’Hippolyte<br />

son beau-fils, Bérénice, aimée d’Antiochus, aime<br />

Titus ;<br />

– en proie au dilemme ;<br />

– respectueux d’un certain ordre moral, malgré les passions<br />

et les tensions contradictoires.<br />

Mais elles ne se ressemblent pas toutes, certaines sont<br />

soumises (Andromaque, Bérénice) d’autres conduisent<br />

l’action (Roxane, Phèdre), certaines sont vertueuses<br />

(Andromaque, Bérénice), d’autres plus menaçantes<br />

(Phèdre, Roxane).<br />

10. Lecture expressive. Règles pour lire un alexandrin<br />

classique : e muet, respect des césures et accents<br />

toniques, liaisons, diérèses et synérèses.<br />

Prolongement : analyser le tableau de Pierre-<br />

Narcisse Guérin, Phèdre et Hippolyte (vers 1802) directement<br />

inspiré de l’œuvre de Racine.


Texte A. de Musset, Lorenzaccio<br />

d’un<br />

À l’autre 2<br />

➜ p. 96<br />

Objectif : Analyser la tirade d’un héros romantique<br />

tragique en proie à la folie meurtrière.<br />

Questions<br />

1. Lorenzo est en proie à la haine, voire à la folie. Champ<br />

lexical de la mort = tue (l. 1 et 20), m’empoisonne (l. 2),<br />

saute (l. 2), spectre (l. 2), squelette (l. 3), l’ombre (l. 4),<br />

m’arrache (l. 4), meurtre (l. 6-7 et 13), mourir (l. 9),<br />

empoisonne (l. 16), m’assommer (l. 18), sang (l. 26),<br />

frapper (l. 29), tombe (l. 30).<br />

2. Il cherche à émouvoir son interlocuteur par toutes<br />

les questions rhétoriques : c’est paradoxalement par la<br />

mort d’Alexandre qu’il restera vivant (l. 1-10).<br />

Arguments de valeur pour faire valoir l’honneur, le<br />

respect et la justice : ce meurtre, c’est tout ce qui me<br />

reste de ma vertu (l. 6) et arguments par analogie pour<br />

valoriser son engagement contre la tyrannie : il ne me<br />

plaît pas qu’ils m’oublient (l. 27-28) et il se compare à<br />

Brutus et Érostrate, deux meurtriers.<br />

3. Il se dit haï et méprisé par les républicains et tous les<br />

hommes (l. 14-19). Il avoue aimer le vin, le jeu et les<br />

filles (l. 12). Il apparaît d’abord au spectateur comme un<br />

homme de mauvaise vie, violent, arrogant et orgueilleux,<br />

mais la suite de la tirade ennoblit ses propos : son<br />

geste violent est une justification de sa morale, une<br />

révélation de sa vraie personnalité : J’en ai assez de me<br />

voir conspué (l. 17), les hommes comparaîtront devant<br />

le tribunal de ma volonté (l. 30-31).<br />

4. Brutus et Érostrate = références qui ont marqué l’histoire,<br />

comme eux, Lorenzo veut entrer dans l’histoire.<br />

5. Veux-tu (l. 1, 2, 4 et 9), Songes-tu (l. 6, répété deux<br />

fois), Voilà assez longtemps (l. 14-15), J’en ai assez<br />

(l. 17-18) et parallélisme Que les hommes me comprennent…<br />

(l. 23-24) et Qu’ils m’appellent… (l. 27)<br />

=> dimension argumentative par l’effet d’insistance et<br />

affective par le trouble qu’exprime l’anaphore.<br />

Vis-à-vis : Racine et Musset<br />

6. Valeurs = honneur, loyauté, respect et justice.<br />

Personnages également touchants par leur trouble, leur<br />

désarroi, leur âme mise à nu, mais Lorenzo va jusqu’au<br />

bout de son acte, seul contre tous => plus désespéré<br />

que Roxane qui songe encore à la morale et qui sait<br />

faire attendre froidement les circonstances favorables.<br />

7. Lorenzo : proche des réalités d’aujourd’hui par sa lutte<br />

contre la tyrannie et son besoin de justice pour tous les<br />

hommes = figure romantique exaltée qui sera qualifiée<br />

de héros dans un camp, et de terroriste dans l’autre.<br />

Prolongement : lire la préface de Cromwell (1827)<br />

de Victor Hugo pour découvrir les caractéristiques du<br />

drame romantique.<br />

Texte3 Texte J. Racine, Mithridate<br />

➜ p. 98<br />

Objectif : Analyser un dénouement de tragédie<br />

classique.<br />

lectuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Champ lexical de la mort : j’ai vécu (v. 4), tombeau<br />

(v. 10), cendre (v. 12), affaiblir (v. 19), je me meurs (v. 20),<br />

l’âme de Mithridate (v. 22), il expire (v. 23) => dénouement<br />

tragique, mort du héros éponyme.<br />

2. Mithridate explique à Xipharès comment maintenir<br />

en place son royaume en profitant du triomphe sur les<br />

armées romaines et sur son frère, et malgré le suicide,<br />

il cherche à se réconcilier avec son fils.<br />

Mise au point<br />

3. Mode impératif : songez à vous (v. 5), Gardez-vous<br />

(v. 5), Ne perdez point (v. 9), Cachez-leur (v. 13), réservez-vous<br />

(v. 14), Fiez-vous (v. 18), Approchez-vous<br />

(v. 20), Venez, et recevez (v. 22) => derniers conseils<br />

d’un père protecteur à son fils.<br />

Analyse<br />

4. Monime et Xipharès ne réagissent pas de la même<br />

façon, Monime pense que seul Mithridate peut les sauver<br />

(v. 3-4), elle l’encourage à vivre alors que Xipharès<br />

est tourné vers l’ennemi et le désir de vengeance contre<br />

son frère Pharnace (v. 14-15).<br />

5. Valeurs mises en avant : la justice par la vengeance<br />

et la bravoure du côté de Xipharès ≠ justice par l’abnégation<br />

du côté de Mithridate. C’est le désir de vengeance<br />

qui semble l’emporter à lire le dernier vers : Et<br />

par tout l’univers cherchons-lui des vengeurs (v. 24).<br />

6. La règle de bienséance est transgressée : mort de<br />

Mithridate en scène => le but est de créer l’effroi chez<br />

le spectateur.<br />

Question de synthèse<br />

7. Dénouement rapide : une scène suffit à voir mourir<br />

Mithridate, mais pas nécessaire, car de la mort du<br />

51


personnage ne dépend aucune action, ni complet car<br />

rien n’est réglé, ni l’union impossible entre Monime et<br />

Xipharès, ni la situation du royaume tiraillé par l’affrontement<br />

entre les deux frères.<br />

8. Iconographie. Porte ouverte sur l’extérieur = image<br />

d’une ouverture laissée aux Romains pour s’introduire<br />

dans le palais => des silhouettes noires pourraient<br />

représenter cette menace.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Les dénouements des pièces de Racine<br />

sont plus tragiques que ceux de Corneille. Dans Le Cid<br />

(1636) de Corneille, les noces sont finalement célébrées<br />

entre Don Rodrigue et Chimène ; dans Rodogune (1644),<br />

Cléopâtre refuse l’accès au trône à ses fils et se suicide.<br />

Dans les tragédies de Racine, assassinat et suicide<br />

= règle : Britannicus meurt empoisonné (1669),<br />

Iphigénie est sauvée mais c’est Ériphile qui se suicide<br />

(1674), de même Phèdre se suicide (1677).<br />

Suicide du héros => terreur et pitié par la violence du<br />

geste, mais assassinat = mort la plus frappante pour le<br />

spectateur car elle donne lieu à un affrontement violent.<br />

10. Entraînement à l’analyse d’un corpus<br />

1 er § : caractéristiques de la scène d’exposition :<br />

– informer le spectateur sur les personnages, le<br />

contexte, la situation et l’action en cours et à venir ;<br />

– séduire le spectateur par son dynamisme et le suspense<br />

pour lui donner envie de voir la suite.<br />

Caractéristiques du dénouement :<br />

– tous les personnages doivent être présents sur<br />

scène ;<br />

– toutes les intrigues doivent être dénouées ;<br />

– un dénouement de tragédie est forcément malheureux<br />

;<br />

– il doit être rapide, nécessaire et complet.<br />

2 e § : respect des conventions :<br />

– les scènes d’exposition d’Horace et de La Reine<br />

morte donnent des informations sur les personnages<br />

principaux, leur caractère et leurs sentiments<br />

= Sabine désespérée mais loyale et honnête, informations<br />

des dames d’honneur sur l’Infante ; leur<br />

situation = dilemme de Sabine entre les deux villes<br />

et humiliation de l’Infante par le refus du prince de<br />

l’épouser. Scènes d’exposition = suspense, action<br />

amorcée ;<br />

– les scènes de dénouement sont rapides et simples,<br />

une seule scène suffit pour voir les deux personnages,<br />

Mithridate et Ruy Blas, mourir sur scène ;<br />

– les deux dénouements mettent en scène la mort<br />

des personnages = respect du registre tragique ;<br />

– le dénouement de Ruy Blas est complet dans la<br />

résolution de l’intrigue principale.<br />

52<br />

3 e § : néanmoins, les scènes de dénouement ne respectent<br />

pas toutes les conventions :<br />

– seuls quelques personnages sont présents sur<br />

scène ;<br />

– toutes les intrigues ne sont pas dénouées dans Ruy<br />

Blas ;<br />

– transgression de la règle de bienséance : mort sur<br />

scène de Mithridate et Ruy Blas.<br />

Prolongement : lire la préface de Bérénice (1670) de<br />

Racine dans laquelle il définit sa conception du tragique.<br />

Texte V. Hugo, Ruy Blas<br />

d’un<br />

À l’autre 3<br />

➜ p. 100<br />

Objectif : Analyser la scène de dénouement<br />

d’un drame romantique.<br />

Questions<br />

1. Dénouement à rebondissements et révélations :<br />

identité révélée de Ruy Blas et poison qui bouleversent<br />

la Reine, elle change d’avis, refusant d’abord son amour<br />

puis l’accordant à la fin.<br />

2. L’utilisation de l’alexandrin disloqué sur plusieurs<br />

répliques (cas le plus flagrant, v. 2, partagé en quatre<br />

répliques) => dynamisme et rupture du vers qui font<br />

ressortir la vivacité et le ton de la scène.<br />

3. Tantôt la 2e personne du pluriel, vous, (v. 1, 7, 9, 10),<br />

tantôt la 2e personne du singulier (v. 7, 10, 17), de plus<br />

en plus mêlés au sein d’un même vers : Mais qu’avezvous<br />

fait là ? Parle, je te l’ordonne ! (v. 10) => trouble<br />

et malaise qui soulignent son sentiment amoureux<br />

refoulé.<br />

Quand Ruy Blas est à distance ou que la Reine pense à<br />

un acte irréversible, elle emploie la 3e personne : Que<br />

fait-il ? (v. 3), C’est moi qui l’ai tué ! (v. 17)<br />

4. Calme, gestes lents mais fermes, puis précipités de<br />

Ruy Blas soulignent sa détermination : Il se lève et<br />

marche lentement, il prend la fiole… et la vide d’un<br />

trait. ≠ attitude désemparée de la Reine qui court,<br />

éperdue.<br />

Apaisement à partir du vers 9 : La Reine, l’entourant<br />

de ses bras. Corps enlacés des personnages = union :<br />

Tenant la reine embrassée, La reine le soutient dans<br />

ses bras, avant la mort sur scène de Ruy Blas.<br />

Mouvement violent de la Reine qui se jette sur le corps<br />

de Ruy Blas, puis réveil de celui-ci = dimension dramatique.


=> scène spectaculaire par les mouvements des personnages<br />

: leurs corps parlent autant que les mots.<br />

5. Vocabulaire religieux : pardonniez (v. 1), maudissez<br />

(v. 4), bénis (v. 4), ange (v. 5), pardonne (v. 8-9), ô mon<br />

Dieu, justice souveraine (v. 13), bénisse (v. 14), consolé<br />

(v. 15), crucifié (v. 15), pitié (v. 16), Dieu (v. 17), pardonné<br />

(v. 18) => dimension sacrée qui rend la mort sublime et<br />

symbolique.<br />

6. Iconographie. Distance des personnages au début<br />

de la scène, Ruy Blas semble ne pas oser affronter le<br />

regard de la reine qui se tient loin de lui. Interprétation<br />

de Jean Vilar : la Reine est jouée par Gaby Sylvia dont la<br />

posture et le regard évoquent une femme debout mais<br />

éplorée, attentive aux moindres faits et gestes de Ruy<br />

Blas.<br />

Vis-à-vis : Racine et Hugo<br />

7. La fatalité caractérise mieux la pièce Ruy Blas<br />

=> simple valet qui a changé d’identité pour duper,<br />

sans le savoir, la Reine. Ruy Blas est condamné dès<br />

le début à ne pouvoir donner d’issue favorable à son<br />

amour ; la seule résolution possible est la mort.<br />

Le roi Mithridate se suicide, ne supportant pas d’avoir<br />

été trahi par l’un de ses fils et avoir été jaloux de l’autre :<br />

choix tragique et radical, mais qui semble moins fatal.<br />

8. Mithridate : rapprochement de Mithridate avec son<br />

fils et attitude protectrice envers lui.<br />

Ruy Blas : aveux successifs du personnage qui révèlent<br />

les véritables sentiments de la Reine, joie paradoxale<br />

de Ruy Blas qui meurt déterminé mais apaisé.<br />

Rapprochement amoureux, thème de l’amour fatal chez<br />

V. Hugo : généralement plus touchant.<br />

Prolongement : faire une recherche sur les représentations<br />

de la mort de héros tragiques en peinture, par<br />

exemple La Mort de Cléopâtre (vers 1640) d’Alessandro<br />

Turchi.<br />

Analyse<br />

d’image<br />

P. Picasso, Les Pauvres<br />

au bord de la mer ➜ p. 102<br />

Objectif : Étudier un tableau aux accents tragiques.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Pieds nus, vêtements presque informes, de simples<br />

tissus recouvrant les corps, visages baissés, épaules<br />

courbées, bras croisés du père => pitié de l’observateur.<br />

2. Regard vers le bas, pointé sur le sol. Le lien de<br />

parenté semble les réunir, et leur attitude.<br />

Analyse<br />

3. Trois plans : premier plan = celui où se trouvent les<br />

personnages ; deuxième plan = le rivage avec l’écume ;<br />

troisième plan = le fond marin, et l’horizon avec le ciel.<br />

Fond maritime : connotations contradictoires = espoir<br />

d’ouverture et d’avenir qui se heurte à l’immensité d’un<br />

espace hostile. Mer : aussi bien ici la cause d’un naufrage<br />

(famille de rescapés) que la possibilité d’une évasion<br />

(radeau de fortune pour fuir la misère).<br />

4. Angle de vue : contre-plongée, l’œil d’un observateur<br />

assis devant eux, à distance => plus de hauteur et de<br />

noblesse données aux personnages.<br />

Remarque : la technique de l’huile sur bois et le grand<br />

format donnent encore plus de noblesse aux pauvres<br />

qui s’érigent à la dimension de figures propres à la<br />

peinture d’histoire.<br />

5. Nuances de bleu pour souligner les différents plans<br />

et faire ressortir les personnages ainsi que leurs caractéristiques<br />

propres, chaque personnage a une nuance<br />

particulière. Bleu plus clair pour le sable et le ciel, bleu<br />

plus soutenu pour la mer et bleu plus foncé pour les<br />

personnages => atmosphère pesante et tragique d’une<br />

situation à laquelle les personnages ne peuvent pas<br />

échapper.<br />

6. Visages baissés et fermés, bras croisés des parents,<br />

regards baissés et perdus dans le sol ou dans le vide,<br />

peut-être, pour l’enfant = tristesse, désespoir ; corps<br />

fermés sur eux-mêmes et tournant le dos à la mer.<br />

Hypothèse : les bras croisés de la mère ne se refermeraient-ils<br />

pas sur un enfant mort, que regarderait<br />

l’enfant vivant ?<br />

Question de synthèse<br />

7. Histoire d’une famille pauvre qui vient au bord de la<br />

mer trouver un réconfort et la possibilité d’un exil, mais<br />

ne parvient pas à sortir de sa situation.<br />

L’histoire représentée fait écho de manière évidente à<br />

la misère du peintre à cette époque-là, et à l’histoire<br />

moderne (famine irlandaise en 1845-1847 ; misère sicilienne<br />

à la fin du xix e siècle, etc.).<br />

Prolongement : lire le poème de Victor Hugo « Les<br />

paysans au bord de la mer » dans La Légende des<br />

siècles (1859) pour comparer l’émotion des mots et<br />

celle du tableau.<br />

53


Histoire des arts ➜ p. 104<br />

Arts plastiques et mythes tragiques<br />

54<br />

Questions<br />

1. Tension exprimée dans le poing fermé de Prométhée,<br />

le bras plié dont on aperçoit les muscles tendus et<br />

contractés, les côtes saillantes signes d’une crispation,<br />

mais surtout la jambe droite tendue laissant affleurer<br />

les muscles, appui de l’ensemble de la sculpture<br />

=> Prométhée est enchaîné : son corps écartelé et<br />

tendu souligne le caractère tragique et irrévocable de<br />

sa situation.<br />

2. Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale (1827-<br />

1828) => l’Orient caractérisé par l’esclavage et l’image<br />

du harem, rêvé comme un espace de liberté et de lascivité<br />

que la peinture française classique n’autorise pas.<br />

Harem = lieu fantasmatique par excellence du romantisme.<br />

exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 106<br />

RevoiR<br />

1 Les valeurs héroïques<br />

P. Corneille, Rodogune<br />

1. a. nature = naissance et devoir du fils de succéder à<br />

sa mère sur le trône ; amour = amour pour Rodogune.<br />

b. Ils ne sont pas inconciliables dans l’absolu, mais ils<br />

le sont dans une tragédie, surtout pour Cléopâtre qui<br />

ne veut pas voir la jeune étrangère, Rodogune, accéder<br />

au trône.<br />

2. Cléopâtre : jalouse et sans cœur. Héroïne tragique<br />

=> elle préfère voir son fils mort plutôt qu’amoureux<br />

de Rodogune (v. 8-10). Antiochus, refusant de renoncer<br />

à son amour, voue sa mère à la souffrance dans les<br />

deux cas.<br />

3. Rébellion = refus de renoncer à son amour pour<br />

Rodogune => valeur de fidélité d’Antiochus, qui va<br />

jusqu’à se suicider pour contrer la tyrannie maternelle :<br />

Je percerai ce cœur qui vous ose trahir (v. 17).<br />

4. Mode impératif = Triomphez-en (v. 14), commandez<br />

(v. 16), phrases exclamatives (v. 14 et 19), phrases interrogatives<br />

(v. 15) => Antiochus veut provoquer sa mère<br />

et la faire réagir en lui prouvant que la mort ne lui fait<br />

pas peur.<br />

aPPRofondiR<br />

2 Le tragique de l’absurde<br />

S. Beckett, Oh les beaux jours<br />

1. a. Un temps apparaît trois fois (l. 2, 11, 12) => silence,<br />

impossibilité de communiquer entre les deux personnages<br />

et aspect dérisoire du langage, des termes formulés<br />

entre ces temps.<br />

b. Actions méthodiques mais dérisoires, voire ridicules :<br />

elle farfouille dans le sac (l. 19), elle tire sur un coin<br />

de la bouche, bouche ouverte (l. 25), etc. => registre<br />

comique mais inquiétant (humour noir).<br />

2. a. Les paroles de Winnie sont désespérantes de<br />

vacuité, qui marquent l’absence, le vide, voire la mort<br />

annoncée : plus pour longtemps (l. 14-15), rien à faire<br />

(l. 16), sans remède (l. 18), aucun remède (l. 19), pas<br />

(l. 26, 27, 28, 29, 30) => registre tragique.<br />

b. Malaise du spectateur qui est pris entre deux sentiments<br />

contradictoires, trouble devant l’absurde de cette<br />

situation.<br />

3 La tragédie au xx e siècle<br />

E. Ionesco, Le roi se meurt<br />

1. a. Le roi et tous les êtres imaginaires = loup, rats,<br />

vieille femme qui sont des hallucinations du roi mourant<br />

=> scène = espace imaginaire qui permet de sortir<br />

de la réalité, de faire progresser le roi et le spectateur<br />

vers le monde des morts. Mort matérialisée sur scène.<br />

b. Mode impératif : Ne tourne pas (l. 1), Évite (l. 2), ne<br />

crains pas (l. 2, 4-5, 22-23), n’existe plus (l. 4), n’existez<br />

plus (l. 6), Ne te laisse pas (l. 7), Ne prends pas (l. 9),<br />

N’encombrez pas (l. 12), Évanouissez-vous (l. 12-13),<br />

Escalade (l. 13), Ne prête pas l’oreille (l. 17), taisez-vous<br />

(l. 18-19), Oublie (l. 20), lève le pas (l. 22) => Marguerite<br />

= guide du roi vers le renoncement et la mort : elle le<br />

prend en main et écarte ses visions auxquelles elle<br />

feint de croire.<br />

2. a. Étapes dans la progression vers la mort :<br />

– étape 1 : éviter un espace dangereux (précipice, l. 2)<br />

et des animaux menaçants (loup, l. 3 ; rats, l. 5 ; vipères,<br />

l. 6) ;<br />

– étape 2 : ne pas se laisser apitoyer par un mendiant<br />

(l. 7-8) ;<br />

– étape 3 : refuser le verre d’eau d’une vieille femme<br />

(l. 8-12) ;<br />

– étape 4 : escalader une barrière et éviter un gros<br />

camion (l. 13-14) ;<br />

– étape 5 : résister au chant des pâquerettes (l. 15-17) et<br />

au murmure du ruisseau (l. 17-19) ;


– étape 6 : sentir une dernière fois et oublier l’odeur<br />

des fleurs (l. 19-20) ;<br />

– étape 7 : perdre la parole (l. 21) ;<br />

– étape 8 : passer de l’autre côté (l. 22-23).<br />

=> domaines de l’imaginaire populaire, de la vie quotidienne<br />

et de la sensibilité humaine.<br />

b. Renoncement à tout ce qui caractérise l’homme<br />

= sentiments humains de charité, de pitié ; besoins<br />

physiologiques : boire, sens, ouïe et odorat, communication<br />

par la parole => entrée dans la mort libéré.<br />

3. Passerelle = passage vers le royaume des morts<br />

=> double symbole : mort elle-même, qui entraîne inéluctablement<br />

l’homme vers sa fin, et mère qui conduirait<br />

son enfant vers un retour à l’origine.<br />

4. verre d’eau (l. 9), gros camion (l. 13), pâquerettes<br />

(l. 15) = références triviales qui semblent étranges<br />

dans un contexte solennel de mort.<br />

5. Vis-à-vis : Ionesco et Beckett. Univers trivial = dentifrice<br />

et brossage de dents chez Beckett et éléments<br />

banals chez Ionesco ; personnages imaginaires et<br />

fantaisistes => contrepoint comique et surprenant au<br />

tragique de la situation, au tragique de la vie, afin de<br />

souligner l’absurdité de l’existence.<br />

ÉcRiRe<br />

4 Du classicisme au romantisme<br />

N. Boileau, Art poétique<br />

V. Hugo, préface de Cromwell<br />

1. Règles classiques :<br />

– règle sur la scène d’exposition qui doit donner toutes<br />

les informations nécessaires concernant le sujet de la<br />

pièce (v. 1) ;<br />

– règle des trois unités (v. 9), règle d’unité de lieu (v. 2),<br />

règle d’unité de temps (v. 4) ;<br />

– règle de vraisemblance (v. 11-12).<br />

=> une comédie qui ne respecterait pas ces règles<br />

serait une comédie populaire sans valeur, un spectacle<br />

grossier (v. 5).<br />

2. La réalité est parfois incroyable, elle dépasse quelquefois<br />

la fiction.<br />

3. Rejet de l’unité de lieu et de l’unité de temps jugées<br />

invraisemblables. Il faut, selon Victor Hugo, adapter<br />

l’espace et le temps aux besoins de l’action et non<br />

la restreindre, les règles classiques étant selon lui<br />

contraignantes et nuisibles à la qualité et à la vraisemblance<br />

de l’action.<br />

4. Écriture d’invention argumentative. Contraintes du<br />

sujet :<br />

– texte à produire = dialogue théâtral dont il faut respecter<br />

les règles de présentation ;<br />

– les interlocuteurs doivent avoir des avis opposés<br />

=> dialogue dialectique, voire polémique ;<br />

– dialogue argumentatif et équilibré => toutes les<br />

répliques doivent impérativement proposer un argument<br />

et un exemple précis, extrait du répertoire, développés<br />

et justifiés pour être convaincants.<br />

55


56<br />

Textes<br />

● N. Boileau, Art poétique (1674), III, vers 1-60 :<br />

conception et codes de la tragédie classique.<br />

● D. Diderot, Le Fils naturel (1757) : un drame bourgeois<br />

qui innove en mêlant comédie et tragédie<br />

dans un univers bourgeois.<br />

● E. Ionesco, Rhinocéros (1958) : tragédie moderne<br />

appartenant au théâtre de l’absurde.<br />

Texte du DVD-Rom<br />

● J. Racine, Bérénice (1670), acte IV, scène 5.<br />

Vidéos du DVD-Rom<br />

● P. Chéreau, Phèdre, Racine (2003) : la tragédie<br />

classique aujourd’hui.<br />

● G. Werler, Le roi se meurt, Ionesco (2006) : le<br />

théâtre de l’absurde aujourd’hui.<br />

Images fixes<br />

● C. Van Loo, Le Sacrifice d’Iphigénie (1757) : représentation<br />

de l’horreur en peinture.<br />

● T. Géricault, Le Radeau de la Méduse (1818) :<br />

représentation d’un épisode tragique de l’histoire<br />

dans la veine de la peinture romantique.<br />

● P. Picasso, Guernica (1937) : représentation<br />

moderne d’une tragédie historique.<br />

Prolongements<br />

Image du DVD-Rom<br />

● A. Cabanel, Phèdre (1880) : représentation académique<br />

d’une figure mythique tragique.<br />

Activités<br />

● Histoire littéraire / recherche. La tragédie<br />

puise nombre de ses thèmes dans la mythologie.<br />

Recherchez qui était Médée et lisez trois versions<br />

théâtrales de son histoire : Euripide, Médée (431<br />

avant J.-C.), P. Corneille, Médée (1635), J. Anouilh,<br />

Médée (1946).<br />

a. Quels aspects du mythe de Médée sont repris ?<br />

b. Quelles reprises et quelles modifications peuton<br />

observer d’une pièce à l’autre ?<br />

c. Pourquoi cette figure fascine-t-elle autant les<br />

dramaturges malgré les époques différentes ?<br />

● Lecture cursive. V. Hugo, Hernani (1830) : un<br />

drame romantique qui renouvelle les codes de la<br />

tragédie classique.<br />

a. Définissez précisément le caractère d’Hernani<br />

en vous appuyant sur des éléments du texte.<br />

b. Dans quelle situation se trouve-t-il ? Peut-on<br />

parler de situation tragique ? Pourquoi ?<br />

c. Quels renouvellements des codes de la tragédie<br />

classique peut-on observer ?<br />

d. Le registre tragique apparaît dans d’autres<br />

œuvres romanesques et poétiques de Victor Hugo.<br />

Citez quelques exemples et justifiez vos choix.


C H A P I T R E<br />

sÉQuenCe 5<br />

Fables et paraboles<br />

➜ Livre de l’élève, p. 109<br />

Analyse<br />

d’image<br />

Le Caravage, Les Joueurs<br />

de cartes ou Les Tricheurs<br />

➜ p. 110<br />

Objectif : Étudier un tableau narratif à visée morale.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

2<br />

1. Le personnage du fond regarde le jeu du jeune<br />

homme, qui nous fait face, et fait un signe au personnage<br />

du premier plan, qui a des cartes cachées dans la<br />

ceinture => deux tricheurs et leur victime.<br />

Analyse<br />

2. a. Les deux personnages face à face, cartes en mains :<br />

celui de gauche est concentré sur son jeu, celui de droite<br />

regarde le visage de son adversaire. Le troisième personnage,<br />

à l’arrière-plan, ne joue pas, mais espionne le<br />

jeu du jeune homme en noir.<br />

b. Le personnage à l’arrière plan. Détail amusant = son<br />

gant troué => homme pauvre convoitant l’argent du<br />

jeune homme riche, élégamment habillé (habit de<br />

velours, manches en dentelle).<br />

3. Le plus âgé, au fond, observe les cartes du jeune<br />

homme concentré sur son jeu. Le complice focalise son<br />

attention sur sa victime, il essaie de retirer une carte de<br />

sa ceinture. => impression qu’une stratégie subtile est<br />

mise sous nos yeux. Observateur omniscient ≠ jeune<br />

joueur en noir, naïvement concentré.<br />

4. La lumière vient de la droite => mise en valeur des<br />

visages et mains des joueurs et de la table, tandis que<br />

le visage de l’instigateur reste dans une ombre relative.<br />

5. a. Diagonale tracée par le bras du tricheur, qui ressort<br />

grâce à la couleur bleue => candeur du jeune homme<br />

L’argumentation, du<br />

classicisme aux Lumières<br />

➜ Livre de l’élève, p. 108<br />

en noir qui ne voit ni la carte cachée, ni le poignard du<br />

tricheur.<br />

b. Complicité avec le personnage du fond :<br />

– par leurs regards dirigés vers le jeune homme concentré<br />

;<br />

– par leurs gestes : mouvements ostensibles traduisant<br />

la manipulation, alors que les mains du jeune homme<br />

maintiennent seulement les cartes ;<br />

– par leurs vêtements : une plume à leur chapeau et des<br />

habits rayés verticalement.<br />

=> impression de piège qui menace et encercle le candide.<br />

Question de synthèse<br />

6. Un jeune homme riche qui, par sa jeunesse et son<br />

maintien, semble naïf ≠ deux personnages moins<br />

bien habillés qui trichent pour gagner, un poignard<br />

inquiétant => affrontement de l’innocence et du vice,<br />

du bien et du mal, symbolisé au premier plan à gauche<br />

par l’image manichéenne du jeu de trictrac aux pions<br />

blancs et noirs.<br />

Prolongement : préparer un exposé sur Le Caravage,<br />

sa vie, son œuvre et sa place dans l’histoire des arts.<br />

Texte1 Texte J. de La Fontaine, Fables,<br />

« La Cigale et la Fourmi »<br />

➜ p. 111<br />

Objectif : Étudier le fonctionnement d’une fable,<br />

prototype du recueil.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Étape 1 : situation initiale (v. 1-2) = insouciance de<br />

la cigale.<br />

57


Étape 2 : élément déclencheur (v. 3-6) = la faim la<br />

contraint à chercher de l’aide.<br />

Étape 3 : péripéties (v. 7-20) = démarches auprès de la<br />

fourmi et dialogue.<br />

Étape 4 : résolution et situation finale (v. 21-22) = refus<br />

moqueur de la fourmi, la cigale ne résout donc pas son<br />

problème et ne change pas la situation de sa voisine.<br />

Le dialogue est mis en valeur : il est précédé d’un<br />

commentaire du narrateur au présent de vérité générale<br />

(v. 15-16) et contient une chute et une morale<br />

implicite aux vers 21-22.<br />

Mise au point<br />

2. Champ lexical de l’argent : dépourvue (v. 3), prêter<br />

(v. 9), subsister (v. 10), paierai (v. 12), Intérêt et principal<br />

(v. 14), prêteuse (v. 15), emprunteuse (v. 18) => question<br />

financière au cœur de la fable ≠ préoccupations<br />

animales.<br />

Analyse<br />

3. La cigale :<br />

– fort dépourvue, Pas un seul petit morceau, famine<br />

(v. 3-7) = vie insouciante et dépensière => elle est<br />

dépendante de l’aide d’autrui : emprunteuse (v. 18) ;<br />

– Je vous paierai / Avant l’Août, foi d’animal, / Intérêt<br />

et principal. (v. 12-14) = consciente des conventions<br />

sociales, mais ces promesses seront-elles tenues ?<br />

La fourmi :<br />

– pas prêteuse : / C’est là son moindre défaut. (v. 15-16)<br />

=> la litote fait deviner de plus graves défauts (portrait-charge),<br />

son égoïsme notamment ;<br />

– moralisatrice sur la vie dissolue de la cigale, au<br />

temps chaud (v. 17) = condamnation sans miséricorde.<br />

4. a. La cigale : ayant chanté /Tout l’Été (v. 1-2), Je chantais<br />

(v. 20) = fête, plaisirs, vie insouciante => image<br />

du poète (lyre d’Apollon ou d’Orphée, fêtes données à<br />

Vaux-le-Vicomte par Fouquet, ami de La Fontaine, et<br />

ennemi de Colbert).<br />

b. La fourmi travaille pour survivre = paysan ou bien<br />

image de Colbert, chargé des finances de l’État, responsable<br />

de la disgrâce de Fouquet et de La Fontaine, son<br />

protégé.<br />

5. Phrases : interrogative (v. 21) puis exclamative (v. 22)<br />

et impérative (v. 22) => bilan fait par la fourmi qui se<br />

moque de la cigale.<br />

Remarque : antiphrase J’en suis fort aise (v. 21).<br />

58<br />

Question de synthèse<br />

6. Nombreuses leçons possibles :<br />

– être prévoyant si l’on ne veut pas dépendre d’autrui ;<br />

– la vie d’artiste n’est pas un bon moyen de s’enrichir ;<br />

– les hommes sont ingrats, sans charité.<br />

Première fable du recueil, sans morale explicite<br />

=> renouvellement du genre et refus de n’être qu’un<br />

moraliste.<br />

Pour aller plus loin<br />

7. Recherche. Livre VII :<br />

– fable 7 « Les Vautours et les Pigeons » : Tenez toujours<br />

divisés les méchants ; / La sûreté du reste de<br />

la terre / Dépend de là : semez entre eux la guerre, /<br />

Ou vous n’aurez avec eux nulle paix. / Ceci soit dit en<br />

passant ; je me tais. => illustration de l’adage guerrier<br />

« diviser pour mieux régner » ;<br />

– fable 8 « Le Coche et la Mouche » : Ainsi certaines<br />

gens, faisant les empressés, / S’introduisent dans les<br />

affaires : / Ils font partout les nécessaires, / Et, partout<br />

importuns, devraient être chassés. => critique des<br />

parasites qui empêchent les autres de travailler en faisant<br />

croire qu’ils sont indispensables ;<br />

– fable 12 « Les deux Coqs » : La Fortune se plaît à faire<br />

de ces coups ; / Tout vainqueur insolent à sa perte<br />

travaille. / Défions-nous du sort, et prenons garde à<br />

nous / Après le gain d’une bataille. => mise en garde<br />

contre la vanité et les revers de fortune ;<br />

– fable 15 « Le Chat, la Belette et le petit Lapin » :<br />

Ceci ressemble fort aux débats qu’ont parfois / Les<br />

petits souverains se rapportant aux Rois. => animal<br />

arbitre de deux autres (Livre X, fable 1 « L’Homme et<br />

la Couleuvre », arbitre qui dévore les deux animaux, et<br />

Livre IX, fable 9 « L’Huître et les Plaideurs », l’arbitre<br />

mange l’huître, objet de la discussion), question de la<br />

propriété.<br />

8. Rédaction de paragraphe. Double argument :<br />

– un récit plaisant = brièveté de la narration, saynète<br />

mettant en scène des animaux allégoriques et dialogue<br />

vivant => dimension théâtrale de la fable ;<br />

– un message moral = importance du travail (la fourmi),<br />

place du divertissement dans la vie (la cigale), défauts<br />

humains (égoïsme de la fourmi, imprévoyance de la<br />

cigale), statut du poète et de l’artiste dans la société<br />

(cigale = La Fontaine tributaire de ses protecteurs :<br />

Fouquet, Mme de La Sablière…).<br />

Prolongement : préparer une lecture correcte,<br />

conforme aux règles de versification, et expressive de<br />

cette fable.


Texte T. Corbière, Les Amours<br />

d’un<br />

À l’autre 1<br />

jaunes, « Le Poète et la<br />

Cigale » ➜ p. 112<br />

Objectif : Étudier la parodie d’une fable connue.<br />

Questions<br />

1. Les locuteurs, « Le Poète et la Cigale » // « La Cigale<br />

et la Fourmi » :<br />

– le fabuliste, narrateur (v. 1-11, v. 15-16) // (v. 1-11,<br />

15-16, 18) ;<br />

– le poète en quête d’inspiration, utilisation de discours<br />

rapportés : discours indirect libre (v. 5-6), discours indirect<br />

(v. 9-10), discours direct (v. 12-14) // la cigale : discours<br />

direct (v. 12-14, 19-20) ;<br />

– la blonde voisine, Marcelle (v. 17-22) // la fourmi<br />

(v. 17, 21-22).<br />

2. Trois représentations de l’inspiration, reliées par<br />

l’allitération en [m] :<br />

– Muse = figure mythique de l’inspiration => poète en<br />

panne d’inspiration (v. 3) ;<br />

– marraine = figure maternelle et prosaïque qui permet<br />

au poète d’entrer en contact avec sa muse => lien<br />

entre le réel et le mystère de l’écriture ;<br />

– Marcelle = figure de la séduction, blonde voisine, qui<br />

donne au poète une rime en elle et l’inspiration pour<br />

écrire une poésie lyrique (v. 15).<br />

3. Commentaire du fabuliste qui se moque de son<br />

poète (de lui-même) : le prénom Marcelle est familier,<br />

peu poétique, et rime avec un vers qui se commente luimême<br />

=> impression d’une rime gratuite.<br />

4. Marcelle = coquette :<br />

– une blonde voisine (v. 8) => description physique :<br />

blondeur = beauté féminine ;<br />

– La voisine est très prêteuse (v. 15) => description<br />

morale : générosité ≠ égoïsme de la fourmi de La Fontaine.<br />

Antithèse terme à terme : plus joli défaut (v. 16)<br />

≠ moindre défaut chez La Fontaine.<br />

5. ayant rimé (v. 1), rimer (v. 10) et Rimez (v. 20) => poésie<br />

et inspiration poétique au cœur de la fable.<br />

6. Ton plaisant, léger : jeu sur les mots (ex. : la famine<br />

est ici métaphorique), regard amusé et ironique du<br />

fabuliste et sous-entendus grivois sur le plaisir sensuel<br />

offert par la voisine : très prêteuse (v. 15).<br />

7. Pas de morale explicite, mais Marcelle valorise le travail<br />

du poète, contrairement à la fourmi de La Fontaine<br />

qui considère l’art comme frivole.<br />

Vis-à-vis : La Fontaine et Corbière<br />

8. Points communs entre la Cigale et le poète : tous<br />

deux chantent, sont démunis, demandent l’aide de leur<br />

voisine et reçoivent un ordre à la fin (impératifs).<br />

Opposition entre la fourmi et Marcelle : l’une n’est pas<br />

prêteuse et se moque de sa voisine, l’autre est généreuse<br />

et encourage le poète à poursuivre son chant.<br />

=> la morale implicite valorisant l’économe fourmi se<br />

transforme en éloge de l’art = parodie.<br />

9. chantez (v. 22) => il s’agit de demander au poète de<br />

créer sa poésie (le chant lyrique). Fierté de cette nouvelle<br />

muse : Et moi j’en serai fort aise (v. 21), pas d’ironie<br />

faisant appel à un autre art.<br />

Prolongement : proposer une problématique et un<br />

plan détaillé du commentaire comparé des deux fables.<br />

Texte2 Texte J. de La Fontaine, Fables,<br />

« Le Loup et les Bergers »<br />

➜ p. 113<br />

Objectif : Analyser la progression d’une fable<br />

complexe.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Le fabuliste intervient également à la fin de la fable<br />

(v. 34-41). Ce loup avait raison (v. 34) = passage du<br />

discours du loup à celui du fabuliste. Questions rhétoriques<br />

= commentaires du fabuliste orientant la<br />

réflexion du lecteur.<br />

2. Étape 1 : introduction du fabuliste, présentation du<br />

loup (v. 1-5).<br />

Étape 2 : la haine des hommes contre le loup et ses<br />

remords (v. 6-22).<br />

Étape 3 : le loup surpris par la cruauté des hommes, ses<br />

détracteurs (v. 23-27).<br />

Étape 4 : les conséquences de cette confrontation, fin<br />

des remords (v. 28-33).<br />

Étape 5 : la morale = justification du comportement de<br />

l’animal (v. 34-41).<br />

Mise au point<br />

3. Le loup utilise majoritairement le pronom personnel<br />

je (v. 6, 18, 25, 28, 29, 31) = individu seul et traqué<br />

; nous est seulement employé aux vers 19 et 20,<br />

au moment de sa décision momentanée de devenir un<br />

animal végétarien = nous de majesté, dignité de l’animal<br />

capable de prendre une décision morale.<br />

59


Analyse<br />

4. Personnification et antithèse entre les connotations<br />

attachées au loup (cruauté) et le nom qui le qualifie ici,<br />

humanité.<br />

5. un Âne rogneux (v. 16), un Mouton pourri (v. 17),<br />

quelque Chien hargneux (v. 17) = animaux malades<br />

=> le loup est son propre avocat : il n’est plus un prédateur<br />

cruel, il se contente de débarrasser la nature<br />

des animaux méprisables ; plaidoyer pro domo qui le<br />

disculpe.<br />

6. Eh bien, ne mangeons plus de chose ayant eu vie :<br />

/ Paissons l’herbe, broutons, mourons de faim plutôt.<br />

(v. 19-20) => le loup décide de devenir végétarien.<br />

Impératif présent => décision morale, contraire à son<br />

instinct sauvage.<br />

7. Disant ces mots il vit des Bergers pour leur rôt (v. 23)<br />

=> effet de surprise, transition : narration prise en<br />

charge par un narrateur. Simultanéité entre cette belle<br />

résolution et la découverte de la cruauté des hommes,<br />

égale à la sienne (participe présent).<br />

Question de synthèse<br />

8. le loup n’a tort / Que quand il n’est pas le plus fort<br />

(v. 39-40) => la force permet d’avoir toujours raison //<br />

morale du « Loup et l’Agneau » » : La raison du plus fort<br />

est toujours la meilleure.<br />

Voulez-vous qu’il vive en ermite ? (v. 41) => l’homme<br />

se croit à tort meilleur qu’autrui tant que le contradicteur<br />

n’est pas sous ses yeux, à sa portée.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. François de La Rochefoucauld (1613-<br />

1680) est un moraliste.<br />

Sa vie : noble, il participe à plusieurs campagnes militaires,<br />

mais se heurte à la volonté de Richelieu, puis de<br />

Mazarin, de faire céder la grande noblesse devant le<br />

pouvoir royal. À plusieurs reprises, il est emprisonné<br />

ou banni.<br />

Son œuvre : ami de la romancière Mme de La Fayette, il<br />

est l’auteur des Maximes, rédigées au début des années<br />

1660 et éditées en 1664. Il s’agit d’un recueil de cinq<br />

cent quatre petits textes à visée morale, qui traitent<br />

de l’amour propre, des défauts humains, des comportements<br />

à adopter en société… et composés de chutes<br />

souvent surprenantes suscitant la réflexion du lecteur.<br />

10. Commentaire. Plan d’une partie de commentaire :<br />

Thèse : le loup, « rempli d’humanité », réfléchit et<br />

argumente avec logique.<br />

– Argument 1 : le constat de la haine qu’il inspire.<br />

60<br />

Ex. : « sur sa cruauté » (v. 3), « réflexion profonde »<br />

(v. 5), haine généralisée (énumération, v. 8).<br />

– Argument 2 : la première décision argumentée,<br />

devenir végétarien pour être respecté.<br />

Ex. : monologue sur les persécutions subies, impératifs,<br />

jeu de questions / réponses.<br />

– Argument 3 : la deuxième décision, rester carnivore<br />

comme les humains.<br />

Ex. : ironie, interjections, autre jeu de questions et<br />

de réponses, surenchère de cruauté (énumération,<br />

v. 30-33).<br />

Prolongement : relever les mots appartenant au<br />

vocabulaire médiéval, puis rechercher leur sens et<br />

l’intérêt de cet usage.<br />

Texte Plutarque, « Le banquet<br />

d’un<br />

À l’autre 2<br />

des sept Sages » ➜ p. 115<br />

Objectif : Analyser l’une des sources antiques des<br />

fables de La Fontaine.<br />

Questions<br />

1. Pittacos, Mnésiphilos, Anacharsis, Ésope et Chilon ne<br />

paraissent pas sages, ils se coupent la parole au lieu de<br />

s’écouter (Prenant les devants, l. 7), se moquent les uns<br />

des autres (Pittacos rit, l. 19) et évoquent les plaisirs de<br />

l’ivresse (l. 18-19).<br />

2. Phrases déclaratives fortement assertives pour accuser<br />

un autre ou se mettre en avant. Ex. : C’est de toi qu’il<br />

a peur (l. 8), C’est toi justement qui l’as violée (l. 12).<br />

3. Le discours direct domine et rend la scène vive et<br />

dynamique, à partir du vers 8.<br />

=> ton polémique, débat entre les différents interlocuteurs.<br />

4. La réplique d’Ésope est un récit bref mettant en scène<br />

un animal allégorique, le loup qui parle aux hommes<br />

=> discours à visée morale qui s’apparente à une fable.<br />

5. La fable illustre leur situation => preuve par<br />

l’exemple : opposition entre le discours (l’interdiction<br />

écrite exhortant autrui à ne pas s’enivrer) et les actes<br />

(la même personne qui critique la consommation d’alcool<br />

s’enivre démesurément).<br />

Vis-à-vis : Plutarque et La Fontaine<br />

6. La morale d’Ésope est proche de celle de La Fontaine :<br />

on blâme chez autrui ce que l’on tolère pour soi => les<br />

hommes (bergers) font exactement ce qu’ils reprochent<br />

au loup, et ceux qui condamnent l’ivresse s’y adonnent.


7. Le loup de La Fontaine se parle à lui-même, il ne<br />

s’adresse pas directement aux bergers. La Fontaine<br />

définit son animal comme un être pensant, habité par<br />

une réflexion profonde (v. 5).<br />

Prolongement : choisir une fable de La Fontaine et<br />

chercher ses sources. Comparer les textes et répondre<br />

à ces questions : est-ce la même scène ? La morale<br />

est-elle la même ? Quelles transformations La Fontaine<br />

apporte-t-il ? Pourquoi ?<br />

Étude d’œuvre intÉgrale<br />

J. de La Fontaine, Fables, livre VII<br />

➜ p. 116<br />

Objectif : Étudier un livre des fables de La Fontaine,<br />

en analysant la variété et l’efficacité des tons et des<br />

thèmes employés<br />

Pistes d’analyse<br />

1. L’univers des fables<br />

Le livre VII comporte :<br />

– 8 fables mettant en scène des animaux : 1, 3, 6, 7, 8,<br />

12, 15 et 16 ;<br />

– 8 fables dénonçant certains comportements humains :<br />

2, 4, 9, 10, 11, 13, 14 et 17 ;<br />

– 1 fable double portant à la fois sur un animal et sur<br />

un être humain : 4, « Le Héron / La Fille » ;<br />

– 1 fable d’inspiration mythologique : 5, « Les Souhaits<br />

».<br />

Les animaux représentent toujours des humains ou<br />

mettent en évidence des comportements humains : lion<br />

= roi, loup = avidité… => symbolisme constant.<br />

2. Le message des fables<br />

– Les fables sur le pouvoir :<br />

Fable 1 « Les Animaux malades de la peste » : Selon<br />

que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements<br />

de Cour vous rendront blanc ou noir. // Fable 15 « Le<br />

Chat, la Belette et le petit Lapin » : Ceci ressemble<br />

fort aux débats qu’ont parfois / Les petits souverains<br />

se rapportants aux Rois. Fable 6 « La Cour du Lion »<br />

= ex. de sagesse appliqué à la cour : Ne soyez à la Cour,<br />

si vous voulez y plaire, / Ni fade adulateur, ni parleur<br />

trop sincère ; / Et tâchez quelquefois de répondre en<br />

Normand.<br />

– Les fables sur les coups du sort, sur les rêves éveillés<br />

qui empêchent de réussir… :<br />

Fable 4 « Le Héron / La Fille » : On hasarde de perdre<br />

en voulant trop gagner. // Fable 9 « La Laitière et le<br />

Pot au lait » qui perd toute sa richesse à force de rêver<br />

à ce qu’elle en ferait. // Fable 10 « Le Curé et le Mort » :<br />

le curé, au lieu de veiller sur le corps du défunt, songe<br />

plutôt à la fortune qu’il va lui apporter, finalement le<br />

mort qui devait être à l’origine de sa richesse provoque<br />

sa mort. // Fable 12 « Les deux Coqs » : La Fortune se<br />

plaît à faire de ces coups ; / Tout vainqueur insolent à<br />

sa perte travaille. / Défions-nous du sort, et prenons<br />

garde à nous / Après le gain d’une bataille. Fable 5<br />

« Les Souhaits » : Ils demandèrent la sagesse : / C’est<br />

un trésor qui n’embarrasse point.<br />

– Les fables sur la guerre :<br />

Fable 7 « Les Vautours et les Pigeons » : La sûreté<br />

du reste de la terre / Dépend de là : semez entre eux<br />

la guerre, / Ou vous n’aurez avec eux nulle paix. //<br />

Fable 17 « Un Animal dans la lune » : Ô peuple trop<br />

heureux, quand la paix viendra-t-elle / Nous rendre<br />

comme vous tout entiers aux beaux-arts ?<br />

3. L’écriture des fables<br />

Plusieurs moyens rendent les récits vivants :<br />

– des personnages allégoriques en action = des animaux<br />

symboliques, des métiers ou statuts sociaux<br />

identifiables (bergers, curés, cocher, bourgeois…).<br />

Ex. : fable 9 « La Laitière et le Pot au lait » ;<br />

– des saynètes de comédie = dialogues qui rendent<br />

vivant l’échange entre plusieurs personnages.<br />

Ex. : fable 1 « Les Animaux malades de la peste » ;<br />

– la diversité des discours rapportés. Ex. : fable 4, « Le<br />

Héron – La Fille » ;<br />

– des situations initiales brièvement mais précisément<br />

brossées. Ex. : fable 6 « La Cour du Lion » ;<br />

– des interventions du narrateur-fabuliste, qui donne<br />

son point de vue ou éclaire l’histoire de façon ironique.<br />

Ex. : fable 15 « Le Chat, la Belette et le petit Lapin ».<br />

4. La portée des fables<br />

Fable 1 « Les Animaux malades de la peste » : les puissants<br />

symbolisés par le Lion, le Renard, le Tigre, l’Ours<br />

et le Loup ≠ l’Âne, misérable, qui n’a pas les moyens de<br />

se défendre => critique de la justice de classe encore<br />

d’actualité : Selon que vous serez puissant ou misérable,<br />

/ Les jugements de Cour vous rendront blanc ou<br />

noir.<br />

Fable 9 « La Laitière et le Pot au lait » : illusions d’une<br />

jeune fille qui rêve d’une richesse future au lieu de se<br />

concentrer sur les moyens de l’obtenir = thème intemporel.<br />

// « L’Ours et les deux Compagnons », livre V, 20).<br />

61


62<br />

aCtivités ComPlémentaiRes<br />

1. Entraînement au commentaire<br />

Plan détaillé du commentaire de la fable « Le Curé et<br />

le Mort » (livre VII, fable 10) :<br />

Partie I. Une visée satirique<br />

1er § : opposition entre le rôle du curé et ses actions.<br />

Ex. : antithèse « tristement » / « gaiement » mise en<br />

valeur à la rime (v. 1, 3).<br />

2e § : manque de respect dû au Mort.<br />

Ex. : « Enterrer ce mort au plus vite » (v. 4).<br />

3e § : avidité du curé.<br />

Ex. : champ lexical de l’argent.<br />

Partie II. Une visée morale<br />

1er § : le rêve indécent du curé.<br />

Ex. : alcool « meilleur vin » (v. 25) et sensualité des<br />

« cotillons » (v. 26-28).<br />

2e § : la punition.<br />

Ex. : « Qui du choc de son mort a la tête cassée »<br />

(v. 32) = ironie dans le déterminant possessif « son ».<br />

3e § : la leçon.<br />

Ex. : comparaison avec la fable précédente « Et la<br />

fable du Pot au lait » (v. 38).<br />

2. Dissertation<br />

Plan dialectique :<br />

Partie I. Les fables répondent à ce souci d’instruction<br />

et de divertissement.<br />

1 er § : personnages symboliques / plaisir lié à la narration<br />

et à l’action.<br />

2 e § : discours et dialogues vivants / plaisir procuré<br />

par ces saynètes comiques.<br />

3 e § : instruction et visée morale / leçons facilement<br />

tirées d’histoires plaisantes.<br />

Partie II. Mais le plaisir des fables cache une plus<br />

grande complexité.<br />

1 er § : l’art de la réécriture, les phénomènes d’échos<br />

d’une fable à l’autre.<br />

2 e § : présence de fables sans morale explicite et<br />

dont il est difficile de tirer une morale unique.<br />

3 e § : certaines fables peuvent se contredire : quelle<br />

est alors la leçon à retenir ?<br />

Texte3 Texte Fontenelle,<br />

Histoire des oracles ➜ p. 117<br />

Objectif : Analyser une argumentation complexe<br />

révélatrice des Lumières.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. il impersonnel et nous qui inclut l’énonciateur et le<br />

lecteur => généralisation : insistance sur la rigueur, la<br />

méthode (l. 4) consistant à s’assurer des faits.<br />

2. L’histoire se situe en 1593, en Silésie (l. 9), Horstius,<br />

professeur en médecine dans l’université de Helmstad,<br />

écrivit en 1595 l’histoire de cette dent (l. 11-12) = effets<br />

de réel. Impression d’un document historique à compulser<br />

sérieusement.<br />

Mise au point<br />

3. Antithèse : malheur ≠ plaisamment (l. 7) => ton de la<br />

plaisanterie, légèreté, mise à distance de l’événement<br />

à relater.<br />

Analyse<br />

4. Deux 1ers § servent à introduire le récit = volonté de<br />

présenter une histoire vraie et vérifiable pour justifier<br />

l’argumentation.<br />

Interpellation du lecteur Figurez-vous (l. 14) = complicité<br />

ironique.<br />

Commentaires ironiques : afin que cette dent d’or ne<br />

manquât pas d’historiens (l. 15-16), aussitôt une belle<br />

et docte réplique (l. 18) = explicitation de la mise à distance.<br />

Modalisateurs ironiques : prétendit (l. 12), encore<br />

(l. 16), Un autre grand homme (l. 18-19), tant de beaux<br />

ouvrages (l. 20) = façon constante de se moquer de la<br />

méprise.<br />

Morale finale avec expression ironique rappelant la<br />

façon facile de ne pas se méprendre : Rien n’est plus<br />

naturel que… (l. 24).<br />

=> mise en évidence du caractère absurde de l’anecdote.<br />

5. Apparence sérieuse des noms latins, qui sont pourtant<br />

ridicules = ironie, charge portée sur des pseudosavants.<br />

6. 3e § = récit à la 3e personne, agrémenté de commentaires<br />

ironiques.<br />

Dernier paragraphe = leçon tirée par le locuteur à la<br />

1re personne.<br />

Écart entre la dernière phrase du récit : on commença…<br />

et puis on consulta (l. 23), et la leçon du narrateur :<br />

Rien n’est plus naturel (l. 24) avec généralisation : sur<br />

toutes sortes de matières (l. 24) = insistance sur la facilité<br />

avec laquelle on pouvait déceler la supercherie.<br />

7. Présentatif Cela veut dire (l. 27) = conclusion du locuteur,<br />

la leçon de cette histoire.<br />

Balancement, non seulement… mais… (l. 27-28),<br />

construction latine, introduisant l’antithèse entre vrai<br />

(l. 28) et faux (l. 29), moteur de l’histoire.<br />

=> récapitulatif mordant de l’ironie de cette anecdote.


8. Au début du texte : Assurons-nous bien du fait,<br />

avant que de nous inquiéter de la cause (l. 3) => la<br />

thèse oriente ainsi le lecteur : l’anecdote l’illustrera et<br />

la justifiera.<br />

Question de synthèse<br />

9. Structure du passage :<br />

1er § : l’énoncé de la thèse.<br />

2e § : l’introduction du récit sur le mode de la plaisanterie.<br />

3e § : le récit ironique de la dent d’or.<br />

4e § : la leçon à tirer de cette histoire.<br />

=> avant tout, volonté de convaincre le lecteur par des<br />

arguments objectifs (thèse explicite encadrant l’anecdote).<br />

Pour aller plus loin<br />

10. Recherche. Oracle, du latin oraculum, dérivé du<br />

verbe orare (prononcer une formule rituelle). À l’origine<br />

: « lieu où l’on fait requête aux dieux », puis<br />

« lieu de l’oracle », enfin « réponse de l’oracle » (sens<br />

moderne).<br />

11. Oral. Plan :<br />

Partie I. Fontenelle expose sa thèse.<br />

1er § : implication du locuteur (interventions, commentaires).<br />

2e § : leçon tirée à la fin (généralités).<br />

3e § : thèse qui place la raison au centre de la<br />

réflexion.<br />

Partie II. Il utilise un récit plaisant pour l’illustrer.<br />

1er § : schéma narratif complet, tension dramatique.<br />

2e § : jeu avec le réalisme, l’ironie et la satire (les<br />

noms des personnages, par exemple).<br />

3e § : coup de théâtre efficace.<br />

Prolongement : Écriture d’invention : imaginez le<br />

discours de l’un des savants moqués par Fontenelle,<br />

en vous appuyant sur les éléments donnés par le<br />

texte, et présentez-le de façon à ce que la satire soit<br />

explicite.<br />

Texte G. E. Lessing,<br />

d’un<br />

À À l’autre 3<br />

Nathan le Sage ➜ p. 118<br />

Objectif : Analyser une parabole insérée dans un texte<br />

théâtral.<br />

Questions<br />

1. Parabole = récit qui emprunte ses éléments à la vie<br />

quotidienne et dispense un enseignement religieux<br />

ou moral. Ici, le contexte, les personnages, les relations<br />

familiales sont tirés du quotidien, et les éléments<br />

(anneaux, père, fils) sont des symboles religieux (Dieu<br />

et les trois religions monothéistes).<br />

2. Construction du récit de Nathan :<br />

– étape 1 : présentation du contexte temporel, géographique<br />

et culturel et description de l’anneau magique<br />

(l. 1-4) ;<br />

– étape 2 : la règle du legs de l’anneau (l. 5-13) ;<br />

– étape 3 : choix difficile du père = auquel de ses<br />

trois fils, d’égale valeur à ses yeux, doit-il léguer son<br />

anneau ? (l. 15-26) ;<br />

– étape 4 : astuce d’un artisan = modelage de deux<br />

autres anneaux, identiques au premier => chacun sera<br />

satisfait ! (l. 26-32) ;<br />

– étape 5 : fin de l’histoire, chaque fils croit avoir l’anneau<br />

magique et tous se disputent (l. 35-38).<br />

Le récit comporte également des interventions régulières<br />

de l’interlocuteur, Saladin.<br />

3. Les réactions de Saladin mettent en valeur les péripéties,<br />

indiquent leur sens symbolique et soulignent<br />

la clarté du discours, compréhensible pour lui et donc<br />

pour les lecteurs / spectateurs : Je t’entends (l. 14),<br />

J’écoute (l. 33).<br />

4. Dialogue entre deux personnages très différents,<br />

l’un juif, l’autre musulman : tension dramatique qui<br />

rend le récit moins ardu. Tension perçue dans l’émotion<br />

de Saladin qui semble saisir la portée de l’apologue :<br />

ému (l. 33).<br />

5. Comparaison finale expliquant le sens du récit :<br />

Presque aussi impossible à prouver qu’aujourd’hui<br />

pour nous – la vraie croyance (l. 39-40).<br />

Trois religions monothéistes : même origine, donc<br />

même valeur, comme les trois anneaux.<br />

– Père = Dieu.<br />

– Trois fils = trois religions du Livre (juive, chrétienne<br />

et musulmane).<br />

– Anneau = Livre initial (Ancien Testament qui mêle ces<br />

trois cultures). Personnage emblématique = Abraham.<br />

6. Morale = impossible d’affirmer qu’une religion est<br />

la vraie => appel à la tolérance, au respect de l’autre,<br />

quelles que soient ses convictions.<br />

Vis-à-vis : Fontenelle et Lessing<br />

7. Points communs :<br />

– aspect formel : recours au récit pour donner une<br />

leçon ;<br />

– aspect philosophique : réflexion sur la croyance et<br />

ses écueils.<br />

63


8. Utilisation de la parabole et appel à la tolérance religieuse<br />

= volonté de plaire tout en instruisant => leçon<br />

de tolérance et esprit critique propres aux Lumières.<br />

Prolongement : retrouver le texte originel de l’écrivain<br />

italien Boccace pour mettre en évidence les<br />

points communs et les divergences entre le modèle<br />

et sa réécriture.<br />

Histoire des arts ➜ p. 121<br />

Paraboles et allégories<br />

Questions<br />

1. Bouches ouvertes des humains et démons à la face<br />

torturée, gueule ouverte, encadrant significativement<br />

l’âme du mauvais riche avant de la conduire dans les<br />

flammes => message religieux = Si vous ne faites pas<br />

le bien sur terre, vous irez en Enfer.<br />

2. Statue équestre du roi Henri IV par Lemot (1818),<br />

place du Pont-Neuf (île de la Cité, Paris) :<br />

– roi Henri IV en armure, sur un cheval en marche =<br />

guerrier ;<br />

– couronne de laurier = symbole de triomphe des<br />

empereurs romains, repris par la monarchie française ;<br />

– sceptre à fleur de lys dans la main droite = symbole<br />

du pouvoir royal en France.<br />

Statue de Jean-Baptiste Kléber, place Kléber (Strasbourg)<br />

réalisée par Philippe Grass (1840) :<br />

– commandant suprême de l’armée d’Égypte dans une<br />

attitude triomphante ;<br />

– il tient dans sa main la lettre de l’amiral Keith qui<br />

réclamait la capitulation de la France, lettre à laquelle le<br />

général répondit par une nouvelle bataille victorieuse.<br />

exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 123<br />

64<br />

RevoiR<br />

1 Forme et force de la fable<br />

J. de la Fontaine, Fables, « Le Pouvoir des fables »<br />

1. a. Le fabuliste (v. 1-2, 6-7, 14-23), le harangueur<br />

(v. 2-6, 8-13) et la foule (v. 7).<br />

b. Le fabuliste prend en charge le récit et utilise la<br />

1re personne du singulier à la fin de la fable ; pour lui,<br />

comme pour le harangueur (v. 1), l’Orateur (v. 16), ce<br />

qui importe c’est la parole et le message qu’elle doit<br />

communiquer à l’assemblée (v. 6, 14), à son peuple<br />

(v. 10).<br />

2. L’orateur raconte une anecdote qui met en scène des<br />

animaux et la déesse Cérès, mais s’arrête en cours de<br />

route, suspendant son récit à l’adverbe bientôt (v. 6)<br />

=> les auditeurs, captivés, veulent en savoir plus : Et<br />

Cérès, que fit-elle ? (v. 7)<br />

3. prit un autre tour (v. 1), contes d’enfants (v. 10), Apologue<br />

(v. 15), trait de Fable (v. 17) : argumentation indirecte<br />

plus efficace grâce à une astuce (autre tour), mais<br />

récit attirant l’attention des auditeurs comparés à des<br />

enfants aimant les fictions (connotation péjorative) et<br />

peu soucieux des dangers menaçant leur nation.<br />

4. Ménager le suspense pour susciter l’attention.<br />

aPPRofondiR<br />

2 Fable et leçon de vie<br />

Florian, Fables, « Le Lierre et le Thym »<br />

1. L’essentiel du texte prend la forme d’un dialogue<br />

=> le texte est ainsi incarné, plus vivant, mettant en<br />

lumière l’opposition entre les deux protagonistes.<br />

2. Champ lexical de la bassesse pour le thym : ramper<br />

(v. 3), tige chétive (v. 4), terre (v. 5) ≠ hauteur pour le<br />

lierre : dans l’air (v. 5), chêne altier (v. 6), S’élance<br />

(v. 7), la nue (v. 7), hauteur (v. 8) = insistance sur la<br />

capacité du lierre à s’élever, symbole de supériorité sur<br />

le thym.<br />

3. Après une concession, Il est vrai, …ta hauteur m’est<br />

connue (v. 8), le thym attaque avec une opposition marquée<br />

par Mais (v. 10).<br />

Hyperboles : ta faiblesse extrême (v. 11) et hypothèse au<br />

conditionnel : Tu ramperais plus bas (v. 12) = manque<br />

d’indépendance du lierre.<br />

4. a. Morale aux vers 13 à 16. Reformulation : l’indépendance<br />

intellectuelle est plus précieuse et plus<br />

honorable que la référence constante aux auteurs qui<br />

vous ont précédé.<br />

b. Traducteurs, éditeurs, faiseurs de commentaires<br />

(v. 13) = pas des créateurs, mais des personnes qui<br />

vivent, se nourrissent du travail des autres, des vrais<br />

écrivains.<br />

5. Il faut cultiver sa liberté et son indépendance, quel<br />

que soit le prix à payer (le fait de rester humble).


3 Une fable satirique<br />

V. Hugo, Les Châtiments, « Fable ou Histoire »<br />

1. a. Singe (Napoléon III) = imitateur du tigre (Napoléon<br />

I er ).<br />

b. Les bêtes l’admiraient, et fuyaient à grands<br />

pas (v. 17) : le peuple craint un tyran qui n’est qu’un<br />

imposteur ridicule. C’est l’apparence qui fait tout, cette<br />

peau qui transforme le singe en tigre : Chacun, voyant<br />

la peau, croyait au personnage (v. 12).<br />

2. Périphrases rappelant le tigre : Le vainqueur des<br />

halliers, le roi sombre des nuits ! (v. 6) => le tyran veut<br />

terroriser le peuple. Hyperboles : pleine d’ossements<br />

(v. 14), tout recule et frémit (v. 15) => images de violence<br />

et de terreur.<br />

3. a. Le peuple, qui craint le singe. Double sens : le<br />

peuple est bête (sot).<br />

b. Le belluaire (v. 18) met la vérité à nu, dépouille<br />

l’usurpateur de son déguisement = poète, Victor Hugo,<br />

s’attaquant à l’empereur.<br />

4. Procédés ironiques :<br />

– Les bêtes l’admiraient (v. 17) = moquerie envers des<br />

zélateurs du faux tigre (satire) ;<br />

– Déchira cette peau comme on déchire un linge (v. 19)<br />

= comparaison dégradante (peau de fauve = vulgaire<br />

vêtement) => il est facile de réduire le pouvoir de<br />

l’usurpateur ;<br />

– ce vainqueur (v. 20) = antiphrase qui ridiculise Napoléon<br />

III.<br />

5. Jeu de mots sur histoire : « Fable » = récit avec des<br />

animaux, petite histoire plaisante, opposée à la grande<br />

« Histoire » (avec une majuscule), soulignant la valeur<br />

historique de ce texte engagé.<br />

éCRiRe<br />

4 Efficacité de la fable<br />

J. de La Fontaine, Fables, « À Monseigneur le Dauphin »<br />

1. La Fontaine, qui utilise le pronom personnel je (v. 1)<br />

et le déterminant possessif mon (v. 4).<br />

2. Premier vers : pastiche du premier vers de L’Énéide<br />

= registre épique.<br />

3. Frontispice : un jeune garçon à droite, montre au<br />

centre le buste du fabuliste chargé d’instruire le<br />

Dauphin ; autour du piédestal, les animaux que l’on<br />

retrouve dans de multiples fables. La gueule ouverte,<br />

ces bêtes semblent parler avec le personnage, conformément<br />

à la dédicace : Tout parle en mon Ouvrage, et<br />

même les Poissons (v. 4).<br />

4. Dissertation<br />

a. Mots clés :<br />

– me sers d’animaux : personnages allégoriques ;<br />

– instruire les hommes : objectif et destinataires du<br />

recueil ;<br />

– utile ? (consigne) => plan dialectique.<br />

b. Dans quelle mesure le recours aux animaux est-il<br />

efficace pour dispenser une leçon aux hommes ?<br />

c. Partie I. Les animaux peuvent instruire les hommes,<br />

dans les fables.<br />

1er § : un moyen d’éviter la censure, d’être plus libre<br />

pour critiquer le pouvoir.<br />

2e § : le côté plaisant des animaux dont les traits<br />

forcés rappellent facilement des caractéristiques<br />

humaines.<br />

3e § : l’animal, une caricature de l’homme ou un<br />

modèle pour lui ?<br />

Partie II. Mais la fable peut recourir à d’autres subterfuges<br />

tout aussi efficaces.<br />

1er § : des humains (métiers, classes sociales…) allégoriques<br />

eux aussi, pas si éloignés des animaux.<br />

2e § : des objets (pot de fer…) mis en scène et humanisés.<br />

3e § : le type de personnage choisi n’est pas essentiel<br />

: art du récit, de la dramatisation commun à<br />

toutes ces fables.<br />

d. Introduction :<br />

La réflexion littéraire sur la société et sur la vie<br />

donne lieu à deux grands types de textes, ceux qui<br />

présentent directement au lecteur des idées, un raisonnement<br />

ou un engagement, et ceux qui mettent<br />

une histoire plaisante au service d’une intention<br />

didactique. La fable appartient à ce deuxième type<br />

et de nombreux auteurs l’ont plébiscitée. C’est le<br />

cas de Jean de La Fontaine connu essentiellement<br />

pour ses recueils de Fables, dont le premier s’ouvre<br />

sur une dédicace qui comporte ce vers, « Je me sers<br />

d’Animaux pour instruire les Hommes », véritable<br />

définition de son travail de fabuliste. Nous nous<br />

demanderons alors dans quelle mesure le recours<br />

aux animaux est efficace pour dispenser une leçon<br />

morale ou philosophique. Nous verrons d’abord que<br />

la mise en scène d’animaux dans une fable permet<br />

souvent d’instruire les hommes, puis nous étudierons<br />

quels autres moyens servent tout aussi efficacement<br />

l’objectif à atteindre.<br />

65


66<br />

Textes<br />

● Ésope (vii e -vi e siècle avant J.-C.), Fables<br />

● Théophraste (iv e -iii e siècle avant J.-C.), Caractères<br />

● Plutarque (i er -ii e siècle), Œuvres morales<br />

● F. de La Rochefoucauld, Maximes (1659)<br />

● Mémoires (1665)<br />

● J. de La Fontaine, Fables (1668)<br />

● J. de La Bruyère, Les Caractères (1688)<br />

● Montesquieu, Lettres persanes (1721)<br />

● Voltaire, Candide et autres contes (1759)<br />

● D. Diderot, Les Deux Amis de Bourbonne et autres<br />

contes (1770)<br />

● Bossuet, Sermons (posth. 1772)<br />

● Les Moralistes du xvii e siècle (1992)<br />

● B. Parmentier, Le Siècle des moralistes (2000)<br />

● P. Caglar, Étude sur les Jean de la fontaine :<br />

Fables Livre VII à XII (2005)<br />

Textes du DVD-Rom<br />

● J. de La Fontaine, Fables, « Le Loup et les Bergers<br />

» (1678)<br />

● Florian, « La Fable et la Vérité » (1792)<br />

Image<br />

● J.-B. Greuze, L’Oiseau mort (vers 1760) ➜ p. 130<br />

Image du DVD-Rom<br />

● P. Bruegel, La Chute d’Icare (1558)<br />

Prolongements<br />

Activités<br />

● Commentaire. Commentez le texte de Victor Hugo<br />

(➜ exercice 3). Suivez ces deux pistes d’étude :<br />

1. Un récit amusant et terrifiant.<br />

2. Une satire au service de l’engagement.<br />

● Écriture d’invention. En vous aidant des fables de<br />

cette séquence, rédigez à votre tour une fable pour<br />

mettre en valeur une leçon morale ou politique<br />

contemporaine.<br />

● Question sur un corpus<br />

a. Sujet : « placere et docere » à travers les siècles<br />

et les genres.<br />

Objectif : Étudier les procédés utilisés par les<br />

auteurs pour mêler plaisir de l’histoire et enseignement<br />

moral.<br />

Corpus : Molière, L’École des femmes ➜ p. 37<br />

C. Perrault, Contes de ma mère l’Oye, « Les fées »<br />

➜ p. 126<br />

D. Diderot, Ceci n’est pas un conte ➜ p. 143<br />

V. Hugo, Les Châtiments ➜ p. 214<br />

b. Sujet : les moralistes du xvii e siècle.<br />

Objectif : Étudier les formes variées utilisées par<br />

les moralistes de cette période.<br />

Corpus : J. de La Fontaine, Fables, livre VII ➜ p. 116<br />

C. Perrault, Contes de ma mère l’Oye, « Les fées »<br />

➜ p. 126<br />

Bossuet, Sermon du mauvais riche ➜ p. 145<br />

J. de La Bruyère, Les Caractères ➜ p. 167


sÉQuenCe 6<br />

Contes et romans philosophiques<br />

➜ Livre de l’élève, p. 125<br />

Texte1 Texte C. Perrault, Contes de ma<br />

mère l’Oye, « Les fées »<br />

➜ p. 126<br />

Objectif : Rappeler les procédés rhétoriques de<br />

l’argumentation indirecte dans un conte de fées.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Trois personnages caractéristiques :<br />

– la fée (l. 18) : récit placé d’emblée dans le genre du<br />

conte ; le prince charmant : Le fils du roi (l. 36) ;<br />

– la mauvaise mère qui privilégie l’une de ses filles au<br />

détriment de l’autre : aussitôt elle courut pour la battre<br />

(l. 35).<br />

=> personnages fréquents dans les contes de fées.<br />

2. L’évocation des personnages n’est pas détaillée.<br />

Seule leur position sociale (prince, fée) ou familiale<br />

(mère) compte, résumée par des indices :<br />

– la fée caractérisée par son attrait vestimentaire : une<br />

dame magnifiquement vêtue (l. 17) ;<br />

– le prince s’adonne à une activité aristocratique : revenait<br />

de la chasse (l. 36).<br />

=> présentation simplifiée, seule l’action importe ;<br />

l’analyse psychologique n’a pas sa place dans ce récit.<br />

Mise au point<br />

3. a. Prédominance du discours direct :<br />

– tirets pour chaque interlocuteur ;<br />

– verbes de parole : dit (l. 1), répondit (l. 9) ou reprit<br />

(l. 11) dans des propositions souvent incises.<br />

Ex. : lui dit cette brutale orgueilleuse (l. 22-23).<br />

b. Dynamisme et effet de réel => impression d’être le<br />

témoin des faits, qu’ils se déroulent sous nos yeux, la<br />

fiction prend l’apparence de la réalité.<br />

Analyse<br />

4. Point de vue omniscient : expression des plaintes de<br />

la cadette (La pauvre enfant, l. 35) et des pensées du<br />

prince (la voyant si belle, l. 37), mais le narrateur est<br />

partout à la fois. Il est le témoin de plusieurs destinées<br />

lointaines mais contemporaines : le mariage de la sœur<br />

cadette (l. 40-44), la fin malheureuse de la fille aînée<br />

(l. 45-47).<br />

5. Présentation du narrateur : cette brutale orgueilleuse<br />

(l. 22-23). Elle est confirmée par les propos du<br />

personnage :<br />

– Il me ferait beau voir (l. 9), quand sa mère lui<br />

demande d’aller puiser de l’eau => ton déplaisant d’un<br />

enfant peu aimable ;<br />

– buvez à même si vous voulez (l. 24-25), quand la fée<br />

lui demande à boire => ton peu amène d’un personnage<br />

discourtois.<br />

Conclusion de la fée : guère honnête (l. 26), si peu obligeante<br />

(l. 27) => ton irrespectueux.<br />

6. a. L’interjection Eh bien ! est répétée deux fois, par la<br />

mère et la fille, en anaphore (l. 30-31) => méchanceté<br />

des deux personnages.<br />

b. Lignes 30 et 31 : le parallélisme de construction<br />

ma fille / ma mère insiste sur le lien de filiation et le<br />

caractère semblable des deux personnages féminins<br />

« négatifs » du conte.<br />

7. a. Cadette : roses, pierres précieuses (chapeau introductif)<br />

= objets précieux et beaux => belle âme.<br />

Aînée : serpent (l. 28) ou vipères (l. 31) et crapaud(s)<br />

(l. 28, 32) = animaux laids et repoussants, voire dangereux<br />

=> méchanceté.<br />

Le don de la fée consiste à révéler le caractère de<br />

chaque fille ; opposition fréquente dans les contes de<br />

fées (cf. « Cendrillon »).<br />

b. Il faut toujours être serviable et poli, car nos paroles<br />

et nos actes ont toujours des conséquences. Dans ce<br />

passage, la mauvaise fille est sévèrement punie de ses<br />

actes : alla mourir au coin d’un bois (l. 47).<br />

Question de synthèse<br />

8. Récit anecdotique et merveilleux pour illustrer une<br />

morale implicite. Il exhorte le lecteur à bien se comporter<br />

envers son prochain. => l’histoire est divertissante<br />

tout en possédant une portée morale, ce qui est le but<br />

du conte de fées.<br />

67


Pour aller plus loin<br />

9. « Les souhaits ridicules » : Jupiter propose au bûcheron<br />

de faire trois vœux, mais ce dernier, se disputant<br />

avec sa femme, formule n’importe quel souhait => il<br />

n’est pas facile de formuler des souhaits raisonnables.<br />

« Riquet à la houppe » : très laid à la naissance, il est<br />

intelligent et reçoit le don de rendre quelqu’un intelligent<br />

=> l’apparence physique n’est pas l’essentiel,<br />

mieux vaut une belle âme.<br />

10. Écriture d’invention. Il faut :<br />

– reprendre les éléments essentiels du conte de Perrault<br />

: le schéma narratif, les commentaires du narrateur,<br />

les caractéristiques des personnages, les dons des<br />

deux filles… ;<br />

– raconter l’histoire du point de vue de la fille cadette<br />

ou de la mère ;<br />

Conseils de rédaction :<br />

– utiliser le pronom je ;<br />

– adopter le point de vue interne et faire ressortir les<br />

sentiments propres au personnage ;<br />

– relater les événements dans l’ordre du texte.<br />

Proposition de début :<br />

Lorsque la mère vit quel don la fée avait octroyé<br />

à sa fille cadette, elle ordonna à sa brutale de fille<br />

aînée de se rendre à son tour à la fontaine, dans<br />

l’espoir qu’elle recevrait une bénédiction comparable.<br />

Elle voyait déjà sa fille riche et bien mariée.<br />

Celle-ci commença par refuser, mais finit par céder<br />

et partit, emportant avec elle le plus beau flacon<br />

d’argent de la maison…<br />

Prolongement : Chrétien de Troyes, Le Chevalier au<br />

lion (vers 1175-1180) : épisode de la rencontre avec le<br />

chevalier noir, auprès de la fontaine. Question de synthèse<br />

: quel est le rôle de la fontaine dans les récits ou<br />

contes merveilleux ? Que permet-elle de faire ?<br />

68<br />

Texte « Évangile<br />

d’un<br />

À l’autre 1<br />

selon saint Jean » ➜ p. 128<br />

Objectif : Comprendre les principes et la visée<br />

argumentative d’une parabole.<br />

Questions<br />

1. Sujet = eau du puits : « Donne-moi à boire » (l. 2).<br />

Puis la conversation métaphorise le thème de l’eau, à<br />

tel point que l’échange s’inverse, avec la Samaritaine<br />

qui demande de l’eau à Jésus.<br />

2. Paroles comprises au sens propre => eau vive = eau<br />

fraîche : tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond<br />

(l. 12-13).<br />

3. a. Elle demande apparemment à boire au sens figuré,<br />

ayant saisi le jeu rhétorique de Jésus => elle veut<br />

connaître la religion prêchée par Jésus : donne-moi<br />

cette eau, afin que je n’aie plus soif et ne vienne plus<br />

ici pour puiser (l. 21-23).<br />

b. L’eau vive symbolise la bonne parole, celle de la religion<br />

évoquée dans le texte indirectement : le don de<br />

Dieu (l. 9) ou source d’eau jaillissant en vie éternelle<br />

(l. 20).<br />

4. Parabole = récit qui emprunte ses éléments à la vie<br />

quotidienne, en les rapportant à un enseignement<br />

religieux ou moral ➜ synthèse de la séquence 5, p. 120.<br />

– Le quotidien = puiser de l’eau à un puits et présence<br />

d’un enseignement religieux = eau vive (l. 11) et vie<br />

éternelle (l. 20).<br />

– La parabole : le lecteur interprète lui-même le texte<br />

et son message, ici en rapport avec la religion => croire<br />

en Dieu = remède à tous les maux.<br />

Vis-à-vis : Perrault et saint Jean<br />

5. Éléments communs = rencontre à la fontaine, portée<br />

symbolique du don, importance de la parole.<br />

Sens explicite dans le conte de Perrault ≠ sens à traduire<br />

dans la parabole biblique.<br />

6. Histoire simple et répétitive : deux trajets à la fontaine,<br />

deux rencontres de la fée : c’était la même fée<br />

qui avait apparu à sa sœur (l. 18-19) ≠ action unique,<br />

valeur de la parole de Jésus.<br />

Pour la cadette : l’emmena au palais du roi son père,<br />

où il l’épousa (l. 43-44) ; pour l’aînée : alla mourir au<br />

coin d’un bois (l. 47) => fin antithétique clairement<br />

exposée ≠ fin de la parabole à interpréter par le lecteur.<br />

Prolongement : rechercher d’autres paraboles bibliques<br />

célèbres (vierges folles et vierges sages, par<br />

exemple), ou en lire une précisément avant de la<br />

résumer et de l’interpréter.


Étude d’œuvre intÉgrale<br />

C. Perrault, Contes de ma mère l’Oye<br />

➜ p. 129<br />

Objectif : Étudier l’argumentation indirecte dans<br />

différents contes à moralité.<br />

Pistes d’analyse<br />

1. Les lieux merveilleux<br />

– La forêt dans laquelle se cache le danger ou la mort :<br />

« Le petit Poucet », « Le petit Chaperon rouge ».<br />

– Les châteaux gigantesques et renfermant des secrets<br />

(« La Barbe bleue ») ou refuge d’une princesse endormie<br />

(« La Belle au bois dormant »).<br />

– Les demeures familiales humbles ou riches hantées<br />

par un ogre ou une marâtre : « Cendrillon », « Peau<br />

d’âne », « Le petit Poucet ».<br />

Lieux merveilleux = habitations aux caractéristiques<br />

particulières ou lieux sauvages, mais le merveilleux<br />

peut avoir deux facettes : le danger de l’aventure ou<br />

une découverte fabuleuse.<br />

2. Des personnages stéréotypés<br />

Le peuple, le tiers-état :<br />

– les jeunes filles douces victimes de personnalités<br />

fortes et mauvaises : Cendrillon ou la sœur cadette<br />

dans « Les fées » ;<br />

– les enfants innocents sacrifiés par leurs parents<br />

pauvres (« Le petit Poucet ») ;<br />

– les enfants laids et pauvres, mais doués d’intelligence<br />

(« Riquet à la houppe ») ;<br />

– le bûcheron pauvre et sa femme (« Les souhaits ridicules<br />

»).<br />

=> pauvreté = innocence. Héros souvent pauvres, sauf<br />

l’héroïne de « Peau d’âne », riche, mais transformée en<br />

mendiante pour fuir son père.<br />

La noblesse :<br />

– les mères (le plus souvent) ou les parents riches et<br />

injustes (« Cendrillon ») ;<br />

– les princes, les rois et les reines => figures autoritaires<br />

symboles de richesse et de pouvoir (« Le Chat<br />

botté », « Griselidis ») ; un prince sauve des demoiselles<br />

pauvres et en détresse (« Les fées », « Cendrillon »)<br />

=> deux catégories sociales distinctes aux valeurs<br />

morales antithétiques.<br />

3. L’importance des « moralités »<br />

Trois manières différentes de formuler les morales des<br />

contes :<br />

– moralité(s) exprimée(s) explicitement, placée(s) clairement<br />

en dehors du récit : la plupart des contes de<br />

Perrault dont « La Belle au bois dormant », « Le petit<br />

Chaperon rouge » et « La Barbe bleue » se terminent<br />

par un paragraphe précédé de la mention moralité ;<br />

– moralité(s) exprimée(s) à la fin du récit par le narrateur<br />

qui prend la parole. Ex. : « Les souhaits ridicules » :<br />

Bien est donc vrai qu’aux hommes misérables, /<br />

Aveugles, imprudents, inquiets, variables, / Pas n’appartient<br />

de faire des souhaits, / Et que peu d’entre eux<br />

sont capables, / De bien user des dons que le Ciel leur<br />

a faits ;<br />

– moralité implicite, beaucoup plus rare : « Griselidis ».<br />

aCtivités ComPlémentaiRes<br />

1. Entraînement au commentaire<br />

Partie I. Un début de conte traditionnel<br />

1er § : cadre habituel du conte.<br />

Ex. : formule inaugurale : « Il était une fois » et<br />

repères spatiaux vagues, génériques.<br />

2e § : personnages opposants traditionnels.<br />

Ex. : marâtre, « elle la chargea des plus viles occupations<br />

de la maison ».<br />

3e § : naissance de l’intrigue (secours d’un personnage<br />

adjuvant).<br />

Ex. : « Il arriva que le fils du roi donna un bal ».<br />

Partie II. La mise en place des différents schémas<br />

1er § : le schéma narratif, situation initiale.<br />

Ex. : champ lexical de la famille.<br />

2e § : le schéma narratif : le bal, élément déclencheur.<br />

Ex. : champ lexical de la fête.<br />

3e § : le schéma actantiel : un rapport de forces marqué.<br />

Ex. : opposition radicale entre la beauté et la bonté<br />

de Cendrillon, et ses sœurs : « qui rendaient ses filles<br />

encore plus haïssables ».<br />

Pistes pour l’introduction :<br />

– entrée en matière sur le genre du conte ou sur Charles<br />

Perrault ;<br />

– présentation complète de l’œuvre et situation précise<br />

du passage étudié ;<br />

– problématique : par quels moyens le narrateur fait-il<br />

entrer le lecteur dans un conte merveilleux ? ;<br />

– annonce du plan (cf. ci-dessus).<br />

2. Rédaction de paragraphe<br />

argumentatif<br />

Deux possibilités de classement :<br />

Les moralités :<br />

69


– très souvent des moralités explicites et intitulées<br />

comme telles ;<br />

– les moralités exprimées à la fin du récit ;<br />

– peu de moralités implicites.<br />

(cf. les exemples cités dans la piste d’analyse 3.)<br />

Les personnages :<br />

– les personnages possédant des dons : « Riquet à la<br />

houppe », « Les fées », « Les souhaits ridicules » ;<br />

– les innocents en danger : « Le petit Chaperon<br />

rouge », « Le petit Poucet », « La Barbe bleue » ;<br />

– les personnages en situation d’apprentissage : « Cendrillon<br />

», « Le Chat botté » ;<br />

– les monstres humains : « La Barbe bleue ».<br />

70<br />

Analyse<br />

d’image<br />

J.-B. Greuze, L’Oiseau mort<br />

➜ p. 130<br />

Objectif : Déchiffrer le sens caché d’un tableau<br />

allégorique.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. a. Composition :<br />

– au centre : une jeune fille à la peau très pâle, vêtue<br />

de blanc ;<br />

– en bas, à gauche : une commode avec une cage fleurie<br />

(arrière-plan) ; au premier plan, un oiseau mort à côté<br />

d’une petite assiette contenant de la nourriture.<br />

=> scène d’intérieur = scène de genre.<br />

b. La jeune fille vient de découvrir l’oiseau et cherche à<br />

vérifier si celui-ci est bien mort.<br />

Analyse<br />

2. Description du personnage :<br />

– apparence générale : très jeune fille, les cheveux<br />

détachés (sensualité) ;<br />

– tenue : une chemise de nuit légère qui laisse apparaître<br />

la blancheur de sa peau légèrement rosée (canon<br />

de beauté de l’époque), bras et épaule gauche dénudés<br />

;<br />

– visage très pâle, les joues et la bouche roses, tourné<br />

en direction de l’oiseau, il exprime la crainte.<br />

=> impression de douceur, de pureté et de fragilité.<br />

3. La scène semble fixer un instant, les mains étant<br />

saisies dans leur mouvement, les doigts subtilement<br />

écartés :<br />

– geste délicat de la main droite : ailes de l’oiseau<br />

entrouvertes pour vérifier s’il est bien mort ;<br />

– main gauche présentant sa paume, exprimant la surprise<br />

et la crainte ;<br />

– tenue de la jeune fille négligée, comme sortie du lit.<br />

=> la scène semble être saisie sur le vif.<br />

4. a. L’oiseau mort est placé dans le coin gauche du<br />

tableau, il occupe très peu de place comparé au personnage<br />

=> il ne délivre pas forcément le sens premier<br />

du tableau.<br />

b. Plusieurs indices :<br />

– présence de nourriture intacte sur la table (petite<br />

cuillère indiquant que l’animal n’a rien consommé) ;<br />

– position de l’oiseau : sur le dos, les ailes écartées ;<br />

– attitude et expression vaguement éplorée du visage<br />

de la jeune fille.<br />

5. La pièce est très sombre et impossible à reconnaître.<br />

On peut seulement formuler des hypothèses :<br />

chambre à coucher ? salon ? Contraste entre l’arrièreplan<br />

sombre et l’aspect blanc et pâle du personnage.<br />

Mains, visage et fond indéterminé attirent l’attention<br />

sur l’oiseau.<br />

=> l’oiseau = élément important mais avant tout focalisation<br />

sur la jeune fille.<br />

6. Oiseau et personnages peints dans des couleurs<br />

claires : plumes et peau très pâles, presque blanches<br />

sur le ventre et l’intérieur des ailes.<br />

=> pureté et innocence de l’oiseau et de la jeune fille.<br />

Question de synthèse<br />

7. Sens symbolique caché dans le tableau. C’est au<br />

spectateur de l’interpréter et d’oser aller jusqu’au bout :<br />

oiseau = représentation de la virginité, de la pureté de<br />

la jeune fille.<br />

Oiseau mort => nécessité de pleurer la perte récente de<br />

sa virginité (tenue légère).<br />

Prolongement : trouver d’autres tableaux qui possèdent<br />

un sens caché ou explicite dans la peinture des<br />

xvii e et xviii e siècles, par exemple une vanité hollandaise<br />

(Claesz Heda, cf. DVD-Rom) ou une scène de<br />

genre flamande (Teniers ou Jordaens).<br />

Texte2 Texte Voltaire, Jeannot et Colin<br />

➜ p. 131<br />

Objectif : Étudier le fonctionnement d’un conte<br />

philosophique à partir d’un exemple caractéristique.


leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Quatre interlocuteurs : le père du jeune marquis, la<br />

mère de l’enfant, le précepteur incapable, nommé gouverneur<br />

dans le texte (l. 1), et l’auteur arbitre (l. 4).<br />

=> vague débat autour de l’éducation de l’enfant entre<br />

les parents et le futur précepteur.<br />

2. C’est le précepteur (gouverneur) qui parle le plus, il<br />

répond aux questions des parents.<br />

=> il occupe une place normalement plus élevée dans<br />

la hiérarchie du savoir.<br />

Mise au point<br />

3. Périphrases désignant l’auteur :<br />

– un auteur qui était célèbre alors par des ouvrages<br />

agréables (l. 4) => titre long et pompeux ;<br />

– le bel esprit (l. 7) => mention de l’intelligence du personnage<br />

;<br />

– l’ami que l’on consultait (l. 33) => mise en valeur de<br />

son savoir ;<br />

– le gracieux ignorant (l. 36) => imposteur démasqué.<br />

Expressions à lire sur un ton comique, voire ironique<br />

=> l’auteur veut que l’enfant n’apprenne aucune<br />

science sérieuse, en accord avec le gouverneur qui<br />

parle à sa place (l. 21-30).<br />

Analyse<br />

4. Phrases déclaratives dénotant beaucoup d’assurance.<br />

Le caractère définitif des propos est exprimé à<br />

travers les formules ayant valeur d’absolu : on parle<br />

beaucoup mieux sa langue quand on ne partage pas<br />

son application entre elle et les langues étrangères<br />

(l. 8-9), s’il [votre fils] sait les moyens de plaire, il<br />

saura tout (l. 33-34). Après avoir été interrompu par le<br />

gouverneur, il en adopte le style oratoire et formule des<br />

questions rhétoriques soulignant l’inutilité du savoir :<br />

Qu’importe à monsieur votre fils que Charlemagne… ?<br />

(l. 42-44).<br />

5. a. Différents domaines de connaissances sont abordés<br />

: le latin (l. 3-18), la géographie (l. 19-24), l’astronomie<br />

(l. 25-30), l’histoire (l. 39-44) et la géométrie<br />

(l. 45-52).<br />

=> domaines représentant la culture que devrait posséder,<br />

selon les parents, un honnête homme. Répliques<br />

étonnantes du gouverneur :<br />

– tout comme l’auteur, il refuse que le marquis apprenne<br />

une seule de ces matières parce qu’il ne savait rien, ne<br />

put rien enseigner à son pupille (l. 2-3) ;<br />

– ses réponses les plus absolues sur des domaines qui<br />

se développent au siècle des Lumières : géographie,<br />

astronomie et géométrie. Ex. : de toutes les sciences<br />

la plus absurde, à mon avis et celle qui est la plus<br />

capable d’étouffer toute espèce de génie, c’est la géométrie<br />

(l. 46-48) => ironie de Voltaire.<br />

b. Après avoir balayé tous les champs du savoir, l’essentiel<br />

serait d’apprendre à être aimable (l. 33) => Voltaire<br />

suggère qu’un homme de cour doit uniquement<br />

« paraître » et non pas être savant.<br />

6. a. Cette phrase prête à sourire. L’auteur vient de<br />

flatter la mère, À être aimable […] c’est un art qu’il<br />

apprendra chez madame sa mère sans que ni l’un ni<br />

l’autre se donnent la moindre peine (l. 33-35) => efficacité<br />

immédiate = portrait-charge d’une famille<br />

bourgeoise aussi dépourvue d’intelligence que les personnes<br />

à qui elle se fie, auteur et gouverneur.<br />

b. La dernière phrase est sarcastique : Monsieur et<br />

madame n’entendaient pas trop ce que le gouverneur<br />

voulait dire ; mais ils furent entièrement de son avis<br />

(l. 53-54). Accord dénué de sens, incompréhension<br />

réciproque => l’auteur fait preuve d’une ironie féroce.<br />

Question de synthèse<br />

7. Cible double de Voltaire : les personnes qui croient<br />

aveuglément ce que des incompétents leur disent et<br />

aussi les bourgeois, qui veulent passer pour des nobles.<br />

Ce texte critique également une vision utilitariste de<br />

l’éducation. => satire = critique de certains défauts de<br />

la société, exposés de manière ridicule.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Conte philosophique = conte possédant un ancrage<br />

particulier dans le temps et l’espace, pas forcément<br />

réaliste, dont le but est de transmettre une critique<br />

sociale, à l’aide de la satire.<br />

Ici, la scène se déroule en France : allusion à Charlemagne<br />

et aux douze pairs de France, l. 43-44. Le texte<br />

est une satire des bourgeois anoblis qui méconnaissent<br />

les usages de la cour et sont dépassés par les discours<br />

sur les sciences (Monsieur et madame n’entendaient<br />

pas trop ce que le gouverneur voulait dire, l. 53).<br />

Usage de l’ironie pour éviter la censure. Ex. : méchanceté<br />

vive mais habile de la dernière phrase.<br />

9. Rédaction d’un paragraphe argumentatif<br />

Il faut :<br />

– établir la liste des qualités d’un homme du monde<br />

d’aujourd’hui ;<br />

71


– rédiger plusieurs paragraphes (un paragraphe par<br />

qualité) ;<br />

– argumenter et justifier sa réponse.<br />

Proposition de plan :<br />

1 er § : posséder une solide culture générale (littérature,<br />

arts, histoire).<br />

2 e § : savoir réfléchir par soi-même (philosophie,<br />

indépendance d’esprit, curiosité).<br />

3 e § : comprendre le monde (actualité, politique,<br />

géographie).<br />

4 e § : être attentif aux autres (écoute, respect,<br />

entraide).<br />

Prolongement : apprendre à lire le texte en utilisant<br />

le ton correct pour différencier les quatre personnages<br />

et percevoir l’ironie voltairienne.<br />

72<br />

Texte F. Fénelon, Les Aventures<br />

d’un<br />

À l’autre 2<br />

de Télémaque ➜ p. 133<br />

Objectif : Analyser la visée argumentative<br />

d’un personnage dans un récit didactique.<br />

Questions<br />

1. a. Mentor prononce deux des trois interventions de<br />

l’extrait, des lignes 1 à 6 et 12 à 20, toutes deux au discours<br />

direct.<br />

b. Impératif très fréquent : Songez plutôt (l. 2), craignez<br />

en anaphore (l. 12, 19), Gardez-vous bien (l. 14-15).<br />

=> Mentor met en garde Télémaque et le conseille<br />

comme un précepteur (dimension didactique).<br />

2. Mentor = personne savante qui enseigne à un élève<br />

plus jeune. Mentor explique à Télémaque le sens de la<br />

vie et le met en garde contre certaines erreurs. Il se définit<br />

lui-même comme un rempart contre les errances de<br />

la jeunesse : La jeunesse est présomptueuse (l. 15), et<br />

comme une référence morale : attendez toujours mes<br />

conseils (l. 20).<br />

3. Thème principal = la jeunesse, l’inexpérience du<br />

jeune homme, qui ne pense qu’à se faire beau pour<br />

plaire à Calypso : se parer vainement, comme une<br />

femme, est indigne de la sagesse et de la gloire (l. 4-5).<br />

Mentor essaie de le guider dans la voie de l’âge adulte<br />

et de lui éviter des déconvenues. Il met en garde Télémaque<br />

contre la nymphe qui les a recueillis et l’exhorte<br />

à être digne de son père.<br />

4. Images caractérisant Calypso :<br />

– craignez ses trompeuses douceurs plus que les<br />

écueils qui ont brisé votre navire (l. 12-13)<br />

=> comparaison : Calypso = danger mortel // naufrage ;<br />

– qui se glisseront comme un serpent sous les fleurs<br />

(l. 18-19) => comparaison renforcée par l’expression<br />

poison caché (l. 19).<br />

=> Calypso = danger mortel pour Télémaque ; menteuse<br />

et trompeuse, c’est une créature qui pourrait<br />

conduire Télémaque à sa perte = femme fatale, dangereuse<br />

pour le héros.<br />

5. a. Dialogue servant à l’éducation du futur roi<br />

de France (le jeune duc de Bourgogne). Récit fictif<br />

= matière et expérience pour sa vie à venir. Télémaque<br />

= le jeune duc, héritier de Louis XIV ; Mentor = Fénelon.<br />

b. Personnages mythologiques = plaisants pour la<br />

jeunesse, qui apprécie les récits des aventures de ces<br />

personnages, et analogie avec la situation d’écriture :<br />

Mentor // Fénelon ; Ulysse // Louis XIV.<br />

Vis-à-vis : Voltaire et Fénelon<br />

6. Impératifs et tours doctoraux : deux pédagogues<br />

détenteurs du savoir (Mentor) ou se prétendant tels<br />

(l’auteur). Par exemple, Mentor dit : la gloire n’est due<br />

qu’à un cœur qui sait souffrir la peine et fouler aux<br />

pieds les plaisirs (l. 5-6), et l’auteur chez Voltaire : s’il<br />

sait les moyens de plaire, il saura tout (l. 33-34).<br />

=> les interlocuteurs sont en position d’infériorité, ne<br />

détenant pas le savoir, ils cherchent à l’acquérir auprès<br />

des précepteurs, relation de dépendance vis-à-vis<br />

d’eux.<br />

7. Savoir = objet de quête pour chacun d’entre nous, il<br />

nécessite la présence d’un guide permettant le développement<br />

de notre esprit critique.<br />

Chez Voltaire, auteur et gouverneur = contre-exemples,<br />

anti-modèles.<br />

Chez Fénelon, Mentor = guide idéal, repère intellectuel<br />

et moral.<br />

Prolongement : effectuer des recherches sur les différents<br />

personnages et sur la suite des aventures de<br />

Télémaque. Qu’arrive-t-il à Télémaque ? Dans quelle<br />

mesure son parcours est-il exemplaire pour le duc de<br />

Bourgogne ?


Texte3 Texte Vercors, Les Animaux<br />

dénaturés ➜ p. 135<br />

Objectif : Étudier le fonctionnement d’un extrait<br />

de roman philosophique du XX e siècle.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Question initiale = existe-t-il un trait reconnaissable<br />

par lequel la raison la plus primitive se distingue spécifiquement,<br />

absolument, de l’intelligence animale ?<br />

(l. 3-6).<br />

=> reformulation : existe-t-il un moyen de distinguer<br />

l’intelligence animale de l’intelligence humaine ?<br />

2. Sir Peter Rampole s’exprime beaucoup plus que le<br />

juge. Son argumentation débute au discours indirect<br />

(l. 7-27) : Sir Peter, après un moment, dit que, quelques<br />

mois plus tôt, il eût répondu (l. 7-9), puis se poursuit au<br />

discours direct à partir de la ligne 29.<br />

Le juge se contente de relancer la réflexion en montrant<br />

son incompréhension : Nous ne vous suivons pas<br />

très bien (l. 39).<br />

=> extrait = tirade argumentée de Rampole qui<br />

exprime ses idées confusément.<br />

Mise au point<br />

3. Mythe vient du grec muthos = récit, fable. Dans le<br />

texte : une histoire inventée dont certains éléments<br />

(personnages, lieux…) ont une valeur symbolique,<br />

nécessitant une capacité d’abstraction.<br />

Symbole vient du grec sumbolon (signe de reconnaissance<br />

commun à plusieurs personnes). Dans le texte :<br />

signe ou objet qui, par convention, représente une idée<br />

ou un concept pour plusieurs membres d’une communauté<br />

; il nécessite des références communes.<br />

Analyse<br />

4. a. Deux connecteurs logiques sont employés<br />

(l. 7-22) :<br />

– mais, utilisé trois fois (l. 13, 15, 18) : oppositions ou<br />

restrictions dans le raisonnement en cours d’élaboration<br />

;<br />

– puisqu’ (l. 17) = explication.<br />

=> connecteurs = premier raisonnement fautif, dont la<br />

réfutation se fait par étapes successives.<br />

b. Adverbe de temps Maintenant (l. 23) : rejet de la<br />

théorie considérée comme étant erronée et oubliée.<br />

5. Deuxième réponse (l. 35-38) : ceux que révèle l’analyse<br />

des diverses liaisons cérébrales (l. 36-37).<br />

Reformulation : ce sont les connexions que crée notre<br />

cerveau qui distinguent l’homme de l’animal.<br />

6. Comparaison : On a souvent comparé la cervelle […]<br />

à une immense centrale téléphonique (l. 40-41).<br />

Représentation imagée = simplification du raisonnement<br />

pour le rendre plus accessible à son auditoire.<br />

Question de synthèse<br />

7. Roman traitant de l’identité humaine et d’une thèse<br />

en particulier : certaines espèces pourraient être dotées<br />

de la même intelligence que celle de l’homme.<br />

Vercors imagine ici l’existence des Tropis, cousins<br />

proches de l’homme et du singe = chaînon manquant. Il<br />

s’interroge sur ce qui fait l’être humain.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Beaucoup d’écrivains ont traité de l’identité<br />

humaine, notamment :<br />

– xvi e siècle : M. de Montaigne, Essais, « Des cannibales<br />

», « Des coches »<br />

– xviii e siècle : J.-J. Rousseau, Discours sur l’origine et<br />

les fondements de l’inégalité parmi les hommes<br />

– xix e siècle : M. Shelley, Frankenstein<br />

– xx e siècle : C. Lévi-Strauss, Tristes tropiques<br />

=> il s’agit toujours d’ouvrages philosophiques ou fondés<br />

sur des travaux philosophiques ; ils se multiplient à<br />

partir de la fin du xviii e siècle, siècle des Lumières.<br />

9. Écriture d’invention<br />

Proposition de plan :<br />

Contrairement à l’animal,<br />

1er § : l’homme a une mémoire (souvenirs, repères<br />

spécifiques…).<br />

2e § : l’homme se projette dans l’avenir (projets,<br />

ambitions, carrière…).<br />

3e § : l’homme conçoit des abstractions (symboles,<br />

concepts…).<br />

4e § : l’homme a des sentiments complexes (jalousie,<br />

rancune, pulsions suicidaires…).<br />

Prolongement : préparer un débat avec les élèves<br />

sur les droits accordés aux animaux. Jusqu’où les<br />

hommes peuvent-ils aller dans la revendication de<br />

ces droits ?<br />

Texte J. Swift, Les Voyages<br />

d’un<br />

À l’autre 3<br />

de Gulliver ➜ p. 137<br />

Objectif : Analyser la réfl exion philosophique<br />

dans un roman fantaisiste et épique.<br />

73


74<br />

Questions<br />

1. a. Quatre adjectifs qualificatifs allant par paires pour<br />

qualifier leur comportement :<br />

– logique et rationnel (l. 1) ;<br />

– sagace et judicieux (l. 2).<br />

=> fortes connotations mélioratives relatives à la pensée,<br />

la raison.<br />

b. Modalisateurs = si (l. 1), sûrement (l. 2), réellement<br />

(l. 5), semblait-il (l. 15) et comme si (l. 16).<br />

=> le narrateur ne sait pas comment considérer les<br />

hommes-chevaux. Il est hésitant et ne sait quelle attitude<br />

adopter : je me hasardai (l. 7), Je me permets (l. 9).<br />

=> comparaisons et interprétations : êtres de raison ou<br />

animaux ?<br />

2. Chevaux = magiciens (l. 3, 8) à la suite d’une délibération,<br />

ma conclusion dernière (l. 2).<br />

=> hommes métamorphosés en chevaux volontairement<br />

pour s’amuser à ses dépens (l. 4-5). Il évoque la<br />

rigueur de sa logique (l. 7), un sarcasme, au regard de<br />

la suite du texte.<br />

=> liens avec les contes où des êtres supérieurs (fées…)<br />

peuvent prendre des formes diverses.<br />

3. Gulliver : je ne suis qu’un pauvre Anglais en<br />

détresse (l. 10) et appelle les hommes-chevaux Vos<br />

Seigneuries (l. 10) => volonté d’amadouer les chevaux.<br />

Effet comique sur le lecteur : justification dérisoire de<br />

sa présence et dons également dérisoires : je vous donnerai<br />

ce canif, et ce bracelet (l. 13-14).<br />

4. Gulliver tente de s’exprimer dans la langue des<br />

chevaux, ce qui le rend ridicule pour le lecteur : tout<br />

en m’efforçant d’imiter le hennissement d’un cheval<br />

(l. 24-25), mais efficace dans le cadre de la fiction : Ils<br />

en furent tous deux visiblement ébahis (l. 25).<br />

=> tentative pour parler leur langue ≠ vision initiale<br />

qui les identifiait à des magiciens capables de comprendre<br />

toutes les langues (l. 9).<br />

5. Perfection attribuée aux chevaux (l. 28) => langue<br />

humaine moins belle que celle des Houyhnhnms.<br />

=> homme ≠ maître du monde, celui qui nomme les<br />

animaux depuis la Genèse.<br />

Vis-à-vis : Vercors et Swift<br />

6. a. Thème commun = différence entre l’homme et<br />

l’animal.<br />

b. Vercors, par l’intermédiaire du discours scientifique<br />

et argumenté de Rampole, paraît plus sérieux que les<br />

fantaisies langagières de Gulliver.<br />

=> discours scientifique et rationnel d’un côté (Vercors),<br />

fantaisie et imaginaire de l’autre (Swift).<br />

7. Les interrogations sur l’humain et sa vraie nature<br />

semblent datées. Néanmoins, les anthropologues<br />

continuent à s’interroger sur l’évolution de l’homme<br />

depuis les grands singes jusqu’à l’homme moderne et<br />

sur ce qui les différencie.<br />

Prolongement : rédiger un écrit d’invention dans<br />

lequel un personnage découvre une nouvelle civilisation<br />

qui le surprend et avec laquelle il tente de communiquer.<br />

Histoire des arts ➜ p. 140<br />

L’histoire d’Amour et de Psyché, d’Apulée à Rodin<br />

Questions<br />

1. Dans le même vitrail, trois épisodes de l’histoire sont<br />

représentés :<br />

– à droite : Psyché se pique le doigt avec une flèche<br />

d’Amour ;<br />

– au centre : elle découvre la véritable identité de son<br />

amant, grâce à une lampe à huile ;<br />

– à gauche : Amour s’envole par une fenêtre et Psyché<br />

tente en vain de le retenir.<br />

=> vitrail comparable à une bande dessinée qui se lit<br />

de droite à gauche.<br />

Les parties en verre teinté et les lignes de plomb permettent<br />

de distinguer les trois étapes narratives au<br />

sein d’une seule image.<br />

2. Ils ont une même vision idéalisée de l’amour. Cependant<br />

les deux artistes ont aussi ouvert la voie à une<br />

nouveauté : Amour est représenté comme un jeune<br />

homme gracieux et non plus comme un putto (angelot<br />

joufflu). Par la suite, Amour sera souvent représenté<br />

comme un jeune homme, pour plus de vraisemblance<br />

et de sensualité dans les différentes représentations<br />

sculpturales.<br />

Canova et Gérard = représentants du néo-classicisme :<br />

goût pour le retour à l’esthétique antique (fouilles de<br />

Pompéi et Herculanum au xviii e siècle) => renouvellement<br />

de la représentation des mythes.


exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 142<br />

RevoiR<br />

1 De la fable au conte<br />

M.-T. Lung-Fou, Contes créoles, « Compère Lapin<br />

et le Grand Diable »<br />

J. de La Fontaine, Fables, « Le Loup et l’Agneau »<br />

Texte A<br />

1. Le dialogue s’ouvre sur une phrase interrogative :<br />

Que faites-vous ici ? (l. 8) = moyen d’introduire l’action.<br />

L’adverbe de temps Dès qu’ (l. 5) indique le démarrage<br />

de l’action, d’où l’usage de verbes d’action au passé<br />

simple dans cette phrase : se précipita (l. 6).<br />

2. Compère Lapin doit nourrir sa famille = quête.<br />

Le Grand Diable l’en empêche en voulant le dévorer<br />

: alors je vous mangerai et ce sera sans appel…<br />

(l. 20-21) = opposant.<br />

Commère Criquette lui vient en aide en proposant une<br />

ruse : il vous faut pour les lui porter une torche de<br />

fumée (l. 41-42) = adjuvant.<br />

Texte B / Texte A<br />

3. L’agneau se défend :<br />

– en faisant preuve d’une politesse flatteuse : Sire et<br />

Votre Majesté (v. 4) ;<br />

– en cherchant à calmer son adversaire : Ne se mette<br />

pas en colère (v. 5) ;<br />

– en raisonnant logiquement et en pointant les erreurs<br />

du loup : Et que par conséquent, en aucune façon, / Je<br />

ne puis troubler sa boisson (v. 10-11) ;<br />

=> utilisation de différents moyens : il tente de<br />

convaincre (arguments logiques), mais aussi de persuader<br />

(politesse et douceur) son adversaire, pour<br />

avoir la vie sauve.<br />

Le lapin tente d’abord d’argumenter en urgence pour<br />

survivre (l. 14-17), puis accepte la ruse trouvée par Criquette<br />

(l. 39-42).<br />

4. Les deux personnages tentent de faire fléchir leur<br />

interlocuteur :<br />

– Lapin veut susciter la pitié du Grand Diable (l. 14-17),<br />

registre pathétique ;<br />

– l’agneau veut réfuter l’argumentation du loup<br />

(v. 10-11, 15 et 17).<br />

Néanmoins, l’issue des deux récits diffère.<br />

– Le Lapin suivra le conseil de la Criquette et prendra le<br />

Grand Diable à son propre piège.<br />

– L’agneau, à court d’arguments, sera dévoré malgré<br />

tout = issue conforme à la morale : la raison du plus<br />

fort est toujours la meilleure.<br />

Questions de synthèse<br />

5. Deux personnages faibles et fragiles à la merci d’un<br />

prédateur plus fort et redoutable (choix des espèces<br />

animales). => ils sont, en théorie, voués à mourir.<br />

aPPRofondiR<br />

2 La parole du conteur<br />

D. Diderot, Ceci n’est pas un conte<br />

1. a. Le conteur débute l’échange en formulant une sorte<br />

de morale : Il faut avouer qu’il y a des hommes bien<br />

bons et des femmes bien méchantes (l. 1-2) => sorte<br />

d’aphorisme, de vérité générale illustrée par la suite.<br />

Il est interrompu par le lecteur qui convient de ce qu’il<br />

dit : C’est ce qu’on voit tous les jours (l. 3).<br />

b. Il ne s’agit pas d’une interruption, mais d’une façon<br />

de relancer le sujet : Après ? (l. 4). Rôle du lecteur créé,<br />

écrit par l’auteur. => le lecteur incite l’auteur à poursuivre<br />

son développement.<br />

2. Ligne 35 : un nouveau couple apparaît, Tanié et<br />

Mme Reymer. Paroles au discours direct, entre guillemets<br />

: Mon amie, lui dit-il […] (l. 35) => récit plus<br />

vivant, le lecteur est davantage intéressé par l’histoire.<br />

3. ceci n’est pas un conte :<br />

– absence d’action véritable : simples considérations<br />

morales sur les personnages (La traîtresse ! l. 45) ;<br />

– simple récit de faits sans portée morale ;<br />

– idée à mettre en parallèle avec celle présentée au<br />

début de Jacques le Fataliste : jouer avec les attentes<br />

du lecteur, interrompre le récit, demander une lecture<br />

active.<br />

éCRiRe<br />

3 Le pouvoir de la morale<br />

Ovide, Les Métamorphoses<br />

1. Métamorphose progressive, de la ligne 13 à la fin,<br />

marquée par des adverbes de temps Tout aussitôt et<br />

maintenant, et des verbes de transformation :<br />

– Tout aussitôt (l. 12), cheveux… tombèrent (l. 13-14) ;<br />

– avec eux son nez et ses oreilles (l. 14-15) ;<br />

– tête devient toute petite (l. 15) ;<br />

– proportions… diminuent (l. 16) ;<br />

– se rattachent de grêles doigts (l. 16-17) ;<br />

– ventre… laisse échapper du fil (l. 18-19) ;<br />

– et, maintenant, araignée (l. 19).<br />

75


Récit s’appuyant sur des données qui rendent le récit<br />

vraisemblable : mutilations successives et rapetissement<br />

d’Arachné.<br />

2. a. Hybris = démesure, orgueil dont fait preuve<br />

un humain qui désire plus que ce que le destin lui a<br />

réservé => lutte contre les dieux (caractéristique du<br />

héros tragique chez les Grecs puis chez les Romains).<br />

b. Arachné a eu la prétention de se croire meilleure<br />

brodeuse qu’Athéna. Cette dernière souligne sa vanité<br />

à l’aide de l’adjectif impudente (l. 7) et la prive de tout<br />

espoir dans l’avenir (l. 8).<br />

=> orgueil puni par une métamorphose animale dévalorisante.<br />

76<br />

Textes<br />

● Perrault, Contes de ma mère l’Oye (1697)<br />

● Les Mille et Une Nuits (1704-1717)<br />

● Voltaire, Candide (1759) et autres contes<br />

● D. Diderot, Les Deux Amis de Bourbonne (1770)<br />

et autres contes<br />

● Le Cabinet des fées (1785-1789) : ouvrage collectif.<br />

● H. C. Andersen, Contes (1835-1872)<br />

● Frères Grimm, Contes (1816-1818)<br />

● E. T. A. Hoffmann, Contes (1812-1821)<br />

● V. Propp, Morphologie du conte (1970)<br />

● M. Aymé, Les Contes du chat perché (1934-1946)<br />

● B. Bettelheim, Psychanalyse des contes de fées<br />

(1976)<br />

● Léo, Bételgeuse (2001-2005) : BD de science fiction<br />

sur la question de l’intelligence humaine et<br />

animale.<br />

Texte du DVD-Rom<br />

● Florian, « La Fable et la Vérité » (1792)<br />

Image fixe du DVD-Rom<br />

● A. Canova, Psyché ranimée par le baiser de<br />

l’Amour (1793)<br />

Activités<br />

● Corpus : textes de la séquence et tableau de<br />

F. Gérard ➜ p. 141<br />

Prolongements<br />

3. Écriture d’invention<br />

Il faut :<br />

– s’inspirer des Métamorphoses d’Ovide ;<br />

– imaginer l’histoire d’un homme changé en animal ;<br />

– expliquer les circonstances et les causes de la métamorphose<br />

;<br />

– introduire une morale.<br />

Propositions de sujet :<br />

– un pêcheur contrarie Poséidon en prélevant beaucoup<br />

de poissons dans la mer. Celui-ci le transforme en animal<br />

aquatique minuscule (message écologique possible) ;<br />

– un homme maltraite son animal domestique et, un<br />

beau jour, il se retrouve transformé en celui-ci (message<br />

sur le respect dû aux animaux).<br />

a. Commentaire. Proposez un commentaire du<br />

texte de Jonathan Swift ➜ p. 137, en respectant le<br />

parcours de lecture suivant :<br />

Partie I. Le récit d’une rencontre singulière.<br />

Partie II. Un apologue sur la différence.<br />

b. Écriture d’invention. Imaginez un autre conte<br />

d’environ deux pages en vous inspirant d’une<br />

moralité des contes de Perrault.<br />

● Recherche<br />

a. Préparez un exposé sur les différentes sortes de<br />

contes. Quelles peuvent être leurs fonctions ?<br />

b. Trouvez d’autres représentations du mythe<br />

d’Amour et Psyché. Quelles constantes remarquezvous<br />

? Quels liens pouvez-vous faire avec les textes<br />

de la séquence ?<br />

● Analyse de corpus<br />

Sujet : éloge de la tolérance.<br />

Objectif : Étudier la manière dont chaque écrivain<br />

incite à la tolérance.<br />

Corpus : G. E. Lessing, Nathan le Sage ➜ p. 118<br />

J. Swift, Les Voyages de Gulliver ➜ p. 137<br />

Voltaire, Dictionnaire philosophique ➜ p. 170<br />

D. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville<br />

➜ p. 174


sÉQuenCe 7<br />

Les pouvoirs du discours<br />

➜ Livre de l’élève, p. 144<br />

Texte1 Texte Bossuet, Sermon<br />

du mauvais riche ➜ p. 145<br />

Objectif : Défi nir l’organisation logique et thématique<br />

d’un sermon, forme de discours propre au Grand Siècle.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. GN grandes fortunes (l. 3) et monde (l. 4), terme<br />

repris et explicité à la ligne 8 : l’esprit du monde, c’està-dire<br />

l’esprit de grandeur.<br />

Apostrophe riche impitoyable (l. 16).<br />

= indices explicites du destinataire de ce discours.<br />

2. Sources de l’Ancien Testament (culture juive) :<br />

− citation du livre d’Isaïe puis du livre de l’Exode<br />

(l. 10-12) ;<br />

− évocation du prophète Jérémie (l. 37).<br />

Références au Nouveau Testament (culture chrétienne)<br />

: répétition du GN l’esprit du christianisme (l. 4,<br />

5) et vocabulaire des Évangiles : compassion (l. 3, 6),<br />

fraternité (l. 5), tendresse (l. 6), frères (l. 6).<br />

Emploi de termes propres au catéchisme (dernier §) :<br />

miséricordes (l. 31, 38), bénédictions (l. 32), officieux<br />

(l. 35), médecins spirituels (l. 36).<br />

= culture biblique, valeurs judéo-chrétiennes.<br />

Mise au point<br />

3. a. L’interjection Ha ! (l. 16, 29) est très expressive,<br />

elle ouvre sur une définition de Dieu (l. 16) et sur un<br />

irréel du passé condamnant les riches : Si vous aviez<br />

soulagé leurs maux… (l. 29-30).<br />

b. Première phrase : à lire doucement en soulignant<br />

les deux adjectifs définissant Dieu, juste et équitable<br />

(l. 16).<br />

Deuxième phrase : insister sur le parallélisme en lisant<br />

plus fortement la structure ternaire et anaphorique Si<br />

vous aviez… (l. 29-30).<br />

Analyse<br />

4. L’aise, la joie, l’abondance (l. 1) = structure ternaire<br />

avec gradation mettant en place le thème de la<br />

richesse.<br />

5. Interrogation qu’est-ce que l’esprit du christianisme<br />

? (l. 5) = question rhétorique à laquelle Bossuet<br />

répond progressivement. Première réponse (l. 5-7)<br />

= énumération ternaire fraternité (l. 5), tendresse et<br />

compassion (l. 6) s’oppose à l’énumération de la ligne 1.<br />

6. Locution adverbiale Au contraire (l. 8) = connecteur<br />

logique qui oppose les deux éléments de l’antithèse :<br />

esprit du christianisme (l. 5) ≠ esprit du monde (l. 8).<br />

Esprit du monde = égoïsme du riche oubliant les<br />

pauvres. Définition insistante avec répétition de la<br />

structure exceptive ne… que : il n’y a que lui (l. 9), il<br />

n’y a que moi (l. 10-11, 12), chacun ne compte que soi<br />

(l. 13-14).<br />

7. Champ lexical de la maladie incurable : dernière<br />

maladie (l. 20), médecins (l. 21, 24, 36), meurt (l. 22),<br />

fatale maladie (l. 23), maux (l. 30), lit (l. 35), remèdes<br />

(l. 37).<br />

Métaphore filée du mourant, seul, qui n’a pas suffisamment<br />

regardé autour de lui avant sa maladie pour se<br />

faire des amis, utiles dans le malheur => image forte<br />

pour interpeller les riches, les faire réagir sur leur<br />

aveuglement moral et le fait qu’ils ne mettent pas en<br />

pratique l’une des vertus théologales, la charité.<br />

8. Dernière phrase = condamnation, ouverte par la<br />

conjonction de renchérissement Mais (l. 37), et redoublée<br />

par la présence solennelle de Jérémie niant toute<br />

miséricorde.<br />

Remarque : référence parlante à L’Ancien Testament,<br />

culture de la vengeance (en opposition au Nouveau<br />

Testament, culture chrétienne du pardon).<br />

Question de synthèse<br />

9. a. Sermonner = reprendre quelqu’un énergiquement,<br />

sur un ton de reproche, dans un but moral.<br />

Riches ici sermonnés = cour interpellée par Bossuet<br />

lors du Carême, période de jeûne (privation comme<br />

valeur chrétienne).<br />

b. Sermon = discours moral d’inspiration religieuse<br />

rappelant explicitement à l’ordre un destinataire énergiquement<br />

interpellé.<br />

77


Pour aller plus loin<br />

10. Recherche<br />

a. Oraisons funèbres = poèmes de célébration à l’occasion<br />

des funérailles de personnalités illustres.<br />

b. Oraisons funèbres de Bossuet de :<br />

− la princesse Henriette-Anne d’Angleterre, épouse de<br />

Philippe d’Orléans, frère du roi Louis XIV (1670) ;<br />

− la reine Marie-Thérèse, épouse espagnole du roi<br />

Louis XIV (1683).<br />

L’oraison funèbre est destinée à célébrer le souvenir<br />

d’un puissant, en gommant ses défauts, et en soulignant,<br />

à la différence du sermon, ce qui est susceptible<br />

de conforter l’unité nationale.<br />

11. Écriture d’invention. Problème envisageable, différent<br />

des préoccupations de Boileau dans son sermon,<br />

mais typique des problèmes actuellement médiatisés :<br />

un sermon du pollueur.<br />

Exemples d’amorces des cinq paragraphes si l’on<br />

reprend (mais ce n’est pas obligatoire) la structure du<br />

discours de Bossuet :<br />

− Le confort, l’aisance, le luxe endorment le consommateur<br />

si bien qu’il en oublie l’état de son environnement…<br />

− Car qu’est-ce que le développement durable ?<br />

Développement des énergies renouvelables…<br />

− Au contraire, l’enrichissement de soi, c’est-à-dire<br />

la recherche du meilleur profit…<br />

− Ha ! La nature est saine et généreuse…<br />

− Ils finiront par se manifester, cet épuisement des<br />

ressources naturelles, cette fin programmée du<br />

monde…<br />

Prolongement : étude d’une vanité du Grand Siècle,<br />

par exemple celle de Philippe de Champaigne au<br />

musée du Tessé, au Mans, intitulée Allégorie de la<br />

vie humaine. L’objectif est d’étudier les équivalents<br />

picturaux du sermon.<br />

78<br />

Texte V. Hugo, Discours<br />

d’un<br />

À l’autre 1<br />

sur la misère ➜ p. 147<br />

Objectif : Étudier les procédés rhétoriques et la visée<br />

d’un discours moderne sur le même thème que le<br />

sermon de Bossuet.<br />

Questions<br />

1. Discours politique et moral = vibrant appel à lutter<br />

politiquement pour la disparition de la misère.<br />

Pauvreté définie comme un scandale absolu : pas seu-<br />

lement des torts envers l’homme… des crimes envers<br />

Dieu (l. 23-25).<br />

Pas de fatalité, volonté de faire voter des lois contre la<br />

misère (l. 60).<br />

2. Destinataire interpellé à la 2e personne du pluriel :<br />

− questions rhétoriques = provocations pour faire réagir<br />

l’auditoire, les députés de l’Assemblée : Voulez-vous<br />

quelque chose de plus douloureux encore ? (l. 8-9) ;<br />

− apostrophes désignant les interlocuteurs : messieurs<br />

(l. 15, 33, 36, 56, 58) ;<br />

− emploi répété du pronom personnel Vous : d’abord<br />

flatteur pour montrer l’énergie des députés à lutter<br />

contre l’anarchie de juin 1849, anaphore du pronom<br />

avec groupes verbaux répétés vous venez, vous avez,<br />

vous n’avez (l. 36-41) puis accusateur afin d’appeler<br />

à la lutte primordiale contre la misère, groupe verbal<br />

répété, à la négation Vous n’avez rien fait (l. 42-55) ;<br />

− prise à partie finale dans la phrase impérative et<br />

exclamative récapitulative opposant anarchie et<br />

misère (l. 59-60).<br />

3. Parenthèses = indications sur les réactions et attitudes<br />

de l’auditoire :<br />

− propos au style direct Bravo ! (l. 32), Très bien ! très<br />

bien ! (l. 43), C’est vrai ! c’est vrai ! (l. 59) ;<br />

− précisions sur l’agitation de l’Assemblée : Mouvement<br />

(l. 23), Acclamations (l. 52), etc.<br />

Conservation des indications dans le texte publié<br />

=> rendu énergique, comme une tirade ponctuée de<br />

didascalies expressives.<br />

4. Début du § = indication de la valeur des exemples.<br />

Voilà un fait. En voici d’autres (l. 1) => exemple du<br />

malheureux homme de lettres (l. 2-3), d’une mère<br />

et ses quatre enfants se nourrissant dans les débris<br />

(l. 11-12) = exemple à valeur d’arguments, preuves<br />

concrètes de la véracité du discours.<br />

5. a. vous venez (l. 36-37), vous n’avez (l. 38-39), vous<br />

avez (l. 39-41) = anaphore en contraste avec la fin du § :<br />

Eh bien ! vous n’avez rien fait ! (l. 41).<br />

Précision entre parenthèses (Mouvement) (l. 41) = effet<br />

de la flatterie qui retombe comme un soufflet, destinée<br />

à émouvoir l’auditoire.<br />

b. Autres anaphores :<br />

− un malheureux homme… (l. 2-3, 5) ;<br />

− je dis que… (l. 15, 16, 19-20) ;<br />

− toute sa (son)… (l. 17-18) ;<br />

− Voilà pourquoi… (l. 26) ;<br />

− je voudrais que… (l. 28, 30).<br />

= anaphores développées créant des identités syntaxiques<br />

=> parallélismes (procédé oratoire).


c. Lecture expressive : scansion forte des anaphores,<br />

attaque vive des débuts de § et de phrases comportant<br />

des anaphores = appels vibrants à réagir.<br />

Vis-à-vis : Bossuet et Hugo<br />

6. a. Thème commun = souffrance du peuple victime de<br />

l’indifférence des riches :<br />

− le riche impitoyable (l. 16) se croit seul et ne voit plus<br />

ceux qui souffrent, chez Bossuet ;<br />

− vous, députés, appelés à réagir et à voter pour aider<br />

le peuple qui désespère (l. 45-46), chez Hugo.<br />

b. Dans les deux textes, appel à la fraternité (Bossuet,<br />

l. 5), aux lois fraternelles (Hugo, l. 50) ; et appel aux<br />

valeurs chrétiennes : esprit du christianisme (Bossuet,<br />

l. 5), lois évangéliques (Hugo, l. 50).<br />

Pour Hugo, la solution ne viendra pas du Ciel, mais<br />

des lois : faites maintenant des lois contre la misère !<br />

(l. 59-60) ≠ Bossuet : refuge dans la religion, confiance<br />

dans la justice divine (l. 16-17) qui fera réagir les riches<br />

quand ils connaîtront l’angoisse de la mort.<br />

Prolongement : étudier le poème « Joyeuse vie » tiré<br />

des Châtiments de Victor Hugo, réécriture poétique<br />

d’un discours sur la misère dans les caves de Lille.<br />

Texte2 Texte Voltaire, Candide<br />

➜ p. 149<br />

Objectif : Étudier un extrait de conte philosophique où<br />

la parole d’un personnage emprunte les procédés de<br />

l’art oratoire.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Ordre chronologique :<br />

− enfant africain vendu par sa mère aux négriers (l. 12) ;<br />

− converti par les pasteurs hollandais (l. 17) ;<br />

− je me suis trouvé dans les deux cas : accident et évasion<br />

=> double mutilation (l. 10).<br />

Fatalité d’un homme-objet arraché en peu de temps à<br />

son continent, sa culture et son intégrité physique.<br />

Mise au point<br />

2. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille<br />

fois moins malheureux que nous (l. 16-17) : hyperbole<br />

mille fois moins soutenue par la structure ternaire des<br />

sujets coordonnés.<br />

But = montrer que l’être humain est moins bien traité<br />

qu’un animal ; un vil objet pour les esclavagistes.<br />

Analyse<br />

3. On = pronom récurrent pour désigner les maîtres :<br />

− On nous donne un caleçon de toile (l. 7) ;<br />

− on nous coupe la main (l. 9) ;<br />

− on nous coupe la jambe (l. 10).<br />

Pronom personnel indéfini : le nom du négociant, Vanderdendur<br />

(l. 5), ayant été formulé, ce pronom correspond<br />

soit à la crainte de ne pas accuser directement,<br />

soit à la volonté de montrer que l’esclavagisme est un<br />

système collectif où les responsabilités sont partagées,<br />

voire diffuses.<br />

4. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe<br />

(l. 10-11).<br />

Présentatif C’est faisant résonner l’effet de la traite des<br />

nègres : ce prix (mutilation de l’esclave que Candide<br />

peut observer).<br />

Pronom personnel vous désignant Candide, Cacambo,<br />

donc l’ensemble de l’Europe.<br />

Antithèse entre prix humain et frivolité de la consommation<br />

du sucre.<br />

5. a. Les propos de la mère sont cités intégralement<br />

= démonstration de la mémoire active du nègre, paroles<br />

marquées au fer rouge, et manière de faire résonner<br />

l’oxymore violent : l’honneur d’être esclave (l. 14).<br />

b. nos fétiches (l. 13) = pasteurs accompagnant les<br />

négriers. Terme repris par le nègre : les fétiches hollandais<br />

(l. 17), identifiés par le nom prêcheurs (l. 19).<br />

Double ironie du GN :<br />

− assimilation de la religion chrétienne aux cultes animistes<br />

africains ;<br />

− dimension protectrice du fétiche contredite par la<br />

manipulation du prêche destiné à mater en amont<br />

toute rébellion.<br />

6. a. généalogiste (l. 19) = terme savant, préoccupation<br />

intellectuelle éloignée de la condition de survie du<br />

nègre.<br />

b. Terme utilisé pour dénoncer le prêche mensonger<br />

des pasteurs : si nous sommes tous cousins issus<br />

de germains (l. 19-20), homme noir = homme blanc<br />

=> esclavage = crime.<br />

Or, ces religieux soutiennent les esclavagistes.<br />

Utilisation des conjonctions de coordination mais (l. 19)<br />

et Or (l. 20) comme dans un syllogisme => dénonciation<br />

encore plus efficace.<br />

Nègre = Voltaire lui-même ironisant sur la religion.<br />

79


Question de synthèse<br />

7. a. Procédés de l’art oratoire :<br />

− montage chronologique pour souligner son état physique<br />

(question 1) ;<br />

− formules accusatrices, prise à partie des responsables<br />

de son sort (question 4) ;<br />

− figures de rhétorique frappantes soulignant la force<br />

de l’évocation : hyperbole (question 2), antithèse<br />

(question 4) et oxymore (question 5) ;<br />

− ironie subtile (question 6) ;<br />

− emploi d’un raisonnement logique (question 6).<br />

b. Lecture expressive : accentuation des éléments<br />

propres à l’art oratoire, par exemple, montée de la voix<br />

et insistance sur le présentatif accusateur (l. 11), puis<br />

pause brève avant de reprendre l’évocation du passé<br />

(vente en Guinée, l. 11-15).<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche<br />

− Esclaves à Surinam (l. 26), en Amérique du Sud, détenus<br />

par un maître hollandais, Vanderdendur (l. 5).<br />

− Origines africaines : vendu par sa mère en Guinée<br />

(l. 12), contre des écus patagons (l. 12), monnaie espagnole<br />

frappée en Amérique du Sud.<br />

=> marchands hollandais partis d’Europe, passant par<br />

l’Afrique pour acheter des esclaves, avant de les utiliser<br />

pour produire du sucre en Amérique du Sud, destiné<br />

à la consommation des Européens. Les lignes reliant<br />

ces trois continents forment un triangle, à l’origine de<br />

l’expression « commerce triangulaire ».<br />

9. Rédaction argumentée<br />

Éléments du texte permettant de soutenir l’argument<br />

du sort pathétique du nègre :<br />

− déchéance physique : dans le vêtement (l. 7) et dans<br />

la mutilation (l. 9-10) ;<br />

− déchéance morale d’une famille vendant ses propres<br />

enfants (l. 11-15) ;<br />

− déchéance culturelle et spirituelle d’un être acculturé<br />

par les techniques colonialistes de conversion forcée<br />

(l. 17-21).<br />

= déshumanisation du système colonial qui réifie des<br />

êtres humains.<br />

Références utilisables :<br />

− A. Césaire, Discours sur le colonialisme (1955)<br />

=> horreurs du système colonial après 1945 ;<br />

− U. Iweala, Bêtes sans patrie (2008) => roman américain<br />

à la première personne dont le narrateur est un<br />

enfant-soldat africain ;<br />

− R. Dallaporta, Esclavage domestique (textes d’Ondine<br />

Millot, Libération) (Rencontres d’Arles, 2006 ; Galerie<br />

80<br />

Fait et cause, Paris, 2008) => photographies de lieux<br />

apparemment lisses (immeubles et maisons en France)<br />

confrontées à des récits de sévices liés à l’esclavage<br />

moderne (femmes sans papier traitées comme des animaux,<br />

travaillant quinze heures par jour, battues, violées,<br />

mutilées… dans des familles d’ambassadeurs, de<br />

hauts fonctionnaires, de chefs d’entreprise…).<br />

Prolongement : comparer la lithographie ➜ p. 149 au<br />

récit du nègre de Surinam, en mettant en évidence les<br />

échos et les contrastes.<br />

Texte A. Césaire, Discours<br />

d’un<br />

À À l’autre 2<br />

sur le colonialisme ➜ p. 151<br />

Objectif : Montrer l’amplifi cation de la dénonciation<br />

de l’esclavage dans la pensée philosophique française.<br />

Questions<br />

1. a. Ton polémique : conversation à bâtons rompus,<br />

impression de réponse vive avec des expressions imagées<br />

mais explicites : tirer de vieux squelettes du placard<br />

(l. 5-6), mais surtout des citations accumulant des<br />

faits atroces qui confirment l’image de la bête (l. 40-41).<br />

Provocation, défi rhétorique : Vrai ou pas vrai ? (l. 29).<br />

b. Questions rhétoriques de registre polémique en<br />

cascade (l. 7-8, 11, 14, 16-17, 20-22, 27-31) : exposé de<br />

plus en plus explicite et ironique d’horreurs => l’orateur<br />

feint d’abord de prêter l’oreille à la minimisation<br />

des faits : Était-il inutile de citer… (l. 7), Convenait-il de<br />

refuser la parole… (l. 11), puis il emploie des figures de<br />

rhétorique qui dénoncent l’horreur du système : profession<br />

de foi barbare (l. 14), voluptés sadiques (l. 27), etc.<br />

2. a. Pronom personnel Je : J’ai relevé (l. 3), j’ai cités<br />

(l. 3), j’ai rappelé (l. 32), je pense (l. 33), je le répète<br />

(l. 36) => l’orateur s’expose directement, assumant le<br />

tri des données.<br />

tout le monde (l. 5) : personne n’est directement nommé<br />

= ironie car des noms précis sont utilisés ensuite (colonel<br />

de Montagnac, l. 7, etc.) montrant que les descendants<br />

de ces personnalités ont réagi aux révélations de<br />

Césaire (l. 3-4).<br />

b. Rappel des données déjà fournies : J’ai relevé dans<br />

l’histoire… (l. 3-4).<br />

Questions rhétoriques ironiques et polémiques systématiquement<br />

accompagnées d’une citation, source<br />

accablante qui s’accuse elle-même. L’exemple du<br />

commandant Gérard lors du massacre de Madagascar<br />

(l. 20-26).


