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Santé NOTE - Anses

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Bulletin de veille<br />

scientifique<br />

<strong>Santé</strong> Environnement Travail<br />

n o 4 - juin 2007<br />

<strong>NOTE</strong>S D’ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE


Sommaire<br />

Les notes d’actualités scientifiquesa reflètent le point de vue de leurs auteurs et ne sauraient en aucun<br />

cas être interprétées comme le point de vue du comité éditorial ou de l’Afsset.<br />

Risques liés aux agents physiques dans l'environnement général et professionnel<br />

Impact des caractéristiques physico-chimiques des nanotubes de carbone sur leur toxicité et leur devenir<br />

dans l’organisme en cas de contamination accidentelle et de passage dans la circulation sanguine Marie CARRIERE ........................................4<br />

Gêne et effets du bruit sur le sommeil et la santé Annie MOCH ...............................................................................................................................6<br />

Risques liés aux agents chimiques dans l'environnement général et professionnel<br />

Devenir des substances pharmaceutiques et des produits de soin dans les eaux Claude CASELLAS...................................................................8<br />

Conséquences de l’exposition aux polluants photochimiques en population générale Denis CHARPIN ..............................................................10<br />

Les émissions des véhicules utilisant des carburants d’origines agricoles ont-elles des impacts environnementaux<br />

et sanitaires supérieurs à celles des carburants d’origine fossile ? Vincent NEDELLEC........................................................................................12<br />

Déterminants environnementaux des troubles immunitaires et allergiques<br />

Particules diesel et pathologie respiratoire Jacques DESCOTES ...........................................................................................................................14<br />

Effets de la pollution atmosphérique sur la sensibilisation allergénique de l’enfant Chantal RAHERISON............................................................16<br />

Déterminants environnementaux des troubles de la reproduction<br />

Vacuolisation autophagique sertolienne : un biotest pertinent pour l’évaluation du pouvoir reprotoxique<br />

et cancérigène des polluants environnementaux? Baharia MOGRABI ...................................................................................................................18<br />

Déterminants environnementaux généraux et professionnels du cancer<br />

Organochlorés et cancers (études épidémiologiques) Geneviève Van MAELE ......................................................................................................20<br />

Cancers de l’enfant et environnement Joëlle LE MOAL ..........................................................................................................................................22<br />

Outils et méthodes pour l’évaluation du risque<br />

Modèles QSAR permettant d’identifier les molécules ayant des effets sur la reproduction et le développement James DEVILLERS .................24<br />

Choix de la méthode d’évaluation sanitaire des impacts de la pollution de l’air - Comparaison des QALYs et DALYs Eric LABOUZE................26<br />

L’approche par catégorie pour l’évaluation des risques liés à des substances chimiques. Exemple des phthalates Barbara GOUGET..............28<br />

Les animaux de compagnie sentinelles d’exposition et d’effets sanitaires chez l’Homme Brigitte ENRIQUEZ ....................................................30<br />

Perception des risques et communication<br />

Croyances, attitudes, expérience, perception des risques et comportement Rémi KOUABENAN ........................................................................34<br />

Communiquer sur les risques de santé environnementale : l’étude des attitudes et des perceptions<br />

comme correctif des approches instrumentales Jean-Marie RAMBAUD ...............................................................................................................36<br />

L’expertise comme acteur de la décision publique Sophie GAULTIER-GAILLARD ...............................................................................................38<br />

Gestion des risques et organisation du travail, éléments pour comprendre les inégalités sociales de santé au travail Omar BRIXI ....................40<br />

2 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Éditorial<br />

Ce bulletin de veille en <strong>Santé</strong> - Environnement - Travail rassemble, pour la deuxième année, des notes<br />

d’actualité bibliographique rédigées par des équipes scientifiques sélectionnées par un comité éditorial.<br />

Le Bulletin 2007 traite de 24 thématiques, et les informations susceptibles de servir les politiques<br />

publiques sont privilégiées.<br />

L’actualité bibliographique sur les nanoparticules produites intentionnellement met en exergue les<br />

difficultés méthodologiques pour suivre les effets biologiques des nanotubes de carbone :<br />

caractérisation physico-chimique précise, devenir dans l’organisme.<br />

Les outils pour l’évaluation du risque se développent, et en particulier les méthodes alternatives à<br />

l’expérimentation animale. Pour évaluer la reprotoxicité, une démarche originale est proposée, utilisant<br />

des modèles de type structure-activité, mais reste à valider. Une autre approche est décrite, analysant<br />

les groupes de substances chimiques dont les propriétés physico-chimiques et toxicologiques sont<br />

supposées semblables du fait de similarités structurales. Une application à l’étude des phtalates est<br />

proposée. Enfin, un biotest dit « vacuolisation autophagique sertolienne » est décrit pour l’évaluation du<br />

pouvoir reprotoxique et cancérigène de polluants environnementaux. Ce test de criblage quantitatif,<br />

rapide et peu coûteux nécessite aussi d’être validé.<br />

Il existe peu d’études sur les méthodes d’estimation intégrée d’impact sanitaire des nuisances<br />

environnementales. Les travaux analysés, qui concernent la pollution de l’air, montrent que l’index de la<br />

qualité de vie est une approche intéressante notamment dans les analyses coût-bénéfice d’évaluation<br />

des politiques de la qualité de l’air.<br />

Des sujets d’intérêt sur la perception des risques et leur communication sont abordés dans l’actualité<br />

bibliographique : étude sur le rôle des croyances, des attitudes et de l’expérience sur la perception des<br />

risques, influence de la perception du risque sur le comportement. Trois approches en matière de<br />

communication du risque sont illustrées : organisationnelle, pluridisciplinaire (incluant une analyse<br />

ethnographique), et mécaniste, visant à influencer les attitudes. Par ailleurs, une approche sociologique<br />

des risques professionnels montre que de fortes inégalités sociales caractérisent les expositions<br />

professionnelles et se prolongent dans le droit à la réparation.<br />

La pollution atmosphérique est l’objet de quatre notes de ce numéro. Une étude montre que les enfants<br />

exposés de manière chronique à une pollution atmosphérique élevée présentent des anomalies<br />

radiographiques peut-être annonciatrices d’une broncho-pneumopathie obstructive chronique future.<br />

Deux notes s’intéressent aux effets de la pollution atmosphérique sur la survenue de phénomènes<br />

allergiques. Le rôle des particules diesel, en particulier dans l’asthme, semble admis, bien que les<br />

mécanismes en cause et les facteurs de risque ne soient pas parfaitement élucidés. De plus, une étude<br />

épidémiologique suggère un effet des particules fines sur la sensibilisation allergénique des enfants. La<br />

question « Les émissions des véhicules utilisant des carburants d’origine agricole ont-elles des impacts<br />

environnementaux et sanitaires supérieurs à celles des carburants d’origine fossile ? » trouve<br />

naturellement sa place dans ce contexte d’actualité.<br />

Enfin, dans le domaine des cancers professionnels, une des grandes difficultés des études<br />

épidémiologiques est de mettre en relation un type de cancer spécifique avec l’exposition à un pesticide<br />

donné. Deux études récentes convergent pour montrer une association entre une exposition au lindane<br />

ou à l’hexachlorocyclohexane (qui contient du lindane) et le développement de lymphomes non<br />

Hodgkiniens.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 3<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


RISQUES LIÉS AUX AGENTS PHYSIQUES DANS L'ENVIRONNEMENT GÉNÉRAL ET PROFESSIONNEL<br />

Nanoparticules produites intentionnellement : dangers et risques sanitaires<br />

Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

Impact des caractéristiques physico-chimiques des nanotubes de carbone<br />

sur leur toxicité et leur devenir dans l’organisme en cas de contamination accidentelle<br />

et de passage dans la circulation sanguine<br />

CARRIERE Marie ; GOUGET Barbara - Laboratoire Pierre Süe CEA-CNRS UMR 9956 - Groupe Toxicologie humaine et<br />

environnementale - Gif sur Yvette<br />

Après de nombreuses études sur les effets pulmonaires<br />

d’une exposition aux nanotubes de carbone, modélisée<br />

par l’instillation intratrachéale et/ou intranasale sur des<br />

rongeurs, un article particulièrement intéressant s’intéresse<br />

au devenir des nanotubes de carbone s’ils venaient à<br />

accéder au système sanguin par translocation, c’est à dire<br />

passer la barrière épithéliale pulmonaire.<br />

Une précédente étude (Singh et al.) avait montré que des<br />

nanotubes monofeuillets (SWCNT, diamètre 1nm, longueur<br />

300 nm à 1 µm avant fonctionnalisation, injection de 60 µg<br />

soit environ 3 mg/kg), fonctionnalisés par de l’acide<br />

diethylène triamine penta-acétique (DTPA), complexés à<br />

de l‘indium radioactif ( 111 In) et injectés en intraveineuse<br />

dans des souris dans un tampon salin, se répartissaient<br />

dans l’ensemble des organes en 30 mn. Les plus grandes<br />

quantités étaient détectées dans le muscle (49%), la peau<br />

(8%), le rein (2,5%) et le sang (4,5%). Très peu de<br />

nanotubes étaient détectés dans le foie (0,2%), et les<br />

auteurs ne retrouvaient que 65% de la dose initialement<br />

injectée, suggérant que 35% de cette dose avait déjà été<br />

éliminée par voie urinaire. Trois heures après l’injection,<br />

seulement 2% de la dose était détectée dans la totalité des<br />

organes, la majorité dans la peau (0,7%) ; moins de 1%<br />

des nanotubes subsistaient après 24h. L’observation des<br />

urines des animaux, collectées au cours de l’expérience,<br />

laissait apparaître une grande quantité de nanotubes de<br />

carbone intacts, qu’ils aient injecté des nanotubes mono<br />

ou multifeuillets (injection de 400 µg, dose non toxique). La<br />

clairance urinaire de ces deux types de nanotubes était<br />

rapide, avec une durée de demi-vie dans la circulation<br />

sanguine d’environ 3h.<br />

L’article retenu principalement au cours de ces derniers six<br />

mois (Cherukuri et al.) concerne l’injection en intraveineuse<br />

de SWCNT à des lapins (75 µg soit 20 µg/kg), après<br />

dispersion dans un surfactant largement utilisé en<br />

expérimentation animale, et connu pour son innocuité : le<br />

pluronic F108. Les auteurs montrent qu’après injection, le<br />

pluronic est rapidement détaché des nanotubes, qui sont<br />

rapidement recouverts par des protéines du sérum. La taille<br />

des nanotubes étudiés est relativement hétérogène, avec<br />

une moyenne de 1 nm de diamètre et 300 nm de long. Le<br />

suivi des nanotubes dans l’organisme est rendu possible<br />

par la fluorescence intrinsèque qu’ils émettent dans le<br />

proche infrarouge (caractéristique des SWCNT<br />

correctement individualisés). Cette méthode présente une<br />

sensibilité très importante, puisqu’elle permettrait de<br />

détecter jusqu’à un seul nanotube de carbone. De ce fait,<br />

aucune fonctionnalisation n’est nécessaire pour le suivi des<br />

nanotubes dans l’organisme. Dans un premier temps la<br />

cinétique d’élimination des SWCNT est évaluée : leur durée<br />

de demi-vie dans le sang est estimée à 1h. 24h après<br />

injection, les SWCNT ne sont détectés de façon<br />

significative que dans le foie. Les reins, les poumons, la<br />

rate, les os, les muscles, le pancréas, la peau, l’intestin, le<br />

cerveau et la moelle épinière ne présentent pas ou peu de<br />

SWCNT. Aucun signe de toxicité ou d’effets des nanotubes<br />

sur le comportement des animaux n’est noté.<br />

En complément de cette étude, un article montre, in vitro<br />

sur des cellules en culture, que l’état d’agglomération des<br />

nanotubes influe largement leur toxicité. Wick et al.<br />

caractérisent la cytotoxicité de SWCNT soit dispersés dans<br />

du polyoxyéthylène sorbitan mono-oléate (PS 80 ou Tween<br />

80), non toxique, soit préparés sans utilisation de<br />

dispersant. Dans ce cas, les SWCNT s’agglomèrent pour<br />

former des structures de diamètre de l’ordre du micron.<br />

Après caractérisation des différentes suspensions de<br />

nanotubes, les auteurs exposent des cellules de<br />

mésothéliome humain MSTO-211H à des concentrations<br />

allant de 7,5 à 30 µg/ml. Ils montrent que les SWCNT<br />

dispersés sont beaucoup moins toxiques que les SWCNT<br />

agglomérés, ces derniers étant plus toxiques que des fibres<br />

d’amiante, utilisées comme contrôle positif.<br />

Selon leur fonctionnalisation, les nanotubes de carbone<br />

auraient donc des organes cibles différents en cas de<br />

contamination (pulmonaire, par ingestion ou dermique) et de<br />

translocation dans le système sanguin. La fonctionnalisation<br />

des nanotubes de carbone, souvent employée par les<br />

chercheurs de manière à pouvoir les suivre dans les<br />

organismes, pourrait fausser les résultats de leurs études,<br />

qui pourraient alors ne pas refléter la réalité du danger en cas<br />

de contamination accidentelle. Un autre paramètre affectant<br />

la toxicité des nanotubes de carbone est leur état<br />

d’agglomération. Les expérimentations visant à caractériser<br />

la toxicité des nanotubes de carbone doivent donc passer<br />

par une étape de caractérisation approfondie de leur état<br />

d’agglomération pour que les résultats soient exploitables.<br />

Conclusion générale<br />

Ces études mettent en exergue quelques unes des<br />

difficultés actuelles des toxicologues s’intéressant aux<br />

effets biologiques des nanotubes de carbone.<br />

Pour pouvoir être suivis lors de ces contaminations, les<br />

nanotubes de carbone sont souvent fonctionnalisés,<br />

c'est-à-dire modifiés par adjonction de composés à leur<br />

surface. Cependant la fonctionnalisation modifie leur<br />

devenir dans l’organisme et leur toxicité.<br />

D’autre part la caractérisation parfaite des nanotubes de<br />

carbone, en particulier leur taille, leur structure à leur état<br />

d’agglomération est nécessaire pour que les différentes<br />

études publiées soient comparables, et pour assurer que<br />

la toxicité observée n’est pas uniquement due à une<br />

dispersion imparfaite.<br />

4 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Publications sélectionnées<br />

Cherukuri P, Gannon CJ, Leeuw TK et al. Mammalian<br />

pharmacokinetics of carbon nanotubes using intrinsic nearinfrared<br />

fluorescence. PNAS 2006 ; 103(50): 18882-6.<br />

Singh R, Pantarotto D, Lacerda L et al. Tissue biodistribution<br />

and blood clearance rates of intravenously administered carbon<br />

nanotube radiotracers. PNAS 2006 ; 103(9): 3357-62.<br />

Wick P, Manser P, Limbach LK et al. The degree and kind of<br />

agglomeration affect carbon nanotube cytotoxicity. Toxicol. Lett.<br />

2007 ; 168: 121-31.<br />

Revues de la littérature<br />

Curtis J, Greenberg M, Kester J et al. Nanotechnology and<br />

nanotoxicology : a primer for clinicians. Toxicol. Rev. 2006 ; 25(4):<br />

245-60.<br />

Kabanov AV. Polymer genomics : an insight into pharmacology<br />

and toxicology of nanomedicines. Adv. Drug Deliv. Rev. 2006 ;<br />

58(15): 1597-621.<br />

Lacerda L, Bianco A, Prato M et al. Carbon nanotubes as<br />

nanomedicines : from toxicology to pharmacology. Adv. Drug<br />

Deliv. Rev. 2006 ; 58(14): 1460-70.<br />

Medina C, Santos-Martinez MJ, Radomski A et al.<br />

Nanoparticles : pharmacological and toxicological significance.<br />

Br. J. Pharmacol. 2007 ; 150(5): 552-8.<br />

Publications non retenues<br />

Arenz A, Hellweg CE, Stojicic N. Gene expression modulation<br />

in A549 human lung cells in response to combustion-generated<br />

nano-sized particles. Ann. N.Y. Acad. Sci. 2006 ; 1091: 170-83.<br />

Chan WH, Shiao NH, Lu PZ. CdSe quantum dots induce<br />

apoptosis in human neuroblastoma cells via mitochondrialdependent<br />

pathways and inhibition of survival signals. Toxicol.<br />

Lett. 2006 ; 167(3): 191-200.<br />

Chang JS, Chang KL, Hwang DF et al. In vitro cytotoxicity of<br />

silica nanoparticles at high concentrations strongly depends on<br />

the metabolic activity type of the cell line. Environ. Sci. Technol.<br />

2007 ; 41(6): 2064-8.<br />

Chen H-W, Su S-F, Chien C-T. Titanium dioxyde nanoparticles<br />

induce emphysema-like lung injury in mice. FASEB J. 2006 ; 20:<br />

E1732-41.<br />

Cho SJ, Maysinger D, Jain M et al. Long-term exposure to<br />

CdTe quantum dots causes functional impairments in live cells.<br />

Langmuir 2007 ; 23: 1974-80.<br />

Choi AO, Cho SJ, Desbarats J et al. Quantum dot-induced cell<br />

death involves Fas upregulation and lipid peroxydation in human<br />

neuroblastoma cells. J. Nanotechnology 2007 ; 5(1): 1-13.<br />

Gajdosikova A, Gajdosik A, Koneracka M et al. Acute toxicity<br />

of magnetic nanoparticles in mice. Neuro Endocrinol. Lett. 2006<br />

; 27 Suppl. 2: 96-9.<br />

Grassian V, O’Shaughnessy PT, Adamcakova-Dodd A et al.<br />

Inhalation exposure study of titanium dioxide nanoparticles with<br />

a primary particle size of 2 to 5 nm. Environ. Health Perspect.<br />

2007 ; 115(3): 397-402.<br />

Jeng HA, Swanson J. Toxicity of metal oxide nanoparticles in<br />

mammalian cells. J. Environ. Sci. Health A Tox. Hazard Subst.<br />

Environ. Eng. 2006 ; 41(12): 2699-711.<br />

Kaewamatawong T, Shimada A, Okajima M et al. Acute and<br />

subacute pulmonary toxicity of low dose of ultrafine colloidal<br />

silica particles in mice after intratracheal instillation. Toxicol.<br />

Pathol. 2006 ; 34(7): 958-65.<br />

Kamruzzaman-Selim KM, Ha YS, Kim SJ. Surface modification<br />

of magnetite nanoparticles using lactobionic acid and their<br />

interaction with hepatocytes. Biomaterials. 2007 ; 28(4): 710-6.<br />

Knight VB, Serrano EE. Tissue and species differences in the<br />

application of quantum dots as probes for biomolecular targets in the<br />

inner ear and kidney. IEE Trans Nanobioscience. 2006 ; 5(4): 251-62.<br />

Li Z, Hulderman T, Salmen R et al. Cadiovascular effects of<br />

pulmonary exposure to single-wall carbon nanotubes. Environ.<br />

Health Perspect. 2007 ; 115(3): 377-82.<br />

Lin W, Huang YW, Zhou XD et al. Toxicity of cerium oxide<br />

nanoparticles in human lung cancer cells. Int. J. Toxicol. 2006 ;<br />

25(6): 451-7.<br />

Lin W, Huang YW, Zhou XD et al. In vitro toxicity of silica<br />

nanoparticles in human lung cancer cells. Toxicol. Appl.<br />

Pharmacol. 2006 ; 217(3): 252-9.<br />

Murashov V, Harper M, Demchuk E. Impact of silanol surface<br />

density on the toxicity of silica aerosols measured by erythrocyte<br />

haemolysis. J. Occup. Environ. Hyg. 2006 ; 3(12): 718-23.<br />

Pulskamp K, Diabate S, Krug HF. Carbon nanotubes show no<br />

sign of acute toxicity but induce intracellular reactive oxygen<br />

species in dependence on contaminants. Toxicol. Lett. 2007 ;<br />

168(1): 58-74.<br />

Qiao R, Roberts AP, Mount AS et al. Translocation of C60 and<br />

its derivatives across a lipid bilayer. Nano Lett. 2007 ; 7(3): 614-<br />

9.<br />

Raja PM, Connolley J, Ganesan GP et al. Impact of carbon<br />

nanotube exposure, dosage and aggregation on smooth muscle<br />

cells. Toxicol. Lett. 2007 ; 169(1): 51-63.<br />

Rohner F, Ernst FO, Arnold M et al. Synthesis, characterization<br />

and bioavailability in rats of ferric phosphate nanoparticles.<br />

J. Nutr. 2007 ; 137(3): 614-9.<br />

Rouse JG, Yang J, Barron AR et al. Fullerene-based amido acid<br />

nanoparticle interactions with human epidermal keratinocytes.<br />

Toxicol. In Vitro 2006 ; 20(8): 1313-20.<br />

Ryman-Rasmussen JP, Riviere JE, Monteiro-Riviere NA.<br />

Surface coatings determine cytotoxicity and irritation potential of<br />

quantum dot nanoparticles in epidermal keratinocytes. J. Invest.<br />

Dermatol. 2007 ; 127(1): 143-53.<br />

Sarkar S, Sharma C, Yog R et al. Analysis of stress reponsive<br />

genes induced by single-walled carbon nanotubes in BJ<br />

Foreskin cells. J. Nanosci. Nanotechnol. 2007 ; 7(2): 584-92.<br />

Sayes CM, Liang F, Hudson JL et al. Functionalization density<br />

dependence of single-walled carbon nanotubes cytotoxicity in<br />

vitro. Toxicol. Lett. 2006 ; 161(2): 135-42.<br />

Shimada A, Kawamura N, Okajima M et al. Translocation<br />

pathway of the intratracheally instilled ultrafine particles from the<br />

lung into the blood circulation in the mouse. Toxicol. Pathol.<br />

2006 ; 34(7): 949-57.<br />

Teeguarden JG, Hinderliter PM, Orr G et al. Particokinetics in<br />

vitro: dosimetry considerations for in vitro nanoparticle toxicity<br />

assessment. Toxicol. Sci. 2007 ; 95(2): 300-12.<br />

Wang JJ, Sanderson BJ, Wang H. Cyto- and genotoxicity of<br />

ultrafine TiO2 particles in cultured human lymphoblastoid cells.<br />

Mutat. Res. 2007 ; 48(2): 151-7.<br />

Warheit DB, Webb TR, Colvin VL et al. Pulmonary bioassay<br />

studies with nanoscale and fine-quartz particles in rats: toxicity<br />

is not dependent upon particle size but on surface<br />

characteristics. Toxicol. Sci. 2007 ; 95(1): 270-80.<br />

Warheit DB, Webb TR, Reed KL et al. Pulmonary toxicity study<br />

in rats with three forms of ultrafine-TiO2 particles: differential<br />

responses related to surface properties. Toxicology 2007 ;<br />

230(1): 90-104.<br />

Wick P, Manser P, Limbach LK et al. The degree and kind of<br />

agglomeration affect carbon nanotube cytotoxicity. Toxicol. Lett.<br />

2007 ; 168(2): 121-31.<br />

Worle-Knirsch JM, Kern K, Schleh C et al. Nanoparticulate<br />

vanadium oxide potentiated vanadium toxicity in human lung<br />

cells. Environ. Sci. Technol. 2007 ; 41(1): 331-6.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 5<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


RISQUES LIÉS AUX AGENTS PHYSIQUES DANS L'ENVIRONNEMENT GÉNÉRAL ET PROFESSIONNEL<br />

Nuisances sonores aiguës et chroniques : effets extra-auditifs - Période : juin 2006 à janvier 2007 -<br />

Gêne et effets du bruit sur le sommeil et la santé<br />

MOCH Annie - Equipe d’accueil de doctorants 3984 : processus cognitifs et conduites interactives - Université ParisX -<br />

Nanterre<br />

GÊNE VIS-A-VIS DES TRANSPORTS<br />

L’étude de Quehl et al. (2006) a porté sur 128 sujets qui<br />

ont passé 13 nuits en laboratoire, en cabine individuelle, à<br />

l’Institut de Médecine Aérospatiale de Cologne. Ont été<br />

analysées les réponses de gêne obtenues le matin, au<br />

réveil (sur une échelle en 5 points de pas du tout (1) à très<br />

gêné (5)) vis- à- vis de bruits d’avions diffusés pendant<br />

leur sommeil, à l’aide de programme pré-établis mixant<br />

les niveaux de bruit moyens, le nombre et le niveau sonore<br />

de chaque passage avions. Les résultats ont montré<br />

l’impact d’un certain nombre de facteurs comme le sexe,<br />

l’age, l’attitude vis-à-vis de la source, ainsi que les<br />

relations dose réponse concernant l’exposition sonore. Ils<br />

ont été comparés à ceux relevés auprès de résidents de<br />

l’aéroport de Cologne, après enregistrements des<br />

passages d’avions réellement subis à leur domicile, la<br />

nuit. Les données de terrain ont confirmé les liens doseréponse<br />

obtenus en laboratoire et ont ainsi souligné que<br />

non seulement le niveau moyen équivalent du bruit doit<br />

être pris en compte pour prédire le degré de gêne, comme<br />

cela est fait actuellement dans de nombreux pays, mais<br />

aussi que le nombre d’événements sonores liés aux<br />

passages d’avions semble être un des éléments majeurs<br />

de la gêne nocturne vis-à-vis du bruit d’avion.<br />

De même la recherche de Martin et al. (2006) a eu pour<br />

objectif d’étudier les relations dose-effets entre<br />

l’exposition sonore et la gêne exprimée vis-à-vis du bruit<br />

routier chez les personnes sélectionnées à partir d’une<br />

carte de bruit, dans une ville espagnole de<br />

32.000 habitants. Sur 296 points identifiés, on a analysé<br />

la gêne exprimée que l’on a mis en relation avec la<br />

mesure de bruit (dose). L’étude a souligné les liens<br />

existant entre l’exposition spatiale des personnes au bruit<br />

et en particulier celle des plus exposées avec la gêne<br />

exprimée, de plus elle a indiqué qu’en ce qui concerne les<br />

évaluations sociales et économiques, les personnes<br />

préfèrent vivre dans un environnement calme même si<br />

cela les oblige à parcourir des distances plus grandes par<br />

rapport à leur lieu de travail et/ou à payer plus cher leur<br />

logement.<br />

ECHELLES DE QUALITE<br />

DE L’ENVIRONNEMENT SONORE<br />

Un numéro entier de Acta Acoustica de Décembre 2006<br />

a été consacré à l’analyse d’outils de description<br />

qualitative du paysage sonore (c’est-à-dire l’ensemble<br />

des manifestations et des signes sonores présents dans<br />

un environnement donné) associés à des mesures de<br />

bruit. Ainsi la recherche Suédoise de Berglund et al.<br />

effectuée sur 106 résidents représentant quatre zones<br />

urbaines exposées au trafic routier en suède et celle de<br />

Raimbaut menée dans deux villes françaises montrent<br />

tout l’intérêt d’associer aux indicateurs physiques de<br />

mesures sonores, des données qualitatives et des<br />

échelles de description sémantique.<br />

EFFETS DU BRUIT SUR LE SOMMEIL<br />

ET LA SANTE<br />

L’étude socio acoustique de Ohrstrom et al. (2006a) a<br />

porté sur 160 parents et 160 enfants (9-12 ans), divisés<br />

selon quatre niveaux d’exposition au bruit de trafic routier<br />

en Suède (de 64 dB). Son objectif était<br />

d’étudier les liens entre les niveaux d’exposition et la<br />

qualité perçue du sommeil, par une méthode d’enquête<br />

par questionnaire. La moitié de ces personnes, soit<br />

79 enfants et 79 parents ont de plus passé 4 nuits au<br />

laboratoire où des indicateurs à la fois perçus (par<br />

questionnaire), mais aussi de type physiologique (relatifs<br />

au temps de latence du sommeil, au nombre d’épisodes<br />

d’éveils, à la durée de sommeil, au niveau d’activité) ont<br />

été mesurés.<br />

Pour les parents, les résultats de l’étude principale ont<br />

montré une corrélation forte dose-effets entre les niveaux<br />

d’exposition au bruit routier et la qualité perçue du<br />

sommeil : évaluation de la qualité du sommeil, nombre<br />

d’éveils, habitude de fermer les fenêtres. Pour les enfants<br />

une conséquence importante de la relation dose-effets a<br />

également été trouvée entre le bruit et la qualité perçue du<br />

sommeil aussi bien qu’avec des problèmes<br />

d’endormissement en cours de journée. En laboratoire les<br />

enfants ont une meilleure perception de la qualité de leur<br />

sommeil, et se réveillent moins que les parents.<br />

Une autre étude suédoise menée selon une méthode<br />

d’enquêtes par questionnaire, par la même équipe de<br />

chercheurs Ohrstrom et al (2006b), a comparé les<br />

réponses de 956 personnes interrogées dont 458 avaient<br />

un accès à un coté calme de leur logement, à celles de<br />

498 personnes pour lesquelles ce n’était pas possible et<br />

ceci dans des zones résidentielles exposées à de forts<br />

trafics routiers.<br />

Elle a montré qu’accéder à un coté calme, accentue la<br />

possibilité de se relaxer, et diminue entre 30% et 50% les<br />

effets (perçus) nocifs du bruit sur la santé comme la<br />

dégradation de la qualité du sommeil, la fatigue, les maux<br />

de tête, l’irritabilité, les symptômes de dépression et le<br />

désir de s’isoler L’exposition chronique au bruit<br />

augmente ainsi les effets à long terme sur la santé et sur<br />

le sentiment de bien être psychologique.<br />

Conclusion générale<br />

Même si des facteurs non acoustiques liés aux individus<br />

et au contexte dans lequel ils se trouvent modulent les<br />

effets non-auditifs du bruit, il semble que les courbes<br />

dose-effets qui relient le niveau de bruit à la gêne et à<br />

6 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


l’impact sur la santé, soient pertinentes et les recherches<br />

doivent être poursuivies pour cerner plus finement les<br />

indicateurs acoustiques de la nuisance sonore.<br />

Par ailleurs l’affinement des outils portant sur le paysage<br />

sonore et sur sa description qualitative s’avère également<br />

fructueuse.<br />

Il n’en demeure pas moins que les nuisances sonores<br />

sont à l’origine de nombreux effets extra auditifs du bruit<br />

comme la gêne, les troubles du sommeil, une atteinte à la<br />

santé et au bien être psychologique.<br />

Publications sélectionnées<br />

Berglund B, Nilsson M. On a tool for measuring soundscape<br />

quality in urban residential Areas. Acta acoust. 2006 ; 92(6): 938-<br />

944.<br />

Martin M, Tarrero A, Gonzales J et al. .Exposure effect<br />

relationships between road traffic noise annoyance and noise<br />

cost evaluations in Valladolid, Spain. Appl. acoust. 2006 ; 67(10):<br />

945-958.<br />

Öhrstrom E, Hadzibajramovic, Holmes M et al. Effects of road<br />

traffic noise on sleep : studies on children and adults. J. Environ<br />

Psychol. 2006 ; 26(2): 116-126.<br />

Ohrstrom E, Sanberg A, Svensson H et al. Effects of road noise<br />

and the benefit to access to quietness. J. Sound Vibra. 2006a ;<br />

295(1-2): 40-59.<br />

Quehl J, Basner M. Annoyance from nocturnal aircraft noise<br />

exposure : laboratory and field-specific dose-response curves.<br />

J. Environ Psychol. 2006b ; 26(2): 127-140.<br />

Raimlbault M. Qualitative Judgements of Urban soudscapes:<br />

questionning questionnaires and semantic scales. Acta acoust.<br />

2006 ; 92(6): 929-937.<br />

Revues de la littérature<br />

Muzet A. .Environmental noise, sleep and health. Sleep Med Rev.<br />

2007 ; 11(2): 135-142.<br />

Publications non retenues<br />

Changwoo L, Jaehwan K, Jiyoung H et al. The relationship<br />

between civil aircraft noise and community annoyance in Korea.<br />

J.Sound Vib. 2007 ; 299(3): 575-586.<br />

Rabat A, Bouyer J, George O et al. Chronic exposure of rats to<br />

noise : relationship between long-term memory deficits and slow<br />

wave sleep disturbances. Behav. Brain Res. 2006 ; 171(2): 303-312.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 7<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


