Mémoire
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H e n r i B o u t e i l l e r<br />
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( d e s i g n )<br />
p a c k a g i n g<br />
h e n r i . b o u t e i l l e r @ c a r a m a i l . c o m / 5 0 r u e d u t h é â t r e / 7 5 O 1 5 P a r i s / O 6 6 2 8 1 9 3 5 6<br />
éco | luxe henri bouteiller / diplôme 2007 / strate collège designers
Comment en tant que designer packaging<br />
puis-je concilier les valeurs du luxe avec<br />
une démarche d’éco-conception devenue<br />
inéluctable ?<br />
[ Henri Bouteiller ]
I n t r o d u c t i o n<br />
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> Le luxe et l’Homme, en tant qu’individu, citoyen et consommateur<br />
I n t r o d u c t i o n<br />
Comment définir le luxe ? Quelles sont ses valeurs ?<br />
Comment le marché du luxe se compor te-t-il ?<br />
C o n c l u s i o n<br />
s o m m a i r e<br />
Quelles sont les tendances à venir, que ce soit en termes de couleurs,<br />
de matériaux, de matières, de formes, de stratégies ?<br />
Comment définir l’éco-conception ?<br />
Comment les industriels du packaging intègrent la démarche d’éco-conception<br />
dans le développement de leurs produits à l’heure actuelle ?<br />
L’éco-conception passe-t-elle aussi par la valorisation de nouveaux matériaux<br />
écologiques ?<br />
Comment définir le développement durable ?<br />
Quelles sont les mesures politiques actuelles au niveau national et international ?<br />
La société prend-elle conscience de son rôle à jouer pour la protection de la planète ?<br />
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Le monde du luxe<br />
L’éco-conception & le développement durable<br />
L’Homme au co eur du débat<br />
L’éco-conception et l’Homme dans sa dimension individuelle et collective<br />
L’Homme peut-il être « client » du luxe tout en ayant une conscience écologique ?<br />
Est-il obligé de choisir entre l’un ou l’autre ?
P u b l i c i t é L o u i s V u i t t o n<br />
i n t r o d u c t i o n<br />
À l’heure où nous assistons à des bouleversements climatiques dus à l’accélération<br />
spectaculaire du réchauffement de la planète, liée à l’émission croissante de gaz à<br />
effet de serre dans l’atmosphère depuis ces cinquante dernières années par l’activité<br />
humaine, il est de notre devoir et de notre responsabilité, en tant qu’Homme, d’agir<br />
de manière déterminée pour protéger et respecter notre planète. Nous sommes tous<br />
concernés par ce problème majeur car notre avenir et celui de nos enfants dépendent<br />
de ce que nous entreprenons au quotidien.<br />
Le rôle du designer est, à mon sens, au cœur de l’action car il est à l’origine de<br />
tout produit industriel commercialisé et consommé. Il est donc responsable de l’impact<br />
environnemental de ses créations et doit être aussi conscient du message qu’il peut<br />
transmettre aux consommateurs à travers les produits qu’il dessine. Seulement on<br />
s’aperçoit qu’il est difficile de concilier des enjeux économiques et écologiques dans<br />
le monde industriel dans l’état actuel des choses.<br />
Par ailleurs, le monde du luxe, qui est en plein essor, semble ne pas rendre<br />
prioritaire les enjeux environnementaux. Toutefois pourquoi le Luxe, symbole du rêve,<br />
du raffinement, de l’exception, mais aussi de la provocation et de l’avant-garde, ne<br />
serait-il pas compatible avec une démarche d’éco-conception ? Pourquoi le Luxe<br />
ne montrerait-il pas l’exemple tout en conservant ses valeurs essentielles ? L’écoconception<br />
ne pourrait-elle pas devenir un réel argument et/ou une valeur ajoutée au<br />
produit de luxe…<br />
é c o - l u x e / i n t r o d u c t i o n<br />
07
Le luxe est rigoureusement indispensable,<br />
comme le rêve est indispensable à la vie.<br />
Ora Ito / designer<br />
Le monde du luxe
a / C o m m e n t<br />
Le luxe, c’est prendre le temps de (se) faire un cadeau<br />
> P u b l i c i t é H e r m è s<br />
d é f i n i r l e l u x e ? Q u e l l e s s o n t s e s v a l e u r s ?<br />
Il est vrai que la notion de luxe est difficile à définir car elle fait appel à la sensibilité<br />
de chacun. On éprouve des sentiments très personnels et l’excitation de tous nos sens<br />
fait naître des émotions intenses au contact de ce monde fascinant qu’est le luxe.<br />
Néanmoins on trouve plusieurs grandes familles de termes, ou mots-clés, qui étant<br />
associés, permettent de mieux imaginer ce que représente le Luxe :<br />
« L’émotionnel » est à mon avis une notion primordiale qui regroupe le désir, le<br />
fantasme, la magie, mais aussi le rêve, l’imaginaire qui rejoignent l’idée d’une certaine<br />
dimension inaccessible de la part des produits de luxe. Si notre esprit est aussi créatif<br />
c’est à cause du sentiment de frustration qu’on éprouve tant qu’on ne peut pas<br />
s’offrir l’objet convoité. Cette distance qui nous sépare de notre « fantasme » vient<br />
principalement du prix de celui-ci, dû aux soucis de raffinement , de qualité de détails,<br />
d’esthétique, de précision, de finition, pour atteindre l’excellence du savoir-faire, le<br />
caractère exclusif des créations, c’est-à-dire l’exception, ce qui fondent la notoriété et<br />
la pérennité des plus grandes marques de luxe.<br />
Les consommateurs du luxe cherchent, à travers les produits qu’ils achètent, à<br />
prendre du plaisir, à découvrir de nouvelles sensations, à se sentir choyés, beaux,<br />
exceptionnels, uniques, le tout dans un confort absolu. Il est important de préciser<br />
que si le luxe ne se voit pas forcément, il participe quand même à l’élaboration de<br />
l’image et de l’estime que l’on a de soi. Ainsi on se sent mieux dans son corps et<br />
mieux dans sa tête lorsqu’on a la chance de pouvoir appliquer sur sa peau une crème<br />
de soin Dior, par exemple. Ce luxe là n’est pas<br />
ostentatoire, il participe seulement au bien-être<br />
psychique du consommateur.<br />
Par ailleurs, il est important de rappeler que pour<br />
conserver toute sa grandeur, le luxe se doit d’être<br />
qui va sublimer le quotidien.<br />
Irina Volkonski / créatrice de bijoux<br />
é c o - l u x e / L e m o n d e d u l u x e<br />
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é c o - l u x e / l e m o n d e d u l u x e<br />
extrêmement dynamique, créatif, innovant, créer la<br />
surprise tout en jouant avec les codes traditionnels.<br />
Ceci se vérifie dans chaque secteur d’activité du<br />
luxe, c’est-à-dire dans le domaine du parfum, de<br />
la cosmétique, de la bijouterie, de la joaillerie, de<br />
l’épicerie fine, des spiritueux, de la haute technologie,<br />
services…<br />
On remarque actuellement que le monde du luxe<br />
est en train de repousser ses frontières en agissant<br />
hors de ses secteurs traditionnels pour répondre<br />
à une demande croissante en offre très haut de<br />
gamme. « Aujourd’hui l’ensemble du marché français<br />
est extrêmement segmenté. Résultat, sur chaque<br />
segment de consommation ou de services, il y a de<br />
la place pour une offre de luxe. »<br />
( Le nouvel économiste. Octobre 2006 )<br />
Nous pouvons alors nous interroger sur ce que<br />
ce seront le ou les luxes de demain…Ce secteur<br />
continuera-t-il à se diversifier autant qu’il l’a fait ces<br />
dernières années, ou au contraire, se dirigera-t-il dans<br />
une dynamique de retour aux sources en privilégiant<br />
les traditions, le naturel, des services personnalisés…<br />
étant donné les enjeux environnementaux de ces 25<br />
à 50 prochaines années.<br />
M a l l e d e v o y a g e L o u i s V u i t t o n ><br />
b / C o m m e n t l e m a r c h é d u l u x e s e c o m p o r t e - t - i l ?<br />
Projet F. Gehry / Fondation Louis Vuitton<br />
L’industrie du luxe français se porte bien et traverse les turbulences de la<br />
mondialisation avec un franc succès. L’engouement pour la consommation chic et chère<br />
n’a jamais été aussi fort. De 1995 à 2000, le chiffre d’affaire de l’industrie du luxe<br />
français a doublé et est passé de 6 à 12 milliards d’euros. Au niveau international, le<br />
réveil de pays émergents comme l’Inde, la Chine ou encore la Russie (la haute couture<br />
y croît de plus de 12 % par an depuis plusieurs années) qui compense aujourd’hui<br />
de longues années de privations.<br />
Pour revenir en France, on s’aperçoit que les grandes enseignes de luxe telles<br />
que Chanel, L’Oréal, Hermès ou Louis Vuitton envisagent l’avenir avec sérénité, pour<br />
preuve l’ouverture cette année du plus grand magasin de la planète sur les Champs-<br />
Élysées de la célèbre marque de maroquinerie aux fameux monogrammes, appartenant<br />
au groupe LVMH…Un autre projet est d’ailleurs en cours de développement, celui d’une<br />
fondation Louis Vuitton, dont le bâtiment, dessiné par Franck Gehry, sera implanté au<br />
coeur de Paris, au jardin d’acclimatation. Les travaux devraient débuter cette année et<br />
s’achèveraient fin 2009, voire 2010.<br />
On apprend que les industries du secteur du luxe ouvrent des usines et créent des<br />
emplois. Par exemple Hermès a investi dans les Ardennes plus de 10 millions d’euros<br />
dans une nouvelles usine de 4500m² où sont fabriqués les célèbres sacs Birkin et<br />
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Shoulder. Employant 150 personnes, cet atelier a dû recruter 50 nouveaux employés.<br />
De plus, face à la demande de plus en plus forte, en particulier du marché asiatique,<br />
Hermès envisage de monter en puissance pour atteindre 250 personnes en 2008.<br />
On retrouve le même constat chez Louis Vuitton où l’entreprise a ouvert cinq<br />
nouveaux sites, dont trois en trois ans : à Ducey près d’Avranges (Manche), à Condé<br />
près d’Issoudun (Indre), et à St-Florence (Vendée), qui ont permis le recrutement<br />
de 600 personnes. Employant aujourd’hui près de 10000 salariés, Louis Vuitton en<br />
regroupe plus du tiers dans la production (3650 personnes). Un chiffre à comparer aux<br />
1700, voire 2000 salariés que comptait l’entreprise il y a à peine 10 ans ! D’après<br />
la direction, l’entreprise aurait multiplié son chiffre d’affaire par cinq depuis 1989 et sa<br />
marge d’exploitation aurait suivi une pente encore plus nette.<br />
De son côté Longchamp a ouvert sa 100 e mais aussi sa plus grande boutique ( 500<br />
m² de vente et 200 m² de showroom ) baptisée « La Maison unique Longchamp » dans<br />
le quartier branché de Soho, à New York le 23 Mai 2006. Ce nouvel espace fait de<br />
briques, d’érable, d’acier, de verre, de passerelles, de puits de lumières et d’escaliers<br />