Défi permettant de confondre les opposants : Oui ou<br />

non… (l. 27-31).<br />

Dénonciation explicite du choc en retour de la colonisation<br />

(l. 42) sous la forme d’une justification du<br />

procédé adopté : Pour ma part… ce n’est point par<br />

délectation morose (l. 32-33).<br />

3. Article de dictionnaire : définition du mot colonisation<br />

après deux points, sans verbe de liaison.<br />

4. a. Questions rhétoriques = accumulation d’exemples<br />

reliés pour moitié par l’anaphore Fallait-il à valeur de<br />

parallélisme : Fallait-il et verbe à l’infinitif (interdiction,<br />

censure). Parallélisme déjà actif au début des §<br />

précédents : Était-il inutile de citer… (l. 7), Convenait-il<br />

de refuser… (l. 11).<br />

b. Point commun = barbaries, destructions, massacres<br />

perpétrés par les forces coloniales.<br />

Champ lexical du meurtre avec des détails horribles :<br />

couper des têtes (l. 9), baril d’oreilles récoltées (l. 12),<br />

ravage, brûle… (l. 15), sang des cinq mille victimes<br />

(l. 25-26).<br />

Faits regroupés : énumération (l. 33-35) : ces têtes<br />

d’hommes…, précédée du GN ces hideuses boucheries<br />

(l. 32).<br />

5. Volonté de montrer le système tel qu’il est malgré<br />

la volonté de dissimulation, voire d’intimidation, de<br />

l’armée et des autorités.<br />

il importait de signaler (l. 42) : verbe importer = nécessité<br />

d’écrire pour dénoncer et verbe signaler = volonté<br />

de mettre sous nos yeux les horreurs du colonialisme.<br />

Vis-à-vis : Voltaire et Césaire<br />

6. Aspects du colonialisme dénoncés par le nègre :<br />

− animalisation des esclaves : vêtement et mutilation ;<br />

− perversion morale : parents vendant leurs enfants ;<br />

− mensonge et complicité : représentants religieux<br />

convertissant de force les esclaves ;<br />

− destruction : esclaves réduits à l’état d’objet pour de<br />

purs intérêts économiques.<br />

Dans cet extrait du Discours sur le colonialisme,<br />

conquête violente des territoires, mainmise sur les<br />

peuples colonisés : villages brûlés, peuples assujettis…<br />

Aspects dénoncés par le personnage de Voltaire traités<br />

dans d’autres pages du Discours.<br />

Constat inductif chez Voltaire : de l’individu au collectif.<br />

Constat global chez Césaire : conséquences générales<br />

de la colonisation.<br />

7. Chez Voltaire, les esclaves sont déshumanisés pour<br />

produire du sucre, avec des incohérences sadiques<br />

(mutiler un ouvrier qui devient alors moins rentable).<br />

Chez Césaire, l’entreprise est d’emblée sadique et<br />

génocidaire : destructions et massacres pour conquérir,<br />

coûte que coûte, comparés aux invasions des Francs et<br />

des Goths (l. 18-19).<br />

Du xviii e au xx e siècle, l’esclave est considéré comme une<br />

bête, mais le colonisateur lui-même est devenu une<br />

bête (l. 41) = choc en retour (l. 42), conséquences d’un<br />

système devenu insensé.<br />

Prolongement : étudier l’étymologie, l’évolution<br />

sémantique et les connotations du mot bête, puis justifier<br />

l’intérêt de ce terme chez Césaire.<br />

Étude d’œuvre intÉgrale<br />

Voltaire, Candide ➜ p. 153<br />

Objectif : Étudier intégralement un conte<br />

philosophique, genre qui allie réflexion et art du récit.<br />

Pistes d’analyse<br />

1. Un récit de voyage<br />

En italique sont indiqués les repères du texte et entre<br />

crochets la durée estimée.<br />

Chapitre I : jeunesse de Candide au château de Thunder-ten-tronckh,<br />

pas de durée précisée.<br />

Un jour, Candide est chassé pour avoir embrassé Cunégonde.<br />

[un jour]<br />

Chapitre II : après avoir marché longtemps sans savoir<br />

où, Candide est enrôlé dans la guerre des Bulgares<br />

contre les Arabes. [quelques jours]<br />

Chapitre III : Candide déserte l’armée bulgare, recueilli<br />

par Jacques en Hollande. Pas de jour ni de durée précisés.<br />

Le lendemain, il retrouve le précepteur Pangloss.<br />

[un jour]<br />

Chapitre IV : au bout de deux mois, le marchand<br />

Jacques part pour Lisbonne, avec Candide et Pangloss.<br />

[deux mois]<br />

Chapitre V : naufrage avec noyade de Jacques, et tremblement<br />

de terre de Lisbonne. Le lendemain, repas avec<br />

un représentant de l’Inquisition. [quelques jours]<br />

Chapitre VI : auto-da-fé et nouveau tremblement de<br />

terre. Candide recueilli par une vieille femme. [un jour]<br />

Chapitre VII : Le lendemain, Candide retrouve Cunégonde<br />

par l’entremise de la vieille. Aucune durée précisée.<br />

Chapitre VIII : Cunégonde raconte son histoire et n’est<br />

pas plus précise. Seule mention : six mois de durée<br />

du calendrier par lequel l’Inquisiteur et le Juif se sont<br />

échangé Cunégonde.<br />

81


[un jour] [et six mois se sont donc au moins écoulés<br />

depuis le chapitre premier]<br />

Chapitre IX : refuge de Candide, de Cunégonde et de la<br />

vieille dans le village d’Avacéna, après la mise à mort<br />

des deux « époux » de Cunégonde.<br />

Chapitre X : à Cadix, tous trois s’embarquent dans un<br />

navire en partance pour l’Amérique.<br />

Chapitres XI-XII : la vieille raconte son histoire, plus<br />

effroyable que celle de Cunégonde. [un jour]<br />

Chapitre XIII : arrivée à Buenos Aires. Pas d’indication<br />

de durée de navigation. [quelques semaines ?]<br />

Chapitre XIV : rencontre avec Cacambo et arrivée au<br />

Paraguay.<br />

Chapitre XV : Candide croit tuer le baron, frère de Cunégonde,<br />

jésuite allemand offusqué par la demande en<br />

mariage.<br />

Chapitre XVI : singes tués, puis nuit. À leur réveil,<br />

otages des Oreillons. [un jour]<br />

Chapitre XVII : libérés des Oreillons et, au bout d’un<br />

mois entier, nourris de fruits sauvages, Candide et<br />

Cacambo arrivent en Eldorado où ils sont accueillis<br />

dans une auberge. [un mois]<br />

Chapitre XVIII : un mois passé en Eldorado, dans cet<br />

hospice. [un mois]<br />

Chapitre XIX : cent jours de marche, de l’Eldorado à<br />

Surinam. Départ pour l’Europe du port de Surinam,<br />

accompagné du pasteur Martin. [trois mois]<br />

Chapitre XX : Candide, lors du voyage en mer, voit couler<br />

un vaisseau hollandais, retrouve l’un de ses moutons<br />

d’Eldorado, l’une des richesses que le marchand<br />

Vanderdendur lui avait extorquées.<br />

Chapitre XXI : On aperçut enfin (mais quand ?) les côtes<br />

de France, Bordeaux. [un jour]<br />

Chapitre XXII : accueilli dans une auberge à Paris, Candide<br />

est conduit dans la demeure d’une marquise qui<br />

lui vole ses diamants. À Dieppe, manipulé par des brigands,<br />

Candide embarque pour Portsmouth. [un jour]<br />

Chapitre XXIII : deux jours à Portsmouth puis voyage<br />

vers Venise. [deux jours]<br />

Chapitre XXIV : plusieurs jours à la recherche de<br />

Cacambo, mais sans précision. Il retrouve Paquette et<br />

découvre le père Giroflée, mais toujours en quête de<br />

Cunégonde. [quelques jours]<br />

Chapitre XXV : visite au noble vénitien Pococuranté.<br />

Cependant, les jours, les semaines s’écoulaient ;<br />

Cacambo ne revenait point. [quelques semaines]<br />

Chapitre XXVI : Candide retrouve Cacambo et passe<br />

une soirée au cabaret avec des souverains, lors du carnaval<br />

de Venise. [un jour]<br />

Chapitre XXVI : On arriva en peu de jours sur le canal<br />

82<br />

de la Mer Noire. Avec Cacambo, en quête de Cunégonde<br />

à Constantinople.<br />

Chapitre XXVII : Candide rachète le baron Thunder-tentronckh<br />

et Pangloss à une galère.<br />

Chapitre XXVIII : résumé de leurs aventures par le<br />

baron et le précepteur.<br />

Chapitre XXIX : pendant le récit, arrivée chez le prince<br />

de Transylvanie. Retrouvailles avec Cunégonde et la<br />

vieille. Refus par le baron du mariage de Candide avec<br />

sa sœur. [quelques jours]<br />

Chapitre XXX : vie en communauté près de Constantinople.<br />

[le reste de la vie de Candide]<br />

L’essentiel des chapitres = action durant environ une<br />

journée où se multiplient les scènes (traversée d’un village<br />

brûlé, chapitre III ; auto-da-fé à Lisbonne, chapitre<br />

VI…).<br />

Les exceptions, effets de <strong>sommaire</strong> :<br />

− chapitre IV : navigation entre la Hollande et Lisbonne<br />

en deux mois ;<br />

− chapitres XIII, XVII, XVIII et XIX = plusieurs mois<br />

d’action (emballement narratif : épisodes américains) ;<br />

− chapitre XXV = attente de Cacambo par Candide, des<br />

semaines durant.<br />

Durées plus longues consacrées à la navigation. Mais<br />

présence d’effets d’accélération étranges, invraisemblables,<br />

par exemple l’enrôlement forcé de Candide et<br />

la guerre, dans les chapitres II et III, ou l’abordage sur<br />

les côtes de France après une durée de voyage qui n’est<br />

pas indiquée au chapitre XXI.<br />

Grands moments de pause narrative : récits dans le<br />

récit, des personnages narrant aux autres ce qu’ils ont<br />

vécu :<br />

− chapitre VIII : récit de Cunégonde à Candide et à<br />

Jacques ;<br />

− chapitres XI-XII : récit de la vieille à Candide et Cunégonde<br />

;<br />

− chapitre XVIII : le baron et le précepteur à Candide,<br />

Cacambo et Martin ;<br />

L’ensemble de l’intrigue s’étale apparemment sur un<br />

peu plus d’un an, durée très courte pour une telle accumulation<br />

d’événements.<br />

2. Un récit de formation<br />

a. Regards de Candide sur son périple :<br />

− chapitre IV : après s’être évanoui à la nouvelle de la<br />

mort de Cunégonde, Candide répond à Pangloss qui<br />

lui chante l’amour alors qu’il est devenu un mendiant<br />

dévoré par la vérole : ce souverain des cœurs, cette<br />

âme de notre âme ; il ne m’a jamais valu qu’un baiser<br />

et vingt coups de pied au cul. Comment cette belle<br />

cause a-t-elle pu produire en vous un effet si abomi-


nable ? => remise en question de la philosophie optimiste<br />

de Pangloss.<br />

− chapitre IX : un réflexe de survie fait commettre un<br />

crime à Candide. Il tue l’Inquisiteur, qui a abusé de<br />

Cunégonde. Si ce saint homme appelle du secours, il<br />

me fera infailliblement brûler ; il pourra en faire autant<br />

de Cunégonde ; il m’a fait fouetter impitoyablement ;<br />

il est mon rival ; je suis en train de tuer, il n’y a pas à<br />

balancer. => évolution du héros qui met pratiquement<br />

en œuvre son libre arbitre, sans s’embarrasser de discours<br />

philosophiques ;<br />

− chapitre XIII : après le récit de la vieille, Candide<br />

songe à Pangloss. Il nous dirait des choses admirables<br />

sur le mal physique, et sur le mal moral qui couvrent<br />

la terre et la mer, et je me sentirais assez de force pour<br />

oser lui faire respectueusement quelques objections.<br />

=> Candide s’émancipe ironiquement de l’enseignement<br />

de son précepteur ;<br />

− chapitre XIX : après la rencontre avec le nègre de<br />

Surinam, Candide est bouleversé. Ô Pangloss ! […]<br />

c’en est fait, il faudra qu’à la fin je renonce à ton optimisme.<br />

Et de répondre à Cacambo au sujet de la définition<br />

de l’optimisme : c’est la rage de soutenir que tout<br />

est bien quand on est mal. => Candide renie la théorie<br />

de son ancien mentor ;<br />

− chapitre XXX : il faut cultiver notre jardin => Candide<br />

ne nie pas l’optimisme de Pangloss mais ajoute que l’on<br />

doit apprendre à construire sa vie.<br />

b. Qu’il parle à Pangloss (ch. IV, XXX), à lui-même<br />

(ch. IX), à la vieille (ch. XIII) ou à Cacambo (ch. XIX),<br />

Candide se forme au fur et à mesure et devient indépendant,<br />

mais il semble bien tolérant vis-à-vis de Pangloss<br />

à la fin du récit, malgré les épreuves traversées. Il<br />

ose toutefois lui couper la parole (Je sais aussi…).<br />

3. Un récit ironique<br />

Chapitre III : Candide, qui tremblait comme un philosophe,<br />

se cacha du mieux qu’il put pendant cette<br />

boucherie héroïque => double ironie : comparaison<br />

faisant de la philosophie la mauvaise foi de la peur et<br />

périphrase-oxymore boucherie héroïque = dénonciation<br />

de l’horreur de la guerre.<br />

Chapitre XVIII : Quand on vous aura conduits au revers<br />

des montagnes, personne ne pourra vous accompagner<br />

; car mes sujets ont fait vœu de ne jamais sortir<br />

de leur enceinte, et ils sont trop sages pour rompre<br />

leur vœu. => information du roi d’Eldorado = antithèse<br />

ironique du contexte politique de rédaction de Candide<br />

: Europe à feu et à sang, politique expansionniste<br />

des pays européens (guerre de Sept Ans).<br />

Chapitre XXVIII : l’incision cruciale me fit jeter un si<br />

grand cri, que mon chirurgien tomba à la renverse, et<br />

croyant qu’il disséquait le diable, il s’enfuit en mourant<br />

de peur, et tomba encore sur l’escalier en fuyant.<br />

=> description aussi violente que risible par Pangloss<br />

de l’incision du chirurgien, qui croyait disséquer un<br />

cadavre. Horreur du cri de souffrance pris pour la possession<br />

=> superstition du chirurgien et aveuglement<br />

sur la source même du mal, il identifie l’hérétique au<br />

symbole du mal.<br />

aCtivités ComPlémentaiRes<br />

1. Entraînement à l’art du discours<br />

Aide pour ce travail d’écriture = énumération des<br />

étapes du périple de Candide par Pangloss, si vous<br />

n’aviez pas été chassé d’un beau château…<br />

Reprendre chacune de ces étapes, les commenter au vu<br />

de l’évolution du personnage de Candide (voir réponse<br />

à la piste d’analyse n°2) et valoriser son interprétation<br />

personnelle d’une phrase polysémique très commentée.<br />

Utiliser des procédés oratoires efficaces étudiés dans<br />

la séquence :<br />

− interpellations du destinataire, affirmation de la subjectivité<br />

du je ;<br />

− questions rhétoriques polémiques ;<br />

− oppositions fortes : antithèses et oxymores ;<br />

− sens de la formule : anaphores et parallélismes ;<br />

etc.<br />

2. Entraînement au commentaire<br />

Projet de lecture : un épisode cardinal raconté sur le<br />

ton de l’ironie et de la polémique.<br />

Partie I. Une vision d’horreur, sans héros<br />

1 er § : un tableau des horreurs de la guerre (hypotypose<br />

: différents plans d’une toile de peinture<br />

d’histoire, macabre à souhait ; repères spatio-temporels<br />

: « d’abord » , « ensuite » , « enfin » ; « ici »,<br />

« là », « d’autres… » et métaphore du « théâtre de<br />

la guerre »).<br />

2 e § : détails atroces et sadiques (champ lexical<br />

de la barbarie : mutilations, entassement de<br />

morts…« mamelles sanglantes », « filles éventrées…<br />

»).<br />

3 e § : accumulation insoutenable (hyperboles chiffrées,<br />

formules absolues évoquant une extermination<br />

: « neuf à dix mille coquins qui en infestaient la<br />

surface, une trentaine de mille âmes… »).<br />

Partie II. Une ironie cinglante visant la guerre et la<br />

religion<br />

83


1 er § : une harmonie dans l’horreur (énumération des<br />

instruments de musique et mention de l’« enfer »…).<br />

2 e § : évocations choquantes, polémiques, dénonçant<br />

la guerre (oxymore « boucherie héroïque »).<br />

3 e § : intrusion paradoxale de la religion (« Te<br />

deum » pendant le combat et refuge en Hollande<br />

sous le prétexte d’être enfin en terre chrétienne).<br />

Partie III. Un épisode initiatique centré sur un personnage<br />

ambivalent<br />

1 er § : un épisode peu glorieux (insistance sur la<br />

lâcheté du philosophe qui parle beaucoup, mais<br />

sans agir) : « tremblait comme un philosophe » et<br />

verbes relatifs à la fuite récurrents).<br />

2 e § : paradoxe de la fascination et de l’horreur<br />

(l’apprentissage de la complexité du monde : focalisation<br />

interne dans la conscience d’un personnage<br />

apparemment candide).<br />

3 e § : raisonnement alliant survie et intérêt => personnage<br />

ambigu (protection et argent concomitants<br />

en Hollande ; peur mais pensées amoureuses liées à<br />

Cunégonde).<br />

Texte3 Texte Beccaria, Des délits<br />

et des peines ➜ p. 154<br />

Objectif : Étudier la valeur argumentative d’images<br />

utilisées dans le débat sur la peine de mort.<br />

84<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. a. Première phrase : réponse à ceux qui prennent<br />

comme exemple les pays appliquant la peine de mort<br />

= immense océan d’erreurs (l. 4), sacrifices humains<br />

(l. 5).<br />

= images montrant la désapprobation de l’auteur pour<br />

la peine capitale.<br />

Insistance sur les nations qui ont choisi de l’abolir, elles<br />

se sont abstenues […] d’employer la peine de mort<br />

(l. 7-8), associées à la notion de vérité[s] (l. 8, 10, 12).<br />

b. Opposants de l’auteur : l’ignorance, l’erreur (l. 10), la<br />

longue et profonde nuit qui enveloppe le monde (l. 9)<br />

et tant de gens guidés par l’aveugle préjugé (l. 15).<br />

Pas de critique ciblée, mais un appel à la réflexion, aux<br />

Lumières, contre l’obscurantisme.<br />

Mise au point<br />

2. Une seule phrase exclamative dans le dernier §,<br />

mais elle le domine : ouverture et formulation biblique<br />

rappelant les béatitudes des Évangiles : Heureux le<br />

genre humain (l. 22) et point d’exclamation portant sur<br />

l’image valorisante des monarques éclairés.<br />

Analyse<br />

3. l’histoire de l’humanité est comme un immense<br />

océan d’erreurs (l. 4) = comparaison qui dégrade la<br />

civilisation. Image filée par la métaphore de la nuit<br />

(l. 9) et le champ lexical de l’aveuglement dans le 1er §.<br />

2e § : personnification de la vérité gravissant les obstacles<br />

innombrables à franchir (l. 17), autre métaphore<br />

pour montrer l’ignorance.<br />

=> combat difficile et inégal entre l’immensité de<br />

l’ignorance et la petitesse de la vérité.<br />

4. Question rhétorique (l. 5-6) : provoquer le réveil critique<br />

du lecteur => force du nombre et de la fréquence,<br />

toutes les nations (l. 5), mise en opposition avec la<br />

réflexion, plus excusables ? (l. 6).<br />

5. voix d’un philosophe seul contre tous (l. 14), mais<br />

relayée par quelques sages (l. 15), et finalement entendue<br />

par un monarque attentif (l. 17) = argumentation<br />

volontariste qui ne considère pas l’océan d’erreurs<br />

(l. 4) comme une fatalité.<br />

Idée nouvelle : par sa volonté, un souverain peut ériger<br />

la bonté et la paix comme des principes guidant son<br />

règne.<br />

6. a. Périphrases valorisantes : monarques bienfaisants,<br />

promoteurs des vertus pacifiques, des sciences<br />

et des arts, pères de leurs peuples, véritables citoyens<br />

couronnés (l. 24-25).<br />

b. Champs lexicaux caractéristiques : paix (bienfaisants,<br />

pacifiques, pères) et savoir (sciences, arts).<br />

Portrait idéal de rois protecteurs et intellectuels, mais<br />

au pouvoir réel et respecté.<br />

Question de synthèse<br />

7. despotes éclairés = oxymore.<br />

Image du texte : voix du philosophe, que sait accueillir<br />

un souverain (l. 19), permettant aux valeurs de force et<br />

de conquête militaires propres aux empereurs romains<br />

(l. 21) de se muer en pacifisme. Autorité certes, accroissement<br />

continuel de leur autorité (l. 31-32), mais dans<br />

le respect des valeurs humaines définies par de nouvelles<br />

lois (l. 22).<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Deux ouvrages essentiels dans les<br />

Repères historiques = réflexion permettant de lutter<br />

contre la peine de mort : Montesquieu, De L’esprit des<br />

lois (1748) et l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert<br />

(1751-1772) = articles et essais mettant en relation les<br />

différents systèmes politiques et réfléchissant au bonheur<br />

et à la paix des sociétés.


Rôle central de Voltaire qui a permis la réhabilitation<br />

de personnes injustement condamnées (Sirven, La<br />

Barre, Calas) et textes narratifs mettant en évidence<br />

la barbarie et l’incohérence de la peine capitale (voir<br />

l’auto-da-fé dans Candide, chapitre VI).<br />

9. Écriture d’invention. Malheureux le genre humain,<br />

si à jamais des lois lui étaient soustraites par des<br />

tyrans tels que nous n’en voyons heureusement plus<br />

en Europe, souverains destructeurs, annihilateurs<br />

des expériences les plus bénéfiques, du savoir et de<br />

la culture, marâtres de leurs sujets, abominables<br />

monstres affamés ! Etc.<br />

Réécriture fondée sur la reprise syntaxique du texte<br />

initial et l’emploi d’antonymes adaptés. En groupes, ce<br />

travail est l’occasion d’apprendre le maniement d’un<br />

dictionnaire des synonymes (et des antonymes).<br />

Prolongement : étudier de quelle façon le dessinateur<br />

Victor Hugo utilise un dessin et une palette qui<br />

orientent la façon de regarder un gibet ➜ p. 154.<br />

Texte R. Badinter,<br />

d’un<br />

À l’autre 3<br />

Discours à l’Assemblée<br />

nationale ➜ p. 156<br />

Objectif : Analyser la rhétorique d’un discours<br />

fondateur des valeurs occidentales actuelles.<br />

Questions<br />

1. a. Loi du talion attaquée d’un bout à l’autre. Mise à<br />

distance en particulier dans la phrase Cela s’appelle, je<br />

crois, un sacrifice expiatoire (l. 11-12) : présentatif Cela<br />

et terme sacrifice => peine de mort = archaïsme.<br />

b. exigence de justice (l. 6), sacrifice expiatoire (l. 12),<br />

loi du talion (l. 14), nécessaire mise à mort du coupable<br />

(l. 26-27), tentation de l’élimination (l. 33), justice<br />

d’élimination (l. 38).<br />

Répétition du complément du nom d’élimination<br />

=> deux dernières expressions plus personnelles, plus<br />

subjectives renvoyant à la mémoire de R. Badinter,<br />

camps nazis dans lesquels sont morts des membres de<br />

sa famille.<br />

2. Début du 2e § = phrase au conditionnel présent<br />

associant au meurtre la nécessaire application de la<br />

peine de mort : La mort et la souffrance […] exigeraient<br />

comme contrepartie nécessaire, impérative, une autre<br />

mort et une autre souffrance (l. 8-9).<br />

Conditionnel = hypothèse montrant que le locuteur met<br />

à distance ce qui pourra être nuancé, voire contredit.<br />

3. Anaphore du nom Malheur : Malheur de la victime<br />

elle-même… malheur de ses parents… Malheur aussi<br />

des parents du criminel. Malheur enfin, bien souvent,<br />

de l’assassin. (l. 19-21), répétition mise en valeur par le<br />

chiasme : Du malheur et de la souffrance… (l. 16) / … le<br />

crime est malheur (l. 21).<br />

Répétitions = équivalent syntaxique de l’idée du § :<br />

crime comme lieu géométrique du malheur humain<br />

(l. 18).<br />

4. a. Modalisateurs : inavouée le plus souvent (l. 33)<br />

et GN la tentation de l’élimination (l. 33), où le terme<br />

tentation trahit une illusion des partisans de la loi du<br />

talion.<br />

Présentatifs révélant à distance la pensée qu’on ne<br />

partage pas : Ce qui paraît insupportable à beaucoup<br />

(l. 33-34).<br />

b. Prise en compte de l’argument suivant lequel mettre<br />

à mort un criminel protégerait la société = raisonnement<br />

concessif, prise en compte de la thèse adverse<br />

pour mieux la contrer ensuite.<br />

5. Parallélisme ironique pointant la facilité outrancière<br />

du raisonnement des partisans de la peine de mort :<br />

répétition du pronom indéfini globalisant tout et de<br />

l’adverbe d’intensité si (l. 40).<br />

6. Prise en compte humaine de la thèse adverse => le<br />

ton ne doit pas être trop assuré, voire arrogant.<br />

Humilité et mesure, mais répétition des noms malheur<br />

et justice.<br />

Attaques de § à souligner une fois sur deux : connecteurs<br />

logiques Mais (l. 24) et Ainsi (l. 37).<br />

Prise à partie de l’auditoire : Soyons clairs (l. 14).<br />

Remarque : possibilité de visionner un document vidéo<br />

de l’INA pour comparer.<br />

Vis-à-vis : Beccaria et Badinter<br />

7. Pour Beccaria, les tenants de la thèse adverse sont<br />

désignés par on (l. 1) et l’expression gens guidés par<br />

l’aveugle préjugé (l. 15).<br />

Pour Badinter, il s’agit des partisans de la peine de<br />

mort (l. 1, 5) et de ceux qui s’en réclament (l. 16-17).<br />

Badinter : mots francs mais objectifs, pas d’accusation<br />

ni de dévalorisation. Constat froid de la requête de<br />

peine de mort ≠ langue métaphorique et accusatrice<br />

de Beccaria.<br />

8. justice pénale fondée sur la liberté = expression qui<br />

résume bien le traité de Beccaria pour qui la fin de la<br />

peine de mort correspond à la modification de la nature<br />

85


du pouvoir, l’affaiblissement du pouvoir tyrannique<br />

pour une liberté plus grande du peuple.<br />

Prolongement : montrer de quelle façon le peintre<br />

Andy Warhol entre brutalement dans le sujet brûlant<br />

de la peine de mort aux États-Unis avec sa sérigraphie<br />

sur toile ➜ p. 156, tout en le mettant esthétiquement<br />

à distance (échelle de plan, couleurs).<br />

86<br />

Analyse<br />

d’image<br />

W. Ronis, Rose Zehner<br />

➜ p. 158<br />

Objectif : Étudier une photographie représentative<br />

de l’élan révolutionnaire des revendications sociales<br />

des années 1930.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Rose Zehner au centre de la composition. Debout<br />

sur une table, le bras gauche tendu, la bouche ouverte<br />

= figure remarquable dans cette assemblée attentive,<br />

captivée.<br />

2. Décor = hangar, marques des parpaings visibles sur<br />

le mur au fond à gauche, les tôles sur le mur à l’arrièreplan<br />

droit, et les poutres de fer, lignes transversales<br />

en haut et au milieu de la composition. Vaste espace<br />

= atelier dans lequel travaillent habituellement toutes<br />

les femmes rassemblées.<br />

Analyse<br />

3. Plan assez large permettant de saisir Rose dans une<br />

partie de la foule féminine qui l’écoute. Ligne de force<br />

verticale de Rose Zehner debout parmi elles => valorisation<br />

du personnage.<br />

4. a. Premier plan : trois femmes de dos, tournées vers<br />

Rose Zehner, appelant l’observateur du cliché à faire de<br />

même.<br />

Deuxième plan : assemblée de femmes dont certaines,<br />

une à gauche, une à droite, ont vu le photographe, et<br />

ont l’œil tourné vers l’objectif de l’appareil.<br />

Troisième plan, centre : Rose Zehner, pasionaria, faisant<br />

vibrer son auditoire par son énergie.<br />

Arrière-plan : reste de l’assemblée et murs de l’atelier.<br />

b. Glissement naturel vers Rose Zehner, au centre<br />

de la composition : rien ne nous distrait, pas même<br />

les poutres de fer qui croisent perpendiculairement la<br />

ligne de force verticale du corps de l’oratrice.<br />

5. Pyramide, triangle dont Rose Zehner est le sommet<br />

et les trois femmes du premier plan, la base = forme<br />

géométrique traditionnelle dans le portrait pictural.<br />

6. Bras levé dans le prolongement des poutres = dynamique<br />

des lignes de force horizontales qui font sortir<br />

ces femmes du cadre de la photo, vers un ailleurs hors<br />

champ, celui de la lutte révolutionnaire en marche.<br />

Question de synthèse<br />

7. Présence de Rose Zehner animée par l’enchaînement<br />

des plans qui la font surgir dans un troisième plan<br />

élancé, tout en verticalité, soutenu par les horizontales<br />

des poutres = structure géométrique et équilibrée qui<br />

confère à ce moment de grève une solennité révolutionnaire<br />

intense.<br />

Prolongement. Écriture d’invention : en relation<br />

avec le chapeau introductif, imaginez la harangue<br />

prononcée par Rose Zehner. Faites une recherche sur<br />

les conditions de travail au sein des usines Citroën en<br />

1938, afin de donner aux propos de votre personnage<br />

toute la force de conviction déjà visible sur l’image.<br />

Histoire des arts ➜ p. 160<br />

Les maîtres du discours en sculpture<br />

Questions<br />

1. Allure décidée :<br />

− léger contrapposto donnant l’impression qu’il<br />

s’avance de sa jambe gauche (à droite pour nous) en<br />

soulevant un pan de sa toge avec sa main ;<br />

− tête légèrement penchée en arrière regardant dans la<br />

direction de la main levée ;<br />

− front soucieux et plissé, lèvres rapprochées donnant<br />

l’illusion d’une formulation imminente.<br />

=> sculpture sur le point de s’animer, illusion du mouvement.<br />

2. Alexandre Falguière (1831-1900) : sculpteur et<br />

peintre français, connu pour ses œuvres monumentales<br />

commémoratives consacrées aux grands hommes,<br />

telles la statue de La Fayette à Washington D.C. ou celle<br />

de Gambetta à Cahors.<br />

En 1882, professeur à l’École des beaux-arts et membre<br />

de l’Académie des beaux-arts. Parmi ses élèves renommés,<br />

on compte Bourdelle.<br />

Œuvres les plus célèbres :<br />

− représentations en fonte des continents pour l’Expo-


sition universelle de Paris en 1878, dont L’Asie (Paris,<br />

musée d’Orsay) ;<br />

− sculpture réaliste attendrissante en marbre, À la<br />

porte de l’école en 1887 (Toulouse, musée des Augustins)<br />

;<br />

− monument de pierre en l’honneur de Balzac, en 1902<br />

(Paris, avenue de Friedland).<br />

exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 162<br />

RevoiR<br />

1 Rhétorique et accusation<br />

Cicéron, Première Catilinaire<br />

1. Destinataire = Catilina, nommément apostrophé<br />

(l. 1, 14).<br />

Impératifs à la 2e personne du singulier : Renonce à tes<br />

desseins, crois-moi (l. 5-6).<br />

Phrases interrogatives le prenant à partie : Que peuxtu<br />

donc… ? (l. 1), Te souvient-il… ? (l. 10), etc.<br />

2. tes assemblées criminelles (l. 2-3), ta conjuration<br />

(l. 4), au meurtre (l. 6), l’incendie (l. 7), tes projets (l. 8),<br />

ton audace (l. 13-14), le massacre (l. 18) = majoritairement<br />

champ lexical du crime et termes connotés<br />

péjorativement, associant Catilina à la ruse malsaine,<br />

à l’audace au sens négatif du terme.<br />

3. Avant tout des questions rhétoriques = interpellations<br />

constantes de Catilina mis devant ses responsabilités.<br />

Ex. : Me suis-je trompé en anaphore (l. 14-17) : question<br />

pointant le crime (un fait, l. 15) reproché à Catilina<br />

et le moment (le jour, l. 17) du forfait.<br />

4. pas une de tes actions, pas un de tes projets, pas<br />

une de tes pensées (l. 32-33) = énumération et parallélisme,<br />

montrant que le personnage est cerné, mis au<br />

jour des faits à son intimité.<br />

5. a. Harangue = discours solennel et énergique prononcé<br />

devant une assemblée, en présence d’un personnage<br />

reconnu.<br />

b. Le discours comporte un rappel exact des faits, une<br />

mise en accusation explicite de Catilina interpellé et<br />

publiquement condamné ainsi qu’une mise en évidence<br />

de la morale romaine avec la double référence<br />

au sénat (l. 18) et à la république (l. 24-25) = caractéristiques<br />

de la harangue.<br />

aPPRofondiR<br />

2 Rhétorique et Révolution<br />

L. A. L. de Saint-Just, Discours à la Convention<br />

1. a. Accusation d’irrespect du peuple, acte de rebelle<br />

(l. 3) qui a voulu asseoir de nouveau son pouvoir<br />

monarchique absolu, sans respecter la Révolution :<br />

tyrannie (l. 7), lois qu’il a détruites (l. 8).<br />

b. Louis (l. 2), cet homme (l. 13) = un homme qui doit<br />

être jugé sans qu’on l’assimile à un roi. Il n’est pas considéré<br />

tout à fait comme les autres, il ne mérite pas l’appellation<br />

de citoyen, mais plutôt celle de rebelle (l. 2-3).<br />

2. Emploi constant de la 3e personne du singulier (il,<br />

l. 3 ; lui, l. 9, etc.) sans faire mention du titre de souverain<br />

= façon de rabaisser la monarchie => Louis est<br />

accusé.<br />

3. Pour moi, je ne vois point de milieu : cet homme doit<br />

régner ou mourir (l. 12-13).<br />

Phrase fortement assertive mettant la subjectivité au<br />

tout premier plan (Pour moi, je…) et donnant un équivalent<br />

syntaxique à l’absence de demi-mesure (point<br />

de milieu) : alternative radicale entre régner et mourir<br />

marquée par la conjonction exclusive ou.<br />

3 Rhétorique et prix littéraires<br />

J.-M. G. Le Clézio, « Dans la forêt des paradoxes »<br />

1. banquet de la culture (l. 8) : métaphore aux connotations<br />

ambivalentes, impliquant aussi bien l’invitation<br />

et la convivialité, que l’exclusion et le cercle fermé.<br />

2. a. F. Rabelais = exemple le plus développé (l. 20-29).<br />

b. Adversaire de Rabelais = pédantisme de la Sorbonne<br />

(l. 22-23), c’est-à-dire la langue savante, universitaire.<br />

Outils employés = langue populaire (l. 24).<br />

Paradoxe = écrire sur les débordements, ivresses,<br />

ripailles (l. 25), peu convenables pour les professeurs<br />

de la Sorbonne mais peu adaptés aux réalités du peuple<br />

(maigreur des paysans et des ouvriers, l. 27-28).<br />

=> impression de mascarade (l. 28), de contradiction.<br />

3. Questions rhétoriques :<br />

− amener, proposer une explication. Ex. : Pourquoi estce<br />

si difficile ? (l. 8) avant d’aborder la question des<br />

peuples sans écriture (l. 9) ;<br />

− amener de nouveaux arguments en relançant l’attention.<br />

Dans ce texte, pas de fausses questions, mais de<br />

réelles interrogations qui révèlent le doute taraudant<br />

Le Clézio.<br />

Ex. : enchaînement de trois questions (l. 12-15)<br />

pour émettre l’hypothèse d’une culture populaire à<br />

87


éinventer, mais sans certitude, sans réponse définitive<br />

juste après.<br />

4. Métaphore de la barrière (l. 38) = frontière inhérente<br />

à la culture. Un auteur se donne l’illusion de la transgression<br />

mais reste bien à l’abri de son univers, celui<br />

des puissants.<br />

=> le monde intellectuel est pétri de contradictions. Du<br />

côté des privilégiés, il en appelle à une révolution de<br />

façade dont il sortira toujours indemne, sans prendre<br />

trop de risques : regard pessimiste sur son propre milieu.<br />

88<br />

éCRiRe<br />

4 Rhétorique et poésie<br />

J. Prévert, Paroles, « Le discours sur la paix »<br />

1. Vers 4 = irruption de l’étrangeté, orateur qui tombe<br />

dans sa phrase creuse.<br />

Adjectif creuse employé dans les deux sens à la fois :<br />

phase creuse comme une ornière (sens propre) et<br />

phrase sans intérêt (sens figuré) / sa dent creuse, car<br />

victime d’une carie (v. 8) => association d’idées qui<br />

évoque métaphoriquement le vide de la pensée.<br />

2. Antithèse entre pacifiques raisonnements et nerf<br />

de la guerre (v. 8-9) = contradiction entre la volonté<br />

de paix affichée par le grand homme d’État (v. 2), intenable<br />

en raison de l’argent procuré par la guerre (production<br />

et vente d’armes).<br />

3. a. la délicate question d’argent (v. 10) = révélation<br />

ultime du nerf de la guerre. Volonté de paix pervertie<br />

par l’argent qui soutient finalement la guerre.<br />

b. Poème engagé : saynète grotesque et burlesque<br />

(gag du chef d’État qui trébuche), dénonciation des<br />

contradictions propres à tout homme politique. Argent<br />

= révélateur de ce que l’on voudrait cacher, ses dents<br />

pourries (carie dentaire, v. 8).<br />

4. Écriture d’invention. Rime raisonnements / argent<br />

= façon de montrer en même temps la façade (paix) et<br />

l’arrière-cour (intérêts financiers qui priment).<br />

Visée du travail d’écriture = développer une argumentation<br />

qui se donne l’illusion de croire à un idéal<br />

perverti par les exigences du réel, entrer de plain-pied<br />

dans la rhétorique du mensonge.<br />

Exercice délicat, mais formateur, permettant de détricoter<br />

une rhétorique politique hélas trop familière.<br />

Progression possible du discours à produire :<br />

− argument de la moralisation de l’armement : refuser<br />

les mines anti-personnel, les bombes à fragmentation…<br />

(photos de mutilés à l’appui) ;<br />

− argument de la paix à maintenir en faisant valoir le<br />

principe de dissuasion : accepter l’armement nucléaire<br />

et l’entretien d’une armée forte et intimidante…<br />

(chiffres de production à l’appui) ;<br />

− argument de la crise économique qui relativise la<br />

volonté pourtant bien louable de paix : finalement<br />

autoriser le retour à la production de mines anti-personnel,<br />

mais pour un temps… (courbes à l’appui).<br />

Belle phrase creuse à glisser dans cette troisième étape<br />

de discours, moment où la rhétorique dérape.


Textes<br />

● C. Simon, Discours de Stockholm (1986) : discours<br />

de réception à l’Académie Nobel (site du Nobel,<br />

nobelprize.org : discours de réception des différents<br />

auteurs).<br />

● R. Amossy, L’Argumentation dans le discours<br />

(1999)<br />

● C’est à ce prix que vous mangez du sucre ?<br />

(2006) : anthologie sur le thème de l’esclavage,<br />

d’Aristote à Hugo.<br />

● H. Tronc, L’Art du discours – anthologie (2007)<br />

● P. Beaussant, Discours de réception à l’Académie<br />

française (2009)<br />

Texte du DVD-Rom<br />

● J.-J. Rousseau, Discours sur les sciences et les arts<br />

(1750) : notion de discours au xviii e siècle.<br />

Images<br />

● H. Daumier : caricatures sur le monde de la justice,<br />

par exemple les dessins du journal satirique<br />

Le Charivari (1835).<br />

● C. Chaplin, Le Dictateur (1940) : l’image effrayante<br />

mais grotesque d’un tyran au pouvoir<br />

Activités<br />

● Analyse de corpus<br />

Sujet : discours de réception à travers les siècles.<br />

Prolongements<br />

Objectif : Étudier les morceaux de bravoure de<br />

l’argumentation épidictique.<br />

Corpus : A. Camus, Discours de Stockholm (1957),<br />

extrait<br />

A. Malraux, Discours du transfert des cendres de<br />

Jean Moulin au Panthéon (1964), extrait<br />

M. Yourcenar, Discours de réception à l’Académie<br />

française (1981), extrait<br />

● Commentaire. Commentez le discours d’André<br />

Malraux en mettant l’accent sur les aspects lyriques<br />

et épiques d’une allocution de célébration.<br />

● Dissertation. En 1964, Jean-Paul Sartre refuse le<br />

prix Nobel de littérature en faisant valoir l’argument<br />

suivant : L’écrivain doit […] refuser de se<br />

laisser transformer en institution même si cela a<br />

lieu sous les formes les plus honorables…<br />

Selon vous, le fait de célébrer, voire de couronner,<br />

un écrivain ou un artiste, a-t-il un sens dans notre<br />

monde actuel ? Argumentez en vous référant à des<br />

exemples précis tirés de vos lectures scolaires et de<br />

votre culture personnelle (livres, sorties...).<br />

● Écriture d’invention. À l’aide de procédés oratoires<br />

aussi nombreux que diversifiés, célébrez<br />

un lieu ou une époque que vous admirez particulièrement.<br />

Tout en étant solennel, votre discours<br />

s’appuiera sur une sensibilité toute subjective.<br />

89


sÉQuenCe 8<br />

Les écrits polémiques des Lumières<br />

Texte1 Texte Montesquieu,<br />

Lettres persanes ➜ p. 165<br />

Objectif : Étudier une lettre satirique extraite<br />

d’un roman épistolaire.<br />

90<br />

➜ Livre de l’élève, p. 164<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Trois cibles :<br />

– les Français en général : cette changeante nation<br />

(l. 23) ;<br />

– les femmes françaises : caprices de la mode (l. 20) ;<br />

– le roi : Le Monarque pourrait même parvenir à rendre<br />

la Nation grave, s’il l’avait entrepris (l. 26-27).<br />

Mise au point<br />

2. Temps : présent. Mode : conditionnel. Valeur : refus<br />

d’envisager la réalité.<br />

Analyse<br />

3. Situation d’énonciation :<br />

– les indices personnels : Je (l. 2), me (l. 6), te (l. 6), tu<br />

(l. 8) => présence d’un expéditeur, Rica, et d’un destinataire,<br />

Rhédi ;<br />

– les indices spatio-temporels : à Venise (l. 1) => place<br />

dans l’en-tête = lieu où se trouve le destinataire ; chez<br />

les Français (l. 2), Paris (l. 9 et fin de la lettre) = lieu où<br />

se trouve l’expéditeur ;<br />

– l’essentiel des verbes au présent qui actualise le discours<br />

: réalité observée directement par l’auteur de la<br />

lettre.<br />

=> caractéristiques du style épistolaire : présentation<br />

avec l’en-tête et la fin (lieu de rédaction et date), point<br />

de vue de l’expéditeur.<br />

4. Champ lexical du temps => jeu constant d’oppositions<br />

:<br />

– cet été (l. 3) / cet hiver (l. 4) ;<br />

– six mois (l. 9) / trente ans (l. 10) ;<br />

– Quelquefois (l. 14) / tout à coup (l. 15) ;<br />

– Il a été un temps (l. 15) / Dans un autre (l. 16) ;<br />

– quelquefois (. 20) / le lendemain (l. 22) ;<br />

– Autrefois (l. 22) / aujourd’hui (l. 22).<br />

=> insistance sur la rapidité des changements de la<br />

mode.<br />

5. D’abord des antithèses :<br />

– quitte (l. 9) / revient (l. 9) ;<br />

– montent (l. 14) / descendre (l. 15) ;<br />

– hausser (l. 18) / baisser (l. 18)…<br />

Mais elles sont prises dans un système d’hyperboles<br />

qui traduit l’inconstance de la mode, de ses caprices<br />

(l. 20) :<br />

– six mois à la campagne = trente ans hors de la ville<br />

(l. 9-10) ;<br />

– le visage d’une femme au milieu de son corps en raison<br />

de la hauteur extravagante de la coiffure (l. 15-16) ;<br />

etc.<br />

=> exagération typique de la caricature pour sensibiliser<br />

le destinataire au ridicule de la situation.<br />

6. a. Proverbe : Telle mère, telle fille (Bible, Ancien Testament,<br />

Ezéchiel, XVI, 44, Jérusalem, épouse infidèle).<br />

b. Ton polémique valable dans tout le texte :<br />

– gradation : Ils ont oublié… ils ignorent encore plus<br />

(l. 1-2) => elle souligne l’instabilité de la mode ;<br />

– questions rhétoriques : Que me servirait de… ? (l. 6),<br />

Qui pourrait le croire ? (l. 17-18) => satire.<br />

7. Connotation péjorative : selon l’âge de leur roi (l. 26)<br />

=> Louis XV est âgé de 7 ans en 1717 (régence de Philippe<br />

d’Orléans).<br />

Question de synthèse<br />

8. Stratégie argumentative : convaincre par un raisonnement<br />

structuré :<br />

– thèse : Je trouve les caprices de la mode, chez les<br />

Français, étonnants (l. 2) => jugement de valeur ;<br />

– arguments : inconstance de la mode (l. 3-4), coût<br />

exorbitant (l. 4-5) ;<br />

– reprise du premier argument (l. 6-8) sous la forme<br />

d’une question rhétorique suivie de sa réponse polémique<br />

;<br />

– exemples hyperboliques de l’inconstance (l. 9-24) ;<br />

– conclusion : analogie avec la politique (l. 25-fin) :<br />

métaphore du moule (l. 29) pour le souverain => rapprochement<br />

concret avec la mode.


Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Autres civilisations exotiques :<br />

– Chine, Inde, Arabie : Voltaire, Essai sur les mœurs et<br />

l’esprit des nations (1756), Dictionnaire philosophique,<br />

« De la Chine » (1764) ; Montesquieu, De l’esprit des<br />

lois (1748) : la Chine apparaît dans de nombreux livres ;<br />

– Amérique, Turquie : Voltaire, Candide (1759) ➜ p. 149,<br />

153 ; Diderot, Supplément au voyage de Bougainville<br />

(1796) avec les Tahitiens ➜ p. 174 ;<br />

– Canada : Voltaire, L’Ingénu (1767) avec le Huron.<br />

10. Écriture d’invention. Transposition :<br />

– époque actuelle ;<br />

– style épistolaire ;<br />

– structure : thèse / arguments / exemples / conclusion<br />

avec une analogie.<br />

Proposition de début de réponse :<br />

Andrew à John, à New York.<br />

Je trouve les caprices de la mode, chez les Français,<br />

étonnants. Au lieu d’aller de l’avant, leur mode se<br />

fait rétro ; pour être à la mode, rien de plus simple,<br />

soyez démodés : sortez vos pantalons à pattes d’éléphant<br />

et vos pulls tricotés par grand-mère. Quant<br />

à la différence entre homme et femme, elle devient<br />

impossible à déceler.<br />

Prolongement : étudier la fonction sociale du vêtement<br />

à travers la comparaison avec la lettre XXX des<br />

Lettres persanes.<br />

Texte J. de La Bruyère,<br />

d’un<br />

À l’autre 1<br />

Les Caractères ➜ p. 167<br />

Objectif : Analyser un texte satirique court.<br />

Questions<br />

1. Apologue qui se rapproche du conte philosophique :<br />

– regard extérieur sur cet endroit : L’on parle d’une<br />

région où… (l. 1) ;<br />

– l’ironie frôle le merveilleux : les jeunes… se trouvent<br />

affranchis de la passion des femmes (l. 1-3), Les<br />

femmes du pays précipitent le déclin de leur beauté<br />

(l. 8-9) ;<br />

– réflexion philosophique : les pratiques de la cour du<br />

roi Louis XIV sont critiquées => prépondérance du roi<br />

sur Dieu (l. 20-25).<br />

2. La cour = civilisation étrangère que l’auteur semble<br />

découvrir : région (l. 1), pays (l. 8), contrée (l. 13), Ces<br />

peuples (l. 17), nation (l. 18). Même procédé dans le<br />

fragment 63 de ce chapitre : Il y a un pays…<br />

3. Impression d’un déclin des mœurs :<br />

– ivrognerie des jeunes gens qui passent du vin (l. 5)<br />

aux eaux-de-vie et liqueurs les plus violentes (l. 7) ;<br />

– perte des valeurs : des amours ridicules (l. 4) ;<br />

– règne des apparences : des artifices qu’elles croient<br />

servir à les rendre belles (l. 9).<br />

a. Champs lexicaux :<br />

– de la nourriture et de la boisson : repas, viandes (l. 4),<br />

vin (l. 5), eaux-de-vie, liqueurs (l. 7) ;<br />

– du corps : lèvres, joues, sourcils, épaules (l. 10),<br />

gorge, bras, oreilles (l. 11).<br />

b. Énumération : leurs lèvres, leurs joues, leurs sourcils,<br />

et leurs épaules… (l. 10) et opposition avec le singulier<br />

l’endroit par où elles pourraient plaire… assez<br />

(l. 12) => excès.<br />

4. Ton ironique : périphrase pour désigner une perruque<br />

= une épaisseur de cheveux étrangers (l. 14)<br />

=> singularité de cette mode.<br />

Ton adopté pour critiquer la religion :<br />

– un temple qu’ils nomment église (l. 18-19) ;<br />

– mystères qu’ils appellent saints, sacrés et redoutables<br />

(l. 20) = messe.<br />

Vis-à-vis : Montesquieu et La Bruyère<br />

5. a. Ils n’adoptent pas le même procédé :<br />

– Montesquieu : regard d’un Persan sur la mode parisienne,<br />

l’expéditeur est un étranger ;<br />

– La Bruyère : impression d’une transposition de la<br />

cour dans un pays étranger, inaccessible (L’on parle<br />

d’une région) = caractéristique de l’utopie.<br />

b. Cela permet d’éviter la censure, la condamnation par<br />

une société sûre de sa culture et de son bon droit, et<br />

surtout par le roi, visé par les excès révélés.<br />

6. Deux textes essentiellement satiriques à l’époque ;<br />

didactiques aujourd’hui par la précision de l’observation,<br />

la naïveté du regard à propos des tenues des<br />

femmes et du maquillage.<br />

Prolongement : lectures cursives qui permettent de<br />

se mettre à la place de l’autre :<br />

– à l’époque : un moyen de dénonciation. Ex. : Montesquieu<br />

: De l’esprit des lois, « De l’esclavage des<br />

nègres », XV, V (1748) : l’auteur se met à la place d’un<br />

esclavagiste pour dénoncer ses pratiques ;<br />

– aujourd’hui : une arme pour la tolérance.<br />

Ex. : D. Keyes, Des fleurs pour Algernon (1966) : le<br />

narrateur, Charlie Gordon, un handicapé mental, voit<br />

sa vie changer après une opération et prend alors<br />

conscience des moqueries de son entourage.<br />

91


Ex. : M. Rozenfarb, Chapeau ! (1998) : la narratrice,<br />

Chloé, une handicapée mentale, mène une enquête à<br />

propos de la mort de l’un de ses camarades.<br />

Étude d’œuvre intÉgrale<br />

Montesquieu, Lettres persanes ➜ p. 169<br />

Objectif : Étudier un récit novateur associant l’échange<br />

de lettres fictives à une réflexion philosophique.<br />

92<br />

Pistes d’analyse<br />

1. La forme épistolaire<br />

Remarque : il est possible de demander aux élèves de<br />

faire ce travail sur un cahier au fur et à mesure de leur<br />

lecture en ajoutant date, lieu et sujet de chaque lettre.<br />

I. Usbek à Rustan<br />

II. Usbek au premier eunuque noir<br />

III. Zachi à Usbek<br />

IV. Zéphis à Usbek<br />

V. Rustan à Usbek<br />

VI. Usbek à Nessir<br />

VII. Fatmé à Usbek<br />

VIII. Usbek à Rustan<br />

...<br />

=> pluralité de voix :<br />

– diversité des points de vue, opposition, contraste<br />

=> Montesquieu aborde divers sujets sous leurs différents<br />

aspects. Tel aspect dépend de la sensibilité de<br />

celui qui observe, puis écrit ;<br />

– variété pour le lecteur qui ne s’ennuie pas.<br />

=> originalité et exotisme : entendre les voix d’Orientaux<br />

issus de milieux différents (utiliser une couleur<br />

pour chaque milieu dans le tableau afin de mieux<br />

visualiser les échanges) :<br />

– les héros, Usbek et Rica, et leurs amis : Rustan, Nessir,<br />

Mirza, Ibben, Rhédi, Nargum, Nathanaël Lévi ;<br />

– les femmes avec les épouses d’Usbek dans le sérail<br />

d’Ispahan : Fatmé, Zachi, Zélis, Zéphis, Roxane ;<br />

– les religieux : Méhémet Hali, Gemchid, Hassein, le<br />

santon du monastère de Casbin, Hagi Ibbi, Ben Josué ;<br />

– les eunuques Ibbi, Jaron, Solim, Narsit.<br />

2. L’intrigue romanesque<br />

38 lettres :<br />

– lettres I, II, III : Usbek donne des conseils à son<br />

eunuque et reçoit les plaintes de ses épouses ;<br />

– lettres LXIV et LXV : les difficultés apparaissent malgré<br />

le rappel à l’ordre ;<br />

– lettre CXLVI et suivantes : la révolte des femmes<br />

aboutit au châtiment décidé par Solim, l’empoisonnement<br />

de Roxane.<br />

=> le rôle de cette intrigue dans l’œuvre :<br />

– métaphore du despotisme dans la sphère plus réduite<br />

d’un sérail ;<br />

– prise de conscience de la contradiction d’Usbek,<br />

homme à part entière qui connaît des difficultés dans<br />

sa propre pratique du pouvoir, alors qu’il critique celui<br />

de la France ;<br />

– rattachement de cette correspondance au genre<br />

romanesque par la présence d’une véritable intrigue.<br />

3. La critique sociale<br />

a. et b. Cibles :<br />

– le pouvoir : critique ironique de l’absolutisme (lettres<br />

XXIV, XXXVII, C, CXXXVIII…) ;<br />

– la religion : critique de la superstition (lettre XLVI)<br />

au moyen du comique de la discussion autour du lapin<br />

(lettres XXIV, XXIX, LX, LXXV…) ;<br />

– la société : le règne des apparences avec les caprices<br />

de la mode (lettre XCIX ➜ p. 165 et lettres XXIII, XXVIII,<br />

XXXIII, XXXVI, XLVIII, LII, LXIII…).<br />

aCtivités ComPlémentaiRes<br />

1. Analyse de corpus<br />

Sujet n° 1 : le statut de la femme en Occident et en<br />

Orient<br />

Corpus : lettres XXVI, XXXIV et XXXVIII.<br />

Question : quelles différences notables Usbek et<br />

Rica notent-ils entre les femmes d’Occident et celles<br />

d’Orient ?<br />

– Pudeur des femmes orientales / l’impudence des<br />

Européennes (lettre XXVI).<br />

– Gravité / charme (lettre XXXIV).<br />

– Fidélité et domination au sein du couple (lettre<br />

XXXVIII).<br />

Sujet n° 2 : la vanité. Corpus : lettres XLIV, L et LXXIV.<br />

Question : comment Montesquieu dénonce-t-il ce<br />

défaut ?<br />

2. Dissertation<br />

Proposition de plan :<br />

Partie I. Le roman épistolaire, une source d’évasion<br />

et d’exotisme<br />

1 er § : mode de l’exotisme (les personnages persans,<br />

le cadre du sérail d’Ispahan…).<br />

2 e § : divertissement du lecteur qui passe d’un sujet<br />

léger à un sujet grave (des sujets légers en lien avec<br />

les femmes / des réflexions politiques).


Partie II. Un lieu de débats<br />

1 er § : variété des points de vue ainsi permise<br />

(eunuques et femmes ont la parole, confidences<br />

intimes dans les lettres).<br />

2 e § : invitation à la réflexion (principe du mouvement,<br />

opposition des points de vue, réflexions philosophiques).<br />

Partie III. Un genre habile<br />

1 er § : impression d’authenticité liée à la forme (réalisme<br />

des descriptions, lien avec l’actualité historique<br />

: mort de Louis XIV, Régence, Law…).<br />

2 e § : moyen d’éviter la censure (le regard de<br />

l’autre).<br />

Remarque : les exemples sont tous tirés des Lettres<br />

persanes, mais il est possible d’élargir aux autres récits<br />

épistolaires de l’époque. Ex. : réflexions sur le statut de<br />

la femme, sur l’image du couple au siècle des Lumières<br />

avec Clarisse Harlowe de Richardson ou La Nouvelle<br />

Héloïse de Rousseau.<br />

Texte2 Texte Voltaire, Dictionnaire<br />

philosophique ➜ p. 170<br />

Objectif : Étudier un article polémique représentatif<br />

des grands combats des Lumières.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Fanatisme = mal qui conduit les intolérants religieux<br />

à la violence contre ceux qui ne partagent pas leurs<br />

croyances.<br />

2. Deux sortes de fanatisme :<br />

– fanatisme passionnel atteint des énergumènes (l. 13)<br />

dans un accès de fureur (l. 21) ;<br />

– fanatisme de sang-froid (l. 18) concerne les juges<br />

(l. 18).<br />

Mise au point<br />

3. Fureur vient de furor, nom latin (folie, délire, égarement).<br />

Analyse<br />

4. Métaphore filée de la maladie : malades (l. 14), rage<br />

(14), gangrené (l. 23), maladie (l. 23), incurable (l. 24),<br />

remède (l. 28), maladie épidémique (l. 28), accès du<br />

mal (l. 30) => Voltaire examine ainsi les différents<br />

degrés du fanatisme comme l’évolution des stades<br />

d’une maladie grave, connotation inquiétante de l’épidémie<br />

mais espoir avec la notion de guérison abordée<br />

à la fin du texte.<br />

5. Organisation d’abord binaire :<br />

– les deux frères Diaz, l’un enthousiaste (l. 6), l’autre<br />

fanatique (l. 8) ;<br />

– Polyeucte, Romain du ii e siècle, moins horrible que<br />

Diaz, car il n’a pas tué (l. 10-14).<br />

Ensuite, gradation dans la folie fanatique (un groupe<br />

par §) :<br />

– les assassins de François de Guise (1563, tué par un<br />

protestant), Guillaume, prince d’Orange (1584, tué par<br />

un royaliste), du roi Henri III (1589, tué par un moine,<br />

Jacques Clément) et du roi Henri IV (1594, tentative<br />

avortée de Jean Châtel ; 1610, tué par un catholique<br />

fanatique, François Ravaillac). Les noms des régicides<br />

sont mentionnés au 4e § (l. 21-22) avec l’ajout de Robert<br />

François Damiens qui tenta de tuer Louis XV en 1757 ;<br />

– le[s] plus détestable[s] : les fanatiques qui s’en<br />

prennent à leurs concitoyens (l. 17) avec d’une part les<br />

passionnels et l’exemple des bourgeois de Paris (l. 15 :<br />

nuit de la Saint Barthélemy, 1572) ;<br />

– les plus exécrables : les juges (l. 18).<br />

=> Voltaire va crescendo : gravité des faits (du meurtre<br />

d’une personne à un massacre) et responsabilité (des<br />

individus isolés agissant dans un accès de fureur aux<br />

juges).<br />

6. Esprit philosophique (l. 28) = principe de tolérance<br />

et de réflexion critique :<br />

– moyen = diffusion large : répandu de proche en<br />

proche (l. 29) ;<br />

– manières = purification : adoucit enfin les mœurs<br />

des hommes (l. 29) et prévention : prévient les accès du<br />

mal (l. 30) => pouvoir de l’esprit philosophique souligné<br />

par l’opposition entre son genre, le singulier et<br />

celui des deux COD, le pluriel.<br />

Question de synthèse<br />

7. Ton polémique :<br />

– actualité du sujet ➜ chapeau introductif du texte,<br />

p. 170 ;<br />

– temps dominant : présent de vérité générale => certitude<br />

de l’auteur ;<br />

– implication de Voltaire : J’ai vu (l. 24), expérience<br />

personnelle => description physique de la dégradation<br />

des fanatiques ;<br />

– violence des termes : métaphore filée de la maladie,<br />

hyperboles : folie (l. 4), un des plus abominables fanatiques<br />

(l. 8)… ;<br />

– jugement négatif de Voltaire : connotation péjorative<br />

: abominables (l. 8), horrible (l. 11), énergumènes<br />

(l. 13)…<br />

93


Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Voltaire s’attaque aux religieux catholiques.<br />

Révocation de l’édit de Nantes (1685, Fontainebleau) :<br />

Louis XIV reconstitue ainsi l’unité religieuse du<br />

royaume par peur d’un désordre politique, sous l’influence<br />

de Mme de Maintenon, du père de La Chaise, son<br />

confesseur, de Louvois, son ministre de la Guerre (personnages<br />

apparaissant dans L’Ingénu). Fin officielle<br />

du protestantisme en France : pasteurs exilés, culte<br />

interdit, enfants élevés dans la religion catholique et<br />

temples détruits.<br />

9. Rédaction argumentée. Projet de dictionnaire :<br />

– concision : Voltaire va à l’essentiel en donnant sa<br />

définition du fanatisme (l. 1-2) de manière à être<br />

compris de tous (comparaison) et exemples concrets<br />

=> registre didactique ;<br />

– cohérence : renvoi aux principes du mouvement (lutter<br />

contre l’infâme, éclairer les gens…) ;<br />

– public défini : information spécialisée en lien avec le<br />

domaine de la philosophie.<br />

Prolongement : analyser le tableau ➜ p. 170 en identifiant<br />

l’objet de la dénonciation du peintre grâce à la<br />

date ➜ repères, p. 26, et à une recherche documentaire,<br />

mais sans oublier la valeur universelle de cette<br />

représentation.<br />

94<br />

Texte J.-F. Marmontel,<br />

d’un<br />

À l’autre 2<br />

Les Incas ou la Destruction<br />

de l’empire du Pérou<br />

➜ p. 172<br />

Objectif : Découvrir un extrait de roman historique<br />

du XVIII e siècle.<br />

Questions<br />

1. Portrait de l’empereur inca :<br />

– un homme pacifique : d’un esprit humble et d’une<br />

volonté docile (l. 2-3) = connotation de faiblesse, de<br />

soumission malgré lui => image du martyr ;<br />

– un homme déshumanisé : écho entre la prise de<br />

parole de Valverde et l’action de l’empereur : Implorez<br />

(l. 1) / s’incline (l. 3) ; recevez (l. 1) / reçoit (l. 3)<br />

=> image atroce de la torture.<br />

2. Périphrase des loups dévorants (l. 23) au début du<br />

5e § => rage et violence.<br />

Pizarre est présenté tout autrement au début du 3e § :<br />

– gradation descendante indigné, rebuté, las de lutter<br />

contre le crime (l. 11) => abandon du conquistador, qui<br />

se retira (l. 12) ;<br />

– point de vue interne dans la connotation péjorative<br />

des termes qui désignent les Espagnols : exécrables<br />

assassins et partisans fanatiques (l. 12).<br />

3. Conquistadors = victimes : hommes de main étranglés<br />

par les Indiens ou entretués (l. 26-28) ; Valverde<br />

est capturé par les Anthropophages (l. 29) et dévoré<br />

par lambeaux (l. 30) ; Pizarre est assassiné (l. 34).<br />

=> morale : nul n’est à l’abri de la violence et de la haine<br />

/ le monde n’est pas manichéen : la violence vient des<br />

deux côtés et référence à la loi du talion : Les flots de<br />

l’Amazone furent rougis du sang de ceux qu’elle avait<br />

vus désoler ses rivages (l. 37-38).<br />

4. Remarque TICE : la préface est disponible sur le<br />

site de Gallica, la bibliothèque universelle (fanatisme<br />

défini à partir de la page XII).<br />

Réquisitoire = discours d’accusation :<br />

– thèse : fanatisme = cause de la violence dans le Nouveau<br />

Monde : Quelle fut la cause de tant d’horreurs<br />

dont la nature est épouvantée ? Le fanatisme : il en est<br />

seul capable ;<br />

– arguments : soumission des Indiens au nom de la<br />

religion : début du texte ; furie meurtrière des Espagnols…<br />

;<br />

– registre polémique : ponctuation expressive avec des<br />

exclamations et des questions rhétoriques ;<br />

– implication du locuteur : pronom personnel je : Par<br />

le fanatisme j’entends l’esprit d’intolérance et de persécution.<br />

Fanatisme personnifié = image d’une violence sadique :<br />

le fanatisme […] s’applaudit (l. 38-40).<br />

Vis-à-vis : Voltaire et Marmontel<br />

5. Question subjective qui invite à argumenter en précisant<br />

les caractéristiques et les points forts de chaque<br />

genre :<br />

– article de dictionnaire a priori plus adapté : registre<br />

didactique, définition précise, impression d’objectivité<br />

sur une question polémique, brièveté = gage d’efficacité<br />

pour convaincre le lecteur.<br />

≠ roman : longueur, invention et divertissement qui<br />

peuvent nuire au message de tolérance ;<br />

– roman peut-être plus approprié : concret avec des<br />

exemples précis, développement narratif des tenants<br />

et des aboutissants, instruire en plaisant = stratégie de<br />

persuasion.<br />

≠ article de dictionnaire : théorique, abstrait, rébarbatif.


6. Utilisation de l’histoire commune : illustrer la thèse<br />

et les arguments par des exemples frappants et violents<br />

qui indignent le lecteur, et lui apprendre ou lui<br />

rappeler des épisodes tragiques et navrants de sa<br />

propre civilisation.<br />

Prolongement. Iconographie et écriture d’invention<br />

: à partir de la gravure de Théodore de Bry<br />

➜ p. 172, rédiger le récit épouvanté d’un témoin de la<br />

mise à mort de l’empereur Atahualpa.<br />

Texte3 Texte D. Diderot, Supplément<br />

au voyage de Bougainville<br />

➜ p. 174<br />

Objectif : Étudier l’art du discours chez un personnage<br />

fi ctif, porte-parole des idéaux des Lumières.<br />

leCtuRe analytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Thèse : Bougainville et les Européens vont forcément<br />

nuire aux Tahitiens s’ils ne quittent pas l’île (l. 11-15).<br />

2. Structure liée aux destinataires différents :<br />

– le vieillard s’adresse aux Tahitiens, il évoque l’avenir<br />

sombre qui se profile : emploi du futur (l. 10, 11, 14)<br />

=> certitude du vieillard (l. 9 à 18) ;<br />

– il s’adresse à Bougainville, il commence par une<br />

imprécation avec l’impératif écarte (l. 20), il fait des<br />

reproches aux explorateurs : brigands (l. 19), féroce<br />

(l. 26), (l. 19 à la fin).<br />

=> de plus en plus indigné, il veut susciter la réaction<br />

des Tahitiens et l’effroi des Européens, tout en<br />

réveillant leur conscience.<br />

Mise au point<br />

3. Le mode verbal utilisé est le subjonctif à valeur de<br />

souhait => le vieillard pense à la possibilité qu’ont les<br />

Tahitiens, plus forts en nombre, d’éliminer les explorateurs<br />

afin qu’ils ne puissent jamais revenir pour leur<br />

nuire : Vous auriez un moyen d’échapper à un funeste<br />

avenir ; mais j’aimerais mieux mourir que de vous en<br />

donner le conseil (l. 16-18) : il se refuse à proposer une<br />

solution violente.<br />

Analyse<br />

4. Ton pathétique => souffrance morale du vieillard :<br />

– exclamations et apostrophes : Pleurez, malheureux<br />

Tahitiens ! (l. 9), Ô Tahitiens ! Mes amis ! (l. 16) => vive<br />

émotion devant ce qui attend ses proches ;<br />

– anaphore de un jour (l. 10, 11, 14) => insistance sur<br />

l’avenir proche menaçant ;<br />

– champ lexical de l’esclavage : fer (l. 12), enchaîner,<br />

égorger, assujettir (l. 13), vous servirez sous eux (l. 14)<br />

=> gravité du danger ;<br />

– solennité du discours : après le danger à venir, il<br />

annonce sa propre mort, je touche à la fin de ma carrière<br />

(l. 15).<br />

5. Reproches :<br />

– notion de propriété introduite dans l’esprit des Tahitiens<br />

qui partageaient tout : distinction du tien et du<br />

mien (l. 23-24) => insistance par les italiques ;<br />

– appropriation de la terre, colonisation, asservissement<br />

des autochtones : qui es-tu donc, pour faire des<br />

esclaves ? (l. 29-30) => question rhétorique pour marquer<br />

l’égalité entre les hommes ;<br />

– transplantation imposée du modèle européen<br />

(l. 46-47) => antithèse entre l’ignorance supposée des<br />

Tahitiens et les inutiles lumières des Européens.<br />

6. Antithèses :<br />

brigands (l. 19) ≠ innocents (l. 20-21) ; tout est à tous<br />

(l. 23) ≠ du tien et du mien (l. 23-24) ; libres (l. 28)<br />

≠ esclavage (l. 29), esclaves (l. 30) ; à toi (l. 32) ≠ à<br />

nous (l. 32), aux habitants de Tahiti (l. 34) ; brute (l. 40)<br />

≠ frère (l. 40) ; notre ignorance (l. 46) ≠ tes inutiles<br />

lumières (l. 46-47).<br />

=> nette opposition entre les deux civilisations dans<br />

leur mode de vie et dans leur perception de l’autre.<br />

7. a. Phrases exclamatives et interrogatives constantes<br />

= vivacité du rythme : Pleurez, malheureux Tahitiens !<br />

(l. 9), Ô Tahitiens ! Mes amis ! (l. 16), Ce pays est à<br />

toi ! Et pourquoi ? (l. 32) indiquant une vive émotion<br />

=> importance de l’enjeu du discours.<br />

b. inutiles lumières (l.46-47) = connaissances et valeurs<br />

de la civilisation européenne, renvoie à la métaphore<br />

des Lumières pour parler du mouvement littéraire et<br />

culturel de l’époque.<br />

Vieillard = porte-parole de la sagesse liée à l’état de<br />

nature dont Rousseau parle dans Du contrat social<br />

(1762) : dernière phrase (l. 47), ils possèdent l’essentiel<br />

et rejettent les futilités.<br />

Question de synthèse<br />

8. Ce discours énumère des griefs mais ne développe<br />

pas d’argumentation au sens propre du terme. Il<br />

cherche à persuader son auditoire :<br />

– lien entre le locuteur et ses destinataires : apostrophes<br />

: Ô Tahitiens ! Mes amis ! (l. 16) ;<br />

95


– émotions : ton pathétique (➜ question 4) puis<br />

ton polémique (➜ questions 5 et 7) au moment des<br />

reproches.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Histoire de la colonisation de l’île de<br />

Tahiti.<br />

Le temps de la découverte :<br />

– 1767 : premier Européen à Tahiti, le Britannique<br />

Samuel Wallis ;<br />

– 1768 : Bougainville marque l’histoire de l’île par son<br />

livre, Voyage autour du monde (1771), dans lequel il la<br />

décrit comme un paradis ;<br />

– 1769 : trois expéditions du Britannique James Cook<br />

dans le Pacifique, tué à Hawaï ;<br />

– 1788 : William Bligh de l’équipage de Cook, sur son<br />

navire le Bounty.<br />

Le temps de la colonisation :<br />

– 1797 : premiers Européens à y vivre, membres de la<br />

Société missionnaire de Londres ;<br />

– 1836 : expulsion des missionnaires français par la<br />

reine Pomaré ;<br />

– 1842 : sous protectorat français après l’intervention<br />

militaire de Dupetit-Thouars ;<br />

– 1880 : colonie française après l’abandon de ses droits<br />

par Pomaré V.<br />

Le temps de l’intégration :<br />

– 1946 : statut de TOM (Territoire d’Outre-Mer).<br />

10. Entraînement au commentaire<br />

La critique des mœurs européennes<br />

1er § : critique de la propriété (antithèses ; italiques,<br />

l. 23-24 ; exclamations ; questions rhétoriques).<br />

2e § : dénonciation de la violence (énumération,<br />

l. 13 ; périphrase : « chef des brigands », l. 19 ; suite<br />

de questions rhétoriques, l. 41-44).<br />

3e § : attaque frontale du sentiment de supériorité<br />

européen (exclamation, l. 35 ; morale finale, l. 45<br />

à la fin).<br />

Prolongement : lecture cursive d’un passage du<br />

Voyage autour du monde de Bougainville (1771)<br />

consacré aux mœurs des Tahitiens.<br />

96<br />

Texte J.-J. Rousseau,<br />

d’un<br />

À l’autre 3<br />

Discours sur l’origine et les<br />

fondements de l’inégalité<br />

parmi les hommes ➜ p. 176<br />

Objectif : Étudier un texte philosophique<br />

aux implications politiques.<br />

Questions<br />

1. Deux thèses possibles : l’homme est passé de l’état<br />

de nature à la société civile, par différentes étapes qui<br />

l’ont dégradé, ou la notion de propriété a entraîné de<br />

nombreux préjudices pour l’homme.<br />

2. a. Le temps qui passe indiqué par :<br />

– les connecteurs de temps (d’abord, l. 24 ; bientôt,<br />

l. 25, 31 ; À mesure que, l. 34 ; puis, l. 47 ; enfin, l. 48) ;<br />

– le champ lexical de l’effort et de la formation avec<br />

uniquement des verbes (profiter, l. 24 ; apprendre, l. 26,<br />

31, 47 ; s’appliquer, l. 29 ; se rendre, l. 29 ; forcer, l. 36 ;<br />

exiger, l. 39 ; inventer, l. 40 ; se faire, l. 42 ; connaître,<br />

l. 45).<br />

b. Étapes de l’évolution :<br />

– conscience de soi et instinct de survie (l. 15-16) ;<br />

– renforcement de la puissance physique (exercices du<br />

corps, l. 29) ;<br />

– inventivité (une nouvelle industrie, l. 39) ;<br />

– découverte primordiale du feu (l. 46) ;<br />

– naissance de la prudence puis de la réflexion (l. 57).<br />

3. Modalisateurs :<br />

– assez simples pour le croire (l. 2) ;<br />

– Que de crimes, de guerres… (l. 3-4) ;<br />

– il y a grande apparence (l. 7) ;<br />

– énumérations (l. 3, 10-11) ;<br />

– verbe falloir (l. 10, 26, 29, 33) ;<br />

– verbe devoir (l. 51) ;<br />

– adverbe : naturellement (l. 51) ;<br />

– quelque sorte de réflexion, ou plutôt une prudence<br />

machinale (l. 57-58).<br />

=> deux stratégies argumentatives : l’auteur a tendance<br />

à s’effacer lorsqu’il raconte l’évolution de l’homme<br />

(arguments pour convaincre), il apparaît subjectivement<br />

surtout au début et à la fin du texte (persuader<br />

son lecteur du bien-fondé de sa thèse).<br />

4. Le progrès dans l’évolution de l’homme de l’état de<br />

nature à la société civile est présenté comme un déclin :<br />

énumération de termes violents : Que de crimes, de<br />

guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs (l. 3).<br />

Les rapports de l’homme à son environnement fluctuent<br />

sensiblement :<br />

– la hauteur des arbres est un obstacle (l. 26) / les<br />

branches d’arbre = armes naturelles (l. 30) ;<br />

– les difficultés climatiques semblent liées à l’extension<br />

du genre humain : l. 29 sq. ;<br />

Apparente contradiction : plus l’homme se différencie<br />

de l’animal (a priori valorisant), plus il se rapproche du<br />

dernier terme de l’état de nature (l. 12), la naissance du<br />

sentiment de propriété.


5. Iconographie. Notion de propriété privée mise en<br />

avant avec une certaine violence :<br />

– couleur rouge = danger ;<br />

– main levée, doigts écartés = menace ;<br />

– palissade taillée en pics.<br />

=> antithèse visuelle entre l’aspect fruste et barbare<br />

des pics de bois et la pancarte froide, imprimée.<br />

Vis-à-vis : Diderot et Rousseau<br />

6. Le début du texte de Rousseau, Ceci est à moi, a<br />

un écho chez Diderot dans ce passage distinction du<br />

tien et du mien (l. 23-24) => même perception de la<br />

notion de propriété, qui provoque la dissension entre<br />

les hommes.<br />

Les Tahitiens de Diderot sont encore du côté de la<br />

nature = bons sauvages tels que les conçoit Rousseau.<br />

7. Origine de la dégradation de l’état de nature :<br />

– chez Diderot : les explorateurs en s’introduisant sur<br />

le territoire des autochtones et en violant leur indépendance<br />

;<br />

– chez Rousseau : les conditions de vie de plus en plus<br />

difficiles des hommes dans la nature.<br />

Prolongement : préparer la lecture polyphonique<br />

du premier paragraphe du texte par groupes de trois<br />

élèves en mettant l’accent sur l’expressivité du discours.<br />

DVD-Rom : écoute d’un extrait d’un autre discours de<br />

Rousseau, Discours sur les sciences et les arts (1750).<br />

Analyse<br />

d’image<br />

Man Ray, Portrait<br />

imaginaire du marquis<br />

de Sade ➜ p. 178<br />

Objectif : Étudier un tableau montrant une fi gure<br />

ambiguë du siècle des Lumières.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Premier plan : buste de Sade.<br />

Deuxième plan : scène de combat avec des cavaliers et<br />

des fantassins.<br />

Arrière-plan : incendie de la Bastille.<br />

2. Jeu de lumière permis par les flammes jaunes de<br />

l’incendie à l’arrière-plan qui semblent éclairer, en<br />

colorant le ciel en orange, le champ de bataille ainsi<br />

que le buste de Sade. Les teintes grises des pierres du<br />

buste et des bâtiments permettent un dégradé. L’œil et<br />

la bouche rouge de Sade ressortent, indiquant son intérêt<br />

pour l’événement puisque son regard porte vers la<br />

Bastille et que ses lèvres semblent dessiner un rictus<br />

de contentement.<br />

Analyse<br />

3. a. Buste constitué de blocs de pierre alignés, renvoyant<br />

métonymiquement à la Bastille où il a été longtemps<br />

emprisonné => Sade = homme-muraille marqué<br />

par l’incarcération.<br />

b. Ses œuvres et les scandales de mœurs auxquels il a<br />

été lié lui ont valu régulièrement la prison ou l’asile :<br />

– 1763 : prison pour débauche ;<br />

– 1768 : prison pour scandale de mœurs (enlèvement et<br />

torture d’une femme) ;<br />

– 1771 : prison pour dettes ;<br />

– 1772 : prison au fort de Moilans pour l’affaire de l’orgie<br />

marseillaise (il avait drogué quatre prostituées) ;<br />

– 1777-1790 : à Vincennes, la Bastille et Charenton ;<br />

– 1801 : à Sainte Pélagie, puis Bicêtre, pour pornographie.<br />

4. Nom et dates de naissance et de mort, comme sur<br />

une stèle funéraire.<br />

5. Bâtiment à l’arrière-plan : la Bastille. Épisode de la<br />

prise de la Bastille le 14 juillet 1789 => pour marquer<br />

l’attachement de Sade à la liberté.<br />

Question de synthèse et recherche<br />

6. a. Lien entre les Lumières et la Révolution : même<br />

volonté de libérer le peuple, mêmes idéaux quant aux<br />

valeurs de la Déclaration des droits de l’homme et du<br />

citoyen => bourgeois révolutionnaires scandant les<br />

noms de Voltaire et de Rousseau au moment des manifestations.<br />

b. Sade est interné à l’asile de Charenton au moment<br />

des troubles => distance, regard désabusé ? Il ne s’est<br />

pas caractérisé par son amour du peuple, mais par une<br />

fierté de classe paradoxalement opposée au pouvoir de<br />

la monarchie et de la religion, responsables selon lui<br />

de l’emprisonnement de l’individu.<br />

Prolongement : commenter la citation de Sade qui,<br />

telle une prédelle, se trouve sous le portrait. Activité<br />

TICE : visionner la vidéo sur l’exposition « La Bastille<br />

ou l’Enfer des vivants » (durée : 5 minutes) sur le site<br />

de la BNF : http ://www.bnf.fr/fr/evenements_et_<br />

culture/expositions_videos/a.video_bastille.html<br />

97


Histoire des arts ➜ p. 180<br />

La représentation du sauvage<br />

98<br />

Questions<br />

1. Effets de symétrie à l’arrière-plan : murs des cases<br />

de chaque côté, en haut, à gauche et à droite, avec les<br />

lignes de la façade = lignes parallèles à la verticalité de<br />

la case centrale avec une porte au centre.<br />

Même effet au premier plan : par rapport au feu et au<br />

grill => un axe médian vertical se trace : personnages<br />

en nombre quasi égal de chaque côté du feu, volutes de<br />

fumée donnant aussi une impression d’équilibre.<br />

Personnage étonné, levant les bras, devant l’arrièreplan<br />

= élément intégré dans la diagonale qui relie les<br />

femmes dévoratrices du premier et du deuxième plan<br />

à gauche. Vue en perspective suivant les montants du<br />

grill : à gauche, les femmes, et à droite, les hommes et<br />

les enfants.<br />

Remarque : pas d’individualisation. Les hommes<br />

arborent tous la même calvitie.<br />

2. Photographe américain : Edward Sheriff Curtis<br />

(1868-1952), qualifié d’encyclopédiste de la mémoire<br />

indienne, avec ses 40 000 photographies dont le but<br />

était de sauver de l’oubli les 80 tribus indiennes de<br />

l’Amérique du Nord.<br />

Son œuvre, The North American Indian, compte<br />

20 volumes réunissant 2 500 photographies.<br />

Pistes pour le commentaire de toute photographie de<br />

Curtis :<br />

– regard admiratif du photographe, respect ;<br />

– travail d’ethnologue : habits traditionnels, scènes<br />

folkloriques ;<br />

– souci artistique : ton sépia, grain apparent, résultat<br />

proche du dessin.<br />

Activité TICE : consulter le site officiel : http ://memory.<br />

loc.gov/ammem/award98/ienhtml/curthome.html<br />

exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 182<br />

RevoiR<br />

1 La tolérance religieuse<br />

D. Diderot, Encyclopédie<br />

1. Diderot s’implique dans le texte en donnant son point<br />

de vue :<br />

– un zèle aveugle et inconsidéré (l. 5-6), des hommes<br />

assez aveugles ou assez impudents (l. 14), la plus<br />

funeste démarche (l. 15-16), mauvais citoyens (l. 20) :<br />

connotation péjorative des adjectifs => jugement<br />

négatif de Diderot ;<br />

– conditionnels devrait (l. 23) et verrait (l. 27) utilisés<br />

pour présenter des propositions à la fin du texte.<br />

=> texte argumentatif indigné des causes de l’exil protestant<br />

à la suite de la révocation de l’édit de Nantes.<br />

2. Les protestants sont présentés comme des victimes<br />

par le champ lexical de l’oppression : Réfugiés (l. 1), forcés<br />

(l. 3), persécutions (l. 5), persécutant (l. 17), sacrifiés<br />

(l. 19), persécuteur (l. 23).<br />

Ce sont des hommes utiles à la nation, comme le souligne<br />

l’emploi du champ lexical de l’efficacité : citoyens<br />

(l. 8), sujets utiles (l. 12), hommes industrieux (l. 19) et<br />

énumération laudative des arts, des talents et des ressources<br />

(l. 8-9).<br />

3. Origine de l’intolérance religieuse = influence de la<br />

cour sur Louis XIV : vues intéressées et ambitieuses de<br />

quelques mauvais citoyens (l. 19-20).<br />

4. Risques de censure, d’emprisonnement ➜ synthèse,<br />

p. 179.<br />

aPPRofondiR<br />

2 L’éducation des enfants<br />

J.-J. Rousseau, Émile ou De l’éducation<br />

1. Éducation traditionnelle : protection de l’enfant pour<br />

lui éviter tout désagrément.<br />

Éducation selon Rousseau : confronter l’enfant aux difficultés<br />

pour le fortifier.<br />

Confrontation des deux thèses : Faire au dehors ce<br />

qu’elle fait au dedans, c’est, selon vous, redoubler le<br />

danger ; et au contraire c’est y faire diversion (l. 18-20).<br />

Thèse de Rousseau : on risque moins à les employer<br />

qu’à les ménager (l. 23-24).<br />

2. a. Il s’adresse aux pédagogues :<br />

– pronom vous (l. 16, 17, 19…) associé à des verbes<br />

ou des noms rappelant l’éducation : corriger (l. 16),<br />

ouvrage (l. 17), etc. ;<br />

– pronom on (l. 22-23) ayant valeur de nous, Rousseau<br />

fait partie du groupe ;<br />

– mode impératif : Observez, suivez (l. 1), Exercez-les<br />

(l. 24).<br />

b. Questions rhétoriques = appels énergiques au<br />

changement => invitent les pédagogues à remettre en<br />

question leur opinion. La forme interro-négative (l. 16)<br />

accentue cet effet.


3. Petite enfance = succession de maux et de dangers :<br />

– énumération des infections et des maladies qui<br />

aguerrissent l’enfant (l. 5-10) ;<br />

– métaphore hyperbolique : Presque tout le premier<br />

âge est maladie et danger (l. 10-11).<br />

3 L’éducation des femmes<br />

P. Choderlos de Laclos, De l’éducation des femmes<br />

1. a. Thèse : les femmes ont les moyens d’être les<br />

égales des hommes, à condition de se révolter contre le<br />

système qui les a assujetties : nées compagnes de<br />

l’homme, vous êtes devenues son esclave (l. 5-6).<br />

b. Statut de la femme en 1783 :<br />

– faible, fragile : En général elle est bien moins forte<br />

que l’homme, moins grande, moins capable de longs<br />

travaux (Voltaire, Dictionnaire philosophique, article<br />

« Femme ») ;<br />

– inférieure à l’homme : elle reste au foyer, elle n’occupe<br />

aucune fonction sociale ou politique : Ô femmes,<br />

Vous êtes des enfants bien extraordinaires ! (Diderot,<br />

Sur les femmes)<br />

2. Force de conviction du discours exprimée par :<br />

– l’apostrophe initiale et les impératifs = captatio<br />

benevolentiae ;<br />

– le pronom vous indiquant que les femmes se sentent<br />

concernées (l. 5, 7, 10…) ;<br />

– les phrases interrogatives appelant la femme à réfléchir<br />

précisément sur son sort (l. 24-25, 27, 29).<br />

3. Italiques = provocation de l’auteur, mise en évidence<br />

de ce qui restera le sort des femmes tant qu’elles ne<br />

réagiront pas énergiquement.<br />

éCRiRe<br />

4 La peine de mort<br />

Sade, La Philosophie dans le boudoir<br />

1. Thèse = il faut abolir la peine de mort : on doit<br />

anéantir la peine de mort (l. 1-2).<br />

Argument = la peine de mort n’est pas dissuasive : on<br />

le commet chaque jour aux pieds de l’échafaud (l. 3-4).<br />

2. Le pronom on (l. 1, 3, 4) à valeur de nous, car l’auteur<br />

se sent aussi concerné que ses contemporains.<br />

3. Métaphore filée des mathématiques : calcul (l. 5),<br />

moins (l. 8), un (l. 8), deux (l. 9), arithmétique (l. 10)<br />

=> aspect visuel du raisonnement pour insister sur la<br />

valeur inopérante de la peine de mot, selon Sade.<br />

4. Écriture d’invention. Arguments contre la peine de<br />

mort :<br />

a. loi = mesure trop froide pour juger un acte passionnel<br />

(Sade).<br />

b. peine de mort = nouveau crime (Sade).<br />

c. la justice n’a rien à voir avec la loi du talion ➜ Robert<br />

Badinter, p. 156).<br />

d. la justice doit éduquer et non éliminer (Robert<br />

Badinter).<br />

– forme : discours<br />

– registre : polémique<br />

Exemple de début de discours :<br />

Le 9 octobre 1981, la France promulguait une loi<br />

pour abolir la peine de mort. Qu’en est-il de notre<br />

pays aujourd’hui ?<br />

99


100<br />

Textes<br />

● Voltaire, Candide (1759) ou Zadig (1747) : les<br />

pérégrinations de deux héros naïfs.<br />

● Diderot, Jacques le Fataliste et son maître (posth.<br />

1796) : un voyage sans véritable destination, occasion<br />

d’une réflexion sur la société et le rapport<br />

maître-valet.<br />

● J. Giraudoux, Supplément au voyage de Cook<br />

(1935) : pièce en un acte qui raconte la rencontre<br />

entre M. Banks, ambassadeur de Cook, et les Tahitiens<br />

représentés par Outourou.<br />

● M. Launay et G. Mailhos, Introduction à la vie<br />

littéraire du xviii e siècle (1984) : suggestions de<br />

lectures sur différents thèmes (religion, politique,<br />

science…).<br />

● J.-J. Tatin-Gourier, La Littérature française du<br />

xviii e siècle (1999) : présentation par périodes et par<br />

auteurs, qui permet de percevoir la richesse de la<br />

littérature des Lumières.<br />

● A. et C. Horcajo, La Question de l’altérité du<br />

xvi e siècle à nos jours (2000) : textes complémentaires<br />

accessibles aux élèves.<br />

Texte du DVD-Rom<br />

● La Bruyère, Les Caractères, livre IX, « Des grands »<br />

(1688)<br />

Films<br />

● J.-D. Verhaeghe, La Controverse de Valladolid<br />

(1992) : la question de l’humanité des Indiens<br />

d’Amérique inspiré du livre de J.-C. Carrière, scénariste<br />

du film.<br />

Prolongements<br />

● K. Costner, Danse avec les loups (1990) : la vie<br />

de John Dunbar, un lieutenant nordiste, chez les<br />

Indiens.<br />

● P. Leconte, Ridicule (1996) : les mœurs de la cour.<br />

Images<br />

● Exposition de la BNF : http ://expositions.bnf.fr/<br />

lumieres/index.htm<br />

Image du DVD-Rom<br />

● Frontispice de l’Encyclopédie… (1751-1772)<br />

Activité<br />

● Écriture d’invention<br />

Première étape : chaque élève rédige l’article d’un<br />

dictionnaire consacré aux combats des Lumières<br />

pour lesquels il faut encore lutter aujourd’hui, de<br />

manière à obtenir quasiment une entrée par lettre<br />

de l’alphabet.<br />

Consigne : article polémique à la manière de Voltaire<br />

➜ p. 170 ou de Diderot ➜ p. 182 qui prônera<br />

les valeurs de la tolérance et de l’égalité entre les<br />

hommes.<br />

Ex. : amitié, banlieue, beauté, bêtise, bien, égalité,<br />

fanatisme, guerre, racisme, tolérance…<br />

Deuxième étape : les élèves lisent l’ensemble du<br />

dictionnaire et chacun rédige une préface pour<br />

justifier les choix et expliquer les difficultés et les<br />

apports de cette entreprise collective.<br />

Remarques :<br />

1. Projet collectif à mener tout au long de la<br />

séquence.<br />

2. Il est possible d’envisager ce prolongement dans<br />

le cadre de l’enseignement d’exploration « Littérature<br />

et société ».


C H A P I T R E<br />

3<br />

Texte1 Texte A. de Lamartine,<br />

Méditations poétiques,<br />

« Le lac » ➜ p. 186<br />

Objectif : Étudier le début d’un poème constituant<br />

l’acte de naissance de la poésie romantique.<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Le poète s’adresse au lac avec :<br />

– l’apostrophe du vers 5 (Ô lac !), l’injonction du vers 7<br />

(Regarde !) et la question du vers 13 (Un soir, t’en<br />

souvient-il ?) ;<br />

– la 2e personne du singulier (v. 8, 9, 10, 11, 13, 16).<br />

=> le lac est donc personnifié.<br />

2. nous (v. 3) = l’ensemble des hommes => valeur générale.<br />

nous (v. 13) = le couple formé par le poète et la<br />

femme aimée => sphère intime.<br />

Mise au point<br />

3. Une diérèse sur har/mo/ni/eux pour obtenir l’hexasyllabe<br />

=> fonction expressive qui étire le mot afin de créer<br />

une harmonie sonore.<br />

Analyse<br />

4. Le poète désire suspendre le cours du temps. Ce souhait<br />

est exprimé dans une métaphore filée :<br />

– l’océan des âges (v. 3) = l’éternité ;<br />

– toujours poussés vers de nouveaux rivages (v. 1),<br />

emportés sans retour (v. 2) => fatalité du passage du<br />

temps ;<br />

– l’ancre (v. 4) = fixation, fin du flux temporel.<br />

5. La coupe principale du vers 7 se situe à la césure, juste<br />

après l’adjectif seul => mise en valeur de la solitude du<br />

poète.<br />

La poésie, du romantisme<br />

au symbolisme<br />

➜ Livre de l’élève, p. 184<br />

sÉQuEnCE 9<br />

Romantisme et lyrisme amoureux<br />

➜ Livre de l’élève, p. 185<br />

La coupe secondaire dans le premier hémistiche du vers<br />

correspond à la fin de l’injonction Regarde ! => mise en<br />

évidence de la communication avec le lac.<br />

6. Répétition de l’adverbe ainsi : avant la césure du vers 9<br />

et deux fois en anaphore aux vers 10 et 11<br />

=> permanence du lac.<br />

Assonances en [i] (mugissais, ainsi, brisais, déchirés,<br />

pieds) et en [y] (tu, mugissais, sur, écume) => sonorités<br />

aiguës connotant la violence et la sauvagerie.<br />

7. L’ouïe : en silence (v. 13), On n’entendait (v. 14), le bruit<br />

des rameurs (v. 15), frappaient en cadence (v. 15) = atmosphère<br />

de recueillement dans laquelle baigne le couple =><br />

définition métaphorique de la poésie lyrique, invitation à<br />

écouter la musique du poème.<br />

Question de synthèse<br />

8. Registre élégiaque = nostalgie face au temps qui passe<br />

et à la disparition des êtres chers.<br />

Champ lexical du temps et du souvenir : la nuit éternelle<br />

(v. 2), l’océan des âges (v. 3), l’année à peine a fini sa<br />

carrière (v. 5), t’en souvient-il ? (v. 13) => déploration et<br />

refuge dans le souvenir.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Deux grandes sources d’inspiration :<br />

– l’introspection poétique : Méditations poétiques (1820),<br />

Harmonies poétiques et religieuses (1830) ;<br />

– la réflexion sur l’histoire et la politique avec des essais<br />

Sur la politique rationnelle (1831), des biographies de<br />

figures marquantes comme Toussaint Louverture (1840).<br />

10. Travail d’écriture. Pistes pour la partie de commentaire<br />

: un univers romantique.<br />

– 1er § : un homme solitaire (l’homme se parle à lui-même<br />

dans la première strophe, l’adjectif seul mis en valeur à la<br />

césure dans la deuxième strophe, absence de la femme).<br />

101


– 2 e § : le dialogue avec la nature (personnification de la<br />

nature, apostrophe lyrique, injonction).<br />

– 3 e § : un miroir de son état d’âme (caractérisation du<br />

paysage tourmenté, hyperboles).<br />

d’un<br />

À l’autrE 1<br />

102<br />

Texte T. de Viau, Œuvres<br />

poétiques, « La solitude »<br />

➜ p. 188<br />

Objectif : Comparer deux formes de lyrisme.<br />

Questions<br />

1. Le poète est amoureux :<br />

– champ lexical de l’amour (amoureuse flamme, v. 1 ;<br />

Aimera, v. 8 ; aimeront, v. 15 ; la jalousie, v. 24 ; mon<br />

amour et jaloux, v. 27) ;<br />

– métaphore filée du feu pour désigner la passion amoureuse<br />

(nom flamme, v. 1 ; verbes S’embraser, v. 4 et s’enflammer,<br />

v. 14).<br />

2. a. Un cadre naturel, champêtre, parmi les fleuves et les<br />

bois (v. 3), près d’un ruisseau (v. 6).<br />

b. Paysage = comparant qui montre l’intensité du sentiment<br />

amoureux du poète : Je vois les fleuves et les bois /<br />

S’embraser comme a fait mon âme (v. 3-4) => ce paysage<br />

va tomber amoureux de la femme tout comme le poète.<br />

3. Trois indices de l’éloge :<br />

– vocabulaire mélioratif (douce voix, v. 2 ; doigts d’ivoire,<br />

v. 5) ;<br />

– comparaison avec la déesse de l’amour Vénus (v. 12) ;<br />

– mise en scène hyperbolique dans laquelle la nature et<br />

les divinités tombent sous le charme de la femme (les<br />

fleuves et les bois, v. 3 ; Le Dieu qui loge dans cette eau,<br />

v. 7 ; les Faunes, v. 14).<br />

L’objectif est de flatter la femme pour obtenir ses faveurs.<br />

4. La solitude = titre paradoxal => le poète n’est pas<br />

seul, mais en compagnie d’une femme qu’il est en train<br />

de séduire.<br />

5. Ode = poème lyrique destiné à être chanté et qui permet<br />

de célébrer des événements, des personnes ou des<br />

sentiments => La solitude = ode à l’amour et à la femme<br />

aimée.<br />

Vis-à-vis : Lamartine et T. de Viau<br />

6. Les deux poètes n’associent pas l’amour et la nature de<br />

la même manière :<br />

– Lamartine : nature = confidente du poète solitaire,<br />

miroir de sa souffrance.<br />

– T. de Viau : nature = cadre plus euphorique, propice à<br />

l’amour.<br />

7. Élégie et ode = deux formes poétiques au lyrisme distinct,<br />

donc aux effets opposés : élégie = plainte et nostalgie<br />

; ode = enthousiasme et légèreté.<br />

Prolongement : synthétiser ce vis-à-vis sous la forme<br />

d’un tableau récapitulatif (thèmes, sentiments exprimés,<br />

contexte évoqué, registres…).<br />

Le lac<br />

– amour perdu<br />

– sentiment de tristesse,<br />

de mélancolie, nostalgie<br />

– paysage tourmenté<br />

– lyrisme élégiaque<br />

La solitude<br />

– amour à conquérir<br />

– ton galant de la<br />

séduction<br />

– paysage bucolique,<br />

pastoral<br />

– lyrisme serein<br />

= couple de textes qui illustre la nuance entre les<br />

registres lyrique et élégiaque.<br />

ÉtudE d’œuvrE intÉgralE<br />

A. de Lamartine, Méditations poétiques,<br />

« Le lac » ➜ p. 190<br />

Objectif : Étudier une élégie romantique.<br />

pistes d’AnAlyse<br />

1. Le temps et l’amour<br />

a. Champ lexical du temps :<br />

– le nom temps répété sept fois : apostrophe lyrique au<br />

vers 21, allégorie du temps représenté par un oiseau (suspends<br />

ton vol, v. 21), Le temps m’échappe (v. 30), le temps<br />

n’a point de rive (v. 35), personnifications du temps aux<br />

vers 37 (Temps jaloux), 43 (Ce temps qui les donna, ce<br />

temps qui les efface : mise en valeur par le parallélisme)<br />

et 50 (le temps épargne) ;<br />

– apostrophe aux heures propices (v. 21), l’heure fugitive<br />

(v. 33) ;<br />

– dimension tragique du temps (la nuit éternelle, v. 2 ;<br />

l’océan des âges, v. 3 ; passés pour jamais, v. 42 ; Éternité,<br />

néant, passé, sombres abîmes, v. 45) ;<br />

– répétition du nom jour comme un leitmotiv qui fait écho<br />

au mot amour.<br />

=> temps = mouvement, écoulement : le poème est une<br />

déploration face au temps qui fait disparaître trop vite les<br />

moments heureux de l’amour.<br />

b. vers 43-44 : Ce temps qui les donna, ce temps qui les<br />

efface, / Ne nous les rendra plus !


Remarque : le pronom personnel les renvoie aux<br />

moments d’ivresse évoqués au vers 37.<br />

2. La nature et l’amour<br />

Aspect paradoxal du paysage : tourmenté (roches profondes,<br />

v. 9 ; flancs déchirés, v. 10 ; rochers muets !<br />

grottes ! forêt obscure !, v. 49 ; tes orages, v. 53 ; ces noirs<br />

sapins, v. 55 ; ces rocs sauvages, v. 55) mais harmonieux<br />

(Tes flots harmonieux, v. 16 ; Beau lac, v. 54 ; tes riants<br />

coteaux, v. 54 ; les parfums légers de ton air embaumé,<br />

v. 62).<br />

=> paysage = confident et miroir de l’état d’âme du poète,<br />

tableau de l’amour, d’où sa caractérisation contradictoire :<br />

mélange d’euphorie et de souffrance.<br />

3. Le lyrisme et l’amour<br />

Rythmes binaires : vers 33, 35, 43, 51, 53, 55 et anaphore<br />

des vers 61 à 63 => insistance, mise en valeur de l’amour.<br />

Assonance en [ɔ˜] à la neuvième strophe : Aimons, aimons,<br />

hâtons, jouissons, passons => chaîne sonore entre les<br />

verbes d’action.<br />

Assonance en [u] dans l’ensemble du poème => valorisation<br />

des mots clés amour et jour.<br />

Allitération en [m] : demande (v. 29), moments (v. 29),<br />

m’échappe (v. 30), aimons, aimons (v. 33), L’homme<br />

(v. 35), moments (v. 37), amour (v. 38), malheur (v. 40).<br />

Allitération en [k] : lac, carrière (v. 5), cours (v. 22), Coulez,<br />

coulez (v. 26), coule (v. 36), Quoi (trois fois dans la strophe<br />

11), les pronoms relatifs et interrogatifs, ou les tournures<br />

optatives : qui, que, qu’il (en anaphore) => volonté affirmée<br />

d’arrêter le cours du temps.<br />

ActivitÉs complÉmentAiRes<br />

1. Écriture d’invention<br />

Caractéristiques de la production :<br />

– choix d’un paysage en harmonie avec le sentiment<br />

amoureux exprimé : amour heureux dans un paysage<br />

lumineux, euphorique (ex. : une plaine couverte de<br />

fleurs) ; amour malheureux dans un paysage torturé (ex. :<br />

grotte, rochers escarpés, troncs morts, tempête).<br />

– énonciation lyrique : omniprésence de la 1 re personne<br />

associée au champ lexical des sentiments, phrases exclamatives<br />

et interrogatives, apostrophes lyriques au paysage<br />

personnifié.<br />

– langage imagé : métaphores et comparaisons pour<br />

caractériser le paysage ou la femme aimée.<br />

– prose poétique : une anaphore, une gradation pour produire<br />

des effets de rythme, allitérations et assonances.<br />

2. Analyse de corpus<br />

Proposition de corpus :<br />

Texte 1 : P. de Ronsard, Les Amours, « D’une vapeur<br />

enclose sous la terre... » (1552) = poème lyrique de la<br />

Renaissance.<br />

Texte 2 : H. d’Urfé, L’Astrée, « Comparaison d’une fontaine<br />

à son déplaisir » (1607) = poème baroque inséré dans<br />

un roman.<br />

Texte 3 : A. de Lamartine, Méditations poétiques, « Le<br />

lac » (1820) = poème romantique.<br />

Texte 4 : G. Apollinaire, Alcools, « Le pont Mirabeau »<br />

(1913) = poème moderne.<br />

=> motif poétique à travers les mouvements littéraires :<br />

champs lexicaux de l’eau et de l’amour, métaphore de<br />

l’écoulement du temps pour exprimer la souffrance du<br />

poète dont les larmes viennent grossir les flots.<br />

Analyse<br />

d’image<br />

C. D. Friedrich, Homme et<br />

femme contemplant la lune<br />

➜ p. 191<br />

Objectif : Étudier un paysage romantique.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Scène d’intimité : deux personnages formant un couple<br />

uni et complice :<br />

– la femme (sans doute Caroline Friedrich) appuie son<br />

bras droit sur l’épaule gauche de l’homme ;<br />

– l’homme, grand et très droit (le peintre, son mari) apparaît<br />

comme un soutien.<br />

Analyse<br />

2. a. Les principales lignes de force encadrent la lune :<br />

– des horizontales : en bas, le sol et les racines d’un<br />

chêne ; en haut, ses longues branches ;<br />

– des verticales : à gauche, le couple, debout, et d’autres<br />

arbres, en parallèle ; à droite, le tronc d’un chêne, qui<br />

rompt la symétrie par sa position oblique.<br />

Couple et tronc d’arbre = piliers, situés de part et d’autre<br />

de la lune.<br />

b. Regard des personnages tourné vers la lune = attitude<br />

contemplative et sereine soulignée par leur immobilité<br />

=> ils s’intègrent au cadre naturel et invitent l’observateur<br />

du tableau à regarder au loin, sans s’arrêter à leurs<br />

silhouettes.<br />

103


3. a. L’arbre = un chêne, mort et déraciné :<br />

– tronc oblique, courbe et moussu, qui rompt avec la rigide<br />

verticalité des conifères de l’arrière-plan ;<br />

– aspect tortueux des branches, propre aux atmosphères<br />

romantiques.<br />

b. La pleine lune, circulaire, est au centre de la<br />

composition, au croisement des deux diagonales du cadre<br />

(point de fuite). Halo blanc, à sa droite, teintes jaunes et<br />

blanches => lumière intense et valorisation.<br />

c. Fonction symbolique de ce décor naturel :<br />

– arbre déraciné => force virile et mort ;<br />

– lune, source de fécondité => féminité et résurrection.<br />

4. Teintes du tableau :<br />

– forts contrastes : centre lumineux (ciel et lune) ≠ éléments<br />

très sombres qui l’encadrent (rochers, sol, arbres,<br />

cape de l’homme, voile noir de la femme), feuillages des<br />

résineux en demi-teintes ≠ blocs obscurs ;<br />

– rouge uni de la robe, teinte chaude en écho aux tons<br />

roux des herbes du premier plan.<br />

=> harmonie apaisante, malgré la saison hivernale.<br />

Question de synthèse<br />

5. Le clair de lune et la complicité de ces personnages<br />

contemplatifs rappellent le lyrisme romantique :<br />

– éléments métaphoriques : le chêne, une nature tourmentée<br />

et montagneuse ≠ la présence lumineuse du ciel<br />

et de la lune ;<br />

– harmonie de la composition et jeu des couleurs.<br />

= cadre propice à la méditation qui évoque l’univers<br />

de Rousseau, précurseur du romantisme, ou celui de<br />

Senancour.<br />

Prolongement : compléter l’étude de ce tableau par<br />

l’audition d’une œuvre musicale romantique exprimant<br />

un lyrisme délicat et tourmenté, comme le lied<br />

pour chant et piano Waldesgespräch, opus 39 n° 3 de<br />

Schumann, sur un poème d’Eichendorff.<br />

Texte2 Texte A. de Musset, Poésies<br />

nouvelles, « Nuit de<br />

décembre » ➜ p. 192<br />

Objectif : Étudier un poème représentatif du lyrisme<br />

romantique.<br />

104<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. George Sand a mis fin à sa relation avec Musset<br />

=> champ lexical du départ : adieu (v. 21), sépareront<br />

(v. 22) et partez (répété quatre fois, v. 23 et 28).<br />

2. Trois pronoms :<br />

– je (seul pronom dans la première strophe) = le poète<br />

lui-même ;<br />

– tu (à partir du vers 15) = la femme aimée, George Sand,<br />

l’apostrophe faible femme, orgueilleuse insensée (v. 14)<br />

rappelant leur relation tumultueuse ;<br />

– vous (à partir du vers 21) = mise à distance.<br />

Mise au point<br />

3. a. Classe de qui = pronom relatif sans antécédent ;<br />

fonction de qui = sujet du verbe perd.<br />

b. Qui désigne le poète lui-même.<br />

Analyse<br />

4. Champ lexical de la solitude : oubli (v. 6), seul (v. 8),<br />

loin des yeux du monde (v. 8), associé à la comparaison<br />

Comme un plongeur dans une mer profonde (v. 5)<br />

=> impression d’isolement.<br />

Champ lexical de la souffrance : Je me perdais (v. 6),<br />

je pleurais (v. 8), En pleurant (v. 13) et le mal que vous<br />

m’avez fait (v. 27) => la répétition du verbe pleurer à<br />

l’imparfait et au gérondif rend la douleur lancinante.<br />

Le poète = être meurtri par la séparation.<br />

5. a. Alternance du décasyllabe et de l’octosyllabe le long<br />

de chaque neuvain, sauf aux vers 7 et 8 de chaque strophe<br />

où sont couplés deux décasyllabes.<br />

b. Cette hétérométrie souligne le bouleversement du<br />

poète. L’octosyllabe final de chaque strophe crée une<br />

rupture marquant la responsabilité de la femme aimée<br />

dans la séparation.<br />

6. a. Par exemple, les enjambements dans les strophes 3<br />

et 4 => emportement du poète.<br />

Ex. : aux vers 21-22, les deux futurs ont valeur de<br />

prédiction.<br />

b. Phrases exclamatives ou injonctives : Partez, partez<br />

(v. 23), Emportez (v. 24) ou Allez, allez (v. 32) et Jetez<br />

au vent notre amour consumée (v. 34) => véhémence et<br />

colère du poète.<br />

Question de synthèse<br />

7. Une femme insensible mais fragile :<br />

– insensible : métaphore du cœur de glace (v. 23),<br />

orgueilleuse insensée (v. 14), personnification de l’orgueil<br />

satisfait (v. 24) => femme hostile ;<br />

– fragile : faible (v. 14), rythme ternaire avec gradation : tu<br />

languis, tu souffres, et tu pleures (v. 19) => extériorisation<br />

de la tristesse.


=> paradoxe mis en relief : Si tu pars, pourquoi m’aimestu<br />

? (v. 36).<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche<br />

a. Séparation d’avec George Sand en mars 1835, femme<br />

avec laquelle il vécut une passion tourmentée.<br />

b. « Nuit de mai » (1835) ➜ p. 203 ; On ne badine pas<br />

avec l’amour, comédie de 1834.<br />

9. Développement rédigé<br />

Introduction :<br />

Dans « Nuit de mai », Musset écrit « Les plus désespérés<br />

sont les chants les plus beaux ». Cette affirmation<br />

apparaît comme le fruit du mouvement culturel<br />

auquel il appartient, le romantisme, avec le « mal<br />

du siècle », sorte de spleen auquel tout homme de<br />

l’époque semble condamné. Cette formule peut s’appliquer<br />

à « Nuit de décembre ».<br />

Plan détaillé :<br />

1er § : exaltation, source d’inspiration. Ex. : allitération<br />

en [s] (v. 16-18) s’opposant aux occlusives => paradoxe<br />

entre la fragilité de la femme envahie par le chagrin,<br />

et la violence de la rupture : « Pourquoi, grand<br />

Dieu ! mentir à sa pensée ? / Pourquoi ces pleurs, cette<br />

gorge oppressée, / Ces sanglots, si tu n’aimais pas ? »<br />

2e § : souffrance intense et émoi du lecteur => identification.<br />

Ex. : « Qui vous perd n’a pas tout perdu »<br />

(v. 33) = ironie qui fait penser à l’adage « Une de<br />

perdue, dix de retrouvées ! ».<br />

3e § : perfection formelle dans le lexique et la versification.<br />

Ex. : disposition des rimes en ABABCDCCD dans<br />

chaque neuvain = rigueur ; rimes : « oubli » (v. 6) /<br />

« enseveli » (v. 9), « heureux » (v. 2) / « cheveux »<br />

(v. 4).<br />

Conclusion :<br />

L’appréciation de la beauté de ce poème porte donc<br />

sur l’expression d’une sensibilité partagée avec le<br />

lecteur qui tombe sous le charme de la perfection<br />

formelle.<br />

Prolongement TICE : lecture d’extraits de la<br />

Correspondance de George Sand et d’Alfred de Musset<br />

(1904).<br />

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k114938c/<br />

Texte L. Labé,<br />

d’un<br />

À l’autrE 2<br />

Sonnets ➜ p. 194<br />

Objectif : Mettre le romantisme de Musset en relation<br />

avec un poème de la Renaissance.<br />

Questions<br />

1. Trois étapes :<br />

– la rencontre : premier quatrain, verbes reconnus et vis<br />

(v. 4) ;<br />

– l’amour partagé : second quatrain, adverbes fatalement<br />

(v. 5) et ardentement (v. 8) ;<br />

– les conséquences funestes de cette relation : deux tercets,<br />

avec des mots à connotation négative à partir du<br />

vers 11.<br />

2. Au vers 11 :<br />

– conjonction de coordination Mais (v. 11) en tête de<br />

phrase = opposition ;<br />

– question rhétorique (v. 9-10) = annonce du retournement<br />

de situation ;<br />

– vers 11 isolé à la fin du tercet, mais syntaxiquement lié<br />

au deuxième tercet = idée de rupture.<br />

3. Champ lexical de la vue : figure (v. 2), décrite et peinture<br />

(v. 3), reconnus et vis (v. 4), voyant (v. 5) et vois (v. 11)<br />

= sens primordial dans la rencontre amoureuse.<br />

4. Fatalité, vraisemblablement celle d’un mariage arrangé<br />

= cause de la souffrance : champ lexical de la prédiction<br />

(Prédit, v. 1 ; Ciel et destins firent naître, v. 10, et infernaux<br />

arrêts, v. 13) => ce mariage devait avoir lieu sans que le<br />

consentement de la femme ait été demandé.<br />

Remarque : le participe passé Prédit est inversé pour<br />

constituer le premier mot du poème => décision prise<br />

très tôt.<br />

5. Métaphore filée de la tempête : nubileux apprêts (v. 11),<br />

Vents si cruels (v. 12), horrible orage (v. 12) et naufrage<br />

(v. 14) => tonalité lyrique : l’échec de la relation amoureuse<br />

devient un naufrage (v. 14).<br />

Vis-à-vis : Musset et L. Labé<br />

6. a. Situation similaire : la fin d’une histoire d’amour.<br />

b. Musset : sentiment de révolte contre la femme.<br />

Ex. : nombreux impératifs (Partez, v. 23 et 28 ; Allez, v. 32 ;<br />

Jetez au vent, v. 34...) systématiquement en tête de vers.<br />

L. Labé se présente comme une femme à plaindre.<br />

Ex. : modalisateur (Je crois, v. 13) = doute, incertitude ;<br />

1re personne du singulier (m’ourdissaient ce naufrage,<br />

v. 14) en pronom complément.<br />

7. Actions différentes du ciel :<br />

– Musset : interjections (grand Dieu !, v. 16 ou Éternel<br />

Dieu !, v. 35) ; appel à Mère nature, Gaïa (Nature immortelle,<br />

v. 28).<br />

– L. Labé : action effective des dieux, à l’origine de la<br />

105


elation : les destins (v. 10) = les Moires grecques ou<br />

les Parques romaines ; les infernaux arrêts (v. 13), ceux<br />

d’Hadès, dieu grec des enfers.<br />

Prolongement : prendre l’un des deux points de comparaison<br />

(6.b. ou 7.) et rédiger un paragraphe de commentaire<br />

comparé.<br />

Texte G. de Nerval, Odelettes,<br />

3 « Les Cydalises » (texte A)<br />

et « Une allée du<br />

Luxembourg » (texte B)<br />

➜ p. 195<br />

Objectif : Étudier l’expression de la souffrance<br />

amoureuse dans une forme poétique musicale.<br />

106<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. L’évocation de jeunes filles disparues trop prématurément<br />

pour apporter le bonheur au poète.<br />

2. Quatrains dans les deux poèmes, en hexasyllabes (texte<br />

A) ou en octosyllabes (texte B), mètres habituellement<br />

associés à une poésie amoureuse légère.<br />

Mise au point<br />

3. a. qui m’as lui : utilisation inhabituelle du verbe luire<br />

qui est normalement intransitif.<br />

b. Adieu doux rayon, toi qui m’as éclairé.<br />

Analyse<br />

4. Énonciation du poème :<br />

– marques de la 1re personne : texte A (nos amoureuses,<br />

v. 1) ; texte B (au mien, v. 6 ; ma nuit, v. 7 ; ma jeunesse,<br />

v. 9 ; m’as, v. 10) => énonciation personnelle plus marquée<br />

dans le texte B ;<br />

– phrases exclamatives et interrogatives : texte A (v. 1, 4,<br />

8, 9, 10, 16), texte B (v. 8 et 12) ;<br />

– situation de communication : dialogue avec lui-même<br />

(texte A : question du v. 1 / texte B : adverbe de négation<br />

non, v. 9) et avec les jeunes filles absentes (texte A : apostrophes,<br />

v. 9 et 10 ; impératif, v. 16 / texte B : doux rayon…<br />

jeune fille, v. 10-11).<br />

5. Texte A : Et chantent les louanges / De la Mère de<br />

Dieu ! (v. 7-8).<br />

Texte B : À la bouche un refrain nouveau (v. 4).<br />

=> les jeunes femmes sont caractérisées par leur voix,<br />

expression musicale et mystique de leur beauté.<br />

6. Champ lexical de la mort et de la souffrance :<br />

– texte A : au tombeau (v. 2), un séjour plus beau (v. 4,<br />

périphrase désignant le paradis), près des anges (v. 5),<br />

Que flétrit la douleur (v. 12), Flambeaux éteints (v. 15,<br />

métaphore pour désigner les yeux sans vie) ;<br />

– texte B : Elle a passé (v. 1, sens figuré de mourir), ma<br />

nuit profonde (v. 7, métaphore exprimant la souffrance du<br />

poète), finie (v. 9), Adieu (v. 10), il a fui ! (v. 12).<br />

=> approche mélancolique, élégiaque de l’amour.<br />

Question de synthèse<br />

7. Odelette = forme courte de l’ode (strophes courtes, vers<br />

brefs) destinée à être mise en musique, inspiration plus<br />

légère et fantaisiste que l’ode.<br />

– Strophe : quatre quatrains (texte A), trois quatrains<br />

(texte B).<br />

– Vers : hexasyllabes (texte A), octosyllabes (texte B).<br />

– Schéma de rimes croisées.<br />

– Anaphores : texte A (v. 2, 3, 5), texte B (v. 3-4).<br />

– Assonances et allitérations : texte A (allitération en [s],<br />

v. 1-4 ; assonance en [Ã ], v. 5-11) ; texte B (assonance en<br />

[i]).<br />

=> formellement, ces textes correspondent bien à des<br />

odelettes, mais leur thème, élégiaque, n’a rien de léger.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche<br />

a. 1834 : passion dévorante et malheureuse pour l’actrice<br />

et cantatrice Jenny Colon, source d’inspiration des figures<br />

féminines nervaliennes.<br />

1839 : rencontre avec la pianiste Marie Pleyel.<br />

Vers 1850 : aventure avec une petite actrice du théâtre des<br />

Variétés, Esther de Bongars.<br />

b. La poésie est le genre littéraire le plus lié à la musique :<br />

travail sur le rythme, les sonorités. La fascination de<br />

Nerval pour la voix féminine et le chant lyrique n’est donc<br />

pas étonnante.<br />

9. Rédaction d’une analyse de corpus<br />

« Une allée du Luxembourg » // « À une passante » :<br />

– la situation : rencontre d’une passante (« Elle a<br />

passé, la jeune fille », v. 1) // (titre du poème + « Une<br />

femme passa », v. 3) ;<br />

– certaines caractéristiques de la femme : « Vive et<br />

preste » (v. 2) // « Agile et noble » (v. 5) => beauté<br />

physique insaisissable ; « À la main une fleur qui<br />

brille » (v. 3), « doux rayon qui m’as lui » (v. 10) //<br />

« Un éclair » (v. 9) => femme lumineuse qui fait naître<br />

le désir et l’espérance ;<br />

– situation similaire des deux poètes désespérés :<br />

« dans ma nuit profonde » (v. 7), « ma jeunesse est


finie » (v. 9) // « crispé » (v. 6), « puis la nuit ! » (v. 9),<br />

« trop tard ! jamais peut-être ! » (v. 12) ;<br />

– thème de la fuite : « il a fui ! » (v. 12) // « Fugitive<br />

beauté » (v. 9), « où tu fuis » (v. 13) => caractère<br />

éphémère du bonheur amoureux ;<br />

– refuge dans l’irréel : conditionnel présent à valeur<br />

d’irréel (strophe 2) // subjonctif plus-que-parfait à<br />

valeur d’irréel « que j’eusse aimée » (v. 14).<br />

Prolongement : lire une nouvelle de Nerval dans le<br />

recueil des Filles du feu, « Sylvie » (1854), pour étudier<br />

de la prose poétique sur le thème de « la femme<br />

de théâtre ».<br />

Texte Tibulle, Élégies, « L’adieu<br />

d’un<br />

À l’autrE 3<br />

à Délie » ➜ p. 197<br />

Objectif : Comparer une élégie antique et une élégie<br />

romantique.<br />

Questions<br />

1. Première partie (v. 1-16) : le bonheur rêvé. Utilisation<br />

du conditionnel, champs lexicaux du bonheur et de la<br />

nature.<br />

Deuxième partie (v. 17-30) : le retour au réel. Temps passés<br />

de l’indicatif (valeur d’accompli), champ lexical de la<br />

souffrance.<br />

2. a. Énonciation lyrique qui exprime l’intensité du sentiment<br />

éprouvé : omniprésence de la 1re personne du singulier,<br />

phrases exclamatives (v. 11, 12, 30), apostrophes<br />

lyriques (Ô le bonheur, v. 12 ; Ô douces illusions, v. 17 ;<br />

Délie, v. 25).<br />

b. Émotions exprimées : l’amour (v. 1-16), l’amertume et<br />

la mélancolie (v. 17-28), la colère (v. 29-30).<br />

3. Le souhait de noyer son chagrin dans l’alcool est traduit<br />

par la répétition du nom vin (v. 19-20) suivi de la mention<br />

des larmes (v. 20).<br />

4. Comparée à Thétis (v. 27), une divinité marine à la<br />

beauté exceptionnelle, Délie se caractérise par :<br />

– sa beauté physique (Tes jolis bras, ta blonde chevelure,<br />

v. 26) ;<br />

– sa séduction envoûtante (m’avait ensorcelé, v. 24 ; ta<br />

magie, v. 25).<br />

Mais Tibulle n’est hélas pas un nouveau Pélée, il ne parvient<br />

pas à conquérir le cœur de Délie qui part avec un<br />

riche.<br />

5. Le bonheur bucolique transparaît dans le champ lexical<br />

de la nature domestiquée : Je cultivais mes champs (v. 3),<br />

Les grains (v. 4), grappes de raisin (v. 5), le moût clair<br />

(v. 6), mon bétail (v. 7), dieu rustique (v. 9), Des moissons,<br />

de la vigne et du troupeau (v. 10), Les fruits exquis des<br />

arbres (v. 14).<br />

Vis-à-vis : Nerval et Tibulle<br />

6. Caractère illusoire, fugitif du bonheur, avec le champ<br />

lexical de l’éphémère, de la disparition :<br />

– Nerval texte 3 A (Ô jeune vierge en fleur ! / Amante<br />

délaissée, v. 10-11) ; texte 3 B (Elle a passé, v. 1 ; Adieu,<br />

v. 10 ; Le bonheur passait, – il a fui, v. 12) ;<br />

– Tibulle (Ô douces illusions, qu’à présent les vents<br />

chassent, v. 17).<br />

7. Nerval : la nature est soit absente (texte 3 A) soit le<br />

cadre de la rencontre (texte 3 B) ou encore un comparant<br />

pour définir la femme (comme un oiseau, v. 2).<br />

Tibulle : la nature est le cadre indispensable du bonheur<br />

amoureux (champ lexical de la nature).<br />

Prolongement : faire un exposé sur la place occupée<br />

par la nature dans la poésie élégiaque latine.<br />

Histoire des arts ➜ p. 200<br />

Poésie et musique à l’époque romantique<br />

Questions<br />

1. Variation entre la blancheur de la gorge (pudeur, pureté)<br />

et le rose des joues (sensualité féminine) => représentation<br />

du paradoxe féminin, équivalent pictural de<br />

l’oxymore en rhétorique : sensualité de l’innocence, le<br />

feu sous la glace.<br />

2. Exemple du deuxième lied de La Belle Meunière de<br />

Schubert (1823), « Wohin ? ».<br />

Le mouvement continu de doubles-croches au piano<br />

évoque l’écoulement du ruisseau. Le meunier, personnage<br />

du cycle, suit le ruisseau, son compagnon symbolique qui<br />

le conduit au moulin où il découvre la meunière dont il<br />

va se croire amoureux. Un chasseur, son rival, fera son<br />

apparition au milieu de la série de lieder, le poussant au<br />

suicide par noyade.<br />

107


Exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 202<br />

108<br />

RevoiR<br />

1 Paysage romantique<br />

A. de Lamartine, Méditations poétiques, « L’isolement »<br />

1. a. Le coucher du soleil (v. 2) = thème romantique.<br />

b. « Le lac » du même poète et du même recueil (v. 7). Le<br />

soir (v. 13) évoqué dans « Le lac » fait écho au crépuscule<br />

(v. 10) dans « L’isolement ».<br />

2. L’adverbe tristement (v. 2) associé à l’image du voyageur<br />

(dernier quatrain) évoque l’errance, l’instabilité, une<br />

quête inassouvie.<br />

3. Le poète jouit de la beauté sauvage du paysage contemplé<br />

comme l’indiquent :<br />

– les connotations mélioratives du vocabulaire (monts<br />

couronnés, v. 9) ;<br />

– la présence de la lumière avec des métaphores (Et le<br />

char vaporeux de la reine des ombres, v. 11) ;<br />

– la diversité des éléments qui composent le paysage<br />

(tableau changeant, v. 4 ; montagne, v. 1 ≠ plaine, v. 3 ;<br />

lointain obscur, v. 6 – bois sombres, v. 9 ≠ crépuscule –<br />

dernier rayon, v. 10 – étoile, v. 8 ; fleuve, v. 5 ; lac, v. 7…).<br />

Cette méditation esthétique est aussi métaphysique : présence<br />

d’éléments religieux.<br />

4. Champ lexical de la religion : flèche gothique, son religieux,<br />

cloche rustique, saints concerts => la nature relie<br />

le divin (l’église) et l’humain (le voyageur).<br />

La présence d’éléments visuels et sonores accentue le<br />

lyrisme et rattache le poème à l’idéal romantique d’un<br />

art total, faisant appel à tous les sens.<br />

AppRofondiR<br />

2 Romantisme et rêverie mélancolique<br />

C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Paysage »<br />

1. Le soir : à travers les brumes (v. 1), L’étoile (v. 2), la<br />

lune (v. 4).<br />

Au bord d’une fenêtre : la lampe à la fenêtre (v. 2).<br />

En train de contempler le ciel : l’azur (v. 2), firmament<br />

(v. 3).<br />

À partir du vers 6, après la mention des trois premières<br />

saisons (v. 5), le poète envisage de se calfeutrer en hiver<br />

pour s’imaginer dans un univers des Mille et Une Nuits :<br />

mes féeriques palais (v. 8).<br />

2. a. Le poète est en train de contempler le ciel nocturne<br />

(Il est doux […] de voir naître / L’étoile dans l’azur, v. 1-2),<br />

ce qui l’incite à la rêverie (Je verrai, v. 5 ; je rêverai, v. 9).<br />

b. Le futur de l’indicatif permet de se projeter hors du<br />

temps présent, de la réalité quotidienne.<br />

3. Opposition entre le réel et un monde rêvé :<br />

– les brumes (v. 1) s’opposent aux horizons bleuâtres<br />

(v. 9) ;<br />

– la lampe à la fenêtre (v. 2) s’oppose aux féeriques palais<br />

(v. 8) ;<br />

– Les fleuves de charbon (v. 3, métaphore désignant la<br />

fumée des cheminées) s’oppose au paysage idyllique des<br />

vers 10, 11, 12.<br />

=> opposition entre l’intérieur et l’extérieur ; de manière<br />

paradoxale, le poète parvient à s’évader en restant enfermé<br />

dans sa chambre grâce au pouvoir de l’imagination.<br />

4. les brumes (v. 1), son pâle enchantement (v. 4) => peu<br />

de rayonnement, ce qui connote une absence d’énergie,<br />

de créativité ; neiges monotones (v. 6) => l’ennui ; Je fermerai<br />

partout portières et volets (v. 7) => enfermement,<br />

repli sur soi ; des jets d’eau pleurant (v. 10) => la tristesse<br />

: éléments du spleen.<br />

3 Romantisme et prose poétique<br />

F.-R. de Chateaubriand, René<br />

1. La métaphore de la plongée (me plongèrent, l. 1-2)<br />

=> comparé = René, comparant = plongeur, motif commun<br />

= profondeur. Le personnage ne fait plus qu’un avec<br />

la nature.<br />

2. L’exaltation amoureuse (je rougissais subitement,<br />

l. 5-6 ; comme des ruisseaux d’une lave ardente, l. 6-7 ;<br />

je m’élevais sur la montagne, l. 11-12 => mouvement<br />

d’ascension = métaphore de l’exaltation) et la souffrance<br />

(je poussais des cris involontaires, l. 7-8) suscitées par<br />

le spectacle de la nature et la surabondance de vie d’un<br />

jeune homme qui n’a pas encore aimé.<br />

3. a. Des lignes 11 à 15, succession de propositions juxtaposées<br />

qui énumèrent les activités de René : je descendais<br />

(l. 11), je m’élevais (l. 11), je l’embrassais (l. 13), je<br />

croyais l’entendre (l. 14) => volonté de combler le manque<br />

par une activité frénétique résumée dans l’énumération.<br />

b. une flamme future (l. 13), ce fantôme imaginaire (l. 15)<br />

= métaphores pour désigner l’amour à venir de René.<br />

4. Effets de rythme : anaphore de quelquefois (l. 5 et 7)<br />

mettant en place un rythme binaire, anaphore lyrique du<br />

pronom je, répétition de la préposition dans.<br />

Nombreuses assonances et allitérations. Ex. : assonance<br />

en [Ã ] exprimant la souffrance (manquait, l. 9 ; remplir,


l. 10 ; je descendais dans, l. 11 ; appelant, l. 12 ; je l’embrassais<br />

dans les vents, l. 13-14 ; je croyais l’entendre<br />

dans les gémissements, l. 14-15 ; fantôme, l. 15).<br />

Métaphores, comparaison (comme des ruisseaux d’une<br />

lave ardente, l. 6-7), personnifications de la nature (je<br />

l’embrassais dans les vents, l. 13-14 ; les gémissements<br />

du fleuve, l. 14-15).<br />

=> procédés poétiques qui mettent en place le registre<br />

lyrique.<br />

4 Romantisme et influence pétrarquiste<br />

Pétrarque, Canzoniere, « En retournant en Italie »<br />

1. L’allégorie de l’Amour : majuscule, emploi du verbe<br />

confier qui personnifie ce sentiment.<br />

À repérer aussi : fardeau précieux (métaphore et oxymore).<br />

2. Comparant : [le] cerf, frappé d’une flèche, [qui] s’enfuit<br />

emportant dans son flanc le fer envenimé, et souffre<br />

d’autant plus qu’il s’agite davantage.<br />

Outil de comparaison : tel repris anaphoriquement au<br />

début des deux strophes.<br />

Comparé : j’emporte au côté gauche ce trait qui me<br />

consume et me charme pourtant.<br />

=> comparé et comparant sont reliés par le champ lexical<br />

de la blessure, métaphore de la passion amoureuse (côté<br />

gauche = le cœur).<br />

3. Passion amoureuse = sentiment contradictoire :<br />

– oxymores fardeau précieux (l. 4), beau joug (l. 7) ;<br />

– antithèses (éloigne, l. 8 ≠ rapproché, l. 9 ; consume ≠<br />

charme, l. 14) ;<br />

Passion amoureuse = sentiment tragique :<br />

– le poète est incapable de se délivrer de ce qui le fait tant<br />

souffrir (ce beau joug que j’ai plusieurs fois et inutilement<br />

secoué, l. 7-8) ;<br />

– il est dans une impasse : paradoxes (mais, plus je m’en<br />

éloigne, et plus je m’en trouve rapproché, l. 8-9 ; quand<br />

j’ai quitté ces lieux que je ne puis jamais quitter, l. 2-3) ;<br />

– la présence et l’absence sont également insupportables<br />

(et la douleur me fait périr et la fuite m’accable, l. 14-15).<br />

5 Romantisme et souffrance<br />

A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de mai »<br />

1. a. L’omniprésence de la 1re personne du singulier désignant<br />

la muse, comme l’indique l’ouverture du poème :<br />

que je sois (v. 1), c’est moi (v. 4), je voulais (v. 5), j’en<br />

sais (v. 14).<br />

L’interrogation du vers 1 à 3.<br />

Les impératifs : Laisse (v. 8), ne crois pas (v. 11).<br />

Les apostrophes à l’interlocuteur (v. 4 et 11).<br />

b. Interlocuteur : ô poète.<br />

2. Un poète qui n’écrit plus, paralysé par sa douleur : ton<br />

oisiveté (v. 6), Que ta voix ici-bas doive rester muette<br />

(v. 12).<br />

3. Sens figuré : le baiser = inspiration poétique. La muse<br />

donnant un baiser au poète = allégorie du poète retrouvant<br />

l’inspiration et sa créativité.<br />

4. Le champ lexical de la douleur : pleurs (v. 2), tombeau<br />

(v. 2), douleur (v. 3, 6 et 10), le souci (v. 7), cette sainte<br />

blessure (v. 8), Les plus désespérés (v. 13), purs sanglots<br />

(v. 14) => la douleur est la source d’inspiration que doit<br />

cultiver le poète, elle lui permet d’atteindre la grandeur<br />

poétique : sainte (v. 8), grands (v. 10), immortels (v. 14),<br />

sanglots rime avec beaux (v. 13-14) => la beauté est dans<br />

la douleur.<br />

ÉcRiRe<br />

6 Héritage du romantisme<br />

L.-G. Damas, Névralgies, « Quand bien même »<br />

1. La passion amoureuse : passion est un nom issu du<br />

latin ; les premiers sens attestés en français contiennent<br />

l’idée de souffrance. Le verbe aimer et le mot mal sont<br />

répétés et entrelacés, ce qui rappelle la définition de la<br />

passion amoureuse au sens originel du terme.<br />

2. Trois thèmes récurrents associés : l’amour, le mal et le<br />

doute, exprimé par la répétition de l’adjectif sûr, notamment<br />

sous la forme interrogative : en est-ce bien sûr (v. 3,<br />

11).<br />

Un jeu avec les pronoms personnels de l’énonciation : tu<br />

et je.<br />

Un retournement de situation : le poème commence par<br />

une déclaration d’amour (tu sais bien que je t’aime / c’est<br />

sûr, v. 6-7), mais se termine par un reproche, voire une<br />

accusation : toi qui m’aimes mal / c’est sûr (v. 13-14) = le<br />

poète se libère du doute.<br />

Paradoxalement, je et tu se rejoignent à la fin, dans cette<br />

incompréhension de l’autre.<br />

3. La musicalité du poème est liée à :<br />

– l’absence de ponctuation ;<br />

– la brièveté des vers (deux ou trois syllabes, v. 5, 12…) ;<br />

– des répétitions de mots et de sons : des homonymes<br />

(même / m’aimes, c’est / sais), des échos (sûr, bien,<br />

point), des allitérations ([m], [s]), des assonances ([ə],<br />

[a])…<br />

4. Ce poème reprend un thème romantique traditionnel,<br />

la passion amoureuse, mais sa liberté d’écriture évoque<br />

un jeu poétique, à la manière des surréalistes. On note<br />

109


l’absence de référent, comme la nature, et d’effusions<br />

lyriques.<br />

5. Sujet de dissertation<br />

Mots clés : l’héritage romantique de nos jours.<br />

Problématique :<br />

L’esprit du romantisme est-il lié à un contexte historique<br />

précis ou bien est-il encore présent dans notre<br />

littérature ?<br />

Plan détaillé :<br />

– Argument 1 : l’esprit romantique est lié à de grands<br />

bouleversements historiques (fin de la gloire de<br />

Napoléon Ier , révoltes de 1830 et 1848, pour la génération<br />

romantique / crises politiques et économiques,<br />

fin des utopies, pour les générations actuelles).<br />

110<br />

Ex. 1 : la nostalgie d’un passé idéalisé (Nerval, Petits<br />

Châteaux de Bohême, 1853 ; Aimé Césaire, Cahier<br />

d’un retour au pays natal, 1939).<br />

– Argument 2 : la passion amoureuse, avec ses doutes<br />

et ses tourments, est un thème présent chez les romantiques<br />

et dans la littérature contemporaine.<br />

Ex. 2 : A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de<br />

décembre » (1835) ➜ p. 192 / L.-G. Damas, Névralgies,<br />

« Quand bien même » (1966) ➜ p. 203.<br />

– Argument 3 : chez les romantiques, comme chez<br />

les auteurs contemporains, on retrouve la nostalgie<br />

d’une nature préservée, refuge authentique quand la<br />

civilisation apparaît comme frelatée et décevante.<br />

Ex. 3 : A. de Lamartine, Méditations poétiques,<br />

« L’isolement » (1820) ➜ p. 202 / P. Jaccottet, À la<br />

lumière d’hiver (1977).


Textes<br />

l W. Shakespeare, Hamlet (vers 1600) ou Roméo<br />

et Juliette (1597) : une pièce plus ancienne ayant<br />

influencé les romantiques.<br />

l J.W. von Goethe, Les Souffrances du jeune Werther<br />

(1774) : un roman allemand ; Ballades (1787) : un<br />

recueil de poèmes étrangers ; Faust (1808) : une<br />

œuvre théâtrale.<br />

l A. Chénier, La Jeune Captive (1794) : un poème français<br />

à l’origine du romantisme.<br />

l F.-R. de Chateaubriand, René (1802) : un roman<br />

français.<br />

l E. Brontë, Les Hauts de Hurlevent (1847) : un roman<br />

anglais.<br />

l G. de Nerval, Les Filles du feu (1854) : un recueil<br />

de nouvelles.<br />

Textes du DVD-Rom<br />

l M. Desbordes-Valmore, « Je ne sais plus… » (1830) :<br />

poème romantique.<br />

l A. Dumas, Antony (1831) : extrait de drame<br />

romantique.<br />

Images fixes<br />

l J. F. Füssli, Le Cauchemar (1782)<br />

l A.-L. Girodet-Trioson, Les Funérailles d’Atala (1808)<br />

l K.-F. Schinkel, Ville médiévale au bord d’un fleuve<br />

(1815)<br />

l C. D. Friedrich, Le Voyageur au-dessus de la mer<br />

de nuages (1818)<br />

Prolongements<br />

l T. Géricault, Le Radeau de la Méduse (1819)<br />

l E. Delacroix, La Liberté guidant le peuple (1830)<br />

Images du DVD-Rom<br />

l G. F. Kersting, La Brodeuse (1812)<br />

l T. Chassériau, Andromède… (1840)<br />

Films<br />

l P. Weir, Le Cercle des poètes disparus (1989) :<br />

l’histoire d’un cercle secret de poètes amateurs au<br />

xx e siècle, à l’académie Welton, inspirés par leur professeur<br />

de littérature. Évocation de nombreux poètes,<br />

dont l’Américain Walt Whitman (1819-1892).<br />

l J. Campion, Bright Star (2009) : l’histoire d’amour du<br />

jeune poète anglais John Keats, en 1818.<br />

Activités<br />

l Histoire littéraire / recherche. Établissez une<br />

liste chronologique des principaux recueils de poésie<br />

romantique française. Pour chacun d’entre eux,<br />

vous noterez précisément le nom de l’auteur, le titre,<br />

l’année de publication et le titre d’un poème célèbre.<br />

l Lecture cursive : C. Baudelaire, Les Fleurs du mal<br />

(1857).<br />

a. Quelle partie du recueil s’apparente le mieux au<br />

mouvement romantique ? Pourquoi ?<br />

b. Dans la partie « Spleen et Idéal », retenez cinq<br />

poèmes qui relèvent de l’écriture romantique. Dites<br />

quel est le thème de chacun d’entre eux et justifiez<br />

votre choix.<br />

c. Sur quels points les thèmes et l’écriture de ce<br />

recueil s’éloignent-ils de l’esthétique romantique ?<br />

111


sÉQuEnCE 10<br />

Romantisme et engagement<br />

➜ Livre de l’élève, p. 204<br />

112<br />

Analyse<br />

d’image<br />

F. de Goya, Le 2 mai 1808<br />

➜ p. 205<br />

Objectif : Analyser un tableau à visée argumentative<br />

et dénonciatrice.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Mamelouks : en hauteur sur les chevaux, uniformes<br />

caractéristiques (sarouels = pantalons larges de couleur<br />

orangée), turban blanc sur la tête, sabre.<br />

Espagnols : à terre, vêtements du quotidien sombres ou<br />

clairs qui rappellent le cadre urbain, tête nue.<br />

2. À droite, les Mamelouks enserrés par les Espagnols<br />

répartis inégalement : trois Espagnols sur le bord droit<br />

du tableau tandis qu’une foule fait pression sur eux sur<br />

toute la partie gauche.<br />

Les Mamelouks, à cheval, sont surélevés par rapport aux<br />

Espagnols, le haut de leur corps occupe la partie supérieure<br />

de la toile.<br />

Analyse<br />

3. Atmosphère de violence, de combat sanglant : corps et<br />

sang au sol, corps en mouvement d’attaque, armes dressées<br />

et menaçantes.<br />

4. a. Scène d’assassinat d’un Mamelouk par deux<br />

Espagnols : celui de droite blesse le cheval pour l’arrêter<br />

dans sa course et l’autre, le poignard levé, est en train de<br />

renverser le corps du Mamelouk ensanglanté.<br />

b. Les couleurs sombres, marron et noir, dominent => dramatisation<br />

de la masse du peuple espagnol en lutte.<br />

L’orange, l’ocre et le blanc (pantalons et turbans des<br />

mamelouks, chevaux) sont les symboles de l’Orient<br />

exotique.<br />

5. Lignes de force : deux diagonales qui se croisent au<br />

niveau du cœur du Mamelouk qui tombe => effet saisissant<br />

et effrayant du coup de poignard.<br />

Question de synthèse<br />

6. Hommage : masse populaire espagnole en mouvement,<br />

corps dynamiques et engagés dans la lutte, tous les corps<br />

des espagnols sont combatifs ≠ Mamelouks contraints à<br />

fuir : sortie hors du cadre de la toile, ou menacés de mort<br />

(corps renversés).<br />

Dénonciation du pouvoir autoritaire que cherchent à<br />

imposer les Mamelouks, représentants de la puissance<br />

française ; supériorité flagrante symbolisée par les<br />

chevaux.<br />

Prolongement : analyser le deuxième tableau de<br />

F. de Goya, Le 3 mai 1808 (1814) en soulignant la continuité<br />

avec le précédent : après l’insurrection, la répression<br />

du peuple espagnol.<br />

Texte1 Texte V. Hugo, Les Orientales<br />

➜ p. 206<br />

Objectif : Étudier un poème engagé sur le thème de la<br />

guerre.<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Répétition du nom Chio en anaphore (v. 2-4), Les Turcs<br />

ont passé là. Tout est ruine et deuil (v. 1), Tout est désert<br />

(v. 7), près des murs noircis (v. 7), le grand ravage (v. 12)<br />

= images qui renvoient à la guerre qui a ravagé le peuple<br />

et le paysage grecs.<br />

2. L’utilisation de l’imparfait sert à décrire le paysage de<br />

Chio avant l’invasion : ombrageaient (v. 3), reflétait (v. 4).<br />

Le passé composé : ont passé (v. 1), faisant référence au<br />

passé récent ayant des conséquences dans le présent, la<br />

désolation est exprimée au présent (v. 1-2) => opposition<br />

entre un temps de bonheur passé et révolu, et un temps<br />

présent de ruine due au passage des Turcs.<br />

Mise au point<br />

3. Alexandrins (v. 1-2, 4-5) et octosyllabes (v. 3, 6)<br />

=> rupture et déséquilibre. En même temps, cohérence de<br />

cette diversité :<br />

– alexandrin souvent lié au registre épique, ici le contexte<br />

de guerre ;<br />

– octosyllabe, vers lyrique, ici la présence de l’enfant.


Analyse<br />

4. L’enfant : aux yeux bleus, assis (v. 8), tête humiliée (v. 9)<br />

=> innocence, quiétude, douceur mais aussi désespoir.<br />

Sa situation est comparée à celle de la nature : blanche<br />

aubépine (v. 11) => vie, espoir de survie après le drame.<br />

Tous les deux sont opposés aux ruines qui les entourent :<br />

désert, murs noircis (v. 7), grand ravage (v. 12).<br />

5. Champ lexical de la guerre : Tout est ruine et deuil (v. 1),<br />

Tout est désert (v. 7), murs noircis (v. 7), le grand ravage<br />

(v. 12), du fer (v. 22), de la poudre et des balles (v. 36).<br />

Champ lexical de la nature : blanche aubépine (v. 11), une<br />

fleur (v. 11), feuilles sur le saule (v. 24), lys (v. 26), fruit du<br />

tuba (v. 28), arbre si grand (v. 28).<br />

=> ravage de la guerre mais espoir d’une nature renaissante<br />

résumée dans le rapprochement de la fleur et<br />

de l’enfant au vers 11 : une fleur, comme lui. Fleur en<br />

contraste avec l’environnement détruit : Dans le grand<br />

ravage oubliée (v. 12).<br />

6. Éléments merveilleux : lys, bleu (v. 26), bel oiseau des<br />

bois (v. 31), l’oiseau merveilleux (v. 34).<br />

Éléments exotiques : Les Turcs (v. 1), Chio, l’île des vins<br />

(v. 2), Iran (v. 27), fruit du tuba (v. 28).<br />

=> cadre oriental et atmosphère de conte pour solliciter<br />

l’imagination du lecteur et souligner l’horreur de la guerre<br />

dans un cadre aussi enchanteur.<br />

7. Adresse directe à l’enfant à partir de la troisième<br />

strophe : déterminants possessifs de la 2e personne (tes<br />

yeux bleus, v. 14 ; ta tête blonde, v. 18), pronoms personnels<br />

de 2e personne (tu, v. 19, 31, 34 ; te, v. 19) et phrases<br />

interrogatives avec l’anaphore Que veux-tu (v. 19-34) qui<br />

révèle l’incongruité de la présence de l’enfant dans ce<br />

paysage désolé.<br />

8. Effet de surprise et choc du lecteur : figure de l’enfant<br />

qui se confond avec celle d’un guerrier = image terrifiante<br />

et pessimiste de l’enfant-soldat.<br />

Question de synthèse<br />

9. Dénonciation de l’inhumanité de la guerre, de ses<br />

conséquences sur l’homme et la nature. Poésie engagée<br />

qui prend parti pour le peuple grec = image valorisante<br />

de la ville soulignée par l’anaphore de son nom : Chio (v. 2,<br />

3, 4), et accuse les Turcs directement : Les Turcs ont passé<br />

par là. Tout est ruine et deuil (v. 1), renforcé par l’absence<br />

de coordination (asyndète), et les expressions qui ouvrent<br />

la deuxième strophe : Tout est désert (v. 7), et la troisième<br />

strophe : Ah ! pauvre enfant (v. 13) mettent l’accent sur le<br />

ravage à la fois géographique et humain.<br />

Pour aller plus loin<br />

10. Iconographie<br />

a. Composition du tableau de Delacroix :<br />

– premier plan : hommes et femmes grecs ainsi que le<br />

Turc à cheval ;<br />

– second plan : formes indistinctes d’hommes, village en<br />

flammes ;<br />

– arrière-plan : vue d’ensemble sur les ruines fumantes<br />

et le paysage de l’île = cadre du drame.<br />

Description des personnages :<br />

– Grecs à moitié dévêtus, à terre, dévastés et implorants ;<br />

– corps mort d’une femme à droite avec son enfant nu<br />

sur elle ;<br />

– visages aux expressions désespérées, apeurées, voire<br />

implorantes ;<br />

– Grecs caractérisés par des couleurs claires : blanc, ocre,<br />

bleu, orange ≠ Turc à cheval, aux couleurs sombres : marron,<br />

noir.<br />

b. La destruction du village par les flammes à l’arrièreplan<br />

: murs noircis (v. 7), grand ravage (v. 12).<br />

L’attitude des personnages du tableau : celle de l’enfant<br />

du poème, assis (v. 8), qui Courbait sa tête humiliée (v. 9).<br />

11. Entraînement au commentaire<br />

Partie I. Un poème fondé sur l’opposition entre la<br />

guerre et la nature<br />

1er § : image de la guerre et de la nature (réponse à<br />

la question 5).<br />

2e § : contraste souligné par l’image de l’enfant et de<br />

la fleur (question 4).<br />

3e § : utilisation du merveilleux et de l’exotisme pour<br />

renforcer le contraste avec l’horreur de la guerre<br />

(question 6).<br />

Partie II. Un poème engagé<br />

1 er § : engagement du poète contre la guerre et ses<br />

ravages : vocabulaire de la dévastation (question 9).<br />

2 e § : contraste entre l’innocence présumée de l’enfant<br />

à lire dans les questions posées par le locuteur et la<br />

chute du poème (question 8).<br />

3 e § : choix d’un camp avec la condamnation explicite<br />

des Turcs au vers 1 = engagement politique propre à<br />

la poésie romantique.<br />

Prolongement : lire et commenter « Le dormeur du<br />

val » (1870) d’Arthur Rimbaud, poème consacré aux<br />

ravages de la guerre franco-prussienne de 1870, avec<br />

une chute tout aussi surprenante que chez Hugo.<br />

113


d’un<br />

À l’autrE 1<br />

114<br />

Texte J. Prévert, Paroles,<br />

« Chasse à l’enfant »<br />

➜ p. 208<br />

Objectif : Analyser un poème moderne engagé<br />

sur le thème de l’enfance.<br />

Questions<br />

1. Champ lexical de la chasse : meute (v. 7, 19), chasse (v. 8,<br />

20), bête traquée (v. 14), chasser (v. 21), permis (v. 21), tire,<br />

coups de fusil (v. 26), bredouilles (v. 29) => dimension<br />

bestiale et inhumaine de la scène.<br />

2. Étape 1 : plongée directe dans la chasse à l’enfant, au<br />

présent (v. 1-8).<br />

Étape 2 : rappel des faits au plus-que-parfait : avait dit,<br />

avaient brisé, avaient laissé (v. 9-11).<br />

Étape 3 : poursuite obstinée de la chasse à l’enfant, au<br />

présent : galope, galopent, fait, nage, tire (v. 12-26).<br />

Étape 4 : avenir incertain de l’enfant, au futur : rejoindrastu<br />

(v. 27-33).<br />

3. a. Mètres de 7 à 10 syllabes, relativement courts et<br />

répétitions expressives des termes exclamatifs => rythme<br />

vif.<br />

Gradation dans le nombre de vers = rendre le récit de<br />

chasse plus intense, dramatique.<br />

b. Effets propres à la chanson :<br />

– répétitions sous forme de refrain : Bandit ! Voyou !<br />

Voleur ! Chenapan ! (v. 1, 4, 6, 12, 18, 27, 30), vers 7 et 8<br />

répétés aux vers 19 et 20 ;<br />

– encadrement du poème par la répétition des vers 2 et 3<br />

à la fin aux vers 32 et 33 ;<br />

– répétition du même groupe de mots au vers 31 :<br />

Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent.<br />

4. a. Métaphore : meute ≠ les honnêtes gens => bestialité<br />

: adultes = chiens enragés qui chassent l’enfant<br />

(le faon).<br />

b. Relation autoritaire, brutale et destructrice, confirmée<br />

par l’image des mauvais traitements, voire de la torture<br />

(v. 10-11).<br />

5. Exclamation, seule ponctuation du poème = expressivité,<br />

révolte => ton ironique car ce sont les paroles<br />

prononcées par les adultes malveillants, propos que le<br />

poète rejette.<br />

Vis-à-vis : Hugo et Prévert<br />

6. Portrait choquant de l’enfance, menacée par la brutalité<br />

des hommes brimant leur liberté et détruisant leur<br />

innocence. Enfants = victimes impuissantes de l’homme,<br />

mais chacun à sa manière cherche à se révolter : fuite<br />

pour l’enfant du poème de J. Prévert, les armes pour celui<br />

du poème de V. Hugo. Le premier refuse le monde adulte<br />

hostile, tandis que le second aspire à y entrer.<br />

7. Procédés de l’engagement :<br />

– antithèses frappantes et chute inattendue chez V. Hugo<br />

(questions 5 et 8) ;<br />

– ironie, répétitions et champ lexical de la chasse chez<br />

J. Prévert (questions 1, 3 et 4 a).<br />

Prolongement : écouter et analyser la mise en musique<br />

du poème par Joseph Kosma.<br />

Texte2 Texte A. de Lamartine,<br />

Recueillements poétiques,<br />

« Épître à Félix<br />

Guillemardet » ➜ p. 210<br />

Objectif : Analyser un poème romantique consacré à<br />

la fonction et l’engagement du poète.<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Mention du lieu et de la date d’écriture : Saint-Point,<br />

15 septembre 1837.<br />

Apostrophe initiale : Frère (v. 1) => destinataires = à la<br />

fois Félix Guillemardet, désigné par cette apostrophe<br />

familière, et tous les hommes, les lecteurs.<br />

2. Champ lexical du chant et de la voix : j’écoutais mon<br />

âme / Se plaindre et soupirer (v. 1-2), sa propre voix (v. 3),<br />

chants de deuil (v. 4), ma lyre intérieure (v. 4), un écho<br />

qui pleure (v. 5), cri (v. 12, 21), J’ai crié (v. 20), à voix trop<br />

haute (v. 20), retentir (v. 35), son qui vibre (v. 35), métal<br />

retentissant (v. 36). Entremêlement de soupirs, de cris et<br />

de chants : la plainte se mue en poème lyrique.<br />

Mise au point<br />

3. Repères temporels : le temps n’est plus (v. 1), Jeune<br />

(v. 19), Puis (v. 25), plus tard (v. 26), Alors (v. 31 et 37)<br />

=> évolution du passé révolu où le poète n’écoutait que<br />

ses douleurs, au moment présent où il exprime les malheurs<br />

de son prochain.<br />

Analyse<br />

4. Jeunesse, qui appartient à un passé révolu ≠ temps<br />

présent qui marque une prise de conscience et une évolution<br />

dans la pensée et la sensibilité du poète. Rupture<br />

= Puis (v. 25).