RISQUES LIÉS AUX AGENTS CHIMIQUES DANS L'ENVIRONNEMENT GÉNÉRAL ET PROFESSIONNEL<br />

Evaluation des risques liés aux contaminants présents dans les eaux résiduaires et les<br />

ressources en eau - Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

Devenir des substances pharmaceutiques et des produits de soin dans les eaux<br />

CASELLAS Claude ; LECLERC Marie ; FENET Hélène ; GOMEZ Hélène ; PICOT Bernadette - UMR CNRS-IRD-UMI-UMII<br />

5569 «Hydrosciences» Université Montpellier I - Montpellier<br />

La contamination du milieu aquatique par les médicaments<br />

est un phénomène aujourd’hui reconnu. Les médicaments<br />

sont des substances le plus souvent conçues pour être<br />

biologiquement actives, et peuvent ainsi interagir avec des<br />

cibles biologiques spécifiques ; cette fonction suscite des<br />

questionnements sur les risques écologiques et sanitaires<br />

liés à leur présence dans l’environnement. Une des<br />

difficultés dans le suivi des médicaments dans<br />

l’environnement est la très grande variété des molécules<br />

tant sur le plan de leurs propriétés pharmacologiques que<br />

sur le plan de leur structure chimique et propriétés<br />

physicochimiques. Le devenir des médicaments après leur<br />

rejet dans l’environnement va dépendre de leur<br />

biodégradation et de leur transformation. La présence des<br />

substances pharmaceutiques à usage thérapeutique<br />

humain ou vétérinaire et des produits de soin comme<br />

certains cosmétiques a été observée dans les eaux usées<br />

traitées, les eaux de surface, les eaux de mer, les eaux<br />

souterraines, les sols, les sédiments et les poissons. La<br />

publication de Nikolaou et al. est une revue de la<br />

littérature sur l’occurrence de ces substances dans les<br />

eaux. Cette publication indique que la première publication<br />

qui a mis en évidence la présence d’acide clofibrique dans<br />

les eaux usées date de 1976. Depuis, plus d’une centaine<br />

de substances ont été retrouvées dans les eaux<br />

appartenant à des classes pharmaceutiques variées.<br />

L’analyse se fait généralement par chromatographie en<br />

phase gazeuse ou phase liquide couplée à la<br />

spectrométrie de masse en tandem (GC-MSn ou LC-MSn).<br />

Avec l’amélioration des performances analytiques, le<br />

nombre de molécules détectées a augmenté ; les niveaux<br />

de concentration varient, pour les molécules les plus<br />

fréquemment détectées (certains anti-inflammatoires,<br />

hypolipémiants ou antiépileptiques) de quelques<br />

nanogrammes par litre (par exemple dans les eaux<br />

souterraines) à quelque dizaines de microgrammes par litre<br />

(par exemple dans les eaux usées traitées). Des tendances<br />

temporelles ont pu être mises en évidence, au niveau de<br />

bassins versants, dépendant des débits et précipitations ;<br />

les ions nitrates ou phosphates, indicateurs du<br />

ruissellement, ont été utilisés pour prédire les fluctuations<br />

de concentrations de ces substances mais aucune<br />

corrélation n’a pu être mise en évidence. Par contre une<br />

liaison statistique existerait entre la teneur de carbone<br />

organique dissous et la concentration en carbamazepine<br />

(antiépileptique) ou de monensin (anti-parasitaire pour les<br />

élevages de volailles) (Nikolaou et al.). Les métabolites de<br />

ces substances se retrouvent également dans les eaux.<br />

Par exemple, la phenazone (analgésique) a été détectée<br />

dans les eaux souterraines en Allemagne ainsi que trois de<br />

ses métabolites.<br />

Les questions qui ont été récemment posées pour<br />

l’évaluation des risques sanitaires, concernent l’étude du<br />

devenir de ces substances lors de la réutilisation des<br />

eaux usées traitées pour l’irrigation (Ternes et al.) ou<br />

dans les filières de traitement des eaux pour la<br />

consommation humaine (Kim et al. ; Stakelberg et al.).<br />

Ces publications ont été sélectionnées pour analyse car<br />

elles ont été réalisées avec des methodologies adaptées<br />

et l’analyse des résultats apporte des informations<br />

pertinentes par rapport aux objectifs initiaux.<br />

Les eaux usées traitées sont réutilisées en irrigation sur<br />

un site en Allemagne depuis 45 ans (Ternes et al.).<br />

L’étude du devenir de 52 substances pharmaceutiques et<br />

de deux produits cosmétiques dans les eaux traitées et<br />

les eaux souterraines a été menée. L’échantillonnage de<br />

la nappe a été réalisé par le biais de quatre piézomètres<br />

situés dans la zone irriguée. Les résultats montrent que la<br />

majorité de ces substances, présentes dans les eaux<br />

usées traitées ne sont plus détectées dans les<br />

prélèvements de la nappe souterraine. Seuls deux<br />

produits de contraste (diatrizoate et iopamidol), un<br />

antiépileptique (carbamazepine) et un antibiotique<br />

(sulfamethoxazole) ont été détectés. Pour les produits de<br />

contraste, les concentrations étaient supérieures aux<br />

concentrations des effluents utilisées pour l’irrigation.<br />

Quant aux substances pharmaceutiques telles que les<br />

oestrogènes, les béta-bloquants ou des cosmétiques<br />

comme les musks et fragrances (substances utilisées<br />

pour la fabrication de parfums), ils seraient adsorbés ou<br />

transformés lors de leur percolation.<br />

L’efficacité du traitement de potabilisation des eaux a été<br />

étudiée par Stackelberg et al.. Cent treize substances<br />

organiques ont été recherchées dont soixante sont des<br />

produits pharmaceutiques et des produits de soins.<br />

Treize médicaments et quatre cosmétiques ont été<br />

détectés au moins une fois dans la ressource en eau alors<br />

que 40 médicaments et trois cosmétiques n’ont pas été<br />

détectés. Dans les eaux traitées, quatre médicaments<br />

(carbamazepine, codeine, cotinine et sulfathiazole) et<br />

deux cosmétiques (fragrance et camphre) ont été<br />

quantifiés. L’étude de Kim et al. évalue l’efficacité des<br />

traitements spécifiques des eaux de consommation<br />

humaine ; les substances pharmaceutiques sont<br />

faiblement éliminées par les traitements conventionnels<br />

(coagulation-floculation et filtres à sable). Le charbon<br />

actif en grain, a permis d’éliminer, par exemple la<br />

carbamazepine et l’iopromide.<br />

Conclusion générale<br />

Les substances pharmaceutiques se retrouvent dans les<br />

eaux usées traitées et dans les eaux de consommation<br />

humaine. Certains produits de contraste iodé, sulfamides<br />

ou antiépileptiques sont présents à des concentrations de<br />

quelques nanogrammes par litre dans les eaux de surface.<br />

8 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Peu de substances représenteraient un risque biologique<br />

à ces concentrations. Des méthodes de traitement<br />

avancé, utilisés pour les eaux de consommation humaine,<br />

permettent de les éliminer notamment à travers l’utilisation<br />

du charbon actif en grain. Parmi la centaine de<br />

substances pharmaceutiques identifiées dans les eaux,<br />

un nombre limité se retrouve dans les eaux de<br />

consommation humaine. Les perspectives de recherche<br />

dans ce domaine devraient prendre en compte non<br />

seulement l’occurrence de ces substances dans les eaux<br />

mais également leurs transformations dans<br />

l’environnement.<br />

Publications sélectionnées<br />

Kim SD, Cho J, Kim IS et al. Occurrence and removal of<br />

pharmaceuticals and endocrine disruptors in South Korean<br />

surface, drinking and wastewaters Wat. Res. 2007 ; 41(5): 1013-21.<br />

Stakelberg PE, Gibs J., Furlong ET et al. Efficiency of<br />

conventional drinking-water-treatment processes in removal of<br />

pharmaceuticals and other organic compounds. Sci. Total Environ.<br />

2007 ; 377: 255-272.<br />

Ternes T.A., Bonerz M., Hermann N., et al. Irrigation of treated<br />

wastewater in Braunchweig, Germany : an option to remove<br />

pharmaceuticals and musk fragrances. Chemosphere. 2007 ;<br />

66(5): 894-904.<br />

Revues de la littérature<br />

Nikolaou A, Meric S, Fatta D. Occurrence patterns of<br />

pharmaceuticals in water and wastewater environments Anal.<br />

Bioanal. Chem. 2007 ; 387: 1225-1234.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 9<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


RISQUES LIÉS AUX AGENTS CHIMIQUES DANS L'ENVIRONNEMENT GÉNÉRAL ET PROFESSIONNEL<br />

Pathologies et pollution atmosphérique urbaine en relation avec l’ozone et les polluants photooxydants<br />

(aspects épidémiologiques et toxicologiques) - Période : septembre 2006 à avril 2007 -<br />

Conséquences de l’exposition aux polluants photochimiques en population générale<br />

CHARPIN Denis - Service de Pneumologie-Allergologie et Pôle Méditerranéen des Sciences de l’Environnement -<br />

Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille et Université de la Méditerranée - Marseille<br />

La zone géographique de Mexico est soumise à une<br />

intense pollution atmosphérique, notamment due à l’ozone<br />

et aux particules. Par ailleurs, la douceur du climat autorise<br />

un séjour prolongé à l’extérieur. Les enfants sont donc très<br />

exposés à ces aéro-contaminants.<br />

Calderon-Garciduenas et al. se sont proposés, après une<br />

étude pilote de faisabilité, d’évaluer d’une part les clichés<br />

thoraciques et, chez un groupe d’enfants les examens<br />

tomodensitométriques (scanners) du thorax, d’autre part<br />

les explorations fonctionnelles respiratoires (mesure du<br />

souffle) chez des enfants vivant en zone très polluée et<br />

des enfants résidant en zone beaucoup moins polluée.<br />

L’étude s’est déroulée à Mexico, située à 2250 m<br />

d’altitude, ville où les taux moyens de pollution par<br />

l’ozone et les particules en suspension sont très souvent<br />

dépassés et à Tlaxcala, à 130 km au nord de Mexico, où<br />

les normes de pollution sont respectées. Les 2 cohortes<br />

d’enfants avaient été soumises depuis au moins 7 ans à<br />

ces niveaux de polluants. Les enfants ont été<br />

sélectionnés en 1999 et 2000 sur les critères suivants:<br />

âge compris entre 5 et 13 ans, résidence dans l’une ou<br />

l’autre des zones géographiques, absence d’autres<br />

facteurs de risque respiratoire, logement à moins de 5 km<br />

de la station de mesure des polluants. La sélection s’est<br />

opérée, dans les 2 villes, à partir des écoles proches des<br />

capteurs de pollution. Les examens réalisés ont été une<br />

radiographie standard thoracique pour déterminer un<br />

score d’hyperinflation exprimé en 4 classes (pas<br />

d’hyperinflation jusqu’à hyperinflation sévère), un<br />

scanner thoracique chez les 25 enfants dont les<br />

radiographies standard montraient un score<br />

d’hyperinflation modéré ou sévère et une exploration<br />

fonctionnelle respiratoire avec spirométrie<br />

292 enfants ont participé à l’étude, 271 vivant à Mexico et<br />

21 à Tlaxcala. L’âge moyen était respectivement de 9,8 ans<br />

et 10,8 ans. Les examens radiographiques ont montré la<br />

présence d’une hyperinflation modérée ou sévère chez<br />

151 (65,6%) des enfants vivant à Mexico et 1 (5,3%) des<br />

enfants contrôles et un syndrome interstitiel chez 121<br />

(52,6%) des enfants de Mexico, essentiellement des<br />

garçons et aucun des enfants contrôles. Les scanners<br />

thoraciques ont retrouvé un épaississement des parois<br />

bronchiques dans 14 cas (56%) et un trappage aérique<br />

dans 8 cas (40%). Les mesures du souffle ont mis en<br />

évidence des anomalies chez 6 des 77 enfants de Mexico<br />

testés et aucun des enfants contrôles. Cinq de ces 6<br />

enfants avaient également des signes d’hyperinflation<br />

radiographique<br />

Cette étude confirme les résultats obtenus par la même<br />

équipe sur des chiens vivant dans les 2 villes : anomalies<br />

des voies aériennes bronchiolaires consistant en<br />

hyperplasie de l’épithélium et du muscle lisse bronchique<br />

et fibrose péri-bronchiolaire. L’hyperinflation constatée<br />

chez les enfants vivant à Mexico est la conséquence de<br />

l’anomalie des bronchioles, tandis que le syndrome<br />

interstitiel reflète l’atteinte péri-bronchiolaire et des<br />

canaux alvéolaires. Ces lésions peuvent être<br />

annonciatrices d’un emphysème. L’étude est<br />

particulièrement originale et importante par ses<br />

implications possibles et mérite d’être confirmée.<br />

Aujourd’hui en effet, le trouble obstructif de l’adulte est<br />

rapporté, en l’absence d’antécédents pneumologiques,<br />

au tabagisme actif, parfois passif et aux expositions<br />

professionnelles. Les anomalies radiographiques et<br />

scannographiques extrêmement fréquentes chez ces<br />

enfants exposés à une pollution atmosphérique élevée<br />

d’une manière chronique, suggèrent le rôle possible des<br />

polluants atmosphériques comme facteur de risque des<br />

broncho-pneumopathies obstructives chroniques<br />

(B.P.C.O.) de l’adulte.<br />

L’étude de Filleul et al., de type écologique temporelle,<br />

visait à évaluer l’excès de mortalité enregistré durant la<br />

canicule de l’été 2003 en France et à faire la différence<br />

entre le rôle de la température et celui de la pollution<br />

par l’ozone.<br />

Elle a été réalisée, globalement et pour chacune des<br />

villes, par la méthode des séries temporelles en mettant<br />

en parallèle la mortalité enregistrée au quotidien avec les<br />

valeurs de température (moyenne et extrêmes) et d’ozone<br />

(valeur moyennée sur 8 heures), en prenant en compte<br />

des facteurs de confusion potentiels.<br />

Globalement, l’excès de risque de décès est significatif<br />

pour les variations de taux d’ozone. Il est de 1%<br />

pour une augmentation du taux d’ozone de<br />

10 microgrammes/m 3 (en termes absolus, 379 décès<br />

attribués à l’excès de pollution par l’ozone). Il apparaît<br />

toutefois très hétérogène en fonction des villes, allant<br />

de 10 % au Havre à 174,7% à Paris pour les variations<br />

conjointes de température et de pollution par l’ozone et<br />

de 2,5% à Bordeaux et 85,3 % à Toulouse lorsque les<br />

variations de pollution sont seules considérées. Ce<br />

phénomène pourrait être dû soit aux caractéristiques de<br />

la population, soit aux caractéristiques géographiques<br />

des différentes villes.<br />

La limite de ce type d’étude réside dans le fait qu’il est<br />

très difficile, malgré des analyses statistiques<br />

sophistiquées, de véritablement séparer les effets de<br />

l’ozone de ceux de la température. Par ailleurs, l’ozone se<br />

transforme dans l’air et sur les surfaces, par réduction, en<br />

d’autres polluants photo-chimiques qui peuvent euxmêmes<br />

avoir un effet sanitaire, d’où une mauvaise<br />

estimation possible de cet effet.<br />

10 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Conclusion générale<br />

Les 2 études analysées donnent des arguments en faveur<br />

d’un impact de la pollution par l’ozone en population<br />

générale. La première concerne la pollution chronique et<br />

montre la présence chez des enfants exposés à une<br />

pollution atmosphérique élevée d’une manière chronique<br />

d’anomalies radiographiques peut-être annonciatrices<br />

d’une broncho-pneumopathie obstructive chronique<br />

future. La seconde, réalisée lors d’un épisode de canicule,<br />

conclut que, outre la température, l’exposition<br />

concomitante à l’ozone joue un rôle dans l’excès de<br />

mortalité observé.<br />

Publications sélectionnées<br />

Calderon-Garciduenas L, Mora-Tiscareno A, Fordham LA et<br />

al. Lung radiology and pulmonary function of children chronically<br />

exposed to air pollution. Environ. Health Perspect. 2006 ; 114(9):<br />

1432-7.<br />

Calderon-Garciduenas L, Mora-Tiscareno A, Fordham LA et<br />

al. Canines as sentinel species for assessing chronic exposure to<br />

air pollutants : part 1. Respiratory pathology. Toxicol. Sci. 2001 ;<br />

61(2): 342-5.<br />

Calderon-Garciduenas L, Gambling TM, Acuna H et al.<br />

Canines as sentinel species for assessing chronic exposures to<br />

air pollutants : part 2. Cardiac pathology. Toxicol. Sci. 2001 ;<br />

61(2): 356-67.<br />

Calderon-Garciduenas L, Valencia-Salazar G, Rodriguez-<br />

Alcazar A, et al. Ultra structural nasal pathology in children<br />

chronically and sequentially exposed to air pollutants. Am. J.<br />

Respir. Cell. Mol. Biol. 2001 ; 24(2): 132-8.<br />

Filleul L, Cassadou S, Medina S et al. The relationship between<br />

temperature, ozone, and mortality in nine French cities during the<br />

heat wave of 2003. Environ. Health Perspect. 2006 ; 114(9): 1344-7.<br />

Revues de la littérature<br />

Chen TM, Gokhale J, Shofer S et al. Outdoor air pollution:<br />

Ozone health effects. Am. J. Med. Sci. 2007 ; 333(4): 244-8.<br />

Calderon-Garciduenas L, Franco-Lira M, Torres-Jardon R et<br />

al. Pediatric respiratory and systemic effects of chronic air<br />

pollution exposure: nose, lung, heart and brain pathology.<br />

Toxicol. Pathol. 2007 ; 35(1): 154-62.<br />

Moshammer H, Bartonova A, Hanke W et al. Air pollution: a<br />

threat to the health of our children. Acta Paediatr. Suppl. 2006 ;<br />

95(453): 93-105.<br />

Publications non retenues<br />

Babin SM, Burkom HS, Holtry RS et al. Pediatric patient<br />

asthma-related emergency department visits and admissions in<br />

Washington, DC, from 2001-2004, and associations with air<br />

quality, socio-economic status and age group. Environ Health.<br />

2007 ; 21: 6:9.<br />

Lam LT. The association between climatic factors and childhood<br />

illnesses presented to hospital emergency among young<br />

children. Int J Environ Health Res. 2007 ; 17(1): 1-8.<br />

Yang CY, Hsieh HJ, Tsai SS, et al.. Correlation between air<br />

pollution and post neonatal mortality in a subtropical city: Taipei,<br />

Taiwan. J Toxicol Environ Health. 2006 ; 69(22): 2033-40.<br />

Zanobetti A, Schwartz J. Air pollution and emergency<br />

admissions in Boston, MA. J Epidemiol Community Health.<br />

2006 ; 60(10): 890-5.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 11<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


RISQUES LIÉS AUX AGENTS CHIMIQUES DANS L'ENVIRONNEMENT GÉNÉRAL ET PROFESSIONNEL<br />

Evolution de la pollution atmosphérique en relation avec les carburants d'origine<br />

agricoles - Période : octobre 2006 à avril 2007 -<br />

Les émissions des véhicules utilisant des carburants d’origines agricoles ont-elles des impacts<br />

environnementaux et sanitaires supérieurs à celles des carburants d’origine fossile ?<br />

NEDELLEC Vincent ; CADENE Anthony - Bureau d’étude indépendant - VNC - Saulx les Chartreux<br />

Les biocarburants connaissent actuellement un regain<br />

d’intérêt en Europe suite à l’adoption par la commission<br />

européenne le 8 février 2006 d’une stratégie<br />

communautaire visant l’objectif de remplacer 5,75 % des<br />

carburants fossiles classiques par des biocarburants d’ici<br />

2010. La France semble vouloir prendre l’engagement d’un<br />

taux de substitution supérieur. Actuellement, deux filières<br />

de carburants produits à partir de végétaux se distinguent :<br />

l’éthanol et le diester, ils visent respectivement la<br />

substitution de l’essence et du diesel. L’éthanol est obtenu<br />

à partir de plante à forte teneur en sucre (canne à sucre,<br />

maïs, betterave, etc.), des recherches sont en cours pour<br />

obtenir une production à partir de végétaux non utilisés<br />

pour l’alimentation humaine (ex : Miscanthus). Le diester<br />

est obtenu à partir de plantes oléagineuses (colza,<br />

tournesol, etc.). Sans changement sur les véhicules<br />

actuels, on peut ajouter jusqu'à 30 % de diester dans le<br />

diesel. Pour l’éthanol, des adaptations sont nécessaires au<br />

niveau du réservoir et des canalisations de carburant<br />

(corrosion), de même que le schéma de commande à<br />

l’allumage doit pouvoir s’adapter en permanence au taux<br />

d’éthanol présent dans le carburant.<br />

Dans cette note nous présentons une première étude<br />

concernant les émissions de particules des véhicules<br />

roulants au diesel+diester et une seconde étude<br />

d’évaluation des impacts sanitaires liés aux émissions de<br />

l’éthanol 85 % (E85).<br />

DIESTER<br />

La réduction des émissions de particules diesel constitue<br />

un enjeu important pour les carburants de substitution<br />

d’origine agricole. Le diester est régulièrement crédité de<br />

performances en matière de réduction des émissions de<br />

particules et de monoxyde de carbone, s’expliquant par<br />

l’absence de composés aromatiques et sulfurés dans leur<br />

composition ainsi que par la présence de fortes teneurs en<br />

oxygène. Armas et al. ont proposé de vérifier cette<br />

propriété en fonction des séquences d’utilisation du<br />

moteur (démarrage à froid, accélération, …). La<br />

détermination en temps réel des émissions de particules<br />

s’effectue par des mesures d’opacité du gaz<br />

d’échappement d’un moteur diesel européen standard<br />

alimenté par divers mélanges de diesel et de diester.<br />

Les résultats ont montré que l’opacité des effluents<br />

gazeux, donc les émissions de particules, augmente<br />

durant la phase de démarrage à froid avec le taux de<br />

diester ajouté dans le diesel. Pour les autres phases<br />

(moteur chaud) c’est l’inverse qui se produit. Les auteurs<br />

fournissent une hypothèse susceptible de rendre compte<br />

de l’observation : les caractéristiques physiques des<br />

diesters (point d’ébullition initial et viscosité) engendrent un<br />

mauvais mélange air/carburant, augmentant alors le taux<br />

de particules imbrûlées.<br />

Commentaires :<br />

L’utilisation de l’opacité des gaz d’échappements pour<br />

caractériser les émissions de particules est discutable. Le<br />

lien entre les variations de l’observable et la valeur<br />

physique étudiée n’est pas trivial et le traitement des<br />

résultats ne permet pas une évaluation des proportions<br />

de tailles des particules observées. Néanmoins, cette<br />

étude apporte une précision qualitative quant aux<br />

émissions atmosphériques des biodiesels en démontrant<br />

l’importance de la prise en compte des phases de<br />

démarrage à froid lors des comparaisons d’émissions<br />

selon différents types de carburants.<br />

ETHANOL<br />

Les travaux de Jacobson ont consisté à évaluer les<br />

conséquences sur la qualité de l’air et sur la santé générées<br />

par le remplacement hypothétique du parc automobile<br />

essence par un parc automobile équivalent fonctionnant à<br />

l’éthanol E85 (85% d’éthanol et 15% d’essence). Les<br />

impacts sanitaires attribuables à chaque type de carburants<br />

(essence classique versus E85) sont évalués sur la base des<br />

émissions prévues en 2020 aux USA, à l’échelle d’une ville<br />

(Los Angeles), d’un état (Californie) et du pays entier. A<br />

partir des émissions des deux parcs de véhicules, une<br />

modélisation atmosphérique couplée aux prévisions<br />

climatiques de 2020 prenant en compte les phénomènes<br />

physico-chimiques et de transport à longue distance,<br />

détermine les variations de concentrations d’exposition aux<br />

polluants pendant le mois d’août.<br />

Les données utilisées montrent que, comparé à l’essence,<br />

les véhicules roulant à l’E85 tendent à émettre moins<br />

d’oxyde d’azote et moins de COV (benzène et butadiène).<br />

En contrepartie, ils émettent plus d’aldéhydes<br />

(principalement acétaldéhydes) et de méthane. Ces<br />

derniers, précurseurs pour la formation d’ozone<br />

atmosphérique, concourent avec la réduction des NOx à<br />

l’augmentation des concentrations atmosphériques en<br />

ozone prévues pour 2020 en Californie. Les résultats de<br />

l’évaluation des impacts montrent que les gains sanitaires<br />

obtenus en terme de réduction du nombre de cancers<br />

sont inférieurs à l’augmentation des taux de mortalité<br />

attribuable à l’augmentation des concentrations en<br />

ozone. Les auteurs concluent que l’E85 ne doit pas être<br />

promu pour ses avantages sanitaires.<br />

Commentaires :<br />

Si le modèle atmosphérique employé pour les simulations<br />

n’est pas sujet à critique particulière, les hypothèses de<br />

base de cette étude sont cependant très discutables.<br />

L’auteur fonde ses estimations d’émission pour les<br />

véhicules essence classique sur l’hypothèse d’une<br />

réduction uniforme de 60 % de l’ensemble des gaz<br />

d’échappement à l’horizon 2020. Les émissions de l’E85<br />

en 2020 son calculées à partir des émissions de l’essence<br />

classique pondérées pour chaque polluant par un rapport<br />

facteur d’émission classique sur facteur d’émission de<br />

l’E85. Les facteurs d’émissions de l’E85 sont issus d’une<br />

ou deux études pour une seule marque et modèle de<br />

voiture. Considérés identiques en 2020, ils sont<br />

12 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


généralisés à l’ensemble du parc. Les données d’entrée de<br />

la simulation s’avèrent donc très incertaines.<br />

Plusieurs études indiquent que les caractéristiques<br />

d’émissions fluctuent en fonction du type et du taux<br />

d’éthanol utilisé. Cette étude serait donc caractéristique<br />

d’un seul type d’E85. Notons par exemple que la<br />

production de particules en suspension, polluants<br />

d’impact significatif sur la santé, à été considérée identique<br />

pour les deux carburants, tandis qu’elle est fréquemment<br />

constatée moindre avec l’éthanol.<br />

Ensuite, l’ozone, est le seul polluant incriminé dans<br />

l’augmentation des risques sanitaires. Pourtant c’est un<br />

polluant secondaire dont la formation à partir des gaz<br />

précurseurs est réversible, instable et influencée par le<br />

rayonnement solaire. Ces concentrations fluctuent d’heure<br />

en heure au cours d’une journée. La prévision des<br />

concentrations atmosphériques d’ozone en moyenne sur 8<br />

heures à l’horizon 2020 est très incertaine. Or, la simulation<br />

est effectuée au mois d’août ce qui du point de vue de<br />

l’ensoleillement n’est pas représentatif d’une année.<br />

Enfin, la traduction d’une concentration moyenne d’ozone<br />

en impact sanitaire n’est pas triviale. Les conséquences<br />

sanitaires d’une exposition à cette substance sont<br />

complexes et incomplètement élucidées. Par exemple,<br />

l’existence ou non d’un seuil d’exposition sans effet<br />

néfaste pour la santé, question fondamentale pour le calcul<br />

des impacts sanitaires, reste encore très débattu.<br />

Au total les résultats de cette étude, fortement médiatisée,<br />

s’avèrent décevants en raison d’hypothèses étant a priori<br />

très spécifiques des conditions climatiques de la<br />

Californie. L’étude ne permet pas de savoir si<br />

l’augmentation estivale des impacts sanitaires dus aux<br />

émissions de l’E85 sera ou non compensée par la<br />

réduction hivernale des impacts attribuables à la<br />

diminution des autres polluants (PM, oxydes d’azote, etc.).<br />

En France, selon l’InVS, le nombre journalier<br />

d’hospitalisations pour causes respiratoires est plus élevé<br />

en hiver qu’en été. Hors conditions climatiques extrêmes,<br />

les impacts sanitaires dus à l’ozone et attribuables aux<br />

carburants à base d’éthanol pourraient donc être de moins<br />

grande ampleur que ceux dus aux autres polluants<br />

ambiants.<br />

Conclusion générale<br />

Les principaux arguments environnementaux et sanitaires<br />

avancés en faveur de la substitution des carburants<br />

classiques par des carburants d’origines agricoles sont : la<br />

diminution des émissions de gaz à effets de serre et la<br />

réduction de la pollution de l’air. Jusqu’ici, les travaux<br />

d’expertise scientifique s’affrontaient sur le premier<br />

argument à travers la comparaison des bilans carbone des<br />

différents carburants, laissant apparaître au final un bilan<br />

environnemental contrasté et dominé par de nombreuses<br />

incertitudes. Ce n’est que récemment que l’argument<br />

sanitaire s’est vu contesté par l’étude fortement médiatisée<br />

de Jacobson. Il s’avère que ces résultats sont incomplets<br />

et non extrapolables au contexte européen. Il est donc<br />

souhaitable de développer ce type d’évaluation en France<br />

pour mieux connaitre les véritables enjeux sanitaires<br />

associés à l’utilisation de l’éthanol d’origine agricole<br />

comme combustible pour les véhicules à essence.<br />

Les résultats d’Armas et al., montrent une réduction des<br />

émissions de particules des moteurs diesels utilisant un<br />

mélange diester+diesel sauf pendant les phases de<br />

démarrage à froid où les émissions sont alors supérieures<br />

à celles du diesel seul. Il semble donc important de tenir<br />

compte de cette phase de démarrage à froid pour établir<br />

des facteurs d’émissions représentatifs de ces nouveaux<br />

carburants. D’autre part, si les raisons de ces surémissions<br />

transitoires sont bien dues aux propriétés<br />

physiques du diester, il serait intéressant de lancer un<br />

programme de recherche visant à résoudre le problème.<br />

Publications sélectionnées<br />

Armas O, Hernández JJ, Cárdenas MD. Reduction of diesel<br />

smoke opacity from vegetable oil methyl esters during transient<br />

operation. Fuel. 2006 ; 85(17-18) : 2427-2438.<br />

Jacobson MZ. Effects of ethanol (E85) versus gasoline vehicles<br />

on cancer and mortality in the United States. Environ Sci. Technol.<br />

2007 ; 41(11): 4150-7.<br />

Revues de la littérature<br />

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pour l’environnement ? Panorama 2007 (IFP). 2007:<br />