théâtraux est un chef d’œuvre architectural et sculptural, qui a été imaginé par<br />
l’architecte britannique de 36 ans Thomas Heatherwick, et est tout à fait représentatif<br />
des valeurs clés de la marque : chic, créative, innovante et définitivement luxueuse.<br />
Si le luxe français s’exporte aussi bien c’est grâce au « made in France » qui reste<br />
incontournable. Il est en effet impossible de dissocier la valeur d’un produit de luxe de<br />
son origine géographique et de sa marque de fabrique. Le luxe français est reconnu<br />
dans le monde entier grâce au savoir-faire très pointu de ses spécialistes et artisans<br />
qui demeure irremplaçable. Ce savoir-faire est le fruit de l’expérience acquise au fil du<br />
temps, et c’est grâce à ces efforts que se construit petit à petit l’histoire des grandes<br />
marques, sur laquelle repose en grande partie leurs notoriétés et leurs forces.<br />
c / Q u e l l e s s o n t l e s t e n d a n c e s à v e n i r q u e c e s o i t e n t e r m e s d e<br />
c o u l e u r s , m a t é r i a u x , f o r m e s , m a t i è r e s , a m b i a n c e s , s t r a t é g i e s ?<br />
Le marché du luxe se porte bien, c’est un fait. Mais la question qui nous brûle<br />
forcément les lèvres…est de savoir quelles sont les grandes tendances pour les mois à<br />
venir ! Pour cela je m’appuie sur des éléments issus en partie de mon enquête au<br />
cœur du salon du packaging de luxe « PACK LUXE », qui s’est déroulé à la fin du<br />
mois d’octobre 2006 à Monaco, au forum Grimaldi.<br />
Un sujet est au centre des débats entre professionnels du milieu, celui de<br />
la place des standards dans le monde de la cosmétique et de la parfumerie.<br />
Intéressant économiquement, on peut se demander si « standard » est synonyme de<br />
« standardisation », et s’il y a ou non incompatibilité avec le luxe.<br />
L’analyse des innovations des exposants permet de dégager quatre grandes tendances<br />
globales : « LUX » où toutes les techniques sont au service d’un seul objectif : jouer<br />
avec la lumière, « L’ENCHANTEMENT » où créer l’effet de surprise pour réenchanter<br />
l’acte de consommation dans un quotidien sujet à la grisaille, « L’ATTENTION » où<br />
combler le consommateur avec l’intention de satisfaire pleinement son goût du luxe,<br />
à ne pas confondre avec « ATTENTION » où le luxe s’inscrit dans une démarche de<br />
développement durable et de sécurité.<br />
Les avis diffèrent et les choix stratégiques économiques aussi, à propos de<br />
l’implantation et du développement du marché des standards dans le monde du luxe.<br />
Par définition, le standard est un modèle de produit normalisé, fabriqué en grande<br />
série, et qui peut être utilisé sans modification. Certains le considère alors comme<br />
l’opposé du luxe, d’autres y voient au contraire une formidable opportunité de miser<br />
plus sur la communication et la distribution que sur la fabrication. Ce n’est alors pas<br />
la marque qui prend le risque mais le fournisseur. L’inconvénient majeur des standards<br />
est que plusieurs marques s’affichent dans le même packaging. Pour remédier à ce<br />
problème, outre le fait de commercialiser des exclusivités par continent, les grandes<br />
é c o - l u x e / l e m o n d e d u l u x e<br />
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marques créaient jusqu’à présent une gamme de<br />
produits, puis des « one-shot » (exemplaire<br />
unique) s’appuyant dessus. Aujourd’hui, c’est<br />
l’inverse. Les fournisseurs doivent ainsi compléter<br />
leurs lignes de standards.<br />
Il est donc possible de valoriser un standard<br />
en axant les recherches sur le décor grâce à de<br />
nouvelles technologies et techniques d’impression,<br />
à l’utilisation du « multimatériaux » pour<br />
répondre à un besoin de polysensorialité. L’idée<br />
est donc de proposer des modèles uniques<br />
en customisant un nombre limité de pièces de<br />
base. Cela implique aussi une forte réactivité<br />
et complémentarité de la part des fournisseurs<br />
pour jouer sur la customisation basée sur<br />
« une juxtaposition de combinaisons ». (Laetitia<br />
Hacpille / responsable de production chez Carré<br />
Noir )<br />
On observe une première grande tendance<br />
axée sur la technique du packaging qui vise<br />
à jouer avec la lumière pour donner du relief,<br />
de l’intensité, et de la présence au packaging.<br />
Les designers ont alors différents recours comme<br />
le travail des angles, l’impression en 3D,<br />
l’opposition du noir et du blanc, une quête de<br />
transparence absolue quelque soit le matériau, la<br />
brillance, les strass, les scintillements, l’émergence<br />
de couleurs lumineuses comme le jaune et le<br />
< P u b l i c i t é D & G P u b l i c i t é J & B ><br />
< P u b l i c i t é G u c c i<br />
orange, ou encore l’épaisseur et le poids du<br />
verre dans le domaine de la parfumerie. Attribut<br />
traditionnel du luxe, le poids revient effectivement<br />
en force, les marques n’hésitent pas à dépasser<br />
les 400g pour des flacons féminins de 100 ml !<br />
Par exemple, le poids de « femme » de Boss<br />
est de 475g , le parfum « Narciso Rodriguez<br />
for her » atteint 475g, et dans les extrêmes,<br />
on trouve un parfum pour Homme « Del Mar »<br />
de Baldessarini qui flirte avec les 3 kg pour<br />
une contenance de seulement 100 ml ! Il faut<br />
préciser toutefois que contrairement aux autres<br />
exemples évoqués précédemment, le flacon est<br />
métallique et non en verre…<br />
Une deuxième grande tendance est<br />
« L’enchantement » c’est-à-dire tout mettre en<br />
œuvre pour surprendre le consommateur, le faire<br />
rêver, voyager, créer le désir, l’enthousiasme,<br />
l’envie grâce au contraste et à l’opposition<br />
des matières et des formes, au phénomène<br />
d’ « accessoirisation », aux effets de matière…<br />
Associés, cela met en scène le produit qui<br />
tient le rôle principale qui donne la réplique<br />
aux accessoires, le tout joué dans un univers,<br />
un décor même, animé par le packaging. Par<br />
exemple la société American Supply travaille sur<br />
des gammes de plastiques et particules et a créé<br />
une étendue quasi infinie de supports, textures,<br />
effets optiques, transparences, épaisseurs pour<br />
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é c o - l u x e / l e m o n d e d u l u x e<br />
être en accord avec les consommateurs sensibilisés par les<br />
scénographies commerciales, voire au-delà du packaging avec le<br />
merchandising et l’architecture commerciale.<br />
Une troisième grande tendance est « L’ATTENTION ». Le<br />
but est de flatter au maximum le consommateur averti en<br />
utilisant au maximum les codes traditionnels du luxe. Il faut le<br />
combler et satisfaire son goût du luxe grâce au plaisir provoqué<br />
par l’ouverture de cadeaux. C’est pour cette raison qu’on<br />
retrouve une abondance de rubans, de matériaux nobles voire<br />
d’exception.<br />
Enfin on dénote un certain effort du luxe pour essayer de<br />
s’inscrire dans une démarche de développement durable. Toutefois<br />
les professionnels du secteur restent encore timides et ont des<br />
difficultés à intégrer l’éco-conception à leurs projets du fait des<br />
enjeux économiques et de l’image écologique qui n’est pas évidente à instaurer dans<br />
le monde du luxe. Au salon « PACK LUXE » de Monaco, j’ai pu constater quelques<br />
exemples d’innovation packaging créées dans un souci de développement durable :<br />
La société du groupe Acetate Products Ltd, Clarifoil, spécialiste de l’acétate de<br />
cellulose à base de bois a imaginé un film coulé 100 % recyclable se décline en<br />
plusieurs aspects (transparents, coloré, rainuré et même texturé avec l’intégration de<br />
microparticules). Dans un même souci écologique Clarifoil a aussi sorti une gamme<br />
d’emballage soluble dans l’eau qui pourrait séduire le monde cosmétique pour des<br />
monodoses de gels douche ou de shampooing, voire des huiles de bains ou des SPA.<br />
La valorisation de cette matière se ferait par compostage et/ou biodégradation pour une<br />
épaisseur minimale de 14 microns. Egalement spécialiste dans<br />
son domaine, la société Sleever International crée un nouveau<br />
système de film thermorétractable nommé TPE-G, qui propose<br />
une solution de recyclabilité pour les emballages en PET.<br />
Le groupe Clarins, L’Occitane, Stella Mc Cartney parfums,<br />
L’artisan parfumeur ou encore Kibio sont aussi sensibilisés et<br />
font appel à un organisme nommé « cosmébio » pour certifier<br />
leurs produits, que ce soit pour la composition même du produit,<br />
les matières premières, ou encore le procédé de production et<br />
l’emballage. Sur le site www.cosmebio.org on peut d’ailleurs<br />
consulter tous les produits qui sont certifiés par l’organisme,<br />
comme étant bio et écologique, c’est-à-dire que minimum 95 %<br />
des ingrédients utilisés soient naturels ou d’origine naturelle.<br />
Autre exemple, le leader des papiers techniques a lancé<br />
récemment une gamme de papiers offset haut de gamme, nommé « Inuit », certifié<br />
par le Conseil international de gestion forestière ( Forest Stewardship Council, FSC ).<br />
Fabriqués à partir de fibres issues de forêts gérées, ils n’utilisent que de la pâte à<br />
papier sans chlore élémentaire à pH neutre. La gamme sera diffusée en France par<br />
Inapa.<br />
Par ailleurs, on voit également apparaître l’utilisation d’un nouveau type de plastique<br />
à base d’amidon de maïs, nommé le PLA. Seulement ce matériau n’a pas encore fait<br />
ses preuves et ses qualités physiques en terme de résistance, d’étanchéité et d’aspect<br />
ne sont pas encore à la hauteur de son rival fabriqué à partir du pétrole. On peut<br />
encore espérer que dans les mois qui viennent, il ait rattrapé son retard…<br />
é c o - l u x e / l e m o n d e d u l u x e<br />
19
Le développement durable est la<br />
capacité des générations présentes à<br />
satisfaire leurs besoins en permettant aux<br />
générations futures de satisfaire les leurs.<br />
ONU / Organisation<br />
des Nations Unies<br />
L’éco-conception<br />
& le développement durable
a / C o m m e n t d é f i n i r l ’ é c o - c o n c e p t i o n ?<br />
On désigne par éco-design ou éco-conception une nouvelle approche qui consiste à<br />
mettre en œuvre des méthodologies prenant en compte le respect de l’environnement dans la<br />
création et la conception des produits qui nous entourent. Plus qu’un ensemble de méthodes,<br />
l’éco-conception est aussi une philosophie, une vision globale du monde qui nous entoure,<br />