5. Passage d’une poésie lyrique et intime, centrée sur<br />

le Moi du poète, à une poésie engagée au nom de tous<br />

les hommes. Antithèses : Je resserrais (v. 9) / S’est élargi<br />

(v. 26), égoïsme étroit (v. 10) / ouverte aux plaintes de la<br />

foule (v. 29), La douleur en moi seul (v. 11) / toutes les<br />

douleurs (v. 30).<br />

6. a. Il s’identifie progressivement au Christ, avec la mention<br />

des frères (v. 26), puis du linceul (v. 28), de la pitié<br />

(v. 31), de la sueur (v. 33), du sang (v. 33), du divin mystère<br />

(v. 37), de la croix (v. 39), du cri du Golgotha (v. 40) => il<br />

porte en lui la souffrance de tous les hommes. Image du<br />

sacrifice nécessaire pour sauver l’humanité.<br />

b. Dans l’être universel au lieu de me répandre (v. 7), Ne<br />

jetait à Dieu que mon cri (v. 12), Que j’étais à moi seul le<br />

mot du grand mystère (v. 16) = amorces de l’identification<br />

au Christ, de la notion de sacrifice. Connotation chrétienne<br />

de l’essentiel du vocabulaire, dès le vers 1 : Frère et âme.<br />

7. l’humanité (v. 42) :<br />

– connotation philosophique : poète = porte-parole de<br />

l’humanité ;<br />

– connotation religieuse : poète = Messie, sens confirmé<br />

par la mention christique de l’agonie au v. 41.<br />

Question de synthèse<br />

8. Le poète doit écouter les hommes et le monde pour s’en<br />

faire le porte-parole, il doit parler au nom de tous, utiliser<br />

son art et son talent au service de la souffrance humaine :<br />

Puis mon cœur, insensible à ses propres misères, / S’est<br />

élargi plus tard aux douleurs de mes frères (v. 25-26),<br />

L’âme d’un seul, ouverte aux plaintes de la foule, / A<br />

gémi toutes les douleurs (v. 29-30), Pour exprimer l’humanité<br />

(v. 42).<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Engagement politique, Lamartine, fervent<br />

légitimiste, s’engage dans la révolution de juillet 1830 :<br />

Ode à Némésis (1831), Ode sur les révolutions (1831).<br />

10. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– codes de la lettre (lieu, date, adresse au destinataire,<br />

marques de la 1re personne, formules de politesse, signature)<br />

; destinataire donné par le sujet : un membre, voire<br />

le rédacteur en chef, de la revue littéraire, emploi de la 2e personne du pluriel, formules de politesse ;<br />

– contenu argumentatif : proposer des arguments précis<br />

et développés et des exemples pour les justifier ;<br />

– thème de la lettre : engagement du poète. Souligner<br />

l’utilité de la poésie dans la vie de l’homme grâce à sa<br />

portée politique, sociale ou philosophique.<br />

Élargir le spectre des exemples : pas seulement la poé-<br />

sie engagée de Lamartine ou de Hugo, mais aussi celle<br />

d’Eluard, de Prévert et de Vian contre la guerre, par<br />

exemple.<br />

Prolongement : lire le poème de V. Hugo, « Fonction<br />

du poète » premier poème du recueil Les Rayons et les<br />

Ombres (1835) pour déterminer les différentes fonctions<br />

du poète.<br />

Texte L. Aragon, La Diane<br />

d’un<br />

À l’autrE 2<br />

française, « La rose<br />

et le réséda » ➜ p. 212<br />

Objectif : Analyser un poème engagé sur la Résistance.<br />

Questions<br />

1. Entremêlement des temps verbaux avec des effets de<br />

refrain :<br />

– imparfait : adoraient (v. 3), montait (v. 5), guettait (v. 6),<br />

étaient (v. 15), disaient (v. 17) => présentation des personnages,<br />

l’un athée, l’autre croyant unis autour d’un combat<br />

commun pour libérer la France ;<br />

– présent : chancelle (v. 29), tombe (v. 30), sont (v. 33),<br />

gèle (v. 35), préfèrent (v. 36), est (v. 39), font (v. 40), vient<br />

(v. 41), Passent (v. 42), ruisselle (v. 47), coule (v. 51), se<br />

mêle (v. 51) => présent de narration qui dramatise la mort<br />

des soldats avec en concurrence un seul passé simple à<br />

valeur d’événement ponctuel : La sentinelle tira (v. 28) ;<br />

– futur : qui vivra verra (v. 18), rechantera (v. 60) => sacrifice<br />

utile des soldats qui permettra à la France de retrouver<br />

sa liberté et de rendre hommage à ses héros. Futur et<br />

préfixe re- = image du renouveau.<br />

2. Image de la France occupée : Prisonnière des soldats<br />

(v. 4), métaphore des bombardements : Quand les blés<br />

sont sous la grêle (v. 21) et expressions liées à la guerre :<br />

guettait (v. 6), La sentinelle tira (v. 28), l’aube cruelle<br />

(v. 41).<br />

3. Champ lexical de la mort : tira (v. 28), chancelle (v. 29),<br />

tombe, mourra (v. 30), grabat (v. 34), glas (v. 40), trépas<br />

(v. 42), sang rouge (v. 47), coule (v. 51) => dévouement et<br />

sacrifice des hommes engagés dans la Résistance.<br />

4. Rythme à la fois fondé sur la répétition et la gradation :<br />

– répétition : vers 1 et 2 répétés sous forme de refrain,<br />

voire de litanie, aux vers 7-8, 13-14, 19-20, 25-26, 31-32,<br />

37-38, 43-44, 49-50, 55-56. Anaphores de Fou qui<br />

(v. 22-23), Lequel (v. 35-36) => personnages différents<br />

mais unis dans leur combat ;<br />

– sonorités : allitérations dures en [k] au vers 24, [g] au<br />

vers 40 => moment dramatique, allitération douce en [l]<br />

115


aux vers 59-62 => espoir, avenir libre et hommage aux<br />

soldats ;<br />

– allitérations quasi constantes en [r] et [l] rappelant les<br />

mots clés du refrain : croire et ciel.<br />

5. a. Personnification de la France = femme à laquelle<br />

les soldats sont fidèles : Tous deux adoraient la belle<br />

(v. 3), Tous les deux étaient fidèles / Des lèvres du cœur<br />

des bras / Et tous deux disaient qu’elle / Vive (v. 15-18),<br />

Répétant le nom de celle / Qu’aucun des deux ne trompa<br />

(v. 45-46), la terre qu’il aima (v. 52), Le double amour qui<br />

brûla (v. 62).<br />

b. Celui qui croyait au ciel / Celui qui n’y croyait pas<br />

(v. 1-2, etc.) = antithèse qui structure le poème. Autres<br />

antithèses : montait (v. 5) // en bas (v. 6), Que l’un fût de la<br />

chapelle / Et l’autre s’y dérobât (v. 11-12) => deux soldats<br />

opposés, l’un croyant, l’autre athée = image symbolique<br />

de l’opposition religieuse mais aussi politique mise sous<br />

le boisseau pendant les combats de la Résistance.<br />

6. Résistance = union des combattants au-delà de leurs<br />

différences : Tous deux (v. 3), Tous les deux (v. 15, 17),<br />

commun combat (v. 24), Un rebelle est un rebelle (v. 39),<br />

un seul glas (v. 40), Même couleur même éclat (v. 48), Le<br />

double amour (v. 62) => hymne à l’union face à l’ennemi.<br />

Vis-à-vis : Lamartine et Aragon<br />

7. Poème diffusé clandestinement en 1943 puis publié<br />

en 1944 = voix de tous les résistants adressée à tous les<br />

combattants et les hommes afin de les engager à s’unir<br />

pour lutter contre l’ennemi.<br />

Aragon = porte-parole de la Résistance, conformément à<br />

l’appel de Lamartine.<br />

8. Religion :<br />

– chez Lamartine, image dominante et universelle du<br />

Christ souffrant et rédempteur ;<br />

– chez Aragon, antithèse du croyant et de l’athée. Croyance<br />

= une seule moitié de l’humanité.<br />

Prolongement : mettre en relation ce poème avec<br />

la photographie de Gamet sur les maquisards de la<br />

Drôme ➜ p. 213. Étudier l’Affiche rouge et la mettre<br />

en relation avec le poème de Manouchian, « Restons<br />

éveillés » (1944), sur l’engagement des étrangers dans<br />

la Résistance.<br />

116<br />

Texte V. Hugo, Les Châtiments,<br />

3 « Chanson » ➜ p. 214<br />

Objectif : Analyser un poème satirique fortement<br />

engagé.<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Tiret (v. 6, 14, 22, 30, 38) = détachement entre les six<br />

premiers vers de chaque strophe consacrés à Napoléon Ier ,<br />

et les deux derniers vers consacrés à Napoléon III.<br />

2. a. Répétition de Petit, petit (v. 8, 16, 24, 32, 40), Toi (v. 7,<br />

39), Voici (v. 15, 23, 31) : Napoléon III.<br />

b. Effet de refrain qui insiste sur la médiocrité du neveu<br />

de Napoléon Ier .<br />

Mise au point<br />

3. Pronom de 3e personne du singulier : il (v. 2, 13, 18, 21,<br />

25, 29, 33, 37) = Napoléon Ier => respect et admiration<br />

de V. Hugo.<br />

Pronoms de 2e personne du singulier : Toi (v. 7, 23, 39),<br />

tu (v. 39) = Louis Napoléon Bonaparte => familiarité en<br />

signe de mépris de V. Hugo.<br />

Analyse<br />

4. a. Alternance d’octosyllabes et de tétrasyllabes<br />

=> rythme vif.<br />

b. « Chanson » : régularité de l’alternance des vers<br />

=> continuité rythmique, régularité de la construction des<br />

strophes (question 1) et effet de refrain par la répétition<br />

Petit, petit (v. 8, etc.).<br />

5. a. Hyperboles : grandeur (v. 1), éblouit (v. 1), dieu (v. 3),<br />

triompha de cent bastilles (v. 21), ivre de sa gloire (v. 29),<br />

immense mer (v. 34), chute profonde (v. 35) => hommage<br />

au vaillant conquérant que V. Hugo admire pour ses victoires,<br />

sa grandeur de chef des armées.<br />

b. Antithèses : dieu (v. 3) // singe (v. 7), Guidait à travers<br />

la mitraille / L’aigle d’airain (v. 11-12) // pille, vole<br />

(v. 15), Berlin, Vienne, étaient ses maîtresses (v. 17) //<br />

filles (v. 23), ivre de sa gloire (v. 29) // Voici du sang,<br />

accours, viens boire (v. 31), Il y plongea (v. 37) // tu te<br />

noieras (v. 39) => déséquilibre entre les termes valorisants<br />

désignant Napoléon Ier et des termes dépréciatifs<br />

pour Napoléon III, les termes désignant le neveu étant<br />

les antonymes dégradants de ceux qui évoquent l’oncle.<br />

6. Image des prostituées, les filles (v. 23) => critique de la<br />

dépravation de Napoléon III qui préfère user de l’argent<br />

public pour profiter d’amours tarifées ≠ Napoléon Ier


dont les seules maîtresses étaient, d’après V. Hugo, les<br />

conquêtes territoriales en Europe, métaphorisées en<br />

femmes prises de force.<br />

Question de synthèse<br />

7. Ton satirique : structure du poème qui rejette et exclut à<br />

la fin de chaque strophe les vers consacrés à Napoléon III<br />

et antithèses qui soulignent avec force la grandeur de<br />

l’un et la bassesse de l’autre et répétitions dégradantes<br />

=> mépris de V. Hugo à l’égard de Napoléon III.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Rechercher un article dans Charlie Hebdo<br />

ou Le Canard enchaîné, pour mettre en valeur sa dimension<br />

satirique : procédés d’exagération, forte connotation<br />

des termes, ironie, modalisateurs, paradoxes, etc., et sa<br />

force de persuasion => montrer que le texte satirique joue<br />

principalement sur la sensibilité en cherchant à frapper,<br />

voire à choquer le lecteur.<br />

Attention aux sujets brûlants, par trop polémiques, ou<br />

aux dessins qui accompagnent de nombreux articles<br />

de Charlie Hebdo : toléré en Terminale, mais difficile en<br />

Seconde.<br />

9. Entraînement à l’analyse d’un corpus<br />

1er § : relevé et analyse des procédés propres à la chanson<br />

en s’appuyant sur la réponse aux questions 3. a. et b. du<br />

poème de J. Prévert et sur la réponse aux questions 4. a.<br />

et b. du poème de V. Hugo.<br />

2e § : efficacité : vivacité du rythme et poèmes courts<br />

=> plus accessibles et plus plaisants pour les lecteurs ;<br />

refrains, répétitions et mètres courts => vers ancrés dans<br />

l’esprit des lecteurs.<br />

Prolongement : analyser la caricature du Charivari par<br />

Honoré Daumier ➜ p. 215 en rappelant les liens d’inimitié<br />

entre V. Hugo et Napoléon III.<br />

Texte É. Glissant, L’Intraitable<br />

d’un<br />

À l’autrE 3<br />

Beauté du monde ➜ p. 216<br />

Objectif : Analyser un poème marqué<br />

par un engagement politique récent.<br />

Questions<br />

1. Épisode de la traite des Noirs. Image d’un peuple africain<br />

abusé, détruit : crânes, os (l. 2), cimetières de bateaux<br />

négriers (l. 3), les frontières violées (l. 4), l’épais tapis des<br />

fils d’Afrique, dont on faisait commerce (l. 5-6), éclaboussures<br />

sanglantes (l. 11), ce limon des abysses (l. 22),<br />

broyés (l. 23), laminé (l. 24) => expressions choquantes :<br />

Africains = martyrs sacrifiés au prix de la conquête économique<br />

américaine.<br />

2. Relation d’intérêt au détriment du peuple africain,<br />

relation purement commerciale et économique : Les<br />

rapacités, les frontières violées, les drapeaux, relevés et<br />

tombés, du monde occidental (l. 4-5), l’épais tapis des fils<br />

d’Afrique, dont on faisait commerce, ceux-là sont hors<br />

des nomenclatures (l. 5-6), ces Africains déportés ont<br />

défait les cloisonnements du monde (l. 10), Ils sont entrés<br />

dans la puissance étasunienne (l. 11-12), Les Afriques ont<br />

engrossé des mondes au loin (l. 24) => critique de la<br />

déshumanisation, de l’abus de pouvoir et de l’oubli des<br />

racines africaines du peuple américain.<br />

3. Rôle donné à B. Obama : mémoire et justice vis-à-vis<br />

d’un peuple meurtri et oublié par une nation qui a bâti<br />

son empire sur lui. Afrique : un de ses fondements (l. 12),<br />

une puissance (l. 13) et la plus précieuse des fragilités<br />

(l. 14) des États-Unis.<br />

Le peuple américain, voire l’humanité entière, est multiple<br />

dans sa totalité (l. 26), c’est-à-dire métissée => B. Obama,<br />

par ses origines africaines, doit faire revivre les racines<br />

africaines du peuple américain et rendre justice à tous<br />

ceux qui ont été sacrifiés.<br />

4. Ton polémique :<br />

– termes à connotation péjorative (question 1) ;<br />

– parallélismes et énumérations : C’est une rumeur de<br />

plusieurs siècles. Et c’est le chant des plaines de l’Océan<br />

(l. 1), Les rapacités, les frontières violées, les drapeaux<br />

(l. 4), comme un de ses fondements, mais aussi comme<br />

un de ses manques. Comme une puissance et comme<br />

un manque et comme la plus précieuse des fragilités<br />

(l. 12-14), Ils sont en nous. Ils sont en vous (l. 14) ;<br />

– champ lexical du gouffre : au fond de l’Atlantique<br />

(l. 2-3), abysses (l. 3, 22, 26), gouffre (l. 9, 31), les fonds<br />

(l. 27) ;<br />

– adresse directe à B. Obama : Ils sont en vous, monsieur<br />

(l. 14-15), à travers vous, monsieur (l. 27).<br />

=> le but du poète est de frapper l’esprit du lecteur, le<br />

faire réagir.<br />

5. Poème car :<br />

– parallélismes et énumérations (question 4) ;<br />

– assonance en [o] : Les coquillages sonores se frottent<br />

aux crânes, aux os et aux boulets verdis, au fond de<br />

l’Atlantique (l. 2-3) et allitération en [s] : Eux aussi ont<br />

ouvert, à coups d’éclaboussures sanglantes, les espaces<br />

des Amériques (l. 10-11), etc. ;<br />

– rupture de la construction syntaxique de la phrase, proposition<br />

dont le verbe se situe dans la phrase suivante :<br />

117


Les rapacités, les frontières violées, les drapeaux, relevés<br />

et tombés, du monde occidental. Et qui constellent l’épais<br />

tapis des fils d’Afrique (l. 4-6), phrases nominales, par<br />

exemple Comme une puissance… (l. 13-14), etc. ;<br />

– images poétiques : le chant des plaines de l’Océan (l. 1),<br />

ces abysses des cimetières de bateaux négriers (l. 3),<br />

l’épais tapis des fils d’Afrique (l. 5-6), la traîne archipélique<br />

(l. 21), ce limon des abysses (l. 22), cette rumeur<br />

des abysses (l. 26).<br />

Vis-à-vis : Victor Hugo<br />

et Édouard Glissant<br />

6. Personnalité politique introduite directement dans les<br />

poèmes par l’emploi de la 2e personne du singulier et du<br />

pluriel. Napoléon III est le sujet du poème de V. Hugo et<br />

B. Obama est le destinataire du discours d’É. Glissant.<br />

Tons différents :<br />

– satirique et critique chez V. Hugo, visant à dénoncer les<br />

attitudes de Louis Napoléon Bonaparte ;<br />

– polémique chez É. Glissant, rappelant à la conscience<br />

collective l’histoire du peuple africain.<br />

7. Le texte de V. Hugo est plus virulent grâce à sa structure<br />

répétitive et ses antithèses frappantes. Celui d’É. Glissant<br />

suscite davantage l’émotion par le rappel de l’histoire<br />

bouleversante du peuple africain.<br />

Prolongement : étudier en comparaison la « Prière<br />

des tirailleurs sénégalais », poème liminaire d’Hosties<br />

noires (1948) de Léopold Sédar Senghor, consacré au<br />

rôle et à l’image des tirailleurs sénégalais pendant les<br />

deux guerres mondiales, pour approfondir la réflexion<br />

sur le devoir de mémoire de l’histoire coloniale.<br />

ÉtudE d’œuvrE intÉgralE<br />

V. Hugo, Les Châtiments ➜ p. 218<br />

Objectif : Étudier un recueil représentatif<br />

de l’engagement des poètes romantiques.<br />

118<br />

pistes d’AnAlyse<br />

1. Une poésie épique<br />

Épopée = long récit poétique qui rapporte les exploits<br />

héroïques de personnages historiques ou légendaires.<br />

Personnages épiques :<br />

– les héros historiques : Napoléon Ier (livre II, II « Toulon » ;<br />

VI, IV « Chanson ») et César (VII, XVII « Ultima verba ») ;<br />

– les groupes héroïques : le peuple français en lutte<br />

contre Louis Napoléon Bonaparte (I, IV « Aux morts du<br />

4 décembre » ; II, II « Au peuple » ; II, VII « À l’obéissance<br />

passive »), les femmes engagées (VI, II « Les martyres » ;<br />

VI, VIII « Aux femmes »), les soldats de l’armée napoléonienne<br />

(V, XIII « L’expiation ») et le peuple européen (I,<br />

XII « Carte d’Europe »).<br />

Situations épiques :<br />

– exploits du peuple combattant (I, IV « Aux morts du 4<br />

décembre » ; II, II « Au peuple » ; II, VII « À l’obéissance<br />

passive ») ;<br />

– exploits guerriers de Napoléon I er (VI, IV « Chanson »).<br />

Figures de rhétorique :<br />

– hyperboles (I, IV « Aux morts du 4 décembre » : Et le<br />

soir vous sentiez […] / Se soulever en vous mille vagues<br />

profondes, v. 20, 23) ;<br />

– gradations et énumérations (I, II « Au peuple » : Partout<br />

pleurs, sanglots, cris funèbres, v. 1 ; II, VII « À l’obéissance<br />

passive » : Ô soldats de l’an deux ! ô guerres ! épopées !,<br />

v. 1 ; Les tambours, les obus, les bombes, les cymbales,<br />

v. 41 ; V, XIII « L’expiation » : Fuyards, blessés, mourants,<br />

caissons, brancards, civières, v. 37) ;<br />

– anaphores (II, VII « À l’obéissance passive » : Contre,<br />

v. 2, 4, 5, 7 ; VII, XVII « Ultima verba » : Quand (v. 21, 23,<br />

25, 26, 27, 29, 31) ;<br />

– antithèses (I, IV « Aux morts du 4 décembre » : ou la<br />

haine, ou l’envie, v. 4 ; tête ardente, esprit sage v. 25) ;<br />

– métaphores et comparaisons : l’image du singe déguisé<br />

en tigre pour désigner Louis Napoléon Bonaparte (III, III<br />

« Fable ou histoire ») et l’image du lion pour caractériser<br />

Napoléon Bonaparte (VII, VIII « La caravane »).<br />

=> souligner la grandeur et l’intensité des héros de la<br />

France, et exalter les valeurs collectives de loyauté, de<br />

fidélité et de justice.<br />

2. Une poésie prophétique<br />

a. Trois titres symboliques :<br />

– « Nox » = la nuit du coup d’État de Louis Napoléon<br />

Bonaparte, anti-épopée d’un héros aussi ridicule que sanguinaire,<br />

symbole de la perte de liberté du peuple et des<br />

sombres heures de lutte achevée dans le sang ;<br />

– « L’expiation » = punition du coupable anéanti par une<br />

défaite militaire ;<br />

– « Lux » = la lumière, signe d’espoir en des jours meilleurs<br />

après la chute de Napoléon III.<br />

b. « Nox » ouvre le recueil, « L’expiation » se situe en son<br />

centre et « Lux » le clôt.<br />

« Nox » = poète porte-parole d’un peuple opprimé, voix<br />

indignée et dénonciatrice.<br />

« L’expiation » = rôle historique du poète qui raconte l’histoire<br />

tout en engageant l’homme à sortir de l’oppression.


« Lux » = poète prophète qui prédit l’avenir aux hommes<br />

pour les engager sur la voie de la liberté.<br />

3. Une poésie historique<br />

Références historiques :<br />

– prise du pouvoir par Napoléon Bonaparte (I, I) ;<br />

– gloire de Toulon sous le règne de Napoléon I er et misère<br />

de la ville sous celui de Napoléon III (I, II) ;<br />

– nuit du 4 décembre 1852 = coup d’État (I, IV et V) ;<br />

– bataille d’Austerlitz (I, XV ; VII, II) ;<br />

– exécutions capitales, le résistant Charlet guillotiné le<br />

29 juin 1852 (VII, V) ; exécution de Saint-Arnaud (VII,<br />

XVI).<br />

=> donner de la crédibilité aux propos du poète, rendre<br />

les poèmes frappants et convaincants par des références<br />

ancrées dans la réalité, éveiller la conscience du peuple,<br />

donner une dimension épique aux poèmes.<br />

ActivitÉs complÉmentAiRes<br />

1. Entraînement à la dissertation<br />

Partie I. La poésie doit apaiser les souffrances<br />

humaines.<br />

1er § : elle permet à l’homme de sortir de son quotidien,<br />

de s’évader dans l’imaginaire grâce à ses<br />

images : G. de Nerval, Odelettes, « Les Cydalises » et<br />

« Une allée du Luxembourg » ➜ p. 195-196.<br />

2e § : elle apaise l’âme par sa musicalité et son rythme<br />

presque incantatoire : A. de Lamartine, Méditations<br />

poétiques, « Le lac » ➜ p. 186.<br />

Partie II. Mais la poésie ne doit pas être coupée de la<br />

vie de l’homme.<br />

1er § : elle doit être une voix élevée au nom de tous :<br />

A. de Lamartine, Recueillements poétiques, « Épître à<br />

Félix Guillemardet » ➜ p. 210.<br />

2e § : elle doit être une arme contre les oppressions :<br />

V. Hugo, Les Châtiments, « Chanson » ➜ p. 214.<br />

Remarque : plan minimal à enrichir en arguments et en<br />

exemples grâce aux textes des séquences 9 et 10 ainsi<br />

qu’à ceux des exercices d’approfondissement.<br />

2. Sujet d’exposé<br />

Exemples de poètes engagés politiquement :<br />

– V. Hugo, Les Châtiments => combat contre le régime<br />

autoritaire établi par Napoléon III ;<br />

– A. de Lamartine, Ode à Némésis (1831), Ode sur les<br />

révolutions (1831) => combat légitimiste lors de la révolution<br />

de juillet 1830 ;<br />

– P. Eluard, Poésie et Vérité, « Liberté » => combat pour<br />

la libération du peuple français lors de la Seconde Guerre<br />

mondiale au nom de la Résistance ;<br />

– L. Aragon, L’Honneur des poètes, « Ballade de celui qui<br />

chanta dans les supplices » (1943) => combat au nom des<br />

martyrs engagés dans la Résistance ;<br />

Procédés :<br />

– métaphores et comparaisons => frapper l’imagination ;<br />

– jeu sur les sonorités et la structure du poème, souvent<br />

répétitive => litanie qui reste dans l’esprit des lecteurs ;<br />

– hyperboles, gradations, énumérations => effet d’insistance<br />

et d’exagération.<br />

Histoire des arts ➜ p. 220<br />

L’art engagé, de la peinture d’histoire<br />

au documentaire<br />

Questions<br />

1. Gargantua = géant glouton, père de Pantagruel dans<br />

les œuvres éponymes de Rabelais.<br />

Sur la gravure de Daumier, Louis-Philippe = homme<br />

gigantesque et ventripotent sur sa chaise percée, gavé<br />

de nourriture par le peuple, qui défèque des textes de<br />

lois, des brevets, des avis, etc. Métaphore du pouvoir royal<br />

qui affame son peuple pour s’enrichir personnellement et<br />

pour produire des textes officiels qui vont l’aliéner.<br />

2. Bowling for Columbine (2002) = inspiré d’un fait réel,<br />

le documentaire raconte le massacre par deux adolescents<br />

de treize personnes dans un établissement scolaire<br />

américain, Columbine High School, dans la banlieue de<br />

Denver. Il cherche à remettre en question la vente libre<br />

d’armes aux États-Unis et la pression médiatique exercée<br />

par les médias sur la jeunesse.<br />

Exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 222<br />

RevoiR<br />

1 Poésie et enfance<br />

V. Hugo, Les Contemplations, « Melancholia »<br />

1. Enfants = Ces doux êtres pensifs (v. 2), Innocents (v. 9),<br />

anges (v. 9) => enfance innocente et angélique.<br />

2. Métaphore du Monstre hideux => diabolisation du<br />

travail.<br />

3. Répétitions : Dans la même prison le même mouvement<br />

(v. 6).<br />

Parallélismes : Innocents dans un bagne, anges dans un<br />

enfer (v. 9), Tout est d’airain, tout est de fer (v. 10), Jamais<br />

on ne s’arrête et jamais on ne joue (v. 11).<br />

119


=> travail écrasant et étouffant qui prive l’enfant de toute<br />

liberté et innocence, prison sans échappatoire possible.<br />

4. V. Hugo se révolte contre le travail des enfants qui les<br />

prive de leur enfance innocente et d’une éducation. À la<br />

place, souffrance physique et psychologique => hommes<br />

malheureux, annihilation de l’avenir du peuple français<br />

120<br />

AppRofondiR<br />

2 Poésie et révolte<br />

A. Rimbaud, Poésies, « Les assis »<br />

1. Champ lexical de la crispation et de la tension = boulus<br />

(v. 2), crispés (v. 2), plaqué (v. 3), greffé (v. 5), s’agace<br />

(v. 16) => hommes fermés au monde extérieur, enfermés<br />

dans des bureaux et presque fossilisés dans leur attitude<br />

de travail.<br />

2. hargnosités = marques sur le sommet de la tête (sinciput)<br />

qui seraient peut-être l’effet d’une tension agressive.<br />

3. Personnification du sommeil qui les libère lamentablement<br />

du travail (v. 9), de la chaise et du bureau (v. 10-12)<br />

et personnification du stylo : Des fleurs d’encre crachant<br />

des pollens en virgule (v. 13) => images qui transforment<br />

la morne réalité du bureau en scène épique, chatoyante<br />

et créative.<br />

4. Image négative d’un monde sclérosé qui brime la<br />

liberté de l’individu, rejet catégorique du travail en bureau<br />

où le personnel est assis et enfermé toute la journée. Ton<br />

provocateur = vocabulaire de la maladie : loupes (v. 1),<br />

grêlés (v. 1), lépreuses (v. 4), épileptiques (v. 5), squelettes<br />

(v. 6), rachitiques (v. 7).<br />

3 Poésie et Résistance<br />

R. Char, Fureur et mystère, « Chant du refus »<br />

et « La liberté »<br />

Texte A<br />

1. Adresse à tous ceux qui lisent de la poésie : Ne l’appelez<br />

pas, vous tous qui l’[le poète] aimez (l. 2-3), et aux résistants<br />

: que vous soyez présents nombreux aux salves de<br />

la délivrance ! (l. 7-8).<br />

2. partisan = personne qui défend une opinion, un parti.<br />

Début du partisan = moment où l’homme s’engage pour<br />

défendre sa patrie, moment où le poète quitte l’écriture<br />

pour entrer dans l’action de la Résistance.<br />

3. Métaphore : l’aile de l’hirondelle n’a plus de miroir<br />

sur terre (l. 3-4) => le poète n’est plus l’écho du monde<br />

pour les hommes.<br />

Texte B<br />

4. Personnification de la liberté : Elle est venue par cette<br />

ligne blanche (l. 1), Elle passa les grèves machinales ;<br />

elle passa les cimes éventrées (l. 4-5), Son verbe (l. 8).<br />

Métaphores animales : aveugle bélier (l. 8), cygne (l. 11).<br />

Périphrases pour désigner l’Occupation : la renonciation<br />

à visage de lâche, la sainteté du mensonge, l’alcool du<br />

bourreau (l. 6-7).<br />

5. Son verbe ne fut pas un aveugle bélier mais la toile où<br />

s’inscrivit mon souffle (l. 8-9) => activité poétique = voix<br />

de la liberté.<br />

Questions de synthèse<br />

6. Poèmes qui proposent une vision de la guerre et de<br />

la Résistance et œuvrent pour la liberté en engageant<br />

l’homme à agir = verbes à l’impératif dans le texte A : Ne<br />

l’appelez pas (l. 2), oubliez ce bonheur (l. 4).<br />

7. Le poète doit sortir de sa contemplation pour agir et se<br />

mêler aux hommes afin de conquérir la liberté, mettre sa<br />

plume au service de l’engagement et de la liberté.<br />

ÉcRiRe<br />

4 Poésie et complexité du monde<br />

L. S. Senghor, Éthiopiques, « À New York »<br />

Remarque : la numérotation des vers doit être modifiée,<br />

le vers 5 commençant par Sulfureuse, le manuel de<br />

l’élève et le livre du professeur prennent en compte cette<br />

modification.<br />

1. Architecture : gratte-ciel (v. 3, 6), acier (v. 6), pierres<br />

(v. 6), trottoirs (v. 7), terrasses (v. 10).<br />

Féminité : beauté (v. 1), grandes filles d’or aux jambes<br />

longues (v. 1), yeux, sourire de givre (v. 2), Sulfureuse<br />

(v. 5), peau patinée (v. 6), jambes de nylon (v. 12), jambes<br />

et seins (v. 12).<br />

=> vision antithétique de la ville : séduisante par sa féminité<br />

mais repoussante par son architecture imposante et<br />

froide.<br />

2. Opposition entre deux visions de la ville :<br />

– espace de sensualité et de lumière = filles d’or (v. 1),<br />

yeux de métal bleu (v. 2), éclipse du soleil (v. 4), Sulfureuse<br />

ta lumière (v. 5), foudroient (v. 5) ;<br />

– espace mortifère, champ lexical du manque et de la<br />

mort : les trottoirs chauves (v. 7), sans un puits ni pâturage<br />

(v. 9), tous les oiseaux de l’air / Tombant soudain et<br />

morts (v. 10), Pas un rire (v. 11), Pas un sein (v. 12), sans<br />

sueur ni odeur (v. 12), Pas un mot (v. 13), l’absence de<br />

lèvres (v. 13), cœurs artificiels (v. 13), pas un livre (v. 14),<br />

cadavres d’enfants (v. 16).


3. Critique de l’artificialité et de l’inhumanité qui détruit<br />

la nature pour exister :<br />

– anaphore de Pas (v. 11, 12, 13, 14) ;<br />

– rupture qui souligne la mise à distance critique : connecteur<br />

adversatif Mais (v. 7) et le tiret (v. 8) ;<br />

– personnification de la ville : confondu par ta beauté<br />

(v. 1), Si timide (v. 2, 3), tes yeux de métal bleu (v. 2), ton<br />

sourire de givre (v. 2), Sulfureuse ta lumière (v. 5), leurs<br />

muscles d’acier et leur peau patinée de pierres (v. 6),<br />

trottoirs chauves (v. 7).<br />

4. a. Poème hétérométrique en versets => texte sacré.<br />

b. Effets musicaux :<br />

– disposition des phrases qui semblent suivre des mouvements<br />

de respiration ;<br />

Textes<br />

l A. d’Aubigné, Les Tragiques (1616) : une poésie<br />

engagée au xvi e siècle.<br />

l V. Hugo, Les Misérables (1862) : l’engagement social<br />

à l’époque romantique dans un autre genre littéraire,<br />

le roman.<br />

l A. Césaire, Cahier d’un retour au pays natal (1947) :<br />

image moderne du poète engagé => approfondir la<br />

question de l’engagement au service de la négritude.<br />

Texte du DVD-Rom<br />

l A. Rimbaud, Poésies, « À la musique » (1869-1872) :<br />

une autre forme d’engagement au xix e siècle, l’engagement<br />

social contre les bourgeois.<br />

Images fixes<br />

l E. Delacroix, La Liberté guidant le peuple (1831) :<br />

œuvre majeure du romantisme engagé.<br />

l H. Daumier, Le Banquier (1835) : gravure du caricaturiste<br />

le plus renommé du xix e siècle.<br />

l Un dessin satirique de Charlie Hebdo pour comparer<br />

la satire au xix e siècle et au xxi e siècle.<br />

Image DVD-Rom<br />

l T. Chassériau, Andromède attachée au rocher par<br />

les Néréides (1840) : étudier un mythe revisité par le<br />

souffle épique de la peinture romantique.<br />

Prolongements<br />

– anaphores et allitérations : [p] sans un puits ni pâturage<br />

(v. 9), [s] Tombant soudain et morts sous les hautes<br />

cendres des terrasses (v. 10).<br />

5. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– forme : celle du poème de L. Sédar Senghor = versets<br />

avec des ruptures dans la disposition de certaines phrases<br />

=> mettre en valeur certains mots importants et le travail<br />

sur les sonorités ;<br />

– thème : visite d’une ville française ou étrangère laissée<br />

au choix de l’élève ;<br />

– déception, ce qui implique un vocabulaire du désenchantement<br />

avec des antithèses entre les attentes et la<br />

vision de la réalité, des métaphores péjoratives, ou un<br />

émerveillement, donc un vocabulaire mélioratif, des<br />

métaphores valorisantes, des hyperboles, etc.<br />

Activités<br />

l Histoire littéraire / recherche. La satire est une<br />

œuvre critique ridiculisant une personne, une institution<br />

ou un trait critique. Rechercher un texte satirique<br />

sur le thème de votre choix ainsi qu’une image<br />

satirique sur le même thème.<br />

a. En quoi le texte relève-t-il de la satire ? Quels sont<br />

les procédés utilisés par l’auteur pour rendre son<br />

texte critique ?<br />

b. En quoi l’image est-elle satirique ? Quels liens pouvez-vous<br />

faire entre le texte et l’image ? Lequel vous<br />

semble le plus convaincant ?<br />

c. Pourquoi avez-vous choisi ces documents ? En quoi<br />

vous ont-ils plu et convaincu ?<br />

l Lecture cursive. V. Hugo, Les Contemplations,<br />

« Melancholia » (1856) : un long poème engagé sur<br />

la misère sociale.<br />

a. Quels sont les thèmes abordés dans ce poème ?<br />

b. Que dénonce-t-il ? Quelles sont les valeurs mises<br />

en avant par V. Hugo ?<br />

c. Quels éléments permettent de parler ici de poésie<br />

engagée ? Quels sont les procédés utilisés pour<br />

rendre le poème touchant et convaincant ?<br />

d. Recherchez d’autres œuvres littéraires, en poésie<br />

et dans d’autres genres, engagées sur la question de<br />

l’enfance.<br />

121


sÉQuEnCE 11<br />

La poésie symboliste<br />

122<br />

➜ Livre de l’élève, p. 224<br />

Analyse<br />

d’image<br />

D. G. Rossetti, Lilith<br />

➜ p. 225<br />

Objectif : Se familiariser avec les symboles modernes<br />

évoquant la sensualité féminine.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. a. Femme vue de la tête aux genoux, dans un cadre<br />

un peu plus large que le plan buste. Avec sa chevelure<br />

essaimée par le fait de se peigner, le modèle occupe les<br />

trois quarts de l’espace de la toile.<br />

b. Chevelure rousse, flamboyante, au cœur de la composition,<br />

en écho chromatique avec d’autres éléments du<br />

tableau (bracelet, montants du fauteuil en osier, ferrures<br />

de la commode…).<br />

Analyse<br />

2. a. Combinaison blanche légère, peut-être en coton, très<br />

échancrée, et une robe de chambre en satin rouge dont la<br />

doublure est une pelisse blanche qui épouse le corps de<br />

la femme ; les poils de cette fourrure semblent déborder<br />

de l’intérieur du siège, tout autour du modèle.<br />

Parure réduite : au poignet gauche, un bracelet de taffetas<br />

de la même couleur que la chevelure, et sur ses genoux,<br />

une couronne de grosses fleurs blanches qui évoquent<br />

des marguerites.<br />

b. Couleurs :<br />

– une variation sur l’orangé pour la chevelure rousse<br />

=> femme inquiétante, sorcière ;<br />

– rouge très sombre pour le manteau, carmin pour la fleur<br />

dans un verre, au premier plan, à droite => passion ;<br />

– rose pour la tresse attachée au manche du miroir à<br />

main, et le bouquet de campanules sur la commode<br />

=> sensualité.<br />

3. a. Lilith se peigne, et le miroir qu’elle tend devant elle<br />

trace une diagonale qui part du coin inférieur droit de la<br />

toile, avec la fleur rouge, jusqu’au coin supérieur gauche,<br />

au niveau du miroir sur pied avec ses deux bougies, posé<br />

sur la commode. Cette ligne de force passe par les deux<br />

mains du modèle.<br />

b. La ligne des épaules et du cou est parallèle à la diagonale<br />

dont elle renforce le dynamisme.<br />

Perpendiculaires à ces deux lignes de force, deux autres<br />

lignes parallèles mais plus flottantes, presque en arabesque,<br />

de la chevelure et de la pelisse intérieure qui<br />

épouse le fauteuil, forment ensemble un losange dans<br />

lequel s’inscrit le visage de Lilith. Ce losange est un autre<br />

miroir dénonçant la vanité de ce personnage.<br />

4. a. À l’arrière-plan droit, décor végétal constitué de<br />

roses qui épousent le mouvement de la chevelure et se<br />

reflètent dans le miroir à gauche.<br />

b. Le miroir sur pied renvoie l’image du jardin sur lequel<br />

donne la fenêtre de la chambre où se tient Lilith. Il est un<br />

écho au miroir que tient le personnage.<br />

c. Tous ces éléments créent un décor floral dans lequel<br />

baigne le modèle, elle-même assimilée à une fleur,<br />

métaphore traditionnelle (cf. Ronsard, Baudelaire). Le<br />

reflet dans le miroir sur pied évoque également le jardin<br />

d’Éden, celui dont a dû sortir Lilith, Ève déchue.<br />

5. Fleur rouge : couleur primaire que l’on retrouve sur la<br />

tresse du miroir, dans le bouquet sur la commode, aux<br />

lèvres de Lilith, et aux roses en bouton à l’arrière-plan<br />

=> image de tentation, voire de passion charnelle.<br />

Question de synthèse<br />

6. Femme sensuelle : parure, chevelure, sur un fond végétal<br />

dont les couleurs sont en écho avec celles du modèle.<br />

Incarnation de femme potentiellement dangereuse qui<br />

ourdit son pouvoir de séduction. La virginité apparente du<br />

teint de cette femme, de sa combinaison et de sa pelisse<br />

blanches, est contestée par le flamboiement de la chevelure<br />

et la couleur rouge qui connotent la sensualité et<br />

le danger.<br />

Prolongement : faire une recherche sur la représentation<br />

de la chevelure dans la peinture de la deuxième<br />

moitié du xix e siècle, en insistant sur le rôle central de<br />

Courbet et des préraphaélites.


Texte1 Texte P. Verlaine, Poèmes<br />

saturniens, « Mon rêve<br />

familier » ➜ p. 226<br />

Objectif : Analyser un poème lyrique fondé sur une<br />

image originale de l’être aimé.<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Fréquence du rêve : adverbe souvent (v. 1).<br />

Réciprocité de l’amour : et que j’aime, et qui m’aime (v. 2).<br />

Intimité : anaphore Pour elle seule (v. 6, 7).<br />

=> impression d’un rêve familier.<br />

2. 1er quatrain : rêve récurrent d’une femme qui se<br />

métamorphose.<br />

2e quatrain : intimité avec une femme apte à consoler le<br />

poète.<br />

1er tercet : immatérialité d’une femme qu’on ne peut<br />

décrire, peut-être morte.<br />

2e tercet : confirmation de l’image de la mort.<br />

=> progression vers la mélancolie, de l’affirmation de la<br />

proximité intime à l’aveu d’une séparation inéluctable.<br />

Mise au point<br />

3. Comparaison reposant sur la répétition du nom regard<br />

(v. 12). Assimilés à ceux d’une statue, les yeux de cette<br />

femme sont froids, morts => rêve certes familier, mais<br />

mortifère.<br />

Analyse<br />

4. Antithèse entre adjectif qualificatif inconnue (v. 2) et<br />

l’affirmation d’un amour réciproque : et que j’aime, et qui<br />

m’aime (v. 2) => premier paradoxe.<br />

5. Deux assonances au vers 1, et qui se poursuivent<br />

au-delà :<br />

– [e] ouvert ou fermé => aspect lumineux et éclatant du<br />

rêve ;<br />

– [ã] => intimité de la sonorité profonde, rentrée.<br />

Ex. : Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant.<br />

Autres exemples par la suite : comprend et transparent<br />

(v. 5) ; Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème<br />

(v. 6).<br />

Deux allitérations :<br />

– en [m], lancée au vers 2 : D’une femme inconnue, et<br />

que j’aime, et qui m’aime, et qui se retrouve au vers 5<br />

par exemple (me, mon), et s’arrête significativement<br />

au vers 11 qui aborde le thème de la mort des amants.<br />

=> scansion du thème de l’amour ;<br />

– en [r], amorcée dès le vers 1 : ce rêve étrange et pénétrant,<br />

mais surtout développée dans le 2e quatrain (ex. :<br />

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, v. 7),<br />

et le 2e tercet (ex. : Son regard est pareil au regard des<br />

statues, v. 12). => insistance, récurrence du rêve.<br />

6. Car elle me comprend, et mon cœur, transparent<br />

Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème<br />

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,<br />

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.<br />

=> réapparition lancinante et traînante du pronom personnel<br />

elle, présence obsédante.<br />

7. Deux phrases interrogatives : Est-elle brune, blonde ou<br />

rousse ? (v. 9), Son nom ? (v. 10) => pas de description<br />

ni d’identité données à cette femme étrange qui n’existe<br />

qu’en rêve.<br />

8. Sensations développées :<br />

– renoncement au sens de la vue (v. 9) pour celui de l’ouïe :<br />

doux et sonore (v. 10) ;<br />

– retour à la vue, mais morte : regard des statues (v. 12),<br />

finalement remplacée par l’ouïe qui disparaît elle aussi<br />

progressivement : voix, lointaine, et calme, et grave… /<br />

… voix chères qui se sont tues (v. 13-14).<br />

=> deux sens disparus à peine évoqués : femme avant<br />

tout spirituelle, onirique.<br />

Question de synthèse<br />

9. Lyrisme mélancolique et plaintif : le poète apparaît à la<br />

1re personne, en quête d’une 3e personne, persistante mais<br />

évanescente. Sentiment désespérant de vouloir chaque<br />

nuit se raccrocher à une présence qui, d’abord intime, finit<br />

par se dérober.<br />

Pour aller plus loin<br />

10. Lecture cursive<br />

Huit poèmes dont « Mon rêve familier » dans la section<br />

« Melancholia » :<br />

– « Résignation » :<br />

a. sachant la vie, le poète renonce à ses rêves d’orient<br />

=> b. Des harems sans fin, paradis physiques (oxymore<br />

d’une rêverie orientale).<br />

– « Nevermore » :<br />

a. souvenir d’une promenade amoureuse, définitivement<br />

révolue => b. Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? (allégorie<br />

de la mémoire qui taraude le poète).<br />

– « Après trois ans » :<br />

a. promenade dans un jardin riche en souvenirs<br />

=> b. Rien n’a changé. J’ai tout revu (hyperbole de la<br />

persistance du souvenir).<br />

123


– « Vœu » :<br />

a. regret des maîtresses passées => b. me voilà seul à<br />

présent, morne et seul (répétition plaintive de la solitude).<br />

– « Lassitude » :<br />

a. désenchantement amoureux confié à celle que l’on<br />

aime => b. Et fais-moi des serments que tu rompras<br />

demain (antithèse révélant le mensonge).<br />

– « À une femme » :<br />

a. souffrance de l’homme à cause d’une femme inconséquente<br />

=> b. le hideux cauchemar qui me hante (hyperbole<br />

du cauchemar).<br />

– « L’angoisse » :<br />

a. détresse due aux douleurs d’amour => b. L’Amour, je<br />

voudrais bien qu’on ne m’en parlât plus (hyperbole de<br />

la souffrance sentimentale).<br />

11. Entraînement au commentaire<br />

Plan du paragraphe à rédiger :<br />

– argument : des sonorités et des rythmes subtils accentuant<br />

le lyrisme du poème ;<br />

– exemples : jeux d’allitérations et d’assonances mis en<br />

place dès les vers 1 et 2 (réponse 5) ; césure lyrique au<br />

vers 1 (continuité du GN ce rêve étrange malgré la césure) ;<br />

harmonie des mesures pour montrer par exemple la réciprocité<br />

(et que j’aime, et qui m’aime : 3 / 3), etc.<br />

Prolongement : travailler sur les notions de périphrase<br />

et d’euphémisme en relevant et en expliquant la façon<br />

dont la mort est évoquée dans les tercets.<br />

d’un<br />

À l’autrE 1<br />

124<br />

Texte C. Baudelaire, Les Fleurs du<br />

mal, « Parfum exotique »<br />

➜ p. 227<br />

Objectif : Étudier les images audacieuses d’un poème<br />

lyrique moderne.<br />

Questions<br />

1. Paysage romantique : en un soir chaud d’automne<br />

(v. 1), rivages heureux (v. 3), les feux d’un soleil monotone<br />

(v. 4) = coucher de soleil.<br />

Paysage orientaliste : île paresseuse (v. 5), charmants climats<br />

(v. 9), port rempli de voiles et de mâts (v. 10), verts<br />

tamariniers (v. 12) = bord de mer alangui et sensuel.<br />

2. a. Point de départ : l’odeur de ton sein chaleureux (v. 2),<br />

marqué par le parallélisme Je respire (v. 2) / Je vois (v. 3).<br />

Le rapprochement physique avec la femme évoque un<br />

paysage exotique.<br />

b. Anaphore Je vois (v. 3, 10) => sens de la vue privilé-<br />

gié. Paysage empruntant à la peinture : marine (v. 10-11),<br />

mais représentation mentale, car le poète a les deux yeux<br />

fermés (v. 1).<br />

3. 1re personne : pronoms personnels Je (v. 2, 3, 10), m’<br />

(v. 13), déterminant possessif mon (v. 14).<br />

2e personne : déterminant possessif ton (v. 2, 9).<br />

=> relation déséquilibrée : la femme avec laquelle le<br />

poète communique n’est que l’objet de son rêve personnel,<br />

hédoniste.<br />

4. Rimes : chaleureux / heureux (v. 2-3), savoureux /<br />

vigoureux (v. 6-7) => rimes plus que riches avec des effets<br />

d’inclusion (l’adjectif heureux se retrouve intégralement<br />

dans chaleureux), et avec des termes connotant tous le<br />

délassement et la sensualité.<br />

5. Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.<br />

L’allitération en [m] qui se retrouve significativement<br />

dans le verbe mêler, relie sensuellement les sens évoqués<br />

: la vue, le parfum et l’ouïe, flattant le cerveau et les<br />

sens du poète en extase.<br />

Vis-à-vis : Verlaine et Baudelaire<br />

6. Chez Verlaine, proximité de la femme rêvée avec la<br />

réciprocité amoureuse (v. 2), la sensualité des larmes baignant<br />

le front du poète (v. 7-8), mais l’absence de présence<br />

physique de cette femme (v. 9) et l’évanescence de sa voix<br />

(v. 13-14) la rendent finalement froide et lointaine.<br />

Chez Baudelaire, l’aspect onirique du paysage exotique et<br />

le mélange des sens, visuel (v. 3-4, 8, 10-11), olfactif (v. 2,<br />

9, 12-13), gustatif (v. 6), auditif (v. 14) et tactile (v. 2, 11,<br />

13), idéalisent le rapprochement physique des amants.<br />

Prolongement : développer l’étude des images exotiques<br />

propres à de nombreux poèmes de Baudelaire<br />

en comparant ce texte à « L’invitation au voyage » dans<br />

ses deux versions, en vers et en prose.<br />

Texte2 Texte S. Mallarmé, Poésies,<br />

« Tristesse d’été » ➜ p. 228<br />

Objectif : Étudier un poème symboliste qui met<br />

à distance la souffrance amoureuse.<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. a. Chevelure = élément féminin par excellence : l’or de<br />

tes cheveux (v. 2), ta chevelure (v. 9).<br />

b. Métaphores associées :<br />

– bain langoureux (v. 2) ;


– blanc flamboiement (v. 5) qui peut évoquer aussi bien<br />

la lumière solaire que la chevelure ;<br />

– rivière tiède (v. 9).<br />

=> les images liquides sont récurrentes.<br />

Mise au point<br />

2. a. 1re strophe : champ lexical du feu avec soleil (v. 1),<br />

chauffe (v. 2), consumant (v. 3).<br />

b. À partir du vers 5, le mot accalmie met un terme à cette<br />

image solaire, sauf dans la mention du désert (v. 8), pour<br />

laisser place à l’eau (v. 9, 12) et au ciel (v. 14).<br />

Analyse<br />

3. a. ô lutteuse endormie (v. 1).<br />

b. Oxymore : images paradoxales du combat et du sommeil<br />

=> femme ambiguë, voire sournoise : l’image du feu<br />

couvant sous la cendre.<br />

4. a. ce blanc flamboiement : lumière solaire dans la<br />

chevelure.<br />

l’immuable accalmie : le calme durable après un combat,<br />

celui de la lumière accablante.<br />

=> signification du vers 5 : la fin d’une éclaircie, l’assombrissement<br />

du ciel.<br />

b. Assonances en [ã] et en [a] et allitérations complexes<br />

en [b], [l] et [m] :<br />

De ce blanc flamboiement l’immuable accalmie.<br />

=> vers particulièrement sonore et subtil dans ses<br />

répétitions.<br />

5. Discours direct dans les vers 7 et 8. Locutrice = femme<br />

évoquée : T’a fait dire (v. 6).<br />

momie (v. 7), antique désert et palmiers (v. 8) : Égypte,<br />

un univers onirique, lointain, spatialement et temporellement,<br />

ce que rappelle l’énonciatrice : Nous ne serons<br />

jamais (v. 7).<br />

6. Dès le vers 9, fin des références solaires et antiques<br />

pour une atmosphère mortifère et sournoise : rivière tiède<br />

(v. 9), noyer sans frissons (v. 10), ce Néant (v. 11), pleuré<br />

(v. 12), cœur que tu frappas (v. 13), L’insensibilité (v. 14).<br />

7. Image finale d’une femme lucide qui pleure des larmes<br />

d’apparente insensibilité auxquelles le poète voudrait se<br />

conformer (v. 12-14). Il s’agirait plutôt d’un être triste de<br />

ne pouvoir croire en l’amour éternel : Il mêle avec les<br />

pleurs un breuvage amoureux (v. 4), attristée (v. 6). Elle<br />

est du côté de la vie, car elle ignore le Néant (v. 11), mais<br />

a conscience du caractère éphémère de l’amour (Nous<br />

ne serons jamais une seule momie, v. 7), raison vraisemblable<br />

pour laquelle elle se met à pleurer, devenue<br />

l’ennemie (v. 3) du poète qui l’aime.<br />

Question de synthèse<br />

8. Lyrisme froid et indirect qui doit déchiffrer la complexité<br />

: mise à distance lucide et intellectuelle d’une douleur<br />

d’amour pourtant présente.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche<br />

a. langoureux (v. 2) du latin langerus = « malade ». En<br />

français, il s’agit plus d’un abattement autant moral que<br />

physique (dépression).<br />

b. consumant (v. 3), pleurs (v. 4), attristée (v. 6), l’âme qui<br />

nous obsède (v. 10), pleuré (v. 12) = termes et expressions<br />

relatives à la dépression.<br />

10. Entraînement à la lecture expressive<br />

Insister sur les termes énumérés dans la réponse 9. b.<br />

auxquels on peut ajouter : amoureux (v. 4), peureux (v. 6),<br />

jamais (v. 7), noyer (v. 10), Néant (v. 11), L’insensibilité<br />

(v. 14).<br />

Des accents bien marqués juste avant la césure<br />

(ex. : attristée, v. 6) ou à la rime langoureux / amoureux<br />

(v. 2, 4) scanderont efficacement les alexandrins.<br />

Prolongement : étudier la portée poétique et symbolique<br />

du terme azur, l’un des derniers mots de ce poème.<br />

Dans quel texte essentiel de Mallarmé le retrouve-t-on ?<br />

Texte C. Baudelaire, Le Spleen<br />

d’un<br />

À l’autrE 2<br />

de Paris, « Un hémisphère<br />

dans une chevelure »<br />

➜ p. 229<br />

Objectif : Analyser un poème en prose développant<br />

la métaphore fi lée de l’univers de la chevelure.<br />

Questions<br />

1. À la 1re personne (mon visage, l. 2 ; je vois, je sens,<br />

j’entends, l. 4-5 ; Mon âme, l. 5 ; j’entrevois, l. 12…), le<br />

poète s’adresse à une femme tutoyée : Laisse-moi (l. 1),<br />

Si tu pouvais (l. 4), Tes cheveux (l. 7), ta chevelure (l. 12),<br />

etc. => deux personnes grammaticales constamment<br />

associées.<br />

2. a. Anaphore de l’impératif Laisse-moi (l. 1, 29).<br />

b. Propos insistants qui laissent imaginer une relation<br />

complice, essentiellement entretenue par la passion<br />

charnelle.<br />

3. Champ lexical des sensations : respirer (l. 1), odeur (l. 1),<br />

plonger… mon visage (l. 1-2), altéré (l. 2), odorant (l. 3),<br />

secouer (l. 3), je vois (l. 4), je sens (l. 4), j’entends (l. 4-5),<br />

125


parfum (l. 5), musique (l. 6), bleu (l. 9), parfumée (l. 10),<br />

j’entrevois (l. 12), chants (l. 13), chaleur (l. 17), caresses<br />

(l. 18), bercées (l. 20), rafraîchissantes (l. 22), ardent (l. 23),<br />

respire (l. 23), odeur (l. 24), je vois (l. 25), odeurs (l. 27),<br />

mordre (l. 29). Les sens interviennent dans l’ordre suivant :<br />

odeur, toucher, goût, vue, ouïe, odorat, puis font des allerretour<br />

où dominent l’odeur et le toucher, sensations les<br />

plus adaptées pour évoquer une relation charnelle.<br />

4. Images associées à la chevelure :<br />

– plonger tout mon visage… source (l. 1-2) : comparaison ;<br />

– comme un mouchoir odorant (l. 3) : comparaison ;<br />

– Tes cheveux contiennent… (l. 7-11) : métaphore (chevelure<br />

= univers rêvé) ;<br />

– l’océan de ta chevelure (l. 12) ;<br />

– caresses de ta chevelure (l. 18) : personnification ;<br />

– ardent foyer de ta chevelure (l. 23) : métaphore (feu) ;<br />

– nuit de ta chevelure (l. 25) : métaphore (nuit) ;<br />

– rivages duvetés de ta chevelure (l. 26-27) : métaphore<br />

(mer).<br />

=> cheveux = ensemble du monde, univers cosmique.<br />

5. Structures ternaires récurrentes :<br />

– triple exclamation pour soutenir la métaphore de la<br />

chevelure univers : … tout ce que je vois ! tout ce que je<br />

sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! (l. 4-5) ;<br />

– trois compléments de l’adjectif verbal fourmillant pour<br />

valoriser l’effervescence du corps féminin : de chants<br />

mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations<br />

et de navires de toutes formes… (l. 13-17) ;<br />

– trois paragraphes qui commencent par des compléments<br />

circonstanciels évoquant explicitement les cheveux<br />

: Dans l’océan de ta chevelure (l. 12), Dans les<br />

caresses de ta chevelure (l. 18), Dans l’ardent foyer de<br />

ta chevelure (l. 23), puis trois compléments circonstanciels<br />

de lieu avec parallélisme dès ce 3e §, afin de montrer<br />

l’universalité de cette chevelure, à la mesure du monde :<br />

Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire… ; dans la<br />

nuit de ta chevelure, je vois resplendir… ; sur les rivages<br />

duvetés de ta chevelure, je m’enivre… (l. 23-28).<br />

6. Image filée de la chevelure cosmique avec un enchaînement<br />

continu de comparaisons et de métaphores qui la<br />

métamorphosent ainsi que des jeux de parallélismes et<br />

de répétitions qui rythment l’évocation.<br />

7. « La chevelure », de C. Baudelaire à H.-E. Cross :<br />

– les images d’océan et de mouvement qualifiant les cheveux<br />

se retrouvent dans les ondulations de la chevelure<br />

que peigne le modèle de Cross ;<br />

– la main gauche du personnage plongée dans ses cheveux<br />

rappelle la caresse sensuelle du poète, geste qui<br />

éveille les comparaisons et métaphores du poème ;<br />

126<br />

– la technique pointilliste (points de couleurs pures plus<br />

ou moins écartés, appliquée sur la toile) associe la chevelure,<br />

le corps et le vêtement au fond dont ne se détache<br />

pas le modèle qui partage sa gamme chromatique avec<br />

l’arrière-plan de la composition.<br />

Vis-à-vis : Mallarmé et Baudelaire<br />

8. L’évocation sensuelle dans « Tristesse d’été » étant axée<br />

sur la chevelure (v. 2, 9) métaphorisée en éléments cosmiques<br />

(soleil, v. 1) et naturels (rivière, v. 9), le rapprochement<br />

avec Baudelaire est évident, tout comme la relation<br />

lyrique entre le poète et cette femme. La différence porte<br />

sur le désenchantement de Mallarmé opposé à la sensualité<br />

triomphante et sans limite du texte de Baudelaire.<br />

9. Images du rêve chez Mallarmé : l’évocation fantasmée<br />

de l’Égypte dans les propos de la femme (v. 7-8) et l’imagination<br />

mortifère du poète dans les tercets : ce Néant<br />

que tu ne connais pas (v. 11).<br />

Chez Baudelaire, l’ensemble du poème en prose est structuré<br />

par le rêve, surtout à partir de la ligne 7 où la chevelure<br />

devient un univers onirique fourmillant d’images,<br />

fait sur un divan (l. 19-20).<br />

Prolongement : comparer ce poème en prose avec son<br />

équivalent en vers dans le recueil des Fleurs du mal.<br />

Texte3 Texte A. Rimbaud, « Au Cabaret-<br />

Vert, cinq heures du soir »<br />

➜ p. 231<br />

Objectif : Étudier un poème leste sur le thème<br />

de l’errance.<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Repères spatio-temporels dans le 1er quatrain : Depuis<br />

huit jours (v. 1), chemins (v. 2), Charleroi (v. 2), Au<br />

Cabaret-Vert (v. 3) => monde a priori peu poétique, où<br />

les heures sont décomptées de façon réaliste, dans une<br />

ville industrielle où le poète se retrouve dans un cabaret,<br />

lieu interlope.<br />

2. Pronom personnel je récurrent, employé dès le vers 1<br />

=> dimension autobiographie confirmée par le titre, les<br />

repères spatio-temporels de la 1re strophe, et la date.<br />

Mise au point<br />

3. Conditionnel passé 2e forme, à valeur de futur dans le<br />

passé au sujet de ses pensées : fût pour serait. Il s’attendait,<br />

avant même d’être servi, à ce que le jambon fût à


moitié froid. Mais la réalité lui prouva le contraire : Du<br />

jambon tiède, dans un plat colorié (v. 11).<br />

Analyse<br />

4. Champs lexicaux :<br />

– repas : tartines (v. 3), Du beurre et du jambon (v. 4),<br />

table (v. 5), tartines de beurre (v. 10), jambon tiède (v. 11),<br />

plat (v. 11), jambon rose et blanc (v. 12), gousse / D’ail<br />

(v. 12-13), chope (v. 13), mousse (v. 13) => vocabulaire<br />

trivial, avec la répétition des mots jambon et beurre, les<br />

éléments qui justifient toute la scène qui se joue ;<br />

– plaisir, bien-être : Bienheureux (v. 5), adorable (v. 7),<br />

Rieuse (v. 10), rayon de soleil (v. 14) => essentiellement<br />

des adjectifs qualificatifs qui modalisent le caractère<br />

agréable de ce souvenir d’errance.<br />

5. Sentiments du poète surtout dans le 2e quatrain :<br />

détente marquée par l’attitude relâchée (j’allongeai les<br />

jambes sous la table, v. 5) et l’apparition d’une jeune<br />

femme peu farouche, au physique appétissant (v. 8)<br />

=> phrases déclaratives qui affirment sans détour le<br />

bien-être alors ressenti.<br />

6. Répétition du nom jambon : pas seulement pour développer<br />

la trivialité du cabaret, mais aussi pour faire circuler<br />

de façon implicite les allusions sexuelles du poème.<br />

La demande de jambon que l’on s’attend à voir servi froid<br />

(v. 4), s’accompagne de la détente des jambes [mot de<br />

même radical] sous la table (v. 5). La serveuse revient<br />

avec du jambon finalement tiède (v. 11) ; et le sonnet de<br />

se conclure sur la mention d’un jambon rose et blanc<br />

parfumé d’une gousse d’ail (v. 12-13) qui rappelle de<br />

manière grivoise le corps rond et rieur de la fille.<br />

7. Trois enjambements avec rejet dans ce poème :<br />

– sous la table / Verte (v. 5-6) => le vers déborde sur le<br />

suivant, comme les jambes étendues sous la table ;<br />

– sujets très naïfs / De la tapisserie (v. 6-7) => effet d’attente<br />

: l’auberge est peu fréquentée, et le poète se distrait<br />

avec les motifs du papier peint ;<br />

– une gousse / D’ail (v. 12-13) => de façon aussi piquante<br />

que l’ail évoqué, l’enjambement surprend par sa façon de<br />

mettre en évidence un terme aussi peu poétique.<br />

=> irrespect joueur vis-à-vis de la versification traditionnelle,<br />

à l’image de la servante rieuse du Cabaret-Vert.<br />

Question de synthèse<br />

8. Sensualité au sens premier du terme : son corps respire<br />

la liberté et le plaisir, au point d’assimiler les tétons<br />

énormes (v. 8) et les formes généreuses à du bon jambon.<br />

Le contexte de la rencontre est en tout point lié à cette<br />

simplicité fruste : papier peint naïf (v. 6-7), plat grossière-<br />

ment peint, comme colorié (v. 11), consommation massive<br />

de bière (v. 13-14).<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. a. En octobre 1870, Rimbaud vient de<br />

quitter Charleville. Son but est d’aller à Paris, comme les<br />

autres fugues qu’il fera pendant un an, mais des détours<br />

le conduisent par exemple à Charleroi, la plus grande<br />

ville située non loin de sa ville natale. Métropole de la<br />

Belgique industrielle et minière de l’époque, elle est une<br />

halte sur le chemin errant du jeune poète qui est fasciné<br />

par les personnes et les scènes qu’il y croise.<br />

b. Le Cabaret-Vert à Charleroi est effectivement un cabaret<br />

à routiers, la Maison Verte, que le poète a fréquenté<br />

lors d’une de ses échappées. L’aspect interlope de ce lieu,<br />

perceptible dans le poème, est confirmé par la réalité<br />

de ce lieu vert, c’est-à-dire leste, plus ou moins lié à la<br />

prostitution.<br />

10. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– réécrire d’un autre point de vue, celui de la serveuse,<br />

donc partir des données du poème et respecter son<br />

enchaînement narratif ;<br />

– traduire le changement de point de vue en donnant une<br />

autre version de la rencontre ;<br />

– énumérer les caractéristiques de la jeune femme (fille<br />

forte, les yeux vifs, agréable et attentive) mais en leur<br />

donnant un autre sens : peut-être une nouvelle serveuse<br />

qui doit faire ses preuves pour être employée, et non une<br />

personne leste faisant de l’œil au poète.<br />

Proposition de début de récit :<br />

Soudain, alors que la patronne venait à peine de<br />

rouvrir la cuisine, je vis entrer un beau jeune homme,<br />

beau mais alors habillé comme l’as de pique, il fallait<br />

voir ! Les pieds dans un état ! Il commanda sur<br />

le champ trois ou quatre tartines accompagnées de<br />

beurre et de jambon, et il ajouta que ce n’était pas<br />

grave si le jambon était déjà froid. Il avait tellement<br />

faim ! Tu parles d’un original ! Comme si on n’attendait<br />

que lui, avec tous ces routiers qui défilaient alors,<br />

chaque jour, de six heures à minuit. Il n’avait jamais<br />

mis les pieds à Charleroi, ma parole !<br />

Mais je ne l’ai pas observé plus longtemps, il ne<br />

fallait pas traîner. J’ai fait l’aimable, même si l’envie<br />

de lui répondre me tentait un peu, mais on n’avait pas<br />

le temps de jouer à la maligne quand il s’agissait de<br />

faire bouillir la marmite pour un père silicosé et quatre<br />

petits frères orphelins de mère…<br />

Prolongement : comparer ce poème avec le sonnet « La<br />

maline ». Expliquer quel personnage féminin semble le<br />

plus touchant.<br />

127


d’un<br />

À l’autrE 3<br />

128<br />

Texte C. Baudelaire, Les Fleurs<br />

du mal, « À une passante »<br />

➜ p. 233<br />

Objectif : Analyser un sonnet moderne sur un nouveau<br />

type de Muse.<br />

Remarque : au vers 7 il faut ajouter ciel devant livide.<br />

Questions<br />

1. Vie urbaine uniquement évoquée au vers 1, mais avec<br />

une atmosphère propre à la grande ville : la foule et le<br />

bruit d’une rue assourdissante.<br />

2. Expansions décrivant la femme aperçue :<br />

– ensemble du vers 2 : épithètes Longue, mince, complément<br />

du nom en grand deuil et apposition douleur<br />

majestueuse ;<br />

– épithètes Agile et noble (v. 5) et complément du nom<br />

avec sa jambe de statue (v. 5).<br />

=> connotation d’extrême noblesse dans le physique et<br />

dans le port, avec des notations paradoxales associant<br />

deuil et volonté de séduction (Agile, jambe).<br />

3. a. Moi, je buvais […] La douceur qui fascine et le plaisir<br />

qui tue (v. 6-8). Sujet = je ; verbe = boire ; double COD :<br />

v. 8.<br />

b. Verbe et COD séparés par l’apposition au sujet, crispé<br />

comme un extravagant (v. 6), et par le complément circonstanciel<br />

de lieu Dans son œil, ciel livide, où germe<br />

l’ouragan (v. 7), complément métaphorique accordant au<br />

regard de cette passante le pouvoir d’un coup de foudre<br />

qui s’empare du poète.<br />

4. Antithèses du 2e quatrain :<br />

– Agile ≠ jambe de statue (v. 5) ;<br />

– crispé ≠ extravagant (v. 6) ;<br />

– plaisir ≠ tue (v. 8).<br />

=> femme qui allie les opposés, capable de transformer<br />

immédiatement une chose en son contraire. Sa beauté<br />

idéale la rend aussi belle qu’une sculpture (v. 5), mais<br />

mobile et passante, elle foudroie sur place le poète.<br />

5. Points d’exclamation et d’interrogation.<br />

Exclamation => apparition subite, sans lendemain : puis<br />

la nuit ! (v. 9), bien loin d’ici ! (v. 12), etc. et adresse à la<br />

passante en la tutoyant (v. 13-14).<br />

Interrogation => question sans réponse formulée à la<br />

passante après la prise de conscience de l’événement<br />

qui l’a fait soudainement renaître (v. 9-11).<br />

6. Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais (v. 13) :<br />

chiasme qui réunit grammaticalement deux êtres que la<br />

réalité a séparés.<br />

Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais (v. 14) : anaphore<br />

qui chante une passante définitivement disparue,<br />

mais éternellement inspirante.<br />

Vis-à-vis : Rimbaud et Baudelaire<br />

7. Un point commun semble réunir les deux femmes : la<br />

serveuse du Cabaret-Vert, Rieuse (v. 10), a les yeux vifs<br />

(v. 8). Le poète interprète son attitude comme l’indice<br />

d’une femme peu farouche (v. 9). Chez Baudelaire, la<br />

femme croisée est plus ambiguë : elle semble avoir joué<br />

de ses charmes comme l’indique le vers 4, mais l’on ne sait<br />

pas si c’est avant tout le poète qui interprète des signes de<br />

séduction dans l’œil foudroyant de la passante.<br />

8. Femme au cœur de l’inspiration : à l’origine du souvenir<br />

qui donne lieu à la rédaction du poème. Son évocation est<br />

associée à des notations d’ordre spirituel qui sanctifient<br />

poétiquement sa présence : dans l’auberge, Rimbaud<br />

se définit comme un Bienheureux (v. 5) ; Baudelaire dit<br />

renaître (v. 10) et prend rendez-vous dans l’éternité (v. 11)<br />

avec cette passante.<br />

Prolongement : comparer le poème « À une passante<br />

» avec le tableau de Jean Béraud ➜ p. 232. Sur<br />

quels points les deux femmes se rejoignent-elles ? Sur<br />

lesquels divergent-elles ?<br />

ÉtudE d’œuvrE intÉgralE<br />

A. Rimbaud, Poésies ➜ p. 234<br />

Objectif : Étudier un recueil représentatif des<br />

bouleversements de la poésie lyrique dans la seconde<br />

moitié du XIX e siècle.<br />

pistes d’AnAlyse<br />

1. Une poésie de la liberté<br />

Poèmes sur le thème de la fugue :<br />

– « Sensation » : Par la Nature, heureux comme avec<br />

une femme ;<br />

– « Rêvé pour l’hiver » : rêve d’un voyage fait au moment<br />

d’un voyage en wagon ;<br />

– « La maline » : une scène d’auberge, encore à Charleroi,<br />

avec une servante… Fichu moitié défait, malinement<br />

coiffée ;<br />

– « Ma bohème » : un poème sur une fugue en octobre<br />

1870. Mon auberge était à la Grande-Ourse ;<br />

– « Le bateau ivre » : le poète sans attaches, martyr lassé<br />

des pôles et des zones.<br />

Et de nombreux autres poèmes évoquent la fugue et la<br />

liberté au détour d’un vers.


Nature = femme complice qui initie le poète à l’amour.<br />

Ville et train = possibilités de rencontres coquines, sans<br />

lendemain, pour le plaisir des yeux et de la chair.<br />

=> thème de la fugue sans cesse revisité par l’écriture<br />

poétique : bucolique dans « Sensation », libertine dans<br />

« Rêvé pour l’hiver » et « Au Cabaret-Vert », d’un lyrisme<br />

doux dans « La maline », en référence au conte dans « Ma<br />

bohème », cosmique et épique dans « Le bateau ivre ».<br />

2. Une poésie de la révolte<br />

« À la musique » : poème sur l’ennui de la vie provinciale,<br />

avec tous ces bourgeois poussifs qu’étranglent les<br />

chaleurs.<br />

« Les assis » : poème satirique sur les fonctionnaires à<br />

vie, sans âme et sans vie ; ces vieillards ont toujours fait<br />

tresse avec leurs sièges.<br />

« Les premières communions » : poème violemment<br />

anticlérical.<br />

« Le bateau ivre » : des images fulgurantes de liberté<br />

totale, d’anarchisme. Cri de haine contre l’ordre et le<br />

silence, exaltation poétique crue : Si je désire une eau<br />

d’Europe, c’est la flache [flaque d’eau sale].<br />

=> poésie anti-bourgeoise marquée par l’observation<br />

satirique de la société de Charleville, et détestation des<br />

attaches sociales, comme le travail des bibliothécaires<br />

ridiculisé dans un style burlesque parodiant l’épopée<br />

dans « Les assis ».<br />

3. Une poésie de la modernité<br />

Enjambements :<br />

« Le châtiment de Tartufe » :<br />

Tisonnant, tisonnant son cœur amoureux sous<br />

Sa chaste robe noire, heureux, la main gantée […]<br />

=> la séparation entre la préposition sous et le GN Sa<br />

chaste robe noire montre comme une surprise ce qui se<br />

cache en dessous.<br />

« Le buffet » :<br />

– C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches<br />

De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs<br />

sèches […]<br />

=> l’enjambement fait mieux distinguer le couple avec<br />

allitération médaillons / mèches, et dans le vers suivant,<br />

le couple d’adjectifs blancs ou blonds.<br />

« Le bateau ivre » :<br />

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades<br />

Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants<br />

=> la disjonction du nom dorades et de son complément<br />

Du flot bleu donne l’impression de voir sauter les poissons<br />

que l’on veut justement mettre sous les yeux des<br />

enfants.<br />

Rejets :<br />

« Ma bohème » :<br />

– Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course<br />

Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.<br />

=> la disjonction du verbe et de son COD rimes imite leur<br />

dispersion, à des endroits inattendus par rapport à la versification<br />

traditionnelle.<br />

« Le dormeur du val » :<br />

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine<br />

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.<br />

=> le placement de l’adjectif Tranquille dans le dernier<br />

vers permet d’opposer le sens de ce terme à la révélation<br />

horrible de la dernière phrase (trous rouges).<br />

« Le bateau ivre » :<br />

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries<br />

Hystériques, la houle à l’assaut des récifs<br />

=> valorisation de l’adjectif Hystériques en début de vers,<br />

ce qui donne plus d’ampleur au vers qui commence et se<br />

termine sur la répétition de quatre sons dans les mots<br />

hystériques et récifs.<br />

Contre-rejets :<br />

« Les assis » :<br />

Et les Sièges leur ont des bontés : culottée<br />

De brun, la paille cède aux angles de leurs reins<br />

=> mis en évidence à la rime du participe passé culottée,<br />

terme peu poétique qui rend la satire plus incisive.<br />

« Voyelles » :<br />

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,<br />

Je dirai quelque jour vos naissances latentes<br />

=> l’apostrophe aux voyelles, terme titre du poème, ressort<br />

d’autant mieux que le mot est placé en fin de vers,<br />

juste après les deux points qui refermaient l’énumération.<br />

« Le forgeron » :<br />

Oh ! Le Peuple n’est plus une putain. Trois pas<br />

Et, tous, nous avons mis ta Bastille en poussière.<br />

=> le contre-rejet oppose en fin de vers le peu d’efforts<br />

fournis (Trois pas) à la forteresse rasée (en poussière).<br />

ActivitÉs complÉmentAiRes<br />

1. Entraînement au commentaire<br />

« Ma bohème (Fantaisie) »<br />

Introduction :<br />

Daté d’octobre 1870, l’un des poèmes sur le vagabondage,<br />

les fugues du très jeune poète toujours désireux<br />

d’aller à Paris, mais allant rarement plus loin<br />

qu’en Belgique.<br />

Poème métalittéraire, c’est-à-dire dont le sujet est<br />

la poésie elle-même.<br />

129


Plan du développement :<br />

Partie I. Un poème de l’errance<br />

1er § : le réalisme du vagabondage.<br />

Ex. : champ lexical du voyage au bord des routes,<br />

avec des notations réalistes, comme « mes poches<br />

crevées » (v. 1).<br />

2e § : l’influence du merveilleux.<br />

Ex. : référence au « Petit-Poucet » (v. 6) et personnification<br />

des « étoiles » (v. 8).<br />

Partie II. Une école de poésie<br />

1er § : la Nature comme Muse.<br />

Ex. : ciel (v. 3) et « Grande-Ourse » (v. 7) assimilées<br />

à des muses.<br />

2e § : un lyrisme original.<br />

Ex. : comparaison entre rosée et alcool (v. 11) et référence<br />

à un Orphée moderne, avec des élastiques en<br />

guise de cordes de lyre (v. 13).<br />

Partie III. Un poème sur la poésie<br />

1er § : l’inspiration poétique.<br />

Ex. : la misère et l’errance comme thèmes d’inspiration<br />

(le poème se regarde lui-même) (v. 13-14).<br />

2e § : un jeu inusuel avec la forme du sonnet.<br />

Ex. : rejet (v. 6-7), enjambement (v. 13-14) et nombre<br />

de rimes plus importants (quatrains).<br />

Conclusion :<br />

Bilan : un poète jeune mais qui révolutionne le sonnet<br />

dans sa forme et sans ses thèmes. Modernité<br />

de la bohème érigée en modèle absolu de fantaisie<br />

poétique.<br />

Ouverture : parallèle avec un sonnet métalittéraire de<br />

Tristan Corbière, « I Sonnet avec la manière de s’en<br />

servir » ➜ Livre de l’élève de Première, p. 43.<br />

2. Entraînement à la lecture d’un corpus<br />

Introduction :<br />

Quatre poèmes envisageables :<br />

– « Sensation » (poème à partir d’une fugue en mars<br />

1870) ;<br />

– « Rêvé pour l’hiver » (fugue en Belgique en octobre<br />

1870) ;<br />

– « Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir » (idem) ;<br />

– « La Maline » (idem).<br />

Plan de la réponse :<br />

1er § : les rappels spatio-temporels et matériels de<br />

l’errance.<br />

Lieux évoqués (nature, ville de Charleroi…), détails<br />

sur les vêtements usés et l’apparence bohémienne.<br />

130<br />

2 e § : la sensualité de l’expérience de vagabond.<br />

Femmes concrètes ou éléments de la nature personnifiés<br />

en femmes => voyage = expérience émancipatrice<br />

et libertine qui transforme le garçon en homme.<br />

3 e § : l’inspiration au coin du carrefour.<br />

Sentiment d’infini (quête sensuelle ou esthétique)<br />

apporté par l’errance.<br />

Conclusion :<br />

Voyage = expérience globale (formation humaine,<br />

spirituelle et esthétique) => porte ouverte aux formes<br />

nouvelles de roman, poésie ou chanson au XX e siècle<br />

(influence de Rimbaud sur la « Beat Generation », par<br />

exemple).<br />

Histoire des arts ➜ p. 236<br />

Les représentations de la Muse<br />

Questions<br />

1. Ambiguïté : homme ou femme ? par les cheveux longs,<br />

la finesse des traits du visage, et le bras gauche qui cache<br />

ce qui aurait pu être une poitrine.<br />

=> idéal antique d’un être hermaphrodite. Cf. versions du<br />

mythe d’Orphée qui font de lui un poète chantant inlassablement<br />

sa femme morte, ou poète qui a inconsciemment<br />

tué sa femme pour mieux se rapprocher des hommes.<br />

Volonté de montrer le mimétisme en action : la Muse collée<br />

au dos d’Orphée fait de lui un double qui tire sur les<br />

cordes de la lyre sous l’impulsion d’un être féminin.<br />

2. Trois dessins représentatifs du style de Nadja :<br />

– « La fleur des amants » : fleur en forme de trèfle à<br />

quatre feuilles dont deux sont des paires d’yeux, et dont<br />

la tige est une flèche courbe qui entre dans la gueule d’un<br />

serpent. Dessin glosé comme un enchantement par Nadja<br />

elle-même ;<br />

– « Le rêve du chat » que Breton décrit ainsi : l’animal<br />

debout qui cherche à s’échapper sans s’apercevoir qu’il<br />

est retenu au sol par un poids et suspendu au moyen<br />

d’une corde qui est aussi la mèche démesurément grossie<br />

d’une lampe renversée. Il le définit comme un découpage<br />

hâtif d’après une apparition ;<br />

– « Le salut du diable » : une chaussure en forme de poulaine,<br />

avec une main en contrefort, et d’où surgit une tête<br />

de diable rieur.


Exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 238<br />

RevoiR<br />

1 Paysage poétique et lyrisme<br />

Texte A : V. Hugo, Les Feuilles d’automne,<br />

« Soleils couchants »<br />

1. Coucher de soleil dont l’évocation encadre le poème :<br />

événement dans le vers 1 avec le passé composé, et réapparition<br />

du soleil joyeux au vers 14.<br />

L’ensemble du poème n’a pas l’allure d’un texte uniquement<br />

descriptif : énumération de tous les éléments de la<br />

nature (mers et monts, v. 6 ; fleuves et forêts, v. 7, avec des<br />

répétitions dans la strophe suivante), mais l’évocation est<br />

animée par les verbes d’action (passer, rouler, prendre…)<br />

et l’emploi du futur qui font du paysage une masse mouvante<br />

qui se renouvelle : et les bois toujours verts / S’iront<br />

rajeunissant (v. 10-11).<br />

2. Anaphores :<br />

– adverbe Puis trois fois (v. 3-4) ;<br />

– préposition sur quatre fois (v. 6-7), dont deux fois sur<br />

la face (v. 6) ;<br />

– conjonction de coordination et trois fois (v. 9-10) ;<br />

– répétition du pronom je (v. 14-16).<br />

=> une anaphore caractéristique par strophe.<br />

Autres répétitions :<br />

– échos : ce soir et le soir (v. 1, 2), nuit et nuits (v. 2, 4) ;<br />

– répétition de part et d’autre de la césure du verbe passeront<br />

(v. 5), repris une seule fois au présent pour le poète,<br />

au vers 14 : Je passe ;<br />

– reprise en chiasme dans la 3e strophe des éléments de<br />

la 2e , avec le vers 9 en transition : mers, monts (v. 6),<br />

fleuves, forêts (v. 7), eaux, montagnes (v. 9), bois (v. 10),<br />

fleuve (v. 11), monts, mers (v. 12).<br />

=> impression d’un cycle naturel harmonieux et éternel<br />

justifiant les adverbes toujours (v. 10) et sans cesse (v. 12).<br />

3. Dernier quatrain : opposition avec la conjonction Mais<br />

(v. 13). Présence de la 1re personne, seule devant le reste<br />

du monde (v. 16) décrit dans les strophes précédentes.<br />

Texte B : P. Verlaine, Poèmes saturniens,<br />

« Soleils couchants »<br />

4. Progression de la rêverie par répétitions :<br />

– le nom mélancolie (v. 3, 5), attribué au paysage (v. 4),<br />

s’intériorise dans Mon cœur (v. 7) ;<br />

– le verbe Défilent (v. 13-14) fait apparemment le chemin<br />

inverse : des Fantômes (v. 12) intérieurs, aux soleils qui<br />

se couchent sur les grèves (v. 16) ;<br />

– le GN Soleils couchants, répété quatre fois, dont les<br />

deux dernières avec enjambement (v. 10-11, 15-16), fait<br />

le lien entre le paysage et l’âme => paysage état d’âme.<br />

5. Paysage observé (v. 1-4), puis sentiment doux s’emparant<br />

de l’âme du poète (v. 5-8), et illusion du retour à<br />

l’extérieur car il ne s’agit plus que d’un paysage onirique<br />

(d’étranges rêves, v. 9) prenant les soleils couchants<br />

comme comparaison (Comme, v. 10 ; pareils À, v. 14-15).<br />

6. Registre fantastique : paysage intérieur de Fantômes<br />

vermeils (v. 12). Pas de description objective, même au<br />

début du poème immédiatement marqué par la mélancolie<br />

(v. 3).<br />

D’un texte à l’autre<br />

7. Sentiment de la finitude de l’homme, de sa petitesse<br />

dans l’univers, chez V. Hugo (v. 13-16).<br />

Angoisse et dépression, chez P. Verlaine.<br />

Dans les deux poèmes, images mortifères qui font du<br />

coucher de soleil une métaphore de la mort : courbant<br />

(v. 13), passe, refroidi (v. 14), m’en irai (v. 15) dans le texte<br />

A ; affaiblie (v. 1), mélancolie (v. 3, 5), Fantômes (v. 12)<br />

dans le texte B.<br />

8. Dans le texte A, conscience d’assister à un spectacle (ce<br />

soir, v. 1) qui se renouvellera forcément sans le poète, d’où<br />

le pluriel « Soleils couchants ».<br />

Dans le texte B, état mélancolique d’angoisse et de mort<br />

qui persiste.<br />

AppRofondiR<br />

2 Mythe symboliste et lyrisme<br />

T. de Banville, Les Exilés, « Hérodiade »<br />

1. Forme du sonnet traditionnel :<br />

– deux quatrains d’alexandrins avec les deux mêmes<br />

rimes embrassées ;<br />

– deux tercets distribués en une rime suivie et en un<br />

« quatrain » de rimes croisées.<br />

2. a. Insistance sur le physique d’Hérodiade : description<br />

des yeux (v. 1) ; lèvre et dents (v. 7-8).<br />

Mais c’est l’allure du personnage qui retient l’attention :<br />

– port de sa parure : colliers et pendants d’oreilles (v. 2) ;<br />

– port de sa robe qui traîne (v. 10-11) ;<br />

– bagues aux doigts (v. 12-13).<br />

b. Comparaisons :<br />

– yeux : eau du Jourdain (v. 1) ;<br />

– l’ensemble de son physique : raisin (v. 3) ;<br />

– blancheur des dents : lys (v. 8).<br />

=> comparaisons bibliques propres à la poésie de l’Ancien<br />

Testament (Psaumes, Cantique des Cantiques).<br />

131


3. Dernier vers = pointe.<br />

Après la beauté lascive d’Hérodiade, vision d’horreur.<br />

Enjambement avec dramatisation dans les vers 13-14 :<br />

sur le plat d’or apparaît la tête décapitée de saint<br />

Jean-Baptiste.<br />

4. Femme sensuelle par l’attention accordée à sa parure et<br />

à son vêtement qui modifient sa démarche : lourds colliers<br />

(v. 2), sa robe qui traîne (v. 10), et par le port altier du<br />

personnage : dédain (v. 4), orgueilleux (v. 8). Ce spectacle<br />

intimidant devient sensuel : flots voluptueux (v. 11).<br />

5. a. Seul le dernier vers correspond bien à cette image<br />

aussi belle qu’effrayante qui associe la beauté artificielle<br />

du personnage à la vision horrible de la tête sanglante.<br />

La gravure insiste sur ce sang dont les flots se confondent<br />

avec les longs cheveux du saint.<br />

b. En bas à gauche, signature de l’artiste stylisée, toute<br />

en verticalité qui évoque dans ce contexte la dague qui<br />

a servi à décapiter le saint. => ornementation extrême<br />

caractéristique du symbolisme.<br />

En bas à droite, vision du second plan avec les mules<br />

orientales d’Hérodiade qui s’apprête donc à les chausser<br />

pour porter la tête du saint à son beau-père. => détail<br />

aussi décoratif que narratif propre à l’iconographie<br />

symboliste.<br />

132<br />

ÉcRiRe<br />

3 Rêve symboliste et lyrisme<br />

R. de Gourmont, Sixtine<br />

1. Repères spatio-temporels :<br />

– 14 septembre, le matin : apparence de journal ;<br />

– lune (l. 1), dans ma chambre (l. 2) ;<br />

– incertitude sur le lieu : encore dehors, au milieu des<br />

broussailles et des précipices des Roches-Noires (l. 8-9),<br />

ou à l’intérieur, dans ma chambre et dans mon lit (l. 10) ;<br />

– apparition au-dessus de la cheminée la glace (l. 11-12),<br />

qui dure Pendant des minutes (l. 23).<br />

=> univers fantastique de l’entre-deux, incertain et<br />

angoissant.<br />

2. Champ lexical du portrait : ombres, apparences de traits<br />

humains (l. 16-17), ondulation lumineuse… comme des<br />

cheveux blonds (l. 18-19), portrait… trait pour trait (l. 22),<br />

vision (l. 24).<br />

=> révélation progressive d’un visage humain. Jeu<br />

d’ombres et de lumières qui justifie le mot vision.<br />

3. a. vert lunaire, vert d’eau transparente sous des saules<br />

(l. 13-14), comme sur la face même de la lune (l. 15),<br />

autour de la vague (l. 17) = éléments du paysage des<br />

Roches-Noires.<br />

b. Omniprésence de la lune définie comme pâle et verte<br />

depuis le début du récit (l. 2). Correspondance entre la<br />

femme qui apparaît et la face de la lune : superstition et<br />

magie qui évoque Hécate, fille diabolique de Perséphone.<br />

4. Entraînement au commentaire<br />

Partie de commentaire : Un texte en prose empruntant<br />

le style et les images de la poésie.<br />

1er § : un portrait mouvant.<br />

Ex. : comparaisons empruntées à la nature, et en particulier<br />

à la lune (➜ question 3. a.).<br />

2e § : un portait inquiétant.<br />

Ex. : images ambiguës, fantastiques qui évoquent un<br />

cauchemar (➜ question 2).<br />

3e § : un portait symbolique stylisé.<br />

Ex. : images superstitieuses et mythologiques évoquant<br />

la sorcellerie (➜ question 3. b.).


Textes<br />

l M. Maeterlinck, Pelléas et Mélisande (1892), avec<br />

en écho un extrait de l’opéra de C. Debussy (1902) : la<br />

femme symboliste au théâtre et à l’opéra.<br />

l G. Rodenbach, Bruges-la-Morte (1892) : la femme<br />

dans le roman symboliste belge.<br />

Document audio du DVD-Rom<br />

l C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Parfum exotique<br />

» (1857)<br />

Textes du DVD-Rom<br />

l C. Baudelaire, « Les fenêtres » (posth. 1869)<br />

l A. Rimbaud, « À la musique » (1870)<br />

Images fixes<br />

l E. Burne-Jones, Le Cortège nuptial de Psyché<br />

(1895) : symbolisme et mythologie.<br />

l L. Janmot, Le Vol de l’âme (1894) : symbolisme et<br />

allégorie.<br />

l F. Khnopff, Le Sphinx (1896) : symbolisme, rêve et<br />

mythologie.<br />

Prolongements<br />

Images du DVD-Rom<br />

l G. Moreau, Œdipe voyageur (1888) : un chef-d’œuvre<br />

de la peinture symboliste.<br />

l C. Cahun, Le Cœur de pic (1936) : lien entre iconographie<br />

symboliste et image surréaliste.<br />

Activités<br />

l Recherche lexicale. Faire la différence précise entre<br />

un texte symbolique et un texte symboliste. Justifier<br />

à l’aide des textes de la séquence.<br />

l Analyse de corpus<br />

Sujet : le mythe de Salomé<br />

Corpus : T. de Banville, Les Exilés, « Hérodiade »<br />

➜ p. 238<br />

J.-K. Huysmans, À Rebours, chapitre V (extrait, 1884)<br />

Oscar Wilde, Salomé (extrait, 1893)<br />

G. Moreau, L’Apparition (1876), aquarelle<br />

Questions sur le corpus :<br />

a. Quels points communs réunissent ces documents<br />

dans la façon de décrire et d’évoquer Salomé ?<br />

b. Lequel en donne la représentation la plus inquiétante<br />

? Justifiez.<br />

133


sÉQuEnCE 12<br />

De l’Esprit nouveau au surréalisme<br />

Texte1 Texte B. Cendrars, « La prose<br />

du Transsibérien et de la<br />

petite Jehanne de France »<br />

➜ p. 241<br />

Objectif : Étudier un poème moderne sur le thème<br />

du voyage.<br />

Remarque : la numérotation des vers a été modifi ée<br />

dans le manuel de l’élève, le livre du professeur tient<br />

compte de cette modifi cation.<br />

134<br />

➜ Livre de l’élève, p. 240<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. a. Un récit autobiographique où le présent de l’énonciation<br />

affirme la présence de l’auteur :<br />

– présence du je : v. 11, 47, 48, 50 à 52, en particulier le<br />

vers 47 ;<br />

– v. 48 : je suis encore fort mauvais poète.<br />

b. Voyage imaginaire au vers 10 : Le train avance et le<br />

soleil retarde => l’irréel est souligné par l’antithèse ; ou au<br />

vers 25 : Les trains roulent en tourbillon sur les réseaux<br />

enchevêtrés => mouvement circulaire totalement irréaliste<br />

pour un train.<br />

2. Indicateurs de temps : L’heure de Paris… (v. 5), Tous<br />

les matins (v. 9).<br />

Indicateurs de lieu : Paris, Berlin, Saint-Pétersbourg,<br />

toutes les gares (v. 5), Oufa (v. 6), Grodno (v. 7), Louvre<br />

(v. 13), Bruges-La-Morte (v. 14), New York (v. 15), Venise<br />

(v. 16), Moscou (v. 17) => diversité des lieux et des pays.<br />

Mouvement représenté par les énumérations : v. 5, v. 17.<br />

Mise au point<br />

3. gober = goûter, vivre => langage familier : Jeanne dort,<br />

donc ne profite pas de toutes les villes traversées.<br />

Analyse<br />

4. a. Sens de la vue : les visages entrevus (v. 3), visage<br />

ensanglanté (v. 6), lumineux (v. 7). Antithèse entre cauchemar<br />

(v. 6) et rêve (v. 7).<br />

L’ouïe : j’entends les cloches sonores (v. 11), Le gros<br />

bourdon (v. 12), La cloche aigrelette (v. 13), Les carillons<br />

(v. 14), Les sonneries (v. 15), Les campagnes (v. 16), les<br />

cloches (v. 17), Le train tonne sur les plaques tournantes<br />

(v. 19), Un gramophone grasseye (v. 21), bruissent (v. 24)<br />

=> champ lexical du bruit, et répétition obsédante du nom<br />

cloche.<br />

b. L’ouïe => violence du monde par les sonorités dentales<br />

et gutturales : Un gramophone grasseye (v. 21).<br />

5. a. Rythme varié avec des décasyllabes (v. 10, 19, etc.),<br />

des vers libres (v. 2, 17), donc des mètres irréguliers,<br />

qui s’accélèrent dès le vers 30 avec des vers très courts<br />

(v. 30-45).<br />

b. Sonorités : allitération en [t] qui rappelle le mot<br />

train, anaphores en et (v. 6-8, 37-41) et en car (v. 48-51)<br />

=> monotonie du voyage en train.<br />

6. images associations :<br />

– v. 25-26 : réseaux enchevêtrés = Bilboquets diaboliques<br />

= lien avec le cordon du bilboquet qui peut s’emmêler ;<br />

– v. 29 sq. : échecs, Tric-Trac, Billard, Caramboles = jeux<br />

qui évoquent l’enfance ;<br />

– v. 32-33 : Caramboles = Paraboles = finale commune ;<br />

– v. 33-34 : Parabole = géométrie = du type de récit à la<br />

figure géométrique (polysémie du mot parabole).<br />

Etc.<br />

7. a. Sentiment de détresse lié à une nostalgie des<br />

voyages et de l’enfance :<br />

– tourment associé au temps qui passe représenté par le<br />

train qui roule (v. 20) ;<br />

– connotation négative des derniers vers : fort mauvais<br />

(v. 48), déborde (v. 49), négligé (v. 50), je ne sais pas aller<br />

jusqu’au bout (v. 51), j’ai peur (v. 52) ;<br />

– images violentes : visage ensanglanté (v. 6), la<br />

Barthélemy (v. 13), les soldats qui l’égorgèrent (v. 37), les<br />

tueries (v. 41), les naufrages (v. 45), Titanic (v. 46).<br />

=> but du voyage : quête de soi avec la volonté de regarder<br />

le monde et la vie tels qu’ils sont.<br />

b. La diversité des noms de lieux donne l’impression que<br />

la destination a peu d’importance. Seule compte l’avancée<br />

du train.<br />

Question de synthèse<br />

8. Modernité :<br />

– formelle : vers libres, irréguliers, absence de rimes et<br />

de ponctuation ;


– thématique : thème du train, juxtaposition des images<br />

par associations d’idées.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Cendrars le bourlingueur :<br />

– Saint-Pétersbourg, Oufa, Grodno : il a séjourné en<br />

Russie de 1905 à 1907 ;<br />

– New York : il est l’auteur des Pâques à New York (1912).<br />

Et la moindre indication géographique (Venise, v. 16 ;<br />

Syracuse, v. 35) renvoie forcément à un voyage de<br />

Cendrars, lui qui a voyagé dès son plus jeune âge sur<br />

tous les continents.<br />

10. Écriture d’invention. Consignes :<br />

– pastiche : imitation formelle (anaphores, mètres<br />

irréguliers…) ;<br />

– associations d’images ;<br />

– piste : proposer un trajet familier en voiture avec<br />

quelqu’un sur le point de s’endormir au volant, ou poursuivre<br />

le texte de l’auteur en développant les dernières<br />

images.<br />

Proposition de début de rédaction :<br />

Il rêve<br />

Et de tous les instants du parcours il n’en a retenu<br />

aucun<br />

Tous les vagabonds rencontrés au bord des routes<br />

Tous les panneaux<br />

Le feu tricolore du premier carrefour, le feu tricolore<br />

de l’intersection suivante le feu tricolore du dernier<br />

croisement et le feu tricolore de chaque route…<br />

Autre proposition :<br />

« Les naufrages<br />

Même celui du Titanic que j’ai lu dans le journal »<br />

… La une, les gros titres<br />

Les nouvelles du jour<br />

Et de la nuit…<br />

Prolongement. Activité TICE : effectuer l’activité proposée<br />

par la BNF : « L’écriture recompose un chemin dans<br />

la ville », http ://classes.bnf.fr/ecrirelaville/propos/02_6.<br />

htm<br />

Texte P. Soupault, Westwego<br />

d’un<br />

À l’autrE 1<br />

➜ p. 243<br />

Objectif : Analyser les caractéristiques formelles et<br />

thématiques d’un texte poétique moderne.<br />

Questions<br />

1. Repères spatiaux : ici (v. 1, 16), à la terrasse d’un café<br />

(v. 2), à New York ou à Buenos Aires (v. 5) et la mention<br />

d’autres villes ou sites étrangers (v. 6, 8, 9), à bord d’un<br />

paquebot (v. 7), à Barbizon (v. 10), sur les boulevards,<br />

dans les rues (v. 20), jusqu’à l’océan ou plus loin (v. 25),<br />

là-bas (v. 26)…<br />

=> la répétition d’ici avec le verbe être montre que le<br />

poète est immobile et que c’est son imagination, ou sa<br />

mémoire, qui vagabonde.<br />

2. Sentiment de solitude : omniprésence du pronom je<br />

(v. 1, 2, 3, 5, 10, 11, 12…), repères spatio-temporels qui<br />

ancrent le poème dans le présent : ici (v. 1) et ce soir (v. 16,<br />

46).<br />

3. a. Structure :<br />

v. 1-3 : situation du poète ;<br />

v. 4-15 : évocation de voyages rêvés et réels ;<br />

v. 16-23 : retour à sa situation avec la description de ce<br />

qui l’entoure ;<br />

v. 24-30 : rêverie autour de la mer ;<br />

v. 31-37 : retour à la réalité avec une reprise du vers 23 ;<br />

v. 38-45 : souvenir de ses amis ;<br />

v. 46 : retour à sa situation.<br />

b. Impression d’unité :<br />

– association d’idées entre voyages (v. 4) et ici (v. 16),<br />

entre pluie (v. 23) et mer (v. 26)… ;<br />

– figure centrale du poète qui rêve à la terrasse d’un café.<br />

4. Aspects de la ville :<br />

– animation des passants : voyous (v. 21), femmes (v. 33),<br />

enfants (v. 35) => sens de l’ouïe sollicité par les verbes en<br />

chantant (v. 21), rient (v. 33), crient (v. 35) ;<br />

– environnement : terrasse d’un café (v. 2), boulevards,<br />

rues (v. 20), arbres secs (v. 22), volière du Luxembourg<br />

(v. 35) => sens de la vue.<br />

=> le poète avait l’air centré sur lui-même au début du<br />

texte ; en fait, il est ouvert à ce qui se passe autour de lui<br />

et tient compte de la présence des hommes, soulignant<br />

ainsi sa solitude : poète seul (singulier) ≠ groupes de<br />

personnes (pluriel).<br />

Vis-à-vis : Cendrars et Soupault<br />

5. Le voyage apparaît à la fois comme une quête d’ailleurs<br />

et comme une introspection.<br />

– Quête d’ailleurs : mention de villes à l’étranger :<br />

Cendrars, Berlin, Saint-Pétersbourg (v. 5) ; Soupault,<br />

New York, Buenos Aires (v. 5), Moscou (v. 6), Madagascar,<br />

Shang-haï (v. 8).<br />

– Introspection : nostalgie de l’enfance avec l’évocation<br />

des jeux chez Cendrars (v. 29-32), affirmation de sa solitude<br />

et de son identité chez Soupault (v. 46).<br />

6. Soupault est allé jusqu’au bout car il s’affirme en précisant<br />

son identité et assume sa solitude tout en gardant<br />

à l’esprit l’existence de ses amis qu’il nomme (v. 40-43).<br />

135


Leurs perceptions de l’univers s’opposent :<br />

– Cendrars : l’univers me déborde (v. 49) => peur du<br />

poète, manque de repères ;<br />

– Soupault : je vois l’univers / en riant (v. 18-19) => regard<br />

amusé du poète, évocation de l’ivresse à travers le verre<br />

tremblant (v. 17).<br />

Prolongement. Iconographie :<br />

– montrez la pertinence du choix du portrait de Soupault<br />

par Delaunay pour illustrer le poème ➜ p. 243 ;<br />

– faites une recherche à propos de la biographie de<br />

Robert Delaunay : qui est Sonia Delaunay, l’artiste dont<br />

le dessin a accompagné le poème de Cendrars ? ➜ p. 241<br />

Texte2 Texte G. Apollinaire, Alcools,<br />

« Zone » ➜ p. 245<br />

Objectif : Étudier un poème moderne sur le thème<br />

de la ville.<br />

136<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Cadre spatio-temporel : l’univers de la ville (tour Eiffel,<br />

v. 2 ; Paris, v. 24) au début du xx e siècle (automobiles, v. 4 ;<br />

hangars de Port-Aviation, v. 6 ; sténo-dactylographes,<br />

v. 17).<br />

2. La religion dépasse les modes : adjectifs liés au<br />

temps qui n’a aucune prise sur la religion (La religion<br />

seule est restée toute neuve, v. 5 ; tu n’es pas antique<br />

ô Christianisme, v. 7 ; L’Européen le plus moderne c’est<br />

vous Pape Pie X, v. 8). Mais dans le même temps, le poète<br />

éprouve de la honte à aller à l’église (la honte te retient /<br />

D’entrer dans une église, v. 9-10), honte due au regard des<br />

autres : personnification des fenêtres qui observent (v. 9).<br />

Mise au point<br />

3. Premier vers inattendu pour un poème d’ouverture :<br />

condamnation du passé (tu es las) et évocation de la fin<br />

alors qu’il s’agit du début du poème, impression de lire la<br />

chute, pas le premier vers.<br />

Analyse<br />

4. a. Repères brouillés : changements dans les indices<br />

de l’énonciation :<br />

– tu (v. 1, 3, 7, 11), toi (v. 9) ;<br />

– apostrophe de la tour Eiffel (v. 2) ;<br />

– vous (v. 8) = Pape Pie X.<br />

=> nombreux interlocuteurs : tu (v. 1) = lecteur, tu (v. 3)<br />

= lecteur ou tour Eiffel, tu (v. 7) = Christianisme, toi<br />

(v. 9) = auteur qui reprend le pronom je dans la strophe<br />

suivante.<br />

b. Un lyrisme particulier : au lieu de nous offrir un cadre<br />

bucolique, Apollinaire se trouve en harmonie avec un<br />

cadre urbain (jolie rue, v. 15 = personnification) ; vocabulaire<br />

à connotation méliorative (Neuve et propre, v. 16),<br />

métaphore (clairon du soleil, v. 16). Les composants se<br />

transforment en animaux : la cloche en chien (v. 20), les<br />

façades et écriteaux en perroquets (v. 21-22). Le jeu se<br />

prolonge pour aboutir quasiment à une antithèse : grâce<br />

≠ rue industrielle (v. 23).<br />

5. Métaphore : la tour Eiffel = Bergère => monument<br />

représentatif de la ville, elle domine par sa hauteur les<br />

ponts, ainsi assimilés à des moutons.<br />

6. Regard neuf sur le monde par des associations<br />

insolites :<br />

– tour Eiffel = Bergère (v. 2) ;<br />

– automobiles // anciennes (v. 4) ;<br />

– religion // hangars de Port-Aviation (v. 5-6) ;<br />

– publicités // poésie (v. 11-12) ;<br />

– rue // soleil (v. 15-16).<br />

…<br />

7. a. La suppression de la ponctuation s’explique par le<br />

besoin d’innovation et de liberté d’Apollinaire qui pouvait<br />

la considérer comme une contrainte.<br />

b. Intérêt : le lecteur a tendance à suivre le rythme du<br />

vers, seul repère dans sa lecture.<br />

Difficulté : diversité des interprétations. Ex. : Une cloche<br />

rageuse y aboie vers midi / Les inscriptions des enseignes<br />

et des murailles / Les plaques les avis à la façon des perroquets<br />

criaillent (v. 20-22) => le verbe aboyer peut être<br />

soit considéré comme intransitif, il y aurait alors coupure<br />

entre le vers 20 d’une part et les vers 21-22 d’autre part ;<br />

soit considéré comme transitif, la coupure interviendrait<br />

entre les vers 20-21 et le vers 22.<br />

Question de synthèse<br />

8. Volonté de modernité liée à la forme :<br />

– vers libres, irréguliers, mêlés à des mètres fixes<br />

(2 alexandrins : v. 19-20) ;<br />

– moindre respect des rimes : suivies (v. 1-6 ; 9-16 ; 19-22),<br />

sons proches (v. 7-8 ; 17-18 ; 23-24) ;<br />

– absence de strophes : blancs pour mettre en valeur les<br />

premiers vers.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Vers ironique et polémique car ce pape est<br />

connu pour son anti-modernisme :


– il désapprouve la séparation de l’Église et de l’État en<br />

France : Qu’il faille séparer l’État de l’Église, c’est une<br />

thèse absolument fausse, une très pernicieuse erreur<br />

(Vehementer nos, 1906) ;<br />

– il condamne le modernisme (mouvement qui souhaitait<br />

adapter la religion catholique aux découvertes scientifiques)<br />

: décret Lamentabili sane exitu (1907) ;<br />

– il excommunie le prêtre Loisy qui avait placé les textes<br />

bibliques dans une perspective historique, leur faisant<br />

ainsi perdre leur crédibilité (1908).<br />

10. Commentaire<br />

Plan détaillé :<br />

Partie I. Un poème résolument moderne<br />

1er § : un rejet du « monde ancien » (premier vers,<br />

antithèse…).<br />

2e § : un lyrisme particulier (personnification de la<br />

rue, métaphores).<br />

3e § : une forme originale (vers libres, moindre respect<br />

des rimes…).<br />

Partie II. Une volonté polémique<br />

1er § : une nouvelle perception de la religion (modernité<br />

: antithèse ; simplicité : comparaison).<br />

2e § : une attaque de l’Église (ironie).<br />

3e § : l’impression d’une errance (sentiment de lassitude,<br />

oubli du nom de la rue).<br />

Prolongement : lecture et analyse de l’extrait d’Aujourd’hui<br />

de Cendrars = texte sur la publicité ➜ p. 398.<br />

Texte P. Eluard – Man Ray,<br />

d’un<br />

À l’autrE 2<br />

Les Mains libres ➜ p. 247<br />

Objectif : Étudier un exemple de collaboration<br />

artistique surréaliste alliant poésie et dessin.<br />

Questions<br />

1. Description des dessins :<br />

– La Lecture : visage d’une personne caché en partie par<br />

un livre tenu d’une main ; livre trop proche du visage,<br />

pagination étrange, impression d’un masque avec l’élastique<br />

dans les cheveux, doigts trop longs (annulaire qui<br />

semble plus long que le majeur) ;<br />

– Rêve : paysage urbain avec une ligne d’immeubles au<br />

second plan, une usine et un pont à l’arrière-plan, un parc<br />

ou la campagne au premier plan, impression d’un gouffre<br />

près des arbres au premier plan, une locomotive à vapeur<br />

tombe du ciel, projetant son ombre sur les immeubles.<br />

Dans les deux dessins, la surprise vient de la confrontation<br />

du réel avec l’irréel :<br />

– La Lecture : univers de la lecture mais impression que<br />

le personnage est sorti du livre avec ses caractéristiques<br />

étranges comme ses doigts trop longs ou son regard vide ;<br />

– Rêve : événement irréel dans un cadre réaliste.<br />

2. Mots des poèmes en écho aux dessins :<br />

– La Lecture : la pudeur (v. 2) est personnifiée, elle est<br />

représentée par le masque ;<br />

– Rêve : Les ponts tordus (v. 4), ma maison en ruine (v. 6)<br />

= instant suivant la chute de la locomotive sur le sol avec<br />

les dégâts qu’elle entraîne.<br />

3. Attitude du narrateur :<br />

– La Lecture : attitude contemplative devant la pudeur<br />

(strophes 1 et 3) puis retour vers la lecture dans la dernière<br />

strophe (v. 7) ;<br />

– Rêve : le narrateur raconte un mauvais rêve (strophes 2<br />

et 3) mais les deux actions (v. 2, 9) semblent contredire<br />

cette interprétation puisqu’il devrait se coucher après<br />

s’être déshabillé.<br />

4. Écho entre poème et dessin :<br />

– La Lecture : une action représentée de manière imagée ;<br />

– Rêve : le dessin semble précéder le poème dans un<br />

ordre chronologique, expliquant la cause du désastre<br />

que trouve le narrateur impuissant. En même temps, le<br />

dessin représente un rêve.<br />

5. Pour La Lecture : rêvassait (v. 2) et belle (v. 6) et pour<br />

Rêve, le titre lui-même et livre (v. 8). Le deuxième poème<br />

semble donc être le négatif du premier, les mots-titres et<br />

les citations se répondant en échos.<br />

Vis-à-vis : Apollinaire et Eluard<br />

6. Ville = lieu de prédilection :<br />

– Apollinaire : lyrisme de la vision de la ville = images de<br />

bonheur du poète flâneur ;<br />

– Eluard dans Lecture : Paris (v. 1), cadre urbain avec la<br />

métaphore du vase de maisons noires (v. 4) ; dans Rêve :<br />

tour Eiffel (v. 3), ponts (v. 4), en écho avec le début du<br />

poème d’Apollinaire.<br />

7. Attirance pour le monde moderne :<br />

– thèmes originaux : la ville, la modernité ;<br />

– formes modernes : liberté de création avec les vers<br />

libres, l’absence de forme fixe… Eluard parle lui-même<br />

de poèmes visibles pour insister sur l’aspect visuel de ses<br />

poèmes avec les blancs qui mettent en valeur certains<br />

vers ; sa collaboration avec Man Ray confirme cette idée ;<br />

– étrangeté du propos parfois : la religion comparée aux<br />

hangars de Port-Aviation (v. 6) chez Apollinaire ; impression<br />

que le narrateur rêve avant d’aller se coucher, chez<br />

Eluard.<br />

137


Prolongement. Activité TICE / Écriture d’invention :<br />

dans la Photothèque numérique officielle de Man Ray :<br />

http ://www.manray-photo.com/<br />

1. Choisir un dessin de l’artiste (menu à gauche, catégorie<br />

: dessins) parmi les soixante-quatre proposés.<br />

2. Rédiger un poème en écho au dessin, à la manière<br />

d’Eluard.<br />

3. Comparer poème et dessin à d’autres œuvres de Man<br />

Ray : Portrait imaginaire du marquis de Sade ➜ p. 178 ;<br />

Noire et blanche ➜ p. 257.<br />

ÉtudE d’œuvrE intÉgralE<br />

G. Apollinaire, Alcools ➜ p. 249<br />

Objectif : Étudier une œuvre représentative de l’Esprit<br />

nouveau et annonciatrice du surréalisme.<br />

138<br />

pistes d’AnAlyse<br />

1. La forme, entre tradition<br />

et modernité<br />

a. Modernité de la versification :<br />

‒ variété des vers dans un même poème. Ex. : « Le pont<br />

Mirabeau » : décasyllabes (v. 1, 4, 7, 10…), tétrasyllabes<br />

(v. 2, 8…), hexasyllabes (v. 3, 9…), heptasyllabes pour le<br />

refrain => impression d’une régularité, thème du temps<br />

qui passe ainsi illustré ;<br />

‒ vers courts pour créer une rupture dans le poème.<br />

Ex. : « Automne malade », chute du poème en dissyllabes :<br />

Les feuilles / Qu’on foule / Un train / Qui roule / La vie<br />

/ S’écoule ;<br />

‒ blancs qui mettent en valeur des vers. Ex. : « Le voyageur<br />

» : reprise des deux premiers vers à la fin avec des<br />

blancs.<br />

b. Forme fixe : le rondeau avec « Aubade »,<br />

« Rosemonde », « Réponse des cosaques zaporogues au<br />

sultan de Constantinople », « Marizibill » = trois quintils<br />

en octosyllabes.<br />

2. Les figures féminines<br />

Occurrences autobiographiques : on retrouve deux<br />

femmes importantes dans sa vie :<br />

‒ Annie Playden, gouvernante anglaise qu’il rencontre<br />

alors qu’il est précepteur auprès de la fille d’une vicomtesse<br />

allemande (1901). La force de l’amour du poète<br />

effraie la jeune femme ; ils se séparent, elle rentre à<br />

Londres où il tente par deux fois de la reconquérir (1903<br />

et 1904), mais en vain. Elle s’enfuit en Amérique. Cf. « La<br />

chanson du mal-aimé » avec le cadre londonien dès le<br />

début ; « L’émigrant de Landor Road » évoque la fuite de<br />

la jeune femme en Amérique en précisant son adresse<br />

de Landor Road à Londres ; « Annie » rappelle sa vie en<br />

Amérique ;<br />

‒ Marie Laurencin, rencontrée par l’intermédiaire de<br />

Picasso, est une peintre. La jalousie du poète met fin à<br />

une longue liaison (1907-1912). Cf. « Zone », « Le pont<br />

Mirabeau » = tristesse et fatalisme.<br />

Occurrences symboliques, l’univers légendaire :<br />

‒ femmes = créatures maléfiques avec la sorcière blonde<br />

de « La Loreley », les fées aux cheveux verts de « Nuit<br />

rhénane » = femmes insensibles à l’amour du poète ;<br />

‒ le mystère des tziganes qui connaissent l’avenir : « La<br />

tzigane ».<br />

3. La ville et autres thèmes<br />

Thème de la ville traité dans « Zone » avec la religion et<br />

l’amour, « Le pont Mirabeau » et la fuite du temps, « la<br />

chanson du mal-aimé » et l’amour, « Hôtels » et la solitude,<br />

« Vendémiaire » et l’ivresse poétique.<br />

ActivitÉs complÉmentAiRes<br />

1. Écriture d’invention<br />

Consignes à prendre en compte dans le barème :<br />

‒ sélectionner quatre poèmes du recueil sur la même thématique<br />

: la femme, la ville, l’amour, la légende, l’alcool,<br />

l’eau, le sang…<br />

Ex. : thème de l’eau : « Le pont Mirabeau », « La Loreley »,<br />

« Marie », « Mai »…<br />

Ex. : thème de la mort : « L’adieu », « La maison des<br />

morts », « Crépuscule », « Rhénane d’automne », « Les<br />

colchiques »…<br />

‒ donner un titre original à l’anthologie ;<br />

‒ illustrer des textes par des œuvres surréalistes<br />

➜ p. 256 ;<br />

‒ rédiger une préface = texte argumentatif faisant percevoir<br />

l’unité et la cohérence de l’anthologie, justifiant les<br />

choix du titre, des poèmes, des illustrations.<br />

2. Commentaire<br />

« Le pont Mirabeau »<br />

Partie I. Une élégie personnelle<br />

1 er § : le lyrisme (métaphore de l’eau, tristesse du<br />

poète).<br />

2 e § : le thème de la fuite du temps (les métaphores,<br />

verbes de mouvement, refrain, absence de<br />

ponctuation…).<br />

3 e § : la fin d’un amour (solitude du poète, diérèse,<br />

opposition entre singulier et pluriel…).


Partie II. Une valeur universelle<br />

1 er § : l’implication du lecteur (pronom je à valeur universelle,<br />

termes abstraits « amour » et « espérance »).<br />

2 e § : l’ambivalence du poème (absence de ponctuation<br />

=> lecture optimiste ou pessimiste : refrain = subjonctif<br />

de souhait, v. 2 « Et nos amours » à rattacher<br />

au verbe « couler », v. 1, ou « souvenir », v. 3…).<br />

3 e § : une leçon d’espoir (idée de recommencement,<br />

relativité du pluriel des « amours », antithèse).<br />

Texte3 Texte A. Breton, Clair de terre,<br />

« L’aigrette » ➜ p. 250<br />

Objectif : Étudier un poème relevant de l’écriture<br />

automatique.<br />

lectuRe AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Écriture automatique :<br />

– absence de logique entre les vers : on passe de l’Opéra<br />

à l’amour au pavé de bois (v. 4) ;<br />

– liberté des associations poétiques : une racine de<br />

l’arbre du ciel (v. 12) ;<br />

– aucune contrainte métrique : vers libres, absence de<br />

rimes.<br />

2. Champ lexical du corps : seins (v. 2), bras (v. 19), mèche<br />

de cheveux (v. 23-24).<br />

Mise au point<br />

3. a. Aigrette = échassier proche du héron ; faisceau de<br />

plumes ; ornement.<br />

b. Ce titre, pris au sens figuré, incite à considérer le poème<br />

comme un hommage à la femme qui éclaire la vie de<br />

Breton. Et il se réfère également aux robes de soirée des<br />

années 1920 (strass et plumes).<br />

Analyse<br />

4. Anaphore de la conjonction Si (v. 1, 2, 4, 5, 8…) => désirs<br />

inconscients et irréels, de l’ordre du fantasme et de l’érotisme.<br />

Ex. : Si l’on faisait la courte échelle aux femmes<br />

(v. 14).<br />

5. Idées et images s’enchaînent par association d’idées :<br />

soleil associé aux seins miroitants et clairs à l’image du<br />

soleil éclatant, amour en écho à la nuit, fond de l’Opéra<br />

= fond du lit, de la nuit.<br />

Syntaxe : deux propositions indépendantes introduites<br />

par si seulement et si = irréel, souhait irréalisable.<br />

6. Ville de Paris évoquée dans les vers 9 et 24. Capitale<br />

= cadre spatial avec mention de lieux importants comme<br />

l’Opéra (v. 2), l’arc de triomphe du Carrousel (v. 16), Les<br />

Chambres (v. 18), la Seine (v. 19).<br />

7. Dernier vers = métaphore de l’acte amoureux => audace<br />

dans la crudité du propos qui réinterprète l’ensemble du<br />

poème comme une métaphore filée de l’amour physique<br />

(la nuit, l’amour, les seins…).<br />

Question de synthèse<br />

8. Jaillissement libre des images :<br />

– univers inexploré : antithèse (du soleil cette nuit, v. 1) ;<br />

– images originales : métaphore (j’ai mis le feu à une<br />

mèche de cheveux, v. 23), personnification (un bras de la<br />

Seine se glissât sous le matin, v. 19) ;<br />

– métaphores énigmatiques, voire obscures (le téléphone<br />

des amendes du soir, v. 22) ;<br />

– absence de tabou (Si le plaisir dirigeait, v. 17).<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Jeux d’écriture automatique inventés par<br />

les surréalistes :<br />

– collages de Soupault pour Les Champs magnétiques<br />

(1920) : associer prose et poésie en découpant des<br />

textes écrits avec Breton ;<br />

– cadavre exquis : jeu le plus connu, inventé par Prévert<br />

en 1925. Son nom vient du résultat du premier jeu consistant<br />

à ajouter au mot suivant (inconnu, car plié) un autre<br />

terme qui peut lui succéder syntaxiquement : Le cadavre<br />

/ exquis / boira / le vin nouveau ;<br />

– jeu des questions : les uns rédigent des questions qui<br />

commencent par « Qu’est-ce que… ? », les autres des<br />

réponses qui commencent par « C’est… » => le hasard<br />

associe telle question à telle réponse.<br />

10. Dissertation<br />

Plan détaillé :<br />

Partie I. Certes, l’écriture automatique ne répond pas<br />

à la définition de Barthes.<br />

1er § : aucun contrôle de l’intelligence, pas de réflexion<br />

préalable.<br />

Ex. : jeu littéraire du cadavre exquis.<br />

2e § : absence de brouillon, écriture au fil de la plume,<br />

sans effort apparent.<br />

Ex. : genèse des Champs magnétiques (1920) de<br />

Breton et Soupault.<br />

3e § : absence d’enjeu, pas de message transmis par<br />

l’auteur.<br />

Ex. : « La glace sans tain » de Soupault et Breton<br />

➜ p. 258.<br />

Partie II. Cependant, elle appartient bien à la littérature,<br />

malgré son ignorance de la notion de « rature ».<br />

1er § : l’art du jaillissement des images.<br />

Ex. : extrait de Clair de terre de Breton.<br />

139


2 e § : impression d’une inspiration qui s’impose,<br />

enthousiasme communicatif du poète (cf. Platon, Ion).<br />

Ex. : Desnos en état d’hypnose.<br />

3 e § : nouvel art de la création lié au génie reconnu<br />

du poète.<br />

Ex. : Manifeste du surréalisme de Breton (1924)<br />

➜ p. 258.<br />

Prolongement : jeu d’écriture surréaliste, expérimentez<br />

la pratique d’un jeu poétique, le cadavre exquis, en<br />

écrivant chacun à tour de rôle une partie de phrase dans<br />

l’ordre suivant : sujet – verbe transitif – complément<br />

d’objet direct – complément circonstanciel de temps<br />

– complément circonstanciel de lieu. Vous veillerez à<br />

cacher ce que vous avez écrit au joueur suivant, en pliant<br />

votre feuille.<br />

d’un<br />

À À l’autrE 3<br />

140<br />

Texte L. Aragon, « Les yeux<br />

d’Elsa », Les Yeux d’Elsa<br />

➜ p. 252<br />

Objectif : Étudier la progression et les images d’un<br />

poème surréaliste engagé.<br />

Questions<br />

1. a. La femme aimée est mise en valeur par son regard<br />

représenté par des métaphores :<br />

– un lac, une source : profonds et pour boire (v. 1) ;<br />

– un ciel : Trop peu d’un firmament (v. 23) ;<br />

– des fleurs sauvages (v. 28) ;<br />

– un minerai : ce radium de la pechblende (v. 33) ;<br />

– une sorte d’Eldorado : mon Pérou ma Golconde mes<br />

Indes (v. 36) ;<br />

– un phare : briller au-dessus de la mer (v. 39).<br />

b. Le thème de l’eau permet de réunir ces images autour<br />

de deux caractéristiques : la couleur bleue et le reflet<br />

brillant. Ex. : yeux reflétant le soleil (v. 1-2) et yeux<br />

brillant au-dessus de la mer aux naufrages (v. 39-40).<br />

2. Symbolique religieuse liée aux Rois mages : le miracle<br />

des Rois (v. 18). Les yeux d’Elsa représentent alors l’étoile<br />

du berger qui guide les Rois mages vers l’enfant Jésus :<br />

double brèche (v. 17) = ouverture lumineuse dans l’obscurité<br />

de la nuit.<br />

3. La menace de la guerre est suggérée :<br />

– la mort : S’y jeter à mourir tous les désespérés (v. 3),<br />

endeuillé (v. 16), comparaison avec le marin qui meurt<br />

(v. 32) ;<br />

– les combats avec les bombardements : métaphore (À<br />

l’ombre des oiseaux et adjectif troublé, v. 5), les armes<br />

(glaives, v. 14), les dégâts (la double brèche, v. 17), le feu<br />

(j’ai brûlé mes doigts à ce feu défendu, v. 34) ;<br />

– l’Occupation avec la séparation de la France en deux<br />

zones : L’été taille la nue (v. 7), brisure (v. 12), brèche<br />

(v. 17) ;<br />

– les souffrances psychologiques et physiques : champ<br />

lexical : désespérés (v. 3), troublé (v. 5), chagrins (v. 9),<br />

Douleurs (v. 13) => l’allusion biblique intensifie la souffrance,<br />

pleurs (v. 15), les hélas (v. 22).<br />

4. a. Changement d’énonciation dans la dernière strophe :<br />

– abandon du tutoiement ;<br />

– changement de temps : brutalité de l’événement suggérée<br />

par l’emploi du passé simple se brisa (v. 37), enflammèrent<br />

(v. 38) ;<br />

– cadre spatio-temporel plus précis et plus proche : un<br />

beau soir (v. 37).<br />

=> yeux d’Elsa = repère précieux au pire moment de la<br />

guerre, quand l’univers se brisa sous l’Occupation.<br />

b. Sorte d’incantation avec la répétition du prénom Elsa<br />

(v. 40).<br />

Vis-à-vis : Breton et Aragon<br />

5. Célébration de la femme :<br />

– thème commun de la nature : champ lexical ;<br />

– forme du blason plus nette chez Aragon dès le titre ;<br />

– pas le même rapport à la femme : inconnue, rêvée chez<br />

Breton, belle silencieuse (v. 15) // identifiée chez Aragon<br />

comme sa muse ;<br />

– contextes de production différents : écriture automatique<br />

et ludique en temps de liberté (association d’idées,<br />

étrangeté des images, femme fantasmée) // poésie engagée<br />

et grave (image de la France martyrisée derrière celle<br />

de la femme aimée).<br />

6. Poème le plus radical dans les images poétiques :<br />

« L’aigrette » :<br />

– caractère absolu des images : j’ai mis le feu à une<br />

mèche de cheveux (v. 23) ;<br />

– caractère extrême des images : Si seulement mon train<br />

entrait dans ce tunnel (v. 25) ;<br />

– impression de coulée sans contrôle de la raison : le bien<br />

dans la canne à sucre de l’air (v. 13).<br />

Prolongement. Iconographie : analyser le tableau<br />

de Kees Van Dongen qui illustre le poème d’Aragon<br />

➜ p. 253.<br />

a. À quel mouvement pictural ce peintre appartient-il ?<br />

Expliquer.<br />

b. Son œuvre est-elle marquée par le regard des<br />

femmes ? cf. Tableaux de Kees Van Dongen, Le Coquelicot<br />

(1919), Femme-Parisienne (1927), L’Anglaise (1927).


Analyse<br />

d’image<br />

R. Magritte,<br />

Je ne vois pas la femme<br />

cachée dans la forêt ➜ p. 254<br />

Objectif : Analyser l’organisation poétique d’un<br />

collage surréaliste.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Deux éléments composent ce collage :<br />

– un tableau légendé de René Magritte au centre ;<br />

– un cadre constitué par les photomatons de seize<br />

artistes surréalistes qui ont les yeux fermés (dans le<br />

sens des aiguilles d’une montre, à partir de la vignette<br />

en haut à gauche) : M. Alexandre, L. Aragon, A. Breton,<br />

L. Buñuel, J. Caupenne, P. Eluard, M. Fournier, R. Magritte,<br />

A. Valentin, A. Thirion, Y. Tanguy, G. Sadoul, P. Nougé,<br />

C. Goesmans, M. Ernst, S. Dalí.<br />

2. Lien entre le tableau et les portraits : texte du tableau<br />

je ne vois pas…, et les artistes photographiés ont tous les<br />

yeux fermés => développement du fantasme, imagination<br />

d’un corps de femme idéal.<br />

Analyse<br />

3. Points communs des portraits :<br />

– hommes soignés : coiffure et costume avec cravate ou<br />

nœud papillon pour M. Alexandre => élégance ;<br />

– sérieux de l’expression du visage de chacun, yeux<br />

fermés ;<br />

– cadrage identique => unité du groupe.<br />

4. Sens du titre : Je ne vois pas la femme cachée dans la<br />

forêt. Paradoxe dû au remplacement du mot femme par<br />

sa représentation : la femme nue est visible alors qu’on<br />

la dit cachée.<br />

5. Effets d’antithèse :<br />

– la femme nue qui cache à peine un sein de sa main<br />

droite contraste avec la tenue très habillée de ces seize<br />

hommes ;<br />

– un jeu avec les couleurs : claires pour la femme /<br />

sombres pour la veste des hommes sauf pour Y. Tanguy<br />

qui porte un imperméable ; même contraste entre le fond<br />

du tableau et celui des photomatons.<br />

=> insistance sur la fragilité de la femme : le tableau<br />

semble représenter l’imagination des artistes, leur pensée<br />

au moment où la photo a été prise.<br />

Question de synthèse<br />

6. Choix de cette image comme couverture du texte de<br />

la conférence de Breton Qu’est-ce que le surréalisme ?<br />

(1934) :<br />

– regard neuf sur le monde : art du paradoxe avec<br />

Magritte ;<br />

– exploration de l’inconscient : relation homme / femme,<br />

métaphore de la forêt (tréfonds de l’inconscient et de la<br />

sexualité) ;<br />

– culte de la femme : principale muse des surréalistes.<br />

Prolongement :<br />

– par une recherche au CDI ou sur Internet, rapprocher<br />

cette image de tableaux de Magritte peints entre 1928<br />

et 1966 fondés sur la notion de paradoxe ;<br />

– quelle est la valeur symbolique de la forêt ? Justifier<br />

par d’autres œuvres d’art.<br />

Histoire des arts ➜ p. 256<br />

Engagement et provocation dans les arts<br />

surréalistes<br />

Questions<br />

1. Rapprochement entre la tête de Kiki et la sculpture<br />

africaine :<br />

– la forme allongée du visage ;<br />

– les traits du visage avec les sourcils minces et les yeux<br />

en amande, le dessin des lèvres ;<br />

– les yeux fermés ;<br />

– le reflet dans les cheveux bruns et sur la sculpture<br />

d’ébène.<br />

La composition de l’image favorise ce rapprochement : la<br />

femme tient de sa main gauche la sculpture, invitant le<br />

spectateur à cette comparaison, la position de la tête de la<br />

femme en contraste avec la sculpture tenue à la verticale.<br />

Les deux éléments sont sur le même plan avec un jeu<br />

sur les ombres qui donne l’impression que la sculpture<br />

occupe la place de la tête vivante avant qu’elle ne tombe<br />

sur le côté.<br />

2. Remarque : il faut remplacer 1925 par 1938.<br />

L’une des photographies de l’Exposition internationale du<br />

surréalisme de 1938 : Rue de la transfusion de sang, avec<br />

des mannequins habillés de voiles et de filets, accrochés à<br />

des lampes Mazda, devant des murs recouverts de dessins<br />

et de tableaux.<br />

141


Exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 258<br />

142<br />

RevoiR<br />

1 Le Manifeste du surréalisme<br />

A. Breton, Manifeste du surréalisme<br />

1. a. Définition du manifeste : déclaration écrite<br />

dans laquelle André Breton expose sa conception du<br />

surréalisme.<br />

– 1er extrait : définition du surréalisme.<br />

– 2e extrait : préceptes à l’attention des écrivains de ce<br />

mouvement.<br />

b. Énonciation dans le second extrait : Breton s’adresse<br />

directement au lecteur avec le pronom vous (l. 20, 23, 25…)<br />

en lui donnant un mode d’emploi à l’impératif ≠ 1er extrait<br />

qui pose les principes du mouvement et énonce les noms<br />

de ses membres.<br />

2. André Breton met l’accent sur l’innovation de l’écriture<br />

automatique qui se libère de toute contrainte et agit sans<br />

le contrôle de la raison (l. 5).<br />

3. Critiques injustifiées : il précise plusieurs formes d’expression<br />

automatique sans limitation, soit verbalement,<br />

soit par écrit, soit de toute autre manière (l. 2-3).<br />

4. a. Opposition aux conceptions traditionnelles :<br />

– la réflexion, l’appel à l’imagination : Placez-vous dans<br />

l’état le plus passif (l. 22-23) ;<br />

– le talent de l’écrivain : Faites abstraction de votre génie,<br />

de vos talents (l. 24-25) ;<br />

– le brouillon et la réécriture : Écrivez vite (l. 27).<br />

b. Métaphore de la coulée (l. 40) pour évoquer l’écriture<br />

automatique => idée de fluidité, de continuité dans l’écriture<br />

; impression d’une absence de contrainte, d’un phénomène<br />

naturel (coulée de neige ou de lave).<br />

AppRofondiR<br />

2 L’écriture automatique<br />

A. Breton et P. Soupault, Les Champs magnétiques,<br />

« La glace sans tain »<br />

1. Sentiment de tristesse. Champ lexical : désespoir (l. 2),<br />

désolant (l. 10), torpeur (l. 16).<br />

2. Cadre urbain avec le champ lexical de la ville, représentatif<br />

de la modernité du surréalisme : passants (l. 4), bars<br />

(l. 8), maisons (l. 9), toits (l. 11), rues (l. 12), boulevards<br />

(l. 13), cafés (l. 22).<br />

3. a. Indices d’une écriture automatique :<br />

– image insolite des rues qui s’écartent (l. 12) ;<br />

– association d’idées entre l’envol de la torpeur et la mention<br />

des oiseaux (l. 16-17) ;<br />

– manque de logique : parler d’une vie limitée pour parler<br />

d’une vie entre amis au café (l. 19-20).<br />

b. Unité paradoxale du texte :<br />

– ordre chronologique : du soir (l. 1) au lendemain matin,<br />

cinq heures du matin (l. 11-12) ;<br />

– impression d’un recommencement d’un jour sur l’autre :<br />

les deux hommes à la sortie des bars (l. 8), puis On nous<br />

verra encore aux terrasses des cafés (l. 21-22) ;<br />

– atmosphère morne tout au long du texte : métaphore du<br />

fleuve (l. 1-2), mélancolie au matin (l. 10-11), parenthèses<br />

désespérées (l. 19-20).<br />

4. Parenthèses : impatience face à la vie quotidienne,<br />

attente d’un éclair idéal ou de la mort, synonyme d’infini<br />

par opposition à cette vie limitée (l. 20).<br />

3 Poésie engagée<br />

R. Desnos, Destinée arbitraire, « Chant pour la belle<br />

saison »<br />

Remarque : la numérotation des vers a été modifiée,<br />

lendemain fait partie du vers 17.<br />

1. Vision du monde optimiste :<br />

– titre joyeux ;<br />

– connotation méliorative des mots : agilité (v. 5), Savourer<br />

(v. 6), plaisirs (v. 9), liberté (v. 19)… et les deux saisons :<br />

printemps et été ;<br />

– énumération des plaisirs de la vie (v. 10-21).<br />

2. Anaphore dans la dernière strophe, J’aime et je<br />

chante… :<br />

– valeur de refrain dans ce chant ;<br />

– insistance sur la joie que procure la belle saison ;<br />

– certitude du bonheur du poète.<br />

3. Forme d’engagement :<br />

– engagement associé à l’action : verbes combattre (v. 7)<br />

et défendre (v. 8) ;<br />

– conviction de Desnos : verbe d’obligation répété nous<br />

devons (v. 7, 8) ;<br />

– évocation des valeurs défendues par la Résistance : la<br />

liberté (v. 19) et la dignité (v. 20) ;<br />

– mention des difficultés liées aux conditions de vie pendant<br />

la guerre : réveils en sursaut, angoisse du lendemain<br />

(v. 17), dignité […] / Dont on ose refuser la possession aux<br />

hommes (v. 20-21).<br />

4. Desnos = prophète pour Breton :<br />

– il annonce la paix à travers la symbolique du renouveau<br />

liée au printemps (v. 2, 22, 25) ;


– il guide les Résistants en leur rappelant les valeurs<br />

qu’ils doivent défendre ;<br />

– il célèbre la liberté absolue, excédant les capacités<br />

humaines : La liberté de changer le ciel (l. 19).<br />

ÉcRiRe<br />

4 L’image, création pure de l’esprit<br />

P. Reverdy, Le Chant des morts, « Outre mesure »<br />

1. Vers irréguliers :<br />

– dissyllabe (v. 16) ;<br />

– hexasyllabes (v. 1) ;<br />

– octosyllabes (v. 2, 7, 8, 9, 10, 11, 15, 18, 19, 20, 21) ;<br />

– décasyllabes (v. 13, 14) ;<br />

– alexandrins (v. 3, 4 avec diérèse de ciel, 17).<br />

=> les octosyllabes dominent, ce qui est logique dans un<br />

poème lyrique.<br />

2. Puissance du rapprochement dans les vers 12 à 14 : rapprochement<br />

du feu et de l’abat-jour, de la nuit et des murs<br />

d’une pièce = éléments concrets en tension qui renforcent<br />

l’image obsédante de la prison (v. 1).<br />

3. Deux derniers vers = effet de surprise, chute :<br />

– conclusion par l’évocation de la mort : un homme qui<br />

va mourir (v. 21) ;<br />

– invitation à une relecture où l’on considère le poète au<br />

seuil de la mort, comme appelé par les défunts vers la<br />

mort (v. 6-7).<br />

4. « Outre mesure » :<br />

– sens propre : locution adverbiale = en exagérant, en<br />

allant trop loin : mention de la mort qui semble presque<br />

dépassée comme si l’on accompagnait le poète dans ses<br />

derniers moments, avec ses souvenirs : métaphore des<br />

débris du temps (v. 17) ;<br />

– sens figuré en lien avec la forme du poème et l’irrégularité<br />

des vers et des rimes.<br />

5. Dissertation<br />

a. Mots-clés : valeur de l’image = définition de l’art en tant<br />

que représentation, étincelle obtenue = manifestation,<br />

apparence de l’œuvre, place = part active ou passive dans<br />

la perception de l’œuvre et sa beauté, lecteur-spectateur<br />

= tous les arts surréalistes sont concernés.<br />

=> type de plan : analytique.<br />

b. Problématique : Quel statut les artistes surréalistes<br />

donnent-ils au lecteur-spectateur ?<br />

c. Plan détaillé :<br />

Partie I. Une place habituelle en art et en littérature<br />

1er § : le destinataire de l’œuvre.<br />

Ex. : « Les yeux d’Elsa » = poème engagé.<br />

2e § : un alter ego qui permet à l’artiste de mieux se<br />

retrouver.<br />

Ex. : Westwego de Soupault ➜ p. 243.<br />

3e § : un amateur de divertissement.<br />

Ex. : « Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt »<br />

de Magritte ➜ p. 254.<br />

Partie II. Une place active pour un art exigeant<br />

1er § : l’étincelle comme une rencontre, un échange.<br />

Ex. : « Zone » d’Apollinaire ➜ p. 245.<br />

2e § : l’effort accru du lecteur-spectateur devant une<br />

œuvre surréaliste.<br />

Ex. : « La glace sans tain » de Breton et Soupault<br />

➜ p. 258.<br />

3e § : une liberté d’interprétation.<br />

Ex. : « Outre mesure » de Reverdy ➜ p. 259.<br />

d. La rédaction de la première partie doit insister sur les<br />

aspects relativement traditionnels de la production surréaliste,<br />

la fulgurance poétique et la violence des images<br />

étant réservées à la partie II.<br />

143


144<br />

Textes et images<br />

l A. Breton, Clair de terre (1966) : le poète joue avec<br />

les caractères d’imprimerie et montre des œuvres<br />

d’art surréalistes (Max Ernst, Brassaï…) entre ses<br />

textes en prose.<br />

l J. Ristat, Aragon, « Commencez par me lire » (1997)<br />

l P. Chavot, L’ABCdaire du Surréalisme (2001) : d’accès<br />

simple et pratique.<br />

l D. Fauconnier, À la découverte de la poésie (2000) :<br />

pour les jeux poétiques qui y sont proposés.<br />

l J.-M. Espitallier, Caisse à outils, Un panorama de la<br />

poésie française aujourd’hui (2006) : une approche<br />

de la poésie contemporaine.<br />

l G. Néret, Dalí (2003) : iconographie très riche, analyse<br />

précise et documentée.<br />

Documents audio du DVD-Rom<br />

l G. Apollinaire, « Le pont Mirabeau » (1913)<br />

l G. Brassens, « Il n’y a pas d’amour heureux » (1965) :<br />

poème d’Aragon.<br />

Image du DVD-Rom<br />

l C. Cahun, Le Coeur de Pic (1937)<br />

Vidéo du DVD-Rom<br />

l C. Guichard, Louise Bourgeois (1993)<br />

Prolongements<br />

Activité<br />

l Projet collectif (français / Littérature et société) :<br />

Organisation d’une exposition consacrée au<br />

surréalisme :<br />

– à l’occasion du Printemps des poètes, au mois de<br />

mars par exemple ;<br />

– exposition dans la classe ou au CDI ;<br />

– activités :<br />

a. Choix d’une œuvre surréaliste en binômes, présentation<br />

(références, biographie rapide de l’auteur) et<br />

analyse concise. Rédaction d’une notice qui accompagnera<br />

l’œuvre exposée.<br />

b. Présentation à la classe : cohérence à trouver (présentation<br />

chronologique, selon les artistes choisis, les<br />

arts dominants…).<br />

c. Choix d’une scénographie originale de l’exposition<br />

à l’image des surréalistes (Exposition de 1938 par<br />

exemple), mise en place.<br />

d. Création des affiches (à la manière du collage de<br />

Magritte ➜ p. 254) et des invitations (à la manière<br />

d’un cadavre exquis).<br />

e. Organisation du vernissage avec le discours<br />

d’inauguration.


C H A P I T R E<br />

sÉQuEnCE 13<br />

Les sources du roman réaliste<br />

➜ Livre de l’élève, p. 261<br />

4<br />

Texte1 Texte Stendhal,<br />

Le Rouge et le Noir ➜ p. 262<br />

Objectif : Étudier les relations entre le personnage<br />

romanesque et le cadre du récit.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Famille de Rênal = notables, aristocrates : particule<br />

« de », château (paratexte), maire de Verrières (l. 11),<br />

représentant de tous les riches et de tous les insolents<br />

de la terre (l. 12-13).<br />

Famille de Julien Sorel = artisans charpentiers : scierie<br />

familiale, société qui lui est étrangère (paratexte),<br />

Julien se réjouit de gagner plus de cinquante écus par<br />

an (l. 17) => preuve qu’il a besoin d’argent.<br />

Mise au point<br />

2. Julien et il = héros du roman, dont le lecteur suivra le<br />

destin (l. 27) => narrateur témoin, extérieur à l’histoire.<br />

Analyse<br />

3. 1er § et début du 2e § (l. 7) : marche solitaire dans la<br />

forêt, à l’abri des rayons du soleil, au milieu des rochers<br />

(un moment, l. 1 ; un instant, l. 6 ; et puis, l. 6) => beauté<br />

du paysage romantique.<br />

2e § à partir de Bientôt (l. 7) et 3e § : halte sur un roc<br />

immense (l. 8), un grand rocher (l. 20) => position<br />

dominante, réflexions sur les événements récents<br />

vécus chez M. de Rênal (2e §), puis observation de la<br />

nature par le héros attiré vers les hauteurs, qui voudrait<br />

s’identifier à l’épervier (3e §).<br />

l. 27 : phrase interrogative en guise de conclusion<br />

=> Julien se tourne vers son avenir (serait-ce un jour<br />

= futur dans le passé).<br />

Le récit au XIX e siècle, entre<br />

réalisme et naturalisme<br />

➜ Livre de l’élève, p. 260<br />

4. Focalisation interne :<br />

– verbes de perception et de sentiment : Julien sentait<br />

(l. 13), regardait (l. 20), Il voyait (l. 22), suivait (l. 25),<br />

Ses mouvements tranquilles et puissants le frappaient,<br />

il enviait cette force, il enviait cet isolement. (l. 25-26) ;<br />

– discours rapporté => pensées de Julien (Quoi ! plus<br />

de cinquante écus par an ! l. 17).<br />

5. Discours rapportés => réflexions du héros stimulées<br />

par sa marche solitaire :<br />

– discours direct : Je l’ai forcé, je ne sais comment,<br />

à faire le plus grand sacrifice. Quoi ! plus de cinquante<br />

écus par an ! […] Mais à demain les pénibles<br />

recherches (l. 16-19) ;<br />

– discours indirect libre : C’était la destinée de Napoléon,<br />

serait-ce un jour la sienne ? (l. 27).<br />

Commentaires du narrateur sur le héros : S’il eût cessé<br />

de voir M. de Rênal, en huit jours il l’eût oublié, lui,<br />

son château, ses chiens, ses enfants et toute sa famille<br />

(l. 14-16) = hypothèse au plus-que-parfait du subjonctif<br />

révélant le cynisme du héros, sa révolte contre l’arrogance<br />

des nantis.<br />

6. Montagnes et rochers escarpés => ambition sociale<br />

plutôt qu’élévation spirituelle, chez Julien.<br />

Forêt = labyrinthe dans lequel le héros cherche sa voie.<br />

Épervier = oiseau de proie (l. 25) symbolisant la<br />

noblesse, la force virile, la distinction dont rêve Julien.<br />

Question de synthèse<br />

7. Roman réaliste ≠ simple copie du monde réel : description<br />

du cadre de l’action, récit des faits et gestes<br />

des héros, avec en plus une analyse des rouages de<br />

la société et de la psychologie des personnages ainsi<br />

que des métaphores et des comparaisons à dimension<br />

symbolique.<br />

145


Pour aller plus loin<br />

8. Recherche<br />

a. Homme et femme contemplant la lune (1830-1835)<br />

= œuvre romantique et non réaliste => réalité transfigurée<br />

par la sensibilité de l’artiste, voire sublimée,<br />

spirituelle et symbolique. Deux personnages contemplatifs<br />

au sein d’un décor naturel propice à la méditation.<br />

b. Matin sur le Riesengebirge (1811), Voyageur audessus<br />

de la mer des nuages (1818) = tableaux qui<br />

pourraient illustrer le texte de Stendhal : personnages<br />

dominant un paysage montagneux, attitude contemplative.<br />

9. Rédaction de paragraphe argumentatif<br />

a. Comparé : Les paysages.<br />

Comparant : un archet qui jouait sur mon âme.<br />

Outil de comparaison : comme.<br />

Point commun : la beauté de la nature éveille la sensibilité<br />

=> source même du registre lyrique (image de<br />

l’archet), elle crée un lien affectif entre l’homme et son<br />

environnement.<br />

b. Deux exemples pour étayer la réflexion :<br />

– Julien fut presque sensible un moment à la beauté<br />

ravissante des bois au milieu desquels il marchait<br />

(l. 1-2) : le narrateur nuance ironiquement son propos<br />

avec l’adverbe presque pour indiquer que Julien bride<br />

sa sensibilité, qui pourrait constituer un obstacle à son<br />

ambition sociale => paragraphe concessif.<br />

– il se trouva debout sur un roc immense et bien sûr<br />

d’être séparé de tous les hommes. Cette position physique<br />

le fit sourire, elle lui peignait la position qu’il<br />

brûlait d’atteindre au moral (l. 8-10) : ce rocher, ainsi<br />

que l’épervier (l. 23), ou le ciel (l. 20) = symboles qui<br />

traduisent l’exaltation romantique de Julien, stimulée<br />

par ce cadre sauvage.<br />

Prolongement : Dans La Chartreuse de Parme, étudier<br />

un passage où Fabrice Del Dongo se retrouve<br />

dans une situation comparable à celle de Julien, puis<br />

comparer les deux héros.<br />

Ex. : Tout à coup, à une hauteur immense et à ma<br />

droite j’ai vu un aigle, l’oiseau de Napoléon ; il volait<br />

majestueusement se dirigeant vers la Suisse, et par<br />

conséquent vers Paris. Et moi aussi, me suis-je dit à<br />

l’instant, je traverserai la Suisse avec la rapidité de<br />

l’aigle… (Tome I, chapitre II, « Le départ »).<br />

146<br />

Texte A. R. Lesage, Histoire de Gil<br />

d’un<br />

À l’autrE 1<br />

Blas de Santillane ➜ p. 264<br />

Objectif : Étudier un personnage romanesque inspiré<br />

du picaro espagnol.<br />

Questions<br />

1. Narrateur personnage => récit rétrospectif rédigé<br />

une fois ses aventures achevées. Temps du passé :<br />

passé simple, essentiellement, avec montra, fit voir<br />

(l. 1)…, imparfait aussi, plaisait, avais, (l. 7)…, plus rarement,<br />

plus-que-parfait, avais oubliés (l. 21), ou passé<br />

composé, a regardé (l. 26).<br />

2. Garçon imbu de lui-même et ambitieux : Je les rejetai<br />

avec mépris… je les trouvai trop modestes (l. 2-3),<br />

Quel plaisir… me voir si bien équipé !… Jamais paon<br />

n’a regardé son plumage avec plus de complaisance<br />

(l. 25-27) = exclamative, hyperboles, comparaison<br />

comique.<br />

Héros sensible aux flatteries du marchand (vocabulaire<br />

mélioratif, hyperboles) : habit […] fait pour un des plus<br />

grands seigneurs du royaume (l. 8-9) => méfiant, Gil<br />

Blas reste cependant naïf puisqu’il paie ces fripes au<br />

prix fort. Avec le recul, le narrateur âgé s’amuse de<br />

cette naïveté.<br />

3. Dialogue entre Gil Blas et le fripier, au discours direct<br />

=> récit vivant, proche d’une scène de comédie (jeu de<br />

dupes).<br />

Remarque : Lesage était un dramaturge reconnu.<br />

4. Détails descriptifs concrets : pourpoint à manches<br />

tailladées, avec un haut-de-chausses et un manteau ;<br />

le tout de velours bleu brodé d’or (l. 4-6).<br />

Emploi du je => effet de réel (genre du romanmémoires).<br />

5. picaro : d’origine pauvre et incertaine, marginal, il<br />

voyage et recourt à divers stratagèmes plus ou moins<br />

honnêtes pour survivre, mais le dénouement du roman<br />

le ramène à sa situation initiale (ex. : Lazarillo de<br />

Tormes, 1554).<br />

Gil Blas = picaro : il quitte sa famille, voyage, et met<br />

tout en œuvre pour sortir de sa pauvreté. Toutefois, son<br />

ascension sociale et sa réussite finale l’éloignent du<br />

modèle espagnol.<br />

Vis-à-vis : Stendhal et Lesage<br />

6. Deux héros ambitieux et sûrs d’eux-mêmes : Julien<br />

se compare à Napoléon (dernière phrase), Gil Blas se<br />

laisse éblouir par de beaux habits, signes extérieurs de<br />

richesse.