http://www.ifp.fr/IFP/fr/evenement/panorama/IFP-<br />

Panorama07_09-Biocarburants_bilan_environnement_VF.pdf<br />

Swanson KJ, Madden MC, Ghio AJ. Biodiesel exhaust: the need<br />

for health effects research. Environ. Health Perspect. 2007 ;<br />

115(4): 496-9.<br />

Von Blottnitz H, Curran MA. A review of assessments conducted<br />

on bio-ethanol as a transportation fuel from a net energy,<br />

greenhouse gas, and environmental life cycle perspective.<br />

J Clean. Prod. 2007 ; 15(7): 607-619.<br />

Publications non retenues<br />

Altiparmak D, Keskin A, Koca A et al. Alternative fuel properties<br />

of tall oil fatty acid methyl ester-diesel fuel blends. Bioresour.<br />

Technol. 2007 ; 98(2): 241-6.<br />

Guldi D. Alternative fuel technologies. Phys Chem Chem Phys.<br />

2007 ; 9(12): 1399.<br />

Hill J, Nelson E, Tilman D et al. Environmental, economic, and<br />

energetic costs and benefits of biodiesel and ethanol biofuels.<br />

Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 2006 ; 103(30): 11206-10.<br />

Beer T, Grant T. Life-cycle analysis of emissions from fuel ethanol<br />

and blends in Australian heavy and light vehicles. J. Clean. Prod.<br />

2007 ; 15( 8-9): 833-7<br />

Jung H, Kittelson DB, Zachariah MR. Characteristics of SME<br />

biodiesel-fueled diesel particle emissions and the kinetics of<br />

oxidation. Environ. Sci. Technol. 2006 ; 40(16): 4949-55.<br />

Lif A, Holmberg K. Water-in-diesel emulsions and related<br />

systems. Adv Colloid Interface Sci. 2006 ; 123-126: 231-9.<br />

Lin YC, Lee WJ, Chen CC, et al. Saving energy and reducing<br />

emissions of both polycyclic aromatic hydrocarbons and<br />

particulate matter by adding bio-solution to emulsified diesel.<br />

Environ. Sci. Technol. 2006 ; 40(17): 5553-9.<br />

Murillo S, Míguez J L, Porteiro J et al. Performance and exhaust<br />

emissions in the use of biodiesel in outboard diesel engines. Fuel.<br />

2006 ; In Press, Corrected Proof, Available online 20 December,<br />

Silva CM, Goncalves GA, Farias TL et al. A tank-to-wheel<br />

analysis tool for energy and emissions studies in road vehicles.<br />

Sci. Total Environ. 2006 ; 367(1): 441-7.<br />

Torney F, Moeller L, Scarpa A et al. Genetic engineering<br />

approaches to improve bioethanol production from maize. Curr.<br />

Opin. Biotechnol. 2007 ; 18(3): 193-9.<br />

Winebrake JJ, Corbett JJ, Meyer PE. Energy use and emissions<br />

from marine vessels: a total fuel life cycle approach. J Air Waste<br />

Manag Assoc. 2007 ; 57(1): 102-10.<br />

Wu M, Wu Y, Wang M. Energy and emission benefits of alternative<br />

transportation liquid fuels derived from switchgrass: a fuel life<br />

cycle assessment. Biotechnol. Prog. 2006 ; 22(4): 1012-24.<br />

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of polycyclic aromatic hydrocarbon and particulate matter<br />

emissions from diesel engines. J Air Waste Manag Assoc. 2007 ;<br />

57(4): 465-71.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 13<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Déterminants environnementaux des troubles immunitaires et allergiques<br />

Modifications de l'immunité en relation avec l'exposition de l'homme aux substances<br />

chimiques (données toxicologiques) - Période : octobre 2006 à avril 2007 -<br />

Particules diesel et pathologie respiratoire<br />

DESCOTES Jacques - Centre Antipoison - Hospices Civils de Lyon<br />

Parmi les effets nocifs des particules émises avec les gaz<br />

d'échappement des moteurs diesel, un impact négatif sur<br />

l'appareil respiratoire est le plus souvent évoqué.<br />

Toutefois, les données les plus récentes sont quelque<br />

peu contradictoires, même si elles ne remettent pas<br />

fondamentalement en cause les résultats plus anciens.<br />

L'effet facilitateur de l'exposition aux particules diesel sur<br />

les réactions d'hypersensibilité spécifiques vis-à-vis d'un<br />

antigène est soupçonné de longue date. On admet<br />

généralement que ces particules exercent un effet<br />

immuno-adjuvant par le biais du stress oxydatif qu'elles<br />

génèrent localement ce qui se traduit par des<br />

phénomènes allergiques (asthme en particulier) plus<br />

fréquents et/ou plus sévères (Gilmour et al.). Les dérivés<br />

organiques présents dans ces particules favorisent la<br />

production de radicaux libres et d'espèces oxydantes par<br />

les macrophages alvéolaires et les cellules épithéliales<br />

suivie par la libération de cytokines proinflammatoires<br />

(TNF-·, IL-6, IL-8) qui contribuent à l'inflammation des<br />

voies aériennes.<br />

Il est possible d'induire chez la souris une réaction<br />

semblable à une crise d'asthme après sensibilisation par<br />

injection intrapéritonéale d'ovalbumine, puis provocation<br />

par voie intranasale conduisant à une profonde réduction<br />

du volume expiratoire mesuré par pléthysmographie.<br />

L'exposition à des particules diesel normalisées, 7 heures<br />

par jour, 5 jours par semaine sur une période allant<br />

jusqu'à 8 semaines a provoqué une aggravation<br />

significative de la réponse de type asthmatique<br />

(hyperréactivité bronchique à la méthacholine, production<br />

in situ d'IL-4, IL-5, IL-13), même lors d'une faible<br />

exposition de l'ordre de 100 µ/m 3 . Toutefois, cet effet<br />

s'amenuisait progressivement au-delà d'une semaine<br />

malgré la poursuite de l'exposition (Matsumoto et al.).<br />

Dans une autre étude in vitro (Chang et al.), l'incubation<br />

en présence de 50 ou 100 ng/ml d'extraits de particules<br />

diesel normalisées, ce qui correspond à un faible niveau<br />

d'exposition, conduisait à une diminution de la<br />

production, par des leucocytes provenant de donneurs<br />

non atopiques, de chémokines directement impliquées<br />

dans le recrutement des lymphocytes TH1 tandis<br />

qu'aucun effet n'était retrouvé sur la production de<br />

chémokines impliquées dans le recrutement des<br />

lymphocytes TH2. Cet effet sur la production de<br />

chémokines se traduisait par une augmentation de la<br />

synthèse d'IL-13, confirmant ainsi que même chez les<br />

sujets non atopiques, les particules diesel favorisent les<br />

réponses TH1, ce qui peut expliquer l'augmentation de la<br />

prévalence des phénomènes allergiques chez les sujets<br />

exposés. Mamessier et al. ont, quant à eux, observé une<br />

augmentation significative des cellules T activées<br />

(CD3+CD69+) et de la production d'interféron-γ et d'IL-4<br />

(l'effet sur cette dernière étant beaucoup plus net) avec<br />

des leucocytes en culture pendant 7 jours, provenant des<br />

patients asthmatiques et exposés à 8 µg/ml de particules<br />

diesel normalisées. L'augmentation était plus marquée<br />

avec des leucocytes provenant de patients souffrant d'un<br />

asthme sévère et n'était pas retrouvée avec des<br />

leucocytes de sujets sains.<br />

Ces données animales et in vitro ne sont pas corroborées<br />

par les résultats d'une étude comparant des sujets<br />

asthmatiques et non asthmatiques soumis à une<br />

exposition contrôlée par voie nasale à 300 µg de<br />

particules diesel normalisées, de particules diesel<br />

préalablement exposées à l'ozone ou de véhicule.<br />

Aucune différence n'a été relevée en ce qui concerne le<br />

nombre total de cellules, leur viabilité, la répartition des<br />

populations cellulaires et les concentrations d'IgE, IL-6,<br />

IL-8 et GM-CSF dans le liquide de lavage des voies<br />

nasales (Kongerud et al.).<br />

Pour la première fois, Inoué et al. ont pu apporter la<br />

preuve que l'un des composés des particules diesel, en<br />

l'occurrence la naphthoquinone, joue un rôle significatif<br />

dans leur effet immuno-adjuvant. En effet, chez des<br />

souris sensibilisées à l'ovalbumine par voie<br />

intratrachéale, l'administration hebdomadaire de<br />

naphthoquinone pendant 6 semaines comparée à celle<br />

d'un véhicule inerte, également par voie intratrachéale,<br />

provoque une aggravation dose-dépendante de la<br />

réponse inflammatoire se manifestant par une infiltration<br />

de la paroi des voies respiratoires par les éosinophiles et<br />

les lymphocytes, et par la libération locale d'IL-4 et d'IL-<br />

5, et de plusieurs chémokines (éotaxine, MCP-1, and<br />

KC). L'effet immuno-adjuvant de la naphthoquinone était<br />

encore démontré par l'augmentation des IgG1 et IgG2a<br />

anti-ovalbumine, témoin d'une réponse de type TH2.<br />

L'impact négatif des particules diesel sur les mécanismes<br />

pulmonaires de défense antibactérienne est lui-aussi<br />

fréquemment évoqué. L'exposition in vitro à diverses<br />

préparations de particules normalisées provoque une<br />

inhibition marquée des capacités phagocytaires des<br />

macrophages alvéolaires de rat s'accompagnant d'une<br />

réduction de leur pouvoir bactéricide vis-à-vis de Listeria<br />

monocytogenes (Yin et al.). Toutefois, il est peut-être<br />

prématuré de généraliser ces résultats dans la mesure où<br />

l'exposition in vitro, pendant 3 jours, de macrophages<br />

alvéolaires humains en culture, à 10-40 µg/ml de<br />

particules diesel normalisées n'a pas modifié leur pouvoir<br />

bactéricide vis-à-vis de Mycobacterium bovis. Au bout de<br />

24 heures, la survie des mycobactéries était comparable<br />

quelque soit le niveau d'exposition des macrophages<br />

alvéolaires ou l'absence d'exposition (Bonay et al.).<br />

14 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Conclusion générale<br />

Si le rôle négatif des particules diesel sur la survenue de<br />

phénomènes allergiques, notamment d'asthme, et de<br />

complications infectieuses des voies respiratoires semble<br />

bien admis aujourd'hui, les mécanismes en cause et les<br />

facteurs de risque, tant en relation avec le niveau<br />

d'exposition que le terrain pathologique sous-jacent, ne<br />

sont pas encore parfaitement élucidés.<br />

Publications sélectionnées<br />

Bonay M, Chambellan A, Grandsaigne M et al. Effects of diesel<br />

particles on the control of intracellular mycobacterial growth by<br />

human macrophages in vitro. FEMS Immunol. Med. Microbiol.<br />

2006 ; 46(3): 419-25.<br />

Chang Y, Senechal S, de Nadai P et al. Diesel exhaust<br />

exposure favors TH2 cell recruitment in nonatopic subjects by<br />

differentially regulating chemokine production. J. Allergy Clin.<br />

Immunol. 2006 ; 118(2): 354-60.<br />

Gilmour MI, Jaakkola MS, London SJ et al. How exposure to<br />

environmental tobacco smoke, outdoor air pollutants, and<br />

increased pollen burdens influences the incidence of asthma.<br />

Environ. Health Perspect. 2006 ; 114: 627-33.<br />

Inoue K, Takano H, Hiyoshi K et al. Naphthoquinone enhances<br />

antigen-related airway inflammation in mice. Eur. Respir. J. 2007<br />

; 29(2): 259-67.<br />

Kongerud J, Madden MC, Hazucha M et al. Nasal responses in<br />

asthmatic and nonasthmatic subjects following exposure to<br />

diesel exhaust particles. Inhal Toxicol. 2006 ; 18(9): 589-94.<br />

Mamessier E, Nieves A, Vervloet D et al. Diesel exhaust<br />

particles enhance T-cell activation in severe asthmatics. Allergy.<br />

2006 ; 61(5): 581-8.<br />

Matsumoto A, Hiramatsu K, Li Y et al. Repeated exposure to<br />

low-dose diesel exhaust after allergen challenge exaggerates<br />

asthmatic responses in mice. Clin Immunol. 2006 ; 121(2): 227-35.<br />

Yin XJ, Dong CC, Ma JY et al. Suppression of phagocytic and<br />

bactericidal functions of rat alveolar macrophages by the organic<br />

component of diesel exhaust particles. J. Toxicol. Environ Health<br />

A. 2007 ; 70: 820-8.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 15<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Déterminants environnementaux des troubles immunitaires et allergiques<br />

Modifications de l’immunité en relation avec l’exposition de l’homme aux substances<br />

chimiques (données épidémiologiques) - Période : octobre 2006 à avril 2007 -<br />

Effets de la pollution atmosphérique sur la sensibilisation allergénique de l’enfant<br />

RAHERISON Chantal ; KOSTRZEWA Aude - EA 3672 - Laboratoire <strong>Santé</strong> Travail Environnement - ISPED Université Bordeaux 2<br />

- Bordeaux<br />

EXPOSITION AUX PARTICULES FINES<br />

ET RISQUE DE SENSIBILISATION ALLERGENIQUE<br />

L’objectif d’Annesi-Maesano et al. était d’étudier<br />

l’impact de l’exposition aux particules fines sur la<br />

sensibilisation allergénique de l’enfant, dans une vaste<br />

étude transversale multicentrique française (n = 5338<br />

enfants ; moyenne d’âge 10 ans ; 6 centres).<br />

La mesure de la santé respiratoire était basée sur<br />

l’utilisation d’un questionnaire rempli par les parents afin<br />

de recueillir des indicateurs de santé respiratoire<br />

allergique et non allergique (méthode internationale<br />

validée et standardisée ; ISAAC). Après obtention du<br />

consentement des enfants et des parents, la<br />

sensibilisation allergénique a été obtenue par la<br />

réalisation de tests cutanés allergiques, réalisés en milieu<br />

scolaire. Ces tests cutanés ont concerné les principaux<br />

allergènes respiratoires (acariens, pollens d’arbres,<br />

phanères d’animaux (chat), moisissures). La<br />

sensibilisation a été mesurée par la positivité des tests<br />

cutanés aux pneumallergènes (positivité des tests<br />

>3mm). Les mesures de pollution ont été réalisées durant<br />

la même semaine que les tests cutanés faits auprès des<br />

enfants dans les écoles.<br />

La mesure de l’exposition aux particules fines a été<br />

évaluée à l’aide de deux méthodes : la pollution de<br />

proximité évaluée par la moyenne des concentrations de<br />

PM 2.5 mesurées par des pompes placées dans les<br />

préaux des écoles concernées, et la pollution de fond<br />

mesurée par les stations des réseaux de surveillance de<br />

la qualité de l’air. L’exposition a été divisée en deux<br />

classes : exposition faible (valeur <br />

médiane).<br />

Les résultats montrent que 28 % des enfants avaient des<br />

tests cutanés positifs quelque soit l’allergène.<br />

Une bonne corrélation a été retrouvée entre la pollution<br />

de proximité et la pollution de fond (Coefficient de<br />

variation = 0,88).<br />

Les niveaux de pollution pour les PM 2.5 étaient de<br />

8,7 ug/m3 [1,6-12,2] pour le niveau d’exposition défini<br />

comme faible, et de 20,7 ug/m3 [12,5-54] pour le niveau<br />

défini comme élevé.<br />

Pour les enfants exposés à un niveau élevé de PM 2.5, il<br />

existerait une augmentation du risque de sensibilisation<br />

allergénique aux allergènes intérieurs (acariens, phanères<br />

d’animaux) OR =1,51[1,29-1,76]. Une analyse de<br />

sensibilité a été conduite, montrant une stabilité des<br />

résultats chez les enfants ayant résidé à la même adresse<br />

au cours des huit dernières années. Il faut souligner<br />

qu’aucune relation significative n’a été retrouvée entre le<br />

niveau d’exposition aux NO2 et le risque de sensibilisation<br />

allergénique. De même, l’exposition à un niveau élevé de<br />

PM 2.5 augmentait le risque d’avoir un asthme induit par<br />

l’exercice OR = 1, 35 [1,10-1,67] et d’eczéma OR = 2,51<br />

[2,06-3,06].<br />

Cette étude est intéressante car elle met en<br />

perspective sur le plan épidémiologique, un effet<br />

possible entre l’exposition aux particules fines (à des<br />

niveaux recommandés par l’OMS) et une modification<br />

de l’immunité qui serait ici de nature allergique. La<br />

qualité et l’originalité de ce travail reposent sur la<br />

taille de l’échantillon, la mesure objective de la<br />

sensibilisation allergénique chez plus de 5000<br />

enfants, et l’analyse de sensibilité en fonction du lieu<br />

de résidence. En revanche, la mesure de l’évaluation<br />

de l’exposition aux PM 2.5 est plus discutable, avec le<br />

choix de faire deux catégories par rapport à la<br />

médiane. Une approche en quartile avec la possibilité<br />

de pouvoir montrer une relation dose-effet si elle<br />

existait, aurait pu être proposée. Enfin, une<br />

comparaison des centres aurait été intéressante, afin<br />

de voir si dans les villes ayant des prévalences de<br />

sensibilisations élevées, des niveaux de pollution<br />

élevés pour les PM 2.5 étaient retrouvés. Enfin, il<br />

aurait été intéressant de savoir si la relation<br />

significative observée restait significative, après<br />

ajustement sur le statut asthmatique des enfants.<br />

EXPOSITION AUX NO2 ET RISQUE<br />

DE SENSIBILISATION ALLERGENIQUE<br />

L’objectif de Pattender et al. était d’étudier l’effet de<br />

l’exposition au NO2 sur la santé respiratoire et allergique de<br />

l’enfant, dans le cadre d’une étude transversale<br />

internationale (5 pays : Russie, Autriche, Suisse, Pays Bas,<br />

Italie) incluant plus de 23955 enfants âgés de 6-12 ans.<br />

Les indicateurs sanitaires respiratoires (asthme, toux,<br />

sifflements) et allergiques étaient recueillis grâce à un<br />

questionnaire. La sensibilité aux allergènes inhalés a<br />

également été mesurée par questionnaire.<br />

L’exposition individuelle au NO2 pour chaque enfant a été<br />

évaluée par la moyenne annuelle de NO2 pour chaque<br />

zone géographique, grâce aux stations de surveillance de<br />

la qualité de l’air.<br />

Les analyses ont pris en compte, la saison de<br />

remplissage du questionnaire. Les auteurs ont utilisé<br />

deux approches, un modèle mono-polluant et un modèle<br />

multi-polluant, en ajustant sur le statut asthmatique de<br />

l’enfant.<br />

Les résultats montrent que les concentrations en NO2<br />

étaient corrélées avec celles des PM 10 et du SO2.<br />

L’exposition au NO2 augmente le risque de sensibilité et<br />

d’allergie aux allergènes respiratoires OR =1,24 [1,08-<br />

1,43] par 10 ug/m 3 , avec prise en compte des facteurs<br />

confondants (âge, sexe, les antécédents familiaux) et du<br />

niveau d’exposition aux PM10.<br />

16 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


L’originalité de cette étude repose sur l’évaluation de<br />

l’exposition au NO2, en utilisant un modèle multipolluants,<br />

qui prend en compte, les interactions<br />

possibles entre les principaux constituants de la<br />

pollution atmosphérique. Le choix de l’indicateur<br />

sanitaire est plus discutable, dans la mesure où, il<br />

repose sur la réponse des parents aux questionnaire,<br />

et peut donc être sujet au biais d’information, la<br />

réponse pouvant être biaisée en fonction du statut<br />

allergique des parents.<br />

Conclusion générale<br />

Les données expérimentales ont montré qu’il pouvait<br />

exister un lien entre exposition à la pollution<br />

atmosphérique et l’allergie, en particulier avec la synthèse<br />

des immunoglobulines E (IgE,) qui occupent un rôle<br />

majeur dans l’expression clinique de l’allergie (expression<br />

clinique à médiation IgE).<br />

Sur le plan épidémiologique, les études à court et à long<br />

terme, ont surtout mis l’accent sur les effets de la pollution<br />

atmosphérique sur la santé respiratoire, que ce soit<br />

l’asthme, les symptômes (toux, sifflements), et la<br />

dégradation de la fonction respiratoire. Ces deux articles<br />

soulignent que l’effet de la pollution atmosphérique<br />

pourrait avoir un rôle sur l’allergie, sur le plan<br />

épidémiologique. Cependant, des efforts restent à faire<br />

pour affiner d’une part les phénotypes de l’allergie en<br />

épidémiologie, et d’autre l’évaluation de la mesure de<br />

l’exposition à la pollution atmosphérique des enfants.<br />

Publications sélectionnées<br />

Annesi-Maesano I, Moreau D, Caillaud D et al. Residential<br />

proximity fine particles related to allergic sensitisation and asthma<br />

in primary school children. Resp. Med. 2007 ; 101(8): 1921-9.<br />

Pattenden S, Hoek G, Braun-Fahrländer C et al. NO2 and<br />

children’s respiratory symptoms in the PATY study. Occup<br />

Environ Med. 2006 ; 63(2): 828-835.<br />

Publications non retenues<br />

Les deux études citées ci-dessus sont les seules à avoir inclus<br />

en plus des indicateurs sanitaires respiratoires habituels, les<br />

tests de mesure de sensibilisation allergénique.<br />

D’octobre 2006 à mai 2007, 14 articles ont été publiés sur<br />

exposition à la pollution atmosphérique et santé respiratoire et<br />

allergique de l’enfant.<br />

Bener A, Ehlayel M, Sabbah A. The pattern and genetics of<br />

pediatric extrinsic asthma risk factors in polluted environment.<br />

Allerg Immunol. 2007 ; 39(12): 58-63.<br />

Rudd Ra, Moorman JE. Asthma incidence: data from the<br />

National Health Interview Survey, 1980-1996. J Asthma. 2007 ;<br />

44(1): 65-70.<br />

Wilson SE, Kahn RS, Khoury J et al. The role of air nicotine in<br />

explaining racial differences in cotinine among tobacco-exposed<br />

children. Chest. 2007 ; 131(3): 856-62.<br />

Magas OK, Gunter JT, Regens JL. Ambient air pollution and<br />

daily pediatric hospitalizations for asthma. Environ Sci. Pollut.<br />

Res. Int. 2007 ; 14(1): 19-23<br />

Kuschnir FC, Alves da Cunha AJ. Environmental and sociodemographic<br />

factors associated to asthma in adolescents in Rio<br />

de Janeiro, Brazil. Pediatr. Allergy Immunol. 2007 ;18(2):142-8.<br />

Hastert TA, Babet SH, Brown ER et al. Pets and smoking in the<br />

home associated with asthma symptoms and asthma-like<br />

breathing problems. Policy Brief UCLA Cent Health Policy Res.<br />

2007 ; (PB2007-2): 1-7.<br />

Sharma HP, Hansel NN, Matsui E et al. Indoor environmental<br />

influences on children's asthma. Pediatr. Clin. North. Am. 2007 ;<br />

ix. Review 54(1): 103-20.<br />

McConnell R, Berhane K, Molitor J et al. Dog ownership<br />

enhances symptomatic responses to air pollution in children with<br />

asthma. Environ. Health Perspect. 2006 ; 114(12): 1910-5.<br />

Johnston FH, Webby Rj, Pilotto LS et al. Vegetation fires,<br />

particulate air pollution and asthma: a panel study in the<br />

Australian monsoon tropics. Int. J. Environ. Health Res. 2006 ;<br />

16(6): 391-404.<br />

Pattenden S, Hoek G, Braun-Fahrlander C et al. NO2 and<br />

children's respiratory symptoms in the PATY study. Occup<br />

Environ Med. 2006 ; 63(12): 828-35.<br />

Gilliland FD, Islam T, berhane K et al. Regular smoking and<br />

asthma incidence in adolescents. Am. J Respir. Crit Care Med.<br />

2006 ; 15;174(10): 1094-100.<br />

Kunzli N, Avol E, Wu J et al. Health effects of the 2003 Southern<br />

California wildfires on children. Am. J. Respir. Crit Care Med.<br />

2006 ; 1 ; 174(11): 1221-8<br />

Morgenstern V, Zutavern A, Cyrys J et al. Respiratory health<br />

and individual estimated exposure to traffic-related air pollutants<br />

in a cohort of young children. Occup. Environ Med. 2007 ; 64(1):<br />

8-16.<br />

Maantay J. Asthma and air pollution in the Bronx:<br />

methodological and data considerations in using GIS for<br />

environmental justice and health research. Health Place. 2007 ;<br />

13(1): 32-56.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 17<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


DÉTERMINANTS ENVIRONNEMENTAUX DES TROUBLES IMMUNITAIRES ET ALLERGIQUES<br />

Fertilité humaine (masculine et féminine) et xénobiotiques (aspects toxicologiques<br />

- Période : décembre 2006 à mai 2007 -<br />

La vacuolisation autophagique sertolienne : un biotest pertinent pour l’évaluation du pouvoir<br />

reprotoxique et cancérigène des polluants environnementaux ?<br />

CORCELLE Elisabeth 1,2 , DJERBI Nadir 2 , POUJEOL Philippe 2 , HOFMAN Paul 1 , MOGRABI Baharia 1 - 1 INSERM ERI 21, Faculté de<br />