un sentiment personnel fort qui nous dit qu’on peut être maître de son destin, le tout c’est<br />
de croire en soi, et à la formidable synergie humaine qui est aussi capable du meilleur…et<br />
pas seulement du pire !<br />
Parmi les méthodologies qui sont intégrées dans le processus du projet, on peut<br />
signaler :<br />
- l’analyse du cycle de vie de l’objet et de ses composants ( analyse de sa<br />
conception, production, distribution, consommation et dé-consommation, étude des<br />
pollutions et des déchets générés ),<br />
- une étude plus approfondie du comportement de l’utilisateur mais aussi de ses<br />
valeurs,<br />
- une attention plus réfléchie portée au choix des matériaux et des technologies<br />
mis en œuvre pour la matérialisation de l’objet ( la démontabilité, la traçabilité,<br />
la recyclabilité des matériaux et technologies « propres », renouvelables ou<br />
biodégradables, intégration de matériaux recyclés ),<br />
- des réflexions sur l’up-grading, la modularité, la durabilité, le produit vu comme<br />
service et non plus comme objet, qui permettent de changer de point vue et<br />
d’élaborer de nouveaux concepts de produits.<br />
Aujourd’hui prospective et embryonnaire, cette démarche devrait être plus présente<br />
dans un futur proche, à mesure que progresse la prise en compte de la question de<br />
l’environnement.<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
23
C o m m e n t l e s i n d u s t r i e l s i n t è g r e n t - i l s l a d é m a r c h e<br />
d ’ é c o - c o n c e p t i o n d a n s l e d é v e l o p p e m e n t d e l e u r s<br />
p r o d u i t s à l ’ h e u r e a c t u e l l e ?<br />
L’industrie de l’emballage développe aujourd’hui une véritable politique<br />
environnementale en favorisant les économies de consommables, la biodégradabilité et<br />
le recyclage des matériaux. L’environnement est devenue la principale préoccupation des<br />
consommateurs, devant la praticité ou la conservation, lorsqu’on leur demande quelles<br />
seraient les améliorations à apporter aux produits. Et cela, les industriels de l’emballage<br />
l’ont bien compris, mais souffrent à tort d’une mauvaise image, à cause d’une trop<br />
faible communication sur les innovations écologiques de leurs produits.<br />
L’entrée en vigueur, il y a une dizaine d’années, de la directive 94/62 sur les<br />
emballages et déchets d’emballages a fourni un cadre réglementaire strict pour régler<br />
le problème de l’élimination des déchets. Elle fixe à la fois le principe de prévention,<br />
et elle désigne le recyclage, la réutilisation et l’incinération propre ave récupération<br />
d’énergie comme les voies de valorisation possibles. Des objectifs quantitatifs ont été<br />
établis, et des normes ont été publiées afin de concevoir des emballages plus en<br />
phase avec l’environnement. « La réduction à la source », l’un des fondements de<br />
cette réglementation, participe à la démarche de développement durable car elle vise<br />
à diminuer les quantités de matériaux employés dans la fabrication d’un emballage.<br />
Les entreprises utilisatrices y trouvent d’ailleurs leur compte. En effet, d’après elles,<br />
« il ne peut y avoir de politique de développement durable sans considérer les ressorts<br />
économiques », elles sont alors parvenues, grâce à leurs fournisseurs, à alléger la facture<br />
du poste d’emballage, tout en menant à bien une politique pro-environnementale.<br />
Nous pouvons constater que tous les acteurs de la filière semblent sensibilisés :<br />
que ce soient les équipementiers, qui ont œuvré pour réduire leurs consommations<br />
en eau et en énergie de leurs matériels ( par exemple Sidel a réduit de 15 % la<br />
facture d’électricité tout en augmentant la cadence de production de 20 % ) ; que ce<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
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soient les fabricants de matériel connexe, qui proposent le laser comme un technique<br />
alternative dans le marquage pour réduire les consommables, encres ou étiquettes… ;<br />
que ce soient les fournisseurs d’encres d’impression, qui après l’élimination des métaux<br />
lourds, remplacent autant que possible les substances chimiques par des produits à<br />
base aqueuse ou d’origine végétale.<br />
Le bilan après 10 ans d’application de la réglementation 94/62 est plutôt satisfaisant.<br />
En effet, les études menées par l’Ademe, Adelphe et Eco-Emballage démontrent que<br />
le tonnage de déchets d’emballages se stabilise en France alors que la population<br />
augmente : 4,6 millions de tonnes en 2003, soit le même niveau qu’en 1994, après<br />
un pic en 1997 à 4,85 millions de tonnes. Par ailleurs, une étude du Conseil National<br />
de l’Emballage (CNE), réalisée sur la période 2000/2003, portant sur huit produits<br />
de consommation courante comme les eaux plates, le lait, les lessives ou les yaourts,<br />
met en évidence que si la consommation de ces produits a augmenté de 11 %,<br />
entraînant une hausse équivalente du nombre d’emballages, les tonnages de déchets<br />
correspondants ont par contre diminué de 3%. Un résultat d’autant plus intéressant que<br />
ces produits représentent 30 % des emballages présents dans nos poubelles.<br />
En 2004, près de 18 % du gisement des déchets d’emballage en plastique ont été<br />
recyclés en France, soit l’équivalent de 173 000 tonnes. On constate que seuls les<br />
flacons et bouteilles en PET et en PEHD participent à ce mode de valorisation. Le<br />
reste est destiné à l’incinération. La France peut et doit mieux faire car un emballage<br />
sur deux échappe actuellement au recyclage…<br />
[ L ’ é c o - c o n c e p t i o n ]<br />
p a s s e - t - e l l e a u s s i<br />
p a r l a v a l o r i s a t i o n<br />
d e n o u v e a u x<br />
m a t é r i a u x<br />
é c o l o g i q u e s<br />
?<br />
Les emballages biodégradables se développent et commencent à devenir une réalité<br />
sur le marché français. On trouve différents types de plastiques biodégradables, certains<br />
sont issus de ressources naturelles renouvelables, comme l’acide polylactique (PLA),<br />
obtenu à partir de ressources agricoles comme le maïs ou la betterave, qui se<br />
dégrade par l’action de micro-organismes qui décomposent leurs sucres en structures<br />
chimiques simples ensuite polymérisées, c’est-à-dire que ce matériau se dégrade en<br />
eau, dioxyde de carbone, sels minéraux et biomasse en seulement trois mois dans un<br />
environnement compostable ! ( NatureWorks de Cargill, PHB de Procter & Gamble) ;<br />
d’autres sont issus du pétrole (Ecoflex de Basf, Néosac). On trouve également des<br />
procédés permettant de produire un plastique issu d’un végétal, développé par Novamont<br />
(Mater-bi).<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
27
28<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
D’autres matériaux innovants font également leurs apparitions dans le milieu<br />
médical. Ces matériaux d’origine biologique (MOB) développés par l’ARTEB et<br />
l’ARAMM présentent des qualités environnementales indéniables.<br />
On citera par exemple :<br />
- la biocellulose ou cellulose d’origine bactérienne<br />
- la biomembrane en latex naturel<br />
- le chitosome<br />
peut se présenter sous différentes formes ( film, gel, mousse, fibre, fil…)<br />
et possède des propriétés biologiques intéressantes,<br />
telles que la biodégradabilité, la biocompatibilité, la biorésorbabilité…<br />
- le collagène extrait de tissus d’animaux marins ou préparé par<br />
biotechnologies<br />
- la nacre<br />
- la soie d’origine animale<br />
On trouve également de nouveaux matériaux composites chargés de fibres naturelles<br />
issues de ressources renouvelables telles que le lin ou le chanvre. Associées à de la<br />
résine naturelle fabriquée à base de matières premières riches en gluten de blé, de<br />
maïs ou des concentras d’oléoprotéagineux tels que le colza ou le soja, ces fibres<br />
naturelles présentent des qualités comparables à celles des matériaux composites à<br />
fibres synthétiques, et ont au final un impact environnemental extrêmement réduit, voire<br />
néant.<br />
De plus on peut citer un tout nouveau matériau, qui est réalisé par la compagnie<br />
« Emball’vert », composé de 99% de fibres de sucres de cannes (bagasses), et<br />
1% d’huile imperméabilisante naturelle donc non toxique. La fabrication se fait par<br />
compression à 200°c ( forme et stérilisation ), et l’aseptisation par UV avant l’emballage.<br />
Ce matériau comporte des qualités indéniables car il supporte l’eau bouillante comme<br />
froide, le passage au four à micro-ondes et au réfrigérateur.<br />
On sent un réel engouement de la part des fournisseurs en matières premières des<br />
entreprises d’emballage, pour trouver des solutions écologiquement responsables et<br />
répondant aux enjeux environnementaux de notre planète pour un proche avenir. On<br />
constate que l’épuisement d’ici quelques décennies des réserves de ressources naturelles<br />
non renouvelables comme le pétrole, encourage d’avantage à se tourner effectivement<br />
vers les matières premières naturelles renouvelables propres…<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
29
c / C o m m e n t d é f i n i r l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e ?<br />
Selon l’ONU, « le développement durable est la capacité des générations présentes<br />
à satisfaire leurs besoins en permettant aux générations futures de satisfaire les<br />
leurs ». Ce concept associe trois dimensions : le développement économique, la<br />
responsabilité sociale et la préservation de l’environnement. Grâce à l’ADEME ( Agence<br />
de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie ) et au CNE ( Conseil National de<br />
l’Emballage ), nous comprenons mieux ce que le développement durable signifie et ce<br />
qu’il représente pour nous, citoyen, au quotidien.<br />
Il est important de comprendre que chaque individu de la planète Terre est concerné<br />
par le développement durable et que chacun peut contribuer simplement à la protection<br />
de l’environnement. L’effet cumulé de petits gestes au quotidien peut donner des<br />
résultats étonnants. Pour que l’action globale soit efficace, il faut que chacun d’entre<br />
nous soit conscient et responsable de ses actes, participe à l’éducation de son prochain<br />
en agissant et en montrant l’exemple. D’après le guide de l’ADEME, nous pouvons<br />
faire le bon choix écologique :<br />
> dans nos comportements, comme trier et recycler les déchets, faire du<br />
compost ; se déplacer à pied, à vélo, en transports en commun… ; surveiller<br />