7. Chez Stendhal, réflexions intimes du héros dans un<br />

cadre romantique ; chez Lesage, héros dans une scène<br />

de marchandage comique qui souligne sa naïveté.<br />

Chez Stendhal, quelques pointes ironiques du narrateur<br />

devant les actions du héros ; chez Lesage, souvenirs<br />

de jeunesse du narrateur ironique (autodérision).<br />

Prolongement : étudier l’importance de l’argent dans<br />

les textes de la séquence en insistant sur la position<br />

centrale de Balzac dans la mise en place de ce moteur<br />

narratif.<br />

Texte2 Texte h. de Balzac, Le Père Goriot<br />

➜ p. 266<br />

Objectif : Analyser le héros d’un roman de formation<br />

(la résolution d’un dilemme).<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. les plus tristes, les plus décourageantes réflexions<br />

=> le récit laissera place au déroulement des pensées<br />

intimes et négatives de Rastignac ; superlatifs<br />

=> conscience tourmentée du personnage.<br />

Mise au point<br />

2. Discours direct (tirets, guillemets, incises) : – Il ne s’y<br />

commet que des crimes mesquins ! se dit-il. Vautrin est<br />

plus grand. […] la Famille, le Monde et Vautrin (l. 4-7) ;<br />

« Elle ne me pardonnerait jamais d’avoir eu raison<br />

contre elle dans cette circonstance », se dit-il (l. 21-22).<br />

Discours indirect libre (3e personne, imparfait et futur<br />

dans le passé, pas de guillemets) : L’Obéissance était<br />

ennuyeuse, la Révolte impossible, et la Lutte incertaine<br />

(l. 8-9), Elle ne connaissait pas l’état dans lequel<br />

était son père. Le bonhomme lui-même la renverrait<br />

au bal, si elle l’allait voir (l. 25-26).<br />

Discours narrativisé (résumé des pensées, temps du<br />

récit : passé simple) : Puis il commenta les paroles des<br />

médecins… enfin, il entassa des raisonnements assassins<br />

pour justifier Delphine (l. 22-25).<br />

=> trois discours axés sur les propos et les pensées de<br />

Rastignac.<br />

Analyse<br />

3. Focalisation interne, point de vue de Rastignac : Il<br />

voyait le monde comme un océan de boue (l. 2-3), Sa<br />

pensée le reporta (l. 9), Il se souvint (l. 9-10), il se rappela<br />

(l. 10), il se plut à penser (l. 23). Fonction = mon-<br />

trer l’évolution de son état d’esprit, jusqu’au sacrifice de<br />

sa conscience (l. 30-31).<br />

Focalisation zéro à partir de Souvent… (l. 26) : commentaires<br />

du narrateur => généralisation au présent, puis<br />

application de la loi au cas de Rastignac, à l’imparfait et<br />

au plus-que-parfait (analyses).<br />

4. Superlatif avec le parallélisme les plus tristes, les<br />

plus décourageantes (l. 1-2) / comparaison : Il voyait<br />

le monde comme un océan de boue (l. 2-3) et hyperbole<br />

: se plongeait jusqu’au cou, s’il y trempait le pied.<br />

(l. 3-4) => dégoût de Rastignac contaminé par la corruption<br />

ambiante.<br />

5. a. Allégories en deux ensembles parallèles :<br />

– L’Obéissance (ennuyeuse), la Lutte (incertaine), la<br />

Révolte (impossible) (l. 8-9) => termes résumant la<br />

vision de la société par Vautrin, et commentés par Rastignac.<br />

– la Famille (= la vertu), le Monde (= un océan de boue,<br />

des crimes mesquins, l. 2-4), avant Vautrin, personnage<br />

exprimant une forme de grandeur dans le crime (l. 7).<br />

b. Allégories soulignant le dilemme de Rastignac : il<br />

n’osait prendre parti (l. 7) => comment satisfaire ses<br />

ambitions sociales sans trahir ses idéaux de jeunesse<br />

et les valeurs inculquées par sa famille ?<br />

6. Rastignac partagé entre les valeurs de sa famille, la<br />

vertu (pures émotions de cette vie calme, l. 10 ; êtres<br />

dont il était chéri, l. 11 ; lois naturelles du foyer domestique,<br />

l. 12 ; chères créatures, l. 13 ; bonheur plein,<br />

continu, sans angoisses, l. 13-14), et l’influence de la<br />

femme qu’il aime, Delphine, représentant la corruption<br />

des mœurs (capable de marcher sur le corps de son<br />

père pour aller au bal, l. 19-20 ; mais il n’avait ni la<br />

force de jouer le rôle d’un raisonneur, ni le courage de<br />

lui déplaire, ni la vertu de la quitter, l. 20-21).<br />

Connotations mélioratives pour la famille : pures,<br />

calme, bonheur plein ≠ connotations péjoratives pour<br />

le monde, représenté par Delphine : boue, crimes mesquins.<br />

Chiasme : bonnes pensées (famille, l. 14) ≠ raisonnements<br />

assassins (Delphine, l. 24-25)<br />

Question de synthèse<br />

7. Choix de Rastignac = s’éloigner des valeurs de sa<br />

famille pour adopter celles du monde :<br />

– Malgré ces bonnes pensées, il ne se sentit pas le<br />

courage… (l. 14-15) = concession.<br />

– Déjà son éducation commencée avait porté ses fruits.<br />

Il aimait égoïstement déjà (l. 16-17) : répétition de l’adverbe<br />

déjà et chiasme => personnage emporté.<br />

147


– il était prêt à faire à sa maîtresse le sacrifice de sa<br />

conscience […] profit (l. 30-32) => l’amour de Delphine<br />

triomphe.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Rastignac (né en Charente en 1799) apparaît<br />

une vingtaine de fois dans La Comédie humaine :<br />

– préface d’Une fille d’Ève = résumé de la carrière de<br />

Rastignac, l’un des lions du grand monde ;<br />

– Le Bal de Sceaux, Le Cabinet des antiques, L’Interdiction,<br />

Illusions perdues, La Peau de chagrin…<br />

Parcours du personnage, après ses études de droit à<br />

Paris (Le Père Goriot) :<br />

– banquier grâce au mari de sa maîtresse, le baron de<br />

Nucingen => ascension financière ;<br />

– sous-secrétaire d’État dans le ministère de Marsay<br />

après 1830, puis pair de France => ascension politique ;<br />

– mari de la fille de Delphine de Nucingen ; comte<br />

=> ascension sociale.<br />

Désenchanté et sans scrupules, il finit par maîtriser<br />

tous les rouages de ce monde qu’il désignait comme<br />

un océan de boue.<br />

9. Rédaction de paragraphe argumentatif. Le roman<br />

réaliste transmet au lecteur les réflexions intimes de<br />

ses héros afin de faire comprendre leur évolution dans<br />

la société :<br />

– Rastignac renie progressivement les valeurs vertueuses<br />

transmises par sa famille et incarnées par le<br />

père Goriot ;<br />

– il se laisse séduire par le mal, symbolisé par Vautrin,<br />

et par les compromissions de la société mondaine,<br />

représentées par Delphine.<br />

Le roman balzacien décrit donc les milieux et les<br />

personnages, retrace les événements, mais, surtout,<br />

propose une réflexion sur la puissance corruptrice de<br />

l’argent dans la société.<br />

Prolongement. Sujet d’invention : finalement,<br />

Eugène change d’avis et décide d’aller convaincre<br />

Delphine qu’elle ne doit pas aller au bal alors que son<br />

père est à l’agonie. Rédigez le récit de leur entrevue<br />

en y insérant du discours rapporté et développez les<br />

arguments de Rastignac.<br />

148<br />

Texte Rétif de la Bretonne,<br />

d’un<br />

À l’autrE 2<br />

La Paysanne pervertie<br />

➜ p. 267<br />

Objectif : Étudier dans quelle mesure cette préface<br />

illustre le titre du roman.<br />

Questions<br />

1. Famille = modèle de vertu :<br />

– superlatifs ce qu’on peut voir de meilleur et de plus<br />

aimable (l. 1-2) ;<br />

– hyperbole leur excellence (l. 2) ;<br />

– répétition de l’adjectif digne : groupe binaire (l. 2-3)<br />

=> éloge.<br />

Énumération de termes mélioratifs pour évoquer<br />

Ursule : grâce, douceur, naïveté, candeur, bonté, générosité<br />

(l. 4-6).<br />

2. Adverbe surtout et préposition avant (l. 6-7) = début<br />

de l’évocation de la déchéance morale d’Ursule. Vocabulaire<br />

péjoratif : chutes si lourdes et si épouvantables<br />

(l. 7) = groupe binaire, adverbe d’intensité répété si, et<br />

gradation => effet de contraste.<br />

3. a. Changement expliqué par la corruption des villes<br />

(l. 10), idée reprise dans le groupe binaire corrompu et<br />

fangé (l. 11), puis l’adjectif gâté (l. 12), ce séjour de perdition<br />

qu’est Paris (l. 16).<br />

b. Thèse : opposition de l’image de Dieu, […] telle que le<br />

Tout-Puissant l’avait créée (l. 12-13), celle d’une jeune<br />

fille vertueuse, à la perversion (l. 26) qui a attaqué sa<br />

noblesse native et son excellence de cœur (l. 18).<br />

Groupe ternaire de participes passés et anaphore de<br />

l’adverbe moins : moins attaquée, moins tentée, moins<br />

violentée (l. 23-24) => Ursule = victime des vices<br />

urbains opposés à la belle nature (l. 12), cadre d’une<br />

vie pure et innocente.<br />

4. Exclamatives à partir de la l. 9 : Mais pardonnez ce<br />

langage à ma douleur ! (l. 21) => témoignage pathétique.<br />

5. Effet de réel, confrontation des points de vue, expression<br />

de l’intime.<br />

Vis-à-vis : Balzac et Rétif de la Bretonne<br />

6. Vie parisienne dans les deux textes = corruptrice<br />

et immorale ; Ursule et Edmond, comme Rastignac,<br />

se laissent entraîner dans cet océan de boue (Texte 2,<br />

l. 2-3), ce séjour de perdition (D’un texte à l’autre 2, l. 16).<br />

7. Balzac : 3e personne, narrateur témoin, point de vue<br />

omniscient = vision surplombante.


Rétif : je, narrateur-personnage, point de vue interne<br />

= vision subjective.<br />

Prolongement : rechercher d’autres exemples de<br />

romans épistolaires célèbres dans l’histoire littéraire.<br />

Quelles visions donnent-ils de la société ?<br />

Analyse<br />

d’image<br />

G. Courbet, Un enterrement<br />

à Ornans ➜ p. 269<br />

Objectif : Étudier un tableau de Courbet, manifeste<br />

du mouvement réaliste.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Franche-Comté, département du Doubs, village natal<br />

du peintre.<br />

2. Un chien : élément symbolique des rites et représentations<br />

funéraires (gisants), il guide son maître vers<br />

l’au-delà (rôle de psychopompe) ; il paraît toutefois<br />

indifférent à la scène.<br />

Un crâne : symbole présent dans les vanités, il rappelle<br />

la mort (Poussière, à la poussière tu retourneras,<br />

Genèse, 3, 19).<br />

Remarque : le cercueil n’est pas visible. Seuls la fosse,<br />

le crâne et le crucifix évoquent directement la mort.<br />

Analyse<br />

3. Dimensions : 311 x 668 cm, format horizontal habituellement<br />

utilisé pour la peinture d’histoire (mythologie,<br />

religion et scènes historiques) => importance<br />

donnée aux hommes et femmes ordinaires de son village.<br />

4. a. Vision panoramique, horizontalité d’une frise,<br />

groupe de personnages, en forme de vague, situé entre<br />

la fosse et l’horizon => communauté villageoise réunie<br />

en cette occasion solennelle.<br />

b. Dans la moitié gauche, le prêtre, les sacristains,<br />

les bedeaux, le fossoyeur, les enfants de chœur se<br />

détachent à gauche par la couleur de leurs costumes<br />

= officiants ayant une fonction dans la cérémonie à<br />

laquelle assistent tous les autres personnages, anonymes<br />

et sombres.<br />

5. Comme dans les danses macabres, toutes les conditions<br />

sociales sont présentes, égales dans la mort :<br />

– à droite, des femmes : couleurs sombres, coiffes<br />

blanches éclairant les visages attristés ;<br />

– au premier plan : un révolutionnaire, en gris et bleu,<br />

remarquable par sa situation symétrique et son geste<br />

de la main, face au prêtre => rappel de l’engagement<br />

républicain du peintre ;<br />

– au centre, hommes en noir, dont les notables du village<br />

;<br />

– à gauche, costumes blancs des sacristains et des<br />

enfants de chœur, costumes rouges des bedeaux.<br />

=> effet de contraste : côté théâtral des officiants ≠ deuil<br />

et chagrin des villageois (mouchoirs blancs).<br />

6. Arrière-plan : ciel, falaises, croix dressée => idée<br />

d’élévation spirituelle, rappelée par l’eau bénite au<br />

premier plan.<br />

Premier plan : trou noir, ossements, personnage du<br />

républicain => deuil des illusions romantiques ? Perte<br />

de la foi en une vie éternelle ?<br />

=> opposition entre deux mondes, l’un religieux et<br />

l’autre laïque.<br />

Question de synthèse<br />

7. Le romancier et le peintre réaliste s’intéressent à<br />

toutes les catégories sociales. Ici, le peintre représente<br />

des membres de sa famille, dans son propre village,<br />

des visages anonymes, ridés ou laids, peinés ou indifférents.<br />

La réalité n’est pas idéalisée, mais elle n’est pas<br />

non plus copiée, comme le prouve la présence de symboles<br />

(le révolutionnaire, le chien, les ossements…).<br />

Prolongement : comparer le tableau de Courbet<br />

avec L’Enterrement du comte d’Orgaz (1586-1588)<br />

du Gréco, œuvre représentative du maniérisme espagnol<br />

(format, composition, personnages représentés,<br />

couleurs dominantes, éléments symboliques…). Sur<br />

quels éléments les différences portent-elles ?<br />

Texte3 Texte G. Flaubert,<br />

Madame Bovary ➜ p. 270<br />

Objectif : Montrer comment le roman réaliste cherche<br />

à s’émanciper du mouvement romantique.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Adverbe pourtant (l. 1), emploi de l’irréel : subjonctif<br />

il eût fallu (l. 2) => déception, car aucun des paysages<br />

rêvés ne correspond à la réalité vécue par Emma pendant<br />

sa lune de miel.<br />

2. Charles = homme ordinaire qui inspire l’ennui. Sa<br />

personnalité se résume dans cette phrase qui com-<br />

149


ine comparaison (avec le trottoir) et personnification<br />

(défilé des pensées de Charles) : La conversation de<br />

Charles était plate comme un trottoir de rue, et les<br />

idées de tout le monde y défilaient dans leur costume<br />

ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie<br />

(l. 24-26) et dans l’emploi de multiples négations soulignant<br />

les limites de ses capacités physiques et de son<br />

ouverture culturelle (4 e §).<br />

Mise au point<br />

3. Indicatif imparfait :<br />

– descriptions (cf. réponse 2) ;<br />

– analyse des sentiments et des caractères : Il la croyait<br />

heureuse, elle lui en voulait… (l. 33) ;<br />

– actions dont la durée est indéterminée, qui se diluent<br />

dans l’ennui : Mais, à mesure que se serrait davantage<br />

l’intimité de leur vie, un détachement intérieur se faisait<br />

qui la déliait de lui (l. 22-23).<br />

Analyse<br />

4. a. Focalisation interne, point de vue d’Emma : Elle<br />

songeait […] que (l. 1), Il lui semblait (l. 9, 20) = plongée<br />

directe dans les désillusions du personnage.<br />

b. Exclamatives, interrogatives, discours indirect libre :<br />

Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s’en<br />

aller vers ces pays à noms sonores où les lendemains<br />

de mariage ont de plus suaves paresses ! (l. 2-4) Un<br />

homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître,<br />

exceller en des activités multiples, vous initier aux<br />

énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à<br />

tous les mystères ? (l. 30-32).<br />

5. Présence du narrateur :<br />

– comparaisons : comme on disait (l. 2), comme<br />

tombe la récolte d’un espalier quand on y porte la<br />

main (l. 21-22), comme un trottoir de rue… ordinaire<br />

(l. 24-25) => dimension satirique ;<br />

– clichés énumérés hyperboliquement dans les pensées<br />

et les rêves d’Emma (1er §) => ironie.<br />

6. Frustrations et fortes déceptions dès la lune de<br />

miel, qui n’a rien à voir avec les plus beaux jours de<br />

sa vie (l. 1-2) ; au contraire, tristesse (l. 12), insaisissable<br />

malaise (l. 16) et détachement intérieur (l. 23)<br />

qui éloignent Emma de son mari, si différent de l’époux<br />

idéal qu’elle imaginait (dernier §).<br />

Question de synthèse<br />

7. Emma = héroïne romantique, idéaliste, déçue par la<br />

réalité ordinaire qui ne correspond en rien aux romans<br />

qui ont nourri son adolescence (qu’elle avait rencontré<br />

dans un roman, l. 29) :<br />

150<br />

– tempérament rêveur et sensuel : énumération de<br />

paysages enchanteurs tirés de ses lectures où se<br />

mêlent des sensations visuelles (on regarde les étoiles,<br />

l. 9), sonores (noms sonores, l. 3 ; chanson du postillon,<br />

l. 5 ; clochettes des chèvres, l. 6), olfactives (parfum des<br />

citronniers, l. 7-8) ; portrait physique et moral du mari<br />

idéal (l. 12-14, 30-32) ;<br />

– tempérament instable lié à une profonde<br />

insatisfaction : Mais comment dire un insaisissable<br />

malaise, qui change d’aspect comme les nuées, qui<br />

tourbillonne comme le vent ? (l. 16-17), une abondance<br />

subite se serait détachée de son cœur (l. 20-21)<br />

=> expressions qui rappellent les émois du jeune<br />

René (Chateaubriand), prototype du héros romantique<br />

français.<br />

Pour aller plus loin<br />

8. Recherche. Bovarysme (1865) : attitude psychologique<br />

dans laquelle ses aspirations insatisfaites,<br />

alliées à un manque d’autocritique, poussent le sujet<br />

(généralement une femme, pour des raisons socioculturelles)<br />

à s’évader d’une réalité qu’il juge médiocre<br />

pour se réfugier dans une vie imaginative et romanesque,<br />

surtout dans le domaine sentimental. (Grand<br />

Robert de la langue française)<br />

Rêveries et illusions d’Emma (lectures et manque d’esprit<br />

critique) = bovarysme.<br />

9. Écriture d’invention. Portrait réaliste d’une Emma<br />

Bovary d’aujourd’hui, qui aurait une activité professionnelle<br />

peu conforme à ses rêves :<br />

– fantasmes féminins influencés par le cinéma, Internet,<br />

les magazines de mode => rêves de voyages et<br />

d’exotisme reflétant les clichés contemporains (croisières,<br />

îles paradisiaques, lieux hantés par la jet-set ou<br />

par les « bourgeois bohèmes »…) ;<br />

– portrait du mari idéal => images associant les traits<br />

de plusieurs acteurs alliant élégance et décontraction,<br />

virilité et raffinement (Johnny Depp, George Clooney,<br />

Jude Law, Vincent Cassel…) ;<br />

– métiers rêvés, pour elle et son conjoint, qui leur<br />

permettent de vivre des aventures, des passions, et<br />

de profiter des raffinements de la vie (l. 31) (soirées,<br />

voyages…) ;<br />

– activités sportives et culturelles d’aujourd’hui : golf,<br />

tennis, expositions parisiennes, véhicules à la mode,<br />

accessoires high-tech… ;<br />

– quête de la passion, opposée à ce calme si bien assis<br />

(l. 33) reproché à Charles Bovary, hantise de l’ennui et<br />

de la banalité.


Prolongement : lecture cursive du roman de Georges<br />

Perec, Les Choses (1965). Pistes de réflexion : le sens<br />

du titre, la société de consommation (cadre du roman),<br />

la quête du bonheur (obstacles et frustrations), le statut<br />

du narrateur (comparaison avec le narrateur de<br />

Madame Bovary).<br />

Texte D. Diderot, La Religieuse<br />

d’un<br />

À l’autrE 3<br />

➜ p. 272<br />

Objectif : Montrer comment ce roman-mémoires<br />

dépeint la condition féminine au xViii e siècle.<br />

Questions<br />

1. Le père Séraphin et la supérieure du couvent agissent<br />

au nom de la famille de Suzanne.<br />

Mission = lui faire admettre qu’elle n’a pas d’autre<br />

choix que d’entrer au couvent : m’engager à prendre<br />

l’habit (l. 6-7), m’en instruire avec la tristesse la mieux<br />

étudiée (l. 30-31).<br />

2. a. Arguments financiers : vos parents se sont<br />

dépouillés pour vos sœurs […] la situation étroite où<br />

ils se sont réduits (l. 8-10) ; les deux sœurs de Suzanne<br />

ont eu des dots considérables (l. 2-3), alors qu’on paiera<br />

une modique pension (l. 12) pour la faire entrer dans<br />

quelque couvent de province (l. 12).<br />

b. Sentiments de Suzanne :<br />

– elle se sent reniée par sa famille, cruelle injustice :<br />

« Hélas ! je n’ai ni père ni mère ; je suis une malheureuse<br />

qu’on déteste et qu’on veut enterrer ici toute<br />

vive. » (l. 21-22) ;<br />

– iniquité : pas traitée à égalité avec ses sœurs, richement<br />

dotées (je me promettais un sort égal au leur :<br />

et ma tête s’était remplie de projets séduisants, l. 3-4).<br />

3. Sans vocation religieuse : elle rêvait de quitter le<br />

couvent pour se marier (1re phrase du texte), désespérée<br />

à l’idée de rester au couvent : Je me plaignis avec<br />

amertume, et je versai un torrent de larmes (l. 14).<br />

Métaphore et hyperbole => ton pathétique.<br />

Elle se sent trahie par sa famille et par la supérieure,<br />

un être hypocrite : Elle parut (modalisateur) avoir pitié<br />

de moi (l. 24) ; Oh ! monsieur, combien ces supérieures<br />

de couvent sont artificieuses ! (exclamative) vous n’en<br />

avez point d’idée (hyperbole) (l. 26-27) ; la tristesse la<br />

mieux étudiée. (superlatif) (l. 30-31) => aspect polémique.<br />

4. Témoignage poignant à la 1re personne : plaide sa<br />

cause et dénonce la condition féminine de son temps<br />

(vie de couvent imposée pour des raisons financières)<br />

=> punition infligée à une innocente, incarcération.<br />

5. Dénonciation des abus dont sont victimes les femmes<br />

de l’époque, enfermées malgré elles dans des couvents,<br />

alors qu’elles n’ont pas la vocation religieuse.<br />

Pour le père Séraphin : Tant pis (l. 8) = fatalité / pour<br />

Diderot = scandale à dénoncer par le récit.<br />

Vis-à-vis : Flaubert et Diderot<br />

6. Suzanne et Emma sont victimes de leur condition de<br />

femmes :<br />

– le père d’Emma se débarrasse de sa fille en la mariant<br />

au docteur Bovary (chapeau introductif) ;<br />

– la famille Simonin se débarrasse de Suzanne, la<br />

cadette, en l’enfermant au couvent car les riches dots<br />

de ses deux sœurs ont épuisé leurs finances.<br />

7. Roman à la 3e personne (Madame Bovary) : distance<br />

du narrateur, parfois ironique, observation clinique des<br />

personnages.<br />

Roman-mémoires (La Religieuse) : événements vécus<br />

de l’intérieur, expression directe de la sensibilité et des<br />

tourments du personnage, de ses dilemmes…<br />

Remarque : dans les deux cas, l’auteur met de luimême<br />

dans son personnage (illusions romantiques du<br />

jeune Flaubert, vocation forcée du jeune Diderot et de<br />

sa sœur Angélique).<br />

Prolongement : faire une recherche sur le film<br />

de Jacques Rivette adapté de ce roman de Diderot<br />

(cf. photogramme ➜ p. 272) : date du film ? distribution<br />

? réception ? interprétation du roman ?<br />

ÉtudE d’œuvrE intÉgralE<br />

G. Flaubert, Madame Bovary ➜ p. 274<br />

Objectif : Étudier un roman réaliste mêlant le lyrisme<br />

et l’ironie.<br />

pistes d’AnAlyse<br />

1. Les personnages<br />

Le père d’Emma, Théodore Rouault :<br />

– paysan normand, veuf, cultivateur des plus aisés, gros<br />

petit homme de cinquante ans, à la peau blanche, à<br />

l’œil bleu, chauve sur le devant de la tête (Partie I, chapitre<br />

II) ;<br />

– homme rustique, il aime boire de l’eau-de-vie, fait des<br />

fautes d’orthographe et son langage est pittoresque :<br />

151


j’aurais voulu être comme les taupes, que je voyais<br />

aux branches, qui avaient des vers leur grouillant dans<br />

le ventre, crevé, enfin (I, 3). Ces manières rustiques<br />

déplaisent à sa fille : Il fuma dans la chambre, cracha<br />

sur les chenets (I, 9) ;<br />

– il gère ses affaires avec pragmatisme : Le père<br />

Rouault n’eût pas été fâché qu’on le débarrassât de sa<br />

fille, qui ne lui servait guère dans sa maison. Il l’excusait<br />

intérieurement, trouvant qu’elle avait trop d’esprit<br />

pour la culture (I, 3) ;<br />

– vie marquée par les deuils : perte de sa femme et<br />

d’un fils, départ d’Emma => [i]l se sentit triste comme<br />

une maison démeublée (I, 4). Mort de sa fille et de son<br />

gendre. Paralysé, il reste définitivement seul à la fin du<br />

roman.<br />

Le narrateur s’attendrit parfois sur ce personnage<br />

=> lettre du père Rouault à ses chers enfants (II, X).<br />

Charles Bovary :<br />

– dans l’incipit, adolescent ridiculisé : un nouveau<br />

habillé en bourgeois, un gars de la campagne […] l’air<br />

raisonnable et fort embarrassé ; tableau complété par<br />

la casquette grotesque de ce pauvre diable (I, 1) ;<br />

– il fait preuve de bonne volonté pour satisfaire les espérances<br />

de sa mère : Il accomplissait sa petite tâche quotidienne<br />

à la manière du cheval de manège ; il doit son<br />

diplôme de médecin et sa première épouse à sa mère ;<br />

– l’épisode de la noce confirme le manque de talent du<br />

personnage : Il répondit médiocrement aux pointes,<br />

calembours […] que l’on se fit un devoir de lui décocher<br />

dès le potage (I, 4) ;<br />

– il est heureux et sans souci de rien au monde (I, 5),<br />

tandis qu’Emma ne voit que ses défauts : Il avait sa casquette<br />

enfoncée sur ses sourcils, et ses deux grosses<br />

lèvres tremblotaient, ce qui ajoutait à son visage<br />

quelque chose de stupide (II, 5) ;<br />

– inconsolable de la mort d’Emma : Charles suffoquait<br />

comme un adolescent sous les vagues effluves amoureux<br />

qui gonflaient son cœur chagrin (III, 11).<br />

=> la fin du roman grandit finalement le personnage<br />

auquel le narrateur confère une dignité absente chez<br />

les amants d’Emma.<br />

Rodolphe Boulanger :<br />

– propriétaire d’un domaine, séducteur cynique :<br />

trente-quatre ans ; il était de tempérament brutal et<br />

d’intelligence perspicace, ayant d’ailleurs beaucoup<br />

fréquenté les femmes, et s’y connaissant bien (II, 7) ;<br />

il fait de fausses promesses à Emma avant de la quitter<br />

sans remords (II, 13) ;<br />

– il refuse d’aider Emma empêtrée dans ses dettes ;<br />

152<br />

– après les obsèques d’Emma, il se montre égal à luimême<br />

lors d’une rencontre avec Charles : Rodolphe,<br />

qui avait seulement envoyé sa carte, balbutia d’abord<br />

quelques excuses, puis s’enhardit et même poussa<br />

l’aplomb […] jusqu’à l’inviter à prendre une bouteille<br />

de bière au cabaret. (III, 11)<br />

Rodolphe = antithèse de Charles.<br />

Léon Dupuis :<br />

– jeune homme blond, clerc à Yonville, chez<br />

Me Guillaumin, il charme Emma par ses clichés romantiques<br />

: Oh ! j’adore la mer !… (II, 2) et partage avec elle<br />

les joies de la lecture (II, 2) = double masculin d’Emma ;<br />

– contrairement à Rodolphe, il n’a pas l’habitude des<br />

conquêtes : il était timide d’habitude et gardait cette<br />

réserve qui participe à la fois de la pudeur et de la<br />

dissimulation (II, 3) ;<br />

– au début de la IIIe partie, il perd sa timidité en compagnie<br />

des grisettes parisiennes qui lui trouvent l’air<br />

distingué. De retour en Normandie, après trois ans d’absence,<br />

il retrouve Emma et décide de la posséder => cet<br />

épisode, avec celui du fiacre, le rapproche de Rodolphe ;<br />

– pour éviter l’ennui et les embarras, il renonce à la<br />

flûte, aux sentiments exaltés, à l’imagination (III, 6) et<br />

finit par se marier => il finit par ressembler à Charles.<br />

Après la mort d’Emma, le narrateur précise : Rodolphe<br />

[…] dormait tranquillement dans son château ; et<br />

Léon, là-bas, dormait aussi (III, 10) => indifférence<br />

des deux amants.<br />

M. Homais :<br />

– portrait initial : Un homme en pantoufles de peau<br />

verte, quelque peu marqué de petite vérole… Sa figure<br />

n’exprimait rien que la satisfaction de soi-même… :<br />

c’était le pharmacien (II, 1) ;<br />

– anticlérical, il claironne à tout moment et en tous<br />

lieux ses idées : je crois en l’Être suprême, à un Créateur,<br />

quel qu’il soit, peu m’importe… mais je n’ai pas<br />

besoin d’aller, dans une église… et engraisser de ma<br />

poche un tas de farceurs… (II, 1) ;<br />

– obséquieux avec les Bovary, il abuse de la crédulité<br />

de ses concitoyens : Son robuste aplomb avait fasciné<br />

les campagnards (II, 7) ;<br />

– véritable dictionnaire des idées reçues. Correspondant<br />

du Fanal de Rouen, il laisse libre cours à sa logorrhée<br />

dans les pages de ce journal ;<br />

– partisan du progrès, et soucieux d’assurer la célébrité<br />

de Yonville, il est à l’origine du fiasco de l’opération du<br />

pauvre Hippolyte, souffrant d’un pied-bot (II, 11), aussi<br />

indifférent à la gangrène du jeune homme qu’à l’agonie<br />

d’Emma (III, 8).


À la fin du roman, le narrateur souligne ironiquement<br />

le triomphe de M. Homais : Il était le plus heureux des<br />

pères, le plus fortuné des hommes ; Il se vendit enfin,<br />

il se prostitua ; Il vient de recevoir la croix d’honneur.<br />

2. La structure<br />

Repères temporels assez flous et dispersés dans le<br />

roman.<br />

1re partie = environ quatre années (sans compter les<br />

analepses)<br />

I, 1 – Charles Bovary à 15 ans => ses études, son premier<br />

mariage qui dure 14 mois (= premiers échecs, une<br />

mère et une épouse possessives).<br />

I, 2 – Rencontre d’Emma Rouault et de Charles Bovary<br />

à la ferme des Bertaux ; mort de la première épouse.<br />

I, 3 et 4 – Après cinq mois, Charles retourne aux Bertaux<br />

=> hiver, préparatifs de la noce ; la noce dure plusieurs<br />

jours, puis le couple quitte le village pour Tostes<br />

(deux jours après).<br />

I, 5 – La lune de miel = les premières amertumes.<br />

I, 6 – Analepse : Emma adolescente au couvent (ses lectures),<br />

puis retour à la ferme après la mort de sa mère.<br />

I, 7 et 8 – L’ennui, puis le bal à la Vaubyessard en<br />

octobre, ressassement des souvenirs de cette soirée<br />

inoubliable.<br />

I, 9 – La mélancolie : attente vaine du bal en octobre,<br />

nouvel hiver, fin février, visite du père Rouault ; mars :<br />

départ de Tostes, Emma est enceinte.<br />

2e partie = environ trois années<br />

II, 1 – Description de Yonville.<br />

II, 2, 3 et 4 – Installation des Bovary dans le village,<br />

rencontre de Léon ; idylle platonique ; naissance de<br />

Berthe ; rendez-vous avec Léon, cadeaux => rumeurs.<br />

II, 5 – Le marchand Lheureux commence à appâter<br />

Emma, rêveries.<br />

II, 6 – Avril, langueur d’Emma, départ de Léon pour<br />

Paris.<br />

II, 7, 8, 9 – Rencontre de Rodolphe. Liaison avec<br />

Rodolphe.<br />

II, 10 – Les rendez-vous clandestins et le début de l’ennui.<br />

II, 11,12 – L’opération d’Hippolyte ; Emma se rapproche<br />

de son époux ; échec de l’opération. Emma renoue avec<br />

Rodolphe ; projet de fugue et nouvelles dépenses.<br />

II, 13 – Départ annulé => désir de suicide, malaises.<br />

Puis Emma se remet peu à peu.<br />

II, 14 et 15 – Les dettes : L’hiver fut rude ; convalescence<br />

et crise mystique ; au commencement du printemps,<br />

projet de sortie au spectacle => soirée à l’opéra, retrouvailles<br />

avec Léon.<br />

3 e partie = deux années (sans compter l’épilogue)<br />

=> accélération des événements, engrenage fatal.<br />

III, 1 – Liaison avec Léon, scène du fiacre.<br />

III, 2 – Allusion à l’arsenic chez Homais ; mort du père<br />

Bovary, relances de Lheureux.<br />

III, 3 – trois jours de bonheur à Rouen avec Léon ;<br />

demande de procuration.<br />

III, 4 – commencement de l’hiver : les leçons hebdomadaires<br />

de musique à Rouen comme alibi.<br />

III, 5, 6, 7 – Les dépenses s’accumulent. La saisie par<br />

l’huissier, démarches vaines auprès des banquiers, de<br />

Léon, de M e Guillaumin le notaire (chantage), de Binet,<br />

le percepteur, puis visite chez Rodolphe.<br />

III, 8 – Échec de cette dernière tentative. Emma se suicide.<br />

III, 9 et 10 – Démarches funéraires et obsèques.<br />

III, 11 – Mort de Charles et épilogue : Berthe devient<br />

ouvrière et Homais triomphe à Yonville.<br />

3. Le scandale<br />

Réquisitoire d’Ernest Pinard, avocat impérial :<br />

L’offense à la morale publique est dans les tableaux<br />

lascifs que je mettrai sous vos yeux, l’offense à la<br />

morale religieuse, dans les images voluptueuses<br />

mêlées aux choses sacrées. […] Je me bornerai à vous<br />

citer quatre scènes, ou plutôt quatre tableaux. La première,<br />

ce sera celle des amours et de la chute avec<br />

Rodolphe, la seconde, la transition religieuse entre<br />

les deux adultères ; la troisième, ce sera la chute avec<br />

Léon, c’est le deuxième adultère, et enfin la quatrième<br />

que je veux citer, c’est la mort de Mme Bovary.<br />

Termes orgies et turpitudes utilisés par E. Pinard qui<br />

voit dans ce roman une glorification de l’adultère.<br />

Activités complémentAires<br />

1. Recherche<br />

a et b. Activité à conduire en groupe, en salle informatique<br />

pour mettre en valeur le travail de l’écrivain.<br />

2. Écriture d’invention<br />

Une page de journal intime :<br />

– registre lyrique : exaltation du départ, rêveries géographiques,<br />

idéalisation de l’ailleurs (hyperboles,<br />

accumulations, clichés romantiques, exclamatives,<br />

interrogatives…) ;<br />

– expression de son mépris pour Charles : portrait<br />

péjoratif, arguments justifiant sa fugue et apaisant ses<br />

remords ;<br />

153


– délibération : pensées pour sa fille et pour son père,<br />

mais remords balayés par la passion.<br />

Histoire des arts ➜ p. 276<br />

Scènes de genre et vie quotidienne en peinture<br />

154<br />

Questions<br />

1. Regards dirigés vers l’action en train de s’effectuer<br />

=> effet d’authenticité ; le personnage, concentré,<br />

ne semble pas prendre la pose. Oubli de la notion de<br />

modèle pour la vision de l’activité représentée.<br />

2. Personnage : tons clairs (cheveux blonds, robe jaune,<br />

col blanc), sur fond pâle, objets évoquant l’activité de la<br />

dentellière (coussin, fuseaux, fils…), palette très riche<br />

(bleus, rouge, verts…) => délicatesse du travail mise en<br />

valeur = écho au travail du peintre.<br />

Exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 278<br />

revoir<br />

1 Réalité ou illusion ?<br />

M. de Cervantès, Don Quichotte<br />

1. a. Récit au passé simple, décor évoqué avec réalisme<br />

(plaine, l. 2 ; moulins, l. 16-18), dialogues => effets de<br />

réel.<br />

b. Sancho Pança voit trente ou quarante moulins à<br />

vent (l. 16), mais Don Quichotte affirme qu’il s’agit de<br />

démesurés géants (l. 6-7) qu’il doit combattre en une<br />

furieuse et inégale bataille (l. 21-22). Sa folie déforme<br />

le réel, alors que Sancho le perçoit tel qu’il est : Regardez<br />

[…] pierre du moulin (l. 14-18) => antithèses : ne<br />

sont pas / mais.<br />

2. Discours direct, à partir de la ligne 3 : guillemets,<br />

tirets et incises (dit Sancho, répondit Sancho, répondit<br />

don Quichotte) => folie du héros et désaccord entre les<br />

deux comparses = effet comique.<br />

3. Don Quichotte veut prouver son courage héroïque :<br />

c’est faire grand service à Dieu d’ôter une si mauvaise<br />

semence de dessus la face de la terre (l. 10-11), si tu<br />

as peur, ôte-toi de là et te mets en oraison (l. 20-21).<br />

=> foi, valeurs chevaleresques, mais aussi besoin d’ar-<br />

gent : de leurs dépouilles nous commencerons à nous<br />

enrichir (l. 8-9).<br />

2 Réalité ou idéal ?<br />

Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves<br />

1. L’aristocratie, le monde de la cour : Louvre (l. 3),<br />

Monsieur de Guise (l. 5), Madame de Clèves (l. 8), le roi<br />

(l. 10), Monsieur de Nemours (l. 12), Ce prince (l. 14).<br />

2. Le récit au passé simple, les détails concrets : Elle<br />

passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer,<br />

pour se trouver le soir au bal (l. 1-2) => image de la<br />

coquetterie féminine ; il se fit un assez grand bruit vers<br />

la porte de la salle, comme de quelqu’un qui entrait<br />

et à qui on faisait place (l. 5-7) => éléments sonores,<br />

mouvement de foule, effets de réel.<br />

3. a. M. de Nemours et de Mme de Clèves sont tous deux<br />

le point de convergence des regards => héros idéalisés<br />

: l’on admira sa beauté et sa parure (l. 3-4), surprise<br />

(l. 15), air brillant (l. 17), grand étonnement (l. 20).<br />

b. Monde de la cour d’Henri II = idyllique => ambiance<br />

festive, admiration généralisée (emploi de on), prédestination<br />

: Elle se tourna et vit un homme qu’elle crut<br />

d’abord ne pouvoir être que Monsieur de Nemours<br />

(l. 11-12) = univers des contes.<br />

Approfondir<br />

3 Réalisme et sentiments<br />

Abbé Prévost, Manon Lescaut<br />

1. Narrateur personnage : nous, je => témoignage<br />

d’autant plus pathétique qu’il semble vrai ; le lecteur<br />

oublie qu’il s’agit d’un roman, d’une fiction.<br />

2. Éléments descriptifs, détails concrets, sensoriels,<br />

familiers : Je m’aperçus dès le point du jour, en touchant<br />

ses mains, qu’elle les avait froides et tremblantes<br />

(l. 4-6).<br />

Présence d’un interlocuteur qui reçoit la confidence,<br />

auquel le lecteur peut s’identifier : N’exigez point de<br />

moi que je vous décrive mes sentiments, ni que je vous<br />

rapporte ses dernières expressions. (l. 16-18)<br />

3. Mort de Manon = libération, puis chagrin exprimé<br />

par le narrateur : la fin de ses malheurs approchait<br />

(l. 15-16), Je la perdis (l. 18), elle expirait (l. 19-20), ce<br />

fatal et déplorable événement. (l. 21) => gradation :<br />

euphémismes d’abord, puis expressions tragiques et<br />

pathétiques.


4 Personnages héroïques ou réalistes ?<br />

D. Diderot, Le Neveu de Rameau<br />

G. de Maupassant, Bel-Ami<br />

1. Texte A : présent => description du neveu de Rameau,<br />

énumération de ses habitudes.<br />

Texte B : passé simple (1er §) => temps du récit utilisé<br />

pour rapporter les actions ; imparfait (2e §) => description<br />

des attitudes de Duroy.<br />

2. a. Quête de moyens de subsistance = occupation des<br />

deux personnages, sans argent : Son premier soin, le<br />

matin, quand il est levé, est de savoir où il dînera ;<br />

après dîner, il pense où il ira souper (Texte A, l. 2-4) ;<br />

On était au 28 juin, et il lui restait juste en poche trois<br />

francs quarante pour finir le mois (Texte B, l. 2-4).<br />

b. Texte A : nombreux repères temporels (le matin,<br />

après dîner, La nuit, le jour…), repères spatiaux<br />

(taverne du faubourg, à côté de ses chevaux, le Cours<br />

ou les Champs-Élysées, à la ville), détails évoquant<br />

l’indigence (inquiétude, loyer, se rabat, morceau<br />

de pain, pot de bière, six sols, a recours, sur de la<br />

paille,…) => emploi du temps du neveu lié aux circonstances<br />

(l. 2), vie libre, mais incertaine du parasite.<br />

Texte B : repères spatiaux (sur le trottoir, rue Notre-<br />

Dame-de-Lorette, dans la rue pleine de monde) et<br />

temporels (28 juin, finir le mois, repas du matin, ceux<br />

du soir, nuits, au temps où), détails concrets soulignant<br />

les préoccupations économiques de Duroy (juste<br />

en poche trois francs quarante ; deux dîners sans<br />

déjeuners, ou deux déjeuners sans dîners ; vingt-deux<br />

sous, trente, un franc vingt centimes de boni, grande<br />

dépense = antiphrase), précisions sur ses consommations<br />

(pain, saucisson, bocks) => aspect documentaire,<br />

difficultés d’un jeune homme arrivant à Paris sans<br />

moyens.<br />

3. Georges Duroy : poitrine bombée, jambes un peu<br />

entrouvertes comme s’il venait de descendre de cheval<br />

; et il avançait brutalement […] heurtant les<br />

épaules, poussant les gens pour ne point se déranger<br />

de sa route (2e §) => attitude arrogante d’un jeune<br />

homme sûr de lui et confiant en son avenir, alors que le<br />

neveu se laisse guider par les circonstances.<br />

écrire<br />

5 Dissertation sur le réalisme<br />

1. Les romans les plus intéressants sont-ils ceux qui<br />

retracent l’histoire de l’humanité familière ou bien au<br />

contraire ceux qui s’affranchissent de la réalité en toute<br />

liberté ?<br />

2. Dans ce type de sujet, les démarches thématique et<br />

concessive se combinent. Il faut analyser le cas des<br />

romans correspondant à la définition de Claude Roy,<br />

mais aussi envisager d’autres genres de roman proposant<br />

des intérêts et des thèmes différents. Parties :<br />

démarche concessive. Organisation interne des parties,<br />

paragraphes : approche thématique.<br />

3. Histoire de l’humanité familière abordée dans les<br />

romans = aspects documentaires => vie de famille,<br />

pratiques sociales = mariages, cérémonies funéraires,<br />

bals… (Le Père Goriot), ambition (Le Rouge et le Noir).<br />

Autres intérêts, autres thèmes : anticipation, sciencefiction<br />

(Jules Verne, Ray Bradbury…), héros fantastiques<br />

(romans philosophiques de Voltaire, de Swift),<br />

romans historiques s’intéressant aux souverains et non<br />

à l’humanité familière (La Reine Margot ou Les Trois<br />

Mousquetaires de Dumas).<br />

4. Plan :<br />

Partie I. Le roman constitue une mine d’informations<br />

documentaires sur la vie quotidienne.<br />

1er § : il restitue une époque, décrit le mode de vie de<br />

personnages ordinaires. Ex. : G. Flaubert, Madame<br />

Bovary ; A. Camus, La Peste…<br />

2e § : il s’intéresse à toutes les classes sociales, offre<br />

un panorama de la société. Ex. : H. de Balzac, La<br />

Comédie humaine ; É. Zola, Les Rougon-Macquart.<br />

3e § : il ne privilégie pas les exploits surhumains<br />

de quelques héros, met en scène des anti-héros<br />

confrontés à l’échec, à la misère. Ex. : L.-F. Céline,<br />

Voyage au bout de la Nuit ; M. Duras, Un barrage<br />

contre le Pacifique.<br />

Partie II. On peut aussi apprécier des romans rompant<br />

avec le réel et présentant des vies extraordinaires.<br />

1er § : certains mettent en scène des héros du futur<br />

appartenant à un monde bien différent du nôtre<br />

(utopies et dystopies). Ex. : romans d’A. Huxley (Le<br />

Meilleur des mondes…) ; P. Boulle, La Planète des<br />

singes…<br />

2e § : des romans historiques privilégient les personnages<br />

exerçant le pouvoir, ou des événements<br />

majeurs (guerres, révolutions). Ex. : A. Dumas, La<br />

Reine Margot ; J. Littell, Les Bienveillantes.<br />

3e § : bien d’autres romans se rapprochent du conte<br />

ou de la fable ; ils défendent des thèses, recourent<br />

à des personnages symboliques. Ex. : romans philosophiques<br />

de J. Swift à visée didactique comme Les<br />

Voyages de Gulliver ; F. Richaud, La Ménagerie de<br />

Versailles.<br />

155


156<br />

Textes<br />

● Anonyme, La Vie de Lazarillo de Tormès (1554)<br />

● M. de Cervantès, Don Quichotte (1614)<br />

● Guilleragues, Les Lettres portugaises (1669)<br />

● M me de La Fayette, La Princesse de Clèves (1678)<br />

● D. Defoe, Moll Flanders (1722)<br />

● D. Diderot, Jacques le Fataliste et son maître<br />

(1765-1784)<br />

● H. de Balzac, Les Chouans (1829)<br />

● Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830)<br />

● E. Auerbach, Mimésis (1946)<br />

● R. Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque<br />

(1961)<br />

● M. Kundera, L’Art du roman (1986)<br />

● G. Philippe, Le Roman (1996)<br />

Images du DVD-Rom<br />

● J.-B. S. Chardin, Le Bénédicité (1740)<br />

● G. Courbet, L’Atelier du peintre (1855)<br />

● M. Cassatt, À l’Opéra (1878)<br />

● H. de Toulouse-Lautrec, La Toilette (1896)<br />

Activités<br />

● Dissertation. Le réalisme est une féerie comme<br />

une autre, […] il est une autre stylisation, écrit<br />

Charles Dantzig au début de l’article « Réalisme »<br />

de son Dictionnaire égoïste de la littérature française.<br />

Les textes et œuvres réalistes que vous<br />

connaissez vous font-ils adhérer à cette définition<br />

paradoxale ? Vous justifierez votre argumentation<br />

en vous appuyant sur des exemples variés.<br />

● Écriture d’invention. Suzanne Simonin (La Religieuse<br />

➜ p. 272) écrit une lettre à l’une de ses<br />

sœurs pour lui demander l’aide qui lui permettrait<br />

d’éviter le destin que lui ont tracé ses parents.<br />

Prolongements<br />

Rédigez cette lettre en vous appuyant sur les informations<br />

fournies par le texte et en vous inspirant<br />

du style et du registre employés par Diderot dans<br />

son roman.<br />

● Analyses de corpus<br />

a. Sujet : portraits d’héroïnes de roman.<br />

Objectifs : Comparer ces portraits, entre réalisme<br />

et vision idéalisée du personnage, et étudier quelle<br />

image de la condition féminine transparaît dans<br />

ces portraits.<br />

Corpus : Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves :<br />

Madame de Clèves ➜ p. 278<br />

D. Diderot, La Religieuse : Suzanne Simonin<br />

➜ p. 272.<br />

G. Flaubert, Madame Bovary : Emma Bovary<br />

➜ p. 274.<br />

H. de Balzac, Le Lys dans la vallée : Madame de<br />

Mortsauf ➜ p. 283.<br />

É. Zola, Thérèse Raquin ➜ p. 300<br />

b. Sujet : liens entre le personnage de roman et son<br />

environnement.<br />

Objectifs : Comparer les fonctions du cadre spatial<br />

dans ces récits et étudier notamment quelle<br />

influence les lieux exercent sur les personnages.<br />

Corpus : D. Diderot, Le Neveu de Rameau : errances<br />

dans Paris ➜ p. 279.<br />

Stendhal, Le Rouge et le Noir : Julien Sorel, méditation<br />

parmi les rochers ➜ p. 263.<br />

La Chartreuse de Parme : Fabrice del Dongo, expérience<br />

de la prison ➜ p. 281.<br />

G. Flaubert, Madame Bovary : Emma Bovary, un<br />

environnement rêvé ➜ p. 270.<br />

E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux : le retour<br />

d’une promenade en banlieue ➜ p. 317.


sÉQuEnCE 14<br />

L’amour dans le récit réaliste<br />

➜ Livre de l’élève, p. 280<br />

Texte1 Texte Stendhal, La Chartreuse<br />

de Parme ➜ p. 281<br />

Objectif : Étudier la naissance de l’amour dans<br />

un texte réaliste.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. 1er § : point de vue de Fabrice (Il remarqua qu’elle<br />

ne levait pas les yeux sur lui, l. 3-4) puis de Clélia (la<br />

pauvre fille n’aurait pas pu oublier le sourire, l. 5-6).<br />

2e § : point de vue de Fabrice (La première pensée de<br />

Fabrice, l. 10).<br />

3e § : point de vue de Fabrice (se disait-il, l. 16) puis de<br />

Clélia (elle ne put imposer silence à ses yeux, l. 25), de<br />

nouveau de Fabrice (remarqua qu’elle rougissait, l. 26)<br />

et encore de Clélia (se disait-elle, l. 30).<br />

4e § : mélange des deux points de vue : Clélia (pour éviter<br />

cette nouvelle politesse, l. 33) et Fabrice (il était un<br />

autre homme, l. 36).<br />

=> l’alternance des points de vue permet de connaître<br />

les pensées des deux personnages. Réciprocité de<br />

points de vue à l’image du sentiment amoureux qui lie<br />

les deux jeunes gens.<br />

2. L’expression est surprenante, car Fabrice est emprisonné<br />

et il est rare de ressentir de la joie dans ce<br />

contexte.<br />

=> sorte de paradoxe exprimé hyperboliquement ici.<br />

Mise au point<br />

3. Conditonnel passé à la deuxième forme => irréel du<br />

passé, donc action impossible, car Fabrice a quitté ces<br />

villes.<br />

Analyse<br />

4. remarqua (l. 3-4 et 26), ne levait pas les yeux (l. 4), vu<br />

(l. 6), Il la suivait ardemment des yeux (l. 16), jeter un<br />

regard (l. 17), apercevait et regarder (l. 19), voir et vois<br />

(l. 31), regarder (l. 35).<br />

=> verbes de perception renvoyant uniquement à la<br />

vue. Cela montre que Fabrice cherche à attirer le regard<br />

de Clélia pour tenter de la séduire.<br />

5. Utilisation du discours direct tout au long du passage<br />

: Certainement, se disait-il, elle va s’en aller sans<br />

daigner jeter un regard (l. 16-17), Ne sommes-nous<br />

pas seuls au monde ici ? se dit-il… (l. 21), Que cette<br />

pauvre femme serait heureuse, se disait-elle… (l. 30).<br />

=> caractère vivant et dynamique donné à la scène. Le<br />

lecteur sait exactement ce qu’il se passe et a l’impression<br />

d’être le témoin des faits.<br />

6. Sentiments de Fabrice : inexprimable joie (l. 1), horreur<br />

(l. 13), ardemment (l. 16), léger espoir (l. 32).<br />

Ceux de Clélia : pitié la plus vive (l. 26), trouble (l. 29).<br />

=> le champ lexical des sentiments montre l’évolution<br />

de Fabrice et la prise de conscience de la naissance<br />

du sentiment amoureux et de l’espoir d’être aimé en<br />

retour.<br />

7. a. Mot traduisant dans le discours indirect la volonté<br />

de Clélia de marquer son détachement vis-à-vis de<br />

Fabrice, elle ne veut pas le laisser croire qu’elle est<br />

attendrie.<br />

b. Clélia rougit et se trouble, mais se montre distante.<br />

Elle refuse de montrer à Fabrice son intérêt pour lui<br />

=> attitude paradoxale.<br />

8. a. Notion d’enfermement commune ou d’impossibilité<br />

d’agir à sa guise : Fabrice est enfermé dans sa cellule<br />

et Clélia est prisonnière des conventions sociales.<br />

=> deux attitudes et positions similaires.<br />

b. Clélia évoque sa proximité avec le prisonnier, mais<br />

confesse surtout son amour de manière indirecte. Elle<br />

se l’avoue en pensant à la tante de Fabrice, la Sanseverina,<br />

qui s’inquiète du sort de Fabrice et qui serait soulagée<br />

de le voir en pleine tentative de séduction.<br />

Question de synthèse<br />

9. Cette expression renvoie aux transformations ressenties<br />

par Fabrice, envahi par son affection pour<br />

Clélia, transporté par son amour pour elle. Passage<br />

permettant de passer du doute à l’espoir (l. 32). => elle<br />

correspond à la dernière étape de l’évolution du personnage<br />

dans cette scène de roman de formation : Clélia<br />

l’a regardé et a exprimé de la pitié (l. 26).<br />

157


Pour aller plus loin<br />

10. Recherche. Texte réaliste :<br />

– utilisation marquée du jeu des regards entre les deux<br />

personnages (question 4) ;<br />

– emploi du point de vue interne : le lecteur connaît les<br />

sentiments de Fabrice (question 1) ;<br />

– difficultés pour vivre cet amour : Fabrice est enfermé<br />

dans une cellule, mais peut voir Clélia.<br />

=> réalisme de la situation et vraisemblance de l’amour<br />

naissant à travers le jeu des regards.<br />

11. Écriture d’invention. Contraintes :<br />

– réécrire la même scène d’un point de vue différent ;<br />

– adopter le point de vue de Clélia (changement de<br />

point de vue et de sentiments) ;<br />

– respecter fidèlement les sentiments de chaque personnage.<br />

Proposition de début de rédaction :<br />

Vers midi, je me décidais à aller m’occuper des<br />

oiseaux. Dès mon entrée dans son champ de vision,<br />

je compris que le prisonnier m’avait attendu et qu’il<br />

me fixait d’un regard scrutateur qui me mit immédiatement<br />

mal à l’aise…<br />

Prolongement : comparer ce passage avec la scène<br />

du premier regard échangé par Julien Sorel et M me de<br />

Rênal dans Le Rouge et le Noir de Stendhal. Quels<br />

sont les points communs et les différences ?<br />

d’un<br />

À l’autrE 1<br />

158<br />

Texte h. de Balzac, Le Lys<br />

dans la vallée ➜ p. 283<br />

Objectif : Étudier le thème de la première rencontre<br />

amoureuse dans un roman de Balzac.<br />

Questions<br />

1. Deux émotions sont décrites : le « coup de foudre »<br />

et l’amour pour Henriette : ébloui (l. 5), les sentiments<br />

qui sourdirent en mon cœur (l. 7), Mes yeux furent<br />

tout à coup frappés (l. 7-8), jouissances infinies (l. 17),<br />

tout me fit perdre l’esprit (l. 19-20), la grande fièvre du<br />

cœur (l. 36).<br />

=> deux sentiments très forts évoqués de manière<br />

hyperbolique.<br />

2. Description de ce qui se trouve à la hauteur des yeux<br />

de Félix, le buste et le dos de la jeune femme : épaules<br />

(l. 8, 9, 10, 11), une gorge (ici, la poitrine l. 14), globes<br />

azurés (l. 14-15) et des cheveux (l. 17) => parties du<br />

corps sensuelles, voire érotiques pour le narrateur.<br />

Nombreux modalisateurs, surtout des adjectifs, montrant<br />

le trouble et l’admiration de Félix : pudiques<br />

(l. 10), satinée (l. 11), parfaite (l. 15)…<br />

=> portrait d’Henriette fait par Félix, de manière méliorative<br />

et à l’aide d’un vocabulaire empreint de sensualité.<br />

3. a. Portrait utilisant la synecdoque, qui morcelle le<br />

corps d’Henriette en autant de parties attirant le regard<br />

de Félix et dirige l’attention sur des parties suggestives<br />

du corps.<br />

b. Félix compare Henriette à sa mère : comme un<br />

enfant qui se jette dans le sein de sa mère (l. 21).<br />

4. Le trouble et la honte devant la réaction de la comtesse<br />

: larmes chaudes (l. 25), pétrifié (l. 26), ridicule<br />

(l. 31), J’eus honte de moi (l. 32).<br />

métamorphosé (l. 37) : Félix se considère à la fin de<br />

l’extrait comme un homme, capable de séduire une<br />

femme.<br />

=> évolution, transformation du personnage qui passe<br />

de l’enfance à l’âge adulte.<br />

Vis-à-vis : Stendhal et Balzac<br />

5. Fabrice et Félix sont tous deux amoureux d’une<br />

femme très différente d’eux.<br />

Pour Fabrice, il est prisonnier et Clélia est la fille du<br />

geôlier ; il semble avoir peu d’expérience en matière de<br />

séduction, mais il est assez audacieux et intimidé par<br />

Clélia : Fabrice resta immobile et sans respiration (l. 2).<br />

Félix, lui, est très peu expérimenté et d’un rang très<br />

inférieur à celui d’Henriette. Son manque d’expérience<br />

accentue son trouble et le pousse à commettre<br />

une action inconsidérée : tout me fit perdre l’esprit<br />

(l. 19-20).<br />

6. Le point de vue du héros est utilisé dans les deux<br />

romans : le lecteur connaît les pensées des deux jeunes<br />

hommes.<br />

Mais Stendhal donne des informations sur ce que<br />

pense Clélia (focalisation omnisciente) ≠ on ne connaît<br />

par les pensées d’Henriette.<br />

Prolongement : dresser une liste d’autres textes<br />

évoquant la naissance de l’amour entre deux personnages,<br />

en précisant les titres, les auteurs et les noms<br />

des protagonistes.


ÉtudE d’œuvrE intÉgralE<br />

Stendhal, La Chartreuse de Parme<br />

➜ p. 285<br />

Objectif : Étudier une histoire d’amour dans le cadre<br />

d’un roman réaliste et historique.<br />

pistes d’AnAlyse<br />

1. histoire et roman<br />

Dates et événements : 15 mai 1796 (entrée des Français<br />

à Milan), allusion à la campagne d’Égypte (1798-1799),<br />

avril 1799 (bataille de Cassano), retraite des Français à<br />

Novi, Bonaparte franchit le col du Grand-Saint-Bernard<br />

(20 mai 1800), bataille / victoire de Marengo (14 juin<br />

1800).<br />

Personnages : le général Bonaparte, Voltaire (écrivain),<br />

Gros (peintre), le Directoire de Paris (assemblée).<br />

=> nombreux événements, dates et personnages réels<br />

permettant d’ancrer le récit dans un cadre réaliste<br />

précis.<br />

2. Le thème de la prison<br />

Les prisons sont évoquées par le narrateur comme<br />

des lieux plutôt sympathiques, à l’aide d’un vocabulaire<br />

mélioratif ou amusé : palais du gouverneur = joli<br />

petit bâtiment, bosse d’un chameau (XVIII) => vision<br />

presque enfantine de la situation.<br />

Tour Farnèse : prison, chambres, appartement, cage,<br />

cabane => impression qu’il s’agit plus d’héberger<br />

Fabrice dans un endroit sympathique (hôtel ou lieu de<br />

villégiature).<br />

Mais surtout, des phrases comme : notre héros se<br />

laissait charmer par les douceurs de la prison ou les<br />

petites vexations dont la prison m’accable donnent<br />

l’image d’un lieu de vie auquel Fabrice s’habitue et qui<br />

finalement n’est pas si désagréable.<br />

=> prison ≠ lieu sinistre et enfermement insupportable<br />

: Fabrice semble heureux de sa situation puisqu’il<br />

peut voir Clélia ! C’est le lieu de tous les possibles, de<br />

toutes les aventures, et donc un lieu romanesque.<br />

3. La position du narrateur<br />

Le narrateur est souvent moqueur à l’égard des événements<br />

et des personnages : lors de la bataille de Waterloo<br />

(I, III), il se moque ouvertement de Fabrice : Nous<br />

avouerons que notre héros était fort peu héros en ce<br />

moment et il semble prendre un certain plaisir à raconter<br />

ses maladresses sur le champ de bataille.<br />

Dans le chapitre I du livre I, il est beaucoup plus objectif,<br />

en racontant les événements qui ont accompagné<br />

l’installation des Français à Milan. Ce passage contient<br />

de nombreux faits historiques et donc beaucoup<br />

d’objectivité. Néanmoins, les sarcasmes du narrateur<br />

pointent parfois (allusion aux semelles de chaussure<br />

tenant avec des ficelles).<br />

=> le narrateur est souvent présent et commente les<br />

faits, ce qui est fréquent dans les romans réalistes<br />

(➜ synthèse, p. 294).<br />

4. Le statut du personnage principal<br />

Fabrice est un personnage héroïque ; non seulement<br />

il traverse des événements importants et parfois périlleux,<br />

mais il sait aussi réussir par l’intermédiaire des<br />

femmes.<br />

Dans l’épisode de la bataille de Waterloo (I, III), le narrateur<br />

s’emploie à donner de lui une image peu flatteuse<br />

: Fabrice ne comprend rien à ce qui se passe, il<br />

est perdu au milieu du tumulte (question 3). Mais on<br />

retrouve la dimension épique du héros dans son évasion<br />

de la prison au début du chapitre XXII, car cette<br />

scène le présente comme un autre Edmond Dantès.<br />

L’atmosphère du passage et les conditions de l’évasion<br />

contribuent à mettre en valeur le héros.<br />

Activités complémentAires<br />

1. Commentaire<br />

Partie I. Une peinture de la bataille<br />

1er § : la description du champ de bataille.<br />

Ex. : champs lexicaux des armes, des différents<br />

grades ou corps d’armée…<br />

2e § : le réalisme des combats.<br />

Ex. : champs lexicaux de la mort, des déplacements…<br />

3e § : une habile peinture des événements.<br />

Ex. : utilisation de couleurs, de repères spatiaux…<br />

Partie II. Le statut du personnage de Fabrice<br />

1er § : le point de vue de Fabrice.<br />

Ex. : focalisation interne, verbes de perception et<br />

modalisateurs.<br />

2e § : le ridicule du personnage.<br />

Ex. : impression de désorientation, manœuvre maladroite<br />

devant les généraux.<br />

3e § : le jeu du narrateur.<br />

Ex. : présence du narrateur qui commente : « Nous<br />

avouerons que notre héros était fort peu héros en<br />

ce moment. »<br />

159


2. Entraînement à la dissertation<br />

Problématique : La Chartreuse de Parme ne comporte-t-elle<br />

que des éléments qui la rapprochent du<br />

mouvement réaliste et des caractéristiques de son<br />

écriture ?<br />

Partie I. Les caractéristiques d’un roman réaliste<br />

1er § : des faits, des événements et des personnages<br />

réels.<br />

Ex. : question 1.<br />

2e § : des descriptions détaillées et précises.<br />

Ex. : description de Milan (I), des prisons de Fabrice<br />

(XVIII)…<br />

3e § : le roman, miroir fidèle de la réalité.<br />

Ex. : réussite sociale par les femmes, peinture de la<br />

guerre…<br />

Partie II. Un roman qui bafoue les codes réalistes.<br />

1er § : une vision particulière de l’histoire.<br />

Ex. : Fabrice = personnage fictif face à l’histoire du<br />

XIXe siècle.<br />

2e § : la dimension épique peu vraisemblable.<br />

Ex. : certains événements semblent peu réalistes<br />

dans leur déroulement (évasion).<br />

3e § : la présence du narrateur.<br />

Ex. : jeu avec le lecteur pour créer une distanciation<br />

(complicité moqueuse).<br />

Texte2 Texte A. Dumas fi ls, La Dame<br />

aux camélias ➜ p. 286<br />

Objectif : Analyser un dialogue romanesque évoquant<br />

un amour contrarié.<br />

160<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Plusieurs indices :<br />

– j’aurais pu vous envoyer cette loge aussi bien que<br />

lui (l. 28-29) : Marguerite se laisse offrir des places de<br />

spectacle ;<br />

– je ne pouvais pas refuser (l. 31) : obligations par rapport<br />

à ses amants ;<br />

– Il avait été son amant, il lui apportait une loge,<br />

il l’accompagnait au spectacle (l. 44-45) : Armand<br />

résume en une phrase les devoirs de la courtisane.<br />

=> Armand décrit précisément tous les devoirs de Marguerite<br />

vis-à-vis de M. de G.<br />

2. Prudence est l’amie de Marguerite, mais elle est surtout<br />

:<br />

– sa complice : Vous viendrez après le spectacle chez<br />

Prudence, et vous resterez jusqu’à ce que je vous<br />

appelle (l. 12-14) ;<br />

– sa confidente : Demandez plutôt à Prudence<br />

(l. 21-22) ;<br />

– sa compagne lors des soirées : après avoir vu Prudence,<br />

le comte et Marguerite monter dans la calèche…<br />

(l. 52-53).<br />

=> personnage important, amie servant de complice et<br />

d’entremetteuse à Marguerite.<br />

Mise au point<br />

3. Présence importante de phrases interrogatives :<br />

Qu’avez-vous donc ce soir ? (l. 1) ou Vous avez pensé<br />

à moi ? (l. 19). Ces questions sont souvent phatiques,<br />

Marguerite s’assurant qu’Armand la comprend bien :<br />

Entendez-vous ? (l. 14).<br />

=> interrogations servant de base au dialogue et soulignant<br />

les doutes des personnages quant à leur relation<br />

et à leurs sentiments.<br />

Analyse<br />

4. Lieu = théâtre : loge (l. 2, 10, 29, 43, 45), spectacle<br />

(l. 13, 45), stalle (l. 24, 41), Vaudeville (l. 28).<br />

5. Marguerite utilise plusieurs temps de l’indicatif pour<br />

parler à Armand :<br />

– le présent (Vous m’aimez toujours ? l. 17) se réfère à<br />

leurs sentiments actuels ;<br />

– le passé composé (Vous avez pensé à moi ? l. 19)<br />

évoque le passé récent ;<br />

– l’imparfait (je ne pouvais pas refuser, l. 31) utilisé<br />

pour faire le récit de sa relation avec M. de G. ;<br />

– mais c’est l’impératif présent qui est important ici :<br />

Demandez plutôt à Prudence (l. 21-22) ou retournez<br />

gentiment à votre place (l. 36) => Marguerite donne<br />

des ordres à son amant et dispose de lui à sa guise.<br />

6. Marguerite distingue ses deux amants : le comte va<br />

rentrer, et il est inutile qu’il vous trouve ici (l. 24-25). Elle<br />

congédie l’un pour accueillir l’autre. Elle fait de même<br />

ensuite (l. 30-34) en expliquant qu’elle est redevable à<br />

M. de G. de sa générosité, mais ne dit rien à Armand.<br />

=> égard, politesse et respect pour le riche M. de G.,<br />

figure maritale, voire paternelle ≠ ordres et domination<br />

sur Armand, Marguerite exerce son autorité sur lui<br />

comme s’il s’agissait d’un enfant.<br />

=> deux amants au statut différent.<br />

7. Les pensées du narrateur sont relayées par le discours<br />

direct (Est-ce que je pouvais désobéir ? l. 16)<br />

et par le point de vue interne à la première personne<br />

(l. 39-56). => homme très malheureux (l. 50), alors qu’il<br />

prétend le contraire : désaccord entre les pensées et les<br />

paroles d’Armand.


Question de synthèse<br />

8. Ce passage peut être rattaché au théâtre, pour deux<br />

raisons :<br />

– toute la scène se déroule au théâtre et l’on y parle<br />

de Vaudeville (histoire d’amour et d’amants) : correspondance<br />

entre ce qui se passe sur la scène et dans la<br />

salle ;<br />

– la plus grande partie du passage (l. 1 à 37) est constituée<br />

d’un dialogue, comme au théâtre.<br />

Remarque : Alexandre Dumas fils est également l’auteur<br />

d’une version théâtrale de La Dame aux camélias.<br />

L’intrigue inspirera Verdi lors de la composition de son<br />

opéra La Traviata ➜ analyse d’image, p. 289.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. G. Flaubert, Salammbô ; compositeur :<br />

E. Reyer ; librettiste : C. du Locle.<br />

P. Mérimée, « Carmen » ; compositeur : G. Bizet ; librettiste<br />

: H. Meilhac et L. Halévy.<br />

É. Zola, Thérèse Raquin ; compositeur : T. Picker ; librettiste<br />

: G. Scheer.<br />

V. Hugo, Quatre-vingt-treize ; compositeur : A. Duhamel<br />

; librettiste : G. B. Aych.<br />

V. Hugo, Notre-Dame de Paris ou La Esmeralda ; compositeur<br />

: L. Bertin et H. Berlioz ; librettiste : V. Hugo.<br />

10. Commentaire<br />

Partie I. Un dialogue révélant le jeu des relations<br />

sociales.<br />

1er § : le théâtre du monde.<br />

Ex. : personnages au théâtre pour voir et êtres vus<br />

(champ lexical du théâtre).<br />

2e § : mode de vie d’une courtisane.<br />

Ex. : question 1 et champ lexical des sentiments.<br />

3e § : les différentes catégories sociales représentées.<br />

Ex. : Prudence, Armand et M. de G., trois personnages<br />

de classes sociales différentes.<br />

Partie II. Un dialogue traduisant des relations amoureuses<br />

complexes.<br />

1er § : le dialogue : un révélateur de sentiments.<br />

Ex. : question 3 et rapports entre les personnages.<br />

2e § : la domination par le langage.<br />

Ex. : question 5.<br />

3e § : un point de vue très révélateur.<br />

Ex. : point de vue interne et question 7.<br />

Prolongement : comparer les personnages d’Armand<br />

(roman de Dumas fils) et d’Alfredo (opéra de Verdi),<br />

notamment au début et à la fin des deux intrigues.<br />

Quels sont les points communs et les différences<br />

entre les deux ?<br />

Texte P. Mérimée, « Carmen »<br />

d’un<br />

À l’autrE 2<br />

➜ p. 288<br />

Objectif : Analyser la représentation de l’amour dans<br />

une nouvelle réaliste teintée de romantisme.<br />

Questions<br />

1. Point de vue interne, don José évoque lui-même la<br />

scène : je vis venir à moi une femme (l. 1).<br />

=> il permet de faire un portrait de Carmen en action, à<br />

travers les yeux de son amant.<br />

2. Souvenir agréable évoqué par Carmen (l. 9). Imparfait<br />

dans une phrase négative = opposition avec la<br />

situation actuelle : Tu n’y pensais pas rue du Candilejo<br />

(l. 9).<br />

=> Carmen montre à don José qu’il n’a pas toujours été<br />

aussi respectueux de la consigne. Elle tente de le faire<br />

céder en le persuadant.<br />

3. a. La consigne est répétée par les deux personnages<br />

(l. 9, 11, 18), avec sérieux par don José, avec sarcasme<br />

par Carmen => raillerie de Carmen qui se moque des<br />

soi-disant devoirs militaires de son amant, ce qui lui<br />

permettra d’arriver à ses fins.<br />

b. Carmen n’a aucune consigne à respecter. C’est une<br />

bohémienne libre ≠ don José doit obéir aux ordres<br />

(image du canari en cage, l. 17). => Carmen force le<br />

brigadier à désobéir et il le fait : je promis de laisser<br />

passer toute la bohême (l. 19).<br />

4. Carmen est une femme provocatrice (l. 17-18), qui<br />

sait utiliser ses charmes pour faire céder son interlocuteur.<br />

Elle utilise même le chantage : J’offrirai à ton<br />

officier d’aller chez Dorothée (l. 15-16).<br />

Vis-à-vis : Dumas fi ls et Mérimée<br />

5. a. Les deux femmes sont des amantes manipulatrices,<br />

mais à des degrés divers : Carmen = hors-la-loi<br />

cruelle avec don José qu’elle pousse à désobéir ≠ Marguerite<br />

joue avec les sentiments d’Armand.<br />

b. Les deux hommes obéissent aveuglément, amoureux<br />

et soumis : Armand accepte les infidélités de Marguerite<br />

; don José va plus loin et devient hors-la-loi pour<br />

plaire à Carmen => exaltation du pouvoir de la femme<br />

fatale.<br />

6. Adaptation à l’opéra justifiée :<br />

– vie romanesque et tragique, avec une destinée pleine<br />

de rebondissements ;<br />

– nombreux dialogues pouvant constituer la base d’un<br />

livret d’opéra ;<br />

161


– histoire d’amour lyrique et tragique, impressionnant<br />

le lecteur.<br />

Prolongement : lire la fin de la nouvelle « Carmen ».<br />

Commenter le dénouement tragique, et imaginer une<br />

autre fin.<br />

162<br />

Analyse<br />

d’image<br />

G. Verdi, La Traviata<br />

➜ p. 289<br />

Objectif : Analyser une photographie de mise en scène<br />

qui révèle des choix d’adaptation dramatique.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Mise en valeur du personnage de Violetta, au centre<br />

de l’image. Elle est cadrée en plan moyen, au milieu du<br />

décor, en légère contre-plongée.<br />

Analyse<br />

2. Décor réaliste mêlant du mobilier d’intérieur (table<br />

et nécessaire d’écriture) à des fauteuils de jardin. Correspond<br />

bien au décor présenté à l’arrière-plan : les<br />

grilles d’un parc et un jardin.<br />

Tout semble d’époque et réaliste ≠ on aperçoit au fond<br />

à gauche une toile peinte (végétation).<br />

3. Place centrale, mais assez frêle et petite par rapport<br />

à l’ensemble.<br />

=> Violetta est le personnage central.<br />

4. a. La cantatrice est assise dans un fauteuil, accoudée<br />

à la table sur laquelle elle écrit. Son bras droit indique<br />

un besoin d’appui. Son visage exprime la tristesse et<br />

le désespoir éprouvés à la lecture de documents, vraisemblablement<br />

des lettres ou des billets échangés avec<br />

Adolfo.<br />

b. Photographie empreinte de lyrisme et de pathétique<br />

: sentiments de Violetta qui se lamente et pleure.<br />

5. La robe blanche contraste avec l’arrière-plan sombre<br />

de l’image ; elle symboliserait plutôt la gaieté et le bonheur<br />

≠ expression peinée du visage de Maria Callas.<br />

Pureté d’âme ≠ activités d’une demi-mondaine.<br />

Question de synthèse<br />

6. a. Personnage tragique qui s’apitoie sur son sort et<br />

pleure, femme fragile et solitaire meurtrie par la vie.<br />

b. Image radicalement opposée à celle de la femme<br />

forte, calculatrice et dominatrice qui apparaît dans le<br />

texte d’Alexandre Dumas fils.<br />

Prolongement : comparer la fin de l’opéra et la fin<br />

du roman d’Alexandre Dumas fils. Sont-elles identiques<br />

? Pourquoi ?<br />

Texte3 Texte G. Flaubert, L’Éducation<br />

sentimentale ➜ p. 290<br />

Objectif : Analyser la fi n d’une relation amoureuse<br />

dans un roman réaliste.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Focalisation zéro (point de vue omniscient) : le narrateur<br />

sait ce que chaque personnage pense : Elle acceptait<br />

avec ravissement ces adorations […]. Frédéric, se<br />

grisant par ses paroles, arrivait à croire ce qu’il disait<br />

(l. 1 à 4). Les deux personnages sont réunis dans la<br />

même analyse du narrateur à la ligne 41 : Tous les deux<br />

ne trouvaient plus rien à se dire.<br />

=> ce point de vue permet au lecteur de connaître les<br />

pensées des deux personnages simultanément.<br />

Mise au point<br />

2. Omniprésence de phrases exclamatives, surtout dans<br />

la bouche de Mme Armoux : À mon âge ! lui ! Frédéric !<br />

(l. 15), Gardez-les ! adieu ! (l. 52). => mise en relief de<br />

l’exaltation du sentiment amoureux.<br />

Analyse<br />

3. Deux éléments du portrait de Mme Arnoux sont mis<br />

en avant :<br />

– son âge : À mon âge ! (l. 15) et tous ses cheveux<br />

blancs tombèrent (l. 50) ;<br />

– une femme amoureuse : la taille en arrière, la bouche<br />

entrouverte, les yeux levés (l. 26-27) et Elle le contemplait,<br />

tout émerveillée (l. 36).<br />

=> image d’une femme désirable, mais plus âgée que<br />

Frédéric.<br />

4. a. avec ravissement ces adorations (l. 1-2), presque<br />

défaillant (l. 10), en la serrant dans ses bras (l. 24-25),<br />

un air de désespoir (l. 27), une convoitise plus forte<br />

que jamais, furieuse, enragée (l. 31), effroi d’un inceste<br />

(l. 32), crainte et dégoût (l. 33), tout émerveillée (l. 36).<br />

=> Mme Arnoux ressent de l’amour ≠ Frédéric, qui n’est<br />

plus amoureux, la regarde comme une mère.<br />

b. Mme Arnoux exprime des regrets, puis se résigne à<br />

dire adieu à Frédéric ; celui-ci est d’abord troublé (La<br />

vue de votre pied me trouble, l. 11), puis éprouve une


épulsion (l. 32) pour cette femme qui a vieilli. => évolution<br />

conduisant fatalement à la séparation.<br />

5. Importance de la comparaison comme l’effroi d’un<br />

inceste (l. 32), qui montre que toute relation est impossible<br />

entre les deux personnages.<br />

Antithèse également entre les expressions convoitise<br />

plus forte que jamais (l. 31) et une répulsion (l. 32) qui<br />

montre que cette rencontre marque la fin de leur histoire<br />

d’amour.<br />

6. a. Comparaison : attitude maternelle ≠ celle d’une<br />

maîtresse, accentuée par la différence d’âge entre les<br />

deux personnages.<br />

b. Le fait de se couper une mèche de cheveux de manière<br />

brutale = volonté de laisser un souvenir impérissable à<br />

son amant, preuve d’amour chez les romantiques.<br />

7. La fin du texte est marquée par la juxtaposition de<br />

petites phrases, sans connecteurs ni coordination<br />

(asyndète) => accélération du rythme et rapidité des<br />

événements précipités vers leur terme, et absence de<br />

sentiments, de liens entre les deux personnages séparés<br />

par le destin.<br />

Question de synthèse<br />

8. Vision d’un amour platonique et romantique, idéalisé.<br />

Passage empreint de mélancolie, mais aussi<br />

de réalisme (répugnance de Frédéric à l’égard de<br />

Mme Arnoux) = lyrisme teinté d’ironie.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Roman de formation = roman d’apprentissage<br />

ou d’initiation (Bildungsroman en allemand) :<br />

œuvre romanesque qui présente l’évolution d’un héros,<br />

jeune au début de l’intrigue, il devient au fil de ses<br />

expériences un homme aguerri et sage.<br />

Ici, Frédéric comprend qu’il ne peut pas aimer<br />

Mme Arnoux, femme mariée et plus âgée que lui. Il est<br />

devenu un homme réfléchi : D’ailleurs, quel embarras<br />

ce serait ! – et tout à la fois par prudence et pour ne<br />

pas dégrader son idéal, il tourna sur ses talons et se<br />

mit à faire une cigarette (l. 33-35). La fougue du jeune<br />

homme se mue en analyse cynique.<br />

10. Argumentation<br />

Le Lys dans la vallée de Balzac ➜ p. 283.<br />

– 1 er argument : attirance des personnages et éloignement<br />

dû à la bienséance.<br />

– 2 e argument : deux femmes plus âgées que le héros<br />

et toutes deux désirables.<br />

– 3 e argument : même comparaison de la femme<br />

aimée avec une mère (Balzac, l. 21 // Flaubert questions<br />

5 et 6).<br />

– 4 e argument : même fin = le départ de la femme.<br />

– 5 e argument : aspect de roman de formation (Balzac<br />

: « Je revins me coucher métamorphosé », l. 37<br />

// Flaubert : « Une autre crainte l’arrêta… plus<br />

tard », l. 32-33).<br />

Prolongement : comparer ce passage avec la scène<br />

de rencontre au début du roman (Ce fut comme une<br />

apparition…). Comment la relation a-t-elle évolué ?<br />

Pourquoi ?<br />

Texte I. Tourgueniev,<br />

d’un<br />

À À l’autrE l’autrE 3<br />

Premier amour ➜ p. 292<br />

Objectif : Analyser le récit d’un amour désenchanté<br />

dans une nouvelle réaliste russe.<br />

Questions<br />

1. a. Vladimir est témoin d’une scène entre son père et<br />

Zénaïde. Cette dernière ne semble pas vouloir obéir et<br />

son père la frappe de sa cravache avant d’entrer dans<br />

la maison la retrouver. Dépité, le narrateur personnage<br />

s’enfuit.<br />

b. Adverbes de temps : Puis (l. 17), Soudain (l. 18, 19),<br />

aussitôt (l. 30).<br />

Adverbes de manière : lentement (l. 22), vivement<br />

(l. 26), brusquement (l. 32).<br />

=> adverbes soulignant les différents moments du<br />

récit, le déroulement rapide des événements et la réaction<br />

du narrateur.<br />

2. Verbes de perception : regarder (l. 9), entendre (l. 10),<br />

Je revois (l. 11), je reconnus (l. 15), j’entendis (l. 20), je<br />

sentis (l. 30), Je regardais et voir (l. 33).<br />

Indications spatio-temporelles : Dans la rue, à quarante<br />

pas de moi, devant la fenêtre ouverte d’une<br />

petite maison de bois (l. 1-2), devant mes yeux (l. 18),<br />

sur mes pas (l. 26-27), sur la berge du fleuve (l. 27-28).<br />

=> l’action est envisagée du point de vue du narrateur,<br />

témoin privilégié des faits : il voit sans être vu.<br />

3. Les points de suspension scandent le récit de Vladimir<br />

(l. 7, 17, 18, 24, 30). Ils permettent de marquer une fin de<br />

phrase qui n’a pas été perçue par Vladimir (l. 17), mais<br />

surtout de montrer son trouble et ses hésitations quant à<br />

la manière dont il doit penser (l. 7) ou réagir (l. 30).<br />

4. Zénaïde infidèle et soumise : elle cède à son père<br />

et l’accueille les bras tendus, la tête rejetée en arrière<br />

(l. 25).<br />

=> réaction de Vladimir : il est indécis et désorienté (je<br />

ne pouvais rien comprendre à ce que j’avais vu l. 29-30).<br />

163


5. Je regardais le fleuve sans rien voir (l. 33) : paradoxe<br />

justifié par la mention finale des larmes. Impossible de<br />

voir l’eau brouillée par les larmes qui envahissent le<br />

visage = parallèle insistant sur la douleur du personnage.<br />

Vis-à-vis : Flaubert et Tourgueniev<br />

6. Les deux narrateurs sont déçus et attristés par la fin<br />

de leur amour. Néanmoins, ils réagissent de manière<br />

différente : Frédéric comprend que cet amour ne peut<br />

plus exister et il se résout à laisser Mme Arnoux partir<br />

≠ Vladimir, contraint de renoncer à Zénaïde car elle est<br />

amoureuse de son père.<br />

7. L’amour idéalisé est éloigné de la réalité => déception<br />

quasiment inévitable. Cf. Stendhal, De l’amour (1822) :<br />

la « cristallisation amoureuse » nous incite à voir<br />

l’être aimé comme une personne parfaite et à oublier<br />

ses défauts et les points négatifs de la relation. Mais<br />

lorsque la vérité se fait jour, la vérité est souvent source<br />

de déception … comme ici pour Frédéric et Vladimir.<br />

Prolongement : à la façon de Vladimir, sur la berge<br />

du fleuve, songeant à la nouvelle image de Zénaïde,<br />

imaginer les pensées qui s’emparent du personnage<br />

au premier plan, assis au bord de l’eau, dans le<br />

tableau de Seurat reproduit en page 292.<br />

Histoire des arts ➜ p. 295<br />

La représentation de la femme fatale<br />

Questions<br />

1. La technique du clair-obscur permet de faire ressortir<br />

le sang, rouge vif, sur les draps blancs qui contrastent<br />

avec l’obscurité de l’arrière-plan = jet de sang réaliste<br />

et horrible.<br />

Au-dessus du personnage, les plis et le drapé d’une<br />

tenture rouge évoquent l’écoulement du sang, faisant<br />

ainsi écho à la scène sanglante représentée.<br />

2. Film = Voici le temps des assassins, drame français<br />

de Julien Duvivier, sorti en salles en 1956.<br />

Distribution : Jean Gabin, Danièle Delorme, Gérard<br />

Blain et Lucienne Bogaert.<br />

Personnage de garce = Catherine, interprétée par<br />

Danièle Delorme.<br />

Synopsis : Paris, quartier des Halles, chez André Chatelin<br />

(J. Gabin), un restaurateur. Celui-ci voit arriver un<br />

jour la fille de son ex-femme Gabrielle, Catherine, qui<br />

vient lui annoncer la mort de sa mère. La voyant sans<br />

164<br />

argent, Chatelin la recueille chez lui et se marie avec<br />

elle. Mais Catherine monte un plan machiavélique : elle<br />

abuse de Gérard, un jeune homme que Chatelin a toujours<br />

considéré comme son fils, devient sa maîtresse et<br />

le manipule pour qu’il assassine le restaurateur. Quand<br />

le jeune homme refuse de s’exécuter, elle le tue. Chatelin<br />

apprend finalement que son ancienne femme vit<br />

toujours et que Catherine s’est jouée de lui. La fin est<br />

surprenante : le chien de l’étudiant attaque Catherine<br />

et la blesse mortellement.<br />

Exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 297<br />

revoir<br />

1 Le jeu des regards<br />

Balzac, Eugénie Grandet<br />

1. a. Point de vue d’Eugénie (l. 1-10) : La jeune fille examinait<br />

son cousin (l. 1).<br />

Point de vue de Charles (l. 10-19) : Charles, en se voyant<br />

l’objet des attentions de sa cousine et de sa tante<br />

(l. 10-11).<br />

Retour au seul point de vue d’Eugénie dans le dernier<br />

§ : Ce compliment étreignit le cœur d’Eugénie (l. 25).<br />

=> premier paragraphe composé des deux points de<br />

vue, à peu près également répartis.<br />

b. Eugénie s’amuse tendrement des manières de son<br />

cousin : des mouvements coquets, élégants, menus,<br />

comme le sont ceux d’une petite-maîtresse (l. 6-8).<br />

Charles exprime, au contraire, de la bienveillance pour<br />

sa cousine : un de ces regards brillants de bonté, de<br />

caresses, un regard qui semblait sourire (l. 14-15).<br />

=> deux sentiments différents : un amour naissant<br />

pour Eugénie (pensées d’amour, l. 19), et de la bienveillance<br />

de la part de Charles à l’égard de sa cousine<br />

(bonté, l. 14) = naissance d’un malentendu.<br />

2. Les mouvements de Charles sont détaillés par Eugénie<br />

(l. 6-8).<br />

Le visage d’Eugénie est décrit par Charles : l’exquise<br />

harmonie des traits de ce pur visage et la clarté<br />

magique de ses yeux (l. 16-18).<br />

=> c’est Charles qui exprime la nature de leur relation<br />

en évoquant les jeunes pensées d’amour de sa cousine<br />

(l. 18-19).<br />

3. Image donnée = celle d’une sorte de jeune couple<br />

charmant, même si Eugénie se moque gentiment de


son cousin en relevant des signes de féminité : Charles,<br />

élevé par une mère gracieuse (l. 5), et même si un<br />

malentendu semble se mettre en place (Eugénie amoureuse,<br />

Charles simplement attendri).<br />

4. a. Commentaire du narrateur = dernière phrase :<br />

quoiqu’elle n’y comprît rien (l. 26). Ton sarcastique<br />

(moqueries à l’égard d’Eugénie, jeune et naïve).<br />

b. Commentaires du narrateur souvent moqueurs dans<br />

les romans réalistes, dans le but de ridiculiser plus<br />

ou moins cruellement les personnages. => ici, c’est le<br />

manque d’habitude du « grand monde » qui ressort<br />

chez Eugénie et son manque d’esprit.<br />

Approfondir<br />

2 Les retrouvailles amoureuses<br />

V. Hugo, Les Misérables<br />

1. a. Tous les points de vue différents sont utilisés :<br />

– focalisation externe (l. 1-14) : entrée de Cosette perçue<br />

par le narrateur, qui rend compte extérieurement<br />

de l’effet qu’elle a sur tous les personnages réunis : il<br />

semblait qu’elle était dans un nimbe (l. 8-9) ;<br />

– focalisation interne sur Cosette (l. 15-19) : on voit la<br />

scène à travers les pensées de Cosette, Elle était aussi<br />

effarouchée qu’on peut l’être par le bonheur (l. 16-17) ;<br />

– focalisation zéro (l. 19-22) : remarque générale du<br />

narrateur capable de saisir l’amour réciproque de<br />

Cosette et de Marius.<br />

=> changement des points de vue pour voir toute la<br />

situation sous plusieurs angles et le plus précisément<br />

possible.<br />

b. L’expression vient du narrateur et traduit l’impression<br />

générale : la famille (d’où la réaction du grandpère<br />

: il resta court, tenant son nez dans son mouchoir,<br />

l. 11-12) et Marius lui-même dans les bras duquel<br />

Cosette veut se jeter.<br />

2. Narrateur intervenant aux lignes 2 à 4 à l’aide du<br />

pronom personnel nous.<br />

=> effet = insister sur le caractère exceptionnel de<br />

l’apparition de Cosette, un enchantement.<br />

3. Cosette éprouve trois sentiments différents :<br />

– l’amour : enivrée (l. 15), aimer (l. 19), amants (l. 20) ;<br />

– le bonheur : ravie (l. 15), bonheur (l. 17), heureux<br />

(l. 20) ;<br />

– la crainte : effrayée (l. 15), balbutiait (l. 17), toute pâle<br />

(l. 17).<br />

4. Le pronom personnel indéfini on désigne l’ensemble<br />

de la société, incapable de laisser les amoureux<br />

vivre tranquillement leur expérience = reproche d’un<br />

manque de compréhension à l’égard des amoureux<br />

(On est sans pitié pour les amants heureux, l. 19-20),<br />

expression d’une opposition entre être seuls (l. 21) et<br />

des gens (l. 22). => narrateur = complice et défenseur<br />

des amants.<br />

5. Recherche. La suite de l’intrigue est fidèle à l’expression<br />

finale : Cosette se marie avec Marius, même si<br />

pour cela, Jean Valjean doit se sacrifier.<br />

3 Des conseils théoriques<br />

J. Champfleury, préface au Réalisme<br />

1. a. Texte argumentatif : Champfleury donne des<br />

conseils personnels aux futurs écrivains : je peux donner<br />

un excellent conseil aux jeunes gens (l. 1-2), et<br />

maudit les critiques en des termes péjoratifs (l. 11-12).<br />

b. Présence d’un seul pronom personnel : je (l. 1, 8, 9,<br />

10), qui désigne l’auteur lui-même.<br />

=> Champfleury écrit ce texte pour les jeunes écrivains<br />

désireux de recevoir des conseils. Même si ceux-ci ne<br />

sont pas apostrophés, ils sont désignés explicitement,<br />

à la 3e personne (l. 2, 3).<br />

2. Champ lexical de l’écriture : produire, créer (l. 5), ce<br />

qui coule de leur plume (périphrase l. 6-7), écrit (l. 8).<br />

3. a. Il leur conseille de ne pas se laisser classer et de<br />

se moquer de tout rapprochement avec un mouvement<br />

littéraire quelconque : sans s’inquiéter si ce qui coule<br />

de leur plume appartient à telle ou telle classification<br />

(l. 6-7).<br />

=> pour l’auteur, être écrivain signifie être libre, sans<br />

souci d’appartenance à telle ou telle école.<br />

b. Critiques = cible de Champfleury : catalogueurs,<br />

embaumeurs, empailleurs (l. 11-12), termes péjoratifs.<br />

4. a. Gradation en structure ternaire : trois mots catalogueurs,<br />

embaumeurs, empailleurs (l. 11-12).<br />

b. Blâme violent des critiques, personnes mortifères<br />

qui pétrifient la littérature.<br />

écrire<br />

4 Une étrange scène de jalousie<br />

E. Feydeau, Fanny<br />

1. Phrases exclamatives, surtout en fin de paragraphe.<br />

=> expression de sentiments forts et, en particulier, de<br />

la surprise et du mécontentement du narrateur personnage<br />

: je me demandais, éperdu, comment autrefois<br />

elle avait pu l’aimer ! (l. 20-22).<br />

165


2. a. Narrateur parlant de lui à l’aide de mots comme<br />

chétif (l. 4), sylphe (l. 9), effaré (l. 10).<br />

=> termes à connotation péjorative : Roger se dévalorise<br />

à côté du mari de Fanny.<br />

b. Comparaison fondée sur l’antithèse : sylphe (l. 9) ≠<br />

géant (l. 10). Une autre en faveur du mari : C’était lui<br />

seulement, et non pas moi, qui était la forte et belle<br />

expression de l’homme ! (l. 11-13).<br />

3. Sentiments d’amour, d’admiration à l’égard de<br />

Fanny : douce et blonde (l. 16), candide comme une<br />

vierge (l. 17) et face adorable (l. 20), délicate de pensées<br />

(l. 20).<br />

=> confrontation entre l’amour pour Fanny et l’image<br />

valorisante du mari faisant naître la jalousie de Roger,<br />

mais aussi la consternation : assemblés comme le fer<br />

et la soie (l. 24).<br />

166<br />

4. Écriture d’invention. Contraintes :<br />

– inverser le point de vue en adoptant celui du mari de<br />

Fanny (point de vue interne) ;<br />

– décrire Roger, pas forcément dans des termes péjoratifs<br />

;<br />

– inventer des caractéristiques physiques et psychologiques<br />

;<br />

– utiliser le tableau d’Ingres comme modèle.<br />

Proposition de début de rédaction :<br />

Roger était un bel homme aux yeux noirs, comme<br />

ses favoris, au regard profond et déstabilisant qui<br />

se posait souvent sur moi et qui me dévisageait<br />

avec insistance. Je ne sais trop pourquoi il semblait<br />

autant intrigué par ma personne. Ses yeux s’arrêtaient<br />

parfois sur Fanny, et il semblait détailler<br />

chaque aspect de son joli visage, ce qui rendait la<br />

face de cet homme étrange et soucieuse…


Textes<br />

● M me de La Fayette, La Princesse de Clèves (1678)<br />

● Abbé Prévost, Manon Lescaut (1731)<br />

● Stendhal, De l’amour (1822)<br />

● V. Hugo, Notre-Dame de Paris (1831)<br />

● A. Dumas, Les Trois Mousquetaires (1844)<br />

● G. Flaubert, Madame Bovary (1857) et Salammbô<br />

(1862)<br />

● L. Aragon, Aurélien (1944)<br />

● B. Vian, L’Écume des jours (1947)<br />

● J. Giono, Le Hussard sur le toit (1951)<br />

● M. Duras, L’Amant (1984) et L’Amant de la Chine<br />

du Nord (1991)<br />

● Anthologie : « Leurs yeux se rencontrèrent … »<br />

Les plus belles rencontres de la littérature (2003)<br />

Document audio du DVD-Rom<br />

● G. Brassens, Il n’y a pas d’amour heureux<br />

Document vidéo du DVD-Rom<br />

● P. Chéreau, La Reine Margot<br />

Image fixe du DVD-Rom<br />

● A. Canova, Psyché ranimée par le baiser de<br />

l’Amour (1793)<br />

Prolongements<br />

Activités<br />

● Commentaire. Commentez l’extrait de La Chartreuse<br />

de Parme ➜ p. 281, en vous intéressant en<br />

particulier au jeu des regards entre les deux personnages,<br />

et à la dimension de roman réaliste.<br />

● Rédaction de paragraphes argumentatifs. Rédigez<br />

trois paragraphes argumentatifs (au moins<br />

un argument par paragraphe) dans lesquels vous<br />

vous demanderez si les histoires d’amour réalistes<br />

peuvent encore émouvoir un lecteur du xxi e siècle.<br />

● Analyse de corpus :<br />

Sujet : les différents portraits de femmes aux xviii e<br />

et xix e siècles.<br />

Objectif : Étudier les caractéristiques de plusieurs<br />

portraits de femmes dans différents textes romanesques.<br />

Question d’analyse : dans quelle mesure le portrait<br />

d’une femme est-il en relation avec le milieu social<br />

représenté dans le roman ?<br />

Corpus : Abbé Prévost, Manon Lescaut (1731)<br />

➜ p. 278<br />

D. Diderot, La Religieuse (1760-1781) ➜ p. 272<br />

Rétif de la Bretonne, La Paysanne pervertie (1784)<br />

➜ p. 267<br />

H. de Balzac, Le Lys dans la vallée (1836) ➜ p. 283<br />

É. Zola, Thérèse Raquin (1867) ➜ p. 300<br />

167


sÉQuEnCE 15<br />

Le récit naturaliste<br />

168<br />

➜ Livre de l’élève, p. 299<br />

Texte1 Texte É. Zola, Thérèse Raquin<br />

➜ p. 300<br />

Objectif : Étudier le traitement du thème de l’adultère<br />

dans un roman naturaliste.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. C’étaient de douces et calmes soirées (l. 4) => pluriel<br />

= synthèse de toutes les soirées.<br />

Imparfait itératif dans tout le texte marqué dès le début<br />

de l’extrait : Le soir, à table…, on sentait…, qui est à<br />

comprendre comme Tous les soirs, à table, on sentait…<br />

=> le narrateur raconte une fois ce qui s’est passé de<br />

multiples fois.<br />

Mise au point<br />

2. Ambiguïté = pensée de Thérèse ou jugement du narrateur<br />

=> discours indirect libre (marques du discours<br />

indirect = 3e personne du singulier, absence de guillemets<br />

; marques du discours direct = exclamations).<br />

Analyse<br />

3. Regard critique, ironique sur la petite bourgeoisie<br />

=> vocabulaire et déterminants démonstratifs péjoratifs<br />

connotant la médiocrité, l’ennui, la banalité : attiédie<br />

(l. 5), on causait des mille riens (l. 6), s’endormaient<br />

(l. 12), ces joies bourgeoises (l. 13), ces affaissements<br />

souriants (l. 13-14).<br />

Point de vue omniscient (l. 1 à 12), point de vue interne<br />

de Thérèse (l. 13 à 27), reprise du point de vue omniscient<br />

(l. 28 à 34) => ce procédé accentue le contraste entre la<br />

violence des pensées de Thérèse et la soirée insipide.<br />

4. a. masque muet (l. 2), immobile (l. 13), au fond d’elle<br />

(l. 14), elle trompait (l. 20), de les tromper (l. 20), Cette<br />

comédie atroce (l. 25), ces duperies (l. 25), l’indifférence<br />

jouée (l. 26), sa grimace rectiligne (l. 32) => le champ<br />

lexical de la dissimulation caractérise Thérèse.<br />

b. rires sauvages (l. 14), demi-nue, échevelée (l. 17),<br />

passion folle (l. 18), elle se vautrait (l. 22), se levait d’un<br />

bond (l. 28-29), une énergie brutale (l. 29) => sauvagerie,<br />

violence, animalité.<br />

5. Antithèse entre l’apparence extérieure et l’intériorité<br />

de Thérèse => immobile, paisible (l. 13), rigidité froide<br />

(l. 15) ≠ rires sauvages (l. 14).<br />

Antithèse entre la soirée et la scène d’adultère de l’aprèsmidi<br />

(froid ≠ chaud, immobilité ≠ mouvement) => scène<br />

morte ≠ scène brûlante (l. 19) ; rigidité froide (l. 15),<br />

indifférence jouée (l. 26) ≠ elle se vautrait (l. 22), baisers<br />

ardents (l. 26), ardeurs nouvelles au sang (l. 26-27).<br />

Question de synthèse<br />

6. a. putride (adj.) = pourri (au sens figuré : pourriture<br />

morale), ignoble.<br />

b. Le texte peut paraître immoral car il montre une<br />

femme qui se complaît dans la tromperie et l’adultère.<br />

La morale de la société conservatrice du Second Empire<br />

permet de comprendre ce jugement et le choc ressenti ;<br />

le lecteur moderne est plus à même d’apprécier la<br />

vérité criante de ce portrait de femme qui cherche à se<br />

libérer d’un milieu étouffant et mortifère.<br />

Pour aller plus loin<br />

7. Recherche. Zola organise tous les jeudis soir, chez<br />

lui à Médan, des soirées littéraires où il réunit ses disciples<br />

naturalistes = parallèle ironique avec les mornes<br />

soirées du jeudi chez les Raquin.<br />

8. Écriture d’invention<br />

– Établir un schéma narratif (arrivée du personnage,<br />

deux ou trois événements, départ du personnage).<br />

– Mise en place d’une focalisation interne du point de<br />

vue du personnage (utiliser les différentes formes de<br />

discours rapportés, expression d’un point de vue favorable<br />

ou critique sur la soirée).<br />

– Introduire des passages dialogués et aussi des<br />

pauses pour décrire Thérèse.<br />

– Effet de chute : le personnage soupçonne ou voit<br />

quelque chose qui lui permet de comprendre la situation<br />

véritable. L’indifférence jouée (l. 26) de Thérèse ne<br />

suffira pas à masquer ses ardeurs nouvelles (l. 26-27).<br />

Prolongement : recherche et exposé des élèves sur<br />

le thème de l’adultère dans la littérature, ouverture<br />

possible sur la littérature médiévale (roman courtois)<br />

et étrangère (Léon Tolstoï, Anna Karénine).


Texte Barbey d’Aurevilly,<br />

d’un<br />

À l’autrE 1<br />

« Le bonheur dans<br />

le crime » ➜ p. 302<br />

Objectif : Étudier la diabolisation du personnage<br />

féminin.<br />

Questions<br />

1. l. 1 à 7 : situation initiale => l’entrée d’Eulalie / Hauteclaire.<br />

l. 7 à 11 : stupéfaction du narrateur qui retient à peine<br />

une exclamation de surprise.<br />

l. 11 à 19 : pause descriptive pour dépeindre Eulalie.<br />

l. 19 à 29 : affrontement visuel entre Eulalie et le narrateur.<br />

l. 30 à 32 : situation finale => la sortie d’Eulalie.<br />

2. a. Narrateur interne, médecin de la comtesse : sangfroid<br />

(l. 9), mon attitude passive de médecin et d’observateur<br />

(l. 10).<br />

b. Un témoin privilégié et incontestable de l’histoire,<br />

avec des qualités d’observation et de rigueur attribuables<br />

à sa profession.<br />

3. a. Échange au discours direct avec des indications de<br />

tonalité (équivalant à des didascalies) aux lignes 1-2<br />

et 30.<br />

Entrée théâtrale avec la mise en place d’un décor, d’un<br />

éclairage : sortie de l’ombre pour entrer dans un cercle<br />

de lumière => je [la] vis émerger de l’ombre qui noyait<br />

le pourtour profond du parloir, et s’avancer au bord du<br />

cercle lumineux (l. 3-4).<br />

b. Dimension spectaculaire : exclamations de surprise<br />

du narrateur, hyperboles : oui, Hauteclaire ellemême<br />

! (l. 5), C’était à couper la respiration qu’une<br />

telle vue ! Eulalie ! (l. 7), Hauteclaire, devenue Eulalie,<br />

et la femme de chambre de la comtesse de Savigny !<br />

(l. 10-11) => coup de théâtre.<br />

4. a. Jugement profondément misogyne : dissimulatrices,<br />

coquettes, manipulant les hommes en jouant de<br />

leur corps, leurs satanés corps (l. 18), femelles (l. 19),<br />

filles d’Assuérus (l. 32) => créatures diaboliques, d’où<br />

le titre du recueil.<br />

b. Le serpent : Eulalie porte une coiffure, tire-bouchons<br />

de cheveux tombant le long des joues (l. 14) qualifiée<br />

par une métaphore péjorative de prédicateurs (des<br />

serpents, l. 16) ; le narrateur qualifie les femmes de<br />

couleuvres (l. 19) => animal qui mène la femme au<br />

péché, rappel du serpent tentateur du jardin d’Éden (La<br />

Genèse) et allusion à Méduse.<br />

La panthère (l. 26) => sauvagerie et cruauté, mais elle<br />

simule un regard de biche (l. 25).<br />

Remarque : importance de ces deux images animalières<br />

qui nourriront le mythe de la femme fatale au<br />

cinéma (➜ histoire des arts, p. 296).<br />

Vis-à-vis : Zola et Barbey d’Aurevilly<br />

5. Hauteclaire et Thérèse Raquin appartiennent au<br />

même milieu social = petite bourgeoisie => prénom<br />

véritable d’Eulalie (Hauteclaire) et surprise du médecin<br />

en la retrouvant dans cette condition de domestique<br />

= indices de son appartenance à un milieu supérieur,<br />

celui de Thérèse Raquin = ces joies bourgeoises (l. 13).<br />

6. Points communs :<br />

– dissimulation : elles cachent toutes deux leur sauvagerie<br />

sous des dehors calmes et doux<br />

Thérèse = immobile, paisible (l. 13) // Hauteclaire : elle<br />

était là-dessous d’une beauté pleine de réserve, et<br />

d’une noblesse d’yeux baissés (l. 17-18) mais ses yeux<br />

– de biche, pour la douceur, ce soir-là (l. 24-25) ;<br />

– débauche : Thérèse se vautrait dans les âpretés de<br />

l’adultère (l. 22-23) // Hauteclaire comparée aux filles<br />

d’Assuérus (l. 32).<br />

Prolongement : lecture cursive de l’ensemble du<br />

recueil de nouvelles Les Diaboliques (1874) pour<br />

découvrir d’autres portraits de femmes perverses.<br />

ÉtudE d’œuvrE intÉgralE<br />

É. Zola, Thérèse Raquin ➜ p. 304<br />

Objectif : Montrer les principales caractéristiques du<br />

naturalisme.<br />

pistes d’AnAlyse<br />

1. Les lieux et le temps naturalistes<br />

a. Principaux lieux :<br />

– boutique (ch. I) : lieu clos, étroit, humide, sans<br />

lumière, comparé à un caveau => Laissant échapper<br />

des souffles froids de caveau ;<br />

– morgue (ch. XIII) : lieu clos où reposent les cadavres<br />

de ceux qui ont une mort non naturelle, comparé à une<br />

salle de spectacle (dénonciation du voyeurisme des<br />

gens) => La Morgue est un spectacle à la portée de<br />

toutes les bourses ;<br />

– atelier (ch. XXV) : lieu clos où Laurent trouve refuge<br />

pour peindre, mais son étroitesse rappelle encore les<br />

dimensions d’un caveau, et il n’y peint que des figures<br />

169


de noyés => La pièce silencieuse, blafarde, s’ouvrant<br />

en haut sur le ciel, ressemblait à un trou, à un caveau<br />

creusé dans une argile creuse (ch. XXV) ;<br />

– bords de Seine (ch. XI) : un des seuls lieux extérieurs,<br />

la sortie traditionnelle des Parisiens en bord de Seine<br />

dans une guinguette pour faire du canotage (thème<br />

pictural cher aux impressionnistes), mais il s’agit de la<br />

scène de crime : le paysage est crépusculaire, chargé<br />

de mort. => La nuit descend de haut, apportant des<br />

linceuls dans son ombre. (ch. XI).<br />

=> tous ces lieux connotent la mort.<br />

b. Temps de l’action :<br />

– l’action dure environ quatre ans sans compter les<br />

analepses ;<br />

– principales pauses : ch. IV, description du rituel du<br />

jeudi soir ; ch. XI, description des bords de Seine avant<br />

le meurtre ; ch. XIII, description de la morgue et des<br />

noyés ;<br />

– accélération au chapitre XVI avec une ellipse de<br />

quinze mois : Quinze mois passèrent. => entrer dans la<br />

détérioration du couple adultère ;<br />

– ch. XVI à XXXII : le rythme narratif devient plus<br />

lent => montrer que les nerfs des personnages se<br />

détraquent progressivement ;<br />

– ch. II (enfance de Camille et Thérèse) et III (arrivée<br />

à Paris dans la boutique) = analepses permettant de<br />

comprendre la situation initiale du roman et le tempérament<br />

des personnages.<br />

2. La dimension scientifique<br />

du naturalisme<br />

– Thérèse : tempérament nerveux, fougueux, sauvage,<br />

trop longtemps contenu => Tous ses instincts de<br />

femme nerveuse éclatèrent avec une violence inouïe,<br />

le sang de sa mère, ce sang africain qui brûlait ses<br />

veines (ch. VII).<br />

– Laurent : tempérament sanguin, fils de paysan, force<br />

et santé, beauté sanguine (ch. V).<br />

– Camille : tempérament maladif, lymphatique => Ce<br />

garçon débile, dont le corps mou et affaissé n’avait<br />

jamais eu une secousse de désir (ch. V).<br />

– Thérèse illustre le mieux la théorie des tempéraments<br />

: nature nerveuse héritée d’un sang africain,<br />

nature trop longtemps réprimée qui la conduit au<br />

crime. Le chapitre XXII analyse l’évolution de Thérèse<br />

et Laurent après le crime.<br />

3. La transformation du réel<br />

Structure de tragédie classique :<br />

– simple : exposition du lieu et des personnages, ren-<br />

170<br />

contre de Laurent et Thérèse, liaison, crime, remords,<br />

déchéance, suicide ;<br />

– trois unités : unité de lieu (importance de la boutique),<br />

unité de temps (importance des jeudis), unité<br />

d’action (la relation de Laurent et de Thérèse) ;<br />

– dénouement tragique qui suscite l’horreur et la pitié<br />

=> Ils se firent pitié et horreur (ch. XXXII).<br />

Activités complémentAires<br />

1. Plan de dissertation<br />

Analyse du sujet : jugement péjoratif sur un courant<br />

littéraire comparé à un courant pictural, les<br />

deux proposent une vision péjorative, vulgaire de la<br />

femme selon le journaliste.<br />

Problématique : dans quelle mesure le personnage<br />

de Thérèse Raquin s’apparente-t-il aux femmes<br />

peintes par Manet ?<br />

Partie I. Certes il s’agit du portrait d’une femme<br />

couleur de boue avec des maquillages roses.<br />

1 er § : « une femme couleur de boue… » (= couleur<br />

connotant le manque de pureté, à prendre ici au<br />

sens d’une absence de moralité).<br />

Ex. : la déchéance dans l’alcool, le portrait d’une<br />

femme dissolue (ch. XXXI).<br />

2 e § : « … avec des maquillages… » (l’art de la dissimulation).<br />

Ex. : le champ lexical de la comédie et du mensonge<br />

(➜ texte 1, question 4).<br />

3 e § : « …roses » (connote la chair, la sexualité).<br />

Ex. : femme frustrée sexuellement qui s’épanouit<br />

avec Laurent (ch. VII : évocation de la liaison avec<br />

Laurent).<br />

Partie II. Mais le romancier va encore plus loin que<br />

le peintre.<br />

1 er § : il nous fait découvrir l’intériorité du personnage.<br />

Ex. : ➜ texte 1.<br />

2 e § : il met en accusation la société pudibonde et<br />

hypocrite.<br />

Ex. : enfance de Thérèse (ch. II) et dénonciation de<br />

l’hypocrisie générale avec l’évocation du voyeurisme<br />

et de la sexualité refoulée (ch. XIII, à la morgue).<br />

3 e § : le lecteur comprend que Thérèse Raquin est<br />

une victime de son tempérament, de son hérédité et<br />

de la société => dimension tragique du roman.<br />

Ex. : les remords de Thérèse (ch. XXIX) et son suicide<br />

(ch. XXXII).<br />

Conclusion :<br />

Manet comme Zola ont le désir de peindre les<br />

femmes de leur temps de manière réaliste, naturaliste,<br />

ce que le critique Louis Ulbach juge vulgaire.<br />

Mais le romancier naturaliste va plus loin que le


peintre dans la mesure où il dénonce la société<br />

hypocrite de son temps, qui pousse au pire.<br />

2. Partie de commentaire<br />

Partie I. Une atmosphère morbide<br />

1 er § : un cadre spatio-temporel obscur et humide.<br />

Ex. : champs lexicaux de l’obscurité et de l’humidité.<br />

2 e § : des dimensions qui ne cessent d’évoquer un<br />

tombeau.<br />

Ex. : champ lexical de la mort et éléments connotant<br />

l’étroitesse (métaphore du cercueil).<br />

3 e § : mise en place d’une atmosphère étrange, fantastique.<br />

=> personnification de la muraille atteinte de lèpre,<br />

formes étranges, couleurs indistinctes.<br />

Bilan : incipit annonçant le crime et le suicide.<br />

Texte2 Texte É. Zola, « Le Forgeron »<br />

➜ p. 305<br />

Objectif : Montrer comment le naturalisme transforme<br />

le réel.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Aspect physique et viril => champ lexical du corps<br />

et de la force dans tout le texte = épaules noueuses<br />

(l. 1), crâne carré (l. 3), mâchoire large (l. 4), puissance<br />

satisfaite (l. 6), gaillardement (l. 8), ces mains d’homme<br />

(l. 22), sa rude poitrine (l. 24), carcasse de métal<br />

éprouvé (l. 25), poussée implacable des muscles (l. 27).<br />

Aspect artisanal => champ lexical des outils : marteaux<br />

(l. 2, 18, 26, 27, 39), soufflet (l. 6, 41), l’enclume (l. 7, 36).<br />

2. Le narrateur égaré sentimentalement et psychologiquement<br />

(J’avais perdu mon cœur, perdu mon cerveau,<br />

l. 11-12) trouve une consolation et une sérénité à<br />

la vue du travail physique du forgeron : convalescence<br />

(l. 11), un coin de paix… où je pusse retrouver ma<br />

virilité (l. 13), heureux, consolé déjà, à voir ce travail<br />

(l. 21-22).<br />

Mise au point<br />

3. Subjonctif : mode de l’irréel exprimant un souhait =<br />

quête sans certitude d’une virilité nouvelle.<br />

Imparfait : concordance des temps (récit au passé).<br />

Analyse<br />

4. a. l .1 à 10 : imparfait => était (l. 1)…<br />

l. 11 à 15 : passé composé => J’ai vécu une année<br />

(l. 11), un soir (l. 14).<br />

l. 16 à 20 : imparfait => était (l. 16).<br />

l. 20 à 23 : passé composé => Puis, là… je me suis<br />

arrêté (l. 20-21).<br />

l. 23 à 38 : passé composé, J’ai vu, par ce soir d’automne<br />

(l. 23), puis imparfait.<br />

l. 38 à 40 : passé simple => Peu à peu, l’incendie pâlit<br />

(l. 38).<br />

l. 40-41 : imparfait.<br />

b. Alternance entre récit (passé composé, passé simple<br />

et repères temporels) et description du forgeron et de<br />

la forge (imparfait).<br />

5. Phrase longue et ample : dans la clarté, dans le<br />

vacarme, dans l’ébranlement de ce tonnerre = rythme<br />

ternaire avec la répétition de la préposition dans, et<br />

gradation avec des compléments circonstanciels de<br />

plus en plus longs (4 syllabes / 4 syllabes / 9 syllabes) ;<br />

rythme accumulatif avec le redoublement des attributs<br />

du sujet (heureux et consolé), et des structures<br />

binaires : des propositions infinitives (à voir… à regarder)<br />

et des infinitifs (tordre et aplatir) => enthousiasme<br />

débordant du narrateur.<br />

6. a. Champ lexical du feu : des flammes de la forge (l. 2),<br />

La lueur (l. 16), incendiait (l. 16), fumaient comme des<br />

torches (l. 17-18), les barres rouges (l. 22), des étincelles<br />

(l. 28), le fer enflammé (l. 30), les paillettes de sa robe<br />

(l. 34), Une flamme saignante (l. 36), l’incendie pâlit<br />

(l. 38) => métaphore hyperbolique de l’incendie pour<br />

qualifier l’activité du forgeron qui travaille le métal grâce<br />

au feu.<br />

b. Combat épique entre le forgeron et la matière : ces<br />

mains d’homme tordre et aplatir les barres rouges<br />

(l. 22).<br />

Caractérisation épique du forgeron et de son fils<br />

= héros qui domestiquent le métal => répétition de<br />

l’adjectif grand (l. 1, 16, 37), yeux… clairs comme de<br />

l’acier (l. 3-4), gaietés géantes de son soufflet (l. 5-6)<br />

= personnification de son outil.<br />

Contexte mythologique : la forge de Vulcain.<br />

7. Comparé : l’action du marteau.<br />

Comparant : une jeune femme en train de danser = « la<br />

Demoiselle » (l. 29), la danse éclatante de la terrible<br />

fillette (l. 31-32), « La Demoiselle » valsait toujours<br />

(l. 33-34), les paillettes de sa robe (l. 34), ses talons<br />

(l. 35).<br />

Motif commun : rapprochement inattendu entre le<br />

lourd marteau et la légèreté d’une jeune fille, mais le<br />

mouvement du marteau donne cette impression de<br />

légèreté, de fluidité.<br />

171


Question de synthèse<br />

8. Fonction informative => la présentation du travail du<br />

forgeron.<br />

Fonction poétique => la transformation du réel : métaphores,<br />

comparaisons, personnification.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Vulcain = dieu romain du feu, des<br />

métaux, des forges ; attribut = marteau.<br />

Chez Zola, un forgeron presque divin => présence de la<br />

majuscule qui divinise le Forgeron ; hyperboles = grandeur,<br />

force ; répétition du mot marteau.<br />

10. Écriture d’invention<br />

Ex. : rencontre avec un chirurgien qui fait visiter son<br />

hôpital.<br />

– Mise en place d’un schéma narratif (circonstances de<br />

la rencontre, conversation, situation finale).<br />

– Pause descriptive (description d’une salle d’opération,<br />

champ lexical du bloc chirurgical).<br />

– Dialogue (questions sur le nombre d’opérations, les<br />

horaires…).<br />

– Point de vue mélioratif : exclamations, métaphore<br />

filée, comparaisons mélioratives (comparer une opération<br />

à un ballet parfaitement synchronisé).<br />

Prolongement : lire un roman de Zola sur le monde<br />

ouvrier, Germinal (1885) ou L’Assommoir (1877), afin<br />

d’étudier la façon dont il représente les classes laborieuses<br />

et dangereuses de son époque.<br />

d’un<br />

À l’autrE 2<br />

172<br />

Texte J.-K. huysmans,<br />

« La retraite<br />

de M. Bougran » ➜ p. 307<br />

Objectif : Découvrir une vision moins reluisante<br />

du travail.<br />

Questions<br />

1. Rédiger des courriers administratifs. Ex. : il relisait<br />

les premières phrases dont il achevait le brouillon…,<br />

plongé dans le pourvoi au Conseil d’État (l. 29-31).<br />

2. Événements :<br />

– l. 1 à 16 : conversation de M. Bougran et de Huriot à<br />

propos du courrier et du travail ;<br />

– l. 17 (à partir de Puis) à 28 : rédaction d’une lettre ;<br />

– l. 29 à 46 : relecture du brouillon des premières<br />

phrases ;<br />

– l. 47 à 52 : interruption avec l’entrée de Huriot qui<br />

apporte du courrier.<br />

3. Ton administratif avec les formules et le vocabulaire<br />

juridique très spécialisé = « exciper de » (l. 19),<br />

Chancellerie (l. 25), pourvoi au Conseil d’État (l. 31), la<br />

section de Contentieux (l. 34), le pétitionnaire (l. 38),<br />

litige (l. 44) => effet comique et absurde produit par<br />

ces phraséologies (l. 22) toujours répétées et incompréhensibles<br />

pour la plupart des gens.<br />

4. Discours indirect libre : marques de l’exclamation et<br />

utilisation de la première personne du singulier (l. 19),<br />

guillemets pour les expressions juridiques employées<br />

par Bougran, utilisation de l’adjectif démonstratif<br />

(l. 19, 21, 22…) => pensées de Bougran avec une distance<br />

légèrement ironique du narrateur (guillemets<br />

pour le jargon et adjectifs démonstratifs).<br />

5. Ah ! cette langue administrative qu’il fallait soigner<br />

! (l. 19), tout ce vocabulaire… donnait un terrible<br />

tintouin à M. Bougran (l. 27-28), La tête entre ses<br />

poings, il relisait (l. 29), il ânonnait (l. 32), cuire cela<br />

dans ma tête (l. 45) => avancée progressive et lente<br />

dans la rédaction de la lettre, activité laborieuse d’un<br />

fonctionnaire obscur qui vit dans la poussière (l. 51) de<br />

ses archives ≠ action physique et glorieuse du héros<br />

traditionnel.<br />

Vis-à-vis : Zola et huysmans<br />

6. Travail manuel ≠ travail administratif.<br />

Champ lexical du corps et des outils (➜ texte 2, question<br />

1) ≠ champ lexical de la rédaction et de l’écriture.<br />

7. Travail valorisé et épanouissant chez Zola ≠ travail<br />

stérile et aliénant chez Huysmans.<br />

Hyperboles, images mélioratives pour caractériser le<br />

forgeron et sa forge (registre épique), effet positif sur<br />

le narrateur ≠ champ lexical péjoratif mettant en scène<br />

un cadre banal = l’ail et le vin (l. 50), poussière (l. 51),<br />

Est-ce assez nature ! (l. 52) ; ironie du narrateur.<br />

Prolongement. Écriture d’invention : à la manière<br />

de Huysmans, rédiger un récit ironique en mettant<br />

en scène un travailleur heureux, satisfait d’un métier<br />

pourtant aliénant et peu épanouissant.<br />

Analyse<br />

d’image<br />

C. Monet, Les Déchargeurs<br />

de charbon ➜ p. 309<br />

Objectif : Étudier une représentation picturale<br />

de la condition ouvrière.


Questions<br />

Première approche<br />

1. Sujet : des hommes déchargeant du charbon des<br />

péniches amarrées.<br />

2. Banlieue industrielle : charbon, cheminées, pont en<br />

fer (principaux symboles de la révolution industrielle).<br />

Palette réduite : ocre très pâle, vert clair et gris.<br />

Analyse<br />

3. Premier plan : hommes en train de décharger les<br />

bateaux devant le pont.<br />

Deuxième, troisième… plans : autres lignes montrant<br />

les déchargeurs au travail.<br />

Arrière-plan, derrière le premier pont : d’autres<br />

bateaux, des cheminées et, au loin, un autre pont.<br />

Pont = cadre interne qui met en valeur les premiers<br />

plans du tableau.<br />

4. Couleurs sombres et froides : ocre pâle, gris, reflets<br />

verdâtres de l’eau => atmosphère terne et sans joie.<br />

5. a. Personnages = silhouettes en gris-vert, anonymes,<br />

à peine esquissées.<br />

=> déshumanisés, aliénés par un travail répétitif<br />

connoté par l’ensemble des passerelles parallèles.<br />

b. Vue d’ensemble montrant clairement les péniches,<br />

les tas de charbon et les hommes qui s’activent, mais<br />

approche moins réaliste dans l’absence de détails,<br />

d’individualisation, les personnages ressemblant à des<br />

fourmis.<br />

Question de synthèse<br />

6. Ville industrielle qui déshumanise l’homme, le rend<br />

esclave.<br />

Prolongement : étudier une autre représentation des<br />

travailleurs, celle de Fernand Léger, par exemple, dans<br />

Les Constructeurs (1950), huile sur toile qui présente<br />

le monde ouvrier de façon vive, dynamique et enjouée.<br />

Texte3 Texte G. de Maupassant,<br />

Une vie ➜ p. 310<br />

Objectif : Étudier la plongée naturaliste dans<br />

la conscience d’un personnage féminin.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Étapes du récit :<br />

– l. 1 à 2 : état stationnaire ;<br />

– l. 2 (à partir du connecteur logique mais) à 20 :<br />

contractions très violentes ;<br />

– l. 21 (à partir du connecteur logique Mais) à 24 : une<br />

convulsion encore plus effroyable ;<br />

– l. 25 à 31 : la sortie de l’enfant ;<br />

– l. 32 à 41 : le sentiment de bonheur éprouvé par<br />

Jeanne.<br />

2. Jeanne passe de la douleur physique (les douleurs<br />

reprirent tout à coup, l. 2) à l’apaisement du corps (et sa<br />

souffrance s’apaisa, l. 26) et de la souffrance morale (son<br />

âme misérable et troublée, l. 7) au bonheur (une traversée<br />

de joie, un élan vers un bonheur nouveau, l. 32).<br />

Mise au point<br />

3. Discours direct : « Je vais mourir. Je meurs ! »<br />

(l. 21-22) = guillemets, première personne du singulier.<br />

Discours indirect : elle comprit qu’elle était sauvée…<br />

(l. 39) = verbe introducteur de pensée, proposition<br />

subordonnée, troisième personne du singulier.<br />

Discours indirect libre : Elle se trouvait, en une seconde,<br />

délivrée, apaisée, heureuse, heureuse comme elle ne<br />

l’avait jamais été. Son cœur et sa chair se ranimaient,<br />

elle se sentait mère ! (l. 33-35) = absence de verbe<br />

introducteur et de proposition subordonnée, 3e personne<br />

du singulier associée à l’expression subjective<br />

de la pensée de Jeanne et à l’oralité (accumulation des<br />

adjectifs traduisant l’enthousiasme : répétition de l’adjectif<br />

heureuse et phrase exclamative).<br />

=> variation des discours qui intègre toutes les pensées<br />

de Jeanne en évitant la monotonie et la rupture de<br />

la dynamique du récit.<br />

Analyse<br />

4. Champ lexical de la souffrance, surtout adjectifs et<br />

adverbes soulignant l’intensité : douleurs (l. 2 et 14),<br />

épouvantables (l. 3), la crise… violente (l. 11), que pour<br />

souffrir (l. 12) => tournure restrictive : accouchement<br />

= souffrance ; déchirait si cruellement les entrailles<br />

(l. 16), convulsion effroyable (l. 21), spasme si cruel<br />

(l. 21), effort suprême (l. 25), cri douloureux (l. 29)<br />

=> l’enfant souffre.<br />

5. Focalisation interne = point de vue de Jeanne (sujet<br />

des verbes de pensée et de vision) => subjectivité<br />

et psychologie du personnage féminin afin de comprendre<br />

comment elle passe de la souffrance absolue<br />

au bonheur intense.<br />

6. Jeanne en veut à Dieu qui la fait souffrir, alors que<br />

Rosalie a accouché sans douleur (l. 7-10), et surtout<br />

à son mari qu’elle considère comme le véritable cou-<br />

173


pable : elle lisait le même ennui, la même indifférence<br />

que pour l’autre, le même insouci d’homme égoïste,<br />

que la paternité irrite (l. 19-20), haine exaspérée<br />

contre cet homme qui l’avait perdue (l. 23) => absence<br />

de communication, rapports homme / femme tendus :<br />

texte = blâme du comportement machiste.<br />

7. Enfant comparé à une chose, un animal : ce fardeau<br />

(l. 25), quelque chose (l. 28), ce miaulement frêle (l. 29),<br />

cette larve (l. 37) = termes péjoratifs.<br />

Enfant inachevé : pas de cheveux, pas d’ongles (l. 36),<br />

cet avorton, fripé, grimaçant (l. 38) = être humain laid<br />

et incomplet.<br />

=> description naturaliste de l’enfant, refus d’idéaliser<br />

un nouveau-né prématuré, d’où l’utilisation de termes<br />

péjoratifs et adjectifs démonstratifs.<br />

Question de synthèse<br />

8. Thème peu bienséant : l’accouchement décrit sans<br />

euphémisme, refus d’occulter la souffrance et d’idéaliser<br />

le nouveau-né prématuré => sujet choquant dans<br />

une société catholique, pudique et conservatrice où<br />

donner la vie est la plus belle des expériences.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. Un fils débauché, paresseux, dépensier,<br />

ingrat qui déçoit toutes les espérances de sa mère<br />

=> nouvelle désillusion pour Jeanne, malheureuse<br />

jusqu’au bout. C’est en tant que grand-mère qu’elle<br />

trouvera un but à son existence.<br />

10. Travail d’écriture :<br />

Partie I. Les pensées de Jeanne<br />

1 er § : focalisation interne (Jeanne sujet de tous les<br />

verbes d’action, de vision et de pensée).<br />

2 e § : différents discours rapportés permettant de<br />

restituer la subjectivité de Jeanne (➜ question 3).<br />

3 e § : appréhension de sa psychologie et de ses sentiments<br />

(champ lexical des sentiments, passage de<br />

la haine à la joie).<br />

Prolongement. Sujet de dissertation : dans quelle<br />

mesure les romans naturalistes ont-ils renouvelé la<br />

littérature ? Vous traiterez ce sujet en vous appuyant<br />

sur les textes de la séquence et sur les romans ou<br />

nouvelles naturalistes que vous avez lus.<br />

d’un<br />

À l’autrE 3<br />

174<br />

Texte É. Zola, La Joie de vivre<br />

➜ p. 311<br />

Objectif : Étudier le récit naturaliste d’un accouchement.<br />

Questions<br />

1. a. Étapes de l’accouchement :<br />

– l. 1 à 9 : sortie du bébé par les pieds, jusqu’aux<br />

hanches ;<br />

– l. 10 à 25 : mouvements violents de la parturiente ;<br />

– l. 26 à 35 : sortie des épaules du bébé.<br />

b. Champ lexical du corps (de la mère et du bébé) omniprésent<br />

: les cuisses (l. 2), les petits pieds (l. 3), aux<br />

chevilles, aux mollets, aux genoux (l. 4-5), les hanches<br />

(l. 6), sur le ventre (l. 6), les reins (l. 7), les aines (l. 7),<br />

le bourrelet des chairs rosâtres (l. 8) = périphrase désignant<br />

le sexe féminin, tout son corps (l. 14), les épaules<br />

(l. 26), les bras (l. 26-27), la tête (l. 27), les jambes<br />

(l. 32), des reins jusqu’au ventre (l. 35) => effet de réel<br />

soulignant la dimension physique et progressive d’un<br />

accouchement.<br />

2. Focalisation omnisciente = point de vue du docteur<br />

(l. 26-30, il s’arrêtait chaque fois, par crainte d’une<br />

fracture) et point de vue de l’accouchée (l. 13-19, il lui<br />

semblait qu’on la fendait à l’aide d’un couperet très<br />

lourd) => vision complète de l’accouchement : approche<br />

médicale et perception subjective de la patiente.<br />

3. Comparaison :<br />

– comparant = son corps déchiré (l. 14) ;<br />

– comparé = les bœufs, dans les boucheries (l. 18-19) ;<br />

– outils de comparaison = il lui semblait (l. 15), comme<br />

(l. 17) ;<br />

– motif commun = déchirure des chairs.<br />

=> effet choquant : corps saignant et douloureux de la<br />

femme comparé à un animal tué à l’abattoir, l’accouchement<br />

à une boucherie = refus de toute bienséance,<br />

en haine du goût (devise de Zola).<br />

4. a. À un assassinat : se débattit (l. 11), des efforts (l. 14),<br />

rébellion (l. 19), la maintenir de toutes leurs forces sur<br />

le lit de misère (l. 29-30), ces gens qui la torturaient<br />

(l. 33), cette sensation qu’on l’assassinait (l. 34).<br />

b. Titre du roman = antiphrase, car l’événement raconté<br />

assimile l’existence et le fait de donner la vie davantage<br />

à la souffrance qu’à la joie => oxymore.<br />

5. Tension dramatique :<br />

– en détaillant progressivement la sortie de l’enfant ;<br />

– en mettant en place des péripéties : révolte de la<br />

mère, l’enfant qui s’échappe, compression du cordon<br />

=> suspense, sort de l’enfant incertain ;<br />

– champ lexical de la douleur (torture et assassinat) :<br />

mère peut-être en danger.


Vis-à-vis : Maupassant et Zola<br />

6. Personnages féminins en révolte (haine et révolte<br />

dans les deux textes) qui refusent de souffrir en silence.<br />

7. Texte de Zola = le plus violent => champ lexical de<br />

la mort, comparaison du corps de la femme avec une<br />

viande découpée dans une boucherie, absence de bonheur<br />

et de joie.<br />

Prolongement. Analyse d’image : Max Beckmann,<br />

Accouchement, (1937) ➜ p. 312.<br />

1. a. Analysez la composition et la palette des couleurs<br />

dans ce tableau.<br />

b. Quel est l’effet produit ?<br />

2. Cette représentation vous paraît-elle réaliste ?<br />

3. En quoi ce tableau est-il en accord avec la tonalité<br />

utilisée par Émile Zola dans l’extrait ?<br />

4. À quel mouvement artistique ce tableau appartient-il<br />

? Ce terme vous étonne-t-il ? Justifiez.<br />

Histoire des arts ➜ p. 314<br />

L’impressionnisme<br />

Questions<br />

1. Angle de vue et échelle légèrement différents : le<br />

point de vue est plus rapproché dans le premier tableau.<br />

Contours plus nets sur le second tableau.<br />

Ciel bleu dans le second tableau (contraste entre l’architecture<br />

et le ciel) ≠ ciel moins bleu dans le premier<br />

tableau (l’architecture se confond avec le ciel).<br />

Second tableau beaucoup plus lumineux. Impression<br />

de voile dans le premier, de brume solaire.<br />

=> exprimer un regard subjectif sur un bâtiment,<br />

montrer qu’en fonction du moment de la journée et du<br />

temps, la perception est très différente.<br />

2. La Grenouillère = grand bal flottant amarré sur l’île<br />

de Croissy, l’une des guinguettes les plus connues de<br />

l’époque, fréquentée par les écrivains et les peintres ;<br />

il attire en foule les Parisiens dans la seconde moitié<br />

du XIX e siècle. À la fin de l’été 1869, Auguste Renoir<br />

et Claude Monet se retrouvent à La Grenouillère pour<br />

peindre six toiles.<br />

Claude Monet, La Grenouillère (1869), New York,<br />

Metropolitan Museum.<br />

Exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 316<br />

revoir<br />

1 Naturalisme et condition sociale<br />

A. Daudet, Lettres de mon moulin<br />

1. Lexique propre à l’univers des marins : Le bateau<br />

(l. 1), vieille embarcation… à demi pontée (l. 3), un petit<br />

rouf goudronné (l. 5), nos matelots (l. 7), les vareuses<br />

trempées (l. 8), bancs mouillés (l. 11), ces matelots<br />

douaniers (l. 17-18), louvoyer (l. 20), ces côtes si dangereuses<br />

(l. 20-21), pain moisi et des oignons sauvages<br />

(l. 22), la marine (l. 26).<br />

Conditions de vie très difficiles : pauvreté (salaire dérisoire),<br />

dénuement, travail physiquement éprouvant à<br />

cause du froid et de l’humidité et surtout dangereux,<br />

quasi-absence de vie de famille.<br />

2. Expression à prendre au sens figuré => pauvreté<br />

extrême, peu d’espoir, de joie. Lecteur mis dans la position<br />

d’un témoin qui peut maintenant rendre compte<br />

des conditions de vie observées.<br />

3. Moyens d’émouvoir :<br />

– vocabulaire exprimant la pitié du narrateur et l’implication<br />

du lecteur : nos matelots (l. 7). Adjectif possessif<br />

de la 1re personne pour impliquer le lecteur ; les malheureux<br />

(l. 9) ; vous pensez si (l. 25) ;<br />

– description très précise de leur condition de vie ;<br />

– phrases exclamatives (l. 18, 25, 27) et répétitions<br />

(cinq cents francs par an ; anaphore sur l’adverbe<br />

jamais, l. 22-23) exprimant les émotions du narrateur :<br />

indignation par rapport aux conditions de vie et admiration<br />

devant la ténacité de ces hommes.<br />

Approfondir<br />

2 Naturalisme et science expérimentale<br />

É. Zola, préface du Roman expérimental<br />

1. la question d’hérédité (l. 2) et celle du milieu : Je<br />

donne aussi une importance considérable au milieu<br />

(l. 4-5).<br />

2. a. La physiologie, comme le roman, étudie des milieux.<br />

b. Physiologie => étude d’un milieu intra-organique<br />

(l. 11), machine individuelle de l’homme (l. 19),<br />

influence du milieu intérieur (l. 22-23) ≠ roman = étude<br />

d’une famille, d’un groupe d’êtres vivants (l. 14-15), du<br />

milieu social (l. 15).<br />

175


Intérieur ≠ extérieur.<br />

Individu ≠ groupe.<br />

3. Chiasme => souligne l’interaction des individus et de<br />

la société, et montre comment la société (mot placé aux<br />

extrémités du chiasme) encadre et détermine le comportement<br />

de l’individu (mot placé au centre du chiasme).<br />

4. Histoire naturelle et sociale = observer précisément,<br />

tel un scientifique, démarche expérimentale.<br />

d’une famille = définir un milieu à observer.<br />

sous le Second Empire = définir un cadre spatiotemporel.<br />

=> l’histoire permet d’étudier le comportement humain,<br />

à la façon d’un scientifique.<br />

3 Naturalisme et écriture artiste<br />

E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux<br />

1. Le soir : Il n’y avait plus de soleil (l. 2), Les horizons<br />

s’assombrissaient (l. 3-4), un reste mourant de jour<br />

(l. 9), la nuit tombante (l. 15-16).<br />

2. Texte descriptif : imparfait, verbes d’état (Le ciel<br />

était, l. 2), multiplication des adjectifs qualificatifs et<br />

des substantifs pour être le plus précis possible dans<br />

l’évocation de la scène.<br />

3. Phrases juxtaposées comme en peinture = différentes<br />

nuances et impressions ressenties que le romancier<br />

rassemble pour produire un effet d’ensemble.<br />

4. a. gris en bas (l. 2-3), rose au milieu (l. 3), bleuâtre<br />

(l. 3), les horizons s’assombrissaient (l. 3-4), les verdures<br />

se fonçaient (l. 4), des lumières de lune (l. 5-6),<br />

des feux commençaient à piquer l’ombre (l. 6-7), grisâtre<br />

(l. 7), les blancs de linge devenaient bleus (l. 7-8),<br />

l’ombre qui s’épaississait (l. 10), l’incertaine vision<br />

(l. 16), son chemin comme pâli (l. 18) => obscurité<br />

grandissante, absence de couleurs franches, couleurs<br />

en train de s’estomper avant l’obscurité totale.<br />

176<br />

b. Paysage indistinct aux contours flous décrit en fonction<br />

des taches de couleurs qui sont perçues.<br />

Dissolution du paysage = thème impressionniste.<br />

écrire<br />

4 Naturalisme et effets de réel<br />

G. de Maupassant, La Petite Roque<br />

1. Discours direct : effet de réel qui donne plus d’épaisseur<br />

et de réalisme au personnage de Rosalie, tout de<br />

suite identifiée comme une femme du peuple par sa<br />

manière de parler.<br />

2. Patois normand avec les contractions et les apocopes<br />

(V’là la chose, l. 2 ; j’finissais, l. 3).<br />

3. Phrases exclamatives et interrogatives => désarroi<br />

et émotion du personnage.<br />

4. Scandale à l’époque :<br />

– indifférence face à la condition des domestiques ;<br />

– hypocrisie d’une société conservatrice à l’égard des<br />

rapports sociaux.<br />

5. Écriture d’invention<br />

Contraintes du sujet :<br />

– mettre en place une situation de communication<br />

(adresses constantes aux jurés) ;<br />

– mettre en place une thèse : cette femme n’est pas coupable,<br />

le véritable coupable c’est la société (à reprendre<br />

comme un leitmotiv au cours de la plaidoirie).<br />

Arguments :<br />

a. Proposer un tableau de la condition sociale des<br />

domestiques.<br />

b. Montrer que le chagrin et la douleur de Rosalie<br />

prouvent qu’elle ne souhaitait pas la mort de ses<br />

enfants.<br />

c. En appeler à la conscience et au cœur des jurés.