Médecine - 2 CNRS UMR 6548, Faculté des Sciences – INSERM - Nice<br />

A l’heure actuelle, les tests toxicologiques les plus utilisés<br />

estiment les effets d’une molécule in vivo sur la mortalité<br />

et la reproduction de l’espèce considérée. Ces études<br />

reflètent plutôt l’écotoxicité que les effets délétères sur la<br />

santé humaine. In vitro, les quelques biotests développés<br />

évaluent la toxicité en extrapolant les effets des<br />

xénobiotiques sur • l'intégrité des mitochondries (Moreno<br />

et al.) ; • l’induction des enzymes du catabolisme<br />

(CYP450) ; • et leur capacité de liaison aux récepteurs<br />

hormonaux (concept de perturbateurs endocriniens). Or, il<br />

semblerait que ces tests ne rendent pas compte à eux<br />

seuls de tous les effets délétères des polluants. C’est<br />

pourquoi, la recherche de nouvelles techniques et de<br />

nouveaux biomarqueurs à la fois plus sensibles et plus<br />

pertinents constitue toujours un objectif majeur.<br />

POLLUANTS ENVIRONNEMENTAUX &<br />

REPROTOXICITE ?<br />

Depuis plusieurs décennies, les pathologies de l’appareil<br />

de reproduction masculine sont en constante<br />

augmentation dans de nombreux pays industrialisés qu’ils<br />

s’agissent de malformations néonatales, d’anomalies du<br />

spermogramme ou des cancers du testicule ; cancers les<br />

plus fréquent de l’homme jeune (Huyghe et al.).<br />

L’augmentation synchrone dans le temps et l’espace de<br />

ces pathologies est en faveur d’un lien commun avec<br />

l’environnement et pose un problème de santé publique<br />

(Alavanja et al.) (Skakkebaeck et al.). Il est établi<br />

aujourd’hui que certains xénobiotiques étant lipophiles<br />

s'accumulent dans le tissu adipeux, le cerveau, le foie, les<br />

muscles et les organes génitaux (Crinnion). Stables, leur<br />

toxicité y persiste des années. Fait marquant, le premier<br />

événement observé dans les testicules des animaux<br />

exposés est une vacuolisation des cellules de Sertoli,<br />

cellules de soutien et de contrôle de la spermatogenèse<br />

(Tableau 1). Or, cette vacuolisation précède systématiquement<br />

la baisse des paramètres spermatiques. De ce<br />

fait, elle pourrait être à l’origine des problèmes observés<br />

d’infertilité et de cancers des testicules (Bruce et al.).<br />

L'analyse ultrastructurale de ces vacuoles, effectuée en<br />

microscopie électronique, révèle la présence de matériel<br />

cytoplasmique et d'organites, suggérant une nature<br />

autophagique. Cependant, la nature exacte de ces<br />

vacuoles, ainsi que les mécanismes moléculaires sousjacents<br />

restent méconnus ; mécanismes sans lesquels<br />

aucune relation de cause à effet ne peut être établie.<br />

POLLUANTS ENVIRONNEMENTAUX & AUTOPHAGIE<br />

Qu’est-ce que l’autophagie ?<br />

L'autophagie est un processus essentiel à la survie de<br />

toute cellule en réponse à un stress qu'il soit physiologique<br />

ou environnemental. Au cours de la vie cellulaire, ce<br />

mécanisme constitutif permet d’éliminer les protéines et<br />

les organelles en excès ou endommagés, et assure de ce<br />

fait le maintien de l’homéostasie et prévient le<br />

vieillissement cellulaire. En réponse à un stress,<br />

l’autophagie est surtout un processus d’adaptation qui<br />

séquestre la portion de cytoplasme endommagée formant<br />

ainsi une vacuole autophagique ou autophagosome. Dans<br />

l'étape de maturation, l'autophagosome fusionne avec les<br />

lysosomes pour former un autolysosome dont les enzymes<br />

digèrent le contenu, permettant le recyclage des produits<br />

de dégradation (Botti et al.).<br />

L'autophagie, un processus d'adaptation aux polluants<br />

environnementaux.<br />

Bien qu'une exposition chronique aux polluants<br />

environnementaux représente à l’évidence un stress<br />

important auquel la cellule doit s'adapter, la<br />

démonstration qu'ils ciblent l'autophagie est récente.<br />

L'étude de Moore et al., réalisée sur des bivalves marins<br />

(bio-accumulateurs) a démontré que le 3-méthylcholanthrène,<br />

induisait l'autophagie. Les auteurs ont alors<br />

proposé l'autophagie comme une ligne de défense contre<br />

les stress oxydatifs induits par les polluants<br />

environnementaux. Depuis, un nombre croissant d'études<br />

en a apporté la preuve chez les mammifères,<br />

principalement dans un modèle sertolien (Tableau 1).<br />

L'altération du processus autophagique : le chaînon<br />

manquant entre exposition chronique aux polluants<br />

environnementaux et reprotoxicité.<br />

Par l'utilisation de xénobiotiques de classes chimiques<br />

différentes, il a été démontré que cette vacuolisation<br />

sertolienne résulte d'une altération de l'étape de<br />

maturation autophagique (Corcelle et al.). Au niveau<br />

moléculaire, cette dégénérescence autophagique a été<br />

définie comme la conséquence exagérée de l’activation<br />

spécifique et soutenue de la voie de signalisation des<br />

MAPK ERKs, qui est généralement impliquée dans la<br />

transformation maligne. Sur la base de ces résultats, il<br />

émerge un nouveau modèle selon lequel les MAPKs<br />

réguleraient finement l'étape de maturation autophagique.<br />

Fait marquant, les carcinogènes et les oncogènes sont<br />

décrits, pour activer des voies de signalisation, pour<br />

réprimer l'activité autophagique, levant ainsi la fonction<br />

suppresseur tumoral de l'autophagie (Botti et al.). Ainsi, la<br />

vacuolisation sertolienne représente un bon modèle pour<br />

appréhender les bases moléculaires de l'autophagie ;<br />

comprendre la responsabilité des dérèglements<br />

autophagiques dans le développement de pathologies<br />

liées à des xénobiotiques, dont l'infertilité et les cancers et<br />

proposer de nouvelles stratégies thérapeutiques (Brevet<br />

n° WO 2006/048338 A1).<br />

18 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Conclusion générale<br />

En conclusion, la vacuolisation autophagique sertolienne<br />

a été proposée comme un biomarqueur adapté au<br />

développement d’un test de criblage de molécules<br />

préexistantes ou néosynthétisées: • à usage professionnel<br />

présentant un pouvoir reprotoxique et/ou carcinogène<br />

minime ; • ou à visée anti-cancéreuse, capables de<br />

restaurer la fonction suppresseur tumoral de l’autophagie.<br />

Ce biotest in vitro présente les avantages d'être sensible,<br />

rapide, facilement quantifiable, et peu coûteux en<br />

comparaison à l’expérimentation animale. Mais surtout, il<br />

pourrait être validé et le cas échéant adapté à d'autres<br />

types cellulaires, permettant ainsi de lever le voile sur les<br />

effets pléiotropiques des polluants environnementaux<br />

(cancérigènes, métaboliques, inflammatoires, neurotoxiques,<br />

et reprotoxiques…).<br />

Publications sélectionnées<br />

Corcelle E, Djerbi N, Mari M et al. Control of the autophagy<br />

maturation step by the MAPK ERK and p38: lessons from<br />

environmental carcinogens. Autophagy. 2007 ; 3(1): 57-9.<br />

Moore MN, Allen JI, McVeigh A et al. Lysosomal and<br />

autophagic reactions as predictive indicators of environmental<br />

impact in aquatic animals. Autophagy. 2006 ; 2: 217-20.<br />

Revues de la littérature<br />

Alavanja MC, Hoppin JA, Kamel F. Health effects of chronic<br />

pesticide exposure: cancer and neurotoxicity. Annu Rev Public<br />

Health. 2004 ; 25: 155-97.<br />

Botti J, Djavaheri-Mergny M, Pilatte Y et al., Autophagy<br />

signaling and the cogwheels of cancer. Autophagy. 2006 ; 2(2):<br />

67-73.<br />

Bruce E, Al-Talib RK, Cook IS et al., Vacuolation of<br />

seminiferous tubule cells mimicking intratubular germ cell<br />

neoplasia (ITGCN). Histopathology. 2006 ; 49(2): 194-6.<br />

Crinnion, WJ. Environmental medicine, part 4: pesticides -<br />

biologically persistent and ubiquitous toxins. Altern. Med. Rev.<br />

2000 ; 5(5): 432-447.<br />

Huyghe E, Plante P, Thonneau PF. Testicular Cancer Variations<br />

in Time and Space in Europe. Eur. Urol. 2007 ; 51(3): 621-8.<br />

Skakkebaek NE, Jorgensen N, Main KM et al., Is human<br />

fecundity declining? Int. J. Androl. 2006 ; 29(1): 2-11.<br />

Autres publications identifiées et non retenues<br />

Ben Rhouma K, Tebourbi O, Krichah R et al., Reproductive<br />

toxicity of DDT in adult male rats. Hum. Exp. Toxicol. 2001 ;<br />

20(8): 393-7.<br />

Bloch E, Gondos B, Gatz M et al., Reproductive toxicity of 2,4dinitrotoluene<br />

in the rat. Toxicol. Appl. Pharmacol. 1988 ; 94(3):<br />

466-72.<br />

Corcelle E, Nebout M, Bekri S et al., Disruption of autophagy at<br />

the maturation step by the carcinogen Lindane is associated with<br />

the sustained MAPK/ERK activity. Cancer Research. 2006 ;<br />

66(13): 6861-70.<br />

Dalsenter PR, Faqi AS, Webb J et al., Reproductive toxicity and<br />

tissue concentrations of lindane in adult male rats. Hum. Exp.<br />

Toxicol. 1996 ; 15(5), 406-10.<br />

D'Souza UJ, Narayana K, Zain A et al., Dermal exposure to the<br />

herbicide-paraquat results in genotoxic and cytotoxic damage to<br />

germ cells in the male rat. Folia Morphol. (Warsz). 2006 ; 65(1): 6-10.<br />

Ellis MK, Richardson AG, Foster JR et al. The reproductive<br />

toxicity of molinate and metabolites to the male rat: effects on<br />

testosterone and sperm morphology. Toxicol. Appl. Pharmacol.<br />

1998 ; 151(1): 22-32.<br />

Gonzalez-Polo RA, Niso-Santano M, Ortiz-Ortiz MA et al.,<br />

Relationship between Autophagy and Apoptotic Cell Deathin<br />

Human Neuroblastoma Cells Treated with Paraquat: Could<br />

Autophagy Be a "Brake" in Paraquat-Induced Apoptotic Death?<br />

Autophagy. 2007 ; 3(4): 366-7.<br />

Moreno AJ, Serafim TL, Oliveira PJ et al. Inhibition of<br />

mitochondrial bioenergetics by carbaryl is only evident for higher<br />

concentrations - Relevance for carbaryl toxicity mechanisms.<br />

Chemosphere. 2007 ; 66(3): 404-11.<br />

Sorenson DR, Brabec M. The response of adult rat sertoli cells,<br />

immortalized by a temperature-sensitive mutant of SV40, to 1,2dinitrobenzene,<br />

1,3-dinitrobenzene, 2,4-dinitrotoluene, 3,4dinitrotoluene,<br />

and cadmium. Cell. Biol. Toxicol. 2003 ; 19(2):<br />

107-19.<br />

Takahashi O, Oishi S. Male reproductive toxicity of four<br />

bisphenol antioxidants in mice and rats and their estrogenic<br />

effect. Arch. Toxicol. 2006 ; 80(4): 225-41.<br />

Polluant Environnemental Autophagie Modèle in vitro Vacuolisation Reprotoxicité male Référence<br />

Lindane<br />

Organochloré, Insecticide<br />

Traitement anti-parasitaires en médecine<br />

vétérinaire et humaine<br />

DDT<br />

Organochloré, Insecticide<br />

Lutte contre les vecteurs de la malaria, du<br />

typhus, de la fièvre jaune et de la maladie du<br />

sommeil<br />

Molinate<br />

Thiocarbamate, Herbicide<br />

Traitement des plantes et des graines<br />

alimentaires<br />

Paraquat<br />

Composé Dipyridyl, Herbicide<br />

Traitement des plantes et des graines<br />

alimentaires<br />

Potentiel facteur étiologique de la maladie de<br />

Parkinson<br />

BisphénolA<br />

Micropolluant organique<br />

Additif des résines époxiques utilisées dans les<br />

emballages plastiques, les peintures, les<br />

adhésifs…<br />

2,4-DNT<br />

Micropolluant organique<br />

Additifs des colorants, des explosifs, des<br />

propulsants...<br />

Induction et survie Cellules de Sertoli<br />

transformées<br />

Induction et survie Cellules de Sertoli<br />

transformées<br />

ND Cellules de Sertoli<br />

primaires<br />

Induction et mort Neuroblastome<br />

humain<br />

Induction et survie Cellules de Sertoli<br />

transformées<br />

Induction et survie Cellules de Sertoli<br />

transformées<br />

MO, ME<br />

Atrophie testiculaire<br />

Dégénérations des cellules testiculaires<br />

� Production spermatique<br />

� Fécondité<br />

MO, ME Altération de la fonction neuroendocrine<br />

Atrophie testiculaire<br />

� Production spermatique<br />

� Fécondité<br />

ME Altération de la fonction neuroendocrine<br />

Dégénérations des cellules testiculaires<br />

� Production spermatique<br />

� Fécondité<br />

ND Dégénérations des cellules germinales<br />

� Production spermatique<br />

MO, ME Altération de la fonction neuroendocrine<br />

� poids des organes reproducteurs<br />

males<br />

� Production spermatique<br />

� Fécondité<br />

MO, ME Altération de la fonction neuroendocrine<br />

Dégénérations des cellules de Sertoli<br />

� Production spermatique<br />

� Fécondité<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 19<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».<br />

[Corcelle<br />

2006,<br />

Daisenter]<br />

[Ben Rhouma]<br />

Corcelle et al., 2007<br />

[Ellis]<br />

[d’Souza,<br />

Gonzales-<br />

Polo]<br />

[Takahasi]<br />

Corcelle et al., 2007<br />

[Sorenson,<br />

Bloch]<br />

Tableau 1: Polluants environnementaux reprotoxiques induisant la vacuolisation autophagique.<br />

Dans ces exemples, la reprotoxicité chronique a été évaluée in vivo sur des rats de laboratoires. Abréviations : DDT: Dichloro-Diphényl-Trichloroéthane, DNB:<br />

Di-Nitro-Benzène, DNT: Dinitroluene, ME : Microscopie Electronique, MO: Microscopie Optique, ND: Non déterminé, Réf.: références bibliographiques.


DÉTERMINANTS ENVIRONNEMENTAUX DES TROUBLES DE LA REPRODUCTION<br />

Cancers professionnels en relation avec les pesticides (aspects expérimentaux et<br />

épidémiologiques) - Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

Organochlorés et cancers (études épidémiologiques)<br />

VAN MAELE-FABRY Geneviève - Unité de toxicologie industrielle et de médecine du travail - Université Catholique de<br />

Louvain (UCL) - Bruxelles<br />

Malgré les restrictions actuelles liées à leur utilisation, les<br />

organochlorés (OC) restent un sujet de préoccupation<br />

majeur pour la santé humaine principalement en raison<br />

de leur persistance dans l’environnement, de leur<br />

capacité de bioaccumulation et des propriétés<br />

oestrogéniques et anti-estrogéniques de certains d’entre<br />

eux. Plusieurs nouvelles études ont été publiées sur le<br />

sujet (Alexander et al., Carreno et al., Gatto et al.,<br />

Khanjani et al., Purdue et al., Rafnsson) mais la plupart<br />

d’entre elles traitent d’une exposition environnementale à<br />

ces pesticides et non d’une exposition professionnelle.<br />

Purdue et al., ont étudié la relation entre l’incidence de<br />

cancer et l’utilisation d’insecticides organochlorés dans le<br />

cadre d’une vaste étude de cohorte prospective menée<br />

sur 57.311 applicateurs de pesticides en Iowa et Caroline<br />

du Nord: l‘«Agricultural Health Study » (AHS). Des<br />

informations concernant l’utilisation de 7 insecticides OC<br />

(aldrine, chlordane, DDT, dieldrine, heptachlore, lindane<br />

et toxaphène) ont été collectées à l’aide de<br />

questionnaires remis aux participants. Aucune<br />

association claire n’a pu être mise en évidence entre<br />

l’utilisation de pesticides OC et l’incidence de<br />

l’ensemble des cancers. Une augmentation<br />

significative du risque relatif de cancers spécifiques a<br />

été observée suite à l’utilisation de certains de ces OC :<br />

cancer rectal et chlordane, cancer du poumon et<br />

dieldrine, lymphome non-Hodgkinien (LNH) et<br />

lindane, mélanome et toxaphène, leucémies et<br />

chlordane/heptachlore. Des diminutions du risque<br />

relatif ont également été observées pour le cancer du colon<br />

et l’aldrine ainsi que pour l’ensemble des cancers<br />

et l’heptachlore.<br />

Parmi les principaux avantages de l’étude, il faut signaler<br />

que (1) les données d’exposition ont été obtenues avant<br />

que soit posé le diagnostic de cancer éliminant de ce fait<br />

les biais de mémoire, (2) il existe des informations<br />

détaillées concernant l’exposition à chaque insecticide<br />

étudié (tous les types d’organochlorés n’ont pas été<br />

évalués car ne figurant pas sur les questionnaires, e.g.<br />

endrine, methoxychlore, mirex). (3) Un certain nombre de<br />

facteurs confondants potentiels (professionnels,<br />

démographiques, style de vie) ont pu être contrôlés dans<br />

cette analyse. (4) L’issue prise en compte dans cette étude<br />

est l’incidence de cancers basée sur des données<br />

issues de registres de population ce qui élimine le biais de<br />

survie présent dans les études de mortalité.<br />

L’étude présente plusieurs limites discutées par les<br />

auteurs. (1) Seuls 44% des participants ont complété le<br />

questionnaire, ce qui pose question quant à l’existence<br />

d’un biais de sélection. (2) Des erreurs de classification<br />

de l’exposition ne peuvent être exclues du fait de la<br />

mémoire parfois imprécise de certains sujets. (3) Le<br />

timing de l’étude est postérieur au retrait du marché de la<br />

plupart des OC. (4) La période de suivi de l’étude est<br />

relativement courte et pour certains cancers le nombre de<br />

cas est faible, ce qui limite la possibilité de détection<br />

d’associations de taille modérée. (5) Enfin, les résultats<br />

sont basés sur de petits nombres de cas et sur des<br />

comparaisons multiples et doivent donc être interprétés<br />

avec prudence. Néanmoins, certaines associations<br />

(lindane et LNH, chlordane/heptachlore et leucémies)<br />

sont supportées par des preuves antérieures et<br />

encouragent des investigations complémentaires sur le<br />

sujet.<br />

Le risque de LNH résultant d’une exposition dermique à<br />

l’hexachlorocyclohexane (HCH) a été étudié par Rafnsson<br />

dans une étude cas-témoins réalisée au sein d’une cohorte<br />

de propriétaires de moutons en Islande. L’HCH est un<br />

insecticide organochloré dont la formulation technique<br />

contient du lindane. Le nombre de moutons traités a servi de<br />

substitut pour l’exposition des propriétaires et cette<br />

information a été collectée avant le diagnostic de LNH.<br />

Aucun autre insecticide n’a été utilisé durant la période de<br />

l’étude. Quarante cinq cas ont été recensés parmi les sujets<br />

inscrits dans le registre national du cancer et 221 témoins<br />

ont été sélectionnés au hasard parmi les individus ne<br />

présentant pas de cancer au sein de la cohorte. Le rapport<br />

de cotes obtenu pour le LNH après ajustement pour l’âge<br />

ainsi que pour la taille des troupeaux (propriétaires de<br />

100 moutons et plus ou de moins de 100 moutons) est de<br />

3,86 (intervalle de confiance à 95%, 1.59-8.53). Il existe<br />

d’autres facteurs confondants pour lesquels il n’a pas été<br />

possible de réaliser d’ajustement : facteurs génétiques,<br />

immunodéficience acquise, mode de vie, autres facteurs liés<br />

à la profession (élevage(s) d’autre(s) animaux, autre(s)<br />

activité(s) agricole(s), exposition à des virus, …). Les points<br />

forts de l’étude résident dans le fait qu’elle se base sur des<br />

registres de population complets, une erreur de<br />

classification entre cas et contrôle est fort peu probable car<br />

l’enregistrement des cas de cancer est basé sur un examen<br />

histologique et est indépendant de la profession et du lieu de<br />

résidence et il n’y a pas de possibilité de biais de mémoire<br />

concernant l’exposition car les premières informations sur<br />

les troupeaux de moutons traités ont été collectées avant le<br />

suivi et le diagnostique de LNH. Malgré le faible nombre de<br />

cas de l’étude, le rapport de cotes obtenu est élevé. Les<br />

résultats de l’étude mettent en évidence l’existence<br />

d’une association entre l’exposition par contact<br />

dermique à l’HCH et le développement de LNH avec un<br />

risque plus de trois fois plus élevé de voir apparaitre des<br />

LNH chez les propriétaires de moutons traités.<br />

20 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Conclusion générale<br />

Une des grandes difficultés des études épidémiologiques<br />

analysant des cancers professionnels en relation avec une<br />

exposition à des pesticides est d’arriver à mettre en<br />

relation un type de cancer spécifique et un pesticide<br />

particulier. Les deux études qui sont analysées ci-dessus<br />

ont été sélectionnées car elles permettent toutes deux une<br />

telle approche. Dans les deux cas une association entre<br />

une exposition au lindane ou à l’hexachlorocyclohexane<br />

(en contenant) et le développement de lymphomes non-<br />

Hodgkiniens a été mise en évidence. Par ailleurs, ces deux<br />

études se complètent d’une certaine manière dans la<br />

mesure où l’étude de Rafnsson porte sur le traitement<br />

d’élevages de moutons alors que l’ « Agricultural Health<br />

Study » ne dispose que de peu de données sur ce type<br />

d’exposition.<br />

Publications sélectionnées<br />

Purdue M, Hoppin J, Blair A et al. Occupational exposure to<br />

organochlorine insecticides and cancer incidence in the<br />

Agricultural Health Study. Int. J. Cancer. 2007 ; 120(3): 642-9.<br />

Rafnsson V. Risk of non-Hodgkin’s lymphoma and exposure to<br />

hexachlorocyclohexane, a nested case-control study. Eur.<br />

J. Cancer. 2006 ; 42(16): 2781-5.<br />

Revues de la littérature<br />

Alexander D, Mink P, Adami H et al. The non-Hodgkin<br />

lymphomas : a review of the epidemiologic literature. Int.<br />

J. Cancer. 2007 ; 120(suppl12): 1-39.<br />

Khanjani N, Hoving J, Forbes A et al. Systematic review and<br />

meta-analysis of cyclodiene insecticides and breast cancer.<br />

J. Environ. Sci. Health C Environ Carcinog Ecotoxicol Rev. 2007<br />

; 25(1): 23-52.<br />

Raimondi S, Paracchini V, Autrup H et al. Meta-and pooled<br />

analysis of GSTT1 and lung cancer : a HuGe-GSEC review. Am.<br />

J. Epidemiol. 2006 ; 164(11): 1027-42.<br />

Sams R, Wolf D, Ramasamy S et al. Workshop overview:<br />

Arsenic research and risk assessment. Toxicol. Appl. Pharmacol.<br />

2007 ; Jan 20 [Epub ahead of print].<br />

Publications non retenues<br />

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organochlorine pesticides in Southern Spain. Environ Res. 2007<br />

; 103(1): 55-61.<br />

Fritschi L, Glass D, Tabrizi et al. Occupational risk factors for<br />

prostate cancer and benign prostatic hyperplasia: a case-control<br />

study in Western Australia. 2007 ; 64(1): 60-5.<br />

Gatto N, Longnecker M, Press M et al. Serum organochlorines<br />

and breast cancer: a case-control study among African-<br />

American women. Cancer Causes Control. 2007 ; 18(1): 29-39.<br />

Giordano F, Dell Orco V, Giannandrea F et al. Mortality in a cohort<br />

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Int J Immunopathol Pharmacol. 2006 ; 19(4 suppl): 61-5.<br />

Lee W, Sandler D, Blair A et al. Pesticide use and colorectal<br />

cancer risk in the agricultural health study. Int J Cancer. 2007 ;<br />

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cancer incidence in the agricultural health study. Environ. Health<br />

Perspect. 2006 ; 114(12): 1838-42.<br />

Meyer T, Coker A, Sanderson M et al. A case-control study of<br />

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men. Occup. Environ Med. 2007 ; 64(3): 155-160.<br />

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Rafnsson V. Farming and prostate cancer. Occup. Environ. Med.<br />

2007 ; 64(3): 143.<br />

Ruder A, Waters M, Carreon T. The Upper Midwest Health<br />

Study: a case-control study of primary intracranial gliomas in<br />

farm and rural residents. J Agric Saf Health. 2006 ; 12(4): 255-74.<br />

Samanic C, Rusiecki J, Dosemeci M et al. Cancer incidence<br />

among pesticide applicators exposed to dicamba in the<br />

agricultural health study. Environ. Health Perspect. 2006 ;<br />

114(10): 1521-6.<br />

Van Balen E, Font R, Cavalle N et al. Exposure to non-arsenic<br />

pesticides is associated with lymphoma among farmers in Spain.<br />

Occup. Environ. Med. 2006 ; 63(10): 663-8.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 21<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


DÉTERMINANTS ENVIRONNEMENTAUX GÉNÉRAUX ET PROFESSIONNELS DU CANCER<br />

Cancers de l’enfant et environnement - Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

Cancers de l’enfant et environnement<br />

LE MOAL Joëlle - Département <strong>Santé</strong> environnement - InVS - Saint Maurice<br />