notre consommation en énergie [ eau : réduire le volume de la chasse d’eau,<br />
ne pas laisser l’eau couler lors du brossage des dents, préférer des douches<br />
au bain…/ électricité ( ne pas laisser les appareils électriques en veille)],<br />
> dans nos investissements courants ( ampoules à basse consommation, appareils<br />
ménagers économes, citerne pour la récupération de l’eau de pluie…),<br />
> dans les grandes décisions qui nous engagent pour longtemps ( isolation du<br />
logement, énergies renouvelables pour chauffer la maison ou l’eau sanitaire,<br />
choix d’une voiture en se souciant de sa consommation et de son émission<br />
de gaz à effet de serre occasionnée…).<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
31
32<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
Pour l’entreprise, il s’agit d’assurer sa pérennité en créant de la valeur tout en<br />
prenant en compte les impacts sociaux et environnementaux de son activité. On parle<br />
alors de valorisation des déchets, de réduction à la source, limitation de l’utilisation<br />
de consommables, de matériaux respectueux de l’environnement…<br />
Au cours des cinquante dernières années, les préoccupations environnementales<br />
n’ont cessé de croître. Le développement industriel, l’augmentation de la<br />
production, de la consommation et de l’urbanisation, découlant notamment de la<br />
croissance démographique, engendrent des impacts de moins en moins réversibles.<br />
Ces impacts environnementaux, à l’échelle planétaire, se traduisent par la réduction<br />
de la diversité biologique, la raréfaction de certaines ressources, une augmentation<br />
et une globalisation de la pollution de l’air mais aussi de l’eau et des sols...<br />
Ces impacts sont également sociaux. Les inégalités entre les différentes régions<br />
du monde se creusent, la pauvreté augmente, le travail des enfants perdure,<br />
l’alphabétisation est insuffisante…<br />
Notre mode de développement actuel a donc ses excès et ses limites.<br />
Le développement durable a pour objectif d’établir un nouvel équilibre entre l’homme<br />
et son environnement. (Source : Qu’est-ce que le développement durable ?<br />
Collection A Savoir AFNOR)<br />
d / Q u e l l e s s o n t l e s m e s u r e s p o l i t i q u e s a c t u e l l e s<br />
a u n i v e a u n a t i o n a l e t i n t e r n a t i o n a l ?<br />
à l ’ é c h e l l e m o n d i a l e<br />
La politique internationale en matière d’environnement repose sur deux traités<br />
fondamentaux : La Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique<br />
( CCNUCC ) ouverte à ratification en 1992, et entrée en vigueur le 24 mars 1994,<br />
a été ratifiée à ce jour par 189 pays dont les Etats-Unis et l’Australie. Le protocole<br />
de Kyoto, lui a été ouvert à ratification le 16 mars 1998 et est entrée en vigueur en<br />
février 2005. Il a été ratifié à ce jour par 156 pays, à l’exception notable des Etats-<br />
Unis, qui à eux seuls émettent 30 à 35% du total des gaz à effet de serre d’origine<br />
humaine, et de l’Australie.<br />
Tous les pays membres de la convention climat ont pour objectif de stabiliser les<br />
concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche<br />
toute perturbation anthropique (qui résulte de l’action humaine ) dangereuse du système<br />
climatique. Ils se sont collectivement engagés à prendre des mesures de précaution<br />
pour prévoir, prévenir ou atténuer les causes des changements climatiques et en<br />
limiter les effets néfastes. Concrètement, tous les pays ont l’obligation de publier des<br />
inventaires de leurs émissions de gaz à effet de serre, d’établir, de mettre en oeuvre<br />
et de publier des programmes nationaux contenant des mesures visant à atténuer les<br />
changements climatiques.<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
33
34<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
Les gaz à effet de serre concernés sont :<br />
> le gaz carbonique ou dioxyde de carbone ( CO 2 ) provenant essentiellement<br />
de la combustion des énergies fossiles et de la déforestation,<br />
> le méthane ( CH4 ) qui a pour origine principale l’élevage des ruminants,<br />
la culture du riz, les décharges d’ordures ménagères, les exploitations<br />
pétrolières et gazières,<br />
> les halocarbures ( HFC et PFC ) sont les gaz réfrigérants utilisés dans les<br />
systèmes de climatisation et la production de froid, les gaz propulseurs des<br />
aérosols,<br />
> le protoxyde d’azote ou oxyde nitreux ( N2O ) provient de l’utilisation des<br />
engrais azotés et de certains procédés chimiques,<br />
> l’hexafluorure de soufre ( SF6 ) utilisé par exemple dans les transformateurs<br />
électriques.<br />
Le protocole de Kyôto va plus loin car il propose un calendrier de réduction des<br />
émissions des 6 gaz à effet de serre qui sont considérés comme la cause principale du<br />
réchauffement climatique des cinquante dernières années. Il comporte des engagements<br />
absolus de réduction des émissions pour 38 pays industrialisés, avec une réduction<br />
globale de 5,2 % des émissions de dioxyde de carbone d’ici 2012 par rapport aux<br />
émissions de 1990.<br />
Quelques repères majeurs dans le temps :<br />
> 1992 : Au sommet de la Terre de Rio, 173 chefs d’Etats et de gouvernement<br />
signent un programme d’actions pour le XXI e siècle, l’Agenda 21. La<br />
déclaration de Rio reconnaît le rôle déterminant des autorités locales dans la<br />
mise en œuvre concrète du développement durable. Le chapitre 28 d’Action 21<br />
« initiatives des collectivités locales à l’appui d’Action 21 » leur est entièrement<br />
consacré.<br />
> 1997 : premier appel à projets Agenda 21 lancé par le ministère de l’écologie<br />
et du développement durable, en partenariat avec différentes institutions et en<br />
association avec de nombreuses organisations rassemblées dans un comité de<br />
pilotage. Deux autres appels à projets en 2000 et 2003.<br />
> 2002 : Déclaration des collectivités françaises au sommet de Johannesbourg,<br />
reprise au niveau international, revendiquant un rôle majeur dans la mise en<br />
œuvre des politiques de développement durable et réclamant une aide accrue<br />
des pouvoirs publiques.<br />
> 2005 : 250 démarches d’« Agenda 21 locaux » engagées en France.<br />
> 2008 : 500 « Agendas 21 locaux », objectif stratégique national.<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
35
36<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
à l ’ é c h e l l e n a t i o n a l e<br />
Issue de la consultation nationale menée par Roselyne Bachelot, ministre de l’Ecologie<br />
et du Développement Durable, la charte de l’environnement, adoptée en Conseil des<br />
ministres le 25 juin 2003, pose des principes constitutionnels sur lesquels pourra<br />
s’appuyer un véritable droit de l’environnement.<br />
La Stratégie Nationale de Développement Durable, adoptée le 3 juin 2003 par le<br />
Comité Interministériel pour le Développement Durable, s’articule autour de six axes<br />
stratégiques :<br />
> la pleine participation de tous les acteurs, individuels et collectifs,<br />
> la relation entre les territoires et le développement durable,<br />
> les activités économiques : des entreprises aux consommateurs,<br />
> la prévention des risques et des pollutions,<br />
> le chemin vers un Etat exemplaire,<br />
> l’action internationale.<br />
En octobre 2006, le premier ministre Dominique de Villepin a annoncé la création<br />
d’un « pacte pour l’environnement », c’est-à-dire « une vision du pays à long terme »,<br />
fondée sur l’idée que l’environnement, la croissance, l’innovation industrielle, et par<br />
conséquent l’emploi, sont liés.<br />
Ce pacte pour l’environnement contient :<br />
> un livret de développement durable : 10 milliards d’euros de prêts pour des<br />
équipements écologiques d’habitation, sur base du Codevi ( plafond porté de<br />
4600 à 6000 euros ).<br />
> Biocarburants : augmentation du nombre de pompes vertes fournissant du flex<br />
fuel jusqu’à 1800 en 2008.<br />
> Moteurs hybrides propres : 100 millions d’euros seront consacrés à ce projet<br />
prioritaire par l’Agence de l’innovation industrielle (A2I)<br />
> Emissions de CO2 : entre 2006 et 2012, l’objectif est de les réduire de 6<br />
%, en créant une taxe sur l’utilisation industrielle de charbon.<br />
> Chaleur renouvelable : doublement des crédits de l’Agence de l’environnement<br />
à destination des collectivités locales, pour les réseaux collectifs de chauffage<br />
écologique, soit 200 millions d’euros entre 2007 et 2012. Création d’un prêt<br />
à 2,45 % par la Caisse des dépôts pour aider les HLM à construire 600 000<br />
logements en énergie propre.<br />
> Transports collectifs : 50 millions d’euros de plus dégagés en 2006 pour<br />
soutenir les projets de tramways.<br />
> Création d’une réserve naturelle : dans les terres australes antarctiques<br />
françaises.<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
37
e / L a s o c i é t é p r e n d - e l l e c o n s c i e n c e<br />
d e s o n r ô l e à j o u e r p o u r l a p r o t e c t i o n<br />
d e l a p l a n è t e ?<br />
On s’aperçoit du vif esprit écologique des collectivités locales, dont les élus<br />
locaux prennent des initiatives de développement durable aussi simples qu’efficaces et<br />
innovantes.<br />
Par exemple, on peut saluer l’opération, lancé par la communauté urbaine de Lyon,<br />
nommée « vélo’V », qui a pour objectif d’inciter la population à l’usage de la bicyclette<br />
pour les petits trajets quotidiens. Ce projet entrant dans les actions de l’Agenda 21,<br />
propose 2000 vélos en libre-service dans plus de 170 stations, toutes connectées avec<br />
le réseau de transports en commun et les gares SNCF. Devant le succès obtenu, le<br />
nombre de bicyclettes va doubler d’ici 2008.<br />
De son côté, la ville de Strasbourg a amplifié le mouvement d’investissements<br />
pour une extension de lignes de tramways, et joue sur l’effet de réseau grâce à des<br />
stations de correspondances et à la multiplication des parkings relais le long des lignes.<br />
En même temps la ville va augmenter le nombre de parkings à vélos sécurisés sur les<br />
lignes de trams et dans les parkings à voitures. On constate par ailleurs que d’autres<br />
grandes villes comme Nice, Bordeaux et Grenoble ont aussi choisi le développement des<br />
tramways…qui redevient tendance après avoir été abandonné pendant des décennies !<br />
é c o - l u x e / l ’ é c o - c o n c e p t i o n & l e d é v e l o p p e m e n t d u r a b l e<br />
39
E s t - i l o b l i g é<br />