Textes<br />

● E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux (1865) : le<br />

premier roman naturaliste.<br />

● É. Zola, préface de la deuxième édition de Thérèse<br />

Raquin (1867) : texte fondateur de l’esthétique<br />

naturaliste et réponse à la polémique provoquée<br />

par la sortie du roman.<br />

● É. Zola, Le Roman expérimental (1880)<br />

● J.-K. Huysmans, En ménage (1881)<br />

● H. Ibsen, Les Revenants (1881)<br />

● É. Zola, L’Œuvre (1886) : le milieu des peintres<br />

(amis impressionnistes de Zola).<br />

● L. Bloy, Les Funérailles du naturalisme (1890-<br />

1891) : conférences données par Léon Bloy pour<br />

critiquer les naturalistes et faire l’éloge de leurs<br />

successeurs.<br />

● É. Zola, La Bête humaine (1890)<br />

Textes du DVD-rom<br />

● É. Zola, le Roman expérimental (1880)<br />

● G. de Maupassant, « Le masque » in L’inutile<br />

beauté (1890)<br />

Images<br />

● É. Manet, Déjeuner sur l’herbe (1863)<br />

● E. Degas, Dans un café ou l’Absinthe (1873)<br />

Prolongements<br />

Images du DVD-rom<br />

● G. Courbet, L’Atelier du peintre (1855)<br />

● Photographie du dégagement de l’Opéra (1867)<br />

● E. Degas, Les Repasseuses (1886)<br />

● Arbre généalogique des Rougon-Macquart<br />

(1892)<br />

Film<br />

● J. Renoir, La Bête humaine (1938)<br />

Activités<br />

● Recherche. Faire un exposé sur la thématique<br />

de l’eau et l’importance des bords de Seine dans<br />

les œuvres de Guy de Maupassant et Émile Zola.<br />

Éventuellement élargir aux bords de Marne avec le<br />

cinéma et la photographie humanistes des années<br />

1930-1950.<br />

● Histoire des arts. C. Monet, Le Repas du soir<br />

➜ p. 301<br />

a. Dans quelle mesure ce tableau relève-t-il de<br />

l’esthétique impressionniste ?<br />

b. Pourquoi peut-on le rapprocher du mouvement<br />

naturaliste ?<br />

c. Chercher d’autres tableaux représentant des<br />

scènes de repas. Les comparer avec celui-ci.<br />

Indices : Gustave Caillebotte, James Ensor, Pierre<br />

Bonnard, Edward Hopper, etc.<br />

177


sÉQuEnCE 16<br />

Le réalisme aux XX e et XXI e siècles<br />

178<br />

➜ Livre de l’élève, p. 318<br />

Texte1 Texte L.-F. Céline, Voyage<br />

au bout de la nuit ➜ p. 319<br />

Objectif : Analyser l’image du monde de l’usine<br />

dans un roman réaliste au début du xx e siècle.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Les tournures de phrases relèvent de l’oral : exclamations<br />

(Et hop !, l. 21), omission de l’adverbe ne de<br />

négation (C’est pas la honte…, l. 26) ou du pronom<br />

impersonnel il dans la phrase (Faut en faire un objet<br />

donc…, l. 34-35).<br />

2. Niveau de langue familier (de toute sa viande encore<br />

tremblotante, l. 4 ; vous agitant les tripes, l. 5 ; garni<br />

de quincaille, l. 19), car Céline veut mettre le lecteur en<br />

contact direct avec l’ouvrier, le faire s’identifier à Bardamu<br />

et au monde ouvrier.<br />

Mise au point<br />

3. On est omniprésent dans le texte (l. 3, 7, 11, 20, 27,<br />

32 par exemple). Il englobe Bardamu et tous les autres<br />

ouvriers qui forment ainsi une masse de travailleurs<br />

anonymes.<br />

Analyse<br />

4. a. Métaphore : cette infinie boîte aux aciers (l. 14).<br />

b. Connotations négatives : le narrateur montre l’usine<br />

de façon péjorative (boîte) comme un enfer immense<br />

qui produit un fracas épouvantable, avec des bruits qui<br />

s’écrasent les uns contre les autres (l. 16).<br />

5. Champ lexical du corps : des pieds aux oreilles (l. 1),<br />

sa viande (péjoratif, l. 4), la tête, les tripes (l. 5), aux<br />

yeux (l. 6), sa substance (péjoratif, l. 11), son cœur<br />

(l. 12), les tympans, des oreilles, la gorge (l. 26), le front<br />

de la tête (l. 28-29), la main (l. 29).<br />

=> le corps est représenté comme agressé par le travail<br />

qui le malmène à cause de son rythme effréné et déshumanisant.<br />

La mention de parties internes du corps<br />

(viande, tripes, tympans, gorge) montre que le bruit s’insinue<br />

dans le tréfonds du corps afin de mieux le détruire.<br />

6. a. toute sa viande (l. 4) insiste sur l’aspect déshumanisé,<br />

aliéné des ouvriers qui ne sont plus des hommes.<br />

La connotation est péjorative, comme dans sa substance<br />

(l. 11) ; l’usine devient un abattoir.<br />

b. Personnification du wagon tortillard (l. 19) qui est<br />

métaphorisé aussi en petit hystérique et en fou clinquant<br />

(l. 21) => machines et hommes semblent considérés<br />

de la même manière ; mais la machine a le dessus<br />

sur l’homme, puisque celui-ci doit se pousser pour la<br />

laisser passer : Qu’on se range ! (l. 20).<br />

7. Toute la vie des ouvriers se résume au monde de<br />

l’usine. Plus rien n’existe en-dehors de celle-ci.<br />

=> Règle est écrit avec une majuscule pour exprimer<br />

le fait que la loi du travail est primordiale, les hommes<br />

sont entièrement dévoués à Ford ; même quand ils<br />

sortent de l’usine, ils ne doivent penser qu’à elle, cette<br />

déesse implacable qui façonne leur vie à l’image de<br />

l’acier des ateliers (l. 33).<br />

Question de synthèse<br />

8. Image très négative du monde industriel qui, tel<br />

un enfer, déshumanise les ouvriers et en fait d’autres<br />

machines au service d’une production effrénée : On en<br />

devenait machine aussi soi-même à force (l. 3).<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche. De nombreux sites Internet (histoiregéographie,<br />

histoire de l’automobile, journaux économiques,<br />

etc.) proposent des photographies montrant le<br />

travail dans les usines Ford. La représentation est plus<br />

souvent hagiographique que dévalorisante, Henry Ford<br />

apparaissant lui-même comme le prototype du self<br />

made man à l’origine de la Ford T., première automobile<br />

destinée à populariser la voiture. C’est le cinéma<br />

qui va insister sur l’aliénation de la production à la<br />

chaîne ➜ p. 322.<br />

Sur la photographie ➜ p. 319, on remarque que les<br />

ouvriers travaillant dans une usine berlinoise sont perdus<br />

au milieu d’un nombre impressionnant de machines<br />

et que leur place est infime au sein de cet univers.<br />

10. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– rédiger la description précise d’un lieu de travail ;


– utiliser des images (figures de rhétorique) ;<br />

– donner une vision possible au choix : valorisante ou<br />

défavorable.<br />

Conseiller aux élèves de se référer aux descriptions des<br />

romans de Zola dans Au bonheur des dames, pour une<br />

image enthousiaste d’abondance et d’émerveillement,<br />

ou dans Germinal pour la représentation d’un univers<br />

violent, effrayant et aliénant.<br />

Proposition de début :<br />

Le grand magasin sentait le bois suédois ! Un<br />

mélange d’aggloméré et de meubles à petits prix<br />

pour les petits budgets de couples jeunes qui commençaient<br />

à s’installer ou pour couples gays à la<br />

recherche du dernier accessoire de décoration tendance.<br />

C’était toujours le même scénario, à peine les<br />

portes automatiques s’étaient-elles ouvertes qu’il<br />

fallait gravir un haut escalier et là, devant les yeux<br />

du consommateur ébahi, la scénographie commençait.<br />

Surtout, bien suivre les flèches au sol et ne pas<br />

dévier le sens de la visite pour être sûr de ne rien<br />

manquer !…<br />

Prolongement : lire un extrait de l’essai La Condition<br />

ouvrière de Simone Weil (1951), et voir si la vision du<br />

monde du travail est toujours vraie au xxi e siècle, en<br />

France et dans le reste du monde. En débattre avec<br />

les élèves.<br />

Texte F. Bon, Sortie d’usine<br />

d’un<br />

À l’autrE 1<br />

➜ p. 321<br />

Objectif : Analyser, en confrontation avec Céline, la<br />

vision du travail dans un roman contemporain.<br />

Questions<br />

1. La plupart des phrases sont longues et composées de<br />

groupes de mots ou de propositions infinitives simplement<br />

juxtaposées (parataxe), sans coordination : Lever<br />

la table, la main gauche sur le volant lourd, la droite<br />

sur la manette plus étroite de l’avance transverse, faire<br />

tangenter (l. 3-5).<br />

2. C’est l’infinitif qui domine. Il décrit une série de<br />

gestes automatiques, toujours identiques. Sa valeur est<br />

atemporelle et impersonnelle, pour évoquer un travail<br />

aliénant et déshumanisant : Reculer la table, régler sur<br />

le vernier… (l. 6-7).<br />

3. a. Point de vue interne valable pour tous les ouvriers<br />

rassemblés dans la concentration commune du travail<br />

précis à effectuer, de La pensée incessante (l. 1) : le narrateur<br />

voit par les yeux de tous les ouvriers en même<br />

temps, mais sans être omniscient puisque le point de<br />

vue est finalement limité à celui d’un homme représentatif<br />

de la communauté ouvrière : On sait aux bruits de<br />

la bécane si la coupe est correcte… (l. 13). Le pronom<br />

personnel indéfini on a une valeur globalisante, répétée<br />

dans le texte.<br />

b. Valeur de témoignage provenant de la précision du<br />

vocabulaire, champ lexical des outils ou machines :<br />

vernier (l. 7), la machine (l. 9), l’outil (l. 10), la fraise<br />

(l. 14), gabarit (l. 18) ; description précise des gestes<br />

des ouvriers avec des verbes insistant sur la minutie,<br />

la précision : positionner (l. 2), régler (l. 7), débrayer<br />

(l. 15), Ajuster (l. 19) ; focalisation interne voisinant<br />

avec la focalisation omnisciente.<br />

4. La fin du texte, on n’en a plus réentendu parler,<br />

où est-ce qu’ils ont bien pu le recaser ? (l. 21-22), est<br />

claire : on fait peu de cas des ouvriers qui ont à peine le<br />

temps de tirer sur leur cigarette (l. 12) et qui, parfois, ne<br />

peuvent plus travailler à la suite d’un accident de travail,<br />

les paluches bouffées par l’huile (l. 21). Ils disparaissent<br />

alors et sont remplacés comme de vulgaires pièces.<br />

Vis-à-vis : Louis-Ferdinand Céline<br />

et François Bon<br />

5. Deux textes très proches dans leurs descriptions :<br />

– les ouvriers sont toujours déshumanisés, mais François<br />

Bon semble moins radical et moins cru que Céline<br />

(sa viande l. 4, sa substance l. 11), même si la dernière<br />

phrase révèle finalement la violence de l’automatisation<br />

et de la production à la chaîne ;<br />

– les machines sont identiques, mais seul Céline les<br />

personnifie ;<br />

– les usines sont des lieux d’aliénation dans les deux<br />

textes.<br />

=> monde industriel identique mais traité différemment.<br />

Le style de Céline est plus imagé.<br />

6. Deux champs lexicaux sont particulièrement développés<br />

:<br />

– celui de la machine : dans le texte de Céline (machine,<br />

l. 3, 10, 14 ; roulettes et pilons, l. 15 ; courroies et volants,<br />

l. 22) ; le texte de François Bon met au premier plan la<br />

précision des gestes (➜ question 3b) ;<br />

– celui du corps humain : chez Céline, le mouvement du<br />

travail fait tressauter le corps (➜ texte 1, question 5) ;<br />

chez François Bon, les mentions main gauche et droite<br />

(l. 4), le dos (l. 11), les jambes (l. 14), la main (l. 16, 20)<br />

s’acheminent vers l’image dégradante et violente des<br />

paluches (l. 21), des mains abîmées par l’huile des<br />

machines.<br />

179


=> champ lexical de la machine omniprésent, car elle<br />

est la base du travail dans l’industrie : plus importante<br />

que l’humain et centre de l’attention des ouvriers, elle<br />

transforme le corps humain en corps mécanique, aliéné<br />

par le travail.<br />

Prolongement : faire une recherche en histoire des<br />

arts sur le thème moderne de la sortie d’usine, du<br />

célèbre film des frères Lumière à un extrait de film<br />

contemporain, en passant par les tableaux naturalistes<br />

ou futuristes italiens. Synthétiser dans un paragraphe.<br />

180<br />

Analyse<br />

d’image<br />

C. Chaplin, Les Temps<br />

modernes ➜ p. 322<br />

Objectif : Analyser la manière dont les rapports<br />

homme / machine sont représentés dans le cinéma<br />

des années 1930.<br />

Questions<br />

Première approche<br />

1. Plan de demi-ensemble qui voisine avec le plan<br />

moyen, permettant de replacer Charlot dans son<br />

contexte : l’homme paraît relativement petit au milieu<br />

de la machine qui l’avale dans ses rouages.<br />

2. Homme au centre de l’image, couché sur les roues<br />

dentelées, mais qui continue à serrer des boulons.<br />

L’homme est explicitement devenu l’esclave de la<br />

machine.<br />

Analyse<br />

3. Fond de l’image plus sombre, composé de roues de<br />

couleurs foncées qui se distinguent des roues claires<br />

au premier plan. Le contraste est saisissant dans le film<br />

en noir et blanc qui joue également sur la duplication<br />

des cercles emboîtés, animés par leurs rayons.<br />

=> Chaplin attire l’attention sur l’action au premier<br />

plan et sur le personnage de Charlot, vêtu de couleurs<br />

claires.<br />

4. Charlot sourit, de manière forcée, avec un rictus un<br />

peu crispé. Il donne l’impression d’être heureux de travailler,<br />

même s’il est en danger => comique de situation.<br />

5. Le photogramme montre l’homme comme un esclave<br />

soumis à la machine, qui ne fait plus qu’un avec elle.<br />

Les lignes de son corps épousent les rouages de la<br />

machine.<br />

Question de synthèse<br />

6. Oui, la vision est identique, car c’est encore la<br />

machine qui domine l’homme et donne le mouvement<br />

au corps humain. L’image est plus proche du texte de<br />

Céline par l’aspect comique qu’elle dégage.<br />

Prolongement : comparer cette scène avec celle<br />

du Dictateur (1940) dans laquelle Adenoid Hynkel,<br />

double de Hitler, jongle avec le globe. Quelle forme<br />

d’humour Chaplin utilise-t-il dans ces deux extraits ?<br />

Quels effets ont-ils sur le spectateur ?<br />

Texte2 Texte A. Camus, La Peste<br />

➜ p. 323<br />

Objectif : Étudier la dramatisation d’un extrait de<br />

roman sur le thème allégorique de la peste.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. Cinq étapes dans le récit :<br />

1er § : avant le spectacle : chacun prend place => aspect<br />

mondain et importance de l’habit (l. 8).<br />

2e § : Pendant tout le premier acte (l. 9), signes avantcoureurs<br />

de la mort du chanteur se confondant avec<br />

l’opéra de Gluck (l. 11-14).<br />

3e § : agonie d’Orphée et réactions du public (l. 17-25) ;<br />

fin du spectacle et fuite de la foule dans le calme,<br />

d’abord en silence (l. 26-27) ; la panique gagne, ce que<br />

marque la conjonction Mais (l. 30).<br />

2. a. 1er § : imparfait de description (arrivaient, l. 2 ;<br />

accordaient, l. 4 ; s’inclinaient, l. 6…).<br />

2e § : mélange d’imparfait de second plan (introduisait,<br />

l. 12 ; ajoutait, l. 15) et de passé simple (se plaignit,<br />

l. 9 ; remarqua l. 11) se référant au déroulement du<br />

spectacle.<br />

3e § : mélange de passé simple (fallut, l. 17 ; choisit,<br />

l. 21 ; devinrent, l. 24…) qui suit le déroulement rapide<br />

des événements et de plus-que-parfait (avait attendu,<br />

l. 19 ; n’avaient jamais cessé, l. 23 ; s’étaient seulement<br />

levés, l. 32) qui indique l’antériorité de certains faits<br />

par rapport à l’action exposée au passé simple.<br />

b. Plus-que-parfait et imparfait = faits passés et<br />

contexte de l’action ≠ passé simple : intrusion de faits<br />

anticipant la mort de l’histrion et leurs conséquences<br />

(panique à la découverte de la peste).<br />

Mise au point<br />

3. Rime avec le mot interprétation (l. 16).


Stylisation = volonté d’accentuer le caractère d’un<br />

personnage que l’on incarne, voire de le surjouer. Les<br />

gestes saccadés (l. 14) provoqués par l’agonie du comédien<br />

font penser qu’il donne plus d’intensité aux pleurs<br />

du personnage qu’il incarne.<br />

Analyse<br />

4. Le suspense progresse à travers la mention de plusieurs<br />

indices de la peste :<br />

1er § : la fin rappelle que le théâtre est environné par la<br />

maladie (rues noires, l. 8), explicitement rappelée dans<br />

la petite phrase L’habit chassait la peste (l. 8).<br />

2e § : Orphée se plaignit (l. 9) => le chanteur souffre<br />

déjà, des tremblements (l. 12), un léger excès de pathétique<br />

(l. 13), gestes saccadés (l. 14). Le chanteur est pris<br />

de convulsions.<br />

3e § : au début, la peste est annoncée par : une certaine<br />

surprise courût dans la salle (l. 18-19), la rumeur venue<br />

du parterre (l. 20), la pantomime grotesque du chanteur<br />

(l. 20-24). À la ligne 25, la vérité est découverte et le<br />

public quitte la salle. La comparaison du mouvement<br />

de foule avec celui de personnes quittant une chambre<br />

mortuaire (l. 27) montre que l’assistance a tout compris.<br />

=> effet d’attente, suspense bien ménagé.<br />

5. Impression de sécurité : la peste semble ne pas pouvoir<br />

entrer dans la salle. D’où la dernière phrase : L’habit<br />

= métonymie désignant les mondanités.<br />

1er § = sorte de pause, de respiration avant la tragédie.<br />

6. L’expression un histrion désarticulé (l. 34) insiste sur<br />

la mauvaise interprétation et sur l’agonie ridicule du<br />

chanteur à la pantomime grotesque (l. 22) => chanteur<br />

involontairement mauvais.<br />

7. Deux comparaisons : en silence comme on sort d’une<br />

église, le service fini, ou d’une chambre mortuaire<br />

après une visite (l. 26-28), adaptées à la situation : la<br />

salle de spectacles est devenue un mouroir qui rappelle<br />

que la peste rôde partout. Personne ne semble pouvoir<br />

lui échapper.<br />

Question de synthèse<br />

8. Cette scène est aussi comique du fait des gesticulations<br />

ridicules de l’interprète d’Orphée qui s’effondre<br />

dans le décor. Ce sont les commentaires du narrateur<br />

qui rendent ce passage comique : d’une façon grotesque,<br />

bras et jambes écartés dans son costume à<br />

l’antique (l. 22). Cet humour noir montre que même<br />

dans une situation aussi tragique, on peut trouver une<br />

raison de rire.<br />

Pour aller plus loin<br />

9. Recherche<br />

a. Orphée est le fils du roi Œagre et de Calliope, muse<br />

de la poésie épique et de l’éloquence. Il reçoit des mains<br />

d’Apollon une lyre avec laquelle il charme tous les êtres<br />

vivants. Eurydice est une Dryade. Poursuivie par Aristée,<br />

elle est mordue par un serpent et en meurt. Son époux,<br />

Orphée, descend aux Enfers et, après avoir ému le roi et<br />

la reine du monde des morts par son chant pathétique,<br />

il obtient la permission de la ramener parmi les vivants.<br />

Mais il ne doit se retourner pour la regarder, tant qu’il<br />

n’est pas remonté du royaume d’Hadès. Pensant qu’elle<br />

est sur le point de trébucher, il regarde dans la direction<br />

d’Eurydice qu’il perd alors définitivement.<br />

b. Il existe plusieurs versions de la mort d’Orphée.<br />

L’une d’elles prétend qu’il a été foudroyé par Zeus pour<br />

avoir voulu révéler ce qu’il avait vu aux enfers. Le chanteur<br />

lui aussi meurt de façon foudroyante, sous le coup<br />

d’une malédiction divine (la peste était considérée<br />

comme la main de Dieu).<br />

10. Écriture d’invention<br />

Remarque : il faut remplacer Cottard par Tarrou dans la<br />

consigne, le manuel de l’élève et le livre du professeur<br />

prennent en compte cette correction.<br />

Contraintes du sujet :<br />

– épouser le point de vue du personnage ;<br />

– écrire au moins une page de journal, sous forme de<br />

notes ;<br />

– raconter les événements décrits dans le texte de<br />

Camus, sans les transformer.<br />

Proposition de notes pour la rédaction :<br />

Avant-rideau : Mondanités ! Ai aperçu M. B.<br />

Premier acte : Orphée particulièrement bon et naturel.<br />

Deuxième acte : Orphée en fait trop, jeu pathétique<br />

et étrange. Pourquoi ce zèle ?<br />

Troisième acte : Orphée est surjoué. Gesticulations<br />

inutiles du chanteur qui tombe dans le décor.<br />

Panique progressive dans la salle.<br />

Prolongement : proposer un plan détaillé du commentaire<br />

de ce passage en mettant notamment en<br />

avant le suspense et l’humour noir de l’extrait.<br />

Texte Fred Vargas, Pars vite<br />

d’un<br />

À l’autrE 2<br />

et reviens tard ➜ p. 325<br />

Objectif : Étudier le réalisme dans un roman policier<br />

contemporain.<br />

181


182<br />

Questions<br />

1. Dialogue composé de phrases assez brèves : d’abord<br />

à partir des questions d’Adamsberg (l. 8, 12-13), puis<br />

par la reprise d’informations contenues dans les propos<br />

des personnages (l. 25, 28, …) => impression de<br />

rapidité accentuant le suspense du texte (roman policier).<br />

2. Phrases du commissaire Adamsberg comportant de<br />

nombreuses interrogations (l. 8, 12-13, 30). C’est son<br />

interlocuteur Decambrais qui domine l’échange, car il<br />

connaît bien le quartier où se déroulent les faits et il est<br />

spécialiste de la peste (phrases affirmatives).<br />

3. Périphrase de la Mort noire (l. 40, 45) = expression<br />

paradoxale, car les morts présentent les symptômes<br />

propres à la peste, mais ne sont pas noirs : les médecins<br />

de l’époque ne mentionnent jamais cet aspect, cette<br />

couleur (l. 34-35).<br />

4. a. Pour Adamsberg, la rumeur est pire que la peste<br />

(l. 18). C’est elle, et non la maldie, qui est métaphorisée<br />

hyperboliquement en tornade (l. 21).<br />

b. Champ lexical de la rumeur : Des remous, des interrogations<br />

et beaucoup de discussions (l. 14-15), quantité<br />

de questions (l. 16), la rumeur (l. 18), donc des<br />

interrogations aux conséquences fâcheuses.<br />

=> peste et rumeur ont des points communs : elles se<br />

transmettent d’un individu à l’autre, par la voie des airs<br />

et créent toutes les deux la panique.<br />

Vis-à-vis : Albert Camus et Fred Vargas<br />

5. L’atmosphère est lourde de menaces dans les deux<br />

textes. Cependant, chaque auteur traite le thème de<br />

la peste différemment : Camus choisit l’humour noir<br />

≠ Fred Vargas ménage beaucoup de suspense avec une<br />

peste sans explication, non confirmée (simulacre difficile<br />

à comprendre).<br />

Dans La Peste, le mal est effectif, alors que chez Fred<br />

Vargas, il s’agit de menaces vraies ou fausses (l. 45).<br />

6. Différences formelles : La Peste = récit d’événements<br />

pris en charge par le narrateur, inspiré des carnets<br />

de Tarrou, qui donne son point de vue (focalisation<br />

interne) à l’aide d’un on inclusif (c’est à peine si on<br />

remarqua qu’Orphée introduisait…, l. 11-12) ; alors que<br />

l’extrait du roman de Fred Vargas est surtout construit<br />

sur un dialogue et le point de vue externe : Le lettré<br />

fronça les sourcils (l. 31). => formes et points de vue<br />

très différents.<br />

Prolongement. Entraînement à la dissertation :<br />

dans quelle mesure le roman policier est-il un genre<br />

littéraire ? Répondez à cette question sous la forme<br />

d’un développement argumenté d’au moins trois paragraphes.<br />

Texte3 Texte P. Claudel, Les Âmes grises<br />

➜ p. 327<br />

Objectif : Analyser la description de la guerre et de ses<br />

conséquences dans un roman contemporain.<br />

lecture AnAlytiQue<br />

Première lecture<br />

1. ça nous avait fait tout drôle de voir arriver ces<br />

gars qui avaient notre âge (l. 5-6), Nous, on était<br />

bien au chaud, tranquilles, à mener nos vies étroites<br />

(l. 7-8) => pronom nous et adjectifs au pluriel indiquant<br />

un groupe de personnes, les hommes du village,<br />

mais d’où se détache vite le pronom je qui intervient au<br />

présent d’énonciation (je parle des vrais blessés, l. 13)<br />

=> point de vue subjectif, interne.<br />

2. on = les habitants du village (On s’est habitués. On<br />

s’est même un peu dégoûtés, l. 29).<br />

Mise au point<br />

3. L’auteur oppose deux populations : on et nous<br />

désignent les hommes du village, ceux qui ne sont pas<br />

sur le front et, par extension, tous les villageois. Quant à<br />

la 3e personne du pluriel (Eux nous en voulaient d’être<br />

bien à l’abri, l. 29-30), elle renvoie aux soldats blessés<br />

à la guerre et qui trouvent refuge dans le village.<br />

Analyse<br />

4. 1er § : longue énumération de toutes les blessures<br />

de guerre résumée dans l’expression la foule éclopée<br />

des grands jours (l. 1-2) ; expression ironique et suivie<br />

d’une série de groupes nominaux qui forme une gradation<br />

ascendante d’amputés (l. 2) à demi-fous (l. 3).<br />

2e § : opposition entre les blessés et les hommes du<br />

village, à l’arrière du front, avec leurs vies étroites<br />

(l. 8). Ton sarcastique à l’égard des blessés : le visage<br />

redessiné par les éclats d’obus, le corps haché par la<br />

mitraille (l. 6-7). L’humour noir permet de mettre à distance<br />

les risques encourus en allant au combat.<br />

5. Guerre évoquée par des comparaisons (comme on<br />

fait avec les mauvais rêves et les âcres souvenirs, l. 11),<br />

par une personnification (Elle n’était pas trop de notre<br />

monde, l. 12) et par une métaphore (C’était du cinématographe,<br />

l. 12).


=> façon d’atténuer la portée réelle de la guerre et le<br />

danger qu’elle représente en n’en parlant pas directement<br />

= forme de déni du réel.<br />

6. a. Langage familier et oral, avec des termes vulgaires<br />

pour désigner les blessés : les culs-de-jatte, les<br />

gueules cassées (l. 2) ; certaines expressions comme<br />

pourris gâtés (l. 24) ou la confusion de la langue orale<br />

entre l’emploi de nous et de on (impropre à l’écrit) : et<br />

nous on leur en a voulu (l. 30).<br />

=> ce procédé donne l’effet au lecteur que le narrateur<br />

s’adresse directement à lui.<br />

b. Langage familier surtout dans les premier et quatrième<br />

paragraphes : bouillie rougeâtre (l. 14), civières<br />

pouilleuses (l. 15), on se l’est pris en plein poire (l. 17),<br />

couillons au fond de nous (l. 21) ou c’est moche (l. 22).<br />

=> ce langage permet d’évoquer les villageois<br />

(couillons, l. 21), mais surtout les blessés, et d’en donner<br />

une image pathétique et crue pour que le lecteur<br />

comprenne la réalité de la guerre, en étant écœuré.<br />

7. L’expression, haie d’honneur, haie d’horreur (l. 20),<br />

joue sur deux mots de sonorités voisines. Elle souligne<br />

le fait que l’on rend souvent les honneurs à des personnes<br />

blessées, estropiées, que la guerre a meurtries.<br />

8. Deux sentiments contradictoires : la fascination<br />

curieuse avec les petits plaisirs offerts aux premiers<br />

blessés (Les premiers blessés furent pourris gâtés, l. 24)<br />

≠ rejet et dégoût des blessés par la suite, à force d’en voir<br />

(tout ce qu’on était bien content de ne pas voir, l. 32-33).<br />

=> l’auteur dépeint la lassitude qui s’installe et l’opposition<br />

entre deux mondes qui s’éloignent.<br />

Question de synthèse<br />

9. Philippe Claudel met en avant les dégâts occasionnés<br />

par la guerre afin d’en dépeindre l’horreur avec<br />

réalisme et de créer ici un arrière-plan à l’histoire qui<br />

va se dérouler dans le village : l’enquête autour du<br />

meurtre de Belle de jour.<br />

Pour aller plus loin<br />

10. Recherche. Quelques titres de romans traitant de la<br />

Première Guerre mondiale : H. Barbusse, Le Feu (1916),<br />

M. Genevoix, Ceux de 14 (1949), C. Simon, La Route des<br />

Flandres (1960), J. Rouaud, Les Champs d’honneur<br />

(1990).<br />

11. Commentaire littéraire<br />

Exemple de paragraphe rédigé :<br />

Le texte propose une description précise des blessés<br />

de guerre et de la façon dont ceux-ci étaient<br />

considérés par la population des villages à l’arrière<br />

du front. Ainsi, des lignes 2 à 4, le narrateur procède-t-il<br />

à une longue énumération de toutes les<br />

blessures dont les soldats pouvaient être victimes :<br />

« les amputés, les culs-de-jatte, les gueules cassées,<br />

les sans-yeux, les trépanés, les demi-fous » (l. 2-3).<br />

Cette longue liste, construite à partir d’une gradation<br />

ascendante et accentuée par l’emploi du langage<br />

familier, rend les blessés plus humains. Elle<br />

crée de fait une complicité entre le narrateur, qui<br />

organise cette description sur le mode de l’humour<br />

noir, et le lecteur qui n’a pas connu cette période et<br />

qui peut être surpris, voire choqué, par des précisions<br />

aussi crues.<br />

Prolongement : chercher des clichés de la Première<br />

Guerre mondiale représentant les convois de blessés,<br />

puis les comparer avec le texte : la description est-elle<br />

réaliste ou exagérée ? Rédiger une réponse détaillée.<br />

Texte P. Grimbert, Un secret<br />

d’un<br />

À l’autrE 3<br />

➜ p. 329<br />

Objectif : Étudier une page de roman contemporain<br />

sur la question traumatisante de la Shoah.<br />

Questions<br />

1. Références à la Seconde Guerre mondiale :<br />

– nettoyer le pays des éléments indésirables (l. 5) :<br />

allusion aux lois anti-juives, aux purges ethniques ;<br />

– apatrides, orthodoxes, enclave au cœur de Paris<br />

(l. 7-8) : ghetto ashkénaze du Marais ;<br />

– files d’attente (l. 15) : difficultés pour se nourrir ;<br />

– ballots ficelés à la hâte (l. 19), autobus sous le<br />

contrôle de la police française (l. 20) : rafle du Vél d’Hiv,<br />

déportation ;<br />

– portes de wagons plombés, gares dont on ne revient<br />

pas (l. 22) : convois pour les camps d’extermination.<br />

2. a. Il ne les apprécie pas et les considère comme des<br />

personnes faibles : il reçoit froidement ces timorés, les<br />

éconduit parfois brutalement (l. 2-3).<br />

b. Expression se référant aux personnes étrangères qui<br />

ne s’intègrent pas dans la société française => allusion<br />

à une véritable enclave au cœur de Paris (l. 8), que le<br />

personnage assimile à un ghetto volontaire, mais pas<br />

subi. Maxime veut encore croire à l’impossible (l. 3), ce<br />

qui l’identifie à un Juif intégré qui se fait des illusions<br />

sur le sort de ses coreligionnaires.<br />

3. Deux périphrases : celui que l’Allemagne a hissé au<br />

pouvoir (l. 10) et l’image du pantin sinistre dont les<br />

vociférations… (l. 10-11) = Hitler, vu comme un être<br />

183


idicule et braillard, un petit personnage dépourvu<br />

d’humanité à qui l’on a confié le sort de l’Allemagne.<br />

4. Document = album photo, album de famille : Les<br />

pages tournent de plus en plus rapidement, leurs<br />

images gagnent en précision (l. 14-15) ; ces mêmes<br />

images en noir et blanc (l. 21) => impression que le<br />

narrateur recompose l’histoire de ses parents à partir<br />

de clichés, instantanés de souvenirs de la Seconde<br />

Guerre mondiale. Sorte de confusion entre le narrateur<br />

et l’auteur qui donne vie et force à la fiction.<br />

5. ces mêmes images en noir et blanc projetteront aux<br />

yeux des incrédules… = prolepse, anticipation ; bond<br />

en avant pour parler des événements qui se dérouleront<br />

après ces premières impressions de Maxime.<br />

Vis-à-vis : Philippe Claudel<br />

et Philippe Grimbert<br />

6. Ces deux romans évoquent le souvenir de deux<br />

guerres qui ont marqué les mémoires par les atrocités<br />

commises : le nombre impressionnant des morts (combats<br />

pour Claudel ; génocide annoncé pour P. Grimbert)<br />

et les images d’atrocités que l’on relate encore, plus de<br />

cinquante ans après les faits.<br />

7. Le point de vue dans le texte de P. Grimbert est d’abord<br />

interne (l. 1-8), puis omniscient (l. 9 à 22), confrontant<br />

l’optimisme de Maxime (l. 1) aux prévisions les plus<br />

pessimistes de Joseph (l. 18), relayé par le regard surplombant<br />

du narrateur (à partir de la ligne 14). Celui<br />

de P. Claudel, interne mais collectif, évoque crûment les<br />

mutilations des soldats. Le point de vue plus mesuré de<br />

la narration d’Un secret facilite a priori l’identification.<br />

Prolongement : comparer cette page du roman de<br />

P. Grimbert avec un extrait de Dora Bruder (1997) de<br />

Patrick Modiano, récit fondé sur la consultation de<br />

documents et photographies par un narrateur qui établit<br />

des passerelles entre différentes époques dans<br />

un même quartier de Paris.<br />

ÉtudE d’œuvrE intÉgralE<br />

P. Claudel, Les Âmes grises ➜ p. 330<br />

Objectif : Étudier une œuvre contemporaine et<br />

analyser la manière dont elle s’inspire des thèmes<br />

et techniques du réalisme du xix e siècle.<br />

184<br />

pistes d’AnAlyse<br />

1. Le sens du titre<br />

Explication donnée dans deux chapitres :<br />

– chapitre XIV : Les hommes et leurs âmes, c’est pareil…<br />

T’es une âme grise, joliment grise, comme nous tous…<br />

– chapitre XXVII : dans nos âmes, qui ne sont, il est<br />

vrai, ni blanches ni noires, mais grises, joliment grises<br />

comme me l’avait dit jadis Joséphine (© Stock).<br />

=> le narrateur évoque ici la culpabilité de chacun dans<br />

les événements. Cela signifie que personne n’est jamais<br />

ni innocent, ni coupable, mais que chacun est un peu<br />

les deux à la fois.<br />

2. Une vision de la guerre<br />

La guerre est la toile de fond du récit, elle n’est pas le<br />

centre de l’histoire. Elle n’apparaît qu’à travers les descriptions<br />

des blessés ou des convois qui passent par<br />

le village (chapitres V et XVI). Toutes les connotations<br />

sont particulièrement négatives, car cela n’apporte<br />

qu’horreur, souffrances et bagarres. La guerre a une<br />

conséquence : le suicide de l’institutrice (Lysia Verhareine).<br />

3. La position du narrateur<br />

a. Le narrateur (point de vue interne) est un acteur de<br />

l’histoire, généralement très critique envers les personnages<br />

qu’il juge très sévèrement, surtout le juge<br />

Mierck, dont il reprend l’idée incongrue de manger des<br />

œufs mollets sur la scène du meurtre de Belle de jour<br />

(chapitre II : une lubie, un caprice).<br />

Destinat, Joséphine, Clémence et l’institutrice sont traités<br />

avec un peu plus d’égards car le narrateur insiste<br />

sur leurs troubles et leur sensibilité. L’institutrice est<br />

en particulier un personnage pathétique qui ne supporte<br />

plus d’être séparé de son compagnon, parti sur<br />

le front.<br />

b. L’auteur souligne les manies de chacun : la lâcheté de<br />

ceux qui ne vont pas à la guerre, les manies de Mierck,<br />

le caractère nostalgique et en apparence hautain de<br />

Destinat… Cela permet de rendre chacun de ces personnages<br />

suspects et donc potentiellement coupables<br />

du meurtre de Belle de jour.<br />

Activités complémentAires<br />

1. Écriture d’invention<br />

Contraintes du sujet :<br />

– déterminer avec précision lequel des personnages<br />

est le coupable : Destinat ? Le Floc ?<br />

– rédiger une page de son journal donnant les raisons<br />

de sa culpabilité ;<br />

– brosser le portrait psychologique du personnage.


Proposition de début :<br />

« Mon compagnon d’infortune, ce grand gaillard<br />

de Maurice Rifolon, s’était à peine éloigné de<br />

quelques pas, que voilà que la gosse elle s’aventure<br />

sur le sentier à quelques mètres de moi. Elle ne m’a<br />

pas vu au début. Elle regardait vers le canal. Elle<br />

était mignonne la gosse. Un vrai petit ange. Alors je<br />

me suis approché d’elle. Je me souviens très bien :<br />

sa petite robe et sa poupée … »<br />

2. Du texte au film<br />

a. L’adaptation est très fidèle au roman, elle a été en<br />

partie écrite par le romancier lui-même : on retrouve<br />

notamment les mêmes événements, les mêmes personnages<br />

et l’essentiel de la trame narrative.<br />

Quelques différences :<br />

– le film commence avec la découverte de la mort de<br />

Belle de jour (chapitre II) et omet le chapitre I (description<br />

de Destinat) ;<br />

– la référence narratologique est différente : le film se<br />

déroule directement en 1917 alors que le roman part<br />

d’une narration, vingt ans après les faits, en 1937 ;<br />

– le récit est conçu comme une confession du policier à<br />

Clémence, mais pas le film.<br />

b. Plusieurs effets :<br />

– choix des comédiens dans le film => inutilité des descriptions<br />

;<br />

– 1917 = récit fait en même temps que le déroulement<br />

des événements => pas de recul sur les événements, ni<br />

d’interprétation après coup, ni de lecture d’ensemble ;<br />

– la voix off ne sait pas tout, contrairement au narrateur<br />

policier qui, sans être omniscient, dirige son récit en<br />

fonction de ses propres convictions<br />

Histoire des arts ➜ p. 332<br />

Le cinéma, un art réaliste ?<br />

Questions<br />

1. Cadrage = plan américain.<br />

Angle de vue = contre-plongée.<br />

Noirceur du personnage (manteau et pantalon noirs)<br />

se détachant sur le fond blanc, ce qui fait ressortir les<br />

mains griffues et menaçantes du vampire et son visage<br />

effrayant. => les choix du réalisateur accentuent les<br />

aspects monstrueux et dangereux de Nosferatu.<br />

2. Sujets de documentaires engagés :<br />

– nutrition et consommation : R. Kenner, Food, Inc.<br />

(2008), M. Spurlock, Super Size Me (2004), E. Wagenhofer,<br />

We Feed The World (2005) ;<br />

– écologie : Y.-A. Bertrand, Home (2009), N. Hulot et<br />

J.-A. Lièvre, Le Syndrome du Titanic (2009), D. Guggenheim,<br />

Une vérité qui dérange (2006) ;<br />

– nature : A. Fothergill et M. Linfield, Earth / Un jour<br />

sur terre (2007), L. Jacquet, La Marche de l’empereur<br />

(2004), J. Cluzaud, J. Perrin et M. Debats, Le Peuple<br />

migrateur (2001) ;<br />

– état de la société : M. Moore, Bowling For Columbine<br />

(2002), sur le port des armes à feu aux États-Unis ;<br />

R. Depardon, La Vie moderne (2008), sur le monde<br />

paysan en France ; H. Sauper, Le Cauchemar de Darwin<br />

(2004), sur la présence post-coloniale en Afrique ;<br />

J.-X. de Lestrade , Un coupable idéal (2001), sur la justice<br />

américaine.<br />

Exercices d’approfondissement<br />

➜ p. 334<br />

revoir<br />

1 Un portrait réaliste<br />

F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux<br />

1. Récit évoquant la vie quotidienne du couple et en<br />

particulier la nuit : les réveils en sursaut (l. 1), la délivrance<br />

du médicament (l. 5), la recherche du sommeil<br />

et l’aube (l. 16).<br />

=> le couple ne semble pas s’accorder, car Bernard<br />

s’endort dans la nuit : les ronflements parfois tournaient<br />

à l’angoisse (l. 12-13), alors que la femme ne<br />

peut s’endormir avant l’aube : les yeux de Thérèse enfin<br />

se fermaient (l. 17).<br />

2. Indices : songeait-elle (l. 6), Il s’endormait avant elle<br />

(l. 10-11), Dieu merci, il ne l’approchait plus (l. 13), les<br />

yeux de Thérèse enfin se fermaient (l. 17) => le lecteur<br />

comprend que les pensées et les doutes appartiennent<br />

au point de vue interne de Thérèse.<br />

3. Bernard est décrit comme : cet homme geignard<br />

(l. 8-9), ce grand corps (l. 11-12), privé d’identité<br />

propre, le corps de l’homme (l. 18) => distance affective<br />

par rapport à Thérèse ; paysan (l. 19) et comparaison<br />

(l. 20) : Il filait comme un chien.<br />

=> expressions donnant au lecteur l’impression que<br />

Bernard est un inconnu pour Thérèse, et qu’il n’y a plus<br />

de relation affective entre mari et femme.<br />

4. a. Éléments annonçant l’empoissonnement : la mention<br />

du valérianate (l. 5), l’expression pour l’éternité<br />

(l. 8) et les questions Pourquoi pas mortelle ? (l. 7),<br />

185


si peur de ce qui sans retour l’apaiserait ? (l. 9-10)<br />

=> Thérèse semble avoir déjà pensé à empoisonner<br />

son mari auparavant.<br />

b. Thérèse apparaît comme une meurtrière, une épouse<br />

délaissée qui a prémédité le meurtre de son mari.<br />

186<br />

Approfondir<br />

2 Un univers réaliste<br />

R. Gary, La Vie devant soi<br />

1. Le jeune narrateur évolue dans un milieu social<br />

défavorisé : de nombreuses personnes vivent dans le<br />

même appartement (On était alors un tas, sept ou huit,<br />

l. 1) ; l’enfant mentionne la pute sur trottoir (l. 3), une<br />

descente de l’Assistance sociale (l. 3, 4), et semble tout<br />

connaître du milieu de la prostitution.<br />

2. Niveau de langue familier, voire vulgaire : pute (l. 3),<br />

leurs mômes (l. 15), leur mioche (l. 22), putes cataloguées<br />

(l. 23) et cul (l. 25, 28).<br />

=> Momo = garçon livré à lui-même qui raconte les<br />

événements avec son vocabulaire.<br />

3. Jeunesse et naïveté de Momo perceptible dans le fait<br />

qu’il s’approprie les paroles des autres sans prendre<br />

de recul : le cul c’est ce qu’ils ont de plus important<br />

en France avec Louis XIV (l. 28-29). Mais aussi parce<br />

qu’il utilise des mots à la forme approximative comme<br />

proxynètes (l. 17).<br />

=> Momo se contente de répéter ce qu’il entend et le<br />

fait avec la naïveté et les maladresses de l’enfance.<br />

4. Texte réaliste, car il dépeint sans fard la réalité quotidienne<br />

et sordide des quartiers populaires, à travers<br />

les yeux d’un enfant qui vit dans ce milieu.<br />

3 Un thème réaliste<br />

S. Germain, Magnus, « Fragment 4 »<br />

1. Point de vue maintenu d’un bout à l’autre du texte :<br />

celui de Franz-Georg, un enfant : L’enfant interprète à<br />

sa façon (l. 1), il se dit (l. 2), il ne le comprend pas (l. 6),<br />

ses parents ne le lui expliquent pas vraiment (l. 7),<br />

L’enfant écoute les ordres (l. 10-11), etc.<br />

2. a. L’enfant éprouve plusieurs sentiments :<br />

– l’incompréhension : il ne le comprend pas (l. 6), il<br />

garde pour lui ses étonnements, ses doutes et ses<br />

questions (l. 15-16) ;<br />

– la solitude (l. 17) ;<br />

– la peur : un état de stupeur et de nausée (l. 22), douleurs<br />

sourdes dans son ventre (l. 23), il se réveille en<br />

pleurant (l. 28-29).<br />

=> Franz-Georg est un enfant qui ne comprend pas les<br />

événements qu’il vit.<br />

b. Plusieurs figures de rhétorique assimilent ses<br />

angoisses à une digestion chaotique : comparaisons<br />

: comme si toutes ces images de débâcle étaient<br />

des fruits pourris, des morceaux de viande avariée<br />

(l. 23-25) ; métaphore : ces images difformes bougent<br />

dans son ventre avec des clapotements d’eau boueuse<br />

(l. 27-28) ; périphrase : qui se traduit bientôt en douleurs<br />

sourdes dans son ventre (l. 22-23).<br />

3. Atmosphère lourde, de malaise et d’incompréhension<br />

pour cet enfant qui souffre énormément de ne pas<br />

comprendre ce qui se passe et qui n’a comme seul point<br />

de repère que son ours, Magnus, auquel il est très attaché<br />

: et il se réveille en pleurant, recroquevillé autour<br />

de Magnus (l. 28-29).<br />

4. Points communs :<br />

– même situation difficile à vivre ;<br />

– récit en point de vue interne sur deux enfants ;<br />

– même vision restreinte du monde : incompris pour<br />

Franz-Georg ou inconnu pour Momo.<br />

Différences :<br />

– le statut du narrateur : personnage chez R. Gary,<br />

témoin chez S. Germain ;<br />

– l’âge ;<br />

– le ton : presque amusé pour Momo, triste pour le narrateur<br />

du roman de S. Germain ;<br />

– deux langages radicalement opposés.<br />

écrire<br />

4 Un épisode tragique<br />

L. Gaudé, La Porte des enfers<br />

1. Point de vue : celui de Matteo (Ce n’était pas possible.<br />

Pas lui, l. 5-6 ; C’est tout ce qu’il demandait. Ne<br />

pas lâcher la main de son fils, l. 14-15). Toute la scène<br />

est centrée sur le père paniqué ; cet état d’esprit envahit<br />

le texte.<br />

2. La plupart des phrases sont très courtes, parfois nominales<br />

: Pas lui. Pas cette journée-là. On le releva. (l. 6)<br />

ou Même froide et inerte. C’est tout ce qu’il demandait.<br />

Ne pas lâcher la main de son fils (l. 14-15) => effet<br />

= accélération du rythme des phrases qui montre au<br />

lecteur la douleur et la peur de Matteo, identification<br />

au personnage qui perd son enfant.<br />

3. on = les enquêteurs, les ambulanciers qui entourent<br />

Matteo : On lui posa des questions. On lui demanda<br />

son nom, son adresse (l. 9-10).


=> impression d’un groupe anonyme et sans visage : le<br />

père n’a d’yeux que pour son fils et ne comprend pas ou<br />

ne voit pas les gens qui l’entourent.<br />

4. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– rédiger un récit reprenant les circonstances de la<br />

mort de Pippo ;<br />

– imaginer de quelle façon l’enfant est mort ;<br />

– respecter le style de l’auteur.<br />

Remarque : le roman raconte la mort de l’enfant juste<br />

avant le passage cité.<br />

Textes<br />

● P. Boileau et T. Narcejac, « Celle qui n’était plus »<br />

(Les Diaboliques) (1952)<br />

● F. Lacassin, Mythologie du roman policier (1974)<br />

● P. Boileau et T. Narcejac, Le Roman policier (1975)<br />

● J. Ellroy, Le Dahlia noir (1987)<br />

● S. Japrisot, Un long dimanche de fiançailles<br />

(1993)<br />

● G. Simenon, Les Demoiselles de Concarneau<br />

(1999)<br />

● S. Larsson, La trilogie Millenium (2006-2007)<br />

● R. J. Ellory, Vendetta (2009)<br />

● D. Lehane, Shutter Island (2009)<br />

● L. Malet, Brouillard au pont de Tolbiac (2009)<br />

● A. Indridason, Hiver arctique (2010)<br />

Texte du DVD-Rom<br />

● M. Condé, La Belle Créole (2001)<br />

Document audio du DVD-Rom<br />

● Entretien avec Jean-Philippe Blondel<br />

Vidéo du DVD-Rom<br />

● C. Chabrol, La Cérémonie (1994) : adaptation d’un<br />

roman policier de Ruth Rendell.<br />

Prolongements<br />

Proposition de début :<br />

Dans la via Forcella, les gens couraient. Il ne<br />

comprit pas trop pourquoi au début. Pourquoi cette<br />

panique. Pourquoi ces cris. Quand le premier coup<br />

de feu claqua, il ne pensa qu’à une chose, mettre<br />

Pippo à l’abri. Sa mère ne lui pardonnerait jamais<br />

s’il arrivait quelque chose à leur enfant. Vite, trouver<br />

refuge derrière une voiture. Mais il fallait traverser<br />

la rue. Et risquer de recevoir une balle perdue …<br />

Images du DVD-Rom<br />

● J. Tardi, Illustration du Voyage au bout de la nuit<br />

(1988)<br />

● J. Tardi, Illustration de C’était la guerre … (1993)<br />

Activités<br />

● Commentaire. Commenter le texte de Céline en<br />

analysant notamment la manière dont il décrit le<br />

monde de l’industrie ➜ p. 319.<br />

● Plan de dissertation. Peut-on dire que la littérature<br />

de la fin du xx e et du début du xxi e siècle<br />

soit encore réaliste ? Pourquoi ? Proposer un plan<br />

détaillé de dissertation qui s’appuiera sur le corpus<br />

de la séquence et sur des lectures personnelles.<br />

● Analyse de corpus :<br />

Sujet : la description réaliste, du xix e au xxi e siècle.<br />

Objectif : Quelles sont les caractéristiques de la<br />

description ou de la représentation réaliste ?<br />

Corpus : Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830)<br />

➜ p. 262<br />

G. Courbet, Un enterrement à Ornans ➜ p. 269<br />

G. Flaubert, Madame Bovary ➜ p. 270<br />

L. Gaudé, La Porte des enfers ➜ p. 335<br />

187


p a r t i e i i<br />

Outils d’analyse


C H A P I T R E<br />

Fiche 1<br />

190<br />

queSTioNS<br />

J. Racine, Andromaque<br />

1. Ennui : lassitude.<br />

Misère : pauvreté.<br />

2. Profondes douleurs ; existence insupportable.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 341<br />

meTTre Au poiNT<br />

1<br />

1 Des mots cosmopolites<br />

hiver < latin ; camarade < espagnol ; campagne < latin ;<br />

igloo < inuit ; cabane < latin ; hasard < arabe ; clown<br />

< anglais ; judo < japonais ; ski < norvégien ; pizza < italien<br />

; anorak < inuit ; guitare < espagnol ; café < arabe.<br />

2 De l’étymologie au sens<br />

L’histoire et le sens des mots<br />

➜ Livre de l’élève, p. 339<br />

– automobile = préfixe grec auto- : « soi-même » et<br />

verbe latin moveo : « bouger » => on se déplace soimême<br />

grâce à ce mode de transport.<br />

– baccalauréat = noms latins bacca et laurea : « baie<br />

de laurier » => 1 re couronne de laurier = 1 er diplôme<br />

universitaire.<br />

– chômage = nom latin cauma : « forte chaleur » et<br />

suffixe latin -age : « action, état » => absence de travail,<br />

comme si l’on s’arrêtait de travailler en raison de<br />

la chaleur.<br />

– copain = préfixe latin cum- : « avec » et nom latin<br />

panus : « pain » => ami, celui avec qui l’on partage son<br />

pain.<br />

– encyclopédie = noms grecs egkuklos (ensemble) et<br />

paideia (éducation) => ouvrage qui englobe l’ensemble<br />

des connaissances.<br />

– fée = nom latin fata : « destin » => être merveilleux<br />

Les outils de l’analyse<br />

stylistique<br />

➜ Livre de l’élève, p. 338<br />

au pouvoir surnaturel influençant la destinée des<br />

hommes.<br />

– lavabo = verbe latin au futur lavabo : « je laverai »<br />

=> cuve émaillée pour se laver.<br />

– monologue = préfixe grec mono- : « seul » et nom<br />

grec logos : « discours » => prise de parole d’un personnage<br />

qui parle seul en scène.<br />

– paradoxe = préfixe grec para- : « à côté » et nom grec<br />

doxa : « opinion » => idée en marge de l’opinion commune.<br />

– prolétaire = nom latin proles : « race, lignée » et suffixe<br />

latin => homme qui n’existe que par la famille, les<br />

enfants qu’il engendre, donc salarié pauvre, ouvrier.<br />

– texte = nom latin textus : « tissu » => tressage,<br />

assemblage de mots.<br />

– travail = nom latin tripalium : « trois pieux = instrument<br />

de torture » => peine due au travail => travail.<br />

3 Polysémie et champ sémantique<br />

– accent : augmentation de l’intensité ; signe graphique<br />

au-dessus d’une voyelle ; trait caractéristique d’une<br />

œuvre ou d’une langue ; inflexion de la voix.<br />

– carrière : terrain clos aménagé pour les courses de<br />

chevaux ; terrain d’où l’on extrait des pierres ou du<br />

sable ; profession ; progression dans un métier.<br />

– chien : animal domestique ; surveillant ; pièce d’un<br />

fusil ; charme.<br />

– entretien : nettoyage ; maintien dans un état stable ;<br />

entrevue ; conversation ; forme littéraire du dialogue.<br />

– feu : combustion ; passion ; foudre ; tir ; combat ;<br />

(adjectif) mort.<br />

– jeu : divertissement ; représentation théâtrale ;<br />

concours sportif ; division d’une partie de tennis ; série.<br />

– marche : manière de se déplacer ; mouvement de<br />

troupes ; progression ; air de musique ; montant d’un<br />

escalier.<br />

– nouvelle : annonce d’événement ; renseignement ;<br />

récit bref.


4 Synonymie et antonymie<br />

– aimable = poli ≠ insolent<br />

– banal = commun ≠ original<br />

– débutant = amateur ≠ expérimenté<br />

– érudit = savant ≠ ignorant<br />

– moderne = actuel ≠ démodé<br />

– orgueilleux = fier ≠ modeste<br />

– puissant = fort ≠ faible<br />

– spacieux = grand ≠ étroit<br />

– tranquille = calme ≠ bruyant<br />

Appliquer<br />

5 Les mots dérivés<br />

– aqua < latin => aquarelle, aquatique, aquaculture…<br />

– manus < latin => manuscrit, manuel, manucure…<br />

– carnis < latin => carnage, carnivore, carnassier, carnaval…<br />

– theos < grec => théologie, théogonie, athéisme…<br />

– cyclos < grec => cyclone, cyclope, cyclique, tricycle…<br />

– vulgus < latin => vulgariser, vulgaire, divulguer…<br />

6 Les mots composés<br />

– anthropophage et lycanthrope : en commun, mot grec<br />

anthropos : « homme » et suffixe grec -phage : « manger<br />

» => mangeur d’hommes, cannibale et préfixe lyc- :<br />

« loup » => homme loup, loup garou.<br />

– cinéma et kinésithérapeute : en commun, mot grec<br />

kinesis : « mouvement » => art de l’image en mouvement,<br />

cinéma et radical grec therapein : « soigner »<br />

= soigner le mouvement => personne qui soigne en<br />

rééduquant aux mouvements.<br />

– humilier et posthume : en commun, mot latin humus :<br />

« terre », humilis (adj. latin) « près de la terre »<br />

=> mettre quelqu’un à terre, le rabaisser et préfixe latin<br />

post- : « après » = après l’inhumation.<br />

– métamorphose et amorphe : en commun, mot grec<br />

morphé : « forme » et préfixe grec meta- : « au-delà »<br />

=> au-delà de la forme habituelle => transformation et<br />

préfixe grec a- : « sans » => sans forme, indéfinissable.<br />

– polychrome et monochrome : en commun, mot grec<br />

chrome : « couleur » et préfixe grec poly- : « plusieurs<br />

» => de couleurs différentes et préfixe grec<br />

mono : « seul » = d’une seule couleur.<br />

7 Préfixes et suffixes<br />

Préfixes<br />

latins grecs<br />

Sens Exemples de mots comportant ces préfixes<br />

anti- contre antiphrase, antipathie, antithèse<br />

ex- hors de, de extraire, essouffler, excentrique<br />

hypo- sous hypoténuse, hypotension, hypocrite<br />

in- (deux sens) dans<br />

incorporer, importer, imbiber<br />

non<br />

inactif, immoral, impur<br />

multi- beaucoup multicolore, multiplicité, multicouche<br />

para- à côté de paradoxe, parasol, parachute<br />

péri- autour de périmètre, périphrase, péristyle<br />

poly- beaucoup polyglotte, polymorphe, polythéisme<br />

syn- avec synthèse, syllabe, symptôme<br />

télé- loin télégramme, téléguider, télévision<br />

Suffixes<br />

latins grecs<br />

Sens Exemples de mots comportant ces suffixes<br />

-cide qui tue insecticide, suicide, pesticide<br />

-doxe opinion paradoxe, orthodoxe, hétérodoxe<br />

-fère qui porte mammifère, conifère, carbonifère<br />

-logie science étymologie, géologie, biologie<br />

-phage qui mange anthropophage, œsophage, chronophage<br />

-phile qui aime xénophile, zoophile, bibliophile<br />

-phobe qui a peur agoraphobe, xénophobe, homophobe<br />

-vore qui dévore carnivore, herbivore, frugivore<br />

191


8 Le rôle des suffixes<br />

a. compréhens-if : qui a la faculté de comprendre les<br />

autres / compréhens-ible : qui peut être compris<br />

express-if : qui a la faculté d’exprimer / exprim-able :<br />

qui peut être exprimé<br />

origin-al : unique, issu d’un premier auteur / origin-el :<br />

issu de l’origine<br />

respect-able : qui peut être respecté / respect-ueux :<br />

plein de respect<br />

xéno-phile : qui apprécie les étrangers / xéno-phobe :<br />

qui a peur des étrangers<br />

b. Le professeur s’est montré compréhensif quand<br />

l’élève a rendu son devoir en retard. Il aurait pourtant<br />

été compréhensible qu’il le sanctionnât.<br />

L’autoportrait de ce peintre est expressif, on perçoit<br />

toute sa tristesse à travers son regard. Pour certains<br />

hommes, les sentiments ne sont pas exprimables par<br />

les mots.<br />

Le notaire juge respectables les dernières volontés du<br />

défunt. Un silence respectueux régnait pendant l’office<br />

religieux.<br />

9 La formation des antonymes<br />

a. inimitié ; postérieur/ultérieur ; inapproprié ;<br />

débarquer ; malheureux ; hypercalorique ; extérieur ;<br />

illisible ; macrocosme ; philanthrope ; immoral.<br />

b. hypercalorique et macrocosme (lexique scientifique) ;<br />

philanthrope (lexique philosophique) => étymologie<br />

grecque.<br />

10 Synonymes et langage soutenu<br />

R. Queneau, Zazie dans le métro<br />

exhale une odeur fétide ; dame ; monsieur ; chère<br />

madame ; avait le sens de la répartie ; infester ; mégère ;<br />

j’entends ; chère madame ; éclipse ; méprends ; chère<br />

madame ; méprends.<br />

=> décalage burlesque qui renforce le comique.<br />

11 Dénotation et connotation<br />

Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves<br />

1. La noblesse : règne (l. 3), prince (l. 3), duchesse (l. 5)<br />

=> cadre temporel et rang des personnages.<br />

2. Connotation méliorative qui évoque la richesse<br />

et l’amour : magnificence (l. 1), galanterie (l. 1), tant<br />

d’éclat (l. 2), galant, bien fait, amoureux (l. 4), passion<br />

(l. 4), éclatants (l. 8).<br />

3. Univers idéal, proche des contes de fées.<br />

192<br />

12 Connotations et symboles<br />

É. Zola, Germinal<br />

1. Misère, homme démuni : tête vide d’ouvrier sans<br />

travail et sans gîte (l. 1-2), pris de crainte (l. 7), besoin<br />

douloureux (l. 8). Connotation péjorative, registre<br />

pathétique.<br />

2. Le froid et la chaleur : froid (l. 2) / feux rouges (l. 5),<br />

brasiers (l. 5), brûlant (l. 6), se chauffer (l. 8).<br />

3. Nom polysémique : feux (l. 5) = sources de chaleur<br />

et de lumière (métaphore de l’enfer) et tirs, combats<br />

=> danger attesté par la réaction du héros : il hésita<br />

(l. 7) et par son sentiment : pris de crainte (l. 7).<br />

Écrire<br />

13 L’analyse du vocabulaire<br />

L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit<br />

1. Cadre urbain : quartier (l. 1), portes (l. 3), Banque<br />

(l. 9), guichet (l. 14).<br />

Religion : miracle (l. 2), Saint-Esprit (l. 4-5), fidèles<br />

(l. 9), se confessent (l. 13), Hostie (l. 15).<br />

=> métaphore filée :<br />

– la monnaie = dieu : le Dollar (l. 4) => majuscule et<br />

métaphore en apposition, un vrai Saint-Esprit (l. 4-5) ;<br />

– Banque (l. 9) = église avec la majuscule et l’adjectif<br />

possessif leur ;<br />

– guichet = confessionnal (l. 11-15) ;<br />

– billets = Hostie de la communion (l. 15-16).<br />

2. Entraînement au commentaire. Contenu possible du<br />

§ de commentaire :<br />

– argument : admiration, émerveillement du narrateur<br />

personnage Bardamu ;<br />

– exemples : vocabulaire mélioratif : rempli d’or (l. 1),<br />

un vrai miracle (l. 1-2), plus précieux (l. 5), bien douces<br />

(l. 14), hautes arches (l. 15) ; métaphore filée d’ordre<br />

religieux => caractère sacré de l’endroit et caractère<br />

divin de l’argent, ironie du niveau de langue familier :<br />

élision : qu’en (l. 1), tournure familière : et même que<br />

(l. 2), quoi (l. 13) ; regard critique sur des employés<br />

exploités et des clients infantilisés : brièveté de la<br />

phrase : Ils sont tristes et mal payés (l. 8) ; vocabulaire<br />

de la petitesse : Pas beaucoup (l. 13), un tout minuscule<br />

(l. 14).<br />

Remarque : texte très riche => un exemple de ce relevé<br />

nourrirait bien l’ensemble d’un § de commentaire.<br />

Prolongement : réécrire le texte de Céline en langage<br />

soutenu.


Fiche 2<br />

queSTioNS<br />

É. Zola, Thérèse Raquin<br />

1. Verbe et adjectif qualificatif. Ici : adjectif, épithète<br />

liée au nom égoïste.<br />

2. Préposition ; elle relie le verbe aimer à l’adjectif<br />

égoïste.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 345<br />

meTTre Au poiNT<br />

Classe et fonction grammaticales<br />

➜ Livre de l’élève, p. 343<br />

1 Les classes de mots<br />

F. Rabelais, Gargantua<br />

1.<br />

Mots variables Mots invariables<br />

ce (pronom démonstratif) ici (adverbe)<br />

venant (verbe)<br />

pendant (préposition)<br />

qui (pronom relatif) qu’ (conjonction de<br />

potager (nom)<br />

subordination)<br />

petits (adjectif)<br />

aussi (adverbe)<br />

les (article défini) ou (conjonction<br />

on (pronom personnel de coordination)<br />

indéfini)<br />

y (adverbe)<br />

sa (déterminant possessif) six (déterminant numéral)<br />

ni (conjonction de<br />

coordination)<br />

2. que : conjonction de subordination ou pronom relatif.<br />

3. du = de (préposition) et le (article défini).<br />

4. Prépositions du texte : à (l. 1) => GN ; de (l. 2)<br />

=> nom propre ; près de (l. 2) => nom propre ; pour<br />

(l. 2, 7) => verbe ; pendant (l. 3) => GN ; de et des (l. 3)<br />

=> nom ; dans (l. 4, 10) => GN ; sur (l. 4) => GN ; entre<br />

(l. 5) => GN ; du (l. 8) => nom ; en (l. 11) => nom.<br />

5. en (l. 10) : pronom reprenant le GN les plus belles et<br />

grandes [laitues] du pays (l. 8) / en (l. 11) : préposition.<br />

2 Les fonctions grammaticales<br />

C. Lévi-Strauss, Tristes tropiques<br />

1. Attributs du sujet les Indiens du Tibagy (l. 1) : des<br />

« vrais Indiens » (l. 2), des « sauvages » (l. 3).<br />

Attributs du COD les (l. 6, 7) : intacts (l. 7), secrets (l. 8).<br />

2. grande (l. 1), vrais (l. 2), naïve (l. 4), débutant (l. 4),<br />

futures (l. 5), extérieure (l. 8).<br />

3. Complément du nom Indiens : du Tibagy (l. 1).<br />

4. COD du verbe trouver et COD du verbe découvrir.<br />

5. me : COS du verbe donnaient (l. 5) ; une leçon : COD du<br />

verbe donnaient (l. 5) ; d’objectivité : complément du<br />

nom leçon (l. 6).<br />

Appliquer<br />

3 Sujets et compléments d’agent<br />

C. de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion<br />

1. Pronom impersonnel : il (l. 1, 5).<br />

Pronoms personnels : on (l. 1), j’ (l. 2), je (l. 3, 7), il (l. 7).<br />

Pronom démonstratif : c’ (l. 3).<br />

Pronom relatif : qui (l. 4 et 8).<br />

Groupes nominaux : une seule goutte d’eau (l. 6), la<br />

pluie tout entière (l. 6-7).<br />

2. À mon avis, jamais il n’eût plu assez fort pour qu’il fût<br />

traversé par une seule goutte d’eau…<br />

4 Compléments du nom ou du verbe ?<br />

É. Zola, « Une victime de la réclame »<br />

1. a. Qui et dont = un brave garçon.<br />

b. Dont = la vie (du brave garçon).<br />

2. (l’âge) de raison (l. 3), (le plan) de mon existence<br />

(l. 4), (les bienfaits) de mon âge (l. 5-6), (les réclames)<br />

des journaux et des affiches (l. 11-12), (code) de sa vie<br />

(l. 12), (la grande voix) de la publicité (l. 15).<br />

3. rien (adverbe) : COD du verbe acheter.<br />

par la grande voix de la publicité (GN) : complément<br />

d’agent du verbe recommander à la voix passive.<br />

4. COD du verbe décidait : le (l. 13).<br />

COI du verbe conseilleront : me (l. 9).<br />

=> pronoms personnels compléments qui remplacent<br />

des noms et se placent toujours devant les verbes.<br />

5 Attributs et compléments d’objet<br />

V. Hugo, L’Homme qui rit<br />

1. a. Attributs des sujets => renforce l’opposition entre<br />

Gwynplaine et les lords.<br />

b. l’avocat désespéré (l. 15), attribut du pronom sujet je.<br />

193


2. Je viens vous (COS) dénoncer votre bonheur (COD)<br />

(l. 12-13).<br />

Et qui empêchera cette fronde (COD) de jeter le soleil<br />

(COS) dans le ciel ? (l. 6-7)<br />

3. Vous profitez de la nuit (l. 3) : groupe nominal ; ce<br />

tout se compose du rien des autres (l. 14-15) : GN formé<br />

à partir d’un pronom indéfini substantivé, rien.<br />

6 La classe des compléments<br />

circonstanciels<br />

F.-R. de Chateaubriand, René<br />

1. Compléments circonstanciels de temps : bientôt<br />

(l. 2) complète le verbe plonger ; quelquefois (l. 5, 7)<br />

complète les verbes rougir et pousser des cris.<br />

Compléments circonstanciels de manière : ainsi (l. 3)<br />

complète le verbe dire ; subitement (l. 6) complète le<br />

verbe rougir ; également (l. 9) complète le verbe troubler.<br />

encore (l. 4) nuance le sens du verber aimer ; presque<br />

nuance le sens de l’adjectif impossible (l. 2).<br />

2. pour remplir l’abîme de mon existence (l. 10-11) :<br />

c. c. de but ; dans la vallée (l. 11), sur la montagne (l. 12) :<br />

c. c. de lieu ; de toute la force de mes désirs (l. 12-13) :<br />

c. c. de manière.<br />

Il me manquait vraiment [intensité] quelque chose<br />

pour remplir l’abîme de mon existence : quelquefois<br />

[temps], je descendais dans la vallée, je m’élevais sur<br />

la montagne, appelant de toute la force de mes désirs<br />

l’idéal objet d’une flamme future.<br />

194<br />

Écrire<br />

7 Classe, fonction et style<br />

G. Flaubert, Salammbô<br />

1. Lourdes et tièdes : adjectifs qualificatifs, épithètes<br />

liées à masses ; pressés : participe passé, épithète<br />

liée à rayons ; de tous les édifices : groupe nominal,<br />

complément du nom angles ; gros et écumeux : adjectifs<br />

qualificatifs, épithètes liées à jets ; blanchâtres et<br />

suspendues : adjectif qualificatif et participe passé,<br />

épithètes liées à nappes ; des temples : groupe<br />

nominal, complément du nom toits ; lavés : participe<br />

passé, épithète détachée de toits ; des éclairs : groupe<br />

nominal, complément du nom lueur ; mille : déterminant<br />

numéral du nom chemins ; qui couraient… : proposition<br />

subordonnée relative, épithète détachée de ruisseaux.<br />

2. Expansions du nom => détails nécessaires à la<br />

description du cadre urbain envahi par la pluie.<br />

3. Adverbes et verbes.<br />

Ex. : des maisons s’écroulaient tout à coup (l. 10-11) où<br />

la locution adverbiale dénote le cataclysme qui s’abat<br />

sur la ville.<br />

Ex. : La pluie battait les terrasses et débordait (l. 1).<br />

Ces verbes d’action personnifient la pluie qui menace<br />

la ville.<br />

4. Entraînement au commentaire. Contenu du § de<br />

commentaire :<br />

– argument : omniprésence de la pluie pressante qui<br />

menace la ville décrite ;<br />

– exemples : nombreux compléments circonstanciels<br />

de lieu (dans les cours, l. 2 ; sur les escaliers, l. 3 ; contre<br />

les murs, l. 6)…, lexique du danger : verbes d’action<br />

(battait, l. 1 ; se versait, l. 4 ; couraient, l. 12), connotation<br />

de grandeur des adjectifs (lourdes, l. 4 ; gros, l. 5),<br />

rapidité du déluge : énumération (l. 1-3), complément<br />

circonstanciel de temps (tout à coup, l. 10-11) et de<br />

manière (impétueusement, l. 13).<br />

8 Classe, grammaire et poésie<br />

A. de Musset, Poésies complètes,<br />

« Ballade à la lune »<br />

1. 1 re strophe : dans la nuit brune (c. c. de temps) ; Sur le<br />

clocher jauni (c. c. de lieu) ; La lune (attribut du sujet) ;<br />

Comme un point sur un i (c. c. de manière).<br />

2 e strophe : esprit sombre (sujet) ; au bout d’un fil<br />

(c. c. de lieu) ; Dans l’ombre (c. c. de lieu) ; ta face et ton<br />

profil (double COD).<br />

2. Entraînement au commentaire. Contenu possible<br />

d’un § de commentaire = 3 arguments avec leurs<br />

exemples :<br />

– suspense lié à la distance entre le présentatif C’était<br />

(v. 1) et l’attribut du sujet La lune (v. 3) : deux c. c. de lieu<br />

les séparent = distance concrète ;<br />

– images originales : comparaison : Comme un point<br />

sur un i (v. 4) et personnification : Ta face et ton profil<br />

(v. 8) ;<br />

– changement de point de vue d’une strophe à l’autre :<br />

Lune vue extérieurement dans la 1 re strophe, mais<br />

interpellée par l’apostrophe du vers 5 ;<br />

– mélange de gravité (sombre, v. 5) et de légèreté<br />

(point sur un i, v. 4).<br />

Prolongement : à la manière de Musset, rédiger une<br />

poésie sur le soleil, en jouant sur les mots et leurs<br />

sonorités.


Fiche 3<br />

queSTioNS<br />

Voltaire, Candide<br />

1. Phrases exclamatives et phrase interrogative<br />

=> étonnement et indignation.<br />

2. Phrase déclarative.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 349<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 Les types de phrase au théâtre<br />

J.-P. Sartre, Huis clos<br />

1. Interrogatives, l. 1, 6, 8, 14, 18 ; déclaratives, l. 2, 4,<br />

5, 7, 9, 10-11… ; exclamatives, l. 3, 12 ; impérative, l. 10<br />

=> variations de types de phrase, rythme soutenu de<br />

la scène.<br />

2. a. Didascalies : indications rapides et non rédigées<br />

pour la mise en scène.<br />

Ex. : À Inès (l. 5) avec le verbe dire sous-entendu pour<br />

préciser à qui parle Estelle.<br />

b. Réponses précises aux questions = phrases non<br />

verbales :<br />

– Une pneumonie (l. 2) => Je suis mort d’une pneumonie<br />

;<br />

– Le gaz (l. 7) => Je me suis suicidé au gaz ;<br />

– Douze balles dans la peau (l. 9) => on m’a achevé de<br />

douze balles dans la peau ;<br />

– Que de poignées de main (l. 4) => que de poignées<br />

de main mon mari a données !<br />

– Et vous ? (l. 6, 8) => qu’en est-il, de votre côté ?<br />

3. Que de poignées de main (l. 4) => Que = adverbe<br />

exclamatif.<br />

Appliquer<br />

La syntaxe<br />

➜ Livre de l’élève, p. 347<br />

2 Phrases simples ou complexes<br />

dans la nouvelle<br />

M. Yourcenar, Nouvelles orientales, « Comment Wang-<br />

Fô fut sauvé »<br />

1. Lignes 8 à 10. Phrase enrichie par trois comparaisons.<br />

2. Deuxième phrase : 2 points => 2 e proposition = conséquence<br />

de la 1 re .<br />

3. Quand il eut quinze ans, son père lui choisit une<br />

épouse et la prit très belle, car l’idée du bonheur<br />

qu’il procurait à son fils le consolait d’avoir atteint<br />

l’âge où la nuit sert à dormir. (l. 4-8).<br />

4. Proposition subordonnée circonstancielle de<br />

comparaison : comme on aime un miroir (l. 16)<br />

= conjonction de subordination et pronom personnel<br />

sujet et verbe au présent de l’indicatif et GN COD.<br />

Proposition de temps : Quand il eut quinze ans (l. 4-5)<br />

= conjonction de subordination et pronom personnel<br />

sujet et verbe au passé simple et GN COD.<br />

5. Syntaxe complexe : nombreuses propositions<br />

subordonnées et emboîtées.<br />

3 Syntaxe et poésie en prose<br />

C. Baudelaire, Le Spleen de Paris<br />

1. 1 re phrase : proposition principale et proposition<br />

subordonnée relative ayant pour antécédent hôpital<br />

(l. 1). Reliées par l’adverbe relatif où (l. 1).<br />

2 e phrase : deux propositions coordonnées et proposition<br />

complétive COD dépendant de la proposition dont<br />

le verbe est croit (l. 3). La conjonction de coordination<br />

et (l. 3) relie les deux 1 res propositions, et la conjonction<br />

qu’ (l. 3) délimite la complétive.<br />

2. que (l. 5) : conjonction de subordination introduisant<br />

une proposition subordonnée complétive.<br />

que (l. 7) : pronom relatif au début d’une subordonnée.<br />

3. qu’elle est bâtie en marbre, et que le peuple y a une<br />

telle haine du végétal… (l. 11-12) : COD de dire.<br />

4. Puisque tu aimes tant le repos (l. 17) : proposition,<br />

complément circonstanciel de cause.<br />

5. Syntaxe propre au récit, mais l’on parle de poésie en<br />

prose :<br />

– images originales : métaphores de la vie comme un<br />

hôpital (l. 1), des ports comme des forêts de mâts (l. 22),<br />

l’âme est personnifiée (l. 8) ;<br />

– échos musicaux : allitération en [l] : la lumière et le<br />

minéral, et le liquide pour les réfléchir (l. 14-15) ; allitération<br />

en [m] : toi qui aimes les forêts de mâts, et les<br />

navires amarrés au pied des maisons (l. 21-23) ; écho<br />

sonore entre marbre (l. 12) et arbres (l. 13).<br />

195


4 La syntaxe du monologue<br />

A. de Musset, Fantasio<br />

1. Phrases exclamatives (l. 1-2, 11) => enjouement<br />

de Fantasio qui a trouvé une cachette pour éviter ses<br />

créanciers et se délecte de son métier de bouffon.<br />

2. lorsque j’ai pris ce costume et que je me suis<br />

présenté au palais (l. 2-3) et tant que je garderai ma<br />

bosse et ma perruque (l. 15-16) => Fantasio a enfilé<br />

le costume de bouffon sur un coup de folie, mais il s’en<br />

félicite car il passe ainsi inaperçu.<br />

3. comme si je l’avais habité toute ma vie (l. 7-8)<br />

=> Fantasio s’adapte facilement, il se sent très à l’aise<br />

dans le palais.<br />

4. son bouffon étant mort (l. 10) => univers où la place<br />

du bouffon est minime. L’un remplace l’autre sans que<br />

le roi ne s’en rende compte.<br />

196<br />

Écrire<br />

5 Syntaxe et argumentation<br />

Alain, Propos sur le bonheur, « L’art d’être heureux »<br />

1. Deuxième et dernière phrases. Conjonctions : mais<br />

(l. 4), Car (l. 19), et (l. 21).<br />

2. Propositions subordonnées circonstancielles :<br />

– de temps : quand le malheur vous tombe sur la tête<br />

(l. 2-3), quand les circonstances sont passables et que<br />

toute l’amertume de la vie se réduit à de petits ennuis<br />

et de petits malaises (l. 4-7) ;<br />

– de concession : quand même ce serait en termes<br />

choisis (l. 12) ;<br />

– d’opposition : même s’ils cherchent de telles confidences<br />

(l. 18-19), même s’ils semblent se plaire à<br />

consoler (l. 19).<br />

3. Constructions emphatiques :<br />

– balancement Non pas / mais et anaphore de l’art<br />

d’être heureux (l. 2-7) : rejet de la conception philosophique<br />

des stoïciens, avant de présenter la sienne en<br />

toute modestie ;<br />

– présentatifs : c’est que (l. 16), et c’est (l. 21).<br />

4. Écriture d’invention<br />

Deuxième règle : garder le sourire.<br />

Procédés à mettre en œuvre : énumérations, phrases<br />

complexes, propositions de condition, comparaison...<br />

Exemple :<br />

La deuxième règle serait de garder le sourire en<br />

toutes circonstances, dans les moments de joie ou<br />

d’allégresse comme dans les moments tristes ou<br />

éprouvants. Avoir l’air heureux est un premier pas<br />

sur le chemin du bonheur. Les apparences sont<br />

certes souvent trompeuses mais elles constituent<br />

la première approche, la première impression sur<br />

laquelle les gens qui nous entourent peuvent se fonder,<br />

et ce, même s’ils ne nous connaissent pas.<br />

Prolongement : reformuler le premier paragraphe<br />

du texte d’Alain en évitant la répétition de l’art d’être<br />

heureux (l. 1, 2, 4).


Fiche 4<br />

queSTioNS<br />

D. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville<br />

1. Le conditionnel.<br />

2. Le subjonctif ; l’impératif.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 353<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 Les temps verbaux dans le récit<br />

G. Sand, La Mare au diable<br />

La morphologie et les temps verbaux<br />

➜ Livre de l’élève, p. 351<br />

1. a. Classement chronologique des verbes d’action du<br />

début du 2e § : avait dit (l. 13-14), aurait à descendre…<br />

à traverser (l. 14-15), s’était perdu (l. 12), eut trouvé<br />

(l. 10), était (l. 12), chercha (l. 11), s’aperçut (l. 12).<br />

Remarque : le futur dans le passé (l. 14 et 15) est une<br />

virtualité qui ne peut être classé chronologiquement.<br />

b. Indicatif, passé antérieur.<br />

2. À la sortie des bois, vous aurez à descendre un<br />

bout de côte très raide, à traverser une immense<br />

prairie et à passer deux fois la rivière à gué. Je<br />

vous recommande d’entrer dans cette rivière avec<br />

précaution, parce qu’au commencement de la saison<br />

il y a eu de grandes pluies, et l’eau est peut-être un<br />

peu haute.<br />

3. Subjonctif imparfait = concordance des temps dans<br />

un texte au passé.<br />

2 Exercice de conjugaison<br />

a. Lorsque j’eus (il eut) le résultat de mon (son)<br />

examen, je fus (il fut) sous le choc, je dus (il dut)<br />

m’asseoir (s’asseoir) et je convins (il convint) de<br />

la gravité de la situation. Mes parents souhaitaient<br />

que je fisse (il fît) aussitôt mon (son) mea culpa<br />

et que je finisse (il finît) par décider de mon (son)<br />

départ pour les oraux de rattrapage. Je pris (il prit)<br />

mon (son) livret scolaire et je vis (il vit) avec effarement<br />

les notes que j’avais (qu’il avait) obtenues.<br />

b. Son maître lui dit qu’il devrait combattre l’impossible<br />

le lendemain, que cette mission serait très dangereuse.<br />

– « Le Diable conviendra sûrement d’une alliance<br />

avec Nosferatu ! », s’exclama-t-il avec une crainte<br />

non dissimulée. Il poursuivit en affirmant que le<br />

monde verrait ainsi le chaos s’installer et le Diable<br />

finirait par asseoir son pouvoir. Il aurait alors la<br />

force suprême.<br />

– « Je prendrai tous les risques pour sauver le<br />

monde de ce chaos annoncé. Je ferai l’impossible »,<br />

déclara-t-il avant de s’en aller.<br />

c. Retardé, j’ai convenu avec Adam avant qu’il ait<br />

fini sa journée, que nous nous retrouverions sur la<br />

place de l’église avant minuit. J’ai été soulagé qu’il<br />

m’ait vu dans l’ombre. J’ai fait quelques pas en sa<br />

compagnie, puis il a dû m’avouer qu’il était bien<br />

trop tard pour lui. Il était heureux que son père ait<br />

pris cette décision d’un couvre-feu même s’il ne la<br />

respectait pas du tout, qu’il ait eu l’intelligence de<br />

poser des limites. À ce moment-là, j’ai été conscient<br />

du paradoxe qu’il représentait à lui tout seul.<br />

Appliquer<br />

3 L’art du portrait<br />

H. de Balzac, Le Colonel Chabert<br />

1. Imparfait de description.<br />

2. a. Conditionnel passé : vous eussiez dit (l. 5), un<br />

homme d’imagination aurait pu (l. 12) ; conditionnel<br />

présent : aucune parole humaine ne pourrait (l. 25).<br />

Remarque : pas de subjonctif.<br />

b. Sujets extérieurs à l’histoire proprement dite, prise<br />

à témoin du lecteur invité à observer de lui-même la<br />

réalité décrite.<br />

4 Le questionnaire de Proust<br />

a. Si j’avais à apprécier une qualité particulière chez<br />

mes amis, ce serait leur gentillesse.<br />

b. Si je devais choisir une occupation préférée, j’opterais<br />

sans hésiter pour la lecture.<br />

c. Si je pouvais être quelqu’un d’autre, je voudrais être<br />

un philosophe des Lumières.<br />

d. Si je devais vivre ailleurs, j’irais habiter en Bretagne,<br />

au bord de la mer.<br />

Prolongement : rédiger, sous forme de dialogue,<br />

un interrogatoire de police entre un commissaire et<br />

Arsène Lupin à propos d’un cambriolage, en respectant<br />

la concordance des temps.<br />

197


Fiche 5<br />

198<br />

queSTioNS<br />

Fontenelle, Histoire des oracles<br />

1. & = et ; Chrestiens = chrétiens ; ny = ni ; mesme<br />

= même ; manquast = manquât ; Historiens = historiens.<br />

2. La voyelle est suivie d’un s.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 356<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 Les homonymes<br />

a. chêne – chaîne (ou chaine). b. résonner – raisonner.<br />

c. cours – court. d. air – aire.<br />

2 L’accent circonfl exe<br />

hôpital : hospitalier ; intérêt : intéresser ; bête : bestial ;<br />

ancêtre : ancestral ; goût : gustatif ; prêt : prestataire ;<br />

vêtement : vestimentaire.<br />

Remarque : la réforme de l’orthographe autorise la<br />

graphie gout (disparition de l’accent circonflexe sur les<br />

i et u, s’il n’y a pas de risque d’homophonie).<br />

Appliquer<br />

L’orthographe<br />

➜ Livre de l’élève, p. 354<br />

3 Les paronymes<br />

– Mes parents ont emmené ma cousine ; elle connaissait<br />

un raccourci pour nous amener jusqu’à la plage.<br />

– L’affl uence des spectateurs a été impressionnante<br />

pour ce fi lm dont le réalisateur a revendiqué l’infl uence<br />

de Charlie Chaplin.<br />

– Le comportement de cet élève a tellement affligé le<br />

professeur qu’il s’est senti obligé de lui infliger une<br />

punition.<br />

4 Les adjectifs de couleur<br />

P. Loti, Vers Ispahan<br />

Ligne 1 : palais (homonyme : palet), Mille (adjectif<br />

numéral invariable).<br />

Ligne 2 : frêles (accent circonflexe).<br />

Ligne 4 : achéménide (adjectif savant).<br />

Ligne 5 : c’est (homonyme : s’est), l’Orient (majuscule).<br />

Ligne 6 : fut (homonyme : fût), or (adjectif de couleur<br />

invariable).<br />

Ligne 8 : mosaïques (tréma).<br />

Ligne 10 : Perse (majuscule), sont (homonyme : son).<br />

Ligne 11 : ou (homonyme : où).<br />

Ligne 12 : soie vert jade (adjectif de couleur invariable).<br />

Ligne 13 : roses (adjectif de couleur variable).<br />

5 L’accord du participe passé<br />

G. de Maupassant, Une vie<br />

1. songé, maniés (accord avec le COD antéposé des<br />

riens), traîné, vus (accord avec le COD antéposé ces<br />

vieux petits objets insignifiants), fréquentés (accord<br />

avec le COD antéposé ces gens), révélés (accord avec<br />

le sujet : le pronom réfléchi renvoyant au sujet), fêlé,<br />

cassée (accord avec le COD antéposé la canne), gonflé.<br />

2. qui me suis acheté ; s’est appropriée ; s’était gorgé<br />

de pluie.<br />

Écrire<br />

6 Langage SMS et orthographe<br />

1. La typographie : mélange de chiffres et de lettres,<br />

de majuscules (à prononcer comme les lettres de<br />

l’alphabet / transcription phonétique) et de minuscules.<br />

2. a. Aujourd’hui, je dois aller acheter un dictionnaire<br />

pour le cours de français.<br />

b. J’ai fait la fête hier ; j’ai dépensé beaucoup d’argent<br />

en cadeaux.<br />

c. Ma mère m’a trouvé du travail dans un café.<br />

d. Salut, ça va ? Je t’invite chez moi à prendre l’apéritif<br />

avant d’aller au cinéma. À tout de suite.<br />

3. Paragraphe argumentatif. Thèse : La langue se définit<br />

comme une convention essentielle et formatrice.<br />

1 er argument : la néographie rompt cet accord en<br />

changeant les usages et en se jouant des règles de<br />

l’orthographe.<br />

Ex. : libertés dans l’orthographe des mots : « alé »<br />

= « aller »…<br />

2 e argument : la néographie risque de perturber<br />

l’apprentissage de la langue en touchant les enfants<br />

alors qu’ils sont dans cette phase esentielle d’acquisition<br />

des règles fondamentales.


Ex. : impact sur l’apprentissage du français au collège.<br />

3 e argument : elle appauvrit le langage écrit en<br />

réduisant le nombre de mots.<br />

Ex. : situation à comparer avec la novlangue présentée<br />

par George Orwell dans son roman 1984.<br />

Antithèse : le style SMS est bien utile pour affronter<br />

l’évolution du monde moderne.<br />

1 er argument : elle est destinée à d’autres usages<br />

instantanés, elle remplace la parole.<br />

Ex. : 160 caractères uniquement par économie de<br />

temps et d’énergie.<br />

Fiche 6<br />

queSTioNS<br />

C. Perrault, Contes de ma mère l’Oye, « Les fées »<br />

1. Le pronom je, l’incise avec le verbe de prise de parole<br />

dit, l’adresse au destinataire par le pronom vous et<br />

Madame = indices de la présence du locuteur.<br />

2. lui dit cette brutale orgueilleuse => regard critique<br />

du narrateur (mots péjoratifs : brutale, orgueilleuse).<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 359<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 La communication au théâtre<br />

J. Racine, Les Plaideurs<br />

1. Indices de l’énonciation : pronoms personnels de la<br />

1 re et de la 2 e personne : je (v. 1, 9, 10), vous (v. 2-3), tu<br />

(v. 4, 5, 11), nous (v. 8, 16) ; repères spatio-temporels :<br />

tantôt (v. 3), la fin de décembre (v. 16) ; présent de<br />

l’énonciation : Je veux (v. 1), Crois-tu (v. 5)…<br />

Locuteur : Dandin ; destinataire : Léandre.<br />

2. a. Contexte : ici et maintenant.<br />

Message : le métier de juge lui permet de subvenir aux<br />

besoins de son fils.<br />

Contact : la répétition de repos (v. 2, 4), les interjections<br />

Ah ! fi ! (v. 10).<br />

Code : langue française.<br />

2 e argument : elle oblige la langue française à se<br />

renouveler en faisant preuve d’inventivité. Une<br />

langue est justement vouée à évoluer.<br />

Ex. : associer les chiffres et les lettres : « ojourd8 »<br />

= « aujourd’hui »<br />

Prolongement : organiser un jeu de rôles à partir de<br />

l’argumentation sur le langage SMS, débat dans une<br />

émission télévisée avec le présentateur qui mène les<br />

échanges, le linguiste, le professeur, les parents, les<br />

élèves… chacun ayant une opinion sur le sujet, et des<br />

exemples liés à son rôle.<br />

L’énonciation, la communication<br />

et la modalisation<br />

➜ Livre de l’élève, p. 357<br />

b. Fonction conative : impératifs Regarde (v. 12),<br />

Compare (v. 14) …<br />

Fonction expressive : colère de Dandin avec les exclamations<br />

sur toi tu veux régler ton père ! (v. 4), l’interrogation<br />

(v. 5-7).<br />

3. Présent de l’indicatif (Je veux, v. 1 ; Ma robe vous fait<br />

honte, v. 10, etc.) => fonction référentielle et présent de<br />

l’impératif (Donnez-vous du repos, v. 2 ; Compare prix<br />

pour prix, v. 14…) => fonction conative.<br />

4. tantôt (v. 3) ancre le propos dans la situation<br />

d’énonciation => repère temporel qui indique l’avenir<br />

proche.<br />

Appliquer<br />

2 Communication et bande dessinée<br />

Hergé, Le Temple du soleil<br />

1. Dialogue de sourds => La communication ne passe<br />

pas.<br />

Fonctions phatique et conative chez Tintin (apostrophe,<br />

je t’adjure…) ; expressive chez Haddock (pauvre) ;<br />

métalinguistique défaillante chez Tournesol (mais<br />

non, mais non : rectification injustifiée).<br />

2. Haddock : Imbécile, n’as-tu pas une autre solution<br />

pour nous libérer ?<br />

Tournesol : Soyez patients. Avec les températures cette<br />

nuit, nos liens vont geler…<br />

199


3 Énonciation et récit<br />

P. Modiano, Dora Bruder<br />

1. Présent, imparfait, passé composé. Présent (je le<br />

connais, l. 11…) et passé composé (j’ai lu, l. 4…) sont<br />

rattachés à la situation d’énonciation.<br />

2. a. « D’hier à aujourd’hui » => mention du passé<br />

dans le présent. Souvenirs de l’auteur justifiés, liens<br />

très forts entre l’époque de l’Occupation et le présent,<br />

dans les romans de Modiano. Le passé composé qui se<br />

définit comme un passé ayant des conséquences dans<br />

le présent, est pleinement justifié.<br />

b. Indices de la présence du locuteur : je (l. 2, 11, 12…)<br />

et repères temporels : Il y a huit ans (l. 1), depuis<br />

longtemps (l. 12), Je me souviens (l. 22).<br />

3. Passages coupés de la situation d’énonciation =<br />

passages narratifs :<br />

– texte relatant ses souvenirs d’enfance (l. 12-25) ;<br />

– souvenir du passé = phrase non verbale, mais implicitement<br />

au passé (l. 24-25).<br />

4 Modalisation et autobiographie<br />

J.-J. Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire<br />

1. Omniprésence du locuteur avec la première personne :<br />

je (l. 1, 2, 3…), repères temporels : aujourd’hui (l. 3), dix<br />

ans (l. 15).<br />

2. Phrases exclamative (l. 1), interrogatives (l. 1-2, 2-3,<br />

3-12) et déclaratives (l. 12 à la fin).<br />

3. Lignes 12 à 20 : passage coupé de la situation<br />

d’énonciation par la conjonction quand qui connecte<br />

le souvenir.<br />

4. a. Connotations péjoratives : monstre (l. 6),<br />

empoisonneur, assassin (l. 7), horreur (l. 8), canaille<br />

(l. 8), cracher (l. 10), enterrer (l. 11-12) => mépris, insultes<br />

subies par Rousseau qui se sent injustement persécuté.<br />

b. Point de vue extérieur, opinion publique : conditionnel<br />

je passerais (l. 5), je serais tenu pour (l. 6)… et mépris<br />

de Rousseau pour ceux qui l’insultent : canaille (l. 8),<br />

et généralisations : race humaine (l. 8), passants<br />

(l. 9), une génération tout entière (l. 10) => pensées<br />

paranoïaques.<br />

5 Récit et situation d’énonciation<br />

V. Hugo, Le Rhin, Lettres à un ami<br />

1. a. Présent (l. 3, 4, 9) => présent de narration<br />

= brusque découverte mise en valeur ; imparfait (l. 5, 8,<br />

10) => description du contexte.<br />

Plus-que-parfait (l. 6) => antériorité.<br />

200<br />

b. Énoncé ancré dans la situation d’énonciation malgré<br />

le repère temporel : L’autre semaine (l. 1). Présent et<br />

repères spatiaux : le bourg (l. 2), ma chambre (l. 2), et<br />

indices de la présence du locuteur : première personne<br />

je (l. 2, 3, 5…) donnant l’impression de lire l’événement<br />

au moment même où il se produit.<br />

2. pouvait (l. 1) : incertitude sur le moment exact de<br />

l’incendie, événement subit.<br />

Écrire<br />

6 Communication et argumentation<br />

É. Zola, préface de Thérèse Raquin<br />

1. a. Locuteur (le romancier) : indices de la première<br />

personne : je (l. 1, 3, 5, 6…), mon (l. 1), on (l. 18) et vous<br />

(l. 20).<br />

Destinataire (les lecteurs) : on (l. 1, 8, 9), vous inclus<br />

dans l’impératif Avouez (l. 18).<br />

b. Incise j’espère (l. 1) => volonté d’être compris de son<br />

lecteur ; tenté (l. 5), scrupuleusement (l. 14), simplement<br />

(l. 15) => modestie et rigueur de son entreprise ; plu<br />

(l. 4), désir (l. 11), jouissances (l. 19) => volonté de<br />

partager son plaisir.<br />

2. Un passage est coupé de la situation d’énonciation<br />

(l. 2-8), introduit par la conjonction Lorsque (l. 2)<br />

= travail de l’écrivain au moment de la création.<br />

3. D’autres modes : impératif (l. 18) et subjonctif (l. 8)<br />

=> convaincre son lecteur (fonction conative).<br />

4. Oral. Contraintes du sujet :<br />

– situation d’énonciation respectée : vouvoiement ;<br />

– dynamique du dialogue oral ;<br />

– cohérence avec le texte initial et utilisation du manuel<br />

➜ p. 300 et 304 ;<br />

– conviction de chacun : le journaliste maîtrise son<br />

sujet, l’auteur défend son œuvre avec énergie.<br />

Proposition de début de dialogue :<br />

Le JournaListe : Nous accueillons aujourd’hui Émile<br />

Zola pour la sortie de son premier roman, Thérèse<br />

Raquin, l’histoire d’une jeune femme qui trompe son<br />

mari avant de le tuer et de sombrer dans la folie<br />

avec son amant.<br />

Monsieur Zola, quelle idée vous est donc passée par<br />

la tête en inventant une pareille histoire ?<br />

ÉmiLe ZoLa : Monsieur, ce n’est pas une idée, une<br />

opinion ou une trouvaille, c’est la science dont j’ai<br />

voulu présenter l’œuvre. La science avec l’analyse<br />

de deux tempéraments différents : Thérèse et sa<br />

nature nerveuse, Laurent et sa nature sanguine.<br />

Le JournaListe, dubitatif : De la science, cette histoire


immorale ? (comptant sur ses doigts) Au moins<br />

deux mensonges, deux ou trois scènes de pornographie,<br />

un meurtre, deux suicides !<br />

ÉmiLe ZoLa : Que diable ! Avez-vous lu ce roman avec<br />

soin ? Vous y auriez vu l’étude d’un cas curieux de<br />

physiologie, c’est l’organisme de ces personnages<br />

qui les amène à de tels actes ! Un homme puissant !<br />

Une femme inassouvie ! Des bêtes ! J’ai travaillé<br />

Fiche 7<br />

queSTioNS<br />

C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « À une passante »<br />

1. COD : La douceur qui fascine et le plaisir qui tue (v. 3)<br />

=> mots abstraits associés à un verbe au sens concret =<br />

métaphore dépendant du verbe boire.<br />

2. fascine et tue = antithèse pour marquer les<br />

sentiments ambivalents du poète qui voit la femme<br />

comme belle et dangereuse.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 364<br />

meTTre Au poiNT<br />

Les figures de rhétorique<br />

➜ Livre de l’élève, p. 361<br />

1 Rhétorique et langage courant<br />

1. Les pieds de la chaise : personnification => idée de<br />

soutien familier offert par un objet.<br />

Boire la tasse : métaphore => image évoquant le fait<br />

d’avaler de l’eau, mais involontairement, d’où l’idée de<br />

sombrer financièrement par exemple.<br />

C’est bonnet blanc et blanc bonnet : chiasme => impression<br />

d’une différence, minime ; en fait, similarité.<br />

Craindre la grande Faucheuse : allégorie de la mort<br />

=> incarner la peur de la mort (majuscule, être animé).<br />

Décrocher la lune : métaphore et hyperbole => remporter<br />

une mise, accomplir un exploit, comme si l’on<br />

s’était offert la lune.<br />

Jeux de mains, jeux de vilains : anaphore et parallélisme<br />

=> insister par les échos sonores sur des gestes<br />

à proscrire.<br />

Jouer les gros bras : synecdoque => la partie (le bras)<br />

pour le tout (le corps musclé).<br />

comme un chirurgien sur un cadavre, je me suis livré<br />

à de véritables autopsies, ne négligeant aucun élément,<br />

notant scrupuleusement chaque détail…<br />

Prolongement : transposer et continuer le dialogue<br />

de Hergé ➜ exercice 2, p. 359 comme s’il s’agissait<br />

d’un passage de roman se déroulant au Pérou. Privilégier<br />

le registre comique ➜ p. 386.<br />

2. Antiphrase : c’est du propre !<br />

Métaphore : prendre ses jambes à son cou.<br />

Périphrase : le meilleur ami de l’homme.<br />

Euphémisme : un non-voyant.<br />

Métonymie : boire un verre.<br />

2 Rhétorique et titres d’œuvre<br />

1. a. Personnification (ou allégorie). b. Métaphore.<br />

c. Antithèse. d. Hyperbole et métaphore.<br />

2. a. Solitude associée à la femme. b. Enfants pris en<br />

chasse comme des animaux. c. Histoire de meurtre sur<br />

fond d’adultère. d. Aventures désespérantes du héros.<br />

3. Autres titres :<br />

– personnifications : « La Cigale et la Fourmi » de La<br />

Fontaine ➜ p. 111 ;<br />

– métaphore et hyperbole : « Dans la forêt des paradoxes<br />

» de J.-M. G. Le Clézio ➜ p. 163 ;<br />

– métaphore et antithèse : Les Fleurs du mal de Baudelaire<br />

➜ p. 202 ;<br />

– parallélisme et antithèse : Pars vite et reviens tard de<br />

Fred Vargas ➜ p. 325.<br />

Appliquer<br />

3 La rhétorique publicitaire<br />

1. a. Antithèse (rien ≠ tout) et parallélisme (on ne sait…<br />

on ne sait). b. Antithèse et parallélisme. c. Périphrase<br />

et personnification. d. Hyperbole. e. Anaphore et parallélisme.<br />

2. Slogans pour :<br />

– un parfum : Une oasis de senteurs dans un désert<br />

inodore ;<br />

– un téléviseur : Une image sans égale, un bonheur<br />

sans limite.<br />

201


– une fédération sportive : On dribble, on passe, on<br />

marque !<br />

– une campagne contre les addictions : Boire un océan<br />

d’alcool, abattre des forêts de cellules cérébrales. L’alcool,<br />

la drogue, deux pollutions pour l’homme !<br />

4 La rhétorique du drame romantique<br />

V. Hugo, Ruy Blas<br />

1. Énumération : voyez, regardez, ayez (v. 1) ;<br />

anaphore et parallélisme : L’Espagne et sa vertu,<br />

l’Espagne et sa grandeur (v. 2) ; énumération (v. 4 à 8) ;<br />

chiasme : En Alsace Brisach, Steinfort en Luxembourg<br />

(v. 5) ; parallélisme : vous hait, vous regarde (v. 10).<br />

=> constat amer de Ruy Blas : nombreuses pertes<br />

territoriales de l’Espagne et urgence d’une réaction.<br />

2. Personnification (v. 10) avec un verbe de sentiment<br />

hait et un verbe de perception regarde. On la retrouve<br />

pour l’Espagne (v. 2) avec deux qualités sa vertu et sa<br />

grandeur => l’opposition des deux entités est ainsi<br />

facilitée.<br />

3. Antithèse : du ponant jusques à l’Orient (v. 9)<br />

=> ampleur des pertes territoriales ainsi soulignée.<br />

5 La rhétorique du portrait réaliste<br />

G. de Maupassant, Boule de Suif<br />

1. Comparaison : pareils à des chapelets de courtes<br />

saucisses (l. 5) => femme grasse.<br />

Métaphores : sa figure était une pomme rouge, un<br />

bouton de pivoine prêt à fleurir (l. 9) => insistance sur<br />

sa rougeur et sa rondeur.<br />

=> image appétissante et sensuelle de prostituée.<br />

2. Énumérations et gradations : Petite, ronde de<br />

partout, grasse à lard (l. 3-4) ; avec des doigts bouffis<br />

[…] avec une peau luisante et tendue, une gorge<br />

énorme (l. 4-6) ; une bouche charmante, étroite,<br />

humide… (l. 13-14).<br />

3. Antithèse : en haut (l. 11) / en bas (l. 13) ; métaphore :<br />

meublée (l. 14) ; hyperbole : microscopiques (l. 15)<br />

=> description du visage de Boule de Suif : détails =<br />

idée de beauté et de séduction. Boule de Suif est une<br />

femme facile : galante (l. 1) est un euphémisme pour<br />

évoquer une prostituée.<br />

6 La rhétorique en image<br />

1. Figures représentées :<br />

– métaphore de l’incendie => couleur automnale des<br />

feuilles ;<br />

202<br />

– synecdoque => représentation des arbres par de<br />

grandes feuilles sur des troncs ;<br />

– parallélisme => forme similaire des arbres alignés.<br />

2. ➜ histoire des arts : Klimt, Les Trois Âges de la<br />

femme (1905), p. 122.<br />

7 Rhétorique et argumentation<br />

Voltaire, Traité sur la tolérance<br />

1. Parallélisme et antithèse : Ce n’est donc plus aux<br />

hommes / c’est à toi ; énumération et gradation : Dieu<br />

de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les<br />

temps => importance de Dieu, de sa puissance par<br />

rapport aux hommes.<br />

2. faibles créatures perdues dans l’immensité… (l. 3-4)<br />

et atomes appelés hommes (l. 20) => Dieu est le seul<br />

à pouvoir redresser la situation là où les hommes ont<br />

échoué.<br />

Faiblesse des hommes dans l’univers ≠ force et puissance<br />

déployées en temps de guerre => image d’une<br />

autodestruction absurde.<br />

3. Anaphores : à toi (l. 6), entre tous (l. 14-17), que<br />

(l. 12-19) => prière avec la demande et l’adresse à Dieu.<br />

Simple répétition : erreurs (l. 8) => confession des<br />

hommes.<br />

4. Antithèses : Ce n’est donc plus aux hommes… c’est à<br />

toi, Dieu… (l. 1-2) ; nos conditions si disproportionnées<br />

à nos yeux, et si égales devant toi (l. 17-19)<br />

=> supériorité de Dieu, égalité entre les hommes.<br />

Hyperboles : perdues dans l’immensité, et imperceptibles<br />

au reste de l’univers (l. 4-5) => petitesse des<br />

hommes = devoir de modestie.<br />

Écrire<br />

8 Rhétorique et naturalisme<br />

É. Zola, L’Assommoir<br />

1. Description de l’alambic par :<br />

– la personnification : bedon de cuivre (l. 7), sueur d’alcool<br />

(l. 18) => importance de l’alambic, proximité avec<br />

les ouvriers par le langage familier (bedon) et l’évocation<br />

du travail (sueur) ;<br />

– des métaphores et comparaisons avec l’eau : comme<br />

un petit ruisseau (l. 11-12), couler (l. 18), pareil à une<br />

source (l. 19), se répandre (l. 20), inonder (l. 21) => danger<br />

insaisissable mais bien réel.<br />

2. Métaphores : un rire de poulie mal graissée (l. 4)<br />

=> Mes-Bottes est considéré comme une machine.<br />

Le rapprochement avec l’alambic est voulu par le


personnage lui-même (l. 8-10), cet animal de Mes-<br />

Bottes (l. 15).<br />

=> portrait à charge d’un ouvrier : Zola dénonce les<br />

conditions de vie des ouvriers, abrutis par l’alcool.<br />

3. Énumération et anaphore : sourdement, sans une<br />

flamme, sans une gaieté (l. 16-17), comparaison,<br />

gradation et hyperbole : pareil à une source… envahir,<br />

se répandre, inonder (l. 19-21) => danger de l’alambic<br />

qui s’immisce dans la vie des ouvriers, indications sur<br />

la suite du roman qui va voir la chute des personnages<br />

à cause de l’alcool.<br />

4. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– description d’un appareil familier (appareil ménager,<br />

outil de bricolage ou de jardinage, appareil photo, téléphone,<br />

ordinateur…) ;<br />

– transformation en objet fantastique ➜ p. 429 ;<br />

– figures de rhétorique : métaphores comparaisons,<br />

personnifications…<br />

– pastiche de Zola : lien entre l’homme et l’appareil à<br />

mettre en valeur.<br />

Proposition de début de rédaction :<br />

J’émerge à peine du sommeil, assis devant ma<br />

tasse de café qu’il ronronne déjà en face de moi. Je<br />

me lève difficilement, me dirige vers lui. Une caresse<br />

sur sa face en inox. Sa jointure résiste. Ses yeux<br />

brillent d’une douceur bienveillante. Son haleine<br />

fraîche et parfumée me réveille, je saisis le beurrier,<br />

la brique de lait entamée et le pot de confiture de<br />

mûres. Aussitôt un miaulement strident m’avertit<br />

qu’il faut le refermer. Le réfrigérateur au corps électrique,<br />

froid et métallique, m’inspire un respect plein<br />

d’admiration et de crainte.<br />

Prolongement : étudier la fonction de la description<br />

comme transformation du réel : lecture et analyse<br />

des figures de rhétorique de « La bougie » de Francis<br />

Ponge ➜ p. 411.<br />

203


C H A P I T R E<br />

Fiche 1<br />

204<br />

queSTioNS<br />

D. Diderot, La Religieuse<br />

1. Passé simple : parut, me plaignit, m’encouragea<br />

=> temps du récit d’une action unique puis imparfait :<br />

avais => temps de la description (ici, morale).<br />

2. Narrateur personnage, à la première personne. La<br />

description Elle parut et le terme goût impliquent la<br />

subjectivité du narrateur.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 368<br />

meTTre Au poiNT<br />

2<br />

Le texte narratif<br />

➜ Livre de l’élève, p. 367<br />

1 Les caractéristiques du texte narratif<br />

Voltaire, Micromégas<br />

1. Connecteurs logiques : Cependant (l. 1) => opposition<br />

à ce qui était évoqué auparavant.<br />

Repères spatio-temporels : d’abord (l. 2), de là (l. 4),<br />

tout auprès de (l. 5), Quand (l. 7), dans (l. 9), y (l. 10),<br />

une année, pendant laquelle (l. 10), actuellement (l. 11)<br />

=> très nombreux parce que le narrateur raconte un<br />

voyage avec des étapes bien marquées.<br />

2. a. Narrateur témoin : extérieur à l’histoire racontée.<br />

b. Interventions : nos deux curieux (l. 1) => complicité<br />

instaurée entre le narrateur, les personnages et le lecteur<br />

; qui seraient actuellement sous presse sans messieurs<br />

les inquisiteurs (l. 11-12) => commentaire du<br />

narrateur au conditionnel pour critiquer l’intolérance<br />

de l’inquisition religieuse.<br />

Les types de texte<br />

➜ Livre de l’élève, p. 366<br />

Appliquer<br />

2 Les temps et la progression<br />

de la narration<br />

J. Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours<br />

1. Informations temporelles : Le jour reparut (l. 1),<br />

encore (l. 1), de nouveau (l. 4), De temps en temps<br />

(l. 9), À midi (l. 12), avec l’abaissement du soleil sur<br />

l’horizon (l. 13), Le peu de durée de la tempête (l. 15)<br />

=> moments clés de la journée. Durée des actions =<br />

intérêt du récit et rapidité permettant à l’intrigue d’être<br />

plus condensée.<br />

2. a. Ordre chronologique :<br />

– La tempête se déchaînait encore (l. 1) ;<br />

– le vent retomba (l. 2), mais : cette mer démontée<br />

(l. 4-5), un choc de contre-houles (l. 6-7) ;<br />

– À midi, il y eut quelques symptômes d’accalmie<br />

(l. 12) ;<br />

– fin de la journée, ces symptômes […] se prononcèrent<br />

plus nettement (l. 12-14) ;<br />

– soirée : manger un peu et prendre quelque repos<br />

(l. 17).<br />

=> chronologie linéaire : tout se déroule dans l’ordre<br />

chronologique, sans ellipse ni distorsion temporelle.<br />

b. Actions mises au premier plan :<br />

– situation atmosphérique après la tempête : il y eut<br />

quelques symptômes d’accalmie (l. 12) ;<br />

– trajet du bateau : la Tankadère fit de nouveau route<br />

(l. 4) ;<br />

– état des passagers : purent manger un peu et prendre<br />

quelque repos. (l. 16-17).<br />

3. Passé simple pour les actions de premier plan<br />

(➜ question 2. b.) et pour les actions uniques : Le jour<br />

reparut (l. 1), le vent retomba (l. 2).<br />

Imparfait pour la description de la tempête : La tempête<br />

se déchaînait (l. 1), les lames se heurtaient (l. 5) et pour


le commentaire de la situation : C’était une modification<br />

favorable (l. 3), on apercevait la côte (l. 9), La Tankadère<br />

était seule à tenir la mer (l. 10-11).<br />

Écrire<br />

3 Le texte narratif au théâtre<br />

P. Corneille, Polyeucte<br />

1. Indices d’un texte narratif :<br />

– utilisation du passé simple : je quittai (v. 1) ;<br />

– indications spatio-temporelles : Rome (v. 1), en ces<br />

lieux (v. 5) ;<br />

– actions : suivre ici mon père (v. 2), Il approuva sa<br />

flamme, et conclut l’hyménée (v. 11).<br />

2. v. 1-4 : passé révolu de Pauline et de son ancien<br />

amant.<br />

v. 5-14 : passé récent de Pauline, de sa rencontre avec<br />

Polyeucte à leur mariage.<br />

v. 15-16 : conclusion de Pauline sur sa situation tragique.<br />

3. Intérêt de ce texte :<br />

– apprendre les événements antérieurs au début de la<br />

pièce. Nous sommes dans la scène 3 de l’acte I, donc<br />

encore dans l’exposition ;<br />

– expression lyrique des sentiments du personnage : ce<br />

parfait amant (v. 1), Je donnai par devoir à son affection<br />

/ Tout ce que l’autre avait par inclination (v. 13-14) ;<br />

– faire passer par le récit une série d’événements que<br />

l’on ne montre pas sur scène afin de conserver les unités<br />

de lieu et de temps.<br />

4. Écriture d’invention. Analyse du sujet :<br />

– situation d’énonciation différente : narration à la troisième<br />

personne ;<br />

– genre du roman : mêler le narratif, le descriptif et le<br />

dialogue ;<br />

– point de vue omniscient pour rendre compte des pensées<br />

des personnages.<br />

Proposition de début :<br />

Rien n’avait été plus douloureux que ce moment<br />

où, encore dans le port de Rome, Sabine avait vu<br />

s’éloigner la ville où elle avait été si heureuse ! Elle<br />

était en face de sa confidente, mais les yeux perdus<br />

dans le vague, elle semblait revoir cet homme, ce<br />

bel amant qu’elle avait laissé sur le quai. « Mais, tu<br />

comprends, dit-elle, que je devais suivre mon père ».<br />

Elle répondit à la question que semblait lui poser<br />

son interlocutrice pourtant muette : le jeune homme<br />

avait perdu le goût de vivre et il s’était engagé.<br />

Engagé !<br />

Prolongement : commenter l’extrait de Polyeucte en<br />

étudiant le caractère tragique de la situation de Pauline.<br />

205


Fiche 2<br />

206<br />

queSTioNS<br />

Molière, L’École des maris<br />

1. Pas une vraie question, mais une question rhétorique<br />

: la réponse est évidente pour Sganarelle qui<br />

lance ainsi un défi pour se moquer des blondins.<br />

2. Modalisateurs négatifs de mépris : petits, débiles,<br />

vaste enflure.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 370<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 Les caractéristiques du texte<br />

descriptif<br />

V. Hugo, Les Travailleurs de la mer<br />

1. Début de la description : L’homme, jeune encore…<br />

(l. 9-10).<br />

2. Vocabulaire de l’incertitude, de l’hypothèse : semblait<br />

(l. 10), ce qui paraissait indiquer (l. 13), et évocateur<br />

de l’humilité, d’une classe sociale miséreuse :<br />

quelque chose comme (l. 10), habits de tous les jours<br />

(l. 11-12), gros drap (l. 12).<br />

3. Énumération ou accumulation de phrases ou de propositions<br />

sans coordination (aussi appelée asyndète)<br />

=> donne une foule de détails utiles à la description.<br />

Appliquer<br />

Le texte descriptif<br />

➜ Livre de l’élève, p. 369<br />

2 Un double portrait<br />

R. Gary, La Vie devant soi<br />

1. Le sourire : un immense sourire (l. 1), sourit (l. 3),<br />

un sourire très jeune (l. 4), un sourire (l. 12) : le sourire<br />

transcende les différentes périodes de la vie de<br />

madame Rosa.<br />

2. La photo (l. 5) permet de passer du présent au passé,<br />

elle avait quinze ans avant l’extermination des Allemands<br />

(l. 5-6). Analepse => permanence du sourire de<br />

Madame Rosa.<br />

3. Niveau de langue familier : moins vieille et moche<br />

(l. 3), on pouvait pas croire que ça allait donner<br />

Madame Rosa (l. 7-8), Ça me faisait mal au ventre<br />

(l. 14), dans son état des choses (l. 15).<br />

Naïveté de l’enfance qui n’a pas conscience du temps<br />

qui passe sur les êtres humains et admiration de<br />

Madame Rosa : il la trouve belle, quoi qu’il en soit.<br />

Emploi fautif et approximatif du vocabulaire : paradoxe<br />

presque plus de dents qui lui restent (l. 1-2), personnification<br />

involontaire un sourire […] qui lui donne des<br />

soins de beauté (l. 4-5).<br />

Écrire<br />

3 Un paysage urbain<br />

É. Zola, L’Œuvre<br />

1. Repères spatiaux : D’abord, au premier plan, audessous<br />

d’eux (l. 1), de l’autre côté de l’eau (l. 7-8),<br />

Puis, au milieu (l. 11), un second plan, très haut (l. 14)<br />

=> le texte est construit comme la description d’un<br />

tableau (plan, déplacement suivant la profondeur de la<br />

composition) et regard qui se promène.<br />

2. a. Métaphores : où grouillait un peuple de débardeurs<br />

(l. 5-6), une chevauchée de fourmis (l. 16)<br />

=> mouvement et vie, ainsi que rapprochement mélioratif<br />

entre les ouvriers et des animaux industrieux ;<br />

une légèreté de dentelle noire (l. 15) => beauté, raffinement<br />

du pont des Arts.<br />

Personnification hyperbolique : le bras gigantesque<br />

d’une grue (l. 7), la Seine […] fouettée de blanc, de<br />

bleu et de rose (l. 11-13) => paysage vivant et animé.<br />

b. Vision subjective du narrateur qui donne vie à ce<br />

qu’il décrit.<br />

3. a. Zola = romancier naturaliste, auteur du manifeste<br />

Le Roman expérimental (1880). b. Vision subjective et<br />

métaphorique : fonction symbolique.<br />

4. Commentaire. Pour traiter ce paragraphe, on étudiera<br />

:<br />

– la division en plans ;<br />

– les autres informations spatiales ;<br />

– la caractérisation des différents éléments décrits ;<br />

– les couleurs et les effets de lumière.<br />

Prolongement : rédiger la description d’un lieu<br />

connu en utilisant les procédés étudiés dans le texte<br />

de Zola.


Fiche 3<br />

queSTioNS<br />

D. Diderot, Encyclopédie, article « Réfugiés »<br />

1. Connotations péjoratives : persécutant, privé, sacrifiés,<br />

mauvais citoyens => vocabulaire accusateur.<br />

2. hommes industrieux, les protestants ≠ quelques<br />

mauvais citoyens => intolérance religieuse aux conséquences<br />

humaines et économiques désastreuses.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 372<br />

meTTre Au poiNT<br />

Le texte argumentatif<br />

➜ Livre de l’élève, p. 371<br />

1 Les caractéristiques du texte<br />

argumentatif<br />

J. Racine, préface de Phèdre<br />

1. Thèse présentée sous la forme d’une prétérition : je<br />

n’ose assurer que cette pièce soit en effet la meilleure<br />

de mes tragédies (l. 1-2) => il semble refuser le titre de<br />

meilleure tragédie pour mieux l’énoncer.<br />

2. je n’en ai point fait où LA VERTU soit plus mise au<br />

jour que dans celle-ci (l. 4-5) => c’est dans cette pièce<br />

que la morale est le mieux représentée.<br />

Les moindres fautes y sont sévèrement punies (l. 5-6)<br />

=> n’avoir aucune tolérance pour les erreurs.<br />

La seule pensée du crime y est regardée avec autant<br />

d’horreur que le crime même (l. 6-8) => vouloir commettre<br />

un crime est aussi grave que le commettre vraiment.<br />

le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font<br />

[…] haïr la difformité (l. 11-13) => montrer les pires<br />

défauts permet de les faire détester par le public.<br />

3. a. Exemples d’autorité : Aristote a bien voulu donner<br />

des règles du poème dramatique (l. 18-19) => celui qui<br />

a codifié la tragédie ; Socrate, le plus sage des philosophes,<br />

ne dédaignait pas de mettre la main aux tragédies<br />

d’Euripide (l. 19-21) => travail moral conjoint du<br />

philosophe et du dramaturge.<br />

b. Asseoir la définition morale de la tragédie en s’appuyant<br />

sur des valeurs anciennes, sûres, faisant du<br />

théâtre une école de la vertu (l. 16-17).<br />

4. Défense du projet de l’auteur et programme de lecture<br />

de la pièce.<br />

Appliquer<br />

2 L’organisation logique<br />

J.-C. Carrière et U. Eco, N’espérez pas vous débarrasser<br />

des livres<br />

1. a. l. 1-3 : énoncé de la thèse : collectionner ce que la<br />

technologie s’ingénie à démoder.<br />

l. 3-5 : exemple de l’ami, cinéaste belge.<br />

l. 5-7 : reprise de la thèse fondée sur une antithèse : il<br />

n’y a rien de plus éphémère que les supports durables.<br />

l. 7-27 : exemple de l’incunable toujours lisible<br />

aujourd’hui.<br />

b. C’est d’ailleurs (l. 1) => addition d’une nouvelle idée.<br />

Tout cela pour dire (l. 5-6) => reformulation.<br />

Mais (l. 24) => opposition entre la lecture de l’incunable<br />

et celle de supports durables.<br />

À moins de (l. 26) => concession ironique.<br />

2. Premier exemple : l’ami belge => permet de passer<br />

d’une idée à sa reformulation.<br />

Deuxième exemple, très développé : l’incunable => il<br />

met en lumière la situation actuelle : des textes écrits<br />

sur des supports durables anciens ne sont plus lisibles.<br />

3. a. Ton ironique : J.-C. Carrière se moque de cette<br />

course en avant qui finalement ne permet plus de<br />

conserver les écrits contemporains, quand ceux qui ont<br />

été écrits avant même l’invention de l’imprimerie sont<br />

toujours lisibles aujourd’hui.<br />

b. L’argumentation de J.-C. Carrière est justifiée.<br />

Arguments :<br />

– on conserve des documents écrits depuis des siècles<br />

alors que c’est difficile aujourd’hui ;<br />

– aujourd’hui, il est très difficile de faire le tri dans<br />

la production d’écrits : que conserver ? Sous quelle<br />

forme ?<br />

– l’ensemble des écrits sur Internet n’ont souvent pas<br />

de source identifiable : comment savoir d’où viennent<br />

les informations ? Comment ont-elles été trouvées,<br />

recoupées ?<br />

207


3 La place du locuteur<br />

V. Hugo, L’Année terrible<br />

1. Thèse : Il faut respecter et protéger les livres, sources<br />

de la libération de l’homme : ton libérateur / C’est le<br />

livre (v. 13-14).<br />

2. a. Deuxième personne Tu (v. 11) => elle souligne la<br />

présence d’un locuteur.<br />

b. Autres marques de subjectivité :<br />

– interjection : Quoi (v. 1, 7) ;<br />

– phrases exclamatives (v. 1, 7, 11-12) ;<br />

– modalisateur qui interpelle le criminel : misérable<br />

(v. 11).<br />

3. a. Anaphore Dans (v. 2-8, 10) => liste des éléments<br />

composant la bibliothèque.<br />

b. des Eschyles terribles (v. 8) : les tragiques grecs, origine<br />

du théâtre.<br />

Des Homères (v. 9) : les épopées, origine du récit.<br />

des Jobs (v. 9) : les textes bibliques, origine des paraboles,<br />

apologues…<br />

Molière (v. 10) : le théâtre classique, origine de la comédie<br />

française.<br />

Voltaire (v. 10) : philosophe des Lumières, chantre de la<br />

tolérance, de la liberté d’expression…<br />

Kant (v. 10) : philosophe allemand, siècle des Lumières,<br />

travail sur la raison.<br />

=> valorisation des textes qui fondent la culture européenne.<br />

4 La rhétorique argumentative<br />

E. Rostand, Cyrano de Bergerac<br />

1. Anaphore Non, merci (v. 6, 10, 14, 19) => ce qui<br />

importe à Cyrano c’est sa liberté, son indépendance.<br />

2. Phrases interrogatives => liste des obligations qui<br />

brimeraient la liberté du personnage.<br />

3. a. Thèse implicite = mieux vaut rester libre et pauvre<br />

que d’obéir à un maître pour vivre.<br />

b. Arguments déduits par la négation des propositions :<br />

– v. 2-5 = un homme libre s’élève par lui-même ;<br />

– v. 6-9 = un auteur n’écrit pas pour plaire à un maître ;<br />

– v. 10-13 = il est déshonorant d’être condamné à ramper<br />

devant un noble ;<br />

– v. 15-18 = il ne faut pas flatter, seulement dire la<br />

vérité.<br />

208<br />

Écrire<br />

5 Un corpus argumentatif<br />

1. Thème : le livre et la lecture.<br />

2. Thèse du texte de J.-C. Carrière : il n’y a pas plus<br />

éphémère que les supports durables ; argumentation<br />

sur la difficulté de conserver les écrits.<br />

Thèse du texte de V. Hugo : ton libérateur / C’est le livre,<br />

défense de la conservation des écrits, patrimoine intellectuel.<br />

3. Le livre est au premier plan, le blanc du livre sur<br />

la table noire est mis en valeur, liseuse concentrée,<br />

structure pyramidale réunissant la tête, le torse de la<br />

liseuse et les objets rassemblés qui forment la base<br />

d’un triangle (chapeau, parapluie et livre).<br />

4. Commentaire<br />

Sujet : la tonalité lyrique dans le texte de V. Hugo.<br />

1er § : la présence du locuteur.<br />

Ex. : l’accusation « misérable » (v. 11) adressée à un<br />

« Tu » (v. 11).<br />

2e § : l’expression de sentiments exaltés.<br />

Ex. : les phrases exclamatives et les interjections.<br />

3e § : le vocabulaire élogieux, mystique à l’égard<br />

du livre.<br />

Ex. : les vers 14-17.<br />

5. Dissertation. Analyse du sujet : quelle est la portée<br />

de cette phrase de Victor Hugo extraite de L’Année terrible<br />

: As-tu donc oublié que ton libérateur, / C’est le<br />

livre ?<br />

Le terme portée => sa signification, sa valeur.<br />

La citation => question rhétorique qui fait du livre un<br />

symbole de liberté.<br />

Plan thématique :<br />

Partie I. Une portée philosophique : libérer par la<br />

pensée, la réflexion.<br />

Partie II. Une portée morale : libérer par la vision de<br />

cultures différentes, ouverture, tolérance…<br />

Partie III. Une portée littéraire : imagination, rêve…<br />

6. Écriture d’invention. Analyse du sujet :<br />

– situation d’énonciation : discours argumenté dont la<br />

cible est un ensemble de lycéens ;<br />

– discours argumentatif avec réfutation d’une thèse,<br />

possibilité d’utiliser la concession.<br />

Proposition de début :<br />

Mesdemoiselles, Messieurs,<br />

Je sais ce que vous vous êtes dit quand vous avez<br />

appris le sujet de cette communication : encore un


vieil imbécile qui croit encore au livre ! ! ! Est-ce<br />

encore possible aujourd’hui ? Mais vous êtes tous<br />

là et je vous remercie de votre présence et de votre<br />

attention.<br />

Je connais vos arguments, de nombreuses personnes<br />

ont utilisé les mêmes à différentes périodes<br />

de notre histoire, chaque fois qu’un nouveau moyen<br />

de communication a été créé et qu’il a permis à plus<br />

Fiche 4<br />

queSTioNS<br />

Beaumarchais, préface du Mariage de Figaro<br />

1. Premier sujet : On = pronom personnel indéfini qui<br />

désigne une généralité non identifiée, un avis majoritaire.<br />

2. Temps : présent de l’indicatif. Valeur de présent de<br />

vérité générale pour mettre en valeur la généralisation.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 375<br />

meTTre Au poiNT<br />

Le texte explicatif<br />

➜ Livre de l’élève, p. 374<br />

1 Roman et texte explicatif<br />

A. Christie, Le Meurtre de Roger Ackroyd<br />

1. l. 1-4 : explication de la raison pour laquelle Poirot<br />

a enquêté, introduite par l’adverbe temporel Lorsque.<br />

l. 5-16 : découvertes de Poirot, dès le début de son<br />

enquête, introduites par des indications spatiales De là<br />

(l. 5), immédiatement (l. 10), Et quand (l. 11), tout de<br />

suite (l. 12).<br />

=> temporalité des faits importante dans une enquête<br />

policière.<br />

l. 16-22 : premières conclusions de Poirot introduites<br />

par des connecteurs logiques :<br />

– Mais (l. 16) => opposition par rapport aux premières<br />

constatations ;<br />

– Si c’était bien le cas (l. 17) => hypothèse ;<br />

– Au premier abord le problème était résolu (l. 21-22)<br />

=> première conclusion qui n’est sans doute pas la<br />

bonne.<br />

de personnes qu’auparavant d’accéder à l’écrit et à<br />

l’information : invention de l’imprimerie, naissance<br />

de la radio puis de la télévision, arrivée des ordinateurs…<br />

Prolongement : trouver deux autres questions sur ce<br />

corpus et y répondre de façon détaillée.<br />

=> logique de l’enquêteur mise en valeur par le dévoilement<br />

de l’énigme.<br />

2. Première personne du singulier : Hercule Poirot luimême<br />

raconte comment il a trouvé la solution. Explication<br />

objective, comme le montrent les connecteurs<br />

logiques ; mais Poirot donne son avis avec des modalisateurs<br />

: un adjectif ce bon Dr Sheppard (l. 2-3), et<br />

l’expression du doute, À l’en croire (l. 14), supposons<br />

(l. 16), Au premier abord (l. 21) = texte subjectif.<br />

3. Attention maintenue par l’expression des doutes, le<br />

récit des découvertes (les empreintes, l. 4 ; un lambeau<br />

de batiste empesée et un tuyau de plume creux, l. 8-9)<br />

accompagné de l’interprétation qu’il a faite d’une seule<br />

de celles-ci (Le morceau de batiste m’a immédiatement<br />

fait penser à un tablier de femme de chambre, l. 9-11),<br />

les autres découvertes laissées momentanément dans<br />

l’ombre et la question posée à l’auditoire (l. 16-17)<br />

=> suspense maintenu pour le lecteur.<br />

Appliquer<br />

2 Explication et réfl exion<br />

D. Diderot, Essai sur la peinture<br />

1. Essai = texte dans lequel un auteur traite d’un sujet<br />

pour en faire le tour, ou traite d’une question pour tenter<br />

d’y répondre personnellement.<br />

2. le caractère et l’humeur du peintre (l. 5).<br />

3. Procédé syntaxique : accumulation des propositions<br />

subordonnées hypothétiques (l. 6-10) => liste des<br />

caractéristiques d’un peintre dont on attend une scène<br />

[…] obscure, terne et sombre (l. 11-12).<br />

Procédé rhétorique : comparaison avec l’ameublement<br />

intérieur : Semblable à la tapisserie dont il couvrira<br />

209


les murs de son appartement (l. 1-2) => insistance sur<br />

l’expression personnelle de l’artiste.<br />

210<br />

Écrire<br />

3 Développer une explication<br />

A. Gavalda au collège Émile-Chevalier<br />

1. Images d’un métier où l’on est libre de ses horaires de<br />

travail : Je travaille quand je veux (l. 4), et d’un métier<br />

de solitaire : Je suis toujours seule (l. 11).<br />

2. Exemple de l’infirmière (l. 7) => il montre concrètement<br />

que le métier d’écrivain ne consiste pas seulement<br />

à écrire mais aussi à s’informer. Se mettre dans la<br />

peau des autres pour écrire.<br />

3. Passé : J’ai été professeur de français (l. 1) ≠<br />

Aujourd’hui (l. 3) : romancière.<br />

Question : quels sont les avantages et les inconvénients<br />

du métier d’écrivain ?<br />

4. Écriture d’invention. Analyse du sujet :<br />

– situation d’énonciation : lettre d’un lecteur à un écrivain,<br />

questions sur le métier d’écrivain ;<br />

– discours explicatif.<br />

Proposition de début :<br />

Madame Gavalda,<br />

Vous devez recevoir beaucoup de lettres comme<br />

la mienne, mais je vous prie de croire que je suis<br />

sérieuse et très volontaire. Je désire devenir romancière<br />

et je voudrais savoir comment vous l’êtes vousmême<br />

devenue. Peut-être aurai-je ainsi une idée de<br />

la voie à suivre.<br />

Avant mon goût pour l’écriture, je suis d’abord<br />

une lectrice. D’un roman, j’attends, selon mon<br />

humeur, qu’il me dépayse ou qu’il m’aide à comprendre<br />

le monde dans lequel je suis. Parfois, un<br />

personnage est tellement proche de moi que cela<br />

m’aide à vivre…<br />

Prolongement. Dissertation : dans une interview<br />

parue dans le Télérama n° 3110, Marie N’Diaye, qui<br />

a reçu le prix Goncourt 2009 pour Trois femmes puissantes,<br />

s’exprime en ces termes : Les deux activités,<br />

lire et écrire, sont pour moi indissociables. J’imagine<br />

mal un écrivain qui n’aurait pas lu. Que pensez-vous<br />

de cette affirmation ? Vous discuterez cette citation et<br />

tirerez vos exemples de certains textes de ce chapitre<br />

et de vos connaissances personnelles.


C H A P I T R E<br />

Fiche 1<br />

queSTioNS<br />

Molière, L’Avare<br />

1. Trois interrogatives, trois exclamatives, une impérative<br />

=> forte émotion et agitation du personnage ; tension<br />

dramatique.<br />

2. La didascalie (Il se prend lui-même le bras) évoque<br />

un accès de folie => comique de gestes farcesque.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 378<br />

meTTre Au poiNT<br />

3<br />

La parole théâtrale<br />

➜ Livre de l’élève, p. 377<br />

1 Les fonctions du dialogue<br />

J. Cocteau, La Machine infernale<br />

1. impossible à entendre (l. 1), impossible à dire (l. 2),<br />

Il faut la dire (l. 3) : ces trois courtes répliques successives<br />

définissent un tabou => tension dramatique qui<br />

retarde le moment de la révélation.<br />

2. Loin de minimiser sa culpabilité, Œdipe reformule la<br />

révélation du berger pour insister sur ses fautes par la<br />

triple répétition de qu’il ne fallait pas (l. 7, 8, 9).<br />

3. Œdipe reconnaît ses crimes : la métaphore Lumière<br />

est faite (l. 9) souligne implicitement, et par antithèse,<br />

son aveuglement passé, donc une part d’innocence. Le<br />

berger, de son côté, invoque les dieux (l. 6) : la fatalité a<br />

poussé Œdipe à commettre ces fautes, malgré lui.<br />

2 Les fonctions du monologue<br />

Beaumarchais, Le Barbier de Séville<br />

1. Destinataires : Le Comte lui-même et le spectateur<br />

=> double énonciation, éléments d’information nécessaires<br />

dans une scène d’exposition.<br />

Les notions propres<br />

au théâtre<br />

➜ Livre de l’élève, p. 376<br />

2. Interrogatives (l. 11, 13-14), exclamatives (l. 12, 17,<br />

18-19), points de suspension (l. 10, 12, 14, 18), didascalie<br />

Il tire sa montre en se promenant (l. 2) => situation<br />

d’attente, nervosité, impatience.<br />

3. Le monologue, dans la scène d’exposition, précise<br />

la situation dramatique (l’attente), le registre et l’état<br />

d’esprit du personnage amoureux.<br />

Appliquer<br />

3 L’affrontement dialogué<br />

A. Camus, Les Justes<br />

1. Thèse de Dora : Même dans la destruction, il y a<br />

un ordre, il y a des limites. (l. 1-2) => refus de l’extrémisme.<br />

Riposte de Stepan : Il n’y a pas de limites (l. 3) = emploi<br />

de la négation, antithèse => point de vue radical, au<br />

nom de la révolution (l. 4, 16).<br />

Kaliayev se rallie à la thèse de Dora et contredit Stepan<br />

: je ne te laisserai pas continuer (l. 18-19).<br />

2. Propos de Stepan violents : que pèserait la mort<br />

de deux enfants ? (l. 12), Et si cette mort vous arrête,<br />

c’est que vous n’êtes pas sûrs d’être dans votre droit.<br />

(l. 14-15), Qu’importe que tu ne sois pas un justicier,<br />

si justice est faite, même par des assassins (l. 24-25)<br />

=> prêt à sacrifier des innocents ou sa propre vie, au<br />

nom de son idéal.<br />

3. Se lever (l. 4-5, 17) = manifester son désaccord avec<br />

l’extrémisme de Stepan. Le spectateur se demande<br />

quelle thèse l’emportera : les terroristes iront-ils<br />

jusqu’au bout de leurs idéaux, y compris en tuant des<br />

enfants innocents ?<br />

4. l. 18 : calmement, mais avec fermeté.<br />

211


4 Les apartés<br />

J. Tardieu, Oswald et Zénaïde ou les Apartés<br />

1. Les répliques associées à la didascalie haut n’apportent<br />

aucune information excepté les prénoms des<br />

personnages, Oswald et Zénaïde => simple échange<br />

de politesses : Bonjour (l. 21, 29), expression de la surprise<br />

ou de la gêne : Vous, vous, Zénaïde ! (l. 16).<br />

2. Informations des répliques en aparté : Oswald est<br />

fiancé à Zénaïde (l. 6), elle a une triste vérité à lui<br />

apprendre (l. 12-13), et ajoute : Se peut-il que tout soit<br />

fini ! (l. 22-23), Oswald, lui, croit Zénaïde confiante et<br />

insouciante (l. 17) et doit lui avouer la grave décision<br />

qui vient d’être prise à son insu (l. 18-19), acte qu’il<br />

résume dans le mot cruauté (l. 18). Finalement, les<br />

deux personnages semblent vouloir s’annoncer tous<br />

deux le fait de couper court à leur relation.<br />

3. Quiproquo : chacun se trompe sur l’autre, deux dialogues<br />

radicalement opposés s’entremêlent, ce qui souligne<br />

le manque de sincérité des personnages et leurs<br />

illusions => procédé d’ironie tragique : le personnage<br />

ignore la réalité de sa situation alors que le public la<br />

connaît.<br />

5 Le théâtre dans le théâtre<br />

L. Pirandello, Six personnages en quête d’auteur<br />

1. Jeu des comédiens, représentation théâtrale, relations<br />

entre fiction et réalités humaines : jeu (l. 3),<br />

scène (l. 4), personnages imaginaires (l. 5), profession<br />

de comédien (l. 8-9), pièces (l. 11), fantoches (l. 12),<br />

personnages (l. 12), planches (l. 14), œuvres immortelles<br />

(l. 14-15).<br />

2. Ton des échanges vif et passionné :<br />

– d’un côté, les représentants de l’univers théâtral, un<br />

directeur excité par l’irritation croissante des comédiens<br />

(l. 6-7) et des acteurs : Les acteurs satisfaits<br />

approuvent et applaudissent le directeur (l. 16-17) ;<br />

– de l’autre côté, le père de famille : l’interrompant avec<br />

fougue (l. 18).<br />

À la fin de l’échange, le conflit entre le monde du<br />

théâtre et le monde réel semble résolu : Nous sommes<br />

tout à fait d’accord (l. 22-23)<br />

3. vous faites vivre des êtres vivants, plus vivants que<br />

bien des êtres qui respirent et figurent sur les registres<br />

de l’état civil ! Des êtres moins vrais, peut-être, mais<br />

plus réels !… (l. 19-22).<br />

212<br />

=> définition du théâtre opposée au terme fantoches<br />

(l. 12) : illusion théâtrale plus vraie que le réel.<br />

Antithèses : plus vivants / moins vrais / plus réels<br />

=> les comédiens, plus vivants et plus réels, donnent<br />

chair au texte théâtral ; ils expriment les passions<br />

jusqu’au paroxysme, sans les limites qu’imposent les<br />

conventions de la réalité.<br />

Écrire<br />

6 Du récit au monologue<br />

G. de Maupassant, Une vie<br />

Remarque : le titre de l’exercice a été modifié car il<br />

s’agit de transposer un extrait de roman en monologue.<br />

Le livre de l’élève et le livre du professeur prennent en<br />

compte cette modification.<br />

Jeanne, « apaisée » : Quelle terrible souffrance !<br />

Est-ce donc cela, un accouchement ? Éprouver des<br />

douleurs atroces et qui n’en finissent pas : Mourir<br />

pour enfanter ! Et malgré cette torture, je ne pouvais<br />

m’empêcher de penser à mon humiliation, à Rosalie<br />

qui, elle, n’avait point souffert en donnant vie au<br />

bâtard de Julien ! Quelle injustice ! Je me révoltais,<br />

hurlais, blasphémais, la haine s’emparait de moi !<br />

Cette mort, je l’attendais, la désirais : en finir, pour<br />

tout oublier…<br />

Mais tout cela ne compte plus, maintenant : il est<br />

né, cet enfant, mon fils, la chair de ma chair. En<br />

venant au monde, il m’a délivrée de toute colère,<br />

mes souffrances sont oubliées ; oubliées, les humiliations<br />

! Je suis enfin heureuse, oui heureuse, comme<br />

jamais je ne l’ai été. Cette joie soudaine, inattendue,<br />

est inexplicable, mais une chose est sûre, je la ressens<br />

au plus profond de mes entrailles : la vie en<br />

moi reprend ses droits, ma chair se ranime, je me<br />

sens mère ! Oui, mon enfant, l’amour que j’ai déjà<br />

pour toi me réchauffe le cœur, me redonne l’envie<br />

de lutter et d’avancer, de te choyer, de te chérir. Ta<br />

naissance est ma renaissance !<br />

Prolongement : rédiger une scène de comédie dont<br />

le sujet serait : une commère de village, voisine de<br />

Jeanne, a appris la naissance de son fils Paul. Elle<br />

se rend à la boulangerie et discute de l’événement<br />

avec d’autres personnages. Écrivez ce dialogue, sans<br />

oublier les didascalies.


Fiche 2<br />

queSTioNS<br />

Molière, Les Fourberies de Scapin<br />

1. Scapin entretient la crainte de son interlocuteur en<br />

lui faisant croire à la présence d’un intrus ; il introduit<br />

un suspense comique.<br />

2. Un ton faussement inquiet, un air mystérieux indiqué<br />

par ces expressions : étrange affaire, Je tremble<br />

pour vous.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 381<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 Les didascalies sur la scène<br />

romantique<br />

A. de Musset, Les Caprices de Marianne<br />

1. Situation, mouvements et gestes des personnages :<br />

seule (l. 1), Un domestique entre (l. 1-2), Le domestique<br />

sort (l. 5), Elle renverse les chaises (l. 12).<br />

2. Marianne est à l’image du titre de la pièce. Elle renverse<br />

les chaises. (l. 12) et prouve ainsi son tempérament<br />

impulsif :<br />

– des phrases exclamatives et interrogatives confirment<br />

son émotivité et son désarroi, car elle se sent prise en<br />

défaut : Voilà qui est nouveau ! (l. 6), Quelle violence ?<br />

(l. 10), J’ai une envie de battre quelqu’un ! (l. 11-12) ;<br />

– colère contre son mari jaloux et désir de se venger en<br />

l’ignorant : Je suis bien sotte en vérité ! (l. 13).<br />

=> elle se reproche d’être sage puisqu’on l’accuse à<br />

tort ; elle va donner crédit aux soupçons de Claudio.<br />

À la fin du monologue, Marianne délire en imaginant<br />

un dialogue (tirets) qui met en scène les réactions de<br />

Claudio découvrant que sa femme le trahit.<br />

Appliquer<br />

L’espace, le geste et le jeu au théâtre<br />

➜ Livre de l’élève, p. 380<br />

2 Didascalies et théâtre de l’absurde<br />

E. Ionesco, La Cantatrice chauve<br />

1. Gestuelle, attitude des personnages :<br />

– Elle jette les chaussettes très loin et montre ses<br />

dents. Elle se lève (l. 13-14) ;<br />

– se lève à son tour et va vers sa femme, tendrement<br />

(l. 15-16).<br />

2. Conflit conjugal entre M. et Mme Smith plus intense :<br />

la parole s’accompagne de gestes agressifs, ce que<br />

souligne le mari : Oh ! mon petit poulet rôti, pourquoi<br />

craches-tu du feu ? (l. 16-17). Il la traite de dragon,<br />

alors que lui s’exprime tendrement : tu sais bien que je<br />

dis ça pour rien ! (l. 17).<br />

3. Enchaînements de répliques incohérents :<br />

– Mme Smith décrit les hommes : ils sont à la fois des<br />

femmes superficielles ou des hommes virilement caricaturaux<br />

: vous vous mettez de la poudre et vous fardez<br />

vos lèvres (l. 3-4), en train de boire sans arrêt (l. 4-5),<br />

puis M. Smith réplique : Mais qu’est-ce que tu dirais<br />

si… (l. 6) comme s’il contredisait sa femme alors qu’il<br />

répète ses propos ;<br />

– Mme Smith est très en colère (voir didascalie, l. 13-14),<br />

mais elle affirme : Quant à moi, je m’en fiche ! (l. 10).<br />

=> dialogue de sourds symbolisant les difficultés de<br />

communication et l’artificialité du langage.<br />

3 Didascalies et théâtre contemporain<br />

É.-E. Schmitt, La Nuit de Valognes<br />

1. a. Les didascalies rappellent le mythe d’Orphée et<br />

d’Eurydice :<br />

– Orphée doit arracher Eurydice des enfers sans se<br />

retourner : d’abord face au public (l. 2), il résiste mal<br />

à la tentation : Il va pour se retourner (l. 5), Il veut se<br />

tourner de nouveau (l. 9) ;<br />

– la jeune fille pieds nus, en chemise de nuit (l. 1-2)<br />

= un spectre qui désire revenir chez les vivants. Elle<br />

ne peut retrouver le goût de vivre que grâce à lui, s’il<br />

l’épouse.<br />

b. Didascalies = montée du désir : Don Juan est près de<br />

céder à la tentation de se retourner ; peu à peu, entrée<br />

dans le jeu : patient, amusé (l. 12) => décalage entre la<br />

Petite, qui s’imagine en héroïne tragique, et le libertin,<br />

joueur.<br />

2. Propositions : un grand éclat de rire, des bâillements<br />

simulés, il arpente la scène en souriant, mais lentement<br />

pour montrer qu’il accepte de patienter, il reste immobile<br />

en position d’attente, le menton reposant dans sa<br />

main droite, le coude fléchi en appui sur la main gauche.<br />

213


4 Didascalies et dénouement classique<br />

Molière, L’École des femmes<br />

1. s’en allant tout transporté et ne pouvant parler :<br />

Arnolphe, qui croyait maîtriser la situation, est vaincu,<br />

réduit à la fuite et au silence => humiliation.<br />

2. a. Dos courbé, visage crispé et abattu, il file à l’anglaise<br />

; le Oh ! est prononcé par un être blessé.<br />

b. il s’éloigne au fond du théâtre, d’un air triste et<br />

abattu, vacillant sur ses jambes, tel un vieillard.<br />

5 L’invention de didascalies<br />

J. Racine, Bérénice<br />

Remarque : la numérotation des vers doit être décalée,<br />

le vers 10 commençant par Vous-même… L’exemplaire<br />

destiné aux élèves et le livre du professeur prennent en<br />

compte cette correction.<br />

1. Tirade à l’impératif, succession d’injonctions adressées<br />

à Bérénice :<br />

– v. 1 à 4 : elle ne doit pas aggraver la peine de Titus<br />

par ses pleurs ;<br />

– v. 5 à 9 : il faut savoir privilégier le devoir et sacrifier<br />

l’amour ;<br />

– v. 10 à 12 : elle doit aider Titus à être courageux, à<br />

surmonter sa douleur ;<br />

– v. 13 à 17 : l’univers peut comprendre la peine causée<br />

par cette séparation insurmontable, mais nécessaire.<br />

2. Ajout de didascalies :<br />

– avant le vers 1 : Il s’approche de Bérénice en pleurs,<br />

la saisit par les épaules ;<br />

– avant le vers 5 : Avec fermeté ;<br />

– après le vers 7 : Bérénice cache son visage dans ses<br />

mains ;<br />

– avant le vers 10 : Se frappant la poitrine ;<br />

– avant le vers 13 : Il lui prend les mains et recule d’un<br />

pas en la regardant fixement ;<br />

– après le vers 17 : Il se retourne et s’éloigne lentement<br />

; Bérénice laisse éclater un profond sanglot et<br />

s’évanouit.<br />

214<br />

Écrire<br />

6 L’initiation à l’écriture dramatique<br />

1 et 2. Choix de la situation c.<br />

scène 1<br />

Dans le palais de l’empereur Khadagbo, à Abipoli,<br />

en Côte d’Ébène.<br />

Un patio richement décoré, abrité des regards par<br />

de hautes murailles.<br />

L’empereur Khadagbo, le ministre des Armées, le<br />

ministre de l’Intérieur, le ministre des Affaires étrangères,<br />

un secrétaire.<br />

L’empereur, caché derrière ses lunettes de soleil, son<br />

gilet pare-balles à peine dissimulé par une tunique<br />

sombre, est assis dans un fauteuil. Trois ministres<br />

entrent en silence et prennent place face à lui. Un<br />

secrétaire prépare son ordinateur portable sur une<br />

petite table, à l’écart.<br />

L’empereur. – M. le Secrétaire, prenez en notes l’intégralité<br />

de cet entretien qui, bien sûr, devra rester<br />

confidentiel. Je compte sur votre discrétion : vous<br />

connaissez les risques... Et si je vous rappelle ainsi<br />

à l’ordre, c’est que l’heure est grave : notre empire<br />

est menacé !<br />

Le ministre de L’intÉrieur, (intervenant brusquement,<br />

comme s’il était pris en faute). – Menacé, mais<br />

comment menacé ? C’est impossible ! Son Altesse<br />

ne saurait avoir aucun sujet d’inquiétude, nous<br />

veillons à la sécurité intérieure, notre police est sur<br />

le qui-vive, 24 heures sur 24, et rien de menaçant<br />

ne m’a été rapporté à ce jour. (Avec un sourire.) Ce<br />

n’est tout de même pas une poignée de syndicalistes<br />

énervés qui pourraient vous alarmer !<br />

Le ministre des affaires Étrangères, (avec fermeté).<br />

— Aucune menace non plus du côté de l’étranger :<br />

nos agents secrets les plus zélés ne m’ont rien<br />

signalé récemment, et depuis que les terroristes du<br />

Belgéria ont été neutralisés…<br />

L’empereur, (haussant le ton). – Qui vous a ainsi<br />

autorisé à m’interrompre ? Depuis quand un ministre<br />

peut-il se permettre de contredire son empereur,<br />

de mettre en doute sa parole ? (Ironiquement.)<br />

Monsieur le ministre des Armées nous dira-t-il aussi<br />

que la Côte d’Ébène est un paradis dont le souverain<br />

peut dormir en paix sur ses deux oreilles ?<br />

Le ministre des armÉes, (un peu gêné). – Si je puis me<br />

permettre...<br />

L’empereur, (bondissant de son fauteuil et frappant<br />

du point sur la table). – Cela suffit ! Taisez-vous !<br />

Et écoutez plutôt ce que j’ai à vous dire : je sais,<br />

avec certitude, qu’un traître se cache dans mon gouvernement.<br />

En outre, des rumeurs de soulèvement<br />

populaires sont parvenues jusqu’à moi, et vous ne<br />

m’en avez rien dit, ce qui vous rend déjà tous les<br />

trois suspects à mes yeux.<br />

Prolongement : imaginer le dénouement de ce drame<br />

et rédiger sa scène finale.