PROXIMITÉ, DURANT LA GROSSESSE,<br />

D’UNE INSTALLATION INDUSTRIELLE ÉMETTANT<br />

DES REJETS TOXIQUES ET RISQUE DE TUMEUR<br />

CÉRÉBRALE DE L’ENFANT.<br />

Les tumeurs du système nerveux central constituent la<br />

deuxième cause de cancers de l’enfant (21,8 % de ces<br />

cancers) après les leucémies (30,2 %). En dehors de<br />

l’exposition aux rayonnements ionisants, leur étiologie<br />

est inconnue.<br />

S’appuyant sur la grande susceptibilité du cerveau fœtal<br />

aux agents chimiques, Choi et al. ont fait l’hypothèse<br />

d’un rôle possible des expositions environnementales<br />

non professionnelles subies par la mère avant la<br />

naissance. Ils ont mené une étude chez 382 cas et<br />

382 témoins évaluant l’exposition résidentielle des mères<br />

avant la naissance en fonction de la proximité d’une<br />

installation industrielle émettant des rejets toxiques.<br />

L’originalité de cette étude, première du genre, est d’avoir<br />

tenté une mesure objective de l’exposition : reconstitution<br />

minutieuse de l’histoire résidentielle (commençant 10<br />

mois avant la naissance et jusqu’à la naissance) obtenue<br />

par interview téléphonique des mères, géocodage des<br />

adresses, mesure de la distance à une installation<br />

émettrice, prise en compte de la durée d’exposition à une<br />

adresse en cas de changement. Les témoins ont été<br />

appariés par sexe, âge, année de naissance et Etat de<br />

résidence. Les facteurs de confusion potentiels pris en<br />

compte étaient le niveau d’éducation, le revenu de la<br />

famille et l’âge de la mère, mais n’ont pas nécessité<br />

d’ajustement. Le tabagisme de la mère n’a pas été<br />

démontré comme un facteur de risque de ces tumeurs.<br />

Les résultats montrent que les mères ayant résidé à<br />

moins d’un mile d’une installation émettrice de rejets<br />

toxiques ont un excès de risque d’avoir un enfant<br />

souffrant d’une tumeur du système nerveux central<br />

diagnostiquée avant l’âge de 5 ans, comparées aux<br />

mères ayant résidé à plus d’un mile d’une telle<br />

installation. L’odd ratio est de 1,66 [1,11-2,48]. Il atteint<br />

1,72 [1,05-2,82] si l’on ne considère que les installations<br />

émettant des rejets classés cancérogènes certains,<br />

probables ou possibles.<br />

Les auteurs ont ensuite calculé un index d’exposition,<br />

prenant en compte la masse et la toxicité des substances<br />

rejetées par les installations. Les mères ayant l’index<br />

d’exposition le plus élevé ont ainsi un excès de risque,<br />

mais non significatif par rapport aux mères ayant l’index<br />

le moins élevé (OR : 1,25 [0,67-2,34]). On note aussi une<br />

tendance à l’augmentation du risque quand l’index<br />

augmente, mais celle-ci est non significative.<br />

Cette étude présente des limites et elle est qualifiée<br />

d’exploratoire par les auteurs. En effet, ils ont exclu des<br />

cas ne pouvant être documentés et ceci peut avoir<br />

conduit à un biais de sélection. Les informations sur les<br />

installations industrielles reposent sur une auto-<br />

déclaration réglementaire et ne concernant que des<br />

installations assez importantes (seuils d’émissions et du<br />

nombre d’employés suffisants). La construction de l’index<br />

d’exposition est conditionnée par l’existence de valeurs<br />

toxicologiques de référence pour des expositions<br />

chroniques, souvent manquantes. Enfin, cette étude, qui<br />

explore surtout la voie d’exposition aérienne, ne prend pas<br />

en compte d’éventuelles expositions professionnelles, ni<br />

celles liées à d’autres sources (transports, eau de boisson,<br />

alimentation), ni les expositions postnatales précoces de<br />

l’enfant. Cependant ces limites sont habituelles et la<br />

méthode employée par Choi et al. tente de réduire le biais<br />

de mémorisation lié à la reconstitution d’une exposition<br />

passée.<br />

CONSOMMATION D’ALIMENTS LACTÉS DURANT<br />

L’ADOLESCENCE ET CANCER DU TESTICULE<br />

Les cancers du testicule ne sont pas des cancers d’enfant<br />

(quelques cas très rares sont possibles) mais surviennent<br />

chez des adultes jeunes (pic entre 30 et 35 ans). Leur<br />

augmentation d’incidence inexpliquée dans tous les pays<br />

développés laisse supposer qu’ils pourraient être la<br />

conséquence d’expositions environnementales durant<br />

l’enfance ou l’adolescence. Certains auteurs associent le<br />

cancer du testicule, la baisse de la fertilité masculine et les<br />

malformations urogénitales masculines au sein d’un<br />

syndrome commun, le syndrome de dysgénésie testiculaire<br />

Ce syndrome pourrait être causé par des perturbateurs<br />

endocriniens, l’exposition soupçonnée pouvant remonter à<br />

la vie intra-utérine (Bay et al. ; Mauduit et al.).<br />

Une étude originale (Stang et al.) approfondit une autre<br />

hypothèse : celle de la consommation de produits lactés<br />

durant l’adolescence. Les auteurs ont réalisé une étude<br />

cas-témoin (269 cas et 797 témoins) avec entretien<br />

diététique, complété lorsque cela était possible par<br />

l’interrogatoire des mères. Ils ont cherché à savoir quelle<br />

était l’alimentation des sujets un an avant l’entretien et à<br />

l’âge de 17 ans. Les odds ratios ont été ajustés sur le<br />

niveau social et la taille, deux facteurs susceptibles<br />

d’influencer les résultats. Ceux-ci montrent un excès de<br />

risque de cancer du testicule de 37% (OR = 1,37[1 ; 12-1<br />

; 68]) pour chaque 20 portions additionnelles mensuelles<br />

de lait dans l’adolescence (par rapport à des portions<br />

standard). Un excès de risque est aussi retrouvé en lien<br />

avec la consommation spécifique de galactose ou de<br />

graisse lactée.<br />

Pour expliquer un tel effet, particulièrement net pour les<br />

séminomes, forme majoritaire de cancers du testicule, les<br />

auteurs évoquent deux hypothèses : l’une fait intervenir<br />

les métabolites du galactose qui altèreraient la structure<br />

des gonadotrophines (hormones sexuelles) ; l’autre<br />

rejoint l’hypothèse endocrinienne, mais ici ce seraient les<br />

estrogènes bovins, supposés massivement présents dans<br />

22 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


le lait de vache du fait des pratiques agricoles modernes<br />

qui seraient en cause. Les limites de cette étude sont<br />

essentiellement liées au biais de mémorisation, les<br />

informations étant recueillies à posteriori et par entretien.<br />

Néanmoins la relation entre le cancer du testicule et la<br />

consommation de produits laitiers a été mise en évidence<br />

dans plusieurs autres études, cette dernière étant plus<br />

poussée dans la modélisation du lien.<br />

Conclusion générale<br />

L’étiologie des tumeurs cérébrales de l’enfant reste en<br />

grande partie inexpliquée et leur augmentation<br />

d’incidence en Europe (1, 7% par an durant la période<br />

1978-1997 n’est que partiellement expliquée par<br />

l’amélioration des méthodes diagnostiques (Peris-Bonet<br />

et al.). La susceptibilité du cerveau fœtal aux toxiques<br />

chimiques fait suspecter des expositions prénatales<br />

environnementales, mais aussi professionnelles. La<br />

reconstitution de l’exposition est le principal obstacle<br />

épidémiologique à surmonter dans les études.<br />

L’augmentation d’incidence des cancers du testicule chez<br />

l’homme jeune (1,9 % par an entre 1978 et 2000 en France<br />

pourrait être liée à des expositions environnementales<br />

durant l’enfance ou l’adolescence. La piste des<br />

perturbateurs endocriniens est aujourd’hui complétée par<br />

celle de l’alimentation lactée, selon des hypothèses qui<br />

semblent compatibles.<br />

Publications sélectionnées<br />

Bay K, Asklund C, Skakkebaek NE et al. Testicular dysgenesis<br />

syndrome: possible role of endocrine disrup ters. Best. Pract.<br />

Res. Clin. Endocrinol Metab. 2006 ; 20 (1): 77-90.<br />

Choi HS, Shim YK, Kaye WE et al. Potential Residential<br />

Exposure to Toxics Release Inventory Chemicals during<br />

Pregnancy and Childhood Brain Cancer. Environ. Health<br />

Perspect. 2006 ; 114 (7): 1113-8.<br />

Ganmaa D, Sato A. The possible role of female sex hormones in<br />

milk from pregnant cows in the development of breast, ovarian and<br />

corpus uteri cancers. Med. Hypotheses. 2005 ; 65 (6): 1028-37.<br />

Hedelin G, Remontet L. Evolution du cancer du testicule en<br />

France. Andrologie. 2002 ; 12(3): 269-73.<br />

Mauduit C, Florin A, Amara S et al. Long-term effects of<br />

environmental endocrine disruptors on male fertility. Gynecol.<br />

Obstet. Fertil. 2006 ; 34: 978-984.<br />

Peris-Bonet R, Martinez-Garcia C, Lacour B et al. Childhood<br />

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Information System project. Eur. J. Cancer. 2006 ; 42: 2064-<br />

2080.<br />

Stang A, Ahrens W, Baumgardt-Elms C et al. Adolescent milk<br />

fat and galactose consumption and testicular germ cell cancer.<br />

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Revues de la littérature<br />

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children: a review. Environ Health Perspect. 2007 ; 115 (1): 138-45.<br />

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Jurewicz J, Hanke W. Exposure to pesticides and childhood<br />

cancer risk: has there been any progress in epidemiological<br />

studies? Int. J. Occup. Med. Environ. Health. 2006 ; 19 (3): 152-69.<br />

Pearce MS, Hammal DM, Dorak MT et al. Paternal<br />

occupational exposure to electro-magnetic fields as a risk factor<br />

for cancer in children and young adults: A case-control study<br />

from the North of England. Pediatr. Blood Cancer. 2006.<br />

Penel N, Vansteene D. Cancers et pesticides: données<br />

actuelles. Bull. Cancer. 2007 ; 94 (1): 15-22.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 23<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


OUTILS ET MÉTHODES POUR L’ÉVALUATION DU RISQUE<br />

Effets toxiques d’expositions multiples : indicateurs composites du danger utilisables en<br />

évaluation du risque (données expérimentales et modélisation) - Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

Modèles QSAR permettant d’identifier les molécules ayant des effets sur la reproduction<br />

et le développement<br />

DEVILLERS James - CTIS - Rillieux la Pape<br />

Il existe peu de modèles de type structure-activité (QSAR)<br />

permettant d’estimer les effets des molécules sur la<br />

reproduction et le développement. Cette note présente<br />

une approche très originale sur le sujet.<br />

Matthews et al. (2007a) ont collecté les informations<br />

contenues dans différentes banques de données pour en<br />

constituer une principalement dédiée à la modélisation<br />

QSAR. Elle inclut plus de 10000 résultats individuels<br />

d’études de toxicité sur la reproduction chez le rat, la<br />

souris ou le lapin pour 2134 molécules organiques. Les<br />

effets sur la reproduction chez le mâle et chez la femelle,<br />

sur la mortalité, sur la croissance du fœtus, sur le<br />

comportement du nouveau-né mais aussi la toxicité<br />

fonctionnelle (e.g., cardiovasculaire) et la dysmorphogénèse<br />

fœtale ont été considérés au travers de<br />

90 catégories d’activités spécifiques se rapportant à un<br />

tissu, un organe, une fonction ou un événement très<br />

précis de la reproduction et du développement. A partir<br />

de règles de décisions clairement établies, les<br />

informations hétérogènes, textuelles ou non, collectées<br />

dans les différentes banques de données ont été<br />

converties en une échelle unique de valeurs d’activités<br />

permettant de classer les molécules au sein des 90<br />

catégories en inactives, moyennement actives et actives.<br />

Des études statistiques ont été ensuite réalisées pour<br />

déterminer s’il était possible de regrouper certaines<br />

catégories et les résultats obtenus sur les différentes<br />

espèces.<br />

Matthews et al. (2007b) ont ensuite utilisé cette banque<br />

de données et le programme MC4PC (dérivé de MCASE,<br />

Klopman et al. pour élaborer 184 modèles QSAR<br />

différents. Le concept fondamental de MC4PC (ou de<br />

MCASE) est que l’activité d’une molécule est avant tout<br />

gouvernée par certaines de ses sous-structures appelées<br />

biophores. Ainsi, dans un échantillon de molécules<br />

actives et inactives pour une activité biologique donnée,<br />

l’algorithme commence par rechercher le motif structural<br />

statistiquement le plus significatif parmi les molécules<br />

classées comme actives. Ces dernières sont retirées de<br />

l’échantillon et le programme recommence à identifier le<br />

fragment structural suivant le plus fréquent dans la<br />

population de molécules actives restantes. L’opération<br />

est répétée jusqu’à épuisement total du nombre de<br />

molécules actives dans l’échantillon de modélisation ou<br />

parce que dans les molécules actives restantes, il est<br />

impossible d’identifier d’autres biophores statistiquement<br />

significatifs. Ces différents biophores sont ensuite<br />

associés aux molécules les incluant pour construire des<br />

sous-échantillons utilisés pour identifier des modulateurs.<br />

Ce sont des motifs structuraux ou des propriété physicochimiques<br />

comme le coefficient de partage 1-octanol/eau<br />

(log P) qui augmentent ou diminuent l’activité des<br />

molécules et donc permettent de mieux expliquer leur<br />

comportement. Lorsque tous les biophores et les<br />

modulateurs ont été identifiés, l’algorithme élabore un<br />

modèle fondé sur un schéma hiérarchique et additif<br />

d’équations QSAR à partir des biophores et des<br />

modulateurs correspondants. Selon les auteurs, lors de la<br />

construction du modèle QSAR final, grâce à des règles<br />

de décisions (non spécifiées) MC4PC maximiserait la<br />

spécificité (Nb de vrais négatifs / (Nb de vrais négatifs +<br />

Nb de faux positifs)) et minimiserait le nombre de faux<br />

positifs. Tout ce travail est réalisé d’une façon<br />

entièrement automatique à partir des structures des<br />

molécules codées en SMILES (Simplified molecular input<br />

entry system).<br />

MC4PC fonctionne d’autant mieux que le nombre de<br />

molécules actives est suffisant et qu’il est sensiblement<br />

égal à celui des molécules inactives. Ces conditions<br />

n’étant pas remplies pour la plupart des échantillons<br />

(seulement 1 à 30 % de molécules actives pour certains<br />

critères de toxicité) les auteurs ont résolu ce problème en<br />

éliminant certains d’entre eux ou en les partageant de<br />

différentes façons pour avoir à chaque fois les mêmes<br />

molécules actives et des molécules inactives différentes<br />

et en nombre variable. De plus, pour chaque critère de<br />

toxicité considéré, ils ont utilisé les données se<br />

rapportant uniquement au rat, à la souris, au lapin ou à un<br />

mélange de ces deux ou trois espèces. Dans ces<br />

conditions 184 modèles QSAR différents ont été<br />

proposés avec par exemple, 15 uniquement pour estimer<br />

les effets sur le sperme, 14 pour la dysmorphogénèse<br />

fœtale, 17 pour la mortalité fœtale, etc. Cependant, pour<br />

chaque critère de toxicité modélisé, une sélection d’un ou<br />

de deux modèles QSAR est proposée.<br />

Cette étude est intéressante car les effets des molécules<br />

sur la reproduction et le développement ne sont pas<br />

estimés au travers d’un modèle QSAR unique utilisant un<br />

critère d’activité plus ou moins précis comme c’est<br />

généralement le cas mais à partir de différents modèles<br />

s’intéressant à des cibles variées ce qui permet de<br />

simuler des profils d’activités conduisant à une meilleure<br />

estimation de la toxicité des molécules. De plus ces<br />

modèles ont été établis à partir d’échantillons de grandes<br />

tailles (n > 500 pour 79 % des modèles et n > 1500 pour<br />

19 %) ce qui est également rare.<br />

Cependant, ce type de modélisation exclut les molécules<br />

inorganiques, les molécules organiques à haut poids<br />

moléculaire (e.g., polymères) et les mélanges. Cette<br />

information est insuffisante pour estimer les domaines<br />

d’application des modèles. Pour chaque modèle il aurait<br />

été nécessaire d’avoir la liste des principaux<br />

groupements fonctionnels et motifs structuraux présents<br />

dans les échantillons d’apprentissage. Ceci est d’autant<br />

plus indispensable que les structures des biophores et<br />

les caractéristiques des modulateurs ne sont pas<br />

fournies. Sans ces informations, il est impossible de<br />

24 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


savoir quelles sont les familles de molécules dont les<br />

activités seront correctement prédites de celles qui<br />

donneront des estimations erronées car possédant des<br />

motifs structuraux absents des molécules constituant les<br />

échantillons d’apprentissage. Enfin, aucun de ces<br />

modèles QSAR n’a fait l’objet d’une validation externe à<br />

partir d’un échantillon de test pour correctement estimer<br />

leurs performances.<br />

Conclusion générale<br />

Ainsi, la démarche est conceptuellement intéressante<br />

mais reste totalement à valider pour une utilisation<br />

pratique des modèles proposés.<br />

Publications sélectionnées<br />

Klopman G, Chakravarti SK, Harris N et al. In-silico screening<br />

of high production volume chemicals for mutagenicity using the<br />

MCASE QSAR expert system. SAR QSAR Environ. Res. 2003 ;<br />

14(2): 165-180.<br />

Matthews EJ, Kruhlak NL, Benz RD et al. A comprehensive<br />

model for reproductive and developmental toxicity hazard<br />

identification: I. Development of a weight of evidence QSAR<br />

database. Regul. Toxicol. Pharmacol. 2007a ; 47(2): 115-135.<br />

Matthews EJ, Kruhlak NL, Benz RD et al. A comprehensive<br />

model for reproductive and developmental toxicity hazard<br />

identification: II. Construction of QSAR models to predict activities<br />

of untested chemicals. Regul. Toxicol. Pharmacol. 2007b ; 47(2):<br />

136-155.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 25<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


OUTILS ET MÉTHODES POUR L’ÉVALUATION DU RISQUE<br />

Méthodes d’estimation intégrée d’impact sanitaire des nuisances environnementales (DALYS,<br />

QALYS, YOLL et autres approches) - Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

Choix de la méthode d’évaluation sanitaire des impacts de la pollution de l’air<br />

- Comparaison des QALYs et DALYs -<br />

LABOUZE Eric ; Des ABBAYES Cécile - BIO Intelligence Service - Ivry-sur-Seine<br />

Le projet ExternE conduit par la Commission Européenne<br />

a montré que 90% du coût quantifiable des dommages<br />

liés à la pollution de l’air (hors réchauffement climatique)<br />

sont dus aux impacts sanitaires. Ainsi l’évaluation<br />

monétaire de la mortalité due à la pollution de l’air est un<br />

sujet crucial (Rabl et al.). Cette évaluation est fonction de<br />

différents types de paramètres, tous soumis à des<br />

incertitudes très larges, la plus importante portant sur la<br />

valeur monétaire d’une année de vie humaine.<br />

Les économistes ont consacré plus de 100 études à<br />

déterminer la « Valeur Statistique d’une Vie Humaine »,<br />

c’est-à-dire le consentement d’un individu à payer pour la<br />

réduction des risques mortels. Les valeurs<br />

empiriquement déterminées varient entre 1 et 10 millions<br />

de dollars. L’auteur pose la question de la méthode la<br />

plus pertinente pour déterminer le coût sanitaire de la<br />

pollution de l’air : doit-on multiplier simplement le<br />

nombre de morts prématurées par la valeur statistique<br />

d’une vie humaine, ou bien prendre en compte les<br />

Années de Vies Perdues (Years of Life Lost ; YOLL).<br />

ExternE a prouvé que la mortalité chronique due à la<br />

pollution de l’air (pollution de long terme) était<br />

prépondérante par rapport à la mortalité aiguë (pollution<br />

récente). Ceci incite l’auteur à préférer la seconde option,<br />

pour les raisons suivantes :<br />

- Les morts prématurées dues à la pollution de l’air<br />

impliquent un nombre très faible de YOLL, par rapport<br />

aux morts prématurées dues aux accidents. Or la valeur<br />

statistique d’une vie humaine est mesurée notamment<br />

par rapport aux risques d’accident.<br />

- La pollution de l’air n’est qu’un facteur contribuant à la<br />

mortalité, et la somme des décès dus à toutes les<br />

causes de mortalité serait bien plus grande que le<br />

nombre total de décès dans la population. Par<br />

contraste, les YOLL sont additifs.<br />

- L’estimation de l’effet de l’exposition à long terme à la<br />

pollution sur la mortalité est plus pertinente en utilisant<br />

des méthodes calculant l’espérance de vie, d’où l’on<br />

dérive facilement le nombre total de YOLL dans une<br />

population, plutôt que les décès prématurés.<br />

Le problème est que peu d’études aujourd’hui ont été<br />

conduites pour déterminer la valeur d’un YOLL, et cette<br />

méthode est donc peu praticable. ExternE a obtenu cette<br />

valeur à partir de la valeur statistique d’une vie humaine,<br />

et obtient 84,000 €1995/YOLL.<br />

L’auteur finalement présente une autre alternative très<br />

prometteuse : l’Index de Qualité de Vie (Life Quality Index,<br />

LQI). Il s’agit d’un indicateur prenant en compte la<br />

richesse sociétale et la longévité, défini comme suit :<br />

L = G q E<br />

Où G est le PIB / habitant / an,<br />

E est l’espérance de vie du pays ajustée par l’âge,<br />

q est l’élasticité de l’utilité de la consommation, (NDT :<br />

c’est-à-dire en quelque sorte le lien entre la satisfaction<br />

liée à la consommation et la variation des prix). Une<br />

valeur typique de q pour un pays industrialisé est 0.15.<br />

En dérivant cette formule, l’auteur obtient une formule<br />

d’évaluation de la valeur agrégée (C) pour une société du<br />

consentement à payer pour la réduction des risques<br />

mortels :<br />

NG dE<br />

C = x ($/an)<br />

q E<br />

où N est la population, et dE est le changement<br />

d’espérance de vie dû au changement du niveau de risque<br />

sur la mortalité de la population associé à un projet ou une<br />

politique.<br />

L’auteur propose d’utiliser cette méthode pour l’évaluation<br />

monétaire de la réduction de la mortalité dans les analyses<br />

coûts-bénéfices des programmes de qualité de l’air.<br />

Dans le cadre du développement des Standards<br />

Canadiens de Qualité de l’Air, Pandey et Nathwani ont<br />

comparé la méthode de multiplication du nombre de<br />

décès prématurés par la valeur statistique d’une vie<br />

humaine, avec l’approche index de qualité de vie. Les<br />

2 méthodes ont obtenu des résultats similaires, à savoir<br />

que les bénéfices surpassaient les coûts pour une<br />

réduction des émissions de particules dans l’air, mais pas<br />

pour une réduction des niveaux d’ozone dans l’air.<br />

Le QALY (Quality-adjusted life year – Année de Vie<br />

Ajustée par la Qualité) est un indicateur de santé<br />

combinant la durée et la qualité de vie, tandis que le<br />

DALY (Disability-adjusted life year – Année de Vie Ajustée<br />

par l’Infirmité) est tout d’abord une mesure des<br />

inconvénients de la maladie. Ces 2 indicateurs diffèrent<br />

selon un certain nombre d’aspects (Sassi) :<br />

- Le plus important : le DALY pondère la valeur des<br />

années de vie selon l’âge auxquelles elles sont vécues.<br />

- Les sources de données utilisées pour le calcul des<br />

inconvénients de la maladie (DALY) et de la qualité de<br />

vie (QALY) diffèrent notablement. Les calculs de DALYs<br />

sont basés sur un jeu de données universel établi à<br />

partir d’évaluations d’experts, tandis que les calculs de<br />

QALYs se basent sur des mesures de qualité de vie en<br />

rapport à la santé obtenues à partir des préférences<br />

exprimées par des échantillons de populations.<br />

- Les profils d’inconvénients modélisés dans les DALYs<br />

sont simples, mais les calculs correspondants sont<br />

complexes ; au contraire, les profils de qualité de vie<br />

pour les QALYs sont plus élaborés, mais la méthode de<br />

calcul peut être simplifiée par approximation.<br />

26 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


- L’échelle de mesure du QALY est plus étendue que celle<br />

du DALY : le QALY maximal est 1 (parfaite santé),<br />

0 représente le décès, et un QALY négatif représente un<br />

état pire que la mort. Le DALY est mesuré de 0 (pas<br />

d’inconvénient) à 1(perte d’une année de vie en bonne<br />

santé).<br />

L’auteur compare les résultats donnés par les 2 méthodes<br />

sur 2 maladies : la tuberculose (maladie le plus souvent<br />

curable) et la dépression bipolaire (maladie chronique<br />

affectant la qualité et la durée de vie). Un facteur<br />

prépondérant dans les différences observées entre les<br />

résultats vient de la pondération par l’âge de la qualité des<br />

années de vie par le DALY. En faisant l’hypothèse que<br />

QALY = 1 – DALY, on observe que les QALYs gagnés<br />

excèdent les DALYs économisés quand la maladie<br />

commence lorsque l’individu est jeune, et que celle-ci est<br />

courte, et vice-versa. Ces conclusions sont valables pour<br />

la fonction de pondération par l’âge proposée dans l’étude<br />

Global Burden of Disease (Inconvénient Global des<br />

Maladies – Murray and Lopez). A noter aussi que les<br />

différences entre les résultats obtenus par les 2 méthodes<br />

sont plus marquées si les modes de calcul ne sont pas<br />

basés sur une même hypothèse d’espérance de vie.<br />

Conclusion générale<br />

Sur la période de veille couverte, très peu de publications<br />

concernent les méthodes d’estimation intégrée d’impact<br />

sanitaire des nuisances environnementales. Le travail de<br />

Rabl et al. visant à améliorer les méthodes utilisées dans<br />

les politiques publiques pour évaluer le risque sanitaire lié<br />

à la pollution de l’air montre que l’Index de Qualité de Vie<br />

est une approche intéressante pour l’évaluation des<br />

impacts sanitaires dus à la pollution de l’air, notamment<br />

dans les approches monétaires utilisées dans les analyses<br />

coûts-bénéfices d’évaluation des politiques de qualité de<br />

l’air. L’auteur exprime sa préférence pour cette méthode<br />

compte tenu de l’absence de valeur pertinente pour le<br />

YOLL (Years of Life Lost = Années de Vies Perdues). Or<br />

une évaluation contingente du YOLL est en cours dans le<br />

cadre d’Externe.<br />

Un autre travail intéressant (Sassi) porte sur la<br />

comparaison des modes de calcul des QALYs et DALYs,<br />

et met en évidence certains facteurs-clés générant des<br />

différences de résultats entre les deux méthodes. Ces<br />

paramètres sont particulièrement intéressants dans<br />

l’éventualité d’une comparaison de résultats d’études<br />

coûts-bénéfices utilisant ces 2 approches.<br />

Publications sélectionnées<br />

Rabl A, Nathwani J, Pandey M. Improving Policy Responses to<br />

the Risk of Air Pollution. J. Toxical Environ. Health, Part A. 2007 ;<br />

70(3-4): 316-331.<br />

Sassi F. Calculating QALYs, comparing QALY and DALY<br />

calculations. Health Policy Plan. 2006 ; 21(5): 402-8.<br />

Pandey MD, Nathwani JS, Canada wide standard for<br />

particulate matter and ozone: cost-benefit analysis using a lifequality<br />

index. 2003 ; Risk Anal. 23(1): 55–67.<br />

Publications non retenues<br />

Rabl A, Spadaro J. Environmental Impacts and Costs of Energy.<br />

Ann. N. Y. Acad. Sci. 2006 ; 1076: 516 - 526.<br />

Smith JT. Are Passive Smoking, Air Pollution and Obesity a<br />

Greater Mortality Risk than Major Radiation Incidents?<br />

Epidemiology. BMC Public Health. 2007 ; 7(49): 1-11.<br />

Kyle AD, Woordurff TJ, Axelrad DA. Integrated Assessment of<br />

Environment and Health: America’s Children and the Environment.<br />

Environ.Health Perspect. 2006 ; 114(3): 447-452.<br />

Scharnhorst W, Althaus HJ, Hilty LM. Environmental<br />

Assessment of End-of-Life Treatment Options for a GSM 900<br />

Antenna Rack. Int J LCA. 2006 ; 11(6): 425-436.<br />

Bhatia R. Protecting health using an environmental impact<br />

assessment: a case study of San Francisco land use decisionmaking.<br />

Am. J. of Public Health. 2007 ; 97(3): 406-13.<br />

Rinne S, Rodas EJ, Rinne ML. Use of biomass fuel is associated<br />

with infant mortality and child health in trend analysis. Am. J. Trop.<br />

Med. Hyg. 2007 ; 76(3): 585-591.<br />

Hope BK. An examination of ecological risk assessment and<br />

management practices. Environ. Int. 2006 ; 32(8):983-95.<br />

Campbell-Lendrum D, Woodruff R. Comparative Risk<br />

Assessment of the Burden of Disease from Climate Change.<br />

Environ.Health Perspect. 2006 ; 114(12): 1935-41.<br />

Galatchi LD. Environmental Risk Assessment. Chemicals as<br />

Intentional and Accidental Global Environmental Threats. (2006)<br />

ISBN 978-1-4020-5096-1. 1-6.<br />

Murray CJ, Lopez AD. The incremental effet of age-weighting on<br />

YLLs, YLDs and DALYs:a response. Bull World Health Organ.<br />

1996; 74(4) ; 439-43.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 27<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


OUTILS ET MÉTHODES POUR L’ÉVALUATION DU RISQUE<br />

Méthodes alternatives à l’expérimentation animale pour l’évaluation des risques sanitaires<br />

- Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

L’approche par catégorie pour l’évaluation des risques liés à des substances chimiques.<br />

Exemple des phthalates<br />

GOUGET Barbara ; CARRIÈRE Marie - Laboratoire Pierre Süe - Groupe Toxicologie humaine et environnementale -<br />