d e c h o i s i r e n t r e<br />
l e l u x e e t l ’ é c o - c o n c e p t i o n ?<br />
L’Homme au coeur du débat
P u b l i c i t é V a l e n t i n o<br />
a / L e l u x e e t L ’ H o m m e , e n t a n t q u ’ i n d i v i d u ,<br />
c i t o y e n e t c o n s o m m a t e u r<br />
Pour chaque individu, le monde du luxe est un rêve…plus ou moins accessible.<br />
Symbole de réussite sociale, le luxe se montre, se dévoile, se porte, s’exhibe, se<br />
remarque, étonne, provoque, créé le désir, permet de se démarquer par rapport à<br />
la société jalouse et frustrée de ne pas ( encore ) pouvoir accéder à ce monde<br />
étincelant.<br />
En tant qu’individu, nous entretenons une relation très personnelle avec le luxe.<br />
Nous tissons des liens immatériels qui appartiennent au domaine du rêve, du désir,<br />
voire du fantasme. Chacun se reconnaît plus particulièrement dans une marque que<br />
dans une autre. Même si le monde du luxe reste inaccessible pour beaucoup d’entre<br />
nous, nous nous identifions forcément à l’image, l’histoire et aux valeurs que véhiculent<br />
les différentes maisons de luxe. Chaque marque a son propre univers qui correspond<br />
ou non à notre caractère. Et si c’est le cas, elle exerce un fort pouvoir affectif<br />
sur nous. En effet, il n’est pas rare que nous fassions des parallèles entre notre<br />
histoire personnelle, des situations auxquelles nous sommes confrontées au quotidien,<br />
nos espoirs, nos envies, nos besoins, et les messages, les codes, les valeurs que<br />
communiquent les grandes marques.<br />
Un produit de luxe a une âme ! Il nous fascine, nous émeut, nous éblouit, éveille<br />
tous nos sens, nous fait voyager spirituellement, nous émerveille, nous flatte, nous<br />
rend plus fort mentalement…En échange, on l’admire, on le caresse, on le protège, on<br />
l’exhibe, ou on le cache, on l’emmène avec nous, on lui parle et on en parle…<br />
Je pense que nous vivons dans une société où le paraître prend une place de<br />
plus en plus importante dans notre vie. On se demande en permanence comment les<br />
gens qui nous entourent nous perçoivent, le regard des autres nous préoccupe, nous<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
43
44<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
inquiète, mais peut aussi nous aider à nous construire. Presque instinctivement, l’Homme<br />
éprouve le besoin de séduire son prochain pour s’épanouir et se sentir en accord avec<br />
lui-même. Ce jeu de séduction a toujours existé et à évidemment évolué à travers<br />
le temps, mais l’objectif, lui, n’a finalement pas changé…Aujourd’hui l’image que l’on<br />
dégage est primordial. La société est même de plus en plus impitoyable ! Au premier<br />
coup d’œil on est capable de juger quelqu’un !…Ce n’est pas tout à fait la réalité.<br />
On dit souvent que « notre première impression est souvent la bonne ». Ça n’est<br />
pas vrai non plus…Par contre il est juste de dire qu’à l’heure actuelle, ce qui émane<br />
de nous au premier regard est déterminant pour la suite. C’est comme un appel, une<br />
main tendue vers l’autre pour susciter l’intérêt, l’envie d’en apprendre plus sur nous.<br />
Nous recherchons la reconnaissance de la société et ainsi avoir le sentiment d’exister.<br />
Cette théorie se vérifie pour tout type de relation que l’on peut établir dans notre vie,<br />
que ce soit au niveau professionnel, sentimental, social…<br />
Par ailleurs, on a tendance à vouloir catégoriser les gens, à leur mettre à tous prix<br />
une étiquette… Est-ce pour mieux trouver sa propre place dans notre société ? C’est<br />
possible. Il est plus facile de se dire qu’on ne veut pas appartenir à telle ou telle<br />
catégorie de personnes, plutôt que d’imaginer à qui on veut ressembler, puisqu’on a<br />
tous le sentiment ou tout du moins le désir d’être unique. Paradoxalement, on souhaite<br />
accéder au monde du luxe pour se différencier des autres…comme chacun d’entre nous,<br />
afin de se forger un certain statut social.<br />
Etant donné que l’Homme a besoin de reconnaissance, il va donc trouver des<br />
moyens de montrer qu’il a réussi socialement, pour prouver qu’il est quelqu’un et ainsi<br />
exister aux yeux de la société. Comment ? Grâce au luxe…Chaque individu a rêvé<br />
au moins une fois dans sa vie de porter le plus beau et le plus prestigieux bijou qui<br />
existe, de dîner dans le restaurant le plus chic de Paris, de se baigner dans une rivière<br />
de champagne, de rouler dans un magnifique cabriolet de collection…etc. Lorsqu’on peut<br />
toucher du bout des doigts ce monde scintillant, notre premier réflexe est de vouloir que<br />
ça se voit, pour donner un instant l’illusion qu’on appartient à l’élite.<br />
Or on assiste à une montée en puissance des classes moyennes à revenus élevés,<br />
dont le pouvoir d’achat ne cesse d’augmenter. On s’aperçoit que le luxe touche de<br />
plus en plus une nouvelle clientèle occasionnelle, qui n’hésite pas à se serrer la<br />
ceinture pour s’offrir des produits d’exception. Ces achats occasionnels représenteraient<br />
plus de 50% du chiffre d’affaire des maisons de luxe qui proposent des accessoires,<br />
des sacs, de la parfumerie…comme offre d’entrée de gamme. D’après le comité Colbert,<br />
organisme de promotion du luxe français, 80% de la population française a désormais<br />
accès à une marque de luxe au moins une fois dans l’année. Le secteur du luxe voit<br />
donc sa clientèle s’élargir et doit donc prendre en compte et anticiper une demande<br />
de plus en plus complexe ne provenant plus seulement des « vieilles fortunes ».<br />
Cette clientèle habituée, elle, est attachée à une image très traditionnelle du luxe, et<br />
est souvent fidèle à une marque pour son histoire, son savoir-faire et son image. Ce<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
45
46<br />
é c o - l u x e / c h a p i t r e<br />
n’est pas le cas d’une autre clientèle très importante et très influente comme<br />
les nouveaux riches, où l’acte d’achat est beaucoup plus impulsif et répond, lui<br />
du coup de foudre ou du coup de folie.<br />
De plus, on remarque que les grandes maisons de luxe font en sorte de se<br />
rendre de plus en plus accessibles à la clientèle « middle-class », grâce à une<br />
stratégie dont l’industrie de la grande consommation s’inspire pour une meilleure<br />
rentabilité, « l’offre personnalisée ». En effet, une des grandes tendances est de<br />
donner le sentiment aux consommateurs que les produits qui leur sont proposés<br />
sont uniques ou très rares, en multipliant les séries limitées, en jouant sur l’effet<br />
collector ou en déclinant les grands classiques revisités par de grands créateurs.<br />
Ainsi l’offre s’élargie, et tout en étant prudentes, les marques donnent une image<br />
dynamique d’elles-mêmes. Par la diversité de combinaisons possibles en jouant<br />
sur les effets de matières, de couleurs et de formes, toutes les sensibilités<br />
culturelles sont alors touchées. Chacun aura l’impression de posséder l’exemplaire<br />
qui correspond à lui, et à lui seul. Ce procédé marketing est très efficace<br />
car il rejoint ce qui a été évoqué précédemment, le besoin de reconnaissance<br />
de chaque individu au sein de la société. Les gens aiment avoir l’impression<br />
qu’on s’adresse à eux en particulier et qu’on leur proposent des produits que<br />
personne d’autre n’aura.<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
47
[<br />
S o n d a g e e x c l u s i f G E O / C S A / f é v r i e r 2 0 0 7<br />
s e n s i b i l i t é d e s f r a n ç a i s à l ’ e n v i r o n n e m e n t<br />
P a r m i l e s p r o b l è m e s e n v i r o n n e m e n t a u x s u i v a n t s q u e l s<br />
s o n t , s e l o n v o u s , l e s t r o i s d o n t i l f a u d r a i t s ’ o c c u p e r<br />
e n p r i o r i t é ?<br />
P o l l u t i o n d e l ’ e a u<br />
P o l l u t i o n d e l ’ a i r<br />
R é c h a u f f e m e n t c l i m a t i q u e<br />
55%<br />
49%<br />
47%<br />
E f f e t d e s p r o d u i t s c h i m i q u e s<br />
s u r l a s a n t é<br />
T r a i t e m e n t d e s d é c h e t s<br />
39%<br />
D é f o r e s t a t i o n<br />
35%<br />
31%<br />
A c c i d e n t s i n d u s t r i e l s<br />
23%<br />
B i o d i v e r s i t é<br />
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8%<br />
b / L ’ é c o - c o n c e p t i o n , e t l ’ H o m m e d a n s s a d i m e n s i o n<br />
i n d i v i d u e l l e e t c o l l e c t i v e<br />
En ce début du XXIe siècle, l’Homme semble être prisonnier d’une machine folle<br />
qui s’est emballée et qui risque de le mener à sa perte si lui et la société toute<br />
entière ne réagit pas très vite. Néanmoins nous assistons en ces temps de campagnes<br />
électorales à une certaine prise de conscience de la part des politiques et de la société<br />
de la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Il est intéressant de<br />
constater à quelques mois des élections présidentielles, l’intérêt soudain des politiques<br />
pour Nicolas Hulot, comme si l’on entendait pour la première fois son discours sur la<br />
protection de la planète et ses idées pour l’avenir en matière d’environnement, alors<br />
qu’il a tiré la sonnette d’alarme il y a déjà bien longtemps ! Il me semble que<br />
chaque parti politique est conscient de la popularité de cet homme, ainsi que de la<br />
qualité de ses analyses, et le verraient comme un atout de valeurs dans leurs courses<br />
à l’Elysée. Je pense donc que la prise de conscience est réelle, en tous cas dans<br />
la tête des français, maintenant pour ce qui est de l’action, nous sommes encore loin<br />
des objectifs à atteindre qu’a fixés l’Union Européenne. Il faut donc redoubler d’efforts<br />
en matière de communication, d’information, pour inciter et surtout expliquer à chacun<br />
d’entre nous comment de manière simple, au quotidien, adopter un comportement plus<br />
responsable en matière de consommation d’énergie, de gestion des déchets…C’est ce<br />
qu’on appelle le développement durable. En tant qu’individu, mais aussi et surtout en<br />
tant que designer, nous avons un rôle très important à jouer car notre métier nous<br />
place au cœur de l’industrie. Je dirais même plus nous sommes en amont, donc à<br />
nous de prendre notre avenir et celui de la société en mains.<br />
Si le designer tient une place importante tout ne dépend pas de lui. Cela serait trop<br />
simple évidemment…D’autres facteurs entrent bien sûr en jeu, tels que l’économie de<br />
marché, la concurrence, la mondialisation, la recherche scientifique, les enjeux politiques<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