Fiche 3<br />

queSTioNS<br />

P. Corneille, L’Illusion comique<br />

1. Champ lexical de la guerre, très présent dans les tragédies<br />

: armée, traître, mort, bras, fort.<br />

2. Interlocuteur = poltron, terme de comédie.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 384<br />

meTTre Au poiNT<br />

Les genres théâtraux<br />

➜ Livre de l’élève, p. 383<br />

1 Intrigue et thèmes de la tragédie<br />

P. Corneille, Horace<br />

1. Amour d’un époux et amour de la patrie en conflit<br />

=> dilemme de l’héroïne.<br />

– Sabine, devenue Romaine en épousant Horace (v. 1),<br />

mais Albine de naissance : Albe, où j’ai commencé de<br />

respirer le jour, / Albe, mon cher pays, et mon premier<br />

amour (v. 5-6) ;<br />

– guerre entre les deux villes, donc sa famille et sa<br />

belle-famille = déchirement pour Sabine : Quand je<br />

vois de tes murs leur armée et la nôtre, / Mes trois<br />

frères dans l’une et mon mari dans l’autre (v. 11-12).<br />

2. Personnification d’Albe et de Rome, villes interpellées<br />

et tutoyées à partir du vers 7.<br />

Antithèses : entre nous et toi (v. 7), notre victoire / notre<br />

perte (v. 8), l’une / l’autre (v. 12), leur armée / la nôtre<br />

(v. 11).<br />

3. Sabine s’adresse aux deux villes ennemies = dilemme<br />

tragique (issue malheureuse dans chaque cas) : par<br />

amour pour Albe, elle trahit son époux, donc Rome ;<br />

par amour pour son époux romain, elle trahit Albe : Je<br />

crains notre victoire autant que notre perte (v. 8).<br />

2 Intrigue et thèmes de la comédie<br />

Molière, Le Médecin volant<br />

1. L’amour et le mariage : épouse (l. 4), mariés (l. 6),<br />

amour (l. 8), mariage (l. 11), épouser (l. 20).<br />

L’argent : l’avarice (l. 9).<br />

Le déguisement et la tromperie => faux malade et<br />

faux médecin : bonne invention (l. 10-11), contrefait la<br />

malade (l. 12), habiller (l. 26), duper (l. 28).<br />

2. Mon oncle (l. 3-4), ma cousine (l. 4, 11) => conflits<br />

familiaux récurrents dans la comédie.<br />

mon vilain oncle (l. 9-10), le bon vieillard (l. 13), Le<br />

bonhomme (l. 17, 28), notre vieillard (l. 20) => termes<br />

ironiques pour désigner celui qui a le rôle d’opposant<br />

dans l’intrigue.<br />

Appliquer<br />

3 Le drame romantique<br />

A. Dumas, Kean ou Désordre et génie<br />

1. Le théâtre est vital = identité de Kean : vous ne savez<br />

donc pas ce que c’est que cette robe de Nessus qu’on<br />

ne peut arracher de dessus ses épaules qu’en déchirant<br />

sa propre chair ? (l. 2-4).<br />

Passion au sens étymologique du terme, avec ses émotions,<br />

ses éblouissements, ses douleurs (l. 5-6).<br />

Fatalité : cette fatale carrière, il faut la parcourir<br />

jusqu’au bout... (l. 13-14).<br />

2. Ponctuation et syntaxe soulignent l’émotion et l’assurance<br />

du locuteur :<br />

– points d’exclamation accompagnés d’interjections ou<br />

d’apostrophes : Moi ! Oh ! Non ! (l. 1, 6, 8, 12, 13) ;<br />

– point d’interrogation (l. 4) ;<br />

– points de suspension (l. 1, 12, 14) ;<br />

– phrases à l’infinitif et énumérations : quitter le<br />

théâtre (l. 1, 4-5), renoncer (l. 5), céder (l. 6) ;<br />

– emploi de l’impératif : rappelez-vous donc (l. 8-9)…<br />

3. Anaphores :<br />

– moi ! quitter le théâtre (l. 1, 4-5) => Kean se sent attaqué<br />

et riposte pour se défendre ;<br />

– à ses émotions, à ses éblouissements, à ses douleurs<br />

(l. 5-6), à Kemble et à Macready (l. 6-7).<br />

=> effets de rythme, ternaire et binaire, envolées<br />

lyriques.<br />

4. Adjectif fatale (l. 14) propre à la tragédie et termes<br />

nuit, néant (l. 12) => acteur oublié : sa gloire, comme<br />

son métier, s’inscrivent dans l’éphémère (du trône<br />

dans le néant, l. 12) ≠ l’auteur qui connaît la postérité<br />

grâce à ses écrits.<br />

215


4 Le drame moderne<br />

P. Claudel, Le Soulier de satin<br />

1. le monde et plus spécialement l’Espagne à la fin<br />

du xvi e , à moins que ce ne soit le commencement du<br />

xvii e (l. 2-4) = repères historiques flous et symboliques<br />

=> dimension universelle.<br />

Didascalies internes dans la réplique de L’annoncier :<br />

décor représenté (l. 16) : ce point de l’Océan Atlantique<br />

qui est à quelques degrés au-dessous de la Ligne<br />

à égale distance de l’Ancien et du Nouveau Continent<br />

(l. 13-15) ; Toutes les grandes constellations de<br />

l’un et de l’autre hémisphères, la Grande Ourse, la<br />

Petite Ourse, Cassiopée, Orion, la Croix du Sud (l. 17-20)<br />

=> décor pas forcément visible sur scène, à imaginer.<br />

2. Pronoms personnels de l’énonciation :<br />

– 1re personne du pluriel et du singulier : Fixons, je vous<br />

prie, mes frères (l. 12) => L’annoncier présente le spectacle<br />

au public, décrit le décor et introduit un lien fort<br />

entre la salle et la scène grâce à l’apostrophe mes frères ;<br />

– 2e personne du pluriel : comme vous voyez (l. 32-33),<br />

Écoutez bien, ne toussez pas et essayez de comprendre<br />

un peu (l. 36-38) => L’annoncier interpelle le public,<br />

sollicite son attention (visée didactique).<br />

3. a. un Père Jésuite (l. 32), martyr : attaché [a]u tronçon<br />

du grand mât (l. 31-32) d’un pauvre bâtiment<br />

espagnol (l. 26), entouré de grandes taches de sang et<br />

de […] cadavres partout (l. 29-30) => drame religieux,<br />

pièce tragique : mort et souffrance dominent.<br />

b. Paradoxes dans la mise en garde finale : adjectif<br />

superlatif le plus drôle (l. 41) => registre comique, sans<br />

rapport avec l’histoire du Père Jésuite martyrisé : C’est<br />

ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau,<br />

c’est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant<br />

et c’est ce que vous ne trouverez pas amusant qui est<br />

le plus drôle. (l. 38-41) => provocation du spectateur,<br />

auquel on demande une grande ouverture d’esprit,<br />

pour entrer dans cet univers déconcertant.<br />

216<br />

Écrire<br />

5 La farce médiévale<br />

Anonyme, La Farce de maître Pathelin<br />

1. Procédés farcesques :<br />

– comique de répétition : Bée ! réplique reprise cinq<br />

fois de suite par Thibault Aignelet et deux fois par<br />

Pathelin le citant ;<br />

– comique de mots : expressions métaphoriques à qui<br />

vends-tu tes coquilles ? (l. 1-2), Me fais-tu manger de<br />

l’oie ? (l. 10), Les oisons mènent paître les oies (l. 18-19)<br />

=> langage pittoresque, prouvant l’aisance verbale de<br />

l’avocat : jurons Maugrebleu ! (l. 11), Par saint Jacques<br />

(l. 22), interjections Eh bien ! (l. 7-8), insultes un mouton<br />

habillé, un vilain paillard (l. 11-12) => colère de Pathelin<br />

qui ne se maîtrise plus, voyant qu’il ne sera pas payé ;<br />

– apartés => comme Thibault ne répond pas, Pathelin<br />

parle dans le vide, ridiculisé, ce qui le met en colère :<br />

(À part.) Maugrebleu ! Ai-je tant vécu qu’un berger,<br />

un mouton habillé, un vilain paillard, me bafoue ?<br />

(l. 10-12).<br />

2. Écriture d’invention<br />

patheLin. – Tu fais le rimeur en prose. Et à qui vendstu<br />

tes coquilles ? Sais-tu qu’il en est ? Ne me rebats<br />

plus désormais les oreilles de ton « Bée ! » et paiemoi<br />

!<br />

thibauLt aigneLet. – Hélas, Maître Pathelin, ayez<br />

pitié ! Vous me connaissez ! Où voulez-vous que je<br />

trouve une somme pareille ? Nous autres sommes<br />

des miséreux ayant trop de peine à joindre les deux<br />

bouts.<br />

patheLin. – N’en tirerai-je autre monnaie ? De qui<br />

crois-tu te jouer ? Je devrais tant me louer de toi !<br />

Eh bien ! Fais donc que je m’en loue !<br />

thibauLt aigneLet. – Vous ne savez pas ce qu’est la<br />

pauvreté, vous ! Voyez ces beaux habits tout neufs !<br />

Pour sûr, Monsieur n’est point dans le besoin ! Alors<br />

faites grâce à un pauvre homme comme moi, Dieu<br />

vous en saura gré.<br />

patheLin. – Me fais-tu manger de l’oie ? (À part) Maugrebleu<br />

! Ai-je tant vécu qu’un berger, un mouton<br />

habillé, un vilain paillard, me bafoue ?<br />

thibauLt aigneLet. – Moi, vous bafouer, avec tout le<br />

respect que je vous dois ! Monsieur se moque ! Cette<br />

somme serait à vous dans la minute…si je l’avais,<br />

mais c’est que je ne l’ai point. Voyez vous-même !<br />

(Il secoue ses hardes.) Je n’ai ni poches ni bourse. À<br />

quoi cela me servirait-il puisque je n’ai pas le sou ?<br />

patheLin. – N’en tirerai-je pas un autre mot ? Si c’est<br />

pour te divertir, dis-le ! Ne me fais plus discuter !<br />

Viens-t’en souper à la maison !<br />

thibauLt aigneLet. – Êtes-vous donc sérieux, Monsieur<br />

? Un berger à la table d’un beau et grand<br />

monsieur comme vous ? C’est trop aimable, et je ne<br />

saurais refuser une offre si charitable. Monsieur est<br />

un bon chrétien, je le savais bien !<br />

patheLin. – Par saint Jean, tu as raison. Les oisons<br />

mènent paître les oies. (À part) Je croyais être<br />

maître de tous les trompeurs d’ici et d’ailleurs, des<br />

aigrefins et bailleurs de paroles à tenir le jour du<br />

jugement, et un berger des champs me surpasse !<br />

Par saint Jacques, si je trouvais un bon officier de<br />

police, je te ferais arrêter !


thibauLt aigneLet.– Ah ! Quel filou vous faites ! Et<br />

moi qui allais donner dans le piège ! Vous, un bon<br />

chrétien ? Que nenni ! Un pingre, un égoïste, qui ne<br />

connaît pas même le sens du mot « charité », voilà<br />

la vérité ! Allez au diable, avec tout votre argent !<br />

patheLin. – Heu ! Bée ! Qu’on me pende si je ne fais<br />

un bon officier ! Malheur à lui s’il ne te met pas en<br />

prison !<br />

Fiche 4<br />

queSTioNS<br />

A. de Musset, Les Caprices de Marianne<br />

1. Jalousie et peur maladive de l’infidélité = thèmes de<br />

la farce depuis le Moyen Âge, mais présents dans la tragédie<br />

(ex. : Phèdre, Médée…), suscitant l’angoisse (ex. :<br />

crime passionnel).<br />

2. Claudio se dit très en colère contre sa femme, pourtant<br />

présentée comme une dévote, un dragon de vertu.<br />

Laisse-moi faire = annonce de vengeance, qui paraît<br />

donc injuste, disproportionnée => type du monomaniaque,<br />

omniprésent chez Molière, personnage qui<br />

se ridiculise par son aveuglement et ses obsessions<br />

(comique de caractère).<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 388<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 Les types de comique<br />

M. Pagnol, Marius<br />

1. Comique de situation : César communique à Escartefigue<br />

une information sur le jeu de Panisse, tu me fends<br />

le cœur, il me fend le cœur (l. 21, 25), mais Escartefigue<br />

met du temps à interpréter le message : Escartefigue<br />

pousse un cri de triomphe. Il vient enfin de<br />

comprendre, et il jette une carte sur le tapis (l. 29-30)<br />

ce qui alerte Panisse, très en colère : Est-ce que tu me<br />

prends pour un imbécile ? Tu as dit : « Il nous fend le<br />

cœur » pour lui faire comprendre que je coupe à cœur.<br />

Et alors, il joue cœur, parbleu ! (l. 33-36).<br />

Comique de mots : le langage marseillais => dialogue<br />

pittoresque : tu m’espinches (l. 19), Ô Bonne Mère !<br />

(l. 27).<br />

thibauLt aigneLet. – S’il me trouve, je lui pardonne !<br />

Prolongement. Rédaction d’un paragraphe argumentatif<br />

: comparez la définition du théâtre donnée<br />

dans le texte de Pirandello ➜ exercice 5, p. 379<br />

et celle donnée par Kean dans la pièce de Dumas<br />

➜ exercice 3, p. 384.<br />

Les registres comique et tragique<br />

➜ Livre de l’élève, p. 386<br />

2. Jeux d’onomastique : Escartefigue (verbe écarter et<br />

nom figue) => effet insolite qui ridiculise le personnage ;<br />

Panisse (sonorités évoquant le pastis, breuvage typiquement<br />

marseillais, et nom d’un plat méridional à base de<br />

pois chiches) ; César (nom qui symbolise l’autorité et le<br />

sentiment de supériorité) => comique de mots renforcé.<br />

3. Didascalies : registre héroï-comique. Partie de cartes<br />

=> réactions disproportionnées avec vocabulaire de la<br />

tragédie ou du drame : Un silence. Puis César parle sur<br />

un ton mélancolique (l. 11), très ému (l. 18), il lève les<br />

yeux au ciel (l. 27), plein de fureur (l. 31-32).<br />

Également « théâtre dans le théâtre » : le tricheur joue<br />

la comédie.<br />

2 Une héroïne tragique<br />

J. Anouilh, Antigone<br />

Remarque : la numérotation des vers doit commencer à<br />

Voilà. Le livre de l’élève et celui du professeur prennent<br />

en compte cette correction.<br />

1. Antigone ne dit rien (l. 3), son destin est de mourir<br />

ce soir (l. 17), enfermée seule dans ses pensées (anaphore<br />

Elle pense, l. 4) Ismène bavarde et rit avec un<br />

jeune homme (l. 14-15) => Antigone, héroïne tragique,<br />

s’éloigne à une vitesse vertigineuse de sa sœur Ismène<br />

(l. 13-14) qui apparaît insouciante (ironie tragique).<br />

2. Elle pense qu’elle va mourir (l. 9), Mais il n’y a rien<br />

à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle<br />

joue son rôle jusqu’au bout… (l. 10-12) => elle ne peut<br />

échapper à son destin.<br />

3. La pitié : Antigone, c’est la petite maigre qui est<br />

assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit<br />

devant elle. Elle pense (l. 2-4), maigre jeune fille noiraude<br />

et renfermée que personne ne prenait au sérieux<br />

dans la famille (l. 5-7), elle est jeune et […] elle aussi<br />

elle aurait bien aimé vivre. (l. 9-10).<br />

217


À l’opposé d’héroïnes tragiques telles Médée ou Phèdre,<br />

représentées comme des monstres en fureur, Antigone<br />

ne commet aucun crime, n’inspire pas la terreur.<br />

218<br />

Appliquer<br />

3 Une forme de comique<br />

Molière, Le Bourgeois gentilhomme<br />

1. Répétition de tout, trois fois, sous deux formes (l. 3 et<br />

6) : pronom Tout / déterminant toutes les envies, toutes<br />

les sciences => boulimie de savoir, figure du monomaniaque<br />

dont l’obsession est l’ambition sociale et les<br />

valeurs culturelles qui y sont liées.<br />

2. cela veut dire. (l. 11-12) => ignorance de M. Jourdain<br />

soulignée, déjà perceptible dans l’échange : vous savez<br />

le latin sans doute. / – Oui, mais faites comme si je ne<br />

le savais pas. (l. 9-11). Jourdain = enfant.<br />

3. Phrase latine = pédantisme du cuistre, personnage<br />

traditionnel des comédies de Molière, Marivaux (Hortensius,<br />

La Seconde Surprise de l’amour), ou Musset<br />

(Maître Blazius, On ne badine pas avec l’amour).<br />

4. Comique de situation associé au comique de caractère<br />

: bourgeois arriviste infantilisé et ridiculisé dans<br />

une situation d’apprentissage qui le met en difficulté.<br />

4 Une tirade de tragédie<br />

J. Racine, Athalie<br />

1. Hyperboles : l’horreur d’une profonde nuit (v. 1), ces<br />

mots épouvantables (v. 11), Des lambeaux pleins de<br />

sang, et des membres affreux / Que des chiens dévorants<br />

se disputaient entre eux. (v. 16-17).<br />

Périphrases : cet éclat emprunté / Dont elle eut soin de<br />

peindre et d’orner son visage (v. 5-6) = maquillage, des<br />

ans l’irréparable outrage (v. 7) = vieillissement.<br />

Antithèses : profonde nuit (v. 1), ombre (v. 12) ≠ jour<br />

(v. 3), éclat (v. 5).<br />

2. Terreur : horreur (v. 1), mort (v. 3), Tremble (v. 8),<br />

cruel (v. 9), mains redoutables (v. 10), épouvantables<br />

(v. 11), horrible (v. 14), D’os et de chairs meurtris<br />

(v. 15), lambeaux pleins de sang (v. 16), membres<br />

affreux (v. 16), chiens dévorants (v. 17) => apparition<br />

du spectre et images de violence.<br />

Pitié : malheurs (v. 4), irréparable outrage (v. 7), Je te<br />

plains (v. 10), traînés dans la fange (v. 15) => héroïnes<br />

tragiques, victimes du cruel Dieu des Juifs (v. 9).<br />

Athalie est nommée par sa mère : fille digne de<br />

moi (v. 8) ; les deux héroïnes ont en commun leur fierté<br />

(v. 4), en dépit des malheurs subis.<br />

3. a. Vocabulaire de l’horreur => catharsis d’Aristote :<br />

le paroxysme des émotions suscitées par le spectacle<br />

délivre le spectateur de ses angoisses, de ses pulsions.<br />

b. Registre pathétique => la fatalité, ici, est moins présente<br />

que l’horreur et la pitié ; procédé de l’hypotypose<br />

(tableau saisissant qui frappe l’imagination).<br />

Écrire<br />

5 Le théâtre de l’absurde<br />

E. Ionesco, Le roi se meurt<br />

1. Situation de déni : le royaume et Bérenger sont<br />

moribonds, mais le roi se persuade que tout va pour le<br />

mieux : Je ne suis pas malade (l. 5), Je suis toujours<br />

beau (l. 6-7), – Et tes douleurs ? / – Je n’en ai plus.<br />

(l. 8-9) => aveuglement pathétique.<br />

2. Tout l’entourage du roi (sauf Marie, l. 22) donne une<br />

autre vision de la réalité : royaume en déliquescence, à<br />

l’image de son roi :<br />

– Marguerite : Tu ne peux même plus t’empêcher d’être<br />

malade (l. 3-4), Bouge un peu, tu verras bien (l. 10),<br />

Dans quel état il est ton royaume ! Tu ne peux plus le<br />

gouverner, tu t’en aperçois toi-même, tu ne veux pas<br />

te l’avouer. (l. 16-18) ;<br />

– Le Médecin : Vous avez perdu le pouvoir de décider<br />

seul, Majesté. (l. 1-2) ;<br />

– Juliette : On ne peut plus repêcher les ministres. Le<br />

ruisseau dans lequel ils sont tombés a coulé dans<br />

l’abîme avec les berges et les saules qui le bordaient<br />

(l. 25-27).<br />

3. Rédaction d’un paragraphe argumentatif. Éléments<br />

tragiques transcendés par le registre comique :<br />

– personnage et thèmes de la tragédie (roi, reine, pouvoir<br />

politique, fin de règne, présence tragique de la<br />

maladie et de la mort inéluctable, apostrophe Majesté) ;<br />

– traitement comique de ces thèmes : roi diminué physiquement<br />

: Aïe !... (l. 11) => langage prosaïque ; roi<br />

sans pouvoir et sans prestige : tutoiement et langage<br />

familier (l. 10), abondance de négations associées aux<br />

verbes avoir et pouvoir dans la réplique de Marguerite<br />

(l. 16 à 21) => roi = pantin ridicule et pathétique ;<br />

– réplique finale de Juliette, burlesque et absurde.<br />

Prolongement : mettre en scène et jouer ce dialogue<br />

entre camarades afin d’en souligner la subtilité et le<br />

mélange des registres.


C H A P I T R E<br />

Fiche 1<br />

queSTioNS<br />

V. Hugo, Discours sur la misère<br />

1. Anaphore de je dis (l. 1), parallélisme et accumulation<br />

: toute sa force, toute sa sollicitude, toute son<br />

intelligence, toute sa volonté (l. 2-3) => V. Hugo veut<br />

faire pression et impression sur son auditoire, il veut<br />

frapper son esprit pour le faire réagir.<br />

2. Apostrophe = Eh bien, messieurs (l. 1) => impliquer<br />

le public personnellement.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 392<br />

meTTre Au poiNT<br />

4<br />

1 Le manifeste<br />

F. T. Marinetti, Manifeste du futurisme<br />

Les genres de l’argumentation<br />

➜ Livre de l’élève, p. 391<br />

1. Présent : voulons (l. 1, 6), déclarons (l. 10), est (l. 15).<br />

2 e personne du pluriel : Nous (l. 1, 6, 10) => présentation<br />

d’un mouvement, l’un parle au nom de tous.<br />

2. Le mouvement et l’action, voire l’agressivité = noms :<br />

énergie, témérité (l. 2), courage, audace, révolte (l. 4),<br />

mouvement (l. 7), pas, saut, gifle (l. 8), coup de poing<br />

(l. 8-9), vitesse (l. 12) ; adjectifs : agressif, fiévreuse (l. 7),<br />

gymnastique, périlleux (l. 8), explosive (l. 14), rugissante<br />

(l. 14).<br />

3. Texte polémique qui critique l’immobilisme de la littérature<br />

= l’immobilité pensive, l’extase et le sommeil<br />

(l. 5-6), en ayant recours à des termes violents (➜ question<br />

2). Présentation des grandes lignes du mouvement<br />

sous la forme d’un exposé en plusieurs points et par le<br />

recours à la 2 e personne du pluriel ainsi qu’aux verbes<br />

de déclaration : Nous voulons (l. 1, 6), Nous déclarons<br />

(l. 10) => présentation et affirmation d’un mouvement<br />

artistique.<br />

Les notions propres<br />

à l’argumentation<br />

➜ Livre de l’élève, p. 390<br />

Appliquer<br />

2 Un genre associé à l’argumentation<br />

B. Vian, chanson « Le déserteur »<br />

1. Comme l’homme n’est pas fait pour faire la guerre et<br />

tuer des innocents, le poète préfère déserter (v. 10-13,<br />

17).<br />

2. Ton affirmatif, voire polémique : répétition de la<br />

1 re personne qui implique le poète personnellement :<br />

anaphore de Je (v. 2, 6, 11, 12, 15, 17), dimension critique<br />

du poème et opposition du poète (v. 12-13, 14,<br />

16-17) avec adresse directe à Monsieur le Président<br />

(l. 1, 10). => poésie (chanson) engagée.<br />

3. Recherche. Chanson écrite en 1954 pendant la guerre<br />

d’Indochine et plus particulièrement la défaite de Diên<br />

Biên Phu qui voit l’armée française perdre près de mille<br />

cinq cents hommes. Les Indochinois obtiennent leur<br />

indépendance le 21 juillet 1954 (accords de Genève).<br />

La même année commence la guerre l’Algérie.<br />

Chanson qui fait scandale, censurée et attaquée par les<br />

associations d’anciens combattants.<br />

Écrire<br />

3 Argumentation et actualité<br />

J. Onimus, Lettre à mes fils<br />

1. Genre épistolaire. Lettre adressée par Onimus à ses<br />

fils, mais réellement adressée à tous les jeunes et à<br />

tous les hommes : absence de la 2 e personne dans cet<br />

extrait, jeunes (l. 1, 8).<br />

2. Reproches adressés à la société :<br />

– détruire l’innocence : il est impossible de prolonger<br />

l’innocence dans le monde où nous vivons (l. 6-7),<br />

L’innocence l’irrite, les illusions d’un cœur pur l’agacent<br />

(l. 13-14) ;<br />

219


– avilir l’âme : hâte de montrer aux jeunes tout ce qu’il<br />

y a de laid dans la vie (l. 8-9), use, avilit et souille<br />

(l. 10-11), profane (l. 11) ;<br />

– supprimer l’enfance : l’enfance lui fait honte (l. 14),<br />

il fait tout pour qu’il n’y ait plus d’enfants (l. 14-15).<br />

=> la société des années 1960 refuse l’innocence,<br />

l’illusion et la futilité = société contemporaine fondée<br />

sur une surmédiatisation qui nuit à l’imagination et à<br />

l’équilibre de l’enfant assailli d’images souvent inadaptées<br />

à son âge.<br />

3. Je n’essaierai pas (l. 2), je constate (l. 3) => avertir les<br />

jeunes et leurs parents des problèmes de société et les<br />

mettre en garde contre eux.<br />

4. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– une forme narrative qui met en scène plusieurs personnages<br />

dans une histoire racontée à la 1re ou à la<br />

3e personne, utilisation de temps présents ou passés ;<br />

– un thème lié au texte de Jean Onimus = les personnages<br />

doivent être dans une situation de malaise face<br />

à ce que la société leur offre => soit ce sont des jeunes<br />

220<br />

qui découvrent ce monde avilissant, soit des parents<br />

qui observent leurs enfants impuissants devant ces<br />

problèmes.<br />

Exemple de début :<br />

Jean et son fils, Nicolas, âgé de sept ans, se<br />

rendent pour la première fois ensemble dans la<br />

grande ville à quelques kilomètres de leur village.<br />

L’entrée dans la ville se fait par la zone commerciale,<br />

tous les vingt mètres un panneau publicitaire<br />

aux couleurs chatoyantes pour celui qui les voit<br />

pour la première fois, agressives pour les autres.<br />

Nicolas n’en revient pas, toutes ces belles images<br />

de jouets, de femmes, d’hommes, d’objets en tous<br />

genres. L’une attire son regard, une publicité pour<br />

un téléphone portable, voilà un monde nouveau qui<br />

s’offre à lui et attise son désir.<br />

Prolongement. Écriture d’invention : imaginez que<br />

vous êtes à la tête d’un nouveau mouvement artistique.<br />

Rédigez les premiers articles du manifeste en<br />

respectant les codes de ce genre argumentatif.


Fiche 2<br />

queSTioNS<br />

A. Césaire, Discours sur le colonialisme<br />

1. Hyperbole hideuses boucheries (l. 1), oxymore délectation<br />

morose (l. 2) et accumulation ces têtes d’hommes,<br />

ces récoltes d’oreilles, etc. (l. 2-4) => A. Césaire veut<br />

frapper l’esprit du public.<br />

2. Après l’accumulation et les images frappantes,<br />

A. Césaire tire une conclusion sans appel : Ils prouvent<br />

que (l. 5) ; implication du poète par l’emploi de la 1 re personne<br />

: je le répète (l. 5) et verbe répéter qui souligne le<br />

désir de faire comprendre sa thèse au public par l’effet<br />

d’insistance.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 395<br />

meTTre Au poiNT<br />

Convaincre ou persuader<br />

➜ Livre de l’élève, p. 393<br />

1 La stratégie argumentative<br />

dans un essai<br />

W. Benjamin, L’Œuvre d’art à l’époque<br />

de sa reproductibilité technique<br />

1. Cinéma et théâtre : tournage d’une scène en studio<br />

et son exécution au théâtre (l. 11-12).<br />

2. on (l. 2, 10) = pronom personnel indéfini => il inclut<br />

l’auteur dans ce qu’il dit, tout en impliquant davantage<br />

le lecteur.<br />

3. Présent : offrent (l. 2), existe (l. 3), rend (l. 9) => valeur<br />

d’affirmation et d’actualité, voire de vérité générale.<br />

Conditionnel passé : aurait pu (l. 2-3), à valeur d’irréel<br />

dans le passé. Conditionnel présent : pourrait (l. 10), à<br />

valeur d’hypothèse fiable.<br />

4. Nuance du locuteur = parenthèse des lignes 7-8 qui<br />

indique un décrochement de l’énonciation et une mise<br />

à distance du propos soulignés, par la locution À moins<br />

que (l. 7) qui a valeur de correction ou de restriction, et<br />

utilisation du conditionnel.<br />

Mais l’adjectif superficielle (l. 9) et le GN à valeur d’adjectif<br />

sans importance (l. 9-10) révèlent le caractère<br />

affirmatif et catégorique de ce texte.<br />

5. Thèse : explicite aux lignes 3 à 8 (Il n’existe pas…).<br />

Reformulation : la mise en scène cinématographique<br />

ne peut se faire oublier à la différence de la mise en<br />

scène au théâtre.<br />

6. Convaincre = argumentation logique qui souligne<br />

sa progression par des connecteurs logiques : en effet<br />

(l. 3), À moins que (l. 7), Plus que toute autre (l. 8-9),<br />

utilisation du pronom on (l. 2, 10), qui implique l’auteur,<br />

et prise en compte des limites de ses idées dans les<br />

parenthèses (l. 7-8).<br />

2 Argumenter dans le roman<br />

É. Zola, L’Assommoir<br />

1. dans son trou (l. 10), cette niche (l. 12) = métaphore<br />

=> déshumanisation de Gervaise qui vit comme un animal.<br />

2. Pronom : on (l. 5, 6, 9), termes : M. Marescot (l. 8),<br />

La terre (l. 14) => tous ceux qui ne lui apportent aucun<br />

secours sont responsables, c’est-à-dire tous ceux qui<br />

gravitent autour d’elle. Seul le propriétaire est nommé,<br />

mais le pronom insiste sur la responsabilité collective.<br />

3. Thèse implicite : l’homme, inhumain et égoïste, traite<br />

ses semblables, misérables, comme des animaux.<br />

4. Persuader = images frappantes et choquantes :<br />

acceptait les dernières avanies (l. 2-3), On la chargeait<br />

des sales commissions (l. 5), on avait parié qu’elle ne<br />

mangerait pas quelque chose de dégoûtant (l. 6-7),<br />

dans son trou, sous l’escalier (l. 10-11), sur de la vieille<br />

paille (l. 13) => Zola veut sensibiliser et choquer le lecteur<br />

pour le faire réagir.<br />

Appliquer<br />

3 Comparer pour persuader<br />

Voltaire, Lettres philosophiques<br />

1. a. seigneur bien poudré (l. 2), airs de grandeur (l. 4)<br />

= aristocrate courtisan représentant de la haute société ≠<br />

négociant qui enrichit son pays (l. 6), contribue au bonheur<br />

du monde (l. 7-8) = travailleur dans le commerce,<br />

représentant de la bourgeoisie qui travaille pour vivre.<br />

b. Vocabulaire péjoratif concernant l’aristocrate => critique<br />

de Voltaire.<br />

Vocabulaire mélioratif concernant le négociant<br />

=> défense et exaltation de ceux qui travaillent.<br />

221


2. Négation ironique, Voltaire sait très bien lequel est<br />

le plus utile => effet d’interpellation qui demande au<br />

lecteur de s’interroger lui-même et d’être attentif à<br />

cette conclusion.<br />

3. Argumentation implicite : Voltaire laisse le soin au<br />

lecteur de comprendre lequel il juge le plus utile.<br />

Thèse : les pays d’Europe ont besoin d’une puissance<br />

commerciale active plutôt que d’une aristocratie<br />

repliée sur elle-même qui ne sert qu’à flatter le roi.<br />

4 Une stratégie argumentative affirmée<br />

J.-J. Rousseau, Émile ou De l’éducation<br />

1. 1 re personne du singulier : je supposerais (l. 6-7) et<br />

implication de l’auteur dans l’expression : comment<br />

voir sans indignation (l. 8).<br />

Vocabulaire péjoratif : barbare (l. 1), prétendu (l. 5),<br />

pauvres infortunés (l. 8-9), insupportable (l. 9), galériens<br />

(l. 10), etc.<br />

2. Image de l’esclavage : barbare (l. 1), chaînes (l. 3),<br />

joug (l. 9), travaux continuels (l. 10), galériens (l. 10),<br />

esclavage (l. 13) => connotation péjorative.<br />

3. Types de phrase : interrogation (l. 1-6) et exclamation<br />

(l. 6-11) => faire réagir le lecteur, le forcer à s’indigner<br />

lui aussi.<br />

4. Rousseau défend une éducation libre, sans contrainte ;<br />

selon lui, il faut préserver l’innocence et la douceur de<br />

l’enfance et réserver l’enseignement pour plus tard.<br />

Thèse peu banale à son époque qui privilégie au<br />

contraire l’autorité dans l’éducation et l’apprentissage.<br />

5. Persuader = provoquer une réaction affective par<br />

l’emploi d’un vocabulaire fortement péjoratif et de<br />

phrases interrogatives et exclamatives, forte implication<br />

de l’auteur.<br />

5 Rigueur et raisonnement<br />

T. Ben Jelloun, « Suis-je un écrivain arabe ? »<br />

1. La culture d’un écrivain forge son identité, non sa<br />

nationalité trop restrictive : Je suis un écrivain français<br />

[…] qui se nourrit de l’imaginaire populaire du Maroc<br />

(l. 5-9).<br />

2. Rôle argumentatif des questions : éveiller l’esprit du<br />

lecteur, le faire s’interroger et réfléchir au problème.<br />

3. Raisonnement inductif : cas particulier de T. Ben<br />

Jelloun : Je suis un écrivain français (l. 5) aboutit à<br />

une conclusion générale : Le bilinguisme, la double<br />

culture, le métissage des civilisations constituent une<br />

chance et une richesse (l. 11-12) => le métissage culturel<br />

rend l’écriture et la littérature plus riches.<br />

222<br />

4. Convaincre = raisonnement logique qui rend sa<br />

thèse irréfutable, exemple personnel et questions à<br />

valeur argumentative.<br />

Écrire<br />

6 La progression argumentative<br />

P. Vasset, Un livre blanc<br />

1. L’homme ne voit pas le monde qui l’entoure car sa<br />

vision est détournée par des objets modernes qui dispersent<br />

son attention : Les signes, panneaux et flèches<br />

dont tout cela est bardé nous empêchent de rien voir<br />

(l. 1-2), nous ne connaissons rien du monde (l. 16-17)<br />

=> thèse exprimée au début et répétée à la fin pour<br />

souligner sa logique et son irréfutabilité.<br />

2. Fonction critique des questions qui ont pour but de<br />

faire réagir le lecteur, en le mettant concrètement dans<br />

la situation évoquée.<br />

3. éteignez votre portable et votre GPS, masquez les<br />

publicités et les enseignes lumineuses (l. 3-5) => fonction<br />

illustrative et argumentative pour éveiller la<br />

conscience de l’homme face à sa soumission au monde<br />

moderne.<br />

4. Écriture d’invention. Contraintes d’écriture :<br />

– un texte écrit sur le modèle de celui de P. Vasset :<br />

argumentation logique qui énonce la thèse au début et<br />

la répète à la fin comportant des questions et s’adressant<br />

directement aux lecteurs ;<br />

– un texte critique et argumentatif sur le thème des<br />

réseaux sociaux et de leurs dérives ;<br />

– une fin imposée : Nous ne connaissons rien de ces<br />

nouveaux amis.<br />

La formulation de cette dernière phrase peut impliquer<br />

de l’ironie : s’agit-il d’amis alors que ces moyens<br />

de communication sont aujourd’hui décriés pour leur<br />

utilisation, susceptible de menacer la vie privée ?<br />

Exemple de début :<br />

Un réseau social paradoxalement anti-social qui<br />

crée l’illusion d’être populaire et apprécié sans sortir<br />

de chez soi : on pense communiquer, que chercher<br />

de plus ? Le téléphone est lui-même relégué<br />

au second plan, plus de voix, plus de rires, plus de<br />

longues conversations, mais des tas d’amis avec qui<br />

échanger…un mot.<br />

Prolongement. Écriture d’invention : choisissez une<br />

cause que vous défendrez dans deux paragraphes<br />

d’une quinzaine de lignes, l’un visant à convaincre<br />

votre auditoire, l’autre visant à le persuader.


Fiche 3<br />

queSTioNS<br />

D. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville<br />

1. Pronom personnel de la 2 e personne : toi (l. 1), tu (l. 1,<br />

3) ; déterminant possessif de 2 e personne du pluriel :<br />

vos (l. 2-3) => volonté d’impliquer directement le destinataire.<br />

2. Phrase exclamative (l. 1) et phrases interrogatives<br />

(l. 1-3) = forte expressivité, forte implication émotive<br />

du locuteur => émouvoir et faire réagir l’auditeur.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 398<br />

meTTre Au poiNT<br />

L’art oratoire et les types de raisonnement<br />

➜ Livre de l’élève, p. 397<br />

1 L’art oratoire au cinéma<br />

Photogramme de Citizen Kane<br />

1. Un homme, Kane, s’adresse à une assemblée, sur une<br />

tribune, derrière un pupitre. Placé au centre de l’image<br />

devant un grand portrait de lui-même et une rangée<br />

d’hommes habillés en noir.<br />

La contre-plongée crée un effet de hauteur et confère<br />

de la supériorité au personnage.<br />

2. Attitude attentive, tournée vers l’homme au centre,<br />

ou regardant dignement l’assistance rassemblée avec<br />

laquelle l’observateur se confond = qualité oratoire du<br />

personnage qui capte l’attention de tous.<br />

3. Posture droite, tête haute en signe de conviction et<br />

geste ample et ouvert = volonté d’impressionner le<br />

public et d’attirer son attention.<br />

2 Publicité et art oratoire<br />

B. Cendrars, Aujourd’hui<br />

1. Thèse : la publicité rend la vie des hommes plus<br />

joyeuse et chatoyante = elle est une affirmation d’optimisme<br />

et de gaieté (l. 2).<br />

2. Connotations positives et mélioratives = optimisme,<br />

gaieté (l. 2), chaleureuse (l. 4), vitalité (l. 4-5), puissance<br />

(l. 5), don (l. 6) => vanter les qualités de la publicité.<br />

3. a. Métaphore = assimilation de la publicité à une<br />

fleur => dimension créative et poétique de la publicité.<br />

b. Énumérations : les rues, les places, les gares, le<br />

métro, les palaces, les dancings, les cinémas, le<br />

wagon-restaurant, les voyages, les routes pour automobiles,<br />

la nature (l. 9-12) et parallélismes : sans les<br />

innombrables affiches, sans les vitrines…, sans les<br />

enseignes lumineuses, sans les boniments des hautparleurs…,<br />

sans les menus polychromes et sans les<br />

belles étiquettes (l. 12-17) => effet d’emballement qui<br />

frappe l’esprit du lecteur.<br />

4. Genre épidictique de l’éloge = accumulation de<br />

termes mélioratifs qui visent à valoriser la publicité et<br />

renversement frappant par l’évocation de la tristesse<br />

d’une vie sans publicité.<br />

Appliquer<br />

3 Article et rhétorique<br />

Voltaire, Dictionnaire philosophique<br />

1. La justice de son époque est inhumaine et inquisitrice.<br />

Elle ne tolère aucun écart dans le respect de la<br />

religion et fait subir aux hommes un traitement inhumain<br />

pour arriver à ses fins.<br />

2. Raisonnement inductif = il s’agit de tirer un enseignement<br />

général sur la justice et ses abus à partir de<br />

l’exemple précis du chevalier de La Barre.<br />

3. petit-fils d’un lieutenant général des armées (l. 1-2),<br />

jeune homme de beaucoup d’esprit (l. 2-3) = insistance<br />

sur l’importance du personnage, ses qualités ; qu’on lui<br />

arrachât la langue, qu’on lui coupât la main, et qu’on<br />

brulât son corps à petit feu (l. 9-11) = dénonciation de<br />

l’horreur de la torture.<br />

4. Rôle argumentatif et critique = associer les juges<br />

aux sénateurs romains, c’est faire du chevalier de La<br />

Barre un danger public pour avoir chanté une chanson<br />

et oublié d’ôter son chapeau => ironie de Voltaire.<br />

Écrire<br />

4 Pratiquer l’éloquence<br />

Contraintes du sujet :<br />

– la forme du texte à produire est un discours : adresse<br />

directe à l’auditeur, apostrophes, utilisation de la<br />

223


2e personne du pluriel, ton didactique ou polémique,<br />

utilisation de nombreux modalisateurs ;<br />

– le discours doit être argumentatif et convaincant :<br />

organisation claire et logique, connecteurs logiques,<br />

arguments illustrés par des exemples précis ;<br />

– la cause à défendre est laissée au choix de l’élève : il<br />

doit en montrer les aspects positifs et souligner ce qui<br />

lui nuit ;<br />

– la lecture à haute voix : ton adapté et dynamique,<br />

variations de la voix, gestes ouverts et en direction de<br />

l’auditoire pour le sensibiliser et l’interpeller.<br />

Exemple de début de discours :<br />

N’avez-vous jamais pensé que le monde dans<br />

lequel vous vivez est celui dans lequel vivront vos<br />

queSTioNS<br />

Montesquieu, Lettres persanes<br />

1. Hyperbole : aussi antique que si elle s’y était oubliée<br />

trente ans (l. 2) => critique de la mode qui est très<br />

éphémère.<br />

2. Frapper l’esprit du lecteur et faire rire ce dernier<br />

en ridiculisant le rapport des femmes à la mode pour<br />

mieux le critiquer.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 400<br />

224<br />

Fiche 4<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 La controverse<br />

J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid<br />

1. Sujet des Indiens et de la manière dont on doit les<br />

traiter.<br />

Thèse du légat : il faut traiter les Indiens comme des<br />

ennemis : Nous sommes ici dans le territoire cruel de<br />

la guerre (l. 6) ≠ thèse de Las Casas : les Indiens doivent<br />

être considérés comme des frères et des égaux : Ils<br />

venaient à nous tout souriants, le visage gai, curieux<br />

de nous connaître (l. 12-14).<br />

2. Malentendu sur le terme guerre (l. 6, 9, 12) : le légat<br />

justifie la colonisation du peuple indien par l’image de<br />

enfants ? Aujourd’hui, plus que jamais, il faut y<br />

songer et accepter la responsabilité non seulement<br />

civique mais humaine qui nous incombe. L’environnement<br />

nous concerne tous, vous et moi. Des<br />

erreurs ont été commises, à nous de les regarder en<br />

face et de réagir. Pensons à demain !<br />

Prolongement. Écriture d’invention : choisissez un<br />

des thèmes suivants et rédigez deux paragraphes ;<br />

dans le premier, vous procéderez à un éloge, mais<br />

dans le second à un blâme :<br />

– la télévision ;<br />

– le téléphone portable ;<br />

– les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…) ;<br />

– les transports en commun.<br />

Le registre polémique et l’ironie<br />

➜ Livre de l’élève, p. 399<br />

la guerre, alors qu’en aucun cas ce peuple n’a été hostile<br />

vis-à-vis des Européens comme le souligne Las Casas.<br />

3. Las Casas est le plus passionné : interruption du discours<br />

du légat, phrases exclamatives et interrogatives<br />

qui soulignent son emportement, surtout dans l’antithèse<br />

entre le Christ (l. 15) et La mort (l. 16).<br />

4. Forme théâtrale plus vivante : le dialogue rend le<br />

discours plus concret, plus compréhensible, les déplacements<br />

et les gestes des personnages accentuent le<br />

sens et l’intensité de leurs paroles.<br />

Appliquer<br />

2 La lecture en question<br />

Voltaire, De l’horrible danger de la lecture<br />

1. La lecture est nuisible à la population et opposée aux<br />

règles de l’État : sentiments absolument opposés à la<br />

sainte doctrine (l. 12-13).<br />

2. 1 er argument : la lecture permet de sortir de l’ignorance,<br />

ce qui représente un danger pour le régime<br />

autoritaire qui fonde son pouvoir sur l’ignorance, qui<br />

est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés<br />

(l. 2-3).<br />

2 e argument : la lecture permet au peuple de progresser,<br />

ce qui pourrait faire naître des sentiments d’élévation<br />

et de supériorité contraires à la soumission dans<br />

laquelle il doit rester : lesquels ouvrages pourraient à


la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, réveiller le génie de<br />

nos cultivateurs… (l. 7-13).<br />

=> arguments non recevables car appartenant à la<br />

logique d’un discours autoritaire qui cherche à maintenir<br />

le peuple dans l’ignorance et la soumission.<br />

3. Ironie = faire comprendre le contraire, c’est-à-dire<br />

l’importance de la lecture pour sortir des ténèbres de<br />

l’ignorance, s’élever à des sentiments nouveaux afin de<br />

progresser humainement et économiquement.<br />

3 Une lettre ouverte<br />

J.-J. Rousseau, Lettre à D’Alembert sur les spectacles<br />

1. Métaphore de la lampe pour parler du dramaturge =<br />

le dramaturge s’attaque plus souvent à un défaut qu’il<br />

ne développe des actions vertueuses et louables.<br />

2. a. Le théâtre est nuisible à l’équilibre de la société,<br />

il la dérègle en remettant en question ses fondements,<br />

en riant de ce qui est respectable : cet homme trouble<br />

tout l’ordre de la société (l. 7).<br />

b. Rôle argumentatif des concessions : renforcer la<br />

thèse, en montrant qu’il en connaît les limites et qu’il<br />

prend en compte ce que ses adversaires pourraient lui<br />

opposer, afin de mieux les renverser, Il fait rire, il est<br />

vrai, et n’en devient que plus coupable (l. 12-13).<br />

3. Connotations négative et critique du vocabulaire du<br />

théâtre : plaisanteries (l. 6), scandale (l. 8), coupable<br />

(l. 13), charme invincible (l. 13-14), railleries (l. 14)<br />

=> dénonciation d’un art coupable de faire rire la<br />

société en ébranlant ses fondements.<br />

≠ connotation méliorative du lexique de la morale :<br />

faire aimer la vertu (l. 3), tous les rapports les plus<br />

sacrés (l. 8-9), les respectables droits des pères (l. 10)<br />

=> le théâtre néfaste s’oppose à une société équilibrée<br />

dont l’artiste doit souligner les vertus.<br />

4 Polémique et tragédie<br />

P. Corneille, Horace<br />

1. Camille s’adresse à Horace, citoyen romain qui vient<br />

de tuer Curiace, l’amant de Camille : 2e personne du singulier<br />

: ton (v. 2-3), t’ (v. 3-4).<br />

Remarque : Rome en anaphore (v. 1-4) n’est pas une<br />

apostrophe s’adressant à la ville.<br />

2. Sentiments de colère, de ressentiment et désir de<br />

vengeance : modalité exclamative (v. 1-6, 9-10, 11-12,<br />

13-14), anaphore (v. 1-4), hyperboles : tous ses voisins<br />

(v. 5), Que l’Orient contre elle à l’Occident s’allie (v. 8),<br />

cent peuples (v. 9), renverse (v. 11), déchire (v. 12), un<br />

déluge de feux (v. 14).<br />

3. Argument ad hominem : attaque à la 2 e personne du<br />

singulier contre Horace qui s’élargit à Rome, civilisation<br />

dont Camille réclame polémiquement l’extermination<br />

: Saper ses fondements (v. 6), contre elle (v. 8), pour<br />

la détruire (v. 10), Qu’elle-même sur soi… (v. 11-12),<br />

pleuvoir sur elle (v. 14).<br />

Écrire<br />

5 L’essai polémique<br />

P. Valéry, Le Bilan de l’intelligence<br />

1. Emploi de la 1 re personne du singulier : Je n’hésite<br />

jamais à le déclarer (l. 1) ; 3 e personne impliquant l’auteur<br />

et le lecteur : il faut l’avouer (l. 14) ; connotation<br />

péjorative du lexique de la manipulation : faible (l. 5),<br />

mauvais (l. 7, 8, 9, 10), stratagèmes (l. 11), subterfuges<br />

(l. 11), le seuil redoutable (l. 14), étrange et détestable<br />

initiation (l. 15) => implication directe et personnelle<br />

de l’auteur.<br />

2. le diplôme est l’ennemi mortel de la culture (l. 1-2).<br />

3. Parallélisme : Mauvais par (l. 8), Mauvais parce qu’il<br />

(l. 9), Mauvais par (l. 10) => alerter le lecteur en dénonçant<br />

les aspects négatifs des diplômes, efficacité du<br />

discours argumentatif qui présente clairement et avec<br />

insistance ses arguments.<br />

4. Rédaction d’un paragraphe argumentatif. Contraintes<br />

du sujet :<br />

– choisir un ennemi de la culture : la télévision, par<br />

exemple ;<br />

– dénoncer cet ennemi dans un paragraphe argumentatif<br />

et polémique : implication personnelle, phrases<br />

exclamatives et interrogatives, vocabulaire subjectif et<br />

modalisateurs.<br />

Exemple de début de paragraphe :<br />

La télévision est l’ennemi mortel de la culture.<br />

Quelle passivité intellectuelle impose-t-elle à<br />

l’homme lascivement installé dans son fauteuil !<br />

Quelle misère intellectuelle propose-t-elle à l’homme<br />

avec ses émissions de téléréalité ! Certes la télévision<br />

peut efficacement divertir, mais aujourd’hui elle ne<br />

fait qu’abêtir le spectateur qui ne prend pas la peine<br />

d’exercer son esprit critique en la regardant.<br />

Prolongement. Rédaction de paragraphe : rédigez<br />

un court paragraphe dans lequel vous dénoncerez<br />

un défaut humain ou une attitude critiquable, en<br />

employant l’un des procédés caractéristiques de l’ironie<br />

(antiphrase, litote ou raisonnement par l’absurde).<br />

225


C H A P I T R E<br />

Fiche 1<br />

226<br />

queSTioNS<br />

A. de Lamartine, Recueillements poétiques<br />

1. Vers 1, 2, 3 = 12 syllabes ; vers 4 = 8 syllabes.<br />

Le dernier vers est plus court.<br />

2. Prononcer certains e muets : le e de âme et de<br />

plaintes. Celui de l’adjectif ouverte ne se prononce pas<br />

car le mot suivant commence par une voyelle.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 405<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 La lecture des vers<br />

Leconte de Lisle, Poèmes barbares<br />

1. Alexandrin = 12 syllabes.<br />

2 et 3. // = césure, en gras = syllabe accentuée.<br />

Elle rit et sommeill(e) // et song(e) au bien-aimé,<br />

Telle qu’un fruit de pourpr(e), // ardent et parfumé,<br />

Qui rafraîchit le cœur // en altérant la bouch(e).<br />

4. Faire entendre certains e en finale, accentuer la prononciation<br />

des syllabes en gras, faire des pauses aux<br />

césures et à la fin de chaque vers.<br />

Appliquer<br />

5<br />

Le vers et la strophe<br />

➜ Livre de l’élève, p. 403<br />

2 Le rythme des vers<br />

V. Hugo, La Légende des siècles ; J. Racine, Phèdre ;<br />

A. Rimbaud, Poésies<br />

1 et 2. A. Il fut héros, / il fut géant, / il fut génie<br />

Le parallélisme il fut crée un écho sonore.<br />

B. Le jour / n’est pas plus pur // que le fond / de mon<br />

cœur.<br />

Allitération en [p] dans le premier hémistiche et asso-<br />

Les notions<br />

propres à la poésie<br />

➜ Livre de l’élève, p. 402<br />

nance en [ɔ˜ ] dans le deuxième hémistiche, cohésion de<br />

l’ensemble du vers par l’allitération en [r].<br />

C. Par les soirs / bleus d’été, // j’irai / dans les sentiers,<br />

Picoté / par les blés, // fouler / l’herbe menue<br />

Assonance en [e] soulignée par les syllabes accentuées.<br />

3 Enjambement, rejet et contre-rejet<br />

T. de Banville, Rondels ; S. Mallarmé, Poésies ;<br />

P. de Ronsard, Continuations des amours<br />

A. 1 et 2. la Lune en contre-rejet à la fin du vers 1 => la<br />

position singulière de ce groupe nominal sujet illustre<br />

la personnification de la lune dans le vers suivant.<br />

B. 1 et 2. Rejet du verbe Accable au début du vers 2<br />

=> mise en valeur du verbe d’action de sens négatif, en<br />

antithèse avec l’adjectif sereine.<br />

Enjambement du vers 3 au vers 4 => il connote l’ampleur<br />

du désert stérile des Douleurs (v. 4).<br />

C. 1 et 2. Enjambement du vers 1 au vers 2 avec la<br />

division de la périphrase verbale s’essaie / De fléchir<br />

=> cela souligne l’envol de la voix du rossignol.<br />

4 L’alternance des vers<br />

P. Corneille, Le Cid<br />

1. Octosyllabe (v. 1), alexandrins (v. 2, 3, 4, 5), hexasyllabes<br />

(v. 6, 8), décasyllabes (v. 7, 9, 10).<br />

2. ABBACCDEDE = rimes embrassées, suivies et croisées.<br />

Les couples de rimes établissent un lien sémantique<br />

entre les mots renforçant leur sens avec une connotation<br />

à chaque fois négative de douleur ou de mort<br />

(cœur / rigueur, mortelle / querelle, abattue / tue,<br />

peine / Chimène), à l’exception de l’antithèse récompensé<br />

/ offensé.<br />

3. Variation des vers = émotion de Don Rodrigue.<br />

Après les alexandrins (vers noble exprimant l’emportement<br />

du personnage), les hexasyllabes connotent la


dépression amoureuse de Don Rodrigue. Les décasyllabes<br />

finals redonnent un souffle épique à cette stance<br />

avec un chiasme mettant en valeur l’opposition irréductible<br />

entre les deux pères.<br />

4. Alternance respectée :<br />

– ABBA : rime A = masculine, rime B = féminine ;<br />

– CC : rime C = féminine ;<br />

– DEDE : D = masculine, E = féminine.<br />

5 Les sonorités<br />

C. Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Recueillement »<br />

1. Schéma de rimes croisées dans les deux quatrains :<br />

ABAB ABAB et rimes suivies, puis croisées dans les tercets<br />

: CCDEDE.<br />

Rimes riches : vile / servile, Années / surannées, souriant<br />

/ Orient, arche / marche => trois sons communs.<br />

Rimes suffisantes surtout dans le premier quatrain :<br />

tranquille / ville, voici / souci, merci / ici.<br />

2. a et b. Allitération en [s], en [l] et en [m] => la sifflante,<br />

la liquide et la nasale mettent en place une<br />

atmosphère de douceur où rien de heurté ni de saccadé<br />

n’entre en jeu.<br />

Assonance en [ã] => idée de tristesse et de mélancolie.<br />

3. Diérèse sur souri/ant et Ori/ent => permet de souligner<br />

les mots à la rime.<br />

6 Structure et rythme<br />

P. Verlaine, Poèmes saturniens, « L’heure du berger »<br />

1. a. Trois quatrains avec schéma de rimes embrassées.<br />

b. Deux phrases : première phrase du vers 1 à 11 (sur<br />

les trois strophes), deuxième phrase vers 12 => la<br />

longue phrase, qui s’étend sur trois strophes, décrit la<br />

venue progressive de la nuit, la deuxième phrase brève<br />

tient sur un vers et produit un effet de chute connotant<br />

la tombée de la nuit.<br />

2. Vers 2 à 3 => l’enjambement suggère la diffusion du<br />

brouillard.<br />

Vers 3 à 4 => l’enjambement suggère le cri de la grenouille<br />

qui se répand dans le paysage.<br />

Vers 9 à 10 => l’enjambement suggère le mouvement<br />

ample des ailes des chats-huants.<br />

7 La lecture des vers<br />

V. Hugo, Les Contemplations<br />

1. a. L’alexandrin.<br />

b. Les règles d’utilisation sont relativement respectées<br />

(rythme binaire, césure forte), on remarque juste un<br />

enjambement du vers 1 au vers 2, un rejet du vers 4 au<br />

vers 5, et des césures peu marquées aux vers 6 et 10.<br />

Quant au vers 11, il contrarie le principe de la césure<br />

en disloquant le groupe nominal bruits // étranges<br />

=> cohésion par la liaison, mais séparation par la<br />

césure qui n’existe que virtuellement, mais pas à la<br />

lecture.<br />

2. Écrit sur un exemplaire de La Divina CommeDia<br />

/ / / /<br />

Un soir, / dans le chemin // je vis pas/ser un homm(e) -><br />

/ / /<br />

Vêtu / d’un grand manteau // comm(e) un consul /de<br />

/<br />

Rom(e),<br />

/ / / /<br />

Et qui me semblait / noir //sur la clarté / des cieux.<br />

/ / / /<br />

Ce passant / s’arrêta, // fixant sur moi / ses yeux -><br />

/ / / /<br />

Brillants, / et si profonds, // qu’ils en étaient / sauvag(es),<br />

/ / / /<br />

Et me dit /: « J’ai d’abord // été, / dans les vieux âg(es),<br />

/ / / /<br />

« Une haute / monta//gn(e) emplissant / l’horizon ;<br />

/ / / /<br />

« Puis, â/m(e) encor(e) aveugl(e) // et brisant / ma prison,<br />

/ / / /<br />

« Je montai / d’un degré // dans l’échel/le des êtr(es),<br />

/ / / /<br />

« Je fus un chên(e) /, et j’eus // des autels / et des prêtr(es),<br />

/ / / /<br />

« Et je jetai / des bruits // étran/ges dans les airs ;<br />

/ / / /<br />

« Puis je fus / un lion // rêvant / dans les déserts,<br />

/ / / /<br />

« Parlant / à la nuit som//br(e) avec sa voix / grondant(e);<br />

/ / /<br />

« Maintenant, / je suis hom//m(e), et je m’appel/le<br />

/<br />

Dant(e). »<br />

=> mise en valeur des mots clés du poème qui sont<br />

accentués juste avant les coupes ou les césures :<br />

des adjectifs (ex. : noir, v. 3 ; Brillants, profonds, v. 5,<br />

sombre, v. 13), un pronom personnel (moi, v. 4), des<br />

verbes d’action (ex. : s’arrêta, v. 4).<br />

La progression de l’homme est soulignée par des noms<br />

accentués juste avant la césure, créant un effet de<br />

parallélisme (ex. : Une haute montagne, v. 7 ; un chêne,<br />

v. 10 ; un lion, v. 12 ; homme, v. 14).<br />

L’enjambement (v. 1-2) et le rejet (v. 4-5) insistent sur la<br />

caractérisation grandiose du personnage.<br />

227


3. Diérèse : li/on (v. 12) => placé juste avant la césure,<br />

cette diérèse insiste sur la puissance et la dimension<br />

royale de l’animal.<br />

Synérèse : cieux (v. 3), vieux (v. 6). Ces mots sont souvent<br />

lus en diérèse dans les alexandrins, mais Hugo refuse<br />

ici de valoriser d’autres éléments que le personnage.<br />

4. La lecture doit se faire de manière grandiloquente en<br />

marquant bien les accents, la diérèse et les enjambements<br />

pour souligner la grandeur du personnage.<br />

228<br />

Écrire<br />

8 La création poétique<br />

G. Apollinaire, Le Bestiaire, « Le poulpe »<br />

1. L’octosyllabe.<br />

2. Délici/eux (v. 3) => elle accentue le côté paradoxal et<br />

choquant de l’affirmation.<br />

3. a. Assonance en [ã] : Jetant, encre (v. 1), Suçant le<br />

sang (v. 2), le trouvant (v. 3).<br />

Allitération en [s] : son, cieux (v. 1), suçant, sang, ce<br />

(v. 2), délicieux (v. 3), Ce (v. 4), monstre (v. 4), c’est (v. 4).<br />

Fiche 2<br />

queSTioNS<br />

T. de Viau, Œuvres poétiques, « La solitude, Ode »<br />

1. L’octosyllabe.<br />

2. Ode = poème lyrique avec la présence de la 1 re personne<br />

du singulier, le thème de la nature associé à<br />

l’amour.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 408<br />

meTTre Au poiNT<br />

La poésie traditionnelle<br />

➜ Livre de l’élève, p. 407<br />

1 Les genres et formes poétiques<br />

J. de La Fontaine, Fables ; V. Hugo, Les Contemplations<br />

A. 1. Un alexandrin, suivi de trois octosyllabes, schéma<br />

de rimes embrassées, rime riche féminine (nature /<br />

Allitération en [m] dans le dernier vers pour faire<br />

résonner le verbe aime (v. 2) : Ce monstre inhumain,<br />

c’est moi-même (v. 4).<br />

b. Faire résonner le mot sang et harmonie imitative qui<br />

suggère le bruit du vampire en train de sucer le sang<br />

de sa victime.<br />

4. a. Trois vers et demi consacrés au poulpe : comparant,<br />

et un demi-vers pour le poète (comparé).<br />

b. Effet de chute par cette position finale, avec la mise<br />

en valeur du sujet, le poète lui-même.<br />

5. « La fourmi »<br />

Petite et véloce ouvrière<br />

À l’activité frénétique,<br />

Ne renonçant pas à sa fière<br />

Loi. Comme toi, j’aime l’éthique.<br />

Prolongement. Rédaction de paragraphe : rédiger<br />

un paragraphe argumentatif pour démontrer que les<br />

contraintes de la poésie traditionnelle peuvent être<br />

stimulantes pour le poète. S’appuyer sur les textes<br />

des exercices des fiches 1 et 2.<br />

créature) contre une rime suffisante masculine (moqua<br />

/ manqua)<br />

Il se faut entraider //, c’est la loi de nature :<br />

L’Âne un jour // pourtant s’en moqua :<br />

Et ne sais // comme il y manqua ;<br />

Car il est bon//ne créature.<br />

A. 2. Fable avec la présence d’une morale (présent de<br />

généralité et énonciation d’une loi générale).<br />

B. 1. Cinq alexandrins suivis d’un octosyllabe, rimes<br />

suivies riches et féminines (Sicile / docile), puis rimes<br />

embrassées avec alternance de rimes féminines et<br />

masculines, rimes suffisantes (farouche / bouche) et<br />

pauvres (fois / bois).<br />

Nous errions /, elle et moi, // dans les monts / de Sicile.<br />

Elle est fi è/re pour tous // et pour moi seul / docile.<br />

Les cieu/x et nos pensers // rayonnaient / à la fois.<br />

Oh ! com/me aux lieux déserts // les cœurs / sont peu<br />

farouches !


Que de fleu/rs aux buissons, // que de baiser/s aux<br />

bouches,<br />

Quand on est / dans l’om//bre des bois !<br />

B. 2. Poème amoureux dans un cadre pastoral (champ<br />

lexical de l’amour et de la nature) = églogue (genre<br />

antique. Cf. paratexte).<br />

2 Le vers classique<br />

J. Racine, Phèdre<br />

1. Genre théâtral => didascalies avec le nom des personnages<br />

qui prennent la parole et information du<br />

paratexte (indication de l’acte et de la scène).<br />

2. Alexandrins en rimes suivies.<br />

3. Respect des règles classiques avec en particulier l’alternance<br />

des rimes féminines et masculines : 1 er couple<br />

de rimes féminines (blessée / laissée), 2 e couple de<br />

rimes masculines (ennui / aujourd’hui), 3 e couple de<br />

rimes féminines (déplorable / misérable).<br />

4.<br />

PhèDre<br />

Aria/ne, ma sœur, // de quel amour/ blessée<br />

Vous mourû/tes aux bords // où vous fû/tes laissée ?<br />

Œnone<br />

Que faites-vous,/ Madame ? // et quel mortel / ennui<br />

Contre tout / votre sang // vous ani/me aujourd’hui ?<br />

PhèDre<br />

Puisque Vénus / le veut, // de ce sang / déplorable<br />

Je péris / la derniè//re et la plus / misérable.<br />

=> les césures classiques correspondent à des pauses<br />

fortes dans le vers (éléments de ponctuation, virgules,<br />

point d’interrogation, passage d’un groupe syntaxique<br />

à un autre). Elles permettent d’accentuer les mots clés<br />

de l’échange : sœur (v. 1), Madame (v. 3), sang (v. 4),<br />

veut (v. 5), la dernière (v. 6).<br />

Les coupes secondaires soulignent les verbes essentiels<br />

(mourûtes, v. 2 ; faites, v. 3 ; anime, v. 4 ; péris, v. 6),<br />

et mettent en valeur l’allitération en [u] : amour (v. 1),<br />

vous (v. 3), tout (v. 4).<br />

5. Allitération en [m] : ma sœur (v. 1), amour (v. 1),<br />

mourûtes (v. 2).<br />

Assonance en [u] : amour, vous, mourûtes, où<br />

=> chaînes sonores entre les mots clés qui résument<br />

l’histoire tragique d’Ariane.<br />

Effet de parallélisme avec mourûtes et fûtes dont les<br />

sonorités semblables sont soulignées par leur position<br />

identique juste avant la coupe secondaire => effet<br />

d’harmonie classique.<br />

Diérèse sur le prénom Ari/ane qui donne un ton plaintif<br />

à la réplique de Phèdre.<br />

Appliquer<br />

3 Exemple de forme fixe<br />

J. Du Bellay, Les Regrets<br />

1. Sonnet italien : deux quatrains (ABBA / ABBA) et<br />

deux tercets (CCD / EED).<br />

2. Rupture temporelle soulignée par le passage du quatrain<br />

au tercet :<br />

– quatrains = le présent => adverbe temporel Maintenant<br />

répété et verbes au présent de l’indicatif ;<br />

– tercets = mouvement binaire avec bilan sur le passé<br />

(verbes au passé) et surtout ouverture sur le futur<br />

(verbes au futur de l’indicatif).<br />

3. L’anaphore sur l’adverbe Maintenant (v. 1 et 5) pour<br />

les quatrains et l’anaphore de Si / S’ils (v. 9, 11, 12, 13)<br />

pour les tercets qui devient même un parallélisme dans<br />

les vers 11 à 13 => cette figure de répétition connote le<br />

passage du temps (cf. champ lexical du temps).<br />

4 La reprise d’une forme traditionnelle<br />

E. Rostand, Cyrano de Bergerac<br />

1. Genre théâtral : dialogue (situation de communication),<br />

didascalie donnant le nom de celui qui parle<br />

avec des indications de gestes et d’actions (ex. : Cyrano,<br />

fermant une seconde les yeux, v. 1) et paratexte, découpage<br />

en actes et en scènes propre au théâtre français.<br />

2. La ballade : trois huitains du vers 3 à 25, chaque changement<br />

de huitain est souligné par un refrain (Qu’à la<br />

fin de l’envoi je touche, v. 9 et 17 ; À la fin de l’envoi,<br />

je touche, v. 25), une demi-strophe de quatre vers<br />

(v. 27-30) présentée comme l’Envoi (v. 26). L’ensemble<br />

est construit sur trois rimes : -eutre, -don, -ouche.<br />

3. Cette forme poétique est peu adaptée à la situation<br />

de duel. La ballade est généralement de registre<br />

lyrique avec pour thème l’amour. Le champ lexical du<br />

combat (mon espadon, v. 5 ; je touche v. 9 ; Ma pointe<br />

voltige, v. 15 ; Vous rompez, v. 19 ; Je quarte du pied,<br />

j’escarmouche, v. 28), les insultes (Myrmidon, v. 8 ; dindon,<br />

v. 11 ; pleutre, v. 20 ; Laridon, v. 24) et l’exhibition<br />

du travail de recherche de la rime (Il me manque une<br />

rime en eutre, v. 18) révèlent la dimension parodique<br />

et soulignent aussi la virtuosité de Cyrano capable de<br />

mener un combat tout en composant un poème aux<br />

règles contraignantes.<br />

229


5 Des arts poétiques<br />

N. Boileau, Art poétique, « Chant 1 »<br />

P. Verlaine, Jadis et naguère, « Art poétique »<br />

1. Texte A : alexandrin => vers pair, noble.<br />

Texte B : l’ennéasyllabe (vers de neuf syllabes) => vers<br />

impair, jamais utilisé dans la poésie classique.<br />

2. Texte A : champ lexical de la raison : le bon sens (v. 2),<br />

L’esprit (v. 6), Au joug de la raison (v. 7), le sens (v. 10),<br />

la raison (v. 11) et champ lexical de la soumission :<br />

esclave (v. 4), obéir (v. 4), fléchit (v. 7).<br />

Le vers 11 résume le principe fondamental de cet art<br />

poétique classique : Aimez donc la raison. La rime doit<br />

se soumettre au bon sens et à la logique.<br />

Texte B : champ lexical du mystère, de l’imprécis :<br />

vague (v. 3), soluble (v. 3), sans quelque méprise (v. 6),<br />

la chanson grise (v. 7), l’Indécis (v. 8), derrière des<br />

voiles (v. 9), Le bleu fouillis (v. 12).<br />

L’art poétique symboliste et la musicalité du vers priment<br />

sur le sens et la logique, afin de cultiver l’impression,<br />

plutôt que la précision.<br />

3. Texte A : soumission de la poésie à la raison<br />

≠ Texte B : la raison soumise à la musique.<br />

Que toujours le bon sens s’accorde avec la rime (v. 2)<br />

≠ De la musique avant toute chose (v. 1).<br />

Texte A : alexandrin, vers classique de l’ordre et la<br />

rigueur (propice aux symétries) ≠ texte B : vers impair<br />

donnant le sentiment d’inachevé, mais plus musical (Et<br />

pour cela préfère l’Impair / Plus vague et plus soluble<br />

dans l’air, v. 2-3).<br />

230<br />

S’exprimer à l’orAl<br />

6 Lecture d’un poème<br />

Sully Prudhomme, Stances et poèmes, « Le vase brisé »<br />

1. Vers fixe : l’octosyllabe.<br />

Forme fixe : quatrains tous construits avec le même<br />

schéma de rimes croisées.<br />

Rimes suffisantes ou riches avec alternance de rimes<br />

féminines et masculines.<br />

2. La métaphore filée, voire l’allégorie, représente un<br />

chagrin d’amour grâce à l’image d’un vase brisé :<br />

– comparant : trois premières strophes, description du<br />

vase brisé ;<br />

– comparé : deux dernières strophes, le cœur humain<br />

(cœur, v. 14-15 et reprise pronominale) ;<br />

– motif commun : la fêlure, avec la reprise des mêmes<br />

mots pour le vase et le cœur : effleurer (v. 3) // Effleurant<br />

(v. 14), meurtrissure (v. 5) // meurtrit (v. 14), Le suc<br />

des fleurs s’est épuisé (v. 10) // La fleur de son amour<br />

périt (v. 16), N’y touchez pas, il est brisé (v. 12), // Il<br />

est brisé, n’y touchez pas (v. 20) (chiasme parfait qui<br />

renforce l’analogie).<br />

3. La fin d’un d’amour : champ lexical de l’amour : aime<br />

(v. 13), le cœur (v. 14 et 15), amour (v. 16) et champ lexical<br />

de la mort : légère meurtrissure (v. 5), une marche<br />

invisible et sûre (v. 7), s’est épuisé (v. 10), meurtrit<br />

(v. 14), périt (v. 16), Sa blessure (v. 19).<br />

Remarque : les termes sont plus intenses dans les<br />

deux dernières strophes = effet de gradation.<br />

4. Entraînement à l’exposé oral. La biographie :<br />

Sully Prudhomme (1839-1907), poète parnassien qui<br />

recherche la beauté formelle et refuse l’expression exacerbée<br />

des sentiments propres aux romantiques.<br />

Stances et Poèmes (1865) lui permettent de rencontrer<br />

le succès, mais il abandonne vite cette inspiration<br />

sentimentale pour une poésie didactique consacrée à<br />

la science et à la philosophie. Cela lui vaut d’être élu<br />

à l’Académie française en 1881, et d’être le premier à<br />

recevoir le prix Nobel de littérature en 1901.<br />

Le texte, « Le vase brisé », est l’un des poèmes les<br />

plus connus du premier recueil de Sully Prudhomme.<br />

Le poète y décrit avec retenue et pudeur un chagrin<br />

d’amour grâce à l’image d’un vase brisé<br />

La lecture => lecture triste mais sans effet d’emphase.<br />

Question : comment les sentiments sont-ils exprimés<br />

dans ce poème ?<br />

Prolongement. Commentaire : proposer un plan<br />

détaillé de commentaire du poème de Sully<br />

Prudhomme.


Fiche 3<br />

queSTioN<br />

A. Breton, Clair de terre, « L’aigrette »<br />

1 er vers = 13 syllabes<br />

2 e vers = 15 syllabes<br />

3 e vers = 19 syllabes<br />

=> nombre de syllabes différent pour chaque vers, vers<br />

impairs et supérieurs à 12 syllabes (le vers le plus long<br />

dans la poésie traditionnelle) = vers libres avec un<br />

effet de gradation (vers de plus en plus longs).<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 411<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 La tradition et la poésie moderne<br />

G. Apollinaire, Alcools, « Les colchiques »<br />

1. Des alexandrins (v. 1, 4, 5, 7, 13, 15), des vers de 13 syllabes<br />

(v. 6, 8, 10, 12), et des vers de 14 syllabes (v. 9, 11,<br />

14) qui pourraient devenir des alexandrins si l’on les<br />

lisait comme dans la vie quotidienne, sans s’attarder sur<br />

les e finals.<br />

2. Vers 2 et 3 = hexasyllabes = alexandrin coupé en deux<br />

=> variation autour de l’alexandrin, avec une volonté<br />

affichée de s’affranchir plaisamment des contraintes du<br />

vers fixe.<br />

3. Si on réunit les vers 2 et 3 pour former un alexandrin,<br />

on a 14 vers au lieu de 15, et ce poème peut s’apparenter<br />

à un sonnet. Dans la première version écrite par<br />

G. Apollinaire, ces deux vers n’en faisaient qu’un. Dans<br />

sa volonté de jouer avec la forme fixe, le poète a scindé<br />

le vers en deux et a choisi de ne pas respecter la disposition<br />

strophique propre au sonnet (deux quatrains, deux<br />

tercets) ; à la place, il propose des strophes décroissant<br />

de deux vers chacune (un septain, un quintil, un tercet).<br />

Appliquer<br />

La poésie moderne<br />

➜ Livre de l’élève, p. 410<br />

2 Poème en prose et nouveaux sujets<br />

F. Ponge, Le Parti pris des choses<br />

1. La bougie est rapprochée d’une plante :<br />

– comparant, le monde végétal : une plante singulière<br />

dont la lueur décompose les chambres meublées en<br />

massifs d’ombre (l. 1-3), Sa feuille d’or (l. 4), un pédoncule<br />

très noir (l. 5), Les papillons miteux (l. 6), les bois<br />

(l. 7) ;<br />

– comparé : la bougie et l’environnement qu’elle illumine<br />

;<br />

– motif de rapprochement : le faible éclairage de la<br />

bougie transforme les meubles en massifs végétaux,<br />

la forme et la couleur de la bougie rapprochées d’une<br />

feuille et d’un pédoncule, les papillons de nuit sont<br />

attirés par la bougie comme ceux de la journée peuvent<br />

l’être par une fleur.<br />

2. Texte en prose composé de quatre paragraphes qui,<br />

par leur brièveté, peuvent rappeler une disposition<br />

strophique => poème en prose.<br />

3. Assonance en [i] : nuit, ravive, singulière (l. 1), massifs<br />

(l. 2), impassible (l. 4), papillons miteux (l. 6), vaporise<br />

(l. 7), frémissent (l. 8) frénésie voisine (l. 9), la bougie,<br />

vacillement (l. 10), livre (l. 11), originales (l. 11-12), puis<br />

s’incline (l. 12), assiette, aliment (l. 13) => rappel sonore<br />

du i présent dans le mot bougie, rappel visuel constant<br />

de la forme de la bougie (lettre verticale surmontée d’un<br />

point = corps de la bougie et flamme de la bougie).<br />

4. Le tiret met en valeur la chute du poème, c’est-à-dire<br />

la mort de la bougie, et symbolise par son horizontalité<br />

l’affaissement de la bougie, la disparition de la verticalité.<br />

5. Métamorphose de la bougie : l’objet insignifiant<br />

prend un relief particulier par les images qui la caractérisent<br />

=> dimension presque fantastique (1 er paragraphe),<br />

épique (2 e et 3 e paragraphes) et métaphysique<br />

(dernier paragraphe).<br />

3 Poème en prose et rythme<br />

H. Michaux, Lointain intérieur, « La ralentie »<br />

1. L’anaphore : en dehors de la première proposition<br />

toutes les phrases du premier paragraphe commencent<br />

par le pronom personnel On. Dans le deuxième paragraphe,<br />

anaphore avec un pronom indéfini Quelqu’un<br />

=> rythme lancinant qui entretient un mystère.<br />

2. Phrases juxtaposées, absence totale de connecteurs<br />

logiques de coordination ou de subordination.<br />

231


Quelqu’un dit (l. 15) => le verbe dire est transitif et<br />

exige un complément d’objet direct, ici absent.<br />

L’autre obstacle (l. 18) => le nom obstacle est utilisé<br />

comme un verbe (disparition du déterminant).<br />

=> texte de plus en plus elliptique et mystérieux, qui<br />

s’affranchit de la syntaxe.<br />

3. Une progression fondée sur l’énonciation :<br />

– 1 er paragraphe : 14 lignes et anaphore de on ;<br />

– 2 e paragraphe : plus court, anaphore de quelqu’un,<br />

rupture avec l’apparition de l’un (l. 18) et L’autre (l. 18) ;<br />

– chute : est-ce toi, Lorellou ? (l. 19) => présence d’un<br />

prénom et d’une question directe avec l’emploi d’un<br />

pronom personnel de la 2 e personne du singulier, effet<br />

de contraste avec les pronoms indéfinis utilisés dans<br />

le reste du poème. Mais les accords du 1 er paragraphe<br />

induisaient cette présence féminine : On est heureuse<br />

(l. 7-8), On est sortie (l. 10)…<br />

4 Poésie et dérision<br />

J. Prévert, Paroles, « Familiale »<br />

1. Elle / Il(s) trouve(nt) ça tout naturel (v. 3, 9, 20) :<br />

contraction du pronom cela en ça, l’expression trouver<br />

ça naturel est orale, les questions (v. 4, 11), l’appellation<br />

le père, la mère en fin de vers faisant écho au sujet<br />

de la phrase, les répétitions => effets de réel comme<br />

pour faire entendre la voix de cette famille qui appartient<br />

à un milieu populaire.<br />

2. Absence de ponctuation dans le poème, sauf deux<br />

points d’interrogation (v. 4, 11) et le point final.<br />

Phrases simples avec la reprise permanente des<br />

mêmes verbes (faire, trouver, continuer), des mêmes<br />

sujets (la mère, le père, le fils et reprise pronominale)<br />

et des mêmes compléments (affaire, tricot, guerre).<br />

À la fin du poème (v. 22-24), les phrases deviennent<br />

nominales, se contentant d’enchaîner les mots dans<br />

une sorte de ritournelle macabre.<br />

3. Assonance en [ε] et allitération en [r] reliant<br />

ensemble les mots clés qui proposent un condensé de<br />

l’existence : père (v . 4, 9, 13, 15, 17, 19, 20), mère ( v. 1,<br />

3, 13, 16, 19, 20), affaires (v. 5, 8, 13, 15, 17, 21, 22, 23),<br />

guerre (v. 7, 13, 14, 16, 22), cimetière (v . 19, 24).<br />

Assonance en [i] : tricot, fils, continue, la vie, cimetière<br />

=> chaîne sonore permettant de relier des termes invitant<br />

à réfléchir sur le sens de l’existence (le tricot s’assimile<br />

au fil des Parques).<br />

Allitération en [f] qui fait résonner la première lettre de<br />

fils : fils (8 occurrences), faire (8), affaire (10), fini (v. 14).<br />

Allitération en [t] qui martèle le propos : tricot (v. 1 et<br />

répétitions), trouve, tout, naturel (v. 3), etc.<br />

232<br />

4. Vers bref reposant sur un paradoxe avec l’association<br />

de deux termes antithétiques la vie et le cimetière<br />

= leçon sur l’absurdité de l’existence et la manière dont<br />

la mort se fond dans la routine d’une famille modeste.<br />

Le mot cimetière est préparé dès le début du poème par<br />

le jeu des allitérations et assonances.<br />

5 Poème et art poétique<br />

O. Barbarant, Les Parquets du ciel, « Art poétique »<br />

1. Allégorie : représentation concrète (la description<br />

d’une petite fille en robe blanche) d’une notion abstraite<br />

(la poésie). Les deux dernières lignes donnent la<br />

clé de l’allégorie : la gamine = Parole, cerceau = les<br />

voyelles. Le champ lexical de la tristesse caractérisant<br />

la petite fille permet de définir la poésie.<br />

2. Caractéristiques de poème :<br />

– texte bref composé de petits paragraphes de deux à<br />

trois lignes rappelant l’unité du vers ou de la strophe ;<br />

– utilisation de l’allégorie ;<br />

– absence de ponctuation : utilisation libérée de la syntaxe<br />

;<br />

– assonances et allitérations.<br />

Ex. : allitération en [p] = poésie (l. 4), pensée en pleurs<br />

(l. 5), Puisque, petite (l. 6), pré (l. 7), Pourquoi pas (l. 8),<br />

peur (l. 12), Parole (l. 14).<br />

3. Art poétique = texte de forme poétique expliquant ce<br />

qu’est la poésie, en quoi elle consiste.<br />

– O. Barbarant présente la poésie comme une petite<br />

fille fragile et insensée, insistant sur son caractère<br />

enfantin (petite fille, l. 6 ; une signature de l’enfance,<br />

l. 10 ; le goûter, l. 13 ; joue au cerceau, l. 14 ; le sérieux<br />

de l’insensé, l. 15) => volonté de désacraliser ce genre<br />

littéraire en en faisant une enfant.<br />

– Champ lexical de la souffrance = registre et contenu<br />

de ce poème : pensée en pleurs (l. 5), croûte de sang<br />

caillé (l. 9), vernis de larmes (l. 12), peur (l. 12), rage<br />

(l. 13).<br />

– Travail sur les mots et les lettres présenté comme un<br />

jeu (les deux dernières lignes).<br />

Écrire<br />

6 La ville moderne en poésie<br />

J. Supervielle, Débarcadères, « Marseille »<br />

1. Dans la constante utilisation du vers libre, on<br />

retrouve plus ou moins des vers blancs, avec des additions<br />

de décasyllabes et d’octosyllabes, parfois séparés<br />

par une virgule, comme aux lignes 15 à 18.


2. a. La conjonction de coordination Et répétée en anaphore<br />

au début des lignes 3, 8, 12, 15, 19, 20 et 30.<br />

b. Rythme accumulatif participant à la rhétorique de<br />

l’éloge, à la célébration de la ville.<br />

3. La personnification : le poète s’adresse à elle au<br />

v. 24 : Marseille, écoute-moi, je t’en prie, sois attentive.<br />

On a l’impression d’un échange amoureux entre le<br />

poète et une femme aimée des vers 25 à 30. Le premier<br />

vers évoque la naissance de Vénus sortant de l’écume :<br />

Marseille sortie de la mer, tandis que le reste du poème<br />

développe implicitement l’image de la prostitution : sur<br />

le trottoir (l. 8), la gorge des femmes (l. 15), te prendre<br />

dans un coin (l. 25).<br />

Fiche 4<br />

queSTioN<br />

P. Verlaine, Poèmes saturniens, « Mon rêve familier »<br />

Pronom personnel = je => impression d’entrer intimement<br />

dans le rêve du poète.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 414<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 La poésie lyrique<br />

P. de Ronsard, Le Premier Livre des Amours, « Amours<br />

de Cassandre »<br />

1. a. Locuteur = poète lui-même : pronoms personnels<br />

je (v. 1, 2), me (v. 3).<br />

Destinataire = femme aimée : 2e personne du singulier,<br />

déterminants possessifs tes (v. 1) et ton (v. 4), pronom<br />

personnel objet te (v. 4).<br />

b. Effet de surprise : alors que le poète apostrophe la<br />

femme aimée avec le mot Madame, le locuteur emploie<br />

la 2 e personne du singulier => décalage surprenant.<br />

2. Amour pour Cassandre (poème lyrique) et émotions<br />

fortes => envie de mourir.<br />

4. Commentaire<br />

Partie I. Une ville métamorphosée par le regard poétique<br />

1 er § : la description d’une ville qui prend vie.<br />

=> étudier l’ensemble des images : métaphores,<br />

comparaisons, et personnification des éléments de<br />

la ville.<br />

2 e § : une ville avec laquelle dialogue le poète.<br />

=> analyser la transformation de Marseille en femme<br />

aimée (énonciation et personnification en femme).<br />

3 e § : une ville finalement célébrée.<br />

=> étudier le rythme ample du poème : longueur des<br />

vers libres, anaphore de la conjonction « et » connotant<br />

l’enthousiasme et vocabulaire mélioratif.<br />

Prolongement. Écriture d’invention : rédiger un<br />

poème en vers libre célébrant une ville de son choix.<br />

Les registres lyrique et élégiaque<br />

➜ Livre de l’élève, p. 413<br />

Bonheur d’aimer : adjectif qualificatif content (v. 2) et<br />

expression Plus grand honneur (v. 3) ≠ mort : verbes<br />

trépasser (v. 1), rendre l’âme (v. 4).<br />

Hyperbole : amplifie le propos et la force des sentiments.<br />

Employée à trois reprises : verbe trépasser (v. 1),<br />

expression rendre l’âme (v. 4), GN Plus grand honneur<br />

au monde (v. 3).<br />

2 Le lyrisme romantique<br />

V. Hugo, Les Rayons et les Ombres<br />

1. Champ lexical des oiseaux : choses ailées (v. 1), petits<br />

oiseaux (v. 3), colombe (v. 9) => fascination du poète<br />

pour les oiseaux.<br />

2. Thème de la beauté de la nature : feuillées (v. 2),<br />

mousses vertes (v. 5) ou bois (v. 7).<br />

3. a. Prédominance de l’imparfait itératif, correspondant<br />

à des actions répétées dans l’enfance : j’allais<br />

(v. 2), je leur laissais (v. 6)…<br />

b. Dernier vers au présent, introduit par l’adverbe<br />

Maintenant.<br />

4. âmes (v. 10) = terme lié à l’humanité ≠ oiseaux (v. 1-9).<br />

Sens symbolique du poème : poésie = moyen de communiquer<br />

avec l’âme du lecteur.<br />

233


234<br />

Appliquer<br />

3 Lyrisme et exaltation<br />

A. Gide, La Symphonie pastorale<br />

1. Destinataire = Dieu, désigné par Seigneur (l. 1), Vous<br />

et mon Dieu (l. 8).<br />

2. a. confuse adoration (l. 4), mon cœur (l. 5), amour<br />

(l. 7, 9) => sentiments forts du pasteur.<br />

b. Connotation méliorative => profonde affection ou<br />

amour.<br />

3. a. Anaphore du tour interrogatif est-ce que => doutes<br />

du pasteur.<br />

b. Dimension lyrique : atmosphère de doute et de<br />

confession avec les apostrophes Ô (l. 4) et mon Dieu<br />

(l. 8), l’exclamation oh ! (l. 10).<br />

4. a. Symphonie = composition musicale en plusieurs<br />

mouvements => sens figuré ici.<br />

b. Titre = métaphore lyrique de la relation quasi amoureuse<br />

entre le pasteur et la jeune aveugle.<br />

4 Lyrisme et souvenir<br />

Colette, La Retraite sentimentale<br />

1. a. Trois sensations distinctes : ouïe, toucher et vue.<br />

– Ouïe : substantifs froissement, chuchotement (l. 1) et<br />

murmure (l. 3) = bruits légers.<br />

– Toucher : adjectifs qualificatifs doux (l. 1), soyeux<br />

(l. 4) = douceur.<br />

– Vue : adjectifs aveugle, verticale et lente (l. 6).<br />

b. Adjectifs qualificatifs doux, monotone (l. 1) et<br />

soyeux : douceur renforcée ; syllabé (l. 2) suggère que<br />

la neige s’exprime dans un langage qui lui est propre.<br />

2. a. Antithèse entre froid et chaleur. Soleil et lumière<br />

dominent dans l’évocation de l’enfance : connotations<br />

mélioratives des mots été et chaleur ≠ soif, plutôt<br />

négatif, qui s’oppose à l’idée de la neige que les enfants<br />

avalent dans le premier paragraphe.<br />

b. Adjectif qualificatif ironique : opposition nette entre<br />

les rêves de soleil et la réalité (la neige qui tombe)<br />

=> effet étrange qui laisse entendre que la nuit a perturbé<br />

les sensations de la romancière, en la faisant<br />

rêver à des images irréelles. Cet adjectif renforce l’antithèse<br />

(cf. 2 a).<br />

3. a. Adverbe autrefois : registre élégiaque. Lyrisme et<br />

nostalgie des souvenirs d’enfance.<br />

Emploi de l’imparfait => la romancière n’est plus aussi<br />

jeune que les personnages évoqués au présent.<br />

b. Éléments renvoyant à la jeunesse de la romancière<br />

: adjectif qualificatif puérils et substantif enfance<br />

=> regret et images de chaleur et de bonheur.<br />

4. Terme retraite : isolement, âge avancé.<br />

Adjectif sentimentale : souvenirs, nostalgie d’une<br />

période définitivement disparue.<br />

5 Un lyrisme original<br />

D. Rolin, Journal amoureux<br />

1. Présent d’énonciation => exprime les sentiments au<br />

moment de l’écriture : je connais à fond (l. 2), Ça se<br />

comprend (l. 3)…<br />

2. a. Destinataire = Jim, apostrophe (l. 7).<br />

b. Impératif = passons (l. 10) => texte destiné aussi aux<br />

lecteurs, confidents.<br />

3. a. heureuse (l. 8) évoque le registre lyrique.<br />

b. Dernière phrase = nuance le bonheur de l’amour.<br />

Relation troublée annoncée par des indices : dérives<br />

macabres (l. 3) et boues de l’enfer (l. 6).<br />

6 Lyrisme et histoire des arts<br />

– Le genre lyrique = périphrase permettant de désigner<br />

la poésie.<br />

– Un drame lyrique = opéra ou oratorio.<br />

– Un artiste lyrique = chanteur ou chanteuse d’opéra.<br />

– L’abstraction lyrique = expression de l’émotion personnelle<br />

en peinture ; désigne un courant pictural<br />

français juste après la Seconde Guerre mondiale (N. de<br />

Staël, A. Manessier, H. Hartung, H. Vieira da Silva…).<br />

Écrire<br />

7 Du lyrisme à la parodie<br />

A. de Musset, Premières poésies, « Chanson »<br />

1. Quatre quatrains de décasyllabes, plus courts et<br />

moins solennels que l’alexandrin.<br />

Retour de certains vers : J’ai dit à mon cœur, à mon<br />

faible cœur (v. 1, 9), Il m’a répondu : Ce n’est point<br />

assez (v. 5, 13) => refrains, donc chanson (voir titre).<br />

2. Dialogue fictif entre le poète et son cœur. Dans les<br />

vers 1 et 9, le locuteur = le poète, identifié par le pronom<br />

je, et l’interlocuteur = cœur personnifié, pronom<br />

personnel tu.<br />

Le cœur prend la parole aux vers 5 et 13 : pronom personnel<br />

il.<br />

3. a. Nombreuses phrases interrogatives => créer et<br />

maintenir le dialogue fictif entre le poète et son cœur,


mais aussi de chercher à découvrir la vraie nature de<br />

l’amour.<br />

b. Ton léger, douceur accentuée par la forme rassurante<br />

de la chanson.<br />

4. Termes récurrents : faible cœur, changer et maîtresse<br />

=> caractère changeant et instable de l’amour.<br />

5. Écriture d’invention. Le poète au lieu de se reprocher<br />

son inconstance, jouera à l’exacerber parodiquement.<br />

Début de correction :<br />

Chansonnette<br />

J’ai dit à mon cœur, à mon traître cœur :<br />

As-tu assez harcelé ta maîtresse ?<br />

Et ne saurais-tu pas qu’une telle traîtresse<br />

Te priverait ainsi du moindre bonheur ?<br />

Prolongement : commenter ce poème de Musset en<br />

insistant sur le rôle vivant du dialogue.<br />

235


C H A P I T R E<br />

Fiche 1<br />

236<br />

queSTioNS<br />

Stendhal, Le Rouge et le Noir<br />

1. Lieu : dans le champ au-dessous du rocher, vingt<br />

lieues de pays ; époque : simplement la mention du<br />

mois : un soleil d’août.<br />

=> nombreux indices spatio-temporels pour un court<br />

extrait.<br />

2. Personnage = observateur (regardait) placé au centre<br />

du paysage (tout était silence autour de lui).<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 418<br />

meTTre Au poiNT<br />

6<br />

Le temps et l’espace dans un récit<br />

➜ Livre de l’élève, p. 417<br />

1 Le cadre réaliste<br />

Stendhal, La Chartreuse de Parme<br />

1. Cadre = campagnes napoléoniennes d’Italie.<br />

Repères temporels : une date précise Le 15 mai 1796<br />

(l. 1), en quelques mois (l. 6), huit jours encore avant<br />

l’arrivée des Français (l. 7-8), notations complémentaires.<br />

Repères spatiaux : lieu précis dans Milan (l. 2), le pont<br />

de Lodi (l. 3).<br />

=> repères précis propres à un incipit de roman historique.<br />

2. César et Alexandre = deux grands stratèges servant<br />

de références historiques pour Bonaparte (successeur,<br />

l. 5) ; figures de conquérants, comme Napoléon.<br />

3. jeune armée (l. 2), miracles de bravoure et de génie<br />

(l. 5) => jugements positifs sur les troupes françaises,<br />

avec des termes à connotation méliorative ≠ ramassis<br />

de brigands (l. 9) : jugement négatif des Italiens sur les<br />

troupes napoléoniennes, avant leur arrivée.<br />

=> deux jugements fortement opposés.<br />

Les notions propres au récit<br />

➜ Livre de l’élève, p. 416<br />

2 De l’énonciation à la narration<br />

Abbé Prévost, Manon Lescaut<br />

1. La première phrase oppose le temps de la narration<br />

au présent (Je suis obligé de faire remonter mon lecteur,<br />

l. 1) et temps de la fiction au passé simple (au<br />

temps de ma vie où je rencontrai, l. 1-2), pour raconter<br />

des faits passés.<br />

2. a. environ six mois avant mon départ pour l’Espagne<br />

(l. 3-4), un jour (l. 8), la première nuit (l. 13-14), le lendemain<br />

(l. 14) => indications par rapport à la vie du<br />

narrateur.<br />

b. Nombreux renseignements, mais vagues : le lecteur<br />

devrait connaître au fur et à mesure la vie du narrateur<br />

=> complicité et effet de réel.<br />

Appliquer<br />

3 Présent et souvenirs<br />

G. de Maupassant, Bel-Ami<br />

1. 1er § : moment des félicitations après le mariage :<br />

Lorsque l’office fut terminé (l. 1).<br />

2e § : vision de Mme de Marelle = apparition brusque<br />

marquée par l’adverbe Soudain (l. 8), qui vient interrompre<br />

le déroulement des événements précédents.<br />

2. Seuls le début du 1er § (l. 1-2) et le 2e § proposent une<br />

concordance entre le temps de la fiction et le temps de<br />

la narration : scène qui met sous les yeux du lecteur la<br />

sortie du couple, puis réapparition de Mme de Marelle<br />

=> passé simple d’événements ponctuels ≠ lignes 3 à 7<br />

qui résument l’interminable défilé des assistants (l. 3).<br />

3. 2e §, à partir de la ligne 8 avec le mot souvenir :<br />

Georges Duroy se replonge dans son passé (analepse)<br />

et sans ses ébats amoureux avec Mme de Marelle => narration<br />

au plus-que-parfait marquant l’antériorité des<br />

faits (qu’il lui avait donnés, l. 9) = scène suspendue.


4 Temps et émotions<br />

Y. Kawabata, La Danseuse d’Izu<br />

1. 1er § : dialogue entre les personnages.<br />

2e § : origine des jeunes filles parlant des lycéens.<br />

3e § : nostalgie du narrateur.<br />

=> éléments du passé :<br />

– passé récent : les jeunes filles voyagent depuis le<br />

printemps dernier (l. 8) ;<br />

– passé ancien du narrateur personnage qui pense à<br />

Oshima grâce à son dialogue avec les jeunes filles<br />

(l. 14-15).<br />

2. 1er § : scène, dialogue au discours direct.<br />

2e § : ralentissement avec le discours indirect introduit<br />

par Ils me racontèrent que (l. 7).<br />

3e § : la rêverie ne bénéficie pas d’une durée exacte,<br />

mais elle est connectée à l’action car le narrateur pense<br />

à Oshima en contemplant la danseuse = fausse pause,<br />

plutôt un <strong>sommaire</strong>.<br />

3. Le récit s’arrête essentiellement entre les lignes 6 et<br />

13, car le sujet des verbes devient ils (les gens, donc<br />

les jeunes filles), indiquant que le narrateur fait une<br />

digression : ils demeureraient une dizaine de jours<br />

dans le port de Shimoda (l. 12-13).<br />

5 Cadre spatio-temporel<br />

et attentes du lecteur<br />

T. Gautier, « Arria Marcella, souvenir de Pompéi »<br />

1. Indices spatio-temporels : l’année dernière (l. 2) et<br />

les noms de villes célèbres comme Naples (l. 3), Pompéi<br />

et Herculanum (l. 4 et 5), et mention du musée des<br />

Studj (l. 3). Ces éléments rendent le cadre du récit réaliste.<br />

La mention avec l’article défini indique que c’est<br />

un passage obligé à l’époque : le voyage en Italie (l. 2).<br />

2. Mais (l. 14) = conjonction adversative => intrusion<br />

d’un élément inattendu : un des trois amis est absorbé<br />

[…] dans une contemplation profonde (l. 16-17).<br />

3. Deux possibilités : un récit historique => mentions<br />

des villes antiques et de l’influence du titre ; ou une histoire<br />

fantastique => l’intrusion d’un élément inattendu,<br />

peut-être surnaturel, dans cet environnement réaliste.<br />

6 Cadre spatio-temporel et personnage<br />

Sir A. C. Doyle, Une étude en rouge<br />

1. Indice temporel : En 1878 (l. 1) et mentions de quatre<br />

lieux qui correspondent au voyage du médecin militaire,<br />

de l’hôpital militaire de Netley (l. 3) à Kandahar (l. 15),<br />

en passant par le Nord de l’Angleterre (Northumber-<br />

land, l. 6), Bombay (l. 10) et les passes (l. 11) => découverte<br />

de l’étendue de l’Empire colonial britannique.<br />

2. a. Champ lexical des études de médecine : diplôme<br />

de docteur en médecine (l. 1-2), formation requise<br />

(l. 3), médecin militaire et études (l. 4), docteur-assistant<br />

(l. 6).<br />

b. Domaine permettant à l’auteur de créer des intrigues<br />

policières et de faire se rencontrer le docteur Watson et<br />

Sherlock Holmes.<br />

3. Watson = jeune médecin qui travaille pour l’armée<br />

dans des pays exotiques (Empire britannique). Son<br />

écriture indique qu’il est également un écrivain appliqué,<br />

qu’il sait raconter des histoires et donner des<br />

détails précis => essentiel pour des intrigues policières<br />

: L’unité tenait alors garnison aux Indes, mais<br />

avant même que j’eusse pu la rejoindre, la seconde<br />

guerre afghane éclata (l. 7-9).<br />

Écrire<br />

7 Le temps de la guerre<br />

A. Kourouma, Allah n’est pas obligé<br />

1. a. Plusieurs indications temporelles : vers dix heures<br />

du matin (l. 2), Dès les premières rafales (l. 4) => un<br />

temps précis et le surgissement brusque d’un événement<br />

(le début de l’attaque), tant qu’il y eut du bruit<br />

dans le village (l. 5-6), le lendemain matin, quand il n’y<br />

eut plus de bruit (l. 8) => étirement du temps (Kik resta<br />

dans la forêt, l. 7) pour les enfants qui sont cachés loin<br />

du camp et sont impatients de rejoindre leur famille.<br />

b. La guerre est comme un ouragan qui ravage brutalement<br />

tout sur son passage et ne laisse derrière lui que<br />

des décombres : Tous ses parents proches et éloignés<br />

morts (l. 12-13).<br />

2. Commentaire<br />

Plan du paragraphe à rédiger :<br />

– argument : le temps qui s’étire (question 1) ;<br />

– exemple : les répétitions systématiques de plusieurs<br />

expressions dans le texte (ex. : les enfants<br />

s’aventurèrent vers leur concession familiale. Kik<br />

regagna la concession familiale, l. 9-10) ;<br />

– analyse : le mélange de temps du discours (passé<br />

composé) et de temps du récit (passé simple).<br />

Prolongement : écrire une suite au début de la nouvelle<br />

de Théophile Gautier ➜ exercice 5, en en faisant<br />

une nouvelle fantastique. Imaginer notamment quel<br />

objet le personnage admire avec autant de fascination.<br />

237


Fiche 2<br />

238<br />

queSTioNS<br />

Fontenelle, Histoire des oracles<br />

1. L’examen de la dent introduit par la conjonction<br />

quand et sa conséquence : la dent est fausse (c’était une<br />

feuille d’or), introduite par l’expression il se trouva que.<br />

2. Situation finale : conclusion à ce cas d’étude qui a<br />

provoqué des hypothèses rocambolesques = c’est une<br />

supercherie (dernière phrase).<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 421<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 Le schéma narratif<br />

J. de La Fontaine, Fables, « Le lion devenu vieux »<br />

1. Situation initiale : le lion est vieux et ne peut plus<br />

régner (v. 1-2).<br />

Événement perturbateur : les sujets du roi l’attaquent<br />

(v. 3-4).<br />

Péripéties : toutes les attaques des animaux et le lion<br />

sans défense (v. 5-9).<br />

Événement équilibrant : l’arrivée de l’âne et réaction du<br />

lion (v. 10-12).<br />

2. Il manque la situation finale : la mort du lion, que le<br />

lecteur doit déduire par lui-même.<br />

Appliquer<br />

La structure du récit<br />

➜ Livre de l’élève, p. 420<br />

2 Un récit à tiroirs<br />

Les Mille et Une Nuits<br />

1. La sultane Schéhérazade (l. 1) = conteuse / émetteur<br />

du récit encadré ; sultan Schahriar (l. 2) = auditeur /<br />

récepteur ; Dinazarde lui rappelle de tenir sa parole<br />

(l. 5-6).<br />

2. Fin du récit encadré = situation finale de tous les<br />

contes : personnages se mariant et ayant des enfants<br />

(laissèrent une illustre postérité, l. 2) => fin traditionnelle.<br />

3. Au discours direct, Schéhérazade commente le récit<br />

encadré et interprète de façon explicite la morale du<br />

conte pour le sultan : magicien africain… abandonné à<br />

la passion… il s’en rendit indigne (l. 6-10).<br />

Écrire<br />

3 Une structure originale<br />

D. Buzzati, Le K<br />

1. Non, le texte semble déstructuré : il est composé<br />

d’une série de courtes phrases introduites par des<br />

tirets, des répliques dans un ou plusieurs dialogues<br />

distincts (interlocuteurs différents).<br />

Aspect visuel de scène de théâtre : succession de tirets,<br />

aucun passage de récit.<br />

2. Plusieurs dialogues sont mis sur le même plan : on<br />

reconnaît par exemple le discours d’une mère à son<br />

enfant (l. 1, 2, 19) et un dialogue dans un procès (l. 16,<br />

20-21, 24)… Les indices temporels peu nombreux<br />

indiquent que ces paroles sont prononcées dans une<br />

soirée : Dodo (l. 2), C’est à cette heure que tu rentres à la<br />

maison mon petit ? (l. 8-9), il faut que je te laisse (l. 23).<br />

3. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– Transposez = utiliser les différents personnages pour<br />

mettre en place le récit ;<br />

– récit traditionnel = schéma narratif, prise en charge<br />

du récit par un narrateur ;<br />

– les informations implicites = repérer les différentes<br />

actions présentes dans ce passage, et les enchaîner<br />

logiquement dans un récit construit.<br />

Proposition de début de rédaction :<br />

En cette soirée de mai, chacun devait trouver des<br />

solutions à ses difficultés. Au premier étage de l’immeuble,<br />

une petite veilleuse était restée allumée. Un<br />

doux profil se découpait sur les fenêtres. La jeune<br />

femme se penchait au-dessus d’un petit lit, avec tendresse.<br />

Elle caressait les joues pleines de larmes de<br />

son petit qu’elle appelait « mon ange », « mon trésor<br />

» ou « mon chou ». Elle souriait pour le rassurer<br />

et le couvrait de baisers pour le calmer et l’aider à<br />

s’endormir. […]<br />

Prolongement : imaginer la suite du texte de La Fontaine<br />

➜ exercice 1, en inventant deux ou trois actions<br />

développées de l’âne et les conséquences que cellesci<br />

pourraient avoir.


Fiche 3<br />

queSTioNS<br />

A. Camus, La Peste<br />

1. Narrateur témoin des faits : sujets = le mouvement et<br />

la foule, verbes à la 3 e personne du singulier.<br />

2. Verbes d’action : se précipita, afflua, s’y pressa, au<br />

passé simple montrant une suite d’actions, pour finir<br />

par s’y bousculer qui évoque une progression.<br />

Substantifs : mouvement, chuchotement, exclamation.<br />

=> enchaînement par simple juxtaposition, emploi du<br />

verbe devenir et utilisation de la conjonction de coordination<br />

et.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 423<br />

meTTre Au poiNT<br />

Le narrateur<br />

➜ Livre de l’élève, p. 422<br />

1 Le statut du narrateur<br />

L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit<br />

1. Narrateur personnage du texte : utilisation de la 1 re<br />

personne (Moi, j’avais jamais rien dit, l. 1) et possibilité<br />

de connaître ses sentiments : un carabin lui aussi,<br />

un camarade (l. 3), ses pensées : Il veut me parler. Je<br />

l’écoute. (l. 5).<br />

2. Focalisation interne explicitée par l’expression :<br />

même que je m’en souviens (l. 12).<br />

3. Proximité entre le narrateur et le lecteur, qui connaît<br />

toutes les pensées de Bardamu, mais aussi rapprochement<br />

du fait de l’emploi du langage courant, voire familier<br />

: carabin (l. 3), de tournures orales et incorrectes :<br />

Moi, j’avais jamais rien dit (l. 1), et de phrases courtes<br />

ou elliptiques : Il veut me parler. Je l’écoute (l. 5).<br />

4. Bardamu se révolte contre la société représentée par<br />

les gens « bien-pensants » (ils dans le texte) : qu’ils<br />

racontent (l. 19-20). Le point de vue de Bardamu, narrateur<br />

personnage, est tellement influencé par celui<br />

de son camarade qu’il se confond avec celui-ci et qu’ils<br />

pensent tous deux de la même manière ; d’où l’emploi<br />

du discours direct (l. 13-21).<br />

2 Le changement de focalisation<br />

A. Rahimi, Syngué sabour<br />

1. Focalisation interne, celui qui perçoit la scène est<br />

le mari allongé : c’est sa position qui sert de point de<br />

repère, comme le suggère l’expression s’approche de<br />

la pièce, s’en éloigne et revient (l. 3-4). Dans le GN Le<br />

bruit de pas, l’article défini révèle que ce bruit n’est pas<br />

familier pour le mari.<br />

2. Non, il s’agit de focalisation externe, car le récit<br />

n’évoque que des actions, envisagées sans jugement et<br />

sans exposé de sentiments : La porte s’ouvre. Entre la<br />

femme (l. 4-5). Personne n’apporte de jugement et ne<br />

semble percevoir ces événements.<br />

3. a. Point de vue = celui de la femme (focalisation<br />

interne), comme le suggèrent les verbes de perception :<br />

regarde (l. 5, 9) ou distingue (l. 10) ; mais aussi l’exposé<br />

de ses sentiments (l. 14-15) et l’expression Son homme<br />

(l. 5).<br />

b. Atmosphère oppressante (enfermement) et pathétique<br />

(angoisse) : la femme est seule au chevet de son<br />

mari inconscient et elle a peur qu’il meure : C’est le<br />

vide. Elle a peur (l. 18).<br />

Appliquer<br />

3 Le narrateur du récit épique<br />

Homère, L’Odyssée<br />

1. Focalisation interne : le lecteur perçoit l’action à<br />

travers les yeux d’Ulysse, qui est le narrateur personnage<br />

: puis, excitant mes gens, je leur ordonnai de se<br />

jeter sur les rames (l. 10-11). Cela permet au lecteur de<br />

percevoir l’action du point de vue du héros, qui dirige<br />

ici ses compagnons dans la manœuvre du navire.<br />

2. Le portrait d’Ulysse est fait en action : il affronte le<br />

Cyclope. Il se montre courageux et intelligent, car il sait<br />

réagir : Mais moi, saisissant à deux mains une très<br />

longue gaffe, j’en écartai notre vaisseau (l. 8-9), et il<br />

sauve ses compagnons d’une mort certaine (chef valeureux,<br />

l. 10). Sa vaillance et sa fougue le poussent même à<br />

provoquer le Cyclope, au grand dam des autres marins :<br />

je veux héler le Cyclope ; autour de moi, on cherche à<br />

me retenir par d’apaisantes paroles (l. 14-16).<br />

239


3. C’est Ulysse lui-même qui commente les paroles de<br />

ses compagnons et les juge apaisantes, car il semble<br />

comprendre que son geste est inconsidéré et dangereux<br />

=> sincérité du personnage.<br />

4 Roman historique et focalisation<br />

B. Cendrars, L’Or<br />

1. Narrateur témoin : emploi de la 3 e personne au début<br />

du texte (Il ne comprend pas, l. 3).<br />

2. a. Le pronom personnel utilisé est il dans la première<br />

partie du texte : On l’a volé (l. 5-6) ; mais à partir de<br />

la ligne 11, c’est la 1re personne qui est utilisée : […]<br />

volé et abattu mes troupeaux, ruiné mon immense<br />

labeur (l. 12-13). => ce glissement rapproche narrateur<br />

et lecteur, et permet à ce dernier de mieux s’identifier<br />

à Suter, de mieux comprendre et partager son malheur.<br />

b. Les questions débutent à la ligne 7 et permettent à<br />

l’auteur de rapprocher narrateur et personnage. Le lecteur<br />

découvre les interrogations de Suter ; on se glisse<br />

petit à petit dans sa tête. Après les questions, le lecteur<br />

a accès aux pensées du personnage.<br />

3. Focalisation interne à partir de : Il cherche d’en<br />

estimer mentalement (l. 6) ; le lecteur connaît tout des<br />

pensées et des sentiments de Suter : pourquoi ai-je<br />

mérité un si total malheur ? (l. 18-19), avec emploi de<br />

la 1 re personne du singulier (pronoms et déterminants<br />

possessifs) : Ils ont incendié mes moulins (l. 11-12).<br />

4. Roman historique = récit objectif, donc narrateur<br />

témoin et point de vue omniscient pour pouvoir brosser<br />

un tableau complet des personnages et des intrigues,<br />

l’antithèse de ce qui est perçu dans cet extrait.<br />

240<br />

Écrire<br />

5 Le narrateur d’un roman moderne<br />

L. Aragon, Aurélien<br />

1. Témoin des événements => emploi de la 3 e personne<br />

pour décrire les sentiments d’Aurélien : il la trouva<br />

franchement laide (texte A, l. 1-2) ; Il ne s’était jamais<br />

remis tout à fait de la guerre (texte B, l. 1).<br />

2. a. Bérénice est décrite du point de vue d’Aurélien, à<br />

l’aide d’un grand nombre de modalisateurs aux connotations<br />

péjoratives : franchement laide. Elle lui déplut<br />

(l. 2) ; ternes (l. 9), ennui et irritation (l. 13) => portrait<br />

très négatif et dévalorisant de Bérénice.<br />

b. La focalisation interne domine ici, car c’est Aurélien<br />

qui voit tout et décrit Bérénice : Cela lui fit mal augurer<br />

de celle-ci (l. 6) ; le lecteur connaît toutes ses pensées<br />

et ses jugements sur la jeune femme.<br />

3. La première phrase est en focalisation interne : nous<br />

sommes dans la tête du personnage. Il tire le bilan de<br />

la guerre et de sa vie à ce moment-là.<br />

La deuxième phrase est en focalisation omnisciente<br />

= le cas particulier du personnage (pris en charge par<br />

une focalisation interne) devient un cas général que<br />

le narrateur exprime ainsi. Ensuite, on revient au personnage<br />

mais on reste dans une focalisation généralisatrice<br />

: c’est le narrateur qui explique et commente<br />

l’évolution du personnage. Il ne peut pas avoir pensé à<br />

ces éléments au moment de l’action.<br />

4. Commentaire<br />

Remarque : il est nécessaire de réutiliser le contenu de<br />

la question 3 pour développer sa réponse.<br />

Proposition de début de rédaction :<br />

Le texte B, deuxième extrait d’Aurélien de Louis<br />

Aragon, débute par une phrase écrite à l’aide de la<br />

focalisation interne : en effet, même si le pronom<br />

personnel utilisé est « il », il est évident que l’on<br />

évoque ici le héros et en particulier ses sentiments à<br />

l’égard de la guerre. Mais dès la deuxième phrase,<br />

l’auteur opère un glissement vers la focalisation<br />

zéro. En effet, il ne s’agit plus seulement d’un cas<br />

isolé, mais de la présentation d’une généralité…<br />

Prolongement : rédiger un incipit traditionnel de<br />

roman historique pour le texte de B. Cendrars ➜ exercice<br />

4.


Fiche 4<br />

queSTioNS<br />

F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux<br />

1. Des actions quotidiennes, répétées, transcrites à<br />

l’aide de l’imparfait itératif ou d’habitude (Elle allumait<br />

la bougie, se levait, versait du valérianate) et mention<br />

des pensées et des interrogations du personnage :<br />

Pourquoi pas mortelle ?<br />

2. Intermédiaire entre le discours direct et le discours<br />

indirect libre : présence de la 3 e personne du singulier<br />

et de la ponctuation expressive sans guillemets, donc<br />

les pensées du personnage sont relayées par le narrateur,<br />

mais une proposition incise assimile cet extrait à<br />

du pur et simple discours direct : songeait-elle.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 427<br />

meTTre Au poiNT<br />

Le personnage<br />

➜ Livre de l’élève, p. 425<br />

1 Un exemple de portrait<br />

U. Eco, Le Nom de la rose<br />

1. Deux caractéristiques physiques antithétiques, voire<br />

paradoxales : il juge son maître très vieux (l. 5), mentionne<br />

certains toupillons de poils jaunâtres (l. 2-3)<br />

et ses sourcils touffus et blonds (l. 3-4) ; mais dans le<br />

même temps, il évoque l’agilité (l. 6) et l’énergie (l. 7)<br />

Destinateur<br />

n’importe quel individu sensé<br />

voulait quitter la Terre (l. 12-13)<br />

PRITCHARD<br />

Sujet<br />

Adjuvants<br />

son statut de bon citoyen (l. 9)<br />

son intelligence<br />

Quête<br />

de Guillaume avec admiration (qui me faisait souvent<br />

défaut à moi-même, l. 6-7).<br />

=> image d’un vieillard (exagérée par rapport à l’enfant<br />

qu’il est), mais en parfaite santé et plein de vie.<br />

2. Antithèse ou paradoxe : l’énergie de son maître<br />

paraissait inépuisable (l. 7-8), mais il se laisse aller<br />

aussi à des moments d’inertie (l. 11) avec l’image de<br />

l’écrevisse. Cette force d’esprit et cette capacité d’analyse,<br />

de réflexion ici annoncées, vont lui permettre de<br />

résoudre les crimes qui vont avoir lieu (effet d’anticipation).<br />

3. Le novice, jeune puisqu’il considère le quinquagénaire<br />

comme très vieux (l. 5), a déjà passé beaucoup<br />

de temps à observer Guillaume (l. 16-20), mais il est<br />

admiratif de son maître, tout en ne manquant pas d’un<br />

certain recul critique à son égard.<br />

Appliquer<br />

2 Le schéma actantiel<br />

R. Bradbury, Chroniques martiennes<br />

1. cf. schéma ci-dessous.<br />

2. Opposants = les hommes en uniforme (l. 4-5), qui<br />

gardent la zone de lancement. Le verbe menaça (l. 11)<br />

prouve bien qu’il y a un conflit entre Pritchard et ceux-ci.<br />

3. Le vol à bord de la fusée pour Mars est, pour Pritchard,<br />

une échappatoire aux guerres, à la censure, à l’étatisme<br />

Destinataire<br />

Pritchard pour éviter la vaste<br />

guerre atomique (l. 13)<br />

Objet<br />

Il voulait partir pour Mars sur la<br />

fusée. (l. 2)<br />

Opposants<br />

les hommes en uniforme (l. 4-5)<br />

241


(l. 18) et à tout ce qui est cité à la fin du texte. C’est aussi<br />

un moyen de sauver sa vie, car le personnage prévoit<br />

une vaste guerre atomique (l. 13) et préfère l’anticiper<br />

en fuyant. Le verbe vouloir dès la première phrase<br />

marque la force du désir du personnage.<br />

=> l’objet de la quête est donc un désir absolu de quitter<br />

la Terre.<br />

3 Différents discours rapportés<br />

R. Radiguet, Le Diable au corps<br />

1. a. Discours narrativisé pour résumer les propos<br />

échangés entre les parents et le personnage, car présence<br />

de paroles résumées par le narrateur : Mes<br />

parents m’interrogèrent sur ma promenade (l. 2), Je<br />

parlai aussi de Brunoy… (l. 4-5).<br />

b. Passé simple : Je revins (l. 1), Je leur décrivis (l. 2-3)<br />

=> insertion des paroles dans la narration.<br />

Plus-que-parfait : nous avions déjeuné (l. 5-6) => antériorité<br />

des faits par rapport au récit essentiel, au passé<br />

simple.<br />

2. a. Tiret (l. 8) = démarcation du discours direct, juste<br />

après les deux points (l. 7).<br />

b. Passage au temps du discours : le passé composé<br />

(René est venu, l. 8), insertion d’une parole au discours<br />

indirect à l’imparfait (en apprenant qu’il faisait une<br />

grande promenade avec toi, l. 9-10) et repères temporels<br />

précis typiques du discours : cet après-midi, à<br />

quatre heures (l. 8-9).<br />

3. Adjectif moqueuse (l. 6) pour qualifier la mère, dernières<br />

phrases (rouge de dépit, l. 11) = leçon tirée après<br />

coup par le narrateur. Image d’un jeune garçon naïf,<br />

pris en flagrant délit de mensonge.<br />

4 La valeur des discours rapportés<br />

Vercors, Le Silence de la mer<br />

1. Discours direct :<br />

– utilisation de tirets (l. 3, 7, 14) ou de guillemets (l. 21,<br />

24-25) ;<br />

– pronom personnel je (ex. : Mais ce que je disais, je le<br />

pense…, l. 15) ;<br />

– indicatif présent (Je suis musicien, l. 3 ; je compose<br />

de la musique, l. 7-8).<br />

2. Phrases de l’officier allemand : courtes, parfois juxtaposées<br />

sans lien de coordination : Pourtant je ne<br />

regrette pas cette guerre. Non. Je crois que de ceci<br />

il sortira de grandes choses… (l. 10-11) => manque<br />

d’assurance dans le maniement de la langue française,<br />

gêne du jeune homme qui doit parler seul.<br />

242<br />

3. Connecteurs logiques : ainsi (l. 8), Pourtant (l. 10),<br />

peut-être (l. 14), Mais (l. 15) : différentes étapes d’une<br />

réflexion, de l’argumentation du personnage, qui est<br />

forcé de construire son propos seul. Il fait la guerre,<br />

mais il est mélomane.<br />

4. Remords ou regrets du personnage par rapport à<br />

l’attitude froide qui a été la sienne. Jusque-là, aucune<br />

pitié à l’égard de l’Allemand, même pas une parole, d’où<br />

la métaphore : refuser l’obole d’un seul mot (l. 25).<br />

Écrire<br />

5 Parole et action<br />

A. Dumas, Le Trois Mousquetaires<br />

1. a. Discours direct :<br />

– utilisation de tirets et de guillemets ;<br />

– pronom personnel je (ex. : je demande justice contre<br />

vous, l. 10-11) ;<br />

– temps de référence : le présent (comme le lion<br />

tremble à l’aspect du serpent, l. 19 ; Je défie, l. 27…).<br />

b. Reproduction des propos exacts des protagonistes,<br />

avec les exclamations correspondant aux sentiments<br />

des personnages (ex. : Oh ! l. 25) => récit plus vivant.<br />

2. Propos introduits par des propositions incises : reprit<br />

Lord de Winter (l. 3), s’écrièrent Porthos et Aramis (l. 8),<br />

dit Athos (l. 18), dit Milady (l. 25), dit une voix (l. 28),<br />

celle de l’homme au manteau rouge (l. 30).<br />

3. Six personnages au total, parmi lesquels se détachent<br />

Lord de Winter avec ses deux interventions (l. 3-7, 9-12)<br />

qui accusent Milady, et Athos (l. 18-24) qui accable<br />

cette femme par son témoignage.<br />

4. Écriture d’invention. Contraintes du sujet :<br />

– partir du texte pour en écrire un autre centré sur<br />

Milady ;<br />

– contenu : expliquer ce que Milady prépare en pensée ;<br />

– forme : monologue intérieur, discours direct et indirect<br />

libre.<br />

Proposition de début de rédaction :<br />

Penser qu’elle allait se livrer aussi facilement,<br />

sans même combattre ! Ils se trompaient tous<br />

lourdement. « Cette cour est-elle donc tout entière<br />

acquise à la cause de ces combattants, soi-disant<br />

irréprochables, et de mon mari, ce saint homme qui<br />

a pourtant vite fait de traîner le nom de sa femme<br />

dans la fange de la calomnie ! … »<br />

Prolongement : réécrire le texte de Raymond Radiguet<br />

➜ exercice 3, en transformant le premier paragraphe<br />

en un dialogue au discours direct.


Fiche 5<br />

queSTioNS<br />

É. Zola, « Le Forgeron »<br />

1. Sens figuré : métaphore = couleur rouge de la<br />

flamme qui évoque le sang.<br />

2. Des géants, avec un vocabulaire hyperbolique<br />

(grandes ombres). L’ampleur est due aux ombres et à<br />

la force des personnages.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 430<br />

meTTre Au poiNT<br />

Les registres épique et fantastique<br />

➜ Livre de l’élève, p. 429<br />

1 L’univers épique<br />

J. Conrad, Au cœur des ténèbres<br />

1. Lieu étrange, inquiétant :<br />

– L’ombre s’y glissa bien avant que le soleil ne fût<br />

couché (l. 5-6) => gagné par la nuit, potentiellement<br />

dangereux ;<br />

– Le courant fuyait égal et rapide, mais une immobilité<br />

muette pesait sur les rives (l. 6-7) => opposition lexicale<br />

entre la description de l’eau et celle du bord = antithèse<br />

révélée par la conjonction mais. Sentiment d’une<br />

menace tapie sur les rives du fleuve ;<br />

– arbres vivants, lianes grimpantes… (l. 7-9) => personnification<br />

de la forêt, de plus en plus inquiétante.<br />

L’adjectif surnaturel (l. 12-13) résume la valeur de cette<br />

description.<br />

2. Comparaisons :<br />

– fleuve […] droit et resserré entre des berges hautes<br />

comme les talus d’un chemin de fer (l. 3-5) => comparaison<br />

pour évoquer des réalités connues du lecteur ;<br />

– on aurait pu croire que tout était changé en pierre<br />

(l. 10-11) => immobilisation, perte de la vie ;<br />

– comme un état de transe (l. 13) => pour faire comprendre<br />

cet état surnaturel.<br />

=> lieu sournois et maléfique.<br />

3. Les arbres vivants (l. 9) / les vivantes broussailles<br />

(l. 7-8) = personnifications en chiasme. La forêt peut agir,<br />

inquiétante et peut-être habitée par des êtres hostiles.<br />

4. a. Idée d’entrée dans l’inconnu, endroit difficile à<br />

connaître => récit d’aventures fondé sur une explora-<br />

tion d’un lieu surnaturel, voire diabolique (ténèbres<br />

associées traditionnellement au diable).<br />

b. Hyperboles concernant la végétation => registre<br />

épique.<br />

Personnification de la végétation, idée de surnaturel et<br />

état de transe (l. 13) => registre fantastique.<br />

2 Le cadre fantastique<br />

T. Gautier, La Cafetière<br />

1. Trois personnages, dont le narrateur, nommés Arrigo<br />

Cohic et Pedrino Borgnioli (l. 2-3).<br />

Indications de temps : L’année dernière (l. 1) et de lieu :<br />

dans une terre au fond de la Normandie (l. 3-4).<br />

Récit rétrospectif traditionnel au passé simple<br />

=> situation réaliste.<br />

2. Narrateur personnage : je fus invité (l. 1), à notre<br />

départ (l. 5) => effet de réel, impression d’une présence<br />

familière.<br />

3. Registre fantastique :<br />

– repères spatiaux : au fond de la Normandie (l. 3-4),<br />

chemins creux (l. 7) ;<br />

– repères temporels : une heure après le coucher du<br />

soleil (l. 13-14) ;<br />

– personnifications du temps (promettait, l. 5 ; s’avisa,<br />

l. 6) et de la boue (s’était attachée, l. 10).<br />

=> impression que la nature hostile a décidé de transformer<br />

la situation, de retarder les hommes et de nuire<br />

à cette équipée.<br />

Appliquer<br />

3 Registre épique et roman historique<br />

Z. Oldenbourg, Les Brûlés<br />

1. Focalisation interne sur Bérenger, au cœur de cette<br />

fin de récit. Il voit mourir Gentiane à ses côtés, et interprète<br />

la mort comme une délivrance. Les exclamations<br />

répétées Dieu merci (l. 7), et surtout Mon Dieu (l. 13,<br />

15-16) plongent le lecteur dans la conscience de ce personnage<br />

dont les propos sont au discours direct dès la<br />

ligne 13, malgré l’absence de guillemets : je vis encore.<br />

2. La Douleur (l. 9) = allégorie : la sensation est mise en<br />

avant comme un véritable personnage de cette partie du<br />

récit, une torture qui martyrise chacun des personnages.<br />

243


3. Impression de discours indirect libre dès la ligne 7,<br />

avec un narrateur évoquant la scène dans la conscience<br />

de Bérenger : Dieu merci, elle est sortie de l’enfer.<br />

En fait, c’est du discours direct sans démarcation traditionnelle<br />

(tirets, guillemets…) qui clôt les 1 er et 2 e<br />

paragraphes ; et le 3 e fait se confondre Bérenger et le<br />

narrateur dans une même perception de la mort inéluctable.<br />

4 Le récit fantastique<br />

E. A. Poe, Nouvelles histoires extraordinaires<br />

1. Repères spatiaux : Le château (l. 1), un de ces bâtiments,<br />

mélange de grandeur et de mélancolie (l. 4-5),<br />

une des chambres les plus petites (l. 11), dans une tour<br />

(l. 12).<br />

Repères temporels : une nuit (l. 4).<br />

=> cadre spatio-temporel précis et réaliste.<br />

2. Préparation au surnaturel par des éléments dans le<br />

texte A :<br />

– des comparaisons avec les châteaux des récits de<br />

mistress Radcliffe (l. 8), récits gothiques ;<br />

– la précision du château […] temporairement et tout<br />

récemment abandonné (l. 9-10) ;<br />

– une décoration tourmentée avec des anachronismes<br />

étranges : nombreux trophées héraldiques (l. 15) et<br />

quantité vraiment prodigieuse de peintures modernes<br />

(l. 16-17) ;<br />

– l’état du narrateur : mon délire qui commençait qui<br />

en fut cause (l. 19-20) : annonce d’une possibilité de<br />

récits incroyables.<br />

=> la mort du modèle féminin du peintre au moment<br />

même de la fin du tableau (texte B) est en phase avec le<br />

GN qui résume la description initiale : la bizarre architecture<br />

du château (l. 23-24).<br />

3. Plusieurs expressions en italique (l. 6, 7, 18) renvoient<br />

à l’explication du narrateur, du côté de l’observation et<br />

de l’analyse, opposée à l’aveuglement entêté du peintre<br />

qui sacrifie celle qu’il aime, devenu fou par l’ardeur de<br />

son travail (l. 3-4). Seul le mot Vie au discours direct est<br />

commun à l’artiste et au narrateur.<br />

4. Surprise : le personnage révèle la vérité, la voit<br />

enfin. Interprétation surnaturelle = il a puisé dans la<br />

vie de sa femme pour peindre.<br />

244<br />

Écrire<br />

5 Le récit épique au cinéma<br />

Affiche de La Guerre des mondes<br />

1. Genres cinématographiques liés au registre épique :<br />

– westerns : lutte des nouveaux Américains sur le territoire<br />

(Sergio Leone, Il était une fois dans l’Ouest,<br />

1968) ;<br />

– films de science-fiction : lutte pour la survie sur une<br />

planète, guerre entre plusieurs civilisations (Steven<br />

Spielberg, La Guerre des mondes, 2005) ;<br />

– films de guerre : représentation réaliste d’épisodes<br />

de guerre (Steven Spielberg, Il faut sauver le soldat<br />

Ryan, 1998).<br />

2. Recherche<br />

– Westerns : Fred Zinnermann, Le train sifflera trois<br />

fois (1952) ; Howard Hawks, Rio Bravo (1959).<br />

– Science-fiction : George Lucas, Star Wars (1977-<br />

2005) ; Ridley Scott, Blade Runner (1982).<br />

– Guerre : David Lean, Le Pont de la rivière Kwaï (1957) ;<br />

Francis Ford Coppola, Apocalypse Now (1979).<br />

3. Rédaction de paragraphes argumentatifs<br />

a. Il était une fois dans l’Ouest : début de conte => mise<br />

en valeur du récit ; Ouest : avec la majuscule, symbole<br />

de la frontière à conquérir, de lieu de tous les possibles.<br />

La Guerre des mondes : article défini qui signale<br />

que c’est la guerre par excellence, la dernière, ce que<br />

confirme l’emploi du pluriel absolu des mondes.<br />

Il faut sauver le soldat Ryan : proposition avec un verbe<br />

d’obligation, une mission ; nom propre précis qui personnalise<br />

l’enjeu => effet de réel.<br />

b. Affiche de La Guerre des mondes :<br />

– titre en gros avec des lettres plus importantes pour<br />

le mot guerre => mise en évidence de la dimension<br />

épique ;<br />

– fond noir avec une planète devenue un objet dans des<br />

mains de monstre reptilien => guerre contre une puissance<br />

inquiétante et inconnue ;<br />

– ramifications sanglantes et embrasement évoquant<br />

une boule de feu => images apocalyptiques.<br />

Prolongement : réécrire le texte de Zoé Oldenbourg<br />

➜ exercice 3 en utilisant le registre fantastique et<br />

imaginer une fin différente pour les personnages.


C H A P I T R E<br />

Fiche 1<br />

queSTioNS<br />

A. Macke, Femme avec ombrelle devant un magasin<br />

de chapeaux<br />

1. Le haut et le bas de la vitrine du chapelier (soubassement<br />

de la vitrine, et bordure grise supérieure) entrent<br />

dans la profondeur du tableau, de la droite vers la<br />

gauche = lignes de fuite qui se rejoignent hors champ.<br />

2. La femme qui contemple la vitrine est habillée en<br />

orange et en brun (couleurs chaudes), couleurs que l’on<br />

retrouve sur le tapis de présentation des chapeaux et<br />

dans la plupart des chapeaux exposés en vitrine, sauf<br />

les deux qui sont à gauche (dominante verte), de couleur<br />

froide comme le bleu à l’intérieur de la vitrine,<br />

sur les montants et au plafond, le bleu du trottoir, et<br />

l’harmonie grise d’une grande partie du cadre urbain<br />

représenté.<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 435<br />

meTTre Au poiNT<br />

7<br />

L’image fixe<br />

➜ Livre de l’élève, p. 433<br />

1 Composition d’un paysage<br />

V. Kandinsky, Vieille Ville II<br />

1. Au moins trois plans :<br />

– 1 er plan : chemin avant la bifurcation, avec la barrière<br />

et son ombre à droite ;<br />

– 2 e plan : femme se promenant à droite, avec des<br />

arbustes au centre ;<br />

– 3 e plan = arrière-plan : village avec toits et tours.<br />

Éventuellement, extrême arrière-plan, avec paysage de<br />

montagnes bleues dans le lointain, à droite.<br />

2. Entrée dans la profondeur du tableau par la barrière<br />

au premier plan droit, mais elle bifurque vers la<br />

droite en suivant la ligne de fuite du chemin sur lequel<br />

L’analyse de l’image<br />

➜ Livre de l’élève, p. 432<br />

se trouve le personnage féminin ; ce chemin qui va au<br />

fond, à droite, rejoint la ligne horizontale du village<br />

à l’arrière-plan, conduisant notre œil vers le fond du<br />

tableau (horizon montagneux).<br />

Lignes de force verticales participant à l’harmonie<br />

visuelle du tableau : trois tours à l’arrière-plan de cette<br />

ville médiévale, dont une au milieu, moins élevée que<br />

les deux autres, qui est un axe de symétrie rassurant.<br />

3. Couleurs dominantes :<br />

– chemin et village : couleurs chaudes (jaune et rouge)<br />

= présence humaine, paysage domestiqué ;<br />

– végétation verte aux premier et deuxième plans<br />

= encadrement des couleurs chaudes par cette couleur<br />

froide, réchauffée par les touches de jaune sur la<br />

pelouse des talus ou le brun qui se mêle aux ramures<br />

des arbres et arbustes.<br />

=> atmosphère calme et sereine.<br />

4. Ombres portées qui vont vers la gauche, et déjà bien<br />

allongées (cf. femme et arbustes) = ambiance de fin de<br />

journée, de début de soirée estivale.<br />

5. Histoire des arts<br />

a. Der Blaue Reiter = le Cavalier bleu, école de peinture<br />

expressionniste bavaroise née à Munich en 1911.<br />

Principaux représentants : Gabriele Münter, Alfred<br />

Kubin, Franz Marc, August Macke, Alexeï von Jawlensky.<br />

b. Kandinsky est beaucoup plus connu pour ses tableaux<br />

abstraits portant des titres musicaux : Improvisations,<br />

Impressions, Compositions. Naissance de l’abstraction<br />

en 1910 avec des aquarelles aux couleurs vives et aux<br />

lignes diagonales tout en dynamisme.<br />

2 Portrait photographique<br />

E. Steichen, Autoportrait<br />

1. Hommage à la peinture : le photographe joue à<br />

être un peintre, avec son pinceau-brosse et sa palette.<br />

L’habit rappelle les premières années du xix e siècle et<br />

peut évoquer l’autoportrait d’Ingres.<br />

245


2. Masse noire du buste délimitée par les lignes des<br />

épaules qui se rejoignent au sommet, sur le visage du<br />

peintre = structure pyramidale empruntée au portrait<br />

pictural.<br />

3. Clair-obscur :<br />

– ombre sur le visage : partie droite à la lumière (deux<br />

tiers du visage), partie gauche dans le noir (un tiers) ;<br />

– plastron, main et pinceau très lumineux sur fond noir ;<br />

– lumière sur le fond semblant se différencier des<br />

ténèbres environnantes.<br />

=> en référence aux grands peintres du clair-obscur du<br />

xvii e siècle, en particulier Le Caravage et Rembrandt,<br />

autoportraitistes de renom.<br />

4. Histoire des arts<br />

a. Aux États-Unis et en Europe, au début du xx e siècle,<br />

la photographie est reconnue pour ses qualités documentaires,<br />

associée au reportage et au journalisme.<br />

Ex. : commandes faites à Atget pour représenter le<br />

peuple et la ville de Paris avant le développement<br />

d’une modernité risquant de faire perdre à la capitale<br />

française son authenticité.<br />

Mais la photographie n’est pas considérée comme un<br />

art => elle tente de trouver sa légitimité en imitant<br />

thèmes et techniques de la peinture.<br />

b. Pictorialisme = photographie dont les thèmes, le<br />

traitement de la lumière et la composition rappellent<br />

les techniques picturales. Référence majeure : peinture<br />

impressionniste (paysages nimbés de lumière solaire,<br />

représentation de reflets dans l’eau…) ; mais aussi,<br />

peinture plus ancienne, par exemple Steichen qui pose<br />

comme un peintre romantique ou néo-classique = clin<br />

d’œil à sa volonté d’asseoir le langage photographique<br />

comme un art à part entière.<br />

246<br />

Appliquer<br />

3 Paysage et profondeur de champ<br />

G. Caillebotte, Rue de Paris, temps de pluie<br />

1. Réverbère au centre du tableau = lignes de force<br />

verticale et médiane divisant la toile en deux moitiés<br />

égales :<br />

– à gauche, profondeur de champ révélant les perspectives<br />

de la ville haussmannienne ;<br />

– à droite, couple de personnages sur le point de croiser<br />

un homme vu de dos qui entre dans le cadre par le<br />

bord inférieur droit.<br />

2. Lignes de fuite essentielles dans la moitié gauche de<br />

la composition : double perspective de part et d’autre de<br />

l’immeuble haussmannien au fond du tableau, mais le<br />

pavé glissant et un homme avec son parapluie au deuxième<br />

plan orientent notre œil vers les lignes de fuite<br />

aboutissant derrière le réverbère central. Véritable<br />

point de fuite = point idéalement situé au milieu du<br />

tableau, derrière le réverbère, donnant à l’observateur<br />

la mesure des dimensions imposantes de ces artères<br />

tout à fait nouvelles pour l’époque.<br />

3. Chacun abrité sous son parapluie, haut de forme et<br />

costume de rigueur pour les promeneurs masculins,<br />

femme élégante avec chapeau, voilette et bordure de<br />

fourrure de son manteau = image d’une ville riche et<br />

bourgeoise, représentative de la société parisienne de<br />

la III e République, héritière du libéralisme du Second<br />

Empire.<br />

4. Aujourd’hui, cette toile peut paraître historiquement<br />

datée, mais de tels bâtiments et une telle vision<br />

urbaine sont le comble de la modernité à l’époque, de<br />

l’efficacité urbanistique d’une ville imitée dans l’Europe<br />

entière. Peindre le mouvement et l’immédiateté<br />

de la ville contemporaine = définition de la poésie<br />

moderne pour Baudelaire ; réalisation en peinture par<br />

Caillebotte dans les années 1870.<br />

5. Histoire des arts<br />

a. Charles Marville (1813-1879) : photographe qui<br />

représente les vieux quartiers de Paris avant leur destruction<br />

programmée dans le cadre des travaux du préfet<br />

Haussmann. Album du Vieux-Paris (1865).<br />

Eugène Atget (1857-1927) : photographe qui réalise<br />

l’inventaire des métiers et des rues de Paris, à partir<br />

de 1899.<br />

b. Dans les années 1860, révolution urbanistique et<br />

architecturale = Paris remodelée suivant la volonté du<br />

baron Haussmann, plus rationnelle, plus aérée, avec<br />

des avenues en étoile, des immeubles de six étages<br />

organisés suivant une stratification sociale verticale,<br />

de l’échoppe à la chambre de bonne => fascination<br />

dans l’Europe entière : ville moderne constamment<br />

peinte et photographiée.<br />

4 Portrait et angle de vue<br />

J.-A. Watteau, Pierrot, dit autrefois Gilles<br />

1. Contre-plongée et format à taille humaine (184 x<br />

149 cm) => personnage montré dans toute son ampleur,<br />

posé devant nous, comme si nous le voyions surgir.<br />

2. Costume blanc de Pierrot, personnage de la commedia<br />

dell’arte. Le titre du tableau le confirme : visage naïf,<br />

bras et mains maladroitement pendants, nœuds roses


sur les souliers, air emprunté => personnage isolé, mais<br />

ici peut-être momentanément valorisé (sur une scène).<br />

3. Autres personnages, en contrebas et à l’arrière-plan.<br />

Habit et attitudes évoquant d’autres personnages types<br />

de la commedia dell’arte : la pulpeuse Isabelle avec<br />

son décolleté à droite, le médecin avec sa fraise de<br />

dentelle, juché sur son âne. Ils semblent attendre une<br />

intervention de Pierrot, sans pour autant le regarder<br />

=> impression d’un intermède dramatique qui ne valorise<br />

pas Pierrot, personnage mélancolique qui tourne<br />

le dos à son public, comme pour mieux regarder son<br />

deuxième public, l’observateur de cette toile.<br />

4. Atmosphère à la fois comique (références à la comédie<br />

italienne) et mélancolique (personnage lunaire et<br />

solitaire de Pierrot) => portrait aussi risible que touchant.<br />

5. Histoire des arts<br />

a. Watteau a peint des décors pour les comédiens italiens<br />

quand il travaillait dans l’atelier de Claude Gillot.<br />

Fasciné par le théâtre, il composa en peinture des saynètes<br />

comiques connues sous l’appellation de fêtes<br />

galantes, fondées sur l’alliance subtile du divertissement<br />

et du lyrisme amoureux dans un décor aristocratique<br />

de jardin enchanteur.<br />

b. Pater (1695-1736) : élève de Watteau qui peint des<br />

fêtes galantes ou villageoises, avec le souci de petites<br />

scènes qui semblent croquées sur le vif. Ex. : Repos au<br />

parc (huile sur toile, début xviii e siècle, Saint Louis Art<br />

Museum), Le Concert champêtre (huile sur toile, non<br />

daté, Valenciennes, musée des Beaux-Arts).<br />

Lancret (1690-1743) : élève de Gillot avec Watteau.<br />

Ex. : Mlle de Camargo (huile sur toile, 1730, Londres,<br />

Wallace Collection), Le Déjeuner de jambon (huile sur<br />

toile, 1735, Chantilly, musée Condé).<br />

5 Dessin et société<br />

Cham, caricature<br />

1. Personnage visiblement fou, les cheveux hérissés,<br />

palette à la main gauche, brosse de la main droite, à<br />

l’aide d’un balai, une toile sur son chevalet.<br />

La légende confirme l’image de la folie avec l’expression<br />

indépendante de leur volonté, qui joue avec l’adjectif<br />

verbal indépendante qualifiant la peinture moderne.<br />

2. Balai aussi hérissé que les cheveux et la barbe du<br />

peintre => vision d’un aliéné.<br />

3. Dessin satirique => attaque contre la peinture<br />

moderne et ses traits de peinture trop grossiers (pinceau<br />

= balai).<br />

Le Charivari = quotidien satirique fondé en 1832 par<br />

Charles Philipon, organe de critique social avec des<br />

dessinateurs comme Daumier, puis de plus en plus<br />

conservateur avec en particulier les dessins de Cham<br />

qui ridiculisent la peinture impressionniste. Le journal<br />

disparaît en 1937.<br />

4. Histoire des arts<br />

a. Mouvement impressionniste, avec sa première exposition<br />

en 1874 dans l’ancien atelier de Nadar, boulevard<br />

des Capucines. Sept autres expositions jusqu’en 1886.<br />

En 1874, le journaliste Jules Leroy ne voit qu’une<br />

impression dans la toile de Monet, Impression soleil<br />

levant. La Moderne Olympia de Cézanne suscite la<br />

risée des visiteurs, et Le Berceau de Berthe Morisot est<br />

visé en raison de son emploi très visible de la brosse.<br />

Ce jugement de valeur se réfère à une nouvelle technique<br />

de peinture, souvent en plein air, où la couleur et<br />

la touche libre et divisée priment sur le trait et le souci<br />

du fini et du modelé.<br />

b. Hebdomadaires satiriques actuels : Le Canard<br />

enchaîné, fondé en 1916, et Charlie Hebdo en 1970,<br />

successeur de Hara-Kiri (créé en 1960).<br />

6 Peinture et symboles<br />

P. Puvis de Chavannes, Le Pauvre Pêcheur<br />

1. a. Personnage du pêcheur au premier plan, dans<br />

l’attente que son filet se remplisse.<br />

Enfant qui dort au deuxième plan, juste devant sa mère<br />

occupée à cueillir des fleurs de genêt.<br />

Réunis, ces trois personnages forment un triangle,<br />

figure géométrique qui se répète dans la composition :<br />

barre et corde de la nasse ; lande où apparaît la famille.<br />

b. Pêcheur :<br />

– au premier plan ;<br />

– dans une position qui rappelle la prière (debout, tête<br />

baissée, yeux clos, mains jointes) ;<br />

– un maillot informe et échancré, et une coiffure évoquant<br />

une couronne.<br />

=> figure christique de la peinture d’histoire, ou rappel<br />

du thème iconographique du repos pendant la fuite en<br />

Égypte.<br />

Remarque : tout rappelle l’iconographie chrétienne :<br />

– thème de la pêche = sermons du Christ, poisson<br />

comme symbole du christianisme ;<br />

– le bleu marial de la robe de la femme ;<br />

– le rouge du lange qui enveloppe l’enfant : couleur du<br />

sacrifice.<br />

247


2. Paysage :<br />

– terne, car peint dans une palette réduite : vert pâle,<br />

ocre dilué, horizon gris bleu ;<br />

– dénudé, car sans relief, sans arbre : lande ;<br />

– désolé, car vide de toute autre présence humaine<br />

(personnages, habitations, bateaux…) que celle de la<br />

famille.<br />

3. Lignes de l’embarcation :<br />

– barre d’appui de la nasse = ligne de force oblique qui<br />

dynamise la composition, comme si le pêcheur, vertical,<br />

pouvait à tout moment se pencher, voire tomber à<br />

l’eau ;<br />

– rame = ligne de force horizontale doublée de son<br />

reflet dans l’eau qui unit davantage les trois personnages,<br />

matérialisant la base du triangle qui les relie ;<br />

– partie supérieure de la barque = prolongement de la<br />

diagonale qui passe par le corps penché de la mère au<br />

deuxième plan.<br />

4. Histoire des arts<br />

a. Peinture d’histoire, essentiellement mythologique<br />

et allégorique, par exemple L’Espérance (1871-1872,<br />

musée d’Orsay) ou Le Rêve (1883, Baltimore, Walters<br />

Art Museum).<br />

b. Vastes fresques des grandes institutions françaises,<br />

surtout des musées et des hôtels de ville : Le Travail au<br />

musée de Picardie, à Amiens (1863), Le Bois sacré au<br />

Grand Amphithéâtre de la Sorbonne (1880-1889), La Vie<br />

de Sainte-Geneviève au Panthéon (1898)… Commandes<br />

Fiche 2<br />

queSTioNS<br />

O. Welles, Procès<br />

1. Gros plan sur un œil => effet d’étrangeté et d’intimidation,<br />

surtout quand on imagine cet œil sur un grand<br />

écran.<br />

2. Intérêt dramatique : impression de percer l’intimité<br />

d’un personnage, de le cerner au plus près, ou<br />

au contraire, d’être étroitement surveillé. Plan envisageable<br />

dans un film policier ou dans une œuvre fantastique.<br />

248<br />

L’image mobile<br />

➜ Livre de l’élève, p. 438<br />

au-delà de la France : fresques de la Public Library de<br />

Boston sur le thème des grandes figures de la littérature<br />

et de la philosophie grecques (1881-1896).<br />

c. Définition du symbolisme => synthèse, p. 235<br />

Puvis de Chavannes = premier symboliste, précurseur<br />

des allégories de ce mouvement.<br />

Le Pauvre Pêcheur évoquant visuellement la fuite en<br />

Égypte sans la nommer, et le tableau de Baltimore intitulé<br />

Le Rêve, une femme à qui des anges insufflent des<br />

visions nocturnes = représentatifs des thèmes essentiels<br />

du mouvement.<br />

5. Entraînement au commentaire<br />

Plan du paragraphe :<br />

– argument : un tableau qui représente plus que ce<br />

qu’il montre en apparence ;<br />

– exemples : l’attitude du pêcheur et le thème du repos<br />

familial dans la nature = références implicites à l’iconographie<br />

chrétienne, la gamme chromatique réduite<br />

mais significative symbolisant la représentation de la<br />

Vierge et du Christ, et le paysage dénudé à l’image de<br />

la dimension spirituelle de l’œuvre ;<br />

– conclusion : une réécriture moderne des tableaux traditionnels<br />

de l’iconographie chrétienne.<br />

Prolongement : comparer ce tableau de Puvis de Chavannes<br />

avec une version célèbre du repos pendant la<br />

fuite en Égypte, par exemple celle du Caravage (huile<br />

sur toile, 1595-1596, Rome, Galerie Doria Pamphilj).<br />

Exercices d’application<br />

➜ p. 440<br />

meTTre Au poiNT<br />

1 Cinéma et mise en scène<br />

F. Ozon, Huit femmes<br />

1. Plan américain : personnages montrés de la tête aux<br />

genoux, dans un espace réduit, l’encadrement d’une<br />

fenêtre.


