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Sicherheit Sécurité Sicurezza - Swissi

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SÉCURITÉ 2009_2<br />

28<br />

PORTRAIT<br />

notre maître de classe et il est très intéressant<br />

en tant qu’être humain. S’il se passe<br />

quelque chose de désagréable, on en parle,<br />

et généralement, il laisse la porte entrouverte,<br />

afin que les fautifs ne perdent pas la<br />

face. Lorsque nous étions en camp scolaire à<br />

Faido, ce père, sévère durant l’enseignement,<br />

était de manière surprenante très<br />

large d’esprit en ce qui concerne le repos<br />

nocturne: il se couchait après avoir mis ses<br />

tampons auriculaires, ce qui lui permettait<br />

de dormir en paix et nous d’écouter librement<br />

de la musique.»<br />

Les pères Georg et Alois ont déjà visité la Léventine<br />

dans leur jeunesse. Alois Kurmann<br />

en rit: «Alors que, durant nos vacances, nous<br />

voulions passer de la vallée de Verzasca dans<br />

la vallée principale, nous avons suivi une<br />

ligne noire de la carte de Suisse (!) qui nous<br />

indiquait apparemment la direction. Nous<br />

sommes montés toujours plus haut pour arriver<br />

dans la région de la Cima di Rierna. La<br />

nuit tombait, pas de chemin en vue ni de possibilité<br />

raisonnable de passer la nuit. Nous<br />

avons finalement essayé de dormir, sans<br />

grand succès, dans une étable à moutons qui<br />

n’était plus utilisée depuis longtemps. Le lendemain,<br />

nous sommes tout de même arrivés<br />

en Léventine. Lorsque nous avons raconté<br />

notre aventure dans un café, les autochtones<br />

ont éclaté de rire, car ce chemin n’avait certainement<br />

plus été emprunté par personne<br />

depuis 15 ans au moins. Actuellement, le<br />

père Georg est l’un de ceux qui abordent les<br />

choses avec beaucoup de réflexion. Il est très<br />

précis dans ses déclarations, parfois de manière<br />

quelque peu exagérée, mais il essaye<br />

toujours de comprendre tous les aspects<br />

d’une chose.»<br />

En regard de ses propres années d’école au<br />

couvent, le père Georg remarque beaucoup<br />

de changements. Les exigences ont énormément<br />

augmenté. «Lorsqu’un élève veut élargir<br />

ses connaissances dans ma branche, il a<br />

énormément à faire. Malheureusement, tous<br />

ne le remarquent pas …» Il suit des cours de<br />

formation continue dans le cadre des cours<br />

nationaux pour enseignants de gymnase, des<br />

colloques pour enseignants en chimie de<br />

Suisse centrale, ou des cours de formation à<br />

l’ETH de Zurich. L’échange d’idées de la<br />

branche et la relation humaine avec ses collègues<br />

sont très importants pour lui.<br />

Vie professionnelle et présence<br />

monacale<br />

Comment l’enseignant en chimie peut-il<br />

concilier son métier avec le déroulement<br />

journalier du moine, car la journée est ponc-<br />

tuée par au moins cinq importants instants<br />

de prière? On attend aussi du père bénédictin<br />

Georg qu’il soit présent lors des prières<br />

principales, à moins qu’il en soit empêché<br />

professionnellement. Son pensum est volumineux.<br />

Il n’est donc pas étonnant qu’il ressente<br />

parfois le besoin de faire une impasse<br />

sur un repas en commun et de se ressourcer<br />

dans le calme du local de préparation de la<br />

salle de chimie. «Parfois je me prépare une<br />

assiette de spaghettis, librement selon le<br />

principe ‹l’homme est seul!›» Et Markus<br />

Diem, actuel commandant des sapeurs-pompiers<br />

du monastère de railler: «A cette occasion<br />

il est aussi déjà arrivé, lorsqu’il grillait<br />

une tranche de lard, qu’il déclenche involontairement<br />

l’installation de détection d’incendie,<br />

ce qui m’obligeait à faire une rapide<br />

ronde de contrôle.»<br />

Durant son temps libre, le père Georg a<br />

quelque chose à choyer, ses cactus. «Ils n’ont<br />

besoin que de très peu de soins, un arrosage<br />

une fois oublié est pardonné et ils fleurissent<br />

quand-même à ma grande satisfaction. Ils vivent<br />

longtemps et sont fidèles, presque<br />

comme les bonsaïs.»<br />