49
50<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
[<br />
internationaux, les conflits mondiaux, le pouvoir d’achat, la croissance, la santé, le moral<br />
des ménages, l’accès à l’information, l’envie de changement, le désir de se faire plaisir,<br />
d’agir… Il faut arriver à ce que chaque individu en tant que consommateur soit séduit<br />
par des produits dont l’impact environnemental soit responsable et cohérent par rapport<br />
à la situation actuelle de la planète. L’idéal serait que du point du vue des industriels<br />
comme celui des consommateurs, chacun s’y retrouve économiquement.<br />
Aujourd’hui, proposer des produits écologiquement valables représente un<br />
investissement considérable et une remise en cause complète du cycle de vie du<br />
produit. Cela se répercute obligatoirement sur les prix d’achat. Il est difficile pour la<br />
population en générale d’intégrer le fait que ce qu’elle investit maintenant, sera d’autant<br />
plus intéressant pour l’avenir, et qu’au bout du compte elle finit par être gagnante<br />
économiquement. Par exemple, la construction d’un pavillon écologique de 120 mètres<br />
carrés, représente un surcoût d’environ 9% par rapport à un pavillon traditionnel de<br />
même taille, cependant la tendance s’inverse par la suite car la facture d’électricité<br />
se voit divisée par deux et celle de chauffage par six ! Au bout de six à sept ans<br />
l’investissement est amorti et l’impact environnemental est considérablement réduit.<br />
S o n d a g e e x c l u s i f G E O / C S A / f é v r i e r 2 0 0 7<br />
s e n s i b i l i t é d e s f r a n ç a i s à l ’ e n v i r o n n e m e n t<br />
E t e s - v o u s a u j o u r d ’ h u i , t r è s , a s s e z , p e u o u p a s d u t o u t<br />
p r é o c c u p é p a r l a p r o t e c t i o n d e l ’ e n v i r o n n e m e n t ?<br />
T r è s<br />
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M a i s o n é c o l o g i q u e à Z u r i c h , d e s s i n é e p a r l e s a r c h i t e c t e s B a r b a r a W e b e r e t B r u n o O e r t l i<br />
La France est très en retard en matière de construction d’habitat écologique. Elle<br />
est en quelque sorte le mauvais élève de l’Europe, car les pays comme l’Espagne,<br />
l’Autriche, la Suède ou l’Allemagne construisent des habitats répondant à des protocoles<br />
beaucoup plus précis. Nos voisins germaniques appellent ces constructions « maisons<br />
passives ». Elles consomment moins de 15 kwh par mètre carré contre 216 en<br />
moyenne en France ! Malheureusement notre déclaration d’intention gouvernementale<br />
nommée « haute qualité environnementale » visant à réduire de 15% la consommation<br />
d’énergie reste floue et cette notion n’a pas valeur de label. Le problème est qu’il n’y<br />
a ni contrôle, ni obligation de résultat, personne n’est donc tenu au final d’appliquer ces<br />
exigences écologiques. Néanmoins, une directive européenne va prochainement exiger le<br />
classement des maisons de A à G selon leurs consommations d’énergie comme pour<br />
l’électroménager, l’automobile…<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
51
52<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
O U I<br />
( e n % )<br />
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A l’échelle nationale, il est intéressant d’analyser les mécanismes qui engendrent<br />
notre retard et nos manques de résultats en matière d’écologie par rapport à nos<br />
voisins européens.<br />
Une étude sociologique réalisée par l’Ademe, en collaboration avec l’institut de<br />
sondage IPSOS, présente l’évolution des comportements d’éco-achat des français, de<br />
leurs connaissances des éco-labels, et de leurs perceptions de l’information sur les<br />
produits verts, au cours de ces dernières années.<br />
Une première enquête montre le niveau de connaissance des français sur les écolabels<br />
en prenant trois exemples : Maison verte, label européen, et la norme française<br />
environnementale.<br />
Connaissez-vous ces labels ?<br />
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Selon vous, à quelle norme correspond précisément ce logo ?<br />
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Selon vous, à quelle norme correspond précisément ce logo ?<br />
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i d e n t i f i c a t i o n<br />
M a i s o n v e r t e<br />
s e r é f è r e à d e s<br />
p r o d u i t s m é n a g e r s<br />
s e r é f è r e à l a<br />
p r o t e c t i o n d e<br />
l ’ e n v i r o n n e m e n t<br />
se réfère à la protection<br />
de l’environnement<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
53
54<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
Par ailleurs, l’éco-label européen, a une notoriété et un niveau d’attribution<br />
relativement stables : Même si le niveau de connaissance du logo enregistre une légère<br />
baisse de 2 points (10% contre 12% en 2004), on note que ces résultats restent à<br />
un niveau très proche de celui mesuré les années précédentes. Il est donc aujourd’hui<br />
trop tôt pour considérer qu’il s’agit dans le cas présent d’une réelle régression. Le<br />
niveau d’attribution reste lui aussi relativement stable (33%,+3 points).<br />
Globalement, les résultats de l’enquête montrent que les Français ont toujours un niveau<br />
de connaissance très faible des différents logos et des labels environnementaux. La<br />
baisse de la notoriété de Maison Verte et de l’éco-label européen a un impact direct<br />
sur le niveau de reconnaissance des logos. En ce qui concerne la reconnaissance,<br />
spontanément, plus de 6 Français sur 10 se montrent aujourd’hui incapables de<br />
reconnaître au moins l’un des trois logos (66% contre 62% en 2004). 34% en<br />
reconnaissent un seul (contre 38% en 2004), tandis que 8% ont le sentiment d’en<br />
reconnaître deux (contre 10% l’année dernière) et seulement 1%, trois. Par ailleurs,<br />
plus de 9 Français sur 10 se montrent incapables d’attribuer au moins un logo ou<br />
label à la bonne norme (92% contre 90% lors de la dernière vague) et si 8% des<br />
personnes interrogées réussisent à le faire, ce n’est que pour un seul logo. Quasiment<br />
aucun des interviewés n’arrive à le faire pour au moins deux.<br />
De plus, en terme de profil, on retrouve une légère surreprésentation des populations<br />
habituelle. Les femmes disent plus fréquemment que les hommes reconnaître au moins<br />
un logo (41% contre 27%). Elles sont aussi un peu plus fréquemment celles qui<br />
s’occupent de faire les courses alimentaires.<br />
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( e n % )<br />
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Une seconde enquête pose le problème de la clarté des informations sur les<br />
« produits verts ».( produits considérés comme respectant l’environnement)<br />
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e s f r a n ç a i s s o n t i n c a p a b l e s d ’ a t t r i b u e r<br />
u n l o g o o u l a b e l à u n e n o r m e<br />
Pensez-vous que l’information sur ces produits est claire ?<br />
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é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
55
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d e s f r a n ç a i s p e n s e n t<br />
q u e l ’ i n f o r m a t i o n<br />
e s t i n s u f f i s a n t e<br />
d e s f r a n ç a i s p e n s e n t<br />
q u e l ’ i n f o r m a t i o n<br />
m a n q u e d e c l a r t é<br />
«<br />
«<br />
Aujourd’hui, 62% des Français interrogés ont le sentiment qu’elle manque de clarté<br />
(contre 29% qui soutiennent le contraire).<br />
Toutefois, il convient aussi de relativiser quelque peu l’apparente « gravité » de ces<br />
résultats, notamment sur le fait que l’information soit perçue par plus de 7 Français sur<br />
10 comme insuffisante. Le fait est que dans le domaine environnemental, l’information<br />
délivrée est fréquemment perçue comme telle. C’est un sujet anxiogène qui en dans<br />
le cas présent les renvoie à leurs propres comportements, qui ne sont pas toujours<br />
très respectueux de l’environnement. Le fait de dire que l’information est insuffisante et<br />
qu’elle manque de clarté, est aussi très certainement un moyen pour beaucoup de nos<br />
concitoyens de légitimer le fait qu’ils n’achètent pas beaucoup de produits verts. Pour<br />
ces raisons, il est très probable que cet indicateur n’atteindra jamais de très hauts<br />
niveaux. Il n’en reste pas moins vrai qu’il reste aujourd’hui très bas (20% seulement<br />
des personnes interrogées considèrent que l’information est suffisante contre 73% qui<br />
pensent le contraire).<br />
Par ailleurs, une enquête réalisée pour l’ADEME en septembre 2004 avait montré que<br />
ces produits étaient le plus souvent perçus comme étant globalement plus chers que les<br />
autres (63%). Seulement 29% estimaient qu’ils n’étaient ni plus, ni moins chers que<br />
les autres. Certes, le prix élevé est très fréquemment un élément « positivé ». Certes,<br />
la majorité des interviewés légitimaient cette différence par le fait que ces produits font<br />
l’objet de recherches pour être plus respectueux de l’environnement (58%), qu’ils<br />
étaient de meilleure qualité (38%) ou produits dans des conditions respectant la<br />
dignité humaine (29%). Toutefois, dans le même temps, on note que des arguments<br />
beaucoup plus négatifs étaient aussi avancés par de nombreux interviewés : 55%<br />
d’entre eux estimaient que les industriels et les enseignes utilisent aussi cet argument<br />
pour les vendre plus chers…<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
57
58<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
Lorsque vous faîtes vos courses et que vous avez le choix entre<br />
deux produits de même type ayant un rappor t qualité-prix<br />
équivalent, lisez-vous les emballages pour prendre celui qui est le<br />
plus respectueux de l’environnement ?<br />
S / T 2 0 0 5<br />
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De plus, on note que le niveau d’étude est un critère clivant.<br />
A la question : « Lorsque vous faîtes vos courses et que vous avez le choix entre<br />
deux produits de même type ayant un rapport qualité-prix équivalent, lisez-vous les<br />
emballages pour prendre celui qui est le plus respectueux de l’environnement ? »,<br />
voici les résultats :<br />
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o u i / s y s t é m a t i q u e m e n t<br />
Ainsi, 65% des personnes ayant un niveau bac+3 affirment lire les emballages des<br />
produits pour prendre ceux qui sont respectueux de l’environnement, alors que 42%<br />