2. a. Symétrie parfaite : deux personnages féminins<br />

encadrés par des rideaux verts, devant une fenêtre<br />

dont le montant divise l’image en deux moitiés égales,<br />

une par comédienne. L’antithèse entre la femme brune<br />

et la femme blonde ne fait qu’accentuer, par contraste,<br />

l’harmonie visuelle de l’ensemble.<br />

b. Impression de se retrouver au théâtre, étant donné<br />

la présence du rideau encadrant les personnages, et<br />

impression de voir en contre-plongée les deux comédiennes<br />

en face de soi, sur les planches.<br />

3. a. Arrière-plan = paysage de neige => ambiance feutrée<br />

d’une intrigue en intérieur.<br />

b. Fourrure que porte Catherine Deneuve = élément qui<br />

renforce l’atmosphère de ce film, impression de huis<br />

clos que le paysage hivernal exacerbe.<br />

4. Symétrie parfaite et contrainte de la neige (pas forcément<br />

présente au moment du tournage) = signes<br />

d’un tournage en studio avec les artifices adéquats.<br />

Appliquer<br />

2 Cadrage et montage<br />

F. Truffaut, La mariée était en noir<br />

Remarque : les deux plans ne sont pas successifs. Le<br />

livre du professeur et le manuel de l’élève prennent en<br />

compte cette correction.<br />

1. Le premier plan est un plan d’ensemble (noce sortant<br />

de l’église avec l’ensemble du porche visible). Le<br />

deuxième plan est un plan américain (personnages<br />

pas tout à fait saisis intégralement, mais visibles).<br />

Dramatisation : moment heureux vu de loin, bouleversé<br />

par un attentat qui attaque le marié, suscitant<br />

déjà l’angoisse de sa femme.<br />

2. Plan d’ensemble jouant sur la symétrie : effet miroir<br />

avec une moitié gauche en écho à celle de droite, harmonie<br />

générale légèrement rompue par la présence du<br />

photographe au bas de l’escalier.<br />

3. Vue frontale si l’on observe avant tout le couple du<br />

premier plan => impression d’être à la place du tireur,<br />

de tirer à bout portant sur le marié.<br />

Remarque : la question 4 a été corrigée en ce sens :<br />

à quel mouvement de caméra le réalisateur ferait-il<br />

appel s’il décidait de faire intervenir successivement<br />

ces deux plans, sans transition, dans le montage du<br />

film ?<br />

4. Pas de mouvement de caméra : la caméra (ou une<br />

autre caméra) se rapprocherait des deux personnages<br />

qui sortent de l’église => effet de plan coup de poing<br />

pour insister sur la violence de l’assassinat.<br />

5. Histoire des arts<br />

a. Effet d’antithèse, voire d’oxymore, vu la proximité<br />

des deux termes en opposition : le voile blanc de la<br />

mariée entre en contradiction avec le noir de la veuve.<br />

b. Le roman policier à l’origine du film est un récit de<br />

William Irish (1940).<br />

3 Angle de prise de vue<br />

et enchaînement des plans<br />

Q. Tarantino, Kill Bill<br />

1. a. Vue en contre-plongée permettant de voir les deux<br />

comédiennes l’une en face de l’autre, comme si nous<br />

étions assis devant la scène de leur duel.<br />

b. Attente et dramatisation du duel => spectateur, assis,<br />

mis dans une position tendue.<br />

2. Deux plans rapprochés ou deux gros plans sur l’une<br />

puis sur l’autre des deux comédiennes, champ / contrechamp<br />

soulignant l’opposition et la tension du combat<br />

qui est sur le point de commencer.<br />

3. La comédienne de gauche, vêtue de blanc, se fond<br />

dans le paysage hivernal. L’autre, en face, vêtue de<br />

jaune, se détache de l’ensemble pour souligner soit sa<br />

vulnérabilité (visible quelle que soit sa position dans<br />

cet espace enneigé), soit sa puissance (la force du feu<br />

qui va tout faire fondre sur son passage). Visiblement<br />

occidentale, elle est l’étrangère dans cet univers asiatique<br />

auquel semble appartenir sa rivale, et par son<br />

habit, et par sa coiffure japonaise.<br />

4. Histoire des arts<br />

a. Influences de Tarantino :<br />

– films de Jean-Pierre Melville, réalisateur français de<br />

films noirs ;<br />

– films de kung-fu ;<br />

– « westerns spaghettis » de Sergio Leone ;<br />

– films fantastiques de Brian de Palma.<br />

Double influence dans Kill Bill : cinéma asiatique<br />

(kung-fu) et le scénario de La mariée était en noir de<br />

F. Truffaut.<br />

b. Estampes japonaises, en particulier les paysages<br />

enneigés de Hiroshige.<br />

Ciel étoilé, neige immaculée et importance de la végétation<br />

= références explicites aux estampes.<br />

249


250<br />

Écrire<br />

4 Angle de prise de vue et hors-champ<br />

A. Hitchcock, Sueurs froides<br />

1. Contre-plongée sur un plan rapproché (plan-buste)<br />

=> impression d’être soi-même l’origine de l’épouvante<br />

du personnage.<br />

2. Angoisse du spectateur due au fait que nous soyons,<br />

étant donné le regard du personnage, à côté de la<br />

source de son effroi.<br />

3. Hésitation entre le fantastique et le policier, ce que<br />

confirme le titre français Sueurs froides, ou même le<br />

titre original : Vertigo.<br />

4. Histoire des arts<br />

a. Films les plus connus d’A. Hitchcock :<br />

– Rebecca (1940) ;<br />

– Fenêtre sur cour (1954) ;<br />

– Sueurs froides (1958) ;<br />

– La Mort aux trousses (1959) ;<br />

– Psychose (1960) ;<br />

– Les Oiseaux (1963).<br />

Remake :<br />

– J. Kahn, Last Cup of sorrow (1997) ;<br />

– G. van Sant, Psycho (1998) : reprise plan par plan,<br />

mais en couleurs, du film de Hitchcock.<br />

b. F. Truffaut, admirateur de ce cinéaste, en a fait son<br />

père spirituel, comme C. Chabrol. Lassés tous les deux<br />

par le « cinéma de papa » (C. Autant-Lara…) et le réalisme<br />

poétique français, séduits par les thèmes et les<br />

audaces de mise en scène d’A. Hitchcock.<br />

Influence flagrante : C. Chabrol, La Femme infidèle<br />

(1969).<br />

5. Écriture d’invention :<br />

– synopsis : croyant s’être débarrassé de son rival, le<br />

personnage du photogramme se retourne et voit se<br />

relever la victime, simplement assommée ;<br />

– découpage technique : champ / contrechamp<br />

opposant les deux hommes, avec des plans en contreplongée<br />

sur l’agresseur étonné, et d’autres en plongée<br />

sur la pseudo-victime ;<br />

– script : réduit au minimum, avec des bougonnements<br />

puis quelques menaces de la part du personnage au<br />

sol, et quelques mots d’effroi du côté de l’agresseur.<br />

Prolongement : faire travailler les élèves sur l’ensemble<br />

d’une séquence de cinéma en utilisant le<br />

DVD-Rom. Ex. : la séquence de La Cérémonie (1995)<br />

de C. Chabrol, qui révèle au spectateur le handicap de<br />

l’analphabète, incarnée par Sandrine Bonnaire.


p a r t i e i i i<br />

Méthodes


C H A P I T R E<br />

Fiche<br />

méthode 1<br />

Objectif : Savoir lire des consignes afin de réussir le<br />

travail demandé.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 448<br />

252<br />

oBserVer<br />

1<br />

1 Comprendre les exigences<br />

d’une consigne<br />

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro<br />

1. Réponse qui ne correspond pas à la consigne :<br />

– pas de références au texte : montrez comment, relevez<br />

et analysez ;<br />

– 1re phrase = constat ; elle n’explique pas les signes du<br />

trouble de Figaro.<br />

2. Paragraphe amélioré avec ajouts en gras :<br />

Figaro est troublé dans cette scène ; il semble bouleversé,<br />

comme en témoigne l’emploi de nombreux<br />

points de suspension et les répétitions : femme !<br />

femme ! femme (l. 1), vous ne l’aurez pas… vous ne<br />

l’aurez pas (l. 8-9), et en colère contre son maître, à en<br />

juger par la modalité exclamative dominante dans sa<br />

tirade qui souligne son emportement. Les questions<br />

créent une vivacité dans le monologue et lui donnent<br />

l’air d’un dialogue, ce qui a pour effet d’accentuer le<br />

caractère vindicatif de Figaro critiquant le comte. En<br />

effet, celui-ci convoite sa femme et abuse de son pouvoir<br />

comme le montre l’affirmation de Figaro : Non,<br />

monsieur le Comte, vous ne l’aurez pas (l. 7-8). Le valet<br />

dénonce alors la différence de condition sociale en soulignant<br />

l’écart gigantesque qui les oppose, par l’emploi<br />

d’une accumulation édifiante : Noblesse, fortune, un<br />

rang, tout cela rend si fier (l. 10-11). Le maître possède<br />

tout et fonde son autorité sur ces privilèges, qui ne<br />

représentent aucun mérite comme le souligne Figaro<br />

Lire efficacement<br />

➜ Livre de l’élève, p. 444<br />

Lire des consignes<br />

➜ Livre de l’élève, p. 446<br />

lorsqu’il affirme : Vous vous êtes donné la peine de<br />

naître, et rien de plus (l. 12-13). Il critique ainsi l’injustice<br />

de sa condition qui n’est liée qu’à sa naissance.<br />

analyser<br />

2 Reformuler des consignes<br />

G. Apollinaire, Alcools, « Le pont Mirabeau »<br />

1. a. Étude de la versification et de ses variations, sans<br />

oublier les effets => observations et interprétations.<br />

b. Réponse et justifications par des exemples précis<br />

du texte soulignant les effets produits par l’absence de<br />

ponctuation.<br />

2. a. Étudiez et précisez = analysez les effets des procédés<br />

de versification (mètres, rythmes, rimes, strophes,<br />

sonorités…) en insistant sur la question des différents<br />

mètres.<br />

=> dans un 1er paragraphe, faire ressortir avec des<br />

exemples précis les différents procédés de versification,<br />

puis dans un 2e paragraphe, expliquer l’intérêt des<br />

différents mètres (vers longs et courts, effets d’écho,<br />

fluidité…).<br />

b. Dites si l’absence de ponctuation a un sens à la lecture<br />

du poème (rythme, progression) en justifiant par<br />

des analyses précises (citations).<br />

=> développement de la réponse dans un seul paragraphe<br />

avec des citations expliquées.<br />

Écrire<br />

3 Rédiger une consigne<br />

Saint-Simon, Mémoires<br />

1. a. Étudiez le portrait de Louis xIV ici proposé.<br />

b. Relevez et analysez le champ lexical dominant.<br />

c. Le narrateur exprime-t-il un jugement personnel sur<br />

Louis xIV ? Justifiez votre réponse.


d. Quelle critique est formulée ? Justifiez en analysant<br />

des exemples précis.<br />

2. a. Louis XIV est présenté dans ce texte comme<br />

un personnage orgueilleux qui aime le luxe comme<br />

le soulignent les termes « splendeur », « magnificence<br />

» (l. 1), « profusion » (l. 2) et « luxe » (l. 7)<br />

qui se réfèrent aux goûts frivoles d’un roi dispendieux.<br />

Mais au-delà du pur plaisir de l’apparat, le<br />

roi est décrit comme autoritaire dans la mesure<br />

où il impose à sa cour une vie extravagante : « Ce<br />

goût, il le tourna en maxime par politique » (l. 2-3).<br />

Vaniteux, il veut que son entourage soit le reflet<br />

de sa magnificence comme en témoigne l’expression<br />

: « la satisfaction de son orgueil par une cour<br />

Fiche<br />

méthode 2<br />

Objectif : Rendre sa lecture à voix haute efficace et<br />

captivante.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 451<br />

Lire de manière expressive<br />

➜ Livre de l’élève, p. 449<br />

1 Lire avec le ton approprié<br />

W. Shakespeare, Roméo et Juliette<br />

1. Juliette s’adresse à Roméo alors qu’elle ne le voit pas,<br />

et indirectement à elle-même (une simple recherche<br />

permet de constater qu’il s’agit d’un monologue).<br />

Roméo est l’homme qu’elle aime, mais il appartient<br />

à une famille ennemie. Les deux personnages entretiennent<br />

une relation amoureuse secrète car inacceptable<br />

pour leurs familles.<br />

2. Ton lyrique = exaltation de Juliette qui souffre du<br />

nom de Roméo, refusé par sa famille : Ô (l. 1) lyrique,<br />

phrases exclamatives et interrogatives, points de suspension,<br />

marques de la 2e personne du singulier : pronoms<br />

personnels tu (l. 1, 3, 5) et toi (l. 14), déterminant<br />

possessif ton (l. 2, 4, 13), marques de la 1re personne :<br />

pronoms je (l. 3), m’ (l. 3) et moi (l. 14), et déterminant<br />

possessif mon (l. 4), impératifs : sois (l. 8), renonce<br />

(l. 13), prends-moi (l. 14).<br />

3. Roméo ! Roméo ! (l. 1), quelque autre nom (l. 8) /<br />

dans un nom (l. 9) / sous un autre nom (l. 10), Roméo<br />

ne s’appellerait plus Roméo (l. 11), à ton nom (l. 13) /<br />

de ce nom (l. 13) => changer de ton pour les différen-<br />

superbe en tout » (l. 11-12). Mais ce désir d’image<br />

dissimule un roi plus calculateur encore, car loin<br />

de se contenter d’une belle vitrine de sa cour, il<br />

entend la soumettre à son autorité en l’aliénant<br />

financièrement : « [il] réduisit ainsi peu à peu tout<br />

le monde à dépendre entièrement de ses bienfaits<br />

pour subsister » (l. 9-10). Ainsi, le narrateur brosse<br />

un portrait-charge contre Louis XIV, roi orgueilleux<br />

et manipulateur utilisant sa propre cour pour satisfaire<br />

ses goûts de luxe.<br />

Prolongement : expliquer ce qu’exige le verbe<br />

analyser, employé dans les consignes b. et d. de la<br />

réponse 1.<br />

cier, prendre un ton plus intense pour faire ressortir ces<br />

termes qui sont le sujet de toute la tirade.<br />

Ex. : le 2e Roméo de la ligne 11 peut être prononcé sur<br />

un ton langoureux à la suite du premier, plus officiel,<br />

plus neutre.<br />

4. Ton affirmé, presque autoritaire, à la mesure des<br />

impératifs utilisés et accentuation des pronoms toi et<br />

moi.<br />

5. Respecter l’exaltation et l’enthousiasme mêlé de douleur<br />

de Juliette, variations dans les intonations et faire<br />

résonner les phrases interrogatives et exclamatives.<br />

2 Lire un poème en respectant<br />

la ponctuation<br />

T. Corbière, Les Amours jaunes, « Le crapaud »<br />

1. Le narrateur présente le cadre (v. 1-5), deux locuteurs<br />

échangent de brèves paroles = l’un est effrayé : Un crapaud<br />

! (v. 7), Horreur ! (v. 10, 11), l’autre est rationnel et<br />

donne des explications : Ça se tait (v. 6), Vois-le, poète<br />

tondu (v. 9), Vois-tu pas son œil de lumière (v. 12)…, et<br />

la voix du crapaud qui est en fait celle du poète : c’est<br />

moi (v. 14).<br />

2. Registres comique et lyrique mêlés : peur d’un des<br />

locuteurs face au crapaud et métaphore du crapaud :<br />

poète tondu (v. 9) => synérèse incongrue [pɔεt], sans<br />

aile, / Rossignol de la boue (v. 9-10), image du crapaud,<br />

métaphore du poète maudit : ce crapaud-là c’est moi<br />

(l. 14) => mal-aimé et incompris.<br />

253


3. Signes de ponctuation :<br />

– points de suspension (v. 1, 4, 5, 6, 10, 11, 12) => temps<br />

d’attente ou interruption par l’autre locuteur (v. 6, 10) ;<br />

– points d’exclamation (v. 7, 8, 10, 11) => intonation<br />

montante et dynamisme dans la voix ;<br />

– points d’interrogation (v. 11) => intonation montante<br />

ou descendante ;<br />

– tirets (v. 6, 7, 10, 11, 14) => changement d’interlocuteur<br />

marqué par un changement de ton ;<br />

– ligne de points entre le vers 13 et le vers 14 => pause<br />

et mise en évidence de la chute finale.<br />

4. Respecter les différentes voix, les intonations, les<br />

temps de pause, le registre comique et le lyrisme valorisant<br />

la beauté cachée du crapaud (œil de lumière)<br />

que seul le poète perçoit.<br />

3 Lire un poème de forme originale<br />

C. Roy, À la lisière du temps, « J'ai bien le temps »<br />

1. Thème du temps : il faut prendre le temps de vivre.<br />

2. Les blancs typographiques symbolisent le temps<br />

laissé vacant par celui qui désire ménager des pauses<br />

dans son existence pour mieux en profiter, ils évoquent<br />

les battements du cœur, symbole de vie. Mise en valeur<br />

= souffle (v. 1), force (v. 1), je ne me presse plus (v. 2),<br />

J’ai bien le temps (v. 2), J’ai du temps (v. 3), réfléchit<br />

(v. 5), assis (v. 5), veut faire (v. 6), fera (v. 6), en leur<br />

temps (v. 6) => valorisation des termes désignant clairement<br />

le rapport du poète avec le temps.<br />

3. Respecter les temps de pause, mettre en valeur les<br />

termes liés au temps (question 2) et lire avec une certaine<br />

lenteur.<br />

4 Lire un poème en respectant<br />

les rimes<br />

L. Aragon, Le Crève-Cœur, « Petite suite sans fil »<br />

(extrait, 1941), © Gallimard<br />

1. Alexandrins :<br />

Ah parlez-moi d’amour ondes petites ond(es)<br />

Le cœur dans l’ombr(e) encor(e) a ses chants et ses cris<br />

Ah parlez-moi d’amour voici les jours où l’on<br />

Dout(e) où l’on redout(e) où l’on est seul on s’écrit<br />

Ah parlez-moi d’amour Les Lettres que c’est long<br />

De ce bled à venir et retour de Paris<br />

2. Rimes croisées mais le premier vers ne rime pas<br />

exactement avec les autres : ABCBCB ; on retrouve<br />

cependant l’assonance en [ɔ˜ ] à la fin des vers 1, 3 et 5.<br />

3. Si l’on enchaîne la lecture des vers 3 et 4, et des vers<br />

5 et 6 = l’on / Doute et long / De => on obtient le même<br />

son [ɔ˜ d ] que dans le vers 1.<br />

254<br />

4. Ah parlez-moi d’amour aux vers 1, 3 et 5, voici les<br />

jours (v. 3), retour de Paris (v. 6) = tout un système de<br />

répétitions autour de l’assonance en [u].<br />

5. Respecter les jeux de rimes (question 3) et mettre en<br />

valeur les effets d’écho et les rimes intérieures.<br />

Ex. : cœur / encore (v. 2), Doute / redoute (v. 4).<br />

5 Lire un texte qui joue sur les mots<br />

R. Devos, Sens dessus dessous<br />

1. a. avoir raison = être dans le vrai (l. 1, 5, 7, 10, 14,<br />

16, 19).<br />

donner raison = approuver le point de vue de quelqu’un<br />

(l. 2, 4, 6, 15).<br />

raison = motif (l. 8, 11).<br />

avoir ses raisons = savoir pourquoi on fait quelque<br />

chose, sans se justifier (l. 13).<br />

avoir tort = être dans l’erreur, se tromper (l. 1, 4-5, 5-6,<br />

8, 10, 11, 12, 13, 18, 19, 21).<br />

avoir le tort de = avoir le défaut de (l. 6-7).<br />

donner tort = désapprouver (l. 9, 17).<br />

reconnaître ses torts = reconnaître ses erreurs, ses<br />

fautes (l. 14).<br />

être un tort = être une erreur (l. 16-17).<br />

b. L’antithèse, car tort et raison sont des mots de sens<br />

contraire.<br />

Syllepse = utilisation d’un même terme avec des sens<br />

différents.<br />

Remarque : la syllepse, figure subtile, n’apparaît pas<br />

dans la fiche sur les figures de rhétorique ➜ p. 361.<br />

2. a. Effet comique par l’accumulation des mêmes<br />

termes et la complicité avec le spectateur qui est noyé<br />

dans ce flot de paroles et interpellé par les questions<br />

(l. 10, 14-15) => jeu verbal qui donne le vertige.<br />

b. j’avais tort ! Tort de donner raison à des gens qui<br />

avaient le tort de croire qu’ils avaient raison… alors<br />

qu’ils avaient tort (l. 5-10), En résumé, je crois qu’on a<br />

toujours tort d’essayer d’avoir raison devant des gens<br />

qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu’ils n’ont<br />

pas tort ! (l. 18-21) => difficulté presque vertigineuse,<br />

due à l’accumulation des termes tort et raison, mais<br />

excellent exercice d’articulation.<br />

3. Respecter le rythme vif de ce texte, s’entraîner à<br />

lire les phrases complexes pour ne pas accrocher à<br />

la lecture, respecter la ponctuation et les intonations<br />

=> ménager l’effet comique du texte en évitant un ton<br />

trop monotone.


6 Lire un dialogue de théâtre<br />

Y. Reza, Art (extrait, 1998),<br />

© Albin Michel et Yasmina Reza<br />

1. Marc est dubitatif puis ironique : nombreuses questions<br />

(l. 1, 3, 5, 9-10…) ; Tu as acheté cette merde deux<br />

cent mille francs (l. 32-33) ; ton familier du mépris :<br />

Connais pas (l. 7), Ouais (l. 17) ≠ Serge, enthousiaste et<br />

sûr de lui = exaltation soulignée par les points d’exclamation<br />

(l. 6, 8, 23, 28).<br />

Procédé expressif : interrogation doublée de l’exclamation,<br />

une fois pour Serge (l. 6), l’autre fois pour Marc<br />

(l. 33).<br />

2. Effet comique = contraste dans les sentiments des<br />

deux hommes, moquerie de Marc à l’égard de son ami,<br />

impossibilité de reconnaître une œuvre d’art dans cette<br />

toile blanche avec des liserés blancs : Comment s’appelle<br />

le… (l. 20), tu n’as pas acheté ce tableau deux<br />

cent mille francs (l. 25-26, 29-30).<br />

3. Marc, l’air méprisant. – Cher ?<br />

Serge, fier. – Deux cent mille.<br />

Marc, même jeu. – Deux cent mille ?...<br />

Serge, même jeu. – Handington me le reprend à vingtdeux.<br />

Marc, même jeu. – Qui est-ce ?<br />

Serge, surpris. – Handington ? !<br />

Marc, dédaigneux. – Connais pas.<br />

Serge, enthousiaste. – Handington ! La galerie Handington<br />

!<br />

Marc, l’air moqueur. – La galerie Handington te le<br />

reprend à vingt-deux ?...<br />

Serge, ton sérieux. – Non, pas la galerie. Lui. Handington<br />

lui-même. Pour lui.<br />

Marc, ton ironique. – Et pourquoi ce n’est pas Handington<br />

qui l’a acheté ?<br />

Serge, même ton. – Parce que tous ces gens ont intérêt à<br />

vendre à des particuliers. Il faut que le marché circule.<br />

Marc, même ton. – Ouais...<br />

Serge, inquiet. – Alors ? Tu n’es pas bien là ? Regarde-le<br />

d’ici. Tu aperçois les lignes ?<br />

Marc, air méprisant. – Comment s’appelle le...<br />

Serge, snob. – Peintre. Antrios.<br />

Marc, même jeu. – Connu ?<br />

Serge, enthousiaste. – Très. Très !<br />

Un temps.<br />

Marc, ton ironique. – Serge, tu n’as pas acheté ce<br />

tableau deux cent mille francs ?<br />

Serge, agacé mais sûr de lui. – Mais mon vieux, c’est le<br />

prix. C’est un ANTRIOS !<br />

Marc, même ton. – Tu n’as pas acheté ce tableau deux<br />

cent mille francs !<br />

Serge, ton moqueur. – J’étais sûr que tu passerais à côté.<br />

Marc, même ton. – Tu as acheté cette merde deux cent<br />

mille francs ? !<br />

4. Inutile de lire les prénoms des personnages, ce qui<br />

couperait tout le rythme du dialogue, ni de prendre<br />

deux voix différentes => faire ressortir les sentiments<br />

opposés des personnages par des tons adaptés, mettre<br />

en valeur le comique de la scène en soulignant l’ironie<br />

de Marc et la naïveté de Serge.<br />

Prolongement : dans le cadre d’un enregistrement<br />

radiophonique, imaginer et justifier la façon de lire les<br />

didascalies, à lire obligatoirement dans ce contexte.<br />

255


Fiche<br />

méthode 3<br />

256<br />

Lire pour apprendre<br />

➜ Livre de l’élève, p. 453<br />

Objectif : Savoir lire de manière autonome pour enrichir<br />

son travail en classe et sa culture personnelle.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 455<br />

1 Choisir ses lectures cursives<br />

Lectures cursives retenues :<br />

P. de Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard (1730)<br />

= pièce qui hérite de Molière en réutilisant des procédés<br />

propres à la comédie classique.<br />

E. Labiche, Le Voyage de Monsieur Perrichon (1860) =<br />

vaudeville qui s’inspire de la farce moliéresque.<br />

E. Ionesco, La Cantatrice chauve (1950) = évolution<br />

extrême de la comédie classique qui mêle dans une<br />

même pièce des procédés comiques classiques et des<br />

accents tragiques.<br />

Lectures cursives non retenues :<br />

Plaute, Le Soldat fanfaron = pièce antérieure à Molière<br />

alors que le thème de la séquence envisage les héritiers<br />

de Molière.<br />

P. Corneille, Cinna = pièce contemporaine de Molière,<br />

non inspirée par lui et pièce tragique.<br />

2 Distinguer les types de documents<br />

É. Zola, Au bonheur des dames,<br />

A. Sauvageot, Figures de publicité, figures du monde<br />

1. Texte A = extrait de roman : temps du récit (imparfait)<br />

et personnage fictif, Octave Mouret.<br />

Texte B = essai : emploi du présent, de on, 3e personne<br />

qui inclut l’auteur et type explicatif.<br />

2. Thème : publicité.<br />

Information qui vise à éclairer le lecteur et le mettre en<br />

garde contre la séduction publicitaire :<br />

– texte A : la femme est sans force contre la réclame<br />

(l. 7, 8) ;<br />

– texte B : La publicité délaisse… de plus en plus son<br />

rôle d’information au profit de la fonction du rêve<br />

(l. 5-7).<br />

3. Complémentarité :<br />

– par le genre : le texte A est une illustration du texte B ;<br />

– par la période d’écriture : l’association des deux<br />

textes souligne que la publicité utilise des procédés<br />

différents d’un siècle à l’autre, l’agression visuelle chez<br />

Zola et le rêve chez A. Sauvageot, mais dans un même<br />

but : attirer le client et le faire acheter.<br />

3 Sélectionner des informations<br />

G. de Maupassant, Pierre et Jean<br />

Informations sur le réalisme :<br />

– Rien que la vérité et toute la vérité (l. 4) = mot d’ordre<br />

des réalistes qui prétendent rendre compte de manière<br />

absolue de la réalité ;<br />

– ils devront souvent corriger les événements au profit<br />

de la vraisemblance et au détriment de la vérité car<br />

« Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable »<br />

(l. 6-9) = 1re restriction : le réaliste ne peut pas se servir<br />

de tout ce qui l’entoure car certains faits réels sont trop<br />

incroyables pour paraître vrais ;<br />

– le réaliste doit donner la vision plus complète,<br />

plus saisissante, plus probante que la réalité même<br />

(l. 12-13) de la vie = il doit rendre les faits réels plus<br />

frappants que les simples faits banals ;<br />

– Raconter tout serait impossible (l. 14), Un choix<br />

s’impose donc (l. 18) = 2e restriction : la réalité ne peut<br />

jamais être rendue dans sa totalité => choix dépendant<br />

de la vision personnelle de l’auteur qui écrit en fonction<br />

de ce qu’il sélectionne ≠ simple retranscription ;<br />

– L’art, au contraire, consiste à user de précautions<br />

et de préparations […] pour produire la sensation<br />

profonde de la vérité spéciale qu’on veut montrer<br />

(l. 21-28) = 3e restriction : pour frapper l’esprit du lecteur<br />

et l’intéresser, il faut retravailler la matière réelle<br />

pour la rendre plus saisissante ;<br />

– Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète<br />

du vrai (l. 29-30) = thèse.<br />

=> l’artiste réaliste ne retransmet pas exactement la<br />

réalité, il la stylise pour la rendre plus frappante.<br />

4 Faire des lectures complémentaires<br />

1. ➜ repères historiques, p. 26 (contexte historique et<br />

culturel)<br />

Synthèses sur la modernité surréaliste ➜ p. 255, 256 :<br />

l’engagement des poètes surréalistes dans le Parti<br />

communiste et la Résistance.<br />

L. Aragon, La Diane française, « La rose et le réséda »<br />

➜ p. 212 : célébration de l’union patriotique sous<br />

l’égide de la Résistance.


R. Char, Fureur et mystère, « Chant du refus » et « La<br />

liberté » ➜ exercice 3, p. 222 : transposition poétique<br />

de l’expérience de chef de réseau dans la Résistance.<br />

L. Aragon, Les Yeux d’Elsa ➜ p. 252 : femme aimée célébrée<br />

comme le pays chéri et martyrisé par l’occupation<br />

allemande, la France.<br />

2. Autres sources d’information :<br />

– manuels d’histoire, de géographie et de français ;<br />

– anthologies de la poésie française ;<br />

– encyclopédie de la littérature.<br />

3. Œuvres littéraires :<br />

– C. Roy, Poésies (1939-1953), « Les cloches du sommeil<br />

»<br />

– P. Eluard, Poésie et vérité (1942), « Liberté »<br />

– L. Aragon, Le Musée Grévin (1943)<br />

– P. Emmanuel, L’Honneur des poètes (1943)<br />

– R. Desnos, Destinée arbitraire (1943-1944)<br />

– R. Char, Feuillets d’Hypnos (1946)<br />

– J. Ferrat, Nuit et Brouillard (1963)<br />

5 Lecture de Micromégas de Voltaire<br />

– Voltaire, Micromégas (1752).<br />

– Les Lumières = courant intellectuel, philosophique<br />

et littéraire développé en Europe au xviii e siècle qui<br />

accorde une grande importance à la raison et à l’esprit<br />

scientifique, croit dans le progrès de l’homme et lutte<br />

pour la tolérance religieuse, pour un pouvoir juste et<br />

pour le respect des libertés.<br />

Écrivains et philosophes : D. Diderot, Voltaire, J.-J. Rousseau,<br />

Montesquieu…<br />

– Micromégas : géant de la planète Sirius, mesurant<br />

huit lieues de haut ; esprit cultivé, scientifique brillant ;<br />

études au collège des jésuites => inventions : un livre<br />

sur la dissection des insectes, jugé hérétique par le<br />

muphti qui le fait condamner ; voyage de planète en<br />

planète pour se former l’esprit et le cœur ;<br />

Le secrétaire de l’Académie de Saturne : homme d’esprit<br />

qui n’a rien inventé mais qui fait de petits vers et de<br />

grands calculs ;<br />

L’équipage du vaisseau : philosophes de la Terre, en<br />

mission dans le cercle polaire.<br />

– Micromégas, géant de la planète Sirius, se rend sur<br />

la planète Saturne, où il se lie d’amitié avec le secrétaire<br />

de l’Académie, beaucoup plus petit que lui. Après<br />

avoir comparé leurs constitutions, leurs existences et<br />

s’être rendus à l’évidence de la relativité des choses, ils<br />

entament un voyage philosophique qui les conduit sur<br />

Terre. Là, ils ne perçoivent pas les hommes, infiniment<br />

trop petits. Micromégas prend dans ses mains un vaisseau<br />

avec, à son bord, des philosophes partis explorer<br />

le cercle polaire. Les géants s’adressent d’abord aux<br />

hommes du vaisseau avec mépris, mais un physicien<br />

prouve son esprit en donnant la taille de chaque géant.<br />

Les géants sondent alors l’esprit des hommes en leur<br />

posant des questions de mesures astronomiques sur<br />

lesquelles les philosophes répondent d’une voix, mais<br />

lorsqu’il s’agit de définir l’âme et la formation des<br />

idées, chaque philosophe apporte une réponse différente.<br />

Un théologien affirme que l’homme est au centre<br />

de l’univers, ce qui fait éclater de rire les géants qui<br />

se moquent de l’orgueil si grand d’hommes si petits.<br />

Micromégas écrit un livre de philosophie qu’il offre à<br />

l’Académie des sciences à Paris, mais en l’ouvrant, le<br />

secrétaire découvre qu’il est vierge.<br />

– Thèmes majeurs : relativisme, voyage, philosophie,<br />

âme…<br />

– Partie plus personnelle : seul impératif = justifier cet<br />

avis par des explications développées et illustrées par<br />

des exemples précis du texte (résumés de passages ou<br />

citations exactes).<br />

Prolongement : élaborer un corpus de quatre documents,<br />

textes et documents iconographiques, sur la<br />

question de la relativité. Puis formuler une consigne<br />

ou une question à laquelle les documents permettront<br />

de répondre.<br />

257


C H A P I T R E<br />

Fiche<br />

méthode 1<br />

Objectif : Se familiariser avec la prise de notes pendant<br />

les cours.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 460<br />

258<br />

oBserVer<br />

2<br />

1 Dégager les mots clés et les thèmes<br />

principaux<br />

1. Mots clés : fable – parabole – symbolique – morale –<br />

satire = mots mis en valeur dans les titres et sous titres<br />

ou alors par un caractère gras.<br />

2. Par l’utilisation de titres de parties, portant des numéros<br />

et écrits en vert et par des sous-titres en rouge.<br />

3. Exemple de fiche, sous forme de notes :<br />

Fiche sur la fable :<br />

Déf. : du latin fabula (« conte »), court récit (vers/<br />

prose), morale => portée symbolique<br />

Caractéristiques :<br />

– présence d’1 récit + morale (pfs implicite)<br />

– La Fontaine : + développée, + vivante<br />

– personnages = animaux, éléments naturels ou<br />

humains svt allégoriques<br />

– inspiration = auteurs et épopées antiques<br />

– satire sociale ou politique, pfs visée polémique :<br />

Hugo ctre Napo. III<br />

– vrai pouvoir => but = capter l’attention + créer<br />

suspense<br />

Auteurs ppaux : Ésope (VIe av. J.-C.), La Fontaine<br />

(XVIIe ), Florian (XVIIIe ), V. Hugo (XIXe )<br />

4. Ex. à garder : Ésope, « père » de la fable ; La Fontaine,<br />

grand fabuliste français ; Lessing (parabole des<br />

trois anneaux) et Fontenelle (récit de la dent d’or) :<br />

2 ex. de paraboles célèbres ; Victor Hugo : célèbre critique<br />

de Napoléon III (référence intertextuelle) ; « Le<br />

Pouvoir des fables » : utilité de la fable.<br />

Prendre des notes<br />

➜ Livre de l’élève, p. 456<br />

Prendre des notes et organiser ses cours<br />

➜ Livre de l’élève, p. 458<br />

2 Utiliser abréviations et symboles<br />

1. a. Pièces th^ xVIIe = maîtres – intello que valets.<br />

Ex. : Molière, Les Fourberies de Scapin, 1671.<br />

b. Syllogisme = raisonnemt déductif : ø prop. étrangère<br />

acceptée. Ex. : ♂ = mortels ; Socrate = ♂=> Socrate =<br />

mortel.<br />

2. Les mots laissés tels quels pourraient être symbolisés<br />

ou abrégés, mais risques de confusion => risque<br />

de faire perdre ou de transformer le sens des phrases.<br />

Conserver les mots clés, les titres et les auteurs pour<br />

mémoriser leur orthographe.<br />

3 Percevoir l’organisation d’un texte<br />

1. Mots clés : un art total, poésie – musique – romantisme<br />

– opéra – lyrisme, lied.<br />

Thèmes importants : romantisme français et allemand ;<br />

art total ; poésie lyrique ; rapports entre poésie et<br />

musique ; différentes formes musicales lyriques.<br />

2. Titres des parties = relations entre les arts.<br />

Sous-parties = informations thématiques et chronologiques.<br />

Ex. en caractère gras pour les mettre en valeur.<br />

=> organisation qui structure le propos, permet au<br />

lecteur de retrouver facilement les informations essentielles.<br />

3. 4. 5.<br />

– poésie à l’origine chantée (ex. : Nerval, Odelettes)<br />

– musique = meilleur moyen de transmettre sentim t<br />

(ex. : Musset et la Malibran)<br />

– musique inspirée de th. littéraires (ex. : Chopin,<br />

Nocturnes)<br />

– musique utilisant des gres littéraires (ex. : symphonie<br />

narrative => Berlioz, La Symphonie fantastique)<br />

– musique = th. de poésie romantique (ex. : Lamartine,<br />

Nerval)<br />

– romantisme alld => art total = musique + littérature<br />

+ peinture (ex. : Hoffmann)


– « lieder » = fusion poésie + musique (ex. : Schubert,<br />

Schumann)<br />

=> classement du plus général (thème principal)<br />

aux éléments plus précis.<br />

6. Origine : poésie chantée (poésie + musique). Époq.<br />

romantiq. => lien fondamental : musique = meilleur<br />

moyen artistiq. pr. sentiments.<br />

Deux parties essentielles :<br />

I. Influences de la musique sur la poésie<br />

II. Apports de la littérature à la musique<br />

Sous-parties = différents genres concernés. Un seul ex.<br />

par sous-partie.<br />

7. Deux solutions peuvent paraître intéressantes :<br />

– suivre le découpage et le développement de la synthèse<br />

(déjà le fruit d’une réflexion organisée) ;<br />

– élaborer une hiérarchie personnelle avec des idées<br />

classées selon leur importance (question 3).<br />

Écrire<br />

4 Mettre en forme<br />

V. Hugo, Le Dernier Jour d’un condamné<br />

1. Champ lexical de la punition par la justice : jugent et<br />

condamnent (l. 1), prison perpétuelle (l. 5), prison (l. 7),<br />

punisse (l. 12), punir (l. 13, 16), châtiment (l. 14)… :<br />

débat sur la légitimité de la peine de mort.<br />

2. À quoi bon la mort ? (l. 6) / Pas de bourreau où le<br />

geôlier suffit (l. 10), corriger pour améliorer (l. 17).<br />

3. a. Chaque paragraphe = argument des tenants de la<br />

peine de mort et réfutation de V. Hugo.<br />

§ 1 : prison ou exécution pour le criminel.<br />

§ 2 : inutilité de la peine de mort.<br />

§ 3 : une société vengeresse.<br />

§ 4 : distinction entre punition et vengeance.<br />

§ 5 : la « théorie de l’exemple ».<br />

b. Idées allant par couple : argument pour la peine de<br />

mort ; puis contre-argument (prison) => structure dialogique.<br />

Trois arguments au total :<br />

Argument (en faveur<br />

de la peine de mort)<br />

1 er § : la peine de mort<br />

empêche les criminels de<br />

récidiver.<br />

3 e et 4 e § : la société doit<br />

punir pour se venger.<br />

5e § : il faut faire des<br />

exemples pour dissuader<br />

les criminels d’agir.<br />

4.<br />

1. Certains crimes (viols,<br />

pédophilie) ne peuvent<br />

être pardonnés.<br />

2. Les criminels ressortent<br />

vite pour bonne conduite<br />

et récidivent.<br />

3. Les prisons coûtent<br />

chères à l’entretien :<br />

la peine de mort est moins<br />

onéreuse.<br />

Contre-argument<br />

(contre la peine de mort)<br />

2 e § : enfermer un criminel<br />

suffit à l’empêcher de<br />

nuire.<br />

3 e et 4 e § : il faut corriger<br />

pour améliorer.<br />

Aucun contre-argument<br />

dans le texte.<br />

1. Les erreurs judiciaires<br />

sont très fréquentes.<br />

On ne peut courir le<br />

moindre risque.<br />

2. La prison permet aux<br />

hommes de changer en<br />

comprenant leurs erreurs.<br />

3. Les criminels peuvent<br />

apprendre un métier,<br />

obtenir un diplôme<br />

et espérer se réinsérer.<br />

5. « D’abord » (l. 2) = 1 er arg.<br />

=> 1 er § : peine de mort nécessaire : empêche criminels<br />

de nuire ≠ prison suffisante (1 er et 2 e §).<br />

« Mais » (l. 11) = intro. 2 e arg.<br />

=> 3 e et 4 e § : nécessité punir criminel ≠ « corriger<br />

pour améliorer »<br />

« Reste la 3 e et dernière raison » (l. 20) = annonce<br />

3 e arg.<br />

=> 5 e § = « théorie de l’exemple »<br />

=> 1 tiret du texte = 1 nouvelle idée. 1 arg. puis<br />

1 contre-arg.<br />

Total : 3 arg. ≠ 2 contre-arg.<br />

Prolongement : lire le discours prononcé par<br />

R. Badinter le jour de l’abolition de la peine de mort<br />

➜ p. 156, et le présenter sous la forme d’une fiche<br />

(auteur, contexte, principales parties du discours et<br />

idées).<br />

259


Fiche<br />

méthode 2<br />

Objectif : Apprendre à s’organiser pour construire un<br />

exposé oral.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 463<br />

260<br />

oBserVer<br />

1 Comprendre un sujet<br />

1. Sujet a. Zola et les peintres impressionnistes<br />

b. L’Encyclopédie et ses auteurs<br />

c. Les grands auteurs réalistes et leurs œuvres<br />

d. Les paysages imaginaires en peinture<br />

2. Ex. de définition :<br />

Prendre des notes et préparer un exposé<br />

➜ Livre de l’élève, p. 461<br />

a. Zola : écrivain du xix e siècle, théoricien du naturalisme.<br />

Impressionnisme : école picturale française qui se<br />

manifesta notamment de 1874 à 1886, par 8 expositions<br />

publiques à Paris et qui marqua la rupture de<br />

l’art moderne avec l’académisme. (Larousse).<br />

3. a. Quels sont les rapports entre les peintres impressionnistes<br />

et les romans d’Émile Zola ?<br />

b. Qui sont les principaux contributeurs à l’Encyclopédie<br />

?<br />

c. Quelles sont les chefs-d’oeuvre réalistes ?<br />

d. La peinture peut-elle représenter ce qu’un artiste<br />

imagine ?<br />

4. a. ➜ séquence 15, Le récit naturaliste, p. 299<br />

b. ➜ séquence 8, Les écrits polémiques des Lumières,<br />

p. 164<br />

c. ➜ séquence 14, L’amour dans le récit réaliste, p. 280 ;<br />

séquence 13, Les sources du roman réaliste, p. 261<br />

d. ➜ séquence 3, le classicisme, p. 85 ; séquence 9, analyse<br />

d’image (Friedrich) ; séquence 15, l’impressionnisme,<br />

p. 314 ; partie II, chapitre 7 sur l’image<br />

5. Pour tous les exposés, consulter Internet avec les<br />

mots clés (question 1), ouvrages d’art pour les sujets a<br />

et d, histoires littéraires ou dictionnaires de littérature<br />

pour les sujets a, b et c.<br />

2 Répondre à une question<br />

d’histoire des arts<br />

1. Mots importants : tableaux, Böcklin / Füssli, monstres,<br />

mettent en scène.<br />

=> domaine pictural : thème du monstre dans les<br />

tableaux de Böcklin et Füssli.<br />

2. Outils = ouvrages d’art, Internet, essais sur le<br />

monstre ou la peinture romantique.<br />

Mots clés = noms des peintres et monstre.<br />

3. – Füssli : peintre appréciant surnaturel.<br />

Tableaux avec monstres : Le Cauchemar (1781),<br />

Entre Scylla et Charybde, Silence (1799-1801), Le<br />

Cauchemar du berger (1793).<br />

Tableaux inspirés du Songe d’une nuit d’été (Shakespeare)<br />

dont Titania caressant la tête d’âne de Bottom.<br />

Influences : œuvres de Dante, Shakespeare et<br />

mythes germaniques (« Nibelungen »).<br />

– Böcklin : inspiré par mythologie.<br />

5 versions du tableau L’Île des morts (1886) :<br />

L’Île des morts : personnage blanc inquiétant ou île<br />

inquiétante, noire, monstrueuse (dangers) ;<br />

Autoportrait à la mort violoniste : squelette avec<br />

violon ;<br />

La Peste ➜ p. 325 : allégorie peste sur monstre ailé<br />

(peste = squelette et faux) ;<br />

Dans la mer (1883) : sirènes et monstres marins ;<br />

Bouclier avec visage Méduse (1897) : papier mâché<br />

peint (relief).<br />

4. Proposition de mise en forme :<br />

Introduction : 2 peintres suisses marqués par le fantastique<br />

(Füssli) et la mythologie (Böcklin).<br />

Partie I. Des influences communes<br />

– Personnages mythologiques : Ulysse face aux<br />

monstres pour Füssli (Entre Scylla et Charybde)<br />

et visage de Méduse et sirènes et monstres marins<br />

pour Böcklin.<br />

– Peinture et littérature : Füssli influencé par Dante,<br />

Shakespeare (nombreux tableaux sur Le Songe<br />

d’une nuit d’été ou Macbeth) et la légende des<br />

« Nibelungen » ; Böcklin = source d’inspiration pour<br />

beaucoup d’artistes avec L’Île des morts.<br />

Partie II. Un univers onirique troublant<br />

– Personnages humains et réalistes confrontés au<br />

surnaturel (Le Cauchemar du berger, Silence //<br />

Autoportrait à la mort violoniste).


– Présence de personnages cauchemardesques :<br />

démons (Le Cauchemar // La Peste).<br />

Conclusion : tableaux troublants où le réel côtoie<br />

l’étrange et le fantastique<br />

3 Rassembler des documents<br />

1. Sujet a. Le rôle de l’Académie à l’époque classique.<br />

b. La naissance du cinéma.<br />

c. Les différentes règles d’écriture du théâtre classique.<br />

d. Les grands combats des philosophes des Lumières.<br />

e. Les mouvements poétiques en France au xix e siècle.<br />

f. Les peintres de la première moitié du xx e siècle.<br />

2. a. ➜ séquence 3, Racine et ses sources, p. 70 ;<br />

séquence 4, La tragédie classique et sa postérité, p. 89 ;<br />

histoire des arts et DVD sur le classicisme.<br />

b. ➜ séquence 16, Le réalisme aux xx e et xxi e siècles,<br />

p. 318<br />

c. ➜ chapitre 1, La comédie et la tragédie classiques,<br />

p. 31<br />

d. ➜ séquence 8, Les écrits polémiques des Lumières,<br />

p. 164<br />

e. ➜ chapitre 3, La poésie, du romantisme au symbolisme,<br />

p. 184<br />

f. ➜ séquence 12, De l’Esprit nouveau au surréalisme,<br />

p. 240<br />

3. Propositions pour le sujet d’exposé b :<br />

3 ouvrages :<br />

– L. Moussinac, Naissance du cinéma (2001)<br />

– J. Mouré, D. Banda, Le Cinéma : naissance d’un art,<br />

1895-1920 (2008)<br />

– J.-L. Passek, Dictionnaire du cinéma (2011)<br />

2 articles :<br />

– « La naissance du cinéma : l’invention du cinéma » :<br />

TDC (Textes et Documents pour la classe) n°696, 15 mai<br />

1995<br />

– « Le cinéma premier », Les Cahiers du cinéma n°634<br />

mai 2008 sur le cinéma muet<br />

4. Recherche à partir de mots clés (sujet d’exposé b)<br />

naissance et cinéma :<br />

– http://www.citecinema.com/Histoire-Du-Cin%C3%A<br />

9ma/Historique/Historique-Cinema.html<br />

– http://www.musee-virtuel. com/histoire-cinema.htm<br />

5. Proposition de plan (sujet d’exposé b) :<br />

Partie I. La naissance technique du cinématographe<br />

Partie II. Les apports des frères Lumière<br />

Partie III. Du cinéma muet au cinéma parlant<br />

Écrire<br />

4 Préparer un exposé de critique<br />

littéraire<br />

1. Une critique littéraire contient souvent les éléments<br />

suivants : présentation, résumé de l’intrigue ; présentation<br />

des personnages et/ou d’un thème abordé ;<br />

liens avec des œuvres précédente et/ou avec la vie de<br />

l’auteur ; remarques sur le style de l’auteur ; avis sur le<br />

roman.<br />

2. Conseil : prendre des notes à partir des éléments proposés<br />

en réponse à la question 1.<br />

3. Références : Laurent Gaudé, La Porte des enfers,<br />

Actes Sud, 2008.<br />

Introduction :<br />

Ce roman mélange intrigue moderne et sujet<br />

antique : Matteo voit mourir son fils sous ses yeux,<br />

lors d’un échange de coups de feu, dans une rue de<br />

Naples. Accablé de reproches par sa femme, il va<br />

se résoudre à descendre aux enfers pour ramener<br />

son fils. Le roman relate ce voyage et ses funestes<br />

conséquences, jusqu’à une fin des plus étonnantes.<br />

4. Début de résumé possible :<br />

I – (2002) Un homme énigmatique, Filippo de Nittis,<br />

prend son service dans un café. Il observe un<br />

homme longuement et le poignarde devant toute la<br />

clientèle.<br />

II – (Analepse : 1980) Matteo et son fils Pippo sont<br />

en retard pour aller à l’école. Tout à coup, une<br />

fusillade éclate et le garçon est tué sur le coup. Matteo<br />

est désemparé et désespéré.<br />

III – (2002) Pippo conduit sa victime ensanglantée<br />

jusqu’à une tombe dans un cimetière et le mutile.<br />

Cette tombe est la sienne : Pippo est mort en 1980.<br />

IV – (1980) Matteo et sa femme Giuliana se<br />

déchirent, car elle ne lui pardonne pas d’avoir laissé<br />

son fils se faire tuer sous ses yeux. À l’enterrement<br />

de son fils, éperdue de chagrin, elle maudit tout le<br />

monde.<br />

5. Matteo de Nittis = père de Matteo et mari de Giuliana.<br />

Très peu décrit physiquement ; son apparence n’a<br />

pas d’importance réelle. Sentiments de mari et de<br />

père réellement forts et essentiels au roman.<br />

Moralement : homme fort au début de l’histoire ;<br />

anéanti par la mort de son fils. Se considère comme<br />

le bras de la vengeance, mais trop faible, il échoue et<br />

sa femme le maudit. Il erre dans Naples et rencontre<br />

d’étranges noctambules qui lui parlent de l’entrée<br />

des enfers. Il décide d’aller y chercher Pippo et de se<br />

sacrifier pour que son fils vive.<br />

261


=> personnage poignant et tragique ; véritable<br />

héros (il se sacrifie pour que son fils vive) ≠ faiblesse<br />

dont Giuliana l’accuse. Emblème de la condition<br />

humaine : cherche un sens à sa vie en descendant<br />

vers la mort.<br />

6. Famille = thème essentiel du roman : c’est parce<br />

que son fils est mort que Matteo perd sa femme et<br />

doit descendre aux enfers. Giuliana devient inconsolable<br />

et part. Pippo revient d’entre les morts pour<br />

exécuter ses bourreaux, en hommage à son père, et<br />

retrouver sa mère (fin du roman).<br />

Remarque : les premier et dernier chapitres comportent<br />

de très nombreuses allusions à ce thème et<br />

renforcent l’effet de réel, car ce thème est l’un des<br />

« moteurs » du roman.<br />

7.<br />

Points positifs Points négatifs<br />

– magnifique roman<br />

tragique sur la destinée<br />

– nombreuses<br />

références<br />

intertextuelles et<br />

mythologiques<br />

– roman poignant,<br />

beau et fort<br />

– beaucoup de<br />

suspense et de tension<br />

– dimension<br />

fantastique très riche<br />

(description des enfers)<br />

– belle peinture de<br />

Naples et de l’Italie<br />

– aspect attachant des<br />

personnages (clients<br />

du café en particulier)<br />

262<br />

– roman sombre et<br />

lourd, parfois difficile<br />

– thème déjà traité<br />

plus d’une fois<br />

– beaucoup de<br />

violence et de scènes<br />

sanglantes qui peuvent<br />

choquer (mutilations<br />

de Cullaccio)<br />

– certains passages<br />

ne comportent pas<br />

du tout d’action<br />

– longue description<br />

des enfers qui peut<br />

rebuter<br />

– pas forcément le<br />

meilleur roman de<br />

l’auteur, ni le meilleur<br />

moyen de découvrir<br />

son univers<br />

– culture de l’auteur<br />

et références à<br />

connaître<br />

8. Conseils pour l’exposé oral :<br />

– respecter un ordre logique pour le déroulement de<br />

l’exposé : introduction – résumé – personnage retenu –<br />

thème important – critique personnelle ;<br />

– proposer des éléments visuels pour l’exposé (photo<br />

de la couverture, de l’auteur, tableaux sur les enfers,<br />

musique en fond sonore, …) ;<br />

– penser à l’auditoire : parler en regardant ses camarades,<br />

clairement et pas trop vite ;<br />

– garder sa montre sous les yeux pour respecter la<br />

durée de l’exercice.<br />

5 Mettre en forme un exposé<br />

1. Mots clés :<br />

– différentes formes de comique = ce qui distrait,<br />

fait rire le spectateur : plusieurs comiques (grave,<br />

farcesque…) et naissant de procédés différents (situation,<br />

caractère, répétition…) ;<br />

– pièces de Molière = uniquement les pièces de l’auteur,<br />

toutes des comédies, même si certaines sont<br />

graves, comme Dom Juan.<br />

2. Quelles sont les différentes formes de comiques présentes<br />

dans les pièces de Molière ?<br />

3. Partie I. Les différentes formes de comique<br />

a. de caractère<br />

b. de situation et de gestes<br />

c. de répétition et de mots<br />

Partie II. Les nuances de comique<br />

a. La farce<br />

b. La satire<br />

c. Les comédies graves<br />

4. Toutes les notes sont utiles, sauf celle qui évoque<br />

Racine et Corneille.<br />

5. Quelques exemples d’ajouts possibles :<br />

– Arnolphe (L’École des femmes), monomane de l’adultère<br />

qui veut épouser sa pupille, pris à son propre<br />

piège ; Harpagon (L’Avare), cupide qui se fait voler ;<br />

– Tartuffe = pièce à l’humour grinçant, car se moquant<br />

des faux dévots ;<br />

– Femmes parfois moquées par Molière : Les Femmes<br />

savantes, Les Précieuses ridicules (allusion historique<br />

et critique à la préciosité).<br />

6. Introduction (notes) :<br />

– Molière = célèbre auteur comédies XVIIe s.<br />

– Sa devise = « Castigat ridendo mores » (corriger<br />

mœurs par rire)<br />

– Mais, différentes formes de comique empruntées<br />

tradition<br />

– Problématique (question 2)<br />

– Annonce du plan (question 3)<br />

Conclusion (notes) :<br />

– Différentes périodes chez M. : comique farcesque,<br />

puis plus sombre<br />

– Comiques variés + intentions variées : amuser<br />

spectateur + faire réfléchir<br />

– Postérité M. = avoir su faire rire spectateur avec<br />

intelligence


7. Proposition de plan détaillé :<br />

Partie I. Les différentes formes de comique<br />

a. de caractère<br />

Ridiculiser personnages maniaques : L’Avare, Le<br />

Malade imaginaire.<br />

b. de situation<br />

Arnolphe (L’École des femmes), monomane de<br />

l’adultère qui veut épouser sa pupille, pris à son<br />

propre piège ; Harpagon (L’Avare), cupide qui se<br />

fait voler.<br />

c. de répétition et de mots<br />

Toinette dans Le Malade imaginaire (le poumon).<br />

Partie II. Les nuances de comique<br />

a. La farce<br />

Certaines pièces de M. = farces avec comique de<br />

gestes (premières pièces essentiellement).<br />

Fiche<br />

méthode 3<br />

Objectif : Comprendre l’intérêt d’un portfolio, choisir<br />

son contenu et savoir l’utiliser en enseignement d’exploration.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 467<br />

oBserVer<br />

1 Défi nir une notion<br />

et engager des recherches<br />

M. Vargas Llosa, Discours de réception du prix Nobel<br />

1. Littérature = moyen indépendant et risqué de<br />

dénoncer la tyrannie et l’oppression en construisant<br />

une image de la liberté : Sans les fictions nous serions<br />

moins conscients de l’importance de la liberté qui rend<br />

vivable la vie (l. 1-2).<br />

2. Vie :<br />

– il a été membre d’une mouvance communiste au<br />

Pérou alors qu’il faisait ses études (prise de position<br />

politique) ;<br />

b. La satire<br />

Femmes parfois moquées par Molière : Les Femmes<br />

savantes, Les Précieuses ridicules (allusion historique<br />

et critique à la préciosité).<br />

c. Les comédies graves<br />

– Tartuffe = pièce à l’humour grinçant, car se<br />

moquant des faux dévots.<br />

– Dom Juan : pièce censurée = se moque de la religion.<br />

Prolongement : transformer l’exercice 4 en critique<br />

cinématographique. Quels éléments faudrait-il modifier<br />

pour transformer une critique littéraire (exercice<br />

4) en critique cinématographique ? Expliquer et<br />

élaborer la critique d’un film.<br />

Tenir son portfolio<br />

en enseignement d’exploration<br />

➜ Livre de l’élève, p. 464<br />

– il a défendu Fidel Castro lors de la révolution cubaine,<br />

mais a été déçu par son évolution ;<br />

– il s’est présenté aux élections présidentielles péruviennes<br />

en 1990 (candidat libéral) ;<br />

– 2007 : il fonde le UPyD (parti espagnol : Union, Progrès<br />

et Démocratie).<br />

=> rôle politique très important.<br />

Œuvres :<br />

– La Ville et les chiens (1953) : évocation de l’oppression<br />

et du désir de liberté de la jeunesse dans le contexte<br />

d’un lycée militaire ;<br />

– Pantaléon et les visiteuses (1973) : critique sévère du<br />

monde politique péruvien (rôle trouble de l’armée et de<br />

la religion) ;<br />

– Qui a tué Palomino Molero (1986) : récit qui fustige<br />

les violences perpétrées au Pérou ;<br />

– La Fête au bouc (2000) : fiction sur la dictature militaire<br />

de Trujillo en Républicaine dominicaine dans les<br />

années 1940-1950.<br />

=> romans marqués par la révolte contre la dictature.<br />

3. Autres auteurs engagés français : Voltaire (contre<br />

l’intolérance religieuse, avec la volonté de réhabiliter<br />

des hommes condamnés pour blasphème, irréligion… :<br />

263


Calas, chevalier de la Barre, etc.) ; Victor Hugo (contre<br />

l’empereur Napoléon III qu’il considérait comme un<br />

dictateur avant la lettre) ; Aimé Césaire (contre le système<br />

déshumanisant du colonialisme apparenté, selon<br />

lui, au nazisme) ; Louis Aragon (auteur de poèmes célébrant<br />

la Résistance, lors de l’occupation allemande) ;<br />

Robert Badinter (contre la peine de mort).<br />

2 Rassembler et classer des documents<br />

S. de Beauvoir, L’Amérique au jour le jour<br />

1. S. de Beauvoir observe les détails de la ségrégation<br />

: les « White ladies », « White gentlemen » aux<br />

« Coloured women », « Coloured men » (vocabulaire<br />

moins poli pour les Noirs) ou le restaurant spacieux<br />

réservé aux blancs (l. 9) au minuscule lunch-room pour<br />

coloured people (l. 9-10) => antithèses marquantes en<br />

faveur des Blancs, à l’origine de cette ségrégation.<br />

2. a. et b.<br />

Ernest Hemingway :<br />

– roman : Pour qui sonne le glas (1940)<br />

– essai : En ligne. Choix d’articles et de dépêches de<br />

quarante années (1970, posth.)<br />

Dino Buzzati :<br />

– recueil de nouvelles : Les Nuits difficiles (1971)<br />

– ouvrage biographique Cahiers Buzzati, 2. (1978)<br />

André Malraux :<br />

– roman autobiographique : L’Espoir (1937)<br />

– autobiographie : Antimémoires (1967)<br />

Thomas Bernhard :<br />

– recueil de nouvelles : L’Imitateur (1978)<br />

– articles du quotidien autrichien Demokratisches<br />

Volksblatt (1952) : hypocrisie du pouvoir à Salzbourg<br />

(religion et autorités encore empêtrées dans le<br />

nazisme).<br />

3. Ordre chronologique : Hemingway – Malraux – Buzzati<br />

– Bernhard.<br />

Ordre d’engagement : Buzzati – Bernhard – Hemingway<br />

– Malraux.<br />

264<br />

Écrire<br />

3 Faire des recherches iconographiques<br />

1. 4 supports essentiellement :<br />

Support Auteur Titre et date<br />

papyrus Flavius Aurelianus Charte de Ravenne,<br />

et Flavius Severus (entre 552 et 575)<br />

parchemin Les frères de<br />

Limbourg<br />

Les Très Riches<br />

Heures du duc<br />

de Berry<br />

(entre 1410 et 1486)<br />

= manuscrit sur<br />

vélin<br />

livre imprimé Bible de Gutenberg<br />

(entre 1452 et<br />

1455) = premier<br />

livre imprimé<br />

livre<br />

numérique<br />

La plupart<br />

des auteurs,<br />

contemporains ou<br />

anciens<br />

la quasi-totalité<br />

des œuvres sorties<br />

en librairie, à partir<br />

de 2009<br />

2. Consulter le site pédagogique de la Bibliothèque<br />

nationale de France à l’adresse :<br />

http://classes.bnf.fr/dossisup/index.htm<br />

Nombreux exemples que l’on peut agrandir et mieux<br />

visualiser.<br />

3. Rédaction de paragraphe argumentatif. Possibilité<br />

de choisir entre les deux avis, antithétiques : on peut<br />

être moderne et considérer que le numérique est l’avenir<br />

du livre ; ou considérer que rien ne vaut un livre<br />

papier et que celui-ci perdurera.<br />

Thèse : le numérique est l’avenir du livre :<br />

Arguments possibles :<br />

– compatible avec tous les supports informatiques<br />

actuels ;<br />

– livre numérique facile à transporter partout ;<br />

– il permet de consulter tous les ouvrages depuis<br />

chez soi ;<br />

– nombreux livres stockés dans un petit espace<br />

(gain de place).<br />

Antithèse : le livre papier sera vraisemblablement<br />

toujours utilisé :<br />

Arguments possibles :<br />

– nombreux lecteurs préférant lire un support papier<br />

(métro, plage…) ;<br />

– des textes anciens ne sont pas encore accessibles<br />

numériquement ;<br />

– fragilité et manque de fiabilité du support de stockage<br />

;<br />

– difficulté de lire les textes sur certains supports<br />

électroniques (fatigue visuelle).<br />

Prolongement : se constituer un portfolio ou monter<br />

un diaporama avec des images montrant les plus<br />

beaux exemples de supports depuis les tablettes de<br />

cire ou d’argile. Choisir l’ordre de classement des<br />

images et le justifier.


Fiche<br />

méthode 4<br />

Objectif : Savoir analyser un texte à partir d’une problématique.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 471<br />

oBserVer<br />

1 Étudier des questions<br />

1. a. Dans quelle mesure ce texte est-il représentatif de<br />

l’écriture réaliste ?<br />

b. Pourquoi peut-on dire que ce texte est un apologue ?<br />

c. Quels éléments inscrivent ce texte dans le cadre de la<br />

littérature engagée ?<br />

d. Qu’est-ce qui rend ce texte particulièrement<br />

comique ?<br />

2. a. Les origines et la définition du terme réalisme.<br />

b. Définition des caractéristiques de l’apologue.<br />

c. Le contexte socio-historique du texte concerné et<br />

définition de la notion de littérature engagée.<br />

d. Les caractéristiques du registre comique.<br />

S’initier à l’exposé de lecture analytique<br />

➜ Livre de l’élève, p. 468<br />

3. a. Le roman et la nouvelle au xix e siècle : réalisme et<br />

naturalisme.<br />

b. et c. Genres et formes de l’argumentation : xvii e et<br />

xviii e siècles.<br />

d. La tragédie et la comédie au xvii e siècle : le classicisme.<br />

2 Élaborer une question<br />

et un plan de lecture analytique<br />

1. Conseil : quand on lit un texte en vue d’une lecture<br />

analytique, il faut s’assurer qu’on en a saisi le vocabulaire<br />

et la structure (progression).<br />

2. a. Pourquoi peut-on dire que ce texte est un apologue<br />

?<br />

b. De quelle manière la thèse de ce texte est-elle transmise<br />

?<br />

3. Plan pour la problématique a. :<br />

Axe I. Un récit apparemment anecdotique : la dent<br />

d’or<br />

a. Un cadre réaliste et historiquement situé.<br />

b. Le récit d’un événement singulier.<br />

Axe II. Un apologue critiquant les faux savants<br />

a. La présence récurrente du narrateur.<br />

b. La morale explicite.<br />

4. Axe I. Un récit apparemment anecdotique : la<br />

dent d’or<br />

a. Un cadre réaliste et historiquement situé.<br />

Repères spatio-temporels précis : « En 1593 » et<br />

« Silésie » (l. 9), « Helmstad » (l. 11), etc.<br />

Noms de savants => effet de réel : « Hostius »<br />

(l. 11), « Rullandus » (l. 16, 17, 18), « Ingolsteterus<br />

» (l. 17).<br />

b. Le récit d’un événement singulier.<br />

Récit qui s’ouvre sur une antithèse (l. 7) : « malheur<br />

» ≠ « plaisamment » => élément surprenant<br />

attendu.<br />

Récit au passé simple ≠ temps du 1 er § : généralités<br />

(présent, futur, etc.).<br />

Axe II. Un apologue critiquant les faux savants<br />

a. La présence récurrente du narrateur.<br />

Narrateur impliqué : pronoms personnels « Je »<br />

(l. 24) et « nous » inclusif (l. 1, 3, 5…), impératif<br />

injonctif « Figurez-vous » (l. 14) => propos affermi,<br />

captation du lecteur.<br />

b. La morale explicite.<br />

Leçon encadrant le récit : « Assurons-nous bien du<br />

fait, avant que de nous inquiéter de la cause » (l. 3),<br />

dernière phrase (l. 27-29) => structure propre à<br />

l’apologue : récit et leçon.<br />

3 Introduire une lecture analytique<br />

1. a. « Le lac » = poème élégiaque d’Alphonse de<br />

Lamartine, recueil Méditations poétiques publié en<br />

1820.<br />

Thèmes = amour et déploration de l’être aimé, lieu<br />

évocateur (lac du Bourget).<br />

b. Amour = Julie Charles, maîtresse décédée lors<br />

du retour du poète sur les rives du lac => nostalgie<br />

romantique.<br />

2. Axe I. Une nature mélancolique (personnification<br />

de la nature).<br />

Axe II. Une nature qui sert de cadre à une élégie (sur<br />

l’amour et le temps qui passe).<br />

3. Proposition d’introduction :<br />

L’amour est le thème essentiel de la poésie romantique.<br />

« Le lac » d’Alphonse de Lamartine, extrait des<br />

265


Méditations poétiques, recueil publié en 1820, est<br />

l’un des chefs-d’œuvre de ce mouvement littéraire,<br />

exalté, en communion avec la nature. Le poème<br />

s’adresse à une femme aimée du poète, Julie Charles,<br />

femme qu’il était censé retrouver sur les rives du lac<br />

du Bourget, dans les Alpes. Celle-ci ne pouvant venir<br />

au rendez-vous, Lamartine se livre à une rêverie<br />

teintée de lyrisme romantique. Nous envisagerons<br />

précisément la manière dont le poète évoque le sentiment<br />

amoureux, en étudiant tout d’abord l’évocation<br />

d’une nature personnifiée, mélancolique, avant<br />

d’analyser la manière dont le texte relève de l’élégie,<br />

genre poétique d’origine antique, marqué par un ton<br />

plaintif sur l’amour et le temps qui passe.<br />

4 Conclure une lecture analytique<br />

1. Notre étude a permis de mettre en lumière plusieurs<br />

dimensions essentielles de ce passage de<br />

conte philosophique et de montrer ainsi que Voltaire<br />

se livre à une critique farouche de l’esclavage, en<br />

mettant en scène le nègre de Surinam de manière<br />

pathétique, mais aussi en dénonçant l’inhumanité<br />

du système esclavagiste, tout cela dans le but de<br />

conduire le lecteur à réfléchir à la situation et à en<br />

percevoir la cruauté évidente.<br />

2. Cette dénonciation est l’un des aspects importants<br />

des combats philosophes des Lumières. Montesquieu,<br />

lui aussi, s’y est livré avec tout autant<br />

d’ironie, dans un chapitre de son essai De l’esprit<br />

des lois, extrait communément intitulé « De l’esclavage<br />

des nègres ». L’on peut alors se demander<br />

quel genre littéraire est le plus efficace : l’essai ou le<br />

conte philosophique ?<br />

5 Inventer des questions<br />

1. Bien retenir les caractéristiques de chacun des deux<br />

apologues et les repérer déjà à la lecture.<br />

2. Texte 1 : La Fontaine, « La Cigale et la Fourmi »<br />

– Comment le fabuliste transmet-il sa morale ?<br />

– Quelles caractéristiques de la fable retrouvez-vous<br />

bien dans ce texte ?<br />

Texte 2 : T. Corbière, « Le Poète et la Cigale »<br />

– Ce poème est-il une fable ? Justifiez.<br />

– Dans quelle mesure ce poème est-il parodique ?<br />

Texte 3 : La Fontaine, « Le Loup et les Bergers »<br />

– En quoi cette fable instruit-elle de façon plaisante ?<br />

– Comment le récit permet-il d’éclairer la morale du<br />

fabuliste ?<br />

Texte 4 : Plutarque, « Le banquet des sept sages »<br />

– S’agit-il d’une fable ou d’une parabole ? Pour quelles<br />

raisons ?<br />

266<br />

– Pourquoi peut-on dire que ce texte est un apologue ?<br />

Texte 5 : Fontenelle, Histoire des oracles<br />

– Quelles caractéristiques de l’apologue retrouvezvous<br />

ici ?<br />

– Comment l’argumentation est-elle organisée ?<br />

Texte 6 : Lessing, Nathan le Sage<br />

– Quelle est l’originalité de cette histoire ?<br />

– En quoi ce texte constitue-t-il une parabole ?<br />

3. Texte 1 : La Fontaine, « La Cigale et la Fourmi ».<br />

Quelles caractéristiques de la fable retrouvez-vous<br />

bien dans ce texte ?<br />

Axe I. Une fable traditionnelle<br />

a. Présence d’animaux.<br />

b. Récit anecdotique.<br />

Axe II. La portée morale<br />

a. Une fourmi moralisatrice.<br />

b. Une morale à interpréter.<br />

Axe III. Le respect du principe latin, « docere et placere<br />

»<br />

a. Un récit distrayant.<br />

b. Une manière d’enseigner aux hommes.<br />

Pratiquer l’oral<br />

6 Présenter une lecture analytique<br />

1. Sujet choisi : Peut-on encore parler d’une scène<br />

comique ? Pourquoi ?<br />

2. Introduction :<br />

– pièce de Molière écrite en 1666, période sombre<br />

de sa carrière où le comique se fait plus grinçant ;<br />

– extrait de la scène d’exposition : les amis Alceste et<br />

Philinte se disputent ;<br />

– problématique : peut-on encore parler d’une scène<br />

comique ? Pourquoi ?<br />

Plan :<br />

Axe I. Une vision très sombre de la société<br />

a. Alceste, le misanthrope<br />

Présentation de son caractère : « Tous les hommes<br />

me sont à tel point odieux » (v. 10)<br />

=> personnage peu amusant, agressif et violent.<br />

b. Philinte, l’homme de cour<br />

Reproches faits à Alceste : « un si grand courroux…<br />

Vous tourne en ridicule auprès de bien des gens »<br />

(v. 6-7)<br />

=> personnage en contrepoint qui souligne les excès<br />

d’Alceste.<br />

Axe II. Une vision reposant toutefois sur des procédés<br />

comiques<br />

a. Comique de caractère<br />

Alceste = personnage caricatural et qui a du monde<br />

une vision réductrice (v. 18-19)


=> il fait sourire le spectateur.<br />

b. Comique de mots<br />

Nombreuses hyperboles d’Alceste ≠ propos calmes<br />

et mesurés de Philinte<br />

=> antithèse comique des deux personnages.<br />

Conclusion :<br />

– bilan : scène d’exposition qui présente deux caractères<br />

antagonistes, ce qui souligne la misanthropie<br />

d’Alceste ;<br />

– ouverture : respect de la devise de Molière « castigat<br />

ridendo mores » (corriger les mœurs par le rire),<br />

conduisant le spectateur à se demander comment le<br />

personnage va évoluer par la suite.<br />

7 S’entraîner sur un texte inconnu<br />

1. Question de lecture analytique : comment la bataille<br />

de Waterloo est-elle montrée dans cet extrait ?<br />

2. Possibilité de se référer à l’étude d’œuvre intégrale<br />

➜ p. 285<br />

3. et 4.<br />

Introduction :<br />

– La Chartreuse de Parme = roman réaliste de Stendhal<br />

publié en 1839 ;<br />

– évocation des batailles et conquêtes napoléoniennes<br />

(arrière-plan historique) à travers les aventures<br />

de Fabrice del Dongo (rappeler où il en est<br />

précisément dans son itinéraire, à ce moment du<br />

récit) ;<br />

– extrait = description de la bataille de Waterloo en<br />

1815 ;<br />

– problématique : comment la bataille de Waterloo<br />

est-elle montrée dans cet extrait ?<br />

Plan :<br />

Axe I. Une peinture de la bataille<br />

a. Description du champ de bataille<br />

Ex. : champs lexicaux des armes, des différents<br />

grades ou corps d’armée.<br />

b. Réalisme des combats<br />

Ex. : champs lexicaux de la mort, des déplacements.<br />

c. Une peinture habile des événements<br />

Ex. : utilisation de couleurs, de repères spatiaux.<br />

Axe II. Fabrice = un témoin de la bataille<br />

a. Le point de vue de Fabrice<br />

Ex. : focalisation interne avec verbes de perception<br />

et modalisateurs.<br />

b. Un personnage ridiculisé<br />

Ex. : impression de désorientation et manœuvre<br />

maladroite devant les généraux.<br />

b. Le jeu du narrateur<br />

Ex. : commentaires du narrateur : « Nous avouerons<br />

que notre héros était fort peu héros en ce moment ».<br />

Conclusion :<br />

– bilan : vision réaliste, voire crue, de la bataille : un<br />

homme perdu au milieu du combat ;<br />

– ouverture : nombreux auteurs à avoir traité cette<br />

bataille. Similitudes entre cette description et celle<br />

des Misérables de V. Hugo.<br />

Prolongement : consulter le texte de V. Hugo et<br />

sélectionner une citation afin d’expliciter l’ouverture<br />

de la lecture analytique de l’exercice 7.<br />

267


C H A P I T R E<br />

Fiche<br />

méthode 1<br />

Objectif : Choisir et insérer des arguments pour justifier<br />

une thèse.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 476<br />

1 Étudier un paragraphe argumentatif<br />

1. Étapes du § :<br />

– première phrase : thèse défendue, situation tragique<br />

des deux personnages ;<br />

– introduction d’une citation par le connecteur En effet<br />

puis commentaire d’un élément de la citation, L’emploi<br />

du futur de l’indicatif ;<br />

– deuxième exemple introduit par le connecteur d’addition<br />

de plus justifié par une citation proposant un<br />

futur, et dont un nouvel élément est commenté : Hélas !<br />

– les deux points ouvrent sur la conclusion du §.<br />

2. Exemples :<br />

– premier exemple entre virgules après la mention du<br />

vers prononcé rappelant le caractère poétique du texte<br />

commenté ;<br />

– deuxième exemple introduit par deux points puis une<br />

partie de cette citation est citée de nouveau précédée<br />

d’une identification grammaticale, L’interjection ;<br />

– troisième exemple inséré dans la phrase introduit par<br />

la classe grammaticale des mots cités, la conjonction<br />

de coordination et le verbe.<br />

=> volonté de fluidité dans le style, d’informations<br />

grammaticales sur les termes cités.<br />

3. Le dialogue entre Pyrrhus et Andromaque met<br />

en évidence la situation tragique dans laquelle se<br />

trouve Andromaque. Dans un vers au futur de l’indicatif,<br />

Pyrrhus menace « Le fils me répondra des<br />

mépris de la mère ». Il condamne le jeune Astyanax<br />

à mort comme le prouve l’emploi du temps de<br />

l’indicatif, mode du réel, qui annonce explicitement<br />

que le destin de l’enfant est tout tracé. D’autre part,<br />

268<br />

3<br />

Rédiger et synthétiser<br />

➜ Livre de l’élève, p. 472<br />

Justifier à l’aide d’arguments<br />

➜ Livre de l’élève, p. 474<br />

Andromaque utilise également ce temps quand<br />

elle répond à Pyrrhus : « Hélas, il mourra donc ! ».<br />

L’interjection du regret, « Hélas », et la conjonction<br />

de conclusion « donc » introduisent le verbe « mourir<br />

», ajoutant encore au caractère tragique de la<br />

situation d’Andromaque et de son fils.<br />

2 Choisir des arguments<br />

1. Les éléments monologue intérieur et langage mélioratif<br />

permettent de répondre à la question d’analyse.<br />

Par exemple, les pensées de Mme Bovary la montrent<br />

rêveuse, ayant besoin d’une vie différente.<br />

Focalisation externe : notion inopérante pour aborder<br />

le caractère d’un personnage.<br />

Portrait du mari : hors sujet ici.<br />

2. 1er argument : Flaubert utilise la focalisation<br />

interne, ce qui permet au lecteur de pénétrer l’esprit<br />

du personnage et de mieux connaître son caractère.<br />

2e argument : le langage mélioratif donne l’image<br />

d’une vie rêvée, plus belle dans les livres et dans<br />

l’imagination que dans la réalité étriquée offerte par<br />

Charles.<br />

3. 3e argument : le premier paragraphe dresse le<br />

tableau d’un lieu idyllique où la vie serait plus belle<br />

pour Emma.<br />

4e argument : les termes qui décrivent Charles de<br />

façon négative permettent de montrer par contraste<br />

quel genre d’homme elle rêvait d’épouser.<br />

3 Insérer des exemples<br />

1. Exemples :<br />

– exemples insérés dans la phrase et précision sur la<br />

classe grammaticale du mot : il répète le verbe « pleurez<br />

». Il multiplie les verbes au futur de l’indicatif<br />

comme « reviendront, servirez » ;<br />

– relevé de champs lexicaux opposés : d’un côté<br />

« assujettir, servirez sous eux, notre futur esclavage,


des esclaves, esclave, asservir » et de l’autre « le pur<br />

instinct, libres, sa liberté ».<br />

Remarque : « un vieillard » (début du paragraphe) et<br />

« Tahitiens » (fin du paragraphe) sont des citations qui<br />

reprennent textuellement Diderot, mais il ne s’agit pas<br />

d’exemples.<br />

2. Connecteurs logiques :<br />

– mais : opposition entre ce que le lecteur pouvait<br />

attendre et ce qu’a réellement réalisé Diderot ;<br />

– Tout d’abord : introduction d’un premier exemple ;<br />

– Ensuite : introduction d’un deuxième exemple ;<br />

– De même : ajout d’un élément allant dans le même<br />

sens ;<br />

– ainsi : conclusion.<br />

3. C’est l’impératif « pleurez », répété, qui permet<br />

d’emblée d’interpeller ses compatriotes de façon<br />

pathétique.<br />

La répétition du verbe « pleurer » à l’impératif est<br />

la première façon d’affirmer le registre pathétique<br />

de ce discours.<br />

4. Dans un deuxième temps de son discours, le Tahitien<br />

s’adresse directement à Bougainville dans le<br />

but de l’intimider. Il l’apostrophe d’emblée de façon<br />

provocatrice, à l’aide de termes fortement négatifs :<br />

« Et toi, chef des brigands qui t’obéissent ». Il tente<br />

également de persuader les futurs colons de l’absurdité<br />

de leur action en leur proposant un étrange<br />

exemple : « Si un Tahitien débarquait un jour sur vos<br />

côtes, et qu’il gravât sur une de vos pierres ou sur<br />

l’écorce d’un de vos arbres : Ce pays est aux habitants<br />

de Tahiti, qu’en penserais-tu ? ». L’utilisation<br />

de l’hypothèse introduite par la conjonction « si »,<br />

l’emploi du subjonctif « gravât » et la question qui<br />

clôt l’exemple placent les deux peuples sur le même<br />

plan : il lui propose d’imaginer la situation inverse.<br />

4 Argumenter dans une dissertation<br />

1. Arguments :<br />

– En effet, le long poème intitulé « Le lac » est avant<br />

tout le récit des souvenirs du poète ;<br />

– Cependant, les poètes romantiques ne sont pas les<br />

premiers à évoquer des souvenirs empreints de tristesse<br />

et de regrets.<br />

2. 1er argument = exemple à valeur argumentative.<br />

2e argument = argument fondé sur une analogie.<br />

3. Adverbes En effet => conséquence, Cependant<br />

=> opposition.<br />

4. L’évocation de sentiments personnels peut avoir une<br />

valeur universelle.<br />

5. Quand Théophile de Viau s’exprime ainsi dans<br />

son poème intitulé « La solitude » : « D’un air plein<br />

d’amoureuse flamme, / Aux accents de ta douce voix,<br />

/ Je vois les fleuves et les bois / S’embraser comme a<br />

fait mon âme », il exprime l’émoi amoureux, souvent<br />

hyperbolique, que tout lecteur a pu vivre.<br />

6. Mais la poésie ne se limite pas à l’expression de sentiments<br />

personnels. La littérature engagée s’est aussi<br />

emparée de ce genre, puisque des poètes ont largement<br />

mêlé convictions politiques et lyrisme. Ainsi, Paul<br />

Eluard écrit « Liberté », un poème chantant une vie<br />

exaltante au moment où la France est sous l’occupation<br />

nazie : le texte qui célèbre un pays libre et heureux<br />

sera parachuté sur les maquis pour donner courage<br />

aux résistants.<br />

5 Analyser un paragraphe<br />

1. 1re phrase : énoncé de l’argument de ce paragraphe<br />

de commentaire.<br />

2e phrase : développement de l’argument avec la mention<br />

d’autres sens que celui qu’évoque le titre.<br />

Une citation sur l’odorat, son commentaire et des nouvelles<br />

citations à l’appui.<br />

De plus… : sens de la vue avec une citation et son commentaire.<br />

2. Argument : [Baudelaire] les réunit [les sens] pour<br />

faire émerger un univers onirique, idéal. Il est introduit<br />

par les deux points.<br />

3. a. Exemple inséré par le rappel de sa place dans le<br />

poème, Dans le premier quatrain, le parfum que « respire<br />

» le poète est « l’odeur d’[un] sein chaleureux ».<br />

Exemple inséré par deux points : une odeur, [s]on sein.<br />

Exemple inséré par la classe grammaticale : l’adjectif<br />

« chaleureux ».<br />

b. Les cinq sens sont évoqués à travers un champ<br />

lexical très riche. Les odeurs sont particulièrement<br />

présentes : celles de la femme aimée, nous l’avons<br />

vu dans le premier quatrain, mais aussi « le parfum<br />

des verts tamariniers » (v. 12) donnant cette note<br />

« exotique » annoncée par le titre. De plus, cette<br />

odeur « enfle la narine / Se mêle dans [s]on âme<br />

au chant des mariniers » (v. 13-14), montrant à la<br />

toute fin du sonnet que les sens se conjuguent pour<br />

rendre le poète heureux.<br />

6 Améliorer un paragraphe<br />

1. Première phrase : énoncé du début de l’argument du<br />

paragraphe.<br />

Deuxième phrase : citation et commentaire.<br />

269


Troisième phrase : exemple sans citation.<br />

Quatrième phrase : exemple.<br />

Cinquième phrase : commentaire de cet exemple.<br />

Sixième phrase : suite de l’argument.<br />

Septième phrase : reprise précise de l’exemple avec<br />

citations.<br />

2. Les deux premières phrases sont réussies parce<br />

qu’elles sont précises et que les citations sont commentées,<br />

elles font progresser l’analyse ≠ troisième phrase<br />

sans précision, et l’impression que la quatrième phrase<br />

dépend de la sixième => problème de structure.<br />

3. La répétition constante du prénom Thérèse, l’emploi<br />

d’etc. en guise de relevé précis et le manque de<br />

liens logiques au sein du paragraphe (insertion des<br />

exemples) = trois travers de ce paragraphe.<br />

4. Les points de vue externe et interne se succèdent<br />

dans ce passage. Au début, la répétition du pronom<br />

personnel indéfini « on » montre que le narrateur<br />

donne une opinion générale, extérieure aux personnages.<br />

Il multiplie aussi les modalisations ; ainsi la<br />

focalisation zéro permet-elle de donner des informations<br />

sur les caractères des personnages, comme<br />

quand le récit montre « Laurent, autant qu’il pouvait<br />

aimer, en égoïste satisfait ». Le troisième paragraphe<br />

est, quant à lui, centré sur Thérèse : le narrateur y<br />

utilise la focalisation interne pour révéler l’opposition<br />

entre l’extérieur « immobile » et « paisible » et<br />

l’intérieur passionné de la jeune femme, « Et c’était<br />

là, à deux pas, derrière cette mince cloison, qu’elle<br />

recevait un homme ; c’était là qu’elle se vautrait<br />

dans les âpretés de l’adultère ». Le vocabulaire<br />

employé évoque alors la force de la passion que<br />

ressent Thérèse : « sauvages, volupté, échevelée,<br />

passion folle, une impudence si triomphante », des<br />

termes constituant le champ lexical de la luxure.<br />

7 Rédiger une analyse de corpus<br />

1. En quoi ces textes sont-ils comiques ?<br />

2. Exemples : comique de caractère des personnages<br />

d’Arnolphe dans L’École des femmes, d’Alceste<br />

dans Le Misanthrope et de Cnémon dans Le Bourru ;<br />

comique de situation dans Lysistrata, dans L’Avare et<br />

L’Aululaire ; comique de mots et de gestes dans L’Avare<br />

et L’Aululaire.<br />

3. Les quatre types de comique sont plus ou moins combinés<br />

à l’intérieur de chaque passage théâtral proposé,<br />

avec une prédominance des comiques de mots et de<br />

caractère.<br />

4. Le comique de mots est particulièrement utilisé<br />

dans les pièces de Molière, L’Avare et de Plaute,<br />

270<br />

L’Aululaire. Dans les deux passages comiques, un<br />

vieillard avare évoque son argent. Chez Molière,<br />

Harpagon vient de se faire voler et le monologue<br />

montre un personnage devenu fou de douleur.<br />

L’utilisation du registre pathétique, « Hélas ! mon<br />

pauvre argent… » confinant au tragique comme le<br />

montrent les propositions suivantes : « on m’a privé<br />

de toi…, tout est fini pour moi…, il m’est impossible<br />

de vivre », fait paradoxalement rire le spectateur qui<br />

trouve cette lamentation exagérée et inutile.<br />

8 Rédiger un paragraphe<br />

de commentaire<br />

1. Par quels moyens Voltaire rend-il compte d’une réalité<br />

qu’il critique ?<br />

2. Arguments :<br />

– ignorance d’un personnage : ce gouverneur, qui était<br />

un homme du bel air, et qui ne savait rien, ne put rien<br />

enseigner à son pupille (l. 1-3) ;<br />

– flatterie de l’auteur qui a des résultats immédiats :<br />

Madame, à ce discours, embrassa le gracieux ignorant,<br />

et lui dit : « On voit bien, monsieur, que vous<br />

êtes l’homme du monde le plus savant ; mon fils vous<br />

devra toute son éducation. » (l. 36-38) ;<br />

– bêtise des parents qui approuvent quelque chose<br />

qu’ils ne comprennent pas : Monsieur et madame<br />

n’entendaient pas trop ce que le gouverneur voulait<br />

dire ; mais ils furent entièrement de son avis (l. 53-54).<br />

3. Le narrateur a un regard moqueur et ironique sur<br />

chacun des protagonistes de ce dîner. Les parents,<br />

marchands devenus riches et anoblis, sont particulièrement<br />

visés. Ainsi, l’auteur a déclaré que<br />

le jeune marquis doit apprendre à « être aimable<br />

[…] ; et, s’il sait les moyens de plaire, il saura tout :<br />

c’est un art qu’il apprendra chez madame sa mère<br />

sans que ni l’un ni l’autre se donnent la moindre<br />

peine ». Le narrateur montre une mère incapable<br />

de comprendre cette évidente flatterie et qui répond<br />

de la parole et du geste : « Madame, à ce discours,<br />

embrassa le gracieux ignorant, et lui dit : On voit<br />

bien, monsieur, que vous êtes l’homme du monde<br />

le plus savant ; mon fils vous devra toute son éducation<br />

». L’expression « gracieux ignorant » est un<br />

commentaire du narrateur et elle corrobore la vision<br />

ironique de cet épisode. De même, l’opposition entre<br />

le refus d’enseigner quoi que ce soit à l’enfant et<br />

la fin de la phrase fait sourire le lecteur. Enfin, la<br />

dernière phrase du passage, « Monsieur et madame<br />

n’entendaient pas trop ce que le gouverneur voulait<br />

dire ; mais ils furent entièrement de son avis »,<br />

réunit les deux parents dans une ignorance qu’ils


se refusent à avouer. L’ironie permet de brosser un<br />

véritable portrait à charge de ce couple de bourgeois,<br />

inculte et crédule, ce qui confine à la satire.<br />

9 Rédiger un paragraphe<br />

de dissertation<br />

1. Analyse du sujet :<br />

– objet d’étude : Le roman et la nouvelle au xix e siècle,<br />

réalisme et naturalisme ;<br />

– objet restreint au « roman d’apprentissage » : récit<br />

au cours duquel un personnage apprend à connaître le<br />

monde, la nature humaine, sa propre personnalité ;<br />

– problématique : dans quelle mesure le roman d’apprentissage<br />

permet-il de mieux connaître le fonctionnement<br />

d’une société donnée ?<br />

2. Arguments :<br />

– le héros vit différents moments importants de son<br />

existence : le coup de foudre amoureux comme dans La<br />

Chartreuse de Parme de Stendhal ; l’initiation amoureuse,<br />

dans Le Lys dans la vallée de Balzac ; la trahison<br />

amoureuse, dans Premier Amour de Tourgueniev ; la<br />

fin d’une histoire d’amour, dans L’Éducation sentimentale<br />

de Flaubert ;<br />

Fiche<br />

méthode 2<br />

Objectif : Justifier des arguments par des exemples<br />

précis et bien insérés dans le paragraphe.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 480<br />

1 Trouver de bons exemples<br />

1. Enjeux : les divers éléments de ce texte correspondent<br />

aux caractéristiques d’un conte de fées.<br />

2. Classement des arguments :<br />

– le plus évident parce que systématique dans un conte<br />

de fées : une fin heureuse ;<br />

– un élément très fréquent : la présence d’une fée ;<br />

– un élément moins systématique mais fondé sur l’affrontement<br />

entre le bien et le mal : l’opposition bonne<br />

/ mauvaise fille.<br />

– le héros évolue dans certains milieux, parfois particuliers,<br />

comme le demi-monde dans La Dame aux<br />

camélias de Dumas fils, et l’univers des brigands dans<br />

Carmen de Mérimée.<br />

Etc.<br />

3. Dans les romans d’apprentissage du XIX e siècle, le<br />

héros est souvent un jeune homme qui vit dans une<br />

société tout à fait reconnaissable par le lecteur. Certains<br />

éléments ont alors un rôle quasi documentaire<br />

et nous font entrer dans un univers précisément<br />

décrit. Ainsi, quand Armand Duval tombe amoureux<br />

d’une jeune et belle courtisane, il pénètre dans ce<br />

monde particulier fondé sur l’argent et les plaisirs.<br />

Au chapitre XII, le dialogue entre les deux personnages<br />

montre l’opposition entre Armand, amoureux<br />

qui rêve de passer plus de temps avec Marguerite,<br />

et cette dernière qui doit ménager un autre homme,<br />

celui qui l’entretient, lui permet de vivre dans le<br />

luxe. Les précisions qui émaillent le texte donnent<br />

une image tout à fait originale de cette société<br />

cachée à la majeure partie de la population.<br />

Prolongement : fournir le plan détaillé de cette dissertation,<br />

en élargissant les références au-delà de la<br />

séquence 14.<br />

Choisir et insérer des exemples<br />

➜ Livre de l’élève, p. 478<br />

3. Une fin heureuse (argument) – le mariage de la<br />

bonne fille (exemple).<br />

La présence d’une fée – les paroles magiques.<br />

L’opposition bonne / mauvaise fille – ce qui coule de la<br />

bouche des deux filles.<br />

4. Autres exemples :<br />

– une fin heureuse => la voyant si belle (l. 37) ; Le fils<br />

du roi en devint amoureux… l’emmena au palais du<br />

roi son père, où il l’épousa (l. 41- 44) ;<br />

– la présence d’une fée => quand une pauvre femme<br />

vous demandera à boire (l. 6-7) ; dame magnifiquement<br />

vêtue, qui vint lui demander à boire (l. 17-18) ;<br />

– l’opposition bonne / mauvaise fille => pour désigner<br />

la mauvaise fille : la brutale (l. 9), en grondant (l. 14), la<br />

malhonnêteté de cette fille, cette brutale orgueilleuse<br />

(l. 20-23), la malheureuse, après avoir bien couru sans<br />

trouver personne qui voulut la recevoir, alla mourir au<br />

coin d’un bois (l. 45-47).<br />

271


2 Insérer et commenter des exemples<br />

1. Thèse : première phrase de l’ébauche de partie.<br />

2. Chaque paragraphe qui suit = un argument au service<br />

de la thèse.<br />

3. 1 er argument (fondement autobiographique) :<br />

– description des éléments de l’usine, du travail des<br />

ouvriers : L.-F. Céline, Voyage au bout de la nuit ;<br />

– précisions sur les répétitions des mouvements et des<br />

bruits : F. Bon, Sortie d’usine ;<br />

– un traumatisme familial lié à la Shoah : P. Grimbert,<br />

Un secret.<br />

2 e argument (utilisation d’éléments réels) :<br />

– l’histoire d’Orphée et Eurydice, l’opéra de Gluck :<br />

A. Camus, La Peste ;<br />

– les enquêtes de police : Fred Vargas, Pars vite et<br />

reviens tard ;<br />

– des récits de témoins sur la Première Guerre mondiale<br />

(front et arrière) : P. Claudel, Les Âmes grises.<br />

3 e argument (documents attestés, même pour ce que<br />

l’auteur ne connaît pas personnellement) :<br />

– les symptômes cliniques de la peste : A. Camus, La<br />

Peste ;<br />

– des connaissances historiques sur les épidémies de<br />

peste : Fred Vargas, Pars vite et reviens tard.<br />

4. Que le récit soit autobiographique ou complètement<br />

fictif, il doit, pour être compris des lecteurs,<br />

s’appuyer sur la réalité.<br />

De nombreux romans ont en effet un fondement<br />

autobiographique : le narrateur, quelques personnages,<br />

des lieux sont reconnaissables. Dans son<br />

roman Voyage au bout de la nuit (1932), Louis-<br />

Ferdinand Céline utilise ses expériences personnelles<br />

pour brosser le tableau d’une usine. Il exprime le<br />

sentiment de la perte de toute liberté, voire de toute<br />

humanité, dans une description qui contient cette<br />

proposition « On en devenait machine aussi soimême<br />

». Nous retrouvons cette chosification dans<br />

un autre texte en partie autobiographique, le récit<br />

de François Bon intitulé Sortie d’usine (1982).<br />

Mais, même quand l’auteur n’a rien vécu se rapprochant<br />

de ce qu’il raconte, il utilise des éléments réels :<br />

un nom, un visage, le son d’une voix, un dialogue<br />

entendu dans un café ou dans un train. Par exemple,<br />

les récits de Philippe Claudel sont imprégnés de l’ambiance<br />

de la campagne lorraine. Il évoque la Première<br />

Guerre mondiale dans Les Âmes grises (2003), mais<br />

vue de l’arrière. Il utilise alors les récits des villageois<br />

de cette époque et de leurs descendants pour brosser<br />

le tableau de l’arrivée des premiers blessés…<br />

De même, l’auteur utilise souvent des documents<br />

attestés pour décrire une ville, une période ou un<br />

272<br />

pays qu’il ne connaît pas personnellement. Ainsi,<br />

Fred Vargas écrit des romans policiers, mais c’est<br />

aussi une historienne, et elle utilise ses connaissances<br />

pour évoquer un assassin qui fait croire<br />

que la peste sévit à Paris dans Pars vite et reviens<br />

tard (2001). Un des personnages évoque les divers<br />

symptômes de la peste tels qu’ils sont décrits dans<br />

les textes médiévaux.<br />

3 Enrichir une partie de commentaire<br />

1. Partie I. Cette tirade argumentative est un réquisitoire.<br />

1er § : la présence forte du locuteur.<br />

2e § : l’art de la maxime.<br />

Partie II. Une argumentation construite avec rigueur<br />

1er § : la progression de l’argumentation.<br />

2e § : la référence à des valeurs comme l’honneur<br />

et la fidélité.<br />

2. Partie I. Cette tirade argumentative est un réquisitoire.<br />

1er § : « Mais ne vous gâtez pas sur l’exemple d’autrui.<br />

/ Gardez-vous d’imiter ces coquettes vilaines »<br />

(v. 24-25) ; « C’est mon honneur, Agnès, que je<br />

vous abandonne » (v. 30) ; « Ce que je vous dis là »<br />

(v. 35)…<br />

2e § : « Le mariage, Agnès, n’est pas un badinage »<br />

(v. 1) ; « L’une en tout est soumise à l’autre qui<br />

gouverne » (v. 10)…<br />

Partie II. Une argumentation construite avec rigueur<br />

1er § : étapes du texte pour mettre en valeur cette<br />

progression :<br />

– vers 1-4 : thèse d’Arnolphe, l’importance du<br />

mariage ;<br />

– vers 5-24 : la supériorité de l’homme sur la femme ;<br />

– vers 25-34 : l’importance de la fidélité ;<br />

– vers 35-44 : les menaces si Agnès ne respecte pas<br />

le mariage.<br />

2e § : « austères devoirs » (v. 2) ; « la docilité »<br />

(v. 15) ; « Et de l’obéissance, et de l’humilité »<br />

(v. 16)…<br />

3. Proposition de rédaction du début du commentaire :<br />

La tirade d’Arnolphe est un réquisitoire particulièrement<br />

puissant.<br />

Tout d’abord, la réplique théâtrale implique la présence<br />

du locuteur dans l’argumentation. Celle-ci se<br />

manifeste d’abord par l’interpellation de son interlocutrice,<br />

« Agnès » (v. 1, 30), rappelant ainsi vivement<br />

qu’il s’adresse à elle de façon personnelle. Ensuite,<br />

Arnolphe utilise des verbes à l’impératif pour donner<br />

des ordres précis mais atténués, sous la forme de<br />

conseils appropriés et attentifs, à celle qui doit être sa<br />

future épouse : « ne vous gâtez pas » (v. 24), « Gardez-vous<br />

» (v. 25), « Songez » (v. 29). Ces verbes


sont complétés par le groupe verbal « vous devez »<br />

(v. 36) qui a également une valeur injonctive. Enfin,<br />

à la fin de ce passage, Arnolphe emploie le pronom<br />

personnel « je » (v. 30, 35) qui marque clairement<br />

son implication dans l’argumentation. […]<br />

4 Enrichir une partie de dissertation<br />

1. a. Partie I. Pour étayer la thèse<br />

1er § : chez Aristote, la poésie c’est la littérature de<br />

fiction.<br />

2e § : des textes de théâtre ou des récits peuvent<br />

être versifiés.<br />

3e § : la poésie en prose existe depuis le XIXe siècle.<br />

Partie II. Pour réfuter la thèse<br />

1er § : le travail sur les figures de rhétorique, le<br />

rythme et les sonorités définissent avant tout la<br />

poésie.<br />

2e § : un texte poétique transfigure le réel<br />

b. Partie II : nouveau paragraphe.<br />

La poésie jusqu’au xviii e siècle est versifiée : vers<br />

= expression de l’art du langage. Exemple de l’alexandrin,<br />

vers noble et rimes qui subliment le sens du poème.<br />

2. Partie I. La poésie ne se trouve pas que dans le<br />

vers.<br />

1er § : poésie d’abord rattachée à l’épopée depuis<br />

l’Antiquité. Le lyrisme viendra dans un second<br />

temps (cf. Orphée).<br />

2e § : le théâtre classique (Molière, Racine et Corneille).<br />

Fiche<br />

méthode 3<br />

Objectif : Construire un paragraphe de manière<br />

rigoureuse en enchaînant idée et exemples.<br />

Exercices d’entraînement<br />

➜ p. 483<br />

1 Étudier un paragraphe<br />

de commentaire<br />

1. Étapes : première phrase = ouverture ; développement<br />

: de Sa tirade à ma conduite ; dernière phrase<br />

= conclusion.<br />

2. Introduction des exemples :<br />

– pour les champs lexicaux, le groupe verbal Elle<br />

nomme ;<br />

3e § : Baudelaire, Le Spleen de Paris.<br />

Partie II. Mais la poésie et le vers sont intimement<br />

liés.<br />

1er § : quatrains versifiés du poème de Louis Aragon<br />

« Les yeux d’Elsa ».<br />

2e § : Apollinaire, « Zone » qui transfigure Paris.<br />

3e § : poésie de la Renaissance. Sonnets arts poétiques<br />

de Du Bellay dans Les Regrets.<br />

3. Proposition de rédaction du début de la partie II de<br />

dissertation :<br />

Traditionnellement, la poésie est considérée<br />

comme une forme versifiée.<br />

Tout d’abord, la lecture d’un poème est généralement<br />

guidée par le travail sur les figures de<br />

rhétorique, le rythme et les sonorités. La poésie<br />

comprend différents types de vers, de strophes, des<br />

formes fixes… et c’est le genre le plus codifié. Ainsi,<br />

même au XXe siècle, époque des avant-gardes et de<br />

la contestation de la tradition, les poètes utilisent<br />

le quatrain versifié et le lyrisme amoureux. C’est<br />

le cas de Louis Aragon qui décrit la femme aimée<br />

dans « Les yeux d’Elsa ». Les rimes, les jeux sur les<br />

sonorités, les métaphores et autres figures de style<br />

traduisent l’amour du poète pour sa femme. […]<br />

Prolongement : associer ce sujet de dissertation à<br />

une recherche précise sur les origines de la poésie en<br />

Occident (mythe d’Orphée, primat de l’épopée, aèdes,<br />

premiers poètes lyriques…).<br />

Rédiger un paragraphe argumentatif<br />

➜ Livre de l’élève, p. 481<br />

– pour la double responsabilité (Dom Juan et ellemême),<br />

l’expression comme en témoignent et les deux<br />

points ;<br />

– pour le thème du repentir, les deux points.<br />

Autres insertions possibles des exemples : comme le<br />

prouvent / le montrent, par exemple / tel…<br />

3. Bilan du paragraphe : autant de termes qui insistent<br />

sur la foi et la rigueur morale du personnage. Argument<br />

rappelé par morale.<br />

2 Étudier la structure d’un paragraphe<br />

de préface<br />

V. Hugo, Les Feuilles d’automne, préface<br />

1. Conjonction de coordination donc (l. 1).<br />

273


2. Reformulation : l’art n’est pas lié à la réalité extérieure<br />

mais à l’homme, à ce qui fait son humanité.<br />

3. Exemples (au milieu du paragraphe) : À l’adolescent,<br />

elle parle de l’amour ; au père, de la famille ; au<br />

vieillard, du passé (l. 8-9).<br />

Repris dans l’énumération des lignes 14 et 15 : des<br />

enfants, des mères, des jeunes filles, des vieillards,<br />

des hommes enfin.<br />

Insertion : préposition à => mise en évidence des catégories<br />

de la société, de la jeunesse à la partie la plus<br />

âgée. La poésie s’adresse à tous, chacun y trouve ce<br />

dont il a besoin.<br />

4. À partir de la ligne 17, nouvelle idée proche de la précédente<br />

: le cœur humain est éternel.<br />

Fin du paragraphe = fin de la longue comparaison filée<br />

entre Le cœur humain (l. 19) et la terre (l. 20) : la terre<br />

est le fondement de la nature, comme le cœur celui de<br />

l’art.<br />

5. Défense de l’art en général avec l’exemple vaste de la<br />

poésie : exemples généraux non fondés sur des œuvres<br />

précises => paragraphe inenvisageable dans un devoir<br />

de français.<br />

3 Analyser la progression<br />

d’un paragraphe de critique littéraire<br />

C. de Laclos, Cecilia<br />

1. Argument : mais au théâtre, on ne peut pas tout<br />

peindre (l. 2-3) = le théâtre a son propre langage, tout<br />

n’y est pas représentable.<br />

2. Connecteurs logiques :<br />

– mais (l. 2) => opposition ;<br />

– de même (l. 6), encore (l. 12, 20), peut-être (l. 13)<br />

=> addition ;<br />

– de là (l. 19) => conclusion.<br />

L’opposition entre le théâtre et le roman est marquée<br />

en interne par : au moins (l. 7), tandis que (l. 11, 15).<br />

a. Premier argument : introduit par la conjonction de<br />

coordination mais (l. 2).<br />

b. Deux éléments de comparaison introduits par la<br />

conjonction tandis que (l. 11) => opposition entre le<br />

roman et le théâtre.<br />

3. Fin du texte de Laclos : comparaison de deux personnages<br />

de religieux hypocrites, l’un de Molière (comédie<br />

classique), l’autre de Marivaux (ici, romancier) => le<br />

personnage théâtral a pu servir de modèle au personnage<br />

romanesque.<br />

4. tableaux (l. 1, 23) : mot utilisé pour évoquer uniquement<br />

le théâtre au début du texte et pour aborder<br />

274<br />

conjointement les pièces de Molière et le roman de<br />

Marivaux à la fin => le théâtre peint la société mais le<br />

roman va plus loin, sans véritable concurrence.<br />

4 Préparer ses arguments,<br />

du brouillon à la copie<br />

1. Thèse a. Le théâtre classique prend sa source dans<br />

l’Antiquité.<br />

Arguments :<br />

– les types de personnages comiques viennent des<br />

types de l’Antiquité. Ex. : le bourru de Ménandre et le<br />

misanthrope de Molière, le soldat fanfaron de Plaute et<br />

le matamore de Corneille ;<br />

– des mythes antiques ont nourri la tragédie classique.<br />

Ex. : la guerre de Troie = source d’Iphigénie de Racine,<br />

luttes de pouvoir dans l’histoire romaine = base de<br />

Horace et Rodogune de Corneille.<br />

b. La poésie est essentiellement liée au registre lyrique.<br />

Arguments :<br />

– traditionnellement, poésie = épanchement amoureux.<br />

Ex. : aveux amoureux de Louise Labé ou d’Aragon<br />

; le jeu du langage pour exprimer les sentiments<br />

amoureux chez Verlaine, Rimbaud ou Breton ;<br />

– moi = thème majeur à l’époque romantique.<br />

Ex. : « Le lac », dans lequel Lamartine évoque la mort<br />

de sa maîtresse ; Les Contemplations que V. Hugo qualifie<br />

de mémoires d’une âme.<br />

c. Intrigues et personnages de roman tirent leur origine<br />

de la réalité.<br />

Arguments :<br />

– faits historiques et faits divers inspirent le romancier.<br />

Ex. : l’épopée napoléonienne chez Stendhal ; faits<br />

divers chez Flaubert, pour Madame Bovary, chez Maupassant,<br />

pour « Rosalie Prudent » ;<br />

– environnement urbain ou rural = cadre spatiotemporel<br />

privilégié dans le récit. Ex. : Paris du Second<br />

Empire dans les Rougon-Macquart de Zola ; travail<br />

déshumanisant en usine chez Céline et François Bon.<br />

2. Exemple de paragraphe (sujet a 2 e §) :<br />

Les historiens du théâtre ont montré que le théâtre<br />

classique prend sa source dans l’Antiquité. Nicolas<br />

Boileau lui-même, dans son Art poétique, reprend<br />

à son compte bon nombre d’analyses déjà présentes<br />

dans la Poétique d’Aristote, soulignant ainsi<br />

les liens entre le classicisme et l’Antiquité romaine.<br />

De la Grèce antique, le classicisme a gardé l’intérêt<br />

pour les mythes et légendes montrant des héros<br />

aux prises avec un destin décidé par les dieux. Ainsi,<br />

l’épopée d’Homère, l’Iliade, est une source quasi<br />

inépuisable de récits mais aussi de pièces de théâtre.


Jean Racine reprend l’ensemble de ces sources pour<br />

mettre en scène, par exemple, une Iphigénie vouée<br />

à une mort certaine. Tous les personnages de la<br />

légende sont présents : son père, le roi des rois Agamemnon,<br />

et son fiancé, Achille, luttent au nom de<br />

leur amour pour la jeune fille. De même, le rival de<br />

Racine, Pierre Corneille, relit l’histoire romaine pour<br />

représenter la lutte des Horaces et des Curiaces à<br />

travers l’image d’une jeune femme, sœur des uns et<br />

épouse de l’un des autres. Là encore, le destin tragique<br />

relie les héros antiques et classiques.<br />

5 Organiser la rédaction d’un paragraphe<br />

1. Données classées :<br />

e. Aristote, Poétique (iv e siècle avant J.-C.) ; Boileau, Art<br />

poétique (1674) => deux grands théoriciens du théâtre.<br />

f. Exposition, nœud, dénouement => définition de la<br />

structure dramatique de toute pièce de théâtre.<br />

c. Théâtre = genre codifié => de ses origines religieuses<br />

à nos jours, même s’il a évolué, le genre est<br />

guidé par des règles.<br />

b. Bienséance et vraisemblance => deux règles qui<br />

fondent le théâtre classique. C’est pour respecter une<br />

certaine vraisemblance que les trois règles suivantes<br />

ont été mises en place.<br />

g. Unités d’action, de lieu, de temps => règle des trois<br />

unités propres au théâtre classique.<br />

h. Règles respectées : Racine (Andromaque, Phèdre…)<br />

=> exemple d’un auteur classique.<br />

a. Nouveau théâtre, nouvelles règles : romantiques<br />

(Hugo, Ruy Blas ; Musset, Les Caprices de Marianne…)<br />

=> en opposition aux règles héritées d’Aristote, un<br />

autre genre a été inventé, le drame, et un autre mouvement,<br />

le romantisme.<br />

d. Aujourd’hui, encore des règles => les codes ont évolué,<br />

mais ont-ils disparu ?<br />

2. Argument : le théâtre est un genre vivant qui se<br />

transforme au gré des sociétés dans lesquelles il évolue.<br />

3. Aristote, philosophe grec, premier théoricien du<br />

théâtre : rappel de l’origine du genre.<br />

Boileau, écrivain classique : règles du classicisme.<br />

Racine : exemple du respect de ces règles.<br />

Hugo et Musset : naissance du drame romantique, en<br />

réaction au classicisme.<br />

4. Matière d’un paragraphe de dissertation : analyse<br />

d’un genre, de son évolution, à travers des exemples<br />

variés ≠ paragraphe de commentaire : étude des caractéristiques<br />

stylistiques d’un texte, mais pas de multiples<br />

références littéraires.<br />

5. Exemple de paragraphe :<br />

Le théâtre est un genre littéraire particulier<br />

puisqu’il est écrit pour être joué devant un public.<br />

Il est né en Grèce au IVe siècle avant J.-C., Aristote<br />

écrit La Poétique, texte théorique qui définit, entre<br />

autres, les règles de composition d’une tragédie :<br />

une exposition claire et brève, un nœud qui met en<br />

valeur l’enjeu de la pièce, et le dénouement, c’està-dire<br />

la résolution du problème rencontré par le<br />

héros. Ces codes seront repris par Nicolas Boileau<br />

au XVIIe siècle dans son Art poétique (1674) où il<br />

théorise et récapitule les deux règles fondamentales<br />

du théâtre classique déjà en place : la vraisemblance<br />

et la bienséance. La première implique, parce que le<br />

spectateur reste assis à sa place durant un temps<br />

assez réduit, la règle des trois unités. La deuxième<br />

est née à une époque où la religion ne tolère pas que<br />

la mort, le sang, les propos jugés indécents soient<br />

montrés sur scène. Ainsi Jean Racine a-t-il écrit ses<br />

tragédies, telle Andromaque (1667). Mais les mentalités<br />

évoluent et, au début du XIXe siècle, on ne<br />

trouve plus du tout vraisemblable de faire se rencontrer<br />

tous les protagonistes d’une intrigue en un<br />

même lieu, en une seule journée. Victor Hugo critique<br />

sévèrement ces règles dans sa préface à un<br />

drame, Cromwell (1827), puis il met en pratique<br />

ses idées dans Hernani (1830), ce qui provoque une<br />

« bataille » entre les tenants du classicisme et les<br />

jeunes écrivains Hugo, Gautier et Musset signant la<br />

fin des codes hérités d’Aristote.<br />

6 Rédiger plusieurs paragraphes<br />

1. Thème du débat : différence entre les romans réalistes<br />

et les romans naturalistes.<br />

2. Tableau complété :<br />

275


276<br />

Thèse : le roman réaliste ou naturaliste est une<br />

photographie minutieuse de la société française<br />

de la fin du xIx e siècle.<br />

1 er § Argument 1 : il promène le lecteur dans le Paris<br />

de cette époque.<br />

Exemple 1 : les textes réalistes et naturalistes installent<br />

le lecteur dans une réalité, souvent datée et localisée<br />

avec précision.<br />

➜ p. 266 : H. de Balzac, Le Père Goriot<br />

➜ p. 300 : É. Zola, Thérèse Raquin<br />

2 e § Argument 2 : ces romans donnent à voir la société<br />

dans son ensemble ; ils ne s’intéressent pas seulement<br />

à ceux qui ont du pouvoir sur le reste de la société.<br />

Exemple 2 : le personnage principal de « La retraite<br />

de M. Bougran » s’inspire des petits fonctionnaires.<br />

➜ p. 307 : J.-K. Huysmans, « La retraite de M. Bougran »<br />

3. Exemple de rédaction des deux paragraphes de la<br />

thèse :<br />

Le roman réaliste ou naturaliste est une photographie<br />

minutieuse de la société de la fin du<br />

XIX e siècle.<br />

Ce type de roman installe le lecteur, souvent dès<br />

l’incipit, dans une réalité datée et localisée avec précision.<br />

Zola ouvre ainsi son premier roman naturaliste<br />

Thérèse Raquin par une description de la rue<br />

sombre et sordide dans laquelle se trouve la maison<br />

où habite la famille. La suite du récit raconte précisément<br />

les étapes des relations entre Thérèse, son<br />

mari, sa belle-mère et son amant. La focalisation<br />

externe montre une vie simple mais heureuse, avec<br />

le champ lexical du bonheur calme : « la force de leur<br />

union… le visage épais et souriant de Laurent… de<br />

douces et calmes soirées… des paroles amicales…<br />

une égale affection… dans l’air tranquille… », où<br />

nous observons l’importance de l’amitié entre les<br />

deux hommes, le mari et l’amant. La focalisation<br />

interne révèle les pensées de Thérèse qui exprime sa<br />

haine de cette réalité « bourgeoise » sans vie, marquée<br />

par l’antithèse suivante : « elle opposait cette<br />

scène brûlante à la scène morte qu’elle avait sous<br />

les yeux ». Le narrateur entre dans la conscience de<br />

Thérèse pour bien montrer le jeu des apparences. Et<br />

il élargit son observation de la société.<br />

Antithèse : mais des éléments permettent<br />

de différencier précisément le roman naturaliste<br />

et le roman réaliste.<br />

Argument 1 : les textes naturalistes font appel à la<br />

métaphore et à la personnification, procédés épiques<br />

qui amplifient la référence au réel.<br />

Exemple 1 : le marteau décrit dans la nouvelle<br />

« Le Forgeron » est personnifié, rendu vivant<br />

(comparaisons et métaphores).<br />

➜ p. 305 : É. Zola, « Le Forgeron »<br />

Argument 2 : les romans naturalistes sont fondés sur<br />

une vision scientifique : l’hérédité permet d’expliquer<br />

l’évolution d’un personnage, d’une famille, de la société<br />

dans son ensemble.<br />

Exemple 2 : la famille des Rougon-Macquart donne<br />

à Zola l’occasion de suivre la généalogie d’une lignée<br />

marquée par des problèmes héréditaires.<br />

➜ p. 311 : É. Zola, La Joie de vivre<br />

En effet, les romanciers ne se contentent plus de<br />

montrer la haute société, celle qui a le pouvoir politique<br />

ou économique ; ils veulent donner une photographie<br />

de toute la société, y compris des gens<br />

du peuple, des ouvriers… C’est ainsi qu’un personnage<br />

de petit fonctionnaire peut devenir le personnage<br />

principal de Huysmans dans « La retraite de<br />

M. Bougran ». Malgré sa mise à la retraite anticipée,<br />

M. Bougran ne peut se défaire de son travail,<br />

comme si sa personnalité tout entière en dépendait.<br />

Le narrateur le montre ainsi écrivant une lettre<br />

administrative, se remémorant les termes adéquats<br />

mis entre guillemets comme pour en montrer la<br />

supériorité : « En réponse à la lettre que vous avez<br />

bien voulu m’adresser, j’ai l’honneur de vous faire<br />

connaître que ». Les pensées, les actions, les dialogues<br />

mêmes du personnage se définissent en fonction<br />

de ce travail et de « cette langue administrative<br />

qu’il fallait soigner ! ».<br />

4. La conjonction de coordination mais ou la locution<br />

adverbiale en revanche marqueraient bien l’opposition<br />

entre thèse et antithèse.<br />

Prolongement : rédiger le devoir complet.


Fiche<br />

méthode 4<br />

Objectif : Savoir rendre compte par écrit des idées portant<br />

sur un thème donné.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 487<br />

1 Extraire l’essentiel<br />

Rédiger un compte rendu<br />

ou une synthèse<br />

➜ Livre de l’élève, p. 485<br />

1. Quelle est la place de la comédie dans la littérature et<br />

la société françaises ?<br />

2. Exemple de notes prises à partir de la synthèse de la<br />

séquence 1 :<br />

– origines de la comédie : l’Antiquité (Grèce et<br />

Rome) ;<br />

– sources des comédies de Molière : le type du<br />

misanthrope (Ménandre) ou de l’avare (Plaute) ;<br />

– place de Molière : il se sert de l’Antiquité, des canevas<br />

italiens de la commedia dell’arte et de sa vision<br />

de la nature humaine dans la société de son temps ;<br />

– volonté de Molière : « castigat ridendo mores »<br />

(= elle corrige les mœurs par le rire) ;<br />

– instruire le spectateur tout en le divertissant.<br />

3. Notes prises en fonction des trois termes soulignés :<br />

ce qui évoque la comédie dans sa dimension littéraire,<br />

en France.<br />

4. Proposition de plan :<br />

Partie I. La comédie chez Molière : instruire et divertir<br />

1er § : les sources antiques.<br />

2e § : les canevas et les types de la commedia<br />

dell’arte.<br />

3e § : les apports personnels de Molière.<br />

Partie II. L’évolution de la comédie<br />

1er § : le marivaudage.<br />

2e § : la comédie romantique.<br />

3e § : la comédie aujourd’hui.<br />

2 Trier des notes<br />

1. Qu’est-ce qui rendrait les récits à visée argumentative<br />

plus aptes à faire adhérer un lecteur à une thèse ?<br />

2. Notes pertinentes :<br />

– récit à valeur morale ;<br />

– l’importance des dialogues ;<br />

– idées incarnées par des personnages ou des animaux<br />

;<br />

– les modalisateurs pour comprendre le point de vue<br />

de l’auteur ;<br />

– ironie, un procédé récurrent.<br />

3. Le premier élément rappelle la visée essentielle des<br />

récits argumentatifs.<br />

Les trois suivants définissent ce genre de récit.<br />

Le dernier point rappelle un procédé qui y est souvent<br />

employé.<br />

4. Quels sont les éléments de définition et les caractéristiques<br />

de l’argumentation indirecte ?<br />

3 Le fonctionnement du compte rendu<br />

1. Extraits de la synthèse ➜ p. 139 : contes de fées de<br />

son enfance ; Charles Perrault ; ces contes ne sont pas<br />

destinés uniquement aux enfants. Ils ont en effet une<br />

portée philosophique ; contes philosophiques inventés<br />

par Voltaire au XVIII e siècle ; Zadig ; Jeannot et Colin ;<br />

l’atmosphère du conte ; de nombreux auteurs ont ainsi<br />

défendu leurs thèses dans des récits fictifs, tel Montesquieu<br />

dans son roman épistolaire intitulé Lettres<br />

persanes ; passer presque inaperçus aux yeux de la<br />

censure royale.<br />

2. Liens :<br />

– compléments circonstanciels de temps pour introduire<br />

de nouveaux éléments : Quand on parle, Après<br />

les contes…<br />

– des expressions pour introduire des exemples : on<br />

classe souvent ceux de Charles Perrault ; contes philosophiques<br />

inventés par Voltaire…<br />

– connecteurs logiques pour introduire des éléments<br />

d’analyse : Ils ont en effet une portée philosophique…<br />

3. La thèse du compte rendu étant la définition de l’argumentation<br />

indirecte, n’ont pas été retenus :<br />

– les points sur « le matériau de Perrault » et « la postérité<br />

de Perrault » parce qu’ils sont trop précis pour un<br />

travail d’analyse sur les diverses formes d’argumentation<br />

indirecte ;<br />

– le schéma du conte, préalable au travail sur le genre<br />

précis du conte ;<br />

– l’exemple développé de Jeannot et Colin remplacé<br />

par un texte plus connu de Voltaire, le chapitre sur la<br />

277


encontre entre Candide et le nègre de Surinam, également<br />

présent dans le manuel ➜ p. 149 ;<br />

– les autres exemples philosophiques et la « postérité<br />

du roman philosophique » parce qu’on a mis en valeur<br />

les formes, et non la chronologie des textes relevant de<br />

ces formes.<br />

4 Rédiger un compte rendu<br />

On peut, au choix :<br />

– noter au fil de la lecture (lieux, temps, personnages,<br />

péripéties…) ;<br />

– prendre une page par élément à noter ;<br />

– préparer un tableau et le remplir au fil de la lecture.<br />

Les deux dernières façons de procéder ont l’avantage<br />

de classer les éléments au fur et à mesure.<br />

1. Exemple de notes prises au fil de la lecture : Un secret<br />

de P. Grimbert (2004), © Grasset et Fasquelle.<br />

– Cinq parties et un épilogue.<br />

– Narrateur personnage, un homme. Point de départ : il<br />

s’est inventé un frère.<br />

– Image très valorisante de ses parents, Maxime et<br />

Tania : beaux, sportifs…<br />

– Première mention historique : L’œuvre de destruction<br />

entreprise par les bourreaux quelques années<br />

avant ma naissance se poursuivait ainsi, souterraine…<br />

(nazisme, extermination des Juifs).<br />

– Place importante prise par le frère inventé dans son<br />

enfance.<br />

– Deuxième partie : passé de ses parents.<br />

– Indices donnés au lecteur pour comprendre que le<br />

frère n’est peut-être pas inventé : Je me suis si longtemps<br />

cru le premier, le seul. J’aurais aimé naître des<br />

amours de mes parents à Saint-Gaultier, au retour de<br />

leurs promenades nocturnes, dans leur petite chambre<br />

sous les toits.<br />

– Troisième partie : adolescent, il a vu des images de<br />

l’extermination des Juifs et il apprend, ou comprend<br />

enfin la vérité, il était lui aussi juif : J’avais quinze ans<br />

et cette nouvelle donne changeait le fil de mon récit.<br />

[…]<br />

2 et 3. Exemple de résumé de l’intrigue de L’Étranger<br />

d’Albert Camus (extrait, 1957, © Gallimard), en étudiant<br />

des procédés d’écriture.<br />

Première partie composée de six chapitres :<br />

– deux premières phrases frappantes, qui posent d’emblée<br />

problème au lecteur : Aujourd’hui, maman est<br />

morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas.<br />

=> narrateur personnage, focalisation interne ; pas de<br />

précisions temporelles ;<br />

278<br />

– quatre premiers chapitres sans événements saillants :<br />

vie quotidienne reprend ses droits après l’enterrement<br />

de sa mère => aucune manifestation de sentiment ;<br />

– chapitre 5 : le meurtre d’un Arabe par le personnage,<br />

Meursault. Description de l’événement mais pas d’explication.<br />

Le narrateur ne sait pas pourquoi il l’a tué.<br />

Deuxième partie composée de cinq chapitres :<br />

– arrestation puis interrogatoires, procès…<br />

– tout ce que dit, fait ou a fait l’accusé et tout ce qu’on<br />

dit de lui, se retourne contre lui pour en faire un être<br />

froid, sans conscience des autres, sans sentiment. Il<br />

est finalement accusé d’avoir prémédité le meurtre de<br />

l’homme et, à la fin du roman, il attend son exécution.<br />

4. Compte rendu de lecture<br />

Ordre possible :<br />

– brève présentation de l’auteur et du contexte de<br />

rédaction et de publication ;<br />

– résumé de l’intrigue en le rattachant à la structure<br />

(ordre chronologique ou distorsions) ;<br />

– thèmes et personnages qui se détachent fortement<br />

de l’ensemble ;<br />

– vision du monde qui ressort de ce récit ;<br />

– bilan personnel ;<br />

– ouverture : comparaison avec une œuvre étudiée en<br />

classe ou un film sur un thème voisin.<br />

5 Rédiger une synthèse<br />

1. Analyse des sujets :<br />

– Qu’est-ce que le théâtre classique ?<br />

Définition historique et littéraire : un genre, le théâtre,<br />

à une époque donnée, le classicisme.<br />

– Quel est l’intérêt d’un conte philosophique ?<br />

Travail sur l’efficacité d’un genre, le conte philosophique.<br />

Pourquoi écrit-on et lit-on ce type de récits ?<br />

– L’évolution de l’écriture poétique.<br />

Travail chronologique sur un genre, la poésie.<br />

– Qu’est-ce qu’un héros de roman ?<br />

Définition de la matière même de l’écriture narrative :<br />

les personnages.<br />

2. Qu’est-ce que le théâtre classique ?<br />

3. Exemple de notes prises à partir du manuel<br />

Partie II, chapitre 3 ➜ p. 376 :<br />

– définition du théâtre : texte dans lequel une intrigue<br />

se développe sous la forme de dialogues ; mais c’est<br />

aussi une représentation devant un public.<br />

L’évolution de la comédie, synthèse ➜ p. 65 et Sources<br />

et règles de la tragédie classique, synthèse ➜ p. 84 :<br />

– époque concernée : deuxième moitié du xvii e siècle, le<br />

siècle de Louis xIV ;


– le manifeste du mouvement : Nicolas Boileau, Art<br />

poétique (1674) : règles de la bienséance et de la vraisemblance,<br />

règle des trois unités ;<br />

– et ensuite ? Marivaux, Beaumarchais…<br />

Notices biographiques ➜ p. 544-551 :<br />

– les auteurs : Pierre Corneille, qui passe du baroque<br />

au classicisme, Molière et Racine. Deux ont écrit des<br />

tragédies (Corneille et Racine), l’autre des comédies ;<br />

– Racine, Phèdre, Andromaque, Bérénice… Corneille,<br />

Horace, Rodogune, Polyeucte… Molière, L’Avare, Les<br />

Fourberies de Scapin, Le Malade imaginaire…<br />

Etc.<br />

Notes à partir d’une encyclopédie fiable : définition<br />

du classicisme dans l’Encyclopédie Universalis, par<br />

exemple.<br />

4. Introduction et plan de la synthèse :<br />

Le théâtre est un genre hybride à la fois texte<br />

et spectacle. Il met en scène des paroles échangées<br />

entre des personnages suivant des didascalies,<br />

c’est-à-dire des informations sur le décor, le<br />

ton que doivent adopter les acteurs, leurs gestes,<br />

mouvements, attitudes, les accessoires utilisés…<br />

Au XVIIe siècle, le théâtre, et en particulier la tragédie,<br />

est le genre le plus important : réussir en tant<br />

qu’écrivain, c’est réussir au théâtre. C’est encore<br />

plus vrai dans la deuxième moitié du siècle, quand le<br />

roi Louis XIV affirme son goût tout particulier pour<br />

l’art dramatique. Le classicisme se définit alors,<br />

au fil des pièces, par un certain nombre de règles<br />

et de contraintes que respectent ou contournent<br />

Corneille, Molière et Racine. Nous verrons d’abord<br />

quels sont ces codes, puis nous brosserons un<br />

tableau de la production théâtrale classique avant<br />

d’évoquer la postérité du classicisme au-delà de ses<br />

limites historiques.<br />

Partie I. Les règles du classicisme<br />

1er § : Boileau et commentaire.<br />

Remarque : en 1674, Boileau met en forme a posteriori<br />

des règles implicitement respectées depuis des décennies.<br />

2e § : la vraisemblance au XVIIe siècle : le spectateur<br />

assis sur son fauteuil pendant deux heures au plus<br />

ne croirait pas à un spectacle qui l’emmènerait dans<br />

divers endroits et qui se déroulerait sur plusieurs<br />

jours. D’où la règle des unités de lieu et de temps.<br />

3e § : la bienséance : les codes de la société de cette<br />

époque, la puissance de la religion…<br />

Partie II. La production théâtrale classique<br />

1er § : Corneille : le passage du baroque au classicisme,<br />

le cas du Cid.<br />

2e § : Racine : le tragédien par excellence, l’exemple<br />

de Phèdre.<br />

3e § : Molière : celui qui concentre toutes les sources<br />

(Antiquité, commedia dell’arte, farces) pour créer<br />

une nouvelle comédie.<br />

Partie III. La postérité du classicisme<br />

1er § : les dramaturges du XVIIIe siècle continuent à<br />

respecter ces règles.<br />

2e § : la rupture du romantisme, en réaction au classicisme<br />

(Hugo).<br />

3e § : ce qu’il en reste aujourd’hui.<br />

Prolongement : ouvrir sur la synthèse de documents<br />

(B.T.S, D.U.T.), en présentant aux élèves l’esprit<br />

de cette épreuve, et en l’appliquant à un corpus de<br />

Seconde, réduit et moins ambitieux.<br />

279


C H A P I T R E<br />

Fiche<br />

méthode 1<br />

Objectif : Lire efficacement un texte à commenter et en<br />

faire ressortir les principales caractéristiques<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 493<br />

Supports Textes<br />

Dates : contexte<br />

historique, littéraire<br />

280<br />

4<br />

Rédiger un commentaire<br />

littéraire<br />

➜ Livre de l’élève, p. 488<br />

Découvrir le texte et dégager<br />

ses intérêts littéraires<br />

➜ Livre de l’élève, p. 490<br />

A<br />

Thérèse Raquin<br />

➜ p. 300<br />

oBserVer<br />

1 Tirer profi t du paratexte<br />

B<br />

Poèmes saturniens,<br />

« Mon rêve familier »<br />

➜ p. 226<br />

C<br />

Des délits et des peines<br />

➜ p. 154<br />

1867, naturalisme 1866, symbolisme 1764, siècle des Lumières<br />

Objet d’étude Le roman et la nouvelle au<br />

xix e siècle : réalisme<br />

et naturalisme<br />

Auteur Émile Zola âgé<br />

de 25 ans<br />

Genre roman, le premier<br />

de Zola<br />

Thème(s) comédie des amants adultères<br />

=> soirées chez les Raquin<br />

2 Faire des recherches complémentaires<br />

Support : J. Racine, Andromaque ➜ p. 72<br />

1. Pyrrhus, épris d’Andromaque, exprime sa fureur (v. 6)<br />

et sa juste colère (v. 7) contre cette femme qui le rejette<br />

et veut se venger : Le fils me répondra des mépris de<br />

la mère (v. 8) ; constatant qu’elle est prête à mourir<br />

avec son fils, il l’envoie auprès de lui, espérant qu’en le<br />

voyant, elle changera d’avis : songez à le sauver (v. 22).<br />

2. Situation de l’extrait dans l’œuvre : dernière scène de<br />

l’acte d’exposition.<br />

La poésie du xix e au xx e siècle :<br />

du romantisme au surréalisme<br />

Paul Verlaine, poème<br />

autobiographique<br />

sonnet => musicalité,<br />

expression lyrique<br />

mélancolie, état d’âme<br />

évoquant la planète Saturne<br />

Genres et formes<br />

de l’argumentation :<br />

xvii e et xviii e siècles<br />

Beccaria, juriste<br />

et économiste italien<br />

traité proche des idées<br />

du philosophe Montesquieu<br />

justice arbitraire ; abolition<br />

de la peine de mort<br />

Personnages et lieux : Pyrrhus, roi d’Épire (Grèce) et<br />

Andromaque, veuve du héros troyen Hector, captive<br />

dont Pyrrhus est amoureux.<br />

Intrigue / enjeu principal de la pièce (chapeau introductif<br />

et note 4) : fidèle à la mémoire de son mari Hector,<br />

Andromaque refuse les avances de Pyrrhus, qui<br />

menace de tuer son fils, probable ennemi futur. Quelle<br />

décision l’héroïne prendra-t-elle ?<br />

3. Informations sur la guerre de Troie et ses héros : Hector,<br />

fils de Priam, tué par Pyrrhus (= Néoptolème), luimême<br />

fils d’Achille et époux d’Hermione…


Sources : l’Iliade d’Homère, un dictionnaire de la<br />

mythologie, une encyclopédie, Internet.<br />

4. La tragédie, registres tragique et pathétique<br />

➜ partie I, séquences 3, p. 70 et 4, p. 89 ; partie II,<br />

chapitre 3 : Les notions propres au théâtre, fiche 1 : La<br />

parole théâtrale, p. 377, fiche 4 : Les registres comique<br />

et tragique, p. 386.<br />

analyser<br />

3 Se familiariser avec un texte<br />

Support : J. de La Fontaine, Fables, « Le Loup et les<br />

Bergers » ➜ p. 113<br />

1. a. Notes : information historique sur l’Angleterre (2),<br />

vocabulaire et orthographe (9) expliqués.<br />

Chapeau introductif : livre x, publié en 1678, dix ans<br />

après le premier recueil de fables => maturité de l’auteur,<br />

variété des sujets<br />

Texte : thème de la fable = la cruauté des loups et des<br />

hommes (v. 3, 24 et 27) ; Ce Loup avait raison (v. 34)<br />

=> le fabuliste prend parti pour l’animal, critique la<br />

mauvaise foi des hommes.<br />

b. La fable ➜ synthèse, p. 120 => récit allégorique qui<br />

divertit et leçon qui instruit, parfois implicite ; dimension<br />

plaisante voire satirique de la fable (critique<br />

moqueuse, grossissement des défauts humains, visée<br />

morale).<br />

2. a. Structure de la fable : récit, discours du loup, récit,<br />

discours du loup, discours du fabuliste.<br />

– v. 1-5 : présentation, par le fabuliste, du personnage<br />

et du thème => un loup rempli d’humanité réfléchit sur<br />

sa cruauté (3e personne).<br />

– v. 6-22 : réflexions du loup sur la haine que sa cruauté<br />

inspire => il décide de devenir végétarien pour être<br />

respecté (monologue intérieur, discours direct, 1re personne).<br />

– v. 23-24 : récit du fabuliste => la découverte, par<br />

le loup, de la cruauté humaine (3e personne, passé<br />

simple).<br />

– v. 25-33 : nouvelles réflexions du loup => ironisant<br />

sur la cruauté humaine, il renoue avec ses instincts carnivores<br />

(discours direct, 1re personne).<br />

– v. 34-41 : commentaires du fabuliste (emploi de nous<br />

= les hommes => généralisation, et de vous = le lecteur).<br />

b. Objectifs du texte : divertir le lecteur grâce à un récit<br />

plaisant mettant en scène un loup raisonneur et l’instruire<br />

en dispensant une morale sous forme interrogative.<br />

3. Récit : un loup philosophe veut renoncer à sa cruauté<br />

naturelle pour se faire aimer des hommes, et décide ne<br />

plus consommer de viande. Or, il se rend compte que<br />

les hommes se nourrissent comme lui, et renoue alors<br />

avec ses anciennes habitudes de crainte d’être ridicule.<br />

Morale : les hommes, aussi cruels que les loups,<br />

s’exonèrent de toute culpabilité ; la cruauté que l’on<br />

reproche aux loups n’est ni moins naturelle que celle<br />

des humains, ni plus choquante.<br />

4 Préciser les caractéristiques<br />

d’un texte<br />

Support : Bossuet, Sermon du mauvais riche ➜ p. 145<br />

1. Genre du texte<br />

a. Discours religieux prononcé par un prêtre devant les<br />

fidèles au cours d’une messe.<br />

Bossuet prononce au Louvre, lors du carême, ce sermon<br />

sur les rapports entre riches et pauvres (chapeau introductif).<br />

b. Références au christianisme (l. 5), à Dieu (l. 16, 31),<br />

au prophète Isaïe (l. 10) et au prophète Jérémie (l. 37).<br />

2. Marques de l’énonciation<br />

a. Vous (l. 10, 16, 21…) => les fidèles, ici des gens riches ;<br />

je (l. 18) => l’énonciateur, Bossuet ; on (l. 2) => les<br />

hommes en général ; nous, nos (l. 6) => les chrétiens.<br />

b. L’énonciateur sollicite avec virulence l’attention<br />

de son auditoire : Écoutez (l. 10) et s’implique dans<br />

son discours : ce que je veux dire n’est pas douteux<br />

(l. 18-19), en rappelant à tous que la charité est l’une<br />

des vertus théologales de la religion chrétienne : C’est<br />

ici la malédiction des grandes fortunes ; c’est ici que<br />

l’esprit du monde paraît le plus opposé à l’esprit du<br />

christianisme (l. 3-4).<br />

3. Deux thèmes de nature sociale : richesse ≠ misère,<br />

mais opposition surtout morale : compassion => esprit<br />

du christianisme (l. 4, 5) ≠ indifférence => esprit du<br />

monde (l. 8).<br />

=> la misère sociale touche les pauvres, la misère spirituelle<br />

touche les riches.<br />

4. Objectif = renouer avec l’esprit du christianisme,<br />

éprouver de la compassion envers les plus défavorisés<br />

sans attendre de regretter de ne pas l’avoir fait quand on<br />

sera soi-même victime du malheur et de l’ingratitude.<br />

5. Sermon fidèle aux dogmes chrétiens, mais côté provocateur<br />

=> Bossuet attaque vivement son auditoire,<br />

ton d’un prophète de malheur qui prédit un avenir terrible<br />

à un public qui a l’habitude d’être flatté : courtisans,<br />

hommes du monde.<br />

281


5 Percevoir l’originalité d’un texte<br />

Supports :<br />

Texte A : L.- F. Céline, Voyage au bout de la nuit<br />

➜ p. 319<br />

Texte B : S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 58<br />

1. Texte A : Bardamu = ouvrier chez Ford, à Detroit (travail<br />

à la chaîne).<br />

Texte B : Vladimir et Estragon = vagabonds ; Lucky<br />

= « knouk », bouffon esclave ; Pozzo = propriétaire.<br />

=> milieux défavorisés (sauf pour Pozzo), langage<br />

populaire, personnages déshumanisés, réifiés : On en<br />

devenait une machine aussi soi-même (Texte A, l. 3) ;<br />

je l’emmène, telle est ma bonté, au marché de Saint-<br />

Sauveur, où je compte bien en tirer quelque chose.<br />

(Texte B, l. 26-27).<br />

2. Texte A : roman / Texte B : pièce de théâtre, tragédie.<br />

Pour le texte B, hésitation entre tragédie et comédie<br />

=> genre de la farce tragique :<br />

– farce => personnages = caricatures grotesques ;<br />

– tragique => poids de la fatalité sur leur existence,<br />

vaine attente du dénommé Godot ; Lucky victime…<br />

6 Préparer l’étude d’un texte<br />

en autonomie<br />

Support : C. Baudelaire, Les Fleurs du mal,<br />

« Parfum exotique » ➜ p. 227<br />

1 et 2. Étape 1 :<br />

– objet d’étude : poésie du xix e siècle ; références du<br />

texte : « Parfum exotique », section « Spleen et Idéal »<br />

du recueil des Fleurs du mal, cycle de Jeanne Duval,<br />

l’une des maîtresses du poète ; note de vocabulaire<br />

=> tamariniers / milieu tropical ;<br />

– recherches complémentaires dans le manuel<br />

(➜ séquence 11, p. 224 ; notice biographique, p. 544) :<br />

sens du mot spleen ; réflexion sur l’antithèse Spleen<br />

et Idéal ; approfondissements sur Baudelaire et sur<br />

le recueil : thèmes, univers poétique, structure, style,<br />

réception…<br />

Étape 2 :<br />

• Se familiariser avec le texte :<br />

– genre littéraire et type de texte : poésie, sonnet descriptif<br />

;<br />

– thèmes :<br />

=> exotisme et voyage : île paresseuse, nature (v. 5),<br />

Des arbres singuliers et des fruits savoureux (v. 6), un<br />

282<br />

port rempli de voiles et de mâts (v. 10), vague marine<br />

(v. 11) ;<br />

=> sens et sensualité : soir chaud d’automne (v. 1),<br />

odeur de ton sein, odeur (v. 2, 9), parfum (v. 12), chant<br />

(v. 14) ;<br />

=> bonheur et beauté = idéal : sein chaleureux (v. 2),<br />

rivages heureux (v. 3), charmants climats (v. 9).<br />

– indices de l’énonciation et modalisateurs : je, ton<br />

=> lien intime entre l’énonciateur et la femme aimée, à<br />

laquelle il s’adresse directement ;<br />

– objectifs du texte : accéder à l’idéal par le biais des<br />

sens et des correspondances ; faire l’éloge de la sensualité<br />

féminine et de ses pouvoirs sur l’imaginaire ;<br />

transcrire par les mots une rêverie à la fois érotique et<br />

exotique…<br />

• Préciser les caractéristiques essentielles :<br />

– structure globale :<br />

1 er quatrain : début de la vision onirique (deux yeux fermés,<br />

v. 1) dans un contexte rapidement évoqué (odeur<br />

=> Je vois) ;<br />

2 e quatrain : description de l’île et de ses habitants<br />

=> suite de la vision ;<br />

1 er tercet : vision d’un port (odeur => je vois // 1 er quatrain)<br />

;<br />

2 e tercet : parfum // chant.<br />

– ton, registre(s)… : lyrisme, éloge (termes mélioratifs :<br />

heureux, charmants, vigoureux…).<br />

• Influences / originalité ?<br />

– tradition de l’utopie : île paradisiaque, image du bonheur,<br />

de l’idéal ;<br />

– registre et thèmes // esthétique romantique<br />

=> lyrisme, nature idéalisée, exotisme, rêve ;<br />

– descriptions // esthétique parnassienne => jeux de<br />

lumière, sonnet // tableau, mot rare à la rime : tamariniers<br />

;<br />

– paysage-état d’âme // esthétique symboliste<br />

=> rivages heureux, charmants climats ;<br />

– aspects originaux, propres à l’univers baudelairien :<br />

correspondances, sensualité féminine = voie d’accès au<br />

rêve et à l’idéal, motif récurrent du port.<br />

Prolongement : rechercher d’autres titres de poèmes<br />

des Fleurs du mal associant l’image de la femme à<br />

l’exotisme et au voyage => rechercher les points communs<br />

afin de mieux caractériser l’idéal selon Baudelaire.