CEA / CNRS UMR 9956 - CEA Saclay - 91191 Gif sur Yvette<br />

En toxicologie réglementaire, l’évaluation de la toxicité<br />

d’une substance pour la reproduction est un des volets les<br />

plus couteux d’un point de vue expérimental. A ce jour, il<br />

n’existe pas de batterie de tests réglementaires, alternatifs<br />

à l’expérimentation animale, validés pour les différents<br />

aspects touchant les cycles de la reproduction. Quelques<br />

QSARs (QSARs pour : « quantitative structure-activity<br />

relationship », ou relation quantitative structure-activité)<br />

permettent de prédire la reprotoxicité des substances<br />

chimiques et des logiciels informatiques sont utilisés à ces<br />

fins. Cependant de plus amples recherches et<br />

développements dans le domaine des méthodes<br />

alternatives permettraient de réduire et/ou remplacer les<br />

tests sur animaux.<br />

Catégoriser les substances chimiques est une approche<br />

qui permettrait de réduire le nombre d’expérimentations<br />

réalisées sur l’animal, par exemple pour la nouvelle<br />

réglementation REACH (REACH pour : « registration,<br />

evaluation and autorisation of chemicals », ou<br />

enregistrement, évaluation et autorisation des substances<br />

chimiques). Dans cette approche, la catégorie chimique<br />

est définie comme « un groupe de substances chimiques<br />

dont les propriétés physico-chimiques et toxicologiques<br />

sont supposées semblables du fait de similarités<br />

structurales ». Il serait ainsi possible de prédire les<br />

propriétés physico-chimiques, les effets et le devenir de<br />

substances issues d’une même catégorie dans<br />

l’environnement et/ou leurs effets sanitaires et de les<br />

interpoler-extrapoler pour de nouvelles substances qui<br />

pourraient faire partie de cette catégorie, sans qu’il soit<br />

nécessaire de conduire des tests additionnels.<br />

Dans l’article de Fabjan et al., la mise en œuvre de<br />

l’approche par catégorie pour l’évaluation des risques<br />

liés à des substances présentant des propriétés physicochimiques<br />

proches a été évaluée. L’exemple développé est<br />

celui des phthalates, toxiques reconnus pour la<br />

reproduction.<br />

Les phthalates sont des substances industrielles<br />

chimiques ubiquitaires, utilisées dans de nombreux<br />

produits de consommation (savons, shampoings,<br />

cosmétiques ; plastiques, y compris ceux utilisés dans<br />

l’emballage alimentaire ; peintures ; pesticides…). Leur<br />

structure comprend un noyau benzène et un diester, placé<br />

en position ortho, méta ou para du noyau benzène, à deux<br />

fonctions carbonyle et deux fonctions alcool. Dans cet<br />

article, l’approche par catégorie est utilisée pour tester<br />

l’hypothèse communément admise que les orthophthalates<br />

dont les chaines carbonées des diesters ont<br />

une longueur comprise entre 4 atomes de carbone (C4) et<br />

6 atomes de carbone (C6) sont des reprotoxiques (Foster<br />

et al., 1982). Un examen approfondi de la littérature a<br />

permis de synthétiser les informations concernant les<br />

propriétés physico-chimiques, l’absorption orale, le<br />

métabolisme, la toxicité générale et plus spécifiquement la<br />

reprotoxicité de 10 ortho-phthalates sélectionnés pour<br />

l’étude. Le choix des 10 formes d’ortho-phthalates a porté<br />

sur les espèces dont les rapports d’évaluation de la toxicité<br />

étaient suffisants pour permettre une analyse par approche<br />

par catégorie et sur la variabilité de longueur des chaines<br />

alkyles (critère faisant l’objet de l’étude).<br />

L’objectif est de rechercher les similitudes et les<br />

différences entre ces formes, de déterminer quelles<br />

substances sont reprotoxiques et lesquelles ne le sont pas,<br />

et enfin de préciser s’il existe un facteur commun<br />

permettant de différentier les phthalates qui produisent des<br />

effets sur la reproduction chez l’animal de ceux qui n’en<br />

produisent pas.<br />

Les résultats montrent qu’il n’y a pas de différence<br />

significative de propriétés physico-chimiques, taux<br />

d’absorption et métabolisme entre les phthalates<br />

sélectionnés dans l’étude qui pourraient expliquer leurs<br />

différences de reprotoxicité. D’après les informations<br />

disponibles, il a cependant été confirmé que les phthalates<br />

dont au moins une des deux chaines alkyles comprend 4,<br />

5 ou 6 atomes de carbone produisent des effets<br />

reprotoxiques sévères chez les animaux de laboratoire, ce<br />

qui les différentient des autres phthalates : ils réduisent la<br />

fertilité chez les deux sexes ; à faible dose, ils affectent le<br />

développement d’organes autres que ceux de la<br />

reproduction ; enfin, point le plus critique, ils affectent le<br />

développement sexuel, essentiellement chez les mâles.<br />

Une catégorie de phthalates C4 à C6 est donc proposée. Il<br />

est à noter qu’il n’est pas exclu que les autres formes de<br />

phthalates ne faisant pas partie de cette catégorie<br />

présentent également une toxicité pour la reproduction,<br />

avec des effets moins sévères ou des effets observés à<br />

plus forte dose.<br />

En conclusion, l’approche par catégorie peut être<br />

appliquée à l’analyse des risques sur la reproduction. Un<br />

point critique requis pour la mise en œuvre de cette<br />

approche est la disponibilité de bases de données<br />

toxicologiques suffisantes pour permettre de conclure<br />

quant aux effets observés au sein d’une catégorie.<br />

Conclusion générale<br />

Ces travaux ont permis 1/ de conclure que la<br />

méthodologie par catégorie est applicable à l’analyse des<br />

risques sur la reproduction ; 2/ de dresser une alerte de<br />

structure applicable aux phthalates de la catégorie C4 à<br />

C6, reprotoxiques sévères (effets anti-androgènes). Les<br />

auteurs proposent, selon la directive européenne<br />

1999/45/EC relative à la classification, à l’emballage et à<br />

l’étiquetage des préparations dangereuses selon les<br />

critères de toxicité et d’écotoxicité, une classification et un<br />

28 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


étiquetage spécifiques pour les composés de cette<br />

catégorie. Pour les phthalates dont au moins une des<br />

deux chaines alkyles est inférieure à C4 ou supérieure à<br />

C6, des effets sur la reproduction moins sévères sont<br />

attendus à faible dose, bien qu’il y ait des indications de<br />

reprotoxicité à forte dose (composés dont au moins une<br />

des deux chaines alkyles est inférieure à C3). Avant<br />

d’envisager la nécessité de leur classification et<br />

étiquetage, de plus amples recherches sont requises.<br />

Publications sélectionnées<br />

Fabjan E, Hulzebos E, Mennes W et al. A category approach<br />

for reproductive effects of phthalates. Crit. Rev. Toxicol. 2006 ;<br />

36(9): 695-726.<br />

Publications non retenues<br />

Breithaupt H. The costs of REACH. REACH is largely welcomed,<br />

but the requirement to test existing chemicals for adverse effects<br />

is not good news for all. EMBO Rep. 2006 ; 7(10): 968-71.<br />

Grindon C, Combes R, Cronin MT et al. Integrated decisiontree<br />

testing strategies for environmental toxicity with respect to<br />

the requirements of the EU REACH legislation. Altern. Lab. Anim.<br />

2006 ; 34(6): 651-64.<br />

Foster PMD, Lake BG, Cook MW et al., Structure-activity<br />

requirements for the induction of testicular atrophy by butyl<br />

phthalates in immature rats: effects on testicular zinc content.<br />

Adv. Exp. Med. Biol. 1982 ; 136A: 445-52.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 29<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


OUTILS ET MÉTHODES POUR L’ÉVALUATION DU RISQUE<br />

Les organismes animaux et végétaux sentinelles d’exposition et d’effets sanitaires chez<br />

l’Homme - Période : 1990 à 2000 -<br />

Les animaux de compagnie sentinelles d’exposition et d’effets sanitaires chez l’Homme<br />

ENRIQUEZ Brigitte - Unité Inserm U 841 équipe 03 - Unité de Pharmacie-Toxicologie ENVAlfort - ENVA/INSERM - Maisons-<br />

Alfort<br />

Introduction : cette thématique de note d’actualité<br />

n’étant pas « classique », il nous a semblé nécessaire<br />

pour la compréhension du sujet, de réaliser dans cette<br />

fiche un état des lieux avec mise en perspective de la<br />

notion de sentinelle et des points de recherche dans ce<br />

domaine. De plus, cette approche épidémiologique<br />

comparée étant délicate, les publications sont rares, en<br />

particulier en 2007.<br />

La première «prise de conscience de l’utilisation des<br />

animaux en tant que sentinelles du risque sanitaire pour<br />

l’Homme date de 1961 (Spencer). L’utilisation de canaries<br />

dans les mines (1870s) illustrait le potentiel de signal<br />

d’alerte des oiseaux (ou petits animaux) dans un contexte<br />

d’exposition et de risques « professionnels ». Dans le cas<br />

des petits animaux utilisés pour détecter les effets du<br />

monoxyde de carbone, ceux-ci jouent le rôle de bio<br />

marqueurs d’effets sanitaires sous la forme du tout ou rien :<br />

mort ou survie. Depuis, ce concept s’est affiné, exploitant<br />

des manifestations cliniques ou/et anatomopathologiques<br />

de certaines maladies (cancers en particulier) d’origine<br />

environnementale. Ainsi, les effets chez les animaux<br />

domestiques de l’exposition à des polluants<br />

environnementaux souvent multiples pourraient servir à<br />

détecter précocement un risque de nature similaire chez<br />

l’Homme exposé au même environnement. En effet, la<br />

réponse animale illustre les effets d’un polluant donné ou<br />

globalise les effets de polluants multiples. Si la<br />

pathogénicité, la toxicocinétique des polluants sont<br />

proches entre animaux et Homme, les animaux<br />

biomarqueurs d’effets sont dits sentinelles potentielles de<br />

risques sanitaires pour l’Homme. A ces fins, certains<br />

ouvrages précisent les qualités de tels animaux : réponse<br />

mesurable de l’effet dans ces espèces, territoire défini et<br />

proche de celui de l’Homme, capture ou observation facile,<br />

densité de population suffisante comme l’indique l’ouvrage<br />

du NRC. En ce sens dans le monde et en particulier en<br />

France, les animaux de compagnie (environ 20 millions de<br />

chiens et de chats) peuvent répondre à ces critères.<br />

Les études dans lesquelles les animaux domestiques<br />

sont des bioindicateurs d’exposition à un toxique donné<br />

sont plus rares et plus orientées vers une indication<br />

d’exposition de l’environnement que de l’Homme luimême<br />

(hypothèse venant secondairement). Le terme<br />

sentinelle peut également être employé dans ce contexte.<br />

Notons que la notion de sentinelle exploitée ici exclut<br />

celle d’animaux sains intentionnellement placés dans un<br />

environnement antérieurement contaminé dont on<br />

souhaite vérifier la salubrité retrouvée comme c’est<br />

parfois le cas dans les pathologies infectieuses.<br />

Animaux de compagnie BIOINDICATEURS<br />

d’exposition : exemple des chiens indicateurs<br />

d’exposition au plomb<br />

Berny et al. ont, à l’occasion d’une enquête réalisée<br />

dans une ville de l’état de l’Illinois (USA) où des questions<br />

relatives aux animaux domestiques avaient été incluses,<br />

pu tester l’hypothèse de l’utilisation possible des<br />

animaux de compagnie en tant que révélateurs de risque<br />

de saturnisme chez l‘Homme. Les critères de sélection<br />

étaient : familles avec au moins un enfant de moins de<br />

6 ans (l’usine de traitement du plomb de la région ayant<br />

fermé ses portes 7 ans plus tôt) et ayant un chien ou /et<br />

un chat ; les animaux devaient être âgés d’au moins<br />

2 mois et avoir résidé pendant au moins deux mois dans<br />

la région. Des prélèvements de sang ont été effectués<br />

chez les enfants (Illinois department of public health) ; le<br />

sang des animaux était prélevé soit dans les familles soit<br />

dans une des 3 cliniques vétérinaires participantes. Les<br />

expositions au plomb autres que par des sources<br />

telluriques avaient été recherchées. L’échantillon était<br />

constitué de 84 chiens, 26 chats et 827 hommes issus de<br />

300 familles. Les familles ont été interrogées sur leur<br />

acceptation d’inclure leurs animaux dans l’essai après<br />

avoir été elles-mêmes sélectionnées. 94 ménages ont été<br />

contactés, 80 ont accepté la participation de leurs<br />

animaux. Les résultats de cette étude ont été nombreux,<br />

en particulier : 30% des animaux présentaient une forte<br />

plombémie (> 10µg/100mL sang) contre 13% chez les<br />

humains ; il n’y avait pas de différence significative des<br />

plombémies en fonction de la race de chien ; la<br />

probabilité qu’un membre de la famille ait une forte<br />

plombémie sachant qu’un animal a une plombémie<br />

élevée, est élevée puisque caractérisée par un odds ratio<br />

de 5.44 (IC à 95% entre 1.47 et 21.04). Il existe une<br />

corrélation très positive entre la contamination des<br />

enfants d’âge préscolaire (moins de 6 ans) et celle des<br />

animaux de compagnie en particulier ceux qui restent à la<br />

maison. Les auteurs concluent que, les chiens ayant une<br />

plombémie plus élevée que celle des humains lorsqu’ils<br />

sont soumis au même environnement, pourraient être<br />

utilisés en tant que sentinelles pour le suivi de sites<br />

contaminés et la gestion thérapeutique ou préventive des<br />

cas de saturnisme de l’enfant.<br />

Commentaires :<br />

Ce type d’étude est particulièrement intéressant et<br />

démonstratif ; il montre que les propriétaires d’animaux<br />

acceptent volontiers un suivi parallèle de leur santé et de<br />

celle de leur animal de compagnie : 84 à 87% des<br />

animaux de compagnie existant dans la région ont été<br />

incorporés dans l’étude. De plus les auteurs insistent sur<br />

la faisabilité des prises de sang chez l’animal notamment<br />

au cours d’une consultation (de vaccination par exemple)<br />

30 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


et sur le faible coût du dosage. De plus au travers des<br />

réponses au questionnaire, les auteurs ont noté que le fait<br />

de réaliser des prises de sang chez un enfant est souvent<br />

considéré par les parents comme une souffrance inutile.<br />

Ainsi peut-on considérer ici les données animales comme<br />

un moyen valide d’évaluer la biodisponibilité du plomb<br />

chez l’Homme et en particulier chez l’enfant.<br />

Animaux de compagnie MARQUEURS D’EFFETS et<br />

/ou BIOINDICATEURS d’exposition<br />

CHIENS D’UTILITE ET CANCERS DANS UN CONTEXTE<br />

PROFESSIONNEL ; analogie des lésions avec celles<br />

d’hommes exposés dans les mêmes conditions.<br />

NB : les chiens d’utilité sont des animaux ayant une<br />

fonction d’aide à des professionnels (chiens de berger,<br />

chiens de garde, chiens policiers …).<br />

Hayes et Tarone font état de lésions testiculaires sur les<br />

chiens militaires décédés (n= 2763) entre 1968 et 1973<br />

après leur service au Vietnam. Parmi ces chiens (mâles<br />

de race Berger Allemand ou assimilée), 29% morts au<br />

Vietnam ont présenté : soit de la dégénérescence<br />

testiculaire soit des séminomes et de façon plus<br />

secondaire des tumeurs des cellules interstitielles et des<br />

tumeurs de cellules de Sertoli. L’âge moyen au moment<br />

de la mort était de 5.6 ans. La moyenne des odds ratio<br />

varie de 1.0 (IC à 95% de 0.3 à 2.9) pour les sertolinomes<br />

à 3.2 (IC à 95% de 1.3 à 8.2) pour les lésions de<br />

congestion ou d’hémorragies testiculaires. La cohorte de<br />

référence (chiens témoins) étant constituée de chiens<br />

militaires ayant servi ailleurs qu’au Vietnam (1968-1973 ;<br />

1974-1980) et qui ont fait l’objet des mêmes procédures<br />

anatomopathologiques à leur mort que les chiens ayant<br />

servi et étant décédés au Vietnam. Ces derniers chiens<br />

n’avaient pas été exposés aux pesticides utilisés au<br />

Vietnam (herbicides -2,4 D et 2,4, 5 T ; malathion). Les<br />

auteurs rappellent que des études menées sur les<br />

vétérans (humains) du Vietnam ont mis en avant des<br />

excès similaires et statistiquement significatifs de<br />

dégénérescence testiculaire et cancers testiculaires. Ils<br />

concluent sur la conduite en cours d’études explorant la<br />

possibilité que les dérivés de l’acide phenoxyacétique,<br />

certains organophosphorés insecticides comme le<br />

malathion, certains contaminants (la dioxine TCDD…)<br />

soient globalement à l’origine de telles lésions communes<br />

à l’homme et à l’animal.<br />

Commentaire :<br />

Cette étude exploitant des résultats déjà publiés dans<br />

une revue spécialisée en cancérologie (Voir publication<br />

non retenue de Hayes et al, 1990) aborde la thématique<br />

des animaux indicateurs d’exposition et marqueurs<br />

d’effets sanitaires pour l’Homme soumis à des multiexpositions.<br />

Ces animaux pourraient ainsi rendre compte<br />

des effets combinés de certains dangers, objectif quasi<br />

inatteignable par le biais d’expérimentations de<br />

toxicologie classique, en particulier dans le domaine de la<br />

cancérologie.<br />

ANIMAUX DE COMPAGNIE MARQUEURS DE RISQUE<br />

DE GENOTOXICITE POUR L’HOMME DANS UN<br />

CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL GENERAL ; intérêt de<br />

certains cancers animaux spontanés.<br />

Toutes les tumeurs spontanées canines ne peuvent<br />

constituer de bons modèles en vue de la prévention et du<br />

traitement de cancers humains. Selon Knapp et Waters,<br />

la recherche tirerait avantage à mieux exploiter les formes<br />

de cancers du Chien qu’ils présentent comme de bons<br />

modèles de certains cancers humains : cancers de la<br />

prostate, de la vessie, de l’os. Ainsi, l’ostéosarcome canin<br />

est le cancer osseux le plus fréquent (10 000 nouveaux<br />

cas par an) et présente des similitudes importantes avec<br />

cette pathologie chez l’enfant et l’adolescent :<br />

localisation métaphyséale, histopathologie, degré<br />

d’aneuploïdie et développement de métastases<br />

pulmonaires. Le cancer de la vessie (carcinome des<br />

cellules interstitielles) est également un bon candidat au<br />

rapprochement inter espèces : mêmes caractères<br />

histopathologiques, évolution, réponses thérapeutiques<br />

au cisplatine et au carboplatine. Le Chien est la seule<br />

espèce, excepté l’Homme, à développer de façon<br />

fréquente des tumeurs de la prostate. Ce cancer est<br />

relativement facile à diagnostiquer chez le Chien car ses<br />

manifestations cliniques relèvent de métastases<br />

pulmonaires ou ganglionnaires locorégionales. De plus<br />

les métastases osseuses sont fréquentes comme chez<br />

l’Homme. Le meilleur exemple selon ces auteurs du rôle<br />

du Chien comme sentinelle de risque de cancer est celui<br />

des mésotheliomes dus à l’amiante (Glickman)<br />

Les auteurs concluent à l’exploitation du diagnostic de<br />

cancers chez le Chien comme signal d’alarme de la<br />

présence possible d’un contaminant cancérigène dans<br />

l’environnement de l’Homme avant même que ce<br />

cancérigène ne soit détecté par d’autres façons et en<br />

particulier par l’émergence d’un cancer chez l’Homme.<br />

Cette conclusion leur semble autorisée car les animaux<br />

partagent le même environnement que l’Homme, que leur<br />

durée de vie est « compressée » et que la phase de<br />

latence des cancers animaux (du moins canins) est plus<br />

courte. Ce temps de latence est en moyenne de 8 ans<br />

chez le Chien exposé à l’amiante, de 30 ans ou plus chez<br />

l’Homme. Ainsi, un diagnostic de mésotheliome chez un<br />

chien ou une population de chiens pourrait permettre aux<br />

médecins d’identifier et de lever la source d’amiante<br />

avant l’initiation tumorale chez l’Homme.<br />

Les auteurs concluent que les chiens à pathologie<br />

cancéreuse constituent une source d’informations de<br />

pathologie comparée : aux USA ils estiment la<br />

population de chiens à 54 millions ; dans une étude ayant<br />

porté sur 2000 chiens, 45% d’entre eux âgés de 10 ans<br />

et plus étaient atteints de cancer. Les auteurs plaident<br />

pour le développement de programmes d’oncologie<br />

comparée dans les facultés vétérinaires et de<br />

groupement de chercheurs à des fins de recherche<br />

clinique comparée et, de façon générale, pour une<br />

collaboration entre scientifiques, oncologistes et<br />

propriétaires d’animaux de compagnie à des fins de<br />

prévention du risque cancérigène pour l’espèce humaine.<br />

Commentaire :<br />

Cet article apporte des données claires et bien<br />

présentées sur les similitudes d’expression<br />

anatomopathologique et/ou clinique de certains cancers<br />

dans les espèces canine et humaine, justifiant l’utilisation<br />

des données canines à des fins de détection précoce de<br />

certains cancers chez l’Homme. Ceci fournit une<br />

illustration assez complète et objective du rôle de<br />

sentinelle ou biomarqueurs d’effets sanitaires pour la<br />

santé humaine que peuvent jouer les animaux de<br />

compagnie, en particulier en matière de risque<br />

cancérigène. Notons que l’Université Purdue dont sont<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 31<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


issus les auteurs de cet article a créé en 2003 un<br />

programme de recherche « Programme national de<br />

surveillance des maladies animales à des fins de<br />

prévention du bioterrorisme ».<br />

Chiens et liaison entre EXPOSITION au TABAC et<br />

développement de CANCERS DE LA CAVITE NASALE<br />

DANS UN CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL FAMILIAL<br />

NB : Bien que l’exposition au tabac relève de «<br />

comportements humains individuels », d’une part la<br />

grande majorité de la population humaine (et animale) est<br />

encore exposée au tabagisme passif, d’autre part ce type<br />

d’étude peut conduire à des investigations similaires<br />

dans un contexte d’exposition par voie respiratoire à des<br />

toxiques environnementaux de nature diverse. C’est<br />

pourquoi nous l’avons envisagée ici.<br />

Reif et al. (1998) ont mis en place une étude de type castémoins<br />

sur un échantillon de patients canins cancéreux<br />

de l’Hôpital vétérinaire de l’état du Colorado entre 1986 et<br />

1990 afin d’évaluer l’hypothèse d’un lien entre l’apparition<br />

de tumeurs nasales chez les chiens et l’exposition à la<br />

fumée de tabac.<br />

Il s’agissait de chiens atteints de cancers répartis en deux<br />

groupes ne prenant pas en compte leur standard de race<br />

: 103 animaux atteints de cancers nasaux et 378 atteints<br />

de cancers de diverses localisations. Leur exposition au<br />

tabac a été appréciée au travers d’un questionnaire<br />

téléphonique 5 ans après la pose du diagnostic : nombre<br />

de fumeurs dans la maison, nombre de paquets fumés<br />

par jour/personne, nombre d’années de séjour du chien<br />

dans l’environnement des fumeurs, proportion de temps<br />

journalier passé par les chiens à l’extérieur de la maison.<br />

Un indice d’exposition a été proposé pour tenir compte<br />

de l’ensemble de ces facteurs. L’exposition<br />

professionnelle et générale des maîtres à divers polluants<br />

a été recherchée (herbicides, insecticides, amiante,<br />

poussières de bois..). La répartition de l’age, du sexe, de<br />

la race des chiens entre les deux groupes a été précisée<br />

et intégrée dans l’analyse du risque. L’ordre de grandeur<br />

des odds ratio était de 1.1 (0.7-1.8 pour l’intervalle de<br />

confiance de 95%). Tous les Odds ratio étaient de l’ordre<br />

de 0.5 pour les chiens brachycéphales ; une moyenne de<br />

2 était notée pour les chiens longilignes (long chanfrein)<br />

avec un risque croissant en fonction du nombre de<br />

cigarettes fumées.<br />

Commentaire :<br />

Les chiens sont de bons modèles de maladies<br />

respiratoires spontanées dues à des polluants<br />

environnementaux : les facteurs de confusion sont rares<br />

(tels que l’exposition professionnelle chez l’Homme) ;<br />

leur durée de vie est plus courte que celle de l’Homme et<br />

leur mobilité est réduite hors habitat intérieur. Cette étude<br />

montre que l’exposition à la fumée de tabac augmente le<br />

risque de cancer de la cavité nasale et des sinus<br />

paranasaux chez le Chien et qu’un tel diagnostic pourrait<br />

permettre de prévenir l’apparition de cancers. La plus<br />

grande sensibilité des animaux dolichocéphales<br />

(longilignes à long chanfrein tels les colleys) mériterait<br />

d’être étayée par des études physiologiques<br />

complémentaires. L’étude ne mentionne pas les erreurs<br />

dues à des défauts de mémorisation (niveau de tabagie)<br />

des maîtres.<br />

Chiens et liaison entre EXPOSITION à des CHAMPS<br />

ÉLECTROMAGNÉTIQUES ET RISQUE DE LYMPHOME<br />

CANIN DANS UN CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL<br />

LOCAL ; rôle éventuel de sentinelles de l’apparition de<br />

cancers chez l’homme soumis au même environnement.<br />

Reif et al. (1995) ont conduit une étude rétrospective<br />

cas-témoins à partir des données de l’Hôpital du Collège<br />

de médecine vétérinaire et de sciences biomédicales du<br />

Colorado afin de déterminer si une exposition aux<br />

champs électromagnétiques sur le lieu de résidence de<br />

chiens peut augmenter le risque de lymphome chez ces<br />

derniers. Ont été inclus les cas confirmés à l’histologie<br />

(entre janvier 1987 et Décembre 1990) de chiens ayant un<br />

lymphome et ayant vécu dans un environnement donné<br />

depuis plus d’un an et dont les propriétaires, contactés<br />

par téléphone (rayon de 150 miles autour de l’hôpital)<br />

pouvaient fournir des informations sur l’environnement de<br />

leurs animaux (en sus de leurs occupations<br />

professionnelles). La configuration de chaque maison a<br />

été établie sur la base du système de cotation de<br />

Wertheimer et Leeper. Les champs magnétiques ont été<br />

mesurés en milligauss avec un appareil portable, en<br />

particulier dans la pièce où le chien passait la majeure<br />

partie de son temps. Les odds ratios avec leur intervalle<br />

de confiance à 95% ont été calculés pour estimer le<br />

risque en tenant compte de certains facteurs de<br />

confusion (âge, sexe, statut socio-économique du maître,<br />

fraction de temps passée à extérieur). L’étude a porté sur<br />

93 cas et 137 témoins (chiens cancéreux sans<br />

lymphome). Nous nous limiterons aux conclusions<br />

générales de cette étude : il existe selon ces auteurs des<br />

associations positives entre l’apparition de lymphomes et<br />

l’importance des champs magnétiques hors habitat :<br />

l’OR atteint ou dépasse 2.0 chez les chiens passant plus<br />

de 25% de leur temps à l’extérieur. Les chiens vivant<br />

dans des maisons fortement exposées présentaient le<br />

risque le plus élevé (odd ratio de 6.8 avec un IC de 1.6 à<br />

28.5). Les auteurs s’interrogent cependant sur le choix de<br />

la population de référence (témoins atteints d’un cancer),<br />

car l’exposition pourrait aussi accroître d’autres formes<br />

de cancers comme cela a été montré chez l’enfant<br />

(cancers du cerveau, sarcomes des tissus mous et<br />

leucémies). Si les champs magnétiques agissent comme<br />

promoteurs de tumeurs l’utilisation d’un groupe témoin<br />

d’animaux atteints de cancer entraînerait une sous<br />

estimation du risque.<br />

Cette étude conforte l’hypothèse que les cancers<br />

spontanés du Chien comme les lymphomes peuvent être<br />

des modèles d’étude pour les cancers d’origine<br />

environnementale et montrent la « pertinence » de<br />

l’espèce canine en tant que sentinelle d’effets liés à des<br />

expositions environnementales en vue d’évaluer le risque<br />

pour l’Homme. Les auteurs rappellent certaines études<br />

allant également dans ce sens.<br />

Commentaire : La relation de cause à effet entre<br />

exposition à des champs électromagnétiques et<br />

développement de lymphomes demande pour être<br />

complètement établie un certain nombre d’informations<br />

complémentaires : en particulier l’historique complet<br />

d’exposition des chiens étudiés à un ensemble de<br />

polluants susceptibles d’engendrer des maladies<br />

cancéreuses dans cette espèce et des investigations<br />

complémentaires de laboratoire.<br />

32 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Conclusion générale<br />