des sans diplôme le disent aussi.<br />
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é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
59
60<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
Une troisième et dernière enquête sur le comportement d’éco-achat des français,<br />
vient conclure cette étude et on se rend compte que ses résultats sont en liens directs<br />
avec les deux autres enquêtes décrites précédemment.<br />
En effet, si plus de 9 personnes sur 10 sont incapables d’attribuer les logos à une<br />
norme, il est assez logique que la majorité d’entre eux avoue dans le même temps<br />
ne jamais lire les emballages pour prendre le produit qui est le plus respectueux de<br />
l’environnement (51%).<br />
Les autres disent le faire « parfois » et une très faible proportion de répondants<br />
affirme le faire systématiquement (12%). Les résultats restent très stables par rapport<br />
à 2004.<br />
O n c o n s t a t e q u e l e s n i v e a u x d e d i p l ô m e<br />
e t d e r e v e n u s o n t e n c o r r é l a t i o n<br />
a v e c l a s e n s i b i l i t é e n v i r o n n e m e n t a l e .<br />
Pour limiter la quantité de déchets que vous mettez dans vos<br />
poubelles, seriez-vous prêt à acheter davantage de produits sous forme<br />
d’écorecharges ?<br />
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é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
61
62<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
Certes, les consommateurs expriment toujours une réelle « bonne volonté ». La<br />
très grande majorité d’entre eux affirme qu’elle serait prête à acheter davantage<br />
d’éco-recharges pour limiter la quantité de déchets jetée dans les poubelles (84%).<br />
Toutefois, l’indicateur reste très stable depuis 1999 (81% en 1999 et 81% en 2005),<br />
entre temps il n’a que très peu évolué dans un sens ou dans l’autre. Il s’agit ici<br />
essentiellement de déclarations d’intentions qui doivent être fortement relativisées au<br />
regard de la connaissance qu’ont aujourd’hui les Français des éco-labels, de leur<br />
perception de l’information sur les produits verts ou même de leurs « réelles » qualités<br />
environ-nementales.<br />
Une récente étude présentée le 23 Novembre 2006, qui a été réalisée sur trois<br />
ans par Ethicity et Aegis Media expert auprès d’un panel de 6000 personnes, montre<br />
que plus de 35% des interviewés mettent en cohérence leurs actes d’achats avec leurs<br />
convictions. Classés en deux catégories « citoyens du monde » et « militants », ces<br />
individus, d’âge et de niveau social assez variables, ont pour point commun d’avoir<br />
intégré les enjeux du développement durable.<br />
Les Français ont pris conscience que leurs actes de consommation devaient être<br />
en cohérence avec leurs convictions. 64, 8 % déclarent privilégier les marques qui<br />
ont une véritable éthique (17 % de plus qu’en 2004), 31% choisissent des produits<br />
respectueux de l’environnement, soit près de deux fois plus qu’en 2004. De la même<br />
façon 71,5 % veillent à réduire leur consommation d’énergie (32 % de plus qu’en<br />
2004) et 80 % trient leurs déchets (22 % de plus que deux ans auparavant).<br />
Cette prise de conscience s’accompagne d’une montée en puissance de la défiance<br />
«<br />
31% d<br />
vis-à-vis des entreprises (en 2006, ils sont 10 % de plus à considérer que les<br />
entreprises n’ont pas capacité à concilier développement durable et recherche de profit<br />
par rapport à 2004) mais aussi des pouvoirs publics. 78 % des sondés considèrent<br />
que les collectivités publiques et les politiques ne prennent pas assez en compte les<br />
enjeux environnementaux.<br />
e s f r a n ç a i s c h o i s i s s e n t d e s p r o d u i t s<br />
r e s p e c t u e u x d e l ’ e n v i r o n n e m e n t<br />
On s’aperçoit donc de l’importance d’une action commune au niveau européen pour<br />
obliger notre société à mettre le pied à l’étrier…Je crois en effet que pour atteindre les<br />
objectifs souhaités, qui permettraient de freiner le réchauffement de la planète d’ici 2O<br />
ans, une politique commune environnementale forte doit être menée, car le bon-vouloir<br />
et l’action isolée de certain d’entre nous ne suffiront pas.<br />
De plus, faisant parti des pays développés les plus riches de l’ensemble du monde, et<br />
responsables de la situation actuelle de la planète, il est de notre devoir de montrer<br />
l’exemple aux pays en voie de développement afin qu’ils ne réitèrent pas les mêmes<br />
erreurs que nous.<br />
«<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
63
P u b l i c i t é H e r m è s<br />
c / L ’ H o m m e p e u t - i l ê t r e « c l i e n t » d u l u x e ,<br />
t o u t e n a y a n t u n e c o n s c i e n c e é c o l o g i q u e ?<br />
E s t - i l o b l i g é d e c h o i s i r e n t r e l ’ u n o u l ’ a u t r e ?<br />
Après avoir analysé les relations entre l’Homme et le luxe, puis entre l’Homme<br />
et l’éco-conception, il est temps de voir s’il est possible de trouver des points de<br />
convergence entre ces deux mondes apparemment opposés. On se rend compte que<br />
l’Homme pourrait jouer le rôle de « médiateur ». Plusieurs facteurs entreraient en jeu,<br />
notamment l’influence de la société sur l’individu, la faculté de l’Homme à rêver et<br />
se projeter, l’importance des convictions et des croyances de chacun, et enfin, les<br />
problèmes d’information et de communication rencontrés.<br />
On s’aperçoit tout d’abord de l’importance de l’influence de la société sur chaque<br />
individu dans ses choix au quotidien. Une première notion peut mettre en corrélation<br />
l’éco-conception et le luxe, c’est le besoin de l’individu d’exister au sein de la société.<br />
Ce besoin naturel de reconnaissance se traduit de façons différentes mais l’objectif<br />
reste le même. Le fait de choisir des produits écologiquement responsables permet<br />
de mettre en avant ses convictions personnelles et d’assumer son rôle d’acteur de la<br />
protection de l’environnement. Ce comportement peut d’un certain côté interpeller et<br />
sensibiliser les citoyens en leurs montrant l’exemple. Mais d’un autre côté, il peut aussi<br />
être dicté à chaque individu par la conscience commune de la société. En effet, outre<br />
ses convictions personnelles, on peut ressentir une sorte de culpabilité due au regard<br />
intransigeant de ses concitoyens, si l’on n’est pas sensible à l’écologie. Il existe donc<br />
une relation forte entre ce qu’on pense, nos actes et la réaction de la société.<br />
On retrouve le même cheminement en ce qui concerne l’Homme et le luxe. Le<br />
regard de l’autre agit incontestablement sur notre paraître. Chacun d’entre nous<br />
a conscience que ses valeurs se traduisent à première vue par ce qu’il dégage<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
65
66<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
extérieurement et qu’il en sera jugé ainsi, même de manière injuste parfois. Par ailleurs,<br />
nous avons vu précédemment comment chaque individu éprouve le besoin d’exister<br />
grâce à son statut social, et cet envie de reconnaissance se traduit alors par la mise<br />
en exergue de ses valeurs à travers le luxe pour se différencier des autres. L’Homme<br />
trouve ainsi sa place au sein de la société.<br />
On retrouve donc bien cette influence mutuelle qui s’exerce entre l’Homme dans sa<br />
dimension individuelle, et l’Homme dans sa dimension collective, que ce soit dans sa<br />
relation avec le luxe ou avec l’éco-conception.<br />
Une autre notion selon moi permet de concilier le luxe et l’éco-conception, la<br />
faculté de l’être humain de rêver. Il paraît que lorsqu’on ne rêve pas, on devient<br />
fou…Par contre c’est l’imagination qui fait avancer l’Homme. Une expression populaire<br />
dit : « L’espoir fait vivre ». Ce n’est pas totalement faux. L’Homme éprouve le besoin<br />
de se projeter dans l’avenir, d’imaginer le monde de demain. Je pense que cette force<br />
que chacun d’entre nous possède est une des clés pour associer le luxe et l’écologie.<br />
En ce qui concerne le luxe, l’Homme arrive à se projeter, je dirais même à s’identifier<br />
à une certaine image ou valeurs que dégagent les grandes maisons de prestige. Ce<br />
travail naturel de l’imaginaire permet aussi à l’être humain de penser un monde meilleur<br />
pour les générations futures.<br />
Le rêve est donc bien un élément commun au luxe et à l’éco-conception grâce à la<br />
sensibilité et l’esprit de l’Homme. De plus, ce qui est important de souligner ici, c’est<br />
la valeur universelle de l’imaginaire, franchissant ainsi toutes les frontières culturelles,<br />
sociales, économiques, religieuses…<br />
«<br />
65% d<br />
e s f r a n ç a i s d é c l a r e n t v o u l o i r m e t t r e<br />
e n c o h é r e n c e l e u r s a c t e s d ’ a c h a t s<br />
a v e c l e u r s c o n v i c t i o n s p e r s o n n e l l e s .<br />
Par ailleurs, nous avons remarqué un large problème d’information et de<br />
communication en matière de respect d’environnement sur les produits éco-conçus. Je<br />
pense que c’est non pas un problème mais au contraire une opportunité pour le secteur<br />
du luxe. En effet, si les maisons de luxe mettaient les moyens pour bien communiquer<br />
sur ses produits haut de gamme éco-conçus, elles pourraient faire de l’éco-conception<br />
un atout de valeur et même un argument de vente très fort. Donner l’ image d’une<br />
marque qui se soucie de l’avenir de la planète, et donc de l’Homme, permettrait au<br />
luxe d’avoir une nouvelle longueur d’avance sur la grande consommation. Le secteur du<br />
luxe prendrait alors les devants et serait gagnant à tous niveaux : image de marque,<br />
notoriété, économie, dynamisme : nouvelles perspectives de design grâce à un nouveau<br />
terrain d’investigation, les biomatériaux, qui impliquent de nouvelles formes, couleurs,<br />
textures, effet de matières, sensations…<br />
Nous avons constaté également qu’une majorité de la population, près de 65%<br />
déclaraient vouloir mettre en cohérence leurs actes d’achats avec leurs convictions<br />
personnelles. Cela représente une grande opportunité pour les maisons de luxe de<br />
proposer une offre où leurs clients ne seraient plus obligés de choisir entre leur goût<br />
pour le luxe et leur conscience écologique de citoyen qui leur dicte un comportement<br />
responsable, et raisonnable…<br />
«<br />
é c o - l u x e / l ’ H o m m e a u c o e u r d u d é b a t<br />
67
22<br />
é c o - l u x e / c h a p i t r e<br />
c o n c l u s i o n<br />