La photographie est un autre de ses hobbys,<br />

comme on peut le voir sur les pages internet<br />

de l’école du couvent. Avec la paye reçue<br />

pour l’une de ses activités durant les vacances<br />

d’été, le gymnasien achète son premier<br />

appareil, un Edixa avec viseur vertical<br />

et posemètre. Un père, le photographe du<br />

monastère, enseigne à ses élèves la pratique<br />

de la photographie à l’occasion de camps de<br />

vacances. Bientôt, Georg se retrouve dans le<br />

laboratoire de photographie, il apprend à exposer,<br />

à développer, à fixer, à laver et à sécher.<br />

Plus tard, pour son 50e anniversaire, il<br />

reçoit un Nikon de sa sœur et, l’année dernière,<br />

pour ses 60 ans, il s’est acheté son premier<br />

appareil numérique.<br />

«Il est parfois important de simplement avoir<br />

du temps, ne pas être sous pression, de fumer<br />

une pipe et de lire les journaux qui se<br />

sont accumulés durant la semaine, de s’asseoir<br />

avec d’autres, de boire un café ou une<br />

bouteille de vin. Ou tout simplement de ne<br />

rien faire, de me coucher dans mon hamac,<br />

de regarder la belle nature et de laisser librement<br />

vagabonder mes pensées. Toutefois: du<br />

temps illimité pour les loisirs, comme il est<br />

possible que certains ignorants puissent se le<br />

représenter, n’est pas non plus au goût du<br />

jour dans le monastère.»<br />

Sociabilité et humour<br />

Le père Georg considère les contacts externes<br />

comme étant très importants: précédemment<br />

en tant que commandant des sapeurs-pompiers,<br />

aujourd’hui comme enseignant en chimie,<br />

conseiller en chimie et membre du comité<br />

de l’association des sciences naturelles.<br />

Markus Diem connaît la sociabilité de son<br />

prédécesseur: «Après les exercices, cet humoriste<br />

avait toujours une bonne blague en<br />

réserve. Lorsque nous avons inauguré notre<br />

nouveau véhicule de commandement (en allemand:<br />

Einsatzleitfahrzeug ELF), le père<br />

Georg a longtemps réfléchi quant au sens à<br />

donner à cette abréviation. Finalement, il a<br />

choisi: ‹Emil (le commandant des sapeurspompiers<br />

du village se nomme ainsi) Aime les<br />

Femmes (en allemand: Emil Liebt Frauen).›»<br />

Felix Gsell, collaborateur de l’Institut de <strong>Sécurité</strong>,<br />

a aussi appris à connaître l’humour<br />

décapant du père Georg: «Après avoir une<br />

fois chanté dans l’église d’Einsiedeln avec le<br />

petit chœur Ste-Barbe, issu des sociétés d’artillerie<br />

de ma région, le moine, distribuant les<br />

hosties lors de la communion qui a suivi, m’a<br />

adressé la parole de manière surprenante<br />

par un ‹Eh Felix!›. Après m’être un peu ressaisi,<br />

je reconnu Georg Liebich, qui m’avait<br />

une fois invité comme conférencier dans le<br />

cadre d’une formation en défense chimique.<br />

Il m’avait alors caché qu’il était un père bénédictin.<br />

C’est un homme très tranquille,<br />

presque introverti, prêt à aider son prochain,<br />

avec un incroyable rayonnement. Je suis toujours<br />

étonné: lorsque je suis proche de lui, je<br />

sens tout de suite son agréable aura. Ce qu’il<br />

dit est fondé, il a toujours du temps pour son<br />

vis-à-vis.»<br />

Le monastère est-il mourant?<br />

La société monacale d’Einsiedeln se fait<br />

vieille, comme beaucoup d’autres; le père Roman<br />

Bannwart, le doyen, aura 90 ans. Heureusement,<br />

quelques jeunes des années 1980<br />

en font aussi partie. Le père Georg raconte en<br />

riant: «Lorsqu’il y a peu, un journal régional<br />

a titré: ‹Le monastère d’Einsiedeln est mourant›,<br />

l’abbé Martin Werlen a immédiatement<br />

invité quelques gens des médias pour disputer<br />

un match de unihockey contre nos plus<br />

jeunes. A la fin du jeu, les rédacteurs soufflants<br />

et suants ont reconnu que l’impression<br />

d’un point de vue contraire eut été sûrement<br />

beaucoup plus intelligent …». Dans la longue<br />

histoire du monastère, il y a toujours eu une<br />

augmentation et une diminution du nombre<br />

de moine. Les pères sont confiants, la vie du<br />

monastère a de l’avenir. W

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