La quasi-totalité des articles de cette période traite de<br />

l’utilisation du chien comme sentinelle, c'est-à-dire soit<br />

comme bioindicateur d’exposition soit comme<br />

biomarqueur d’effet. Le Chat a connu son heure de gloire<br />

dans les années 60s avec l’épisode de Minamata et ses<br />

suites. Mais ses difficultés de manipulation en font un<br />

témoin délicat voire virtuel des expositions ou des effets<br />

sanitaires pour l’Homme, hormis peut-être lors<br />

d’exposition au plomb.<br />

1- L’utilisation du Chien comme marqueur de risque de<br />

cancer pour l’Homme semble reposer sur des bases<br />

éprouvées et exploiter la plus courte durée de vie dans<br />

l’espèce canine, l’absence de facteur de confusion.<br />

L’étude de certains marqueurs d’effets biochimiques des<br />

lésions précancéreuses dans cette espèce permettrait une<br />

détection encore plus précoce d’un risque pour l’Homme.<br />

Des études complémentaires de pathologie et en<br />

particulier d’oncologie comparées seraient également<br />

intéressantes dans ce domaine comme le suggèrent<br />

Knapp et Waters avec des collaborations entre divers<br />

professionnels de santé.<br />

Enfin ces études dans l’espèce canine seraient plus<br />

efficacement soutenues dans leurs conclusions si nous<br />

disposions en France d’un registre de cancer en médecine<br />

vétérinaire avec des données par race, âge et incluant un<br />

descriptif de l’environnement commun aux animaux et<br />

leurs maîtres, notamment comme le suggère la revue de<br />

Misdorp. Une recherche future consisterait à déterminer<br />

quels cancers des animaux de compagnie sont corrélées<br />

avec des facteurs environnementaux qui affectent<br />

également les humains.<br />

2- La réalisation aux USA (Berny et al.) d’études<br />

épidémiologiques parallèles, hommes et animaux de<br />

compagnie issus d’une même famille, met en évidence le<br />

réalisme et la faisabilité d’une telle approche de pathologie<br />

comparée. En France, l’étude sur la cohorte ELFE avec<br />

pour objectif de suivre 20 000 enfants de 0 à 20 ans inclut<br />

le recensement de familles possédant un animal de<br />

compagnie, familles qui seront contactées par téléphone (1<br />

an après la naissance) en vue du suivi vétérinaire (suivi<br />

biochimique, hématologique et toxicologique sur la base<br />

de prélèvements sanguins). L’exposition à un certain<br />

nombre de polluants de l’environnement sera de ce fait<br />

recherchée par une double approche (Plomb, POPS, etc…)<br />

si le financement le permet.<br />

3- L’utilisation d’animaux sentinelles pour la prévention du<br />

risque sanitaire pour l’Homme pose cependant la question<br />

du lien nécessaire et de la transmission de données entre<br />

professionnels de santé ; comme souligné par Berny et al<br />

en Australie et en Nouvelle-Zélande les vétérinaires ont<br />

l’obligation formelle de déclarer les cas de saturnisme<br />

animal aux autorités de santé humaine. Comment en<br />

pratique et de façon générale tirer la sonnette d’alarme et<br />

la faire entendre aux autorités compétentes à des fins de<br />

gestion de risque sanitaire ?<br />

Publications sélectionnées<br />

Animals as sentinels of environmental health hazards, National<br />

Academic press. 1991;160.<br />

Berny PJ, Cote LM, Biuck WB. Can household pets be used as<br />

reliable monitors of lead exposure to humans? Sci. Total Environ.<br />

1995 ; 172(2-3): 163-173.<br />

Hayes HM et Tarone RE. A cohort study of the effects of<br />

Vietnam Service on testicular pathology of US. Military working<br />

dogs, Mil. Med., 1995 ; 160 (5): 248-255.<br />

Knapp DW, Waters DJ. Naturally occurring cancer in pet dogs :<br />

important models for developing improved therapy for humans.<br />

Mol. Med. Today. 1997 ; 3(1): 8-11.<br />

Reif JS, Lower KS, Ogilvie GK. Residential exposure to<br />

environmental magnetic fields and risk of canine lymphoma,<br />

smoke in pet dogs. Am. J. Epidemiol. 1995 ; 141(4): 352-59.<br />

Reif JS, Bruns C, Lower KS. Cancer of the nasal cavity and<br />

paranasal sinuses and exposure to environmental tobacco<br />

smoke in pet dogs. Am. J. Epidemiol. 1998 ; 147(5): 488-92.<br />

Spencer TD. Effects of carbon monoxide on man and canaries.<br />

Ann. Occup. Hyg. 1961 ; 5: 231-40.<br />

Revues de la littérature<br />

Bukowski JA, Wartenberg D. An alternative approach for<br />

investigating the carcinogenicity of indoor air pollution : pets as<br />

sentinels of environmental cancer risk. Environ. Health Perspect.<br />

1997 ; 105(12): 1312-1319.<br />

Garbe PL. The companion animal as a sentinel for<br />

environmentally related human diseases. Acta Vet. Scand.<br />

Suppl. 1988 ; 84: 290-92.<br />

Misdorp W. Veterinary cancer Epidemiology. The Veterinary<br />

quaterly. 1996 ; 18(1): 32-38.<br />

De Nardo P. Veterinary environmental epidemiology : the case of<br />

respiratory pathology in the dog. Ann. Ist. Super. sanita. 1997 ;<br />

33(4): 587-93.<br />

Schneider R. Epidemiologic studies of cancer in man and<br />

animals sharing the same environment. Proc 3d, Int Symp on the<br />

detection and prevention of cancer, New York. 1976 ; 1377-87.<br />

van der Schalie WH, Gardner HS, Bantel JA et al. Animals as<br />

sentinels of human health hazards of environmental chemicals<br />

Environ.Health Perspec. 1999 ; 107 (4) : 309-315.<br />

Publications non retenues : articles anciens ou<br />

redondants avec ceux retenus<br />

Buchowski JA, Wartenberg D. An alternative approach for<br />

investigating the carcinogenicity of indoor air pollution: pets as<br />

sentinels of environmental cancer risk. Environ. Health Perspect.<br />

1997 ; 105(12): 1312-9.<br />

Chang LW, Yamaguchi S, Dudley AW. Neurological changes in<br />

cats following long-term diet of Mercury contaminated tuna.<br />

Acta neuropath. 1974 ; 27: 171-176.<br />

Dowsett R. et Shannon M. Childhood plumbism identified after<br />

lead poisoning in household pets. N. Engl. J. Med. 1994 ; 331(24):<br />

1661-2.<br />

Hayes HM, Hoover R, Tarone RE. Bladder cancer in pet dogs:<br />

a sentinel for environmental cancer? Am. J. Epidemiol. 1981 ;<br />

114(2): 229-33.<br />

Hayes HM Jr, Tarone RE., Casey H.W et al, Excess of<br />

seminomas observed in Vietnam service U.S military working<br />

dogs. J Ntl Cancer Inst. 1990 ; 82 (12, 20): 1042-1046.<br />

Hayes HM, Tarone RE, Kantor KP et al. Case-control study of<br />

canine malignant lymphoma : positive association with dog<br />

owner’s use of 2,4- dichlorophenoxyacetic acid herbicides. J<br />

Natl Cancer Inst. 1991 ; 83: 1226-31.<br />

Glickman LT , Domanski LM , Maguire TG et al. Mesothelioma<br />

in pet dogs associated with exposure of their owners to<br />

asbestos. Environ. Res. 1983 ; 32(3): 305-313.<br />

Garbe PL. The companion animal as a sentinel for<br />

environmentally related human diseases. Acta Vet Scand Suppl.<br />

1988 ; 84: 290-2.<br />

Gibbs JR. Dogs detect dangerous gases. Can Fam Physician.<br />

1993 ; 39: 1328-30.<br />

Khera KS. Teratogenic effects of methylmercury in the Cat : note<br />

on the use of this species as a model for teratogenic studies<br />

Teratology. 1973 ; 8(3): 293-303.<br />

Mahaney FX. Military working dogs may be a sentinel for human<br />

cancer.J Natl Cancer Inst. 1990 ; 82(12): 1002-3.<br />

Peakall D. Animal biomarkers as pollution indicators. Chapman<br />

&Hall. 1992 (p. 291).<br />

Reif JS, Dunn K, Ogilvie GK et al. Passive smoking and canine<br />

lung risk. Am J Epidemiol. 1992 ; 135: 234-239.<br />

Swarup D. et al. Blood lead and cadmium in dogs from urban<br />

India. Vet Hum Toxicol. 2000 ; 42 (4): 232-3.<br />

Thomas CW, Rising JL, Moore JK. Blood lead concentrations<br />

of children and dogs from 83 Illinois families, J. Am. Vet. Med.<br />

Assoc. 1976 ; 169(11): 1237-40.<br />

http://members;aol.com/rccouncil/ourpage/pets.htm<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 33<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


PERCEPTION DES RISQUES ET COMMUNICATION<br />

Perception des risques et communication - Période : octobre 2006 à avril 2007 -<br />

Croyances, attitudes, expérience, perception des risques et comportement<br />

KOUABENAN, D. Rémi, GANDIT Marc, DUBOIS Michel, TYRRELL Jeanne, MBAYE Safiétou - Laboratoire Inter-Universitaire<br />

de Psychologie, Personnalité, Cognition et Changement Social (LIP/PC2S), Équipe Travail, <strong>Santé</strong> et Changement dans les<br />

Organisations (TSCO) - Université Pierre Mendès-France (UPMF), Grenoble2 - Grenoble<br />

L’actualité sur la perception des risques est très<br />

florissante pour la période considérée pour cette note.<br />

Outre les risques classiques (travail, routiers), on trouve<br />

de plus en plus de recherches sur la perception de<br />

risques nouveaux liés à la santé (grippe aviaire, SRAS,<br />

staphylocoque, etc.), l’écologie (inondation, gaz à effet de<br />

serre, déchets toxiques, pollution etc.) et à l’alimentation<br />

(salmonelle, poulet contaminé à la dioxine, etc.). Ces<br />

recherches examinent notamment les déterminants de la<br />

perception des risques en explorant pour certaines les<br />

différences de perception entre experts et profanes mais<br />

s’intéressent aussi aux déterminants des comportements<br />

consécutifs à ces perceptions. Nous avons choisi de<br />

centrer la présente note sur des recherches qui<br />

soulignent le rôle des croyances, des attitudes et de<br />

l’expérience des risques sur la perception des risques<br />

mais aussi sur l’impact de cette perception sur les<br />

comportements de prévention.<br />

CROYANCES, ATTITUDES, EXPÉRIENCE ET<br />

PERCEPTION DES RISQUES<br />

Les études sur l’évaluation subjective des risques ont<br />

souvent mentionné le rôle très important des variables<br />

individuelles (croyances, valeurs, âge, éducation, position<br />

sociale, etc.) sur la perception des risques (Kouabenan<br />

et al.)<br />

Cependant, relativement peu d’études évaluent<br />

directement l’impact des croyances et des valeurs sur<br />

celle-ci. Slimak et Dietz explorent justement le rôle des<br />

valeurs personnelles et des croyances sur la perception<br />

ou l’évaluation de 24 risques écologiques (pluie acide,<br />

réchauffement global, couche d’ozone, etc.). Ils partent<br />

d’une enquête auprès d’un échantillon important (N=614)<br />

et représentatif émanant du public (profanes et<br />

expérimentés ; N=404) et de professionnels du risque<br />

(évaluateurs de risque, gestionnaires des risques ;<br />

N=210). Après avoir montré que le public profane est<br />

davantage sensible aux risques rares et aux<br />

conséquences importantes alors que les professionnels<br />

du risque sont plutôt sensibles aux risques qui<br />

occasionnent des conséquences à long terme sur<br />

l’écosystème, ils tentent de rechercher les variables<br />

explicatives. Ils proposent un modèle explicatif<br />

comprenant des variables sociodémographiques<br />

classiques, des variables socio-structurelles, les valeurs<br />

personnelles, les croyances spirituelles ou religieuses, et<br />

des croyances générales traduisant une certaine vision<br />

du monde et dérivées du modèle dit du « Nouveau<br />

Paradigme Ecologique » (NPE). Cette vision du monde<br />

porte sur des croyances concernant « la fragilité de la<br />

nature, les limites naturelles de la croissance, la nécessité<br />

de protéger l’environnement et le besoin d’un<br />

développement économique stable et harmonieux ».<br />

Ces dernières croyances ainsi que les valeurs d’altruisme<br />

telles que décrites par Schwartz se révèlent être les<br />

meilleurs prédicteurs de l’évaluation des risques. Les<br />

croyances religieuses ont également un effet mais<br />

expliquent une part faible de variance (6%). Certaines<br />

variables socio-structurelles (âge, niveau d’instruction,<br />

niveau des revenus, niveau d’expertise), sans avoir un<br />

impact très important, exercent une influence sur la<br />

perception des risques. Les personnes peu instruites et<br />

celles qui ont des revenus élevés se sentent moins<br />

concernés par les risques présentés. Les évaluations des<br />

experts sont influencées par leurs valeurs personnelles,<br />

leurs croyances, et leur vision générale du monde, mais<br />

moins que celles des profanes.<br />

L’étude de Poortinga et Pidgeon porte également sur un<br />

thème d’actualité à savoir les peurs engendrées par les<br />

aliments et prolonge celle de Simak et Dietz. Elle explore<br />

la structure des attitudes qui sous-tendent la perception<br />

des risques et des avantages liés aux aliments<br />

génétiquement modifiés. Faisant l’hypothèse que les<br />

évaluations positives et négatives sont indépendantes,<br />

quatre type d’attitudes décrivant 4 groupes sont<br />

observées : attitude positive, négative, indifférente ou<br />

ambivalente. A partir d’une étude par questionnaire<br />

auprès de 396 habitants de Norwich en Angleterre, les<br />

auteurs expliquent les différences de perception<br />

observées entre les 4 groupes par 3 dimensions<br />

principales : 1) une dimension évaluative générale qui<br />

oppose ceux qui ont une attitude positive à ceux qui ont<br />

une attitude négative (les indifférents et les ambivalents<br />

étant au milieu) ; 2) une dimension implication qui<br />

différencie le groupe des indifférents des autres ; et, 3)<br />

une dimension attitudinale marquée par l’incertitude et<br />

qui oppose le groupe ambivalent aux autres.<br />

Enfin, l’étude de Gyekye est originale à un double point<br />

de vue : elle nous permet de cerner l’impact de<br />

l’accidentabilité sur la perception des risques (peu de<br />

recherches suivant cette orientation) et elle se déroule<br />

dans un contexte encore peu exploré en matière de<br />

perception des risques, le contexte africain. Dans une<br />

étude par questionnaire auprès de 320 salariés Ghanéens<br />

ayant diverses caractéristiques (cadres/non cadres,<br />

hommes/femmes, etc.), il compare les perceptions de la<br />

sécurité de personnes ayant eu beaucoup d’accidents à<br />

celles de personnes ayant eu peu d’accidents. Il apparaît<br />

que les personnes fréquemment victimes d’accidents ont<br />

une perception plutôt négative de la sécurité au travail,<br />

des programmes de sécurité, de l’encadrement, et de la<br />

contribution des collègues aux actions de sécurité. Elles<br />

sont moins satisfaites de leur travail et s’impliquent peu<br />

dans les programmes de gestion de sécurité. Il n’y a pas<br />

de différence entre les 2 groupes en ce qui concerne la<br />

perception de l’attitude des dirigeants envers la sécurité,<br />

moyenne ou faible dans l’ensemble. Ces résultats ont des<br />

implications directes en matière de prévention.<br />

34 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


PERCEPTION DES RISQUES ET COMPORTEMENT<br />

Kuttschreuter examine le lien entre la perception de<br />

deux risques alimentaires (contamination de poulet par la<br />

salmonelle ou par la dioxine) et les réactions<br />

comportementales de 280 Néerlandais, ces risques ayant<br />

été observés aux Pays-Bas juste un an avant l’étude. Ils<br />

relèvent deux types de réactions influencées par la<br />

perception du risque, des réactions d’évitement et des<br />

réactions de recherche d’information. Les personnes qui<br />

évitent de consommer du poulet contaminé perçoivent le<br />

risque comme très élevé, se perçoivent comme très<br />

vulnérables, sont affectivement très préoccupées, ont un<br />

besoin d’information élevé et ont moins confiance en la<br />

sécurité des aliments. Dans la même veine, Weinstein, et<br />

al. dans une étude auprès de 428 participants<br />

Américains, notent un lien entre la perception du risque<br />

d’attraper la grippe et la décision de se faire vacciner. Ils<br />

ajoutent cependant que les évaluations du risque<br />

formulées en termes du sentiment d’être à risque sont<br />

plus efficaces que les jugements du risque purement<br />

cognitifs. Ces résultats sont très intéressants en matière<br />

de communication du risque dans la mesure où ils<br />

établissent non seulement que la perception du risque<br />

entraîne la décision de se protéger, mais aussi ils tendent<br />

à indiquer que les messages qui éveillent la vulnérabilité<br />

personnelle perçue sont susceptibles d’être plus<br />

efficaces que les autres messages.<br />

Conclusion générale<br />

Les études analysées apportent une preuve supplémentaire<br />

de l’effet des croyances, des attitudes et de<br />

l’expérience sur la perception des risques. Elles montrent<br />

également que la perception du risque influence le<br />

comportement en éveillant des comportements de<br />

prudence, la curiosité et la tendance à l’autoprotection.<br />

Ce qui n’a pas toujours été retrouvé dans les études<br />

faisant le lien entre perception du risque et comportement<br />

(Kouabenan et al.). Les études choisies couvrent une<br />

diversité de risques et reflètent bien la réalité des risques<br />

actuels, preuve de la prise de conscience par les<br />

chercheurs des risques nouveaux concernant la santé et<br />

l’environnement. Il s’agit également d’études méthodologiquement<br />

bien conduites par des chercheurs connus et<br />

moins connus. La complexité du sujet impose cependant<br />

que les présents résultats soient confirmés par de futures<br />

recherches. Par exemple, si le rôle des attitudes, des<br />

valeurs et des croyances personnelles paraît relativement<br />

bien établi, le sens de l’influence des croyances<br />

religieuses n’est pas clair et mérite d’être précisé dans<br />

des recherches ultérieures.<br />

Publications sélectionnées<br />

Gyekye SA. Workers’ perception of workplace safety: An African<br />

perspective. Int. J. of Occ. Safety & Ergonomics (JOSE). 2006 ;<br />

12(1): 31-42.<br />

Kuttsschreuter M. Psychological determinants of reactions to<br />

food risk messages, Risk Anal. 2006 ; 26(4): 1045-57.<br />

Poortinga W, Pidgeon NF. Exploring the structure of attitudes<br />

toward genetically modified food. Risk Anal. 2006 ; 26(6): 1707-19.<br />

Slimak MW, Dietz T. Personal values, beliefs, and ecological risk<br />

perception. Risk Anal. 2006 ; 26(6): 1689-1708.<br />

Weinstein ND, Kwitel A, McCaul KD et al. Risk perception:<br />

assessment and relationship to influenza vaccination. Soc.<br />

Science & Medicine. 2007 ; 64: 911-23.<br />

Revues de la littérature<br />

Post DL. The precautionary principle and risk assessment in<br />

international food safety: How the World Trade Organization<br />

influences standards. Risk Anal. 2006 ; 26(5): 1259-73.<br />

Smith RD. Responding to global infectious disease outbreaks:<br />

lessons from SARS on the role of risk perception,<br />

communication and management. Soc. Science and Medicine.<br />

2006 ; 63: 3113-23.<br />

Kouabenan DR, Cadet B, Hermand D et al. Psychologie du<br />

risque. Identifier, évaluer, percevoir. Bruxelles: De Boeck. 2006 :<br />

348 p.<br />

Autres publications sélectionnées<br />

Breslin FC, Polzer J, MacEachen E et al. Workplace injury or<br />

« part of the job »? Towards a gendered understanding of<br />

injuries and complaints among young workers. Sc. Science &<br />

Med. ; 64: 787-93.<br />

Fischer, ARH, Frewer LJ, Nauta MJ. Toward improving food<br />

safety in the domestic environment: A multi-Item rasch scale for<br />

the measurement of the safety efficacy of domestic foodhandling<br />

practices. Risk Anal. 2006 ; 26(5): 1323-38.<br />

Fleming K, Thorson E, Zhang Y. Going beyond exposure to<br />

local news media: An information-processing examination of<br />

public perceptions of food. J. of Health Communication. 2006 ;<br />

11: 786-806.<br />

Gattig A. Judgmental discounting and environmental risk<br />

perception: dimensional similarities, domain differences, and<br />

implications for sustainability. J. of Soc. Issues 2007 ; 63(1): 21-<br />

39.<br />

Hong S., Collins A. Societal responses to familiar versus<br />

unfamiliar risk: Comparisons of influenza and SARS in Korea.<br />

Risk Anal. 2006 ; 26(5): 1247-57.<br />

Ibitayo OO. Egyptian farmers’ attitudes and behaviours<br />

regarding agricultural pesticides: implications for pesticide risk<br />

communication. Risk Anal. 2006 ; 26(4): 989-95.<br />

Kouabenan DR, Dubois M, De Gaudemaris R et al. Methicillinresistant<br />

staphylococus aureus risk perception by healthcare<br />

personnel in a public hospital. Soc. Behav. & Person. 2007 ;<br />

35(1): 89-100.<br />

Leikas S, Lindeman M, Roininen K et al. Food risk perceptions,<br />

gender, and individual differences in avoidance and approach<br />

motivation, intuitive and analytic thinking styles, and anxiety.<br />

Appetite. 2007 ; 48: 232-40.<br />

Lobb AE, Mazzochi M, Traill WB. Modelling risk perception and<br />

trust in food safety information within the theory of planned<br />

behaviour. Food Quality and Preference. 2007 ; 18: 384-95.<br />

Schwartz SH. Are there universal aspects aspects in the<br />

structure and contents of human values ? Journal of Social<br />

Issues. 1994 ; 50(4): 19-46.<br />

Scholtz RW, Hansmann R. Combining experts’ risk judgment<br />

on technology performance of phytoremediation: selfconfidence<br />

ratings, averaging procedures, and formative<br />

consensus building. Risk Anal. 2007 ; 27(1): 225-40.<br />

Siegrist M, Gutscher H. Flooding risks: A comparison of<br />

laypeople’s perceptions and expert’s assessments in<br />

Switzerland. Risk Anal. 2006 ; 26(4): 971-79.<br />

Siegrist M, Keller C, Kastenholtz H et al. Laypeople and<br />

experts’ perception of nanotechnology hazards. Risk Anal.<br />

2007 ; 27(1): 59-69.<br />

Zwart de O, Veldhuijzen Elam G, Aro AR et al. Avian influenza<br />

risk perception, Europe and Asia. Emerg. Infect. Dis. 2007 ; 13(2):<br />

290-3.<br />

Publications non retenues<br />

L’actualité étant très abondante et la période couverte un peu<br />

longue, les publications non retenues sont trop nombreuses<br />

pour pouvoir être mentionnées.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 35<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


PERCEPTION DES RISQUES ET COMMUNICATION<br />

Communication sur le risque - Période : octobre 2006 à avril 2007 -<br />

Communiquer sur les risques de santé environnementale :<br />

L’étude des attitudes et des perceptions comme correctif des approches instrumentales<br />

RAMBAUD Jean-Marie - Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique - Le Kremlin Bicêtre<br />

La plupart des recherches menées en matière de<br />

communication institutionnelle sur le risque, essentiellement<br />

aux Etats-Unis, s’attachent aux déterminants « externes »<br />

qui expliquent les succès ou plus souvent les échecs des<br />

actions de communication : résistance du public, freins<br />

institutionnels ou mauvais choix des chercheurs ou<br />

managers concernés sur les messages et les média.<br />

Johnson et Chess ont mené une enquête au sein de<br />

Département de la Protection de l’Environnement du New<br />

Jersey pour évaluer les déterminants « internes » c'està-dire<br />

les attitudes du personnel à l’égard de la<br />

communication, leurs motivations, leurs objectifs, et les<br />

facteurs favorables ou les freins à sa mise en œuvre tels<br />

qu’ils les ressentent. Ils ont par ailleurs tenté d’isoler des<br />

variables discriminantes des types d’attitude repérés :<br />

niveau d’éducation, rang hiérarchique et niveau<br />

d’expérience. Un questionnaire conçu sur la base de prétests<br />

a été administré à un échantillon de 55 managers<br />

(sur un effectif de 3500 personnes). Ils devaient noter sur<br />

une échelle leur degré d’accord ou de désaccord avec 47<br />

énoncés portant sur le rôle de la communication dans le<br />

fonctionnement de leur programme, les facteurs<br />

favorables et les freins et le rôle des managers dans son<br />

élaboration.<br />

Les résultats de cette investigation sont très schématiques<br />

et binaires, en se bornant à distinguer deux catégories<br />

d’attitudes : les « enthousiastes » et les « contraints ».<br />

Les premiers conçoivent la communication comme<br />

intégrée et nécessaire à leur programme, et ne ressentent<br />

ni freins ni problèmes de moyens. Les seconds marquent<br />

leurs réticences en imputant les difficultés rencontrées à un<br />

manque de moyens, d’expertise et de temps. Ce clivage<br />

ne dépend ni des variables démographiques de<br />

l’échantillon ni de facteurs organisationnels. Cette étude,<br />

assez décevante au regard de ses ambitions, présente<br />

cependant l’intérêt d’aborder le problème de la<br />

communication sur le risque du point de vue peu fréquent<br />

des attitudes de l’émetteur lui-même à son égard. Elle<br />

montre que l’approche instrumentale par les techniques et<br />

les moyens de communication ne peut à elle seule garantir<br />

l’efficacité de la communication, que celle-ci gagne à être<br />

étroitement intégrée à la gestion des programmes de<br />

recherche et de prévention et que son efficacité dépend de<br />

l’adhésion des personnels concernés à son rôle dans la<br />

conduite de leur programme. Il est à noter que les «<br />

enthousiastes » comme les « contraints » se rejoignent<br />

dans une certaine méfiance pour la délégation de la<br />

communication à des spécialistes de cette discipline.<br />

Si l’on sait d’ores et déjà que la communication sur les<br />

risques doit être abordée en tenant compte des contextes<br />

démographiques, culturels et socioéconomiques des<br />

différentes cibles, Riley et al. vont plus loin encore en<br />

étudiant les risques liés à certaines activités spécifiques de<br />

minorités culturelles.<br />

Il s’agit en l’occurrence de l’utilisation de mercure dans les<br />

pratiques rituelles des communautés Latino-Américaines<br />

et Caribéennes aux Etats-Unis (Zayas et Ozuah). Le<br />

mercure, vendu sous capsules de gélatine dans des<br />

échoppes et herboristeries est porté en amulettes,<br />

mélangé à toutes sortes de produits domestiques voire<br />

même pulvérisé autour des berceaux, pour procurer<br />

chance, amour, fortune, pour éloigner les mauvais esprits<br />

ou soigner les maux intestinaux. En raison de la<br />

vaporisation du mercure à température ambiante et donc<br />

des risques d’exposition par inhalation, ces pratiques<br />

rituelles sont considérées comme un enjeu de santé public<br />

fort.<br />

L’originalité de cette étude tient par ailleurs à son approche<br />

pluridisciplinaire, associant à des évaluations quantitatives<br />

des expositions et du risque, une analyse qualitative de<br />

type anthropologique, appliquée à l’étude des modèles<br />

mentaux perceptifs et des comportements. Les interviews<br />

ont été réalisées dans le cadre d’une véritable immersion<br />

des chercheurs dans ces communautés. Ceci a permis de<br />

corriger notamment des « on dit » sur les pratiques et<br />

conduit à relativiser l’ampleur des risques sanitaires. Cette<br />

approche a surtout éclairé la totale ignorance des<br />

phénomènes de vaporisation du mercure, des voies<br />

d’exposition et des risques encourus. Le seul risque perçu<br />

est celui d’une supposée illégalité du commerce, de la<br />

possession et de l’usage du mercure, qui ne correspond<br />

pas à la réalité, mais qui risque de renforcer le caractère<br />

clandestin des pratiques, les faisant ainsi échapper aux<br />

politiques de prévention. Cette étude est emblématique de<br />

la préoccupation Américaine à l’égard des « communities<br />

» ou minorités ethniques. Elle conforte le constat que la<br />

perception du risque et des incertitudes associées est une<br />

construction collective dépendante des contextes et<br />

pratiques culturels et sociaux. Elle conclut enfin sur la<br />

nécessité de ne pas stigmatiser les groupes culturels et<br />

leurs pratiques, et sur l’intérêt essentiel d’associer ces<br />

groupes à la conception des messages et stratégies de<br />

communication.<br />

Ces deux recherches originales contrastent avec l’étude<br />

de Galvez et al. qui illustre la force du courant d’origine<br />

anglo-saxonne proposant une approche purement<br />

instrumentale de la communication sur le risque. Elle<br />

postule a priori que la communication sur le risque est<br />

basée sur trois modèles théoriques : la perception du<br />

risque, conditionnée par une liste de facteurs déterminés ;<br />

la crédibilité, fonction de l’attention et de l’empathie, de<br />

l’honnêteté et de l’ouverture, de l’implication et de<br />

36 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


l’engagement de la compétence et de l’expertise ; et enfin<br />

de l’ « atténuation cognitive » ou bruit mental affectant<br />

la capacité à traiter l’information.<br />

Aux pédiatres confrontés aux questionnements inquiets<br />

des parents sur les risques liés aux émanations<br />

consécutives à la destruction des tours du « World Trade<br />

centre », les auteurs proposent, sur la base de ces<br />

modèles théoriques, des recettes très mécanistes pour<br />

construire des messages voulus rassurants, adaptés aux<br />

niveaux d’éducation de chacun, codifiés par le niveau<br />

d’études. On est ici dans une forme de manipulation<br />

scientiste des esprits.<br />

Conclusion générale<br />

Ces articles illustrent trois clefs d’entrée dans la<br />

problématique de communication sur le risque : l’entrée<br />

organisationnelle, l’approche pluridisciplinaire incluant une<br />

analyse ethnographique, et la démarche mécaniste visant à<br />

influencer les attitudes.<br />

La problématique de la communication sur les risques de<br />

santé environnementale reste relativement peu documentée.<br />

Le courant instrumentaliste nord Américain reste très<br />

présent. Issu des travaux sur la communication de crise<br />

appliquée aux risques majeurs, il manque à rendre compte<br />

de la complexité des risques en matière de santé<br />

environnementale. Les recherches en cours dans le cadre<br />

du programme Primequal sur la perception des expositions<br />

aux pollutions atmosphériques, emblématiques de cette<br />

complexité des risques de santé environnementale,<br />

devraient apporter des éléments constructifs pour l’avenir<br />

de ce qui est sans doute appelé à constituer une discipline<br />

spécifique.<br />

Autres publications sélectionnées<br />

Galvez MP, Peters R, Graber N et al. Effective risk<br />

communication in children’s environmental health: lessons<br />

learned from 9/11. Pediatric Clin. 2007 ; 54: 33-46.<br />

Johnson BB, Chess C. From the inside out: environmental<br />

agency views about communications with the public. Risk<br />

Analysis. 2006 ; 26(5): 1395-1407.<br />

Riley DM, Newby CA, Leal-Almeraz TO. Incorporating<br />

ethnographic methods in multidisciplinary approaches to risk<br />

assessment and communication : cultural and religious uses of<br />

mercury in Latino and Caribbean communities. Risk Analysis.<br />

2007 ; 26(5): 1205-1221.<br />

Revues de la littérature<br />

Jardine C, Hrudey S, Shortreed J et al. Risk management<br />

frameworks for human health and environmental risks. J. Toxicol.<br />

and Environ. Health. part B, 2003 ; 6: 569-641.<br />

Publications non retenues<br />

Martin A, Blowers A, Boersema J. Combining clarity and<br />

uncertainty in science communication. Environ. Sci. 2006 ; 3(4):<br />

225-228.<br />

Briand E. Vers une approche prédictive de santé<br />

environnementale en France. ERS. 2007 ; 6(1): 21-35.<br />

Zayas, LH et Ozuah PO. Mercury use in espiritismo: a survey of<br />

botànicas. Am. J. Public Health. 1996 ; 86: 111-112.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 37<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


PERCEPTION DES RISQUES ET COMMUNICATION<br />

Du risque à l’expertise - Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

L’expertise comme acteur de la décision publique<br />

ANSELME Brice ; PECH Pierre - GAULTIER-GAILLARD Sophie - PRISM-Stratégie Sorbonne - Université Paris 1 - Paris<br />