En fin de compte, on s’aperçoit qu’un certain nombre de pistes permettent de relier le monde<br />
du luxe à celui de l’éco-conception, apparemment opposés par leurs définitions. Une fois de plus<br />
l’Homme se place au cœur du débat grâce à sa sensibilité naturelle. Le luxe nous apparaît alors<br />
comme un pôle d’exploration pour de nouvelles approches du design, visant à mieux répondre<br />
aux attentes de l’Homme, de plus en plus préoccupé par l’avenir de la planète, et donc de plus<br />
en plus concerné par les questions de développement durable ou d’écoconception.<br />
Le monde du luxe doit alors saisir cette formidable opportunité : il devient un laboratoire de<br />
recherche exceptionnel pour développer son image de provocateur, d’avant-gardiste tout en<br />
dégageant une attitude rassurante et éthiquement responsable sans perdre de son éclat. Grâce<br />
à son talent d’initiateur, son énergie créatrice et sa puissance pour entreprendre, le luxe peut<br />
aussi surprendre, séduire et éduquer en intégrant une démarche d’éco-conception. En mettant en<br />
avant son désir d’être respectueux de la planète, le luxe se définira alors non pas comme un<br />
rêveur, mais comme un générateur de rêve…<br />
< P u b l i c i t é V a n C l e e f & A r p e l s<br />
é c o - l u x e / c o n c l u s i o n<br />
69
avant-garde<br />
Le terme avant-garde désigne, depuis le XIX e siècle, des personnes qui entreprennent<br />
des actions nouvelles ou expérimentales, en particulier dans les arts et la culture. Cette<br />
pratique s’inspire des idées de la révolution française et comme elle, n’exclut pas que<br />
s’en réclament des personnages installés au cœur du pouvoir politique et hostiles à<br />
la société civile.<br />
> biodégradabilité<br />
La biodégradabilité est la capacité intrinsèque d’un matériau à être dégradé par des<br />
micro-organismes. On dit d’un matériau qu’il est biodégradable au sens de la norme<br />
européenne EN 13432 s’il se décompose en eau, dioxyde de carbone et/ou méthane<br />
et éventuellement des sous-produits (résidus, nouvelle biomasse) non toxiques pour<br />
l’environnement, et atteint 90% de biodégradation en moins de 6 mois. Les produits<br />
biodégradables peuvent être identifiés par des labels, comme le label OK compost.<br />
> développement durable<br />
Le « développement durable » est, selon la définition proposée en 1987 par la<br />
Commission mondiale sur l’environnement et le développement dans le Rapport<br />
Brundtland :<br />
« un développement qui répond aux besoins du présent sans<br />
compromettre la capacité des générations futures de répondre<br />
aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le<br />
concept de « besoins «, et plus particulièrement des besoins<br />
essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la<br />
plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de<br />
nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la<br />
capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels<br />
et à venir. »<br />
Autrement dit, il s’agit d’affirmer une double identité :<br />
g l o s s a i r e<br />
• Dans l’espace : chaque habitant de cette terre a le même droit humain aux<br />
ressources de la Terre ;<br />
• Dans le temps : nous avons le droit d’utiliser les ressources de la Terre<br />
mais le devoir d’en assurer la pérennité pour les générations à venir.<br />
> éco-conception<br />
L’écoconception est la prise en compte et la réduction, dès la conception ou lors<br />
d’une re-conception de produits, de l’impact sur l’environnement. C’est une démarche<br />
préventive qui se caractérise par une approche globale avec la prise en compte de<br />
tout le cycle de vie du produit ( depuis l’extraction de matières premières jusqu’à son<br />
élimination en fin de vie ) et de tous les critères environnementaux (consommations<br />
de matières premières, d’eau et d’énergie, rejets dans l’eau et dans l’air, production<br />
de déchets...).<br />
> gaz à effet de serre<br />
Les gaz à effet de serre (GES) sont des gaz dont les propriétés physiques sont telles<br />
que leur présence dans l’atmosphère terrestre contribue à un effet de serre à la surface<br />
de la Terre.( réchauffement climatique )<br />
Les principaux gaz à effet de serre non-artificiels sont :<br />
• la vapeur d’eau (H 2 O),<br />
• le dioxyde de carbone (CO 2 ),<br />
• le méthane (CH 4 ),
• le protoxyde d’azote (N 2 O)<br />
• l’ozone (O 3 ).<br />
Les gaz à effet de serre industriels incluent les halocarbones lourds :<br />
• les chlorofluorocarbones (CFC) et HCFC-22 comme le fréon,<br />
• le perfluorométhane<br />
• l’hexafluorure de soufre (SF 6 ).<br />
> impact environnemental<br />
L’impact environnemental est l’ensemble des modifications de l’environnement, qu’elles<br />
soient négatives ou positives, dues à un organisme ou à un produit.<br />
> mondialisation<br />
Le terme mondialisation désigne le développement de liens d’interdépendance<br />
entre hommes, activités humaines et systèmes politiques à l’échelle du monde. Ce<br />
phénomène touche la plupart des domaines avec des effets et une temporalité propre<br />
à chacun. Il évoque aussi parfois les transferts internationaux de main-d’œuvre ou de<br />
connaissances.<br />
> ostentatoire<br />
Ostentatoire désigne ce qui manifeste (pour une chose) ou qui agit (pour une<br />
personne) avec ostentation, c’est-à-dire en cherchant à tout prix à attirer l’attention.<br />
Ainsi, on parlera plus facilement de luxe ostentatoire.<br />
> réchauffement climatique<br />
g l o s s a i r e<br />
Le réchauffement climatique, également appelé réchauffement planétaire ou, par<br />
anglicisme, réchauffement global (de l’anglais global warming), désigne le phénomène<br />
d’augmentation, à l’échelle mondiale et sur plusieurs années, de la température moyenne<br />
des océans et de l’atmosphère. Dans son acception commune, ce terme est appliqué au<br />
changement climatique observé depuis la fin du XX e siècle.<br />
> recyclage<br />
Le recyclage est un procédé par lequel les matériaux qui composent un produit en<br />
fin de vie (généralement des déchets industriels ou ménagers) sont réutilisés en tout<br />
ou en partie. Ils seront donc réintroduits dans le cycle de production dont le produit<br />
est issu.<br />
Le terme recycler est le troisième élément, après réduire et réutiliser, dans la<br />
stratégie dite des trois R, car le recyclage exige de nouvelles ressources pour la<br />
fabrication et le transport.<br />
Le principe de la collecte séparative ou sélective ( souvent appelée improprement<br />
tri sélectif, évidente tautologie ) est le suivant : les citoyens trient eux-mêmes leurs<br />
ordures en différentes catégories. Les déchets non recyclables sont incinérés ou enfouis<br />
en centres d’enfouissements techniques ( CET ), variante moderne et plus sophistiquée<br />
des vieilles décharges d’ordures.<br />
• À la suite de la collecte, les déchets sont envoyés dans un centre de tri,<br />
où un second tri manuel permet de les séparer par famille de matériaux.<br />
• Chaque catégorie de matériau est ensuite acheminée vers les usines de<br />
recyclage ou réutilisée directement dans l’industrie.
g l o s s a i r e<br />
> réduction à la source<br />
La réduction à la source consiste à diminuer la quantité de matériaux que nous<br />
utilisons pour fabriquer nos produits. Elle est profitable à la fois pour notre entreprise<br />
et pour l’environnement. Cette méthode présente plusieurs avantages : diminution de<br />
l’impact environnemental; abaissement des coûts de fabrication, réduction de la quantité<br />
de déchets à éliminer à la fin du cycle de vie du produit. Au fil des ans, nous réduisons<br />
progressivement la quantité de matériaux et d’énergie nécessaire pour fabriquer nos<br />
emballages, et ce, tout en augmentant constamment leur qualité.<br />
> synergie<br />
Elle se réfère communément de nos jours au phénomène par lequel plusieurs facteurs<br />
ou influences agissant ensemble créent un effet plus grand que la somme des effets<br />
attendus s’ils avaient opéré indépendamment, ou créent un effet que chacun d’entre<br />
eux n’aurait pas créé isolément.<br />
Plus prosaïquement, le résultat d’une action ou d’un élément est supérieur à la somme<br />
des parties. Ceci est résumé très simplement par l’aphorisme un et un font trois.<br />
L’opposé de la synergie est l’antagonisme ( ou synergie négative ), phénomène dans<br />
lequel deux facteurs en combinaison ont un effet moindre que la somme de leurs effets<br />
attendus. Les deux effets peuvent s’annuler (ex :ceux d’un acide et une base) L’absence<br />
de synergie est l’asynergie. ( médecine ) La synergie fait souvent aussi référence à<br />
l’énergie et à l’efficience.<br />
b i b l i o g r a p h i e<br />
[ P r e s s e / M a g a z i n e ]<br />
w w w . [<br />
- Design, Technique & matériaux. ( Raymond Guidot, Flammarion )<br />
- Formes de luxe ( n°55, automne 2006 )<br />
- Le nouvel économiste ( n°1360, octobre 2006 )<br />
- Emballage Digest / Machine & Technologie ( n°509, juin 2006 )<br />
- Emballage Digest ( n°510, juillet / Août 2006 )<br />
- Emballage Digest ( n°511, septembre 2006 )<br />
- Emballage Magazine ( supplément au n° 805, septembre 2006 )<br />
- Emballage Magazine ( n°727 ;novembre 2004 )<br />
- Emballage Magazine ( n°764 , octobre 2005 )<br />
- Emballage Magazine ( supplément au n°776, décembre 2005 )<br />
- Emballage Magazine ( supplément au n°735, janvier-février 2005 )<br />
- Les Echos ( Horizons régions, décembre 2005 )<br />
- Les Echos ( 4 octobre 2006 )<br />
- Challenges ( n°50, 5 octobre 2006 )<br />
- IDEAT ( n°47, octobre 2006 )<br />
- ELLE ( n°3171, 9 octobre 2006 )<br />
- Enjeux, Les Echos ( n°228, octobre 2006 )<br />
- Madame Figaro ( n°1154, 7 octobre 2006 )<br />
- Courrier international ( Hors série, octobre / novembre / décembre 2006 )<br />
- Le Monde 2 ( supplément au n°130 )<br />
- Le Figaro / économie ( n°19340, 7, 8 octobre 2006 )<br />
- GEO ( n°334, décembre 2006 / n°336, février 2007 )<br />
- Les motifs de la création ( Loan Oei et Cécile de Kegel, Thames & Hudson )<br />
lemonde.fr<br />
ecoresp.fr<br />
afsset.fr<br />
nanosafe.org<br />
nanotox.inf<br />
cosmebio.org<br />
ademe.fr<br />
adelphe.fr<br />
rudologia.fr<br />
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H e n r i B o u t e i l l e r<br />
><br />
( d e s i g n )<br />
p a c k a g i n g<br />
><br />
H e n r i B o u t e i l l e r<br />
><br />
( d e s i g n )<br />
p a c k a g i n g<br />
h e n r i . b o u t e i l l e r @ c a r a m a i l . c o m / 5 0 r u e d u t h é â t r e / 7 5 O 1 5 P a r i s / O 6 6 2 8 1 9 3 5 6