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ÉCRANS<br />
en sens interDit<br />
Six ans de prison pour avoir tourné un film. C’est la condamnation qui frappe le réalisateur<br />
iranien Jafar Panahi depuis 2010, assortie d’une interdiction d’exercer son métier de 20 ans.<br />
Paradoxalement, la censure d’État a donné un coup de fouet au cinéma perse : hors de l’Iran, les films de Jafar<br />
Panahi n’ont jamais été autant visibles. Cette affaire aurait pu être le point de départ du festival Zoom Arrière :<br />
films interdits qui, pendant dix jours, explorera la censure sous toutes ses coutures, du cinéma porno aux œuvres<br />
pionnières. Bien que cette 6e Du 6 au 17.03<br />
édition se consacre en partie au cinéma iranien, le choix de cette thématique est plus<br />
complexe pour Natacha Laurent, directrice de la Cinémathèque : « La censure est une dimension très importante<br />
du cinéma. Elle fait partie de son histoire. La question n’est donc pas uniquement contemporaine ». Question<br />
censure d’État, la France, terre de liberté et d’égalité, n’a pas toujours été le bon exemple. Pour preuve, les films<br />
sur la Guerre d’Algérie (Octobre à Paris, La bataille d’Alger, R.A.S....). Que dire aussi de La Grande Illusion, chefd’œuvre<br />
de Jean Renoir, interdit en France dès 1940 ainsi qu’en Allemagne, que Goebbels désignera comme<br />
« l’ennemi cinématographique numéro 1 ». Minutieusement restauré à partir du négatif nitrate en possession de<br />
la Cinémathèque de Toulouse depuis les années 80, le film ressort dans une copie numérique à l’occasion du<br />
festival, où l’on pourra revoir un autre monument, Metropolis, dans une version complète et agrémentée d’une<br />
exposition événement à l’espace EDF-Bazacle. \ Baptiste Ostré \<br />
Zoom Arrière, Cinémathèque, ABC, UGC, Casino Théâtre Barrière...<br />
www.lacinemathequedetoulouse.com<br />
© Kris Dewitte - Diaphana<br />
télex<br />
34 • <strong>Spirit</strong> le CaraCtère Urbain<br />
chronique d’Une<br />
lâCheté ordinaire<br />
Une nuit au Havre, une femme meurt assassinée<br />
Sortie le 14.03<br />
sous les fenêtres d’un grand immeuble. Les riverains<br />
ont-ils vu quelque chose ? Si oui, pourquoi n’ont-ils pas réagi ? Depuis<br />
sa trilogie (Un couple épatant, Cavale, Après la vie) on sait que Lucas<br />
Belvaux est un cinéaste piqué de morale. Avec 38 témoins, il interroge<br />
celle de la lâcheté ordinaire, au travers d’un couple qui ne va pas résister<br />
devant l’horrible fait-divers. Reste que le cinéaste ne sait pas trancher<br />
entre son étude sociologique contemporaine et ce récit plus intime. La<br />
seconde partie, sur le rôle complexe de la justice aujourd’hui, passionne<br />
et impressionne ; la première consacrée au couple, beaucoup moins.<br />
Jusqu’à laisser penser qu’il y a peut-être deux témoins de trop dans ce<br />
film néanmoins riche en débats pertinents. \ A. M. \<br />
38 témoins de Lucas Belvaux<br />
avec Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia<br />
Derniers jours<br />
à Versailles<br />
Juillet 1789. La Bastille vient d’être prise à Paris par<br />
Sortie le 21.03<br />
le peuple. À quelques kilomètres de là, à Versailles, on<br />
en perçoit déjà l’écho. La panique gagne le château et les appartements<br />
de la reine. Aveuglée par Marie-Antoinette, Sidonie, sa lectrice personnelle,<br />
se refuse pourtant à croire que son monde s’écroule. Les adieux à<br />
la reine suit la jeune femme pendant trois jours, qui s’avèrent de plus en<br />
plus cataclysmiques. Le film de Benoît Jacquot partage avec le Marie-<br />
Antoinette de Sofia Coppola la même jeunesse, la même fougue, mais<br />
dans une ambiance de fête qui tourne mal. Après l’ivresse, la gueule de<br />
bois. Plus Sidonie titube dans les couloirs et passages du palais royal, plus<br />
la mise en scène rechigne à se lire comme un ouvrage d’histoire, tant ce<br />
qui se joue pendant ces heures écrit un monde dont on ne sait encore<br />
rien. Jacquot filme d’autant plus pertinemment la fuite en avant de l’Ancien<br />
Régime qu’il rappelle que celui d’aujourd’hui fait de nouveau face à une<br />
révolte qui gronde. \ Alex Masson \<br />
Les adieux à la Reine de Benoit Jacquot avec Léa Seydoux, Diane<br />
Kruger, Virginie Ledoyen<br />
entre les Bras. Michel Bras, le chef aux trois étoiles de l’Aubrac, passe la main à son fils, Sébastien. Dans ce documentaire signé Paul Lacoste<br />
il est question de la transmission d’une œuvre et de la confrontation des générations. Dès le 14.03 à l’Utopia. séquence court-Métrage.<br />
Le festival de courts lance sa deuxième pré-sélection en mars. Au public de choisir entre six films ceux qui participeront au festival en novembre<br />
prochain. Projections du 16 au 23.03 à l’ABC, Auterive, Foix, Ramonville, Lavaur et Grenade.<br />
© Carole Bethuel - Ad Vitam<br />
Au feu les pompiers de Milos Forman © DR