La définition communément admise de l’expertise la<br />

définit comme étant un « ensemble d’activités ayant<br />

pour objet de fournir à un décideur, en réponse à la<br />

question posée, une interprétation, un avis ou une<br />

recommandation aussi objectivement fondés que<br />

possible, élaborés à partir des connaissances avérées<br />

disponibles et de démonstrations, accompagnées d’un<br />

jugement professionnel » NF X50-110 (AFNOR, 2003).<br />

Cette même norme précise que l’expert est une «<br />

personne dont la compétence, l’indépendance et la<br />

probité lui valent d’être formellement reconnue apte à<br />

réaliser des travaux d’expertise ». Ces définitions fixent<br />

un cadre d’applicabilité mais suscitent toujours de<br />

nombreux débats quant au rôle que l’expertise<br />

scientifique doit tenir au sein de nos sociétés.<br />

Au Sénat, en décembre 2005, l’ensemble des questions<br />

afférentes à ce thème ont été soulevées lors d’un débat<br />

public articulé autour de trois thèmes : « l’expertise<br />

scientifique et la décision de justice », « l’expertise<br />

scientifique au service de la décision publique » et<br />

« l’expertise pré-événementielle » (évaluation du risque).<br />

La nécessité du caractère collectif de l’expertise a été<br />

soulignée, ainsi que les problèmes afférents à la<br />

responsabilité, au rôle de l’expert vis-à-vis de sa tutelle,<br />

au lien entre expertise et principe de précaution, à<br />

l’indépendance de l’expert, aux méthodologies utilisées,<br />

à l’importance de l’existence d’expertise contradictoire<br />

ou encore aux liens forts unissant recherche et expertise<br />

au processus décisionnel. L’expertise apparaît donc<br />

comme une aide indispensable à la décision, permettant<br />

de cerner les périmètres de risque, s’inscrivant dans une<br />

temporalité, et se situant entre sciences et société.<br />

Elliot a étudié l’hypothèse selon laquelle les experts<br />

scientifiques portent une responsabilité morale forte à<br />

l’égard de l’opinion publique et de ses représentants<br />

quand ils divulguent de l’information scientifique,<br />

notamment dans un contexte d’incertitude. L’auteur<br />

développe un cadre théorique, Ethics of Expertise based<br />

on Informed Consent (éthique de l’expertise fondée sur le<br />

consentement éclairé), modélisant les conditions de<br />

transmission de l’information afin de proposer une<br />

divulgation la plus objective possible pour alimenter le<br />

processus de prise de décision soit de l’opinion publique,<br />

soit des décideurs. Cette diffusion s’effectue de façon<br />

autonome et en accord avec les propres valeurs et<br />

croyances de l’expert, et s’appuie sur le principe du<br />

consentement libre et éclairé, appliqué à l’éthique de la<br />

recherche biomédicale. Il repose sur cinq principes :<br />

diffusion, compréhension, volontariat, compétence, et<br />

consentement. Il stipule que non seulement la<br />

communauté scientifique a une responsabilité envers<br />

l’opinion publique, mais que les scientifiques doivent<br />

aussi ne rien dissimuler à leur communauté. Une des<br />

objections à cette théorie est que les scientifiques<br />

peuvent avoir d’autres priorités que de vérifier comment<br />

seraient interprétées par l’opinion publique, les<br />

informations qu’ils leur transmettent. Une des pistes<br />

futures proposées est de déterminer une liste de<br />

variables explicatives (âge, parcours,…) qui pourraient<br />

aider les experts à repérer des caractéristiques de leur<br />

comportement leur indiquant une déviance potentielle.<br />

Toutefois aucune expérimentation n’a encore été<br />

conduite à ce jour.<br />

Briand évalue l’impact de trois types de déterminants<br />

susceptibles d’intervenir dans les décisions publiques en<br />

matière de santé environnementale, en s’interrogeant sur<br />

les déterminants des politiques publiques de prévention<br />

des risques en matière de santé environnementale.<br />

Les approches techniciennes reposent sur l’utilisation<br />

d’une expertise scientifique. Les approches de type<br />

« réactivité à l’opinion » concernent les prises de décision<br />

publique effectuées sous l’influence de l’opinion publique<br />

et plus particulièrement des medias. Dans le premier cas,<br />

l’expertise repose sur la production de données objectives<br />

issues de l’analyse chimique, physique, biologique etc.<br />

des processus pathogènes et les données statistiques<br />

servent d’arguments pour la décision. Dans le second cas,<br />

c’est l’analyse des courants d’opinion (par le biais de<br />

sondages ou d’études de la presse) qui fournissent les<br />

arguments déclanchant la décision. Les groupes d’intérêt,<br />

pour l’auteur, fonctionnent comme autant de lobbies<br />

cherchant à peser sur la décision publique : syndicats,<br />

associations, corps de fonctionnaires etc.<br />

A partir de l’analyse de quelques politiques françaises du<br />

risque, risque d’intoxication au plomb par ingestion<br />

d’eau, risque de contracter une légionellose dans un<br />

hôtel et risque d’être exposé à de l’amiante dans les<br />

bâtiments publics, l’auteur examine les influences des<br />

trois types d’acteurs potentiels, en effectuant un travail<br />

sur les contextes de crises répertoriées, sur les mesures<br />

prises et sur les propositions de prédiction prévalant<br />

dans les politiques de prévention. Des décisions<br />

radicales ont été prises dans le cas de l’amiante alors que<br />

la réglementation en matière de lutte contre les risques<br />

que représentent le plomb dans l’eau et la légionellose<br />

est très peu sévère. Pourtant le niveau d’appréciation des<br />

risques par les experts est identique. La comparaison<br />

aboutit à une mise en évidence du poids des groupes de<br />

pression et de la couverture médiatique dans la décision<br />

publique.<br />

Conclusion générale<br />

Le champ d’intervention de l’expertise scientifique ne<br />

cesse de s’accroître et son acceptabilité sociale devient<br />

38 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


un enjeu majeur pour les décideurs. La définition de<br />

l’AFNOR fait désormais référence dans toutes disciplines.<br />

Pour l’expertise scientifique en vue d’une décision de<br />

justice, le choix de l’expert, son statut, l’équité de<br />

l’expertise, l’indépendance de l’expertise contractuelle,<br />

les moyens mis en œuvre dans le cadre d’expertises «<br />

post décisionnelles » ou « post événementielles »,<br />

l’interaction avec les décisions publiques, ou encore la<br />

nécessité de prendre en compte la dimension<br />

internationale de l’expertise sont autant d’enjeux<br />

majeurs, qui sont devenus des sujets de recherche pour<br />

les acteurs soucieux de la perception de l’opinion<br />

publique face à l’évaluation du risque.<br />

Il apparaît clairement, à la lecture de ces articles, que la<br />

circulation de l’information scientifique, à travers les<br />

travaux d’expertise, permet aux groupes d’intérêts, en<br />

s’appuyant sur l’influence des médias, de peser dans les<br />

prises de décision publiques.<br />

Publications sélectionnées<br />

Briand E. Vers une approche prédictive des politiques de santé<br />

environnementale en France. ERS. 2007 ; 6(1): 21-35.<br />

Elliot KC. An Ethics of Expertise Based on Informed Consent,<br />

Sci. Eng. Ethics. 2006 ; 12(4): 637-61.<br />

OPECST. L’expertise scientifique. Compte-rendu de l’audition<br />

publique du 6 décembre 2005 au Sénat.<br />

Revues de la littérature<br />

Bannister K, Hardison P. Mobilizing Traditional Knowledge and<br />

Expertise for Decision-Making on Biodiversity. Consultative<br />

process Towards an International Mechanism of Scientific<br />

Expertise of Biodiversity. (2006).<br />

Beck U. Risque et société. In : Le dictionnaire des Sciences<br />

Humaines sous dir. : S. Mesure et P. Savidan. PUF, Paris. 2006 ;<br />

1022-1024.<br />

Brown AS. Identifying Risks using a New Assessment Tool : the<br />

Missing Piece of the Jigsaw in Medical Device Risk Assessment.<br />

Clinical Risk. 2007 ; 13(2):56-59.<br />

Carolan M. The precautionary Principle and Traditional risk<br />

Assessment. Organization & Environment. 2007 ; 20(1):5-24.<br />

Commission Européenne. Vers une politique maritime de<br />

l’Union : une vision européenne des océans et des mers. Livre vert<br />

sur la politique maritime, Office des publications officielles des<br />

Communautés européennes. 2006. ISBN 92-79-01826-4 (56 p.).<br />

Conseil National de l’Alimentation. Propositions du CNA pour<br />

la mise en place d’une expertise socio-économique dans le<br />

cadre de l’analyse des risques alimentaires. Position n°50<br />

adoptée le 1 er fév. 2005 (12 p.).<br />

Dahan A. Le changement climatique, une expertise entre<br />

science et politique. La revue pour l’histoire du CNRS. 2007 ; 16:<br />

14-17.<br />

Estades J, Remy E. L’expertise en pratique : les risques liés à<br />

la vache folle et aux rayonnements ionisants. (Coll. Risques<br />

collectifs et Situations de crise). L’Harmattan (2003).<br />

European Environment Agency. The changing faces of Europe’s<br />

coastal areas, EEA Report. 2006. ISSN 1725-9177 (2112 p.).<br />

Goldberg M. L’expertise des risques sanitaires : entre<br />

indépendance et mise sous tutelle ? La Revue pour l’Histoire du<br />

CNRS. 2007 ; 16:26-29.<br />

Hallegatte S, Hourcade JC, Ambrosi P. Using climate<br />

analogues for assessing climate change economic impacts in<br />

urban areas. Climatic Change. 2007 ; 82 (1-2): 47-60.<br />

Harvey D. Dangerous anthropogenic interference, dangerous<br />

climatic change and harmful climatic change: non-trivial<br />

distinctions with significant policy implications. Climatic Change.<br />

2007 ; 82 (1-2): 1-25.<br />

IRSN. Synthèse de l’expertise d’évaluation des pratiques de<br />

radiothérapie au centre hospitalier Jean Monnet d’Epinal. 2007.<br />

Kandlikar M, Ramachandran G, Maynard A et al. “Health Risk<br />

Assessment for Nanoparticles: A case for Using Expert<br />

Judgment”. J. of Nanoparticle Res. 2007 ; 9(1): 137-156.<br />

Kee F, Owen T, Leathem R. Offering a prognosis in lung cancer:<br />

when is a team of experts an expert team ?. J. Epidemio. &<br />

Community Health. 2007 ; 61(4): 308-313.<br />

Kingsley BS, Schmeichel KL, Rubin CH. An Update on Cancer<br />

Cluster Activities at the Centers for Disease Control and<br />

Prevention. Environ. Health Perspect. 2007 ; 115(1): 165-71.<br />

Narbonne JF. L’expertise française en toxicologie : un cas<br />

désespéré ? La Revue pour l’Histoire du CNRS. 2007 ; 16: 22-26.<br />

Schenk N.J., Lensink SM. Communicating uncertainty in the<br />

IPCC’s greenhouse gas emissions scenarios. Climatic Change.<br />

2007 ; 82(3-4): 293-308.<br />

Zickfeld K, Levermann A, Morgan MG et al. “Expert<br />

judgements on the reponse of the Atlantic meridional overtuning<br />

circulation to climate change”. Climatic Change. 2007 ; 82(3-4):<br />

235-265, doi 10.1007/s10584-007-9246-3<br />

Zmirou ND. Democracy and Science advice: the Case of<br />

Environmental Health Risks. <strong>Santé</strong> Publique. 2006 ; 18(3): 483-<br />

500.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 39<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


PERCEPTION DES RISQUES ET COMMUNICATION<br />

Approche sociologique des risques professionnels - Période : octobre 2006 à mars 2007 -<br />

Gestion des risques et organisation du travail,<br />

éléments pour comprendre les inégalités sociales de santé au travail<br />

BRIXI Omar, GISQUET Elsa, CANET Christine, GOLDBERG Stephen, DARDART Hélène - Département Observatoire - INCa<br />

Institut national du cancer - Boulogne Billancourt<br />

EVALUATION ET GESTION DES RISQUES<br />

L’attention que les pouvoirs publics et de larges secteurs<br />

de la société portent aux risques sanitaires et<br />

professionnels s’est accrue en France depuis une<br />

vingtaine d’années. La création des agences sanitaires et<br />

le renforcement des réglementations nationales et<br />

européennes nous mettent aujourd’hui en meilleure<br />

posture pour faire face aux risques. Néanmoins, certains<br />

auteurs soulignent les décalages entre l’évaluation, la<br />

gestion des risques et les pratiques sociales.<br />

Pour Andre, la demande d’une société plus sûre conduit<br />

à l’exigence d’une évaluation et d’un contrôle des risques.<br />

Le législateur, confronté lui aussi aux situations<br />

d’incertitude, s’appuie de plus en plus sur des comités<br />

d’experts (AFSSET, InVS…). Ces derniers parviennent à<br />

des conclusions circonstanciées sans pour autant pouvoir<br />

indiquer de bonnes pratiques. L’incertitude grandissante,<br />

l’inquiétude collective renforcée par le pouvoir des médias<br />

provoquent une demande d’application du principe de<br />

précaution. D’apparence séduisant, l’auteur en souligne<br />

les limites. Le principe de précaution postule une grande<br />

confiance dans la science pour apporter des réponses<br />

rapides permettant d’éliminer le risque. Or les<br />

scientifiques d’une part occupent des espaces<br />

disciplinaires souvent trop cloisonnés qui les empêchent<br />

de rentrer dans la complexité des phénomènes. D’autre<br />

part leur discours s’inscrit mal dans le flux de la parole<br />

médiatisée qui doit être succincte et frappante. Ensuite, si<br />

les potentialités du risque sont repérables, leurs causalités<br />

peuvent être mal cernées compte tenu de la complexité<br />

des processus de production jamais complètement<br />

stables. Enfin, la production de jugements par les experts<br />

demande un délai qui s’accorde mal avec des impératifs<br />

économiques.<br />

De son côté, Borraz souligne que si un certain nombre de<br />

réformes ont modifié le dispositif de gestion de la sécurité<br />

sanitaire en France, l’amélioration de la participation des<br />

citoyens à la gestion des activités à risque n’a pas été<br />

entreprise. Pour l’auteur, il faut sortir de ce dispositif qui<br />

tend à perpétuer le mythe d’un État capable d’assurer<br />

seul la sécurité sanitaire des populations, négligeant de<br />

fait le rôle de tout un ensemble d’acteurs non étatiques<br />

dans la gestion des risques.<br />

ORGANISATION DU TRAVAIL ET<br />

RISQUES PROFESSIONNELS<br />

L’exposition professionnelle à des dangers sanitaires<br />

touche plus certaines catégories socioprofessionnelles<br />

que d’autres, contribuant ainsi aux inégalités sociales de<br />

santé. Si ce constat est établi depuis de longue date, il<br />

est fondamental d’en comprendre les causes, les<br />

mécanismes et les conséquences sur la vie des<br />

personnes.<br />

Thébaud-Mony, sociologue, animatrice d’un groupement<br />

d’intérêt scientifique spécialisé sur les cancers<br />

professionnels, a colligé et analysé de nombreux<br />

témoignages lors d’enquêtes réalisées dans divers<br />

secteurs économiques. Se situant en référence aux droits<br />

fondamentaux que définit le code de procédure pénale,<br />

son ouvrage cherche à identifier (et à dénoncer) les<br />

rapports de domination et d’exploitation à l’œuvre dans<br />

les situations de travail et analyser comment les stratégies<br />

de résistance individuelles ou collectives, formelles ou<br />

informelles sont constamment contrariées. L’auteure<br />

souligne la responsabilité de l’Etat et des pouvoirs publics<br />

en la matière qui se rangent du côté des intérêts<br />

économiques, au mépris des droits des travailleurs qui<br />

assurent la production. L’auteure décrit enfin une «<br />

recherche sous influence » qui oppose ou ignore la santé<br />

des travailleurs par rapport à la « santé » - économique -<br />

des entreprises.<br />

Jounin explique les aspects concrets de la prévention<br />

des accidents du travail sur les chantiers du bâtiment à<br />

l’issue d’entretiens et d’observations. Il met en évidence<br />

la contradiction entre cadence et sécurité. Cette<br />

contradiction est incarnée par la hiérarchie, responsable<br />

de la sécurité sur les chantiers, et en même temps<br />

responsable de l’organisation du travail qui empêche<br />

l’application de la réglementation. Ce qui induit un<br />

comportement des ouvriers qui ne respectent pas les<br />

mesures de sécurité, mais qui s’en cachent pour ne pas<br />

être pris en faute par leur hiérarchie, sur le terrain de la<br />

productivité et sur celui de la sécurité. L’auteur pointe<br />

aussi la sous-traitance, l’intérim, le travail au noir comme<br />

obstacles à la prévention. La problématique soulevée<br />

peut être généralisée à bien d’autres branches<br />

économiques et d’autres risques que ceux, immédiats,<br />

générateurs d’accidents du travail.<br />

LA RECONNAISSANCE DES MALADIES<br />

D’ORIGINE PROFESSIONNELLE<br />

Historiquement, le concept assurantiel découle d’un<br />

principe d’imputation des réparations, sans chercher à<br />

faire la preuve d’une faute et du lien causal entre la faute<br />

et l’accident : il s’agit moins de trouver des coupables<br />

que des payeurs.<br />

C’est ainsi qu’Ewald s’inquiète qu’aujourd’hui les<br />

victimes de dommages corporels sur leur lieu de travail<br />

subissent des inégalités de traitements. Il faudrait<br />

homogénéiser un droit de la réparation devenu trop<br />

disparate et dispersé. L’auteur propose de faire en sorte<br />

40 © Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


que le système judiciaire soit mieux informé des<br />

conséquences économiques de ses décisions, son rôle<br />

étant désormais plus d’organiser des transactions<br />

sociales que de sanctionner les responsabilités. La<br />

réparation intégrale doit rester la norme d’un système<br />

basé sur une solidarité des victimes actuelles et<br />

potentielles ; cette normalisation doit permettre de<br />

simplifier les circuits de la réparation, de les dé<br />

judiciariser autant que faire se peut.<br />

Le travail d’Askenasy décrit l’amélioration des<br />

statistiques de déclaration d’accidents du travail et de<br />

maladies professionnelles aux Etats-Unis à partir de<br />

1994, faisant suite à une dégradation antérieure. Pour lui,<br />

cette amélioration s’explique : 1) par les logiques<br />

assurantielles et financières destinées à réduire pour les<br />

entreprises le coût total du travail, y compris le coût du<br />

non-travail et des réparations ; 2) par la stratégie de<br />

l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA)<br />

qui a notamment pour mission de promouvoir la diffusion<br />

de bonnes pratiques dans les entreprises et proposer des<br />

améliorations de la réglementation. Dans les années 1990<br />

cette administration décide de rendre publique ses<br />

décisions en mettant en ligne la liste des employeurs<br />

dangereux à laquelle salariés de l’entreprise, syndicats,<br />

actionnaires publics et assurances ont désormais accès.<br />

Conclusion générale<br />

De fortes inégalités sociales caractérisent les expositions<br />

professionnelles (Thébaud-Mony) et se prolongent dans<br />

le droit à la réparation (Ewald).<br />

Certains auteurs appellent à réfléchir sur l’articulation<br />

entre l’évaluation des risques et la gestion des risques<br />

avec les acteurs locaux et économiques (Askenasy,<br />

Borraz). D’autres auteurs soulignent les contradictions<br />

entre les logiques économiques, y compris celle de<br />

l’emploi, et les logiques de santé et de protection des<br />

personnes (Jounin, André). Bien qu’accueilli avec un<br />

certain optimisme, le principe de précaution est<br />

incapable de résoudre ce dilemme.<br />

Publications sélectionnées<br />

Andre JC. Réflexions sur la question de la précaution en milieu<br />

professionnel. ERS. 2006 ; 5(5): 406-415.<br />

Askenasy P. La santé et la sécurité dans les entreprises<br />

américaines. Actes de la recherche en Sciences Sociales, Juin<br />

2006 ; 163 : 72-90, suivi de Bénédicte Reynaud, Controverses<br />

scientifiques. Remarques méthodologiques en marge de la<br />

contribution de Philippe Askenazy sur la santé et la sécurité dans<br />

les entreprises américaines.Actes de la recherche en Sciences<br />

Sociales. Décembre 2006 ; 165: 114-118.<br />

Borraz O. La gestion des risques sanitaires. Regards sur<br />

l'actualité. Février 2007 ; 328: 39-48.<br />

Ewald F. Pour une réforme de la réparation du dommage<br />

corporel. L'assurabilité des professions à risques. Risques, les<br />

cahiers de l’assurance. 2006 ; Numéro spécial 68 (12): 119-130.<br />

Jounin N. La sécurité au travail accaparée par les directions :<br />

quand les ouvriers du bâtiment affrontent clandestinement le<br />

danger. Actes de la recherche en Sciences Sociales. Décembre<br />

2006 ; 165: 72-92.<br />

Thébaud-Mony A. Travailler peut nuire gravement à votre santé.<br />

Ed. la Découverte. 2007. (291 p.)<br />

Publications non retenues<br />

Abecassis P, Sandret N. Le dispositif français de prévention et de<br />

réparation des risques professionnels. ADSP. 2006 ; 57: 32-39.<br />

Burton-Jeangros C,Grosse C, November V. Face au Risque.<br />

Genève : Georg (L’Equinoxe). 2007. (253 p.)<br />

Curtis Breslin F, Polzer J, MacEachen E. et al. Workplace injury<br />

or “part of the job”? : Towards a gendered understanding of<br />

injuries and complaints among young workers. Social Science &<br />

Médicine. Février 2007 ; 64 (4) ): 782-793.<br />

Fricotté L, Gauthier L. Les accidents du travail. Liaisons<br />

sociales. 2007 ; 14820 (NS 2): 3-106.<br />

Galland JP. Evaluer les risques et mieux prévenir les crises<br />

modernes. Regards sur l'actualité. Février 2007 ; 328: 39-48<br />

Gollac M. Organisation du travail, conditions de travail et santé.<br />

ADSP. 2006 ; 57: 54-56.<br />

Hyde M, Jappinen P, Tores Theorell T. et al. Workplace conflict<br />

resolution and the health of employees in the Swedish and<br />

Finnish units of an industrial company. Social Science &<br />

Medicine. 2006 ; 63( 8): 2218-2227.<br />

Leclerc A. Contribution des facteurs professionnels aux<br />

inégalités sociales de santé. ADSP. 2006 ; 57: 63-65.<br />

Martinais E. L’administration des risques industriels : entre<br />

renouvellement et stabilité. Regards sur l'actualité, Dossier<br />

L'Etat face aux risques. La documentation Française. 2007 ; 328:<br />

25-67.<br />

Paul PS, Maiti J. The role of behavioral factors on safety<br />

management in underground mines. Safety Science. 2007 ;<br />

45(3): 449-471.<br />

Plot E. Quelle organisation pour la maîtrise des risques industriels<br />

majeurs ? : Mécanismes cognitifs et comportements humains<br />

Paris : L'Harmattan (coll. Logiques sociales). 2007. (238 p.)<br />

Raynault MF, Loncle P. La santé au risque du social. Lien social<br />

et Politiques. 2006.<br />

Stave C, Tömer M. Exploring the organisational preconditions<br />

for occupational accidents in food industry: A qualitative<br />

approach. Safety Science. 2007 ; 45(3): 355-371.<br />

© Afsset - Bulletin de veille scientifique en securité sanitaire de l’environnement* et du travail - Juin 2007 41<br />

*«L’environnement étant ici considéré comme l’ensembles des agents - d’ordre physique, chimique ou microbiologique<br />

auxquels l’homme est exposé directement ou indirectement au travers de ses milieux de vie, compte non tenu des facteurs liés aux comportements individuels».


Equipes partenaires<br />

Patrick BALAGUER – Inserm (Montpellier) – U540 « Endocrinologie moléculaire et cellulaire des cancers »<br />

Isabelle BALDI – ISPED (Bordeaux) – Laboratoire santé environnement travail (LSTE)<br />

Omar BRIXI – INCA (Boulogne-Billancourt) – Département Observatoire<br />

Marie CARRIERE – CEA Saclay (Gif sur Yvette) – Laboratoire Pierre Süe CEA/CNRS - Groupe toxicologie humaine &<br />

environnementale<br />

Claude CASELLAS – Université Montpellier 1 (Montpellier) – UMR CNRS 5569 « Hydrosciences »<br />

Barbara CHARBOTEL – Université Lyon 1 (Lyon) – UMRESTTE<br />

Denis CHARPIN – Université de Méditerranée (Marseille) – Service de pneumologie & pôle méditerranéen des sciences<br />

de l’environnement<br />

Jacques DESCOTES – Centre Anti Poison (Lyon) – Hospices civils de Lyon<br />

James DEVILLERS – CTIS (Rillieux la Pape)<br />

Michel DRANCOURT – Université de Méditerranée & Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille (Marseille) – CNRS<br />

UMR 6020<br />

Brigitte ENRIQUEZ – ENVA/Inserm (Maisons-Alfort) – U 841 Inserm de Pharmacie-Toxicologie<br />

Sophie GAULTIER-GAILLARD – Université Paris 1 (Paris) – PRISM-Stratégie Sorbonne<br />

Barbara GOUGET – CEA Saclay (Gif sur Yvette) – Laboratoire Pierre Süe CEA/CNRS - Groupe toxicologie humaine &<br />

environnementale<br />

Rémi KOUABENAN – Université Pierre Mendés-France (Grenoble) – Laboratoire de psychologie, « Personnalité,<br />

Cognition et Changement Social »<br />

Eric LABOUZE – Bio intelligence Service (Ivry-sur-Seine)<br />

Joëlle LE MOAL – InVS (Saint-Maurice) – Département <strong>Santé</strong> Environnement<br />

Annie MOCH – Université Paris X (Nanterre) – EA 3984 « Processus cognitifs et conduites interactives »<br />

Baharia MOGRABI – inserm (Nice) – inserm ERI 21 Faculté de médecine<br />

Vincent NEDELLEC – Vincent Nedellec Consultant (Saulx les Chartreux)<br />

Chantal RAHERISON – ISPED (Bordeaux) – EA 3672 Laboratoire santé environnement travail (LSTE)<br />

Jean-Marie RAMBAUD – Association pour la Prévention de la Pollution Atmosphérique (Kremlin Bicêtre)<br />

Rémy SLAMA – Inserm (Kremlin Bicêtre) – UM Inserm-INED U569 « Epidémiologie, démographie et sciences sociales »<br />

Geneviève VAN MAELE – Université catholique de Louvain (Bruxelles) – Unité de toxicologie industrielle et du travail<br />

Comité Éditorial<br />

Jean-Claude ANDRÉ : INRS - Directeur Scientifique<br />

Christian COCHET : CSTB - Chef de la Division <strong>Santé</strong>-Bâtiment<br />

Nicolas DE MENTHIÈRE : Cemagref - Directeur délégué aux systèmes d'information et à la communication<br />

Hélène DESQUEYROUX : Ademe - Département Air<br />

Brigitte ENRIQUEZ : Ecole nationale vétérinaire d’Alfort - Chef de service de Pharmacie-Toxicologie<br />

Jean-Marc FRÉMY : Afssa - Responsable Unité d’évaluation des risques physico-chimiques<br />

Paul FRIMAT : Président du Collège des enseignants de médecine du travail<br />

Christophe GOEURY : ENSP - Enseignant – Chercheur, Département <strong>Santé</strong> Environnement<br />

Norbert GONZALEZ-FLESCA : Ineris - Chargé de mission veille scientifique<br />

Virginie HALLEY DES FONTAINES : Collège universitaire des enseignants de santé publique<br />

Jean-Luc MARCHAND : InVS - Département <strong>Santé</strong> Travail<br />

Anne MERLE : Ademe - Direction de la Recherche<br />

Jean-Marie MUR : INRS - Adjoint au directeur scientifique<br />

Georges SALINES : InVS - Responsable du Département <strong>Santé</strong> Environnement<br />

Marie-Pierre SAUVANT-ROCHAT : Collège des enseignants en hygiène et santé publique de pharmacie<br />

Philippe VERGER : Inra - Unité de recherche Méthodologies d’analyse des risques alimentaires<br />

Coordination AFSSET<br />

Directrice de publication : Dr Michèle FROMENT-VEDRINE, directrice générale l’Afsset<br />

Comité de rédaction : Anne-Marie FILLET, Sophie GUITTON, Jean LESNE<br />

Responsable de l’édition : Fabrice COUTUREAU<br />

Pour information ou suggestions écrire à : bulletin-veille@afsset.fr


© Afsset, DECID juin 2007 - Création : www.yin.fr<br />

Impression : France Repro, Maisons-Alfort - Crédit photos : Getty Images - Dépôt légal juin 2007


Bulletin de veille scientifique réalisé dans le cadre<br />

du Plan national santé environnement (PNSE) avec :<br />

Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe)<br />

Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa)<br />

Centre national du machinisme agricole du génie rural des eaux et<br />

des forêts (Cemagref)<br />

Collège des enseignants de médecine du travail<br />

Collège universitaire des enseignants de santé publique (CUESP)<br />

Collège des enseignants en hygiène et santé publique de pharmacie<br />

Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB)<br />

École nationale de santé publique (ENSP)<br />

École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA)<br />

Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris)<br />

Institut national de la recherche agronomique (Inra)<br />

Institut national de recherche et de sécurité (INRS)<br />

Institut de veille sanitaire (InVS)<br />

agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail<br />

253 avenue du Général Leclerc<br />

94701 Maisons-Alfort Cedex<br />

Tél. +33 1 56 29 19 30<br />

afsset@afsset.fr<br />

www.afsset.fr<br />

ISSN : 1950-4764 © Afsset, DECID juin 2007 - Création : www.yin.fr<br />

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juin 2007

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