Fiche<br />

méthode 2<br />

Objectif : Analyser l’écriture du texte afin de trouver le<br />

fil conducteur du commentaire.<br />

APPLICATION Molière, Les Femmes<br />

savantes ➜ p. 491<br />

Étape 4 Formuler un projet de lecture ➜ p. 495<br />

questions<br />

1. tirade, scène d’exposition.<br />

Formuler un projet de lecture<br />

à partir de l’analyse détaillée<br />

➜ Livre de l’élève, p. 494<br />

2. caractère prétentieux, autoritaire ≠ ridicule<br />

=> Armande veut qu’on la respecte ≠ on se moque<br />

d’elle car elle se discrédite par ses excès, son aveuglement,<br />

ses manies (= personnage de comédie).<br />

3. Dans quelle mesure cette tirade argumentative<br />

permet-elle au dramaturge d’offrir au spectateur une<br />

satire des précieuses ?<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 496<br />

1 Déterminer les intérêts majeurs<br />

d’un récit<br />

Support : Stendhal, Le Rouge et le Noir ➜ p. 262<br />

1. Étapes 1 et 2 :<br />

– héros, thèmes du roman, contexte social et politique :<br />

ascension sociale d’un jeune homme ambitieux – scierie<br />

familiale – père qui le hait – précepteur des enfants<br />

de M. de Rênal, maire de Verrières (Franche-Comté)<br />

– passion pour leur mère – Julien en danger : cache<br />

in extremis un portrait de Napoléon qui l’aurait compromis<br />

et s’éloigne du château de Vergy où la famille<br />

passe l’été ;<br />

– genre : roman ;<br />

– mouvement littéraire : 1830 => entre romantisme<br />

(solitude, nature sauvage…) et réalisme (héros ambitieux,<br />

regard porté sur la société contemporaine).<br />

2. Tableau d’analyse (lecture linéaire) :<br />

Relevés Analyses Interprétations<br />

1 er § :<br />

marche dans<br />

la nature, sensations<br />

agréables<br />

2 e § :<br />

suite de l’ascension,<br />

réflexions intimes<br />

de Julien<br />

3 e § :<br />

contemplation<br />

des sommets<br />

4 e § : doutes<br />

sur l’avenir<br />

– champ lexical du paysage, de la nature : rochers,<br />

bois, forêt, montagne, hêtres, soleil<br />

– champ lexical des perceptions (sensorielles et esthétiques) :<br />

sensible, beauté, fraîcheur délicieuse, chaleur<br />

– connotation méliorative des adjectifs : ravissante, délicieuse,<br />

haut<br />

– temps de la narration : imparfait dominant<br />

(descriptions, durée indéterminée), plus rare : passé simple<br />

(actions ponctuelles => il se trouva debout)<br />

– focalisation zéro => D’énormes quartiers de roches<br />

nues étaient tombés jadis… ; focalisation interne<br />

=> Julien… regardait<br />

– statut du narrateur : extérieur, vision surplombante<br />

(Il fut presque sensible…)<br />

– énonciation / changements : de il à je discours<br />

direct => monologue intérieur (Je)<br />

– connotations de l’oiseau de proie : mouvements tranquilles<br />

et puissants, il enviait cette force, il enviait cet isolement<br />

– phrase interrogative<br />

– conditionnel présent : projection vers un avenir hypothétique,<br />

espoir et non certitude => dénouement<br />

– nature sauvage,<br />

romantique : beauté d’un<br />

paysage tourmenté, refuge<br />

propice à la réflexion et<br />

puissance symbolique du<br />

soleil (lumière aveuglante)<br />

– monde extérieur // univers<br />

intérieur du héros : solitude<br />

au sein d’une nature<br />

chaotique, regard tourné<br />

vers les hauteurs // doutes,<br />

sentiment d’être isolé, d’être<br />

à part => origines modestes,<br />

mais ambitions élevées<br />

– rêves et ambitions<br />

du héros => doubles<br />

métaphoriques et sublimés<br />

du héros : l’épervier et<br />

Napoléon (symbole : l’aigle)<br />

283


2 Déterminer les intérêts majeurs<br />

d’un dialogue<br />

Support : S. Beckett, En attendant Godot ➜ p. 58<br />

1. Étapes 1 et 2 : théâtre de l’absurde – situations<br />

incongrues / réflexions philosophiques – Vladimir et<br />

Estragon = vagabonds qui attendent en vain sur une<br />

route de campagne – milieu de l’acte I : rencontre de<br />

Pozzo (propriétaire) et Lucky (knouk, esclave bouffon<br />

maltraité) – entre comédie (=> personnages modestes,<br />

langage simple, dialogues insolites, comique de répétition)<br />

et tragédie (=> attente vaine, rapports de force<br />

violents, registre pathétique).<br />

2. Tableau d’analyse (lecture transversale) :<br />

Relevés Analyses Interprétations<br />

Pozzo, le maître :<br />

– vous, Messieurs, je<br />

– Atlas, fils de Jupiter !<br />

– Vous dites ?<br />

– telle est ma bonté<br />

– tel est son misérable calcul / je vais<br />

vous le dire / coups de pied dans<br />

le cul<br />

– Remarquez que j’aurais pu être<br />

à sa place et lui à la mienne.<br />

Si le hasard ne s’y était pas opposé.<br />

Vladimir et Estragon, vagabonds :<br />

– réponses brèves et décalées :<br />

Attention ! Comment ?<br />

– répétition de la même question :<br />

Vous voulez vous en débarrasser ?<br />

Lucky, l’esclave :<br />

– silencieux (aucune réplique)<br />

Didascalies :<br />

– Jeu du vaporisateur et jeu du<br />

mouchoir<br />

– Tous les trois regardent Lucky<br />

et Estragon hésite.<br />

–Silence<br />

284<br />

– abondance de je et de vous, pour<br />

les clochards => Pozzo au centre<br />

du dialogue<br />

– ton condescendant<br />

– pédant mais ignare : Atlas = fils<br />

de Japet, un Titan ≠ fils de Jupiter<br />

– antiphrase : mauvaise foi ou ironie<br />

=> il le maltraite sans pitié et le vend<br />

comme un objet<br />

– langages soutenu, courant<br />

et familier mêlés, connotations<br />

péjoratives et champ lexical de la<br />

violence : homme de peine, comme<br />

un porc, vieux chiens, chasser,<br />

les tuer (généralisation)<br />

– exclamations, interrogations<br />

=> impressionnés par Pozzo<br />

– procédé comique => absurde,<br />

décalage entre la question répétée<br />

et les réponses<br />

– jeu des acteurs<br />

=> renforcent l’absurde, la tension<br />

et la gêne des clochards (on meuble<br />

l’ennui, le vide)<br />

– vaporisateur = objet luxueux<br />

pour les clochards<br />

=> rythme du dialogue : pesant<br />

3 De l’analyse au projet de lecture<br />

d’un récit<br />

Support : Fontenelle, Histoire des oracles ➜ p. 117<br />

1. Étapes 1 et 2 :<br />

– thème : Fontenelle oppose croyances et superstitions<br />

à la raison et donne des exemples => l’importance de la<br />

réflexion par rapport au jugement hâtif ;<br />

– genre : traité historique (titre : Histoire des oracles) et<br />

philosophique (réflexion sur les superstitions) ;<br />

– type : texte argumentatif (thèse, arguments, exemples)<br />

=> brève anecdote plaisante à visée didactique = apologue,<br />

exemple destiné à illustrer l’argumentation.<br />

– relation maître / esclave : Pozzo<br />

autoritaire, égocentrique, méprisant<br />

=> retourne la situation en se<br />

présentant comme victime de Lucky<br />

– dialogue de sourds : Pozzo ne<br />

répond pas aux questions, se livre à<br />

des digressions, des commentaires,<br />

des justifications<br />

– thèmes philosophiques : le hasard,<br />

la chance, la fatalité, le déterminisme<br />

– personnages humains ou<br />

déshumanisés ?<br />

– les deux vagabonds = du mécanique<br />

plaqué sur du vivant (H. Bergson,<br />

Le Rire)<br />

– Lucky, victime muette => l’absence<br />

de communication le déshumanise<br />

– Pozzo inhumain à cause de son<br />

cynisme et de sa cruauté


2. Tableau d’analyse (lecture linéaire) :<br />

Relevés Analyses Interprétations<br />

1 er et 2 e § : introduction de l’anecdote<br />

– Ce malheur ≠ si plaisamment<br />

– fin du siècle passé et savants<br />

d’Allemagne<br />

3 e § : l’anecdote => un exemple<br />

– En 1593 – Silésie – sept ans -<br />

université de Helmstad – en 1595…<br />

– le bruit courut<br />

– prétendit<br />

– Dieu, chrétiens, Turcs<br />

(= musulmans), miracle<br />

– Figurez-vous…<br />

– Horstius, Rullandus, Ingolsteterus,<br />

Libavius (la même année, encore,<br />

Deux ans après… / contre, réplique…)<br />

– beaux ouvrages, grand homme,<br />

belle et docte réplique…<br />

– Quand… verbe examiner<br />

– mais on commença… / et puis<br />

4 e § : conclusion => lien entre thèse et<br />

anecdote // exemple<br />

– Cela veut dire que…<br />

– ignorance ; vrai ≠ faux<br />

Remarque : SI = situation initiale, D = dénouement,<br />

P = péripéties, R = rebondissements, SF = situation<br />

finale.<br />

3. Projets de lecture :<br />

– pourquoi Fontenelle a-t-il complété son argumentation<br />

directe par cette anecdote plaisante ?<br />

– de quelle manière ce texte conjugue-t-il les deux missions<br />

de l’apologue, instruire et divertir ?<br />

4 De l’analyse au projet de lecture<br />

d’un discours<br />

Support : Diderot, Supplément au voyage<br />

de Bougainville ➜ p. 174<br />

1. a. Étapes 1 et 2 :<br />

1796 => Siècle des Lumières – œuvre engagée, s’attaquant<br />

à la colonisation – publication posthume – per-<br />

– je => implication de l’énonciateur<br />

– hyperboles et oxymore (=> ce renvoie à<br />

ridicule, cf. lignes qui précèdent)<br />

– présentation du cadre spatio-temporel du<br />

récit<br />

Schéma narratif :<br />

SI : découverte de la dent d’or : précision des<br />

détails => effet de réel, mais faits du passé et<br />

rumeurs<br />

D : explication d’un savant, un miracle<br />

=> importance de la religion dans la société<br />

– lecteur sollicité par l’énonciateur => prise de<br />

conscience nécessaire<br />

P : compétition entre les savants,<br />

enchaînements des écrits et noms latins des<br />

cuistres sans compétence (satire)<br />

– antiphrases (stratégie argumentative =<br />

l’ironie, la persuasion)<br />

R : l’explication de l’orfèvre => la supercherie<br />

révélée<br />

SF : bilan de l’histoire => absurdité de la<br />

démarche // thèse démontrée<br />

– généralisation (toutes sortes de matières<br />

≠ nous)<br />

– explication => argumentation directe<br />

– antithèse => erreurs répandues, à éviter<br />

– savants ridicules<br />

=> thème de comédie<br />

– contexte de conflit politicoreligieux<br />

=> montée des<br />

peurs, de l’irrationnel<br />

– savant = scientifique<br />

rigoureux ≠ ici : faux savants,<br />

imposteurs => mystification,<br />

paresse intellectuelle, ou<br />

fanatisme ?<br />

– explications surnaturelles,<br />

absence de preuves<br />

scientifiques, livres inutiles,<br />

qui se répètent ou se<br />

contredisent<br />

– efficacité de l’orfèvre :<br />

esprit d’examen, thème des<br />

Lumières<br />

– portée didactique du texte<br />

sonnages = A et B => dialogue argumentatif à propos<br />

des découvertes de Bougainville sur les îles d’Otaïti,<br />

(voyage autour du monde de 1766 à 1769) – thèse de<br />

A : le récit du mathématicien est une fable ≠ thèse de<br />

B : il y a de la sincérité dans cette œuvre => lecture<br />

d’extraits du Supplément de ce voyage (texte de Diderot,<br />

en réalité) : adieux à Bougainville par un vieux<br />

chef tahitien (= début de cette lecture) => discours<br />

polémique du vieillard à Bougainville, nommé chef des<br />

brigands (l. 19).<br />

b. Sur Diderot ➜ notice biographique, p. 546 ; sur les<br />

Lumières : ➜ synthèse, p. 179 ; repères historiques,<br />

p. 22<br />

285


2. Tableau d’analyse (lecture transversale) :<br />

Relevés Analyses Interprétations<br />

– tu, nous-nos, vous-vos, on<br />

– innocents, heureux,<br />

pur instinct de la nature, femmes…<br />

communes, Vous êtes deux enfants<br />

de la nature ≠ brigands, folles, féroces,<br />

fureurs, haïr, folles, bagatelles, inutiles<br />

lumières<br />

– libres ≠ esclaves, esclavage,<br />

asservir…<br />

– à nous, à toi, aux habitants de Tahiti<br />

/ vol de toute une contrée<br />

– Tu es le plus fort ! Et qu’est-ce que<br />

cela fait ?<br />

– Tu n’es pas esclave : tu souffrirais<br />

plutôt la mort que de l’être, et tu veux<br />

nous asservir ! Le Tahitien est ton<br />

frère.<br />

– Tu crois donc que le Tahitien ne sait<br />

pas défendre sa liberté et mourir ?<br />

3. Projet de lecture : en quoi ce discours tient-il à la fois<br />

du réquisitoire et du plaidoyer ?<br />

5 De l’analyse au projet de lecture<br />

d’un poème<br />

Support : A. Rimbaud, « Au Cabaret-Vert » ➜ p. 231<br />

1. Étapes 1 et 2 :<br />

286<br />

– indices de l’énonciation => ton accusateur<br />

(tu = Bougainville, vous = Les Européens,<br />

nous = les habitants de Tahiti)<br />

– éloge de la vie naturelle ≠ blâme d’une civilisation<br />

corruptrice => adjectifs mélioratifs. (cf. thèses de<br />

Rousseau)<br />

arguments<br />

=> éloge de la morale naturelle des Tahitiens<br />

≠ immoralité des Européens<br />

– usurpation / inégalité de traitement : vol de toute<br />

une contrée / enlevé une des méprisables bagatelles<br />

dont ton vaisseau est rempli ; Laisse-nous nos mœurs ;<br />

elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes<br />

(comparatifs de supériorité)<br />

– thèse : ne nous faites pas subir ce que vous ne<br />

souhaiteriez pas subir vous-même<br />

– ton de la colère : exclamatives<br />

– éloquence, talent oratoire : questions rhétoriques<br />

– menaces adressées à Bougainville, mais surtout<br />

message au peuple tahitien => refus de la soumission<br />

– vieillard Tahitien<br />

≠ Bougainville /<br />

peuple colonisé<br />

≠ peuple<br />

colonisateur<br />

– paradoxe => non<br />

respect des dogmes<br />

chrétiens : les<br />

hommes sont tous<br />

frères<br />

– registre polémique<br />

(mots= armes du<br />

vieillard)<br />

Arthur Rimbaud, jeune poète fugueur (octobre 1870, il a<br />

16 ans) => thèmes récurrents : déambulation, auberge,<br />

jeune servante – sonnet lyrique et sensuel – moment<br />

d’intense bonheur familier, en fin d’après-midi. (cinq<br />

heures du soir) – Charleroi, la Wallonie.<br />

2. Tableau d’analyse (lecture linéaire) :<br />

Relevés Analyses Interprétations<br />

1 er quatrain :<br />

Depuis huit jours, j’avais déchiré…<br />

J’entrais à Charleroi. / Au Cabaret-Vert<br />

je demandai des tartines …<br />

2 e quatrain :<br />

– Bienheureux,<br />

– je contemplai les sujets très naïfs…<br />

– Et ce fut adorable<br />

– fille aux tétons énormes…<br />

1 er tercet :<br />

– Celle-là, ce n’est pas un<br />

baiser qui l’épeure ! Rieuse<br />

– tartines de beurre, jambon<br />

tiède, dans un plat colorié,<br />

2 e tercet :<br />

– Du jambon rose et blanc<br />

parfumé d’une gousse / D’ail,<br />

– et m’emplit la chope<br />

immense, avec sa mousse / Que dorait<br />

un rayon de soleil arriéré.<br />

Récit chronologique :<br />

– marche (analepse au plus-que parfait, repère<br />

temporel)<br />

– arrivée au cabaret (imparfait, noms propres)<br />

– commande de victuailles (passé simple)<br />

Vocabulaire des sentiments et des sensations :<br />

Bienheureux, contemplai, adorable<br />

Portrait de la servante : hyperboles => sensualité<br />

Sorte d’aparté : discours direct, langage familier,<br />

phrase exclamative<br />

épithète détachée => renvoie à la fille (v. 8)<br />

Détails concrets / tableau => sens de la composition,<br />

des formes et de la couleur<br />

Importance des sens (visuel, olfactif)<br />

Hyperbole => ivresse des sens / plaisir<br />

esthétique, visuel et gustatif (=> correspondances<br />

baudelairiennes)<br />

Champ lexical de la lumière : touche finale (glacis)<br />

– une scène ancrée<br />

dans la réalité,<br />

détails prosaïques<br />

=> effet de surprise<br />

– gourmandise<br />

adolescente, plaisirs<br />

simples<br />

– observation<br />

attentive du monde<br />

qui l’entoure ; sens<br />

en éveil<br />

– lyrisme<br />

– syntaxe libre,<br />

comme le poète.<br />

Ton enjoué, légèreté<br />

– sonnet = cadre<br />

qui met en valeur le<br />

tableau


3. Intérêts majeurs dégagés :<br />

– un tableau = scène de genre mise en valeur grâce à la<br />

concentration imposée par la brièveté du sonnet ;<br />

– une conception simple et sensuelle du bonheur =<br />

capacité du poète à savourer les plaisirs de la vie ordinaire<br />

;<br />

Fiche<br />

méthode 3<br />

Objectif : Organiser un développement équilibré et<br />

progressif.<br />

APPLICATION Molière, Les Femmes<br />

savantes ➜ p. 491<br />

Étape 5 Structurer un plan détaillé à partir du projet de<br />

lecture ➜ p. 497<br />

questions<br />

1. Rapport concessif : certes… mais => première thèse<br />

nuancée ensuite par une lecture plus attentive de la<br />

tirade.<br />

2. D’abord => 1er argument, le plus visible, au service<br />

de la thèse de la partie I.<br />

Ainsi => 1re conséquence de ce constat (sur le caractère<br />

d’Armande).<br />

Donc => 2e conséquence, plus générale (sur la condition<br />

féminine).<br />

En effet => confirmation, justification de la thèse de la<br />

partie II (les excès d’Armande).<br />

Ainsi => conséquence (raisonnement trop manichéen<br />

=> échec de l’argumentation).<br />

Finalement => conclusion de la partie (autorité d’Armande<br />

mise en cause => satire).<br />

3. 1re partie = image qu’Armande veut donner d’elle<br />

(apparences).<br />

2e partie = image que Molière donne d’Armande (sa<br />

vraie personnalité).<br />

– un lyrisme original, un ton libre et léger ≠ forme fixe<br />

et contraignante du sonnet.<br />

4. Projet de lecture : quelle image du bonheur le<br />

lyrisme de ce sonnet met-il en valeur ?<br />

Prolongement : formuler deux autres projets de lecture<br />

pour ce poème de Rimbaud.<br />

Construire un plan de développement<br />

de commentaire<br />

➜ Livre de l’élève, p. 497<br />

=> la 1 re partie correspond à une 1 re lecture, la 2 de va<br />

au-delà des apparences.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 499<br />

1 Du projet de lecture au développement<br />

Voltaire, Micromégas ➜ p. 499<br />

1. a. Le projet de lecture a met clairement en relation le<br />

genre et le thème du texte.<br />

b. Le projet b est hors-sujet => vie de l’auteur, époque<br />

postérieure à Micromégas ; le projet c offre des perspectives<br />

trop limitées, il résume le texte sans prendre<br />

de recul sur ses aspects littéraires.<br />

2. discours => art oratoire, éloquence mettant en valeur<br />

l’argumentation.<br />

conte philosophique, personnages imaginaires<br />

=> récit fictif à visée didactique, qui défend une thèse<br />

philosophique, ici le relativisme, la propension des<br />

hommes à dominer et faire la guerre, malgré leur<br />

grande intelligence et leur savoir.<br />

condamner => texte polémique, perspective critique.<br />

3. Parties du plan :<br />

Partie I. Divertir : le discours de Micromégas est<br />

conforme à la définition du conte => image utopique<br />

de la sagesse humaine.<br />

Partie II. Instruire : mais ce discours élogieux permet<br />

en réalité de renforcer la critique => satire virulente<br />

du comportement belliqueux des hommes.<br />

287


2 Des parties aux paragraphes<br />

C. Cros, Le Collier de griffes, « Sonnet »<br />

1. Tableau d’analyse (lecture linéaire) :<br />

Relevés Analyses Interprétations<br />

1 er quatrain :<br />

– vers 1<br />

– vers 2<br />

– vers 3<br />

– vers 4<br />

2 e quatrain<br />

– vers 5, 6,<br />

– vers 7<br />

– vers 8<br />

1 er tercet<br />

– vers 9, 10, 11<br />

(= unité de la<br />

strophe)<br />

2 e tercet<br />

– vers 1<br />

– vers 2<br />

– vers 3<br />

288<br />

– indices de l’énonciation (1 re personne mise en exergue : Moi, je…),<br />

redondance (vis la vie), métaphore (à côté), présent de l’indicatif<br />

– octosyllabes, langage simple (tournures et vocabulaire prosaïque)<br />

– antithèse : pleurant ≠ fête ; – discours direct et exclamative => rumeur<br />

publique<br />

– traduction ironique = constat initial confirmé => autodérision<br />

– paradoxes = poète en décalage : 2 exemples => effet de surprise : feu / été,<br />

usine / poète et chiasme (fantaisie / inversion)<br />

– poète-saltimbanque (cf. Baudelaire), généreux et désintéressé => du côté<br />

de la bohème ≠ des nantis<br />

– exclamative lyrique : sorte de conclusion personnelle<br />

– Beauté => anaphore, énumération, antithèse (bien ≠ mal) => thèmes<br />

baudelairiens : voyage, femme, poésie, bien et mal, à la rime après flammes<br />

= image de l’enfer ; figure du poète provocateur => qui allume le feu (v. 5), en<br />

accord avec l’oxymore du titre : Collier de griffes, parodie de la métaphore des<br />

Fleurs du mal<br />

– lassitude, découragement (trop) = savoir qui engendre le spleen<br />

(cf. Mallarmé, « Brise marine » : j’ai lu tous les livres)<br />

– 2 e constat ≠ vers 1 : le monde tourne, sans se soucier des états d’âme du<br />

poète, réminiscence hugolienne (« Soleils couchants ») ; temps personnifié :<br />

marche, pas => sentiment de solitude et d’impuissance exprimé allusivement<br />

(lyrisme discret)<br />

– exclamation / explosion lyrique (rupture) : rythme ternaire => métaphore<br />

de la rose, omniprésente chez Ronsard. Ici, pluriel => soif de beauté, d’amour<br />

/ cri s’opposant au ton désabusé initial<br />

2. Projet de lecture : comment Charles Cros renouvellet-il<br />

l’image du poète maudit dans ce sonnet ?<br />

3. a. et b. Plan détaillé :<br />

Partie I. Ce poème lyrique fait d’abord ressortir<br />

l’image du poète maudit…<br />

1er § : l’importance du « je » et la présence des sentiments<br />

=> un poème lyrique.<br />

2e § : un lyrisme à dominante mélancolique => poète<br />

maudit, marginalisé par la société.<br />

3e § : le « spleen »jamais nommé, mais bien présent<br />

=> lucidité et lassitude, découragement.<br />

Partie II. …mais il exprime, en parallèle, une conception<br />

originale de la poésie<br />

– constat : résignation ?<br />

– lyrisme désenchanté<br />

– marginalité, solitude<br />

de l’artiste, lucidité face<br />

au mépris de la société<br />

– légèreté, musicalité<br />

– liberté revendiquée<br />

– manifeste / idéal<br />

poétique<br />

– poète maudit<br />

– poète = alchimiste du<br />

verbe<br />

– sonnet original<br />

et inclassable, mais<br />

influences multiples :<br />

mal du siècle<br />

romantique, spleen<br />

symboliste, goût de la<br />

beauté (Baudelaire,<br />

Parnassiens), thèmes et<br />

formes traditionnels de<br />

la Renaissance : sonnet,<br />

fuite du temps, rose…<br />

1 er § : un sonnet d’octosyllabes aux rythmes variés<br />

=> légèreté et fantaisie renforcées par la simplicité<br />

du langage parlé.<br />

2 e § : un manifeste poétique (beauté et liberté)<br />

=> répétitions, accumulations / élan lyrique et effets<br />

de surprise.<br />

3 e § : avec de l’ancien, faire du neuf => forme du<br />

sonnet, références poétiques multiples et thèmes<br />

traditionnels transcendés par l’alchimie du langage.<br />

Prolongement : proposer un projet de lecture différent<br />

pour ce poème et construire le plan correspondant.


Fiche<br />

méthode 4<br />

Objectif : Rédiger une introduction, une conclusion,<br />

puis le développement d’un commentaire.<br />

APPLICATION Molière, Les Femmes<br />

savantes ➜ p. 491<br />

Étape 6 Rédiger l’introduction et la conclusion du commentaire<br />

➜ p. 502<br />

questions<br />

Rédiger l’introduction<br />

Rédiger l’intégralité d’un commentaire<br />

➜ Livre de l’élève, p. 500<br />

1. Entrée en matière thématique : condition des femmes<br />

et conflits familiaux et histoire littéraire : thèmes récurrents<br />

de la comédie depuis l’Antiquité, et chez Molière.<br />

2. La dernière de ces pièces…<br />

3. Projet de lecture : ce discours argumentatif révèle<br />

le tempérament prétentieux et autoritaire de ce personnage<br />

finalement ridiculisé par ses propos caricaturaux.<br />

Plan annoncé :<br />

– nous examinerons d’abord la manière dont le caractère<br />

d’Armande transparaît dans ses paroles ;<br />

– puis nous verrons que Molière se livre à la satire de<br />

cette précieuse, aveuglée par ses obsessions ;<br />

– tempérament prétentieux et autoritaire est résumé<br />

dans : le caractère d’Armande => allusion précise au<br />

comique de caractère ;<br />

– ridiculisé par ses propos caricaturaux est repris dans<br />

l’annonce du plan par le terme : satire => visée de la<br />

comédie.<br />

4. Pour ce faire : le plan précisera et développera le<br />

projet de lecture annoncé (= enchaînement).<br />

d’abord / puis : on indique clairement l’ordre des parties.<br />

Rédiger la conclusion<br />

1. On comprend alors…/ C’est donc…/ autre thème… :<br />

enchaînement de conséquences qui offrent de nouvelles<br />

perspectives.<br />

2. On s’appuie sur l’intrigue de la pièce, en sortant du<br />

cadre étroit de l’extrait, et en passant de la comédie à<br />

la tragédie.<br />

3. Médée (Euripide, Corneille, Anouilh…) : jalouse de sa<br />

rivale, elle se venge de Jason en commettant plusieurs<br />

crimes.<br />

4. Ouverture sur la satire des précieuses au xvii e siècle :<br />

Les Précieuses ridicules (1659), pièce antérieure de<br />

Molière, Les Caractères de La Bruyère, ou « La fille »,<br />

fable de La Fontaine.<br />

Étape 8 Relire le commentaire ➜ p. 503<br />

questions<br />

1. 1er § :<br />

– d’abord (l. 3) => 1re justification = argument ;<br />

– En effet (l. 3) = confirmation par l’exemple ;<br />

– alors (l. 14) = conclusion partielle.<br />

Remarque : a pour objectif (l. 6) peut être considéré<br />

comme un connecteur logique, puisqu’il précise le but<br />

de la stratégie argumentative d’Armande.<br />

2e § :<br />

– Ainsi (l. 16) => argument présenté comme conséquence<br />

de l’analyse précédente ;<br />

– puisqu’elle (l. 16) => analyse des causes, explications<br />

; Au contraire (l. 18) => opposition, poursuite de<br />

l’analyse ;<br />

– Enfin (l. 26) => conclusion du §, qui annonce la suite<br />

du raisonnement.<br />

3e § :<br />

– donc (l. 29) => conséquence de l’argument précédent<br />

;<br />

– D’un côté… D’un autre côté => justifications et<br />

mise en évidence du schéma de pensée manichéen<br />

d’Armande : valorise à outrance (l. 30) / dévalorise<br />

exagérément (l. 33-34) ;<br />

– bien => confirmation / validation du projet de lecture<br />

et des analyses précédentes (chez Armande, malgré les<br />

arguments affichés, sentiments supérieurs à la raison).<br />

2. – l. 3-4 : citation d’un GN introduite dans la phrase<br />

d’analyse au moyen du verbe évoquer, sans ponctuation<br />

particulière, sauf les guillemets : En effet, son<br />

discours évoque de manière sarcastique « un idole<br />

d’époux et des marmots d’enfants » (v. 5).<br />

– l. 5-6 : citation d’un GN qui illustre une figure de rhétorique,<br />

présentée après les guillemets : périphrase<br />

péjorative : « [l]es bas amusements de ces sortes d’affaires<br />

» (v. 7).<br />

289


– l. 23-24, 30-31 : citation de mots isolés : en faisant<br />

rimer « fille » et « famille » (v. 14-15), la noblesse de<br />

l’ « étude » et de l’ « esprit ».<br />

3. – l. 5 : « [l]es bas amusements… » => majuscule<br />

du texte remplacée par une minuscule dans la phrase<br />

d’analyse.<br />

– l. 32-33 : « la philosophie… nous monte au-dessus<br />

de tout le genre humain » (v. 19-20) => la suppression<br />

d’une partie de la phrase ne nuit pas au sens du texte<br />

cité.<br />

4. Pour éviter la paraphrase :<br />

Ex. 1 (l. 3-5) : En effet, son discours évoque de manière<br />

sarcastique « un idole d’époux et des marmots d’enfants<br />

» (v. 5) et désigne la vie conjugale par cette<br />

périphrase péjorative : « [l]es bas amusements de ces<br />

sortes d’affaires » (v. 7) => on ajoute deux éléments<br />

d’analyse en recourant à un vocabulaire précis : sarcastique<br />

et périphrase péjorative, sans quoi ce passage ne<br />

serait qu’un montage de citations.<br />

Ex. 2 (l. 15-18) : Ainsi, Armande ne respecte en rien<br />

la décision de sa sœur puisqu’elle la réfute sans<br />

utiliser la moindre concession, ce qui aurait été un<br />

moyen de nuancer sa position et peut-être de mieux<br />

se faire entendre. => le vocabulaire propre à l’analyse<br />

de l’argumentation (réfuter, concession, nuancer sa<br />

position…) montre que l’on étudie son fonctionnement,<br />

en s’appuyant aussi sur ce qui n’est pas présent dans<br />

l’écriture (ici : absence de concession).<br />

5. Transition avec la deuxième partie (question).<br />

6. Troisième paragraphe de la partie II :<br />

Finalement, Armande est une caricature de la précieuse,<br />

aveuglée par des ambitions philosophiques<br />

démesurées, et pétrie de contradictions. Son raisonnement<br />

ridicule permet donc à Molière de se livrer à<br />

une satire qui donne le ton de la pièce, dès la scène<br />

d’exposition. En effet, Armande y affirme haut et fort<br />

que « la philosophie / […] nous monte au-dessus de<br />

tout le genre humain, / Et donne à la raison l’empire<br />

souverain ». Or, ce mot « raison », dont Armande se<br />

gargarise, signifie la sagesse, la modération, autant<br />

de qualités dont cette femme ne fait aucunement<br />

preuve, puisqu’elle bafoue méchamment les désirs<br />

de sa sœur sur le ton outré du mépris : « Mon Dieu,<br />

que votre esprit est d’un étage bas ! ». Loin de nuancer<br />

ses arguments, elle accumule les hyperboles qui<br />

discréditent son propos au lieu de le rendre persuasif,<br />

comme on le voit au vers 23 où elle oppose à la<br />

raison notre « partie animale / Dont l’appétit grossier<br />

aux bêtes nous ravale. » Un tel grossissement<br />

du trait est bien le propre de la satire, qui tourne<br />

en dérision ce qu’elle veut dénoncer. Or, dans la<br />

290<br />

comédie, c’est le personnage lui-même qui exhibe sa<br />

propre caricature, sans même s’en rendre compte,<br />

pour le plus grand plaisir du spectateur.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 504<br />

1 Préparer une introduction<br />

1. Texte A : J. Racine, Bajazet ➜ p. 94<br />

La tragédie classique, magistralement représentée<br />

par Jean Racine, met en scène des personnages<br />

de rang élevé, des souverains et leur entourage,<br />

confrontés à une situation de crise. Les intrigues<br />

de ces pièces sont tirées de mythes antiques ou<br />

bibliques, ou, plus rarement, d’événements historiques<br />

se déroulant dans un contexte oriental.<br />

Texte B : D. Diderot, Supplément au voyage de Bougainville<br />

➜ p. 174<br />

Le philosophe des Lumières Denis Diderot a souvent<br />

recours au dialogue philosophique pour défendre<br />

des idées audacieuses pour son époque. Cette forme<br />

littéraire permet de ne pas imposer au lecteur une<br />

thèse univoque, mais de rendre le débat plus vivant<br />

en mettant en scène des personnages qui échangent<br />

leurs arguments et font progresser la réflexion.<br />

Texte C : G. Apollinaire, Alcools, « Zone » ➜ p. 245<br />

C’est surtout à partir du XIXe siècle, avec notamment<br />

Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud, que<br />

la ville est devenue un thème d’inspiration pour<br />

les poètes. Symbole de modernité, avec ses foules<br />

toujours en mouvement, ses audaces architecturales<br />

toujours renouvelées, elle charme et effraie tout à<br />

la fois.<br />

Texte D : É. Zola, Thérèse Raquin ➜ p. 300<br />

Le roman naturaliste, dont le grand théoricien fut<br />

Émile Zola, s’est appliqué à démonter les mécanismes<br />

humains et à comprendre quels moteurs poussent<br />

les personnages dans telle ou telle direction. Qu’il<br />

s’agisse de pulsions liées à l’hérédité ou du déterminisme<br />

social, les héros de Zola, comme ceux des tragédies<br />

antiques, ne peuvent échapper à leur destin.<br />

2. Texte A :<br />

C’est le cas de Bajazet, pièce publiée en 1672, dont<br />

l’intrigue s’inspire de l’histoire contemporaine de<br />

l’Empire ottoman et se déroule à Byzance, à la<br />

cour du sultan Amurat. Dans la scène 4 de l’acte IV,<br />

Roxane, favorite d’Amurat, mais amoureuse de<br />

Bajazet, son frère, exprime, dans un long monologue,<br />

son dépit amoureux et son sentiment de trahison,<br />

qui se transforme peu à peu en farouche désir de<br />

vengeance.


Texte B :<br />

Dans le Supplément au voyage de Bougainville,<br />

œuvre publiée en 1796, des personnages débattent<br />

au sujet de la colonisation de Tahiti. Au début du<br />

chapitre II, l’un des interlocuteurs rapporte le discours<br />

polémique d’un vieillard de l’île qui invective<br />

Bougainville, et développe un réquisitoire féroce<br />

contre les agissements des Européens, tout en faisant<br />

l’éloge de son peuple.<br />

Texte C :<br />

Guillaume Apollinaire ouvre son recueil Alcools,<br />

publié en 1913, avec le poème « Zone » rédigé<br />

durant l’été 1912 et initialement intitulé « Cri »,<br />

où il évoque la modernité industrielle de Paris.<br />

Représentant d’un mouvement poétique nommé<br />

l’ « esprit nouveau », le poète utilise le vers libre,<br />

propice à cette évocation originale de l’errance et<br />

de la marginalité.<br />

Texte D :<br />

Thérèse Raquin est le premier roman écrit par Émile<br />

Zola, alors âgé de vingt-cinq ans. Inspiré d’un fait<br />

divers, l’œuvre raconte comment un couple adultère,<br />

Thérèse et Laurent, en vient à assassiner le<br />

mari de la jeune femme, Camille. Dans le chapitre<br />

VIII, le narrateur analyse avec acuité la manière<br />

dont s’exprime la passion des amants pendant les<br />

soirées du jeudi, à l’insu de la famille Raquin.<br />

3. Projet de lecture, puis annonce du plan, texte D :<br />

Nous nous demanderons de quelle manière ce récit<br />

révèle la comédie que jouent Laurent et Thérèse pour<br />

réprimer leur désir et donner le change à la famille<br />

de la jeune femme. Ainsi, nous étudierons d’abord le<br />

déroulement rituel et le cadre et de la scène, servant<br />

de décor à cette comédie ; puis nous analyserons le<br />

jeu de Thérèse, jouant l’épouse parfaite ; enfin, nous<br />

verrons ce que cache cette image factice.<br />

2 Améliorer une introduction<br />

Support : L.- F. Céline, Voyage au bout de la nuit<br />

➜ p. 319<br />

1. Parenthèses et remarques biographiques sans rapport<br />

avec le texte sont à éliminer (du début jusqu’à<br />

antisémite) ; date de publication oubliée ; emploi du<br />

je à proscrire dans un devoir ; projet de lecture trop<br />

vague, de même que l’annonce du plan, réduite à deux<br />

thèmes ; aucune caractéristique littéraire précise n’est<br />

présentée ; éviter l’emploi de etc., assimilé à de la<br />

paresse intellectuelle, à supprimer ou à compléter.<br />

2. a. et b. Incorrections => corrections :<br />

– parenthèse à éliminer et à remplacer par une phrase<br />

bien construite : (titre qui montre que le héros voyage<br />

beaucoup et que le ton du roman est pessimiste) => ce<br />

titre indique l’importance du voyage dans l’existence<br />

du héros, mais le complément lui donne une valeur<br />

métaphorique aux connotations tragiques ;<br />

– structure incorrecte et vague : en donnant plein de<br />

détails => il décrit les conditions de travail en insistant<br />

sur les détails qui montrent à quel point cet univers est<br />

déshumanisant.<br />

3. Il ne s’agit pas ici de décrire, mais de commenter,<br />

d’analyser et d’expliquer ; de plus, la subtilité de la<br />

rédaction doit faire oublier l’aspect contraint de la<br />

méthode (Je vais commenter…).<br />

Les perspectives sont trop limitées, et trop peu littéraires<br />

(usine, ouvriers).<br />

4. Proposition de corrigé :<br />

L’œuvre littéraire de Louis-Ferdinand Céline<br />

regroupe des pamphlets, qui ont suscité à juste titre<br />

scandales et polémiques, mais surtout des romans<br />

qui ont fortement marqué l’histoire littéraire du<br />

XXe siècle par la puissance de leur style et la noirceur<br />

de l’univers décrit. Parmi ces œuvres, le roman<br />

le plus connu est intitulé Voyage au bout de la nuit,<br />

publié en 1932. Ce récit initiatique, en grande partie<br />

autobiographique, raconte les différents voyages du<br />

héros, et les sombres expériences qui nourriront sa<br />

vision pessimiste de la nature humaine. La découverte<br />

d’un système capitaliste déshumanisé, symbolisé<br />

par les banques américaines et par l’usine Ford<br />

de Detroit, où Bardamu est embauché, constitue<br />

l’un des passages marquants du roman. Nous nous<br />

demanderons quelle forme originale de réalisme<br />

caractérise la manière dont Céline rend compte des<br />

conditions de travail expérimentées par le narrateur.<br />

Nous analyserons d’abord l’univers assourdissant<br />

et aliénant de l’usine, puis le ton original<br />

du témoignage de Bardamu, personnage candide<br />

découvrant un monde fort étrange.<br />

3 Rédiger une introduction<br />

Support : J. de La Fontaine, Fables,<br />

« Le Loup et les Bergers » ➜ p. 113<br />

1. Notes de brouillon :<br />

– entrée en matière : définition de la fable => court<br />

récit à visée didactique ; La Fontaine : auteur classique,<br />

imitation des anciens (Ésope) ; 2e recueil de<br />

fables publié en 1678 (Livres VII à XI) => « remplir<br />

de plus de variété [s]on ouvrage » ;<br />

– texte : fable 5 du livre X, inspirée de Plutarque, « Le<br />

banquet des sept sages », Ésope cité dans ce texte,<br />

mais La Fontaine développe longuement la très<br />

courte intervention d’Ésope où il est question d’un<br />

loup et de bergers ; loup qui raisonne comme un<br />

291


humain => mise en scène plaisante / discours direct /<br />

retournement de situation / leçon qui valorise le loup<br />

par rapport aux hommes, aussi indulgents envers<br />

eux-mêmes qu’impitoyables envers autrui ;<br />

– projet de lecture : comment cette fable remplit-elle<br />

la double mission de l’apologue, instruire et divertir<br />

?<br />

– plan :<br />

Partie I. La mise en scène plaisante de l’animal<br />

=> l’art du récit.<br />

Partie II. L’animal donneur de leçon => la visée<br />

didactique.<br />

2. Proposition de rédaction :<br />

Parmi les formes de l’argumentation indirecte, la<br />

fable et le conte ont connu un vif succès à l’époque<br />

classique, où les auteurs étaient aussi des moralistes<br />

et appliquaient la doctrine des anciens, « docere,<br />

placere, movere », enseigner, plaire et émouvoir.<br />

Jean de La Fontaine a ainsi remis au goût du jour le<br />

genre de la fable en s’inspirant notamment du Grec<br />

Ésope. « Le Loup et les Bergers » est la cinquième<br />

fable du livre X, qui figure dans le second recueil des<br />

Fables publié en 1678. L’auteur compare le mode de<br />

vie des loups et celui des hommes afin de montrer<br />

que le plus cruel des deux n’est peut-être pas celui<br />

qu’on imagine. Pour mieux persuader le lecteur, le<br />

fabuliste met en scène de façon plaisante un loup qui<br />

philosophe et tire les conclusions de son expérience.<br />

Afin de montrer comment La Fontaine illustre bien<br />

ici les deux objectifs de la fable, divertir et instruire,<br />

nous analyserons d’abord l’art du récit, qui accorde<br />

une place essentielle aux discours de l’animal raisonneur,<br />

puis nous montrerons comment est mise en<br />

valeur la leçon à tirer de l’anecdote.<br />

4 Étudier une conclusion<br />

Support : V. Hugo, Les Feuilles d’automne, « Soleils<br />

couchants » ➜ p. 238<br />

1. Registre lyrique : sentiment mélancolique lié à la<br />

fuite du temps (thème tragique) et nature personnifiée.<br />

2. Bien que : valeur d’opposition => homme mortel ≠<br />

nature et poésie immortelles ; fuite du temps => sentiment<br />

tragique ≠ écriture poétique => moyen de défier<br />

le temps.<br />

3. Bien d’autres romantiques ont abordé le motif du<br />

soleil couchant, comme Lamartine et Vigny ou le<br />

peintre allemand Friedrich, mais on le retrouve encore<br />

chez les Parnassiens, comme José-Maria de Heredia,<br />

les symbolistes, comme Verlaine, ou chez les précurseurs<br />

du mouvement impressionniste, Constable et<br />

Turner, fascinés par cette lumière dorée du crépuscule.<br />

292<br />

5 Rédiger une conclusion<br />

Support : Molière, L’École des femmes ➜ p. 33<br />

1. ➜ Livre du professeur, corrigé de la lecture analytique,<br />

p. 17<br />

Comédie classique – Arnolphe = 42 ans, personnage<br />

monomaniaque, obsédé par l’infidélité féminine /<br />

Agnès = adolescente, ingénue destinée à épouser<br />

Arnolphe contre son gré – la tirade (acte III, scène 2)<br />

prononcée devant Agnès silencieuse = leçon magistrale<br />

d’Arnolphe, sermon ayant pour objectif de lui<br />

inculquer la soumission de la femme et de l’intimider<br />

par des menaces et des images effrayantes de l’Enfer<br />

=> effet comique.<br />

Plan :<br />

Partie I. La stratégie argumentative d’Arnolphe => l’art<br />

de la manipulation.<br />

Partie II. Un discours qui révèle les visées satiriques de<br />

la comédie => une scène divertissante.<br />

2. Proposition de rédaction :<br />

Cette longue tirade, loin d’être ennuyeuse pour<br />

le spectateur, est un divertissement révélateur des<br />

multiples talents de Molière, qui interpréta lui-même<br />

le rôle d’Arnolphe. Tout d’abord, le personnage fait<br />

preuve d’une grande maîtrise de l’art oratoire et sait<br />

se rendre persuasif par un discours utilisant toutes<br />

les ressources de la rhétorique. Toutefois, au fil de<br />

son sermon, en filigrane, rejaillissent ses angoisses<br />

et ses obsessions, à savoir la peur d’être trompé<br />

et sa jalousie maladive, qu’il ne parvient guère à<br />

dissimuler. Croyant se prémunir contre l’infidélité<br />

féminine, Arnolphe s’appuie sur la naïveté d’Agnès<br />

en la menaçant de l’Enfer d’une façon grotesque<br />

qui rend son discours finalement comique, bien que<br />

sa thèse, n’accordant aucun droit à l’épouse, soit<br />

en elle-même effrayante. À sa manière, Arnolphe<br />

n’est-il pas lui aussi une illustration des ravages de<br />

la passion amoureuse, thème abondamment traité<br />

dans les tragédies de Racine ? Arnolphe et Phèdre,<br />

chacun à sa manière, sont finalement punis pour<br />

avoir été prêts à tout afin d’assouvir leurs désirs :<br />

la visée morale du théâtre est bel et bien commune<br />

à la tragédie et à la comédie classiques, même si les<br />

moyens sont radicalement opposés.<br />

6 Rédiger les parties du développement<br />

Support : C. Cros, Le Collier de griffes ➜ p. 499<br />

Première partie de commentaire :<br />

Dès la lecture des premiers vers de ce sonnet, le<br />

registre lyrique est affirmé, puisque les deux premiers<br />

mots du texte sont « Moi, je ». La première<br />

personne scande d’ailleurs l’ensemble du poème, on


la retrouve dans trois strophes sur quatre, deux fois<br />

en début de vers, et deux fois à la césure, ce qui la<br />

met bien en valeur. Au vers 3, le pronom « il » est<br />

employé, mais c’est encore pour désigner le poète,<br />

il s’agit en effet d’une phrase au discours direct présentant<br />

le jugement des « gens » à son sujet. Le poète<br />

affirme ainsi fortement sa présence, et s’inscrit dans<br />

la tradition romantique en affichant ouvertement<br />

ses sentiments. Il évoque d’abord sa mélancolie et sa<br />

différence, dans le vers 2 : « Pleurant alors que c’est<br />

la fête », mais semble ensuite plus insouciant et plus<br />

léger, lorsqu’il proclame : « Qu’importe ! J’aime la<br />

beauté » (v. 8), en employant la tournure exclamative.<br />

Ce lyrisme met donc en avant des sentiments<br />

contrastés, qui rappellent Baudelaire, déchiré entre<br />

le « spleen » et l’idéal.<br />

Tout comme dans « L’Albatros », en effet, le poète<br />

se sent maudit, rejeté par la société, comme il le<br />

répète de trois façons différentes. D’emblée, il présente<br />

ce simple constat : « Moi, je vis la vie à côté ».<br />

L’emploi de six monosyllabes et la redondance « vis<br />

la vie » frappent d’emblée comme un couperet :<br />

le poète est ailleurs, « à côté », et l’antithèse du<br />

vers 2 « Pleurant alors que c’est la fête » précise<br />

pourquoi il se sent en décalage : il se retrouve seul<br />

avec sa tristesse, exclu de la fête. Cette affirmation<br />

initiale est confirmée par le jugement de la « vox<br />

populi » rapporté au discours direct : « Comme il<br />

est bête ! » L’exclamative donne un côté lapidaire<br />

à cette formulation soulignant l’incompréhension<br />

des « gens » n’ayant que du mépris envers le poète,<br />

ce qu’il traduit finalement lui-même au vers 4, troisième<br />

manière d’exprimer le même constat : « En<br />

somme, je suis mal coté », prononcé sur un ton résigné.<br />

Reste alors à savoir si les pleurs du poète sont<br />

la cause ou la conséquence de son exclusion.<br />

Certes, la peine évoquée dans le vers 2 n’est<br />

pas dénuée d’ambigüité, car la syntaxe ne permet<br />

guère de trancher entre deux interprétations : soit<br />

les « gens » trouvent que le poète est « bête » de<br />

pleurer pendant la fête, au lieu de se laisser aller<br />

au « carpe diem » et d’oublier son chagrin ; soit le<br />

poète pleure parce que les « gens » ne le considèrent<br />

pas comme l’un des leurs, mais plutôt comme un de<br />

ces « pitres » ridicules dont ils se moquent, comme<br />

des artistes, en général, qu’ils considèrent comme<br />

des déclassés parce qu’ils ne les comprennent pas.<br />

Quelle que soit l’interprétation retenue, l’image du<br />

poète reste celle d’un paria de la société, atteint du<br />

« spleen ». Et le vers 12 apporte un élément d’explication<br />

: « J’ai trop étudié les choses », constate-til,<br />

exprimant ainsi son découragement, voire son<br />

désespoir. Son extrême lucidité rend plus aiguë sa<br />

conscience tragique liée à la fuite du temps évoquée<br />

dans le vers 13 : « Le temps marche d’un pas normal<br />

» : le poète, qui a lu beaucoup de livres, qui a<br />

« étudié les choses », connaît l’histoire des hommes,<br />

et mesure bien la vanité de l’existence, tandis que la<br />

terre continue à tourner, inlassablement.<br />

7 Rédiger l’intégralité d’un commentaire<br />

Support : C. Perrault, Contes de ma mère l’Oye,<br />

« Les fées » ➜ p. 126<br />

1. Analyse du texte : ➜ Livre du professeur, p. 67<br />

2. Plan détaillé (projet de lecture inspiré de la question<br />

de synthèse n°8, p. 127) :<br />

Partie I. Un conte plaisant => l’art du récit et le merveilleux.<br />

1er § : le déroulement du récit => une véritable mise<br />

en scène.<br />

2e § : un univers manichéen => deux sœurs / deux<br />

portraits antithétiques.<br />

3e § : un univers merveilleux => les pouvoirs de la<br />

fée.<br />

Partie II. Un conte instructif => la visée didactique<br />

(= leçon à tirer de l’exemple).<br />

1er § : l’éducation des filles => une marâtre qui favorise<br />

injustement son aînée.<br />

2e § : l’orgueil puni => une image négative de la<br />

vanité.<br />

3e § : la générosité récompensée => la cadette,<br />

double de Cendrillon.<br />

3. Introduction :<br />

Issu de la tradition orale, le conte se distingue de<br />

la nouvelle par la présence du merveilleux : ogres,<br />

fées, lutins, chats bottés et autres animaux doués<br />

de parole… font partie de cet univers qui structure<br />

l’imaginaire des enfants depuis des siècles. Tandis<br />

que la nouvelle est très ancrée dans la réalité, même<br />

lorsqu’elle glisse vers le fantastique, le conte s’en<br />

distingue radicalement et met en scène princes et<br />

princesses ou bien des personnages plus ordinaires,<br />

mais plongés dans des aventures extraordinaires.<br />

C’est le cas d’un conte revisité par Charles Perrault,<br />

publié en 1697 dans son recueil les Contes de ma<br />

mère l’Oye et intitulé « Les fées ». Il relate l’histoire<br />

de deux sœurs que tout oppose, mais dont les<br />

destinées s’inverseront au fil du récit, car le conte<br />

traditionnel a en principe une visée morale : les<br />

méchants y sont punis et les bons récompensés. Afin<br />

d’étudier dans quelle mesure ce conte illustre bien la<br />

définition de l’apologue, autrement dit un récit bref<br />

à visée didactique, nous analyserons d’abord l’art<br />

de la narration et la présence du merveilleux, puis<br />

nous envisagerons la portée morale qui se dégage<br />

de cette histoire.<br />

293


Conclusion :<br />

Ce conte, « Les fées », atteint bien un premier<br />

objectif, essentiel, qui est de plaire au lecteur en le<br />

divertissant : au fil du récit, il le promène dans un<br />

univers à la fois proche et différent du réel, puisqu’on<br />

y retrouve les activités et les difficultés d’une famille<br />

ordinaire, mais qu’on y découvre aussi une fée et un<br />

prince, ainsi que des phénomènes merveilleux stimulants<br />

pour l’imaginaire. Le second objectif, la visée<br />

symbolique et morale du conte, est bien présent<br />

également, puisque les deux sœurs représentent<br />

l’opposition du bien et du mal, et que le dénouement<br />

rétablit la justice bafouée par leur mère : la<br />

méchanceté de Fanchon cause sa perte, alors que<br />

la cadette, grâce à ses qualités, peut épouser le fils<br />

du roi. Ce récit n’est pas sans rappeler l’histoire de<br />

Cendrillon, autre personnage de fille cadette vouée<br />

aux tâches ménagères les plus ingrates, qui finit par<br />

épouser un prince. Le dénouement est cependant<br />

moins sombre dans « Cendrillon », puisque ses deux<br />

sœurs se font pardonner, tirent la leçon de cette<br />

aventure, et épousent deux grands seigneurs de la<br />

cour.<br />

4. Rédaction du développement<br />

Début de la première partie :<br />

Charles Perrault, comme Jean de La Fontaine, à<br />

la même époque, a pour habitude de mêler récit<br />

et discours pour rendre ses histoires plus vivantes<br />

et leur donner un côté théâtral qui favorise la dramatisation.<br />

Par exemple, au début de cet extrait<br />

des « Fées », le dialogue entre la mère et Fanchon<br />

met d’emblée en évidence le conflit qui oppose les<br />

deux femmes, bien que l’aînée soit pourtant la fille<br />

préférée. Le tempérament contestataire de Fanchon<br />

apparaît bien dans ce passage : « Il me ferait<br />

beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine ! »<br />

(l. 9-10). Avec ces paroles rapportées, le conteur<br />

souligne l’ironie du personnage envers sa mère,<br />

ainsi que sa prétention, puisqu’elle juge dégradante<br />

une activité que sa cadette pratique pourtant sans<br />

rechigner. Le narrateur remplace d’ailleurs le prénom<br />

de la jeune fille par un terme péjoratif, « la<br />

brutale », qui révèle bien son caractère et se trouve<br />

confirmé par cette phrase narrative : « Elle y alla,<br />

mais toujours en grondant. » (l. 13). Le récit, quant<br />

à lui, est structuré grâce aux indices temporels qui<br />

marquent bien les étapes de la narration et ses différents<br />

rebondissements : « Elle ne fut pas plus tôt<br />

arrivée à la fontaine » (l. 15-16) insiste sur le côté<br />

surnaturel de l’apparition de la fée ; « d’abord que<br />

sa mère l’aperçut » (l. 29) traduit l’impatience de<br />

cette femme s’attendant à voir jaillir des pierres<br />

précieuses de la bouche de sa fille ; « et aussitôt<br />

elle courut pour la battre » rappelle le comporte-<br />

294<br />

ment injuste de la marâtre qui continue à faire de<br />

sa cadette son souffre-douleur. L’emploi du discours<br />

direct et la rapidité des enchaînements narratifs<br />

sont donc deux facteurs clés dans l’efficacité du<br />

récit.<br />

Fin de la deuxième partie :<br />

Le merveilleux est donc étroitement lié à la visée<br />

didactique du conte. La fée, ici, n’a rien de surnaturel<br />

en apparence ; elle apparaît sous une forme<br />

humaine et converse avec les humains pour les<br />

avertir et, le cas échéant, pour préparer la sanction.<br />

Elle met clairement Fanchon à l’épreuve « pour<br />

voir jusqu’où irait la malhonnêteté de cette fille »<br />

(l. 20-21). Et ce n’est qu’à la fin de leur rencontre<br />

qu’elle révèle ses pouvoirs en expliquant : « […] je<br />

vous donne pour don qu’à chaque parole que vous<br />

direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent ou<br />

un crapaud » (l. 27-28), la redondance « donne /<br />

don » soulignant l’humiliation du châtiment, proportionnelle<br />

à la faute commise. Le don attribué à<br />

chacune des sœurs reflète donc leur moralité : le serpent<br />

symbolise le mal, le diamant la pureté, donc le<br />

bien. Et le prince ne s’y trompe pas lorsqu’il considère<br />

qu’« un tel don valait mieux que tout ce qu’on<br />

pouvait donner en mariage à une autre » (l. 42-43)<br />

car il sait « d’où cela lui venait » (l. 41), c’est-à-dire<br />

de sa générosité infaillible. Non seulement la mauvaise<br />

éducation de la mère aboutit à un échec pour<br />

elle-même et pour son aînée, mais on remarque<br />

aussi que, malgré les mauvais traitements subis, la<br />

cadette reste fidèle à ses principes et réussit dans<br />

la vie, illustrant à sa manière le concept actuel de<br />

résilience, preuve que le sens des contes évolue avec<br />

le temps.<br />

8 Rédiger un commentaire<br />

en autonomie<br />

D. Diderot, Éloge de Richardson auteur<br />

des romans de Paméla, de Clarisse<br />

et de Grandisson ➜ p. 505<br />

Objets d’étude : Genres et formes de l’argumentation<br />

: xvii e et xviii e siècles ; Le roman et la nouvelle au<br />

xix e siècle : réalisme et naturalisme.<br />

1. Étapes 1 et 2 :<br />

– contexte, œuvre = essai de Denis Diderot, philosophe<br />

des Lumières, lui-même romancier – admirateur du<br />

romancier anglais Samuel Richardson (1681-1761)<br />

=> critique de l’ancien style de roman = tissu d’événements<br />

chimériques et frivoles, dont la lecture était<br />

dangereuse pour le goût et pour les mœurs, mais<br />

éloge de ces nouveaux romans qui élèvent l’esprit, qui<br />

touchent l’âme, qui respirent partout l’amour du bien ;


– texte : Diderot explique ce qu’il ressent à la lecture<br />

des ouvrages de Richardson, plus proches de la réalité,<br />

donc plus captivants, plus touchants, et plus enrichis-<br />

sants – Texte argumentatif – Registre lyrique et épidictique<br />

(éloge enthousiaste).<br />

2. Tableau d’analyse (lecture transversale) :<br />

Relevés Analyses Interprétations<br />

– on prend… un rôle dans tes ouvrages<br />

– malgré qu’on en ait, l’illusion<br />

– âme => agitation perpétuelle, faire<br />

le bien<br />

– grand nombre de situations, cent façons<br />

diverses, multitudes d’incidents<br />

– répétition de point, jamais (l. 21, 22,<br />

23, 26)<br />

– répétition de vrai[s] (l. 16, 28), réalité<br />

(l. 28), Le monde où nous vivons (l. 26-27),<br />

vie (l. 14), expérience (l. 20), milieu de<br />

la société (l. 29)…, je leur connais (l. 33)…,<br />

qui m’environnent (l. 36-37)…<br />

– Ô Richardson ! (l. 1)<br />

– approuve, blâme, admire, s’irrite,<br />

s’indigne…<br />

2 e § : je cinq fois en début de proposition<br />

3 e § : il quatre fois (l. 22 à 25)<br />

Projet de lecture : de quelle manière Diderot rend-il<br />

son argumentation persuasive ?<br />

3. Plan détaillé :<br />

Partie I. L’éloge d’un romancier admiré => l’enthousiasme<br />

d’un lecteur.<br />

1er § : il s’agit d’abord d’une expérience personnelle<br />

du lecteur Diderot.<br />

2e § : en effet, c’est pour lui une découverte enthousiasmante.<br />

3e § : enfin, il prend conscience du piège de l’illusion<br />

romanesque.<br />

Partie II. Un manifeste littéraire => la définition<br />

d’un nouveau type de roman.<br />

1er § : Diderot aime surtout ce type de roman qui<br />

reflète les réalités humaines.<br />

2e § : l’ambition de ce roman est d’ailleurs de proposer<br />

un panorama complet de nos sociétés.<br />

3e § : et, au bout du compte, la lecture de ce récit est<br />

un enrichissement intellectuel et moral.<br />

4. Introduction :<br />

Denis Diderot s’est passionné pour l’ambitieuse<br />

entreprise de l’Encyclopédie, car le monde des<br />

connaissances, dans sa globalité, le fascinait. Dans<br />

le domaine littéraire également, il a pratiqué des<br />

genres variés, dont le dialogue philosophique, le<br />

théâtre et le roman, qui lui ont permis de mettre en<br />

scène ses idées philosophiques. Il a rédigé aussi de<br />

nombreux essais dont un Éloge de Richardson, com-<br />

Arguments :<br />

– le lecteur adhère à ces fictions comme<br />

s’il les vivait (= expérience transmise)<br />

– les intrigues sont passionnantes (= magie<br />

de la fiction)<br />

– ces romans rendent meilleurs leurs lecteurs<br />

(= visée morale)<br />

– ils donnent un panorama complet de la vie<br />

(= diversité)<br />

– leurs intrigues n’ont rien d’extraordinaire<br />

(= vraisemblables)<br />

– ces lectures laissent une trace durable<br />

(= œuvres marquantes)<br />

Registre lyrique :<br />

– exclamatives<br />

– 1 re et 2 e personnes => implication<br />

de l’auteur, interpellation de Richardson<br />

– sentiments<br />

– accumulations<br />

– anaphores et effets de rythme<br />

Thèse : les romans<br />

de Richardson, qui ont<br />

toute l’apparence du vrai,<br />

ont des vertus multiples.<br />

Effets oratoires :<br />

témoignage personnel,<br />

volonté de convaincre<br />

et persuader => éloge<br />

Ton familier avec<br />

le romancier admiré<br />

mandé par un journal et publié en 1761, l’année<br />

de la mort de ce romancier anglais qui influença<br />

fortement l’auteur de La Religieuse. Selon Diderot,<br />

l’auteur de Paméla ou la vertu récompensée (1740),<br />

Clarisse Harlowe (1748) et Histoire du chevalier<br />

Grandisson (1754), réunit dans ses œuvres deux<br />

qualités majeures : une analyse profonde des passions<br />

et le goût du vrai. Il utilise donc sa propre<br />

expérience de lecteur pour la faire partager, mais<br />

aussi pour promouvoir en France un nouveau style<br />

de roman. Afin d’étudier de quelle façon Diderot<br />

rend son argumentation persuasive, nous montrerons<br />

d’abord avec quel enthousiasme il exprime son<br />

intérêt pour les œuvres de Richardson, puis nous<br />

verrons que cet éloge est aussi un manifeste littéraire<br />

en faveur d’un roman plus vrai, plus proche<br />

des réalités humaines.<br />

Premier paragraphe de la partie I :<br />

Ce texte appartient au genre de l’essai qui, depuis<br />

Montaigne, s’appuie sur l’expérience personnelle<br />

de l’auteur et recourt essentiellement à la première<br />

personne. Dans le premier paragraphe, l’auteur<br />

emploie d’abord le pronom indéfini « on », à valeur<br />

générale, mais dès la ligne 4 le « je » occupe une<br />

place prépondérante, notamment à partir de la<br />

ligne 10, où il est mis en valeur grâce à l’anaphore.<br />

Celui qui s’exprime ici est avant tout un lecteur<br />

qui rend compte de ce qu’il éprouve en suivant les<br />

intrigues des ouvrages de Richardson. D’ailleurs,<br />

295


Diderot s’adresse directement au romancier dont<br />

il fait l’éloge, en employant le tutoiement puisqu’il<br />

écrit : « tes ouvrages » (l. 2), « ta lecture » (l. 10),<br />

avant de recourir à la troisième personne dans le<br />

dernier paragraphe. La reprise anaphorique de « il »<br />

à quatre reprises, des lignes 22 à 25, semble ainsi<br />

renforcer le lien privilégié entre le « je » du lecteur<br />

et le « il » de « Cet auteur » (l. 21) qu’il affectionne.<br />

[…]<br />

La rhétorique de l’éloge et le lyrisme de Diderot<br />

mettent donc bien en valeur l’admiration de Diderot<br />

pour l’écrivain anglais, mais lui permettent aussi, en<br />

parallèle, de proposer à ses contemporains français,<br />

un nouveau style de roman, plus en phase avec la<br />

réalité. [= transition vers le II]<br />

Premier paragraphe de la partie II :<br />

C’est par exemple au moyen d’une série de<br />

phrases négatives que Diderot définit les romans<br />

chimériques qu’il ne chérit pas : « Cet auteur ne fait<br />

point couler le sang le long des lambris ; il ne vous<br />

transporte point dans des contrées éloignées… ». À<br />

ces œuvres exotiques ou rocambolesques, il oppose<br />

une définition qui correspond mieux à Richardson<br />

et annonce le roman réaliste : « Le monde où nous<br />

vivons est le lieu de la scène ; le fond de son drame est<br />

vrai ; ses personnages ont toute la réalité possible ;<br />

ses caractères sont pris du milieu de la société… »<br />

(l. 26-29). Les mots « vrai » et « réalité » s’opposent<br />

à « féerie », « Le monde où nous vivons » s’oppose<br />

à « contrées éloignées », le « milieu de la société »<br />

s’oppose à « des sauvages ». Le recours à l’antithèse<br />

souligne bien le désir qu’a Diderot de connaître un<br />

profond changement dans l’écriture romanesque,<br />

appelée à favoriser désormais l’identification du lecteur<br />

aux personnages, comme l’indique ce passage<br />

où le « je » réapparaît fortement : « les passions<br />

qu’il peint sont telles que je les éprouve en moi ; …<br />

elles ont l’énergie que je leur connais…» (l. 31-37).<br />

Diderot attend donc du roman qu’il analyse les passions<br />

humaines, qu’il aide le lecteur à comprendre<br />

296<br />

ses propres émotions. Le roman est alors loin de ne<br />

représenter qu’un simple divertissement : il est une<br />

somme de connaissances. […]<br />

Conclusion :<br />

Cet éloge de Richardson met donc bien en évidence<br />

la volonté de Diderot de communiquer au<br />

public français son admiration de lecteur pour ces<br />

romans anglais qu’il souhaite faire mieux connaître.<br />

Toutefois on comprend qu’il s’agit aussi pour lui de<br />

défendre l’idée d’adopter un nouveau modèle de<br />

récit, moins coupé des réalités de la société, donc<br />

plus vrai, mais qui conserve toutefois la liberté et<br />

la part d’imagination propre au roman. C’est de ce<br />

modèle, dont il se disait « possédé », qu’il s’inspirera<br />

lui-même dans son œuvre intitulée La Religieuse,<br />

roman-mémoires où la narratrice offre un témoignage<br />

poignant et révoltant sur les conditions de<br />

vie des femmes enfermées dans les couvents contre<br />

leur volonté. Mais c’est seulement au XIXe siècle<br />

que le genre du roman prendra un essor nouveau<br />

et une ampleur que Diderot n’imaginait pas, avec<br />

de grands cycles narratifs transposant en plusieurs<br />

volumes les rouages complexes de l’histoire contemporaine,<br />

comme La Comédie humaine de Balzac et<br />

Les Rougon-Macquart d’Émile Zola.<br />

5. Relecture attentive<br />

On pourra faire travailler les élèves sur ce corrigé photocopié<br />

:<br />

– observer l’insertion des citations, les transitions, la<br />

structure des paragraphes… ;<br />

– récrire un paragraphe sur un nouvel argument ;<br />

– modifier l’entrée en matière de l’introduction ou l’ouverture<br />

de la conclusion.<br />

Prolongement. Recherche :<br />

– quel est le sens de l’expression « un Lovelace »,<br />

issue d’un personnage de Richardson ?<br />

– les romans de Richardson sont-ils encore beaucoup<br />

lus aujourd’hui ? Pour quelles raisons ?


C H A P I T R E<br />

Fiche<br />

méthode 1<br />

5<br />

Lire un corpus<br />

et rédiger une dissertation<br />

➜ Livre de l’élève, p. 506<br />

Répondre à une question sur un corpus<br />

➜ Livre de l’élève, p. 508<br />

Objectif : Comprendre la logique d’un corpus et rédiger<br />

une réponse qui l’étudie.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 512<br />

1 Comprendre des questions<br />

1. a. sentiment amoureux, poème => La poésie du<br />

xix e au xx e siècle : du romantisme au surréalisme.<br />

b. procédés argumentatifs, efficacité, faire réagir<br />

=> Genres et formes de l’argumentation : xvii e et<br />

xviii e siècles.<br />

c. romanciers, personnages, images de la société<br />

=> Le roman et la nouvelle au xix e siècle : réalisme et<br />

naturalisme.<br />

2. a. Thème de l’amour et genre littéraire de la poésie.<br />

b. Enjeu : faire réagir le lecteur par quatre procédés.<br />

c. Enjeu : donner une image de la société par des personnages<br />

de récit.<br />

3. a. Trois paragraphes abordent chacun un moyen d’exprimer<br />

l’amour (lyrisme, thèmes, destinataire).<br />

b. Quatre paragraphes analysent chacun un procédé.<br />

c. Autant de paragraphes que de facettes de la société<br />

abordées.<br />

2 Suivre un modèle<br />

1. Relecture du corpus.<br />

2. Place prédominante du poète, thème structurant du<br />

voyage et affirmation d’une écriture moderne.<br />

3. 1er argument : le thème structurant du voyage :<br />

– texte A : répétition du verbe aller (v. 1, 3) ;<br />

– texte B : champ lexical du voyage : voyage, départ,<br />

Lisieux, Versailles ;<br />

– texte C : même champ lexical : valise (l. 1), hôtel proverbial<br />

(l. 7), voyageur (l. 8).<br />

2e argument : l’affirmation d’une écriture moderne :<br />

– texte A : un sonnet qui remet en cause le système<br />

classique des rimes => ABBA CDDC ;<br />

– texte B : un calligramme ;<br />

– texte C : un poème en prose.<br />

3e argument : l’omniprésence du poète avec la 1re personne<br />

:<br />

– texte A : aspect autobiographique des fugues de Rimbaud<br />

: Je (v. 1, 3, 4) ;<br />

– texte B : idem avec la mobilisation d’Apollinaire au<br />

moment de la Première Guerre mondiale : Je et nous ;<br />

– texte C : expérience personnelle à valeur universelle :<br />

Je (l. 2) => voyageur moderne (l. 8).<br />

3 Utiliser le paratexte<br />

1. La tragédie et la comédie au xvii e siècle : le classicisme.<br />

2. a. personnages : êtres fictifs incarnés par des comédiens<br />

au théâtre ; s’adresser : avoir un destinataire.<br />

b. fonction : rôle, intérêt ; monologue : tirade d’un personnage<br />

seul sur scène.<br />

3. a. Contexte de l’œuvre indispensable au traitement<br />

de la question b. :<br />

– texte A : Roxane apprend que son amour pour Bajazet<br />

n’était pas partagé ;<br />

– texte B : Andromaque doit protéger son fils ;<br />

– texte C : Harpagon vient de se faire voler son trésor.<br />

b. Monologues :<br />

– texte A : didascalie seule. Réflexion délibérative sur<br />

la meilleure façon d’ourdir sa vengeance contre l’infidèle<br />

Bajazet ;<br />

– texte B, chapeau introductif : Andromaque ouvre le<br />

prologue. Récapitulatif des malheurs de Troie confiés<br />

au spectateur, à l’entrée dans la pièce ;<br />

297


– texte C : références de la scène montrent qu’elle est<br />

donnée dans son intégralité, absence de tout interlocuteur.<br />

Enchaînement interrompu, voire insensé<br />

d’interrogations et d’exclamations où s’exacerbe la<br />

monomanie d’Harpagon.<br />

4 Associer l’image<br />

1. 1850 : le tableau de Courbet apparaît comme une<br />

illustration des éléments caractéristiques du mouvement<br />

réaliste (sujet banal, refus d’idéaliser le réel,<br />

métaphore du réel dans le paysage qui représente la<br />

tristesse des personnages en deuil).<br />

2. Précision de la description :<br />

– à relier au texte B avec la précision de l’analyse des<br />

sentiments de la part d’Eugène ;<br />

– effet de réel des différents plans : à relier au texte A<br />

avec le paysage comme reflet des états d’âme de Julien ;<br />

– au texte C : rêves d’Emma liés au voyage (l. 4-14),<br />

banalité de la scène avec La conversation de Charles<br />

(l. 24).<br />

5 Améliorer la rédaction<br />

1. Lecture de l’introduction.<br />

2. a. Texte A : Montesquieu, Lettres persanes (1721)<br />

➜ p. 165<br />

Texte B : La Bruyère, Les Caractères (1688) ➜ p. 167<br />

Texte C : Voltaire, Dictionnaire philosophique, « Fanatisme<br />

» ➜ p. 170<br />

b. Qu’est-ce qui fait de ces textes des outils efficaces<br />

pour dénoncer les mœurs de leur époque ?<br />

3. a. Défauts de cette introduction :<br />

– confusion entre l’extrait et l’œuvre : le premier texte<br />

est Lettres persanes ;<br />

– antécédent de la proposition relative erroné : Montesquieu<br />

qui date de 1721 ;<br />

– oubli du déterminant dans le titre Les Caractères et<br />

mauvais emplacement du verbe être car il ne s’agit pas<br />

du deuxième texte de La Bruyère, mais du deuxième<br />

texte du corpus ;<br />

– erreur dans l’emploi de l’interrogation indirecte :<br />

inversion du sujet et point d’interrogation inutiles.<br />

b. Les références des textes devraient être beaucoup<br />

plus précises pour les deux premiers textes (cf. paratexte)<br />

: texte A (lettre xCIx) ; texte B (chapitre VIII : « De<br />

la cour », 74) et les genres des textes.<br />

4. Introduction améliorée :<br />

Le corpus se compose de trois textes argumentatifs<br />

des XVII e et XVIII e siècles. Montesquieu est<br />

298<br />

l’auteur d’un roman épistolaire intitulé Lettres persanes<br />

(1721), représenté ici avec la lettre XCIX. Le<br />

deuxième texte est extrait du chapitre VIII, « De la<br />

cour », des Caractères de La Bruyère (1688). Le corpus<br />

se clôt sur l’article « Fanatisme » du Dictionnaire<br />

philosophique de Voltaire. Nous nous interrogerons<br />

sur l’efficacité de ces textes de genres divers pour<br />

dénoncer les mœurs de leur époque.<br />

5. Proposition de plan de réponse :<br />

1er argument : la mise en œuvre de détails concrets :<br />

– texte A : exemples d’inconstance (3e , 4e §) ;<br />

– texte B : champs lexicaux de la boisson et de la<br />

nourriture => impression de décadence ;<br />

– texte C : métaphore filée de la maladie.<br />

2e argument : le regard extérieur de l’autre, observateur<br />

et critique :<br />

– texte A : regard d’un Persan sur la mode parisienne<br />

;<br />

– texte B : transposition de la cour dans un pays<br />

étranger.<br />

3e argument : clarté rigoureuse du raisonnement :<br />

– texte A : thèse (l. 2), arguments (l. 3-5) et<br />

exemples ;<br />

– texte C : organisation binaire opposant les fanatiques<br />

qui tuent des personnes isolées à ceux qui<br />

s’en prennent à leurs concitoyens.<br />

6 Formuler une question sur le corpus<br />

1. Lecture des textes.<br />

2. Questions sur :<br />

– l’objet d’étude : en quoi ces textes sont-ils argumentatifs<br />

?<br />

– le thème : de quelle manière les auteurs dénoncentils<br />

les injustices dont ils font mention ?<br />

– l’efficacité des types de textes : quelle forme de texte<br />

semble la plus apte à dénoncer ?<br />

– les figures de rhétorique : sur quelles figures de<br />

rhétorique récurrentes la stratégie argumentative de<br />

chaque auteur repose-t-elle ?<br />

7 Créer un corpus<br />

1. Texte A : G. de Nerval, Odelettes, « Une allée du<br />

Luxembourg » ➜ p. 196<br />

Texte B : P. Verlaine, Poèmes saturniens, « Mon rêve<br />

familier » ➜ p. 226<br />

Texte C : L. Aragon, Les Yeux d’Elsa, « Les yeux d’Elsa »<br />

➜ p. 252<br />

Objet d’étude : La poésie du xix e au xx e siècle : du<br />

romantisme au surréalisme.<br />

Point commun : le lyrisme amoureux.


2. a. Image : J. Béraud, Parisienne place de la Concorde<br />

➜ p. 232<br />

b. Illustration : une femme qui pourrait être la passante<br />

de Nerval ou le fantasme de Verlaine, une atmosphère<br />

grise et pluvieuse qui la rattache au rêve.<br />

Fiche<br />

méthode 2<br />

Objectif : Étudier un sujet de dissertation afin d’en<br />

dégager la problématique.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 515<br />

1 Identifi er le type de sujet<br />

1 et 2. Sujet a. Question déterminée. b. Réflexion sur<br />

une citation. c. Question ouverte. d. Proposition de définition.<br />

e. Question ouverte. f. Question déterminée.<br />

3. a, d et f. Le roman et la nouvelle au xix e siècle : réalisme<br />

et naturalisme.<br />

b et e. La tragédie et la comédie au xvii e siècle : le classicisme.<br />

c. Genres et formes de l’argumentation : xvii e et<br />

xviii e siècles.<br />

4. Réponse subjective qui appelle une argumentation<br />

et une analyse des mots clés du sujet.<br />

Exemple : sujet e.<br />

1 er argument : goût pour le théâtre et sa représentation.<br />

2 e argument : type de sujet = question ouverte<br />

=> liberté dans la manière de traiter le sujet.<br />

3 e argument : succès lié à l’universalité des valeurs, la<br />

beauté de la langue, le charisme des personnages.<br />

2 Identifi er l’objet d’étude<br />

1. Relecture des sujets.<br />

Analyser et problématiser<br />

un sujet de dissertation<br />

➜ Livre de l’élève, p. 513<br />

2. Sujet a. Question sur le poète = La poésie du xix e au<br />

xx e siècle : du romantisme au surréalisme.<br />

b. Question précise sur l’incipit d’un roman = Le roman<br />

et la nouvelle au xix e siècle : réalisme et naturalisme.<br />

c. Question à partir d’une citation sur le théâtre = La<br />

tragédie et la comédie au xvii e siècle : le classicisme.<br />

3. Quelles images diverses de la femme ce corpus propose-t-il<br />

?<br />

Prolongement : créer un corpus auquel pourrait s’appliquer<br />

l’une des questions de l’exercice 1.<br />

d. Question à partir d’une citation sur la conception de<br />

la poésie = La poésie du xix e au xx e siècle : du romantisme<br />

au surréalisme.<br />

3. a. Versification, inspiration et travail, écriture poétique.<br />

b. incipit, roman, structure, lecteur, narrateur, horizon<br />

d’attente, registre.<br />

c. Théâtre, mise en scène, représentation, décor, didascalies,<br />

réalisme et stylisation.<br />

d. Poésie, poésie engagée, tradition et modernité, fonctions<br />

de la poésie.<br />

4. Réponse subjective à justifier par des arguments qui<br />

prouvent une réflexion sur le sujet.<br />

Exemple : sujet c difficile.<br />

1er argument : subjectivité de la beauté => choix difficiles.<br />

2e argument : question de la représentation : la pauvreté<br />

qui est montrée par le décor, les costumes…<br />

= sujet qui aborde la question de la mise en scène.<br />

3 Comprendre le sujet<br />

1. sujets a, b et f.<br />

2. a. Choix entre deux possibilités : le roman permet de<br />

comprendre la réalité ou au contraire de s’en éloigner.<br />

b. Question de la représentation, condition nécessaire<br />

de l’aboutissement d’une comédie pour Molière.<br />

f. Choix entre deux univers romanesques : exotique ou<br />

actuel.<br />

3. a. romancier = auteur ; prendre conscience = percevoir,<br />

comprendre ; réalité = contexte social, monde ambiant ;<br />

détourner = éloigner, par extension faire rêver, dépayser.<br />

b. comédie = genre dramatique ; action, jeu du théâtre<br />

= mise en scène, représentation.<br />

299


c. argumentation = apologue, essai… ; efficace = qui<br />

réussit en matière de stratégie argumentative ; lutter =<br />

dénoncer ; inégalités = injustices.<br />

d. héros = personnage principal ; roman réaliste =<br />

genre littéraire du xix e siècle.<br />

e. succès = réussite ; actuel = contemporain ; pièces<br />

classiques = théâtre sous Louis xIV.<br />

f. attendez-vous = souhaitez-vous ; roman = récit fictif ;<br />

opposition entre exotique et actuel (évasion ou réalisme).<br />

4. a. Quelle perception de la réalité le romancier offret-il<br />

?<br />

b. Le théâtre doit-il être représenté pour être abouti ?<br />

c. La littérature d’idées est-elle le seul genre apte à lutter<br />

contre les injustices ?<br />

d. Le réalisme soutient-il encore la notion d’héroïsme ?<br />

e. Une pièce classique est-elle une pièce dépassée ?<br />

f. Quelles sont les caractéristiques propres à l’univers<br />

romanesque ?<br />

4 Analyser les mots clés<br />

1. A. Un discours est-il réussi seulement si l’auditeur<br />

adhère à la thèse de l’orateur ?<br />

B. La tragédie nous représentera des tyrans et des<br />

héros . Qu’en avons-nous à faire ? Sommes-nous faits<br />

pour en avoir ou le devenir ?<br />

2 et 3.<br />

A. discours, auditeur = sermon, plaidoyer… oral => l’art<br />

oratoire, les registres ironique et polémique.<br />

réussi = objectif atteint ; adhérer = faire sienne => stratégie<br />

argumentative (convaincre, délibérer, persuader).<br />

thèse = idée défendue ➜ Le texte argumentatif, p. 371 ;<br />

Les notions propres à l’argumentation, p. 390.<br />

B. tragédie = genre dramatique => catharsis, terreur et<br />

pitié, registre tragique.<br />

tyrans, héros = personnages hors du commun.<br />

4. A. Séquence 7, Les pouvoirs du discours ➜ p. 144<br />

=> synthèse sur l’art oratoire, corpus de discours.<br />

B. Séquence 3, Racine et ses sources ➜ p. 70<br />

Séquence 4, La tragédie classique et sa postérité<br />

➜ p. 89 => figures de rois avec Agamemnon (Racine<br />

➜ p. 80) et Mithridate (Racine ➜ p. 98) et de héros<br />

avec Lorenzaccio (Musset ➜ p. 96) et Ruy Blas (Hugo<br />

➜ p. 100).<br />

5. A. Texte A : Bossuet, Sermon du mauvais riche<br />

➜ p. 145<br />

Texte B : Voltaire, Candide ➜ p. 149<br />

300<br />

Texte C : Beccaria, Des délits et des peines ➜ p. 154<br />

Texte D : Saint-Just, Discours à la Convention ➜ p. 162<br />

Objet d’étude : Genres et formes de l’argumentation :<br />

xvii e et xviii e siècles.<br />

B. Texte A : J. Racine, Andromaque ➜ p. 72<br />

Texte B : J. Racine, Britannicus ➜ p. 76<br />

Texte C : J. Racine, Iphigénie ➜ p. 80<br />

Texte D : P. Quinault, Thésée ➜ p. 87-88<br />

Objet d’étude : La tragédie et la comédie au xvii e siècle :<br />

le classicisme.<br />

5 Analyser le sujet<br />

1 et 2. A. Comment expliquez-vous que la fable<br />

(= apologue / ≠ essai) convainque (= décide, soit<br />

efficace / ≠ dissuade) davantage que la vérité (= réalité<br />

/ ≠ mensonge) toute nue (= stricte / ≠ déguisée,<br />

enrobée) => efficacité de la fable ; opposition entre les<br />

genres de l’argumentation directe et ceux de l’argumentation<br />

indirecte.<br />

B. La poésie (= versification / ≠ prose) se réduit<br />

(= s’en tient / ≠ s’étend)-elle à une confidence (= révélation<br />

/ ≠ évidence) de l’auteur (= poète / ≠ lecteur) ?<br />

=> complicité avec le lecteur, besoin de s’épancher du<br />

poète ; lyrisme personnel ou engagement en poésie.<br />

C. La rencontre amoureuse (= relation sentimentale /<br />

≠ distance, indifférence) est-elle l’étape obligée<br />

(= lieu commun, topos ≠ possible) d’un roman<br />

(= récit / ≠ poème) ? => d’autres relations entre les<br />

personnages ; relation sentimentale sans précision sur<br />

la rencontre ; autres genres où la rencontre amoureuse<br />

peut être décrite (poésie, théâtre).<br />

3. A. Argumentation directe ou indirecte.<br />

B. Fonctions de la poésie, sources d’inspiration, évolution<br />

formelle de la poésie.<br />

C. Intrigue romanesque, relations entre les personnages,<br />

originalité ou lieux communs.<br />

4. A. davantage que = comparaison, supériorité de la<br />

fable. Analyse indispensable pour percevoir qu’il s’agit<br />

de comparer deux genres argumentatifs.<br />

B. se réduit-elle = verbe pronominal => conception<br />

propre au genre.<br />

C. est = verbe d’état => changement a priori impossible,<br />

mais mis en débat dans cette dissertation.<br />

5. A. Texte A : J. de La Fontaine, Fables, « La Cigale et la<br />

Fourmi » ➜ p. 111<br />

Texte B : J. de La Fontaine, Fables, « Le Pouvoir des<br />

fables » ➜ p. 123<br />

Texte C : J.-M. G. Le Clézio, « Dans la forêt des paradoxes<br />

» ➜ p. 163


Objet d’étude : Genres et formes de l’argumentation :<br />

xvii e et xviii e siècles.<br />

B. Texte A : A. de Lamartine, Méditations poétiques,<br />

« Le lac » ➜ p. 186<br />

Texte B : A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit de<br />

décembre » ➜ p. 192<br />

Texte C : V. Hugo, Les Orientales, « L’enfant » ➜ p. 206<br />

Objet d’étude : La poésie du xix e au xx e siècle : du romantisme<br />

au surréalisme.<br />

C. Texte A : Stendhal, La Chartreuse de Parme ➜ p. 281<br />

Texte B : G. Flaubert, L’Éducation sentimentale ➜ p. 290<br />

Texte C : G. de Maupassant, Bel-Ami ➜ p. 279<br />

Objet d’étude : Le roman et la nouvelle au xix e siècle :<br />

réalisme et naturalisme.<br />

6 Comprendre la consigne<br />

1. A. Séquence 5, Fables et paraboles ➜ p. 116<br />

B. Séquence 13, Les sources du roman réaliste ➜ p. 279<br />

2. A. s’aveugler = refuser de comprendre ; fables = apologues<br />

; morale = transmission des valeurs ; amuser =<br />

divertir ; abuser = tromper ; place = rôle, intérêt.<br />

B. romans = récits ; histoire = récit fictif ; humanité<br />

familière = ensemble des hommes.<br />

3. A. Partagez-vous => présenter la thèse de Rousseau,<br />

puis l’antithèse. B. Vous proposerez => question<br />

ouverte sur les attentes du lecteur.<br />

4. A. L’opinion de Rousseau vous semble-t-elle juste ?<br />

B. Présentez vos attentes en tant que lecteur de roman.<br />

7 Choisir la problématique appropriée<br />

1. Les personnages qu’ils [les romanciers] inventent<br />

ne sont nullement créés, si la création consiste<br />

à faire quelque chose de rien. Nos prétendues créatures<br />

sont formées d’éléments pris au réel ; nous<br />

combinons, avec plus ou moins d’adresse, ce que<br />

nous fournissent l’observation des autres hommes et<br />

la connaissance que nous avons de nous-mêmes. Les<br />

héros de romans naissent du mariage que le romancier<br />

contracte avec la réalité . Que pensez-vous de<br />

cette définition du travail d’écriture romanesque ?<br />

2. personnages, héros de romans, création = êtres de<br />

fiction inventés par l’auteur => travail de l’écriture.<br />

réalité = faits => matériau des récits réalistes.<br />

travail d’écriture = inspiration, genèse de l’œuvre<br />

=> sources d’inspiration du romancier quand il crée ses<br />

personnages : le réel, sa vie ou son imagination.<br />

3. Problématique c = mise en débat. Romancier = créateur<br />

ou adaptateur ?<br />

Problématique a = question posée par la définition de<br />

F. Mauriac, mais prise directement, abruptement dans<br />

l’autre sens.<br />

Problématique b = trop vaste sur la création.<br />

8 Formuler la problématique<br />

1. A priori, deux sujets de 1re , mais la question de la<br />

représentation peut être initiée en 2de : « La tragédie et<br />

la comédie au xvii e siècle : le classicisme ».<br />

2. Points communs : rôle actif du spectateur, conception<br />

de la représentation.<br />

Sujet A : rôle du spectateur d’emblée privilégié ≠ sujet<br />

B : question de sa place directement mise en débat.<br />

3. Au théâtre, c’est le spectateur qui donne tout son<br />

sens à la pièce représentée => problématique : dans<br />

quelle mesure le spectateur pourrait-il être actif lors du<br />

spectacle théâtral ?<br />

4. Le sujet A aide à traiter le sujet B en proposant<br />

deux rôles au spectateur : le lecteur des signes et le<br />

constructeur.<br />

9 Lire attentivement un sujet<br />

1. a et b.<br />

A. Le roman et la nouvelle au xix e siècle : réalisme et<br />

naturalisme, puis mention de littérature en général<br />

=> ouverture possible à d’autres objets d’étude.<br />

B. Le roman et la nouvelle au xix e siècle : réalisme et<br />

naturalisme.<br />

Ouverture obligatoire sur d’autres objets d’étude et<br />

l’histoire des arts.<br />

C. Tous les objets d’étude => livres = littérature, tous<br />

les genres sont donc concernés.<br />

2. Sujet A. Le cinéma , éternel traître de toute<br />

littérature .<br />

traître : qui dénature l’œuvre littéraire, qui lui manque<br />

de fidélité ≠ serviteur de la littérature : qui la met au<br />

goût du jour en l’actualisant, la rend accessible, la<br />

dynamise tout en la concurrençant.<br />

3. A. Le cinéma peut-il s’adapter aux codes de la littérature<br />

?<br />

B. Le roman est-il la seule forme d’expression artistique<br />

apte à représenter la vie humaine ?<br />

C. Qu’est-ce qu’un bon livre, selon vous ?<br />

Prolongement : visionner des extraits de pièces de<br />

théâtre du DVD-Rom pour nourrir la réflexion sur les<br />

sujets de l’exercice 8.<br />

301


Fiche<br />

méthode 3<br />

Objectif : Exploiter le corpus et sa culture personnelle<br />

afin de classer ses idées dans un plan de dissertation.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 519<br />

1 Cerner le champ de recherche<br />

1. A. Genres et formes de l’argumentation : xvii e et<br />

xviii e siècles.<br />

B. Le roman et la nouvelle au xix e siècle : réalisme et<br />

naturalisme.<br />

2. A. Fénelon affirme : Le philosophe ne fait que<br />

convaincre , l’orateur , outre qu’il convainc,<br />

persuade (Dialogues sur l’éloquence, 1685).<br />

Philosophe = sage ; convaincre = agir sur la raison du<br />

destinataire ; orateur = locuteur auteur d’un discours ;<br />

persuader = agir sur les sentiments du destinataire.<br />

B. Le héros d’un roman doit-il posséder des<br />

qualités hors du commun ?<br />

Héros = personnage principal ; roman = récit fictif ;<br />

qualités hors du commun = caractères exceptionnels.<br />

3. A. Convaincre ou persuader ➜ p. 393 => définition<br />

des deux stratégies argumentatives.<br />

B. Le personnage ➜ p. 425 => évolution de la notion<br />

de héros.<br />

4. A. Quels sont les principes argumentatifs du discours<br />

?<br />

B. Qu’est-ce qu’un héros de roman ?<br />

5. A. Séquence 7, Les pouvoirs du discours ➜ p. 144 ;<br />

Séquence 8, Les écrits polémiques des Lumières<br />

➜ p. 164.<br />

B. Séquence 13, Les sources du roman réaliste ➜ p. 261 ;<br />

Séquence 14, L’amour dans le récit réaliste ➜ p. 280.<br />

6. A. Ex. 1 : V. Hugo, Discours sur la misère ➜ p. 147 :<br />

mélange des registres polémique et pathétique avec<br />

indication des réactions des auditeurs entre parenthèses.<br />

Ex. 2 : Cicéron, Première Catilinaire ➜ p. 162 : une<br />

harangue.<br />

B. Ex. 1 : Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves<br />

➜ p. 278 : beauté extraordinaire de la princesse.<br />

Ex. 2 : Balzac, Le Lys dans la vallée ➜ p. 283 : physique<br />

peu valorisant de Félix de Vandenesse.<br />

302<br />

Construire un plan de dissertation<br />

➜ Livre de l’élève, p. 517<br />

2 Se poser des questions à partir<br />

du sujet<br />

1. Selon vous, est-il préférable que le narrateur<br />

prenne part à l’action du roman en tant que<br />

personnage ? préférable = choix ; narrateur = celui<br />

qui raconte ; personnage = rôle dans l’histoire.<br />

Question déterminée => choix entre deux thèses : narrateur<br />

personnage ou narrateur témoin.<br />

2. Quel peut être le rôle du narrateur dans un récit ?<br />

3. Partie I. Il semble intéressant que le narrateur soit<br />

également un personnage.<br />

Partie II. Cependant, un narrateur extérieur offre plus<br />

de possibilités à l’auteur.<br />

4.<br />

Questions liées<br />

à la partie I<br />

– quel est le statut<br />

du narrateur ?<br />

– le roman est-il plus<br />

vraisemblable ?<br />

– le lecteur entre-t-il plus<br />

facilement dans l’histoire ?<br />

– qu’en est-il de<br />

l’identification du lecteur<br />

au personnage ?<br />

Questions liées<br />

à la partie II<br />

– quels autres points<br />

de vue le narrateur peut-il<br />

adopter ?<br />

– le narrateur personnage<br />

ne réduit-il pas le champ<br />

de vision du lecteur ?<br />

– le narrateur personnage<br />

ne prend-il pas trop<br />

de place par rapport<br />

aux autres personnages ?<br />

3 Chercher des arguments<br />

et des exemples<br />

1. Quels sont les pouvoirs de la fable ? => pouvoirs<br />

= influence, fonctions ; fable = apologue.<br />

Question ouverte.<br />

2. Dans quelle mesure la fable peut-elle être utile au<br />

lecteur ? => plan thématique.<br />

3. Corpus de textes => exemples précis.<br />

Texte A : J. de La Fontaine, « La Cigale et la Fourmi »<br />

➜ p. 111 : fonction didactique, morale sur la valeur de<br />

l’artiste dans la société.<br />

Texte B : J. de La Fontaine, « Le Loup et les Bergers »<br />

➜ p. 113 : fonctions didactique et divertissante : anthropomorphisme<br />

du loup philosophe.<br />

Texte C : J. de La Fontaine, « Le Pouvoir des fables »<br />

➜ p. 123 : texte métalittéraire sur la meilleure manière<br />

de faire adhérer un auditoire à sa thèse.


Texte D : Florian, « Le Lierre et le Thym » ➜ p. 123 : un<br />

exemple d’apologue au xviii e siècle.<br />

Documents => sources d’arguments<br />

Étude d’œuvre intégrale, livre VII des Fables ➜ p 116 :<br />

visions de l’homme et de la société, portée des fables…<br />

Synthèse, La fable et la parabole ➜ p. 120 => pouvoirs<br />

et limites des récits à visée morale.<br />

4 Utiliser son expérience personnelle<br />

1. A. Question déterminée => choix entre deux thèses :<br />

représentation nécessaire ou non.<br />

pièce de théâtre = genre littéraire théoriquement lié à<br />

la représentation ; achever = aboutir, terminer ; représentation<br />

= jeu et mise en scène dans un spectacle.<br />

B. Question déterminée => choix entre deux thèses :<br />

s’isoler (= se mettre à l’écart) ou se joindre aux autres<br />

(= s’unir, s’allier). poésie = objet d’étude de ce sujet.<br />

2. A. La mise en scène est-elle l’aboutissement de toute<br />

pièce de théâtre ? => plan concessif.<br />

B. Quelle est la fonction primordiale de la poésie ?<br />

=> plan concessif.<br />

3. Les élèves ne se contentent pas de s’inscrire dans les<br />

exemples proposés. Ils en expliquent la portée par rapport<br />

au sujet.<br />

A. Réflexion sur l’expérience de la mise en scène :<br />

décors, costumes, éclairage…<br />

B. Questions de la versification, de l’inspiration, du<br />

registre des œuvres, etc.<br />

Chaque situation conduit à citer des œuvres précises,<br />

par exemple avoir été le spectateur de telle pièce de<br />

Molière à la Comédie-Française.<br />

5 Élargir ses exemples<br />

1. Recopie du plan détaillé.<br />

2. Partie I.<br />

§ 1. Ex. 1 : A. Rimbaud, « Ma bohème » => mention<br />

de la Muse, vie de poète adolescent vagabond et<br />

heureux.<br />

Ex. 2 : P. Verlaine, « Mon rêve familier » => Muse<br />

originale, univers onirique et fantasmé.<br />

§ 2. Ex. 1 : V. Hugo, « Demain dès l’aube » => poème<br />

pathétique sur la mort de sa fille.<br />

Ex. 2 : B. Cendrars, « La prose du Transsibérien et<br />

de la petite Jehanne » => voyage autour du monde<br />

dans un train poétique.<br />

§ 3. Ex. 1 : G. Apollinaire, « Zone » => images insolites<br />

et modernes de la grande ville.<br />

Ex. 2 : G. Apollinaire, « La petite auto » => forme<br />

plaisante du calligramme.<br />

Partie II.<br />

§ 1. Ex. 1 : V. Hugo, « Melancholia » => dénonciation<br />

polémique du travail des enfants.<br />

Ex. 2 : L. Aragon, « La rose et le réséda » => appel à<br />

la résistance sous l’occupation allemande.<br />

§ 2. Ex. 1 : J. de La Fontaine, « Le Loup et les Bergers »<br />

=> registre didactique de la fable.<br />

Ex. 2 : N. Boileau, Art poétique => règles du théâtre<br />

classique.<br />

§ 3. Ex. 1 : F. Ponge, « La bougie » => métamorphose<br />

poétique du quotidien.<br />

Ex. 2 : F. Ponge, « La valise » => transfiguration du<br />

réel.<br />

3. a et b.<br />

Partie I.<br />

§ 1. Ex. 3 : P. de Ronsard, « Mignonne, allons<br />

voir… » => ode amoureuse.<br />

§ 2. Ex. 3 : V. Segalen, « Conseils au bon voyageur »<br />

=> quête spirituelle en Chine, adresse directe au lecteur.<br />

§ 3. Ex. 3 : R. Queneau, « La Cimaise et la Fraction »<br />

=> réécriture de « La Cigale et la Fourmi ».<br />

Partie II.<br />

§ 1. Ex. 3 : P. Eluard, « Liberté » => appel à la Résistance<br />

parachuté dans le maquis.<br />

§ 2. Ex. 3 : Florian, « La Fable et la Vérité » => rôle<br />

de la fable pour transmettre la vérité.<br />

§ 3. Ex. 3 : P. Verlaine, « Soleils couchants » ➜ p. 238<br />

=> évocation de paysage mélancolique.<br />

6 Cibler ses recherches<br />

1. Genres et formes de l’argumentation : xvii e et<br />

xviii e siècles.<br />

2. le xviii e siècle : siècle des Lumières ; fécond = prolifique<br />

; littérature d’idées = argumentation directe et<br />

indirecte.<br />

3. a. pour trouver des exemples ; b. pour connaître le<br />

contexte historique ; c. pour comprendre l’époque ;<br />

d. hors sujet ; e. pour les thèses défendues ; f. hors<br />

sujet ; g. pour connaître le contexte culturel.<br />

7 Choisir ses exemples et la bonne<br />

problématique<br />

1. naturalisme = mouvement littéraire qui exacerbe<br />

le réalisme en faisant appel à la science ; se contredire<br />

= devenir confus ; revendiquer = réclamer comme<br />

sien ; héritage scientifique = œuvres des chercheurs,<br />

progrès ; poétiser = embellir ; réel = concret, visible.<br />

2. a. Tous les textes poétisent le réel d’une manière ou<br />

d’une autre par le recours aux images et aux registres.<br />

303


. Mot à discuter : verbe se contredire.<br />

3. L’écriture poétique du naturalisme est-elle compatible<br />

avec une démarche d’ordre scientifique ?<br />

4. Plan concessif :<br />

Partie I. Une apparente contradiction<br />

1 er § : une œuvre fondée sur des principes scientifiques.<br />

Ex. : la notion de tempérament dans Thérèse Raquin<br />

d’É. Zola.<br />

2 e § : un témoignage de la réalité de la société.<br />

Ex. : le monde morne du travail administratif dans<br />

« La retraite de M. Bougran » de J.-K. Huysmans.<br />

3 e § : une réalité crue ≠ embellissement poétique.<br />

Ex. : l’accouchement douloureux de Jeanne dans<br />

Une vie de G. de Maupassant.<br />

Partie II. En fait, l’essence de toute œuvre littéraire<br />

est la poétisation du réel.<br />

1 er § : la part de subjectivité de l’auteur.<br />

Ex. : la façon épique d’évoquer le travail du « Forgeron<br />

» chez É. Zola.<br />

2 e § : l’essence fictive du roman.<br />

Ex. : le déroulement passionnant d’une intrigue<br />

haletante presque policière dans « Le bonheur dans<br />

le crime » de J. Barbey d’Aurevilly.<br />

3 e § : la stylisation du réel.<br />

Ex. : l’écriture artiste des paysages parisiens de Germinie<br />

Lacerteux des Frères Goncourt.<br />

8 Classer ses arguments<br />

1. Question ouverte.<br />

les surréalistes = mouvement littéraire du xix e siècle,<br />

liberté de création, écriture spontanée, rêve ;<br />

recherchent = désirent, poursuivent ; insolite = étrange,<br />

excentrique, drôle ; tendance = penchant.<br />

Quelles sont les caractéristiques fondamentales de<br />

l’écriture poétique surréaliste ? => plan thématique.<br />

2. 1 re idée générale : Les surréalistes cherchent à innover<br />

en littérature.<br />

=> arguments :<br />

– Les poètes surréalistes utilisent la psychanalyse,<br />

« science » nouvelle à l’époque, pour explorer l’inconscient<br />

;<br />

– Ces artistes rompent avec les règles de la poésie traditionnelle<br />

;<br />

– Le lecteur tient un rôle dans l’interprétation des<br />

textes.<br />

2 e idée générale : Les surréalistes jouent souvent sur<br />

la provocation.<br />

=> argument : Le lecteur apprécie l’inattendu.<br />

3. Partie I. Les surréalistes cherchent à innover en<br />

littérature.<br />

304<br />

1 er § : ils rompent avec les règles de la poésie traditionnelle.<br />

Ex. : vers libres de P. Soupault dans « Westwego ».<br />

2 e § : ils utilisent la psychanalyse, « science » nouvelle<br />

à l’époque, pour explorer l’inconscient.<br />

Ex. : images sexuelles récurrentes révélant des<br />

obsessions, dans « L’aigrette » d’A. Breton.<br />

3 e § : le lecteur tient un rôle dans l’interprétation<br />

des textes.<br />

Ex. : liberté d’imagination et d’interprétation dans<br />

le rapport entre texte et dessin dans Les Mains libres<br />

de P. Eluard et Man Ray.<br />

Partie II. Les surréalistes jouent souvent sur la provocation.<br />

1 er § : ils s’engagent face aux choix de la société.<br />

Ex. : célébration de la Résistance dans Les Yeux<br />

d’Elsa de L. Aragon.<br />

2 e § : le lecteur est mis au défi d’interpréter les<br />

œuvres.<br />

Ex. : foisonnement d’images complexes dans « La<br />

glace sans tain » d’A. Breton et P. Soupault.<br />

3 e § : le lecteur apprécie l’inattendu.<br />

Ex. : l’appel à l’écriture automatique dans Le Manifeste<br />

du surréalisme d’A. Breton.<br />

9 Choisir et aménager son plan<br />

1. A. Question déterminée.<br />

éviter = contourner, fuir ; subjectivité = caractère individuel,<br />

voire partial ; juge = évalue, estime ; qualité =<br />

mérite, talent.<br />

B. Question déterminée.<br />

peste = fléau ; se dénoue = se résout ; mort = fin tragique<br />

; guérison = résolution positive ; perception<br />

= connaissance ; tragédie = genre dramatique au<br />

dénouement malheureux.<br />

2. A. Plan concessif : subjectivité a priori inévitable car<br />

la beauté est relative.<br />

B. Plan concessif : exposé de la thèse de l’auteur puis<br />

d’une autre, en antithèse.<br />

3. A. Corpus de textes :<br />

Texte A : A. de Lamartine, Méditations poétiques, « Le<br />

lac » ➜ p. 186<br />

Texte B : G. de Nerval, Odelettes, « Une allée du Luxembourg<br />

» ➜ p. 195<br />

Texte C : G. Apollinaire, Alcools, « Zone » ➜ p. 245<br />

Texte D : J. Prévert, Paroles, « Chasse à l’enfant »<br />

➜ p. 208<br />

Notions utiles : Les notions propres à la poésie ➜ p. 402<br />

B. Corpus de textes :<br />

Texte A : Eschyle, Agamemnon ➜ p. 82<br />

Texte B : P. Corneille, Horace ➜ p. 90


Texte C : J. Racine, Andromaque ➜ p. 72<br />

Texte D : H. de Montherlant, La Reine morte ➜ p. 91<br />

Notions utiles : Les notions propres au théâtre ➜ p. 376<br />

4. Sujet A :<br />

Partie I. A priori, la subjectivité est inévitable.<br />

1 er § : fonction du goût du lecteur.<br />

Ex. : A. de Lamartine, « Le lac » (texte A) => lyrisme,<br />

donc appel à la sensibilité du lecteur.<br />

2 e § : relativité de la beauté.<br />

Ex. : V. Hugo, « Fonction du poète » => opposition<br />

avec T. Gautier sur l’idée du beau utile.<br />

3 e § : jugement de valeur en fonction de ses propres<br />

critères liés à sa culture et son éducation.<br />

Ex. : J. Prévert, « Chasse à l’enfant » (texte D)<br />

=> poème ressenti plus ou moins violemment,<br />

suivant la façon dont on conçoit la prison.<br />

Partie II. Des critères objectifs existent en matière de<br />

lecture de poèmes.<br />

1 er § : la rigueur de la versification et le choix d’une<br />

forme fixe.<br />

Ex. : J. Du Bellay, « Heureux qui comme Ulysse »<br />

=> examen de l’utilisation du sonnet traditionnel.<br />

2 e § : la richesse du lexique et des figures de style.<br />

Ex. : G. Apollinaire, « Zone » (texte C) => l’originalité<br />

des images appliquées à Paris.<br />

3 e § : le rythme, la musicalité.<br />

Ex. : P. Verlaine « Art poétique » ➜ p. 409 => la<br />

volonté originale de jouer avec les mètres impairs.<br />

Sujet B :<br />

Partie I. Certes, la tragédie ressemble à la peste<br />

(thèse d’A. Artaud).<br />

1 er § : tension dramatique jusqu’à son acmé, impuissance<br />

du héros.<br />

Ex. : H. de Montherlant, La Reine morte (texte D)<br />

=> L’Infante, orgueilleuse, se meurt d’être répudiée<br />

par don Pedro.<br />

2 e § : dénouement malheureux : mort, catastrophe.<br />

Ex. : Eschyle, Agamemnon (texte A) => Clytemnestre<br />

explique le meurtre de son mari, Agamemnon.<br />

3 e § : la résolution à travers la guérison.<br />

Ex. : P. Corneille, Horace (texte B) => le héros est<br />

acquitté de ses meurtres au dénouement.<br />

Partie II. Cependant, elle a des aspects positifs.<br />

1 er § : elle véhicule des valeurs importantes : l’honneur,<br />

le courage…<br />

Ex. : P. Corneille, Rodogune ➜ p. 106 => Antiochus<br />

préfère la mort à son amour pour Rodogune.<br />

2 e § : elle a une fonction cathartique auprès du spectateur.<br />

Ex. : J. Racine, Andromaque (texte C) ➜ p. 75 :<br />

Andromaque décide de la mort ou de la vie de son<br />

fils suivant sa réponse à Pyrrhus.<br />

3 e § : poussée à l’extrême dans le théâtre de l’absurde,<br />

elle dénonce la vanité du monde.<br />

Ex. : E. Ionesco, Le roi se meurt ➜ p. 107 / DVD-<br />

Rom : deux représentations de la scène d’exposition.<br />

10 Élaborer un plan détaillé<br />

1. A et B. La poésie du xix e au xx e siècle : du romantisme<br />

au surréalisme.<br />

C. La tragédie et la comédie au xvii e siècle : le classicisme.<br />

D. Le roman et la nouvelle au xix e siècle : réalisme et<br />

naturalisme.<br />

2. A. Comparaison entre deux visions de la création<br />

poétique => comment définir le travail du poète ?<br />

B. Discussion d’une citation exprimant une thèse sur la<br />

poésie => comment la poésie se conçoit-elle ?<br />

C. Interaction de l’écriture et de la représentation de la<br />

réalité au théâtre => quels sont les liens entre réalité<br />

et écriture théâtrale ?<br />

D. Définition d’une notion => quelle est la fonction d’un<br />

début de roman ?<br />

3. Sujet A :<br />

Partie I. Certes, le poète semble être davantage un<br />

artisan.<br />

1er § : le travail de la versification. Ex. : V. Hugo,<br />

« L’enfant » ➜ p. 206<br />

2e § : les formes fixes. Ex. : le sonnet, J. Du Bellay,<br />

« Maintenant je pardonne… » ➜ p. 408<br />

Partie II. Cependant, le poète est essentiellement un<br />

artiste.<br />

1er § : le don d’écriture. Ex. : P. Verlaine, « Mon rêve<br />

familier » ➜ p. 226<br />

2e § : l’inspiration, l’enthousiasme poétique.<br />

Ex. : A. de Musset, « La Muse » ➜ p. 203<br />

Partie III. Et bien souvent le poète concilie ces deux<br />

rôles<br />

1er § : un artiste est un excellent artisan.<br />

Ex. : J. Racine, Phèdre ➜ p. 408<br />

2e § : transgresser des règles que l’on a assimilées.<br />

Ex. : T. Corbière, « Le Poète et la Cigale » ➜ p. 112<br />

Sujet B :<br />

Partie I. La poésie est conçue pour plaire (conception<br />

d’Horace).<br />

1 er § : un art du divertissement. Ex. : E. Rostand,<br />

Cyrano de Bergerac ➜ p. 408<br />

2 e § : le sens esthétique. Ex. : S. Prudhomme, « Le<br />

vase brisé » ➜ p. 409<br />

Partie II. Mais elle peut se donner pour but de changer<br />

le monde.<br />

1 er § : la poésie engagée. Ex. : L. Aragon, « Les yeux<br />

d’Elsa » ➜ p. 252<br />

2 e § : la poésie qui transfigure le réel. Ex. : F. Ponge,<br />

« La bougie » ➜ p. 411<br />

305


Partie III. La poésie est finalement un art complexe<br />

et exigeant.<br />

1er § : difficulté de l’écriture poétique. Ex. : Olivier<br />

Barbarant, « Art poétique » ➜ p. 412<br />

2e § : les contraintes poétiques. Ex. : T. de Viau, « La<br />

solitude » ➜ p. 188<br />

Sujet C :<br />

Partie I. Certes, le théâtre transfigure la réalité<br />

(thèse de Brecht).<br />

1er § : intrigue = fiction => dénouement heureux<br />

obligatoire dans une comédie. Ex. : Molière, Le<br />

Misanthrope ➜ p. 38<br />

2e § : le spectacle théâtral = souci esthétique du metteur<br />

en scène. Ex. : E. Ionesco, Le roi se meurt : comparaison<br />

des deux représentations du DVD-Rom.<br />

Partie II. Cependant, il doit imiter la réalité pour être<br />

compréhensible<br />

1er § : devoir de vraisemblance érigé en règle au<br />

XVIIe siècle. Ex. : Molière, L’Avare ➜ p. 42<br />

2e § : mélange des registres pour mieux montrer le<br />

réel => drame. Ex. : V. Hugo, Ruy Blas ➜ p. 100<br />

Partie III. Finalement, le théâtre emploie des moyens<br />

littéraires pour aborder la réalité<br />

1er § : une stylisation du réel. Ex. : S. Beckett, Oh !<br />

les beaux jours ➜ p. 106<br />

2e § : la parole du personnage. Ex. : E. Rostand,<br />

Cyrano de Bergerac : son nez devient sa valeur<br />

➜ p. 408<br />

Fiche<br />

méthode 4<br />

306<br />

Sujet D :<br />

Partie I. L’incipit sert à informer le lecteur<br />

1 er § : présenter le cadre spatio-temporel.<br />

Ex. : V. Hugo, Les Travailleurs de la mer ➜ p. 370 :<br />

passage descriptif.<br />

2 e § : décrire les personnages. Ex. : G. Flaubert,<br />

Madame Bovary ➜ p. 274 : entrée en scène de<br />

Charles Bovary, collégien.<br />

Partie II. L’incipit doit constituer une accroche.<br />

1 er § :début de l’action. Ex. : L. Aragon, Aurélien<br />

➜ p. 424 : première rencontre entre Aurélien et<br />

Bérénice.<br />

2 e § : un certain suspense. Ex. : Abbé Prévost,<br />

Manon Lescaut ➜ p. 418 : la surprise de Monsieur<br />

de Renoncour, narrateur du récit cadre.<br />

Partie III. L’incipit permet à l’auteur de marquer son<br />

empreinte.<br />

1 er § : inscription dans le mouvement littéraire<br />

auquel appartient l’auteur. Ex. : G. de Maupassant,<br />

Bel-Ami ➜ p. 279 : un héros réaliste.<br />

2 e § : style de l’auteur. Ex. : L.-F. Céline, Voyage au<br />

bout de la nuit ➜ p. 423 : niveau de langue familier.<br />

Prolongement : rédiger entièrement l’un des devoirs<br />

traités dans l’exercice 10.<br />

Rédiger l’introduction et la conclusion<br />

d’une dissertation<br />

➜ Livre de l’élève, p. 521<br />

Objectif : Rédiger les deux étapes stratégiques d’une<br />

dissertation.<br />

APPLICATION ➜ p. 521<br />

Étapes 7 et 8 Rédiger l’introduction et la conclusion<br />

questions<br />

1. Introduction :<br />

– deux 1res phrases = entrée en matière à partir d’une<br />

citation de C. Baudelaire ;<br />

– 3e phrase = reformulation et explication du sujet ;<br />

– 4e phrase = problématique ;<br />

– 5e phrase = annonce du plan.<br />

Conclusion :<br />

– 1re phrase = rappel de la question et réponse ;<br />

– 2e phrase = bilan de la réponse à la problématique ;<br />

– 3e phrase = ouverture.<br />

2. Introduction : mais pour introduire la difficulté soulevée<br />

par le sujet ; Certes / Cependant = deux idées en<br />

antithèse pour annoncer les deux parties de la dissertation.<br />

Conclusion : donc pour introduire la réponse à la problématique<br />

; S’il est vrai que / aussi = bilan sur les<br />

deux parties contradictoires ; Mais pour introduire<br />

l’ouverture.


3. Autre entrée en matière : Le poète est souvent associé<br />

à la figure d’Orphée, ce personnage mythique qui<br />

est parvenu grâce au chant de sa lyre à faire oublier à<br />

Cerbère son rôle de gardien des enfers. C’est ainsi que<br />

la poésie apparaît dans sa capacité à sortir le lecteur de<br />

son quotidien…<br />

Autre ouverture : Victor Hugo ne considère-t-il pas<br />

d’ailleurs le poète comme un prophète, comme un<br />

mage romantique qui doit faire flamboyer l’avenir ?<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 522<br />

1 L’entrée en matière<br />

1. réalisme = mouvement littéraire qui se caractérise<br />

par la volonté de retranscrire la réalité telle qu’elle est ;<br />

liens = points communs, relations ; littérature et peinture<br />

= deux domaines concernés par le sujet.<br />

Question ouverte => plan thématique.<br />

2. Comment le réalisme relie-t-il littérature et peinture<br />

?<br />

3. a. Définition du réalisme avec une citation et ses<br />

principes.<br />

b. Personnage du peintre dans les romans réalistes.<br />

4. a. … L’école réaliste qu’il fonde avec Louis<br />

Duranty regroupe non seulement des écrivains mais<br />

aussi des peintres. Mais dans quelle mesure le réalisme<br />

témoigne-t-il des liens entre la littérature et la<br />

peinture ?<br />

b. … Ainsi existe-t-il des liens entre littérature et<br />

peinture. Le réalisme en témoigne justement.<br />

2 Améliorer une introduction<br />

1. poètes, dramatique = auteurs de pièces de théâtre<br />

écrites en vers => auteurs classiques ; longues suites<br />

de vers pompeux = périphrase péjorative pour parler<br />

des tirades ; admire = apprécie ; comprend moins =<br />

incompréhension.<br />

Réflexion sur une citation : jugement négatif de La<br />

Bruyère sur les tirades => explicitation de son point de<br />

vue, puis discussion.<br />

2. a. Respect des trois étapes.<br />

b. Extraits de la citation donnée par le sujet et référence<br />

précise de l’extrait et rappel de la périphrase<br />

désignant souvent la tirade (« morceau de bravoure »)<br />

= présentation du sujet de la dissertation.<br />

3. Défauts :<br />

– formulation de la problématique avec mise en abyme<br />

du devoir (le développement ci-dessous) ;<br />

– annonce du plan avec l’emploi du pronom je ;<br />

– contradiction induite par la formulation radicale et<br />

maladroite de l’antithèse : je défendrai / je réfuterai.<br />

4. Rédaction de la présentation :<br />

Dans son Art poétique, Nicolas Boileau recommande<br />

aux auteurs de théâtre : « Quelque sujet<br />

qu’on traite, ou plaisant, ou sublime, / Que toujours<br />

le bon sens s’accorde avec la rime ». Les dramaturges<br />

classiques obéissent à ces prescriptions,<br />

mais La Bruyère, dans ses Caractères, les juge avec<br />

sévérité, qualifiant les tirades de « longues suites de<br />

vers pompeux », et associe l’admiration du public<br />

populaire à une incompréhension des paroles prononcées.<br />

Les tirades constituent-elles une faiblesse<br />

dans une pièce de théâtre ? Certes, elles sont complexes<br />

par leur stylisation élaborée. Cependant,<br />

elles constituent un passage obligé, essentiel à la<br />

compréhension de l’intrigue.<br />

3 Le bilan<br />

1. a. Lecture de la fiche.<br />

b. Qu’est-ce qu’un poème moderne ?<br />

2. a. Corpus :<br />

Texte A : B. Cendrars, « La prose du Transsibérien et de<br />

la petite Jehanne de France » ➜ p. 241 => poème en<br />

vers libres caractéristique de l’Esprit nouveau.<br />

Texte B : P. Soupault, Westwego ➜ p. 243 => poème<br />

surréaliste en vers libres, vision singulière du monde.<br />

Texte C : A. Breton, « L’aigrette » ➜ p. 250 => poème<br />

surréaliste en vers libres, excentricité des images poétiques.<br />

Texte D : P. Reverdy, « Outre mesure » ➜ p. 259<br />

=> poème en vers libres, question de la mort.<br />

b. Partie I. Une liberté totale<br />

1 er § : diversité des thèmes abordés.<br />

Ex. : texte A => voyage initiatique à travers le temps<br />

et l’espace par association d’idées.<br />

2 e § : absence de contrainte quant à la versification<br />

ou à la forme.<br />

Ex. : A. Breton et P. Soupault, « La glace sans tain »<br />

➜ p. 258 => poème en prose surréaliste.<br />

3 e § : part de l’inconscient dans la création.<br />

Ex. : texte C => originalité et excentricité des images.<br />

Partie II. Une transformation poétique du monde<br />

1 er § : nouveau regard sur les objets du quotidien.<br />

Ex. : F. Ponge, « La bougie » ➜ p. 411<br />

2 e § : le goût du progrès.<br />

Ex. : G. Apollinaire, « Zone » ➜ p. 245<br />

307


3e § : l’engagement politique pour faire évoluer la<br />

société.<br />

Ex. : L. Aragon, « Les yeux d’Elsa » ➜ p. 252<br />

3. La poésie moderne apparaît donc comme une<br />

revendication de liberté totale : elle s’affranchit des<br />

contraintes liées au vers et à la forme en recourant à<br />

des images poétiques singulières et des thèmes variés,<br />

tout en offrant aux lecteurs un nouveau regard, franc et<br />

engagé, sur la marche du monde.<br />

Prolongement. Exercice sur l’élargissement :<br />

1. Procéder à l’analyse du sujet. 2. Délimiter les étapes<br />

de la conclusion. 3. À partir du bilan, présenter le plan<br />

détaillé. 4. Proposer un autre élargissement en soignant<br />

l’enchaînement avec le bilan.<br />

Fiche<br />

méthode 5<br />

308<br />

Sujet :<br />

Le romancier doit-il imiter le réel à travers ses personnages<br />

? Vous développerez une argumentation illustrée<br />

d’exemples tirés de vos lectures.<br />

Conclusion :<br />

La plupart des romans retracent l’existence de<br />

personnages auxquels le lecteur peut s’identifier<br />

et les placent dans une époque et une société qui<br />

délimitent leur parcours. Néanmoins, le romancier<br />

décrit plus qu’une simple réalité à travers ses « créatures<br />

» dont il fait souvent des porte-parole ou des<br />

symboles de sa vision du monde. Seul le Nouveau<br />

Roman remet en question l’existence même des personnages,<br />

avec des anti-héros sans identité, ni statut,<br />

qui s’effacent pour laisser leur place aux objets.<br />

Rédiger un paragraphe de dissertation<br />

➜ Livre de l’élève, p. 523<br />

Objectif : Apprendre à développer ses idées en suivant<br />

les règles d’organisation et de rédaction.<br />

APPLICATION ➜ p. 524<br />

Étape 10 Rédiger et enchaîner les paragraphes<br />

questions<br />

1. Notions : rejet, allégorie, chute, sonnet, pied.<br />

Argument d’autorité : Dans Les Contemplations, Victor<br />

Hugo affirme : « Oui, je suis le rêveur ».<br />

Culture générale : conte de Charles Perrault.<br />

2. Nouvel argument d’autorité : La vie est un rêve, c’est<br />

le réveil qui nous tue (Virginia Woolf, Orlando, 1928)<br />

=> et la littérature, et en particulier la poésie, se doit<br />

d’entretenir ce rêve de la vie.<br />

3. Étapes du § :<br />

– de Tout d’abord à « rêveur », énoncé de l’argument ;<br />

– d’Ainsi à indétermination poétique : explication,<br />

développement de l’argument ;<br />

– de Rimbaud à celui du poète ou du poème : exemple<br />

développé avec des explications stylistiques ;<br />

– dernière phrase : transition avec le 2e exemple prévu<br />

dans le plan détaillé ➜ p. 518 (P. Verlaine, « Mon rêve<br />

familier »).<br />

4. Rédaction du deuxième exemple :<br />

Ainsi Verlaine a-t-il laissé imaginer une Muse obsédante<br />

à ses côtés : chaque nuit, ce fantôme féminin<br />

le hante familièrement. Dans une atmosphère quasi<br />

fantastique, le poète s’ingénie à évoquer cette présence<br />

fascinante qui a l’apparence paradoxale d’un<br />

spectre dont la voix a « l’inflexion des voix chères<br />

qui se sont tues » et d’une femme qui le rassure,<br />

ce que souligne la répétition « et que j’aime et qui<br />

m’aime ».<br />

Étape 11 Relire sa copie<br />

questions<br />

1. 1er § :<br />

– 1re phrase (l. 3) : argument ;<br />

– 2e et 3e phrases (l. 4-6) : développement de l’argument<br />

;<br />

– 4e et 5e phrases (l. 6-11) : 1er ex. = V. Hugo ;<br />

– 6e , 7e et 8e phrases (l. 11-17) : 2e série d’exemples avec<br />

les surréalistes Louis Aragon et Robert Desnos ;<br />

– dernière phrase : bilan du §.<br />

2. Cependant (l. 1) : connecteur d’opposition qui introduit<br />

la 2e partie du développement.<br />

Ainsi (l. 3) : introduction du 1er argument.<br />

Toutefois (l. 19) : nuance introduisant le 2e argument.


En effet (l. 34) : introduction du 3 e argument, en prolongement<br />

du précédent.<br />

3. Cinq exemples au total => déséquilibre apparent des<br />

sous-parties, car le dernier exemple est un complément<br />

aux exemples du 2e §. Les exemples sont exploités en<br />

détail, avec souvent des citations précises.<br />

4. Bilan du 2e paragraphe et transition entre le 2e et le<br />

3e paragraphe.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 526<br />

1 Rédiger les phrases d’annonce<br />

des parties<br />

1. a. Le roman et la nouvelle au xix e siècle : réalisme et<br />

naturalisme.<br />

b. sans vous en tenir à la littérature : analyse attendue<br />

des autres arts => peinture.<br />

2. réalistes = auteurs du réalisme ; décrire = présenter ;<br />

vraisemblance = crédibilité ; démarche rationnelle =<br />

méthode logique ; montrer la réalité = décrire le réel.<br />

Question déterminée => plan dialectique.<br />

Une œuvre réaliste est-elle une reproduction fidèle du<br />

réel ?<br />

3. Partie I. L’ambition de décrire le réel<br />

1 er § : source documentaire.<br />

Ex. : Stendhal, Le Rouge et le Noir ➜ p. 262 => inspiré<br />

d’un fait divers, un crime passionnel qui se termine<br />

par une exécution.<br />

2 e § : exigence de vraisemblance.<br />

Ex. : H. de Balzac, Le Père Goriot ➜ p. 266 => l’auteur<br />

veut « faire concurrence à l’état civil ».<br />

3 e § : démarche rationnelle.<br />

Ex. : J.-F. Millet, La Récolte des pommes de terre<br />

➜ p. 277 => peintre accusé de socialisme pour avoir<br />

montré les humbles au travail, révolution artistique<br />

à l’époque.<br />

Partie II. Un échec partiel<br />

1 er § : la subjectivité de l’auteur prend le dessus.<br />

Ex. : G. Flaubert, L’Éducation sentimentale ➜ p. 290<br />

=> ironie de l’auteur sur ses personnages au moment<br />

des retrouvailles.<br />

2 e § : un parti pris engagé => volonté de faire réagir<br />

le lecteur.<br />

Ex. : G. Courbet, Un enterrement à Ornans ➜ p. 269<br />

=> valoriser l’homme dans une scène ordinaire.<br />

3 e § : l’empreinte du style.<br />

Ex. : É. Zola, La Joie de vivre ➜ p. 311 => précision<br />

clinique de la scène d’accouchement et tension dramatique.<br />

4. Partie I : Le romancier réaliste affirme sa volonté<br />

de donner une image précise et vraisemblable du<br />

réel.<br />

Partie II : Certes, Les réalistes cherchent à montrer la<br />

réalité telle qu’elle est, mais leur appréhension du<br />

réel n’échappe pas à la stylisation.<br />

2 Choisir le bon exemple<br />

1. b. = meilleur choix, car travail de l’auteur mis en<br />

avant : a rempli des carnets complets (l. 3-4), expliquer<br />

à froid (l. 11), véritable enquête (l. 13).<br />

a = narratif ; b = analytique<br />

2. Quelle est l’utilité de la lecture ?<br />

3. Corpus :<br />

Texte A : Alain, Propos sur le bonheur, « L’art d’être<br />

heureux » ➜ p. 350<br />

Texte B : P. Grimbert, Un secret ➜ p. 329<br />

Texte C : M. Vargas Llosa, Discours de réception du prix<br />

Nobel ➜ p. 467<br />

4. Paragraphe rédigé :<br />

Au XXI e siècle, un autre auteur tient à partager<br />

son expérience, lui qui a subi « l’Histoire avec sa<br />

grande hache » selon l’expression de Georges Perec,<br />

dans son récit W ou le Souvenir d’enfance. Il s’agit<br />

de Philippe Grimbert dans son roman intitulé Un<br />

secret (2004). Le titre de l’œuvre renvoie au secret<br />

de famille caché à François, le narrateur. L’auteur<br />

traite de la Shoah ; le récit autobiographique met<br />

en scène Maxime et Tania, les parents de François,<br />

avant sa naissance : Maxime a épousé en premières<br />

noces, Hannah, un fils, Simon, est né de leur union.<br />

Mais Simon et Hannah vont disparaître à cause de<br />

l’antisémitisme. Dans ce récit, Philippe Grimbert<br />

livre une vision toute en pudeur de la vie des civils<br />

pendant la guerre. L’auteur fait donc œuvre de<br />

mémoire en dévoilant progressivement le sort d’une<br />

famille juive sous l’occupation.<br />

3 Rédiger un paragraphe<br />

de dissertation<br />

1. Sujet consacré au roman et à la réalité => le romancier<br />

cherche-t-il seulement à imiter le réel ?<br />

2. Paragraphe rédigé :<br />

Tout d’abord, le romancier stylise le réel à travers<br />

ses personnages. Il simplifie en effet la réalité<br />

pour mieux l’incarner dans ces êtres fictifs. L’auteur<br />

parvient alors à donner une cohérence, une unité à<br />

son œuvre car il « pren[d] dans cette vie encombrée<br />

de hasards et de futilités que les détails caractéristiques<br />

utiles à son sujet, et il rejettera tout le reste,<br />

309


tout l’à-côté » comme l’explique Maupassant dans<br />

sa préface de Pierre et Jean (1888). Pour ce faire,<br />

il procède à des ellipses temporelles afin de conserver<br />

un dynamisme à son récit. Dans L’Éducation<br />

sentimentale, Flaubert passe sous silence quinze<br />

ans de la vie de Frédéric Moreau, son héros. Une<br />

analyse minutieuse, chapitre par chapitre du roman<br />

Madame Bovary prouve que, tout en étant attentif<br />

aux secrets intimes de l’héroïne, le narrateur écarte<br />

de nombreux aspects du quotidien des personnages,<br />

mettant l’accent sur la dramatisation de l’adultère.<br />

Toute intrigue réaliste est donc un parcours exemplaire<br />

inspiré du réel.<br />

3. Argument : II. 2. Le romancier accorde un rôle symbolique<br />

à ses personnages.<br />

Pistes :<br />

– définition du mot symbole ;<br />

– personnage = porte-parole de l’auteur ; archétype… ;<br />

– raisons de ce choix : volonté de transmettre un<br />

message aux lecteurs, identification de l’auteur à son<br />

héros…<br />

Ex. : les personnages des Misérables de Victor Hugo<br />

(p. 297) => Cosette, représentante des enfants exploités<br />

; Marius, symbole de la jeunesse romantique, révoltée.<br />

4 Rédiger un paragraphe<br />

de dissertation en autonomie<br />

1. Question de la définition du théâtre comme un genre<br />

littéraire => comment le genre théâtral se définit-il ?<br />

2. Partie I. 1. C’est un texte avant tout : notion de littérarité<br />

énoncée par Jakobson pour caractériser le texte<br />

littéraire et le différencier des autres écrits. Malgré<br />

l’aspect scénique, le théâtre est avant tout un écrit qui<br />

répond au développement progressif d’une intrigue.<br />

3. Abbé d’Aubignac, La Pratique du Théâtre (1657) : si<br />

le poète fait paraître quelques actions sur son théâtre,<br />

c’est pour tirer occasion de faire quelque agréable discours<br />

; tout ce qu’il invente, c’est afin de le faire dire ;<br />

il suppose beaucoup de choses afin qu’elles servent de<br />

matière à d’agréables narrations.<br />

4. Corpus :<br />

Texte A : Aristote, Poétique ➜ p. 87 => argument d’autorité<br />

sur le langage.<br />

Texte B : J. Racine, Andromaque ➜ p. 72 => fonction du<br />

dialogue dramatique.<br />

Texte C : J. Racine, Iphigénie ➜ p. 80 => contraintes de<br />

l’écriture versifiée.<br />

310<br />

5. Paragraphe rédigé :<br />

Tout d’abord, une pièce de théâtre est avant tout<br />

un texte littéraire. Elle se caractérise par sa « littérarité<br />

», notion énoncée par le linguiste russe<br />

Roman Jakobson, qui la définit comme la différence<br />

entre le texte littéraire et les autres écrits, en mettant<br />

l’accent sur le style de l’auteur. Justement, la<br />

matière première du théâtre est bien le texte comme<br />

l’affirme l’abbé d’Aubignac dans sa Pratique du<br />

théâtre en 1657 : « si le poète fait paraître quelques<br />

actions sur son théâtre, c’est pour tirer occasion de<br />

faire quelque agréable discours ». L’action est alors<br />

le prétexte d’un discours considéré comme le fondement<br />

même du théâtre classique : transmettre des<br />

informations que la bienséance empêche de mettre<br />

en scène. Jean Racine s’affirme alors comme le poète<br />

dramatique par excellence à travers sa maîtrise de<br />

la rhétorique notamment lorsque Pyrrhus menace<br />

Andromaque en usant d’une antithèse : « il faut<br />

désormais que mon cœur / S’il n’aime avec transport,<br />

haïsse avec fureur ». Comment mieux formuler<br />

la confusion des sentiments ?<br />

5 Reprendre un brouillon<br />

1. L’analyse du sujet (caractéristique de la question,<br />

analyse des mots clés et problématique) se termine à<br />

l’énoncé de la problématique (septième tiret).<br />

2. Partie I. La part de l’inspiration<br />

– le poète doit-il être inspiré pour créer ? Pourquoi<br />

le faudrait-il ?<br />

– poésie = art, côté inexplicable / perfection / beauté<br />

du style / trouvailles des poètes.<br />

– comment peut-il être inspiré ? influence de son<br />

mouvement littéraire et culturel.<br />

– l’écriture automatique des surréalistes.<br />

– la Muse, le génie.<br />

– la jeunesse créative de Rimbaud, puis son abandon<br />

de la poésie.<br />

Partie II. La création poétique tient-elle à autre<br />

chose ? la technique, l’expérience ?<br />

– les règles de la poésie classique.<br />

– la versification et ses contraintes.<br />

– les formes traditionnelles.<br />

– le travail au brouillon, les versions successives<br />

d’un même poème.<br />

3. Plan concessif.<br />

4 et 5. Partie I. Certes, l’inspiration occupe une large<br />

place dans la création poétique.<br />

1er § : la poésie, un art inexplicable associé à la<br />

figure de la Muse et aux dieux chez Platon (Ion).<br />

Ex. : A. de Musset, « Nuit de mai » ➜ p. 203<br />

2e § : la notion de hasard dans la création poétique.


Ex. : A. Rimbaud, « Au Cabaret-Vert, cinq heures du<br />

soir » : la bonne rencontre ➜ p. 231<br />

3e § : l’influence d’un mouvement littéraire et culturel<br />

appelant à l’audace.<br />

Ex. : A. Breton, « L’aigrette » : l’écriture automatique<br />

➜ p. 250<br />

Partie II. Cependant, la création poétique tient à<br />

d’autres conditions.<br />

1er § : la technique : maîtrise de la versification et de<br />

ses contraintes.<br />

Ex. : Louise Labé, « Prédit me fut… » : l’art du sonnet<br />

➜ p. 194<br />

2e § : le travail de l’écriture : le brouillon / l’intertextualité.<br />

Ex. : les brouillons d’écrivain (voir le site de la BNF),<br />

les réécritures au XIXe siècle sur le thème du soleil<br />

couchant. ➜ p. 238<br />

3e § : l’expérience de la vie.<br />

Ex. : C. Baudelaire, « Parfum exotique » : le rôle inspirateur<br />

d’une maîtresse ➜ p. 227.<br />

6. Rédaction fondée sur l’emploi rigoureux des connecteurs<br />

logiques, des alinéas et de tous les enchaînements<br />

requis.<br />

7. Conclusion :<br />

L’inspiration joue donc un rôle primordial dans<br />

la phase de création d’une œuvre poétique, mais<br />

elle n’est pas seule. En effet, figurée par la Muse, les<br />

dieux ou le génie, elle demeure un élément à la fois<br />

inexplicable et essentiel à l’écriture. Cependant la<br />

création tient aussi au travail du poète expérimenté<br />

qui met à profit sa technique et son expérience pour<br />

créer un chef-d’œuvre. Cette question de l’inspiration<br />

concernerait plus souvent la poésie que le<br />

roman. À ce propos, Gustave Flaubert, romancier<br />

réaliste, considère dans sa correspondance qu’« il<br />

faut se méfier de tout ce qui ressemble à de l’inspiration<br />

et qui n’est souvent que du parti pris et une<br />

exaltation factice » (1846).<br />

Prolongement : imaginer et traiter un sujet de dissertation<br />

à partir de l’extrait de l’article de Tahar Ben<br />

Jelloun ➜ exercice 5, p. 396.<br />

311


C H A P I T R E<br />

Fiche<br />

méthode 1<br />

Objectif : Comprendre les caractéristiques d’un texte<br />

pour être capable d’en transformer une.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 532<br />

1 Identifi er une consigne<br />

de transposition<br />

1. a. Sujet a : pastiche.<br />

Sujet b : transposition.<br />

b. Sujet a : À la manière de => écrire un nouveau texte<br />

en imitant le style d’un auteur.<br />

Sujet b : Transformez => on conserve le même texte en<br />

changeant une seule caractéristique.<br />

2. Sujet b : supprimer les vers et les strophes pour<br />

composer un paragraphe en prose, créer des effets de<br />

rythme et de sonorités (allitérations, assonances, rimes<br />

internes) pour conserver une dimension poétique.<br />

2 Formuler des consignes<br />

de transposition<br />

J. de La Bruyère, Les Caractères<br />

1. Genres et formes de l’argumentation : xvii e et<br />

xviii e siècles.<br />

2. Portrait en prose satirique d’un courtisan français<br />

du xvii e siècle, nommé Arrias, qui prétend tout savoir ;<br />

anecdote pour illustrer sa prétention (temps du récit,<br />

discours direct, effet de chute).<br />

3. a et b. – Rédigez le portrait d’un Arrias contemporain<br />

=> conserver le même registre, la même structure, le<br />

même caractère, mais actualiser le nom, moderniser le<br />

cadre spatio-temporel et se référer à des événements<br />

ou des objets contemporains.<br />

– Transposez ce texte en fable => conserver le nom, la<br />

situation, le registre, mais écriture en vers hétéromé-<br />

312<br />

6<br />

Transposer<br />

➜ Livre de l’élève, p. 530<br />

Pratiquer l’écriture<br />

d’invention<br />

➜ Livre de l’élève, p. 528<br />

triques, récit suivi d’une morale (au présent de vérité<br />

générale), et ajouter un titre, par exemple « Le présomptueux<br />

».<br />

– Transposez ce texte en dialogue théâtral => conserver<br />

le nom, la situation, le registre mais juste à travers<br />

des échanges verbaux, didascalies précisant le nombre<br />

de personnages, le lieu, les intonations et expressions<br />

des visages.<br />

3 Transposer une forme<br />

argumentative<br />

J. de La Fontaine, Fables,<br />

« La Poule aux œufs d’or »<br />

1. Transformer les vers en prose, supprimer la présence<br />

de la morale à la fin.<br />

2. Fable : poème argumentatif de La Fontaine, avec la<br />

mise en place d’un récit, puis d’une morale à la fin (présent<br />

de vérité générale).<br />

3. À conserver : le schéma narratif, la thèse.<br />

À modifier : les vers en prose, le titre, le découpage distinct<br />

en deux parties : le récit et la morale.<br />

4. La copie 2 est la meilleure : codes du conte présents<br />

(titre rappelant les titres des contes de Voltaire, formule<br />

type Il était une fois) et qualité d’écriture.<br />

Les erreurs de la copie 1 : pas de changement de titre ;<br />

découpage en deux parties avec une dernière phrase<br />

qui s’apparente à une morale de fable ; ajout d’un jugement<br />

de valeur (cet homme méchant, cruel et avare) ;<br />

vocabulaire familier (bien fait pour lui) ; ambiguïté de<br />

la syntaxe (il fut puni de sa cruauté, car elle était semblable<br />

aux autres) : pour l’élève, le pronom personnel<br />

elle renvoie à la poule, mais syntaxiquement, ce pronom<br />

reprend le nom féminin le plus proche, cruauté.<br />

Prolongement. Écriture d’invention : transposer le<br />

dialogue du texte de Vercors, extrait du Silence de la<br />

mer ➜ exercice 4, p. 428 en dialogue de théâtre.


Fiche<br />

méthode 2<br />

Objectif : Identifier et imiter les caractéristiques littéraires<br />

d’un texte pour rédiger un pastiche ou une parodie.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 535<br />

Réécrire<br />

➜ Livre de l’élève, p. 533<br />

1 Identifi er une consigne de réécriture<br />

1. Sujet a : À la manière de.<br />

Sujet b : Réécrivez.<br />

2. Sujet a : pastiche du style de Zola sans intention<br />

comique.<br />

Sujet b : parodie puisque la réécriture doit être plaisante,<br />

donc mettre en place des procédés comiques<br />

(amplification, registre burlesque avec par exemple le<br />

mélange du champ lexical de l’amour avec celui de la<br />

nourriture).<br />

2 Réécrire un roman<br />

E. A. Poe, Les Aventures d’Arthur Gordon Pym<br />

J. Verne, Le Sphinx des glaces<br />

1. Un bateau découvre après un long voyage une terre<br />

à l’horizon.<br />

2. Terre ?... (l. 1), en tête du chapitre XVII dans le livre<br />

d’Edgar Poe (l. 2-3), Arthur Pym (l. 10, 16), la Jane (l. 14,<br />

23), l’îlot Bennet (l. 23), l’île Tsalal (l. 25), le capitaine<br />

Len Guy (l. 26) => inscrire le roman dans la filiation de<br />

l’œuvre d’Edgar Allan Poe et donner les références de<br />

la réécriture au lecteur, tout en rendant hommage à ce<br />

modèle.<br />

3. Donner une suite à un roman, faire le commentaire<br />

d’une œuvre précédente => montrer explicitement<br />

l’intertextualité.<br />

Pastiche : Jules Verne écrit un roman à la manière<br />

d’E. A. Poe, sans aucune intention comique.<br />

3 Reprendre un motif poétique<br />

P. de Ronsard, Sonnets pour Hélène<br />

1. Pastiche : absence de dimension comique, imitation<br />

du style de Ronsard.<br />

2. Poème argumentatif (sonnet) : invitation à l’amour<br />

fondée sur un argument principal (le temps qui passe<br />

trop vite) mis en valeur par le motif du carpe diem.<br />

3. Mettre en place les codes épistolaires, situation<br />

de communication adaptée (tutoiement, impératifs),<br />

suppression des vers et mise en place de références<br />

modernes, utilisation d’images propres au motif du<br />

carpe diem.<br />

Début de la lettre :<br />

Paris, le 24 juin 2011<br />

Chère Cyndi,<br />

Tu es pour l’instant la plus belle des filles de ce<br />

lycée, ta superbe et ta prétention n’ont d’égales<br />

que ta beauté. Mes hommages répétés sur Facebook<br />

t’indiffèrent et sont même un grand sujet de plaisanterie<br />

avec tes amis. Mais crois-moi ! Le temps n’est<br />

pas loin où, seule dans un appartement, tu contempleras<br />

les cendres de ta jeunesse orgueilleuse. Il ne<br />

te restera alors plus que mes vers…<br />

Prolongement. Écriture d’invention : réécrire de<br />

manière tragique le monologue d’Harpagon ➜ p. 42.<br />

313


Fiche<br />

méthode 3<br />

Objectif : Poursuivre ou compléter un texte du corpus.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 539<br />

1 Incipit réaliste et écriture d’invention<br />

H. de Balzac, La Peau de chagrin<br />

1. fin du mois d’octobre dernier (l. 1), au moment où les<br />

maisons de jeu s’ouvraient (l. 2-3), le Palais-Royal (l. 2)<br />

=> ancrage réaliste car avec une recherche historique,<br />

on peut situer l’action au début du xix e siècle, à Paris.<br />

2. un jeune homme (l. 1-2) opposé à une figure inquiétante<br />

qui évoque la mort : un petit vieillard blême,<br />

accroupi dans l’ombre (l. 8-9), une figure moulée sur<br />

un type ignoble (l. 10-11).<br />

3. Point de vue externe : le narrateur ne dévoile pas les<br />

pensées des personnages (jeune homme et vieillard), il<br />

décrit uniquement ce qui est visible (Sans trop hésiter,<br />

l. 4-5 => information que l’on peut donner en fonction<br />

de la démarche du jeune homme), même s’il livre ses<br />

commentaires sur cette action.<br />

4. Sujet a : trouver d’autres lieux évoquant la grande<br />

ville (salle de spectacle, restaurant, calèche ou cabriolet<br />

de sport, au vu de tous, sur les grandes artères) et<br />

adopter le point de vue du jeune homme pour découvrir<br />

ses impressions, commentaire du narrateur avertissant<br />

des dangers.<br />

Sujet b : décrire la salle de jeu, l’assistance, raconter<br />

l’échec ou la réussite du jeune homme et comment<br />

cela devient prémonitoire de son destin (focalisation<br />

omnisciente, possibilité d’une prolepse).<br />

5. Poursuivez le développement amorcé par le narrateur<br />

sur les maisons de jeu, en soulignant leur danger<br />

pour un jeune homme.<br />

2 De la lecture analytique à l’écriture<br />

d’invention<br />

F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux<br />

1. Fin ouverte : personnage en train de déambuler dans<br />

Paris, promesse de rencontres.<br />

2. Le centre de Paris : magasin Old England (l. 1-2), rue<br />

Royale (l. 7), à l’heure du déjeuner (Elle eut faim, l. 1 ;<br />

Elle déjeuna, l. 6).<br />

314<br />

Imaginer et créer<br />

➜ Livre de l’élève, p. 536<br />

3. a. Focalisation interne sur Thérèse, sujet des verbes<br />

d’action, de vue et de pensée (ex. : Elle eut faim, se leva,<br />

vit, l. 1).<br />

b. Discours indirect libre (l. 2-5, l. 7-8, l. 12-18) :<br />

absence de verbes introducteurs de parole, absence de<br />

guillemets et cependant marques de la subjectivité et<br />

de l’oralité (exclamations et interrogations). Ex. : Pourquoi<br />

rentrer à l’hôtel puisqu’elle n’en avait pas envie ?<br />

(l. 7-8).<br />

Discours direct entre guillemets (l. 18-23) qui évoque<br />

en fait les pensées de Thérèse.<br />

Discours indirect ou narrativisé avec un verbe introducteur<br />

de paroles : Elle demanda des cigarettes (l. 10).<br />

4. Sentiments de Thérèse :<br />

– bonheur et sérénité : chaud contentement (l. 9), Elle<br />

riait (l. 24), bienheureuse (l. 25) ;<br />

– sentiment de libération, sans contraintes : comme<br />

souvent dans ses rêves (l. 7) ;<br />

– curiosité pour les autres : Rien ne l’intéressait de ce<br />

qui vit, que les êtres de sang et de chair (l. 16-18).<br />

5. Conserver le point de vue interne, respecter la même<br />

énonciation (3e personne du singulier), varier les<br />

formes de discours, intégrer des noms de rues et de<br />

lieux parisiens tout au long du parcours de Thérèse,<br />

mettre en scène une rencontre avec un homme le soir<br />

dans un dancing (rencontre très largement préparée<br />

par le sourire au jeune homme, l. 11-12).<br />

3 Imaginer et créer une scène<br />

de théâtre<br />

1. a et b. Femme bouleversée sous le choc d’une nouvelle<br />

traumatisante : l’annonce de la mort de celui<br />

qu’elle aime.<br />

2. Contraintes du sujet :<br />

– développement de la tirade ;<br />

– discours direct ;<br />

– absence d’interlocuteur (possibilité d’apostrophes et<br />

d’adresses à elle-même, à Britannicus mort ou à des<br />

entités personnifiées, aux dieux…) ;<br />

– texte en prose, expression de la souffrance et de la<br />

douleur : champ lexical de l’horreur, des larmes, exclamations,<br />

mais dans le respect de la bienséance (règle<br />

du théâtre classique) ;<br />

– invention de didascalies.


3. Déplacements et gestes de Junie indispensables pour<br />

dynamiser le monologue, les intonations.<br />

Mais ne pas multiplier les didascalies qui risquent de<br />

devenir agaçantes, rompant la fluidité du monologue.<br />

4. Brouillon avant rédaction :<br />

– étapes du monologue : de l’incrédulité à l’accusation,<br />

pour finir sur la déploration de l’être aimé ;<br />

– didascalies accompagnant cette évolution :<br />

d’abord immobile, comme paralysée devant le<br />

cadavre, puis agitée de soubresauts de colère, enfin<br />

prostrée au sol ;<br />

– énonciation expressive de registre tragique.<br />

Début du monologue :<br />

– Junie (immobile, face au corps sans vie de Britannicus)<br />

Fiche<br />

méthode 4<br />

Objectif : Produire un texte argumentatif respectant<br />

des consignes précises en relation avec le corpus.<br />

Exercices d'entraînement<br />

➜ p. 543<br />

1 Analyser des consignes<br />

Inventer et argumenter<br />

➜ Livre de l’élève, p. 540<br />

1. Sujets a et c : La tragédie et la comédie au xvii e siècle :<br />

le classicisme.<br />

Sujet b : La poésie du xix e au xx e siècle : du romantisme<br />

au surréalisme.<br />

2. a. Sujet a : un article (titre, signature fictive, présence<br />

de la thèse et des arguments du journaliste, procédés<br />

de persuasion, exemples précis tirés du spectacle).<br />

Sujet b : dialogue avec deux thèses qui s’opposent.<br />

Sujet c : poursuite d’un dialogue de théâtre reprenant<br />

les mêmes personnages et la même façon de parler que<br />

dans la pièce de Molière.<br />

b. Présence de didascalies dans le sujet c.<br />

3. Thèse : faire l’éloge d’une mise en scène réussie.<br />

4. Sujet a : journaliste s’adressant à ses lecteurs.<br />

Sujets b et c : dialogue avec débat.<br />

Point commun : apostrophes de façon à capter l’attention<br />

de celui qui lit (sujet a) ou écoute (sujets b et c).<br />

Comment est-ce possible ? Ô Dieux ! je ne peux<br />

croire que ce corps sans vie soit celui de Britannicus<br />

! Réveillez-moi de ce songe étrange ! Je suis sûre<br />

qu’il va se lever et s’avancer vers moi renouvelant<br />

ses promesses éternelles. (Elle s’approche du corps<br />

de Britannicus et ses larmes commencent à couler).<br />

Britannicus, Britannicus, réponds-moi, réponds à<br />

ma douleur comme tu as toujours répondu à mon<br />

amour. Ô Destin implacable !….<br />

Prolongement. Écriture d’invention : imaginer le<br />

passage qui précède l’extrait du poème de Cendrars<br />

➜ p. 241 à compter de l’entrée des deux personnages<br />

dans le train, en respectant la forme du poème en vers<br />

libres.<br />

2 Chercher des arguments<br />

J.-J. Rousseau, Émile ou De l’éducation<br />

1. Thèse : l’enfant n’a pas besoin de faire preuve de<br />

jugement et d’intelligence raisonnée, c’est-à-dire d’être<br />

un adulte en réduction.<br />

2. Vercors, Les Animaux dénaturés : la différence entre<br />

l’animal et l’homme réside dans la complexité du cerveau<br />

(thèse explicite, l. 45-47) ➜ p. 135.<br />

J. Swift, Les Voyages de Gulliver : l’utilisation de la raison<br />

permet de progresser ➜ p. 137.<br />

Thèses ≠ Rousseau qui dénigre l’emploi précoce de la<br />

raison.<br />

3. Contraintes du sujet :<br />

– codes épistolaires (date, formules d’entrée et de politesse,<br />

signature fictive) ;<br />

– texte de type argumentatif (défendre la thèse du<br />

bénéfice tiré de l’utilisation précoce de la raison) ;<br />

– registre polémique (prise à partie, vocabulaire péjoratif,<br />

apostrophes).<br />

4. a. Dans Jeannot et Colin ➜ p. 131, Voltaire expose<br />

la thèse d’un gouverneur qualifié ironiquement de<br />

gracieux ignorant (l. 36) qui pense que l’on étouffe<br />

l’esprit des enfants sous un amas de connaissances<br />

inutiles (l. 45-46), mais les parents de l’enfant ne<br />

comprennent même pas de quoi parle le gouverneur.<br />

315


Voltaire démontre ainsi la nécessité du savoir pour porter<br />

un jugement éclairé sur les personnes, afin de ne<br />

pas se laisser manipuler.<br />

b. Autres arguments avec exemples :<br />

– l’exercice de la raison éloigne l’enfant des instincts<br />

naturels sauvages et violents.<br />

Ex. : Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron (récit de Jean<br />

Itard) est retrouvé trop tard. Sa rééducation ne parvient<br />

pas à lui faire récupérer des capacités intellectuelles<br />

normales ; il reste plus ou moins à l’état d’animal.<br />

– l’utilisation de la raison et la volonté d’apprendre<br />

témoignent d’une vision optimiste de l’homme, héritée<br />

de l’humanisme.<br />

Ex. : l’éducation de Pantagruel dans le roman éponyme<br />

de Rabelais.<br />

3 Écrire une fable<br />

1. Mots clés :<br />

– dénonçant : texte argumentatif visant à critiquer une<br />

thèse ;<br />

– effets pervers : conséquences négatives ;<br />

– éducation trop précoce : instruire, faire réfléchir un<br />

enfant avant que cela ne soit nécessaire.<br />

2. a. Fable : poème argumentatif composé d’un récit et<br />

d’une morale, mettant souvent en scène des animaux<br />

personnifiés et allégoriques => argumentation indirecte.<br />

b. Les textes de la séquence 5 ➜ p. 109.<br />

c. Contraintes : écriture en vers, présence d’un récit vif<br />

intégrant des dialogues, formulation d’une morale au<br />

présent de vérité générale.<br />

4 Écrire un dialogue argumentatif<br />

1. Thèse : éloge du roman réaliste ; antithèse : critique<br />

du roman réaliste.<br />

2 et 3.<br />

316<br />

Éloge du roman réaliste Critique du roman réaliste<br />

– il permet de s’identifier<br />

aux personnages.<br />

Ex. : le désir d’ascension<br />

d’un jeune homme issu<br />

d’un milieu simple dans<br />

Le Rouge et le Noir de<br />

Stendhal ➜ p. 262<br />

– il permet de mieux<br />

comprendre le monde<br />

dans lequel nous vivons<br />

(fonction didactique)<br />

Ex. : F. Bon, Sortie d’usine<br />

➜ p. 321<br />

– on peut préférer<br />

l’identification à des<br />

héros supérieurs, voire<br />

extraordinaires.<br />

Ex. : les personnages<br />

parfaits de La Princesse de<br />

Clèves de M me de La Fayette<br />

➜ p. 278<br />

– il nuit au rêve,<br />

à l’évasion, au<br />

divertissement, en raison<br />

de ses sujets sordides<br />

de boue<br />

– Il dénonce les travers<br />

de la société (fonction<br />

argumentative)<br />

Ex. : É. Zola, L’Assommoir<br />

➜ p. 365<br />

Ex. : la vision sombre de<br />

l’amour dans Thérèse<br />

Raquin de Zola ➜ p. 300<br />

– il entretient une vision<br />

pessimiste de la société<br />

Ex. : Balzac, Le Père Goriot<br />

➜ p. 266 : Il voyait le<br />

monde comme un océan<br />

4. Proposition rédigée du début du dialogue<br />

(1 er échange) :<br />

GabrIel : L’étude des romans réalistes a été une véritable<br />

découverte pour moi cette année. J’ai aimé<br />

la manière dont les personnages et le monde sont<br />

montrés dans ce type de roman.<br />

lucas : Peux-tu développer ton point de vue ? Moi,<br />

j’ai en horreur cette littérature qui m’a déprimé !<br />

GabrIel : J’ai surtout apprécié de pouvoir m’identifier<br />

aux héros de ces romans : ils se retrouvent dans<br />

des situations qui pourraient être les nôtres, tu ne<br />

trouves pas ? Cela nous permet de mieux nous comprendre.<br />

Je me suis senti très proche de Julien Sorel,<br />

ce jeune homme issu d’un milieu simple et qui rêve<br />

d’ascension sociale. C’est fou comme il incarne le<br />

désir, l’ambition qui doit s’emparer de tout jeune<br />

homme qui débute dans la vie !<br />

lucas : Je te rappelle que ton Julien Sorel finit très<br />

mal ; alors moi, je préfère m’identifier à d’autres<br />

personnages beaux, magnifiques qui me permettent<br />

de compenser mon existence… médiocre, pour ne<br />

pas dire plus. Le duc de Nemours, avec son « air<br />

brillant », et sa façon d’être au centre de tous les<br />

regards, me donne confiance en moi. En m’identifiant<br />

à lui j’étouffe mes doutes, mes appréhensions<br />

et mes interrogations sur l’existence, et je vais de<br />

l’avant, comme ce héros qui saute par dessus les<br />

chaises pour arriver au centre du bal et danser avec<br />

la plus belle des femmes.<br />

5 Éloge ou blâme<br />

1. Article : titre, signature fictive du journaliste, invention<br />

du titre du journal.<br />

Journaliste qui s’adresse aux lecteurs (fonction conative).<br />

2. Vocabulaire appréciatif (éloge) ou dépréciatif<br />

(blâme), procédés d’amplification (hyperboles, énumérations,<br />

gradations, ironie, tournures exclamatives).<br />

3. L’adaptation réussie du roman de Gustave Flaubert,<br />

Madame Bovary, par Claude Chabrol.<br />

Ex. : des gros plans qui filment au plus près l’héroïne<br />

afin de faire ressentir sa subjectivité.<br />

4. Ce film est une perle rare dans l’océan de médiocrité<br />

des adaptations cinématographiques souvent


submergées par l’immense génie de l’oeuvre littéraire.<br />

En effet, le réalisateur a su s’immerger dans le<br />

roman sans s’y noyer, et tel un plongeur en haute<br />

mer, il a réussi à cueillir ce bijou visuel !<br />

5. Proposition de rédaction du début de l’article :<br />

« Une perle rare »<br />

Enfin une adaptation cinématographique qui ne<br />

trahit pas l’âme du roman et qui parvient à utiliser<br />

toutes les ressources du cinéma ! Résultat : un<br />

véritable chef-d’œuvre ! Claude Chabrol nous propose<br />

une version très fidèle du roman de Flaubert,<br />

Madame Bovary : il n’est pas de ces « auteurs »<br />

sacrilèges qui veulent affirmer leur originalité en<br />

réécrivant l’œuvre. Non ! Son talent est ailleurs ; il<br />

est avant tout cinématographique. C’est pourquoi je<br />

vous presse de courir voir ce film.<br />

Tout d’abord, comment ne pas être séduit par<br />

la merveilleuse Isabelle Huppert qui incarne de<br />

manière inoubliable une Emma Bovary à fleur de<br />

peau ?…<br />

Prolongement. Écriture d’invention : écrire un<br />

monologue délibératif en prose, à la manière des personnages<br />

de tragédie classique afin de prendre une<br />

décision importante au sujet des études supérieures.<br />

317

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